- Speaker #0
ton mantra, ta philosophie ?
- Speaker #1
Ma philosophie et mon mantra, c'est la vie est trop courte pour s'emmerder avec des cons et avec des conneries.
- Speaker #0
Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer. et ça sans avoir toutes les réponses. À travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal. Et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort. On l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte, d'apprendre à dire non, que ce soit à ton boss, ou à qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, j'accueille Sophie Seboz. Sophie est une grande experte en communication. Elle est spécialiste de la communication non-violente. Aujourd'hui, elle est coach et elle accompagne des hommes et des femmes, mais beaucoup, beaucoup de femmes, dans la découverte d'eux-mêmes et la recherche de leur épanouissement professionnel. Elle est l'auteur d'un livre, « Le jour où j'ai mis mes lunettes de girafe » , et elle est notre invitée sur The Patron. Bienvenue, Sophie !
- Speaker #1
Merci Elvir.
- Speaker #0
Raconte-nous s'il te plaît un élément qui a fait pivoter ta vie professionnelle.
- Speaker #1
Alors je pense qu'il y a plusieurs petites graines, mais il y en a une qui est arrivée en 2013. Donc en fait j'ai été salariée pendant 20 ans dans la communication dans différentes entreprises. Et en 2013, ma petite sœur nous quitte. Elle s'est battue contre un cancer pendant un an, mais le cancer a été plus fort. Donc voilà, c'était un vrai choc. parce que même quand elle a eu le diagnostic de sa maladie, il n'y avait pas du tout de peur, il n'y avait pas de doute sur le fait qu'il y avait des possibilités qu'elle guérisse et qu'elle s'en sorte. Donc ça a été un peu un choc pour tout le monde. Elle avait 33 ans.
- Speaker #0
Ah oui,
- Speaker #1
c'est super jeune. Et elle venait d'avoir un petit garçon. En fait, elle a accouché au mois de janvier et elle a su qu'elle avait son cancer au mois de février.
- Speaker #0
C'était un cancer du sein ou un cancer du côlon ?
- Speaker #1
Un cancer du côlon. Donc, elle s'est vraiment battue pour son petit garçon. Et voilà, au mois de juin 2013, du coup, elle s'est fait opérer pour la deuxième fois. Ça devait être la dernière opération et tout allait bien se passer. Mais en fait, ils ont... Pardon si je suis un peu crue, mais ils ont ouvert et ils ont refermé tout de suite. Il n'y avait plus rien à faire. et à partir de là elle est partie en 15 jours donc c'était assez rapide donc c'est un vrai choc donc moi j'arrive jamais à dire si j'ai deux soeurs ou j'avais deux soeurs c'est toujours un temps dans la conjugaison qui est compliqué pour moi donc je suis la plus grande et j'ai eu deux petites soeurs et j'en ai perdu une et après ce moment là c'est comme si t'enlèves Mouah ! Une lampe à côté de moi qui a un trépied, si tu enlèves un des trois pieds, c'est beaucoup moins solide. Donc, il y a vraiment eu une période où j'étais abasourdie. Forcément, ma mère, ma sœur aussi, toutes les personnes autour de nous aussi. Mais moi, ça m'a vraiment mis une claque en disant « ça n'arrive pas qu'aux autres » . Et voilà, qu'est-ce qui s'est passé ? Elle ne méritait pas ça.
- Speaker #0
Oui, un sentiment d'injustice incroyable. En plus, quand tu pars si jeune avec un tout petit bébé, c'est vraiment le scénario horrible.
- Speaker #1
C'est horrible. Je ne sais pas si j'utiliserais moi injustice. En tout cas, ce n'est pas celui qui résonne pour moi. C'est une histoire de sens. Il n'y avait pas de sens, en fait, plutôt que d'injustice. Peut-être que tout ce que je vais raconter après aussi, c'est une façon pour moi de donner du sens à ça, à ce qui lui est arrivé. Et c'est pour ça que c'est important pour moi. Elle m'a fait réaliser le fait qu'elle soit partie, que la vie, elle est courte. Elle est partie à 33 ans. Elle n'a pas eu le temps de profiter de sa vie de maman, de son petit, de plein, plein d'autres choses. Alors moi j'essaye de pouvoir profiter des petites choses simples qu'elle, elle ne peut pas faire. De pouvoir profiter quand, même en voiture, là les beaux jours arrivent, les coquelicots vont arriver sur le bord de la route, voilà des choses comme ça, de pouvoir les regarder et les voir. et me dire « Waouh, c'est beau, la vie, elle est belle. En plus, on est dans l'Oise, on a la chance d'avoir une belle campagne. Et même tous les endroits de France, tous les pays du monde ont des super beaux endroits de pouvoir utiliser mes yeux pour voir ces choses-là qu'elles ne voient pas et pouvoir faire en sorte aussi que ma vie, elle soit la plus belle possible pour mériter le cadeau que j'ai d'être en vie, en fait.
- Speaker #0
C'est une preuve de résilience et on sent aussi ton envie de… d'être dans la gratitude et dans l'appréciation de ce qu'est la vie aujourd'hui. Ça a fallu combien de temps pour réussir à apprécier à nouveau la beauté du monde ? Ça a été rapide ? Ça a été long ?
- Speaker #1
J'aurais du mal à donner une date avec ça. Il y a des petites choses qui ont été faciles et rapides. Regarder l'éco-clico, par exemple, ce genre de choses, c'est des petites choses qui ont été rapides. Et puis après, plus on le fait, plus ça devient facile et plus on… on le cultive et après il y a d'autres choses qui ont mis plus de temps aussi à venir. Donc c'est un chemin qui a commencé en 2013 et je pourrais dire, pour avoir aujourd'hui vraiment ce sentiment de gratitude, comme tu dis, à 100%, il m'a peut-être fallu attendre 2021-2022 et mettre en place d'autres choses dans ma vie pour que vraiment, à aujourd'hui, je puisse dire vraiment… sincèrement, tout au fond de mon cœur et de tout au fond de mes cellules, qu'aujourd'hui, je suis vraiment en gratitude de la vie que je vis. Parce que ça a été le déclencheur de plein de petits changements. J'ai envoyé… Je dis souvent, la vie, elle est trop courte pour qu'on s'emmerde avec des cons et avec des conneries. Et ça, c'est ce que ma sœur m'a appris en partant. Et il m'a fallu un peu de temps pour envoyer valser les cons et les conneries de ma vie pour qu'aujourd'hui, elle soit à 10 sur 10 tous les jours.
- Speaker #0
Raconte-nous peut-être un compte que tu as envoyé Val C.
