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The Patronne

#14 Mathilde : accepter les mains tendues et soigner la plaie au delà du joli pansement

#14 Mathilde : accepter les mains tendues et soigner la plaie au delà du joli pansement

54min |16/06/2025
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54min |16/06/2025
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Description

Mathilde a 18 ans lorsqu'une roche lui tombe sur la tête.


Elle vient de boucler ses partiels de fin d'année et rentre en TER à Grenoble


Le wagon est presque vide


Elle choisit un siège dans un carré près de la fenêtre


Celle-ci est ouverte pour donner un peu d'air dans ce wagon sans clim


Depuis plusieurs jours, deux jeunes caillassent les trains qui passent


Certainement pour tuer leur ennui


Ils ne réalisent pas que ces projectiles vont réussir à passer par la fenêtre


et fracasser le crâne de Mathilde



Elle se retrouve entre la vie et la mort ; à 18 ans


Elle choisit la vie avec une force impressionnante


Si les médecins ne peuvent pas lui garantir si et quand elle pourra remarcher ; elle décide que "ça va le faire"


Et ça le fait


Elle avance dans la vie tête baissée et affronte tous les obstacles.


Avec son conjoint Thibault, elle ouvre Charnu, un bistrot où tout est cohérent et recherché


En 2024, Mathilde se rend compte que son moral n'est pas au rdv; qu'il y a quelque chose qui cloche


Et qu'elle ne veut plus faire la voiture bélier


Dans ce nouvel épisode du podcast, Mathilde évoque:

🪩 les hauts et les bas de l'entreprenariat

🪩 comment être une battante sans ignorer ses émotions

🪩 son changement radical d'opinion sur la santé mentale


Retrouvez Mathilde chez Charnu : https://www.charnu.fr/


suivez moi sur Linkedin www.linkedin.com/in/elvire-blasset-9327bb10


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne peux pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie en me disant que je n'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté et c'est encore plus rassurant en fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les... prise de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que le chaos intérieur que tu vis est normal et que ça doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on sort jamais de sa zone de confort. On l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non, que ce soit ton boss. qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, j'accueille Mathilde Landais. Elle a ouvert avec son partenaire à la salle et dans la vie, Thibaut Schneider, un restaurant bistrot qui s'appelle Charnu, qui travaille les produits locaux et qui propose une cuisine simple, revisitée et extrêmement savoureuse. Bienvenue Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Alors Mathilde, bien entendu, nous allons parler de ce restaurant et de ce projet qui est un énorme projet pour toi parce qu'à seulement 33 ans, ouvrir son propre restaurant, ça a beaucoup d'implications et j'imagine énormément de galères. Mais avant ça, je voudrais que tu nous racontes qu'est-ce qui t'a donné envie d'ouvrir ton restaurant ? D'où venait le projet ?

  • Speaker #0

    Alors je pense que le projet d'ouvrir un restaurant, c'est un petit peu comme tous les entrepreneurs, c'est d'être... autonome. C'est de faire les choses pour soi et plus pour quelqu'un d'autre. Et je pense que c'est pour ça que les gens se lancent à un moment donné dans leur vie, c'est pour être autonome et pour vraiment faire les choses pour soi et se faire plaisir à soi et avoir à répondre en fait à soi.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une ambition créative, c'est-à-dire d'avoir le restaurant qui a le look que tu veux, mais aussi les assiettes ? qui répondent à ton exigence esthétique ? Ou est-ce que c'est aussi parce que tu n'aimes pas trop répondre à l'autorité des autres ?

  • Speaker #0

    Il y a un petit côté, je pense, où j'en avais marre de l'autorité des autres. J'en avais un peu marre qu'on me dise quoi faire. Oui, c'est ça, de vraiment répondre, et des fois bêtement, à des choses qui étaient demandées, alors que je n'en voyais peut-être pas l'utilité à chaque fois. Donc je pense que c'est vraiment ressorti de ça, en me disant, voilà, maintenant je suis chez moi.

  • Speaker #1

    je fais comme j'ai envie et ça c'est cool quand tu dis je fais ce que j'ai envie je fais les choses pour moi et en même temps t'es dans un métier de service donc tu fais aussi les choses pour les clients c'est plus facile pour

  • Speaker #0

    les clients mais on y met tout ce en quoi on croit on va dire vraiment ce restaurant on l'a ouvert avec beaucoup d'envie et Et... Beaucoup de choses à transmettre, je pense que c'est vraiment le mot. Transmettre aux gens, aux clients qui viennent chez nous, cet amour de la nourriture, du bon vin, du bien manger, et surtout du manger local et du manger un petit peu écologique, on va dire. Vraiment essayer de respecter, je dis la planète en global, mais respecter juste l'environnement qui nous entoure et juste montrer aux gens que c'est faisable. que c'est faisable d'aller au supermarché et de ne pas prendre une tomate en hiver parce qu'on a envie d'une ratatouille. C'est faisable, ça se fait. On peut assaisonner, on peut trouver quelque chose avec sa patate douce, on peut venir modifier, faire des assaisonnements, faire des mélanges. C'est vraiment l'idée aujourd'hui, je pense, de ce restaurant, c'est de montrer aux gens que c'est largement faisable et que c'est cool en plus.

  • Speaker #1

    Ouais, que c'est cool. Et c'est vrai que c'est pas évident de... Quand je pense... À tout ce que l'on entend sur la provenance des aliments, sur le fait de limiter aussi la consommation de viande. Quels sont, toi, tes arbitrages et tes partis pris dans la sélection de tes plats ?

  • Speaker #0

    On est sur une pêche qui est nord, atlantique nord. Donc, on essaie vraiment de ne pas descendre plus bas pour ne pas avoir trop de transport. Pareil sur les viandes, on essaie vraiment d'avoir des viandes locales. En général, on a des viandes toujours assez similaires, mais parce qu'on fait ce qu'on a dans la région. Il y a pas mal de cochons, un petit peu d'agneaux, et on travaille aussi beaucoup les volailles. Il y a un monsieur qui s'appelle M. Oued qui a Grémy-Villers qui fait ses volailles et qui fait pousser son blé pour nourrir ses volailles. Donc là, on est vraiment dans nous ce qu'on cherche. C'est-à-dire que le monsieur de A à Z, il sait ce qu'il y a dans son produit. Quand il nous ramène ses volailles, c'est des volailles énormes qui font 2,3 kg à 2,8 kg. C'est magnifique à travailler et nous, on est super contents. Et pareil, du coup, sur le légume, on a un seul maraîcher. Voilà, on en a un. Et quand il n'a pas, il n'a pas. C'est tout.

  • Speaker #1

    Donc, tu changes ta carte.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, on change la carte assez régulièrement. Dès qu'on sent que ça tourne un petit peu en rond, qu'on a envie de modifier, on ne se prive pas, en fait. On n'a pas de timing du tout. Il y a un truc qui s'en va, il y a quelque chose qui revient. Il n'y a plus de ça. On va faire comme ça. On modifie un petit peu. On change les façons de cuire. Vraiment, on modifie nos assiettes. mais quand ça nous chante ?

  • Speaker #1

    Tu parlais du monsieur qui élève ses volailles et qui aussi contrôle la nourriture qu'il leur donne. J'ai écouté ce matin un podcast justement sur l'alimentation et justement, c'était aux Etats-Unis, il faut voir la tête de l'industrie des poulets aux Etats-Unis, ils sont tous nettoyés à la javel. mais en plus le spécialiste évoquait le fait qu'ils étaient élevés dans des temps records, je crois en moins de huit semaines ou neuf semaines avant d'être tués, et que pour grandir et grossir, avoir des beaux filets, ils étaient nourris avec plein d'hormones et des farines, où il y a 20 milliards de choses dedans. Comment toi tu fais ? Là, tu as cet exemple-là de l'éleveur, mais... Comment tu arrives à t'assurer que justement tous les produits que tu sources, eux-mêmes, les élevages sont nourris avec la bonne nourriture ? Comment est-ce que tu sélectionnes ?

  • Speaker #0

    On a fait déjà une grosse sélection à la base. Quand on est arrivé, juste avant qu'on achète, ça a été tout notre cheminement au début, c'est de faire un petit peu le tour de certains, parce qu'on ne venait pas du tout de la région. de certains producteurs pour voir un petit peu comment ils travaillent ici, écouter un petit peu les gens. On s'est renseignés comme ça, le bouche à oreille. Ça, par exemple, l'éleveur, c'est une connaissance qui m'a donné le nom, qui a dit qu'il travaillait super bien. Donc, beaucoup de bouche à oreille et on aime bien aller visiter. Le maraîcher, quand je l'appelle un petit peu en dernière nuit pour ajouter des légumes et qu'il n'est pas là, il me fait venir dans son champ. Je vais chercher mes légumes dans le champ. Je connais son champ, je sais où il est, je sais comment il travaille. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et ça doit se ressentir dans l'assiette parce que j'espère à chaque fois que quand tu choisis bien tes produits, le goût est encore plus présent.

  • Speaker #0

    C'est arrivé au tout début, j'étais en cuisine. Un jour où je n'avais pas trop le temps, j'ai mis mes patates douces dans le thermomix pour faire une purée. J'ai mis un petit peu de crème et je ne les ai pas assaisonnées. En me disant que j'assaisonnerais après, je n'ai pas le temps. Une fois que j'ai mixé, tout était chaud, j'ai goûté. J'ai goûté la pâte à douce et j'ai dit, je ne vais même pas l'assaisonner. J'ai dit, en fait, c'est ça le goût d'un vrai légume. Depuis, on assaisonne après, on rectifie de temps en temps. Mais là, la pâte à douce, je me souviens d'avoir dit, je ne mets pas plus. Je ne mets pas plus, elle se suffit, tout va bien. Et c'est génial d'avoir ces gens qui travaillent très bien et qui te font redécouvrir le goût d'un vrai légume.

  • Speaker #1

    Tu me le disais juste avant que tu n'utilisais pas de gingembre. Tu n'utilises pas de citronnelle, tu n'utilises pas toutes ces épices ou ces herbes qui ne sont pas locales. Ça doit être un sacré challenge quand même pour rester tout autant créatif, mais avec finalement un terrain de jeu plus limité.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais je pense que c'est ce qui est aussi important aujourd'hui, c'est de, comme je disais, un petit peu montrer aux gens que c'est faisable de ne pas forcément aller chercher. Je ne dis pas qu'il ne faut pas, j'adore ce genre de cuisine. J'adore, moi j'adore aller... tout ce qui est un petit peu asiatique, le gingembre. On a plein de copains à Paris qui cuisinent avec tout ce genre d'ingrédients et c'est absolument exceptionnel. Mais moi, c'est vrai que je voulais vraiment que ce soit local. Et oui, des fois, je sens que c'est un petit peu plus compliqué. Et en même temps, je pense que ça amène à travailler le produit différemment et vraiment à venir chercher les goûts plus profondément ou différemment, un peu plus comme on le faisait avant, je dirais. vraiment venir travailler le produit, se creuser la tête. Ouais.

  • Speaker #1

    Yeah. C'est un sacré défi, en fait. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On a toujours à la carte un plat végé. Et il y a plein de gens ici quand même qui sont très viandes, donc qui ne nous le prennent pas forcément, qui hésitent. Et quand ils le prennent, ils sont toujours très surpris. Et ils nous disent « Waouh, le végé, c'était vraiment super ! » et tout. Et moi, je leur explique à chaque fois que ça reste un plat avec que des légumes. Et pour surprendre tout le monde, en fait, on se creuse la tête à le travailler de la meilleure des façons. Donc en vrai, oui, chez nous, tout ce qui est un petit peu végé... Déjà, il n'y a que des légumes en garniture, mais tout ce qui est végé, c'est... C'est là où on amène le plus de travail.

  • Speaker #1

    Quand tu dis qu'il n'y a que des légumes en garniture, c'est-à-dire que tu ne fais pas de riz et pas de pâtes ? Ni de semoule ? Non.

  • Speaker #0

    En plat du jour, sur notre formule du déjeuner, on fait un petit peu plus de pâtes, de riz, de semoule. Mais sur nos plats à la carte, non, on est vraiment sur un gros travail du légume en garniture. Pas de patates. Ils en font tous à côté, donc on s'est dit pas de patates. Pas de frites.

  • Speaker #1

    Pas de frites, pas de patates. Non. Ah ouais. Tu mets des beaux challenges en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. On fait quand même des poulets du dimanche de temps en temps. Donc poulet patate, celui-là, on ne va pas trop bien le modifier. Mais non, sur notre carte, on est très, très légumes. On aime vraiment venir travailler et surprendre parce qu'il y a plein de gens qui n'aiment pas, qui ne connaissent pas, qui ne savent pas. Le chouquel, le topinambour. C'est cool de surprendre les gens.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous n'êtes pas du tout de la région. Effectivement, avant, vous étiez à Paris.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quelle idée de venir à la Borlée, dans l'Oise ?

  • Speaker #0

    On a quitté Paris, en fait, pour aller à Méribel. Sauf qu'on n'a pas pu terminer ce qu'on devait faire à Méribel. Donc, on a voulu revenir un petit peu vers les sources, on va dire aux gens qu'on connaissait. Mais moi, je ne voulais pas revivre à Paris. Je voulais de la campagne, de la verdure, je voulais pouvoir respirer un peu. Donc, le compromis, c'était de trouver quelque chose aux alentours. Et en fait, la maman de Thibaut s'est installée à Coix-la-Forêt, donc à côté de Chantilly, il y a cinq ans. Et donc, on a commencé à venir de plus en plus souvent. Et on s'est dit que c'était un bon compromis, en fait, entre ce côté campagne et ce côté Paris. C'est-à-dire que Paris, de Coix-la-Forêt, c'est à 20 minutes en train. C'est la porte à côté, en vrai. Donc, c'était notre petit compromis.

  • Speaker #1

    Super. On va y revenir. Justement, le restaurant et les challenges de cette ouverture de restaurant. Avant ça, j'aimerais qu'on évoque un moment qui a été difficile et qui a beaucoup influencé ta trajectoire et qui t'a demandé énormément de courage pour surmonter ce défi. C'est que tu as eu un accident complètement... En anglais, on dit « freak accident » . Donc, un accident qui est atypique, un accident de train, mais ce n'est pas le train qui a déraillé. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. C'était en 2009. Je venais juste de terminer tous mes examens de PTH et je repartais vers Grenoble pour aller fêter ça avec tous mes copains de l'année. Et en fait, entre Chambéry et Grenoble, la fenêtre du train était ouverte c'était des anciens TER un peu vieux et en fait je me suis pris une pierre qui est passée dans cette fenêtre ouverte et qui est tombée directement sur ma tête donc là c'est le blackout complet je n'ai pas très très peu de souvenirs je me souviens de Trou Noir je me souviens de Mettre Réveillé un petit peu après c'était l'époque où on n'avait pas beaucoup de de SMS et d'appels. Donc en fait, à ces moments-là, j'appelais ma maman. Elle ne me répondait pas et elle me rappelait. Donc à ce moment-là, c'est ce qui s'est passé. Je n'avais plus de batterie. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont voulu l'appeler, mais elle n'a pas décroché tout de suite parce que c'était le rituel de dire « c'est moi qui te rappelle, j'ai plus de crédit sur mon téléphone » . Et en fait, ils sont allés jusqu'à l'arrêt d'après et je me suis emmenée par les pompiers directement au CHU de Grenoble.

  • Speaker #1

    Donc la roche est tombée, mais elle a été jetée.

  • Speaker #0

    Elle a été jetée, oui, par deux petits jeunes qui s'amusaient depuis quelques semaines à juste caillasser le train.

  • Speaker #1

    Ok, parce que c'est drôle.

  • Speaker #0

    Parce que j'imagine que ça les occupait, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, la probabilité, évidemment, pour que cet énorme caillou passe par la fenêtre et tombe sur ta tête était moins importante que de gagner au loto. Donc, j'espère que tu as rejoué au loto depuis.

  • Speaker #0

    Je n'ai même pas joué au loto depuis. J'attends que quelqu'un gagne pour moi parce que je suis très nulle au jeu de marchand et de chance. C'est vrai que j'étais dans une place de quatre. C'est-à-dire que j'aurais été assise à la place d'à côté et ce ne serait rien passé. J'étais vraiment à la place où ça m'est tombé dessus.

  • Speaker #1

    Tu étais toute seule d'entrée ou tu étais avec des copains du coup ?

  • Speaker #0

    J'étais toute seule, mais dans le wagon, on devait être 3-4 je crois. Et avec beaucoup de chance quand même, il me semble que la demoiselle à côté de moi, dans le rayon d'à côté, elle était en école d'infirmière.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Oui, quand même, petit peu de chance dans tout ça.

  • Speaker #1

    Donc elle a pu prendre soin de toi ? Sans aller dans les détails, parce qu'on a du mal à imaginer la scène. Donc, tu es dans un carré de quatre. Il y a un caillou qui passe par la fenêtre, qui tape ta tête. Ça t'assomme. Ça t'ouvre la tête ?

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que j'ai perdu pas mal de sang. Ça devait être un peu un record.

  • Speaker #1

    Donc, ça se remarque. Ce n'est pas juste que tu t'es assoupie. Et tout de suite, il y a un branle-bas de combat dans le wagon.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça, tout de suite. Je crois que la... La contrôleuse arrivait à ce moment-là et vu qu'elle avait entendu juste avant les gamins caillasser le train, elle était déjà au téléphone avec le contrôle ou quelqu'un au-dessus en disant ça s'est encore passé. Et en fait, je crois qu'elle est rentrée à ce moment-là et du coup, elle était déjà au téléphone avec quelqu'un. C'est vrai que ça allait aussi très très vite, j'imagine, pour téléphoner au secours. Elle était déjà en train de prévenir pour autre chose. Donc ça s'est enchaîné.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, toi, tu perds connaissance, t'es pris en charge par les pompiers. Oui. Tu arrives à l'hôpital. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    À l'hôpital, j'ai de vagues souvenirs. Oui, j'arrive. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde autour. Je sens qu'on prend des ciseaux pour m'enlever mes vêtements, tout ça. Et derrière, je ne sais plus exactement. Je pense qu'on m'endort assez rapidement pour aller voir ce qui se passe, du coup, sur ma tête. Et je me réveille quelques heures après. En fait, oui. Le caillou est tombé du côté gauche. Je pense qu'il fallait raser et enlever tous les petits morceaux de crâne qui s'étaient un peu fissurés. J'ai été opérée tout de suite pour ça. Ils m'ont refermée avec le trou. Le lendemain, j'ai fait une hémorragie de l'autre côté. On m'a recouvert le lendemain, en anesthésie générale, pour enlever l'hématome qui s'était formé de l'autre côté. Et après, on m'a refermée, j'ai fait trois jours en soins intensifs, une semaine en chambre d'hôpital normal, et après je suis montée à Saint-Hilaire-du-Touvet à l'époque, c'est là où il y avait la rééducation, c'était un grand bâtiment de rééducation dédié au trauma physique et crânien également.

  • Speaker #1

    Parce que c'était quoi tes séquelles ? Merci.

  • Speaker #0

    Sur le coup, j'ai une hémiplégie du côté droit. Je ne peux plus du tout utiliser tout mon côté droit. La mâchoire et le bras et l'épaule reviennent assez rapidement dans les 4-5 premiers jours. Et en fait, la jambe, je l'ai récupérée vraiment sur les deux mois de rééducation. J'ai fait du fauteuil roulant pendant trois bonnes semaines, je pense.

  • Speaker #1

    Quand tu dis que tu récupères la mâchoire, ça veut dire qu'au début, tu devais avoir du mal à parler ?

  • Speaker #0

    Oui. Je parlais pas, j'avais du mal à parler, à boire, je comprenais pas trop. Un peu quand on sortait le dentiste et qu'il nous a anesthésiés, c'était exactement pareil. J'avais la sensation. Le bras, c'était pareil. Je pouvais le soulever, mais comme si on m'avait mis des poids énormes dessus. J'arrivais pas à faire grand-chose. De toute façon, j'étais allongée dans un lit, on s'occupait de moi, donc j'avais pas grand-chose à faire non plus.

  • Speaker #1

    On dirait presque que tu étais dans un spa quand tu en parles comme ça. j'imagine que Quand tu dépasses le choc et donc le côté assommé, tu penses à quoi ? C'est quoi ton état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me réveille très... Je pense que le monde autour de moi est beaucoup plus paniqué que moi. Moi, je me réveille, je ne sais pas en vrai ce que j'ai, je ne sais pas trop ce qui s'est passé, je n'ai pas vraiment suivi les opérations, les enchaînements, j'étais là sans être là. En vrai, je me réveille, moi, je suis là, voilà. Je suis là, ça va, bonjour tout le monde. Ouais, vraiment, j'ai pas trop ce côté stressant au début ou panique de ce qui s'est passé parce que je pense que je me rends pas compte de ce qui s'est passé. Je sais juste que j'ai trois tuyaux accrochés à ma tête sur les premiers jours pour pouvoir drainer le sang, faire circuler. Voilà, je passe pas des super nuits, la réa, vous avez des tubes partout, des machins, ça sonne, ça bipse.

  • Speaker #1

    Tu as la tête rasée en plus ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai la tête rasée. Et je crois que la première fois que je m'en rends vraiment compte... Je crois que c'est mes parents qui viennent me voir. J'ai le droit de descendre à la cafette. Donc, on prend le fauteuil roulant. Et je crois qu'il y a un miroir dans l'ascenseur. Et il me semble que ma tête est un peu choquée. Mais c'est marrant parce que je n'ai pas du tout ce souvenir-là. Je n'ai pas du tout ce souvenir d'avoir été traumatisée parce que je n'avais plus de cheveux. Parce que mes cheveux, ce n'est pas une grande histoire d'amour. Mes cheveux, ils sont là. C'est cool. je ne suis pas comme ces meufs qui adorent avoir les cheveux longs, c'est vraiment un signe de féminité, tout ça. Moi, mes cheveux, ils sont là, ils ne sont pas là. Quand je vais chez le coiffeur et qu'elle coupe 15 cm, je me dis non, mais je n'ai pas payé pour ça.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Donc non, en vrai, je ne vais pas trop réaliser tout de suite. Mais si tu veux, on te fera faire une perruque et tout. Moi, j'étais dans mon... Ça allait, ça allait. Non, mais ne vous inquiétez pas.

  • Speaker #1

    Tout va bien.

  • Speaker #0

    On verra bien, on verra bien. De toute façon, on verra bien. Je pense que j'étais vraiment dans l'optique, il n'y a rien qui est écrit. puis j'avais vu quand même deux trois médecins qui nous avait expliqué que c'était quoi qu'il arrive des connexions neurologiques qui s'étaient séparées. Donc en fait, j'avais zéro timing. Je ne sais pas, personne ne savait combien de temps j'allais mettre à remettre, si j'allais m'en remettre, si j'allais marcher, pas marcher, garder un boîtage, un handicap. Vraiment, c'était l'inconnu total, autant pour eux que pour moi. Donc voilà, allons-y.

  • Speaker #1

    Alors, la plupart des gens qui écoutent ce podcast se diraient, mais moi je serais en... panique de ne pas savoir, de ne pas avoir de réponse, d'avoir aucune deadline. Et toi, en fait, on dirait que ça t'a presque soulagée qu'il y ait un champ des possibles qui soit ouvert.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça. Je pense que c'est le champ des possibles en me disant autant ça va être dur, autant je vais tout récupérer. Et j'étais vraiment dans cette optique un peu battante. Je disais à tout le monde, ne vous inquiétez pas, je vais skier cet hiver. Tout le monde regardait. Oui, Mathilde, tu vas skier cet hiver. Mais je pense que c'est ce qui m'a vraiment boostée. Et je me suis retrouvée dans un hôpital de rééducation avec des gens avec des... Je pense que c'est là toute la différence, avec des vrais paraplégiques. C'est-à-dire qu'elles étaient physiques, les mecs s'étaient fait mal, ou ils avaient des accidents de parapente ou des choses comme ça. Et moi, à côté, en fait, je n'avais pas ça. C'était pas... Ce n'était pas mon corps qui était physiquement abîmé, c'était mes connexions neurones, on va dire. J'ai vraiment laissé la chance en disant, on verra. Je les voyais tellement tous dans leur fauteuil roulant, les trucs avançaient tout seuls. C'était soit la moi qui était touchée, soit la colonne, tout ça. Là, c'est physique. On sait que c'est réparable ou pas. Moi, en fait, vu qu'il n'y avait pas de... Il n'y avait pas ça. Il n'y avait pas de choses faites ou pas faites. Donc, c'était au destin de décider. donc je l'ai un peu laissé faire

  • Speaker #1

    En fait, il n'y avait pas de problème mécanique.

  • Speaker #0

    C'est ça, il n'y avait pas de mécanique.

  • Speaker #1

    Et du coup, la magie de la neuroplasticité a suffi pour te donner de l'espoir. Les connexions neurologiques allaient se refaire. Et c'est vrai d'ailleurs que ce n'est pas parce que tu abîmes une connexion que tu détruis une connexion entre deux neurones. Le cerveau trouve un autre chemin. C'est assez magique d'ailleurs. Et c'est pour ça qu'on est tous capables de changer nos mauvaises habitudes. Parce que nous avons tous cette neuroplasticité. En tout cas, toi, ça t'a donné de l'espoir et ça t'a permis de rester positive et battante.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis vraiment restée dans cette optique, ça va le faire. Voilà, ça va le faire. Je ne savais pas en combien de temps, je ne savais pas comment, mais vraiment, à l'époque, il n'y a pas un moment où je me suis dit mince, je vais finir ma vie en fauteuil roulant. Ça ne m'a pas traversé l'esprit. Je les voyais ça en fauteuil roulant, mais ce n'était pas moi. Ce n'était pas le même problème.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que là, quand on parle, ça paraît presque de l'inconscience, du déni.

  • Speaker #0

    Je pense que c'était ça. Maintenant que je travaille un petit peu, je pense que oui, c'était… Oui, j'ai fermé plein de… J'ai même, je pense, un peu fermé les yeux en me disant « je fonce tête baissée, on le voit » . De toute façon, ça ne peut pas être pire. Je pense que je me suis dit « de toute façon, ça ne peut pas être pire » . Ça ne peut pas m'enlever la deuxième jambe. Donc, dans l'idée… allons-y, on va voir ce qui se passe. Et la prise en charge là-haut, c'était au milieu de la montagne à Grenoble, donc vraiment sur les hauteurs du Vercors, c'était déjà incroyable. Et vraiment, la prise en charge, on vit des moments assez exceptionnels avec des gens assez exceptionnels aussi, donc ça aide beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ressenti de la colère ?

  • Speaker #0

    Oula, je pense que j'en ai encore beaucoup. Oui, beaucoup de colère, je pense d'incompréhension et d'injustice en se disant pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi pas rien ? Parce que je me serais assise à la place d'à côté, c'était rien. On n'en parlait plus. Mais c'est comme ça. Mais oui, la colère, c'est le plus difficile, je pense. à enlever et essayer de pardonner aux gens. Mais je pense que je suis sur le chemin maintenant, là. À 33 ans.

  • Speaker #1

    C'était donc il y a combien d'années, l'accident ?

  • Speaker #0

    2009.

  • Speaker #1

    2009, donc c'était il y a...

  • Speaker #0

    J'avais 18 ans.

  • Speaker #1

    Est-ce que les deux jeunes, ils ont été arrêtés ? Il y a eu un procès ?

  • Speaker #0

    Ils ont été arrêtés un an après. Et il y a eu... Pas mal de procès, de choses. Il me semble qu'il y en a un qui a accepté ce qui s'était passé et qui a fait une lettre d'excuse. Et l'autre, pas vraiment, et qui a fait appel. Mais je ne me suis même pas trop intéressée en vrai. J'ai préféré laisser faire les adultes responsables à ce moment-là. Je n'ai pas voulu trop m'en mêler, je pensais que ça allait encore empirer. Et je pense que j'étais vraiment dans mon optique d'aller mieux. Et je ne voulais pas que ça vienne jouer quelque part. Je les ai mis de côté. Je les ai laissés de côté faire leur chemin et moi, je faisais le mien pour aller mieux. Et après, la justice décidera comment tout ça allait se passer.

  • Speaker #1

    En fait, je t'imagine toi en mode, vous inquiétez pas, légal. Moi, je serai sur les pistes, il n'y a pas de souci. Tout va bien, j'avance, j'avance, j'avance. Donc, résilience, puissance 10 000, mais une forme d'inconscience. T'as 18 ans en même temps, donc t'es super jeune, t'as plein de force et d'une vitalité incroyable. Je pense à tes parents. Comment est-ce qu'eux l'ont vécu ? Et comment est-ce que toi... Parce que souvent les enfants, et bon là t'étais une grande enfant, mais les enfants ont tendance à prendre sur eux pour pas affecter leurs parents. Tu vois, il y a un peu un changement d'attitude pour protéger ses parents.

