- Speaker #0
Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Eh bien Clara, un grand bienvenue sur le podcast TCA etc. Je suis super contente que tu aies répondu à mon appel pour venir témoigner.
- Speaker #1
Merci beaucoup, merci de l'invitation. Je suis très contente aussi d'être là aujourd'hui.
- Speaker #0
Trop chouette. Ce que je te propose, c'est de commencer par... un peu le truc de base qu'est la présentation, qui n'est pas forcément guidée. Pour ma part, je préfère te laisser libre de dire ce que tu as envie de dire te concernant.
- Speaker #1
Ok. Du coup, je m'appelle Clara. J'ai 29 ans, bientôt 30. Je vis à Paris avec mon copain et mon chat. Je suis chargée de production dans la vie, dans une salle de spectacle. Donc, c'est tout ce qui va avoir lieu à la coordination des événements, des spectacles. Parce qu'en fait je suis passionnée de musique et de concert depuis que je suis très jeune. Dès ado, j'ai su que je voulais travailler avec des gens qui voulaient faire de la musique leur métier. Moi j'étais musicienne mais je ne voulais pas en faire mon métier. Donc j'avais toujours eu envie d'évoluer dans ce milieu-là. Et puis j'ai été à beaucoup de concerts étant plus jeune, beaucoup de festivals, j'ai fait du bénévolat. J'ai monté des événements, des festivals avec des copains. Et du coup, ça fait cinq ans que je suis dans ce métier. C'est vraiment la coordination des événements, avoir la vision un peu à 360 sur ce qui se passe dans la salle. J'aime beaucoup, de toute façon, moi c'est mon caractère, d'avoir la vision d'ensemble sur tout, d'avoir les réponses sur tout, de pouvoir coordonner des choses pour que tout se passe bien, que le public soit content, que les artistes... performe de la meilleure des façons. C'est vraiment un domaine qui me passionne et je fais plein de petits projets à côté aussi dans ce milieu-là et j'aspire à évoluer encore plus dans ce secteur.
- Speaker #0
Trop chouette, on sent que ça t'anime effectivement, on sent le côté passion et j'imagine que la musique a toujours une grande place dans ta vie ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Vu que mon métier c'est de travailler sur des concerts, forcément, J'ai un peu laissé le côté concert loisir, mais dès que... Je suis toujours entourée de musiciens, je suis entourée de gens qui travaillent sur d'autres événements et tout. Donc, en fait, je suis toujours fourrée à des concerts, à des festivals, que je sois invitée dans l'organisation, juste simple public. J'essaye toujours de pouvoir passer une tête et vraiment au quotidien. De toute façon, la musique, c'est tous les jours. Dans mes écouteurs, sur les haut-parleurs, j'essaie de toujours être un peu curieuse de ce qui se passe, des évolutions de l'actualité, etc. C'est vraiment effectivement quelque chose qui m'anime fortement depuis que je suis toute jeune, depuis que j'écoute de la musique avec mes parents dans la voiture, depuis que j'ai eu mon premier iPod, mes premiers téléchargements illégaux, etc. Enfin, vraiment, c'est... Voilà.
- Speaker #0
Ok. Et tu joues toujours d'un instrument ?
- Speaker #1
Non. Alors j'ai fait de la batterie quand... ça a commencé par la batterie quand j'avais 15 ans. Mes parents ne m'ont jamais forcée à faire d'un instrument particulier et en fait j'ai découvert ça par le biais d'amis qui en faisaient et je suis venue aux cours de batterie, j'ai trouvé ça cool. J'ai acheté une batterie, enfin mes parents m'ont acheté une batterie. J'ai passé l'été à en faire sans faire de cours. Et après, à la rentrée, j'ai pris des cours avec un prof, avec qui ça a super bien fonctionné. Et pendant cinq, six ans, j'ai joué de la batterie, donc à la fois en cours, j'avais des petits groupes. Voilà, vraiment, à des époques, j'étais très active là-dedans. Là, maintenant que du coup, après, il y a eu les études supérieures, le fait de changer de ville, de partir à l'étranger pour les études, des stages, etc., j'ai un peu lâché. J'ai repris un peu via ma salle de concert, vu qu'il y a des instruments à disposition. mais on va dire c'est de façon très sporadique ça me manque un peu c'est vrai que j'ai toujours un peu ce truc quand j'écoute une chanson de forcément identifier le rythme en premier Mais je ne me vois pas reprendre de cours, refaire de groupe, etc. Je pense que c'est plutôt maintenant devenu quelque chose qui m'a toujours animée et que j'aurais toujours une petite sensibilité. Mais voilà, je ne me revois pas refaire des cours.
- Speaker #0
OK, c'est déjà une belle partie de ta vie qu'on a abordée. J'imagine qu'on pourra même y refaire des liens à d'autres moments. Mais bon, si on est là pour parler toutes les deux, c'est pour parler. Plutôt alimentation au rapport au corps. Et en préambule, on va dire, de l'échange, j'aime bien poser, tu dois connaître les questions parce que je les pose tout le temps, j'aime bien poser deux questions qui sont en lien avec le premier souvenir ou en tout cas le plus marquant, celui qui revient, que ce soit dans la relation à ton corps ou dans la relation à l'alimentation.
- Speaker #1
Eh bien alors, le premier souvenir le plus marquant que j'ai, Par rapport à mon corps, c'était de m'être toujours trouvée plus grosse que mes copines. C'est-à-dire que j'ai toujours eu ce rapport de comparaison avec les autres, donc les autres filles surtout. On va dire que ça arrivait au début collège. Avant ça, je n'étais pas trop dans ces questionnements. Je jouais avec mes copines et tout allait bien. Par contre, à l'entrée du collège, j'ai toujours commencé à me... à me remarquer, me comparer plus, me trouver plus grosse que mes copines. Et un souvenir en particulier, je me souviens très bien, c'était à la récréation avec mes copines, où elles étaient assises sur un banc et elles se plaignaient de la taille de leurs cuisses quand elles étaient assises. Et elles disaient « ouais, qu'est-ce qu'elles sont grosses, elles se sont étalées, etc. » Et moi je me souviens m'être dit « ah purée, mais si elles trouvent que leurs cuisses, là comme ça, elles sont grosses, mais ça veut dire que les miennes, elles sont… » énorme. Enfin voilà, j'ai toujours été en fait dans cette comparaison de moi vis-à-vis des autres et en fait, j'ai jamais reçu de remarques sur mon physique, sur mon poids, de la part de mon entourage, comme je sais que ça peut être le cas dans l'enfance, des parents, des médecins, des amis qui font des remarques sur le poids quand on est bébé, etc. Moi, ça n'a jamais été le cas. Moi, ça a été... que moi et moi-même dans ma tête qui me comparait, qui m'identifiait comme la personne, la fille plus grosse que les autres, alors que spoiler alert, ce n'était pas le cas. Mais voilà, c'était... Vu que j'étais quelqu'un qui était assez réservée, timide, on va dire un peu, assez silencieuse, qui ne faisait pas trop de vagues, je pense que je n'arrivais pas trop à exprimer non plus. comment moi je me percevais par rapport aux autres. En plus, c'est la période où effectivement, le corps change, la puberté, etc. Et j'étais un peu perdue, je pense. Je n'avais pas envie de me faire remarquer. Donc, je ne disais rien par rapport à ça. En plus, à côté de ça, j'étais quelqu'un qui, à cette époque-là, avait de bonnes notes. J'avais le physique un peu intello avec des petites lunettes, les bagues, l'appareil dentaire à ce moment-là. Voilà, donc j'étais dans un espèce de complexe de moi. vis-à-vis des... Mais en fait, voilà, de moi vis-à-vis des autres filles, quoi. C'est-à-dire que c'était toujours de la comparaison vis-à-vis de ma meilleure amie de l'époque, par exemple, où je trouve... Mais pas que sur le physique, c'était même sur la personnalité. Elle est plus drôle, elle est plus en avant. Moi, je suis vraiment la fille qui traîne derrière, etc. Enfin, voilà, j'étais un peu dans ce retrait-là qui me bouffait un petit peu et que j'arrivais pas à exprimer, quoi. Voilà le premier vrai souvenir que j'ai par rapport à mon apparence. Et après, vis-à-vis de l'alimentation, je n'avais pas vraiment de sujet par rapport à ça. Ça va venir un peu après, plus tard dans l'adolescence, où là vont commencer les questionnements autour de l'alimentation. Mais dès le début, ça a été surtout un rapport au corps qui était assez complexé.
- Speaker #0
Mais sinon, si... Parce que là, tu te poses la question sous le prisme de la pathologie quelque part, ou en tout cas du dysfonctionnement. Mais dans le rapport à l'alimentation, peut-être que tu as des souvenirs plus anciens encore, de je n'en sais rien, ton goûter préféré chez mamie, ou pas du tout. Et tes souvenirs vraiment en lien avec ça émergent avec l'arrivée des régimes.
- Speaker #1
Franchement, mes premiers souvenirs avec l'alimentation, c'est vraiment... C'est vrai que je n'y ai pas forcément parlé, mais c'était parce que c'était un rapport tout à fait normal pour un enfant qui grandissait. Je me souviens qu'on mangeait... Il n'y avait jamais de problème à la maison avec mes parents qui nous faisaient à manger. Je me souviens qu'il y avait des fois où le soir, le dimanche, on faisait ce qu'on appelait les goûters dîner. C'est-à-dire quand ma mère n'avait pas la motivation de faire à manger, on dînait un bol de céréales et c'était trop cool. En fait, il n'y a toujours eu que des bons souvenirs associés à ça. Je me souviens aussi des repas qu'il pouvait y avoir chez mes grands-parents où effectivement, ce n'était pas très bon. Donc, je n'avais pas forcément envie de manger ce qu'il y avait sur la table. ma tante qui me faisait des petits bouts de pain avec du beurre et du fromage. Ça a toujours été des souvenirs très normaux. Je n'aime pas trop ce mot-là, mais très classique pour un enfant dans une famille qui aime bien manger. Ma mère a toujours aimé cuisiner, nous faire goûter des nouvelles choses. Alors quand on est petit, c'est sûr qu'on n'aime pas forcément la soupe et les légumes. Mais on a toujours eu cette écoute. On n'avait pas trop de bonbons. dans la maison mais c'était plus pour des questions de conviction de la part de ma mère. Et après on va peut-être revenir un peu plus sur le rapport à l'alimentation des parents etc. Mais elle, elle avait forcément des valeurs qu'elle voulait un peu nous inculquer donc je sais qu'il y avait des choses qui n'étaient pas forcément là présentes, notamment les bonbons. Je me souviens qu'elle nous raconte des fois en rigolant que quand on était petit et qu'on allait... à des goûters d'anniversaire et qu'il y avait des bonbons, en fait, on se gavait de bonbons jusqu'à en avoir mal au ventre, mal au crâne à cause du sucre et tout, parce que justement, chez nous, il n'y en avait pas et que du coup, ça la faisait rire, mais elle ne nous fâchait pas. C'est juste dans son... Elle ne voulait pas trop qu'on ait des bonbons. On en avait de temps en temps, effectivement, pour des grandes occasions. Aussi, on pouvait aller au McDo. C'était un peu le... Comment dire ? La routine quand on rentrait de vacances et on s'arrêtait toujours sur la route, sur un McDo, avant de rentrer à la maison. C'était un peu le petit moment juste avant la rentrée, avant la déprime. Donc même pour eux, je pense que c'était bien. J'ai toujours eu vraiment que des souvenirs normaux avec l'alimentation dans mon enfance.