- Speaker #1
En fait, ma dernière expérience professionnelle, elle a commencé en 2011. J'ai travaillé avec des gens formidables et des gens un peu moins sympas, en tout cas pour moi. Et en particulier, le directeur marketing que j'avais à l'époque. On a réussi à travailler en huit ans ensemble, mais ça a été très compliqué pour lui aussi, certainement. On avait des façons de voir la vie et des façons de travailler complètement différentes. Donc, ça a été très challengeant avec beaucoup d'émotions, avec beaucoup de colère, avec beaucoup d'incompréhension aussi. Forcément, la période du décès de ma sœur n'a pas été simple non plus. Oui,
- Speaker #0
parce que tu étais salariée à ce moment-là.
- Speaker #1
Oui, à ce moment-là. Quand j'ai appris qu'elle était malade, j'ai demandé si je pouvais prendre un temps partiel pour pouvoir être plus présente avec elle, pouvoir l'accompagner à ses soins. on m'a dit non, donc ça c'est déjà pas très agréable à vivre, c'est comme ça. Quand elle est partie, je me suis arrêtée une semaine avant pour être avec elle à l'hôpital et une semaine après, et après retourner bosser ça a été une horreur, vraiment c'est très violent, tu passes d'un petit cocon d'un moment où tu es avec ta famille dans ces moments très intimes. Ah, je retourne au boulot, il y a 100 personnes autour de moi, c'était un séminaire que j'organisais avec les commerciaux de ma boîte, qui eux sont dans un état d'esprit joyeux, envie de se retrouver, vraiment de l'énergie, et moi, au secours, laissez-moi tranquille. J'avais qu'une envie, que ce soit scotché sur mon front, je viens de perdre ma sœur, faites attention, je suis fragile, laissez-moi tranquille. Mais voilà, mais ce n'était pas comme ça, et mon chef a voulu respecter. Mon intimité n'a pas dit ce qui s'était passé. Je pense que c'est pour ça qu'il l'a fait, plutôt par pudeur et tout ça. Et OK, mais en fait, moi, ce n'est pas ce dont j'avais besoin. Et on ne me l'a pas demandé si j'avais besoin qu'on le dise, pas le dise. Bref, donc ça, ça a été très violent.
- Speaker #0
Oui, donc à une période où toi, tu étais particulièrement fragile, tu n'as pas reçu par ton employeur le soutien que tu attendais.
- Speaker #1
Exactement, je n'ai pas reçu son soutien. ni ceux des autres en fait, parce que je pense que, et ça c'est un des sujets qui est important pour moi, de pouvoir oser parler de ça. Il y a beaucoup de mes collègues qui ne sont pas venus me voir parce qu'ils ne savaient pas comment me revenir vers moi. Ils ne savaient pas s'ils devaient me présenter des condoléances ou quoi. Enfin voilà, c'est toujours des choses qui sont délicates, qui ne sont pas très codifiées et pas très fluides en fait dans les relations humaines, de pouvoir parler de ça. Donc vraiment, je me suis sentie dans un grand bain, presque à me noyer parce qu'autour de moi, les gens ne savaient pas comment se comporter.
- Speaker #0
C'est vrai que ça crée une sorte de malaise pour tout le monde et ce malaise isole encore plus les personnes qui sont dans le deuil.
- Speaker #1
C'est affreux. C'est affreux. Entre les personnes qui savaient, mais qui n'osaient pas venir me voir, par peur de me blesser, vraiment, je pense qu'il y avait vraiment de ça, mais pour le coup, du coup, ça ne m'a pas réconfortée non plus. Celles qui ne savaient pas et qui ont été maladroites. J'ai une collègue qui savait que ma sœur était malade et qui vient me voir en me disant « ça va, tu vas bien ? Comment elle va ta sœur ? » Mais genre, est-ce qu'elle est guérie ? Enfin, voilà, l'épisode. Et là, tu te reprends un truc dans la figure et dans le bide qui est assez monstrueux. Mais je ne l'en veux pas, cette personne. Je devais la voir.
- Speaker #0
Elle ne savait pas.
- Speaker #1
Et au moins, elle a posé la question. Elle est venue me voir et elle a fait attention à moi.
- Speaker #0
Donc vraiment,
- Speaker #1
c'était peut-être maladroit et ça m'a chamboulée. Mais vraiment, je lui ai dit merci de ça. En tout cas, moi, j'aurais préféré avoir plusieurs fois ce genre de contact, de relation maladroite, mais présente, plutôt que des gens qui se cachent derrière je ne sais pas quoi.
- Speaker #0
C'est un vrai sujet ce que tu évoques parce que moi, je l'ai vécu aussi et la relation était un peu différente. Donc moi, j'ai perdu ma belle-sœur, la femme de mon beau-frère, ça va faire trois ans. Donc elle était un peu plus âgée que moi, ça faisait quatre ans qu'elle était malade. Le contexte était différent, c'était quand même quelqu'un qui partait très tôt, trop tôt, qui était une maman. Voilà, le parallèle me semble pertinent. Et en fait, je l'ai appris, j'étais en réunion avec toute l'équipe, toute mon entité. J'ai reçu le message de mon beau-frère annonçant son décès. Et tout de suite, j'ai eu un effet de choc. Je me suis mise à pleurer et j'ai dû sortir de la salle. Donc tout... 90 personnes me voient partir en pleurant en pleine présentation de résultats, tu vois, donc ça peut faire bizarre. Et en fait, je me suis rendue compte que l'information n'était pas passée de pourquoi ça s'était passé comme ça, pourquoi est-ce que j'étais sortie. Et donc, je me suis retrouvée dans des moments aussi un peu gênants, parce que c'était presque que la présentation ne m'avait pas plu, tu vois, ou quel était le... Et en fait... Ça devrait presque... Enfin, je suis en train de me dire qu'en entreprise, on devrait avoir des modules de formation, de sensibilisation, de comment gérer le deuil. Je ne sais pas si c'est une responsabilité de l'entreprise, mais c'est vrai qu'il y a une gêne dans l'environnement professionnel de parler de ces sujets-là. On est partagé entre l'envie de faire comme si de rien n'était, pour ne pas plomber la personne parce qu'il y a une sorte de politesse. Et en même temps, la personne qui est en deuil ne peut pas vraiment fonctionner comme d'habitude et peut-être, toi, tu avais besoin d'être entourée. Moi, je ne sais même plus quel était mon besoin à ce moment-là, mais c'est vrai que faire comme si de rien n'était, ça peut être très violent.
- Speaker #1
Oui, c'est très violent, surtout quand ce n'est pas ce que tu veux et que tu as besoin. Donc, effectivement, le deuil, il se passe souvent dans la sphère privée, mais pour autant on retourne bosser aussi à un moment donné, même la maladie, je t'ai expliqué, l'histoire d'avoir demandé un temps partiel ou quoi. Et certes, moi, c'était ma sœur, donc c'était encore plus loin de l'entreprise, mais des salariés qui doivent vivre des périodes de traitement, il y en a. Des salariés qui perdent des collaborateurs par la maladie, il y en a. Donc, le deuil, il est présent. Le temps de vie dans une entreprise, il est super important. le temps de... de vie en termes de temps de présence, je veux dire, en termes d'heures par jour dans lesquelles on est en entreprise. Il est super important. Donc oui, dans cette sphère-là, il y a du privé qui rentre. Et savoir comment accueillir ça, je pense que oui, tous les managers devraient faire une sensibilisation et au moins savoir comment aborder la chose et avec le collaborateur concerné, est-ce que tu veux qu'on en parle ? Comment tu veux qu'on en parle ?