  • Speaker #0

    Peut-être une partie de moi qui a réagi comme ça aussi pour assurer un petit peu tout le monde, parce que je pense que le choc était énorme. Et oui, je pense qu'ils ont coulé très rapidement en se disant pourquoi plus que moi, je pense. Mais c'est peut-être pour ça aussi que j'ai relativisé en disant non, mais ne vous inquiétez pas, vous avez vu, je suis là. Je pense que c'était vraiment sur le coup, la motivation, c'est je suis là. Je suis là, vous êtes là. Il manque des membres à personne, je ne suis pas devenue aveugle. Enfin, voilà, on est tous là. On va passer sûrement des moments difficiles, mais on est tous là et je pense que c'était la partie la plus importante.

  • Speaker #1

    Donc, c'était important aussi pour eux de te voir...

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Je pense que si ça avait été compliqué, ils l'auraient encore plus mal vécu. Ce n'était pas du tout facile, mais je pense que là, ils l'auraient très, très, très mal vécu, je pense.

  • Speaker #1

    C'est beau d'entendre ça. Et en même temps, j'ai envie de dire... ça a dû te demander il y a deux options que je vois, soit ça te demande une surénergie pour pas sombrer soit ça t'aide justement et c'est un atout est-ce que ça t'a coûté en fait de réagir de manière aussi positive sur le coup alors que tu vivais quelque chose de très difficile je

  • Speaker #0

    pense que ça me coûte aujourd'hui cette réaction je pense que j'étais tellement dans un élan que j'ai pas ... Je n'ai pas écouté. Alors, je n'étais peut-être pas prête non plus à l'époque quand on m'a dit, va voir quelqu'un, tu as vécu quelque chose de difficile, il faut quand même te faire suivre et tout. Et à l'époque, j'étais vraiment sûre, non, non, mais il n'y a que les fous qui vont chez les psys. Moi, je suis trop forte, je vais m'en sortir et tout. Du coup, là, des années après, je suis très contente d'aller voir ma psy parce que je pense qu'en effet, j'ai beaucoup de choses qui sont les conséquences là maintenant. de cet accident, de ce qui s'est passé, de la façon dont j'ai réagi, je pense que c'est aujourd'hui que je prends conscience pleinement des choses et de la difficulté que c'était et de ce que ça m'a fait, on va dire. Moi, j'étais vraiment… Oui, exactement. Je pense que j'ai vraiment l'impact depuis quelques années, mais peut-être… l'achat du restaurant qui vient chambouler beaucoup de choses et venue chambouler beaucoup de choses à l'intérieur et je pense que ça en faisait partie. J'avais mis un joli pansement dessus. Mais je n'avais pas à soigner la plaie.

  • Speaker #1

    Non. Oui, c'est comme un gros pansement, genre un plâtre que tu as dû mettre dessus.

  • Speaker #0

    Avec un peu d'argile, histoire de soigner quand même.

  • Speaker #1

    Tu évoques le restaurant. Qu'est-ce qui t'a fait bon ? Prendre conscience que le plâtre était en train d'étouffer une gangrène.

  • Speaker #0

    Je pense qu'avec le restaurant... J'étais toute contente, enfin, j'étais très contente, je suis toujours très contente, mais je pense que les... Ouais, on se prend vraiment des murs quand on entreprend et quand on est seul un petit peu face à l'adversité. Et on est tombé sur tout de suite deux, trois petits quoi qu'on va dire, ce chef qui n'a pas voulu rester. Dès la deuxième semaine, j'ai un frigo qui est tombé en panne. Enfin, deux, trois petites choses comme ça qu'on cumule. Et je pense que j'ai fait comme d'habitude. tout garder, tout garder, tout garder en me disant c'est normal, c'est comme ça qu'on entreprend, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça, c'est comme ça, c'est comme ça. Et je pense que cet été, à un moment, je me suis dit mais non, en fait, oui, c'est comme ça qu'on apprend, mais on peut aussi se faire aider. Je pense que j'ai arrêté d'avancer toute seule, tête baissée. Voilà. Ouais, exactement. J'ai enlevé les cornes et je me suis dit, mince, il y en a marre de défoncer des murs un peu à l'aveuglette. On va essayer de ne plus défoncer le mur du tout juste. On va avancer en pleine conscience.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a cette image que parfois, il ne faut pas avoir peur de défoncer les murs, que c'est comme ça. Ça ne peut pas être aussi facile. Ça fait vraiment partie.

  • Speaker #0

    Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Au bout d'un moment, on commence vraiment à avoir mal au cervical. Hein ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Tu l'as évoqué, ce chef qui n'est pas parti, on va raconter l'histoire. Donc toi, tu achètes un restaurant avec Thibaut à La Morlaix, donc tu reprends un restaurant. Et quand on rachète un restaurant, tu rachètes le fonds de commerce. Et avec ça, l'équipe.

  • Speaker #0

    Exactement. L'équipe qui est engagée en CDI fait partie, quoi qu'il arrive, de la vente. Et donc le chef y est depuis deux ans, je pense. Et le patron, à l'époque... Je pense qu'il avait un petit peu peur qu'il s'en aille avant, ou je ne sais pas, il a peut-être estimé qu'il n'avait pas à lui dire aussitôt. Il l'a prévenu un petit peu dans les délais légals, mais je pense que le chef, ils avaient une bonne relation, et il l'a très mal pris. Donc en fait, je pense qu'il s'est vexé en se disant qu'il n'était pas inclus dans les choses du restaurant, alors qu'il y passait une bonne partie de sa vie. Donc voilà, il a décidé de ne pas continuer avec nous. Donc on a ouvert le restaurant à trois.

  • Speaker #1

    Donc il y a trois, toi Thibaut et... Et

  • Speaker #0

    Katia. Donc là, la commis, on va dire, parce qu'elle a été embauchée comme ça, deux cuisines qui étaient là quand on a acheté le restaurant.

  • Speaker #1

    Donc il y avait un chef, un commis, mais un chef qui se met en arrêt maladie tout de suite.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et qui du coup...

  • Speaker #0

    Ne vous faites pas.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu.

  • Speaker #0

    Du tout.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu. Et ça n'avait rien à voir avec vous finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça n'avait rien à voir avec nous. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile tout de suite d'ouvrir en se disant mince, il n'a même pas voulu nous faire confiance. Ça met quand même un petit coup en se disant mince, si lui, il n'a pas voulu nous faire confiance, est-ce que nous, on va se faire confiance ? Mais dans l'idée, ça remet un peu les pendules à l'heure. Là, on réfléchit au restaurant. On se dit que de toute façon, on voulait faire ce qu'on voulait, mais bon, là, de toute façon, on n'a pas le choix. voilà on fait ce qu'on veut qui passe en cuisine Avec Katia, on n'essayait pas non plus trop la perturber dans ce qu'elle faisait. On essayait de voir avec les recettes, les choses qu'elle connaît déjà, qu'elle sait déjà faire. Elle est d'une aide incroyable. Elle sait travailler en autonomie. Elle connaît très bien le restaurant. Elle connaît les choses. Elle sait où sont tout ce qu'on cherche dans la cuisine, dans le restaurant.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien. C'est votre petit guide.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est votre petite elfe.

  • Speaker #1

    Tu passes en cuisine. même si t'es formée à la cuisine, toi, ce que tu aimes, c'est être en salle, comme Thibaut, d'ailleurs. Et donc là, tu es là pour imaginer la carte et mettre en route le restaurant. Et du coup, tu fais appel aussi à des jokers, différents amis qui viennent vous aider. Comment ça se passe ? Alors là,

  • Speaker #0

    pas tout de suite. On fait vraiment tous les deux. On fait un mois et demi comme ça. Et derrière, on recrute un chef qui était sous-chef avant, qui est dans la région. qui a l'air très bien, de notre âge, hyper motivé, il aime ce qu'on fait, tout va bien. On se lance à bras le corps avec lui, on est super content, tout va bien. Et un jour, il ne vient pas et il ne se présente pas le matin. Et on le sent en plus parce qu'en arrivant, je me dis, le chef n'est pas encore là, c'est bizarre. Il n'est toujours pas là, toujours pas là, toujours pas là. Et là, on voit sa compagne arriver. Et là, on s'est regardé et on savait.

  • Speaker #1

    on a su qu'il y avait envie de se crocher donc c'est sa compagne qui nous a annoncé qu'il ne viendrait plus et sa maman n'était pas disponible visiblement pour vous annoncer je pense que sa maman était au travail peut-être à cette heure-ci.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc là, on se prend une grosse, re une grosse baffe, mais une très, très grosse parce que celle-ci, c'est celle où on fait confiance à quelqu'un. On avait confiance. On avait confiance la veille au soir. Il s'en va en disant à Thibaut, j'ai hâte qu'on ouvre le deuxième, quoi. OK. Du coup, c'est compliqué, là. Donc, voilà. On se prend vraiment un gros scud dans la tête. C'est compliqué les trois premiers jours, vraiment, parce qu'il y a la trahison, il y a l'incompréhension et il y a ce côté un petit peu abandon. Donc, on mélange tout ça, on met ça dans un shaker et on passe les trois jours d'après comme ça. Et finalement, on rebondit un petit peu, on appelle, on se renseigne, on appelle les copains, les copains de la restauration, ceux qui peuvent nous sauver la vie et c'est eux qui l'ont fait. On a un pote, du coup, qui est en train d'acheter un restaurant à Toulon. qui avait un petit peu de temps devant lui, donc il est venu directement en train nous aider, restructurer un petit peu la cuisine, faire un petit peu de rangement, repasser derrière l'ancien chef, enlever un petit peu ce qu'il y avait, nous relancer sur des bons rails. Et du coup, là, Thibaut décide de passer en cuisine en se disant, moi aussi, il me faut cette formation, il faut que je comprenne, il faut que je vois comment ça se passe, que je sois au courant. On se dit vraiment, il faut qu'on ait tous les deux... les bottes de cuisinier. Et après lui, c'est Margot qui est chef là aujourd'hui, qui est venue aussi, qui avait un petit temps là depuis décembre jusqu'à juin, et qui est venue aussi nous aider et nous accompagner et former Katia également.

  • Speaker #1

    Génial, donc vous avez su rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je pense que c'est tout le... Et on vous le dit, quand vous commencez, quand vous êtes entrepreneur, tout le monde vous le dit, Tant qu'on ne s'est pas pris les murs, on ne sait pas ce que c'est. On ne se rend pas compte. Et en fait, c'est ça le métier d'entrepreneur, c'est se prendre un mur, rebondir, se prendre un machin, rebondir. Vraiment, on fait ça tout le temps, en fait. On joue comme ça tout le temps. Alors,

  • Speaker #1

    c'est marrant parce que juste avant, tu me dis, j'arrête d'être en mode bélier et de foncer dans les murs. Et en même temps, c'est ça être entrepreneur, c'est de se prendre des murs et rebondir.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais parce que je fonce plus dedans, c'est eux qui me foncent dedans.

  • Speaker #1

    Donc en fait, ne pas être un bélier ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir des obstacles. Les obstacles, ils arrivent toujours à un moment ou à un autre. Mais c'est quelle est ton attitude face à ces murs et est-ce que tu vas en chercher d'autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu ça. C'est plus comment je change mon attitude pour que ça impacte le moins. et ma santé et mon restaurant. C'est le plus difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Et tu disais du coup que tu avais commencé une thérapie. Le déclic, ça a été quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Le déclic, en vrai, c'est... Je faisais beaucoup de up and down sur les derniers mois, des semaines où j'étais très contente, des journées très contentes, tout va bien, hyper euphorique, et des lendemains où ça n'allait pas du tout. Je ne comprenais pas ce que je faisais là. Vraiment, c'est ce côté dépressif où on ne voit pas, on se sent sous l'eau de la piscine, on n'arrive pas à remonter et on ne voit pas le bout du tunnel. Et c'est là où je me suis dit, ce n'est pas normal, cette espèce de vague énorme que je fais assez régulièrement. Donc, j'ai pris conscience et j'ai dit, je pense qu'il y a des choses à aller chercher quelque part parce que ça faisait beaucoup de haut, de bas, de haut, de bas et c'était un petit peu constant.

  • Speaker #1

    Est-ce que ces hauts et ces bas, tu avais constaté que ça venait impacter ton travail, ta vie de couple ? Est-ce qu'il y avait des conséquences néfastes que tu trouvais vraiment palpables ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense que quoi qu'il arrive, ce côté un petit peu dépression quand on n'est pas bien, c'est toujours très compliqué pour des gens autour ou des gens qui ne l'ont jamais vécu ou touché. On ne comprend jamais vraiment. Comment la personne ne va pas bien. Et donc, ça joue sur le couple. Moi, Thibaut, il essayait, le pauvre, de faire que ça aille mieux, mais il ne comprenait pas que c'était vraiment à l'intérieur. Oui, qu'il fallait vraiment que j'aille chercher plus profondément, que ce n'était pas juste en surface ou juste un matin où je m'étais mal levée. Il y avait vraiment quelque chose qui ne fonctionnait pas.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas un bon café qui allait... Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce n'était pas une belle journée de promenade, je ne sais où. Non, non, il fallait... Fallait vraiment aller chercher plus loin, je pense.

  • Speaker #1

    Et s'associer avec son conjoint, bonne ou mauvaise idée ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très compliqué. Il faut être solide. Voilà, je pense que tous les gens qui ont des enfants... le savent, je pense que ça revient un petit peu à la même chose. C'est ce côté où on est d'accord au début, et puis quand ça arrive, mince, on n'est peut-être plus d'accord là-dessus, d'accord là-dessus, on va faire les choses comme ça, pas comme ça, dans ce sens-là, pas dans ce sens-là. Donc ça vient appuyer un peu sur les boutons qu'on pensait qu'on avait réglés juste avant. Et en fait, voilà, c'est là. Et oui, quoi qu'il arrive, ça challenge tout le temps. L'important, c'est de bien faire la différence entre le restaurant et la vie privée. Ça, c'est la base. Moi, par exemple, je sais que le week-end, c'est mon week-end. Je ne réponds pas à mes mails, je n'ouvre pas les réservations du restaurant. Le restaurant, je n'y touche pas le week-end. J'arrive le mercredi, je fais tout ce qu'il y a à faire. Mais le week-end, non, je coupe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton mercredi, il est du dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, mercredi au dimanche.

  • Speaker #1

    Voilà. Non, ton week.

  • Speaker #0

    Le week-end, il est du dimanche soir, lundi, mardi.

  • Speaker #1

    Voilà. Il est un petit peu en décalé.

  • Speaker #0

    Il est en décalé. Donc, on reçoit souvent des appels.

  • Speaker #1

    Tu arrives à couper.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui. Thibaut, un petit peu moins parce que c'est quelqu'un qui est, je pense, très, très passionné par ce qu'il fait. Et donc, lui, ça ne le gêne pas. Mais moi, j'ai besoin d'avoir cette coupure. Je pense que c'est hyper important de pouvoir se dire, OK, il y a le travail. OK, il y a ma vie privée. Je pense que c'est vraiment un des basiques.

  • Speaker #1

    Et ce qui est très dur quand on est dans la restauration, en réalité.

  • Speaker #0

    C'est très dur.

  • Speaker #1

    Vous êtes complètement en horaire décalé, vous avez peu de soirées.

  • Speaker #0

    C'est ça. Oui, ce n'est pas facile. Il faut vraiment trouver un bon équilibre en dehors.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si Thibaut, il a une question pro le lundi, tu lui dis que ça atteindra mercredi ?

  • Speaker #0

    Ça dépend, mais il y a des jours, oui. Il y a des jours où il commence à parler resto. Et là, il voit dans mes yeux et il me dit, j'attendrai. Quand je regarde ma série, par exemple, là, je me dis, non, non, non, non, c'est mon moment.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est important de mettre les limites et de les communiquer et de les faire respecter. Après, on n'est pas obligé de fusiller du regard dès que ça dépasse. Mais c'est vrai que c'est important de bien être au clair sur ce dont toi, tu as besoin.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je pense que c'est ce que j'ai aussi un peu compris ces derniers temps. C'est ce qui me fait du bien pour avancer.

  • Speaker #1

    Est-ce que ta thérapie, alors sans rentrer dans les détails évidemment de ce voyage personnel, est-ce que tu peux juste nous partager ce que ça t'apporte ou en tout cas en quoi ? Parce qu'avant tu disais que vraiment c'était pour les fous de faire ce genre de travail. Et aujourd'hui tu le dis. Tu partages à quel point c'est précieux. Qu'est-ce que ça t'apporte et qu'est-ce que tu as découvert avec Surprise ?

  • Speaker #0

    Ça m'apporte, je pense que ça m'apporte beaucoup, beaucoup. C'est très agréable. Je suis tombée sur une super psy déjà. Et c'est très agréable parce que j'y vais sans pression et j'y vais vraiment dans l'optique de communiquer avec elle. Et vraiment, des fois, on a des discussions. sur la vie, sur ce qui se passe, toujours avec un rapport avec moi, mais c'est très ouvert, en fait, comme discussion. On parle un petit peu du passé, on parle de ça. Des fois, elle rebondit sur autre chose. Et en fait, je viens un petit peu relativiser. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'elle m'apprend dans ce côté un petit peu comportement, qu'on prend des autres, ce côté un petit peu transgénérationnel. Dès la troisième séance, on parlait un petit peu et il y a des choses, elle m'a dit, voilà, ça, c'est pas... c'est pas à votre comportement c'est pas à vous ça vient de plus haut donc c'est important de pouvoir se détacher en fait des habitudes qu'on prend et qu'on a pris qu'on nous a donné en fait moi c'est même pour ça que je dirais aux gens allez voir quelqu'un c'est juste pour venir se séparer de ce que certaines générations nous transmettent depuis trop longtemps venir casser un peu casser un peu ouais c'est ce code quoi et ça fait du bien je le recommande à tout le monde aujourd'hui vraiment haut et fort, mais dès que je croise quelqu'un, je suis passée d'un tout à l'autre. Allez-y, ça fait du bien. Vraiment, je revendique, je pense qu'il faut, même si ce n'est pas une psychothérapie, même s'il faut trouver quelqu'un d'autre, mais je pense que c'est important d'aller voir quelqu'un. Il ne faut surtout pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie. en me disant j'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté. Et c'est encore plus rassurant, en fait.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, quand tu penses à ça, moi, je pense à mon cas où j'ai un trauma qui date d'il y a un peu moins d'un an. Et tout le monde me dit que je dois me faire accompagner sur le sujet. Et je ne vois pas, enfin, j'en ressens pas le besoin.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Et tu vois, quand je t'entends, je me dis, bon, il faudrait quand même peut-être que j'en parle à quelqu'un de professionnel. mais c'est vrai que Je pense qu'on a senti, on rebondit tellement, on n'a pas conscience de comment ça peut, de manière indirecte ou de manière complètement insidieuse, venir impacter le reste de notre vie. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Mais après, c'est vraiment un... C'est-à-dire que si on n'est pas prêt, de toute façon, il ne faut pas le faire. C'est vraiment un cheminement si on n'en ressent pas l'utilité ou le besoin. Oui, en effet. c'est quelque chose que de toute façon qu'on tiendra peut-être pas moi quand cet été je me suis dit c'est maintenant et quand je vais la voir je raconte toute ma life mais même les tout petits trucs que je pense un peu gênant des fois des petits moments de jalousie ou des choses un peu comme ça même pas forcément vis-à-vis de Thibaut, vis-à-vis d'autres choses vis-à-vis de Jean, de choses de la vie et tout je lui en parle et elle vient tellement relativiser et m'expliquer que que la colère par exemple, la colère tout seul c'est pas un mauvais sentiment dans la colère il y a plein de petites boîtes et dans cette colère il y a des boîtes qui représentent plein de choses et en fait il n'y a rien de mauvais là-dedans, c'est juste qu'il y a peut-être quelque chose qui ressort un petit peu plus qui est un petit peu plus présent mais dans l'idée il n'y a rien de mauvais ou de négatif à enlever en fait en fait on y va pour se comprendre un petit peu mieux oui et puis comprendre sa colère ça permet souvent de de

  • Speaker #1

    mettre ... un petit peu plus de lumière sur les valeurs qui sont importantes et donc ce qui nous motive, ce qui nous guide. Et donc, ça redonne un autre élan et ça permet finalement de réorienter notre énergie. Quand on n'est pas conscient de nos émotions, finalement, l'énergie, elle passe dans une passoire. Alors que comprendre ces éléments-là et ce qui vient les titiller, ça permet de réorienter notre énergie.

  • Speaker #0

    C'est ça, les comprendre et accepter et pas se dire que c'est mal. Ou bien juste se dire que ça fait partie de ce que je suis et j'avance avec.

  • Speaker #1

    Ça fait partie des trois questions que je pose systématiquement à la fin du podcast. J'imagine qu'il y aura un panneau où ce sera aller voir un psy ou aller vous faire aider. Mais sinon, en dehors de ça, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans un endroit qui a pas mal de passages et tu peux y inscrire et y afficher. tout ce que tu veux, qu'est-ce que tu y mettrais ?

  • Speaker #0

    Quelque chose comme ça, mais plus le côté ne pas avoir peur de demander un petit peu d'aide, ne pas avoir peur d'un moment sur le chemin de demander à quelqu'un qui nous tend la main de prendre cette main et d'avancer un petit peu et de se dire, ok, le reste du chemin, je le fais tout seul, mais on n'est pas tout seul, on n'avance pas tout seul dans cette vie de toute façon, donc il faut accepter l'aide et ce qui vient autour.

  • Speaker #1

    On n'est pas tout seul, accepter les mains tendues et demander de l'aide si besoin.

  • Speaker #0

    Oui, ne pas hésiter. On est né tout seul et on va finir tout seul, mais on grandit quand même dans cette vie avec beaucoup de monde autour, donc c'est bien de s'en servir si on en a besoin.

  • Speaker #1

    Excellent, j'adore. Et si tu te retrouvais face à Mathilde le jour de ses 10 ans, tu as le droit de voyager dans le temps et de lui donner un conseil. Qu'est-ce que tu lui donnes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est vraiment jamais très facile parce qu'en grandissant, on a plein de conseils qu'on aimerait donner à notre petit soi de l'époque. Mais qu'est-ce que je lui dirais ? Que ça va le faire. Que ça va le faire. Voilà. Qu'il y aura peut-être des moments un petit peu plus difficiles, mais comme tout le monde. Mais que ça va le faire. Qu'elle va prendre des mauvaises, mais des bonnes décisions derrière. que ça va s'équilibrer. Je dirais, voilà.

  • Speaker #1

    Tu pourras rectifier tes mauvais choix.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Tu vas tomber sur tes pattes. C'est pas mal, ça. C'est bien parce que c'est à la fois et confiance, et aussi n'aie pas peur de faire des mauvais choix. Tu arriveras toujours à rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un mauvais choix, ce n'est pas non plus une fin de vie ou une fin de quelque chose. De toute façon, j'avais lu ça à l'époque, je crois que c'est très... français de ne pas valoriser les échecs et j'ai vu des échecs et j'ai vu en Angleterre c'est très valorisant parce que ça veut dire que les gens qui ont des échecs, ils ont pris conscience de ce qu'il fallait plus faire, on va dire. Donc, ils avancent. Ils avancent plus. En France, l'échec, c'est quelque chose qui n'est pas très bien vu. C'est un petit peu « Ah, tu t'es loupé, ce n'est pas bien. Ah, tu n'as pas fait ça correctement. » Alors que, ben, oui. Mais du coup, la fois d'après, il va faire mieux et encore mieux et encore mieux parce que cet échec, il va servir à le faire avancer peut-être plus loin, peut-être plus vite est peut-être juste là où il faut.

  • Speaker #1

    La valeur de l'échec. En réalité, si on ne fait que des choses qu'on est sûr de réussir, on ne grandit pas beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un côté très rassurant là-dedans, mais oui,

  • Speaker #1

    on ne va pas très loin. Et est-ce qu'il y a une chose que tu aimerais bien faire, mais tu n'as pas encore eu le courage, tu n'as pas encore osé, et ça te trotte un peu dans la tête ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense, parce que quand on s'est installé, on s'est installé dans une maison, et donc on est en train de refaire deux, trois petites choses, et je ne veux jamais le faire, mais créer des choses. Moi, je veux faire des DIY, je veux créer des meubles, je veux poncer des choses, je veux peindre des trucs. Et ça, je ne l'ai jamais fait. Parce qu'à Paris, on vivait dans un tout petit appart. Je n'ai même rien mis au mur, tellement j'avais peur d'abîmer les murs en partant. Et là, j'ai envie d'être un petit peu plus créative. C'est marrant, je suis allée voir une kinésiologue, ça aussi, c'est incroyable. Et qui m'a dit, là, il faudrait quand même... Faites ce que vous aimez de créatif. Et je l'ai regardée, je lui ai dit, mais moi... Je n'ai pas de passion créative, en fait. Je me dis, moi, je suis dans la restauration, moi, j'aime boire et manger, j'ai l'impression qu'il n'y a rien d'autre qui m'intéresse. Et donc, du coup, je me suis quand même questionnée en sortant en me disant, il y a quand même des choses que j'aime faire. Et c'est vrai que j'ai rebondi la pion en me disant, maintenant, j'ai une petite maison et tout. Je pense que j'ai envie de créer des petites choses comme ça, de peindre, de repeindre, de poncer, de poser des étagères. Je ne sais pas poser une étagère, par exemple.

  • Speaker #1

    en tout cas d'utiliser tes mains autrement que pour servir les gens Pour le restaurant Charnu, qu'est-ce qu'on te souhaite ? De quoi tu as besoin pour que cette expérience soit un grand succès ?

  • Speaker #0

    Du monde. Que les gens viennent et que les gens comprennent ce qu'on fait. Ça, c'est vraiment important. Que les gens comprennent. Il y en a qui viennent, on sent que c'est un petit peu décalé. Il y en a qui nous disent, mais vous n'avez que des légumes dans vos garnitures, vous n'avez pas autre chose, vous n'avez pas de viande rouge. Ben non, voilà. Donc vraiment que les gens comprennent. Et je pense surtout pour le... le futur que les gens, ce que je disais au début, que les gens voient que c'est complètement possible de, pas tout le temps, mais de manger quand même un petit peu local et de faire attention à ce qu'on consomme, de faire attention aux gens autour et à l'environnement et je pense que c'est hyper important.

  • Speaker #1

    C'est l'expérience en fait, au-delà d'une bonne table, il y a une expérience.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis surtout passer un bon moment, on va au restaurant, pour passer un bon moment, il faut venir avec des gens sympas, il faut venir avec des gens qu'on aime, il faut rigoler, il faut parler fort. Voilà, il faut passer un bon moment, c'est le but. Quand on ouvre un restaurant, je pense que nous, quand on a ouvert le restaurant, moi j'ai dit à Thibaut, je veux ouvrir un restaurant dans lequel je veux aller manger. Je veux être bien, je veux avoir à boire, à manger, je veux être bien servie, je veux que la déco soit mignonne. Enfin voilà, vraiment quelque part où je me sentirais bien en tant que cliente, mais moi.

  • Speaker #1

    Vu la qualité de vos assiettes et le charme du lieu, je suis sûre que vous allez attirer de plus en plus de monde. et surtout... Je te souhaite à toi, Mathilde, de continuer ton parcours personnel pour être en paix, pour te sentir alignée et pour ne plus être sujette à ses hauts et ses bas. On ne peut pas être tout le temps dans le haut, mais au moins rester le plus souvent possible avec la patate. Vous n'avez pas l'image, mais Mathilde a un énorme sourire depuis le début, une magnifique énergie. C'était un vrai plaisir de t'avoir à mon micro, Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je te souhaite beaucoup de succès.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura pu intriguer, inspirer et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation ou un commentaire, ça aidera énormément le podcast à être diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Landais

    00:05

  • Le parcours de Mathilde : De l'accident à l'entrepreneuriat

    01:10

  • L'ouverture du restaurant Charnu et ses motivations

    01:46

  • Les valeurs et la philosophie de la cuisine de Charnu

    02:38

  • Les choix éthiques dans la sélection des produits

    04:37

  • Les défis de l'entrepreneuriat et l'importance de l'entraide

    07:12

  • L'accident de train et ses conséquences sur la vie de Mathilde

    12:29

  • Rééducation et résilience après l'accident

    17:52

  • La thérapie et le cheminement personnel de Mathilde

    37:58

  • Conseils et réflexions finales de Mathilde

    48:30

Description

Mathilde a 18 ans lorsqu'une roche lui tombe sur la tête.