- Speaker #0
Ok, je veux bien qu'on parle justement de, tu disais, on va peut-être reparler des parents, et effectivement, tu me connais bien, ça m'intéresse. Je suis curieuse d'en savoir un peu plus sur chacun, leur manière de manger, mais surtout leur façon de concevoir l'alimentation, leur rapport aussi, le rapport qu'ils pouvaient avoir chacun avec leur corps. Et du coup, ça m'intéresse aussi de savoir un peu plus spécifiquement quel était le problème avec les bonbons pour ta maman. C'était une question de valeur, mais du coup, quelle valeur était défendue ?
- Speaker #1
J'avoue que même maintenant, je ne lui ai pas trop posé la question. C'est vrai que c'était comme ça. C'est-à-dire qu'on avait… En vrai, j'exagère, on avait un pot de bonbons, mais qui était perché tout en haut d'une super grande armoire. Et c'était des bonbons qui, je pense, du coup, devaient périmer depuis des mois et des mois. C'était des bonbons qui n'étaient pas forcément incroyables, qui ne nous faisaient pas forcément envie. Donc je pense qu'elle les laissait là aussi en évidence parce qu'elle savait qu'on n'allait pas les manger. Mais c'est vrai, je ne sais pas, je n'ai jamais trop creusé après. Je pense qu'elle devait penser que ça faisait grossir. Un truc qu'elle nous a toujours dit après ça, c'est qu'en fait, on n'a jamais eu de carie. Je suis l'aînée d'une fratrie de trois. donc j'ai un frère qui est un peu plus jeune et une soeur qui a 5 ans de moins que moi et dans la famille dans cette fratrie on n'a jamais eu de caries et donc ma mère elle se targue un peu d'avoir eu des enfants qui n'ont jamais eu de caries notamment par le fait peut-être qu'on mangeait très peu de bonbons mais voilà donc je pense pas que ce soit qu'une question d'hygiène dentaire on va dire je pense aussi que c'était vraiment pour le côté sucré et et de pas nous habituer trop je sais pas à manger des choses très sucrées comme les bonbons, tout en sachant qu'après le reste des petits goûters, etc., on en a eu, on a eu des biscuits, du chocolat pour des goûters, etc. Donc c'est vrai qu'effectivement, il y avait peut-être une fixation qui était faite sur cet aliment en particulier. Et quand je parle avec d'autres personnes de mon entourage, c'est vrai que j'ai l'impression qu'eux avaient peut-être plus accès à ces bonbons, à ces choses-là quand ils étaient plus jeunes. Mais donc pour revenir un peu à mes parents, en fait je disais ça parce que ma mère, dans son adolescence, mais plutôt jeune adulte, a eu des TCA elle aussi. de type boulimique, c'est-à-dire qu'elle se faisait vomir. Je crois qu'elle l'a fait pendant plusieurs années de sa vingtaine, on va dire, autour de son mariage. Quand elle s'est mariée avec mon père, elle avait 27 ans, je crois. Et je pense que de ses, je ne veux pas dire de bêtises, mais de ses 22 à 27, 28 ans, elle a été là-dedans. Elle mangeait, elle se faisait vomir et elle en est sortie toute seule, de ce que j'ai compris. C'est-à-dire que je pense que mon père était au courant à l'époque, mais qu'il était très démuni et que forcément, il ne savait pas trop comment s'en occuper. Et à l'époque, du coup, elle ne vivait plus chez ses parents, donc ses parents non plus n'étaient pas forcément très au courant. Donc elle, elle a eu ce rapport au corps, je pense qu'elle a été complexée, elle, dans son corps. Dans son enfance, elle nous en parle tout le temps, quand on voit des photos d'elle, alors que c'était une enfant et une jeune adulte très belle, elle est toujours très belle, mais qu'elle a toujours été très complexée. Je pense qu'elle l'a été jusqu'à sa début de trentaine, jusqu'à ce qu'elle ait eu ses enfants. Du coup, je pense que l'apparence et la relation à l'alimentation étaient très complexes. On n'en a pas trop discuté dans les... dans les faits, c'est-à-dire exactement qu'est-ce qu'elle faisait, est-ce qu'elle faisait des crises, est-ce qu'elle se faisait vomir à chaque repas, etc. Je ne sais pas trop le fait. Tout ce que je sais, c'est qu'elle était boulimique à cette époque-là. Elle était constamment entre du régime et des vomissements. Et elle a arrêté progressivement. Et puis après, elle a eu une relation à l'alimentation depuis que je suis née et que j'ai conscience de ça, qui m'a toujours paru très... très sereine maintenant. Elle a beaucoup évolué du coup sur tout ça mais mis à part peut-être ces choses où elle faisait un peu des fixettes justement. Mais c'est quelqu'un qui a toujours aimé cuisiner, qui a toujours aimé nous faire goûter des choses, qui n'était pas dans la restriction vis-à-vis de ses enfants, qui était plutôt dans l'équilibre entre manger des choses un peu plus riche versus nous faire manger de la soupe en hiver parce que c'est plein de nutriments et qu'il faut prendre des forces.
- Speaker #0
Après ma question, je me permets de te couper, c'est marrant, t'en reviens, c'est ce que tu disais au début. Elle a toujours aimé cuisiner, nous cuisiner des choses, nous faire manger des choses. Là, la question c'était elle, son rapport elle avec l'alimentation, pas la manière dont elle vous a nourri. Est-ce que tu as vu ta maman manger un peu différemment de vous ? Est-ce que tu as l'impression que rester mince, c'était quelque chose d'important pour elle ? Est-ce que tu vois dans son rapport à l'alimentation ? Alors là,
- Speaker #1
je parle un peu plus des choses que j'ai vues ces dernières années, etc. Franchement, ma mère, c'est quelqu'un de mince, qui fait du sport, de la natation en l'occurrence. pour des questions de santé, parce qu'elle a des problèmes de dos, et elle s'y est mise en particulier pour régler ce problème-là. C'est quelqu'un qui va à la piscine plusieurs fois par semaine, mais qui, à côté, mange… Elle n'a pas un gros appétit, mais c'est quelqu'un qui mange de tout. C'est quelqu'un qui peut très bien manger… Elle n'a aucun interdit. Je vois qu'elle mange vraiment. Et même quand on était petits, je veux dire, elle a toujours mangé pareil que nous. On a toujours mangé la même chose. On a toujours mangé au même moment. Alors, c'est vrai que quand j'avais une dizaine d'années, etc., je ne me souviens pas forcément exactement du moment des repas et d'un repas en particulier. Mais en tout cas, je n'ai pas de souvenirs qui me viennent où elle aurait pu... ne pas manger avec nous ou manger moins, etc. Donc je pense que vraiment son rapport à l'alimentation et son rapport à elle-même, du coup, parce que je pense que tout était un peu lié, s'est vachement apaisé au fil des ans. Je tiens à préciser quand même, parce que ça a un peu son importance dans mon histoire, que ma mère a fait une dépression à la naissance de mon frère, donc il y a deux ans de moins que moi. Donc moi, je n'ai aucun souvenir de ça. Mais du coup, j'étais toute petite, donc elle ne savait plus s'occuper de nous. Ça a duré quelques mois, presque un an, je crois, où elle était vraiment démunie par rapport à ça. Elle a dû demander de l'aide, notamment à ses parents, à ses beaux-parents, pour qu'on puisse être prise en charge. Donc moi, je n'ai pas de souvenir de tout ça. Je me souviens juste d'un moment où j'étais petite et je voulais que ma maman, j'avais peut-être 2-3 ans, et je voulais que ma maman joue avec moi à la Barbie. Et elle ne voulait pas parce qu'elle n'était pas bien, elle était dans son lit, etc. Et que j'étais un peu en colère. De frustration, j'en ai coupé les cheveux de ma Barbie. Après, quand ma mère a retrouvé la Barbie complètement chauve, elle ne comprenait pas. C'est parce que j'étais frustrée que ma maman ne veuille pas jouer avec moi. Mais c'est un peu le seul souvenir que j'ai de cette période-là. Elle a été suivie, accompagnée. Je ne sais pas exactement si c'était un suivi. Je pense qu'il y a eu un suivi forcément psychiatrique ou du moins médical. Mais pareil, ça... Au fil des mois, ça s'est amélioré. Depuis que j'ai conscience de tout ça, de toutes ces dynamiques, j'ai l'impression que ma mère a bien su rebondir par rapport à ça, qu'elle a fait un gros travail sur son estime d'elle-même, sa relation à son apparence et à la famille. Parce que vraiment, ça a été quelqu'un qui nous a beaucoup... nous a beaucoup élevés. Entre mes deux parents, on va dire, c'est elle qui nous a élevés plus que mon père. Donc vraiment, j'ai vu tout au long de mon enfance et de mon adolescence qu'elle était vraiment là pour nous et qu'elle-même à côté, elle s'épanouissait dans ce rôle de mère. Et voilà, elle a mis du temps avant de reprendre un travail. Elle était dans le monde des livres de l'édition et donc en fait elle a été un peu libraire, un peu formatrice. Elle a un peu mis en pause sa carrière, toute une partie de sa vie pour pouvoir grandir et élever ses enfants. Et à partir d'un moment, elle s'est vraiment reconsacrée pleinement à sa carrière, ce qui est trop bien. Mais voilà, elle a toujours été très présente pour nous.