- Speaker #0
Voilà. Ce point est… tellement important. Finalement, c'est la conversation, et on en revient toujours au sujet de communication. Quels que soient les sujets, ça revient toujours à la communication. Avoir le courage d'avoir cette conversation avec son collaborateur qui est en deuil, qui souffre, et lui demander comment il souhaite que la situation soit traitée, et l'accompagner. C'est ça.
- Speaker #1
Et c'est vraiment un pont vers l'autre, d'aller vers cette personne en lui demandant qu'est-ce que tu veux, et de respecter, si tu veux qu'on en parle. pas et ben ok on n'en parle pas mais au moins moi je t'ai demandé et du coup je pense que l'accueil de l'émotion de la douleur est là et c'est ça le plus important aussi et puis ben si je te demande et que tu me dis ben je veux qu'on en parle ben moi je fais en sorte aussi de pouvoir propager l'information et de mettre un petit peu comme un cocon et un matelas autour du collaborateur pour que les choses elles soient plus soft et qu'il n'y ait pas de mauvaise interprétation comme pour ton histoire cette conversation il faut aussi qu'on l'ait finalement avec nos proches
- Speaker #0
en fait c'est une conversation qu'on devrait vraiment aller autour du deuil, parce que la gêne, elle existe de la même manière quand nos amis vivent un deuil. Oser leur demander de quoi tu as besoin de ma part, comment je peux t'accompagner, est-ce que tu veux qu'on en parle ? Parce qu'il y en a, j'ai entendu une proche me dire, en fait, ça me fait de la peine, elle avait perdu un bébé, ça me fait de la peine que personne ne m'en parle jamais.
- Speaker #1
Eh bien oui, on a l'impression que notre douleur n'existe pas. Les gens ne reconnaissent pas notre douleur et c'est insupportable ça. Donc l'exemple de ma collègue qui a été maladroite, au moins elle est venue vers moi. Donc moi j'ai envie de dire aux gens, mais je me méfie aussi parce que c'est moi et mon ressenti, soyez maladroits et c'est pas grave. Même si vous me dites quelque chose qui me fait pleurer, c'est pas grave. Et c'est ce que j'ai dit à mes enfants aussi, j'en ai dit mais surtout... Il ne faut pas qu'on arrête de parler de Julie. Elle a fait partie de nos vies. Elle continue à faire partie de nos vies. Et peut-être qu'il peut y avoir des anecdotes, des questions qui vont mettre dans un état de sensibilité ou de tristesse, de nostalgie, peu importe. Mais c'est chouette aussi ces moments-là. Et c'est encore pire de vouloir effacer les choses, les gens, parce que ça pourrait faire des émotions. Au secours. Au secours pour moi, en tout cas, vraiment. Je prends cette précaution-là. Moi, j'ai besoin de ça. Et je te rejoins. pour avoir vécu aussi d'autres deuils dont celui de mon beau-père au mois d'août aussi pouvoir parler avant des dernières volontés de ce qu'on a envie moi c'est aussi une discussion que j'ai eu avec mon mari après le décès de Julie de ce que je voulais moi comme cérémonie et je lui ai partagé que je voudrais être incinérée comme Julie l'a été c'était quelque chose qui était déjà là avant et j'ai exprimé ça Et après, ça débouche à plein d'autres discussions aussi. Mon mari a fini par me dire que pour lui, ce n'était pas OK de me voir partir en flamme, que c'était trop violent pour lui. Et une fois qu'il m'a dit ça, vraiment, moi, je... Et encore une fois, c'est notre histoire à lui et à moi. Plein d'autres personnes vont peut-être réagir vraiment différemment. Mais une fois qu'il m'a dit ça, moi, je me suis sentie... Mais en fait, fais ce que tu veux, mon chéri. Si moi, je ne suis plus là, mais que je parte... en flamme, dans la terre, en mer, peu importe, je ne suis plus là. Je n'ai pas ce besoin-là, pour moi, pour mon corps, d'avoir un truc particulier. J'imagine comme ça, mais en fait, je ne suis plus là. Et les cérémonies, elles sont faites pour pouvoir dire au revoir, pour pouvoir être ensemble, pour les vivants, en fait.
- Speaker #0
Pour ceux qui restent.
- Speaker #1
Pour ceux qui restent. Et il faut que ça les soulage. Ce n'est pas une question de les plomber. Oui, si vous avez des personnes autour de vous qui ont des dernières volontés, qui sont peut-être difficiles pour vous à faire, C'est à vous de voir si ça vous convient ou pas de les respecter. Mais c'est fait pour les vivants. Mon père part très souvent en voyage au bout du monde, en Amérique du Sud, de façon sac à dos. Il va dans des endroits où il n'y a pas beaucoup de gens. Et c'est des discussions qu'on a déjà eues aussi. Je lui ai déjà demandé, si jamais il lui arrive quelque chose au bout du monde, parce qu'il y a des bestioles pas sympas, il peut arriver, il peut tomber, il peut arriver plein de choses. et qui fait qu'il décède sur place, qu'est-ce qu'il souhaite que je fasse ? Et pour lui, comme pour moi, c'est OK, il reste sur place. Il reste sur place.
- Speaker #0
Tu l'es sur place, c'est ouf.
- Speaker #1
C'est ouf. Et en même temps, même chez toi, j'ai senti de la légèreté quand j'ai dit ça.
- Speaker #0
En fait, il y a un côté presque Indiana Jones.
- Speaker #1
Pour mon père, oui.
- Speaker #0
Non mais tu vois, c'est... Ah ben ouais, je suis restée au Venezuela.
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Et en même temps, pourquoi est-ce qu'on a besoin de ramener les corps pour faire son deuil ? Tu vois, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de personnes qui n'y arriveraient pas. Enfin, tu vois, qui auraient besoin de s'assurer que le corps soit à un endroit et peut-être que toi tu irais, je sais pas, mais...