Elle vient de boucler ses partiels de fin d'année et rentre en TER à Grenoble


Le wagon est presque vide


Elle choisit un siège dans un carré près de la fenêtre


Celle-ci est ouverte pour donner un peu d'air dans ce wagon sans clim


Depuis plusieurs jours, deux jeunes caillassent les trains qui passent


Certainement pour tuer leur ennui


Ils ne réalisent pas que ces projectiles vont réussir à passer par la fenêtre


et fracasser le crâne de Mathilde



Elle se retrouve entre la vie et la mort ; à 18 ans


Elle choisit la vie avec une force impressionnante


Si les médecins ne peuvent pas lui garantir si et quand elle pourra remarcher ; elle décide que "ça va le faire"


Et ça le fait


Elle avance dans la vie tête baissée et affronte tous les obstacles.


Avec son conjoint Thibault, elle ouvre Charnu, un bistrot où tout est cohérent et recherché


En 2024, Mathilde se rend compte que son moral n'est pas au rdv; qu'il y a quelque chose qui cloche


Et qu'elle ne veut plus faire la voiture bélier


Dans ce nouvel épisode du podcast, Mathilde évoque:

🪩 les hauts et les bas de l'entreprenariat

🪩 comment être une battante sans ignorer ses émotions

🪩 son changement radical d'opinion sur la santé mentale


Retrouvez Mathilde chez Charnu : https://www.charnu.fr/


suivez moi sur Linkedin www.linkedin.com/in/elvire-blasset-9327bb10


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne peux pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie en me disant que je n'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté et c'est encore plus rassurant en fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les... prise de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que le chaos intérieur que tu vis est normal et que ça doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on sort jamais de sa zone de confort. On l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non, que ce soit ton boss. qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, j'accueille Mathilde Landais. Elle a ouvert avec son partenaire à la salle et dans la vie, Thibaut Schneider, un restaurant bistrot qui s'appelle Charnu, qui travaille les produits locaux et qui propose une cuisine simple, revisitée et extrêmement savoureuse. Bienvenue Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Alors Mathilde, bien entendu, nous allons parler de ce restaurant et de ce projet qui est un énorme projet pour toi parce qu'à seulement 33 ans, ouvrir son propre restaurant, ça a beaucoup d'implications et j'imagine énormément de galères. Mais avant ça, je voudrais que tu nous racontes qu'est-ce qui t'a donné envie d'ouvrir ton restaurant ? D'où venait le projet ?

  • Speaker #0

    Alors je pense que le projet d'ouvrir un restaurant, c'est un petit peu comme tous les entrepreneurs, c'est d'être... autonome. C'est de faire les choses pour soi et plus pour quelqu'un d'autre. Et je pense que c'est pour ça que les gens se lancent à un moment donné dans leur vie, c'est pour être autonome et pour vraiment faire les choses pour soi et se faire plaisir à soi et avoir à répondre en fait à soi.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une ambition créative, c'est-à-dire d'avoir le restaurant qui a le look que tu veux, mais aussi les assiettes ? qui répondent à ton exigence esthétique ? Ou est-ce que c'est aussi parce que tu n'aimes pas trop répondre à l'autorité des autres ?

  • Speaker #0

    Il y a un petit côté, je pense, où j'en avais marre de l'autorité des autres. J'en avais un peu marre qu'on me dise quoi faire. Oui, c'est ça, de vraiment répondre, et des fois bêtement, à des choses qui étaient demandées, alors que je n'en voyais peut-être pas l'utilité à chaque fois. Donc je pense que c'est vraiment ressorti de ça, en me disant, voilà, maintenant je suis chez moi.

  • Speaker #1

    je fais comme j'ai envie et ça c'est cool quand tu dis je fais ce que j'ai envie je fais les choses pour moi et en même temps t'es dans un métier de service donc tu fais aussi les choses pour les clients c'est plus facile pour

  • Speaker #0

    les clients mais on y met tout ce en quoi on croit on va dire vraiment ce restaurant on l'a ouvert avec beaucoup d'envie et Et... Beaucoup de choses à transmettre, je pense que c'est vraiment le mot. Transmettre aux gens, aux clients qui viennent chez nous, cet amour de la nourriture, du bon vin, du bien manger, et surtout du manger local et du manger un petit peu écologique, on va dire. Vraiment essayer de respecter, je dis la planète en global, mais respecter juste l'environnement qui nous entoure et juste montrer aux gens que c'est faisable. que c'est faisable d'aller au supermarché et de ne pas prendre une tomate en hiver parce qu'on a envie d'une ratatouille. C'est faisable, ça se fait. On peut assaisonner, on peut trouver quelque chose avec sa patate douce, on peut venir modifier, faire des assaisonnements, faire des mélanges. C'est vraiment l'idée aujourd'hui, je pense, de ce restaurant, c'est de montrer aux gens que c'est largement faisable et que c'est cool en plus.

  • Speaker #1

    Ouais, que c'est cool. Et c'est vrai que c'est pas évident de... Quand je pense... À tout ce que l'on entend sur la provenance des aliments, sur le fait de limiter aussi la consommation de viande. Quels sont, toi, tes arbitrages et tes partis pris dans la sélection de tes plats ?

  • Speaker #0

    On est sur une pêche qui est nord, atlantique nord. Donc, on essaie vraiment de ne pas descendre plus bas pour ne pas avoir trop de transport. Pareil sur les viandes, on essaie vraiment d'avoir des viandes locales. En général, on a des viandes toujours assez similaires, mais parce qu'on fait ce qu'on a dans la région. Il y a pas mal de cochons, un petit peu d'agneaux, et on travaille aussi beaucoup les volailles. Il y a un monsieur qui s'appelle M. Oued qui a Grémy-Villers qui fait ses volailles et qui fait pousser son blé pour nourrir ses volailles. Donc là, on est vraiment dans nous ce qu'on cherche. C'est-à-dire que le monsieur de A à Z, il sait ce qu'il y a dans son produit. Quand il nous ramène ses volailles, c'est des volailles énormes qui font 2,3 kg à 2,8 kg. C'est magnifique à travailler et nous, on est super contents. Et pareil, du coup, sur le légume, on a un seul maraîcher. Voilà, on en a un. Et quand il n'a pas, il n'a pas. C'est tout.

  • Speaker #1

    Donc, tu changes ta carte.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, on change la carte assez régulièrement. Dès qu'on sent que ça tourne un petit peu en rond, qu'on a envie de modifier, on ne se prive pas, en fait. On n'a pas de timing du tout. Il y a un truc qui s'en va, il y a quelque chose qui revient. Il n'y a plus de ça. On va faire comme ça. On modifie un petit peu. On change les façons de cuire. Vraiment, on modifie nos assiettes. mais quand ça nous chante ?

  • Speaker #1

    Tu parlais du monsieur qui élève ses volailles et qui aussi contrôle la nourriture qu'il leur donne. J'ai écouté ce matin un podcast justement sur l'alimentation et justement, c'était aux Etats-Unis, il faut voir la tête de l'industrie des poulets aux Etats-Unis, ils sont tous nettoyés à la javel. mais en plus le spécialiste évoquait le fait qu'ils étaient élevés dans des temps records, je crois en moins de huit semaines ou neuf semaines avant d'être tués, et que pour grandir et grossir, avoir des beaux filets, ils étaient nourris avec plein d'hormones et des farines, où il y a 20 milliards de choses dedans. Comment toi tu fais ? Là, tu as cet exemple-là de l'éleveur, mais... Comment tu arrives à t'assurer que justement tous les produits que tu sources, eux-mêmes, les élevages sont nourris avec la bonne nourriture ? Comment est-ce que tu sélectionnes ?

  • Speaker #0

    On a fait déjà une grosse sélection à la base. Quand on est arrivé, juste avant qu'on achète, ça a été tout notre cheminement au début, c'est de faire un petit peu le tour de certains, parce qu'on ne venait pas du tout de la région. de certains producteurs pour voir un petit peu comment ils travaillent ici, écouter un petit peu les gens. On s'est renseignés comme ça, le bouche à oreille. Ça, par exemple, l'éleveur, c'est une connaissance qui m'a donné le nom, qui a dit qu'il travaillait super bien. Donc, beaucoup de bouche à oreille et on aime bien aller visiter. Le maraîcher, quand je l'appelle un petit peu en dernière nuit pour ajouter des légumes et qu'il n'est pas là, il me fait venir dans son champ. Je vais chercher mes légumes dans le champ. Je connais son champ, je sais où il est, je sais comment il travaille. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et ça doit se ressentir dans l'assiette parce que j'espère à chaque fois que quand tu choisis bien tes produits, le goût est encore plus présent.

  • Speaker #0

    C'est arrivé au tout début, j'étais en cuisine. Un jour où je n'avais pas trop le temps, j'ai mis mes patates douces dans le thermomix pour faire une purée. J'ai mis un petit peu de crème et je ne les ai pas assaisonnées. En me disant que j'assaisonnerais après, je n'ai pas le temps. Une fois que j'ai mixé, tout était chaud, j'ai goûté. J'ai goûté la pâte à douce et j'ai dit, je ne vais même pas l'assaisonner. J'ai dit, en fait, c'est ça le goût d'un vrai légume. Depuis, on assaisonne après, on rectifie de temps en temps. Mais là, la pâte à douce, je me souviens d'avoir dit, je ne mets pas plus. Je ne mets pas plus, elle se suffit, tout va bien. Et c'est génial d'avoir ces gens qui travaillent très bien et qui te font redécouvrir le goût d'un vrai légume.

  • Speaker #1

    Tu me le disais juste avant que tu n'utilisais pas de gingembre. Tu n'utilises pas de citronnelle, tu n'utilises pas toutes ces épices ou ces herbes qui ne sont pas locales. Ça doit être un sacré challenge quand même pour rester tout autant créatif, mais avec finalement un terrain de jeu plus limité.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais je pense que c'est ce qui est aussi important aujourd'hui, c'est de, comme je disais, un petit peu montrer aux gens que c'est faisable de ne pas forcément aller chercher. Je ne dis pas qu'il ne faut pas, j'adore ce genre de cuisine. J'adore, moi j'adore aller... tout ce qui est un petit peu asiatique, le gingembre. On a plein de copains à Paris qui cuisinent avec tout ce genre d'ingrédients et c'est absolument exceptionnel. Mais moi, c'est vrai que je voulais vraiment que ce soit local. Et oui, des fois, je sens que c'est un petit peu plus compliqué. Et en même temps, je pense que ça amène à travailler le produit différemment et vraiment à venir chercher les goûts plus profondément ou différemment, un peu plus comme on le faisait avant, je dirais. vraiment venir travailler le produit, se creuser la tête. Ouais.

  • Speaker #1

    Yeah. C'est un sacré défi, en fait. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On a toujours à la carte un plat végé. Et il y a plein de gens ici quand même qui sont très viandes, donc qui ne nous le prennent pas forcément, qui hésitent. Et quand ils le prennent, ils sont toujours très surpris. Et ils nous disent « Waouh, le végé, c'était vraiment super ! » et tout. Et moi, je leur explique à chaque fois que ça reste un plat avec que des légumes. Et pour surprendre tout le monde, en fait, on se creuse la tête à le travailler de la meilleure des façons. Donc en vrai, oui, chez nous, tout ce qui est un petit peu végé... Déjà, il n'y a que des légumes en garniture, mais tout ce qui est végé, c'est... C'est là où on amène le plus de travail.

  • Speaker #1

    Quand tu dis qu'il n'y a que des légumes en garniture, c'est-à-dire que tu ne fais pas de riz et pas de pâtes ? Ni de semoule ? Non.

  • Speaker #0

    En plat du jour, sur notre formule du déjeuner, on fait un petit peu plus de pâtes, de riz, de semoule. Mais sur nos plats à la carte, non, on est vraiment sur un gros travail du légume en garniture. Pas de patates. Ils en font tous à côté, donc on s'est dit pas de patates. Pas de frites.

  • Speaker #1

    Pas de frites, pas de patates. Non. Ah ouais. Tu mets des beaux challenges en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. On fait quand même des poulets du dimanche de temps en temps. Donc poulet patate, celui-là, on ne va pas trop bien le modifier. Mais non, sur notre carte, on est très, très légumes. On aime vraiment venir travailler et surprendre parce qu'il y a plein de gens qui n'aiment pas, qui ne connaissent pas, qui ne savent pas. Le chouquel, le topinambour. C'est cool de surprendre les gens.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous n'êtes pas du tout de la région. Effectivement, avant, vous étiez à Paris.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quelle idée de venir à la Borlée, dans l'Oise ?

  • Speaker #0

    On a quitté Paris, en fait, pour aller à Méribel. Sauf qu'on n'a pas pu terminer ce qu'on devait faire à Méribel. Donc, on a voulu revenir un petit peu vers les sources, on va dire aux gens qu'on connaissait. Mais moi, je ne voulais pas revivre à Paris. Je voulais de la campagne, de la verdure, je voulais pouvoir respirer un peu. Donc, le compromis, c'était de trouver quelque chose aux alentours. Et en fait, la maman de Thibaut s'est installée à Coix-la-Forêt, donc à côté de Chantilly, il y a cinq ans. Et donc, on a commencé à venir de plus en plus souvent. Et on s'est dit que c'était un bon compromis, en fait, entre ce côté campagne et ce côté Paris. C'est-à-dire que Paris, de Coix-la-Forêt, c'est à 20 minutes en train. C'est la porte à côté, en vrai. Donc, c'était notre petit compromis.

  • Speaker #1

    Super. On va y revenir. Justement, le restaurant et les challenges de cette ouverture de restaurant. Avant ça, j'aimerais qu'on évoque un moment qui a été difficile et qui a beaucoup influencé ta trajectoire et qui t'a demandé énormément de courage pour surmonter ce défi. C'est que tu as eu un accident complètement... En anglais, on dit « freak accident » . Donc, un accident qui est atypique, un accident de train, mais ce n'est pas le train qui a déraillé. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. C'était en 2009. Je venais juste de terminer tous mes examens de PTH et je repartais vers Grenoble pour aller fêter ça avec tous mes copains de l'année. Et en fait, entre Chambéry et Grenoble, la fenêtre du train était ouverte c'était des anciens TER un peu vieux et en fait je me suis pris une pierre qui est passée dans cette fenêtre ouverte et qui est tombée directement sur ma tête donc là c'est le blackout complet je n'ai pas très très peu de souvenirs je me souviens de Trou Noir je me souviens de Mettre Réveillé un petit peu après c'était l'époque où on n'avait pas beaucoup de de SMS et d'appels. Donc en fait, à ces moments-là, j'appelais ma maman. Elle ne me répondait pas et elle me rappelait. Donc à ce moment-là, c'est ce qui s'est passé. Je n'avais plus de batterie. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont voulu l'appeler, mais elle n'a pas décroché tout de suite parce que c'était le rituel de dire « c'est moi qui te rappelle, j'ai plus de crédit sur mon téléphone » . Et en fait, ils sont allés jusqu'à l'arrêt d'après et je me suis emmenée par les pompiers directement au CHU de Grenoble.

  • Speaker #1

    Donc la roche est tombée, mais elle a été jetée.

  • Speaker #0

    Elle a été jetée, oui, par deux petits jeunes qui s'amusaient depuis quelques semaines à juste caillasser le train.

  • Speaker #1

    Ok, parce que c'est drôle.

  • Speaker #0

    Parce que j'imagine que ça les occupait, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, la probabilité, évidemment, pour que cet énorme caillou passe par la fenêtre et tombe sur ta tête était moins importante que de gagner au loto. Donc, j'espère que tu as rejoué au loto depuis.

  • Speaker #0

    Je n'ai même pas joué au loto depuis. J'attends que quelqu'un gagne pour moi parce que je suis très nulle au jeu de marchand et de chance. C'est vrai que j'étais dans une place de quatre. C'est-à-dire que j'aurais été assise à la place d'à côté et ce ne serait rien passé. J'étais vraiment à la place où ça m'est tombé dessus.

  • Speaker #1

    Tu étais toute seule d'entrée ou tu étais avec des copains du coup ?

  • Speaker #0

    J'étais toute seule, mais dans le wagon, on devait être 3-4 je crois. Et avec beaucoup de chance quand même, il me semble que la demoiselle à côté de moi, dans le rayon d'à côté, elle était en école d'infirmière.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Oui, quand même, petit peu de chance dans tout ça.

  • Speaker #1

    Donc elle a pu prendre soin de toi ? Sans aller dans les détails, parce qu'on a du mal à imaginer la scène. Donc, tu es dans un carré de quatre. Il y a un caillou qui passe par la fenêtre, qui tape ta tête. Ça t'assomme. Ça t'ouvre la tête ?

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que j'ai perdu pas mal de sang. Ça devait être un peu un record.

  • Speaker #1

    Donc, ça se remarque. Ce n'est pas juste que tu t'es assoupie. Et tout de suite, il y a un branle-bas de combat dans le wagon.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça, tout de suite. Je crois que la... La contrôleuse arrivait à ce moment-là et vu qu'elle avait entendu juste avant les gamins caillasser le train, elle était déjà au téléphone avec le contrôle ou quelqu'un au-dessus en disant ça s'est encore passé. Et en fait, je crois qu'elle est rentrée à ce moment-là et du coup, elle était déjà au téléphone avec quelqu'un. C'est vrai que ça allait aussi très très vite, j'imagine, pour téléphoner au secours. Elle était déjà en train de prévenir pour autre chose. Donc ça s'est enchaîné.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, toi, tu perds connaissance, t'es pris en charge par les pompiers. Oui. Tu arrives à l'hôpital. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    À l'hôpital, j'ai de vagues souvenirs. Oui, j'arrive. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde autour. Je sens qu'on prend des ciseaux pour m'enlever mes vêtements, tout ça. Et derrière, je ne sais plus exactement. Je pense qu'on m'endort assez rapidement pour aller voir ce qui se passe, du coup, sur ma tête. Et je me réveille quelques heures après. En fait, oui. Le caillou est tombé du côté gauche. Je pense qu'il fallait raser et enlever tous les petits morceaux de crâne qui s'étaient un peu fissurés. J'ai été opérée tout de suite pour ça. Ils m'ont refermée avec le trou. Le lendemain, j'ai fait une hémorragie de l'autre côté. On m'a recouvert le lendemain, en anesthésie générale, pour enlever l'hématome qui s'était formé de l'autre côté. Et après, on m'a refermée, j'ai fait trois jours en soins intensifs, une semaine en chambre d'hôpital normal, et après je suis montée à Saint-Hilaire-du-Touvet à l'époque, c'est là où il y avait la rééducation, c'était un grand bâtiment de rééducation dédié au trauma physique et crânien également.

  • Speaker #1

    Parce que c'était quoi tes séquelles ? Merci.

  • Speaker #0

    Sur le coup, j'ai une hémiplégie du côté droit. Je ne peux plus du tout utiliser tout mon côté droit. La mâchoire et le bras et l'épaule reviennent assez rapidement dans les 4-5 premiers jours. Et en fait, la jambe, je l'ai récupérée vraiment sur les deux mois de rééducation. J'ai fait du fauteuil roulant pendant trois bonnes semaines, je pense.

  • Speaker #1

    Quand tu dis que tu récupères la mâchoire, ça veut dire qu'au début, tu devais avoir du mal à parler ?

  • Speaker #0

    Oui. Je parlais pas, j'avais du mal à parler, à boire, je comprenais pas trop. Un peu quand on sortait le dentiste et qu'il nous a anesthésiés, c'était exactement pareil. J'avais la sensation. Le bras, c'était pareil. Je pouvais le soulever, mais comme si on m'avait mis des poids énormes dessus. J'arrivais pas à faire grand-chose. De toute façon, j'étais allongée dans un lit, on s'occupait de moi, donc j'avais pas grand-chose à faire non plus.

  • Speaker #1

    On dirait presque que tu étais dans un spa quand tu en parles comme ça. j'imagine que Quand tu dépasses le choc et donc le côté assommé, tu penses à quoi ? C'est quoi ton état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me réveille très... Je pense que le monde autour de moi est beaucoup plus paniqué que moi. Moi, je me réveille, je ne sais pas en vrai ce que j'ai, je ne sais pas trop ce qui s'est passé, je n'ai pas vraiment suivi les opérations, les enchaînements, j'étais là sans être là. En vrai, je me réveille, moi, je suis là, voilà. Je suis là, ça va, bonjour tout le monde. Ouais, vraiment, j'ai pas trop ce côté stressant au début ou panique de ce qui s'est passé parce que je pense que je me rends pas compte de ce qui s'est passé. Je sais juste que j'ai trois tuyaux accrochés à ma tête sur les premiers jours pour pouvoir drainer le sang, faire circuler. Voilà, je passe pas des super nuits, la réa, vous avez des tubes partout, des machins, ça sonne, ça bipse.

  • Speaker #1

    Tu as la tête rasée en plus ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai la tête rasée. Et je crois que la première fois que je m'en rends vraiment compte... Je crois que c'est mes parents qui viennent me voir. J'ai le droit de descendre à la cafette. Donc, on prend le fauteuil roulant. Et je crois qu'il y a un miroir dans l'ascenseur. Et il me semble que ma tête est un peu choquée. Mais c'est marrant parce que je n'ai pas du tout ce souvenir-là. Je n'ai pas du tout ce souvenir d'avoir été traumatisée parce que je n'avais plus de cheveux. Parce que mes cheveux, ce n'est pas une grande histoire d'amour. Mes cheveux, ils sont là. C'est cool. je ne suis pas comme ces meufs qui adorent avoir les cheveux longs, c'est vraiment un signe de féminité, tout ça. Moi, mes cheveux, ils sont là, ils ne sont pas là. Quand je vais chez le coiffeur et qu'elle coupe 15 cm, je me dis non, mais je n'ai pas payé pour ça.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Donc non, en vrai, je ne vais pas trop réaliser tout de suite. Mais si tu veux, on te fera faire une perruque et tout. Moi, j'étais dans mon... Ça allait, ça allait. Non, mais ne vous inquiétez pas.

  • Speaker #1

    Tout va bien.

  • Speaker #0

    On verra bien, on verra bien. De toute façon, on verra bien. Je pense que j'étais vraiment dans l'optique, il n'y a rien qui est écrit. puis j'avais vu quand même deux trois médecins qui nous avait expliqué que c'était quoi qu'il arrive des connexions neurologiques qui s'étaient séparées. Donc en fait, j'avais zéro timing. Je ne sais pas, personne ne savait combien de temps j'allais mettre à remettre, si j'allais m'en remettre, si j'allais marcher, pas marcher, garder un boîtage, un handicap. Vraiment, c'était l'inconnu total, autant pour eux que pour moi. Donc voilà, allons-y.

  • Speaker #1

    Alors, la plupart des gens qui écoutent ce podcast se diraient, mais moi je serais en... panique de ne pas savoir, de ne pas avoir de réponse, d'avoir aucune deadline. Et toi, en fait, on dirait que ça t'a presque soulagée qu'il y ait un champ des possibles qui soit ouvert.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça. Je pense que c'est le champ des possibles en me disant autant ça va être dur, autant je vais tout récupérer. Et j'étais vraiment dans cette optique un peu battante. Je disais à tout le monde, ne vous inquiétez pas, je vais skier cet hiver. Tout le monde regardait. Oui, Mathilde, tu vas skier cet hiver. Mais je pense que c'est ce qui m'a vraiment boostée. Et je me suis retrouvée dans un hôpital de rééducation avec des gens avec des... Je pense que c'est là toute la différence, avec des vrais paraplégiques. C'est-à-dire qu'elles étaient physiques, les mecs s'étaient fait mal, ou ils avaient des accidents de parapente ou des choses comme ça. Et moi, à côté, en fait, je n'avais pas ça. C'était pas... Ce n'était pas mon corps qui était physiquement abîmé, c'était mes connexions neurones, on va dire. J'ai vraiment laissé la chance en disant, on verra. Je les voyais tellement tous dans leur fauteuil roulant, les trucs avançaient tout seuls. C'était soit la moi qui était touchée, soit la colonne, tout ça. Là, c'est physique. On sait que c'est réparable ou pas. Moi, en fait, vu qu'il n'y avait pas de... Il n'y avait pas ça. Il n'y avait pas de choses faites ou pas faites. Donc, c'était au destin de décider. donc je l'ai un peu laissé faire

  • Speaker #1

    En fait, il n'y avait pas de problème mécanique.

  • Speaker #0

    C'est ça, il n'y avait pas de mécanique.

  • Speaker #1

    Et du coup, la magie de la neuroplasticité a suffi pour te donner de l'espoir. Les connexions neurologiques allaient se refaire. Et c'est vrai d'ailleurs que ce n'est pas parce que tu abîmes une connexion que tu détruis une connexion entre deux neurones. Le cerveau trouve un autre chemin. C'est assez magique d'ailleurs. Et c'est pour ça qu'on est tous capables de changer nos mauvaises habitudes. Parce que nous avons tous cette neuroplasticité. En tout cas, toi, ça t'a donné de l'espoir et ça t'a permis de rester positive et battante.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis vraiment restée dans cette optique, ça va le faire. Voilà, ça va le faire. Je ne savais pas en combien de temps, je ne savais pas comment, mais vraiment, à l'époque, il n'y a pas un moment où je me suis dit mince, je vais finir ma vie en fauteuil roulant. Ça ne m'a pas traversé l'esprit. Je les voyais ça en fauteuil roulant, mais ce n'était pas moi. Ce n'était pas le même problème.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que là, quand on parle, ça paraît presque de l'inconscience, du déni.

  • Speaker #0

    Je pense que c'était ça. Maintenant que je travaille un petit peu, je pense que oui, c'était… Oui, j'ai fermé plein de… J'ai même, je pense, un peu fermé les yeux en me disant « je fonce tête baissée, on le voit » . De toute façon, ça ne peut pas être pire. Je pense que je me suis dit « de toute façon, ça ne peut pas être pire » . Ça ne peut pas m'enlever la deuxième jambe. Donc, dans l'idée… allons-y, on va voir ce qui se passe. Et la prise en charge là-haut, c'était au milieu de la montagne à Grenoble, donc vraiment sur les hauteurs du Vercors, c'était déjà incroyable. Et vraiment, la prise en charge, on vit des moments assez exceptionnels avec des gens assez exceptionnels aussi, donc ça aide beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ressenti de la colère ?

  • Speaker #0

    Oula, je pense que j'en ai encore beaucoup. Oui, beaucoup de colère, je pense d'incompréhension et d'injustice en se disant pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi pas rien ? Parce que je me serais assise à la place d'à côté, c'était rien. On n'en parlait plus. Mais c'est comme ça. Mais oui, la colère, c'est le plus difficile, je pense. à enlever et essayer de pardonner aux gens. Mais je pense que je suis sur le chemin maintenant, là. À 33 ans.

  • Speaker #1

    C'était donc il y a combien d'années, l'accident ?

  • Speaker #0

    2009.

  • Speaker #1

    2009, donc c'était il y a...

  • Speaker #0

    J'avais 18 ans.

  • Speaker #1

    Est-ce que les deux jeunes, ils ont été arrêtés ? Il y a eu un procès ?

  • Speaker #0

    Ils ont été arrêtés un an après. Et il y a eu... Pas mal de procès, de choses. Il me semble qu'il y en a un qui a accepté ce qui s'était passé et qui a fait une lettre d'excuse. Et l'autre, pas vraiment, et qui a fait appel. Mais je ne me suis même pas trop intéressée en vrai. J'ai préféré laisser faire les adultes responsables à ce moment-là. Je n'ai pas voulu trop m'en mêler, je pensais que ça allait encore empirer. Et je pense que j'étais vraiment dans mon optique d'aller mieux. Et je ne voulais pas que ça vienne jouer quelque part. Je les ai mis de côté. Je les ai laissés de côté faire leur chemin et moi, je faisais le mien pour aller mieux. Et après, la justice décidera comment tout ça allait se passer.

  • Speaker #1

    En fait, je t'imagine toi en mode, vous inquiétez pas, légal. Moi, je serai sur les pistes, il n'y a pas de souci. Tout va bien, j'avance, j'avance, j'avance. Donc, résilience, puissance 10 000, mais une forme d'inconscience. T'as 18 ans en même temps, donc t'es super jeune, t'as plein de force et d'une vitalité incroyable. Je pense à tes parents. Comment est-ce qu'eux l'ont vécu ? Et comment est-ce que toi... Parce que souvent les enfants, et bon là t'étais une grande enfant, mais les enfants ont tendance à prendre sur eux pour pas affecter leurs parents. Tu vois, il y a un peu un changement d'attitude pour protéger ses parents.

