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TCA etc - Comprendre et lutter contre les troubles alimentaires

TCA : pourquoi dit-on qu'on n'en guérit jamais? (et ce que j'en pense) E.183

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29min |28/11/2025|

520

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Dans cet épisode, j’explore une idée que l’on entend partout : “on ne guérit jamais vraiment d’un trouble alimentaire.”


Pourquoi ce discours est-il si répandu — y compris chez certaines personnes concernées et chez des professionnels ?
Qu’est-ce qui, dans les parcours, les prises en charge ou la société, alimente cette croyance ?


Je reviens sur plusieurs points essentiels :


• la chronicité apparente des TCA,
• les semi-guérisons qui donnent l’impression qu’on ne peut pas aller plus loin,
• le rôle du perfectionnisme dans ce qu’on imagine de la “vraie” guérison,
• la difficulté d’aller bien dans une société obsédée par le corps, la minceur et le contrôle,
• et la place déterminante de la relation au corps dans ce processus.


Je partage ensuite ma position de thérapeute spécialisée — et de personne rétablie — sur ce que signifie aller bien, retrouver de la liberté, et comprendre ce qui relève du trouble… et ce qui relève simplement de la vie humaine.

Un épisode qui parlera à toutes celles qui doutent de leur capacité à sortir des TCA, qui stagnent, ou qui ne savent plus quoi attendre du mot “guérison”.