- Speaker #1
Je pense que ça dépend aussi beaucoup des croyances, religieuses ou pas. parce que moi je sais pour moi au moment de la mort en tout cas le corps et l'âme ils se séparent et vraiment le corps reste une enveloppe qui n'a plus d'importance pour moi à ce moment là en tout cas. Peu importe l'endroit où il est pour moi ça n'a pas d'importance. Donc ma soeur a été incinérée, elle a un espace dans un dans une urne dans un cimetière à Amiens mais je ne ressens pas du tout le besoin d'aller dans ce cimetière. Vraiment, je peux la sentir autour de moi tous les jours à n'importe quel endroit. Donc je pense qu'il y a ça aussi, cette gestion du corps et le rapatriement et tout ça, ça dépend vraiment des croyances qu'on a. Et encore une fois, ce n'est que moi par rapport à moi, par rapport à mon père. Et je peux comprendre qu'il y ait des gens pour qui ça ne serait pas du tout OK de laisser quelqu'un. Mais en tout cas, c'est déjà assez compliqué à vivre à ces moments-là, sans s'embarrasser en plus de pseudo dernières volontés qui n'ont pas été exprimées, qu'on ne croit que tatati tatata. Et des fois, on ne sait pas en fait ce que la personne veut, même aussi proche, même mariée-femme ou quoi, si on n'en parle pas. On peut croire que quelqu'un veut préférer un enterrement à une incinération, alors que si on en parle, au moins c'est clair. En fait, il est vraiment là mon message. Faites en sorte que les dernières volontés soient exprimées et claires. Pour que vous vous sentiez libre le jour où le moment arrive de ne pas avoir une question de plus à vous poser. Sur un autre sujet, et ce n'est même pas le deuil, lorsque j'étais enceinte de mon deuxième enfant, donc ma fille, j'ai dû faire un test pour la trisomie. Et ma gynéco, à l'époque, m'a dit, surtout, parlez-en ensemble, votre mari et vous, prenez la décision au cas où, avant d'avoir la réponse. Genre, prendre la décision à froid. Tu vois ce que je veux dire ? Pour que, au moment où le résultat de test est là, et bien ce soit clair, parce qu'il y a déjà plein d'émotions qui arrivent qui peuvent aussi perturber les prises de décision. Là, pour le coup, je n'ai pas eu de décision compliquée, tout s'est bien passé, elle est en bonne santé, tout va bien, mais cette démarche de réfléchir avant, qu'est-ce qui se passe si il y a une maladie, qu'est-ce qui se passe si, comme avec mon père, il y a un décès au bout du monde, pour moi, en tout cas, encore une fois, ça m'allège, et le jour où il y a la décision… c'est beaucoup plus clair.
- Speaker #0
Et en même temps, j'ai envie de te dire, il est possible que face à la décision, tu changes d'avis.
- Speaker #1
Je suis d'accord avec toi. Je suis d'accord avec toi. Mais voilà, mais ça sera... Tu vas changer d'avis parce qu'il y aura eu la discussion avant. Oui,
- Speaker #0
au moins, tu auras eu ton opinion à froid et après, tu pourras évaluer le décalage avec à chaud.
- Speaker #1
Mais tu as raison et merci d'ouvrir ça pour ceux qui nous écoutent aussi, de réfléchir à prendre une décision avant, c'est bien. Mais autorisez-vous aussi à changer d'avis. Ce n'est pas quelque chose qui est écrit dans le marbre ou quoi que ce soit. Faites confiance aussi.
- Speaker #0
Oui, parce qu'après, tu peux ressentir des choses à un moment et la décision à froid 100% rationnelle ne tient pas par rapport à ce que ton intuition ou ce que tu as envie finalement face à la situation. Et c'est intéressant d'ailleurs cet exemple que tu prends. Moi, j'avais des amis qui ont eu à un moment le doute. sur la trisomie 21 et en attendant les deuxièmes tests, alors qu'avant, ils étaient sûrs qu'ils n'auraient pas voulu le garder. Pendant cette période-là, ils s'étaient dit que si, ils allaient le garder. Et j'avais trouvé ça très impressionnant et aussi courageux d'oser dire « je change d'avis » . Je change d'avis parce que là, maintenant que je suis face vraiment à une décision, je... j'ai un conflit de valeurs ou j'ai un conflit d'envie. Et ce qui est bien, dans tous les cas, c'est d'avoir la conversation. C'est d'oser, pas débattre, mais poser les différentes émotions, les différents arguments, tout mettre sur la table et partager de manière apaisée avec son partenaire ou avec la personne avec qui on doit avoir cette conversation. On arrive souvent à de plus belles conclusions. avec cette conversation-là.
- Speaker #1
Et c'est une belle rencontre aussi, parce que c'est aller sur des sujets qu'on ne parle pas au quotidien. Avant de se marier, il n'y a pas une liste de sujets à évoquer. Au fait, s'il se passe ça, on fait quoi ? Ça arrive comme ça, et ça permet vraiment d'aller à la rencontre de l'autre, à la rencontre de ses croyances, à la rencontre de ses perceptions. C'est une vraie richesse. C'est un vrai cadeau de pouvoir s'offrir ces moments de conversation.
- Speaker #0
Et tu vois, ça me fait penser... Alors moi, je n'ai pas de religion, mais j'ai une curiosité pour beaucoup de religions. Et je me rappelle de mes amis qui allaient à des week-ends ou faisaient des soirées de préparation au mariage. Je trouvais ça chiant à mourir à l'époque, pour être très honnête. Et en même temps, je vois, en fonction des communautés religieuses, il y a quand même cette... Cette volonté, justement, avant un mariage ou avant l'arrivée des enfants, de faire parler les couples, de les interroger et de les aider à discuter sur ce genre de sujet. Et finalement, avec un petit peu plus d'années, je me dis mais qu'est-ce qu'ils ont raison ? J'avais l'impression que c'était un peu doctrinal à l'époque. Et en réalité, aujourd'hui, avec mon recul, je me dis mais peut-être qu'à 20, 25 ans, 28 ans, tu n'es pas armé pour te poser ces questions-là. Et en même temps, commencer à lancer la conversation et semer des graines sur ces sujets, c'est hyper précieux.
- Speaker #1
Moi, j'ai fait la préparation au mariage, alors que comme toi, je ne crois pas en un dieu. Mais mon mari voulait qu'on se marie à l'église, donc on l'a fait. Mais je pense que ça dépend vraiment de la personne qui t'accompagne. La préparation au mariage, elle n'était pas du tout doctrinale pour moi. Elle n'était pas du tout enfermée dans la religion. Elle était dans la rencontre l'un de l'autre, en fait. C'est quoi pour vous le couple ? C'est quoi pour vous la famille ? C'est des réflexions et des échanges. qui ont été très chouettes. C'est quoi la plus belle qualité que vous voyez là envers l'autre ? On est allé vraiment sur des choses très ouvertes. Et pas une fois, il y a eu la religion, si ce n'est que pour la religion catholique, le mariage, c'est pour fonder une famille. Et s'il n'y a pas cette envie de famille, quelque part, il n'y a pas d'envie de couple, pour la religion catholique en tout cas. Mais ceci mis à part, toutes ces questions-là, de rencontre de l'un à l'autre, c'est super important. et on ne nous apprend pas et c'est pour ça que la communication elle a toujours été dans ma vie moi salariée là aujourd'hui parce que j'ai une intuition qui fait que je me suis souvent sentie interprète devant deux personnes qui se parlent et moi de la troisième personne et de dire mais en fait vous êtes en train de vous engueuler les cocos là mais vous êtes d'accord en fait et souvent parce qu'il y a des émotions qui sont là parce que c'est aussi très compliqué la communication il y a beaucoup de suppositions il y a beaucoup de d'interprétations et de fermeture des oreilles à un moment donné on ne s'écoute pas donc moi j'ai toujours été très très attentive à ça dans le cadre de ma famille avec mes soeurs et au boulot quand j'étais salarié avant à faire en sorte que tu es sûr que c'est vraiment ce que tu veux dire ok mais tu sais que l'autre a dit aussi la même chose est ce que tu es capable d'entendre ça et de vraiment faire le pont entre les gens c'est très riche.
- Speaker #0
Et justement, comment est-ce que tu as fait le shift de salarié à coach ?
- Speaker #1
Voilà, on va revenir effectivement à ça. On a pris des chemins de traverse.
- Speaker #0
On a pris exactement les petits détours.
- Speaker #1
Mais qui sont importants aussi. Donc en fait, je disais que j'étais salariée depuis 2011, avec des hauts et des bas dans la relation avec mon responsable à l'époque. et que la... La période de l'épreuve, en tout cas de deuil, a été compliquée des deux côtés. Ça a continué à être un peu chaotique. Et en 2018, j'ai décidé de me faire suivre et de prendre une coach pour mieux vivre cette relation-là. Parce que je m'étais posé plusieurs fois la question de démissionner. Mais ça aurait pu être possible. Mais il y avait plein de choses qui m'attachaient. à cette entreprise, au métier que je faisais, au genre avec qui j'étais. Et je ne voulais pas que ce soit juste à cause de cette relation que j'en démissionne.
- Speaker #0
Tu ne voulais pas fuir ?
- Speaker #1
Je ne voulais pas fuir, c'est ça.
- Speaker #0
Et est-ce que tu arrives à mettre des mots sur justement qu'est-ce qui était la source de ta frustration ou de ces conflits entre vous ? Avec le recul, qu'est-ce que tu as compris ?
- Speaker #1
Moi, j'ai un grand besoin de liberté et d'autonomie. Donc, des fois, me retrouver dans des situations un peu infantilisantes. Des fois, ça arrivait que mon chef me demande de relire un mail. Relire un mail. Alors qu'à l'époque, j'avais 40 ans. Oui, 40 ans passés.
- Speaker #0
Mais relire ton mail ou relire ton mail ? relire mon mail avant que je puisse l'envoyer, avant que j'ai l'autorisation. Ah oui,
- Speaker #1
que lui, il voulait vérifier ton mail. Ah oui, ah oui, ah oui.
- Speaker #0
Donc, voilà, ça, c'était des choses qui étaient un peu compliquées aussi.
- Speaker #1
Toutes les erreurs à ne pas faire quand on manage des seniors, enfin, pas des seniors dans l'âge, mais des profils expérimentés.
- Speaker #0
En fait, je pense... Et ça, c'est le recul et mon analyse à moi aussi. Je pense que lui se sentait en insécurité dans sa propre position, avec sa propre hiérarchie, et qu'il avait besoin d'être rassuré. Et que moi, je ne le rassurais pas. Parce qu'il ne savait pas me comprendre, et il n'était pas sûr de mes réactions, pas sûr de mon mode de communication avec d'autres, même avec des prestataires de services. Moi, j'ai toujours eu des relations pratiquement… proche de l'amitié, des choses assez faciles, fluides, évidentes, à tutoyer, et pour autant à réussir à me faire respecter dans des relations professionnelles. Mais c'est ma façon de communiquer, j'ai aussi été élevée à l'étranger, en Afrique, à Tahiti, dans des zones où on ne vous voit pas. Moi j'ai vraiment un problème à vous voyez, c'est pas naturel en fait. Donc j'utilisais pas les mêmes codes que lui, j'étais pas dans le même mode d'organisation que lui, Merci. Donc, je pense que je ne le rassurais pas. En tout cas,
- Speaker #1
tu ne calmais pas ses propres angoisses par rapport à sa hiérarchie. Et surtout, j'entends qu'il n'arrivait pas à te contrôler.
- Speaker #0
Non, mais personne n'a à me contrôler, en fait. Donc, oui, bien sûr qu'il n'arrivait pas à me contrôler. Mais avec le recul... Peut-être que si on avait été accompagnés tous les deux, on aurait pu trouver des modes de communication pour aller l'un vers l'autre et de faire en sorte que moi aussi je comprenne son besoin et de pouvoir lui faire des comptes rendus peut-être plus formels. Enfin bref, peu importe. On aurait peut-être pu arriver à autre chose. On a quand même réussi à bosser pendant huit ans et on a fait des choses formidables, vraiment. Mais en tout cas, je ne voulais pas fuir et je ne voulais pas perdre. un métier qui me plaisait, dans un secteur qui me plaisait, avec... J'ai beaucoup voyagé pour le boulot, j'ai fait des choses vraiment fantastiques. Donc, voilà, il y avait plein d'autres choses qui, à chaque fois que je me posais la question, j'en peux plus, je démissionne. Ben non, en fait. Voilà. Et donc, tout ça pour en revenir au fait... Donc, j'ai suivi un coaching pour mieux vivre cette relation et donc, à réussir, moi, à prendre plus de recul et à reprendre les rênes là-dedans et à assumer ce qui se passait ou pas. Voilà. Et donc ça a duré un an et au bout d'un an, donc on est en octobre 2019, ce chef-là me demande de le retrouver dans le bureau du DRH et sur le coup vraiment je pense à une réunion, je pense à plein d'autres choses, et certainement pas à me retrouver devant eux deux avec un papier sur la table en disant « Sophie, tu signes là, tu prends tes affaires, tu rentres chez toi et tu ne reviens pas » . Donc, ce moment-là a été encore une fois un coup sur la tête. Donc,
- Speaker #1
il n'a pas reçu une convocation officielle ? Il n'y a pas tout un process normalement quand on veut licencier quelqu'un avec des lettres recommandées ?
- Speaker #0
Oui, tu peux en arriver là. Là, c'était une proposition de rupture conventionnelle.
- Speaker #1
Ah oui, mais qu'il n'a pas le droit de faire de son côté d'ailleurs. Mais OK.
- Speaker #0
Peu importe.
- Speaker #1
La rupture conventionnelle, pour rappel, doit être du fait du collaborateur et pas de l'employeur.
- Speaker #0
Aujourd'hui, en tout cas, je ne lui en veux pas d'avoir fait ça comme ça. J'en ai plutôt eu moi aussi des avantages. Mais tout ça pour dire qu'après huit ans de collaboration tous les deux, il a décidé que ça devait se terminer. C'était très violent. Heureusement que j'avais été suivie pendant un an parce que vraiment, ce que je vais vous raconter de la suite, ça va vous paraître peut-être exagéré. Mais en fait, je suis rentrée chez moi en pleurs. J'ai appelé mon mari en pleurs. C'était la fin du monde, je ne m'y attendais pas. J'étais en pleine organisation d'un séminaire qui avait lieu 15 jours après. J'abandonnais tout en plan vraiment. mes collègues aussi ma jeune apprentie aussi j'abandonnais tout et je ne pouvais plus rien faire et donc tout ça c'est un vrai déluge et bref je rentre à la maison mon mari rentre pas longtemps après moi. Et en ouvrant la porte, il me dit, bon, on ouvre une petite ou une grande bouteille de champagne ? Et là, tu fais, tu bugues, tu dis, mais de quoi tu parles là ? Il fait, ouais, mais en fait, ça fait tellement longtemps que tu es malheureuse, tellement longtemps que tu n'es pas bien. C'est peut-être une bonne chose, non ? Et ça, ça a été…
- Speaker #1
Plein de points bonus pour le mari Sophie, beau gosse
- Speaker #0
Il le sait, il le sait. Mais vraiment, c'est vraiment là, pour le coup, un soutien énorme. Et plus qu'un soutien, oui, un pilier, quelque chose sur lequel j'ai pu me raccrocher. Et là, qui fait que j'ai switché, en fait. Au lieu de vivre une situation, on m'a virée. Et bien là, et si ça pouvait être mieux après ? Et si ce n'était pas la meilleure chose qui pouvait t'arriver ?
- Speaker #1
Direct, ton mari, il a l'intelligence de te dire, allez, on fête ça, champagne.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Et donc, qu'est-ce qui se passe après le champagne ?
- Speaker #0
Qu'est-ce qui se passe après le champagne, c'est qu'est-ce qu'on fait après ? Est-ce que je retrouve un poste de salarié dans la communication au risque de retrouver des managers qui ne sont pas des managers ? Et cette relation bridante pour moi, quand j'ai parlé de liberté, j'ai vraiment l'impression que quand j'étais salariée, je ne me sentais pas libre d'avoir un cadre, d'avoir quelqu'un au-dessus de moi. Bon, bref, en tout cas. à ce moment-là, donc 2019, j'avais 43 ans. Pour moi, c'était fini le salariat pour moi. Je ne voulais plus ça. Je ne voulais pas retenter cette expérience de repostuler, de me sentir petite dans un cadre. Donc ça aussi, ça a été très clair pour moi, grâce au coaching, encore une fois, que j'avais fait avant. Et grâce au coaching que j'ai fait avant, j'ai découvert ce métier-là, qui a été vraiment très… efficaces pour moi, très parlants, très faciles. Et je me suis dit, je sais ce que je veux faire maintenant. Je vais enfin, et je dis enfin parce que je pense que, quand je suis sortie d'école de commerce, je voulais monter ma boîte et je ne l'ai pas fait. Et que j'avais cette envie d'être indépendante depuis toujours. Ma mère m'appelait le commandant quand j'étais gamine. C'est des petites choses aussi pareilles que j'ai retracées et je pense que j'avais euh... l'envie, le besoin de prendre les rênes et d'être indépendante. Et pendant 20 ans, je ne l'ai pas été. Et c'est aussi pour ça que j'ai été malheureuse en étant salariée. Et encore une fois, ce n'est que moi et mon histoire. Et donc là, c'était OK, maintenant, c'est le moment. Maintenant, j'essaye. Maintenant, je me lance. Et tout s'est aligné. Il y a des situations où les choses sont faciles. On est en 2020. Donc oui, c'est le Covid. Mais moi, je suis à la maison, je suis tranquille, je n'ai rien à me préoccuper en termes de sécurité par rapport à ma santé, d'aller voir des collègues, pas des collègues, un masque, pas un masque. J'étais chez moi, tranquille, et j'ai une grande maison et un très grand jardin. Mon mari, pareil, est venu à la maison au télétravail. Mes enfants sont rentrés de leur lycée à la maison. J'avais mon petit monde à côté de moi. C'était une vraie période super agréable. J'ai pu réfléchir, j'ai pu aller rencontrer des coachs en visio, ils étaient disponibles. J'ai eu beaucoup d'échanges avec plein de gens. Est-ce que c'est le bon choix ? Comment on fait pour être coach ? Quelle formation ? Comment on crée sa boîte ? Trouver des formations à la création d'entreprise, faire un bilan de compétences pour monter le dossier de création d'entreprise, pour faire une demande de financement de ma formation de coaching. Oui, ceux qui nous écoutent, vous pouvez vous accrocher. Oui, j'ai demandé à ce qu'on finance ma formation de coaching et elle a été financée par la région. Il y a beaucoup, beaucoup de dispositifs à la création d'emplois et à la formation et on ne sait pas toujours tout. Donc, tout le monde nous disait, maintenant le coaching, ce n'est pas un sujet finançable. Eh bien, si, les 5 000 euros de ma formation ont été financés.
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
Quand je dis que tout s'est aligné, je n'ai pas eu d'obstacle à cet élan-là de devenir indépendante, de me former et tout ça. Et vraiment, c'était une période géniale où j'ai beaucoup appris sur moi, où j'ai rencontré des personnes formidables. J'ai été certifiée en mai 2021. J'ai été en couveuse toute l'année 2021 pour tester le début de mon activité. J'ai créé mon activité en janvier 2022. Et il y en a, génial !
- Speaker #1
Et j'ai aucun regret.
- Speaker #0
Aucun regret de tout ça. Ça aurait pu être fait moins douloureusement, oui. Ça a été comme ça, mais des fois, c'est comme le sparadrap qu'on enlève. Des fois, il faut l'enlever d'un coup sec. Et voilà, j'ai eu le coup de pied aux fesses, le sparadrap à un coup sec, qui m'a fait réagir aussi et qui fait que j'ai fini par prendre des décisions qui étaient sous-jacentes depuis longtemps. Et voilà, là, j'ai fait.
- Speaker #1
Moi, ce que j'entends, c'est que le travail que tu as fait... Alors, du coup, c'est le moment autopromo pour deux coachs qui sont dans un podcast. Le travail que tu as fait avec ta coach en amont de tout ça, t'as permis finalement de gagner en clarté sur ce que tu voulais, ce qui t'animait. Et ça t'a permis, quand tu t'es retrouvée dans le trou, de rebondir hyper vite.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
C'est vraiment ça. Bravo à ta coach. Merci. Donc en fait, ce qui est intéressant avec toi, c'est que tu as eu l'effet de sparadrap et là, d'un seul coup, tu te dis « Ok, bon, maintenant, j'ai le droit de rêver à ce que j'ai vraiment envie de faire. » Et pendant quelques années avant ça, tu as été en souffrance, tu étais dans une relation pro qui était compliquée. Et pourtant, tu m'as dit « J'ai toujours eu envie d'être indépendante, d'être à mon compte. » Qu'est-ce qui fait que pendant que tu étais salarié... Tu ne te posais pas la question de partir pour monter ton truc ? C'était quoi tes doutes et tes peurs à ce moment-là quand tu étais salariée ? Pourquoi tu n'es pas partie de ton plein gré ?
- Speaker #0
En fait, quand j'étais en école de commerce, oui, il y a déjà des profils entrepreneuriaux de mes collègues de promo qui étaient déjà là aussi, et c'était un peu naturel de penser à ça. tu es dans des... dans des associations qui te poussent un petit peu à réfléchir à ces projets-là. Et après, je suis retournée dans la vie normale, on va dire, et autour de moi, je n'ai pas d'entrepreneur. Autour de moi, je n'ai personne qui m'a inspirée, qui m'a allumée cette étincelle, et c'est très vite éteinte. Et ce n'est pas un regret, parce que j'ai rencontré mon mari, parce que j'ai vécu des belles choses, parce que mes enfants sont venus, et quand aujourd'hui, je vois des femmes entrepreneurs qui se posent des questions, quand, comment, être enceinte, congé maternité, machin, enfin voilà. Moi, je ne me suis pas posé ces questions-là. Et avec le recul d'aujourd'hui, je me dis que c'est chouette aussi d'avoir été un peu plus en sécurité, en tout cas par le congé maternité et tout ça. Donc, c'est arrivé et c'est reparti presque aussi vite, cette envie d'entreprendre, parce que ce n'est pas mon environnement. Il a fallu vraiment qu'on me pousse dans mes retranchements en me disant, en fait, Sophie, tu veux quoi ? Sophie, tu veux quoi ? Enfin, Sophie, tu vis des expériences qui ne te conviennent pas. Au bout d'un moment, pose-toi les bonnes questions. Enfin, c'est presque un peu ça pour qu'il y ait ce coup de pied aux fesses et qu'on dit, maintenant, voilà, maintenant, tu as le choix. Maintenant, pose-toi les questions. Et j'étais armée pour avoir les réponses et pour y aller.
- Speaker #1
Donc, il y avait comme une belle endormie.
- Speaker #0
C'est ça, oui. C'est ce que je ressens là aussi. C'était un vrai réveil ce coup de pied, oui.
- Speaker #1
Moi, je me pose beaucoup la question de comment est-ce qu'en tant que femme, on peut être épanouie en tant que salariée. Ça, c'est vraiment un de mes sujets. Parce que tu vois, moi, contrairement à toi, je n'avais jamais eu envie d'être entrepreneur, d'être à mon compte. Moi, je voulais être salariée, plus grande boîte possible. Moi, mon rêve, c'est d'être au Codire. Et de plus en plus, je trouve que ce rêve devient difficile. Parce que si tu veux avoir une vie de famille, si tu veux avoir une vie à peu près équilibrée, ça paraît très difficile en étant salarié et en ayant une grosse carrière.
- Speaker #0
Oui, mais moi, je pense que c'est presque plus difficile d'avoir des enfants en étant indépendant. Peut-être de les faire.
- Speaker #1
de les faire en tant qu'indépendantes, mais après, à partir du moment où ils sont scolarisés, est-ce que c'est pas... Quand t'es indépendante, t'as plus de souplesse. Moi, j'ai l'impression que c'est ça qui fait beaucoup rêver les femmes autour de moi qui ont une quarantaine d'années, qui vraiment galèrent à gérer les sorties d'école, les nounous, parce que t'en es... Quand tes enfants, ils arrivent en primaire, t'en es à ta quoi, cinquième, sixième ? Facile. Facile, quoi. et qui rêvent de cette souplesse que tu as quand tu es à ton compte.
- Speaker #0
Effectivement, on a une grande souplesse, une grande liberté en termes d'horaire, mais on a aussi… En tout cas, quand tu as l'ambition de vouloir réussir ta vie professionnelle en tant qu'indépendante, de vouloir ramener des sous à la fin du mois en tant qu'indépendante, c'est autre chose aussi. Mais je pense que pour moi, ce n'est pas une question indépendante ou salariée, c'est une question de se poser les bonnes questions. question par rapport à c'est quoi mon équilibre c'est quoi ce qui est important pour moi est ce que c'est passer du temps avec mes enfants 80% et travailler 20% ou est ce que je me sentirais bien ou même mieux à être 20% avec mes enfants et 80% à travailler quel que soit le statut en fait il ya des questions qu'on se pose pas ou que certaines femmes se posent pas et qui du coup sont frustrées. Elles sont frustrées d'être au boulot et pas d'être à la maison. Elles sont frustrées à certains moments. Moi, j'ai été frustrée à certains moments d'être à la maison et de ne pas bosser. Je me suis retrouvée à une période de chômage avec mes enfants, mais ce n'était pas chouette pour moi. Ce n'était pas une période chouette. Donc, pour moi, l'équilibre, il est vraiment à se poser les questions de qu'est-ce qu'on veut et se donner les moyens d'aller d'un côté ou de l'autre.
- Speaker #1
Je suis d'accord avec toi. Il faut se poser cette question-là. à quel point Pourcentage, on a envie d'être avec les enfants, présent physiquement, mais aussi présent mentalement. Parce que moi, quand j'étais salariée, souvent j'étais présente physiquement, mais mentalement, je n'étais pas du tout là. Il y a quand même un sujet de société qui est que quand, en tant que femme, à un moment, on priorise la vie de famille et les enfants, si à 40, 45, 50 ans, le couple s'écrase, comme ça arrive dans la moitié des cas, les femmes se retrouvent dans une précarité qui est un vrai sujet. Parce que... J'ai un peu de l'actualité,
- Speaker #0
parce que même sans parler d'explosion de couple, moi, quand j'ai fait ma simulation pour ma retraite et que j'ai vu l'incidence que ma maternité avait sur... ma retraite, les temps de chômage aussi. Ce n'est pas le lien direct entre le congé maternité et la retraite, mais c'est le lien entre j'ai des enfants, donc j'ai une période d'arrêt, donc je n'ai pas de progression professionnelle, de promotion à ce moment-là. Donc, je n'ai pas au bout de 10 ans le même salaire que mon mari avec le même temps parce que moi, j'ai eu des temps de pause. Et c'est ça pour moi qui fait la différence et la précarité. Ce n'est même pas la question de je suis en couple et je ne suis pas en couple. C'est quand je fais des enfants, il y a… un temps d'arrêt à la carrière et donc à des capacités de promotion et d'augmentation et tout ça. Moi, c'est comme ça que je le vois et factuellement, c'est là. Effectivement.