  • Speaker #0

    Peut-être une partie de moi qui a réagi comme ça aussi pour assurer un petit peu tout le monde, parce que je pense que le choc était énorme. Et oui, je pense qu'ils ont coulé très rapidement en se disant pourquoi plus que moi, je pense. Mais c'est peut-être pour ça aussi que j'ai relativisé en disant non, mais ne vous inquiétez pas, vous avez vu, je suis là. Je pense que c'était vraiment sur le coup, la motivation, c'est je suis là. Je suis là, vous êtes là. Il manque des membres à personne, je ne suis pas devenue aveugle. Enfin, voilà, on est tous là. On va passer sûrement des moments difficiles, mais on est tous là et je pense que c'était la partie la plus importante.

  • Speaker #1

    Donc, c'était important aussi pour eux de te voir...

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Je pense que si ça avait été compliqué, ils l'auraient encore plus mal vécu. Ce n'était pas du tout facile, mais je pense que là, ils l'auraient très, très, très mal vécu, je pense.

  • Speaker #1

    C'est beau d'entendre ça. Et en même temps, j'ai envie de dire... ça a dû te demander il y a deux options que je vois, soit ça te demande une surénergie pour pas sombrer soit ça t'aide justement et c'est un atout est-ce que ça t'a coûté en fait de réagir de manière aussi positive sur le coup alors que tu vivais quelque chose de très difficile je

  • Speaker #0

    pense que ça me coûte aujourd'hui cette réaction je pense que j'étais tellement dans un élan que j'ai pas ... Je n'ai pas écouté. Alors, je n'étais peut-être pas prête non plus à l'époque quand on m'a dit, va voir quelqu'un, tu as vécu quelque chose de difficile, il faut quand même te faire suivre et tout. Et à l'époque, j'étais vraiment sûre, non, non, mais il n'y a que les fous qui vont chez les psys. Moi, je suis trop forte, je vais m'en sortir et tout. Du coup, là, des années après, je suis très contente d'aller voir ma psy parce que je pense qu'en effet, j'ai beaucoup de choses qui sont les conséquences là maintenant. de cet accident, de ce qui s'est passé, de la façon dont j'ai réagi, je pense que c'est aujourd'hui que je prends conscience pleinement des choses et de la difficulté que c'était et de ce que ça m'a fait, on va dire. Moi, j'étais vraiment… Oui, exactement. Je pense que j'ai vraiment l'impact depuis quelques années, mais peut-être… l'achat du restaurant qui vient chambouler beaucoup de choses et venue chambouler beaucoup de choses à l'intérieur et je pense que ça en faisait partie. J'avais mis un joli pansement dessus. Mais je n'avais pas à soigner la plaie.

  • Speaker #1

    Non. Oui, c'est comme un gros pansement, genre un plâtre que tu as dû mettre dessus.

  • Speaker #0

    Avec un peu d'argile, histoire de soigner quand même.

  • Speaker #1

    Tu évoques le restaurant. Qu'est-ce qui t'a fait bon ? Prendre conscience que le plâtre était en train d'étouffer une gangrène.

  • Speaker #0

    Je pense qu'avec le restaurant... J'étais toute contente, enfin, j'étais très contente, je suis toujours très contente, mais je pense que les... Ouais, on se prend vraiment des murs quand on entreprend et quand on est seul un petit peu face à l'adversité. Et on est tombé sur tout de suite deux, trois petits quoi qu'on va dire, ce chef qui n'a pas voulu rester. Dès la deuxième semaine, j'ai un frigo qui est tombé en panne. Enfin, deux, trois petites choses comme ça qu'on cumule. Et je pense que j'ai fait comme d'habitude. tout garder, tout garder, tout garder en me disant c'est normal, c'est comme ça qu'on entreprend, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça, c'est comme ça, c'est comme ça. Et je pense que cet été, à un moment, je me suis dit mais non, en fait, oui, c'est comme ça qu'on apprend, mais on peut aussi se faire aider. Je pense que j'ai arrêté d'avancer toute seule, tête baissée. Voilà. Ouais, exactement. J'ai enlevé les cornes et je me suis dit, mince, il y en a marre de défoncer des murs un peu à l'aveuglette. On va essayer de ne plus défoncer le mur du tout juste. On va avancer en pleine conscience.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a cette image que parfois, il ne faut pas avoir peur de défoncer les murs, que c'est comme ça. Ça ne peut pas être aussi facile. Ça fait vraiment partie.

  • Speaker #0

    Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Au bout d'un moment, on commence vraiment à avoir mal au cervical. Hein ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Tu l'as évoqué, ce chef qui n'est pas parti, on va raconter l'histoire. Donc toi, tu achètes un restaurant avec Thibaut à La Morlaix, donc tu reprends un restaurant. Et quand on rachète un restaurant, tu rachètes le fonds de commerce. Et avec ça, l'équipe.

  • Speaker #0

    Exactement. L'équipe qui est engagée en CDI fait partie, quoi qu'il arrive, de la vente. Et donc le chef y est depuis deux ans, je pense. Et le patron, à l'époque... Je pense qu'il avait un petit peu peur qu'il s'en aille avant, ou je ne sais pas, il a peut-être estimé qu'il n'avait pas à lui dire aussitôt. Il l'a prévenu un petit peu dans les délais légals, mais je pense que le chef, ils avaient une bonne relation, et il l'a très mal pris. Donc en fait, je pense qu'il s'est vexé en se disant qu'il n'était pas inclus dans les choses du restaurant, alors qu'il y passait une bonne partie de sa vie. Donc voilà, il a décidé de ne pas continuer avec nous. Donc on a ouvert le restaurant à trois.

  • Speaker #1

    Donc il y a trois, toi Thibaut et... Et

  • Speaker #0

    Katia. Donc là, la commis, on va dire, parce qu'elle a été embauchée comme ça, deux cuisines qui étaient là quand on a acheté le restaurant.

  • Speaker #1

    Donc il y avait un chef, un commis, mais un chef qui se met en arrêt maladie tout de suite.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et qui du coup...

  • Speaker #0

    Ne vous faites pas.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu.

  • Speaker #0

    Du tout.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu. Et ça n'avait rien à voir avec vous finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça n'avait rien à voir avec nous. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile tout de suite d'ouvrir en se disant mince, il n'a même pas voulu nous faire confiance. Ça met quand même un petit coup en se disant mince, si lui, il n'a pas voulu nous faire confiance, est-ce que nous, on va se faire confiance ? Mais dans l'idée, ça remet un peu les pendules à l'heure. Là, on réfléchit au restaurant. On se dit que de toute façon, on voulait faire ce qu'on voulait, mais bon, là, de toute façon, on n'a pas le choix. voilà on fait ce qu'on veut qui passe en cuisine Avec Katia, on n'essayait pas non plus trop la perturber dans ce qu'elle faisait. On essayait de voir avec les recettes, les choses qu'elle connaît déjà, qu'elle sait déjà faire. Elle est d'une aide incroyable. Elle sait travailler en autonomie. Elle connaît très bien le restaurant. Elle connaît les choses. Elle sait où sont tout ce qu'on cherche dans la cuisine, dans le restaurant.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien. C'est votre petit guide.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est votre petite elfe.

  • Speaker #1

    Tu passes en cuisine. même si t'es formée à la cuisine, toi, ce que tu aimes, c'est être en salle, comme Thibaut, d'ailleurs. Et donc là, tu es là pour imaginer la carte et mettre en route le restaurant. Et du coup, tu fais appel aussi à des jokers, différents amis qui viennent vous aider. Comment ça se passe ? Alors là,

  • Speaker #0

    pas tout de suite. On fait vraiment tous les deux. On fait un mois et demi comme ça. Et derrière, on recrute un chef qui était sous-chef avant, qui est dans la région. qui a l'air très bien, de notre âge, hyper motivé, il aime ce qu'on fait, tout va bien. On se lance à bras le corps avec lui, on est super content, tout va bien. Et un jour, il ne vient pas et il ne se présente pas le matin. Et on le sent en plus parce qu'en arrivant, je me dis, le chef n'est pas encore là, c'est bizarre. Il n'est toujours pas là, toujours pas là, toujours pas là. Et là, on voit sa compagne arriver. Et là, on s'est regardé et on savait.

  • Speaker #1

    on a su qu'il y avait envie de se crocher donc c'est sa compagne qui nous a annoncé qu'il ne viendrait plus et sa maman n'était pas disponible visiblement pour vous annoncer je pense que sa maman était au travail peut-être à cette heure-ci.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc là, on se prend une grosse, re une grosse baffe, mais une très, très grosse parce que celle-ci, c'est celle où on fait confiance à quelqu'un. On avait confiance. On avait confiance la veille au soir. Il s'en va en disant à Thibaut, j'ai hâte qu'on ouvre le deuxième, quoi. OK. Du coup, c'est compliqué, là. Donc, voilà. On se prend vraiment un gros scud dans la tête. C'est compliqué les trois premiers jours, vraiment, parce qu'il y a la trahison, il y a l'incompréhension et il y a ce côté un petit peu abandon. Donc, on mélange tout ça, on met ça dans un shaker et on passe les trois jours d'après comme ça. Et finalement, on rebondit un petit peu, on appelle, on se renseigne, on appelle les copains, les copains de la restauration, ceux qui peuvent nous sauver la vie et c'est eux qui l'ont fait. On a un pote, du coup, qui est en train d'acheter un restaurant à Toulon. qui avait un petit peu de temps devant lui, donc il est venu directement en train nous aider, restructurer un petit peu la cuisine, faire un petit peu de rangement, repasser derrière l'ancien chef, enlever un petit peu ce qu'il y avait, nous relancer sur des bons rails. Et du coup, là, Thibaut décide de passer en cuisine en se disant, moi aussi, il me faut cette formation, il faut que je comprenne, il faut que je vois comment ça se passe, que je sois au courant. On se dit vraiment, il faut qu'on ait tous les deux... les bottes de cuisinier. Et après lui, c'est Margot qui est chef là aujourd'hui, qui est venue aussi, qui avait un petit temps là depuis décembre jusqu'à juin, et qui est venue aussi nous aider et nous accompagner et former Katia également.

  • Speaker #1

    Génial, donc vous avez su rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je pense que c'est tout le... Et on vous le dit, quand vous commencez, quand vous êtes entrepreneur, tout le monde vous le dit, Tant qu'on ne s'est pas pris les murs, on ne sait pas ce que c'est. On ne se rend pas compte. Et en fait, c'est ça le métier d'entrepreneur, c'est se prendre un mur, rebondir, se prendre un machin, rebondir. Vraiment, on fait ça tout le temps, en fait. On joue comme ça tout le temps. Alors,

  • Speaker #1

    c'est marrant parce que juste avant, tu me dis, j'arrête d'être en mode bélier et de foncer dans les murs. Et en même temps, c'est ça être entrepreneur, c'est de se prendre des murs et rebondir.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais parce que je fonce plus dedans, c'est eux qui me foncent dedans.

  • Speaker #1

    Donc en fait, ne pas être un bélier ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir des obstacles. Les obstacles, ils arrivent toujours à un moment ou à un autre. Mais c'est quelle est ton attitude face à ces murs et est-ce que tu vas en chercher d'autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu ça. C'est plus comment je change mon attitude pour que ça impacte le moins. et ma santé et mon restaurant. C'est le plus difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Et tu disais du coup que tu avais commencé une thérapie. Le déclic, ça a été quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Le déclic, en vrai, c'est... Je faisais beaucoup de up and down sur les derniers mois, des semaines où j'étais très contente, des journées très contentes, tout va bien, hyper euphorique, et des lendemains où ça n'allait pas du tout. Je ne comprenais pas ce que je faisais là. Vraiment, c'est ce côté dépressif où on ne voit pas, on se sent sous l'eau de la piscine, on n'arrive pas à remonter et on ne voit pas le bout du tunnel. Et c'est là où je me suis dit, ce n'est pas normal, cette espèce de vague énorme que je fais assez régulièrement. Donc, j'ai pris conscience et j'ai dit, je pense qu'il y a des choses à aller chercher quelque part parce que ça faisait beaucoup de haut, de bas, de haut, de bas et c'était un petit peu constant.

  • Speaker #1

    Est-ce que ces hauts et ces bas, tu avais constaté que ça venait impacter ton travail, ta vie de couple ? Est-ce qu'il y avait des conséquences néfastes que tu trouvais vraiment palpables ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense que quoi qu'il arrive, ce côté un petit peu dépression quand on n'est pas bien, c'est toujours très compliqué pour des gens autour ou des gens qui ne l'ont jamais vécu ou touché. On ne comprend jamais vraiment. Comment la personne ne va pas bien. Et donc, ça joue sur le couple. Moi, Thibaut, il essayait, le pauvre, de faire que ça aille mieux, mais il ne comprenait pas que c'était vraiment à l'intérieur. Oui, qu'il fallait vraiment que j'aille chercher plus profondément, que ce n'était pas juste en surface ou juste un matin où je m'étais mal levée. Il y avait vraiment quelque chose qui ne fonctionnait pas.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas un bon café qui allait... Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce n'était pas une belle journée de promenade, je ne sais où. Non, non, il fallait... Fallait vraiment aller chercher plus loin, je pense.

  • Speaker #1

    Et s'associer avec son conjoint, bonne ou mauvaise idée ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très compliqué. Il faut être solide. Voilà, je pense que tous les gens qui ont des enfants... le savent, je pense que ça revient un petit peu à la même chose. C'est ce côté où on est d'accord au début, et puis quand ça arrive, mince, on n'est peut-être plus d'accord là-dessus, d'accord là-dessus, on va faire les choses comme ça, pas comme ça, dans ce sens-là, pas dans ce sens-là. Donc ça vient appuyer un peu sur les boutons qu'on pensait qu'on avait réglés juste avant. Et en fait, voilà, c'est là. Et oui, quoi qu'il arrive, ça challenge tout le temps. L'important, c'est de bien faire la différence entre le restaurant et la vie privée. Ça, c'est la base. Moi, par exemple, je sais que le week-end, c'est mon week-end. Je ne réponds pas à mes mails, je n'ouvre pas les réservations du restaurant. Le restaurant, je n'y touche pas le week-end. J'arrive le mercredi, je fais tout ce qu'il y a à faire. Mais le week-end, non, je coupe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton mercredi, il est du dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, mercredi au dimanche.

  • Speaker #1

    Voilà. Non, ton week.

  • Speaker #0

    Le week-end, il est du dimanche soir, lundi, mardi.

  • Speaker #1

    Voilà. Il est un petit peu en décalé.

  • Speaker #0

    Il est en décalé. Donc, on reçoit souvent des appels.

  • Speaker #1

    Tu arrives à couper.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui. Thibaut, un petit peu moins parce que c'est quelqu'un qui est, je pense, très, très passionné par ce qu'il fait. Et donc, lui, ça ne le gêne pas. Mais moi, j'ai besoin d'avoir cette coupure. Je pense que c'est hyper important de pouvoir se dire, OK, il y a le travail. OK, il y a ma vie privée. Je pense que c'est vraiment un des basiques.

  • Speaker #1

    Et ce qui est très dur quand on est dans la restauration, en réalité.

  • Speaker #0

    C'est très dur.

  • Speaker #1

    Vous êtes complètement en horaire décalé, vous avez peu de soirées.

  • Speaker #0

    C'est ça. Oui, ce n'est pas facile. Il faut vraiment trouver un bon équilibre en dehors.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si Thibaut, il a une question pro le lundi, tu lui dis que ça atteindra mercredi ?

  • Speaker #0

    Ça dépend, mais il y a des jours, oui. Il y a des jours où il commence à parler resto. Et là, il voit dans mes yeux et il me dit, j'attendrai. Quand je regarde ma série, par exemple, là, je me dis, non, non, non, non, c'est mon moment.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est important de mettre les limites et de les communiquer et de les faire respecter. Après, on n'est pas obligé de fusiller du regard dès que ça dépasse. Mais c'est vrai que c'est important de bien être au clair sur ce dont toi, tu as besoin.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je pense que c'est ce que j'ai aussi un peu compris ces derniers temps. C'est ce qui me fait du bien pour avancer.

  • Speaker #1

    Est-ce que ta thérapie, alors sans rentrer dans les détails évidemment de ce voyage personnel, est-ce que tu peux juste nous partager ce que ça t'apporte ou en tout cas en quoi ? Parce qu'avant tu disais que vraiment c'était pour les fous de faire ce genre de travail. Et aujourd'hui tu le dis. Tu partages à quel point c'est précieux. Qu'est-ce que ça t'apporte et qu'est-ce que tu as découvert avec Surprise ?

  • Speaker #0

    Ça m'apporte, je pense que ça m'apporte beaucoup, beaucoup. C'est très agréable. Je suis tombée sur une super psy déjà. Et c'est très agréable parce que j'y vais sans pression et j'y vais vraiment dans l'optique de communiquer avec elle. Et vraiment, des fois, on a des discussions. sur la vie, sur ce qui se passe, toujours avec un rapport avec moi, mais c'est très ouvert, en fait, comme discussion. On parle un petit peu du passé, on parle de ça. Des fois, elle rebondit sur autre chose. Et en fait, je viens un petit peu relativiser. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'elle m'apprend dans ce côté un petit peu comportement, qu'on prend des autres, ce côté un petit peu transgénérationnel. Dès la troisième séance, on parlait un petit peu et il y a des choses, elle m'a dit, voilà, ça, c'est pas... c'est pas à votre comportement c'est pas à vous ça vient de plus haut donc c'est important de pouvoir se détacher en fait des habitudes qu'on prend et qu'on a pris qu'on nous a donné en fait moi c'est même pour ça que je dirais aux gens allez voir quelqu'un c'est juste pour venir se séparer de ce que certaines générations nous transmettent depuis trop longtemps venir casser un peu casser un peu ouais c'est ce code quoi et ça fait du bien je le recommande à tout le monde aujourd'hui vraiment haut et fort, mais dès que je croise quelqu'un, je suis passée d'un tout à l'autre. Allez-y, ça fait du bien. Vraiment, je revendique, je pense qu'il faut, même si ce n'est pas une psychothérapie, même s'il faut trouver quelqu'un d'autre, mais je pense que c'est important d'aller voir quelqu'un. Il ne faut surtout pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie. en me disant j'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté. Et c'est encore plus rassurant, en fait.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, quand tu penses à ça, moi, je pense à mon cas où j'ai un trauma qui date d'il y a un peu moins d'un an. Et tout le monde me dit que je dois me faire accompagner sur le sujet. Et je ne vois pas, enfin, j'en ressens pas le besoin.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Et tu vois, quand je t'entends, je me dis, bon, il faudrait quand même peut-être que j'en parle à quelqu'un de professionnel. mais c'est vrai que Je pense qu'on a senti, on rebondit tellement, on n'a pas conscience de comment ça peut, de manière indirecte ou de manière complètement insidieuse, venir impacter le reste de notre vie. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Mais après, c'est vraiment un... C'est-à-dire que si on n'est pas prêt, de toute façon, il ne faut pas le faire. C'est vraiment un cheminement si on n'en ressent pas l'utilité ou le besoin. Oui, en effet. c'est quelque chose que de toute façon qu'on tiendra peut-être pas moi quand cet été je me suis dit c'est maintenant et quand je vais la voir je raconte toute ma life mais même les tout petits trucs que je pense un peu gênant des fois des petits moments de jalousie ou des choses un peu comme ça même pas forcément vis-à-vis de Thibaut, vis-à-vis d'autres choses vis-à-vis de Jean, de choses de la vie et tout je lui en parle et elle vient tellement relativiser et m'expliquer que que la colère par exemple, la colère tout seul c'est pas un mauvais sentiment dans la colère il y a plein de petites boîtes et dans cette colère il y a des boîtes qui représentent plein de choses et en fait il n'y a rien de mauvais là-dedans, c'est juste qu'il y a peut-être quelque chose qui ressort un petit peu plus qui est un petit peu plus présent mais dans l'idée il n'y a rien de mauvais ou de négatif à enlever en fait en fait on y va pour se comprendre un petit peu mieux oui et puis comprendre sa colère ça permet souvent de de

  • Speaker #1

    mettre ... un petit peu plus de lumière sur les valeurs qui sont importantes et donc ce qui nous motive, ce qui nous guide. Et donc, ça redonne un autre élan et ça permet finalement de réorienter notre énergie. Quand on n'est pas conscient de nos émotions, finalement, l'énergie, elle passe dans une passoire. Alors que comprendre ces éléments-là et ce qui vient les titiller, ça permet de réorienter notre énergie.

  • Speaker #0

    C'est ça, les comprendre et accepter et pas se dire que c'est mal. Ou bien juste se dire que ça fait partie de ce que je suis et j'avance avec.

  • Speaker #1

    Ça fait partie des trois questions que je pose systématiquement à la fin du podcast. J'imagine qu'il y aura un panneau où ce sera aller voir un psy ou aller vous faire aider. Mais sinon, en dehors de ça, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans un endroit qui a pas mal de passages et tu peux y inscrire et y afficher. tout ce que tu veux, qu'est-ce que tu y mettrais ?

  • Speaker #0

    Quelque chose comme ça, mais plus le côté ne pas avoir peur de demander un petit peu d'aide, ne pas avoir peur d'un moment sur le chemin de demander à quelqu'un qui nous tend la main de prendre cette main et d'avancer un petit peu et de se dire, ok, le reste du chemin, je le fais tout seul, mais on n'est pas tout seul, on n'avance pas tout seul dans cette vie de toute façon, donc il faut accepter l'aide et ce qui vient autour.

  • Speaker #1

    On n'est pas tout seul, accepter les mains tendues et demander de l'aide si besoin.

  • Speaker #0

    Oui, ne pas hésiter. On est né tout seul et on va finir tout seul, mais on grandit quand même dans cette vie avec beaucoup de monde autour, donc c'est bien de s'en servir si on en a besoin.

  • Speaker #1

    Excellent, j'adore. Et si tu te retrouvais face à Mathilde le jour de ses 10 ans, tu as le droit de voyager dans le temps et de lui donner un conseil. Qu'est-ce que tu lui donnes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est vraiment jamais très facile parce qu'en grandissant, on a plein de conseils qu'on aimerait donner à notre petit soi de l'époque. Mais qu'est-ce que je lui dirais ? Que ça va le faire. Que ça va le faire. Voilà. Qu'il y aura peut-être des moments un petit peu plus difficiles, mais comme tout le monde. Mais que ça va le faire. Qu'elle va prendre des mauvaises, mais des bonnes décisions derrière. que ça va s'équilibrer. Je dirais, voilà.

  • Speaker #1

    Tu pourras rectifier tes mauvais choix.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Tu vas tomber sur tes pattes. C'est pas mal, ça. C'est bien parce que c'est à la fois et confiance, et aussi n'aie pas peur de faire des mauvais choix. Tu arriveras toujours à rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un mauvais choix, ce n'est pas non plus une fin de vie ou une fin de quelque chose. De toute façon, j'avais lu ça à l'époque, je crois que c'est très... français de ne pas valoriser les échecs et j'ai vu des échecs et j'ai vu en Angleterre c'est très valorisant parce que ça veut dire que les gens qui ont des échecs, ils ont pris conscience de ce qu'il fallait plus faire, on va dire. Donc, ils avancent. Ils avancent plus. En France, l'échec, c'est quelque chose qui n'est pas très bien vu. C'est un petit peu « Ah, tu t'es loupé, ce n'est pas bien. Ah, tu n'as pas fait ça correctement. » Alors que, ben, oui. Mais du coup, la fois d'après, il va faire mieux et encore mieux et encore mieux parce que cet échec, il va servir à le faire avancer peut-être plus loin, peut-être plus vite est peut-être juste là où il faut.

  • Speaker #1

    La valeur de l'échec. En réalité, si on ne fait que des choses qu'on est sûr de réussir, on ne grandit pas beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un côté très rassurant là-dedans, mais oui,

  • Speaker #1

    on ne va pas très loin. Et est-ce qu'il y a une chose que tu aimerais bien faire, mais tu n'as pas encore eu le courage, tu n'as pas encore osé, et ça te trotte un peu dans la tête ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense, parce que quand on s'est installé, on s'est installé dans une maison, et donc on est en train de refaire deux, trois petites choses, et je ne veux jamais le faire, mais créer des choses. Moi, je veux faire des DIY, je veux créer des meubles, je veux poncer des choses, je veux peindre des trucs. Et ça, je ne l'ai jamais fait. Parce qu'à Paris, on vivait dans un tout petit appart. Je n'ai même rien mis au mur, tellement j'avais peur d'abîmer les murs en partant. Et là, j'ai envie d'être un petit peu plus créative. C'est marrant, je suis allée voir une kinésiologue, ça aussi, c'est incroyable. Et qui m'a dit, là, il faudrait quand même... Faites ce que vous aimez de créatif. Et je l'ai regardée, je lui ai dit, mais moi... Je n'ai pas de passion créative, en fait. Je me dis, moi, je suis dans la restauration, moi, j'aime boire et manger, j'ai l'impression qu'il n'y a rien d'autre qui m'intéresse. Et donc, du coup, je me suis quand même questionnée en sortant en me disant, il y a quand même des choses que j'aime faire. Et c'est vrai que j'ai rebondi la pion en me disant, maintenant, j'ai une petite maison et tout. Je pense que j'ai envie de créer des petites choses comme ça, de peindre, de repeindre, de poncer, de poser des étagères. Je ne sais pas poser une étagère, par exemple.

  • Speaker #1

    en tout cas d'utiliser tes mains autrement que pour servir les gens Pour le restaurant Charnu, qu'est-ce qu'on te souhaite ? De quoi tu as besoin pour que cette expérience soit un grand succès ?

  • Speaker #0

    Du monde. Que les gens viennent et que les gens comprennent ce qu'on fait. Ça, c'est vraiment important. Que les gens comprennent. Il y en a qui viennent, on sent que c'est un petit peu décalé. Il y en a qui nous disent, mais vous n'avez que des légumes dans vos garnitures, vous n'avez pas autre chose, vous n'avez pas de viande rouge. Ben non, voilà. Donc vraiment que les gens comprennent. Et je pense surtout pour le... le futur que les gens, ce que je disais au début, que les gens voient que c'est complètement possible de, pas tout le temps, mais de manger quand même un petit peu local et de faire attention à ce qu'on consomme, de faire attention aux gens autour et à l'environnement et je pense que c'est hyper important.

  • Speaker #1

    C'est l'expérience en fait, au-delà d'une bonne table, il y a une expérience.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis surtout passer un bon moment, on va au restaurant, pour passer un bon moment, il faut venir avec des gens sympas, il faut venir avec des gens qu'on aime, il faut rigoler, il faut parler fort. Voilà, il faut passer un bon moment, c'est le but. Quand on ouvre un restaurant, je pense que nous, quand on a ouvert le restaurant, moi j'ai dit à Thibaut, je veux ouvrir un restaurant dans lequel je veux aller manger. Je veux être bien, je veux avoir à boire, à manger, je veux être bien servie, je veux que la déco soit mignonne. Enfin voilà, vraiment quelque part où je me sentirais bien en tant que cliente, mais moi.

  • Speaker #1

    Vu la qualité de vos assiettes et le charme du lieu, je suis sûre que vous allez attirer de plus en plus de monde. et surtout... Je te souhaite à toi, Mathilde, de continuer ton parcours personnel pour être en paix, pour te sentir alignée et pour ne plus être sujette à ses hauts et ses bas. On ne peut pas être tout le temps dans le haut, mais au moins rester le plus souvent possible avec la patate. Vous n'avez pas l'image, mais Mathilde a un énorme sourire depuis le début, une magnifique énergie. C'était un vrai plaisir de t'avoir à mon micro, Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je te souhaite beaucoup de succès.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura pu intriguer, inspirer et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation ou un commentaire, ça aidera énormément le podcast à être diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Landais

    00:05

  • Le parcours de Mathilde : De l'accident à l'entrepreneuriat

    01:10

  • L'ouverture du restaurant Charnu et ses motivations

    01:46

  • Les valeurs et la philosophie de la cuisine de Charnu

    02:38

  • Les choix éthiques dans la sélection des produits

    04:37

  • Les défis de l'entrepreneuriat et l'importance de l'entraide

    07:12

  • L'accident de train et ses conséquences sur la vie de Mathilde

    12:29

  • Rééducation et résilience après l'accident

    17:52

  • La thérapie et le cheminement personnel de Mathilde

    37:58

  • Conseils et réflexions finales de Mathilde

    48:30

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Description

Mathilde a 18 ans lorsqu'une roche lui tombe sur la tête.