- Speaker #0
Comment tu as su tout ça pour la dépression, qui a priori était une dépression postpartum ? C'est elle qui t'en a parlé ?
- Speaker #1
Oui, c'est elle qui m'en a parlé. Même ses histoires de boulimie, de TCA dans sa jeunesse, elle m'en a parlé aussi. Je n'ai pas de souvenir exactement de quand. Est-ce qu'il y a eu un moment où on s'est mis… Elle m'a regardée entre quatre yeux et elle m'a dit « En fait, il faut que je te parle de ça, ça » . Je pense que ça arrivait au détour d'une conversation. De toute façon, plus loin dans mon histoire personnelle, c'est des sujets qui… qui ont fait écho, en fait. Donc, c'est à ce moment-là aussi qu'on s'est vachement confiés.
- Speaker #0
OK, c'est ce que j'allais te demander. J'imagine que c'est en lien aussi avec le fait qu'elle t'a vu prendre un chemin un peu similaire. Alors, parlons-en de ce chemin. Toi, tu... Alors, je vais te laisser dérouler. J'allais dire, tu souffres, as souffert de TCA. Comment ça a commencé ? Par quelle phase t'es passée ? Qu'est-ce que t'aimerais pouvoir en dire et expliquer, si tu devais nous expliquer ? Alors,
- Speaker #1
c'est pas facile. La genèse.
- Speaker #0
Ouais, c'est ça. Et puis, on le sait, de toute façon, c'est des pathologies très souvent qui se chronicisent. Donc là, c'est quand même plusieurs années dans l'histoire de ta vie. Mais si tu devais résumer ça assez simplement et expliquer. Comment ça a débarqué ? Par quoi ça a commencé ? Et puis, pour en arriver tranquillement jusque là où tu en es aujourd'hui.
- Speaker #1
Alors, c'est rigolo parce que du coup, quand j'essaie des fois de me refaire un peu l'histoire de tout ça, j'essaie toujours de trouver un peu le moment un peu charnière, un peu pivot de mon histoire. Mais effectivement, comme je racontais avant, depuis que j'étais au collège, j'étais dans une... une enfant complexée et assez mal dans sa peau. Mais je dirais que ce rapport au corps, où je disais que c'était un peu complexé, et ça s'est amélioré au fil de mes années de collège, où je voyais que j'étais quelqu'un qui était finalement assez sociable et assez ouverte, et qui n'était pas la personne aussi nulle que j'imaginais. Et donc en fait, j'ai très vite eu dans ma vie des... des relations avec des petits copains, des amoureux, on va dire. Ce n'est pas forcément très sérieux, mais on va dire qu'en fait, ça a commencé vraiment autour de mes 15-16 ans. À la puberté, j'avais pris un petit peu de poids et dû au fait que j'étais peut-être dans une relation avec un copain et qu'on passait beaucoup de temps ensemble et qu'on sortait beaucoup avec mes copains du collège pour aller au McDo, etc. On traînait ensemble, donc forcément, ça mangeait un peu de bonbons, de fast-food, etc. Donc, j'ai pris un peu de poids et ça m'a fait super peur. Je ne sais pas pourquoi ça m'a fait aussi peur que ça. Je pense que j'ai réalisé que... Parce que je pense que j'avais toujours dû voir mon poids qui était assez similaire. Et d'avoir vu... Je ne sais pas si je peux parler de chiffres ou quoi. Mais en fait, c'était vraiment l'histoire de 4 kilos. Mais je me souviens qu'à l'époque, j'avais 15 ans. Je pense que ça avait été un choc pour moi. Et vraiment, j'étais complètement démunie par rapport à ça. Et donc, j'en ai parlé à ma mère. qui a voulu en toute bienveillance m'aider sans trop savoir quoi faire parce que c'est nouveau aussi pour elle. Aucun de ses enfants n'était au régime, n'avait des problèmes de poids, etc. Donc avoir une enfant qui venait vers elle en lui disant qu'elle avait grossi et qu'elle n'était pas bien, elle a fait ce qu'elle a pu. Elle a voulu m'aider en surveillant un petit peu plus ce que je mangeais. Comme je disais, je grignotais pas mal. surveiller un petit peu et c'est à dire que pendant l'été qui a suivi on a juste fait un petit peu plus gaffe elle m'a emmené la piscine avec elle moi je faisais déjà de la natation aussi depuis que j'étais j'avais une dizaine d'années je nous a tous inscrits à la natation parce que c'était le sport qu'elle aimait le plus donc je pense qu'elle venait nous transmettre et on a tous accroché à ce sport là donc en fait je suis allé nager un petit peu plus avec elle j'ai moins grignoter et forcément le poids a diminué de façon très Enfin, pas du tout drastique, vraiment le côté assez smooth de la chose. Et donc, c'est rentré dans l'ordre. Mais l'été d'après, on va dire, j'ai eu une période de vacances. C'était le début des vacances entre copains sans les parents, colonies de vacances, etc. Donc, un peu moins surveillée. Et j'ai eu peur d'avoir refait la même chose que l'année d'avant. c'est-à-dire prendre du poids. Vraiment, j'étais un peu dans ce stress-là. Et donc, j'ai voulu toute seule reproduire ce que ma mère m'avait un peu montré l'année d'avant et qui avait super bien fonctionné. Et il faut savoir qu'en parallèle, ça a un peu tout lié. Mes parents, ça a concordé avec l'année où ils se sont séparés. Cette période-là, dans mes 16-17 ans... Mes parents se sont séparés, mon père a quitté ma mère pour quelqu'un d'autre, et on s'est retrouvés seuls, donc ma mère, mon frère, ma sœur et moi, en sachant que mon père travaillait dans une autre ville, déjà depuis plusieurs années, donc en fait, il revenait que les week-ends et les vacances. Donc effectivement, en termes d'organisation au quotidien, ça n'a pas changé grand-chose, parce qu'on était toujours de base au quotidien, plus avec ma mère qu'avec mon père, mais mine de rien, le fait que mon... père part avec quelqu'un d'autre, c'était quand même assez marquant. Et en fait, j'avais peur que ma mère souffre beaucoup. J'étais un peu persuadée qu'elle était triste, qu'elle n'était pas bien, qu'il fallait l'aider en fait, qu'il fallait que moi je l'aide et que je la décharge de beaucoup de choses. Je me suis un peu inconsciemment dit ça. Et donc inconsciemment me dire à 17 ans, en fait maintenant c'est toi la deuxième adulte de la maison. Et donc j'étais là, il faut que je l'aide, il faut que surtout je ne sois pas une source d'inquiétude et qu'on ne soit pas une source d'inquiétude pour elle, pour qu'elle puisse aller mieux, qu'elle puisse être bien, etc. Et donc du coup, je voulais vraiment...
- Speaker #0
aidé par tous les moyens et le seul moyen que j'ai trouvé c'était vraiment de ne pas faire de vagues, d'être la meilleure, d'être la fille parfaite qui aide, qui prend soin de ses frères et soeurs. Et je me suis dit bah tiens justement vu que tu as un peu peur, enfin vu que je me trouvais un peu grosse, je me suis dit aussi une des choses que je vais régler en premier c'est cette histoire de poids. Et donc en fait à partir de là j'ai arrêté de manger, j'ai fait du sport à outrance donc j'allais trois quatre fois à la piscine, je... Je marchais beaucoup. Vraiment, j'ai été vraiment très vite dans la restriction à fond. En parallèle de ça, j'ai excellé dans mes notes, dans mes études. On va dire que j'étais première de la classe. J'étais très investie. On parlait de la musique aussi pareil. Tout roulait vraiment. Je Ausha toutes les cases. Vraiment, à l'époque, je filais super droit. Et c'était un peu ce que je m'étais mise en tête, ce côté tout réussir, être parfaite pour que ta mère puisse, enfin ma mère puisse régler ses problèmes, les problèmes qu'elle a avec mon père, qu'elle puisse se focaliser sur peut-être mon frère et ma sœur qui sont plus jeunes et qui ont peut-être plus besoin d'elle. Mais en tout cas, moi, que j'ai pas à, qu'elle ait pas à s'occuper de moi, vraiment. Et donc, voilà, ça a commencé vraiment comme ça. Donc là,
- Speaker #1
tu vois, voilà une phase d'anorexie, en fait. Oui.