- Speaker #1
Donc, il y a quand même ce challenge que l'on a toutes, c'est comment est-ce que j'ai une carrière épanouissante ? Comment est-ce que j'arrive à garder du temps pour être présente comme je le souhaite ? avec ma famille et comment est-ce que j'assure mon avenir financier. Oui. Trouver la recette magique entre les trois, elle n'est pas évidente. En tout cas, pour toutes celles qui l'ont trouvée, mon adresse mail est donc elvire.rechange.com. Je suis vraiment preneuse de vos recettes là-dessus aussi. Mais c'est un vrai challenge et en même temps... on ne saura jamais. Il y a un moment, on prend des décisions à un moment donné qui nous semblent justes, qui nous semblent importantes et puis on s'adapte et on a tous une capacité à rebondir en cas de besoin. En tout cas, c'est quelque chose que tu nous as prouvé avec ton parcours. On arrive à la fin du podcast. J'ai trois questions que j'aime bien poser. Si tu avais un énorme panneau d'affichage dans une grande ville avec énormément de passages et que tu pouvais y afficher tout ce que tu veux, qu'est-ce que tu nous mettrais sur ce panneau ? Ton message au monde. Ça peut être ton mantra, ta philosophie.
- Speaker #0
Ma philosophie et mon mantra, c'est la vie est trop courte pour s'emmerder avec des cons et avec des conneries. La vie est belle. si c'est pas votre ressenti faites quelque chose allez voir des coachs pour vous débarrasser des cailloux dans la chaussure et pour pouvoir enlever les cons et les conneries de votre vie pour vivre pleinement votre vie et
- Speaker #1
si tu te retrouvais face à Sophie donc toi à 10 ans qu'est-ce que tu lui donnerais comme conseil ?
- Speaker #0
ça va bien se passer ça va bien se passer.
- Speaker #1
Et quelles décisions tu aimerais prendre aujourd'hui, mais tu n'oses pas encore ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si j'en ai encore des décisions que je n'ai pas encore prises, en tout cas qui sont présentes et que je n'ai pas encore prises. Parce qu'aujourd'hui, j'essaie vraiment d'agir. Je sais me donner les moyens de faire ce que je veux. Donc, tout n'est pas encore écrit, il y a plein encore de doutes, il y a plein d'autres envies, mais en tout cas, à aujourd'hui, j'ai actionné tout ce que je voulais actionner. Et me laisser porter, c'est quand même aussi quelque chose qui est agréable. Et le « ça va bien se passer » , je me le dis à moi aussi maintenant, et de me faire confiance et de faire confiance à la vie, voilà, pour moi, c'est super chouette aussi.
- Speaker #1
Je vais te faire une question subsidiaire. Si tu étais face à quelqu'un qui manquait de courage, quel est le conseil que tu lui donnerais ?
- Speaker #0
Quelle est la plus petite chose que tu peux faire facilement pour avancer ? Ça paraît une rhétorique, une réponse assez simple. Dans le milieu du coaching, c'est des choses qu'on entend très souvent. Mais c'est vraiment ça. Si demain, tu me dis qu'on va grimper l'Everest, forcément, ça me paraît inaccessible. Mais si demain, tu me dis qu'on va faire 20 minutes de course à pied, en se disant que ça peut peut-être nous entraîner à aller sur l'Everest dans deux ans, dans trois ans, demain, en tout cas, je peux dire 20 minutes de course, oui.
- Speaker #1
Manger l'éléphant par petit ou.
- Speaker #0
Exactement, j'adore celle-là aussi.
- Speaker #1
Excellent. Bon, sinon, on parlait des formes, mais on peut aussi parler de girafe, puisque tu es l'auteur d'un livre qui s'appelle « Le jour où j'ai mis mes lunettes de girafe » . Peux-tu nous en dire un petit peu plus sur ton livre ?
- Speaker #0
Ce livre, c'est beaucoup de choses. Beaucoup ne le savent pas, mais la girafe, c'est l'emblème de la communication non-violente. C'est l'animal terrestre avec le plus grand cou. Donc, il fait qu'elle prend de la hauteur sur les événements et c'est elle qui a le plus gros cœur, l'animal terrestre qui a le plus gros cœur. Et la communication violente, c'est une communication de cœur à cœur où on va vraiment à l'avant l'un de l'autre. Donc, ça, c'est une analogie qui est très présente dans ma vie. Je m'appelle Sophie et forcément, tout le monde pourra penser à Sophie la girafe, mais je ne fais pas pouet-pouet. Et puis, j'ai vécu de nombreuses années dans mon enfance en Afrique. Donc, c'est aussi un animal qui a fait partie de ma vie et qui continue à en faire partie. Donc, ceci étant dit, le jour où j'ai mis mes lunettes de girafe, en fait, c'est… Je raconte un petit peu mon parcours, dont vous avez entendu des passages tout à l'heure. C'est comment j'ai mis des nouvelles lunettes sur ma vie, comment j'ai vu ma vie différemment, en fait. C'est comme ça que je vois les choses. Et forcément, ça commence avec le décès de ma sœur Julie et de toutes les péripéties et prises de conscience qui ont suivi après. Et donc, je vous partage ces prises de conscience et des anecdotes avec mes collègues, avec mes enfants, avec mon mari. Je vous emmène en voyage au pays de la girafe. Et c'est aussi un cahier d'autocoaching. Vous y trouverez des exercices que j'ai faits avant, que j'ai été coachée et maintenant que je suis coach aussi. Des outils que j'utilise beaucoup pour pouvoir se poser des questions, pour pouvoir faire un peu le bilan dans sa vie, pour pouvoir savoir quel est son équilibre. Tu parlais tout à l'heure équilibre vie pro, vie perso, des choses comme ça. Je vous invite aussi à quelques réflexions sur vous-même, vos parcours et vos envies.
- Speaker #1
C'est donc un livre qui... bien sûr, va vous inspirer, va vous émouvoir et aussi vous donner des idées pour vous faire avancer dans vos réflexions. C'est un ouvrage que je recommande chaudement et vous pouvez le retrouver sur le site, sur le LinkedIn. Vous aurez le lien via le LinkedIn de Sophie. Sophie, je tiens à le dire, c'est une personne d'une très grande générosité, qui est très solaire. Vous ne le voyez peut-être pas. Mais c'est quelqu'un qui adore donner avant même de chercher si elle va recevoir. Je vous recommande vraiment de la suivre et de découvrir tout son travail. Merci d'avoir été l'invité de The Patron. Et je te dis à très bientôt, Sophie.
- Speaker #0
À bientôt, Elvire. Merci encore pour tout.
- Speaker #1
Merci à toi d'être restée jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura inspirée. Et tiens, laisse-moi en commentaire quelle partie t'a le plus marquée. le podcast te plaît, écoute, ça me ferait super plaisir que tu en parles autour de toi, que tu laisses un avis et un commentaire sur les plateformes. Vraiment, c'est un énorme pouce. Donc, merci d'avance pour ça. Et on se retrouve très bientôt dans un prochain épisode. Il y a plein de super invités qui arrivent. Donc, merci, merci d'être patient. Le montage est artisanal, mais ce n'est pas grave. Ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est de démarrer. Et voilà, quel que soit ton projet. Prends un petit pas vers ton projet. Allez,
- Speaker #0
à très vite. Sous-