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute ! Bienvenue par ici, aujourd'hui on va reparler de guérison, je dis reparler parce que j'en ai parlé dans pas mal d'épisodes quand même de ce podcast. Et j'avais envie de revenir sur une chose, c'est que... on n'est pas tous et toutes d'accord sur la question de la guérison des TCA. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on entend tout et son contraire. Et donc, tu m'entends clamer haut et fort que j'ai guéri des TCA, qu'on peut guérir des TCA. Tu me vois partager des témoignages de personnes que j'ai accompagnées, etc. Mais à côté de ça, tu entends très certainement aussi des personnes, que ce soit des particuliers, mais même des professionnels, dire que non, on ne guérit jamais vraiment complètement d'un trouble alimentaire. Et souvent avec cette comparaison avec l'addiction de laquelle on ne guérit jamais vraiment parce qu'on reste fragile. Alors, pour commencer, bien sûr je vais vous donner mon avis sur tout ça, je vais vous dire ce que j'en pense. Mais j'avais envie de commencer par expliquer pourquoi, à mon avis, on dit ça. Pourquoi on dit qu'on ne guérit jamais vraiment d'un trouble alimentaire. Moi je comprends vraiment sincèrement qu'on dise ça et j'y vois pas mal d'explications. Ce qui se passe souvent, c'est que les personnes qui disent ça, ce sont soit directement des femmes, quand même le plus souvent, qui ont eu des troubles alimentaires, et finalement, on en a toujours, ou en tout cas ont toujours des symptômes, ne se sentent pas complètement guéries, ou ce sont des proches de personnes qu'on a eues, ou des professionnels ayant accompagné. Ce que je vois comme explication, en premier lieu, c'est la question de la chronicité. En fait, le trouble alimentaire... c'est quand même dans la majorité des cas une maladie chronique, souvent qui débarque relativement jeune autour de l'adolescence, parfois même avant, dans la prépuberté, et puis parfois après, déjà à l'âge adulte, mais l'immense majorité des troubles alimentaires se développent autour de l'adolescence et de l'âge jeune adulte, genre jusqu'à 20 ans. Je ne dis pas que ça n'arrive pas avant, après, bien sûr, plein de fois, mais c'est vraiment la majorité des cas. Et donc en fait, moi ce que je vois, enfin moi la majorité des personnes que j'accompagne sont des personnes qui ont plutôt la trentaine, la quarantaine, voire la cinquantaine. Et donc ce que je vois, c'est des personnes qui se traînent ça toute leur vie. Donc voilà pourquoi on dit que c'est chronique. Mais qui mettent en place une adaptation énorme pour apprendre à vivre avec. Et donc le trouble finalement il est parfois moins bruyant, souvent beaucoup moins visible, ça c'est certain, et même pour la personne qui le vit il est moins bruyant parce que la personne met en place tout un tas d'adaptations dans sa vie et donc ça fait que les symptômes sont largement supportables. Et donc là on entre dans ce qu'on va appeler la semi-guérison, voire même on pourrait parler presque de fausse guérison avec cette impression de c'est ok j'en suis sorti. Moi j'ai vécu une phase comme ça vraiment où je pensais que c'était derrière moi, j'en parlais toujours au passé quand j'étais jeune adulte et pour cause j'avais un poids tout à fait dans les normes, j'étais pas en totale restriction, je ne faisais pas de compulsion alimentaire donc c'était ok. Mais en fait les symptômes ils s'arrêtent pas là, les symptômes d'un trouble alimentaire et j'en avais encore plein. L'obsession complète de mon corps. La peur de grossir qui me tenaillait, le fait que j'avais vraiment l'impression que ma valeur tout entière reposait sur mon corps, et mine de rien, le contrôle alimentaire, il était quand même toujours vachement présent. Mais il paraissait pas si fou, même par rapport à d'autres personnes que je croisais, et ça, je vais en parler aussi. Donc, ce premier point important, pourquoi est-ce qu'on en vient à croiser plein de personnes qui disent « Bah non, en fait, la vraie guérison, elle n'existe pas » , bah voilà, il y a cette chronicité. qui est lié à des prises en charge rarement adapté finalement, parce que par des professionnels pas formés, et puis aujourd'hui on évolue, on en parle plus, il y a beaucoup plus de formations, etc. Mais genre moi j'ai 40 ans, bon ben voilà, il y a 20 ans, c'était pas un sujet qui était très très bien traité, bien abordé, etc. Donc ça explique déjà une partie de ça. Le deuxième point qui explique à mon sens très bien qu'on puisse douter de la guérison, c'est le fait qu'il y a... énormément de personnes qui sont en semi-guérison, donc j'en ai déjà parlé un peu, et qui laissent penser qu'on ne peut pas aller plus loin sur le chemin. Ces personnes-là ont certainement fait beaucoup de travail sur elles-mêmes, ont amélioré tout un tas de symptômes, mais il y a toujours un truc qui reste accroché, et comme elles ont déjà fait beaucoup de chemin, qu'elles ont bien avancé, il y a cette espèce de certitude qui arrive que, ben, de toute façon... On ne peut pas aller plus loin en fait et la vraie guérison, elle n'existe pas. Je vais y revenir en deuxième partie de l'épisode pour vous expliquer ce que j'en pense moi de ça, mais ça c'est vraiment une observation, c'est quelque chose que j'ai l'impression de constater quand même assez souvent et je vous dirai tout à l'heure ce que j'en pense. Troisième raison de cette croyance qu'on ne guérit pas des troubles alimentaires, c'est que je crois vraiment qu'aller bien avec soi, avec son corps et donc avec son alimentation, bah... C'est le chemin d'une vie. Parce qu'on est en constante évolution, parce qu'on est en mouvement perpétuel, qu'il s'agisse de notre corps, surtout en tant que femme, mais aussi de notre façon de vivre dedans, de notre façon de nous percevoir, de percevoir les autres, de percevoir la vie, etc. Donc en fait, c'est quelque chose qui n'est jamais figé. On ne peut pas dire, ok, je me sens bien dans mon corps et avec mon alimentation. pour ma vie entière désormais. En fait, c'est un équilibre à trouver et qui doit se maintenir ensuite. Et peut-être que, là, j'y reviendrai aussi sur la quête de perfection, mais peut-être qu'il y a un peu une image dans l'esprit de certaines personnes que guérir d'un trouble alimentaire, c'est quelque chose d'acquis, et que derrière, si j'ai l'impression de devoir œuvrer pour mon équilibre avec mon corps et mon alimentation, alors ça veut dire que je ne suis pas totalement guérie. À mon sens, les symptômes du trouble alimentaire sont sortis de ta vie, tu vis librement, mais en même temps, tu as appris que pour rester sereine dans ton corps, dans ta vie, dans ton alimentation, tu as besoin d'un certain nombre de choses qui sont équilibrantes. Et finalement, on pourrait le mettre pour n'importe quelle problématique de santé mentale. Il n'y a jamais rien qui est acquis. mais même de santé somatique, en fait. Je veux dire, là, tes poumons sont en bonne forme, et c'est cool, et tu vas bien, ok ? J'espère, pour toi qui m'écoutes, en tout cas. Eh bien, c'est pas quelque chose d'acquis, ça veut dire que tu vas devoir continuer à faire en sorte que ce soit quelque chose qui se stabilise dans le temps. Si tu te mets à fumer un paquet par jour, peut-être que ça va bouger les choses. Le quatrième et dernier point qui, pour moi, explique le fait qu'on ait cette... cette sensation qu'on ne puisse pas vraiment guérir d'un trouble alimentaire, c'est que je crois que c'est quand même assez difficile d'aller bien dans une société qui est malade. On vit dans une société dans laquelle il y a plein de comportements qu'on pourrait associer au trouble alimentaire qui sont normalisés. Et du coup, moi je me mets dans la peau de quelqu'un qui aujourd'hui est en guerre avec son comportement alimentaire, comment avoir l'espoir de s'en sortir si les personnes considérées comme « normales » , avec des normes guillemets bien sûr, sont elles-mêmes obsédées par leur corps, obsédées par ce qu'elles mangent. On peut se dire, finalement, pour avoir l'espoir que mon comportement soit un peu moins envahissant. Donc voilà, l'histoire de la chronicité, la semi-guérison, le fait qu'elle est bien avec son corps et son alimentation, c'est des choses, je pense, qui se travaillent toute une vie. Et le fait de vivre dans une société, à mon sens, assez malade sur le... Ce rapport à la santé, ce rapport au corps, ce rapport à l'alimentation, toutes ces choses-là, à mon sens, viennent expliquer assez facilement que, bah, ouais, on puisse remettre en question le fait de vraiment guérir d'un trouble alimentaire. Voici ce que, moi, j'en pense, bah, qui vaut ce qui vaut, hein, c'est-à-dire que, bon, ça n'est que mon avis, mais mon avis d'une personne qui est sortie de plus de 20 ans de trouble alimentaire et l'avis d'une personne qui a des formations sur le sujet et qui accompagne... depuis bientôt 5 ans, des personnes en souffrance elles-mêmes avec leur alimentation et avec leur corps. La première chose, c'est qu'on trouve une caractéristique commune... J'ai à peu près toutes les personnes, en fait j'avais envie de dire toutes les personnes, mais je ne connais pas toutes les personnes. Donc je vais dire à peu près beaucoup de personnes qui ont un trouble alimentaire, et cette caractéristique s'appelle le perfectionnisme. Et ce perfectionnisme, on imagine bien qu'il ne se cantonne pas aux barrières du trouble alimentaire. Le perfectionnisme, il ne va pas s'exprimer que dans le rapport au corps et à l'alimentation. Non, il s'exprime pour toutes les sphères de la vie. Et d'ailleurs, c'est génial de travailler sur son rapport à l'alimentation, au corps, etc., enfin, sur le trouble alimentaire, parce que ça permet aussi de ramollir un peu ce perfectionnisme, de le rendre moins fort sur plein d'autres domaines. Mais bon, je referme cette parenthèse. Et donc, ce perfectionnisme, eh bien, il va glisser aussi en dehors du TCA et qu'il va glisser vers la guérison. Je pense que ça c'est un énorme piège, c'est qu'on est perfectionniste aussi sur ce qu'on attend de la guérison, sur l'idée qu'on a de la relation qu'on devrait avoir à son corps et à l'alimentation. Je crois que ça c'est vraiment important de le regarder en face, de se pencher sur la question, seul ou accompagné de votre thérapeute, parce que ce que vous projetez sur la guérison peut être un frein à cette même guérison. finalement, et la rendre complètement impossible. Effectivement, si l'idée, c'est de manger toujours parfaitement, de sortir des TCA dans le but d'avoir un corps parfait, au sens qui correspond parfaitement aux normes, et de devenir cette perfect girl que vous avez toujours souhaité être, alors en fait, vous continuez d'être en plein dans le problème de base, et donc ça ne va pas être possible, ça c'est clair. Je pense que le perfectionnisme, c'est une des racines sur lesquelles il faut mettre de l'énergie tirée fort, fort, fort, fort, fort, tout au long du chemin, pour aller mieux, et pour aller mieux dans tous les domaines. Bon, on va parler du sujet qui fâche, mais si pour toi, la guérison ne doit absolument pas rimer avec la prise de ces deux kilos que tu redoutes à fond, alors peut-être ce sera compliqué de guérir. Je suis pas en train de te dire que tu dois grossir pour guérir, c'est pas du tout mon propos. Mais peut-être que lâcher un peu là-dessus et accepter de prendre ces 2, 3, 5 kilos, ça va être le chemin de ta guérison et ça veut pas dire qu'ils vont rester accrochés à tes basques pour le reste de ta vie. Ça veut dire que sur cette phase-là, il y a peut-être besoin d'en passer par là. Mais sur un tout autre sujet, ta guérison, elle va... Peut-être nécessiter que tu relâches le perfectionnisme sur ta façon de gérer ton intérieur, sur ta façon de gérer ton travail et les dossiers que tu dois rendre, sur ta façon d'éduquer de manière complètement parfaite tes enfants, et sur le fait, bien sûr, de chercher à avoir ces assiettes toujours parfaites à chaque repas, de chaque jour, de chaque semaine. Bien sûr que le perfectionnisme, là je prends des exemples forts volontairement, mais ça s'immisce partout. Et je pense que c'est vraiment un frein à la guérison. Et que ça explique le fait qu'un certain nombre de personnes restent bloquées. Je vous disais tout à l'heure que je pense que beaucoup de personnes se retrouvent dans une sorte de semi-guérison, un truc d'à peu près avec l'impression de vraiment pas pouvoir aller plus loin. Et je voulais rebondir là-dessus parce que ce que j'en pense, c'est qu'il y a vraiment un processus très très long. qu'il faut accepter et qui est celui de la relation au corps. C'est vraiment quelque chose que j'ai observé pour moi et c'est quelque chose que j'observe mais vraiment à fond avec les personnes que j'accompagne et c'est aussi un sujet sur lequel j'ai questionné mes collègues, ma superviseuse, etc. Et en fait, c'est un vrai sujet pour beaucoup de personnes. Et ça, c'est pas rien parce que l'acceptation corporelle, ou si je le tourne à l'envers, L'insatisfaction corporelle, c'est quand même une racine très importante dans le trouble alimentaire, c'est-à-dire que c'est un socle sur lequel va se poser le trouble alimentaire et c'est un maintien important aussi du trouble alimentaire. Donc c'est là depuis le début, c'est là pendant le chemin pour aller mieux et c'est quelque chose, je trouve, qui reste souvent accroché après. En fait, c'est largement possible de... d'aller mieux au niveau alimentation, de vraiment se débarrasser de tout un tas de symptômes au niveau alimentation, mais en restant dans cette insatisfaction corporelle. Et je crois que c'est important. de continuer ce chemin, de maintenir vraiment un chemin d'évolution par rapport à ça, parce que je crois qu'il y a vraiment une clé de guérison ici. Mais du coup, je crois aussi que pour certaines personnes, c'est quelque chose qui est très difficile à lâcher. L'idée de ne plus être la plus mince, ne plus être désirable. Je ne dis pas que ce ne sera pas le cas. Je ne dis pas que parce que genre tu prendras 2 kilos, tu seras plus désirable, mais c'est ce qui se passe dans ta tête. En fait, il y a des personnes qui ont ça en tête. Il y a vraiment quelque chose de très fort et de très fortement accroché pour malheureusement beaucoup de femmes. Et ce truc-là est très en lien avec le regard de l'autre, notamment le regard masculin, la question de la séduction qui est censée nous donner une place en fait en tant que femmes dans notre société. Là, je parle de la question du poids, mais on pourrait parler de l'âge, du fait de vieillir pour une femme, de tout ce que ça signifie et de tout ce que ça implique de difficultés. Il y a vraiment un nœud ici, à cet endroit-là. Et bon, je le dis très souvent dans ce podcast, mais je crois vraiment que le féminisme peut aider. Je crois vraiment que les lectures de femmes féministes qui ont réfléchi sur ces sujets-là peuvent vous libérer l'écoute de podcasts sur le sujet. J'en sais rien moi, des cercles de parole, il y a énormément de choses qui peuvent libérer. Et finalement, contrairement à ce qu'on peut imaginer, il n'y a pas besoin de transformer son corps ni dans un sens ni dans l'autre. C'est-à-dire qu'on est bloqué dans des idées qu'il faut à tout prix rester mince ou maigrir pour aller bien. Et puis c'est comme si à l'inverse, dans des propos comme les miens par exemple ou mes collègues, on entendait le fait que Pour aller mieux, il faut se libérer de tout ça et donc il faut grossir, il faut sortir des standards de beauté. Non, je crois que ni dans un sens ni dans l'autre, il n'est question de ça. Je crois que c'est vraiment la question du rapport à soi. Et cette question-là, elle est très souvent non résolue, j'ai l'impression, et parfois même pas traitée dans les thérapies en fait. Alors je ne dis pas qu'il y a forcément besoin d'être en thérapie toute sa life pour continuer sur cette question-là, mais encore une fois ce... Se nourrir intellectuellement sur le sujet, ne pas hésiter à partager aussi avec d'autres femmes autour de vous. Mais je crois qu'il y a vraiment quelque chose ici d'un processus à entamer puis à continuer. Et d'accepter que ça prenne du temps, que c'est pas parfait, que ça le sera pas. Accepter que le corps c'est pas un objet quoi, ni pour les autres ni pour soi. Et que finalement on n'a pas besoin de le trouver toujours hyper beau notre corps pour avoir des vies épanouissantes et être heureuse. Et puis accepter que ça va être un truc qui va peut-être durer toute sa vie. Mais ça ne veut pas dire qu'on va être en galère toute sa vie. C'est juste que je trouve qu'on continue d'apprendre et d'évoluer et de se libérer par petites touches tout au long de sa vie. Mais c'est plutôt joyeux comme processus. En tout cas, là où j'en suis aujourd'hui, ça fait quand même des années que c'est plutôt joyeux. Concernant le point sur le fait que ça me semble difficile d'aller bien dans une société malade, Ce que moi je pourrais vous proposer là-dessus, c'est d'élargir le prisme des troubles alimentaires, de regarder à quel point il y a différents degrés, qu'on peut rentrer dans toutes les cases d'un trouble alimentaire et donc on est diagnostiqué, ou ne cocher que certaines cases, mais pour autant je pense qu'on peut largement dire qu'il y a quand même vraiment un trouble alimentaire, même si on ne peut pas tout cocher dans le DSM-5. Et puis, quand on s'éloigne encore un peu de ces critères-là, on peut peut-être dire qu'il n'y a peut-être pas de TCA mais une alimentation troublée. Et puis, en s'éloignant encore un peu, on peut parler de préoccupations plus ou moins fortes pour l'image corporelle, pour le corps, l'alimentation, etc. Pourquoi je vous dis ça ? c'est parce que quand vous avez l'impression que de toute façon... tout le monde, même les gens qui vont bien, les gens « normaux » , parlent de son corps, semblent obsédés par ça, passent son temps au régime, etc. C'est important d'élargir ce prisme pour peut-être vous rendre compte que ces gens-là ne vont pas si bien, potentiellement. Je ne suis pas en train de vouloir tout pathologiser, pas du tout, mais c'est plutôt l'idée de se dire « Ok, elle, elle n'a peut-être pas un vrai TCA, mais il y a peut-être quand même une alimentation troublée. » Et donc finalement, le... le chemin que je suis en train d'entamer de guérison de mon trouble alimentaire, c'est pas pour m'amener là où elle en est elle, mais c'est pour aller vers beaucoup plus de sérénité. Je prends mon exemple perso, je pense que je suis... bien plus sereine, tranquille avec l'alimentation que tout un tas de femmes qui n'ont pourtant jamais eu de troubles alimentaires. Donc là, on est loin de l'idée de « je vais rester fragile toute ma vie » . En fait, toutes les femmes me semblent fragiles sur ce sujet-là, et de plus en plus d'hommes aussi. Parce qu'il suffit de voir comment on est matraqué au sujet de notre image, et comment on met ça tout le temps en avant, et comment on nous donne... mille conseils différents pour bien manger, c'est impossible de traverser tout ça tranquille et de rester juste bien dans sa peau quand on est martelé d'injonctions paradoxales sur l'alimentation, sur le corps. Donc ce truc de t'as un TCA, tu guéris jamais vraiment, t'es fragile toute ta vie, mais non, mais tout le monde est fragile en fait. T'es pas plus fragile que quelqu'un d'autre après avoir guéri d'un TCA, voire même tu as peut-être des bases solides par rapport à ça. des signaux d'alerte qui te permettent de faire en sorte de te sentir bien quand tu sens que tu as plus besoin d'alimentation qu'à d'autres phases. Et puis ça apporte, je trouve, ce chemin de guérison, une connaissance de soi, de ces signaux. Quand je dis ces signaux, je parle de la faim, du rassasiement, mais aussi de tous les signaux émotionnels. Et cette connaissance-là, vraiment, elle vaut de l'or et je trouve qu'elle est plutôt protectrice vis-à-vis d'une potentielle rechute de troubles alimentaires. Mais aussi, j'ai envie d'élargir ça à d'autres problématiques de santé mentale. Je trouve que ça éduque énormément finalement. Et pour terminer, j'aimerais aborder un point, moi, qui me semble essentiel. C'est que tu ne dois pas ta santé à qui que ce soit. Ça peut paraître un peu étrange comme formulation, mais tu ne dois rien à personne en ce qui concerne ta santé. Ni à ton médecin, ni à tes parents, ni... voilà. Ta santé, c'est ta santé. Ça ne regarde que toi. Et quand je dis ta santé, j'inclus bien évidemment ta santé mentale. Mais dedans, on peut tout mettre. C'est-à-dire ton poids. Ah, je dis ça pour ta santé. Ta façon de manger. Ta santé mentale. Le fait de faire du sport ou non, etc. Aujourd'hui, être en bonne santé, c'est un peu devenu une valeur morale. C'est comme un truc qu'il faudrait prouver au reste du monde, et je crois que c'est très problématique, et que tout ça s'est vraiment passé au-dessus de tout un tas de réalités, ne serait-ce que les privilèges que nous avons, que nous n'avons pas. Donc on n'a pas les mêmes accès à la base, et on n'a pas non plus les mêmes chances tout au long de notre vie, selon notre trajectoire. Et donc pour revenir à cette question du trouble alimentaire... bah finalement, t'as le droit de ne pas guérir. C'est un peu là où je veux en venir. Où t'as le droit de ne pas guérir complètement ou parfaitement. Ça me permet de faire la boucle avec le perfectionnisme et de se dire « Ah ok, comment tu imagines toi la guérison ? Et qu'est-ce qui vient profondément de toi là-dedans ? Et qu'est-ce qui vient de l'extérieur ? » Et qu'est-ce qui te ferait vraiment du bien à toi là-dedans ? Et qu'est-ce que tu as envie de prouver à l'extérieur par ce biais-là ? En tout cas, un chemin, quel qu'il soit, de soins, mais aussi tout autre chemin, professionnel, peu importe, amoureux, c'est rarement linéaire et il se passe des tas de choses. Et c'est fatigant de chercher à changer son état de santé mentale. Et ça demande de passer par différentes phases. Et peut-être que là, toi qui m'écoutes, t'as avancé par rapport à tes troubles alimentaires, mais que t'as l'impression de stagner, et que t'as l'impression que ça fait un moment que t'avances plus, et que ça te saoule, et que tu culpabilises, etc. Moi j'ai envie de te rappeler que t'as besoin de passer par des paliers. Je sais pas, moi tu regardes un enfant qui apprend la marche, il va avoir plein de paliers de stabilisation, déjà de la position debout. puis des premiers pas, tu vois, il y a plein de choses qui vont se passer et finalement, toute forme de changement d'apprentissage passe par là, c'est jamais tout droit, tout linéaire et on est des humains, on ne peut pas faire les trucs comme ça sans pause. Donc peut-être que là, tu es en train de traverser une phase qui nécessite une pause et je vais aller plus loin, peut-être que tu n'iras jamais plus loin que cette pause-là. Peut-être que l'état actuel que tu as, tu vas y rester pour différentes raisons, peut-être aussi par choix en fait. Parce que peut-être que tu as réussi à construire une forme d'équilibre avec les symptômes qui sont beaucoup moins bruyants, qui sont plus vivables. Peut-être qu'aller plus loin, ça ne te semble pas possible. On ne vient pas tous du même endroit avec nos troubles alimentaires. On ne va pas arriver tous au même endroit. On n'aura pas tous besoin du même temps. Mais surtout, vraiment, tu ne dois rien à personne, en fait. Tu as le droit de rester là où tu es, de réavancer plus tard, de le faire vite, de le faire lentement, de le faire seul, de le faire accompagner. Bon, tu as tous les droits en fait, finalement ça concerne ta vie. Pour conclure cet épisode, j'ai envie de vous dire que moi j'y crois vraiment fort à cette guérison. Certains préféreront l'appeler rétablissement. C'est vrai qu'on parle beaucoup de rétablissement en santé mentale. Ça sous-tend l'idée qu'il y a une forme de fragilité. qui reste que finalement il peut y avoir des moments de rechute. C'est pas ma façon de voir les choses par rapport aux troubles alimentaires, mais ceci dit, j'ai vraiment envie de vous rappeler que si vous êtes sorti d'un trouble alimentaire et qu'à un moment donné vous refaites une compulsion, ou qu'à un moment donné vous sentez que vous vous remettez à contrôler beaucoup ce que vous mangez, ça veut pas dire que ça y est, vous êtes dans une rechute, vous êtes retourné dedans. Ça peut être vraiment... un signal d'alerte. Tout dépend de ce que vous allez en faire. Normalement, en sortant d'un trouble alimentaire, vous avez développé des outils de connaissance de vous et vous avez développé une capacité d'auto-observation assez peu commune. Toutes les personnes qui œuvrent pour leur santé mentale développent des capacités comme ça, tellement fines d'auto-observation et d'auto-compréhension, mais c'est incroyable. Et donc, ces capacités-là font que, quand des symptômes ressurgissent, comme ceux que je viens de vous donner par exemple, eh bien il y a la possibilité de les voir pour ce qu'ils sont, des symptômes, des signaux d'alerte, le signe peut-être d'un déséquilibre, le fait qu'il y a peut-être des choses à écouter, qu'on n'a pas assez entendu dernièrement dans nos émotions, etc. En tout cas, il y a la possibilité d'en faire quelque chose, voire même de retourner toquer à la porte de la diète, la psy, la coach, peu importe, qui vous accompagnait en fait. Mais vraiment, ne vous dites pas « Ok, j'échoue, ... Ça y est, c'est reparti. Non. Et pour moi, je ne considère même pas ça comme une rechute. Pour moi, une rechute, c'est le retour de tout le panel de symptômes que vous aviez. L'obsession, le fait de penser tout le temps qu'à ça, peut-être se peser tous les jours, etc. Faire une crise, ce n'est pas une rechute, en fait. C'est un moment de vie. Je comprends qu'on puisse douter de la guérison parce que je sais à quel point, quand on galère à l'intérieur... C'est hyper complexe. Je comprends aussi qu'en tant que professionnel, on puisse véhiculer ce message-là. J'entends, mais ça n'est pas mon avis. Moi, je pense vraiment qu'on peut s'en sortir. Par contre, je ne suis pas en train de vous dire que vous devriez vous en sortir et que vous devriez faire ci ou vous devriez faire ça. Non, pas du tout. Ce que je pense sincèrement, c'est qu'essayer de prendre soin de soi, c'est déjà beaucoup. Et qu'il faut penser... à se remercier et à regarder aussi tout le chemin parcouru, ça c'est super important, on l'oublie tout le temps encore plus sur des chemins comme ça, de rétablissement en santé mentale de guérison, en fait on voit toujours ce qu'il reste à faire mais regardez ce que vous avez fait, regardez d'où vous venez, regardez tout ce que vous avez parcouru, pensez à vous féliciter à vous choyer pour tout ça et puis comme d'hab, prenez soin de vous autant que possible Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. 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Chapters

  • Pourquoi pense t-on que la guérison n’est pas possible

    01:59

  • Ce que j’en pense

    09:28

  • Le perfectionnisme face à la guérison

    09:50

  • Le chemin d’acceptation corporelle

    13:28

  • Élargir le prisme des troubles alimentaires

    18:12

  • Tu ne dois ta santé ou ta guérison à personne

    21:38

  • Ma conclusion

    25:16

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Dans cet épisode, j’explore une idée que l’on entend partout : “on ne guérit jamais vraiment d’un trouble alimentaire.”