- Speaker #0
beaucoup beaucoup de poids. Ouais j'ai perdu beaucoup de poids en très peu de temps. En fait on s'en est rendu compte parce que j'ai très vite arrêté d'avoir mes règles. Je pense qu'au bout de trois mois j'avais plus mes règles et donc on va chez la médecin, on avait notre médecin traitant de famille donc une fois... Je pense que justement j'en parle à ma mère, vraiment moi j'avais aucune idée de ce que c'était vraiment les TCA. J'avais jamais entendu parler de ça ou peut-être si une fois dans un livre, dans une bande dessinée, une fille qui était anorexique. Mais à l'époque j'en avais pas du tout fait le rapprochement. Et c'est un jour j'ai dû dire à ma mère que j'avais plus mes règles et donc elle m'a conseillé d'aller voir le médecin. Donc j'étais mineure à l'époque donc elle m'accompagne. C'est vrai que la médecin en fait elle me baise et elle voit que je suis... J'ai perdu beaucoup de poids en très peu de temps. Et elle m'a dit... Et donc, elle a mis tout de suite les mots dessus, sur le mot anorexie. Et moi, vraiment, à cette époque-là, je pense que je devais être en terminale. Même pas. Je pense que... Ouais, si, j'étais en terminale. Et vraiment, j'étais là... Ah bon ? Enfin, j'étais vraiment... Vous êtes sûres ? Enfin, j'y croyais pas trop. Je pensais que c'était un peu... Que c'était normal qu'en fait, je perdais du poids. Et en fait, c'est vrai qu'il y avait ce truc de... Je me pesais. Je voyais que j'avais perdu du poids. Mais... je continuais à avoir cette envie de voir le chiffre descendre. C'est-à-dire que je me souviens de remarques de gens autour de moi, de ma famille, de mes amis, qui me disaient « Ouais, t'as perdu du poids. » M'encourager un peu, me disant « T'es jolie, mais fais attention. » « Là, t'arrêtes. » Je me souviens de mon père qui me disait « Ouais, t'as perdu du poids. » « Tu vas arrêter, là, par contre. C'est bien. T'es bien comme ça. Arrête. » Et moi, je te disais « Ouais, OK. » J'acceptais le compliment, mais pas forcément le fait qu'ils me disent d'arrêter. J'étais vraiment dans ce cercle vicieux, tout simplement, et qui a continué jusqu'à ce que je ne puisse plus continuer. C'est de toute façon comme ça qu'on réalise les choses. Et ça a continué pendant toute mon année de terminale, plus début d'études supérieures. J'étais arrivée à un moment où j'avais constamment froid, j'avais perdu tous mes cheveux presque. J'étais dans un état d'irritation constant où je m'engueulais avec mon frère, avec ma sœur en permanence. Vraiment, j'étais quelqu'un de pas facile à vivre à cette époque-là. Et donc, ma médecin de l'époque, ma médecin traitant m'avait orientée vers une psychiatre parce que du coup, forcément, ils te diagnostiquent souvent. conjointement à l'anorexie ou à des TCA en tout cas, une dépression. Enfin voilà, elle m'a diagnostiqué dépressive à cette époque-là. Et donc elle m'a orientée vers une psychiatre qui a demandé à voir mon père et ma mère en même temps. Donc mes parents étaient séparés depuis quelques années et donc en fait de voir mes deux parents dont les relations n'étaient pas forcément amicales se rejoindre pour un rendez-vous, parler de moi et pour me faire comprendre qu'ils étaient super inquiets pour moi, ça m'a fait un peu un électrochoc où je me suis dit en fait à la base moi je faisais ça pour pas qu'ils s'inquiètent justement, pour qu'ils aient pas à s'occuper de moi et en fait de réaliser qu'en fait j'avais tout faux et que ce que j'ai fait là ça les rendait encore plus inquiets, j'ai fait ah ouais ok bon il va peut-être falloir que je change des trucs effectivement parce que c'était... totalement l'inverse de ce que je voulais comme résultat. Mais pendant un an et demi, je n'ai pas du tout... J'étais complètement dans le déni et même si je voyais bien que effectivement... En fait, moi je suis quelqu'un qui est toujours un peu curieuse de tout en termes de psy, de TCA, etc. Je lisais des choses, je lisais ce que c'était l'anorexie, la boulimie, etc. Mais en fait, c'est comme si ça ne me concernait pas. Je voyais que j'étais carencée, qu'à chaque fois que j'allais faire des prises de sang, il me manquait plein de choses. Mais je ne sais pas. Puis je m'aimais comme j'étais. Franchement, je me trouvais bien, je me trouvais désirable. J'aimais bien m'habiller, etc. J'étais vraiment dans ce truc de... Je suis bien comme ça. À partir du moment où j'ai eu complètement... la sonnette d'alarme que mes parents ont tirée. Et c'est vrai que c'est à ce moment-là où j'ai fait, OK, il y a peut-être effectivement un problème là. OK. Donc ça,
- Speaker #1
c'est un peu la première phase, c'est comme ça que tu le dirais, de tes troubles alimentaires ?
- Speaker #0
Tout à fait. C'est la phase qui, pour moi, est quand même... Parce que du coup, j'ai bientôt 30 ans, ça fait plus de 10 ans que ça a eu lieu et c'est toujours une phase qui me... qui me... qui me brassent parce que c'est assez traumatisant quand même ce qu'on fait vivre à son corps. Alors moi, je n'ai pas trop de souvenirs de comment j'étais moi à cette période-là. Je ne me vois pas manger, par exemple. Je ne sais plus les quantités que je mangeais, etc. Je n'ai plus trop de souvenirs d'exactement qu'est-ce que je mangeais ou ne mangeais pas. Quand j'en parle à des amis qui me connaissaient à l'époque, ils me disaient « tu ne manges rien du tout, il fallait qu'on te force pour que tu manges un sandwich, etc. » Mes amis du lycée. mais moi j'ai aucun souvenir c'est vraiment un peu comme si j'avais fait un black out de de moi et en fait je m'étais vraiment focus sur mon apparence alors je me souviens que effectivement je comptais à fond mes calories je me pesais ultra régulièrement genre plusieurs fois non en vrai je me pesais pas plusieurs fois par semaine je me pesais une fois par semaine au même moment et je voyais que le poids descendait de je tenais un registre de ma perte de poids etc mais sinon à part ça mon alimentation ça a vraiment totalement disparu et donc Suite à cette douche froide, très vite est revenue la phase que maintenant, je sais qu'elle a un nom de fin extrême, où très vite, j'ai repris à manger. Et alors là, mon corps a vraiment, je pense, ces mois et mois de restrictions, il a complètement ouvert les vannes. Et donc ça, c'était... ... L'espace de six mois, je pense que j'ai dû reprendre 30 kilos. Vraiment. Je faisais des crises de nourriture. Je me gavais. Je me souviens que j'étais totalement démunie par rapport à ces pulsions qui m'habitaient. Parce que vraiment, j'engloutissais tout. Je descendais la nuit pour manger. Vraiment, on sentait que mon corps avait un besoin de se remplir. que j'avais pas eu et en fait ouais j'ai repris du poids mais d'une à une vitesse folle et alors de voir mon corps changer à cette vitesse de voir que c'est j'étais comme possédé par ça bah je les ai très très mal vécu je les ai beaucoup plus enfin beaucoup plus mal vécu que la phase d'anorexie effectué évidemment parce que je vous revois tout le poids que j'ai repris j'avais ultra peur bah encore une fois du regard des autres de voir qu'il ya Il y a six mois, je faisais 30 kilos de moins et là, maintenant, je pèse tant. Vraiment, c'était très, très dur, cette période-là. Ma mère était très démunie par rapport aussi à ce comportement-là. Elle ne savait pas quoi faire pour le coup pour m'aider. C'est-à-dire, est-ce qu'il fallait qu'elle… Je me souviens qu'on avait essayé plein de choses, de mettre des cadenas sur les portes des placards, de planquer la bouffe, parce qu'il fallait nourrir quand même la famille, donc elle ne pouvait pas non plus tout supprimer. C'est-à-dire que… Il n'y avait rien du tout. Elle avait enlevé tous les gâteaux, tous les trucs, etc. Mais je trouvais quand même de quoi manger, juste du pain ou des choses comme ça, ou du beurre. Et vraiment, on était tous un peu démunis de voir les proportions que ça avait pris, à tel point qu'à la fin de l'été d'après, j'étais dans un état de mal-être tel que j'ai demandé à me faire hospitaliser. dans une clinique spécialisée dans les TCA à Nantes, donc là d'où je viens. J'étais suivie par ce centre TCA un peu de loin, justement via ma psychiatre que je voyais à l'époque. Psychiatre qui, je tiens à le préciser, ne m'a absolument pas... Enfin, je n'ai vraiment pas eu l'impression d'être aidée sur toute la partie... Hyperphagie. Hyperphagie, voilà, c'est ça. Et vraiment, je me souviens de fois où je faisais des crises juste avant de venir à son cabinet et que je lui expliquais ce que je venais de faire. Et je n'ai pas souvenir de ce qu'elle me disait, mais ça ne m'aidait absolument pas. Et donc, en fait, j'en veux pas mal un peu à cette personne pour ça, de ne pas avoir vu la détresse dans laquelle j'étais. Et donc, en fait, elle avait quand même fait le lien avec le centre TCA de Nantes à l'époque. Et du coup, j'étais un peu connue de leur service. Et donc, en fait, quand j'ai fait la... J'ai fait la demande à ma mère d'être hospitalisée parce que vraiment je ne m'en sortais pas, j'avais besoin de me reposer, etc. Donc j'ai été hospitalisée une semaine en ce qu'ils appellent observation, un peu pour faire vraiment une coupure nette avec le monde extérieur et de faire le point sur tout ce qui se passe, sur est-ce qu'il y a besoin de mettre des traitements antidépresseurs en place, est-ce qu'il y a besoin de... et pour ensuite derrière commencer un vrai suivi avec cette unité TCA. Donc j'ai fait une semaine d'hôpital. Donc c'est des hôpitaux qui sont à la base, enfin à la base non, qui sont pour tous les types de TCA, mais la population effectivement qu'on voit le plus dans les centres TCA en hôpital, c'est des personnes qui sont anorexiques. Et donc moi forcément, on était peut-être une dizaine, je détonnais un petit peu parce que je n'avais pas du tout le même poids, etc. J'étais un peu en décalage par rapport à ces filles, parce que c'était que des filles évidemment. Mais ça m'a quand même énormément aidée, ça m'a fait du beaucoup de bien de me reposer. Ma mère me raconte que c'était, je pense, l'une des épreuves les plus dures de sa vie d'emmener sa fille à l'hôpital et de la laisser à l'hôpital. Elle m'a dit genre, ça la secoue toujours à chaque fois quand elle en parle de dire que voilà, elle m'a amenée à l'hôpital et qu'elle est partie sans moi après. Ça lui a crevé le cœur, mais elle savait que c'était ma demande. En plus, c'était vraiment moi qui l'avais demandé et c'était pour mon bien. Et donc, suite à cette hospitalisation, je suis ressortie avec un accompagnement en hôpital de jour sur plusieurs mois, voire années, ou plusieurs fois par semaine. J'allais faire des ateliers autour des repas, autour de... Je ne me souviens plus trop exactement, mais en fait, on a tout un programme. En fait, sur plusieurs mois, on est suivi par une infirmière référent plus un autre. Et en fait, chacun te construit un petit programme, justement, avec des objectifs pour les trois prochains mois. Quels sont les objectifs de ta guérison ? Et donc, tu as des ateliers réguliers, enfin hebdomadaires, plus des rendez-vous avec des diététiciens, des psychologues, des psychiatres. Tu as des rendez-vous même de famille, etc. Donc, en fait, en fonction de ton... de où est-ce que tu en es dans ton trouble et dans ta guérison. Ils te font des objectifs et ils font un point tous les trois mois pour voir où est-ce que tu en es. Et je sais que toute cette période-là, j'ai été très suivie par ce centre. Et franchement, ça m'a énormément apporté. Ça m'a fait beaucoup évoluer sur le sujet. Du coup, les crises d'hyperphagie, évidemment, se sont arrêtées. Le poids a arrêté de grimper. tout n'était pas guéri, tout n'était pas géré. Mais on va dire que ça s'est stabilisé, mes humeurs se sont stabilisées, j'apprenais à prendre soin de moi, à avoir une meilleure estime pour moi. Et c'est vraiment ce centre-là, ça m'a vraiment tirée d'affaires. Vraiment, à ce moment-là, c'est vraiment la chose dont j'avais besoin. Et surtout... Je déplore un peu le fait de ne pas avoir été prise en charge plus tôt, au moment de mon anorexie. On ne peut pas refaire le passé, etc. Mais je déplore vraiment de ne pas avoir été prise en charge au moment de mon anorexie directement dans cet hôpital, pour x ou y raisons. Même moi, je n'avais pas forcément en tête que ça existait. Et puis peut-être qu'à cette époque-là, vu que j'étais complètement dans le béni, est-ce que j'aurais mieux...