Elle vient de boucler ses partiels de fin d'année et rentre en TER à Grenoble


Le wagon est presque vide


Elle choisit un siège dans un carré près de la fenêtre


Celle-ci est ouverte pour donner un peu d'air dans ce wagon sans clim


Depuis plusieurs jours, deux jeunes caillassent les trains qui passent


Certainement pour tuer leur ennui


Ils ne réalisent pas que ces projectiles vont réussir à passer par la fenêtre


et fracasser le crâne de Mathilde



Elle se retrouve entre la vie et la mort ; à 18 ans


Elle choisit la vie avec une force impressionnante


Si les médecins ne peuvent pas lui garantir si et quand elle pourra remarcher ; elle décide que "ça va le faire"


Et ça le fait


Elle avance dans la vie tête baissée et affronte tous les obstacles.


Avec son conjoint Thibault, elle ouvre Charnu, un bistrot où tout est cohérent et recherché


En 2024, Mathilde se rend compte que son moral n'est pas au rdv; qu'il y a quelque chose qui cloche


Et qu'elle ne veut plus faire la voiture bélier


Dans ce nouvel épisode du podcast, Mathilde évoque:

🪩 les hauts et les bas de l'entreprenariat

🪩 comment être une battante sans ignorer ses émotions

🪩 son changement radical d'opinion sur la santé mentale


Retrouvez Mathilde chez Charnu : https://www.charnu.fr/


suivez moi sur Linkedin www.linkedin.com/in/elvire-blasset-9327bb10


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne peux pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie en me disant que je n'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté et c'est encore plus rassurant en fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les... prise de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que le chaos intérieur que tu vis est normal et que ça doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on sort jamais de sa zone de confort. On l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non, que ce soit ton boss. qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, j'accueille Mathilde Landais. Elle a ouvert avec son partenaire à la salle et dans la vie, Thibaut Schneider, un restaurant bistrot qui s'appelle Charnu, qui travaille les produits locaux et qui propose une cuisine simple, revisitée et extrêmement savoureuse. Bienvenue Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Alors Mathilde, bien entendu, nous allons parler de ce restaurant et de ce projet qui est un énorme projet pour toi parce qu'à seulement 33 ans, ouvrir son propre restaurant, ça a beaucoup d'implications et j'imagine énormément de galères. Mais avant ça, je voudrais que tu nous racontes qu'est-ce qui t'a donné envie d'ouvrir ton restaurant ? D'où venait le projet ?

  • Speaker #0

    Alors je pense que le projet d'ouvrir un restaurant, c'est un petit peu comme tous les entrepreneurs, c'est d'être... autonome. C'est de faire les choses pour soi et plus pour quelqu'un d'autre. Et je pense que c'est pour ça que les gens se lancent à un moment donné dans leur vie, c'est pour être autonome et pour vraiment faire les choses pour soi et se faire plaisir à soi et avoir à répondre en fait à soi.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une ambition créative, c'est-à-dire d'avoir le restaurant qui a le look que tu veux, mais aussi les assiettes ? qui répondent à ton exigence esthétique ? Ou est-ce que c'est aussi parce que tu n'aimes pas trop répondre à l'autorité des autres ?

  • Speaker #0

    Il y a un petit côté, je pense, où j'en avais marre de l'autorité des autres. J'en avais un peu marre qu'on me dise quoi faire. Oui, c'est ça, de vraiment répondre, et des fois bêtement, à des choses qui étaient demandées, alors que je n'en voyais peut-être pas l'utilité à chaque fois. Donc je pense que c'est vraiment ressorti de ça, en me disant, voilà, maintenant je suis chez moi.

  • Speaker #1

    je fais comme j'ai envie et ça c'est cool quand tu dis je fais ce que j'ai envie je fais les choses pour moi et en même temps t'es dans un métier de service donc tu fais aussi les choses pour les clients c'est plus facile pour

  • Speaker #0

    les clients mais on y met tout ce en quoi on croit on va dire vraiment ce restaurant on l'a ouvert avec beaucoup d'envie et Et... Beaucoup de choses à transmettre, je pense que c'est vraiment le mot. Transmettre aux gens, aux clients qui viennent chez nous, cet amour de la nourriture, du bon vin, du bien manger, et surtout du manger local et du manger un petit peu écologique, on va dire. Vraiment essayer de respecter, je dis la planète en global, mais respecter juste l'environnement qui nous entoure et juste montrer aux gens que c'est faisable. que c'est faisable d'aller au supermarché et de ne pas prendre une tomate en hiver parce qu'on a envie d'une ratatouille. C'est faisable, ça se fait. On peut assaisonner, on peut trouver quelque chose avec sa patate douce, on peut venir modifier, faire des assaisonnements, faire des mélanges. C'est vraiment l'idée aujourd'hui, je pense, de ce restaurant, c'est de montrer aux gens que c'est largement faisable et que c'est cool en plus.

  • Speaker #1

    Ouais, que c'est cool. Et c'est vrai que c'est pas évident de... Quand je pense... À tout ce que l'on entend sur la provenance des aliments, sur le fait de limiter aussi la consommation de viande. Quels sont, toi, tes arbitrages et tes partis pris dans la sélection de tes plats ?

  • Speaker #0

    On est sur une pêche qui est nord, atlantique nord. Donc, on essaie vraiment de ne pas descendre plus bas pour ne pas avoir trop de transport. Pareil sur les viandes, on essaie vraiment d'avoir des viandes locales. En général, on a des viandes toujours assez similaires, mais parce qu'on fait ce qu'on a dans la région. Il y a pas mal de cochons, un petit peu d'agneaux, et on travaille aussi beaucoup les volailles. Il y a un monsieur qui s'appelle M. Oued qui a Grémy-Villers qui fait ses volailles et qui fait pousser son blé pour nourrir ses volailles. Donc là, on est vraiment dans nous ce qu'on cherche. C'est-à-dire que le monsieur de A à Z, il sait ce qu'il y a dans son produit. Quand il nous ramène ses volailles, c'est des volailles énormes qui font 2,3 kg à 2,8 kg. C'est magnifique à travailler et nous, on est super contents. Et pareil, du coup, sur le légume, on a un seul maraîcher. Voilà, on en a un. Et quand il n'a pas, il n'a pas. C'est tout.

  • Speaker #1

    Donc, tu changes ta carte.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, on change la carte assez régulièrement. Dès qu'on sent que ça tourne un petit peu en rond, qu'on a envie de modifier, on ne se prive pas, en fait. On n'a pas de timing du tout. Il y a un truc qui s'en va, il y a quelque chose qui revient. Il n'y a plus de ça. On va faire comme ça. On modifie un petit peu. On change les façons de cuire. Vraiment, on modifie nos assiettes. mais quand ça nous chante ?

  • Speaker #1

    Tu parlais du monsieur qui élève ses volailles et qui aussi contrôle la nourriture qu'il leur donne. J'ai écouté ce matin un podcast justement sur l'alimentation et justement, c'était aux Etats-Unis, il faut voir la tête de l'industrie des poulets aux Etats-Unis, ils sont tous nettoyés à la javel. mais en plus le spécialiste évoquait le fait qu'ils étaient élevés dans des temps records, je crois en moins de huit semaines ou neuf semaines avant d'être tués, et que pour grandir et grossir, avoir des beaux filets, ils étaient nourris avec plein d'hormones et des farines, où il y a 20 milliards de choses dedans. Comment toi tu fais ? Là, tu as cet exemple-là de l'éleveur, mais... Comment tu arrives à t'assurer que justement tous les produits que tu sources, eux-mêmes, les élevages sont nourris avec la bonne nourriture ? Comment est-ce que tu sélectionnes ?

  • Speaker #0

    On a fait déjà une grosse sélection à la base. Quand on est arrivé, juste avant qu'on achète, ça a été tout notre cheminement au début, c'est de faire un petit peu le tour de certains, parce qu'on ne venait pas du tout de la région. de certains producteurs pour voir un petit peu comment ils travaillent ici, écouter un petit peu les gens. On s'est renseignés comme ça, le bouche à oreille. Ça, par exemple, l'éleveur, c'est une connaissance qui m'a donné le nom, qui a dit qu'il travaillait super bien. Donc, beaucoup de bouche à oreille et on aime bien aller visiter. Le maraîcher, quand je l'appelle un petit peu en dernière nuit pour ajouter des légumes et qu'il n'est pas là, il me fait venir dans son champ. Je vais chercher mes légumes dans le champ. Je connais son champ, je sais où il est, je sais comment il travaille. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et ça doit se ressentir dans l'assiette parce que j'espère à chaque fois que quand tu choisis bien tes produits, le goût est encore plus présent.

  • Speaker #0

    C'est arrivé au tout début, j'étais en cuisine. Un jour où je n'avais pas trop le temps, j'ai mis mes patates douces dans le thermomix pour faire une purée. J'ai mis un petit peu de crème et je ne les ai pas assaisonnées. En me disant que j'assaisonnerais après, je n'ai pas le temps. Une fois que j'ai mixé, tout était chaud, j'ai goûté. J'ai goûté la pâte à douce et j'ai dit, je ne vais même pas l'assaisonner. J'ai dit, en fait, c'est ça le goût d'un vrai légume. Depuis, on assaisonne après, on rectifie de temps en temps. Mais là, la pâte à douce, je me souviens d'avoir dit, je ne mets pas plus. Je ne mets pas plus, elle se suffit, tout va bien. Et c'est génial d'avoir ces gens qui travaillent très bien et qui te font redécouvrir le goût d'un vrai légume.

  • Speaker #1

    Tu me le disais juste avant que tu n'utilisais pas de gingembre. Tu n'utilises pas de citronnelle, tu n'utilises pas toutes ces épices ou ces herbes qui ne sont pas locales. Ça doit être un sacré challenge quand même pour rester tout autant créatif, mais avec finalement un terrain de jeu plus limité.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais je pense que c'est ce qui est aussi important aujourd'hui, c'est de, comme je disais, un petit peu montrer aux gens que c'est faisable de ne pas forcément aller chercher. Je ne dis pas qu'il ne faut pas, j'adore ce genre de cuisine. J'adore, moi j'adore aller... tout ce qui est un petit peu asiatique, le gingembre. On a plein de copains à Paris qui cuisinent avec tout ce genre d'ingrédients et c'est absolument exceptionnel. Mais moi, c'est vrai que je voulais vraiment que ce soit local. Et oui, des fois, je sens que c'est un petit peu plus compliqué. Et en même temps, je pense que ça amène à travailler le produit différemment et vraiment à venir chercher les goûts plus profondément ou différemment, un peu plus comme on le faisait avant, je dirais. vraiment venir travailler le produit, se creuser la tête. Ouais.

  • Speaker #1

    Yeah. C'est un sacré défi, en fait. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On a toujours à la carte un plat végé. Et il y a plein de gens ici quand même qui sont très viandes, donc qui ne nous le prennent pas forcément, qui hésitent. Et quand ils le prennent, ils sont toujours très surpris. Et ils nous disent « Waouh, le végé, c'était vraiment super ! » et tout. Et moi, je leur explique à chaque fois que ça reste un plat avec que des légumes. Et pour surprendre tout le monde, en fait, on se creuse la tête à le travailler de la meilleure des façons. Donc en vrai, oui, chez nous, tout ce qui est un petit peu végé... Déjà, il n'y a que des légumes en garniture, mais tout ce qui est végé, c'est... C'est là où on amène le plus de travail.

  • Speaker #1

    Quand tu dis qu'il n'y a que des légumes en garniture, c'est-à-dire que tu ne fais pas de riz et pas de pâtes ? Ni de semoule ? Non.

  • Speaker #0

    En plat du jour, sur notre formule du déjeuner, on fait un petit peu plus de pâtes, de riz, de semoule. Mais sur nos plats à la carte, non, on est vraiment sur un gros travail du légume en garniture. Pas de patates. Ils en font tous à côté, donc on s'est dit pas de patates. Pas de frites.

  • Speaker #1

    Pas de frites, pas de patates. Non. Ah ouais. Tu mets des beaux challenges en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. On fait quand même des poulets du dimanche de temps en temps. Donc poulet patate, celui-là, on ne va pas trop bien le modifier. Mais non, sur notre carte, on est très, très légumes. On aime vraiment venir travailler et surprendre parce qu'il y a plein de gens qui n'aiment pas, qui ne connaissent pas, qui ne savent pas. Le chouquel, le topinambour. C'est cool de surprendre les gens.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous n'êtes pas du tout de la région. Effectivement, avant, vous étiez à Paris.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quelle idée de venir à la Borlée, dans l'Oise ?

  • Speaker #0

    On a quitté Paris, en fait, pour aller à Méribel. Sauf qu'on n'a pas pu terminer ce qu'on devait faire à Méribel. Donc, on a voulu revenir un petit peu vers les sources, on va dire aux gens qu'on connaissait. Mais moi, je ne voulais pas revivre à Paris. Je voulais de la campagne, de la verdure, je voulais pouvoir respirer un peu. Donc, le compromis, c'était de trouver quelque chose aux alentours. Et en fait, la maman de Thibaut s'est installée à Coix-la-Forêt, donc à côté de Chantilly, il y a cinq ans. Et donc, on a commencé à venir de plus en plus souvent. Et on s'est dit que c'était un bon compromis, en fait, entre ce côté campagne et ce côté Paris. C'est-à-dire que Paris, de Coix-la-Forêt, c'est à 20 minutes en train. C'est la porte à côté, en vrai. Donc, c'était notre petit compromis.

  • Speaker #1

    Super. On va y revenir. Justement, le restaurant et les challenges de cette ouverture de restaurant. Avant ça, j'aimerais qu'on évoque un moment qui a été difficile et qui a beaucoup influencé ta trajectoire et qui t'a demandé énormément de courage pour surmonter ce défi. C'est que tu as eu un accident complètement... En anglais, on dit « freak accident » . Donc, un accident qui est atypique, un accident de train, mais ce n'est pas le train qui a déraillé. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. C'était en 2009. Je venais juste de terminer tous mes examens de PTH et je repartais vers Grenoble pour aller fêter ça avec tous mes copains de l'année. Et en fait, entre Chambéry et Grenoble, la fenêtre du train était ouverte c'était des anciens TER un peu vieux et en fait je me suis pris une pierre qui est passée dans cette fenêtre ouverte et qui est tombée directement sur ma tête donc là c'est le blackout complet je n'ai pas très très peu de souvenirs je me souviens de Trou Noir je me souviens de Mettre Réveillé un petit peu après c'était l'époque où on n'avait pas beaucoup de de SMS et d'appels. Donc en fait, à ces moments-là, j'appelais ma maman. Elle ne me répondait pas et elle me rappelait. Donc à ce moment-là, c'est ce qui s'est passé. Je n'avais plus de batterie. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont voulu l'appeler, mais elle n'a pas décroché tout de suite parce que c'était le rituel de dire « c'est moi qui te rappelle, j'ai plus de crédit sur mon téléphone » . Et en fait, ils sont allés jusqu'à l'arrêt d'après et je me suis emmenée par les pompiers directement au CHU de Grenoble.

  • Speaker #1

    Donc la roche est tombée, mais elle a été jetée.

  • Speaker #0

    Elle a été jetée, oui, par deux petits jeunes qui s'amusaient depuis quelques semaines à juste caillasser le train.

  • Speaker #1

    Ok, parce que c'est drôle.

  • Speaker #0

    Parce que j'imagine que ça les occupait, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, la probabilité, évidemment, pour que cet énorme caillou passe par la fenêtre et tombe sur ta tête était moins importante que de gagner au loto. Donc, j'espère que tu as rejoué au loto depuis.

  • Speaker #0

    Je n'ai même pas joué au loto depuis. J'attends que quelqu'un gagne pour moi parce que je suis très nulle au jeu de marchand et de chance. C'est vrai que j'étais dans une place de quatre. C'est-à-dire que j'aurais été assise à la place d'à côté et ce ne serait rien passé. J'étais vraiment à la place où ça m'est tombé dessus.

  • Speaker #1

    Tu étais toute seule d'entrée ou tu étais avec des copains du coup ?

  • Speaker #0

    J'étais toute seule, mais dans le wagon, on devait être 3-4 je crois. Et avec beaucoup de chance quand même, il me semble que la demoiselle à côté de moi, dans le rayon d'à côté, elle était en école d'infirmière.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Oui, quand même, petit peu de chance dans tout ça.

  • Speaker #1

    Donc elle a pu prendre soin de toi ? Sans aller dans les détails, parce qu'on a du mal à imaginer la scène. Donc, tu es dans un carré de quatre. Il y a un caillou qui passe par la fenêtre, qui tape ta tête. Ça t'assomme. Ça t'ouvre la tête ?

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que j'ai perdu pas mal de sang. Ça devait être un peu un record.

  • Speaker #1

    Donc, ça se remarque. Ce n'est pas juste que tu t'es assoupie. Et tout de suite, il y a un branle-bas de combat dans le wagon.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça, tout de suite. Je crois que la... La contrôleuse arrivait à ce moment-là et vu qu'elle avait entendu juste avant les gamins caillasser le train, elle était déjà au téléphone avec le contrôle ou quelqu'un au-dessus en disant ça s'est encore passé. Et en fait, je crois qu'elle est rentrée à ce moment-là et du coup, elle était déjà au téléphone avec quelqu'un. C'est vrai que ça allait aussi très très vite, j'imagine, pour téléphoner au secours. Elle était déjà en train de prévenir pour autre chose. Donc ça s'est enchaîné.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, toi, tu perds connaissance, t'es pris en charge par les pompiers. Oui. Tu arrives à l'hôpital. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    À l'hôpital, j'ai de vagues souvenirs. Oui, j'arrive. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde autour. Je sens qu'on prend des ciseaux pour m'enlever mes vêtements, tout ça. Et derrière, je ne sais plus exactement. Je pense qu'on m'endort assez rapidement pour aller voir ce qui se passe, du coup, sur ma tête. Et je me réveille quelques heures après. En fait, oui. Le caillou est tombé du côté gauche. Je pense qu'il fallait raser et enlever tous les petits morceaux de crâne qui s'étaient un peu fissurés. J'ai été opérée tout de suite pour ça. Ils m'ont refermée avec le trou. Le lendemain, j'ai fait une hémorragie de l'autre côté. On m'a recouvert le lendemain, en anesthésie générale, pour enlever l'hématome qui s'était formé de l'autre côté. Et après, on m'a refermée, j'ai fait trois jours en soins intensifs, une semaine en chambre d'hôpital normal, et après je suis montée à Saint-Hilaire-du-Touvet à l'époque, c'est là où il y avait la rééducation, c'était un grand bâtiment de rééducation dédié au trauma physique et crânien également.

  • Speaker #1

    Parce que c'était quoi tes séquelles ? Merci.

  • Speaker #0

    Sur le coup, j'ai une hémiplégie du côté droit. Je ne peux plus du tout utiliser tout mon côté droit. La mâchoire et le bras et l'épaule reviennent assez rapidement dans les 4-5 premiers jours. Et en fait, la jambe, je l'ai récupérée vraiment sur les deux mois de rééducation. J'ai fait du fauteuil roulant pendant trois bonnes semaines, je pense.

  • Speaker #1

    Quand tu dis que tu récupères la mâchoire, ça veut dire qu'au début, tu devais avoir du mal à parler ?

  • Speaker #0

    Oui. Je parlais pas, j'avais du mal à parler, à boire, je comprenais pas trop. Un peu quand on sortait le dentiste et qu'il nous a anesthésiés, c'était exactement pareil. J'avais la sensation. Le bras, c'était pareil. Je pouvais le soulever, mais comme si on m'avait mis des poids énormes dessus. J'arrivais pas à faire grand-chose. De toute façon, j'étais allongée dans un lit, on s'occupait de moi, donc j'avais pas grand-chose à faire non plus.

  • Speaker #1

    On dirait presque que tu étais dans un spa quand tu en parles comme ça. j'imagine que Quand tu dépasses le choc et donc le côté assommé, tu penses à quoi ? C'est quoi ton état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me réveille très... Je pense que le monde autour de moi est beaucoup plus paniqué que moi. Moi, je me réveille, je ne sais pas en vrai ce que j'ai, je ne sais pas trop ce qui s'est passé, je n'ai pas vraiment suivi les opérations, les enchaînements, j'étais là sans être là. En vrai, je me réveille, moi, je suis là, voilà. Je suis là, ça va, bonjour tout le monde. Ouais, vraiment, j'ai pas trop ce côté stressant au début ou panique de ce qui s'est passé parce que je pense que je me rends pas compte de ce qui s'est passé. Je sais juste que j'ai trois tuyaux accrochés à ma tête sur les premiers jours pour pouvoir drainer le sang, faire circuler. Voilà, je passe pas des super nuits, la réa, vous avez des tubes partout, des machins, ça sonne, ça bipse.

  • Speaker #1

    Tu as la tête rasée en plus ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai la tête rasée. Et je crois que la première fois que je m'en rends vraiment compte... Je crois que c'est mes parents qui viennent me voir. J'ai le droit de descendre à la cafette. Donc, on prend le fauteuil roulant. Et je crois qu'il y a un miroir dans l'ascenseur. Et il me semble que ma tête est un peu choquée. Mais c'est marrant parce que je n'ai pas du tout ce souvenir-là. Je n'ai pas du tout ce souvenir d'avoir été traumatisée parce que je n'avais plus de cheveux. Parce que mes cheveux, ce n'est pas une grande histoire d'amour. Mes cheveux, ils sont là. C'est cool. je ne suis pas comme ces meufs qui adorent avoir les cheveux longs, c'est vraiment un signe de féminité, tout ça. Moi, mes cheveux, ils sont là, ils ne sont pas là. Quand je vais chez le coiffeur et qu'elle coupe 15 cm, je me dis non, mais je n'ai pas payé pour ça.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Donc non, en vrai, je ne vais pas trop réaliser tout de suite. Mais si tu veux, on te fera faire une perruque et tout. Moi, j'étais dans mon... Ça allait, ça allait. Non, mais ne vous inquiétez pas.

  • Speaker #1

    Tout va bien.

  • Speaker #0

    On verra bien, on verra bien. De toute façon, on verra bien. Je pense que j'étais vraiment dans l'optique, il n'y a rien qui est écrit. puis j'avais vu quand même deux trois médecins qui nous avait expliqué que c'était quoi qu'il arrive des connexions neurologiques qui s'étaient séparées. Donc en fait, j'avais zéro timing. Je ne sais pas, personne ne savait combien de temps j'allais mettre à remettre, si j'allais m'en remettre, si j'allais marcher, pas marcher, garder un boîtage, un handicap. Vraiment, c'était l'inconnu total, autant pour eux que pour moi. Donc voilà, allons-y.

  • Speaker #1

    Alors, la plupart des gens qui écoutent ce podcast se diraient, mais moi je serais en... panique de ne pas savoir, de ne pas avoir de réponse, d'avoir aucune deadline. Et toi, en fait, on dirait que ça t'a presque soulagée qu'il y ait un champ des possibles qui soit ouvert.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça. Je pense que c'est le champ des possibles en me disant autant ça va être dur, autant je vais tout récupérer. Et j'étais vraiment dans cette optique un peu battante. Je disais à tout le monde, ne vous inquiétez pas, je vais skier cet hiver. Tout le monde regardait. Oui, Mathilde, tu vas skier cet hiver. Mais je pense que c'est ce qui m'a vraiment boostée. Et je me suis retrouvée dans un hôpital de rééducation avec des gens avec des... Je pense que c'est là toute la différence, avec des vrais paraplégiques. C'est-à-dire qu'elles étaient physiques, les mecs s'étaient fait mal, ou ils avaient des accidents de parapente ou des choses comme ça. Et moi, à côté, en fait, je n'avais pas ça. C'était pas... Ce n'était pas mon corps qui était physiquement abîmé, c'était mes connexions neurones, on va dire. J'ai vraiment laissé la chance en disant, on verra. Je les voyais tellement tous dans leur fauteuil roulant, les trucs avançaient tout seuls. C'était soit la moi qui était touchée, soit la colonne, tout ça. Là, c'est physique. On sait que c'est réparable ou pas. Moi, en fait, vu qu'il n'y avait pas de... Il n'y avait pas ça. Il n'y avait pas de choses faites ou pas faites. Donc, c'était au destin de décider. donc je l'ai un peu laissé faire

  • Speaker #1

    En fait, il n'y avait pas de problème mécanique.

  • Speaker #0

    C'est ça, il n'y avait pas de mécanique.

  • Speaker #1

    Et du coup, la magie de la neuroplasticité a suffi pour te donner de l'espoir. Les connexions neurologiques allaient se refaire. Et c'est vrai d'ailleurs que ce n'est pas parce que tu abîmes une connexion que tu détruis une connexion entre deux neurones. Le cerveau trouve un autre chemin. C'est assez magique d'ailleurs. Et c'est pour ça qu'on est tous capables de changer nos mauvaises habitudes. Parce que nous avons tous cette neuroplasticité. En tout cas, toi, ça t'a donné de l'espoir et ça t'a permis de rester positive et battante.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis vraiment restée dans cette optique, ça va le faire. Voilà, ça va le faire. Je ne savais pas en combien de temps, je ne savais pas comment, mais vraiment, à l'époque, il n'y a pas un moment où je me suis dit mince, je vais finir ma vie en fauteuil roulant. Ça ne m'a pas traversé l'esprit. Je les voyais ça en fauteuil roulant, mais ce n'était pas moi. Ce n'était pas le même problème.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que là, quand on parle, ça paraît presque de l'inconscience, du déni.

  • Speaker #0

    Je pense que c'était ça. Maintenant que je travaille un petit peu, je pense que oui, c'était… Oui, j'ai fermé plein de… J'ai même, je pense, un peu fermé les yeux en me disant « je fonce tête baissée, on le voit » . De toute façon, ça ne peut pas être pire. Je pense que je me suis dit « de toute façon, ça ne peut pas être pire » . Ça ne peut pas m'enlever la deuxième jambe. Donc, dans l'idée… allons-y, on va voir ce qui se passe. Et la prise en charge là-haut, c'était au milieu de la montagne à Grenoble, donc vraiment sur les hauteurs du Vercors, c'était déjà incroyable. Et vraiment, la prise en charge, on vit des moments assez exceptionnels avec des gens assez exceptionnels aussi, donc ça aide beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ressenti de la colère ?

  • Speaker #0

    Oula, je pense que j'en ai encore beaucoup. Oui, beaucoup de colère, je pense d'incompréhension et d'injustice en se disant pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi pas rien ? Parce que je me serais assise à la place d'à côté, c'était rien. On n'en parlait plus. Mais c'est comme ça. Mais oui, la colère, c'est le plus difficile, je pense. à enlever et essayer de pardonner aux gens. Mais je pense que je suis sur le chemin maintenant, là. À 33 ans.

  • Speaker #1

    C'était donc il y a combien d'années, l'accident ?

  • Speaker #0

    2009.

  • Speaker #1

    2009, donc c'était il y a...

  • Speaker #0

    J'avais 18 ans.

  • Speaker #1

    Est-ce que les deux jeunes, ils ont été arrêtés ? Il y a eu un procès ?

  • Speaker #0

    Ils ont été arrêtés un an après. Et il y a eu... Pas mal de procès, de choses. Il me semble qu'il y en a un qui a accepté ce qui s'était passé et qui a fait une lettre d'excuse. Et l'autre, pas vraiment, et qui a fait appel. Mais je ne me suis même pas trop intéressée en vrai. J'ai préféré laisser faire les adultes responsables à ce moment-là. Je n'ai pas voulu trop m'en mêler, je pensais que ça allait encore empirer. Et je pense que j'étais vraiment dans mon optique d'aller mieux. Et je ne voulais pas que ça vienne jouer quelque part. Je les ai mis de côté. Je les ai laissés de côté faire leur chemin et moi, je faisais le mien pour aller mieux. Et après, la justice décidera comment tout ça allait se passer.

  • Speaker #1

    En fait, je t'imagine toi en mode, vous inquiétez pas, légal. Moi, je serai sur les pistes, il n'y a pas de souci. Tout va bien, j'avance, j'avance, j'avance. Donc, résilience, puissance 10 000, mais une forme d'inconscience. T'as 18 ans en même temps, donc t'es super jeune, t'as plein de force et d'une vitalité incroyable. Je pense à tes parents. Comment est-ce qu'eux l'ont vécu ? Et comment est-ce que toi... Parce que souvent les enfants, et bon là t'étais une grande enfant, mais les enfants ont tendance à prendre sur eux pour pas affecter leurs parents. Tu vois, il y a un peu un changement d'attitude pour protéger ses parents.

  • Speaker #0

    Peut-être une partie de moi qui a réagi comme ça aussi pour assurer un petit peu tout le monde, parce que je pense que le choc était énorme. Et oui, je pense qu'ils ont coulé très rapidement en se disant pourquoi plus que moi, je pense. Mais c'est peut-être pour ça aussi que j'ai relativisé en disant non, mais ne vous inquiétez pas, vous avez vu, je suis là. Je pense que c'était vraiment sur le coup, la motivation, c'est je suis là. Je suis là, vous êtes là. Il manque des membres à personne, je ne suis pas devenue aveugle. Enfin, voilà, on est tous là. On va passer sûrement des moments difficiles, mais on est tous là et je pense que c'était la partie la plus importante.