Pourquoi ce discours est-il si répandu — y compris chez certaines personnes concernées et chez des professionnels ?
Qu’est-ce qui, dans les parcours, les prises en charge ou la société, alimente cette croyance ?


Je reviens sur plusieurs points essentiels :


• la chronicité apparente des TCA,
• les semi-guérisons qui donnent l’impression qu’on ne peut pas aller plus loin,
• le rôle du perfectionnisme dans ce qu’on imagine de la “vraie” guérison,
• la difficulté d’aller bien dans une société obsédée par le corps, la minceur et le contrôle,
• et la place déterminante de la relation au corps dans ce processus.


Je partage ensuite ma position de thérapeute spécialisée — et de personne rétablie — sur ce que signifie aller bien, retrouver de la liberté, et comprendre ce qui relève du trouble… et ce qui relève simplement de la vie humaine.

Un épisode qui parlera à toutes celles qui doutent de leur capacité à sortir des TCA, qui stagnent, ou qui ne savent plus quoi attendre du mot “guérison”.



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute ! Bienvenue par ici, aujourd'hui on va reparler de guérison, je dis reparler parce que j'en ai parlé dans pas mal d'épisodes quand même de ce podcast. Et j'avais envie de revenir sur une chose, c'est que... on n'est pas tous et toutes d'accord sur la question de la guérison des TCA. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on entend tout et son contraire. Et donc, tu m'entends clamer haut et fort que j'ai guéri des TCA, qu'on peut guérir des TCA. Tu me vois partager des témoignages de personnes que j'ai accompagnées, etc. Mais à côté de ça, tu entends très certainement aussi des personnes, que ce soit des particuliers, mais même des professionnels, dire que non, on ne guérit jamais vraiment complètement d'un trouble alimentaire. Et souvent avec cette comparaison avec l'addiction de laquelle on ne guérit jamais vraiment parce qu'on reste fragile. Alors, pour commencer, bien sûr je vais vous donner mon avis sur tout ça, je vais vous dire ce que j'en pense. Mais j'avais envie de commencer par expliquer pourquoi, à mon avis, on dit ça. Pourquoi on dit qu'on ne guérit jamais vraiment d'un trouble alimentaire. Moi je comprends vraiment sincèrement qu'on dise ça et j'y vois pas mal d'explications. Ce qui se passe souvent, c'est que les personnes qui disent ça, ce sont soit directement des femmes, quand même le plus souvent, qui ont eu des troubles alimentaires, et finalement, on en a toujours, ou en tout cas ont toujours des symptômes, ne se sentent pas complètement guéries, ou ce sont des proches de personnes qu'on a eues, ou des professionnels ayant accompagné. Ce que je vois comme explication, en premier lieu, c'est la question de la chronicité. En fait, le trouble alimentaire... c'est quand même dans la majorité des cas une maladie chronique, souvent qui débarque relativement jeune autour de l'adolescence, parfois même avant, dans la prépuberté, et puis parfois après, déjà à l'âge adulte, mais l'immense majorité des troubles alimentaires se développent autour de l'adolescence et de l'âge jeune adulte, genre jusqu'à 20 ans. Je ne dis pas que ça n'arrive pas avant, après, bien sûr, plein de fois, mais c'est vraiment la majorité des cas. Et donc en fait, moi ce que je vois, enfin moi la majorité des personnes que j'accompagne sont des personnes qui ont plutôt la trentaine, la quarantaine, voire la cinquantaine. Et donc ce que je vois, c'est des personnes qui se traînent ça toute leur vie. Donc voilà pourquoi on dit que c'est chronique. Mais qui mettent en place une adaptation énorme pour apprendre à vivre avec. Et donc le trouble finalement il est parfois moins bruyant, souvent beaucoup moins visible, ça c'est certain, et même pour la personne qui le vit il est moins bruyant parce que la personne met en place tout un tas d'adaptations dans sa vie et donc ça fait que les symptômes sont largement supportables. Et donc là on entre dans ce qu'on va appeler la semi-guérison, voire même on pourrait parler presque de fausse guérison avec cette impression de c'est ok j'en suis sorti. Moi j'ai vécu une phase comme ça vraiment où je pensais que c'était derrière moi, j'en parlais toujours au passé quand j'étais jeune adulte et pour cause j'avais un poids tout à fait dans les normes, j'étais pas en totale restriction, je ne faisais pas de compulsion alimentaire donc c'était ok. Mais en fait les symptômes ils s'arrêtent pas là, les symptômes d'un trouble alimentaire et j'en avais encore plein. L'obsession complète de mon corps. La peur de grossir qui me tenaillait, le fait que j'avais vraiment l'impression que ma valeur tout entière reposait sur mon corps, et mine de rien, le contrôle alimentaire, il était quand même toujours vachement présent. Mais il paraissait pas si fou, même par rapport à d'autres personnes que je croisais, et ça, je vais en parler aussi. Donc, ce premier point important, pourquoi est-ce qu'on en vient à croiser plein de personnes qui disent « Bah non, en fait, la vraie guérison, elle n'existe pas » , bah voilà, il y a cette chronicité. qui est lié à des prises en charge rarement adapté finalement, parce que par des professionnels pas formés, et puis aujourd'hui on évolue, on en parle plus, il y a beaucoup plus de formations, etc. Mais genre moi j'ai 40 ans, bon ben voilà, il y a 20 ans, c'était pas un sujet qui était très très bien traité, bien abordé, etc. Donc ça explique déjà une partie de ça. Le deuxième point qui explique à mon sens très bien qu'on puisse douter de la guérison, c'est le fait qu'il y a... énormément de personnes qui sont en semi-guérison, donc j'en ai déjà parlé un peu, et qui laissent penser qu'on ne peut pas aller plus loin sur le chemin. Ces personnes-là ont certainement fait beaucoup de travail sur elles-mêmes, ont amélioré tout un tas de symptômes, mais il y a toujours un truc qui reste accroché, et comme elles ont déjà fait beaucoup de chemin, qu'elles ont bien avancé, il y a cette espèce de certitude qui arrive que, ben, de toute façon... On ne peut pas aller plus loin en fait et la vraie guérison, elle n'existe pas. Je vais y revenir en deuxième partie de l'épisode pour vous expliquer ce que j'en pense moi de ça, mais ça c'est vraiment une observation, c'est quelque chose que j'ai l'impression de constater quand même assez souvent et je vous dirai tout à l'heure ce que j'en pense. Troisième raison de cette croyance qu'on ne guérit pas des troubles alimentaires, c'est que je crois vraiment qu'aller bien avec soi, avec son corps et donc avec son alimentation, bah... C'est le chemin d'une vie. Parce qu'on est en constante évolution, parce qu'on est en mouvement perpétuel, qu'il s'agisse de notre corps, surtout en tant que femme, mais aussi de notre façon de vivre dedans, de notre façon de nous percevoir, de percevoir les autres, de percevoir la vie, etc. Donc en fait, c'est quelque chose qui n'est jamais figé. On ne peut pas dire, ok, je me sens bien dans mon corps et avec mon alimentation. pour ma vie entière désormais. En fait, c'est un équilibre à trouver et qui doit se maintenir ensuite. Et peut-être que, là, j'y reviendrai aussi sur la quête de perfection, mais peut-être qu'il y a un peu une image dans l'esprit de certaines personnes que guérir d'un trouble alimentaire, c'est quelque chose d'acquis, et que derrière, si j'ai l'impression de devoir œuvrer pour mon équilibre avec mon corps et mon alimentation, alors ça veut dire que je ne suis pas totalement guérie. À mon sens, les symptômes du trouble alimentaire sont sortis de ta vie, tu vis librement, mais en même temps, tu as appris que pour rester sereine dans ton corps, dans ta vie, dans ton alimentation, tu as besoin d'un certain nombre de choses qui sont équilibrantes. Et finalement, on pourrait le mettre pour n'importe quelle problématique de santé mentale. Il n'y a jamais rien qui est acquis. mais même de santé somatique, en fait. Je veux dire, là, tes poumons sont en bonne forme, et c'est cool, et tu vas bien, ok ? J'espère, pour toi qui m'écoutes, en tout cas. Eh bien, c'est pas quelque chose d'acquis, ça veut dire que tu vas devoir continuer à faire en sorte que ce soit quelque chose qui se stabilise dans le temps. Si tu te mets à fumer un paquet par jour, peut-être que ça va bouger les choses. Le quatrième et dernier point qui, pour moi, explique le fait qu'on ait cette... cette sensation qu'on ne puisse pas vraiment guérir d'un trouble alimentaire, c'est que je crois que c'est quand même assez difficile d'aller bien dans une société qui est malade. On vit dans une société dans laquelle il y a plein de comportements qu'on pourrait associer au trouble alimentaire qui sont normalisés. Et du coup, moi je me mets dans la peau de quelqu'un qui aujourd'hui est en guerre avec son comportement alimentaire, comment avoir l'espoir de s'en sortir si les personnes considérées comme « normales » , avec des normes guillemets bien sûr, sont elles-mêmes obsédées par leur corps, obsédées par ce qu'elles mangent. On peut se dire, finalement, pour avoir l'espoir que mon comportement soit un peu moins envahissant. Donc voilà, l'histoire de la chronicité, la semi-guérison, le fait qu'elle est bien avec son corps et son alimentation, c'est des choses, je pense, qui se travaillent toute une vie. Et le fait de vivre dans une société, à mon sens, assez malade sur le... Ce rapport à la santé, ce rapport au corps, ce rapport à l'alimentation, toutes ces choses-là, à mon sens, viennent expliquer assez facilement que, bah, ouais, on puisse remettre en question le fait de vraiment guérir d'un trouble alimentaire. Voici ce que, moi, j'en pense, bah, qui vaut ce qui vaut, hein, c'est-à-dire que, bon, ça n'est que mon avis, mais mon avis d'une personne qui est sortie de plus de 20 ans de trouble alimentaire et l'avis d'une personne qui a des formations sur le sujet et qui accompagne... depuis bientôt 5 ans, des personnes en souffrance elles-mêmes avec leur alimentation et avec leur corps. La première chose, c'est qu'on trouve une caractéristique commune... J'ai à peu près toutes les personnes, en fait j'avais envie de dire toutes les personnes, mais je ne connais pas toutes les personnes. Donc je vais dire à peu près beaucoup de personnes qui ont un trouble alimentaire, et cette caractéristique s'appelle le perfectionnisme. Et ce perfectionnisme, on imagine bien qu'il ne se cantonne pas aux barrières du trouble alimentaire. Le perfectionnisme, il ne va pas s'exprimer que dans le rapport au corps et à l'alimentation. Non, il s'exprime pour toutes les sphères de la vie. Et d'ailleurs, c'est génial de travailler sur son rapport à l'alimentation, au corps, etc., enfin, sur le trouble alimentaire, parce que ça permet aussi de ramollir un peu ce perfectionnisme, de le rendre moins fort sur plein d'autres domaines. Mais bon, je referme cette parenthèse. Et donc, ce perfectionnisme, eh bien, il va glisser aussi en dehors du TCA et qu'il va glisser vers la guérison. Je pense que ça c'est un énorme piège, c'est qu'on est perfectionniste aussi sur ce qu'on attend de la guérison, sur l'idée qu'on a de la relation qu'on devrait avoir à son corps et à l'alimentation. Je crois que ça c'est vraiment important de le regarder en face, de se pencher sur la question, seul ou accompagné de votre thérapeute, parce que ce que vous projetez sur la guérison peut être un frein à cette même guérison. finalement, et la rendre complètement impossible. Effectivement, si l'idée, c'est de manger toujours parfaitement, de sortir des TCA dans le but d'avoir un corps parfait, au sens qui correspond parfaitement aux normes, et de devenir cette perfect girl que vous avez toujours souhaité être, alors en fait, vous continuez d'être en plein dans le problème de base, et donc ça ne va pas être possible, ça c'est clair. Je pense que le perfectionnisme, c'est une des racines sur lesquelles il faut mettre de l'énergie tirée fort, fort, fort, fort, fort, tout au long du chemin, pour aller mieux, et pour aller mieux dans tous les domaines. Bon, on va parler du sujet qui fâche, mais si pour toi, la guérison ne doit absolument pas rimer avec la prise de ces deux kilos que tu redoutes à fond, alors peut-être ce sera compliqué de guérir. Je suis pas en train de te dire que tu dois grossir pour guérir, c'est pas du tout mon propos. Mais peut-être que lâcher un peu là-dessus et accepter de prendre ces 2, 3, 5 kilos, ça va être le chemin de ta guérison et ça veut pas dire qu'ils vont rester accrochés à tes basques pour le reste de ta vie. Ça veut dire que sur cette phase-là, il y a peut-être besoin d'en passer par là. Mais sur un tout autre sujet, ta guérison, elle va... Peut-être nécessiter que tu relâches le perfectionnisme sur ta façon de gérer ton intérieur, sur ta façon de gérer ton travail et les dossiers que tu dois rendre, sur ta façon d'éduquer de manière complètement parfaite tes enfants, et sur le fait, bien sûr, de chercher à avoir ces assiettes toujours parfaites à chaque repas, de chaque jour, de chaque semaine. Bien sûr que le perfectionnisme, là je prends des exemples forts volontairement, mais ça s'immisce partout. Et je pense que c'est vraiment un frein à la guérison. Et que ça explique le fait qu'un certain nombre de personnes restent bloquées. Je vous disais tout à l'heure que je pense que beaucoup de personnes se retrouvent dans une sorte de semi-guérison, un truc d'à peu près avec l'impression de vraiment pas pouvoir aller plus loin. Et je voulais rebondir là-dessus parce que ce que j'en pense, c'est qu'il y a vraiment un processus très très long. qu'il faut accepter et qui est celui de la relation au corps. C'est vraiment quelque chose que j'ai observé pour moi et c'est quelque chose que j'observe mais vraiment à fond avec les personnes que j'accompagne et c'est aussi un sujet sur lequel j'ai questionné mes collègues, ma superviseuse, etc. Et en fait, c'est un vrai sujet pour beaucoup de personnes. Et ça, c'est pas rien parce