- Speaker #1
C'est ce que j'allais te dire, en fait. Je pense qu'il faut garder en tête que... Et d'ailleurs, tu as dû en croiser un certain nombre des personnes, tu le disais, en hospice, tu étais principalement avec des personnes qui souffrent d'anorexie. Et en fait, il y a une adhésion aux soins qui est quand même assez peu présente dans cette phase-là de la maladie. Et les compulsions sont atroces à vivre, mais en même temps, c'est des espèces de pulsions de vie et qui sont tellement difficiles à vivre que ça t'emmène vers le soin, à ce mérite-là.
- Speaker #0
C'est sûr, oui, que vraiment, comme tu dis, c'était des pulsions que j'ai eues à ce moment-là, qui étaient incontrôlables. Je me souviens d'être totalement déconnectée de la réalité, d'avoir passé des moments horribles. En fait, ce à quoi j'en veux aux personnes qui me suivaient à l'époque, c'est de ne pas avoir vu mon niveau de mal-être, et de ne pas avoir pris en compte la gravité de la situation. Et je pense qu'à l'époque, ils ont dû se dire, ouais, c'est normal et tout. Elle était anorectique, là, elle a besoin de manger. Je ne sais pas.
- Speaker #1
J'ai l'impression qu'il y a une méconnaissance. Juste avant ça, tu disais, maintenant, je mets le mot de fin extrême et tout. Mais j'ai l'impression que c'est quelque chose que tu as appris assez dernièrement, finalement,
- Speaker #0
assez récemment. Oui, bien sûr. Mais je me disais, c'est des psychiatres spécialisés dans les TCA. Ils sont censés voir que c'est des périodes assez charnières. Cette période de reprise de poids. post-anorexie et que c'est pas parce que là, dans ce coup, j'ouvre les vannes que ça va se réguler.
- Speaker #1
Un psychiatre qui travaille en centre spécialisé dans les TCA ne veut pas dire que c'est un psychiatre qui a eu une formation spécifique TCA. Comme les psychologues, comme les infirmières, comme toutes les équipes soignantes dans ce genre de structure n'ont pas nécessairement reçu une formation spécifique et même si c'était le cas, la formation qu'on te donnait il y a 30 ans, Alors, je pense qu'il y a encore des formations, en vrai, de vrai, je pense qu'il y a encore des formations, désolé du mot, un peu foireuses à mon sens, c'est encore dispensé. Mais aujourd'hui, on a quand même une autre approche, tu vois, avec la diététique comportementale, avec l'apport des TCC, où voilà, quelqu'un qui est formé en minimum, tu vois, quand tu dis, ils n'ont pas cerné mon niveau de détresse. Non, mais attends, en fait, juste quand tu le sais, une... Tu sais qu'à un moment donné, il y a une bascule qui peut se produire en sortie d'anorexie. C'est ton job de soignant. Tu t'attaquais par rapport à ça. Et dès que tu sens que c'est en marge d'expliquer, ne serait-ce que de transmettre l'information que tu n'es pas un monstre, qu'il y a quelque chose de physiologique derrière ça et que plus tu vas résister, plus ça va durer dans le temps.
- Speaker #0
Oui, c'est sûr. Vraiment, c'est... C'est totalement ça et vraiment heureusement que j'ai eu ce truc de me dire à un moment en fait là j'en peux plus et il faut que j'arrête, il faut que j'aille me reposer. En plus de ça, évidemment, c'est tellement mal que tu as des idées noires. J'avais des idées suicidaires à l'époque et donc je pense que c'est vraiment là où mes parents, ma mère a réalisé qu'il y avait vraiment un souci. Et du coup, là j'étais... Oui, j'étais majeure, donc c'est moi-même qui ai fait la demande d'être hospitalisée. Et à partir de là, c'est enclenché un suivi beaucoup plus pluridisciplinaire, on va dire, et qui était vraiment adapté. Et heureusement qu'il a été là, parce qu'effectivement, sinon, je ne sais pas dans quel état je serais aujourd'hui. Et donc après, pour juste continuer un peu, suite à ces plusieurs mois, je pense que ça a duré une bonne année et demie, l'accompagnement avec l'espace Barbara, donc c'est le nom du centre. TCA. Après en parallèle je continue mes études et je terminais mon année de DUT, donc deuxième année. Et en fait très vite dans mon cursus j'ai toujours su que je voulais faire une année à l'étranger en Erasmus pour voyager, pour parler anglais, etc. découvrir autre chose. Et il y avait un peu cette échéance là. En fait je savais que l'année d'après je partais un an à l'étranger. Et j'avais vraiment aussi comme objectif d'aller mieux pour être en capacité de partir toute seule. Enfin, je n'allais pas être toute seule parce que j'allais être avec des amis, mais pour partir à l'étranger. Et j'étais vraiment focus sur l'envie d'être en capacité de réussir à me débrouiller seule à l'étranger. Et c'est ce qui s'est passé. C'est-à-dire que septembre, je suis partie. en Écosse, donc c'est pas très loin de la France effectivement, donc si jamais il y avait un souci je pouvais très vite être revenue, il y avait aussi cette sécurité là, mais du coup ce qui a fait que le soin il s'est un peu éloigné, ce qui était aussi normal, j'avais aussi besoin au bout de plus d'un an d'accompagnement d'être un peu volé de mes propres ailes on va dire, en tout cas je m'en sentais capable, les infirmiers et infirmières qui me suivaient, psychologues, m'en sentaient capable aussi donc j'y suis allée, ça n'a pas été simple tout le temps. Il y a eu des moments forcément de doute, de rechute. Mais en tout cas, j'y suis allée. J'ai fait un an à l'étranger où j'ai vraiment profité de tout ce que ça avait à me donner. J'en suis revenue beaucoup plus adulte, je pense, dans la façon de me débrouiller toute seule, dans un logement toute seule, me faire à manger toute seule. Chose que je faisais un peu en étant chez ma mère. beaucoup moins parce que du coup je ne vivais pas toute seule mais voilà ça m'a vraiment donné une poussée de maturité par rapport à tout ça et surtout une envie de ne pas me considérer comme étant enfin de ne pas faire des tca mon identité en fait vraiment là j'avais tout de suite ben on parlait de musique festival événements etc ben là je rentrais un peu dans ce dans cette optique de travailler là dedans enfin j'avais un peu des jalons qui se posaient par rapport à ma scolarité, par rapport aux études, aux masters que je pourrais faire derrière, etc. Et en fait, ma scolarité s'est poursuivie jusqu'à mon master. Et en fait, la place des TCA et du suivi, c'est un peu réduit. C'est-à-dire que j'avais toujours un peu en toile de fond, peut-être des compulsions, un rapport au corps qui était compliqué. Et j'étais plus ou moins suivie parce que vraiment, j'ai pas mal bougé pendant mes études, entre les stages, etc. J'étais très souvent six mois par-ci, six mois par-là, donc je ne pouvais pas faire un vrai suivi psy ou même avec un hôpital ou quoi. Et donc, en fait, c'est un peu mis en arrière-plan, mais c'est un choix que j'avais décidé de faire aussi moi pour me focaliser sur mes études et du coup, mes choix de carrière. Et ce dont je ne regrette absolument pas d'avoir fait parce que du coup, Du coup, maintenant, je suis dans un milieu qui me plaît. Et voilà. Et donc, du coup, forcément, c'était un choix que j'ai fait. Et tout n'était pas guéri, tout n'était pas géré. Mais ça allait. Je n'étais plus du tout dans le même désarroi que j'avais pu l'être quelques années avant et tout. Il y a eu des moments, comme je disais, où j'ai eu des besoins de soutien psy, surtout à des époques. mais c'était des choses un peu ponctuelles. Et donc là, on en arrive à 2019. Donc, ouais, c'est ça, 2019, on va dire, où vraiment là, je sens que je suis en train de me stabiliser à un endroit, donc en l'occurrence Paris, entre mes stages, mes, comment dire, mon futur nouveau travail, etc. Et donc là, je me dis, OK, là, tu as un peu une vision à long terme de où est-ce que tu vas être, etc. Est-ce qu'il ne serait pas le temps un peu de reprendre toutes les coudes du corps, le travail autour de ça et tout ? Parce que j'étais toujours en surpoids, etc. Et donc, en fait, j'avais quand même cette envie de perdre du poids pour retourner à un poids un peu plus bas. Donc ça, c'était quasiment sept ou huit ans après mon anorexie. Et en fait, en 2019, j'entreprends de... de faire un peu plus attention à mon alimentation et de faire un peu plus de sport. Et ça fonctionne. Et vraiment, là, j'étais très vigilante sur le fait de ne pas repartir dans des comportements à risque. Je n'avais vraiment pas envie de retomber là-dedans. En fait, je voulais juste refaire des changements. J'étais plus posée, j'avais plus moyen de faire à manger dans une vraie cuisine, etc. Me prendre des... faire des repas emportés, enfin que je préparais et que j'emportais derrière, d'aller au sport régulièrement, etc. Donc en fait, ça s'est fait de façon très smooth, sans aucune restriction vécue. Sauf qu'est arrivé le Covid, sauf qu'est arrivé le confinement, moment où du coup on s'est tous retrouvés chez soi. Donc en l'occurrence, on est tous retournés chez ma mère, donc en tant que jeunes adultes. Mon frère, ma sœur et moi. Et forcément, moi qui étais sur une bonne dynamique de perte de poids, j'ai très vite eu peur de reprendre tout le poids. Et donc là, je pense que j'ai un peu resserré, encore une fois, trop fort les jalons. Parce qu'on ne pouvait pas aller à la piscine, notamment, parce que c'est ce que je faisais beaucoup. Donc, je marchais énormément. Je pense que j'ai un peu réduit mon alimentation, etc. Donc, rebelote 2020, perte de poids. assez importante, pas jusqu'à basculer dans un autre extrême, mais vraiment une perte de poids assez forte, qui s'en est suivie derrière d'une reprise de poids post-confinement, post-Covid, où là, pour le coup, je pense, et ça ne fait pas très longtemps que je mets des mots dessus, que c'était de la boulimie. Enfin, là, pour le coup, c'était reprise de poids, il y a vraiment de la boulimie. Je ne me faisais