  • Speaker #1

    Donc, c'était important aussi pour eux de te voir...

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Je pense que si ça avait été compliqué, ils l'auraient encore plus mal vécu. Ce n'était pas du tout facile, mais je pense que là, ils l'auraient très, très, très mal vécu, je pense.

  • Speaker #1

    C'est beau d'entendre ça. Et en même temps, j'ai envie de dire... ça a dû te demander il y a deux options que je vois, soit ça te demande une surénergie pour pas sombrer soit ça t'aide justement et c'est un atout est-ce que ça t'a coûté en fait de réagir de manière aussi positive sur le coup alors que tu vivais quelque chose de très difficile je

  • Speaker #0

    pense que ça me coûte aujourd'hui cette réaction je pense que j'étais tellement dans un élan que j'ai pas ... Je n'ai pas écouté. Alors, je n'étais peut-être pas prête non plus à l'époque quand on m'a dit, va voir quelqu'un, tu as vécu quelque chose de difficile, il faut quand même te faire suivre et tout. Et à l'époque, j'étais vraiment sûre, non, non, mais il n'y a que les fous qui vont chez les psys. Moi, je suis trop forte, je vais m'en sortir et tout. Du coup, là, des années après, je suis très contente d'aller voir ma psy parce que je pense qu'en effet, j'ai beaucoup de choses qui sont les conséquences là maintenant. de cet accident, de ce qui s'est passé, de la façon dont j'ai réagi, je pense que c'est aujourd'hui que je prends conscience pleinement des choses et de la difficulté que c'était et de ce que ça m'a fait, on va dire. Moi, j'étais vraiment… Oui, exactement. Je pense que j'ai vraiment l'impact depuis quelques années, mais peut-être… l'achat du restaurant qui vient chambouler beaucoup de choses et venue chambouler beaucoup de choses à l'intérieur et je pense que ça en faisait partie. J'avais mis un joli pansement dessus. Mais je n'avais pas à soigner la plaie.

  • Speaker #1

    Non. Oui, c'est comme un gros pansement, genre un plâtre que tu as dû mettre dessus.

  • Speaker #0

    Avec un peu d'argile, histoire de soigner quand même.

  • Speaker #1

    Tu évoques le restaurant. Qu'est-ce qui t'a fait bon ? Prendre conscience que le plâtre était en train d'étouffer une gangrène.

  • Speaker #0

    Je pense qu'avec le restaurant... J'étais toute contente, enfin, j'étais très contente, je suis toujours très contente, mais je pense que les... Ouais, on se prend vraiment des murs quand on entreprend et quand on est seul un petit peu face à l'adversité. Et on est tombé sur tout de suite deux, trois petits quoi qu'on va dire, ce chef qui n'a pas voulu rester. Dès la deuxième semaine, j'ai un frigo qui est tombé en panne. Enfin, deux, trois petites choses comme ça qu'on cumule. Et je pense que j'ai fait comme d'habitude. tout garder, tout garder, tout garder en me disant c'est normal, c'est comme ça qu'on entreprend, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça, c'est comme ça, c'est comme ça. Et je pense que cet été, à un moment, je me suis dit mais non, en fait, oui, c'est comme ça qu'on apprend, mais on peut aussi se faire aider. Je pense que j'ai arrêté d'avancer toute seule, tête baissée. Voilà. Ouais, exactement. J'ai enlevé les cornes et je me suis dit, mince, il y en a marre de défoncer des murs un peu à l'aveuglette. On va essayer de ne plus défoncer le mur du tout juste. On va avancer en pleine conscience.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a cette image que parfois, il ne faut pas avoir peur de défoncer les murs, que c'est comme ça. Ça ne peut pas être aussi facile. Ça fait vraiment partie.

  • Speaker #0

    Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Au bout d'un moment, on commence vraiment à avoir mal au cervical. Hein ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Tu l'as évoqué, ce chef qui n'est pas parti, on va raconter l'histoire. Donc toi, tu achètes un restaurant avec Thibaut à La Morlaix, donc tu reprends un restaurant. Et quand on rachète un restaurant, tu rachètes le fonds de commerce. Et avec ça, l'équipe.

  • Speaker #0

    Exactement. L'équipe qui est engagée en CDI fait partie, quoi qu'il arrive, de la vente. Et donc le chef y est depuis deux ans, je pense. Et le patron, à l'époque... Je pense qu'il avait un petit peu peur qu'il s'en aille avant, ou je ne sais pas, il a peut-être estimé qu'il n'avait pas à lui dire aussitôt. Il l'a prévenu un petit peu dans les délais légals, mais je pense que le chef, ils avaient une bonne relation, et il l'a très mal pris. Donc en fait, je pense qu'il s'est vexé en se disant qu'il n'était pas inclus dans les choses du restaurant, alors qu'il y passait une bonne partie de sa vie. Donc voilà, il a décidé de ne pas continuer avec nous. Donc on a ouvert le restaurant à trois.

  • Speaker #1

    Donc il y a trois, toi Thibaut et... Et

  • Speaker #0

    Katia. Donc là, la commis, on va dire, parce qu'elle a été embauchée comme ça, deux cuisines qui étaient là quand on a acheté le restaurant.

  • Speaker #1

    Donc il y avait un chef, un commis, mais un chef qui se met en arrêt maladie tout de suite.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et qui du coup...

  • Speaker #0

    Ne vous faites pas.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu.

  • Speaker #0

    Du tout.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu. Et ça n'avait rien à voir avec vous finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça n'avait rien à voir avec nous. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile tout de suite d'ouvrir en se disant mince, il n'a même pas voulu nous faire confiance. Ça met quand même un petit coup en se disant mince, si lui, il n'a pas voulu nous faire confiance, est-ce que nous, on va se faire confiance ? Mais dans l'idée, ça remet un peu les pendules à l'heure. Là, on réfléchit au restaurant. On se dit que de toute façon, on voulait faire ce qu'on voulait, mais bon, là, de toute façon, on n'a pas le choix. voilà on fait ce qu'on veut qui passe en cuisine Avec Katia, on n'essayait pas non plus trop la perturber dans ce qu'elle faisait. On essayait de voir avec les recettes, les choses qu'elle connaît déjà, qu'elle sait déjà faire. Elle est d'une aide incroyable. Elle sait travailler en autonomie. Elle connaît très bien le restaurant. Elle connaît les choses. Elle sait où sont tout ce qu'on cherche dans la cuisine, dans le restaurant.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien. C'est votre petit guide.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est votre petite elfe.

  • Speaker #1

    Tu passes en cuisine. même si t'es formée à la cuisine, toi, ce que tu aimes, c'est être en salle, comme Thibaut, d'ailleurs. Et donc là, tu es là pour imaginer la carte et mettre en route le restaurant. Et du coup, tu fais appel aussi à des jokers, différents amis qui viennent vous aider. Comment ça se passe ? Alors là,

  • Speaker #0

    pas tout de suite. On fait vraiment tous les deux. On fait un mois et demi comme ça. Et derrière, on recrute un chef qui était sous-chef avant, qui est dans la région. qui a l'air très bien, de notre âge, hyper motivé, il aime ce qu'on fait, tout va bien. On se lance à bras le corps avec lui, on est super content, tout va bien. Et un jour, il ne vient pas et il ne se présente pas le matin. Et on le sent en plus parce qu'en arrivant, je me dis, le chef n'est pas encore là, c'est bizarre. Il n'est toujours pas là, toujours pas là, toujours pas là. Et là, on voit sa compagne arriver. Et là, on s'est regardé et on savait.

  • Speaker #1

    on a su qu'il y avait envie de se crocher donc c'est sa compagne qui nous a annoncé qu'il ne viendrait plus et sa maman n'était pas disponible visiblement pour vous annoncer je pense que sa maman était au travail peut-être à cette heure-ci.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc là, on se prend une grosse, re une grosse baffe, mais une très, très grosse parce que celle-ci, c'est celle où on fait confiance à quelqu'un. On avait confiance. On avait confiance la veille au soir. Il s'en va en disant à Thibaut, j'ai hâte qu'on ouvre le deuxième, quoi. OK. Du coup, c'est compliqué, là. Donc, voilà. On se prend vraiment un gros scud dans la tête. C'est compliqué les trois premiers jours, vraiment, parce qu'il y a la trahison, il y a l'incompréhension et il y a ce côté un petit peu abandon. Donc, on mélange tout ça, on met ça dans un shaker et on passe les trois jours d'après comme ça. Et finalement, on rebondit un petit peu, on appelle, on se renseigne, on appelle les copains, les copains de la restauration, ceux qui peuvent nous sauver la vie et c'est eux qui l'ont fait. On a un pote, du coup, qui est en train d'acheter un restaurant à Toulon. qui avait un petit peu de temps devant lui, donc il est venu directement en train nous aider, restructurer un petit peu la cuisine, faire un petit peu de rangement, repasser derrière l'ancien chef, enlever un petit peu ce qu'il y avait, nous relancer sur des bons rails. Et du coup, là, Thibaut décide de passer en cuisine en se disant, moi aussi, il me faut cette formation, il faut que je comprenne, il faut que je vois comment ça se passe, que je sois au courant. On se dit vraiment, il faut qu'on ait tous les deux... les bottes de cuisinier. Et après lui, c'est Margot qui est chef là aujourd'hui, qui est venue aussi, qui avait un petit temps là depuis décembre jusqu'à juin, et qui est venue aussi nous aider et nous accompagner et former Katia également.

  • Speaker #1

    Génial, donc vous avez su rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je pense que c'est tout le... Et on vous le dit, quand vous commencez, quand vous êtes entrepreneur, tout le monde vous le dit, Tant qu'on ne s'est pas pris les murs, on ne sait pas ce que c'est. On ne se rend pas compte. Et en fait, c'est ça le métier d'entrepreneur, c'est se prendre un mur, rebondir, se prendre un machin, rebondir. Vraiment, on fait ça tout le temps, en fait. On joue comme ça tout le temps. Alors,

  • Speaker #1

    c'est marrant parce que juste avant, tu me dis, j'arrête d'être en mode bélier et de foncer dans les murs. Et en même temps, c'est ça être entrepreneur, c'est de se prendre des murs et rebondir.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais parce que je fonce plus dedans, c'est eux qui me foncent dedans.

  • Speaker #1

    Donc en fait, ne pas être un bélier ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir des obstacles. Les obstacles, ils arrivent toujours à un moment ou à un autre. Mais c'est quelle est ton attitude face à ces murs et est-ce que tu vas en chercher d'autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu ça. C'est plus comment je change mon attitude pour que ça impacte le moins. et ma santé et mon restaurant. C'est le plus difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Et tu disais du coup que tu avais commencé une thérapie. Le déclic, ça a été quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Le déclic, en vrai, c'est... Je faisais beaucoup de up and down sur les derniers mois, des semaines où j'étais très contente, des journées très contentes, tout va bien, hyper euphorique, et des lendemains où ça n'allait pas du tout. Je ne comprenais pas ce que je faisais là. Vraiment, c'est ce côté dépressif où on ne voit pas, on se sent sous l'eau de la piscine, on n'arrive pas à remonter et on ne voit pas le bout du tunnel. Et c'est là où je me suis dit, ce n'est pas normal, cette espèce de vague énorme que je fais assez régulièrement. Donc, j'ai pris conscience et j'ai dit, je pense qu'il y a des choses à aller chercher quelque part parce que ça faisait beaucoup de haut, de bas, de haut, de bas et c'était un petit peu constant.

  • Speaker #1

    Est-ce que ces hauts et ces bas, tu avais constaté que ça venait impacter ton travail, ta vie de couple ? Est-ce qu'il y avait des conséquences néfastes que tu trouvais vraiment palpables ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense que quoi qu'il arrive, ce côté un petit peu dépression quand on n'est pas bien, c'est toujours très compliqué pour des gens autour ou des gens qui ne l'ont jamais vécu ou touché. On ne comprend jamais vraiment. Comment la personne ne va pas bien. Et donc, ça joue sur le couple. Moi, Thibaut, il essayait, le pauvre, de faire que ça aille mieux, mais il ne comprenait pas que c'était vraiment à l'intérieur. Oui, qu'il fallait vraiment que j'aille chercher plus profondément, que ce n'était pas juste en surface ou juste un matin où je m'étais mal levée. Il y avait vraiment quelque chose qui ne fonctionnait pas.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas un bon café qui allait... Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce n'était pas une belle journée de promenade, je ne sais où. Non, non, il fallait... Fallait vraiment aller chercher plus loin, je pense.

  • Speaker #1

    Et s'associer avec son conjoint, bonne ou mauvaise idée ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très compliqué. Il faut être solide. Voilà, je pense que tous les gens qui ont des enfants... le savent, je pense que ça revient un petit peu à la même chose. C'est ce côté où on est d'accord au début, et puis quand ça arrive, mince, on n'est peut-être plus d'accord là-dessus, d'accord là-dessus, on va faire les choses comme ça, pas comme ça, dans ce sens-là, pas dans ce sens-là. Donc ça vient appuyer un peu sur les boutons qu'on pensait qu'on avait réglés juste avant. Et en fait, voilà, c'est là. Et oui, quoi qu'il arrive, ça challenge tout le temps. L'important, c'est de bien faire la différence entre le restaurant et la vie privée. Ça, c'est la base. Moi, par exemple, je sais que le week-end, c'est mon week-end. Je ne réponds pas à mes mails, je n'ouvre pas les réservations du restaurant. Le restaurant, je n'y touche pas le week-end. J'arrive le mercredi, je fais tout ce qu'il y a à faire. Mais le week-end, non, je coupe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton mercredi, il est du dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, mercredi au dimanche.

  • Speaker #1

    Voilà. Non, ton week.

  • Speaker #0

    Le week-end, il est du dimanche soir, lundi, mardi.

  • Speaker #1

    Voilà. Il est un petit peu en décalé.

  • Speaker #0

    Il est en décalé. Donc, on reçoit souvent des appels.

  • Speaker #1

    Tu arrives à couper.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui. Thibaut, un petit peu moins parce que c'est quelqu'un qui est, je pense, très, très passionné par ce qu'il fait. Et donc, lui, ça ne le gêne pas. Mais moi, j'ai besoin d'avoir cette coupure. Je pense que c'est hyper important de pouvoir se dire, OK, il y a le travail. OK, il y a ma vie privée. Je pense que c'est vraiment un des basiques.

  • Speaker #1

    Et ce qui est très dur quand on est dans la restauration, en réalité.

  • Speaker #0

    C'est très dur.

  • Speaker #1

    Vous êtes complètement en horaire décalé, vous avez peu de soirées.

  • Speaker #0

    C'est ça. Oui, ce n'est pas facile. Il faut vraiment trouver un bon équilibre en dehors.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si Thibaut, il a une question pro le lundi, tu lui dis que ça atteindra mercredi ?

  • Speaker #0

    Ça dépend, mais il y a des jours, oui. Il y a des jours où il commence à parler resto. Et là, il voit dans mes yeux et il me dit, j'attendrai. Quand je regarde ma série, par exemple, là, je me dis, non, non, non, non, c'est mon moment.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est important de mettre les limites et de les communiquer et de les faire respecter. Après, on n'est pas obligé de fusiller du regard dès que ça dépasse. Mais c'est vrai que c'est important de bien être au clair sur ce dont toi, tu as besoin.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je pense que c'est ce que j'ai aussi un peu compris ces derniers temps. C'est ce qui me fait du bien pour avancer.

  • Speaker #1

    Est-ce que ta thérapie, alors sans rentrer dans les détails évidemment de ce voyage personnel, est-ce que tu peux juste nous partager ce que ça t'apporte ou en tout cas en quoi ? Parce qu'avant tu disais que vraiment c'était pour les fous de faire ce genre de travail. Et aujourd'hui tu le dis. Tu partages à quel point c'est précieux. Qu'est-ce que ça t'apporte et qu'est-ce que tu as découvert avec Surprise ?

  • Speaker #0

    Ça m'apporte, je pense que ça m'apporte beaucoup, beaucoup. C'est très agréable. Je suis tombée sur une super psy déjà. Et c'est très agréable parce que j'y vais sans pression et j'y vais vraiment dans l'optique de communiquer avec elle. Et vraiment, des fois, on a des discussions. sur la vie, sur ce qui se passe, toujours avec un rapport avec moi, mais c'est très ouvert, en fait, comme discussion. On parle un petit peu du passé, on parle de ça. Des fois, elle rebondit sur autre chose. Et en fait, je viens un petit peu relativiser. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'elle m'apprend dans ce côté un petit peu comportement, qu'on prend des autres, ce côté un petit peu transgénérationnel. Dès la troisième séance, on parlait un petit peu et il y a des choses, elle m'a dit, voilà, ça, c'est pas... c'est pas à votre comportement c'est pas à vous ça vient de plus haut donc c'est important de pouvoir se détacher en fait des habitudes qu'on prend et qu'on a pris qu'on nous a donné en fait moi c'est même pour ça que je dirais aux gens allez voir quelqu'un c'est juste pour venir se séparer de ce que certaines générations nous transmettent depuis trop longtemps venir casser un peu casser un peu ouais c'est ce code quoi et ça fait du bien je le recommande à tout le monde aujourd'hui vraiment haut et fort, mais dès que je croise quelqu'un, je suis passée d'un tout à l'autre. Allez-y, ça fait du bien. Vraiment, je revendique, je pense qu'il faut, même si ce n'est pas une psychothérapie, même s'il faut trouver quelqu'un d'autre, mais je pense que c'est important d'aller voir quelqu'un. Il ne faut surtout pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie. en me disant j'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté. Et c'est encore plus rassurant, en fait.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, quand tu penses à ça, moi, je pense à mon cas où j'ai un trauma qui date d'il y a un peu moins d'un an. Et tout le monde me dit que je dois me faire accompagner sur le sujet. Et je ne vois pas, enfin, j'en ressens pas le besoin.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Et tu vois, quand je t'entends, je me dis, bon, il faudrait quand même peut-être que j'en parle à quelqu'un de professionnel. mais c'est vrai que Je pense qu'on a senti, on rebondit tellement, on n'a pas conscience de comment ça peut, de manière indirecte ou de manière complètement insidieuse, venir impacter le reste de notre vie. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Mais après, c'est vraiment un... C'est-à-dire que si on n'est pas prêt, de toute façon, il ne faut pas le faire. C'est vraiment un cheminement si on n'en ressent pas l'utilité ou le besoin. Oui, en effet. c'est quelque chose que de toute façon qu'on tiendra peut-être pas moi quand cet été je me suis dit c'est maintenant et quand je vais la voir je raconte toute ma life mais même les tout petits trucs que je pense un peu gênant des fois des petits moments de jalousie ou des choses un peu comme ça même pas forcément vis-à-vis de Thibaut, vis-à-vis d'autres choses vis-à-vis de Jean, de choses de la vie et tout je lui en parle et elle vient tellement relativiser et m'expliquer que que la colère par exemple, la colère tout seul c'est pas un mauvais sentiment dans la colère il y a plein de petites boîtes et dans cette colère il y a des boîtes qui représentent plein de choses et en fait il n'y a rien de mauvais là-dedans, c'est juste qu'il y a peut-être quelque chose qui ressort un petit peu plus qui est un petit peu plus présent mais dans l'idée il n'y a rien de mauvais ou de négatif à enlever en fait en fait on y va pour se comprendre un petit peu mieux oui et puis comprendre sa colère ça permet souvent de de

  • Speaker #1

    mettre ... un petit peu plus de lumière sur les valeurs qui sont importantes et donc ce qui nous motive, ce qui nous guide. Et donc, ça redonne un autre élan et ça permet finalement de réorienter notre énergie. Quand on n'est pas conscient de nos émotions, finalement, l'énergie, elle passe dans une passoire. Alors que comprendre ces éléments-là et ce qui vient les titiller, ça permet de réorienter notre énergie.

  • Speaker #0

    C'est ça, les comprendre et accepter et pas se dire que c'est mal. Ou bien juste se dire que ça fait partie de ce que je suis et j'avance avec.

  • Speaker #1

    Ça fait partie des trois questions que je pose systématiquement à la fin du podcast. J'imagine qu'il y aura un panneau où ce sera aller voir un psy ou aller vous faire aider. Mais sinon, en dehors de ça, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans un endroit qui a pas mal de passages et tu peux y inscrire et y afficher. tout ce que tu veux, qu'est-ce que tu y mettrais ?

  • Speaker #0

    Quelque chose comme ça, mais plus le côté ne pas avoir peur de demander un petit peu d'aide, ne pas avoir peur d'un moment sur le chemin de demander à quelqu'un qui nous tend la main de prendre cette main et d'avancer un petit peu et de se dire, ok, le reste du chemin, je le fais tout seul, mais on n'est pas tout seul, on n'avance pas tout seul dans cette vie de toute façon, donc il faut accepter l'aide et ce qui vient autour.

  • Speaker #1

    On n'est pas tout seul, accepter les mains tendues et demander de l'aide si besoin.

  • Speaker #0

    Oui, ne pas hésiter. On est né tout seul et on va finir tout seul, mais on grandit quand même dans cette vie avec beaucoup de monde autour, donc c'est bien de s'en servir si on en a besoin.

  • Speaker #1

    Excellent, j'adore. Et si tu te retrouvais face à Mathilde le jour de ses 10 ans, tu as le droit de voyager dans le temps et de lui donner un conseil. Qu'est-ce que tu lui donnes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est vraiment jamais très facile parce qu'en grandissant, on a plein de conseils qu'on aimerait donner à notre petit soi de l'époque. Mais qu'est-ce que je lui dirais ? Que ça va le faire. Que ça va le faire. Voilà. Qu'il y aura peut-être des moments un petit peu plus difficiles, mais comme tout le monde. Mais que ça va le faire. Qu'elle va prendre des mauvaises, mais des bonnes décisions derrière. que ça va s'équilibrer. Je dirais, voilà.

  • Speaker #1

    Tu pourras rectifier tes mauvais choix.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Tu vas tomber sur tes pattes. C'est pas mal, ça. C'est bien parce que c'est à la fois et confiance, et aussi n'aie pas peur de faire des mauvais choix. Tu arriveras toujours à rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un mauvais choix, ce n'est pas non plus une fin de vie ou une fin de quelque chose. De toute façon, j'avais lu ça à l'époque, je crois que c'est très... français de ne pas valoriser les échecs et j'ai vu des échecs et j'ai vu en Angleterre c'est très valorisant parce que ça veut dire que les gens qui ont des échecs, ils ont pris conscience de ce qu'il fallait plus faire, on va dire. Donc, ils avancent. Ils avancent plus. En France, l'échec, c'est quelque chose qui n'est pas très bien vu. C'est un petit peu « Ah, tu t'es loupé, ce n'est pas bien. Ah, tu n'as pas fait ça correctement. » Alors que, ben, oui. Mais du coup, la fois d'après, il va faire mieux et encore mieux et encore mieux parce que cet échec, il va servir à le faire avancer peut-être plus loin, peut-être plus vite est peut-être juste là où il faut.

  • Speaker #1

    La valeur de l'échec. En réalité, si on ne fait que des choses qu'on est sûr de réussir, on ne grandit pas beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un côté très rassurant là-dedans, mais oui,

  • Speaker #1

    on ne va pas très loin. Et est-ce qu'il y a une chose que tu aimerais bien faire, mais tu n'as pas encore eu le courage, tu n'as pas encore osé, et ça te trotte un peu dans la tête ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense, parce que quand on s'est installé, on s'est installé dans une maison, et donc on est en train de refaire deux, trois petites choses, et je ne veux jamais le faire, mais créer des choses. Moi, je veux faire des DIY, je veux créer des meubles, je veux poncer des choses, je veux peindre des trucs. Et ça, je ne l'ai jamais fait. Parce qu'à Paris, on vivait dans un tout petit appart. Je n'ai même rien mis au mur, tellement j'avais peur d'abîmer les murs en partant. Et là, j'ai envie d'être un petit peu plus créative. C'est marrant, je suis allée voir une kinésiologue, ça aussi, c'est incroyable. Et qui m'a dit, là, il faudrait quand même... Faites ce que vous aimez de créatif. Et je l'ai regardée, je lui ai dit, mais moi... Je n'ai pas de passion créative, en fait. Je me dis, moi, je suis dans la restauration, moi, j'aime boire et manger, j'ai l'impression qu'il n'y a rien d'autre qui m'intéresse. Et donc, du coup, je me suis quand même questionnée en sortant en me disant, il y a quand même des choses que j'aime faire. Et c'est vrai que j'ai rebondi la pion en me disant, maintenant, j'ai une petite maison et tout. Je pense que j'ai envie de créer des petites choses comme ça, de peindre, de repeindre, de poncer, de poser des étagères. Je ne sais pas poser une étagère, par exemple.

  • Speaker #1

    en tout cas d'utiliser tes mains autrement que pour servir les gens Pour le restaurant Charnu, qu'est-ce qu'on te souhaite ? De quoi tu as besoin pour que cette expérience soit un grand succès ?

  • Speaker #0

    Du monde. Que les gens viennent et que les gens comprennent ce qu'on fait. Ça, c'est vraiment important. Que les gens comprennent. Il y en a qui viennent, on sent que c'est un petit peu décalé. Il y en a qui nous disent, mais vous n'avez que des légumes dans vos garnitures, vous n'avez pas autre chose, vous n'avez pas de viande rouge. Ben non, voilà. Donc vraiment que les gens comprennent. Et je pense surtout pour le... le futur que les gens, ce que je disais au début, que les gens voient que c'est complètement possible de, pas tout le temps, mais de manger quand même un petit peu local et de faire attention à ce qu'on consomme, de faire attention aux gens autour et à l'environnement et je pense que c'est hyper important.

  • Speaker #1

    C'est l'expérience en fait, au-delà d'une bonne table, il y a une expérience.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis surtout passer un bon moment, on va au restaurant, pour passer un bon moment, il faut venir avec des gens sympas, il faut venir avec des gens qu'on aime, il faut rigoler, il faut parler fort. Voilà, il faut passer un bon moment, c'est le but. Quand on ouvre un restaurant, je pense que nous, quand on a ouvert le restaurant, moi j'ai dit à Thibaut, je veux ouvrir un restaurant dans lequel je veux aller manger. Je veux être bien, je veux avoir à boire, à manger, je veux être bien servie, je veux que la déco soit mignonne. Enfin voilà, vraiment quelque part où je me sentirais bien en tant que cliente, mais moi.

  • Speaker #1

    Vu la qualité de vos assiettes et le charme du lieu, je suis sûre que vous allez attirer de plus en plus de monde. et surtout... Je te souhaite à toi, Mathilde, de continuer ton parcours personnel pour être en paix, pour te sentir alignée et pour ne plus être sujette à ses hauts et ses bas. On ne peut pas être tout le temps dans le haut, mais au moins rester le plus souvent possible avec la patate. Vous n'avez pas l'image, mais Mathilde a un énorme sourire depuis le début, une magnifique énergie. C'était un vrai plaisir de t'avoir à mon micro, Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je te souhaite beaucoup de succès.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura pu intriguer, inspirer et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation ou un commentaire, ça aidera énormément le podcast à être diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Landais

    00:05

  • Le parcours de Mathilde : De l'accident à l'entrepreneuriat

    01:10

  • L'ouverture du restaurant Charnu et ses motivations

    01:46

  • Les valeurs et la philosophie de la cuisine de Charnu

    02:38

  • Les choix éthiques dans la sélection des produits

    04:37

  • Les défis de l'entrepreneuriat et l'importance de l'entraide

    07:12

  • L'accident de train et ses conséquences sur la vie de Mathilde

    12:29

  • Rééducation et résilience après l'accident

    17:52

  • La thérapie et le cheminement personnel de Mathilde

    37:58

  • Conseils et réflexions finales de Mathilde

    48:30

Description

Mathilde a 18 ans lorsqu'une roche lui tombe sur la tête.


Elle vient de boucler ses partiels de fin d'année et rentre en TER à Grenoble


Le wagon est presque vide


Elle choisit un siège dans un carré près de la fenêtre


Celle-ci est ouverte pour donner un peu d'air dans ce wagon sans clim


Depuis plusieurs jours, deux jeunes caillassent les trains qui passent


Certainement pour tuer leur ennui


Ils ne réalisent pas que ces projectiles vont réussir à passer par la fenêtre


et fracasser le crâne de Mathilde



Elle se retrouve entre la vie et la mort ; à 18 ans


Elle choisit la vie avec une force impressionnante


Si les médecins ne peuvent pas lui garantir si et quand elle pourra remarcher ; elle décide que "ça va le faire"


Et ça le fait


Elle avance dans la vie tête baissée et affronte tous les obstacles.


Avec son conjoint Thibault, elle ouvre Charnu, un bistrot où tout est cohérent et recherché


En 2024, Mathilde se rend compte que son moral n'est pas au rdv; qu'il y a quelque chose qui cloche


Et qu'elle ne veut plus faire la voiture bélier


Dans ce nouvel épisode du podcast, Mathilde évoque:

🪩 les hauts et les bas de l'entreprenariat

🪩 comment être une battante sans ignorer ses émotions

🪩 son changement radical d'opinion sur la santé mentale


Retrouvez Mathilde chez Charnu : https://www.charnu.fr/


suivez moi sur Linkedin www.linkedin.com/in/elvire-blasset-9327bb10


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne peux pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie en me disant que je n'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté et c'est encore plus rassurant en fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les... prise de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que le chaos intérieur que tu vis est normal et que ça doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on sort jamais de sa zone de confort. On l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non, que ce soit ton boss. qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, j'accueille Mathilde Landais. Elle a ouvert avec son partenaire à la salle et dans la vie, Thibaut Schneider, un restaurant bistrot qui s'appelle Charnu, qui travaille les produits locaux et qui propose une cuisine simple, revisitée et extrêmement savoureuse. Bienvenue Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Alors Mathilde, bien entendu, nous allons parler de ce restaurant et de ce projet qui est un énorme projet pour toi parce qu'à seulement 33 ans, ouvrir son propre restaurant, ça a beaucoup d'implications et j'imagine énormément de galères. Mais avant ça, je voudrais que tu nous racontes qu'est-ce qui t'a donné envie d'ouvrir ton restaurant ? D'où venait le projet ?

  • Speaker #0

    Alors je pense que le projet d'ouvrir un restaurant, c'est un petit peu comme tous les entrepreneurs, c'est d'être... autonome. C'est de faire les choses pour soi et plus pour quelqu'un d'autre. Et je pense que c'est pour ça que les gens se lancent à un moment donné dans leur vie, c'est pour être autonome et pour vraiment faire les choses pour soi et se faire plaisir à soi et avoir à répondre en fait à soi.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une ambition créative, c'est-à-dire d'avoir le restaurant qui a le look que tu veux, mais aussi les assiettes ? qui répondent à ton exigence esthétique ? Ou est-ce que c'est aussi parce que tu n'aimes pas trop répondre à l'autorité des autres ?

  • Speaker #0

    Il y a un petit côté, je pense, où j'en avais marre de l'autorité des autres. J'en avais un peu marre qu'on me dise quoi faire. Oui, c'est ça, de vraiment répondre, et des fois bêtement, à des choses qui étaient demandées, alors que je n'en voyais peut-être pas l'utilité à chaque fois. Donc je pense que c'est vraiment ressorti de ça, en me disant, voilà, maintenant je suis chez moi.

  • Speaker #1

    je fais comme j'ai envie et ça c'est cool quand tu dis je fais ce que j'ai envie je fais les choses pour moi et en même temps t'es dans un métier de service donc tu fais aussi les choses pour les clients c'est plus facile pour

  • Speaker #0

    les clients mais on y met tout ce en quoi on croit on va dire vraiment ce restaurant on l'a ouvert avec beaucoup d'envie et Et... Beaucoup de choses à transmettre, je pense que c'est vraiment le mot. Transmettre aux gens, aux clients qui viennent chez nous, cet amour de la nourriture, du bon vin, du bien manger, et surtout du manger local et du manger un petit peu écologique, on va dire. Vraiment essayer de respecter, je dis la planète en global, mais respecter juste l'environnement qui nous entoure et juste montrer aux gens que c'est faisable. que c'est faisable d'aller au supermarché et de ne pas prendre une tomate en hiver parce qu'on a envie d'une ratatouille. C'est faisable, ça se fait. On peut assaisonner, on peut trouver quelque chose avec sa patate douce, on peut venir modifier, faire des assaisonnements, faire des mélanges. C'est vraiment l'idée aujourd'hui, je pense, de ce restaurant, c'est de montrer aux gens que c'est largement faisable et que c'est cool en plus.

  • Speaker #1

    Ouais, que c'est cool. Et c'est vrai que c'est pas évident de... Quand je pense... À tout ce que l'on entend sur la provenance des aliments, sur le fait de limiter aussi la consommation de viande. Quels sont, toi, tes arbitrages et tes partis pris dans la sélection de tes plats ?

  • Speaker #0

    On est sur une pêche qui est nord, atlantique nord. Donc, on essaie vraiment de ne pas descendre plus bas pour ne pas avoir trop de transport. Pareil sur les viandes, on essaie vraiment d'avoir des viandes locales. En général, on a des viandes toujours assez similaires, mais parce qu'on fait ce qu'on a dans la région. Il y a pas mal de cochons, un petit peu d'agneaux, et on travaille aussi beaucoup les volailles. Il y a un monsieur qui s'appelle M. Oued qui a Grémy-Villers qui fait ses volailles et qui fait pousser son blé pour nourrir ses volailles. Donc là, on est vraiment dans nous ce qu'on cherche. C'est-à-dire que le monsieur de A à Z, il sait ce qu'il y a dans son produit. Quand il nous ramène ses volailles, c'est des volailles énormes qui font 2,3 kg à 2,8 kg. C'est magnifique à travailler et nous, on est super contents. Et pareil, du coup, sur le légume, on a un seul maraîcher. Voilà, on en a un. Et quand il n'a pas, il n'a pas. C'est tout.

  • Speaker #1

    Donc, tu changes ta carte.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, on change la carte assez régulièrement. Dès qu'on sent que ça tourne un petit peu en rond, qu'on a envie de modifier, on ne se prive pas, en fait. On n'a pas de timing du tout. Il y a un truc qui s'en va, il y a quelque chose qui revient. Il n'y a plus de ça. On va faire comme ça. On modifie un petit peu. On change les façons de cuire. Vraiment, on modifie nos assiettes. mais quand ça nous chante ?

  • Speaker #1

    Tu parlais du monsieur qui élève ses volailles et qui aussi contrôle la nourriture qu'il leur donne. J'ai écouté ce matin un podcast justement sur l'alimentation et justement, c'était aux Etats-Unis, il faut voir la tête de l'industrie des poulets aux Etats-Unis, ils sont tous nettoyés à la javel. mais en plus le spécialiste évoquait le fait qu'ils étaient élevés dans des temps records, je crois en moins de huit semaines ou neuf semaines avant d'être tués, et que pour grandir et grossir, avoir des beaux filets, ils étaient nourris avec plein d'hormones et des farines, où il y a 20 milliards de choses dedans. Comment toi tu fais ? Là, tu as cet exemple-là de l'éleveur, mais... Comment tu arrives à t'assurer que justement tous les produits que tu sources, eux-mêmes, les élevages sont nourris avec la bonne nourriture ? Comment est-ce que tu sélectionnes ?

  • Speaker #0

    On a fait déjà une grosse sélection à la base. Quand on est arrivé, juste avant qu'on achète, ça a été tout notre cheminement au début, c'est de faire un petit peu le tour de certains, parce qu'on ne venait pas du tout de la région. de certains producteurs pour voir un petit peu comment ils travaillent ici, écouter un petit peu les gens. On s'est renseignés comme ça, le bouche à oreille. Ça, par exemple, l'éleveur, c'est une connaissance qui m'a donné le nom, qui a dit qu'il travaillait super bien. Donc, beaucoup de bouche à oreille et on aime bien aller visiter. Le maraîcher, quand je l'appelle un petit peu en dernière nuit pour ajouter des légumes et qu'il n'est pas là, il me fait venir dans son champ. Je vais chercher mes légumes dans le champ. Je connais son champ, je sais où il est, je sais comment il travaille. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et ça doit se ressentir dans l'assiette parce que j'espère à chaque fois que quand tu choisis bien tes produits, le goût est encore plus présent.

  • Speaker #0

    C'est arrivé au tout début, j'étais en cuisine. Un jour où je n'avais pas trop le temps, j'ai mis mes patates douces dans le thermomix pour faire une purée. J'ai mis un petit peu de crème et je ne les ai pas assaisonnées. En me disant que j'assaisonnerais après, je n'ai pas le temps. Une fois que j'ai mixé, tout était chaud, j'ai goûté. J'ai goûté la pâte à douce et j'ai dit, je ne vais même pas l'assaisonner. J'ai dit, en fait, c'est ça le goût d'un vrai légume. Depuis, on assaisonne après, on rectifie de temps en temps. Mais là, la pâte à douce, je me souviens d'avoir dit, je ne mets pas plus. Je ne mets pas plus, elle se suffit, tout va bien. Et c'est génial d'avoir ces gens qui travaillent très bien et qui te font redécouvrir le goût d'un vrai légume.

  • Speaker #1

    Tu me le disais juste avant que tu n'utilisais pas de gingembre. Tu n'utilises pas de citronnelle, tu n'utilises pas toutes ces épices ou ces herbes qui ne sont pas locales. Ça doit être un sacré challenge quand même pour rester tout autant créatif, mais avec finalement un terrain de jeu plus limité.

  • Speaker #0

    C'est ça. Mais je pense que c'est ce qui est aussi important aujourd'hui, c'est de, comme je disais, un petit peu montrer aux gens que c'est faisable de ne pas forcément aller chercher. Je ne dis pas qu'il ne faut pas, j'adore ce genre de cuisine. J'adore, moi j'adore aller... tout ce qui est un petit peu asiatique, le gingembre. On a plein de copains à Paris qui cuisinent avec tout ce genre d'ingrédients et c'est absolument exceptionnel. Mais moi, c'est vrai que je voulais vraiment que ce soit local. Et oui, des fois, je sens que c'est un petit peu plus compliqué. Et en même temps, je pense que ça amène à travailler le produit différemment et vraiment à venir chercher les goûts plus profondément ou différemment, un peu plus comme on le faisait avant, je dirais. vraiment venir travailler le produit, se creuser la tête. Ouais.

  • Speaker #1

    Yeah. C'est un sacré défi, en fait. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    On a toujours à la carte un plat végé. Et il y a plein de gens ici quand même qui sont très viandes, donc qui ne nous le prennent pas forcément, qui hésitent. Et quand ils le prennent, ils sont toujours très surpris. Et ils nous disent « Waouh, le végé, c'était vraiment super ! » et tout. Et moi, je leur explique à chaque fois que ça reste un plat avec que des légumes. Et pour surprendre tout le monde, en fait, on se creuse la tête à le travailler de la meilleure des façons. Donc en vrai, oui, chez nous, tout ce qui est un petit peu végé... Déjà, il n'y a que des légumes en garniture, mais tout ce qui est végé, c'est... C'est là où on amène le plus de travail.

  • Speaker #1

    Quand tu dis qu'il n'y a que des légumes en garniture, c'est-à-dire que tu ne fais pas de riz et pas de pâtes ? Ni de semoule ? Non.

  • Speaker #0

    En plat du jour, sur notre formule du déjeuner, on fait un petit peu plus de pâtes, de riz, de semoule. Mais sur nos plats à la carte, non, on est vraiment sur un gros travail du légume en garniture. Pas de patates. Ils en font tous à côté, donc on s'est dit pas de patates. Pas de frites.

  • Speaker #1

    Pas de frites, pas de patates. Non. Ah ouais. Tu mets des beaux challenges en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. On fait quand même des poulets du dimanche de temps en temps. Donc poulet patate, celui-là, on ne va pas trop bien le modifier. Mais non, sur notre carte, on est très, très légumes. On aime vraiment venir travailler et surprendre parce qu'il y a plein de gens qui n'aiment pas, qui ne connaissent pas, qui ne savent pas. Le chouquel, le topinambour. C'est cool de surprendre les gens.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous n'êtes pas du tout de la région. Effectivement, avant, vous étiez à Paris.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Quelle idée de venir à la Borlée, dans l'Oise ?

  • Speaker #0

    On a quitté Paris, en fait, pour aller à Méribel. Sauf qu'on n'a pas pu terminer ce qu'on devait faire à Méribel. Donc, on a voulu revenir un petit peu vers les sources, on va dire aux gens qu'on connaissait. Mais moi, je ne voulais pas revivre à Paris. Je voulais de la campagne, de la verdure, je voulais pouvoir respirer un peu. Donc, le compromis, c'était de trouver quelque chose aux alentours. Et en fait, la maman de Thibaut s'est installée à Coix-la-Forêt, donc à côté de Chantilly, il y a cinq ans. Et donc, on a commencé à venir de plus en plus souvent. Et on s'est dit que c'était un bon compromis, en fait, entre ce côté campagne et ce côté Paris. C'est-à-dire que Paris, de Coix-la-Forêt, c'est à 20 minutes en train. C'est la porte à côté, en vrai. Donc, c'était notre petit compromis.

  • Speaker #1

    Super. On va y revenir. Justement, le restaurant et les challenges de cette ouverture de restaurant. Avant ça, j'aimerais qu'on évoque un moment qui a été difficile et qui a beaucoup influencé ta trajectoire et qui t'a demandé énormément de courage pour surmonter ce défi. C'est que tu as eu un accident complètement... En anglais, on dit « freak accident » . Donc, un accident qui est atypique, un accident de train, mais ce n'est pas le train qui a déraillé. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qui s'est passé ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. C'était en 2009. Je venais juste de terminer tous mes examens de PTH et je repartais vers Grenoble pour aller fêter ça avec tous mes copains de l'année. Et en fait, entre Chambéry et Grenoble, la fenêtre du train était ouverte c'était des anciens TER un peu vieux et en fait je me suis pris une pierre qui est passée dans cette fenêtre ouverte et qui est tombée directement sur ma tête donc là c'est le blackout complet je n'ai pas très très peu de souvenirs je me souviens de Trou Noir je me souviens de Mettre Réveillé un petit peu après c'était l'époque où on n'avait pas beaucoup de de SMS et d'appels. Donc en fait, à ces moments-là, j'appelais ma maman. Elle ne me répondait pas et elle me rappelait. Donc à ce moment-là, c'est ce qui s'est passé. Je n'avais plus de batterie. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont voulu l'appeler, mais elle n'a pas décroché tout de suite parce que c'était le rituel de dire « c'est moi qui te rappelle, j'ai plus de crédit sur mon téléphone » . Et en fait, ils sont allés jusqu'à l'arrêt d'après et je me suis emmenée par les pompiers directement au CHU de Grenoble.

  • Speaker #1

    Donc la roche est tombée, mais elle a été jetée.

  • Speaker #0

    Elle a été jetée, oui, par deux petits jeunes qui s'amusaient depuis quelques semaines à juste caillasser le train.

  • Speaker #1

    Ok, parce que c'est drôle.

  • Speaker #0

    Parce que j'imagine que ça les occupait, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, la probabilité, évidemment, pour que cet énorme caillou passe par la fenêtre et tombe sur ta tête était moins importante que de gagner au loto. Donc, j'espère que tu as rejoué au loto depuis.

  • Speaker #0

    Je n'ai même pas joué au loto depuis. J'attends que quelqu'un gagne pour moi parce que je suis très nulle au jeu de marchand et de chance. C'est vrai que j'étais dans une place de quatre. C'est-à-dire que j'aurais été assise à la place d'à côté et ce ne serait rien passé. J'étais vraiment à la place où ça m'est tombé dessus.

  • Speaker #1

    Tu étais toute seule d'entrée ou tu étais avec des copains du coup ?

  • Speaker #0

    J'étais toute seule, mais dans le wagon, on devait être 3-4 je crois. Et avec beaucoup de chance quand même, il me semble que la demoiselle à côté de moi, dans le rayon d'à côté, elle était en école d'infirmière.

  • Speaker #1

    Ah oui.

  • Speaker #0

    Oui, quand même, petit peu de chance dans tout ça.

  • Speaker #1

    Donc elle a pu prendre soin de toi ? Sans aller dans les détails, parce qu'on a du mal à imaginer la scène. Donc, tu es dans un carré de quatre. Il y a un caillou qui passe par la fenêtre, qui tape ta tête. Ça t'assomme. Ça t'ouvre la tête ?

  • Speaker #0

    Oui. Je pense que j'ai perdu pas mal de sang. Ça devait être un peu un record.

  • Speaker #1

    Donc, ça se remarque. Ce n'est pas juste que tu t'es assoupie. Et tout de suite, il y a un branle-bas de combat dans le wagon.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça, tout de suite. Je crois que la... La contrôleuse arrivait à ce moment-là et vu qu'elle avait entendu juste avant les gamins caillasser le train, elle était déjà au téléphone avec le contrôle ou quelqu'un au-dessus en disant ça s'est encore passé. Et en fait, je crois qu'elle est rentrée à ce moment-là et du coup, elle était déjà au téléphone avec quelqu'un. C'est vrai que ça allait aussi très très vite, j'imagine, pour téléphoner au secours. Elle était déjà en train de prévenir pour autre chose. Donc ça s'est enchaîné.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, toi, tu perds connaissance, t'es pris en charge par les pompiers. Oui. Tu arrives à l'hôpital. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    À l'hôpital, j'ai de vagues souvenirs. Oui, j'arrive. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde autour. Je sens qu'on prend des ciseaux pour m'enlever mes vêtements, tout ça. Et derrière, je ne sais plus exactement. Je pense qu'on m'endort assez rapidement pour aller voir ce qui se passe, du coup, sur ma tête. Et je me réveille quelques heures après. En fait, oui. Le caillou est tombé du côté gauche. Je pense qu'il fallait raser et enlever tous les petits morceaux de crâne qui s'étaient un peu fissurés. J'ai été opérée tout de suite pour ça. Ils m'ont refermée avec le trou. Le lendemain, j'ai fait une hémorragie de l'autre côté. On m'a recouvert le lendemain, en anesthésie générale, pour enlever l'hématome qui s'était formé de l'autre côté. Et après, on m'a refermée, j'ai fait trois jours en soins intensifs, une semaine en chambre d'hôpital normal, et après je suis montée à Saint-Hilaire-du-Touvet à l'époque, c'est là où il y avait la rééducation, c'était un grand bâtiment de rééducation dédié au trauma physique et crânien également.

  • Speaker #1

    Parce que c'était quoi tes séquelles ? Merci.

  • Speaker #0

    Sur le coup, j'ai une hémiplégie du côté droit. Je ne peux plus du tout utiliser tout mon côté droit. La mâchoire et le bras et l'épaule reviennent assez rapidement dans les 4-5 premiers jours. Et en fait, la jambe, je l'ai récupérée vraiment sur les deux mois de rééducation. J'ai fait du fauteuil roulant pendant trois bonnes semaines, je pense.

  • Speaker #1

    Quand tu dis que tu récupères la mâchoire, ça veut dire qu'au début, tu devais avoir du mal à parler ?

  • Speaker #0

    Oui. Je parlais pas, j'avais du mal à parler, à boire, je comprenais pas trop. Un peu quand on sortait le dentiste et qu'il nous a anesthésiés, c'était exactement pareil. J'avais la sensation. Le bras, c'était pareil. Je pouvais le soulever, mais comme si on m'avait mis des poids énormes dessus. J'arrivais pas à faire grand-chose. De toute façon, j'étais allongée dans un lit, on s'occupait de moi, donc j'avais pas grand-chose à faire non plus.

  • Speaker #1

    On dirait presque que tu étais dans un spa quand tu en parles comme ça. j'imagine que Quand tu dépasses le choc et donc le côté assommé, tu penses à quoi ? C'est quoi ton état d'esprit ?

  • Speaker #0

    Je me réveille très... Je pense que le monde autour de moi est beaucoup plus paniqué que moi. Moi, je me réveille, je ne sais pas en vrai ce que j'ai, je ne sais pas trop ce qui s'est passé, je n'ai pas vraiment suivi les opérations, les enchaînements, j'étais là sans être là. En vrai, je me réveille, moi, je suis là, voilà. Je suis là, ça va, bonjour tout le monde. Ouais, vraiment, j'ai pas trop ce côté stressant au début ou panique de ce qui s'est passé parce que je pense que je me rends pas compte de ce qui s'est passé. Je sais juste que j'ai trois tuyaux accrochés à ma tête sur les premiers jours pour pouvoir drainer le sang, faire circuler. Voilà, je passe pas des super nuits, la réa, vous avez des tubes partout, des machins, ça sonne, ça bipse.

  • Speaker #1

    Tu as la tête rasée en plus ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai la tête rasée. Et je crois que la première fois que je m'en rends vraiment compte... Je crois que c'est mes parents qui viennent me voir. J'ai le droit de descendre à la cafette. Donc, on prend le fauteuil roulant. Et je crois qu'il y a un miroir dans l'ascenseur. Et il me semble que ma tête est un peu choquée. Mais c'est marrant parce que je n'ai pas du tout ce souvenir-là. Je n'ai pas du tout ce souvenir d'avoir été traumatisée parce que je n'avais plus de cheveux. Parce que mes cheveux, ce n'est pas une grande histoire d'amour. Mes cheveux, ils sont là. C'est cool. je ne suis pas comme ces meufs qui adorent avoir les cheveux longs, c'est vraiment un signe de féminité, tout ça. Moi, mes cheveux, ils sont là, ils ne sont pas là. Quand je vais chez le coiffeur et qu'elle coupe 15 cm, je me dis non, mais je n'ai pas payé pour ça.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Donc non, en vrai, je ne vais pas trop réaliser tout de suite. Mais si tu veux, on te fera faire une perruque et tout. Moi, j'étais dans mon... Ça allait, ça allait. Non, mais ne vous inquiétez pas.

  • Speaker #1

    Tout va bien.

  • Speaker #0

    On verra bien, on verra bien. De toute façon, on verra bien. Je pense que j'étais vraiment dans l'optique, il n'y a rien qui est écrit. puis j'avais vu quand même deux trois médecins qui nous avait expliqué que c'était quoi qu'il arrive des connexions neurologiques qui s'étaient séparées. Donc en fait, j'avais zéro timing. Je ne sais pas, personne ne savait combien de temps j'allais mettre à remettre, si j'allais m'en remettre, si j'allais marcher, pas marcher, garder un boîtage, un handicap. Vraiment, c'était l'inconnu total, autant pour eux que pour moi. Donc voilà, allons-y.

  • Speaker #1

    Alors, la plupart des gens qui écoutent ce podcast se diraient, mais moi je serais en... panique de ne pas savoir, de ne pas avoir de réponse, d'avoir aucune deadline. Et toi, en fait, on dirait que ça t'a presque soulagée qu'il y ait un champ des possibles qui soit ouvert.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est ça. Je pense que c'est le champ des possibles en me disant autant ça va être dur, autant je vais tout récupérer. Et j'étais vraiment dans cette optique un peu battante. Je disais à tout le monde, ne vous inquiétez pas, je vais skier cet hiver. Tout le monde regardait. Oui, Mathilde, tu vas skier cet hiver. Mais je pense que c'est ce qui m'a vraiment boostée. Et je me suis retrouvée dans un hôpital de rééducation avec des gens avec des... Je pense que c'est là toute la différence, avec des vrais paraplégiques. C'est-à-dire qu'elles étaient physiques, les mecs s'étaient fait mal, ou ils avaient des accidents de parapente ou des choses comme ça. Et moi, à côté, en fait, je n'avais pas ça. C'était pas... Ce n'était pas mon corps qui était physiquement abîmé, c'était mes connexions neurones, on va dire. J'ai vraiment laissé la chance en disant, on verra. Je les voyais tellement tous dans leur fauteuil roulant, les trucs avançaient tout seuls. C'était soit la moi qui était touchée, soit la colonne, tout ça. Là, c'est physique. On sait que c'est réparable ou pas. Moi, en fait, vu qu'il n'y avait pas de... Il n'y avait pas ça. Il n'y avait pas de choses faites ou pas faites. Donc, c'était au destin de décider. donc je l'ai un peu laissé faire

  • Speaker #1

    En fait, il n'y avait pas de problème mécanique.

  • Speaker #0

    C'est ça, il n'y avait pas de mécanique.

  • Speaker #1

    Et du coup, la magie de la neuroplasticité a suffi pour te donner de l'espoir. Les connexions neurologiques allaient se refaire. Et c'est vrai d'ailleurs que ce n'est pas parce que tu abîmes une connexion que tu détruis une connexion entre deux neurones. Le cerveau trouve un autre chemin. C'est assez magique d'ailleurs. Et c'est pour ça qu'on est tous capables de changer nos mauvaises habitudes. Parce que nous avons tous cette neuroplasticité. En tout cas, toi, ça t'a donné de l'espoir et ça t'a permis de rester positive et battante.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement. Je suis vraiment restée dans cette optique, ça va le faire. Voilà, ça va le faire. Je ne savais pas en combien de temps, je ne savais pas comment, mais vraiment, à l'époque, il n'y a pas un moment où je me suis dit mince, je vais finir ma vie en fauteuil roulant. Ça ne m'a pas traversé l'esprit. Je les voyais ça en fauteuil roulant, mais ce n'était pas moi. Ce n'était pas le même problème.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que là, quand on parle, ça paraît presque de l'inconscience, du déni.

  • Speaker #0

    Je pense que c'était ça. Maintenant que je travaille un petit peu, je pense que oui, c'était… Oui, j'ai fermé plein de… J'ai même, je pense, un peu fermé les yeux en me disant « je fonce tête baissée, on le voit » . De toute façon, ça ne peut pas être pire. Je pense que je me suis dit « de toute façon, ça ne peut pas être pire » . Ça ne peut pas m'enlever la deuxième jambe. Donc, dans l'idée… allons-y, on va voir ce qui se passe. Et la prise en charge là-haut, c'était au milieu de la montagne à Grenoble, donc vraiment sur les hauteurs du Vercors, c'était déjà incroyable. Et vraiment, la prise en charge, on vit des moments assez exceptionnels avec des gens assez exceptionnels aussi, donc ça aide beaucoup.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as ressenti de la colère ?

  • Speaker #0

    Oula, je pense que j'en ai encore beaucoup. Oui, beaucoup de colère, je pense d'incompréhension et d'injustice en se disant pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi pas rien ? Parce que je me serais assise à la place d'à côté, c'était rien. On n'en parlait plus. Mais c'est comme ça. Mais oui, la colère, c'est le plus difficile, je pense. à enlever et essayer de pardonner aux gens. Mais je pense que je suis sur le chemin maintenant, là. À 33 ans.

  • Speaker #1

    C'était donc il y a combien d'années, l'accident ?

  • Speaker #0

    2009.

  • Speaker #1

    2009, donc c'était il y a...

  • Speaker #0

    J'avais 18 ans.

  • Speaker #1

    Est-ce que les deux jeunes, ils ont été arrêtés ? Il y a eu un procès ?

  • Speaker #0

    Ils ont été arrêtés un an après. Et il y a eu... Pas mal de procès, de choses. Il me semble qu'il y en a un qui a accepté ce qui s'était passé et qui a fait une lettre d'excuse. Et l'autre, pas vraiment, et qui a fait appel. Mais je ne me suis même pas trop intéressée en vrai. J'ai préféré laisser faire les adultes responsables à ce moment-là. Je n'ai pas voulu trop m'en mêler, je pensais que ça allait encore empirer. Et je pense que j'étais vraiment dans mon optique d'aller mieux. Et je ne voulais pas que ça vienne jouer quelque part. Je les ai mis de côté. Je les ai laissés de côté faire leur chemin et moi, je faisais le mien pour aller mieux. Et après, la justice décidera comment tout ça allait se passer.

  • Speaker #1

    En fait, je t'imagine toi en mode, vous inquiétez pas, légal. Moi, je serai sur les pistes, il n'y a pas de souci. Tout va bien, j'avance, j'avance, j'avance. Donc, résilience, puissance 10 000, mais une forme d'inconscience. T'as 18 ans en même temps, donc t'es super jeune, t'as plein de force et d'une vitalité incroyable. Je pense à tes parents. Comment est-ce qu'eux l'ont vécu ? Et comment est-ce que toi... Parce que souvent les enfants, et bon là t'étais une grande enfant, mais les enfants ont tendance à prendre sur eux pour pas affecter leurs parents. Tu vois, il y a un peu un changement d'attitude pour protéger ses parents.

  • Speaker #0

    Peut-être une partie de moi qui a réagi comme ça aussi pour assurer un petit peu tout le monde, parce que je pense que le choc était énorme. Et oui, je pense qu'ils ont coulé très rapidement en se disant pourquoi plus que moi, je pense. Mais c'est peut-être pour ça aussi que j'ai relativisé en disant non, mais ne vous inquiétez pas, vous avez vu, je suis là. Je pense que c'était vraiment sur le coup, la motivation, c'est je suis là. Je suis là, vous êtes là. Il manque des membres à personne, je ne suis pas devenue aveugle. Enfin, voilà, on est tous là. On va passer sûrement des moments difficiles, mais on est tous là et je pense que c'était la partie la plus importante.

  • Speaker #1

    Donc, c'était important aussi pour eux de te voir...

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Je pense que si ça avait été compliqué, ils l'auraient encore plus mal vécu. Ce n'était pas du tout facile, mais je pense que là, ils l'auraient très, très, très mal vécu, je pense.

  • Speaker #1

    C'est beau d'entendre ça. Et en même temps, j'ai envie de dire... ça a dû te demander il y a deux options que je vois, soit ça te demande une surénergie pour pas sombrer soit ça t'aide justement et c'est un atout est-ce que ça t'a coûté en fait de réagir de manière aussi positive sur le coup alors que tu vivais quelque chose de très difficile je

  • Speaker #0

    pense que ça me coûte aujourd'hui cette réaction je pense que j'étais tellement dans un élan que j'ai pas ... Je n'ai pas écouté. Alors, je n'étais peut-être pas prête non plus à l'époque quand on m'a dit, va voir quelqu'un, tu as vécu quelque chose de difficile, il faut quand même te faire suivre et tout. Et à l'époque, j'étais vraiment sûre, non, non, mais il n'y a que les fous qui vont chez les psys. Moi, je suis trop forte, je vais m'en sortir et tout. Du coup, là, des années après, je suis très contente d'aller voir ma psy parce que je pense qu'en effet, j'ai beaucoup de choses qui sont les conséquences là maintenant. de cet accident, de ce qui s'est passé, de la façon dont j'ai réagi, je pense que c'est aujourd'hui que je prends conscience pleinement des choses et de la difficulté que c'était et de ce que ça m'a fait, on va dire. Moi, j'étais vraiment… Oui, exactement. Je pense que j'ai vraiment l'impact depuis quelques années, mais peut-être… l'achat du restaurant qui vient chambouler beaucoup de choses et venue chambouler beaucoup de choses à l'intérieur et je pense que ça en faisait partie. J'avais mis un joli pansement dessus. Mais je n'avais pas à soigner la plaie.

  • Speaker #1

    Non. Oui, c'est comme un gros pansement, genre un plâtre que tu as dû mettre dessus.

  • Speaker #0

    Avec un peu d'argile, histoire de soigner quand même.

  • Speaker #1

    Tu évoques le restaurant. Qu'est-ce qui t'a fait bon ? Prendre conscience que le plâtre était en train d'étouffer une gangrène.

  • Speaker #0

    Je pense qu'avec le restaurant... J'étais toute contente, enfin, j'étais très contente, je suis toujours très contente, mais je pense que les... Ouais, on se prend vraiment des murs quand on entreprend et quand on est seul un petit peu face à l'adversité. Et on est tombé sur tout de suite deux, trois petits quoi qu'on va dire, ce chef qui n'a pas voulu rester. Dès la deuxième semaine, j'ai un frigo qui est tombé en panne. Enfin, deux, trois petites choses comme ça qu'on cumule. Et je pense que j'ai fait comme d'habitude. tout garder, tout garder, tout garder en me disant c'est normal, c'est comme ça qu'on entreprend, c'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça, c'est comme ça, c'est comme ça. Et je pense que cet été, à un moment, je me suis dit mais non, en fait, oui, c'est comme ça qu'on apprend, mais on peut aussi se faire aider. Je pense que j'ai arrêté d'avancer toute seule, tête baissée. Voilà. Ouais, exactement. J'ai enlevé les cornes et je me suis dit, mince, il y en a marre de défoncer des murs un peu à l'aveuglette. On va essayer de ne plus défoncer le mur du tout juste. On va avancer en pleine conscience.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a cette image que parfois, il ne faut pas avoir peur de défoncer les murs, que c'est comme ça. Ça ne peut pas être aussi facile. Ça fait vraiment partie.

  • Speaker #0

    Ça fait partie de la vie.

  • Speaker #1

    Au bout d'un moment, on commence vraiment à avoir mal au cervical. Hein ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc... Tu l'as évoqué, ce chef qui n'est pas parti, on va raconter l'histoire. Donc toi, tu achètes un restaurant avec Thibaut à La Morlaix, donc tu reprends un restaurant. Et quand on rachète un restaurant, tu rachètes le fonds de commerce. Et avec ça, l'équipe.

  • Speaker #0

    Exactement. L'équipe qui est engagée en CDI fait partie, quoi qu'il arrive, de la vente. Et donc le chef y est depuis deux ans, je pense. Et le patron, à l'époque... Je pense qu'il avait un petit peu peur qu'il s'en aille avant, ou je ne sais pas, il a peut-être estimé qu'il n'avait pas à lui dire aussitôt. Il l'a prévenu un petit peu dans les délais légals, mais je pense que le chef, ils avaient une bonne relation, et il l'a très mal pris. Donc en fait, je pense qu'il s'est vexé en se disant qu'il n'était pas inclus dans les choses du restaurant, alors qu'il y passait une bonne partie de sa vie. Donc voilà, il a décidé de ne pas continuer avec nous. Donc on a ouvert le restaurant à trois.

  • Speaker #1

    Donc il y a trois, toi Thibaut et... Et

  • Speaker #0

    Katia. Donc là, la commis, on va dire, parce qu'elle a été embauchée comme ça, deux cuisines qui étaient là quand on a acheté le restaurant.

  • Speaker #1

    Donc il y avait un chef, un commis, mais un chef qui se met en arrêt maladie tout de suite.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et qui du coup...

  • Speaker #0

    Ne vous faites pas.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu.

  • Speaker #0

    Du tout.

  • Speaker #1

    Vous ne l'avez jamais vu. Et ça n'avait rien à voir avec vous finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça n'avait rien à voir avec nous. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile tout de suite d'ouvrir en se disant mince, il n'a même pas voulu nous faire confiance. Ça met quand même un petit coup en se disant mince, si lui, il n'a pas voulu nous faire confiance, est-ce que nous, on va se faire confiance ? Mais dans l'idée, ça remet un peu les pendules à l'heure. Là, on réfléchit au restaurant. On se dit que de toute façon, on voulait faire ce qu'on voulait, mais bon, là, de toute façon, on n'a pas le choix. voilà on fait ce qu'on veut qui passe en cuisine Avec Katia, on n'essayait pas non plus trop la perturber dans ce qu'elle faisait. On essayait de voir avec les recettes, les choses qu'elle connaît déjà, qu'elle sait déjà faire. Elle est d'une aide incroyable. Elle sait travailler en autonomie. Elle connaît très bien le restaurant. Elle connaît les choses. Elle sait où sont tout ce qu'on cherche dans la cuisine, dans le restaurant.

  • Speaker #1

    C'est hyper bien. C'est votre petit guide.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est votre petite elfe.

  • Speaker #1

    Tu passes en cuisine. même si t'es formée à la cuisine, toi, ce que tu aimes, c'est être en salle, comme Thibaut, d'ailleurs. Et donc là, tu es là pour imaginer la carte et mettre en route le restaurant. Et du coup, tu fais appel aussi à des jokers, différents amis qui viennent vous aider. Comment ça se passe ? Alors là,

  • Speaker #0

    pas tout de suite. On fait vraiment tous les deux. On fait un mois et demi comme ça. Et derrière, on recrute un chef qui était sous-chef avant, qui est dans la région. qui a l'air très bien, de notre âge, hyper motivé, il aime ce qu'on fait, tout va bien. On se lance à bras le corps avec lui, on est super content, tout va bien. Et un jour, il ne vient pas et il ne se présente pas le matin. Et on le sent en plus parce qu'en arrivant, je me dis, le chef n'est pas encore là, c'est bizarre. Il n'est toujours pas là, toujours pas là, toujours pas là. Et là, on voit sa compagne arriver. Et là, on s'est regardé et on savait.

  • Speaker #1

    on a su qu'il y avait envie de se crocher donc c'est sa compagne qui nous a annoncé qu'il ne viendrait plus et sa maman n'était pas disponible visiblement pour vous annoncer je pense que sa maman était au travail peut-être à cette heure-ci.

  • Speaker #0

    Voilà. Donc là, on se prend une grosse, re une grosse baffe, mais une très, très grosse parce que celle-ci, c'est celle où on fait confiance à quelqu'un. On avait confiance. On avait confiance la veille au soir. Il s'en va en disant à Thibaut, j'ai hâte qu'on ouvre le deuxième, quoi. OK. Du coup, c'est compliqué, là. Donc, voilà. On se prend vraiment un gros scud dans la tête. C'est compliqué les trois premiers jours, vraiment, parce qu'il y a la trahison, il y a l'incompréhension et il y a ce côté un petit peu abandon. Donc, on mélange tout ça, on met ça dans un shaker et on passe les trois jours d'après comme ça. Et finalement, on rebondit un petit peu, on appelle, on se renseigne, on appelle les copains, les copains de la restauration, ceux qui peuvent nous sauver la vie et c'est eux qui l'ont fait. On a un pote, du coup, qui est en train d'acheter un restaurant à Toulon. qui avait un petit peu de temps devant lui, donc il est venu directement en train nous aider, restructurer un petit peu la cuisine, faire un petit peu de rangement, repasser derrière l'ancien chef, enlever un petit peu ce qu'il y avait, nous relancer sur des bons rails. Et du coup, là, Thibaut décide de passer en cuisine en se disant, moi aussi, il me faut cette formation, il faut que je comprenne, il faut que je vois comment ça se passe, que je sois au courant. On se dit vraiment, il faut qu'on ait tous les deux... les bottes de cuisinier. Et après lui, c'est Margot qui est chef là aujourd'hui, qui est venue aussi, qui avait un petit temps là depuis décembre jusqu'à juin, et qui est venue aussi nous aider et nous accompagner et former Katia également.

  • Speaker #1

    Génial, donc vous avez su rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Mais je pense que c'est tout le... Et on vous le dit, quand vous commencez, quand vous êtes entrepreneur, tout le monde vous le dit, Tant qu'on ne s'est pas pris les murs, on ne sait pas ce que c'est. On ne se rend pas compte. Et en fait, c'est ça le métier d'entrepreneur, c'est se prendre un mur, rebondir, se prendre un machin, rebondir. Vraiment, on fait ça tout le temps, en fait. On joue comme ça tout le temps. Alors,

  • Speaker #1

    c'est marrant parce que juste avant, tu me dis, j'arrête d'être en mode bélier et de foncer dans les murs. Et en même temps, c'est ça être entrepreneur, c'est de se prendre des murs et rebondir.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais parce que je fonce plus dedans, c'est eux qui me foncent dedans.

  • Speaker #1

    Donc en fait, ne pas être un bélier ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir des obstacles. Les obstacles, ils arrivent toujours à un moment ou à un autre. Mais c'est quelle est ton attitude face à ces murs et est-ce que tu vas en chercher d'autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu ça. C'est plus comment je change mon attitude pour que ça impacte le moins. et ma santé et mon restaurant. C'est le plus difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Et tu disais du coup que tu avais commencé une thérapie. Le déclic, ça a été quoi exactement ?

  • Speaker #0

    Le déclic, en vrai, c'est... Je faisais beaucoup de up and down sur les derniers mois, des semaines où j'étais très contente, des journées très contentes, tout va bien, hyper euphorique, et des lendemains où ça n'allait pas du tout. Je ne comprenais pas ce que je faisais là. Vraiment, c'est ce côté dépressif où on ne voit pas, on se sent sous l'eau de la piscine, on n'arrive pas à remonter et on ne voit pas le bout du tunnel. Et c'est là où je me suis dit, ce n'est pas normal, cette espèce de vague énorme que je fais assez régulièrement. Donc, j'ai pris conscience et j'ai dit, je pense qu'il y a des choses à aller chercher quelque part parce que ça faisait beaucoup de haut, de bas, de haut, de bas et c'était un petit peu constant.

  • Speaker #1

    Est-ce que ces hauts et ces bas, tu avais constaté que ça venait impacter ton travail, ta vie de couple ? Est-ce qu'il y avait des conséquences néfastes que tu trouvais vraiment palpables ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que je pense que quoi qu'il arrive, ce côté un petit peu dépression quand on n'est pas bien, c'est toujours très compliqué pour des gens autour ou des gens qui ne l'ont jamais vécu ou touché. On ne comprend jamais vraiment. Comment la personne ne va pas bien. Et donc, ça joue sur le couple. Moi, Thibaut, il essayait, le pauvre, de faire que ça aille mieux, mais il ne comprenait pas que c'était vraiment à l'intérieur. Oui, qu'il fallait vraiment que j'aille chercher plus profondément, que ce n'était pas juste en surface ou juste un matin où je m'étais mal levée. Il y avait vraiment quelque chose qui ne fonctionnait pas.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas un bon café qui allait... Oui,

  • Speaker #0

    voilà. Ce n'était pas une belle journée de promenade, je ne sais où. Non, non, il fallait... Fallait vraiment aller chercher plus loin, je pense.

  • Speaker #1

    Et s'associer avec son conjoint, bonne ou mauvaise idée ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est très compliqué. Il faut être solide. Voilà, je pense que tous les gens qui ont des enfants... le savent, je pense que ça revient un petit peu à la même chose. C'est ce côté où on est d'accord au début, et puis quand ça arrive, mince, on n'est peut-être plus d'accord là-dessus, d'accord là-dessus, on va faire les choses comme ça, pas comme ça, dans ce sens-là, pas dans ce sens-là. Donc ça vient appuyer un peu sur les boutons qu'on pensait qu'on avait réglés juste avant. Et en fait, voilà, c'est là. Et oui, quoi qu'il arrive, ça challenge tout le temps. L'important, c'est de bien faire la différence entre le restaurant et la vie privée. Ça, c'est la base. Moi, par exemple, je sais que le week-end, c'est mon week-end. Je ne réponds pas à mes mails, je n'ouvre pas les réservations du restaurant. Le restaurant, je n'y touche pas le week-end. J'arrive le mercredi, je fais tout ce qu'il y a à faire. Mais le week-end, non, je coupe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ton mercredi, il est du dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, mercredi au dimanche.

  • Speaker #1

    Voilà. Non, ton week.

  • Speaker #0

    Le week-end, il est du dimanche soir, lundi, mardi.

  • Speaker #1

    Voilà. Il est un petit peu en décalé.

  • Speaker #0

    Il est en décalé. Donc, on reçoit souvent des appels.

  • Speaker #1

    Tu arrives à couper.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui. Thibaut, un petit peu moins parce que c'est quelqu'un qui est, je pense, très, très passionné par ce qu'il fait. Et donc, lui, ça ne le gêne pas. Mais moi, j'ai besoin d'avoir cette coupure. Je pense que c'est hyper important de pouvoir se dire, OK, il y a le travail. OK, il y a ma vie privée. Je pense que c'est vraiment un des basiques.

  • Speaker #1

    Et ce qui est très dur quand on est dans la restauration, en réalité.

  • Speaker #0

    C'est très dur.

  • Speaker #1

    Vous êtes complètement en horaire décalé, vous avez peu de soirées.

  • Speaker #0

    C'est ça. Oui, ce n'est pas facile. Il faut vraiment trouver un bon équilibre en dehors.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si Thibaut, il a une question pro le lundi, tu lui dis que ça atteindra mercredi ?

  • Speaker #0

    Ça dépend, mais il y a des jours, oui. Il y a des jours où il commence à parler resto. Et là, il voit dans mes yeux et il me dit, j'attendrai. Quand je regarde ma série, par exemple, là, je me dis, non, non, non, non, c'est mon moment.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est important de mettre les limites et de les communiquer et de les faire respecter. Après, on n'est pas obligé de fusiller du regard dès que ça dépasse. Mais c'est vrai que c'est important de bien être au clair sur ce dont toi, tu as besoin.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je pense que c'est ce que j'ai aussi un peu compris ces derniers temps. C'est ce qui me fait du bien pour avancer.

  • Speaker #1

    Est-ce que ta thérapie, alors sans rentrer dans les détails évidemment de ce voyage personnel, est-ce que tu peux juste nous partager ce que ça t'apporte ou en tout cas en quoi ? Parce qu'avant tu disais que vraiment c'était pour les fous de faire ce genre de travail. Et aujourd'hui tu le dis. Tu partages à quel point c'est précieux. Qu'est-ce que ça t'apporte et qu'est-ce que tu as découvert avec Surprise ?

  • Speaker #0

    Ça m'apporte, je pense que ça m'apporte beaucoup, beaucoup. C'est très agréable. Je suis tombée sur une super psy déjà. Et c'est très agréable parce que j'y vais sans pression et j'y vais vraiment dans l'optique de communiquer avec elle. Et vraiment, des fois, on a des discussions. sur la vie, sur ce qui se passe, toujours avec un rapport avec moi, mais c'est très ouvert, en fait, comme discussion. On parle un petit peu du passé, on parle de ça. Des fois, elle rebondit sur autre chose. Et en fait, je viens un petit peu relativiser. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'elle m'apprend dans ce côté un petit peu comportement, qu'on prend des autres, ce côté un petit peu transgénérationnel. Dès la troisième séance, on parlait un petit peu et il y a des choses, elle m'a dit, voilà, ça, c'est pas... c'est pas à votre comportement c'est pas à vous ça vient de plus haut donc c'est important de pouvoir se détacher en fait des habitudes qu'on prend et qu'on a pris qu'on nous a donné en fait moi c'est même pour ça que je dirais aux gens allez voir quelqu'un c'est juste pour venir se séparer de ce que certaines générations nous transmettent depuis trop longtemps venir casser un peu casser un peu ouais c'est ce code quoi et ça fait du bien je le recommande à tout le monde aujourd'hui vraiment haut et fort, mais dès que je croise quelqu'un, je suis passée d'un tout à l'autre. Allez-y, ça fait du bien. Vraiment, je revendique, je pense qu'il faut, même si ce n'est pas une psychothérapie, même s'il faut trouver quelqu'un d'autre, mais je pense que c'est important d'aller voir quelqu'un. Il ne faut surtout pas avoir peur de se faire aider. Je pense que pendant mon accident, pendant des années, je me suis dit que je pouvais faire les choses toute seule et que j'étais maître de mon corps et de ce que je voulais faire dans la vie. en me disant j'ai besoin de personne. Mais en fait, je peux être maître de moi en ayant quelqu'un qui m'accompagne à côté. Et c'est encore plus rassurant, en fait.

  • Speaker #1

    Et en même temps, tu vois, quand tu penses à ça, moi, je pense à mon cas où j'ai un trauma qui date d'il y a un peu moins d'un an. Et tout le monde me dit que je dois me faire accompagner sur le sujet. Et je ne vois pas, enfin, j'en ressens pas le besoin.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Et tu vois, quand je t'entends, je me dis, bon, il faudrait quand même peut-être que j'en parle à quelqu'un de professionnel. mais c'est vrai que Je pense qu'on a senti, on rebondit tellement, on n'a pas conscience de comment ça peut, de manière indirecte ou de manière complètement insidieuse, venir impacter le reste de notre vie. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Mais après, c'est vraiment un... C'est-à-dire que si on n'est pas prêt, de toute façon, il ne faut pas le faire. C'est vraiment un cheminement si on n'en ressent pas l'utilité ou le besoin. Oui, en effet. c'est quelque chose que de toute façon qu'on tiendra peut-être pas moi quand cet été je me suis dit c'est maintenant et quand je vais la voir je raconte toute ma life mais même les tout petits trucs que je pense un peu gênant des fois des petits moments de jalousie ou des choses un peu comme ça même pas forcément vis-à-vis de Thibaut, vis-à-vis d'autres choses vis-à-vis de Jean, de choses de la vie et tout je lui en parle et elle vient tellement relativiser et m'expliquer que que la colère par exemple, la colère tout seul c'est pas un mauvais sentiment dans la colère il y a plein de petites boîtes et dans cette colère il y a des boîtes qui représentent plein de choses et en fait il n'y a rien de mauvais là-dedans, c'est juste qu'il y a peut-être quelque chose qui ressort un petit peu plus qui est un petit peu plus présent mais dans l'idée il n'y a rien de mauvais ou de négatif à enlever en fait en fait on y va pour se comprendre un petit peu mieux oui et puis comprendre sa colère ça permet souvent de de

  • Speaker #1

    mettre ... un petit peu plus de lumière sur les valeurs qui sont importantes et donc ce qui nous motive, ce qui nous guide. Et donc, ça redonne un autre élan et ça permet finalement de réorienter notre énergie. Quand on n'est pas conscient de nos émotions, finalement, l'énergie, elle passe dans une passoire. Alors que comprendre ces éléments-là et ce qui vient les titiller, ça permet de réorienter notre énergie.

  • Speaker #0

    C'est ça, les comprendre et accepter et pas se dire que c'est mal. Ou bien juste se dire que ça fait partie de ce que je suis et j'avance avec.

  • Speaker #1

    Ça fait partie des trois questions que je pose systématiquement à la fin du podcast. J'imagine qu'il y aura un panneau où ce sera aller voir un psy ou aller vous faire aider. Mais sinon, en dehors de ça, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans un endroit qui a pas mal de passages et tu peux y inscrire et y afficher. tout ce que tu veux, qu'est-ce que tu y mettrais ?

  • Speaker #0

    Quelque chose comme ça, mais plus le côté ne pas avoir peur de demander un petit peu d'aide, ne pas avoir peur d'un moment sur le chemin de demander à quelqu'un qui nous tend la main de prendre cette main et d'avancer un petit peu et de se dire, ok, le reste du chemin, je le fais tout seul, mais on n'est pas tout seul, on n'avance pas tout seul dans cette vie de toute façon, donc il faut accepter l'aide et ce qui vient autour.

  • Speaker #1

    On n'est pas tout seul, accepter les mains tendues et demander de l'aide si besoin.

  • Speaker #0

    Oui, ne pas hésiter. On est né tout seul et on va finir tout seul, mais on grandit quand même dans cette vie avec beaucoup de monde autour, donc c'est bien de s'en servir si on en a besoin.

  • Speaker #1

    Excellent, j'adore. Et si tu te retrouvais face à Mathilde le jour de ses 10 ans, tu as le droit de voyager dans le temps et de lui donner un conseil. Qu'est-ce que tu lui donnes ?

  • Speaker #0

    Ça, c'est vraiment jamais très facile parce qu'en grandissant, on a plein de conseils qu'on aimerait donner à notre petit soi de l'époque. Mais qu'est-ce que je lui dirais ? Que ça va le faire. Que ça va le faire. Voilà. Qu'il y aura peut-être des moments un petit peu plus difficiles, mais comme tout le monde. Mais que ça va le faire. Qu'elle va prendre des mauvaises, mais des bonnes décisions derrière. que ça va s'équilibrer. Je dirais, voilà.

  • Speaker #1

    Tu pourras rectifier tes mauvais choix.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Tu vas tomber sur tes pattes. C'est pas mal, ça. C'est bien parce que c'est à la fois et confiance, et aussi n'aie pas peur de faire des mauvais choix. Tu arriveras toujours à rebondir.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un mauvais choix, ce n'est pas non plus une fin de vie ou une fin de quelque chose. De toute façon, j'avais lu ça à l'époque, je crois que c'est très... français de ne pas valoriser les échecs et j'ai vu des échecs et j'ai vu en Angleterre c'est très valorisant parce que ça veut dire que les gens qui ont des échecs, ils ont pris conscience de ce qu'il fallait plus faire, on va dire. Donc, ils avancent. Ils avancent plus. En France, l'échec, c'est quelque chose qui n'est pas très bien vu. C'est un petit peu « Ah, tu t'es loupé, ce n'est pas bien. Ah, tu n'as pas fait ça correctement. » Alors que, ben, oui. Mais du coup, la fois d'après, il va faire mieux et encore mieux et encore mieux parce que cet échec, il va servir à le faire avancer peut-être plus loin, peut-être plus vite est peut-être juste là où il faut.

  • Speaker #1

    La valeur de l'échec. En réalité, si on ne fait que des choses qu'on est sûr de réussir, on ne grandit pas beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui, il y a un côté très rassurant là-dedans, mais oui,

  • Speaker #1

    on ne va pas très loin. Et est-ce qu'il y a une chose que tu aimerais bien faire, mais tu n'as pas encore eu le courage, tu n'as pas encore osé, et ça te trotte un peu dans la tête ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense, parce que quand on s'est installé, on s'est installé dans une maison, et donc on est en train de refaire deux, trois petites choses, et je ne veux jamais le faire, mais créer des choses. Moi, je veux faire des DIY, je veux créer des meubles, je veux poncer des choses, je veux peindre des trucs. Et ça, je ne l'ai jamais fait. Parce qu'à Paris, on vivait dans un tout petit appart. Je n'ai même rien mis au mur, tellement j'avais peur d'abîmer les murs en partant. Et là, j'ai envie d'être un petit peu plus créative. C'est marrant, je suis allée voir une kinésiologue, ça aussi, c'est incroyable. Et qui m'a dit, là, il faudrait quand même... Faites ce que vous aimez de créatif. Et je l'ai regardée, je lui ai dit, mais moi... Je n'ai pas de passion créative, en fait. Je me dis, moi, je suis dans la restauration, moi, j'aime boire et manger, j'ai l'impression qu'il n'y a rien d'autre qui m'intéresse. Et donc, du coup, je me suis quand même questionnée en sortant en me disant, il y a quand même des choses que j'aime faire. Et c'est vrai que j'ai rebondi la pion en me disant, maintenant, j'ai une petite maison et tout. Je pense que j'ai envie de créer des petites choses comme ça, de peindre, de repeindre, de poncer, de poser des étagères. Je ne sais pas poser une étagère, par exemple.

  • Speaker #1

    en tout cas d'utiliser tes mains autrement que pour servir les gens Pour le restaurant Charnu, qu'est-ce qu'on te souhaite ? De quoi tu as besoin pour que cette expérience soit un grand succès ?

  • Speaker #0

    Du monde. Que les gens viennent et que les gens comprennent ce qu'on fait. Ça, c'est vraiment important. Que les gens comprennent. Il y en a qui viennent, on sent que c'est un petit peu décalé. Il y en a qui nous disent, mais vous n'avez que des légumes dans vos garnitures, vous n'avez pas autre chose, vous n'avez pas de viande rouge. Ben non, voilà. Donc vraiment que les gens comprennent. Et je pense surtout pour le... le futur que les gens, ce que je disais au début, que les gens voient que c'est complètement possible de, pas tout le temps, mais de manger quand même un petit peu local et de faire attention à ce qu'on consomme, de faire attention aux gens autour et à l'environnement et je pense que c'est hyper important.

  • Speaker #1

    C'est l'expérience en fait, au-delà d'une bonne table, il y a une expérience.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis surtout passer un bon moment, on va au restaurant, pour passer un bon moment, il faut venir avec des gens sympas, il faut venir avec des gens qu'on aime, il faut rigoler, il faut parler fort. Voilà, il faut passer un bon moment, c'est le but. Quand on ouvre un restaurant, je pense que nous, quand on a ouvert le restaurant, moi j'ai dit à Thibaut, je veux ouvrir un restaurant dans lequel je veux aller manger. Je veux être bien, je veux avoir à boire, à manger, je veux être bien servie, je veux que la déco soit mignonne. Enfin voilà, vraiment quelque part où je me sentirais bien en tant que cliente, mais moi.

  • Speaker #1

    Vu la qualité de vos assiettes et le charme du lieu, je suis sûre que vous allez attirer de plus en plus de monde. et surtout... Je te souhaite à toi, Mathilde, de continuer ton parcours personnel pour être en paix, pour te sentir alignée et pour ne plus être sujette à ses hauts et ses bas. On ne peut pas être tout le temps dans le haut, mais au moins rester le plus souvent possible avec la patate. Vous n'avez pas l'image, mais Mathilde a un énorme sourire depuis le début, une magnifique énergie. C'était un vrai plaisir de t'avoir à mon micro, Mathilde.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je te souhaite beaucoup de succès.

  • Speaker #0

    À très vite.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura pu intriguer, inspirer et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation ou un commentaire, ça aidera énormément le podcast à être diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Mathilde Landais

    00:05

  • Le parcours de Mathilde : De l'accident à l'entrepreneuriat

    01:10

  • L'ouverture du restaurant Charnu et ses motivations

    01:46

  • Les valeurs et la philosophie de la cuisine de Charnu

    02:38

  • Les choix éthiques dans la sélection des produits

    04:37

  • Les défis de l'entrepreneuriat et l'importance de l'entraide

    07:12

  • L'accident de train et ses conséquences sur la vie de Mathilde

    12:29

  • Rééducation et résilience après l'accident

    17:52

  • La thérapie et le cheminement personnel de Mathilde

    37:58

  • Conseils et réflexions finales de Mathilde

    48:30

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