que l'acceptation corporelle, ou si je le tourne à l'envers, L'insatisfaction corporelle, c'est quand même une racine très importante dans le trouble alimentaire, c'est-à-dire que c'est un socle sur lequel va se poser le trouble alimentaire et c'est un maintien important aussi du trouble alimentaire. Donc c'est là depuis le début, c'est là pendant le chemin pour aller mieux et c'est quelque chose, je trouve, qui reste souvent accroché après. En fait, c'est largement possible de... d'aller mieux au niveau alimentation, de vraiment se débarrasser de tout un tas de symptômes au niveau alimentation, mais en restant dans cette insatisfaction corporelle. Et je crois que c'est important. de continuer ce chemin, de maintenir vraiment un chemin d'évolution par rapport à ça, parce que je crois qu'il y a vraiment une clé de guérison ici. Mais du coup, je crois aussi que pour certaines personnes, c'est quelque chose qui est très difficile à lâcher. L'idée de ne plus être la plus mince, ne plus être désirable. Je ne dis pas que ce ne sera pas le cas. Je ne dis pas que parce que genre tu prendras 2 kilos, tu seras plus désirable, mais c'est ce qui se passe dans ta tête. En fait, il y a des personnes qui ont ça en tête. Il y a vraiment quelque chose de très fort et de très fortement accroché pour malheureusement beaucoup de femmes. Et ce truc-là est très en lien avec le regard de l'autre, notamment le regard masculin, la question de la séduction qui est censée nous donner une place en fait en tant que femmes dans notre société. Là, je parle de la question du poids, mais on pourrait parler de l'âge, du fait de vieillir pour une femme, de tout ce que ça signifie et de tout ce que ça implique de difficultés. Il y a vraiment un nœud ici, à cet endroit-là. Et bon, je le dis très souvent dans ce podcast, mais je crois vraiment que le féminisme peut aider. Je crois vraiment que les lectures de femmes féministes qui ont réfléchi sur ces sujets-là peuvent vous libérer l'écoute de podcasts sur le sujet. J'en sais rien moi, des cercles de parole, il y a énormément de choses qui peuvent libérer. Et finalement, contrairement à ce qu'on peut imaginer, il n'y a pas besoin de transformer son corps ni dans un sens ni dans l'autre. C'est-à-dire qu'on est bloqué dans des idées qu'il faut à tout prix rester mince ou maigrir pour aller bien. Et puis c'est comme si à l'inverse, dans des propos comme les miens par exemple ou mes collègues, on entendait le fait que Pour aller mieux, il faut se libérer de tout ça et donc il faut grossir, il faut sortir des standards de beauté. Non, je crois que ni dans un sens ni dans l'autre, il n'est question de ça. Je crois que c'est vraiment la question du rapport à soi. Et cette question-là, elle est très souvent non résolue, j'ai l'impression, et parfois même pas traitée dans les thérapies en fait. Alors je ne dis pas qu'il y a forcément besoin d'être en thérapie toute sa life pour continuer sur cette question-là, mais encore une fois ce... Se nourrir intellectuellement sur le sujet, ne pas hésiter à partager aussi avec d'autres femmes autour de vous. Mais je crois qu'il y a vraiment quelque chose ici d'un processus à entamer puis à continuer. Et d'accepter que ça prenne du temps, que c'est pas parfait, que ça le sera pas. Accepter que le corps c'est pas un objet quoi, ni pour les autres ni pour soi. Et que finalement on n'a pas besoin de le trouver toujours hyper beau notre corps pour avoir des vies épanouissantes et être heureuse. Et puis accepter que ça va être un truc qui va peut-être durer toute sa vie. Mais ça ne veut pas dire qu'on va être en galère toute sa vie. C'est juste que je trouve qu'on continue d'apprendre et d'évoluer et de se libérer par petites touches tout au long de sa vie. Mais c'est plutôt joyeux comme processus. En tout cas, là où j'en suis aujourd'hui, ça fait quand même des années que c'est plutôt joyeux. Concernant le point sur le fait que ça me semble difficile d'aller bien dans une société malade, Ce que moi je pourrais vous proposer là-dessus, c'est d'élargir le prisme des troubles alimentaires, de regarder à quel point il y a différents degrés, qu'on peut rentrer dans toutes les cases d'un trouble alimentaire et donc on est diagnostiqué, ou ne cocher que certaines cases, mais pour autant je pense qu'on peut largement dire qu'il y a quand même vraiment un trouble alimentaire, même si on ne peut pas tout cocher dans le DSM-5. Et puis, quand on s'éloigne encore un peu de ces critères-là, on peut peut-être dire qu'il n'y a peut-être pas de TCA mais une alimentation troublée. Et puis, en s'éloignant encore un peu, on peut parler de préoccupations plus ou moins fortes pour l'image corporelle, pour le corps, l'alimentation, etc. Pourquoi je vous dis ça ? c'est parce que quand vous avez l'impression que de toute façon... tout le monde, même les gens qui vont bien, les gens « normaux » , parlent de son corps, semblent obsédés par ça, passent son temps au régime, etc. C'est important d'élargir ce prisme pour peut-être vous rendre compte que ces gens-là ne vont pas si bien, potentiellement. Je ne suis pas en train de vouloir tout pathologiser, pas du tout, mais c'est plutôt l'idée de se dire « Ok, elle, elle n'a peut-être pas un vrai TCA, mais il y a peut-être quand même une alimentation troublée. » Et donc finalement, le... le chemin que je suis en train d'entamer de guérison de mon trouble alimentaire, c'est pas pour m'amener là où elle en est elle, mais c'est pour aller vers beaucoup plus de sérénité. Je prends mon exemple perso, je pense que je suis... bien plus sereine, tranquille avec l'alimentation que tout un tas de femmes qui n'ont pourtant jamais eu de troubles alimentaires. Donc là, on est loin de l'idée de « je vais rester fragile toute ma vie » . En fait, toutes les femmes me semblent fragiles sur ce sujet-là, et de plus en plus d'hommes aussi. Parce qu'il suffit de voir comment on est matraqué au sujet de notre image, et comment on met ça tout le temps en avant, et comment on nous donne... mille conseils différents pour bien manger, c'est impossible de traverser tout ça tranquille et de rester juste bien dans sa peau quand on est martelé d'injonctions paradoxales sur l'alimentation, sur le corps. Donc ce truc de t'as un TCA, tu guéris jamais vraiment, t'es fragile toute ta vie, mais non, mais tout le monde est fragile en fait. T'es pas plus fragile que quelqu'un d'autre après avoir guéri d'un TCA, voire même tu as peut-être des bases solides par rapport à ça. des signaux d'alerte qui te permettent de faire en sorte de te sentir bien quand tu sens que tu as plus besoin d'alimentation qu'à d'autres phases. Et puis ça apporte, je trouve, ce chemin de guérison, une connaissance de soi, de ces signaux. Quand je dis ces signaux, je parle de la faim, du rassasiement, mais aussi de tous les signaux émotionnels. Et cette connaissance-là, vraiment, elle vaut de l'or et je trouve qu'elle est plutôt protectrice vis-à-vis d'une potentielle rechute de troubles alimentaires. Mais aussi, j'ai envie d'élargir ça à d'autres problématiques de santé mentale. Je trouve que ça éduque énormément finalement. Et pour terminer, j'aimerais aborder un point, moi, qui me semble essentiel. C'est que tu ne dois pas ta santé à qui que ce soit. Ça peut paraître un peu étrange comme formulation, mais tu ne dois rien à personne en ce qui concerne ta santé. Ni à ton médecin, ni à tes parents, ni... voilà. Ta santé, c'est ta santé. Ça ne regarde que toi. Et quand je dis ta santé, j'inclus bien évidemment ta santé mentale. Mais dedans, on peut tout mettre. C'est-à-dire ton poids. Ah, je dis ça pour ta santé. Ta façon de manger. Ta santé mentale. Le fait de faire du sport ou non, etc. Aujourd'hui, être en bonne santé, c'est un peu devenu une valeur morale. C'est comme un truc qu'il faudrait prouver au reste du monde, et je crois que c'est très problématique, et que tout ça s'est vraiment passé au-dessus de tout un tas de réalités, ne serait-ce que les privilèges que nous avons, que nous n'avons pas. Donc on n'a pas les mêmes accès à la base, et on n'a pas non plus les mêmes chances tout au long de notre vie, selon notre trajectoire. Et donc pour revenir à cette question du trouble alimentaire... bah finalement, t'as le droit de ne pas guérir. C'est un peu là où je veux en venir. Où t'as le droit de ne pas guérir complètement ou parfaitement. Ça me permet de faire la boucle avec le perfectionnisme et de se dire « Ah ok, comment tu imagines toi la guérison ? Et qu'est-ce qui vient profondément de toi là-dedans ? Et qu'est-ce qui vient de l'extérieur ? » Et qu'est-ce qui te ferait vraiment du bien à toi là-dedans ? Et qu'est-ce que tu as envie de prouver à l'extérieur par ce biais-là ? En tout cas, un chemin, quel qu'il soit, de soins, mais aussi tout autre chemin, professionnel, peu importe, amoureux, c'est rarement linéaire et il se passe des tas de choses. Et c'est fatigant de chercher à changer son état de santé mentale. Et ça demande de passer par différentes phases. Et peut-être que là, toi qui m'écoutes, t'as avancé par rapport à tes troubles alimentaires, mais que t'as l'impression de stagner, et que t'as l'impression que ça fait un moment que t'avances plus, et que ça te saoule, et que tu culpabilises, etc. Moi j'ai envie de te rappeler que t'as besoin de passer par des paliers. Je sais pas, moi tu regardes un enfant qui apprend la marche, il va avoir plein de paliers de stabilisation, déjà de la position debout. puis des premiers pas, tu vois, il y a plein de choses qui vont se passer et finalement, toute forme de changement d'apprentissage passe par là, c'est jamais tout droit, tout linéaire et on est des humains, on ne peut pas faire les trucs comme ça sans pause. Donc peut-être que là, tu es en train de traverser une phase qui nécessite une pause et je vais aller plus loin, peut-être que tu n'iras jamais plus loin que cette pause-là. Peut-être que l'état actuel que tu as, tu vas y rester pour différentes raisons, peut-être aussi par choix en fait. Parce que peut-être que tu as réussi à construire une forme d'équilibre avec les symptômes qui sont beaucoup moins bruyants, qui sont plus vivables. Peut-être qu'aller plus loin, ça ne te semble pas possible. On ne vient pas tous du même endroit avec nos troubles alimentaires. On ne va pas arriver tous au même endroit. On n'aura pas tous besoin du même temps. Mais surtout, vraiment, tu ne dois rien à personne, en fait. Tu as le droit de rester là où tu es, de réavancer plus tard, de le faire vite, de le faire lentement, de le faire seul, de le faire accompagner. Bon, tu as tous les droits en fait, finalement ça concerne ta vie. Pour conclure cet épisode, j'ai envie de vous dire que moi j'y crois vraiment fort à cette guérison. Certains préféreront l'appeler rétablissement. C'est vrai qu'on parle beaucoup de rétablissement en santé mentale. Ça sous-tend l'idée qu'il y a une forme de fragilité. qui reste que finalement il peut y avoir des moments de rechute. C'est pas ma façon de voir les choses par rapport aux troubles alimentaires, mais ceci dit, j'ai vraiment envie de vous rappeler que si vous êtes sorti d'un trouble alimentaire et qu'à un moment donné vous refaites une compulsion, ou qu'à un moment donné vous sentez que vous vous remettez à contrôler beaucoup ce que vous mangez, ça veut pas dire que ça y est, vous êtes dans une rechute, vous êtes retourné dedans. Ça peut être vraiment... un signal d'alerte. Tout dépend de ce que vous allez en faire. Normalement, en sortant d'un trouble alimentaire, vous avez développé des outils de connaissance de vous et vous avez développé une capacité d'auto-observation assez peu commune. Toutes les personnes qui œuvrent pour leur santé mentale développent des capacités comme ça, tellement fines d'auto-observation et d'auto-compréhension, mais c'est incroyable. Et donc, ces capacités-là font que, quand des symptômes ressurgissent, comme ceux que je viens de vous donner par exemple, eh bien il y a la possibilité de les voir pour ce qu'ils sont, des symptômes, des signaux d'alerte, le signe peut-être d'un déséquilibre, le fait qu'il y a peut-être des choses à écouter, qu'on n'a pas assez entendu dernièrement dans nos émotions, etc. En tout cas, il y a la possibilité d'en faire quelque chose, voire même de retourner toquer à la porte de la diète, la psy, la coach, peu importe, qui vous accompagnait en fait. Mais vraiment, ne vous dites pas « Ok, j'échoue, ... Ça y est, c'est reparti. Non. Et pour moi, je ne considère même pas ça comme une rechute. Pour moi, une rechute, c'est le retour de tout le panel de symptômes que vous aviez. L'obsession, le fait de penser tout le temps qu'à ça, peut-être se peser tous les jours, etc. Faire une crise, ce n'est pas une rechute, en fait. C'est un moment de vie. Je comprends qu'on puisse douter de la guérison parce que je sais à quel point, quand on galère à l'intérieur... C'est hyper complexe. Je comprends aussi qu'en tant que professionnel, on puisse véhiculer ce message-là. J'entends, mais ça n'est pas mon avis. Moi, je pense vraiment qu'on peut s'en sortir. Par contre, je ne suis pas en train de vous dire que vous devriez vous en sortir et que vous devriez faire ci ou vous devriez faire ça. Non, pas du tout. Ce que je pense sincèrement, c'est qu'essayer de prendre soin de soi, c'est déjà beaucoup. Et qu'il faut penser... à se remercier et à regarder aussi tout le chemin parcouru, ça c'est super important, on l'oublie tout le temps encore plus sur des chemins comme ça, de rétablissement en santé mentale de guérison, en fait on voit toujours ce qu'il reste à faire mais regardez ce que vous avez fait, regardez d'où vous venez, regardez tout ce que vous avez parcouru, pensez à vous féliciter à vous choyer pour tout ça et puis comme d'hab, prenez soin de vous autant que possible Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. 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Chapters