pas vomir, mais par contre, il y avait vraiment des périodes de compulsion-crise versus restrictions à l'extrême où je ne mangeais pas. Je calculais le nombre d'heures à laquelle j'étais à jeun. Je faisais des heures et des heures, j'exagère, mais presque, pour aller trouver une piscine qui était ouverte dans Paris parce que Covid, etc. Vraiment, c'était des trucs où… où je crisais le soir et je mangeais pas pendant quasiment 24 heures et vraiment je compensais mes calories comme ça. Donc il y a eu toute cette période-là, on va dire sur 2021. qui a du coup réenclenché un processus de soins, parce que du coup, on en revient encore et encore à la question de la thérapie, de prendre santa, etc. Et là, comme j'avais su que 15 ans, peut-être pas 10 ans avant, j'avais été bien entourée par le centre TCA de l'époque, j'ai demandé d'être reçue à Saint-Anne, donc avec leur centre expert TCA à Paris. Et ils ont... un processus, c'est deux journées en hôpital de jour globalement. Tu montes un dossier avec à l'époque je voyais une psychologue, un psychiatre, un médecin. Tu montes une lettre de motif pour expliquer où est-ce que tu en es. J'avais demandé à ma médecin traitant de m'envoyer tous les rapports de l'espace Barbara de l'époque. Tu montes un dossier et il voit si tu es recevable pour être un peu examiné. justement être réorienté derrière vers des thérapies. Et donc à l'époque, effectivement, j'envoie ce dossier. Deux mois plus tard, j'ai deux jours en hôpital à Saint-Anne, hôpital de jour, donc ils te font toute une batterie de tests, d'examens, que ce soit des examens psychologiques, physiques, etc. pour voir où est-ce que tu en es. Effectivement, il y a eu un diagnostic de boulimie qui a été posé, un diagnostic aussi qui me montrait que je ne mangeais pas assez pour mon métabolisme. Enfin voilà. Des mots ont été posés et moi, je suis quelqu'un qui accorde beaucoup d'importance et peut-être un peu trop sur identifier c'est quoi le problème. Là, c'était boulimie, là, c'était tu ne manges pas assez. J'étais là, OK, d'accord, c'est comme ça. Je suis quelqu'un qui est très cartésienne. On m'explique les choses par A plus B. Je suis là, OK, d'accord, je vois. Et donc, ça me rassure énormément de mettre des mots sur mon problème. Et donc, j'ai été accompagnée par eux, par des psychiatres en ville. du coup pas à l'hôpital parce que je ressentais pas le besoin non plus et c'était pas un niveau de gravité de la situation qui faisait qu'il fallait que ce soit forcément à l'hôpital mais voilà j'avais de l'art thérapie donc de la danse j'avais une diététicienne, ils m'ont conseillé une diététicienne, ils m'ont conseillé un psychiatre Et voilà et donc depuis tout ça donc on va dire depuis 2021 j'ai à cette époque là j'avais ressenti vraiment le besoin d'être soutenu accompagné et là je sens que depuis plusieurs années ben Je fais mon chemin toute seule. Je ne dirais pas que tout est tiré d'affaire. Je ne dirais pas que maintenant je pète la forme, que mon estime de moi est ce qu'elle est, elle est sereine. Je dirais que c'est par phase, que c'est lié à d'autres facettes de ma personnalité, comme quelqu'un qui est très perfectionniste et qui a une tendance à l'anxiété. assez régulièrement, qui font que très vite, le côté alimentation, rapport au corps, c'est très vite des sujets. Parce que justement, quand j'ai l'impression de manquer de contrôle dans ma vie, c'est vers ça que je me tourne. Mais par contre, je sais que maintenant, j'ai plein d'outils à ma disposition, que ce soit des outils thérapeutiques que j'ai pu voir en… avec des psychiatres, des psychologues, que ce soit de la diététique ou que ce soit juste des... Voilà, je me suis renseignée aussi un peu sur l'alimentation intuitive. Je ne suis pas, on va dire, dans un protocole, un processus de suivi ultra normé qui va vers une direction, mais vraiment, je sais que j'ai des petits outils à ma disposition à des instants pour savoir comment aller mieux. Mais je ne me considère pas non plus 100% tirée d'affaires. C'est ça qui est un peu frustrant parce que je me dis qu'il y a 15 ans de ça, maintenant, j'étais dans un vrai mal-être profond. et une urgence. Et là, c'est un peu latent, un peu là, un peu pas là en fonction. Mais je ne vois pas de moment où je me dirais, ah, ça y est, c'est bon, c'est derrière moi. C'est ça qui a un peu de ressent.
- Speaker #1
Ça ressemblerait à quoi, être complètement tirée d'affaires, pour reprendre tes mots ?
- Speaker #0
Ce serait déjà de ne pas du tout avoir de soucis avec mon poids. Vraiment, de que... Je ne veux pas dire que ce serait d'avoir perdu tant de kilos. Ce serait pour moi que le poids que je fais actuellement ne me pose pas de soucis et de ne pas ressentir ce besoin de me peser régulièrement, de ne pas avoir cette envie de me peser tout le temps, d'être en paix avec la forme qu'a mon corps. Ma taille de vêtement, c'est des choses comme ça. Et que du coup, par extension, que l'alimentation ne soit plus une source, ne soit plus un sujet autant qu'il ne l'est ou qu'il peut l'être à des moments.
- Speaker #1
Ok, oui. J'allais justement te demander ça parce que j'allais te demander quels sont les symptômes voyants, visibles, palpables que tu as aujourd'hui. qui te permettent de dire qu'effectivement, tu n'es pas tiré d'affaire et que c'est relié. Et que donc, c'est parce que tu as encore ce rapport-là à ton poids, à ton corps. Parce qu'en fait, en t'écoutant, je me disais... Je vais te poser la question. Est-ce que tu crois que tu pourrais être totalement tranquille avec ton alimentation même si tu n'aimais jamais vraiment ton corps, même si tu ne l'acceptais jamais vraiment ?
- Speaker #0
C'est une bonne question. Je suis pas sûre. Pour moi, vraiment, parce que j'ai régulièrement, même par phase, on va dire, des moments où ça va très bien, dans le sens où mon corps, je l'aime comme il est, et je trouve que, en fait, moi, je le vois vraiment surtout sur le prisme de ce qui me permet de faire. C'est-à-dire que là, depuis ces derniers mois, j'ai testé plein de... Je suis quelqu'un qui a beaucoup d'énergie et qui est très dynamique, qui n'aime pas rester trop à rien faire. Et donc, j'ai testé plein de nouveaux sports. J'ai testé la course, j'ai testé le renforcement musculaire, l'escalade et tout avec d'autres personnes. Et en fait, le yoga même, je commence à vraiment être pas mal là-dedans. Et en fait, de voir que mon corps, il est ce qu'il est au niveau de sa morphologie, au niveau de... de sa masse, donc le poids qui pèse, mais qui me permet quand même, enfin je ne suis pas du tout empêchée pour faire quoi que ce soit que j'ai envie de faire. Et c'est vraiment, moi je le vois vraiment comme ça, le fait d'aimer son corps, c'est de dire ok, il est capable de me faire faire des trucs la tête en bas, il est capable de courir 30 minutes alors que je pensais que ça allait être impossible pour moi de courir plus de 10 minutes. Enfin en fait, je le vois vraiment comme ça. Et donc pour en revenir à l'alimentation, Je sais que quand je suis dans des moments comme ça, où j'ai de la gratitude pour mon corps et ce qu'il est capable de me faire faire, l'alimentation, en fait, ce n'est plus du tout un sujet. C'est-à-dire que tout de suite, je suis beaucoup moins dans la sur-réflexion de qu'est-ce qu'il faudrait que je mange ou que je ne mange pas maintenant vis-à-vis de ce que je vais manger demain ou ce que j'ai mangé hier ou vis-à-vis du sport que je ne vais pas pouvoir faire, etc. Donc, c'est vraiment pour moi, les deux sont liés. J'aimerais qu'ils ne le soient pas.
- Speaker #1
les deux sont forcément liés cependant je pense qu'on peut ajouter une nuance je pense que le problème c'est pas tant que tu n'aimes pas ton corps sur d'autres phases c'est que tu n'aimes pas ton corps et que tu estimes que tu devrais le changer tu dois manger, pas manger bouger, nanana tu vois c'est ça qui fait que tout d'un coup ça devient un sujet c'est le fait que là aujourd'hui je me lève et je m'aime pas et je ne peux qu'imaginer tout ce qui peut te traverser par la tête, ah mon dieu, nanana et ok, comment je vais pouvoir changer ce truc là ? C'est ça en fait quand je te posais la question de est-ce que tu penses qu'on peut ne pas aimer son corps et pour autant être relativement tranquille avec la nourriture ? Je ne serais pas dans un nom catégorique comme toi. En fait, je pense aussi que l'un nourrit l'autre, c'est-à-dire qu'apprendre à ne pas aimer son corps, mais à accepter les choses telles qu'elles sont à l'instant T, permet d'être moins dans « ok, je vais me peser, je vais faire gaffe à ce que je bouffe, je vais faire plus de sport dans le but de faire bouger mon poids » , et le fait d'être moins focus sur le poids, de moins se prendre la tête sur ce qu'on mange et de nanana, va avoir un impact certain aussi sur le regard qu'on porte sur le corps. Tu vois, en fait, c'est le cercle éventueux qui prend la place du cercle vicieux. En tout cas, à mon sens, peut-être que c'est là où se joue la nuance et que peut-être que dans les phases où tu n'aimes pas ton corps, peut-être que là où tu peux peut-être avoir un levier, c'est sur le fait de dire, OK, là, aujourd'hui, je ne m'aime pas du tout, mais... Je ne vais pas chercher à changer les choses. L'exemple que je prends souvent, c'est la météo. Tu vois, là, si je regarde dehors, il pleut. Mais genre, il pleut tout le temps. Tout est inondé autour de chez moi, je n'en peux plus. Pour autant, qu'est-ce que j'y peux ? Rien. Je n'ai aucun pouvoir. Donc, comment je vais vivre ma journée et comment je vais accepter ou non ? Comment je vais laisser ça m'impacter ou non ? Et la réponse, elle va bouger selon les jours. Et c'est la même chose dans le rapport au corps et à n'importe quoi, je pense.
- Speaker #0
Oui, mais... Mais contrairement à la météo où tu disais que toi, on n'y peut rien, il y a toute une mythologie qui est là, qui existe et qui nous pousse à croire qu'en fait, si on peut, là, on en vient à toute la culture des régimes et de l'influence très négative que peuvent avoir les réseaux sociaux, c'est qu'en fait, on est bombardé de messages tous les jours sur le fait qu'en fait, c'est qu'une question de motivation et de volonté. Et qu'en fait, tu vois bien que si telle personne s'est réveillée un matin et s'est dit « je suis trop grosse » , et bim, elle s'y est mise, et bim, elle a perdu du poids, etc. Et en fait, il y a aussi ce truc-là où... Et en fait, ça revient à ce que je disais au tout début, où je disais que dès toute jeune, je me comparais énormément aux autres. Là, c'est la même chose, c'est un truc de comparaison à une beaucoup plus grande échelle, à des complets inconnus qui, eux, ont réussi. Et donc je suis un peu dans ce truc de « ah ouais mais si lui, si elle, elle l'a fait, alors c'est que c'est la solution quoi » tu vois. Mais toi aussi t'as réussi.
- Speaker #1
Toi aussi t'as réussi.
- Speaker #0
Oui c'est vrai.
- Speaker #1
T'as perdu énormément de poids toi aussi.
- Speaker #0
Ouais j'ai réussi mais j'ai un peu aussi la sensation que mon corps et moi-même, inconsciemment, ils ont enregistré qu'il fallait plus que j'aille là-dedans parce que c'est trop dangereux. Ouais.
- Speaker #1
C'est un peu provocateur quand je dis toi aussi t'as réussi, c'est derrière la réussite. Parce que qu'est-ce que tu sais de combien de litres vomissent ces nanas chaque semaine ? Qu'est-ce que tu sais à quel point elles détestent en réalité leur corps ? Quand tu organises toute ta vie autour de l'image de ton corps, c'est pas trop trop bon signe quand même généralement. Donc, tu vois, qu'est-ce que tu sais ? réellement de ce qui se passe pour ces personnes. Et même, j'ai envie de te dire, reviens à toi et de te dire, ah bah oui, c'est qu'une question de volonté. Oui, tu l'as bien vu qu'en fait, dans l'absolu, il y a du vrai dans ces messages-là. Si on arrête de manger, on maigrit. Enfin, tu vois, c'est mécanique. Je ne vais pas aller dire, non, ce n'est pas vrai, ça ne marche pas la perte de poids. Quand je dis ça ne marche pas, c'est que sur le long terme, ça ne marche pas et que ça ne permet pas de prendre soin de sa santé globale. tu vois de sa santé mentale mais aussi de sa santé physique vraiment la santé globale donc oui tu l'as nommé t'as dit une mythologie tu vois c'est marrant parce que toi même tu le nommes comme ça parce que quelque part tu sais que ça c'est du bullshit mais c'est normal que en fait ça appuie tellement je veux dire c'est comme si ta souffrance principale ça avait été de vivre dans la pauvreté que t'avais tout fait pour regagner de l'argent enfin que toute ta vie tournait autour de ça et ben bon Mais que, mettons, je ne sais pas, tu t'étais un peu cassé la gueule plein de fois sur des essais, que tu t'étais rendu compte que ça te rendait plus malheureuse qu'autre chose, mais qu'à chaque fois que tu voyais sur les réseaux des gens dire « Ouais, moi, en rédigeant un texte par mois… » Enfin, tu m'en dindiques aussi là-dessus. Moi, je travaille deux heures par semaine et je gagne 25 000 euros par mois, tu vois. Et tu te dis « Putain, mais bon, ben, ceux-là, s'ils ont réussi, bon, allez, vas-y, je réessaie. » Et le problème, c'est que du coup, tu es toujours sur cette croyance que tu seras heureuse quand tu auras gagné plus. Donc du coup, tu oublies de vivre tout ce que tu as à vivre avec l'argent que tu as aujourd'hui. Et je refais le parallèle sur le poids. Toi, ça t'entretient dans cette croyance que quand même... ta vie serait vachement plus belle, vachement mieux réussie, si tu reperdais du poids.
- Speaker #0
Non, c'est vrai. Et puis de toute façon, je me rends bien compte que ce soit à une période d'anorexie sévère où j'étais vraiment pas bien et à tel point qu'on m'a diagnostiqué une dépression ou que ce soit plus récemment autour du Covid où j'ai perdu du poids, où je sentais que ce n'était pas suffisant. Pareil, en fait, je... Dans le fond, je le sais, je suis persuadée qu'être mince ou être plus mince, ce n'est pas être plus heureuse. Vraiment ça, je l'ai intégré et je le vois bien aujourd'hui parce que ces dernières années, j'ai évolué de plein de façons dans ma vie pro, ma vie perso, ma vie sentimentale, la famille, les amis, etc. Je m'épanouis énormément. Je sais que c'est totalement… déconnecté du poids et de la taille de ton ventre mais voilà c'est des moments on va dire encore j'aime pas non plus ce mot mais faiblesse où des fois t'es juste saoulé t'as une journée t'es fatigué etc et en fait forcément tu vois tout sous le prisme du négatif et donc forcément le poids aussi quoi et c'est juste j'aimerais que ce soit euh enfin un moment où je remarque effectivement que quand je pense ça, j'en fasse rien en fait. C'est juste apprendre à ne rien en faire de ses pensées, à rien en faire de cette comparaison qu'on se met avec d'autres inconnus, etc. C'est un peu le travail que j'essaye de faire en ce moment. plus que de travailler sur l'alimentation en tant que telle. C'est-à-dire que, comme je disais avant, j'ai essayé de m'avancer dans l'alimentation intuitive, que je trouve très intéressante, mais je sens que ce n'est pas ça le sujet. Ce n'est vraiment pas ça. Ce n'est pas l'alimentation, parce qu'en fait, je m'alimente comme tout un chacun. Enfin, vraiment, puisqu'on est encore dans la comparaison, il y a eu des moments où vraiment, j'étais un peu dans l'observation de comment les gens mangeaient autour de moi. Est-ce qu'ils mangent plus ? Est-ce qu'ils mangent moins ? Est-ce que pourquoi moi, qui mange pareil, voire moins, je ne perds pas de poids comme eux, etc. ? En fait, je le vois que ce n'est pas l'alimentation. Ce n'est vraiment pas là où est le problème. Donc en fait, maintenant, c'est les pensées. C'est comment je réagis maintenant face à une pensée qui me dit que regarde, ça pourrait quand même être mieux si tu perdais 3 kilos. Des fois, je me tombe dedans et je suis là, j'avoue, ce serait cool. Et des fois, je me dis non, mais en fait, c'est débile. Tu ne seras pas plus heureuse avec trois kilos en moins. Donc, c'est un exercice. C'est ce qui me prend le plus d'énergie mentale, on va dire, en ce moment. Et on parlait un peu de différents types de thérapies. Et là, j'ai commencé il y a quelques mois parce que j'en ai ressenti le besoin, une thérapie. Mais je ne voulais absolument pas qu'elle soit orientée TCA. C'est-à-dire que maintenant, je n'ai vraiment pas envie que ce soit... que ce soit le sujet j'ai envie que ce soit peut-être plus général sur bas comme je parlais mon anxiété le paiement le perfectionnisme etc lâcher le lâcher prise être un peu plus souple avec moi même et du coup j'ai commencé un suivi avec une psychologue qui est spécialisée en tcc et effectivement ben toute façon c'est et c'est vraiment tout le travail sur les schémas de pensée les conditions etc qui me que je trouve super intéressant en plus enfin le fonctionnement du cerveau moi ça m'a toujours passionné comment comment comment notre cerveau fonctionne pour nous faire devenir des êtres humains, on va dire, moi c'est quelque chose qui m'intéresse à fond. Et donc voilà, on est sur ce genre d'exercice de se défusionner, c'est ce qu'ils appellent la défusion des pensées en fait.
- Speaker #1
Défusion cognitive, oui.
- Speaker #0
Voilà, on ne s'identifie pas, il ne faut pas s'identifier à cette pensée, il faut juste la reconnaître comme ce qu'elle est, c'est-à-dire une pensée, une suite de mots, etc. Et donc c'est un peu le chemin sur lequel je suis en ce moment, et j'essaye vraiment de... de m'y tenir et je sens que ça travaille aussi pas mal de ce côté-ci et que ça me fait beaucoup de bien.