  • Pourquoi pense t-on que la guérison n’est pas possible

    01:59

  • Ce que j’en pense

    09:28

  • Le perfectionnisme face à la guérison

    09:50

  • Le chemin d’acceptation corporelle

    13:28

  • Élargir le prisme des troubles alimentaires

    18:12

  • Tu ne dois ta santé ou ta guérison à personne

    21:38

  • Ma conclusion

    25:16

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Description


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute ! Bienvenue par ici, aujourd'hui on va reparler de guérison, je dis reparler parce que j'en ai parlé dans pas mal d'épisodes quand même de ce podcast. Et j'avais envie de revenir sur une chose, c'est que... on n'est pas tous et toutes d'accord sur la question de la guérison des TCA. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on entend tout et son contraire. Et donc, tu m'entends clamer haut et fort que j'ai guéri des TCA, qu'on peut guérir des TCA. Tu me vois partager des témoignages de personnes que j'ai accompagnées, etc. Mais à côté de ça, tu entends très certainement aussi des personnes, que ce soit des particuliers, mais même des professionnels, dire que non, on ne guérit jamais vraiment complètement d'un trouble alimentaire. Et souvent avec cette comparaison avec l'addiction de laquelle on ne guérit jamais vraiment parce qu'on reste fragile. Alors, pour commencer, bien sûr je vais vous donner mon avis sur tout ça, je vais vous dire ce que j'en pense. Mais j'avais envie de commencer par expliquer pourquoi, à mon avis, on dit ça. Pourquoi on dit qu'on ne guérit jamais vraiment d'un trouble alimentaire. Moi je comprends vraiment sincèrement qu'on dise ça et j'y vois pas mal d'explications. Ce qui se passe souvent, c'est que les personnes qui disent ça, ce sont soit directement des femmes, quand même le plus souvent, qui ont eu des troubles alimentaires, et finalement, on en a toujours, ou en tout cas ont toujours des symptômes, ne se sentent pas complètement guéries, ou ce sont des proches de personnes qu'on a eues, ou des professionnels ayant accompagné. Ce que je vois comme explication, en premier lieu, c'est la question de la chronicité. En fait, le trouble alimentaire... c'est quand même dans la majorité des cas une maladie chronique, souvent qui débarque relativement jeune autour de l'adolescence, parfois même avant, dans la prépuberté, et puis parfois après, déjà à l'âge adulte, mais l'immense majorité des troubles alimentaires se développent autour de l'adolescence et de l'âge jeune adulte, genre jusqu'à 20 ans. Je ne dis pas que ça n'arrive pas avant, après, bien sûr, plein de fois, mais c'est vraiment la majorité des cas. Et donc en fait, moi ce que je vois, enfin moi la majorité des personnes que j'accompagne sont des personnes qui ont plutôt la trentaine, la quarantaine, voire la cinquantaine. Et donc ce que je vois, c'est des personnes qui se traînent ça toute leur vie. Donc voilà pourquoi on dit que c'est chronique. Mais qui mettent en place une adaptation énorme pour apprendre à vivre avec. Et donc le trouble finalement il est parfois moins bruyant, souvent beaucoup moins visible, ça c'est certain, et même pour la personne qui le vit il est moins bruyant parce que la personne met en place tout un tas d'adaptations dans sa vie et donc ça fait que les symptômes sont largement supportables. Et donc là on entre dans ce qu'on va appeler la semi-guérison, voire même on pourrait parler presque de fausse guérison avec cette impression de c'est ok j'en suis sorti. Moi j'ai vécu une phase comme ça vraiment où je pensais que c'était derrière moi, j'en parlais toujours au passé quand j'étais jeune adulte et pour cause j'avais un poids tout à fait dans les normes, j'étais pas en totale restriction, je ne faisais pas de compulsion alimentaire donc c'était ok. Mais en fait les symptômes ils s'arrêtent pas là, les symptômes d'un trouble alimentaire et j'en avais encore plein. L'obsession complète de mon corps. La peur de grossir qui me tenaillait, le fait que j'avais vraiment l'impression que ma valeur tout entière reposait sur mon corps, et mine de rien, le contrôle alimentaire, il était quand même toujours vachement présent. Mais il paraissait pas si fou, même par rapport à d'autres personnes que je croisais, et ça, je vais en parler aussi. Donc, ce premier point important, pourquoi est-ce qu'on en vient à croiser plein de personnes qui disent « Bah non, en fait, la vraie guérison, elle n'existe pas » , bah voilà, il y a cette chronicité. qui est lié à des prises en charge rarement adapté finalement, parce que par des professionnels pas formés, et puis aujourd'hui on évolue, on en parle plus, il y a beaucoup plus de formations, etc. Mais genre moi j'ai 40 ans, bon ben voilà, il y a 20 ans, c'était pas un sujet qui était très très bien traité, bien abordé, etc. Donc ça explique déjà une partie de ça. Le deuxième point qui explique à mon sens très bien qu'on puisse douter de la guérison, c'est le fait qu'il y a... énormément de personnes qui sont en semi-guérison, donc j'en ai déjà parlé un peu, et qui laissent penser qu'on ne peut pas aller plus loin sur le chemin. Ces personnes-là ont certainement fait beaucoup de travail sur elles-mêmes, ont amélioré tout un tas de symptômes, mais il y a toujours un truc qui reste accroché, et comme elles ont déjà fait beaucoup de chemin, qu'elles ont bien avancé, il y a cette espèce de certitude qui arrive que, ben, de toute façon... On ne peut pas aller plus loin en fait et la vraie guérison, elle n'existe pas. Je vais y revenir en deuxième partie de l'épisode pour vous expliquer ce que j'en pense moi de ça, mais ça c'est vraiment une observation, c'est quelque chose que j'ai l'impression de constater quand même assez souvent et je vous dirai tout à l'heure ce que j'en pense. Troisième raison de cette croyance qu'on ne guérit pas des troubles alimentaires, c'est que je crois vraiment qu'aller bien avec soi, avec son corps et donc avec son alimentation, bah... C'est le chemin d'une vie. Parce qu'on est en constante évolution, parce qu'on est en mouvement perpétuel, qu'il s'agisse de notre corps, surtout en tant que femme, mais aussi de notre façon de vivre dedans, de notre façon de nous percevoir, de percevoir les autres, de percevoir la vie, etc. Donc en fait, c'est quelque chose qui n'est jamais figé. On ne peut pas dire, ok, je me sens bien dans mon corps et avec mon alimentation. pour ma vie entière désormais. En fait, c'est un équilibre à trouver et qui doit se maintenir ensuite. Et peut-être que, là, j'y reviendrai aussi sur la quête de perfection, mais peut-être qu'il y a un peu une image dans l'esprit de certaines personnes que guérir d'un trouble alimentaire, c'est quelque chose d'acquis, et que derrière, si j'ai l'impression de devoir œuvrer pour mon équilibre avec mon corps et mon alimentation, alors ça veut dire que je ne suis pas totalement guérie. À mon sens, les symptômes du trouble alimentaire sont sortis de ta vie, tu vis librement, mais en même temps, tu as appris que pour rester sereine dans ton corps, dans ta vie, dans ton alimentation, tu as besoin d'un certain nombre de choses qui sont équilibrantes. Et finalement, on pourrait le mettre pour n'importe quelle problématique de santé mentale. Il n'y a jamais rien qui est acquis. mais même de santé somatique, en fait. Je veux dire, là, tes poumons sont en bonne forme, et c'est cool, et tu vas bien, ok ? J'espère, pour toi qui m'écoutes, en tout cas. Eh bien, c'est pas quelque chose d'acquis, ça veut dire que tu vas devoir continuer à faire en sorte que ce soit quelque chose qui se stabilise dans le temps. Si tu te mets à fumer un paquet par jour, peut-être que ça va bouger les choses. Le quatrième et dernier point qui, pour moi, explique le fait qu'on ait cette... cette sensation qu'on ne puisse pas vraiment guérir d'un trouble alimentaire, c'est que je crois que c'est quand même assez difficile d'aller bien dans une société qui est malade. On vit dans une société dans laquelle il y a plein de comportements qu'on pourrait associer au trouble alimentaire qui sont normalisés. Et du coup, moi je me mets dans la peau de quelqu'un qui aujourd'hui est en guerre avec son comportement alimentaire, comment avoir l'espoir de s'en sortir si les personnes considérées comme « normales » , avec des normes guillemets bien sûr, sont elles-mêmes obsédées par leur corps, obsédées par ce qu'elles mangent. On peut se dire, finalement, pour avoir l'espoir que mon comportement soit un peu moins envahissant. Donc voilà, l'histoire de la chronicité, la semi-guérison, le fait qu'elle est bien avec son corps et son alimentation, c'est des choses, je pense, qui se travaillent toute une vie. Et le fait de vivre dans une société, à mon sens, assez malade sur le... Ce rapport à la santé, ce rapport au corps, ce rapport à l'alimentation, toutes ces choses-là, à mon sens, viennent expliquer assez facilement que, bah, ouais, on puisse remettre en question le fait de vraiment guérir d'un trouble alimentaire. Voici ce que, moi, j'en pense, bah, qui vaut ce qui vaut, hein, c'est-à-dire que, bon, ça n'est que mon avis, mais mon avis d'une personne qui est sortie de plus de 20 ans de trouble alimentaire et l'avis d'une personne qui a des formations sur le sujet et qui accompagne... depuis bientôt 5 ans, des personnes en souffrance elles-mêmes avec leur alimentation et avec leur corps. La première chose, c'est qu'on trouve une caractéristique commune... J'ai à peu près toutes les personnes, en fait j'avais envie de dire toutes les personnes, mais je ne connais pas toutes les personnes. Donc je vais dire à peu près beaucoup de personnes qui ont un trouble alimentaire, et cette caractéristique s'appelle le perfectionnisme. Et ce perfectionnisme, on imagine bien qu'il ne se cantonne pas aux barrières du trouble alimentaire. Le perfectionnisme, il ne va pas s'exprimer que dans le rapport au corps et à l'alimentation. Non, il s'exprime pour toutes les sphères de la vie. Et d'ailleurs, c'est génial de travailler sur son rapport à l'alimentation, au corps, etc., enfin, sur le trouble alimentaire, parce que ça permet aussi de ramollir un peu ce perfectionnisme, de le rendre moins fort sur plein d'autres domaines. Mais bon, je referme cette parenthèse. Et donc, ce perfectionnisme, eh bien, il va glisser aussi en dehors du TCA et qu'il va glisser vers la guérison. Je pense que ça c'est un énorme piège, c'est qu'on est perfectionniste aussi sur ce qu'on attend de la guérison, sur l'idée qu'on a de la relation qu'on devrait avoir à son corps et à l'alimentation. Je crois que ça c'est vraiment important de le regarder en face, de se pencher sur la question, seul ou accompagné de votre thérapeute, parce que ce que vous projetez sur la guérison peut être un frein à cette même guérison. finalement, et la rendre complètement impossible. Effectivement, si l'idée, c'est de manger toujours parfaitement, de sortir des TCA dans le but d'avoir un corps parfait, au sens qui correspond parfaitement aux normes, et de devenir cette perfect girl que vous avez toujours souhaité être, alors en fait, vous continuez d'être en plein dans le problème de base, et donc ça ne va pas être possible, ça c'est clair. Je pense que le perfectionnisme, c'est une des racines sur lesquelles il faut mettre de l'énergie tirée fort, fort, fort, fort, fort, tout au long du chemin, pour aller mieux, et pour aller mieux dans tous les domaines. Bon, on va parler du sujet qui fâche, mais si pour toi, la guérison ne doit absolument pas rimer avec la prise de ces deux kilos que tu redoutes à fond, alors peut-être ce sera compliqué de guérir. Je suis pas en train de te dire que tu dois grossir pour guérir, c'est pas du tout mon propos. Mais peut-être que lâcher un peu là-dessus et accepter de prendre ces 2, 3, 5 kilos, ça va être le chemin de ta guérison et ça veut pas dire qu'ils vont rester accrochés à tes basques pour le reste de ta vie. Ça veut dire que sur cette phase-là, il y a peut-être besoin d'en passer par là. Mais sur un tout autre sujet, ta guérison, elle va... Peut-être nécessiter que tu relâches le perfectionnisme sur ta façon de gérer ton intérieur, sur ta façon de gérer ton travail et les dossiers que tu dois rendre, sur ta façon d'éduquer de manière complètement parfaite tes enfants, et sur le fait, bien sûr, de chercher à avoir ces assiettes toujours parfaites à chaque repas, de chaque jour, de chaque semaine. Bien sûr que le perfectionnisme, là je prends des exemples forts volontairement, mais ça s'immisce partout. Et je pense que c'est vraiment un frein à la guérison. Et que ça explique le fait qu'un certain nombre de personnes restent bloquées. Je vous disais tout à l'heure que je pense que beaucoup de personnes se retrouvent dans une sorte de semi-guérison, un truc d'à peu près avec l'impression de vraiment pas pouvoir aller plus loin. Et je voulais rebondir là-dessus parce que ce que j'en pense, c'est qu'il y a vraiment un processus très très long. qu'il faut accepter et qui est celui de la relation au corps. C'est vraiment quelque chose que j'ai observé pour moi et c'est quelque chose que j'observe mais vraiment à fond avec les personnes que j'accompagne et c'est aussi un sujet sur lequel j'ai questionné mes collègues, ma superviseuse, etc. Et en fait, c'est un vrai sujet pour beaucoup de personnes. Et ça, c'est pas rien parce que l'acceptation corporelle, ou si je le tourne à l'envers, L'insatisfaction corporelle, c'est quand même une racine très importante dans le trouble alimentaire, c'est-à-dire que c'est un socle sur lequel va se poser le trouble alimentaire et c'est un maintien important aussi du trouble alimentaire. Donc c'est là depuis le début, c'est là pendant le chemin pour aller mieux et c'est quelque chose, je trouve, qui reste souvent accroché après. En fait, c'est largement possible de... d'aller mieux au niveau alimentation, de vraiment se débarrasser de tout un tas de symptômes au niveau alimentation, mais en restant dans cette insatisfaction corporelle. Et je crois que c'est important. de continuer ce chemin, de maintenir vraiment un chemin d'évolution par rapport à ça, parce que je crois qu'il y a vraiment une clé de guérison ici. Mais du coup, je crois aussi que pour certaines personnes, c'est quelque chose qui est très difficile à lâcher. L'idée de ne plus être la plus mince, ne plus être désirable. Je ne dis pas que ce ne sera pas le cas. Je ne dis pas que parce que genre tu prendras 2 kilos, tu seras plus désirable, mais c'est ce qui se passe dans ta tête. En fait, il y a des personnes qui ont ça en tête. Il y a vraiment quelque chose de très fort et de très fortement accroché pour malheureusement beaucoup de femmes. Et ce truc-là est très en lien avec le regard de l'autre, notamment le regard masculin, la question de la séduction qui est censée nous donner une place en fait en tant que femmes dans notre société. Là, je parle de la question du poids, mais on pourrait parler de l'âge, du fait de vieillir pour une femme, de tout ce que ça signifie et de tout ce que ça implique de difficultés. Il y a vraiment un nœud ici, à cet endroit-là. Et bon, je le dis très souvent dans ce podcast, mais je crois vraiment que le féminisme peut aider. Je crois vraiment que les lectures de femmes féministes qui ont réfléchi sur ces sujets-là peuvent vous libérer l'écoute de podcasts sur le sujet. J'en sais rien moi, des cercles de parole, il y a énormément de choses qui peuvent libérer. Et finalement, contrairement à ce qu'on peut imaginer, il n'y a pas besoin de transformer son corps ni dans un sens ni dans l'autre. C'est-à-dire qu'on est bloqué dans des idées qu'il faut à tout prix rester mince ou maigrir pour aller bien. Et puis c'est comme si à l'inverse, dans des propos comme les miens par exemple ou mes collègues, on entendait le fait que Pour aller mieux, il faut se libérer de tout ça et donc il faut grossir, il faut sortir des standards de beauté. Non, je crois que ni dans un sens ni dans l'autre, il n'est question de ça. Je crois que c'est vraiment la question du rapport à soi. Et cette question-là, elle est très souvent non résolue, j'ai l'impression, et parfois même pas traitée dans les thérapies en fait. Alors je ne dis pas qu'il y a forcément besoin d'être en thérapie toute sa life pour continuer sur cette question-là, mais encore une fois ce... Se nourrir intellectuellement sur le sujet, ne pas hésiter à partager aussi avec d'autres femmes autour de vous. Mais je crois qu'il y a vraiment quelque chose ici d'un processus à entamer puis à continuer. Et d'accepter que ça prenne du temps, que c'est pas parfait, que ça le sera pas. Accepter que le corps c'est pas un objet quoi, ni pour les autres ni pour soi. Et que finalement on n'a pas besoin de le trouver toujours hyper beau notre corps pour avoir des vies épanouissantes et être heureuse. Et puis accepter que ça va être un truc qui va peut-être durer toute sa vie. Mais ça ne veut pas dire qu'on va être en galère toute sa vie. C'est juste que je trouve qu'on continue d'apprendre et d'évoluer et de se libérer par petites touches tout au long de sa vie. Mais c'est plutôt joyeux comme processus. En tout cas, là où j'en suis aujourd'hui, ça fait quand même des années que c'est plutôt joyeux. Concernant le point sur le fait que ça me semble difficile d'aller bien dans une société malade, Ce que moi je pourrais vous proposer là-dessus, c'est d'élargir le prisme des troubles alimentaires, de regarder à quel point il y a différents degrés, qu'on peut rentrer dans toutes les cases d'un trouble alimentaire et donc on est diagnostiqué, ou ne cocher que certaines cases, mais pour autant je pense qu'on peut largement dire qu'il y a quand même vraiment un trouble alimentaire, même si on ne peut pas tout cocher dans le DSM-5. Et puis, quand on s'éloigne encore un peu de ces critères-là, on peut peut-être dire qu'il n'y a peut-être pas de TCA mais une alimentation troublée. Et puis, en s'éloignant encore un peu, on peut parler de préoccupations plus ou moins fortes pour l'image corporelle, pour le corps, l'alimentation, etc. Pourquoi je vous dis ça ? c'est parce que quand vous avez l'impression que de toute façon... tout le monde, même les gens qui vont bien, les gens « normaux » , parlent de son corps, semblent obsédés par ça, passent son temps au régime, etc. C'est important d'élargir ce prisme pour peut-être vous rendre compte que ces gens-là ne vont pas si bien, potentiellement. Je ne suis pas en train de vouloir tout pathologiser, pas du tout, mais c'est plutôt l'idée de se dire « Ok, elle, elle n'a peut-être pas un vrai TCA, mais il y a peut-être quand même une alimentation troublée. » Et donc finalement, le... le chemin que je suis en train d'entamer de guérison de mon trouble alimentaire, c'est pas pour m'amener là où elle en est elle, mais c'est pour aller vers beaucoup plus de sérénité. Je prends mon exemple perso, je pense que je suis... bien plus sereine, tranquille avec l'alimentation que tout un tas de femmes qui n'ont pourtant jamais eu de troubles alimentaires. Donc là, on est loin de l'idée de « je vais rester fragile toute ma vie » . En fait, toutes les femmes me semblent fragiles sur ce sujet-là, et de plus en plus d'hommes aussi. Parce qu'il suffit de voir comment on est matraqué au sujet de notre image, et comment on met ça tout le temps en avant, et comment on nous donne... mille conseils différents pour bien manger, c'est impossible de traverser tout ça tranquille et de rester juste bien dans sa peau quand on est martelé d'injonctions paradoxales sur l'alimentation, sur le corps. Donc ce truc de t'as un TCA, tu guéris jamais vraiment, t'es fragile toute ta vie, mais non, mais tout le monde est fragile en fait. T'es pas plus fragile que quelqu'un d'autre après avoir guéri d'un TCA, voire même tu as peut-être des bases solides par rapport à ça. des signaux d'alerte qui te permettent de faire en sorte de te sentir bien quand tu sens que tu as plus besoin d'alimentation qu'à d'autres phases. Et puis ça apporte, je trouve, ce chemin de guérison, une connaissance de soi, de ces signaux. Quand je dis ces signaux, je parle de la faim, du rassasiement, mais aussi de tous les signaux émotionnels. Et cette connaissance-là, vraiment, elle vaut de l'or et je trouve qu'elle est plutôt protectrice vis-à-vis d'une potentielle rechute de troubles alimentaires. Mais aussi, j'ai envie d'élargir ça à d'autres problématiques de santé mentale. Je trouve que ça éduque énormément finalement. Et pour terminer, j'aimerais aborder un point, moi, qui me semble essentiel. C'est que tu ne dois pas ta santé à qui que ce soit. Ça peut paraître un peu étrange comme formulation, mais tu ne dois rien à personne en ce qui concerne ta santé. Ni à ton médecin, ni à tes parents, ni... voilà. Ta santé, c'est ta santé. Ça ne regarde que toi. Et quand je dis ta santé, j'inclus bien évidemment ta santé mentale. Mais dedans, on peut tout mettre. C'est-à-dire ton poids. Ah, je dis ça pour ta santé. Ta façon de manger. Ta santé mentale. Le fait de faire du sport ou non, etc. Aujourd'hui, être en bonne santé, c'est un peu devenu une valeur morale. C'est comme un truc qu'il faudrait prouver au reste du monde, et je crois que c'est très problématique, et que tout ça s'est vraiment passé au-dessus de tout un tas de réalités, ne serait-ce que les privilèges que nous avons, que nous n'avons pas. Donc on n'a pas les mêmes accès à la base, et on n'a pas non plus les mêmes chances tout au long de notre vie, selon notre trajectoire. Et donc pour revenir à cette question du trouble alimentaire... bah finalement, t'as le droit de ne pas guérir. C'est un peu là où je veux en venir. Où t'as le droit de ne pas guérir complètement ou parfaitement. Ça me permet de faire la boucle avec le perfectionnisme et de se dire « Ah ok, comment tu imagines toi la guérison ? Et qu'est-ce qui vient profondément de toi là-dedans ? Et qu'est-ce qui vient de l'extérieur ? » Et qu'est-ce qui te ferait vraiment du bien à toi là-dedans ? Et qu'est-ce que tu as envie de prouver à l'extérieur par ce biais-là ? En tout cas, un chemin, quel qu'il soit, de soins, mais aussi tout autre chemin, professionnel, peu importe, amoureux, c'est rarement linéaire et il se passe des tas de choses. Et c'est fatigant de chercher à changer son état de santé mentale. Et ça demande de passer par différentes phases. Et peut-être que là, toi qui m'écoutes, t'as avancé par rapport à tes troubles alimentaires, mais que t'as l'impression de stagner, et que t'as l'impression que ça fait un moment que t'avances plus, et que ça te saoule, et que tu culpabilises, etc. Moi j'ai envie de te rappeler que t'as besoin de passer par des paliers. Je sais pas, moi tu regardes un enfant qui apprend la marche, il va avoir plein de paliers de stabilisation, déjà de la position debout. puis des premiers pas, tu vois, il y a plein de choses qui vont se passer et finalement, toute forme de changement d'apprentissage passe par là, c'est jamais tout droit, tout linéaire et on est des humains, on ne peut pas faire les trucs comme ça sans pause. Donc peut-être que là, tu es en train de traverser une phase qui nécessite une pause et je vais aller plus loin, peut-être que tu n'iras jamais plus loin que cette pause-là. Peut-être que l'état actuel que tu as, tu vas y rester pour différentes raisons, peut-être aussi par choix en fait. Parce que peut-être que tu as réussi à construire une forme d'équilibre avec les symptômes qui sont beaucoup moins bruyants, qui sont plus vivables. Peut-être qu'aller plus loin, ça ne te semble pas possible. On ne vient pas tous du même endroit avec nos troubles alimentaires. On ne va pas arriver tous au même endroit. On n'aura pas tous besoin du même temps. Mais surtout, vraiment, tu ne dois rien à personne, en fait. Tu as le droit de rester là où tu es, de réavancer plus tard, de le faire vite, de le faire lentement, de le faire seul, de le faire accompagner. Bon, tu as tous les droits en fait, finalement ça concerne ta vie. Pour conclure cet épisode, j'ai envie de vous dire que moi j'y crois vraiment fort à cette guérison. Certains préféreront l'appeler rétablissement. C'est vrai qu'on parle beaucoup de rétablissement en santé mentale. Ça sous-tend l'idée qu'il y a une forme de fragilité. qui reste que finalement il peut y avoir des moments de rechute. C'est pas ma façon de voir les choses par rapport aux troubles alimentaires, mais ceci dit, j'ai vraiment envie de vous rappeler que si vous êtes sorti d'un trouble alimentaire et qu'à un moment donné vous refaites une compulsion, ou qu'à un moment donné vous sentez que vous vous remettez à contrôler beaucoup ce que vous mangez, ça veut pas dire que ça y est, vous êtes dans une rechute, vous êtes retourné dedans. Ça peut être vraiment... un signal d'alerte. Tout dépend de ce que vous allez en faire. Normalement, en sortant d'un trouble alimentaire, vous avez développé des outils de connaissance de vous et vous avez développé une capacité d'auto-observation assez peu commune. Toutes les personnes qui œuvrent pour leur santé mentale développent des capacités comme ça, tellement fines d'auto-observation et d'auto-compréhension, mais c'est incroyable. Et donc, ces capacités-là font que, quand des symptômes ressurgissent, comme ceux que je viens de vous donner par exemple, eh bien il y a la possibilité de les voir pour ce qu'ils sont, des symptômes, des signaux d'alerte, le signe peut-être d'un déséquilibre, le fait qu'il y a peut-être des choses à écouter, qu'on n'a pas assez entendu dernièrement dans nos émotions, etc. En tout cas, il y a la possibilité d'en faire quelque chose, voire même de retourner toquer à la porte de la diète, la psy, la coach, peu importe, qui vous accompagnait en fait. Mais vraiment, ne vous dites pas « Ok, j'échoue, ... Ça y est, c'est reparti. Non. Et pour moi, je ne considère même pas ça comme une rechute. Pour moi, une rechute, c'est le retour de tout le panel de symptômes que vous aviez. L'obsession, le fait de penser tout le temps qu'à ça, peut-être se peser tous les jours, etc. Faire une crise, ce n'est pas une rechute, en fait. C'est un moment de vie. Je comprends qu'on puisse douter de la guérison parce que je sais à quel point, quand on galère à l'intérieur... C'est hyper complexe. Je comprends aussi qu'en tant que professionnel, on puisse véhiculer ce message-là. J'entends, mais ça n'est pas mon avis. Moi, je pense vraiment qu'on peut s'en sortir. Par contre, je ne suis pas en train de vous dire que vous devriez vous en sortir et que vous devriez faire ci ou vous devriez faire ça. Non, pas du tout. Ce que je pense sincèrement, c'est qu'essayer de prendre soin de soi, c'est déjà beaucoup. Et qu'il faut penser... à se remercier et à regarder aussi tout le chemin parcouru, ça c'est super important, on l'oublie tout le temps encore plus sur des chemins comme ça, de rétablissement en santé mentale de guérison, en fait on voit toujours ce qu'il reste à faire mais regardez ce que vous avez fait, regardez d'où vous venez, regardez tout ce que vous avez parcouru, pensez à vous féliciter à vous choyer pour tout ça et puis comme d'hab, prenez soin de vous autant que possible Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. 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Chapters

  • Pourquoi pense t-on que la guérison n’est pas possible

    01:59

  • Ce que j’en pense

    09:28

  • Le perfectionnisme face à la guérison

    09:50

  • Le chemin d’acceptation corporelle

    13:28

  • Élargir le prisme des troubles alimentaires

    18:12

  • Tu ne dois ta santé ou ta guérison à personne

    21:38

  • Ma conclusion

    25:16

Description


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Dans cet épisode, j’explore une idée que l’on entend partout : “on ne guérit jamais vraiment d’un trouble alimentaire.”


Pourquoi ce discours est-il si répandu — y compris chez certaines personnes concernées et chez des professionnels ?
Qu’est-ce qui, dans les parcours, les prises en charge ou la société, alimente cette croyance ?


Je reviens sur plusieurs points essentiels :


• la chronicité apparente des TCA,
• les semi-guérisons qui donnent l’impression qu’on ne peut pas aller plus loin,
• le rôle du perfectionnisme dans ce qu’on imagine de la “vraie” guérison,
• la difficulté d’aller bien dans une société obsédée par le corps, la minceur et le contrôle,
• et la place déterminante de la relation au corps dans ce processus.


Je partage ensuite ma position de thérapeute spécialisée — et de personne rétablie — sur ce que signifie aller bien, retrouver de la liberté, et comprendre ce qui relève du trouble… et ce qui relève simplement de la vie humaine.

Un épisode qui parlera à toutes celles qui doutent de leur capacité à sortir des TCA, qui stagnent, ou qui ne savent plus quoi attendre du mot “guérison”.



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    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute ! Bienvenue par ici, aujourd'hui on va reparler de guérison, je dis reparler parce que j'en ai parlé dans pas mal d'épisodes quand même de ce podcast. Et j'avais envie de revenir sur une chose, c'est que... on n'est pas tous et toutes d'accord sur la question de la guérison des TCA. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on entend tout et son contraire. Et donc, tu m'entends clamer haut et fort que j'ai guéri des TCA, qu'on peut guérir des TCA. Tu me vois partager des témoignages de personnes que j'ai accompagnées, etc. Mais à côté de ça, tu entends très certainement aussi des personnes, que ce soit des particuliers, mais même des professionnels, dire que non, on ne guérit jamais vraiment complètement d'un trouble alimentaire. Et souvent avec cette comparaison avec l'addiction de laquelle on ne guérit jamais vraiment parce qu'on reste fragile. Alors, pour commencer, bien sûr je vais vous donner mon avis sur tout ça, je vais vous dire ce que j'en pense. Mais j'avais envie de commencer par expliquer pourquoi, à mon avis, on dit ça. Pourquoi on dit qu'on ne guérit jamais vraiment d'un trouble alimentaire. Moi je comprends vraiment sincèrement qu'on dise ça et j'y vois pas mal d'explications. Ce qui se passe souvent, c'est que les personnes qui disent ça, ce sont soit directement des femmes, quand même le plus souvent, qui ont eu des troubles alimentaires, et finalement, on en a toujours, ou en tout cas ont toujours des symptômes, ne se sentent pas complètement guéries, ou ce sont des proches de personnes qu'on a eues, ou des professionnels ayant accompagné. Ce que je vois comme explication, en premier lieu, c'est la question de la chronicité. En fait, le trouble alimentaire... c'est quand même dans la majorité des cas une maladie chronique, souvent qui débarque relativement jeune autour de l'adolescence, parfois même avant, dans la prépuberté, et puis parfois après, déjà à l'âge adulte, mais l'immense majorité des troubles alimentaires se développent autour de l'adolescence et de l'âge jeune adulte, genre jusqu'à 20 ans. Je ne dis pas que ça n'arrive pas avant, après, bien sûr, plein de fois, mais c'est vraiment la majorité des cas. Et donc en fait, moi ce que je vois, enfin moi la majorité des personnes que j'accompagne sont des personnes qui ont plutôt la trentaine, la quarantaine, voire la cinquantaine. Et donc ce que je vois, c'est des personnes qui se traînent ça toute leur vie. Donc voilà pourquoi on dit que c'est chronique. Mais qui mettent en place une adaptation énorme pour apprendre à vivre avec. Et donc le trouble finalement il est parfois moins bruyant, souvent beaucoup moins visible, ça c'est certain, et même pour la personne qui le vit il est moins bruyant parce que la personne met en place tout un tas d'adaptations dans sa vie et donc ça fait que les symptômes sont largement supportables. Et donc là on entre dans ce qu'on va appeler la semi-guérison, voire même on pourrait parler presque de fausse guérison avec cette impression de c'est ok j'en suis sorti. Moi j'ai vécu une phase comme ça vraiment où je pensais que c'était derrière moi, j'en parlais toujours au passé quand j'étais jeune adulte et pour cause j'avais un poids tout à fait dans les normes, j'étais pas en totale restriction, je ne faisais pas de compulsion alimentaire donc c'était ok. Mais en fait les symptômes ils s'arrêtent pas là, les symptômes d'un trouble alimentaire et j'en avais encore plein. L'obsession complète de mon corps. La peur de grossir qui me tenaillait, le fait que j'avais vraiment l'impression que ma valeur tout entière reposait sur mon corps, et mine de rien, le contrôle alimentaire, il était quand même toujours vachement présent. Mais il paraissait pas si fou, même par rapport à d'autres personnes que je croisais, et ça, je vais en parler aussi. Donc, ce premier point important, pourquoi est-ce qu'on en vient à croiser plein de personnes qui disent « Bah non, en fait, la vraie guérison, elle n'existe pas » , bah voilà, il y a cette chronicité. qui est lié à des prises en charge rarement adapté finalement, parce que par des professionnels pas formés, et puis aujourd'hui on évolue, on en parle plus, il y a beaucoup plus de formations, etc. Mais genre moi j'ai 40 ans, bon ben voilà, il y a 20 ans, c'était pas un sujet qui était très très bien traité, bien abordé, etc. Donc ça explique déjà une partie de ça. Le deuxième point qui explique à mon sens très bien qu'on puisse douter de la guérison, c'est le fait qu'il y a... énormément de personnes qui sont en semi-guérison, donc j'en ai déjà parlé un peu, et qui laissent penser qu'on ne peut pas aller plus loin sur le chemin. Ces personnes-là ont certainement fait beaucoup de travail sur elles-mêmes, ont amélioré tout un tas de symptômes, mais il y a toujours un truc qui reste accroché, et comme elles ont déjà fait beaucoup de chemin, qu'elles ont bien avancé, il y a cette espèce de certitude qui arrive que, ben, de toute façon... On ne peut pas aller plus loin en fait et la vraie guérison, elle n'existe pas. Je vais y revenir en deuxième partie de l'épisode pour vous expliquer ce que j'en pense moi de ça, mais ça c'est vraiment une observation, c'est quelque chose que j'ai l'impression de constater quand même assez souvent et je vous dirai tout à l'heure ce que j'en pense. Troisième raison de cette croyance qu'on ne guérit pas des troubles alimentaires, c'est que je crois vraiment qu'aller bien avec soi, avec son corps et donc avec son alimentation, bah... C'est le chemin d'une vie. Parce qu'on est en constante évolution, parce qu'on est en mouvement perpétuel, qu'il s'agisse de notre corps, surtout en tant que femme, mais aussi de notre façon de vivre dedans, de notre façon de nous percevoir, de percevoir les autres, de percevoir la vie, etc. Donc en fait, c'est quelque chose qui n'est jamais figé. On ne peut pas dire, ok, je me sens bien dans mon corps et avec mon alimentation. pour ma vie entière désormais. En fait, c'est un équilibre à trouver et qui doit se maintenir ensuite. Et peut-être que, là, j'y reviendrai aussi sur la quête de perfection, mais peut-être qu'il y a un peu une image dans l'esprit de certaines personnes que guérir d'un trouble alimentaire, c'est quelque chose d'acquis, et que derrière, si j'ai l'impression de devoir œuvrer pour mon équilibre avec mon corps et mon alimentation, alors ça veut dire que je ne suis pas totalement guérie. À mon sens, les symptômes du trouble alimentaire sont sortis de ta vie, tu vis librement, mais en même temps, tu as appris que pour rester sereine dans ton corps, dans ta vie, dans ton alimentation, tu as besoin d'un certain nombre de choses qui sont équilibrantes. Et finalement, on pourrait le mettre pour n'importe quelle problématique de santé mentale. Il n'y a jamais rien qui est acquis. mais même de santé somatique, en fait. Je veux dire, là, tes poumons sont en bonne forme, et c'est cool, et tu vas bien, ok ? J'espère, pour toi qui m'écoutes, en tout cas. Eh bien, c'est pas quelque chose d'acquis, ça veut dire que tu vas devoir continuer à faire en sorte que ce soit quelque chose qui se stabilise dans le temps. Si tu te mets à fumer un paquet par jour, peut-être que ça va bouger les choses. Le quatrième et dernier point qui, pour moi, explique le fait qu'on ait cette... cette sensation qu'on ne puisse pas vraiment guérir d'un trouble alimentaire, c'est que je crois que c'est quand même assez difficile d'aller bien dans une société qui est malade. On vit dans une société dans laquelle il y a plein de comportements qu'on pourrait associer au trouble alimentaire qui sont normalisés. Et du coup, moi je me mets dans la peau de quelqu'un qui aujourd'hui est en guerre avec son comportement alimentaire, comment avoir l'espoir de s'en sortir si les personnes considérées comme « normales » , avec des normes guillemets bien sûr, sont elles-mêmes obsédées par leur corps, obsédées par ce qu'elles mangent. On peut se dire, finalement, pour avoir l'espoir que mon comportement soit un peu moins envahissant. Donc voilà, l'histoire de la chronicité, la semi-guérison, le fait qu'elle est bien avec son corps et son alimentation, c'est des choses, je pense, qui se travaillent toute une vie. Et le fait de vivre dans une société, à mon sens, assez malade sur le... Ce rapport à la santé, ce rapport au corps, ce rapport à l'alimentation, toutes ces choses-là, à mon sens, viennent expliquer assez facilement que, bah, ouais, on puisse remettre en question le fait de vraiment guérir d'un trouble alimentaire. Voici ce que, moi, j'en pense, bah, qui vaut ce qui vaut, hein, c'est-à-dire que, bon, ça n'est que mon avis, mais mon avis d'une personne qui est sortie de plus de 20 ans de trouble alimentaire et l'avis d'une personne qui a des formations sur le sujet et qui accompagne... depuis bientôt 5 ans, des personnes en souffrance elles-mêmes avec leur alimentation et avec leur corps. La première chose, c'est qu'on trouve une caractéristique commune... J'ai à peu près toutes les personnes, en fait j'avais envie de dire toutes les personnes, mais je ne connais pas toutes les personnes. Donc je vais dire à peu près beaucoup de personnes qui ont un trouble alimentaire, et cette caractéristique s'appelle le perfectionnisme. Et ce perfectionnisme, on imagine bien qu'il ne se cantonne pas aux barrières du trouble alimentaire. Le perfectionnisme, il ne va pas s'exprimer que dans le rapport au corps et à l'alimentation. Non, il s'exprime pour toutes les sphères de la vie. Et d'ailleurs, c'est génial de travailler sur son rapport à l'alimentation, au corps, etc., enfin, sur le trouble alimentaire, parce que ça permet aussi de ramollir un peu ce perfectionnisme, de le rendre moins fort sur plein d'autres domaines. Mais bon, je referme cette parenthèse. Et donc, ce perfectionnisme, eh bien, il va glisser aussi en dehors du TCA et qu'il va glisser vers la guérison. Je pense que ça c'est un énorme piège, c'est qu'on est perfectionniste aussi sur ce qu'on attend de la guérison, sur l'idée qu'on a de la relation qu'on devrait avoir à son corps et à l'alimentation. Je crois que ça c'est vraiment important de le regarder en face, de se pencher sur la question, seul ou accompagné de votre thérapeute, parce que ce que vous projetez sur la guérison peut être un frein à cette même guérison. finalement, et la rendre complètement impossible. Effectivement, si l'idée, c'est de manger toujours parfaitement, de sortir des TCA dans le but d'avoir un corps parfait, au sens qui correspond parfaitement aux normes, et de devenir cette perfect girl que vous avez toujours souhaité être, alors en fait, vous continuez d'être en plein dans le problème de base, et donc ça ne va pas être possible, ça c'est clair. Je pense que le perfectionnisme, c'est une des racines sur lesquelles il faut mettre de l'énergie tirée fort, fort, fort, fort, fort, tout au long du chemin, pour aller mieux, et pour aller mieux dans tous les domaines. Bon, on va parler du sujet qui fâche, mais si pour toi, la guérison ne doit absolument pas rimer avec la prise de ces deux kilos que tu redoutes à fond, alors peut-être ce sera compliqué de guérir. Je suis pas en train de te dire que tu dois grossir pour guérir, c'est pas du tout mon propos. Mais peut-être que lâcher un peu là-dessus et accepter de prendre ces 2, 3, 5 kilos, ça va être le chemin de ta guérison et ça veut pas dire qu'ils vont rester accrochés à tes basques pour le reste de ta vie. Ça veut dire que sur cette phase-là, il y a peut-être besoin d'en passer par là. Mais sur un tout autre sujet, ta guérison, elle va... Peut-être nécessiter que tu relâches le perfectionnisme sur ta façon de gérer ton intérieur, sur ta façon de gérer ton travail et les dossiers que tu dois rendre, sur ta façon d'éduquer de manière complètement parfaite tes enfants, et sur le fait, bien sûr, de chercher à avoir ces assiettes toujours parfaites à chaque repas, de chaque jour, de chaque semaine. Bien sûr que le perfectionnisme, là je prends des exemples forts volontairement, mais ça s'immisce partout. Et je pense que c'est vraiment un frein à la guérison. Et que ça explique le fait qu'un certain nombre de personnes restent bloquées. Je vous disais tout à l'heure que je pense que beaucoup de personnes se retrouvent dans une sorte de semi-guérison, un truc d'à peu près avec l'impression de vraiment pas pouvoir aller plus loin. Et je voulais rebondir là-dessus parce que ce que j'en pense, c'est qu'il y a vraiment un processus très très long. qu'il faut accepter et qui est celui de la relation au corps. C'est vraiment quelque chose que j'ai observé pour moi et c'est quelque chose que j'observe mais vraiment à fond avec les personnes que j'accompagne et c'est aussi un sujet sur lequel j'ai questionné mes collègues, ma superviseuse, etc. Et en fait, c'est un vrai sujet pour beaucoup de personnes. Et ça, c'est pas rien parce que l'acceptation corporelle, ou si je le tourne à l'envers, L'insatisfaction corporelle, c'est quand même une racine très importante dans le trouble alimentaire, c'est-à-dire que c'est un socle sur lequel va se poser le trouble alimentaire et c'est un maintien important aussi du trouble alimentaire. Donc c'est là depuis le début, c'est là pendant le chemin pour aller mieux et c'est quelque chose, je trouve, qui reste souvent accroché après. En fait, c'est largement possible de... d'aller mieux au niveau alimentation, de vraiment se débarrasser de tout un tas de symptômes au niveau alimentation, mais en restant dans cette insatisfaction corporelle. Et je crois que c'est important. de continuer ce chemin, de maintenir vraiment un chemin d'évolution par rapport à ça, parce que je crois qu'il y a vraiment une clé de guérison ici. Mais du coup, je crois aussi que pour certaines personnes, c'est quelque chose qui est très difficile à lâcher. L'idée de ne plus être la plus mince, ne plus être désirable. Je ne dis pas que ce ne sera pas le cas. Je ne dis pas que parce que genre tu prendras 2 kilos, tu seras plus désirable, mais c'est ce qui se passe dans ta tête. En fait, il y a des personnes qui ont ça en tête. Il y a vraiment quelque chose de très fort et de très fortement accroché pour malheureusement beaucoup de femmes. Et ce truc-là est très en lien avec le regard de l'autre, notamment le regard masculin, la question de la séduction qui est censée nous donner une place en fait en tant que femmes dans notre société. Là, je parle de la question du poids, mais on pourrait parler de l'âge, du fait de vieillir pour une femme, de tout ce que ça signifie et de tout ce que ça implique de difficultés. Il y a vraiment un nœud ici, à cet endroit-là. Et bon, je le dis très souvent dans ce podcast, mais je crois vraiment que le féminisme peut aider. Je crois vraiment que les lectures de femmes féministes qui ont réfléchi sur ces sujets-là peuvent vous libérer l'écoute de podcasts sur le sujet. J'en sais rien moi, des cercles de parole, il y a énormément de choses qui peuvent libérer. Et finalement, contrairement à ce qu'on peut imaginer, il n'y a pas besoin de transformer son corps ni dans un sens ni dans l'autre. C'est-à-dire qu'on est bloqué dans des idées qu'il faut à tout prix rester mince ou maigrir pour aller bien. Et puis c'est comme si à l'inverse, dans des propos comme les miens par exemple ou mes collègues, on entendait le fait que Pour aller mieux, il faut se libérer de tout ça et donc il faut grossir, il faut sortir des standards de beauté. Non, je crois que ni dans un sens ni dans l'autre, il n'est question de ça. Je crois que c'est vraiment la question du rapport à soi. Et cette question-là, elle est très souvent non résolue, j'ai l'impression, et parfois même pas traitée dans les thérapies en fait. Alors je ne dis pas qu'il y a forcément besoin d'être en thérapie toute sa life pour continuer sur cette question-là, mais encore une fois ce... Se nourrir intellectuellement sur le sujet, ne pas hésiter à partager aussi avec d'autres femmes autour de vous. Mais je crois qu'il y a vraiment quelque chose ici d'un processus à entamer puis à continuer. Et d'accepter que ça prenne du temps, que c'est pas parfait, que ça le sera pas. Accepter que le corps c'est pas un objet quoi, ni pour les autres ni pour soi. Et que finalement on n'a pas besoin de le trouver toujours hyper beau notre corps pour avoir des vies épanouissantes et être heureuse. Et puis accepter que ça va être un truc qui va peut-être durer toute sa vie. Mais ça ne veut pas dire qu'on va être en galère toute sa vie. C'est juste que je trouve qu'on continue d'apprendre et d'évoluer et de se libérer par petites touches tout au long de sa vie. Mais c'est plutôt joyeux comme processus. En tout cas, là où j'en suis aujourd'hui, ça fait quand même des années que c'est plutôt joyeux. Concernant le point sur le fait que ça me semble difficile d'aller bien dans une société malade, Ce que moi je pourrais vous proposer là-dessus, c'est d'élargir le prisme des troubles alimentaires, de regarder à quel point il y a différents degrés, qu'on peut rentrer dans toutes les cases d'un trouble alimentaire et donc on est diagnostiqué, ou ne cocher que certaines cases, mais pour autant je pense qu'on peut largement dire qu'il y a quand même vraiment un trouble alimentaire, même si on ne peut pas tout cocher dans le DSM-5. Et puis, quand on s'éloigne encore un peu de ces critères-là, on peut peut-être dire qu'il n'y a peut-être pas de TCA mais une alimentation troublée. Et puis, en s'éloignant encore un peu, on peut parler de préoccupations plus ou moins fortes pour l'image corporelle, pour le corps, l'alimentation, etc. Pourquoi je vous dis ça ? c'est parce que quand vous avez l'impression que de toute façon... tout le monde, même les gens qui vont bien, les gens « normaux » , parlent de son corps, semblent obsédés par ça, passent son temps au régime, etc. C'est important d'élargir ce prisme pour peut-être vous rendre compte que ces gens-là ne vont pas si bien, potentiellement. Je ne suis pas en train de vouloir tout pathologiser, pas du tout, mais c'est plutôt l'idée de se dire « Ok, elle, elle n'a peut-être pas un vrai TCA, mais il y a peut-être quand même une alimentation troublée. » Et donc finalement, le... le chemin que je suis en train d'entamer de guérison de mon trouble alimentaire, c'est pas pour m'amener là où elle en est elle, mais c'est pour aller vers beaucoup plus de sérénité. Je prends mon exemple perso, je pense que je suis... bien plus sereine, tranquille avec l'alimentation que tout un tas de femmes qui n'ont pourtant jamais eu de troubles alimentaires. Donc là, on est loin de l'idée de « je vais rester fragile toute ma vie » . En fait, toutes les femmes me semblent fragiles sur ce sujet-là, et de plus en plus d'hommes aussi. Parce qu'il suffit de voir comment on est matraqué au sujet de notre image, et comment on met ça tout le temps en avant, et comment on nous donne... mille conseils différents pour bien manger, c'est impossible de traverser tout ça tranquille et de rester juste bien dans sa peau quand on est martelé d'injonctions paradoxales sur l'alimentation, sur le corps. Donc ce truc de t'as un TCA, tu guéris jamais vraiment, t'es fragile toute ta vie, mais non, mais tout le monde est fragile en fait. T'es pas plus fragile que quelqu'un d'autre après avoir guéri d'un TCA, voire même tu as peut-être des bases solides par rapport à ça. des signaux d'alerte qui te permettent de faire en sorte de te sentir bien quand tu sens que tu as plus besoin d'alimentation qu'à d'autres phases. Et puis ça apporte, je trouve, ce chemin de guérison, une connaissance de soi, de ces signaux. Quand je dis ces signaux, je parle de la faim, du rassasiement, mais aussi de tous les signaux émotionnels. Et cette connaissance-là, vraiment, elle vaut de l'or et je trouve qu'elle est plutôt protectrice vis-à-vis d'une potentielle rechute de troubles alimentaires. Mais aussi, j'ai envie d'élargir ça à d'autres problématiques de santé mentale. Je trouve que ça éduque énormément finalement. Et pour terminer, j'aimerais aborder un point, moi, qui me semble essentiel. C'est que tu ne dois pas ta santé à qui que ce soit. Ça peut paraître un peu étrange comme formulation, mais tu ne dois rien à personne en ce qui concerne ta santé. Ni à ton médecin, ni à tes parents, ni... voilà. Ta santé, c'est ta santé. Ça ne regarde que toi. Et quand je dis ta santé, j'inclus bien évidemment ta santé mentale. Mais dedans, on peut tout mettre. C'est-à-dire ton poids. Ah, je dis ça pour ta santé. Ta façon de manger. Ta santé mentale. Le fait de faire du sport ou non, etc. Aujourd'hui, être en bonne santé, c'est un peu devenu une valeur morale. C'est comme un truc qu'il faudrait prouver au reste du monde, et je crois que c'est très problématique, et que tout ça s'est vraiment passé au-dessus de tout un tas de réalités, ne serait-ce que les privilèges que nous avons, que nous n'avons pas. Donc on n'a pas les mêmes accès à la base, et on n'a pas non plus les mêmes chances tout au long de notre vie, selon notre trajectoire. Et donc pour revenir à cette question du trouble alimentaire... bah finalement, t'as le droit de ne pas guérir. C'est un peu là où je veux en venir. Où t'as le droit de ne pas guérir complètement ou parfaitement. Ça me permet de faire la boucle avec le perfectionnisme et de se dire « Ah ok, comment tu imagines toi la guérison ? Et qu'est-ce qui vient profondément de toi là-dedans ? Et qu'est-ce qui vient de l'extérieur ? » Et qu'est-ce qui te ferait vraiment du bien à toi là-dedans ? Et qu'est-ce que tu as envie de prouver à l'extérieur par ce biais-là ? En tout cas, un chemin, quel qu'il soit, de soins, mais aussi tout autre chemin, professionnel, peu importe, amoureux, c'est rarement linéaire et il se passe des tas de choses. Et c'est fatigant de chercher à changer son état de santé mentale. Et ça demande de passer par différentes phases. Et peut-être que là, toi qui m'écoutes, t'as avancé par rapport à tes troubles alimentaires, mais que t'as l'impression de stagner, et que t'as l'impression que ça fait un moment que t'avances plus, et que ça te saoule, et que tu culpabilises, etc. Moi j'ai envie de te rappeler que t'as besoin de passer par des paliers. Je sais pas, moi tu regardes un enfant qui apprend la marche, il va avoir plein de paliers de stabilisation, déjà de la position debout. puis des premiers pas, tu vois, il y a plein de choses qui vont se passer et finalement, toute forme de changement d'apprentissage passe par là, c'est jamais tout droit, tout linéaire et on est des humains, on ne peut pas faire les trucs comme ça sans pause. Donc peut-être que là, tu es en train de traverser une phase qui nécessite une pause et je vais aller plus loin, peut-être que tu n'iras jamais plus loin que cette pause-là. Peut-être que l'état actuel que tu as, tu vas y rester pour différentes raisons, peut-être aussi par choix en fait. Parce que peut-être que tu as réussi à construire une forme d'équilibre avec les symptômes qui sont beaucoup moins bruyants, qui sont plus vivables. Peut-être qu'aller plus loin, ça ne te semble pas possible. On ne vient pas tous du même endroit avec nos troubles alimentaires. On ne va pas arriver tous au même endroit. On n'aura pas tous besoin du même temps. Mais surtout, vraiment, tu ne dois rien à personne, en fait. Tu as le droit de rester là où tu es, de réavancer plus tard, de le faire vite, de le faire lentement, de le faire seul, de le faire accompagner. Bon, tu as tous les droits en fait, finalement ça concerne ta vie. Pour conclure cet épisode, j'ai envie de vous dire que moi j'y crois vraiment fort à cette guérison. Certains préféreront l'appeler rétablissement. C'est vrai qu'on parle beaucoup de rétablissement en santé mentale. Ça sous-tend l'idée qu'il y a une forme de fragilité. qui reste que finalement il peut y avoir des moments de rechute. C'est pas ma façon de voir les choses par rapport aux troubles alimentaires, mais ceci dit, j'ai vraiment envie de vous rappeler que si vous êtes sorti d'un trouble alimentaire et qu'à un moment donné vous refaites une compulsion, ou qu'à un moment donné vous sentez que vous vous remettez à contrôler beaucoup ce que vous mangez, ça veut pas dire que ça y est, vous êtes dans une rechute, vous êtes retourné dedans. Ça peut être vraiment... un signal d'alerte. Tout dépend de ce que vous allez en faire. Normalement, en sortant d'un trouble alimentaire, vous avez développé des outils de connaissance de vous et vous avez développé une capacité d'auto-observation assez peu commune. Toutes les personnes qui œuvrent pour leur santé mentale développent des capacités comme ça, tellement fines d'auto-observation et d'auto-compréhension, mais c'est incroyable. Et donc, ces capacités-là font que, quand des symptômes ressurgissent, comme ceux que je viens de vous donner par exemple, eh bien il y a la possibilité de les voir pour ce qu'ils sont, des symptômes, des signaux d'alerte, le signe peut-être d'un déséquilibre, le fait qu'il y a peut-être des choses à écouter, qu'on n'a pas assez entendu dernièrement dans nos émotions, etc. En tout cas, il y a la possibilité d'en faire quelque chose, voire même de retourner toquer à la porte de la diète, la psy, la coach, peu importe, qui vous accompagnait en fait. Mais vraiment, ne vous dites pas « Ok, j'échoue, ... Ça y est, c'est reparti. Non. Et pour moi, je ne considère même pas ça comme une rechute. Pour moi, une rechute, c'est le retour de tout le panel de symptômes que vous aviez. L'obsession, le fait de penser tout le temps qu'à ça, peut-être se peser tous les jours, etc. Faire une crise, ce n'est pas une rechute, en fait. C'est un moment de vie. Je comprends qu'on puisse douter de la guérison parce que je sais à quel point, quand on galère à l'intérieur... C'est hyper complexe. Je comprends aussi qu'en tant que professionnel, on puisse véhiculer ce message-là. J'entends, mais ça n'est pas mon avis. Moi, je pense vraiment qu'on peut s'en sortir. Par contre, je ne suis pas en train de vous dire que vous devriez vous en sortir et que vous devriez faire ci ou vous devriez faire ça. Non, pas du tout. Ce que je pense sincèrement, c'est qu'essayer de prendre soin de soi, c'est déjà beaucoup. Et qu'il faut penser... à se remercier et à regarder aussi tout le chemin parcouru, ça c'est super important, on l'oublie tout le temps encore plus sur des chemins comme ça, de rétablissement en santé mentale de guérison, en fait on voit toujours ce qu'il reste à faire mais regardez ce que vous avez fait, regardez d'où vous venez, regardez tout ce que vous avez parcouru, pensez à vous féliciter à vous choyer pour tout ça et puis comme d'hab, prenez soin de vous autant que possible Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. 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Chapters

  • Pourquoi pense t-on que la guérison n’est pas possible

    01:59

  • Ce que j’en pense

    09:28

  • Le perfectionnisme face à la guérison

    09:50

  • Le chemin d’acceptation corporelle

    13:28

  • Élargir le prisme des troubles alimentaires

    18:12

  • Tu ne dois ta santé ou ta guérison à personne

    21:38

  • Ma conclusion

    25:16

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