- Speaker #1
Mais tout ça, c'est intimement lié. Et ça me fait penser, il y a une psy, SP, anxiété, que j'aime bien suivre sur les réseaux. Et genre, l'autre jour, elle partageait un outil par rapport au TOC, je crois. Et genre, je commentais parce que je trouvais qu'il était génial son poste et je lui disais, mais waouh, c'est tellement en lien avec ce qu'on peut proposer aussi avec les... autour des TCA. Et du coup, quand j'entends ce que tu viens de dire, ça me semble important pour toutes les personnes qui écouteront le podcast de préciser une chose. Quand vous allez travailler avec un ou une professionnelle qui est vraiment spécifiquement formée TCA, vous n'allez pas parler que de bouffe. C'est-à-dire que ce que tu décris de bosser sur la diffusion cognitive, c'est mon quotidien avec les personnes que j'accompagne. Et il y a des personnes, pour les personnes que je vois en suivi individuel, certaines en fin de rendez-vous me disent « mais du coup, c'est normal qu'on n'ait juste pas parlé d'aliments » . Ou alors qu'ils se sentent un peu bêtes de dire « mais je me sens un peu bête parce que je suis venue te voir pour ça, puis en fait, on ne parle pas du non-ça. Est-ce que ça va Flavie, on est bien dans le cadre ? » Non mais attends ! Et en fait, c'est normal parce qu'en fait, tout ça, c'est intimement lié et que les symptômes TCA sont reliés de toute façon à ton anxiété, sont reliés à cette façon de penser, sont reliés à des croyances qu'il faut pouvoir aller démasquer, puis ramollir. Et tu sais, tout à l'heure, tu parlais de te rendre plus souple. Mais tu vois, pour moi, c'est ça. Une thérapie autour des TCA, c'est genre bosser. tout le temps la flexibilité la rigidité c'est ça,
- Speaker #0
c'est clair et c'est pour ça que moi vraiment ce qui m'a le plus aidé je pense dans mon parcours c'est les déjà c'est vraiment c'est la thérapie, c'est le soin c'est d'être accompagné etc vraiment moi s'il y a un conseil que je devrais donner c'est de s'entourer et de vraiment très vite rentrer dans un parcours de soins quoi mais mais mais ce qui m'a le plus aidé plus que la psychiatrie très classique et médical où justement il ya un peu une une forme même si j'en ai vu des petits spécialisés tca il y avait quand même un truc de il faut arrêter si il faut arrêter ça il faut faire si il faut faire ça il faut c'est ici il faut y est enfin c'était vraiment des des ordres qu'on nous donnait d'interdits etc alors qu'en fait c'est pas du tout comme ça que ça fonctionne que ce soit pour guérir de l'anorexie, de la boulimie ou d'un autre TCA. En fait ce qu'il faut c'est d'accepter aussi, enfin c'est que les thérapeutes soient capables d'entendre qu'il y a des choses qu'il faut essayer, il y a des choses qu'il faut foirer, il y a des choses qu'il faut pour justement pas refaire la même erreur deux fois. Et vraiment c'est pas facile à entendre parce qu'on aimerait... Quand on va voir quelqu'un qui nous dise quoi faire pour aller mieux, genre si tu fais ci, tu vas guérir, malheureusement non. C'est accepter d'essayer un truc, ça ne va pas marcher. Ou alors tu ne l'as peut-être pas si tu n'es pas… C'est ça, juste tenter des choses, se rater, recommencer peut-être plus tard, adapter. C'est des petits exercices comme ça qui sont juste… Et puis il y a beaucoup dans l'observation. C'est vraiment… c'est peut-être pas confortable au début d'être toujours ultra focus sur tes sensations, sur tes ressentis, tes pensées etc c'est pas ultra confortable parce qu'on a jamais l'habitude de le faire en temps normal mais d'être un peu observateur de ses comportements, de ses pensées et tout franchement ça te fait des fois avoir des révélations je donne un exemple mais typiquement moi il y a une époque où je me... Même si je n'étais pas dans la restriction pure, je m'interdisais quand même beaucoup d'aliments. Du coup, j'avais souvent beaucoup d'envie d'aliments que je m'interdisais un peu inconsciemment. Et en fait, j'ai expérimenté un jour de me dire... Enfin, juste le fait d'être dans l'inconfort, de ne pas avoir à disposition cet aliment. Et pourquoi un jour ? Je ne sais pas, je pense que c'était une pizza. À un moment, j'avais envie d'une pizza pendant plusieurs jours. Et en fait, d'être dans cet inconfort, de ne pas avoir la possibilité, juste parce que ce n'était pas possible. de manger une pizza à un moment, et bah le moment où je me suis posée devant ma pizza, bah en fait j'étais trop contente, je l'ai mangée et vraiment j'ai fait la réflexion quelques heures après que j'y pensais plus du tout. Et tu vois moi c'était un truc, c'est totalement anecdotique, mais pour moi qui était persuadée que l'alimentation et les aliments un peu interdits resteraient dans ma tête toute ma vie, bah en fait de me dire en fait à partir du moment où tu t'autorises... tel aliment, que tu ressens l'inconfort de ne pas l'avoir, de te l'autoriser, derrière, tu ne t'y penses plus. Et c'est vraiment ces petites observations-là qui ne sont pas confortables forcément. Mais après, une fois que tu es là, il y a eu des périodes comme ça où j'avais vachement envie de tel aliment. Et une fois que j'ai eu cet aliment-là, je n'y ai pas pensé pendant un mois. Et après, c'est revenu. Moi, c'est des choses, encore maintenant, à quasi 30 ans, je m'émerveille de ça. Oui,
- Speaker #1
mais c'est normal, ce n'est pas anecdotique. Parce que... Ça peut le paraître pour quelqu'un qui a toujours été un mangeur régulier et qui n'a pas eu de problème avec l'alimentation. Pour les personnes qui vont écouter ce podcast, ça n'a rien d'anecdotique.
- Speaker #0
Oui, c'est des grosses avancées que j'ai eues ces dernières années, ces derniers mois, où j'étais là en mode... Ah ouais, ok, donc en fait...
- Speaker #1
Ça marche vraiment, c'est plus du bullshit en fait.
- Speaker #0
C'est pas une arnaque, c'est vraiment ça qui fonctionne. Mais mine de rien, comme quoi, on peut vraiment être un peu borné en se disant non mais c'est comme ça, c'est en contrôlant mes repas, ce que je mange ou ce que je ne mange pas, mon sport et tout, que ça va fonctionner. Et après ça ira mieux, et en fait pas du tout. C'est justement d'avoir la souplesse de s'autoriser ce qu'on veut. pour que derrière le corps il se régule, mais pas que dans la nourriture, dans le sport, dans le sommeil, dans le fait de savoir, d'identifier les moments où tu es fatigué typiquement. Je sais que c'est un exemple que tu prends des fois, c'est comme l'envie d'aller aux toilettes. C'est un mode, tu ne vas pas te retenir d'aller aux toilettes au tout bout de champ, et puis à un moment tu ne vas peut-être pas avoir la possibilité, donc tu te retiens un peu, et par contre après tu n'auras plus du tout envie. C'est de la régulation un peu basique du corps, mais pour moi, ça a été une révélation au bout de 15 ans. Parce que je pense que cette régulation, je l'avais quand j'étais enfant, je l'ai perdue et maintenant, je la retrouve petit à petit.
- Speaker #1
Trop bien. Trop bien, c'est trop bien. Parce que tu sais, mes dernières questions, c'est en gros, qu'est-ce qui t'a le plus aidé ? Tu avais déjà partagé beaucoup de choses. Et puis, la toute dernière question, c'était... Qu'est-ce que t'aimerais transmettre aux personnes qui n'en sont pas là où toi t'en es aujourd'hui ? Je trouve que là déjà, tu as donné beaucoup de choses. Est-ce que tu as quand même l'envie d'ajouter quelque chose pour clôturer notre échange ?
- Speaker #0
Peut-être juste une dernière chose pour les personnes qui potentiellement sont encore en plein dedans. C'est un truc où moi je sais que ça m'a quand même bien aidée, c'est de ne pas s'arrêter. Si un soignant, si un praticien ne vous convient pas, si une thérapie ne vous convient pas, déjà, il faut s'écouter, il ne faut pas rester dans quelque chose qui n'est pas confortable et tout. Mais surtout, il ne faut pas lâcher le suivi, il ne faut pas avoir peur d'aller voir quelqu'un d'autre. Ça prend du temps, ça prend de l'argent parfois. Mais en fait, il y aura toujours quelqu'un qui sera... une thérapie, une personne qui sera la bonne pour vous. Et donc, en fait, il ne faut vraiment pas avoir peur d'essayer, de ne pas aimer, de tenter quelque chose d'autre. C'est vraiment quelque chose où moi, je sais que j'en ai maintenant testé. J'ai une panoplie de suivis que j'ai testés. Ma mère me fait souvent cette blague, il faudrait que j'écrive un livre sur le nombre de thérapies que j'ai essayées au cours de ma vie. Mais des fois, je me dis en vrai, c'est ça en fait. C'est savoir repérer quand ce n'est pas confortable, quand il y a quelqu'un ou quelque chose qui ne vous convient pas. Et surtout, ne pas se dire, ça y est, c'est foutu, personne ne pourra jamais m'aider. Non, il faut être un peu aussi dans cette recherche de la bonne personne, du bon suivi, etc.
- Speaker #1
Ok, je suis d'accord avec toi. Et merci d'avoir partagé ça. Tout à l'heure aussi, tu as dit quelque chose, un peu, tu sais, adressé aux soignants aussi. Et je trouve ça top. On le fait rarement. En fait, tu vas avoir beaucoup de soignants qui vont venir dire aux gens qui ne vont pas bien, « Ouais, ce serait bien de faire comme ça. » Mais je pense qu'en tant que personne ayant eu une pathologie et ayant cherché beaucoup d'outils pour sortir de cette pathologie, c'est hyper intéressant et peut-être que tu devrais réellement écrire un livre. j'y réfléchis il y a des choses je pense qu'il y a beaucoup de choses à transmettre et c'est aussi intéressant de sortir de ce rapport de soignant-soigné qui est un peu asymétrique carrément c'est vrai surtout dans le milieu médical qui est quand même un milieu très hiérarchisé oui c'est clair mais
- Speaker #0
j'ai l'impression que ça évolue dans le bon sens parce que les thérapies évoluent
- Speaker #1
Exactement. En fait, on est quand même sur une approche très psychanalytique en France, de base, et l'approche psychanalytique repose sur une asymétrie entre le soignant et le soigné. Forcément que ça implique ça dans la manière d'accompagner, alors que les thérapies cognitivo-comportementales, on n'est pas du tout positionnés comme experts. Au contraire, le patient arrive comme expert de lui-même, et il y a un jeu d'exploration qui se fait ensemble à l'aide de ces outils. En tout cas, merci beaucoup pour cet échange.
- Speaker #0
Merci beaucoup à toi.
- Speaker #1
C'est un échange hyper riche qui,
- Speaker #0
je ne m'invite pas,
- Speaker #1
apportera beaucoup de choses.
- Speaker #0
J'espère. Merci beaucoup de m'avoir invitée à prendre la parole encore une fois. C'était une première pour moi et je suis très fière aussi d'avoir su le faire. C'est toujours bien aussi pour soi-même de pouvoir poser un peu où est-ce qu'on en est et d'apporter sa pierre à l'édifice.
- Speaker #1
Ouais, carrément. Eh ben écoute, ravie d'avoir été celle qui a pu recevoir ton témoignage.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord Partagez le podcast, en parlez autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcasts, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao.