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#17 Capucine Delval: faire de le deuil de l'enfant parfait et trouver sa force dans le courage de l'autre cover
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The Patronne

#17 Capucine Delval: faire de le deuil de l'enfant parfait et trouver sa force dans le courage de l'autre

#17 Capucine Delval: faire de le deuil de l'enfant parfait et trouver sa force dans le courage de l'autre

1h01 |11/08/2025
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#17 Capucine Delval: faire de le deuil de l'enfant parfait et trouver sa force dans le courage de l'autre

1h01 |11/08/2025
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Description

Le plus beau jour de sa vie a été le plus dur.


A la naissance de son fils Joachim, Capucine remarque tout de suite qu'il y a quelque chose d'étrange.


D'instinct, elle sait.


Quelques heures plus tard, un médecin maladroit fera tomber le doute ; son petit garçon merveilleux est handicapé.


3 chromosomes au lieu de deux - trisomie 21


Jeunes parents depuis quelques heures, leur vie chavire.


Pourtant, ils avaient fait tous les tests ; ils n'avaient aucune raison de s'inquiéter.


Ca arrive


Et ça ira. Très vite, elle en est persuadée.


Capucine Delval est aujourd'hui Directrice Global Accounts chez Shopify.

Elle a 3 enfants

Elle est impressionnante de force et d'optimisme


Dans ce nouvel épisode de the Patronne, Capucine nous partage :

  • son parcours professionnel qui n'a pas du tout été un long fleuve tranquil

  • l'importance de créer un réseau d'influence

  • l'amour fou qu'elle porte à ses enfants

  • comment elle concilie carrière, soins médicaux et équilibre d'attention entre ses 3 loulous


Un épisode Ying & Yang où nous explorons la force et la complémentarité des extremes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour ceux qui nous écoutent, explique-nous quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #1

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. Je fais tous les tests dans des très bons endroits.

  • Speaker #0

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a... oser, oser avancer et ça sans avoir toutes les réponses. À travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non à ton boss ou à qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va te... t'inspirer. Laisse-moi lancer ces 24 minutes en revanche.

  • Speaker #1

    C'est trop bavard. Ça peut pas changer.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'accueille Capucine Delval. Capucine, tu es directrice Global Accounts, donc directrice des comptes globaux chez Shopify. Ça veut dire, pour ceux qui, comme moi, il y a deux minutes, ne savaient pas ce que ça veut dire, les entreprises qui ont leur siège en France. Notamment, je travaille avec des grandes maisons de luxe aujourd'hui pour Shopify. Mais ce parcours brillant a démarré de manière pas forcément chaotique, mais tu viens de me partager un certain nombre de galères. On va l'évoquer et on va aussi parler de ton parcours personnel et notamment de ta maternité. Tu as trois enfants, le dernier Yann a 4 ans, Zoé a 7 ans et l'aîné Joachim a 9 ans. et Joachim est porteur de handicap. Tu vas nous partager comment tu as vécu ce chamboulement, parce que l'arrivée d'un enfant, c'est toujours un chamboulement. Et quand tu découvres l'handicap, c'est aussi un sacré tsunami. Donc, tu vas nous raconter tout ça. Bienvenue, Capucine !

  • Speaker #1

    Merci, Elbi. Je suis vraiment ravie de te retrouver. On se connaît depuis très, très longtemps. Et oui,

  • Speaker #0

    on se connaît depuis nos 17 ans. Voilà. Et après pas, on s'est croisés complètement par hasard l'année dernière, il y a quelques mois en tout cas. Et c'est un grand plaisir de te retrouver et de t'interviewer parce que je trouve qu'en dehors de ton énergie pétillante, tu as une manière de voir les sujets qui est très originale. Tu me racontais déjà, alors vas-y, de manière rapide pour le podcast, mais... Toutes les galères que tu as vécues en tant qu'étudiante et comment tu as choisi ton parcours de vie. Quand je t'ai rencontrée, je me suis dit que cette fille sait où elle va. Elle a un objectif hyper précis. Elle est vraiment super directionnelle. Et en fait, je me suis trompée.

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Pas du tout. Justement, on parlait de ça juste avant. On se connaît depuis la prépa. Mais avant, on parlait de notre parcours quand on était au lycée. Et la manière dont on avait choisi un petit peu les différentes filières. Moi, je me suis retrouvée en écho parce que je n'aimais pas la physique. Après, il a fallu que je choisisse qu'est-ce que j'allais faire après le bac. En fait, je ne savais pas. Donc, je suis allée par hasard à un centre d'orientation. Et il y avait ce magazine où c'était écrit Prépa Voix Royale. C'est pour moi la Prépa Voix Royale.

  • Speaker #0

    La grande classe. Ça donne envie en même temps. C'est un titre accrocheur. Ils ne te disent pas que tu vas vraiment galérer pendant deux ans.

  • Speaker #1

    ça c'est un peu caché mais voilà c'était plutôt pas mal parce que on retrouve un peu toutes les matières et moi je sais pas laquelle choisir il y avait un fort encadrement et honnêtement 17 ans je me sentais pas capable de partir à la fac d'être complètement libre à moi même je me sentais assez immature donc voilà je trouvais que la prépa correspondait plutôt bien à mon état d'esprit à ce moment là et je me suis dit après deux ans de prépa je vais savoir ce que je veux faire et ben non non non donc on part vers les écoles de commerce donc je suis partie en école de commerce même chose je veux savoir ce que je veux faire après l'école de commerce. Ben non, toujours pas. Il a fallu choisir ma dominante. On m'a dit, en fait, les stages les mieux payés, c'est en audit. Alors, je suis partie faire de l'audit.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens de notre génération, maintenant, ce n'est plus tout à fait le cas. Mais en gros, si tu voulais bien gagner ta vie, tu choisissais audit.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc voilà, je suis partie en audit. J'ai détesté. En plus, je n'étais même pas dans le département audit. Je suis partie chez Erstenian. Et j'étais en département conseil chez eux. Et je n'ai pas du tout aimé. Je pense que j'ai limite fini en burnout à la fin. Vraiment, je détestais ce côté extrêmement cadré, rigoureux. Je n'ai pas aimé l'ambiance. Ça ne me ressemblait pas du tout. Mais par contre, ce qui était sympa, c'est que j'ai eu des missions en ingénierie financière. Donc ça, j'ai adoré. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire. Je suis repartie à l'EMU pour faire un master spécialisé.

  • Speaker #0

    Génierie financière, exactement.

  • Speaker #1

    En gros, c'est faire des modèles. J'ai fait des modèles sur Excel pour faire des modèles de financement ou des modèles de fusion.

  • Speaker #0

    Tu gères des gros tableurs Excel, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de tableurs Excel. Ça, j'aime. Je n'en fais plus du tout, mais à l'époque, j'adorais. Et quand ça moulinait, j'étais trop contente.

  • Speaker #0

    Tu avais bien fait ton taf. Tu avais fait ce qui était le plus important.

  • Speaker #1

    Et ça tournait, tu faisais des petites boucles et tout. Donc ça, c'était vraiment mon truc à l'époque. Je suis partie en M&A, mais j'ai fait mon stage. Après, je suis partie en VIE à New York pour faire du M&A aussi. Et en fait, c'était la grosse crise à l'époque. C'était la période où les Man Brothers s'est explosé. Donc, je suis revenue en Europe, plus du tout de travail. Il a fallu que je trouve un job. Donc, pour la petite anecdote, je suis allée sur le site de l'Aim Lyon et j'ai fait une recherche par mot-clé. Donc, le mot-clé, c'était quoi ? C'était acquisition. Je voulais travailler en fusion acquisition. Et il y avait un job chez American Express pour le département acquisition. Rien à voir. Rien à voir. En gros, c'est les sales. Donc, j'ai été analyste financière. pour le département acquisition d'American Express.

  • Speaker #0

    Tu as eu ce job. Même si c'était complètement un hasard, tu as réussi à choper un job.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et dans un contexte qui était hyper difficile, j'avais mon emprunt étudiant à rembourser, il fallait absolument que je trouve un job. Mais j'adorais les personnes que j'ai rencontrées en entretien et c'est toujours ce qui m'a driveée dans mes choix de carrière, c'est les personnes que je rencontrais, est-ce que j'ai envie de travailler avec cette personne-là ou pas. Ça, c'était toujours très facile. Et donc voilà, j'adorais les personnes qui m'ont reçues en entretien, je les ai trouvées intéressantes, sympathiques. j'ai passé deux années exceptionnelles. J'ai beaucoup ri, vraiment, on a beaucoup travaillé aussi. On s'est beaucoup amusé, on est toujours en contact. Je suis restée que deux ans mais je suis toujours en contact avec ces personnes aujourd'hui et on se revoit régulièrement pour un café, pour un déjeuner. Vraiment, on a créé des liens assez forts. J'ai même retrouvé plus tard dans ma carrière certains d'entre eux d'ailleurs. Et après ça, donc voilà, au bout de deux ans, j'ai été débauchée par PayPal pour rejoindre leur département espionné. où j'ai géré l'Europe du Sud pendant un certain temps. Et après, j'ai bougé en interne, j'ai fait différents jobs. Ça n'a pas toujours été très simple. Le premier mouvement, ça a été parce que j'en avais un petit peu marre de faire de la finance. C'était le plus loin possible. Et on m'a dit, écoute, il y a un poste qui s'ouvre pour être en gros le partenaire financier du département de produits. Allez, on va tenter, on va voir. Donc, j'ai travaillé pendant à peu près 2-3 ans, je crois, à faire ça. C'est passionnant. J'ai rencontré la meilleure manager de ma vie. Elle était extraordinaire, une Américaine. Et après ce job-là, à mon retour de congé mat, ce job a été annulé, donc il a fallu que je trouve une urgence à un autre poste en interne. Je suis partie faire du project management un peu herculant. Vraiment, je n'avais pas du tout envie de faire du project management. Je suis venue du M&A, je faisais du project management. Pour moi, ce n'était pas du tout mon plan de carrière. J'ai fait ça pendant un an, pareil avec une manager qui a été extraordinaire, qui m'a appris énormément de choses sur comment on gère un projet, comment on gère une réunion. Comment on structure un follow-up ? Comment poser les bonnes questions pour faire avancer les projets ? Plein de tips que j'utilise toujours aujourd'hui. Je continue toujours de travailler avec ces méthodes. Je n'ai travaillé qu'un an avec elle, mais elle m'a vraiment marquée très profondément. Je suis vraiment très reconnaissante. Mais pendant que j'étais dans ce job-là, j'ai été contactée par une autre personne qui s'appelle Caroline Télier. On a échangé et elle recherchait quelqu'un dans son équipe et dans le département commercial. Et je me souviens bien de nos premiers échanges, j'étais un peu en mode, mais enfin Caroline, je suis une financière, enfin, allez au département commercial, les financiers, les commerciaux, on n'est pas vraiment copains. Et elle m'a partagé sa vision de l'approche commerciale, et j'ai adoré sa vision. Elle était vraiment en mode consultante en fait, et pas du tout en mode sales, genre comme tu peux les imaginer, il faut absolument que je vende mon produit, pas du tout. Elle était vraiment à l'écoute des clients. elle me disait toujours, moi si un client me dit qu'il n'est pas content et que ça ne marche pas, c'est qu'il a raison. C'est que ça ne marche pas. Donc, il faut comprendre pourquoi ça ne marche pas pour pouvoir répondre à son besoin en fait. Et j'ai trouvé que ça avait beaucoup de sens. Ça m'a beaucoup inspirée. Donc, j'ai rejoint son département. Je suis restée un petit bout de temps parce que j'arrivais en 2017 et je suis partie en 2022, donc cinq ans. Donc, j'ai eu mes deux enfants, Zoé et Yann ensuite. Et à mon retour de congé. Plus long congé pour le troisième, ça a été un pur bonheur. Parce que j'étais plutôt en mode, le congé, Matt, c'est bien quand c'est court. Et en fait, pas du tout. En fait, le troisième, c'est six mois pour le troisième. Et j'ai adoré ces six mois. Parce qu'en plus, j'avais mes plus grands qui rentraient. Je pouvais profiter d'eux. Et j'avais mon petit dernier qui était extrêmement sage à l'époque. Encore. Et j'ai vraiment adoré mon troisième congé maternité. Mais à mon retour, en fait, je n'avais plus mes gros challenges. Mes gros challenges, je les bouclais avant de partir. en Gémat et je me retrouvais plus en fait dans ce qu'on me proposait. Et à ce moment-là, un ancien collègue de Shermex m'appelle et me dit « Capucine, je pars chez Stripe, est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que ça t'intéresse à nous rejoindre ? Et c'est comme ça que j'ai postulé. Et puis, ma candidature a été retenue. C'est comme ça que je suis arrivée chez Stripe. Voilà, c'est un peu le parcours assez logique. Donc, je suis restée dans la tech comme ça pendant encore deux ans. Je suis restée chez Stripe pendant deux ans. Je pense que j'avais fait un petit peu le tour. Enfin, on ne fait jamais le tour du paiement, ce n'est pas vrai. Mais peut-être un petit peu une lassitude du milieu du paiement. Et j'ai vu ce job sur LinkedIn. Même pas par relation, même pas du tout. C'était un poste sur LinkedIn. Global Account Director chez Shopify. J'ai postulé et ça a marché. Et j'ai rejoint une super équipe avec des gens incroyables dans une boîte qui est vraiment géniale. Je m'éclate vraiment au quotidien dans ce rôle-là. C'est vraiment très sympa.

  • Speaker #0

    C'est incroyable à quel point ce job d'aujourd'hui qui pourrait être le job rêvé par des jeunes diplômés. Moi, ce que je veux, c'est travailler dans la tech et puis avoir des clients du luxe. Ce n'est pas du tout ton projet. jamais tu as envisagé et en réalité à chaque fois t'as fait des choix assez pragmatiques voire opportunistes au début de ta carrière parce que tu savais pas trop donc tu naviguais un peu à vue puis t'as eu aussi beaucoup de déconvenus finalement parce que le marché s'est retourné il y a eu une crise c'est intéressant de voir ta capacité à ouvrir des portes et dire bah Merci. celle-là, elle grince un peu. Bon, je vais aller chercher une autre porte.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que j'ai toujours eu de la chance dans mon choix d'entreprise. J'ai toujours choisi une entreprise qui avait un peu le vent en poupe au moment où je les ai rejoints. Paypal, il y a 12 ans, ça a explosé. Ça marchait super bien. Ça marche toujours très bien, Paypal. Mais ça n'a plus l'image que ça pouvait avoir il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Ils étaient un peu les premiers à se voir. Ils étaient très…

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est nostalgique de cette période. Les anciens pépaliens, on se retrouve toujours, on se parle toujours. C'est quand même un vrai réseau, les anciens pépaliens. Et on se rappelle toujours nos années, nos premières années chez PayPal, tout ce qu'on a pu faire. C'était une très bonne ambiance. On travaillait dur. À la tech, on travaille dur en général. Mais vraiment, dans une ambiance bon enfant, d'entraide, on était portés par le projet, en fait. Et c'était vraiment très sympa. Et puis, à la fin, je ne me retrouvais plus vraiment. Je suis partie chez Stripe. Je n'ai pas resté si longtemps que ça chez Stripe. Je ne suis restée que deux ans. Mais je suis toujours aussi fan de la technologie. Dans le paiement, pour moi, c'est la Rolls Royce. Elles sont vraiment extraordinaires. Et je pense que c'est ce qui m'a aussi ouvert les portes de chez Shopify, parce que c'est aussi une boîte qui est drivée par la partie paiement. Le fait de connaître le paiement, je pense que ça m'a beaucoup aidée à rentrer. Mais voilà, Shopify, c'est pareil. Actuellement, c'est une boîte qui a vraiment le vent en poupe. Je me plais souvent à dire que je ne suis pas une vraie sales. Je n'ai pas un parcours de sales classique. Je suis une financière à la base. J'ai toujours cette approche très consultante, toujours avec mes clients. Je prends le temps de les écouter, de les comprendre, d'essayer de très orienter le problème solving. C'est vraiment ça mon approche. Je pense que si j'étais une entreprise où vous tapez dans le dur, où la marque n'est pas du tout reconnue, je ne suis pas sûre que je serai aussi performante. Parce que ce n'est pas mon profil. Je pense que ça, je saurais moins bien faire. Ou j'y prendrais peut-être moins de plaisir. Actuellement, ma difficulté, j'ai eu des portes à ouvrir, tout n'a pas été aussi simple quand même. Mais les portes arrivent à s'ouvrir à un moment, après il faut les refermer. Mais l'ouverture de porte est certainement moins difficile avec un nom comme Shopify, qu'avec une entreprise complètement inconnue.

  • Speaker #0

    Il y a un élément que tu viens de dire que je trouve intéressant. C'est la compétence par rapport aussi au type d'entreprise et au marché. Et en même temps, ce que tu dis là sur ces qualités de vente, sur le fait d'être très à l'écoute, de vraiment sonder le client, le faire parler un maximum. Je trouve qu'on en entend de plus en plus parler. Alors, c'est sûr qu'on n'est pas sur les méthodes de vente dans la grande conso où il y a une égo prix qui passe avant tout. mais je trouve que De plus en plus, les manuels, les formations de vente s'orientent sur ce discours-là. Toi, quand tu intègres quelqu'un par rapport à tes équipes, c'est quoi les conseils que tu donnes ? Ou si tu devais donner trois conseils à quelqu'un qui veut être un meilleur commercial consultant, tu donnerais quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, connais bien ton produit. Déjà, je pense que ça, c'est la base. Il faut absolument… Si tu veux partir dans une boîte de tech… et que tu ne t'intéresses pas à la tech, ce truc qui t'attire, c'est la paillette, parce que c'est super, ce n'est pas le bon choix. Ce n'est pas ça qui peut te motiver. Je te disais au début que j'adorais les modèles Excel. J'ai toujours aimé quand même le côté un petit peu technique. Il faut aller chercher, nous, on fonctionne sur le modèle des APIs. Ça m'arrive d'aller regarder un petit peu ce qui se passe derrière. J'aime bien. J'aime bien. Tu vois, quand j'étais en économie au lycée, ce que j'aimais, c'était la partie monétaire, parce qu'il y avait l'histoire de flux. ça c'est toujours été mon truc j'aime bien ça Si tu ne connais pas ton produit, tu ne peux pas bien le vendre. Tu ne peux pas bien orienter ton client. Ça, c'est le premier point. Deuxième point, c'est qu'il faut comprendre ton client, comprendre sa situation. Il faut le faire parler, en fait. Et pour faire parler un client, parce que ça, je l'ai vécu aussi, ce n'est pas en lui posant toujours des questions qui ont lié à leur activité. C'est en créant un lien avec eux. Tu ne peux pas arriver de but en blanc dans une réunion et dire, voilà, vas-y, c'est quoi tes trois pain points ? Ah non, mais je l'ai vécu. Non, ça, ça ne marche pas. Ça, c'est une approche de consultant. Et on ne te paye pas pour ça. Donc, il va falloir que tu crées un lien. Et pour créer un lien, pour moi, ce serait le troisième conseil, il faut que tu sois crédible. Et pour être crédible, il faut que tu fasses tes preuves auprès d'un client. C'est-à-dire qu'en gros, ton client, il va toujours te tester au début. Il va te donner les situations les plus compliquées et il va falloir que tu les résoles. Et c'est à partir de ce moment-là où tu auras réussi à faire tes preuves avec ton client ou tu auras montré à ton client que tu étais disponible, que tu avais réussi à apporter une solution à ses problèmes, qui va commencer à s'ouvrir, à créer un lien avec toi et qui aura une relation de confiance qui va s'établir. Et là, tu vas pouvoir avoir des informations et là, tu vas pouvoir mieux les conseiller et construire la relation. C'est vraiment comme ça que se construit une relation avec eux. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté très vertueux, en fait, petit à petit. Tu construis et ensuite, tu peux élargir. J'aime bien ton point d'arriver et dire, c'est quoi vos trois pain points ? C'est souvent ce que tu peux trouver dans des posts LinkedIn sur les conseils.

  • Speaker #1

    Ça, ça marche pas. Désolée, mais ça marche pas, ça. Idéalement, toujours garder en tête où est ton objectif. Je vais pas le dire là parce que mes clients s'y écoutent. Mais je sais toujours où est mon objectif. Mais en même temps, il faut à un moment que tu crées ce lien avec ton client. Et il faut être fiable. Parce que quand je dis être fiable, c'est parfois qu'ils vont te poser des questions qui sont même pas dans ton scope, en fait. et parfois il faut aller au-delà de son scope pour réussir à résoudre le problème de ton client il faut avoir envie de chercher, je pense qu'il faut être hyper curieux ça c'est je pense que c'est par partie des grosses qualités que je recherche, la curiosité avoir envie toujours de résoudre des problèmes tous les enfants qui aiment bien faire des jeux dans les magazines quand ils sont petits moi j'en faisais partie effectivement,

  • Speaker #0

    joueur t'aimes bien avoir une énigme t'aimes bien aller chercher une solution

  • Speaker #1

    Exactement et ça peut toucher n'importe quel sujet. Donc c'est vrai que la particularité des globales équintes souvent on me la demande, même en interne, Shopify, j'ai encore besoin d'expliquer quel est mon rôle. Je ne suis pas que sur la partie 100% négociation. Évidemment mon rôle c'est de rendre relation avec les sièges des grandes entreprises et de négocier des contrats, mais ça c'est une toute petite partie de mon job. En fait je vais avoir des sujets juridiques, commerciaux évidemment, qui touchent même à la structure du pricing, qui touchent aux produits. Moi, j'aime bien dire que je crée des zones d'influence. Il faut que je développe énormément mon réseau en interne et en externe, les deux. En interne, il faut que je sache très bien à qui m'adresser si j'ai une question. Et donc, c'est tous ces sujets-là qui font mon job au quotidien, qui font le job d'un Global Account Manager. Beaucoup de communication en interne, en externe aussi. Parce que moi, quand je suis arrivée, il y a un an et demi, Shopify comme solution pour les grandes entreprises, ce n'était pas si évident. Ça commence à devenir un peu plus évident, mais il a fallu quand même faire un gros travail de communication externe et mettre beaucoup de choses en place en interne pour réussir à avancer dans cette direction. Le produit est là, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Le produit est là, il est exceptionnel. Mais tout ce qui tournait autour de la perception de notre solution, ça a mis du temps.

  • Speaker #0

    Parce que si je ne me trompe pas, au début, Shopify était un des axes de communication, c'était la solution idéale pour les petits commerces.

  • Speaker #1

    Exactement. exactement faire le shift pour aller séduire un LVMH voilà c'est toute la beauté du job et c'est pour ça que dans les jobs que j'ai choisis aussi je pense que c'est la raison aussi pour laquelle j'ai quitté Stripe c'est que j'ai toujours et je l'ai eu quand j'étais chez Paypal justement ce côté où on m'autorisait à être entrepreneur c'est un mot qui est moche mais où tu prends un projet et tu le construis et tu le mènes jusqu'au bout donc ça je l'ai eu de nombreuses fois chez Paypal et c'est pour ça que je suis restée Stripe, je n'ai pas retrouvé ça. Stripe, c'est ton job, c'est ça, les lignes sont claires. et je ne me suis pas vraiment retrouvée là-dedans. Shopify, j'ai un terrain de jeu qui est énorme. Franchement, on me fait confiance, je peux avancer sur plein d'initiatives qui n'existaient pas. J'ai la chance d'avoir des collègues qui sont super, qui répondent aux attentes. Parce que parfois, tu peux avoir des idées, des projets, mais en interne, on te dit non, c'est pas possible, on coupe directement le projet. Non, pour ça, j'ai des collègues qui sont toujours partants quand il y a des nouvelles idées. Ça a l'air super, allez, on y va. Par exemple, on a mis en place tout un programme de formation des commerçants. On est les premiers à avoir mis ça en place au sein du département Global Academy. Ça n'existait pas avant. Il y avait des programmes qui existaient, mais plutôt pour nos partenaires, les intégrateurs, ce genre de profil. Pas du tout pour les e-commerçants. Et on a commencé à avoir des demandes de nos clients. Et on a créé ça avec le département éducation qui a dit, ah oui, c'est super comme projet, on va y aller. Et on y est allés ensemble. Et ça, c'était… Donc voilà, ça continue à se développer. On continue de vendre des programmes maintenant de formation. Mais voilà, c'était un projet qui sortait un petit peu de mon client. C'est mon client qui m'a demandé ça. Ça n'existait pas. On est partis ensemble en interne. J'ai eu beaucoup de discussions. Et puis, j'ai eu des collègues qui étaient super, qui ont dit non, mais c'est super comme idée, on va le faire. Et le fait d'avoir aussi cet esprit entrepreneurial chez Shopify, ce qui est plutôt bien quand même pour une entreprise qui promeut l'entrepreneuriat, on le retrouve aussi en interne.

  • Speaker #0

    On apprécie la cohérence.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce n'est pas une légende. On retrouve vraiment en interne. On trouve des gens qui ont envie de faire.

  • Speaker #0

    Excellent. Tu parlais juste avant de développer ta zone d'influence. Comment est-ce que tu fais ça ? C'est quoi ta stratégie pour développer ta zone d'influence ?

  • Speaker #1

    Ça peut être un peu délicat. Allez,

  • Speaker #0

    deux, trois trucs que tu peux dire, au moins.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je ne vais pas donner tous mes succès non plus. Mais en gros, déjà, il y a deux zones d'influence. Déjà, il y a la partie en interne. la base interne, surtout sur des projets aussi énormes et impliquants que des global accounts qui ont plein de maisons. Il n'y a pas des marchés, des maisons qui sont présentes partout dans le monde. En plus, c'est une approche qui est très nouvelle chez Shopify. Il va falloir que j'arrive à convaincre des gens de ce qu'il va falloir faire. Donc, il va falloir que je parle aux plus de personnes possibles. Donc, en fait, quand je suis arrivée chez Shopify, je me suis donné des règles. Par exemple, sur mon onboarding, je passais au minimum des coffees chat, des demi-heures, avec toutes les personnes de tous les départements. Donc, j'en avais au minimum au début 4 par semaine, je crois. Et tu fais ça pendant 3 mois, tu commences à connaître du monde en interne. Et t'expliques à chaque fois, t'expliques aux gens ce que tu fais, quelle est ton approche. Parce qu'après, quand tu vas devoir les recontacter, ils savent qui tu es, ils savent ce que tu fais, ils savent que tu as passé du temps à leur expliquer. Donc ça, déjà, c'est un point hyper important. Et tu comprends aussi ce qu'ils font. Tu comprends leur scope, tu comprends là où ils vont pouvoir t'aider. ça te donne souvent des idées aussi de ce que tu vas pouvoir faire par la suite. Donc très important, cette zone en interne de communication et d'influence pour expliquer ce qu'est ton job, surtout quand tu es en mode construction, est hyper importante. Et après, il y a tout ce qu'il y a en externe. Donc chez Shopify, on a un énorme écosystème, un énorme écosystème à la fois d'intégrateurs qui intègrent notre solution, mais aussi de partenaires techniques. Et donc là, en gros, moi je veux que ces gens-là parlent de Shopify. Je veux qu'ils parlent de nous. Et donc, il faut qu'on aille parler avec eux aussi pour voir comment on peut avancer en collaboration sur différents projets. Parce qu'en fait, un partenaire qui est convaincu de notre solution, qui se sent rassuré, qui se sent soutenu, je pense que c'est un partenaire qui aura envie de pousser notre solution. Après, parfois, ça ne marche pas. Sur les centaines de personnes que j'ai rencontrées, ils n'ont pas forcément été source de projet. Mais en tout cas, ça arrive encore aujourd'hui où certains partenaires arrivent sur un projet dans mon scope de client. Et il m'appelle directement en disant, voilà Capucine, j'entame des discussions avec tel client, j'ai envie d'être le plus optimal possible dans mon approche, est-ce que tu peux m'aider ? Et en plus, la particularité de Shopify par rapport à certains de nos concurrents, c'est que nous, on n'a pas un département intégrateur intégré dans Shopify. Nous, toute cette partie vraiment développement du site Internet, ce sont des extérieurs qui vont le faire. Et moi, j'ai envie que ça se passe le mieux possible pour mes clients, qu'il y ait une sorte de... que ce soit une relation extrêmement fluide, qu'il n'y ait pas de perte de connaissances, de perte de... Voilà, et il faut que ce soit rapide, de temps, voilà, perte de temps, il faut que ce soit rapide, que ce soit bien fait, le mieux possible, le plus rapidement possible, et donc il faut qu'il y ait la meilleure communication entre nous et l'intégrateur. Ça, c'est très important aussi, être toujours présent sur le terrain. Je passe beaucoup de temps avec les partenaires et aussi avec les maisons, aussi, parfois. Donc, je discute à la fois avec le siège, il faut que je parle au maximum de personnes pour qu'elles connaissent ma solution. Donc ça c'est aussi une autre partie. Et la troisième partie, c'est tout ce qui va être présence sur les événements. C'est la partie la plus consommatrice de temps, parce qu'un événement, ça se prépare avant. Sur place, c'est à la fois l'événement, mais aussi ce qu'on appelle les side events, donc ça va être le soir ou alors le midi, les déjeuners, les dîners le soir. Généralement, quand on a un événement, c'est des journées de 15 à 18 heures, c'est très lourd. Et après, il y a toute la partie de suivi, en fait, des connexions que tu as pu faire. Donc un événement, c'est au minimum trois semaines de travail. Donc j'en ai un par mois, donc une grande partie de mon temps. on s'est rencontré à Tech4Hotel c'était un des gros événements je participais aussi à des keynotes pour animer aussi le débat pour faire témoigner des clients ça c'est la partie un peu sympa des interviews ça j'en fais pas mal les interviews filmées c'est la partie sympa qui n'est pas si simple en fait non non les formats les plus simples c'est quand t'es toi-même interviewé parce que généralement tu connais ton produit donc c'est assez simple Quand tu interviews quelqu'un, c'est plus difficile. Tu sais, tu as une expérience. Parce qu'il faut être toujours très à l'écoute et rebondir sur ce que la personne... Ça demande énormément de concentration. Donc, c'est plus difficile d'être de l'autre côté.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis sur l'influence. Et j'entends aussi ta philosophie qui est que tu n'es finalement pas une commerciale pure, mais plutôt une tisseuse de relations. Et tu essayes de... créer un cadre de collaboration optimum autour de ton client, mais aussi avec tous les autres prestataires, partenaires, qu'ils soient internes ou externes. Et donc, j'entends que tu es vraiment dans une approche très haut de gamme, puisque c'est le service avant tout.

  • Speaker #1

    C'est le service avant tout. Le client n'a pas forcément toujours raison, mais il a toujours une bonne raison de poser la question. C'est-à-dire que s'il a une demande qui, souvent, ne nous arrange pas, ça peut arriver. une signature de certains documents que nous, on n'est pas habitués à recevoir. Il y a une raison derrière. Il faut la comprendre. Pareil sur les demandes techniques. Parfois, il peut y avoir des demandes un peu atypiques. Toujours essayer de comprendre pourquoi ils ont cette demande-là. Est-ce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils sont en train d'être rassurés ? C'est toujours essayer de faire le maximum. Il faut dire que ça marche tout le temps, mais j'espère que ça marche le plus possible. En tout cas, ils savent très bien, les clients, que s'ils m'envoient un message, ils m'envoient par toute forme, ça peut être des messages vocaux, des SMS, des WhatsApp, des emails, j'ai le droit à un peu tout. Si vraiment ils me contactent, je trouverai toujours un moment pour leur répondre, toujours. C'est vrai que c'est un engagement vraiment fort, mais je pense que c'est aussi porté par cet engouement qui est pour la solution Shopify, le fait que ça avance, on sent vraiment une vraie avancée actuellement. Je suis contente de voir que ça aboutit, en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Les résultats sont là. De toute façon, quand on voit ton parcours, quand j'entends la manière dont tu choisis tes missions, la mission, mais aussi les personnes avec qui tu bosses, tu nous as dit que c'était un critère super important. Je ne suis pas étonnée de ton niveau d'engagement parce que s'il n'était pas là, tu serais déjà sur le départ. ou une autre opportunité en interne mais en tout cas cet engagement est bon signe et du coup cet engagement et cette disponibilité, cette réactivité que tu as au niveau de tes clients me fait poser la question de l'équilibre vie pro, vie perso comment tu arrives à garder cet équilibre ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas évident Merci. Vraiment, ce n'est pas évident. Mais mes enfants, quand ils rentrent de l'école, généralement, ils vont à la douche. Et quand ils sortent, je suis disponible pour eux. Je bloque mon agenda. Pourtant, je bosse avec les États-Unis et le Canada beaucoup. Mais généralement, de 7h à 9h, tu as peu de chances de me trouver. Généralement, je suis avec eux. Il y a le dîner. Je vais forcément coucher mes enfants. Je veux qu'ils me racontent leur journée. Je vérifie leurs devoirs. Je veux m'assurer que tous les vêtements sont bien prêts. Je ne suis pas toute seule, on est deux. J'ai un conjoint qui est très impliqué aussi. Mais voilà, je veux absolument passer du temps avec eux. Et pareil pour le week-end. Le week-end, la journée, je suis avec eux. S'il faut que je reposse, je repasse ce soir.

  • Speaker #0

    Ça arrive, forcément, ça arrive. Mais je veux être absolument présente pour eux. Donc, ce qui peut être le plus dur, c'est quand il y a des déplacements. J'en ai eu beaucoup cette année. Donc, je vais quand même toujours être présente. Donc, tous les jours, surtout quand il y a des décalages horaires, ce genre de choses, ils ont toujours leurs petites vidéos le matin quand ils vont se lever, avec les petits messages. Alors, parfois, il y a des petits trucs sympas à leur montrer. Une fois, j'étais à Toronto et il neigeait. Alors, forcément, j'ai filmé à ce moment-là pour leur montrer qu'il neigeait. Ils étaient contents. J'ai un conjoint qui prend le relais quand c'est comme ça. Lui, ça lui arrive quelques fois, il s'est dit, quelques déplacements. Quand c'est comme ça, on s'arrange pour que ce ne soit pas en même temps. Mais je ne fais pas partie des mamans qui considèrent que le temps, la qualité, c'est important. Moi, je considère que la quantité est importante. Les enfants veulent la quantité. Vraiment. La qualité, bien évidemment, aussi. Quand je suis avec eux, évidemment, j'évite d'être sur mon téléphone portable et je le mets de côté et je ne réponds pas à mes messages. mais... Mais voilà, les enfants, vu que papa et maman soient présents, et c'est dur parce que ce n'est pas toujours le cas, il faut être assez honnête, parfois on a moins de temps pour eux, ça peut être un peu culpabilisant, c'est vrai. Mais je pense que le plus important déjà, c'est de le reconnaître. Dire, ben voilà, parfois je suis un peu moins dispo pour eux, et je sais aussi pourquoi je fais ça. Il y a un moment, il faut que je gagne ma vie. Donc souvent, ce que je leur dis, c'est, bon, tu veux que maman te paye des vacances ? Bon, tu aimes bien aller au Club Med. Alors voilà, il faut que je travaille. Et généralement, ça calme un peu, tu vois. C'est important de leur expliquer aussi aux enfants que les choses n'arrivent pas par magie non plus. Ils ont de la chance, ils ont un bon niveau de vie. Ils ne sont pas à plaindre. Ils font toutes les activités, ils seront scolaires qu'ils veulent. Mais ce n'est pas magique, en fait, tout ça. Ce n'est pas ce qu'on travaille. Donc, il faut qu'ils le voient, ça. Parce que moi, j'espère que plus tard, ils accorderont aussi une... une importance au travail. C'est des valeurs que j'invite d'inculquer à mes enfants. Le travail, c'est important et on peut s'épanouir par le travail. Et donc, je pense que ça va te mener à un sujet qui t'intéresse, le handicap, Elvire.

  • Speaker #1

    Le handicap, et moi je trouve ça extraordinaire, je ne sais pas depuis combien de temps on parle, mais ça paraît presque inconcevable de se dire que ton aidé est porteur de handicap, parce que quand on a une carrière aussi prenante, On n'imagine pas qu'on a un premier qui est handicapé et qu'on en a voulu en faire deux. Enfin, ça, c'est mon point de vue. Je dis, mais je ne sais pas comment c'est possible. Donc déjà, pour ceux qui nous écoutent, explique-nous, quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #0

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. J'ai fait tous les tests dans des très bons endroits. Je ne vais pas dire où, mais en tout cas, des endroits très reconnus. Ça arrive. parfois les enfants passent à travers les mailles du filet. En l'occurrence, mon petit garçon est porteur de trisomie 21. J'avais aucune raison, j'avais 32 ans à l'époque, donc aucune raison de faire une amyosynthèse parce que là on est sûr à 100% qu'on n'a qu'une amyosynthèse. Mais j'avais aucune raison d'en faire une, il n'y avait pas d'antécédents dans ma famille et les radios ne montraient absolument aucun problème. La prise de sang n'était pas extraordinaire mais elle était dans ce qu'on appelle une zone grise. Ça je l'ai su après quand l'enfant était né mais bon c'est pas grave.

  • Speaker #1

    Le premier marqueur qui était le test sanguin ne donnait rien d'alarmant. Et à l'écho du premier trimestre, il était tout à fait dans la norme.

  • Speaker #0

    Exactement, la clarté nucale. Très fin, il avait une clarté nucale très petite par rapport même à la norme. Donc rien qui était... On voit aussi ça par des histoires de proportion par rapport à la taille des doigts, par rapport à la taille du nez. Il avait un nez qui était un peu court, mais rien qui était inquiétant en fait dans ce qu'ils ont vu. Donc du coup, aucune suspicion de trisomie 21. J'ai même posé la question pendant l'écho. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » Je me souviens très bien. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » C'était le lendemain des attentats de Charlie Hebdo. Peut-être que l'éthiographe était un peu perturbé ce jour-là. Mais je me souviens très bien de reposer la question, mais il m'a répondu quelque chose. Je ne vais pas répéter là, mais en tout cas... Non, pour lui, il n'y avait pas de trisomie 21. Et donc, le jour de la naissance... comme beaucoup de mamans pour un premier, très long. J'étais sous morphine. Et quand le petit garçon arrive, je vois bien qu'il a un regard un peu particulier. Et j'étais sous morphine, je regarde mon conjoint, je suis sûre qu'il a un regard un peu d'enfant trisonique. On me dit, mais non, c'est juste qu'il est gonflé, parce que c'est la naissance et tout.

  • Speaker #1

    Ils sont toujours Ausha cet âge-là.

  • Speaker #0

    C'est ça ! Il ne peut pas nous mentir,

  • Speaker #1

    il n'y a aucun nouveau-né qui ressemble à quelque chose.

  • Speaker #0

    Il était tout violet, tout ça, normal. Et mon conjoint, on part se reposer parce qu'il est né en pleine nuit. Et ils font quelques tests, mais j'ai tellement dans les vapes que je ne me rends même pas compte des tests qu'ils lui font. Ils vérifient les poumons, tout ça. Rien, ils ne nous disent rien. Ils me remontent, je vais dans ma chambre pour dormir. Ils me prennent l'enfant. La première nuit, souvent, ils prennent l'enfant pour que la maman puisse se reposer. ils me le ramènent trois heures plus tard. Et le pédiatre me dit, au repos trois heures, j'étais en pleine forme, j'étais toute seule dans ma chambre, le pédiatre passe, il me dit, madame, on vous a dit quelque chose ? Et là, j'ai senti qu'il y avait un truc. Je lui dis, non, on aurait dû. Je trouve que votre enfant a une tête bien ronde quand même, et puis des yeux en amande. Et là, j'ai tout de suite compris ce qu'il voulait dire. Et donc, c'est quoi votre diagnostic ? Et là, il fait maladie chromosomique. Bam, j'étais toute seule dans ma chambre, c'est trois heures. fils était né, j'étais là ok donc j'étais complètement sous le choc j'ai envoyé un texto à mon conjoint en lui disant je crois qu'il vient de confirmer mes doutes là en fait lui il m'a raconté après qu'il était au téléphone avec sa maman pour lui faire découvrir le prénom du bébé sous forme de charade, enfin bref ça se lui ressemble bien j'ai un autre délire complet et à un moment il fait ça, il reçoit mon texto il dit il faut que je raccroche qu'Apsinia a se réveillé et il arrive, il était en pleurs et moi je comprenais pas trop pourquoi tu pleures en fait ? Le texto que tu m'as envoyé, je me suis dit, ouais, mais ça ira en fait, ça va aller. Et je pense que j'avais très bien compris ce qui arrivait et que c'était, c'est comme ça en fait. Bon, après j'ai craqué. Et au bout d'un moment, en fait, ce qui était assez drôle, je ne sais pas ce que dire, drôle, mais quand j'ai craqué, lui a été fort et quand il a craqué, moi j'ai pris le relais. Ça a toujours été comme ça. Il a fallu très vite qu'on, ça a été très violent, ils appellent ça le deuil de l'enfant idéal c'est extrêmement violent parce que tu penses avoir quelque chose et tu n'as pas ce que tu attendais en fait. Tu reconstruis tout. En fait, ton esprit va mettre un certain temps à reconstruire. Et au début, je me dis, tu as quand même ce choc, tout est détruit. C'est très, très violent. Donc, on a les médecins en face de nous qui ont été appris. Donc, ce pédiatre a disparu du champ de vision. Très bien, tant mieux. On a eu affaire à la néonate et ils ont été extraordinaires, d'une douceur, d'une compréhension. C'est vrai que c'est dur quand ils t'amènent un dossier en disant « Madame, je voudrais faire une déclaration à la MDPH parce que votre enfant est handicapé » . C'est des mots que tu dis. Toi, ton enfant a trois jours, tu parles de handicap. De quoi on parle ? Ils s'étaient dit avec beaucoup de douceur. On sentait qu'ils étaient émus. Et le fait de sentir leur émotion, ça a montré de l'humanité. Et c'était vraiment… ça a fait beaucoup de bien. Même les sages-femmes qui ont été là, elles ont été très douces, très gentilles, très présentes. On est toujours en contact avec certaines d'entre elles, dix ans pratiquement après. Elle suit toujours mon petit garçon sur les réseaux sociaux. Je poste très peu, mais on est toujours en contact. Je me souviens de questions, ça va être quoi de l'avenir de mon fils ? Je me suis dit, je poste dans la planification.

  • Speaker #1

    J'ai besoin d'un plan,

  • Speaker #0

    c'est quoi ? C'est quoi mon plan ?

  • Speaker #1

    C'est quoi les étapes ?

  • Speaker #0

    Le médecin m'a répondu, Madame, comme pour tous les enfants, son avenir, ça va être ce que vous allez en faire. et c'est tellement vrai, c'est exactement ça c'est à dire que au début je me suis dit que tout ce que j'avais imaginé avec mon fils ça n'arriverait pas et en fait tout ce que j'ai voulu faire avec mon fils ça arrive il n'y a aucune différence en fait c'est plus dur je pense que la vraie différence quand t'as un enfant aussi handicapé, parce que Joachim est handicapé reconnu à 100%, c'est pas un petit handicap c'est très lourd ça La trisomie 21 est à la fois très connue et très méconnue, parce que ça affecte évidemment le développement intellectuel, mais pas uniquement, ça affecte tous les organes de son corps, tous. Il n'y a pas un organe qui n'a pas de problème, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est le cas pour toutes les personnes atteintes de trisomie 21, ou particulièrement pour ton fils ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu as trois chromosomes dans toutes les cellules de ton corps. Donc potentiellement, il faut surveiller tous tes organes. parce que potentiellement, il y a un problème sur chacun d'entre eux. Alors nous, on vérifie. Parfois, il n'y a pas de problème. Parfois, il y en a. Là, on passerait des heures à parler de ce qu'on appelle les comorbidités. Donc, c'est tout ce qui peut se déclarer, qui sont liés à la trisomie 21. Mais nous, on a toujours pris le parti avec Nicolas de ne pas faire l'autruche et de vérifier. Donc, on fait énormément d'examens avec notre fils pour vérifier, pour prendre en charge de manière précoce pour qu'il ait un bon développement. Mais du coup, ça paye. Ça paye parce que c'est un petit garçon qui est en ULIS actuellement, donc dans la même école que mes deux autres enfants. L'ULIS ? L'ULIS, c'est des classes, en fait, des classes, un établissement normal, classique, mais avec un instituteur ou une institutrice spécialisée, dans des petits effectifs, et l'enseignement est complètement adapté. Ils font des zones d'inclusion dans les classes. Moi, en l'occurrence, il est avec ma fille, très souvent. Et après, il retourne dans sa classe où il a un peu plus des cours particuliers, un très petit effectif pour l'accompagner un peu plus. de manière un peu plus personnalisée. Et tout ce qui a pu être mis en place, à la fois sur le suivi médical, le suivi éducatif, mon petit garçon a fait du tennis, moi lui, il en avait marre, donc il est passé au judo, il fait du piano, il sait lire des notes sur une partition, il apprend à lire, il sait jouer un petit peu du piano. Ça fait deux ans, donc ce n'est pas encore chaud. Mais en fait, tout ça contribue à son éducation. Et le piano, on le prend vraiment. en mode, c'est un suivi éducatif et rééducation pour lui. C'est-à-dire qu'en gros, ça lui apprend à coordonner ses doigts, ça lui apprend à lire sur une ligne droite. Tout ça, il ne sait pas le faire. Et c'est là où tu te rends compte qu'avec la trisomie 21, il n'y a absolument rien dans le corps humain qui est inné. Mais rien. Tout est de l'ordre de l'apprentissage pratiquement. Même respirer correctement, en fait. C'est-à-dire que lui, il a dû, il y a un moment, il a dû apprendre à respirer, parce qu'il respirait par la bouche, alors qu'on doit respirer par le nez euh Je me souviens d'une vidéo qui avait été particulièrement émotionnelle à la maison, parce qu'on est toujours très proche des éducateurs, donc pendant un temps, ils envoyaient des petites vidéos. Et là, ils m'ont envoyé une vidéo de mon petit garçon qui apprenait à tenir son plateau à la cantine. Parce que pour la plupart des enfants, ils vont faire tomber une fois leur repas, et puis après, c'est fini, ils ont compris, ils ne feront plus jamais tomber leur repas. Ben non, Joachim, lui, il a dû apprendre ça. Ça a été des semaines d'apprentissage pour tenir son plateau droit. Pour lui, marcher, c'est comme s'il devait marcher dans la neige avec des moon boots, tu vois. Beaucoup de neige. c'est dur écrire c'est comme si tu devais prendre un crayon et écrire avec des gants de boxe c'est à peu près le même genre de sensation qu'il a tu vois tout est difficile tout est de l'ordre de la rééducation je sais pas en fait ouais et donc c'est c'est pour ça en fait que pour moi c'est un peu c'est mon inspiration au quotidien Joachim parce que sa vie est dure alors c'est un petit garçon qui est extrêmement joyeux mais il passe par tellement d'étapes tout le temps enfin c'est tout est dur pour lui Il n'y a rien qui est facile. Et même son inclusion est compliquée. Parce qu'on pourrait croire que, en plus avec les films qui sont très sympathiques sur l'actrice 2021, c'est une connotation assez sympa, l'actrice 2021 actuellement, je trouve. Mais en fait, l'inclusion, c'est un effort. Il ne faut pas se leurrer. Ce n'est pas juste « j'ai envie d'être inclusif » . Non, il va falloir que tu t'adaptes à un enfant qui a un handicap, qui n'aura pas un comportement toujours classique. Et à partir du moment où les gens ont commencé à tester, ils se disent « Oh, une fois, deux fois, au bout de trois fois, sur le long terme, c'est un marathon en fait. » C'est ça qui est compliqué, c'est que c'est un marathon. J'avais beaucoup plus de soutien et de support quand il était bébé qu'aujourd'hui. Parce qu'il arrive à dix ans, ça fait dix ans qu'on a besoin de la même chose et ça ne s'arrêtera jamais en fait. Et voilà, ça c'est la partie la plus dure, c'est ce côté marathon. Donc il faut aussi, en tant que parent, se protéger de ça. C'est-à-dire que parfois, quand il faut dormir, il faut dormir. Parce que ça demande tellement d'énergie qu'il faut aussi être... Parfois, on s'interne avec mon conjoint. Parfois, c'est lui qui va faire une sieste le samedi après-midi. Parfois, c'est moi. Et il faut toujours se ménager et se préserver. Parce que ça n'arrêtera jamais, en fait. Il n'y a pas un moment où je me dis, ça y est, il n'y a plus de handicap, ça a disparu. Ça, ça n'arrivera pas. Et un petit garçon comme Joachim, je pense que c'est plus de joie, plus de bonheur, de fierté que n'importe quel enfant. Parce que le moins de petits succès, c'est qu'on sent tout ce qu'il y a eu derrière. Et donc, je suis toujours extrêmement fière quand il arrive à faire quelque chose. Là, il a passé sa ceinture de judo. Il a la jaune et blanche. Il a son petit diplôme. Il a ce sourire. Tu sens qu'il est heureux et fier de lui. Et je suis fière que mon fils puisse être fier de lui. C'est ce côté où je me dis, il n'a pas honte de lui. Il a sa place avec les autres, avec d'autres enfants qui ne sont pas handicapés. Et il a sa place, et les autres enfants sont toujours à le protéger. Tu vois, il ne cherche jamais aucun enfant pour faire des prises. Il y a toujours un enfant qui vient, qui me dit, je vois qu'il me vient avec moi. Ouais, ça, c'est super. Mais par contre, c'est beaucoup plus inquiétude. Ça, c'est... Tu sais, c'est un petit peu, alors je ne suis pas du tout quelqu'un de spirituel, mais l'image, c'est vraiment cette histoire de ying et de yang, tu vois. Les petites joies, ça apporte des petites peines, mais là, les très grandes peines, ça apporte aussi des très grandes joies. C'est exactement ça, Joachim. C'est-à-dire que je ne pense pas qu'on puisse être autant... Je sais qu'il y a beaucoup de parents qui me disent « On est toujours inquiets quand on a un enfant » , ce qui est vrai. Je suis inquiète pour Zoé, je suis inquiète pour Yann, évidemment. Mais imagine l'inquiétude que tu ressens quand tu as un enfant qui est très handicapé, au quotidien. C'est-à-dire qu'il n'y a pas une journée où je ne m'inquiète pas pour lui. Je ne me demande pas ça va être quoi son avenir. Qu'est-ce qu'il va faire plus tard ? Est-ce que quelqu'un s'est moqué de lui ? Est-ce qu'il a mal quelque part et je ne l'ai pas vu ? Tu vois, une fois, il était tout petit. Il était en poussette et on l'amenait à l'école. Parce qu'au début, Jacques-Yves, les longues distances, c'était compliqué. Même pour aller à l'école, il était en poussette au début. Et il se met à saigner du nez. Pour n'importe quel enfant, tu dirais, il s'est gratté et puis il saigne. Nous, avec Nicolas, on s'est regardé et on s'est dit, « Ah, est-ce que c'est une leucémie ? » ça a été direct parce que c'est un risque c'est parti des risques associés à la trisomie 21 bon au final c'était pas ça on fait des prises de sang plusieurs prises de sang tous les ans pour vérifier Et on vérifie la leucémie, évidemment, avec les globules blancs, plusieurs fois par an. On sait qu'il y a des risques d'Alzheimer précoce chez lui, des risques de cancer, il y a énormément de choses, une épée de Damoclès au-dessus de ta tête qui est là constamment, les risques aussi qu'il peut prendre du fait de son comportement. Tout ça, le fait qu'en tant que parent, on a toujours peur aussi de l'environnement des enfants. Les enfants handicapés sont plus victimes de prédateurs que d'autres. Donc tout ça, ça fait que oui, on s'inquiète toujours beaucoup, beaucoup plus pour Joachim que pour nos deux autres. Mais il faut quand même qu'on réussisse à trouver l'équilibre avec les deux autres et qu'ils aient aussi autant de place que Joachim.

  • Speaker #1

    Et ça, déjà, vous leur avez fait de la place parce que tu es retombée enceinte il n'avait pas deux ans. Vous avez fait ce choix d'enchaîner.

  • Speaker #0

    Oui. Quand il est né, on nous a dit « Il faut que vous ayez une grande famille pour lui. » C'était vraiment... C'était le premier. Souvent, tu vois dans des familles, c'est souvent le petit dernier. Nous, c'était le premier. Donc Zoé est venue assez rapidement derrière parce que c'était nécessaire. Et il n'y a pas une seconde où je regrette parce qu'ils sont vraiment fusionnels. Ils s'entendent. Ils se sont vraiment meilleurs amis. Et dès le début, il y a eu cette connexion dès le début et des photos qui sont restées chez nous très très fortes que Nicolas, c'est toujours son fond d'écran. portable d'ailleurs. Tu les vois tous les deux, ils sont tout petits, ils se regardent et tu sens cet amour entre eux et ça se confirme. Aujourd'hui encore, tu vois Zoé, parfois tu dis non mais on va pas prendre Joachim, la fille dit si moi je veux absolument que mon frère soit avec moi, ils sont très très liés. Et par contre Yann, lui est plus arrivé pour Zoé et pas pour Joachim. C'est à dire que je voulais pas que Zoé ait seul ce poids de son frère handicapé. Alors évidemment ce sera toujours à nous parents de ce qu'il faut. de Joachim, on ne va jamais remettre le poids de Joachim sur eux, mais bon il y a bien un jour où on disparaîtra de toute façon, mais bon j'espère le plus tard possible, mais ce poids de devoir et avoir même un confident parfois qui comprend la situation, parce que honnêtement tu comprends jamais la situation complètement quand t'es pas concerné, c'est impossible, c'est trop particulier comme situation, pour comprendre ce que c'est qu'au quotidien de gérer un enfant avec un si lourd handicap, tout ce qu'on doit mettre en place, tous les refus qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Quel type de refus,

  • Speaker #0

    tu as ? C'est constamment, en fait. Après, il faut toujours le prendre avec beaucoup de patience et sourire. Mais par exemple, peut-être que c'est un peu abusé, mais même dans l'école très inclusive de Joachim, il n'a pas accès à l'étude. Parce qu'il n'y a pas assez de surveillants et donc il pourrait créer un petit peu de chahut. Donc, on n'en veut pas. Il y a d'autres enfants qui font du chahut, ce n'est pas grave, mais lui, il ne peut pas. Et là, j'essaie de me battre. Ça, je n'ai pas eu gain de cause. Pourquoi ça marche ? Là, je n'ai pas eu gain de cause. Au mini-club, quand on va dans un camping où il y a un mini-club, quand on arrive avec nos trois enfants, Joachim est toujours une sorte de petit... Parce qu'il y a une peur, et c'est normal. Honnêtement, ça, je ne prends pas mal parce que c'est des jeunes, souvent. Ils ont 18 ans. ils ont jamais été confrontés au handicap ils ont peur je comprends, il n'y a pas de problème vous avez peur, vous savez pas trop comment vous y prenez avec Joachim vous avez peur de ne pas savoir je vous laisse la matinée, je reviens midi et puis on en reparlera midi on le récupère même pas ils veulent le garder c'est bien souvent la mascotte du groupe Joachim mais voilà il y a toujours des étapes supplémentaires avec un enfant différent c'est jamais aussi simple que ça les activités extrascolaires, j'ai dû trouver une professeure de piano qui avait, même pas une formation, mais une appétence particulière pour le handicap, qui avait dû gérer des enfants avec une trisomie 21. Voilà, parce que si j'étais allée voir un professeur classique, ça aurait été plus compliqué à mon avis à trouver, tu vois, quelqu'un qui avait envie de s'occuper de mon petit garçon. Donc, mais oui, trouver, voilà, on était sur le sujet de trouver la place pour Joachim et Yann. ils ont les mêmes activités extrascolaires, j'accorde beaucoup d'importance. Mais tu vois, ça me rappelle une petite anecdote. Quand Zoé était petite, je crois qu'elle n'était pas encore née à l'époque, voilà, elle était vraiment tout petite. Zoé me dit... Elle était pas très bien, elle était un peu chafouin à ce moment-là. Et donc, je la prends à part et j'aime bien discuter, parfois seule à seule avec mes enfants. Et à l'époque, elle était 2h-3h, je pense. Et elle me dit, maman, tu t'occupes plus de Joachim que de moi. et je lui dis t'as vraiment l'impression que je m'occupe plus de lui en termes de temps que je passe plus de temps avec lui que toi et il dit oui. Et je lui dis, bah t'as raison parce que c'est vrai. Il y a un moment où vous allez la face. C'est vrai. Je passe plus de temps avec mon fils qu'avec mes deux autres enfants de manière individuelle. Et mentir, je ne ment jamais à mes enfants, sauf sur certains aspects, comme par exemple tout ce que je t'ai raconté sur les comorbidités. Ça, évidemment, ils ne sont pas au courant. Ce n'est pas de leur âge. Mais j'ai tendance à ne pas mentir à mes enfants, à leur dire plutôt la vérité. Et là, je me dis, mais c'est vrai. Mais quand je passe du temps avec Joachim, c'est pour aller faire des examens médicaux. Tu vois, on va faire des prises de sang, on fait des scanners, des IRM. On va faire des tests d'apnée du sommeil à l'hôpital Necker. C'est drôle. Tu crois que je suis à Disneyland ? Et là, elle me regarde et elle fait « Ah non ! Tu veux faire la même chose ? Ah non ! » Et ça a calmé le jeu tout de suite. Depuis, elle me dit plus jamais ça. Elle comprend que le temps qu'on passe avec Joachim, c'est pour des raisons médicales. C'est pas du tout… Le temps de loisir, ils ont autant de temps de loisir les uns que les autres. On s'arrange pour que ça se passe de la même manière entre les trois.

  • Speaker #1

    Du coup, tu t'arranges, c'est-à-dire que tu es consciente du temps de loisir et que tu accordes à chacun de tes enfants pour que ce soit équitable.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est-à-dire qu'en gros, quand j'ai passé un après-midi seul avec l'un, je passerai un après-midi seul avec l'autre, enfin seul avec les deux autres aussi. J'aime bien faire ça pendant les vacances, passer du temps seul avec chacun de mes enfants. Il faut que ce soit équitable. Même si le petit dernier a tendance à être un peu plus maman parce qu'il est encore petit, il n'a que 4 ans. Donc, il a tendance à vouloir demander un peu plus de temps. J'essaie quand même de toujours tout faire pour passer autant de temps avec l'un qu'avec l'autre et discuter avec eux. Ça, c'est très important. Est-ce que j'y arrive ? Je n'en sais rien. Je suppose que quand ils seront ados, ils me reprocheront plein de choses. Comme tous les ados. Ça,

  • Speaker #1

    ce sera autre chose de toute façon.

  • Speaker #0

    Mais j'essaye en tout cas. J'essaye de leur accorder beaucoup de temps de manière individuelle et en groupe. Même le choix des jeux. J'essaie de tourner. Ce n'est pas toujours un qui va choisir le jeu. et j'adore passer du temps avec mes enfants j'adore ça ça me rappelle une discussion que j'ai eu avec un de nos partenaires qui m'a demandé Capucine c'est quoi tes loisirs et je lui ai répondu jouer avec mes enfants il m'a regardé mais c'est pas un loisir ça moi c'est un moment de pure joie être par terre avec eux et faire un jeu de société c'est mon loisir à moi j'adore ça les petits chevaux j'aime pas trop mais Merci.

  • Speaker #1

    Le jeu de loi, c'est quand même terrible. Tu repars...

  • Speaker #0

    C'est pas le mieux. Mais voilà, parfois, on découvre des jeux très sympas. Est-ce qu'il y a un moment où tu as été au bord du burn-out,

  • Speaker #1

    du découragement, du désespoir ? Parce que là, tu nous crées bien quand même l'image de la superwoman qui arrive pour te déverrouiller tous les moments.

  • Speaker #0

    Oui, mais évidemment, j'ai envie de pleurer.

  • Speaker #1

    Non mais au-delà de pleurer, tu n'as jamais eu un coup de déprime ? Tu es restée positive, conquérante, j'avance tout le temps ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai des moments down, ça arrive. Ça m'arrive, j'ai arrivé de pleurer parce que j'étais épuisée, j'en avais marre. Mais c'est toujours très temporaire. Ça va durer une soirée. C'est jamais très très long. Pourquoi ? Alors ça, je n'en sais rien. Vraiment, je ne sais pas d'où ça vient. Je pense que j'ai beaucoup d'énergie assez naturellement. Et je trouve que dans le fond, je ne suis quand même pas à plaindre. Ça va, mes enfants vont bien. Joachim, malgré son handicap, s'en sort vraiment bien. J'ai un travail que j'adore, j'ai des amis. Je gagne correctement ma vie. Je ne suis pas en galère au quotidien. Il y a des moments qui étaient très durs. Et je pense que vraiment, le moment le plus dur... probablement été la naissance de mon fils. Là, je pense que ça a duré à peu près trois semaines, je crois. Trois semaines où vraiment, je pense que je pleurais un peu non-stop.

  • Speaker #1

    Il y a des mamans qui n'accouchent pas d'un enfant trisomique.

  • Speaker #0

    En plus, voilà, ça peut arriver de faire un postpartum. Là, je pense que c'était vraiment lié à la situation du récidive.

  • Speaker #1

    Le deuil, donc le fameux deuil de l'enfant parfait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très dur... dans ce genre de situation, c'est que c'est à la fois le plus beau jour de ta vie et le plus dur. Ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #1

    C'est pour Ying et ton Yang, là. T'es à fond dans...

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ce côté-là toujours, cet équilibre. Et c'est dur, il y a un moment où il faut l'accepter, ça. C'est-à-dire que, tu sais, une fois j'ai lu... C'est hyper intéressant à lire. Les étapes du deuil. Oui. C'est la colère, l'acceptation, tout ça. quand tu lis même dans ce genre je n'ai pas perdu un enfant, j'ai des gens qui passent par des choses bien plus terribles. Perdre un enfant, je pense que c'est la pire chose. Mais j'avais lu ces différentes étapes du deuil, Et en fait, ça concerne beaucoup d'autres choses qu'uniquement la perte de quelqu'un. Et là,

  • Speaker #1

    c'est le deuil d'un travail, on peut faire le deuil d'une relation.

  • Speaker #0

    Et vraiment, à chaque moment, j'ai exactement retrouvé en regardant les différentes étapes ce qui s'était passé à l'adolescence de Joachim, ce côté colère, recherche de responsable. Et à la fin, ça finit toujours par, je crois, passer l'acceptation. Il faut que tu acceptes la situation telle qu'elle est et il va falloir que tu fasses avec de toute façon. Donc, tu as deux possibilités. Soit tu te morfonds et tu es malheureux, soit tu acceptes et tu fais avec ce que tu as et tu avances. Et tu peux être très heureux, vraiment, et sincèrement, très foncièrement heureux avec un enfant différent. Et je ne pensais pas que c'était possible. Je ne pensais pas que c'était possible avant d'avoir des enfants. Quand j'étais jeune, je ne voulais même pas d'enfants, d'ailleurs. Au final, j'en ai trois. Mais tu apprends juste à vivre différemment et vraiment, ça apporte énormément. Je pense que je ne vois pas le travail de la même manière. Je ne suis pas moins impliquée, mais je prends beaucoup plus de recul. dans mon travail, aujourd'hui, avec un Joachim. Ce qui est dur n'est jamais dur, en fait. Parce que ce qui est dur, c'est ce que Joachim vit, pas ce que moi, je vis. Et je vois que lui, il vit tout avec le sourire, avec la bonne humeur, il est content. Donc, je me dis, si lui, il y arrive, on va y arriver aussi. Mais c'est vrai que le plus dur, c'est ce côté vraiment marathon. Ça ne s'arrête jamais, ou tu t'inquiètes, ou tu te dis, mais qu'est-ce que je peux mettre en place ? Et donc, tu te mets énormément de pression. Je pense que c'est vrai au quotidien. Tu te mets beaucoup de pression pour dire... Ma pression, c'est de me dire qu'il faut que j'économise au maximum parce que comme mon petit garçon sera en âge d'être un peu plus autonome, il ne pourra pas gagner sa vie correctement, voire il pourra la gagner tout court. Je veux qu'il ait une vie aussi très correcte plus tard. Il n'y a pas de raison. Je mets un peu beaucoup de côté pour lui plus tard. J'aimerais bien avoir mon projet aussi d'insertion professionnelle pour lui plus tard. C'est un truc auquel je réfléchis depuis quelques temps. C'est encore un peu tôt, puisqu'il n'a que 9 ans. Mais je pense que quand il sera en âge, je pense à la fin du collège, quand il commencera à discuter un petit peu d'orientation professionnelle, je pense qu'il est fort chance que je lâche mon travail à ce moment-là. Je pense. On verra, mais ce n'est pas maintenant. C'est encore dans pas mal d'années, puisqu'il est encore jeune. Mais j'aimerais bien avoir un projet professionnel avec lui. Ça me plairait.

  • Speaker #1

    Ça fait le lien avec le rituel des trois dernières questions. La première est, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans la ville que tu veux, il y a énormément de passages en dessous, tu peux y inscrire et y afficher ce que tu veux. C'est ton message au monde, qu'est-ce que tu affiches ?

  • Speaker #0

    J'aimerais bien mettre une photo plutôt de jeunes adultes en situation de handicap, pas forcément que de la trisomie 21, mais plutôt du handicap intellectuel et qui travaillent. Voilà, je ne sais pas ce qu'ils peuvent faire, ça peut être de la boulangerie, ça peut être de la sculpture, de l'ébénisterie, je ne sais pas, ça peut être plein de choses. Mais je veux les montrer qu'ils sont capables aussi d'apporter quelque chose à la société. Voilà, c'est ça que j'aimerais montrer, parce qu'ils en sont vraiment capables. Et ils font partie à part entière du marché du travail, et que c'est important d'accepter la fragilité. Parce qu'on a tous un moment dans notre vie... où on est fragile et on aura besoin d'aide. Ça peut être n'importe quoi. Ça peut être une maladie, ça peut être la perte d'un proche, ça peut être un divorce, qui peut être très dur aussi parfois. Toujours un moment où on a une fragilité et on a besoin des autres. Et le fait de travailler sur la fragilité dans le monde du travail, je trouve que ça montre qu'on n'est pas des machines et qu'on est au-delà de la tête. Je pense qu'il y a quelqu'un qui bosse dans la tête. J'adore la technologie, mais je pense que la technologie est au service de l'humain. Voilà. Et ça, c'est... Pour moi, c'est très important de laisser l'humain toujours au cœur de tout.

  • Speaker #1

    Magnifique. Et de montrer que tout le monde peut apporter la valeur à la société.

  • Speaker #0

    Tout le monde a une valeur. Tout le monde.

  • Speaker #1

    Et si tu pouvais voyager dans le temps et tu te retrouves face à Capucine dix ans, qu'est-ce que tu lui donnes comme conseil ?

  • Speaker #0

    Attends, dix ans, j'étais quand ? J'étais où ? En SEM2 ? SEM2. SEM2 6e. Fais-toi confiance. Oui, comme beaucoup confiance qu'on a dix ans je faisais pas partie de cette équipe là en tout cas et pour autant mal à la vie est plein de super à apporter et ouais il peut y avoir des jours meilleurs en fait Tout n'a pas été très cool autour de mes 10 ans. Mais il y a plein de choses sympas. Et tu vas voyager. Tu voyageras plus tard. Tu prendras l'avion et tout ça.

  • Speaker #1

    Tu verras du pays.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, la dernière question, tu y as un peu répondu, mais peut-être que tu as une autre réponse. C'est, quel est le projet que tu n'as pas encore lancé, que tu aimerais bien, mais tu n'oses pas encore ?

  • Speaker #0

    Oui, typiquement, ça tournera autour de l'employabilité de mon fils et de ses petits-popins. Je ne sais pas encore ce que je veux faire exactement. Si je te réponds maintenant, tout de suite, je te dirais, moi j'aimerais bien ouvrir une sorte de magnifique maison d'hôte, pas très loin de Paris, où il y aurait une sorte de jardin inclusif, où il y aurait plein de différents métiers auxquels ces enfants, ces jeunes adultes, pourraient être associés. Ça, c'est un projet qui me plairait bien. Je commence tout juste à y réfléchir parce que c'est un très lourd investissement. Il faudrait qu'il puisse y avoir un hébergement pour ces jeunes-là. Il faudrait qu'il y ait un encadrement de la part de professionnels. Il faudrait travailler sur la rénovation du bien. Il y aurait un milliard de choses à faire qui pourraient être passionnantes. Mais comme je n'aurai plus de revenus si je fais ça, il faut que j'économise avant. Parce que pour l'instant, c'est un beau projet, mais l'objectif ne serait pas de gagner ma vie. Ce serait plutôt d'apporter un sens à la vie. par le travail ce serait plutôt ça voilà mais voilà peut-être d'ici 5-6 ans je pense un peu plus peut-être parce que Jacqueline est encore petite mais ouais pour ses 16 ans ce serait pas mal d'avoir un projet comme celui-là et peut-être que c'est dans longtemps donc peut-être que d'ici là j'aurai une autre idée voilà

  • Speaker #1

    on va laisser cette idée germer et fleurir à son rythme prendre du temps comme une jolie petite fleur, une jolie capucine. Merci beaucoup, capucine, pour ton temps. C'était un échange haut en couleurs. C'était vraiment le yin et le yang. On a été dans la grande joie et aussi dans la grande émotion. Tu m'as beaucoup émue. Je t'admire énormément. Merci beaucoup, capucine. Et je t'ai dit à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très vite. Merci pour tout.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être restée jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu,

  • Speaker #1

    intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager.

  • Speaker #2

    ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé.

  • Speaker #1

    Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • La découverte du handicap de Joachim

    00:06

  • Le parcours professionnel de Capucine Delval

    01:15

  • Un parcours fait de hasards

    04:01

  • L'impact émotionnel du handicap

    31:43

  • Messages et conseils pour l'avenir

    56:46

Description

Le plus beau jour de sa vie a été le plus dur.


A la naissance de son fils Joachim, Capucine remarque tout de suite qu'il y a quelque chose d'étrange.


D'instinct, elle sait.


Quelques heures plus tard, un médecin maladroit fera tomber le doute ; son petit garçon merveilleux est handicapé.


3 chromosomes au lieu de deux - trisomie 21


Jeunes parents depuis quelques heures, leur vie chavire.


Pourtant, ils avaient fait tous les tests ; ils n'avaient aucune raison de s'inquiéter.


Ca arrive


Et ça ira. Très vite, elle en est persuadée.


Capucine Delval est aujourd'hui Directrice Global Accounts chez Shopify.

Elle a 3 enfants

Elle est impressionnante de force et d'optimisme


Dans ce nouvel épisode de the Patronne, Capucine nous partage :

  • son parcours professionnel qui n'a pas du tout été un long fleuve tranquil

  • l'importance de créer un réseau d'influence

  • l'amour fou qu'elle porte à ses enfants

  • comment elle concilie carrière, soins médicaux et équilibre d'attention entre ses 3 loulous


Un épisode Ying & Yang où nous explorons la force et la complémentarité des extremes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour ceux qui nous écoutent, explique-nous quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #1

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. Je fais tous les tests dans des très bons endroits.

  • Speaker #0

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a... oser, oser avancer et ça sans avoir toutes les réponses. À travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non à ton boss ou à qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va te... t'inspirer. Laisse-moi lancer ces 24 minutes en revanche.

  • Speaker #1

    C'est trop bavard. Ça peut pas changer.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'accueille Capucine Delval. Capucine, tu es directrice Global Accounts, donc directrice des comptes globaux chez Shopify. Ça veut dire, pour ceux qui, comme moi, il y a deux minutes, ne savaient pas ce que ça veut dire, les entreprises qui ont leur siège en France. Notamment, je travaille avec des grandes maisons de luxe aujourd'hui pour Shopify. Mais ce parcours brillant a démarré de manière pas forcément chaotique, mais tu viens de me partager un certain nombre de galères. On va l'évoquer et on va aussi parler de ton parcours personnel et notamment de ta maternité. Tu as trois enfants, le dernier Yann a 4 ans, Zoé a 7 ans et l'aîné Joachim a 9 ans. et Joachim est porteur de handicap. Tu vas nous partager comment tu as vécu ce chamboulement, parce que l'arrivée d'un enfant, c'est toujours un chamboulement. Et quand tu découvres l'handicap, c'est aussi un sacré tsunami. Donc, tu vas nous raconter tout ça. Bienvenue, Capucine !

  • Speaker #1

    Merci, Elbi. Je suis vraiment ravie de te retrouver. On se connaît depuis très, très longtemps. Et oui,

  • Speaker #0

    on se connaît depuis nos 17 ans. Voilà. Et après pas, on s'est croisés complètement par hasard l'année dernière, il y a quelques mois en tout cas. Et c'est un grand plaisir de te retrouver et de t'interviewer parce que je trouve qu'en dehors de ton énergie pétillante, tu as une manière de voir les sujets qui est très originale. Tu me racontais déjà, alors vas-y, de manière rapide pour le podcast, mais... Toutes les galères que tu as vécues en tant qu'étudiante et comment tu as choisi ton parcours de vie. Quand je t'ai rencontrée, je me suis dit que cette fille sait où elle va. Elle a un objectif hyper précis. Elle est vraiment super directionnelle. Et en fait, je me suis trompée.

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Pas du tout. Justement, on parlait de ça juste avant. On se connaît depuis la prépa. Mais avant, on parlait de notre parcours quand on était au lycée. Et la manière dont on avait choisi un petit peu les différentes filières. Moi, je me suis retrouvée en écho parce que je n'aimais pas la physique. Après, il a fallu que je choisisse qu'est-ce que j'allais faire après le bac. En fait, je ne savais pas. Donc, je suis allée par hasard à un centre d'orientation. Et il y avait ce magazine où c'était écrit Prépa Voix Royale. C'est pour moi la Prépa Voix Royale.

  • Speaker #0

    La grande classe. Ça donne envie en même temps. C'est un titre accrocheur. Ils ne te disent pas que tu vas vraiment galérer pendant deux ans.

  • Speaker #1

    ça c'est un peu caché mais voilà c'était plutôt pas mal parce que on retrouve un peu toutes les matières et moi je sais pas laquelle choisir il y avait un fort encadrement et honnêtement 17 ans je me sentais pas capable de partir à la fac d'être complètement libre à moi même je me sentais assez immature donc voilà je trouvais que la prépa correspondait plutôt bien à mon état d'esprit à ce moment là et je me suis dit après deux ans de prépa je vais savoir ce que je veux faire et ben non non non donc on part vers les écoles de commerce donc je suis partie en école de commerce même chose je veux savoir ce que je veux faire après l'école de commerce. Ben non, toujours pas. Il a fallu choisir ma dominante. On m'a dit, en fait, les stages les mieux payés, c'est en audit. Alors, je suis partie faire de l'audit.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens de notre génération, maintenant, ce n'est plus tout à fait le cas. Mais en gros, si tu voulais bien gagner ta vie, tu choisissais audit.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc voilà, je suis partie en audit. J'ai détesté. En plus, je n'étais même pas dans le département audit. Je suis partie chez Erstenian. Et j'étais en département conseil chez eux. Et je n'ai pas du tout aimé. Je pense que j'ai limite fini en burnout à la fin. Vraiment, je détestais ce côté extrêmement cadré, rigoureux. Je n'ai pas aimé l'ambiance. Ça ne me ressemblait pas du tout. Mais par contre, ce qui était sympa, c'est que j'ai eu des missions en ingénierie financière. Donc ça, j'ai adoré. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire. Je suis repartie à l'EMU pour faire un master spécialisé.

  • Speaker #0

    Génierie financière, exactement.

  • Speaker #1

    En gros, c'est faire des modèles. J'ai fait des modèles sur Excel pour faire des modèles de financement ou des modèles de fusion.

  • Speaker #0

    Tu gères des gros tableurs Excel, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de tableurs Excel. Ça, j'aime. Je n'en fais plus du tout, mais à l'époque, j'adorais. Et quand ça moulinait, j'étais trop contente.

  • Speaker #0

    Tu avais bien fait ton taf. Tu avais fait ce qui était le plus important.

  • Speaker #1

    Et ça tournait, tu faisais des petites boucles et tout. Donc ça, c'était vraiment mon truc à l'époque. Je suis partie en M&A, mais j'ai fait mon stage. Après, je suis partie en VIE à New York pour faire du M&A aussi. Et en fait, c'était la grosse crise à l'époque. C'était la période où les Man Brothers s'est explosé. Donc, je suis revenue en Europe, plus du tout de travail. Il a fallu que je trouve un job. Donc, pour la petite anecdote, je suis allée sur le site de l'Aim Lyon et j'ai fait une recherche par mot-clé. Donc, le mot-clé, c'était quoi ? C'était acquisition. Je voulais travailler en fusion acquisition. Et il y avait un job chez American Express pour le département acquisition. Rien à voir. Rien à voir. En gros, c'est les sales. Donc, j'ai été analyste financière. pour le département acquisition d'American Express.

  • Speaker #0

    Tu as eu ce job. Même si c'était complètement un hasard, tu as réussi à choper un job.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et dans un contexte qui était hyper difficile, j'avais mon emprunt étudiant à rembourser, il fallait absolument que je trouve un job. Mais j'adorais les personnes que j'ai rencontrées en entretien et c'est toujours ce qui m'a driveée dans mes choix de carrière, c'est les personnes que je rencontrais, est-ce que j'ai envie de travailler avec cette personne-là ou pas. Ça, c'était toujours très facile. Et donc voilà, j'adorais les personnes qui m'ont reçues en entretien, je les ai trouvées intéressantes, sympathiques. j'ai passé deux années exceptionnelles. J'ai beaucoup ri, vraiment, on a beaucoup travaillé aussi. On s'est beaucoup amusé, on est toujours en contact. Je suis restée que deux ans mais je suis toujours en contact avec ces personnes aujourd'hui et on se revoit régulièrement pour un café, pour un déjeuner. Vraiment, on a créé des liens assez forts. J'ai même retrouvé plus tard dans ma carrière certains d'entre eux d'ailleurs. Et après ça, donc voilà, au bout de deux ans, j'ai été débauchée par PayPal pour rejoindre leur département espionné. où j'ai géré l'Europe du Sud pendant un certain temps. Et après, j'ai bougé en interne, j'ai fait différents jobs. Ça n'a pas toujours été très simple. Le premier mouvement, ça a été parce que j'en avais un petit peu marre de faire de la finance. C'était le plus loin possible. Et on m'a dit, écoute, il y a un poste qui s'ouvre pour être en gros le partenaire financier du département de produits. Allez, on va tenter, on va voir. Donc, j'ai travaillé pendant à peu près 2-3 ans, je crois, à faire ça. C'est passionnant. J'ai rencontré la meilleure manager de ma vie. Elle était extraordinaire, une Américaine. Et après ce job-là, à mon retour de congé mat, ce job a été annulé, donc il a fallu que je trouve une urgence à un autre poste en interne. Je suis partie faire du project management un peu herculant. Vraiment, je n'avais pas du tout envie de faire du project management. Je suis venue du M&A, je faisais du project management. Pour moi, ce n'était pas du tout mon plan de carrière. J'ai fait ça pendant un an, pareil avec une manager qui a été extraordinaire, qui m'a appris énormément de choses sur comment on gère un projet, comment on gère une réunion. Comment on structure un follow-up ? Comment poser les bonnes questions pour faire avancer les projets ? Plein de tips que j'utilise toujours aujourd'hui. Je continue toujours de travailler avec ces méthodes. Je n'ai travaillé qu'un an avec elle, mais elle m'a vraiment marquée très profondément. Je suis vraiment très reconnaissante. Mais pendant que j'étais dans ce job-là, j'ai été contactée par une autre personne qui s'appelle Caroline Télier. On a échangé et elle recherchait quelqu'un dans son équipe et dans le département commercial. Et je me souviens bien de nos premiers échanges, j'étais un peu en mode, mais enfin Caroline, je suis une financière, enfin, allez au département commercial, les financiers, les commerciaux, on n'est pas vraiment copains. Et elle m'a partagé sa vision de l'approche commerciale, et j'ai adoré sa vision. Elle était vraiment en mode consultante en fait, et pas du tout en mode sales, genre comme tu peux les imaginer, il faut absolument que je vende mon produit, pas du tout. Elle était vraiment à l'écoute des clients. elle me disait toujours, moi si un client me dit qu'il n'est pas content et que ça ne marche pas, c'est qu'il a raison. C'est que ça ne marche pas. Donc, il faut comprendre pourquoi ça ne marche pas pour pouvoir répondre à son besoin en fait. Et j'ai trouvé que ça avait beaucoup de sens. Ça m'a beaucoup inspirée. Donc, j'ai rejoint son département. Je suis restée un petit bout de temps parce que j'arrivais en 2017 et je suis partie en 2022, donc cinq ans. Donc, j'ai eu mes deux enfants, Zoé et Yann ensuite. Et à mon retour de congé. Plus long congé pour le troisième, ça a été un pur bonheur. Parce que j'étais plutôt en mode, le congé, Matt, c'est bien quand c'est court. Et en fait, pas du tout. En fait, le troisième, c'est six mois pour le troisième. Et j'ai adoré ces six mois. Parce qu'en plus, j'avais mes plus grands qui rentraient. Je pouvais profiter d'eux. Et j'avais mon petit dernier qui était extrêmement sage à l'époque. Encore. Et j'ai vraiment adoré mon troisième congé maternité. Mais à mon retour, en fait, je n'avais plus mes gros challenges. Mes gros challenges, je les bouclais avant de partir. en Gémat et je me retrouvais plus en fait dans ce qu'on me proposait. Et à ce moment-là, un ancien collègue de Shermex m'appelle et me dit « Capucine, je pars chez Stripe, est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que ça t'intéresse à nous rejoindre ? Et c'est comme ça que j'ai postulé. Et puis, ma candidature a été retenue. C'est comme ça que je suis arrivée chez Stripe. Voilà, c'est un peu le parcours assez logique. Donc, je suis restée dans la tech comme ça pendant encore deux ans. Je suis restée chez Stripe pendant deux ans. Je pense que j'avais fait un petit peu le tour. Enfin, on ne fait jamais le tour du paiement, ce n'est pas vrai. Mais peut-être un petit peu une lassitude du milieu du paiement. Et j'ai vu ce job sur LinkedIn. Même pas par relation, même pas du tout. C'était un poste sur LinkedIn. Global Account Director chez Shopify. J'ai postulé et ça a marché. Et j'ai rejoint une super équipe avec des gens incroyables dans une boîte qui est vraiment géniale. Je m'éclate vraiment au quotidien dans ce rôle-là. C'est vraiment très sympa.

  • Speaker #0

    C'est incroyable à quel point ce job d'aujourd'hui qui pourrait être le job rêvé par des jeunes diplômés. Moi, ce que je veux, c'est travailler dans la tech et puis avoir des clients du luxe. Ce n'est pas du tout ton projet. jamais tu as envisagé et en réalité à chaque fois t'as fait des choix assez pragmatiques voire opportunistes au début de ta carrière parce que tu savais pas trop donc tu naviguais un peu à vue puis t'as eu aussi beaucoup de déconvenus finalement parce que le marché s'est retourné il y a eu une crise c'est intéressant de voir ta capacité à ouvrir des portes et dire bah Merci. celle-là, elle grince un peu. Bon, je vais aller chercher une autre porte.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que j'ai toujours eu de la chance dans mon choix d'entreprise. J'ai toujours choisi une entreprise qui avait un peu le vent en poupe au moment où je les ai rejoints. Paypal, il y a 12 ans, ça a explosé. Ça marchait super bien. Ça marche toujours très bien, Paypal. Mais ça n'a plus l'image que ça pouvait avoir il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Ils étaient un peu les premiers à se voir. Ils étaient très…

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est nostalgique de cette période. Les anciens pépaliens, on se retrouve toujours, on se parle toujours. C'est quand même un vrai réseau, les anciens pépaliens. Et on se rappelle toujours nos années, nos premières années chez PayPal, tout ce qu'on a pu faire. C'était une très bonne ambiance. On travaillait dur. À la tech, on travaille dur en général. Mais vraiment, dans une ambiance bon enfant, d'entraide, on était portés par le projet, en fait. Et c'était vraiment très sympa. Et puis, à la fin, je ne me retrouvais plus vraiment. Je suis partie chez Stripe. Je n'ai pas resté si longtemps que ça chez Stripe. Je ne suis restée que deux ans. Mais je suis toujours aussi fan de la technologie. Dans le paiement, pour moi, c'est la Rolls Royce. Elles sont vraiment extraordinaires. Et je pense que c'est ce qui m'a aussi ouvert les portes de chez Shopify, parce que c'est aussi une boîte qui est drivée par la partie paiement. Le fait de connaître le paiement, je pense que ça m'a beaucoup aidée à rentrer. Mais voilà, Shopify, c'est pareil. Actuellement, c'est une boîte qui a vraiment le vent en poupe. Je me plais souvent à dire que je ne suis pas une vraie sales. Je n'ai pas un parcours de sales classique. Je suis une financière à la base. J'ai toujours cette approche très consultante, toujours avec mes clients. Je prends le temps de les écouter, de les comprendre, d'essayer de très orienter le problème solving. C'est vraiment ça mon approche. Je pense que si j'étais une entreprise où vous tapez dans le dur, où la marque n'est pas du tout reconnue, je ne suis pas sûre que je serai aussi performante. Parce que ce n'est pas mon profil. Je pense que ça, je saurais moins bien faire. Ou j'y prendrais peut-être moins de plaisir. Actuellement, ma difficulté, j'ai eu des portes à ouvrir, tout n'a pas été aussi simple quand même. Mais les portes arrivent à s'ouvrir à un moment, après il faut les refermer. Mais l'ouverture de porte est certainement moins difficile avec un nom comme Shopify, qu'avec une entreprise complètement inconnue.

  • Speaker #0

    Il y a un élément que tu viens de dire que je trouve intéressant. C'est la compétence par rapport aussi au type d'entreprise et au marché. Et en même temps, ce que tu dis là sur ces qualités de vente, sur le fait d'être très à l'écoute, de vraiment sonder le client, le faire parler un maximum. Je trouve qu'on en entend de plus en plus parler. Alors, c'est sûr qu'on n'est pas sur les méthodes de vente dans la grande conso où il y a une égo prix qui passe avant tout. mais je trouve que De plus en plus, les manuels, les formations de vente s'orientent sur ce discours-là. Toi, quand tu intègres quelqu'un par rapport à tes équipes, c'est quoi les conseils que tu donnes ? Ou si tu devais donner trois conseils à quelqu'un qui veut être un meilleur commercial consultant, tu donnerais quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, connais bien ton produit. Déjà, je pense que ça, c'est la base. Il faut absolument… Si tu veux partir dans une boîte de tech… et que tu ne t'intéresses pas à la tech, ce truc qui t'attire, c'est la paillette, parce que c'est super, ce n'est pas le bon choix. Ce n'est pas ça qui peut te motiver. Je te disais au début que j'adorais les modèles Excel. J'ai toujours aimé quand même le côté un petit peu technique. Il faut aller chercher, nous, on fonctionne sur le modèle des APIs. Ça m'arrive d'aller regarder un petit peu ce qui se passe derrière. J'aime bien. J'aime bien. Tu vois, quand j'étais en économie au lycée, ce que j'aimais, c'était la partie monétaire, parce qu'il y avait l'histoire de flux. ça c'est toujours été mon truc j'aime bien ça Si tu ne connais pas ton produit, tu ne peux pas bien le vendre. Tu ne peux pas bien orienter ton client. Ça, c'est le premier point. Deuxième point, c'est qu'il faut comprendre ton client, comprendre sa situation. Il faut le faire parler, en fait. Et pour faire parler un client, parce que ça, je l'ai vécu aussi, ce n'est pas en lui posant toujours des questions qui ont lié à leur activité. C'est en créant un lien avec eux. Tu ne peux pas arriver de but en blanc dans une réunion et dire, voilà, vas-y, c'est quoi tes trois pain points ? Ah non, mais je l'ai vécu. Non, ça, ça ne marche pas. Ça, c'est une approche de consultant. Et on ne te paye pas pour ça. Donc, il va falloir que tu crées un lien. Et pour créer un lien, pour moi, ce serait le troisième conseil, il faut que tu sois crédible. Et pour être crédible, il faut que tu fasses tes preuves auprès d'un client. C'est-à-dire qu'en gros, ton client, il va toujours te tester au début. Il va te donner les situations les plus compliquées et il va falloir que tu les résoles. Et c'est à partir de ce moment-là où tu auras réussi à faire tes preuves avec ton client ou tu auras montré à ton client que tu étais disponible, que tu avais réussi à apporter une solution à ses problèmes, qui va commencer à s'ouvrir, à créer un lien avec toi et qui aura une relation de confiance qui va s'établir. Et là, tu vas pouvoir avoir des informations et là, tu vas pouvoir mieux les conseiller et construire la relation. C'est vraiment comme ça que se construit une relation avec eux. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté très vertueux, en fait, petit à petit. Tu construis et ensuite, tu peux élargir. J'aime bien ton point d'arriver et dire, c'est quoi vos trois pain points ? C'est souvent ce que tu peux trouver dans des posts LinkedIn sur les conseils.

  • Speaker #1

    Ça, ça marche pas. Désolée, mais ça marche pas, ça. Idéalement, toujours garder en tête où est ton objectif. Je vais pas le dire là parce que mes clients s'y écoutent. Mais je sais toujours où est mon objectif. Mais en même temps, il faut à un moment que tu crées ce lien avec ton client. Et il faut être fiable. Parce que quand je dis être fiable, c'est parfois qu'ils vont te poser des questions qui sont même pas dans ton scope, en fait. et parfois il faut aller au-delà de son scope pour réussir à résoudre le problème de ton client il faut avoir envie de chercher, je pense qu'il faut être hyper curieux ça c'est je pense que c'est par partie des grosses qualités que je recherche, la curiosité avoir envie toujours de résoudre des problèmes tous les enfants qui aiment bien faire des jeux dans les magazines quand ils sont petits moi j'en faisais partie effectivement,

  • Speaker #0

    joueur t'aimes bien avoir une énigme t'aimes bien aller chercher une solution

  • Speaker #1

    Exactement et ça peut toucher n'importe quel sujet. Donc c'est vrai que la particularité des globales équintes souvent on me la demande, même en interne, Shopify, j'ai encore besoin d'expliquer quel est mon rôle. Je ne suis pas que sur la partie 100% négociation. Évidemment mon rôle c'est de rendre relation avec les sièges des grandes entreprises et de négocier des contrats, mais ça c'est une toute petite partie de mon job. En fait je vais avoir des sujets juridiques, commerciaux évidemment, qui touchent même à la structure du pricing, qui touchent aux produits. Moi, j'aime bien dire que je crée des zones d'influence. Il faut que je développe énormément mon réseau en interne et en externe, les deux. En interne, il faut que je sache très bien à qui m'adresser si j'ai une question. Et donc, c'est tous ces sujets-là qui font mon job au quotidien, qui font le job d'un Global Account Manager. Beaucoup de communication en interne, en externe aussi. Parce que moi, quand je suis arrivée, il y a un an et demi, Shopify comme solution pour les grandes entreprises, ce n'était pas si évident. Ça commence à devenir un peu plus évident, mais il a fallu quand même faire un gros travail de communication externe et mettre beaucoup de choses en place en interne pour réussir à avancer dans cette direction. Le produit est là, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Le produit est là, il est exceptionnel. Mais tout ce qui tournait autour de la perception de notre solution, ça a mis du temps.

  • Speaker #0

    Parce que si je ne me trompe pas, au début, Shopify était un des axes de communication, c'était la solution idéale pour les petits commerces.

  • Speaker #1

    Exactement. exactement faire le shift pour aller séduire un LVMH voilà c'est toute la beauté du job et c'est pour ça que dans les jobs que j'ai choisis aussi je pense que c'est la raison aussi pour laquelle j'ai quitté Stripe c'est que j'ai toujours et je l'ai eu quand j'étais chez Paypal justement ce côté où on m'autorisait à être entrepreneur c'est un mot qui est moche mais où tu prends un projet et tu le construis et tu le mènes jusqu'au bout donc ça je l'ai eu de nombreuses fois chez Paypal et c'est pour ça que je suis restée Stripe, je n'ai pas retrouvé ça. Stripe, c'est ton job, c'est ça, les lignes sont claires. et je ne me suis pas vraiment retrouvée là-dedans. Shopify, j'ai un terrain de jeu qui est énorme. Franchement, on me fait confiance, je peux avancer sur plein d'initiatives qui n'existaient pas. J'ai la chance d'avoir des collègues qui sont super, qui répondent aux attentes. Parce que parfois, tu peux avoir des idées, des projets, mais en interne, on te dit non, c'est pas possible, on coupe directement le projet. Non, pour ça, j'ai des collègues qui sont toujours partants quand il y a des nouvelles idées. Ça a l'air super, allez, on y va. Par exemple, on a mis en place tout un programme de formation des commerçants. On est les premiers à avoir mis ça en place au sein du département Global Academy. Ça n'existait pas avant. Il y avait des programmes qui existaient, mais plutôt pour nos partenaires, les intégrateurs, ce genre de profil. Pas du tout pour les e-commerçants. Et on a commencé à avoir des demandes de nos clients. Et on a créé ça avec le département éducation qui a dit, ah oui, c'est super comme projet, on va y aller. Et on y est allés ensemble. Et ça, c'était… Donc voilà, ça continue à se développer. On continue de vendre des programmes maintenant de formation. Mais voilà, c'était un projet qui sortait un petit peu de mon client. C'est mon client qui m'a demandé ça. Ça n'existait pas. On est partis ensemble en interne. J'ai eu beaucoup de discussions. Et puis, j'ai eu des collègues qui étaient super, qui ont dit non, mais c'est super comme idée, on va le faire. Et le fait d'avoir aussi cet esprit entrepreneurial chez Shopify, ce qui est plutôt bien quand même pour une entreprise qui promeut l'entrepreneuriat, on le retrouve aussi en interne.

  • Speaker #0

    On apprécie la cohérence.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce n'est pas une légende. On retrouve vraiment en interne. On trouve des gens qui ont envie de faire.

  • Speaker #0

    Excellent. Tu parlais juste avant de développer ta zone d'influence. Comment est-ce que tu fais ça ? C'est quoi ta stratégie pour développer ta zone d'influence ?

  • Speaker #1

    Ça peut être un peu délicat. Allez,

  • Speaker #0

    deux, trois trucs que tu peux dire, au moins.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je ne vais pas donner tous mes succès non plus. Mais en gros, déjà, il y a deux zones d'influence. Déjà, il y a la partie en interne. la base interne, surtout sur des projets aussi énormes et impliquants que des global accounts qui ont plein de maisons. Il n'y a pas des marchés, des maisons qui sont présentes partout dans le monde. En plus, c'est une approche qui est très nouvelle chez Shopify. Il va falloir que j'arrive à convaincre des gens de ce qu'il va falloir faire. Donc, il va falloir que je parle aux plus de personnes possibles. Donc, en fait, quand je suis arrivée chez Shopify, je me suis donné des règles. Par exemple, sur mon onboarding, je passais au minimum des coffees chat, des demi-heures, avec toutes les personnes de tous les départements. Donc, j'en avais au minimum au début 4 par semaine, je crois. Et tu fais ça pendant 3 mois, tu commences à connaître du monde en interne. Et t'expliques à chaque fois, t'expliques aux gens ce que tu fais, quelle est ton approche. Parce qu'après, quand tu vas devoir les recontacter, ils savent qui tu es, ils savent ce que tu fais, ils savent que tu as passé du temps à leur expliquer. Donc ça, déjà, c'est un point hyper important. Et tu comprends aussi ce qu'ils font. Tu comprends leur scope, tu comprends là où ils vont pouvoir t'aider. ça te donne souvent des idées aussi de ce que tu vas pouvoir faire par la suite. Donc très important, cette zone en interne de communication et d'influence pour expliquer ce qu'est ton job, surtout quand tu es en mode construction, est hyper importante. Et après, il y a tout ce qu'il y a en externe. Donc chez Shopify, on a un énorme écosystème, un énorme écosystème à la fois d'intégrateurs qui intègrent notre solution, mais aussi de partenaires techniques. Et donc là, en gros, moi je veux que ces gens-là parlent de Shopify. Je veux qu'ils parlent de nous. Et donc, il faut qu'on aille parler avec eux aussi pour voir comment on peut avancer en collaboration sur différents projets. Parce qu'en fait, un partenaire qui est convaincu de notre solution, qui se sent rassuré, qui se sent soutenu, je pense que c'est un partenaire qui aura envie de pousser notre solution. Après, parfois, ça ne marche pas. Sur les centaines de personnes que j'ai rencontrées, ils n'ont pas forcément été source de projet. Mais en tout cas, ça arrive encore aujourd'hui où certains partenaires arrivent sur un projet dans mon scope de client. Et il m'appelle directement en disant, voilà Capucine, j'entame des discussions avec tel client, j'ai envie d'être le plus optimal possible dans mon approche, est-ce que tu peux m'aider ? Et en plus, la particularité de Shopify par rapport à certains de nos concurrents, c'est que nous, on n'a pas un département intégrateur intégré dans Shopify. Nous, toute cette partie vraiment développement du site Internet, ce sont des extérieurs qui vont le faire. Et moi, j'ai envie que ça se passe le mieux possible pour mes clients, qu'il y ait une sorte de... que ce soit une relation extrêmement fluide, qu'il n'y ait pas de perte de connaissances, de perte de... Voilà, et il faut que ce soit rapide, de temps, voilà, perte de temps, il faut que ce soit rapide, que ce soit bien fait, le mieux possible, le plus rapidement possible, et donc il faut qu'il y ait la meilleure communication entre nous et l'intégrateur. Ça, c'est très important aussi, être toujours présent sur le terrain. Je passe beaucoup de temps avec les partenaires et aussi avec les maisons, aussi, parfois. Donc, je discute à la fois avec le siège, il faut que je parle au maximum de personnes pour qu'elles connaissent ma solution. Donc ça c'est aussi une autre partie. Et la troisième partie, c'est tout ce qui va être présence sur les événements. C'est la partie la plus consommatrice de temps, parce qu'un événement, ça se prépare avant. Sur place, c'est à la fois l'événement, mais aussi ce qu'on appelle les side events, donc ça va être le soir ou alors le midi, les déjeuners, les dîners le soir. Généralement, quand on a un événement, c'est des journées de 15 à 18 heures, c'est très lourd. Et après, il y a toute la partie de suivi, en fait, des connexions que tu as pu faire. Donc un événement, c'est au minimum trois semaines de travail. Donc j'en ai un par mois, donc une grande partie de mon temps. on s'est rencontré à Tech4Hotel c'était un des gros événements je participais aussi à des keynotes pour animer aussi le débat pour faire témoigner des clients ça c'est la partie un peu sympa des interviews ça j'en fais pas mal les interviews filmées c'est la partie sympa qui n'est pas si simple en fait non non les formats les plus simples c'est quand t'es toi-même interviewé parce que généralement tu connais ton produit donc c'est assez simple Quand tu interviews quelqu'un, c'est plus difficile. Tu sais, tu as une expérience. Parce qu'il faut être toujours très à l'écoute et rebondir sur ce que la personne... Ça demande énormément de concentration. Donc, c'est plus difficile d'être de l'autre côté.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis sur l'influence. Et j'entends aussi ta philosophie qui est que tu n'es finalement pas une commerciale pure, mais plutôt une tisseuse de relations. Et tu essayes de... créer un cadre de collaboration optimum autour de ton client, mais aussi avec tous les autres prestataires, partenaires, qu'ils soient internes ou externes. Et donc, j'entends que tu es vraiment dans une approche très haut de gamme, puisque c'est le service avant tout.

  • Speaker #1

    C'est le service avant tout. Le client n'a pas forcément toujours raison, mais il a toujours une bonne raison de poser la question. C'est-à-dire que s'il a une demande qui, souvent, ne nous arrange pas, ça peut arriver. une signature de certains documents que nous, on n'est pas habitués à recevoir. Il y a une raison derrière. Il faut la comprendre. Pareil sur les demandes techniques. Parfois, il peut y avoir des demandes un peu atypiques. Toujours essayer de comprendre pourquoi ils ont cette demande-là. Est-ce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils sont en train d'être rassurés ? C'est toujours essayer de faire le maximum. Il faut dire que ça marche tout le temps, mais j'espère que ça marche le plus possible. En tout cas, ils savent très bien, les clients, que s'ils m'envoient un message, ils m'envoient par toute forme, ça peut être des messages vocaux, des SMS, des WhatsApp, des emails, j'ai le droit à un peu tout. Si vraiment ils me contactent, je trouverai toujours un moment pour leur répondre, toujours. C'est vrai que c'est un engagement vraiment fort, mais je pense que c'est aussi porté par cet engouement qui est pour la solution Shopify, le fait que ça avance, on sent vraiment une vraie avancée actuellement. Je suis contente de voir que ça aboutit, en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Les résultats sont là. De toute façon, quand on voit ton parcours, quand j'entends la manière dont tu choisis tes missions, la mission, mais aussi les personnes avec qui tu bosses, tu nous as dit que c'était un critère super important. Je ne suis pas étonnée de ton niveau d'engagement parce que s'il n'était pas là, tu serais déjà sur le départ. ou une autre opportunité en interne mais en tout cas cet engagement est bon signe et du coup cet engagement et cette disponibilité, cette réactivité que tu as au niveau de tes clients me fait poser la question de l'équilibre vie pro, vie perso comment tu arrives à garder cet équilibre ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas évident Merci. Vraiment, ce n'est pas évident. Mais mes enfants, quand ils rentrent de l'école, généralement, ils vont à la douche. Et quand ils sortent, je suis disponible pour eux. Je bloque mon agenda. Pourtant, je bosse avec les États-Unis et le Canada beaucoup. Mais généralement, de 7h à 9h, tu as peu de chances de me trouver. Généralement, je suis avec eux. Il y a le dîner. Je vais forcément coucher mes enfants. Je veux qu'ils me racontent leur journée. Je vérifie leurs devoirs. Je veux m'assurer que tous les vêtements sont bien prêts. Je ne suis pas toute seule, on est deux. J'ai un conjoint qui est très impliqué aussi. Mais voilà, je veux absolument passer du temps avec eux. Et pareil pour le week-end. Le week-end, la journée, je suis avec eux. S'il faut que je reposse, je repasse ce soir.

  • Speaker #0

    Ça arrive, forcément, ça arrive. Mais je veux être absolument présente pour eux. Donc, ce qui peut être le plus dur, c'est quand il y a des déplacements. J'en ai eu beaucoup cette année. Donc, je vais quand même toujours être présente. Donc, tous les jours, surtout quand il y a des décalages horaires, ce genre de choses, ils ont toujours leurs petites vidéos le matin quand ils vont se lever, avec les petits messages. Alors, parfois, il y a des petits trucs sympas à leur montrer. Une fois, j'étais à Toronto et il neigeait. Alors, forcément, j'ai filmé à ce moment-là pour leur montrer qu'il neigeait. Ils étaient contents. J'ai un conjoint qui prend le relais quand c'est comme ça. Lui, ça lui arrive quelques fois, il s'est dit, quelques déplacements. Quand c'est comme ça, on s'arrange pour que ce ne soit pas en même temps. Mais je ne fais pas partie des mamans qui considèrent que le temps, la qualité, c'est important. Moi, je considère que la quantité est importante. Les enfants veulent la quantité. Vraiment. La qualité, bien évidemment, aussi. Quand je suis avec eux, évidemment, j'évite d'être sur mon téléphone portable et je le mets de côté et je ne réponds pas à mes messages. mais... Mais voilà, les enfants, vu que papa et maman soient présents, et c'est dur parce que ce n'est pas toujours le cas, il faut être assez honnête, parfois on a moins de temps pour eux, ça peut être un peu culpabilisant, c'est vrai. Mais je pense que le plus important déjà, c'est de le reconnaître. Dire, ben voilà, parfois je suis un peu moins dispo pour eux, et je sais aussi pourquoi je fais ça. Il y a un moment, il faut que je gagne ma vie. Donc souvent, ce que je leur dis, c'est, bon, tu veux que maman te paye des vacances ? Bon, tu aimes bien aller au Club Med. Alors voilà, il faut que je travaille. Et généralement, ça calme un peu, tu vois. C'est important de leur expliquer aussi aux enfants que les choses n'arrivent pas par magie non plus. Ils ont de la chance, ils ont un bon niveau de vie. Ils ne sont pas à plaindre. Ils font toutes les activités, ils seront scolaires qu'ils veulent. Mais ce n'est pas magique, en fait, tout ça. Ce n'est pas ce qu'on travaille. Donc, il faut qu'ils le voient, ça. Parce que moi, j'espère que plus tard, ils accorderont aussi une... une importance au travail. C'est des valeurs que j'invite d'inculquer à mes enfants. Le travail, c'est important et on peut s'épanouir par le travail. Et donc, je pense que ça va te mener à un sujet qui t'intéresse, le handicap, Elvire.

  • Speaker #1

    Le handicap, et moi je trouve ça extraordinaire, je ne sais pas depuis combien de temps on parle, mais ça paraît presque inconcevable de se dire que ton aidé est porteur de handicap, parce que quand on a une carrière aussi prenante, On n'imagine pas qu'on a un premier qui est handicapé et qu'on en a voulu en faire deux. Enfin, ça, c'est mon point de vue. Je dis, mais je ne sais pas comment c'est possible. Donc déjà, pour ceux qui nous écoutent, explique-nous, quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #0

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. J'ai fait tous les tests dans des très bons endroits. Je ne vais pas dire où, mais en tout cas, des endroits très reconnus. Ça arrive. parfois les enfants passent à travers les mailles du filet. En l'occurrence, mon petit garçon est porteur de trisomie 21. J'avais aucune raison, j'avais 32 ans à l'époque, donc aucune raison de faire une amyosynthèse parce que là on est sûr à 100% qu'on n'a qu'une amyosynthèse. Mais j'avais aucune raison d'en faire une, il n'y avait pas d'antécédents dans ma famille et les radios ne montraient absolument aucun problème. La prise de sang n'était pas extraordinaire mais elle était dans ce qu'on appelle une zone grise. Ça je l'ai su après quand l'enfant était né mais bon c'est pas grave.

  • Speaker #1

    Le premier marqueur qui était le test sanguin ne donnait rien d'alarmant. Et à l'écho du premier trimestre, il était tout à fait dans la norme.

  • Speaker #0

    Exactement, la clarté nucale. Très fin, il avait une clarté nucale très petite par rapport même à la norme. Donc rien qui était... On voit aussi ça par des histoires de proportion par rapport à la taille des doigts, par rapport à la taille du nez. Il avait un nez qui était un peu court, mais rien qui était inquiétant en fait dans ce qu'ils ont vu. Donc du coup, aucune suspicion de trisomie 21. J'ai même posé la question pendant l'écho. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » Je me souviens très bien. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » C'était le lendemain des attentats de Charlie Hebdo. Peut-être que l'éthiographe était un peu perturbé ce jour-là. Mais je me souviens très bien de reposer la question, mais il m'a répondu quelque chose. Je ne vais pas répéter là, mais en tout cas... Non, pour lui, il n'y avait pas de trisomie 21. Et donc, le jour de la naissance... comme beaucoup de mamans pour un premier, très long. J'étais sous morphine. Et quand le petit garçon arrive, je vois bien qu'il a un regard un peu particulier. Et j'étais sous morphine, je regarde mon conjoint, je suis sûre qu'il a un regard un peu d'enfant trisonique. On me dit, mais non, c'est juste qu'il est gonflé, parce que c'est la naissance et tout.

  • Speaker #1

    Ils sont toujours Ausha cet âge-là.

  • Speaker #0

    C'est ça ! Il ne peut pas nous mentir,

  • Speaker #1

    il n'y a aucun nouveau-né qui ressemble à quelque chose.

  • Speaker #0

    Il était tout violet, tout ça, normal. Et mon conjoint, on part se reposer parce qu'il est né en pleine nuit. Et ils font quelques tests, mais j'ai tellement dans les vapes que je ne me rends même pas compte des tests qu'ils lui font. Ils vérifient les poumons, tout ça. Rien, ils ne nous disent rien. Ils me remontent, je vais dans ma chambre pour dormir. Ils me prennent l'enfant. La première nuit, souvent, ils prennent l'enfant pour que la maman puisse se reposer. ils me le ramènent trois heures plus tard. Et le pédiatre me dit, au repos trois heures, j'étais en pleine forme, j'étais toute seule dans ma chambre, le pédiatre passe, il me dit, madame, on vous a dit quelque chose ? Et là, j'ai senti qu'il y avait un truc. Je lui dis, non, on aurait dû. Je trouve que votre enfant a une tête bien ronde quand même, et puis des yeux en amande. Et là, j'ai tout de suite compris ce qu'il voulait dire. Et donc, c'est quoi votre diagnostic ? Et là, il fait maladie chromosomique. Bam, j'étais toute seule dans ma chambre, c'est trois heures. fils était né, j'étais là ok donc j'étais complètement sous le choc j'ai envoyé un texto à mon conjoint en lui disant je crois qu'il vient de confirmer mes doutes là en fait lui il m'a raconté après qu'il était au téléphone avec sa maman pour lui faire découvrir le prénom du bébé sous forme de charade, enfin bref ça se lui ressemble bien j'ai un autre délire complet et à un moment il fait ça, il reçoit mon texto il dit il faut que je raccroche qu'Apsinia a se réveillé et il arrive, il était en pleurs et moi je comprenais pas trop pourquoi tu pleures en fait ? Le texto que tu m'as envoyé, je me suis dit, ouais, mais ça ira en fait, ça va aller. Et je pense que j'avais très bien compris ce qui arrivait et que c'était, c'est comme ça en fait. Bon, après j'ai craqué. Et au bout d'un moment, en fait, ce qui était assez drôle, je ne sais pas ce que dire, drôle, mais quand j'ai craqué, lui a été fort et quand il a craqué, moi j'ai pris le relais. Ça a toujours été comme ça. Il a fallu très vite qu'on, ça a été très violent, ils appellent ça le deuil de l'enfant idéal c'est extrêmement violent parce que tu penses avoir quelque chose et tu n'as pas ce que tu attendais en fait. Tu reconstruis tout. En fait, ton esprit va mettre un certain temps à reconstruire. Et au début, je me dis, tu as quand même ce choc, tout est détruit. C'est très, très violent. Donc, on a les médecins en face de nous qui ont été appris. Donc, ce pédiatre a disparu du champ de vision. Très bien, tant mieux. On a eu affaire à la néonate et ils ont été extraordinaires, d'une douceur, d'une compréhension. C'est vrai que c'est dur quand ils t'amènent un dossier en disant « Madame, je voudrais faire une déclaration à la MDPH parce que votre enfant est handicapé » . C'est des mots que tu dis. Toi, ton enfant a trois jours, tu parles de handicap. De quoi on parle ? Ils s'étaient dit avec beaucoup de douceur. On sentait qu'ils étaient émus. Et le fait de sentir leur émotion, ça a montré de l'humanité. Et c'était vraiment… ça a fait beaucoup de bien. Même les sages-femmes qui ont été là, elles ont été très douces, très gentilles, très présentes. On est toujours en contact avec certaines d'entre elles, dix ans pratiquement après. Elle suit toujours mon petit garçon sur les réseaux sociaux. Je poste très peu, mais on est toujours en contact. Je me souviens de questions, ça va être quoi de l'avenir de mon fils ? Je me suis dit, je poste dans la planification.

  • Speaker #1

    J'ai besoin d'un plan,

  • Speaker #0

    c'est quoi ? C'est quoi mon plan ?

  • Speaker #1

    C'est quoi les étapes ?

  • Speaker #0

    Le médecin m'a répondu, Madame, comme pour tous les enfants, son avenir, ça va être ce que vous allez en faire. et c'est tellement vrai, c'est exactement ça c'est à dire que au début je me suis dit que tout ce que j'avais imaginé avec mon fils ça n'arriverait pas et en fait tout ce que j'ai voulu faire avec mon fils ça arrive il n'y a aucune différence en fait c'est plus dur je pense que la vraie différence quand t'as un enfant aussi handicapé, parce que Joachim est handicapé reconnu à 100%, c'est pas un petit handicap c'est très lourd ça La trisomie 21 est à la fois très connue et très méconnue, parce que ça affecte évidemment le développement intellectuel, mais pas uniquement, ça affecte tous les organes de son corps, tous. Il n'y a pas un organe qui n'a pas de problème, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est le cas pour toutes les personnes atteintes de trisomie 21, ou particulièrement pour ton fils ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu as trois chromosomes dans toutes les cellules de ton corps. Donc potentiellement, il faut surveiller tous tes organes. parce que potentiellement, il y a un problème sur chacun d'entre eux. Alors nous, on vérifie. Parfois, il n'y a pas de problème. Parfois, il y en a. Là, on passerait des heures à parler de ce qu'on appelle les comorbidités. Donc, c'est tout ce qui peut se déclarer, qui sont liés à la trisomie 21. Mais nous, on a toujours pris le parti avec Nicolas de ne pas faire l'autruche et de vérifier. Donc, on fait énormément d'examens avec notre fils pour vérifier, pour prendre en charge de manière précoce pour qu'il ait un bon développement. Mais du coup, ça paye. Ça paye parce que c'est un petit garçon qui est en ULIS actuellement, donc dans la même école que mes deux autres enfants. L'ULIS ? L'ULIS, c'est des classes, en fait, des classes, un établissement normal, classique, mais avec un instituteur ou une institutrice spécialisée, dans des petits effectifs, et l'enseignement est complètement adapté. Ils font des zones d'inclusion dans les classes. Moi, en l'occurrence, il est avec ma fille, très souvent. Et après, il retourne dans sa classe où il a un peu plus des cours particuliers, un très petit effectif pour l'accompagner un peu plus. de manière un peu plus personnalisée. Et tout ce qui a pu être mis en place, à la fois sur le suivi médical, le suivi éducatif, mon petit garçon a fait du tennis, moi lui, il en avait marre, donc il est passé au judo, il fait du piano, il sait lire des notes sur une partition, il apprend à lire, il sait jouer un petit peu du piano. Ça fait deux ans, donc ce n'est pas encore chaud. Mais en fait, tout ça contribue à son éducation. Et le piano, on le prend vraiment. en mode, c'est un suivi éducatif et rééducation pour lui. C'est-à-dire qu'en gros, ça lui apprend à coordonner ses doigts, ça lui apprend à lire sur une ligne droite. Tout ça, il ne sait pas le faire. Et c'est là où tu te rends compte qu'avec la trisomie 21, il n'y a absolument rien dans le corps humain qui est inné. Mais rien. Tout est de l'ordre de l'apprentissage pratiquement. Même respirer correctement, en fait. C'est-à-dire que lui, il a dû, il y a un moment, il a dû apprendre à respirer, parce qu'il respirait par la bouche, alors qu'on doit respirer par le nez euh Je me souviens d'une vidéo qui avait été particulièrement émotionnelle à la maison, parce qu'on est toujours très proche des éducateurs, donc pendant un temps, ils envoyaient des petites vidéos. Et là, ils m'ont envoyé une vidéo de mon petit garçon qui apprenait à tenir son plateau à la cantine. Parce que pour la plupart des enfants, ils vont faire tomber une fois leur repas, et puis après, c'est fini, ils ont compris, ils ne feront plus jamais tomber leur repas. Ben non, Joachim, lui, il a dû apprendre ça. Ça a été des semaines d'apprentissage pour tenir son plateau droit. Pour lui, marcher, c'est comme s'il devait marcher dans la neige avec des moon boots, tu vois. Beaucoup de neige. c'est dur écrire c'est comme si tu devais prendre un crayon et écrire avec des gants de boxe c'est à peu près le même genre de sensation qu'il a tu vois tout est difficile tout est de l'ordre de la rééducation je sais pas en fait ouais et donc c'est c'est pour ça en fait que pour moi c'est un peu c'est mon inspiration au quotidien Joachim parce que sa vie est dure alors c'est un petit garçon qui est extrêmement joyeux mais il passe par tellement d'étapes tout le temps enfin c'est tout est dur pour lui Il n'y a rien qui est facile. Et même son inclusion est compliquée. Parce qu'on pourrait croire que, en plus avec les films qui sont très sympathiques sur l'actrice 2021, c'est une connotation assez sympa, l'actrice 2021 actuellement, je trouve. Mais en fait, l'inclusion, c'est un effort. Il ne faut pas se leurrer. Ce n'est pas juste « j'ai envie d'être inclusif » . Non, il va falloir que tu t'adaptes à un enfant qui a un handicap, qui n'aura pas un comportement toujours classique. Et à partir du moment où les gens ont commencé à tester, ils se disent « Oh, une fois, deux fois, au bout de trois fois, sur le long terme, c'est un marathon en fait. » C'est ça qui est compliqué, c'est que c'est un marathon. J'avais beaucoup plus de soutien et de support quand il était bébé qu'aujourd'hui. Parce qu'il arrive à dix ans, ça fait dix ans qu'on a besoin de la même chose et ça ne s'arrêtera jamais en fait. Et voilà, ça c'est la partie la plus dure, c'est ce côté marathon. Donc il faut aussi, en tant que parent, se protéger de ça. C'est-à-dire que parfois, quand il faut dormir, il faut dormir. Parce que ça demande tellement d'énergie qu'il faut aussi être... Parfois, on s'interne avec mon conjoint. Parfois, c'est lui qui va faire une sieste le samedi après-midi. Parfois, c'est moi. Et il faut toujours se ménager et se préserver. Parce que ça n'arrêtera jamais, en fait. Il n'y a pas un moment où je me dis, ça y est, il n'y a plus de handicap, ça a disparu. Ça, ça n'arrivera pas. Et un petit garçon comme Joachim, je pense que c'est plus de joie, plus de bonheur, de fierté que n'importe quel enfant. Parce que le moins de petits succès, c'est qu'on sent tout ce qu'il y a eu derrière. Et donc, je suis toujours extrêmement fière quand il arrive à faire quelque chose. Là, il a passé sa ceinture de judo. Il a la jaune et blanche. Il a son petit diplôme. Il a ce sourire. Tu sens qu'il est heureux et fier de lui. Et je suis fière que mon fils puisse être fier de lui. C'est ce côté où je me dis, il n'a pas honte de lui. Il a sa place avec les autres, avec d'autres enfants qui ne sont pas handicapés. Et il a sa place, et les autres enfants sont toujours à le protéger. Tu vois, il ne cherche jamais aucun enfant pour faire des prises. Il y a toujours un enfant qui vient, qui me dit, je vois qu'il me vient avec moi. Ouais, ça, c'est super. Mais par contre, c'est beaucoup plus inquiétude. Ça, c'est... Tu sais, c'est un petit peu, alors je ne suis pas du tout quelqu'un de spirituel, mais l'image, c'est vraiment cette histoire de ying et de yang, tu vois. Les petites joies, ça apporte des petites peines, mais là, les très grandes peines, ça apporte aussi des très grandes joies. C'est exactement ça, Joachim. C'est-à-dire que je ne pense pas qu'on puisse être autant... Je sais qu'il y a beaucoup de parents qui me disent « On est toujours inquiets quand on a un enfant » , ce qui est vrai. Je suis inquiète pour Zoé, je suis inquiète pour Yann, évidemment. Mais imagine l'inquiétude que tu ressens quand tu as un enfant qui est très handicapé, au quotidien. C'est-à-dire qu'il n'y a pas une journée où je ne m'inquiète pas pour lui. Je ne me demande pas ça va être quoi son avenir. Qu'est-ce qu'il va faire plus tard ? Est-ce que quelqu'un s'est moqué de lui ? Est-ce qu'il a mal quelque part et je ne l'ai pas vu ? Tu vois, une fois, il était tout petit. Il était en poussette et on l'amenait à l'école. Parce qu'au début, Jacques-Yves, les longues distances, c'était compliqué. Même pour aller à l'école, il était en poussette au début. Et il se met à saigner du nez. Pour n'importe quel enfant, tu dirais, il s'est gratté et puis il saigne. Nous, avec Nicolas, on s'est regardé et on s'est dit, « Ah, est-ce que c'est une leucémie ? » ça a été direct parce que c'est un risque c'est parti des risques associés à la trisomie 21 bon au final c'était pas ça on fait des prises de sang plusieurs prises de sang tous les ans pour vérifier Et on vérifie la leucémie, évidemment, avec les globules blancs, plusieurs fois par an. On sait qu'il y a des risques d'Alzheimer précoce chez lui, des risques de cancer, il y a énormément de choses, une épée de Damoclès au-dessus de ta tête qui est là constamment, les risques aussi qu'il peut prendre du fait de son comportement. Tout ça, le fait qu'en tant que parent, on a toujours peur aussi de l'environnement des enfants. Les enfants handicapés sont plus victimes de prédateurs que d'autres. Donc tout ça, ça fait que oui, on s'inquiète toujours beaucoup, beaucoup plus pour Joachim que pour nos deux autres. Mais il faut quand même qu'on réussisse à trouver l'équilibre avec les deux autres et qu'ils aient aussi autant de place que Joachim.

  • Speaker #1

    Et ça, déjà, vous leur avez fait de la place parce que tu es retombée enceinte il n'avait pas deux ans. Vous avez fait ce choix d'enchaîner.

  • Speaker #0

    Oui. Quand il est né, on nous a dit « Il faut que vous ayez une grande famille pour lui. » C'était vraiment... C'était le premier. Souvent, tu vois dans des familles, c'est souvent le petit dernier. Nous, c'était le premier. Donc Zoé est venue assez rapidement derrière parce que c'était nécessaire. Et il n'y a pas une seconde où je regrette parce qu'ils sont vraiment fusionnels. Ils s'entendent. Ils se sont vraiment meilleurs amis. Et dès le début, il y a eu cette connexion dès le début et des photos qui sont restées chez nous très très fortes que Nicolas, c'est toujours son fond d'écran. portable d'ailleurs. Tu les vois tous les deux, ils sont tout petits, ils se regardent et tu sens cet amour entre eux et ça se confirme. Aujourd'hui encore, tu vois Zoé, parfois tu dis non mais on va pas prendre Joachim, la fille dit si moi je veux absolument que mon frère soit avec moi, ils sont très très liés. Et par contre Yann, lui est plus arrivé pour Zoé et pas pour Joachim. C'est à dire que je voulais pas que Zoé ait seul ce poids de son frère handicapé. Alors évidemment ce sera toujours à nous parents de ce qu'il faut. de Joachim, on ne va jamais remettre le poids de Joachim sur eux, mais bon il y a bien un jour où on disparaîtra de toute façon, mais bon j'espère le plus tard possible, mais ce poids de devoir et avoir même un confident parfois qui comprend la situation, parce que honnêtement tu comprends jamais la situation complètement quand t'es pas concerné, c'est impossible, c'est trop particulier comme situation, pour comprendre ce que c'est qu'au quotidien de gérer un enfant avec un si lourd handicap, tout ce qu'on doit mettre en place, tous les refus qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Quel type de refus,

  • Speaker #0

    tu as ? C'est constamment, en fait. Après, il faut toujours le prendre avec beaucoup de patience et sourire. Mais par exemple, peut-être que c'est un peu abusé, mais même dans l'école très inclusive de Joachim, il n'a pas accès à l'étude. Parce qu'il n'y a pas assez de surveillants et donc il pourrait créer un petit peu de chahut. Donc, on n'en veut pas. Il y a d'autres enfants qui font du chahut, ce n'est pas grave, mais lui, il ne peut pas. Et là, j'essaie de me battre. Ça, je n'ai pas eu gain de cause. Pourquoi ça marche ? Là, je n'ai pas eu gain de cause. Au mini-club, quand on va dans un camping où il y a un mini-club, quand on arrive avec nos trois enfants, Joachim est toujours une sorte de petit... Parce qu'il y a une peur, et c'est normal. Honnêtement, ça, je ne prends pas mal parce que c'est des jeunes, souvent. Ils ont 18 ans. ils ont jamais été confrontés au handicap ils ont peur je comprends, il n'y a pas de problème vous avez peur, vous savez pas trop comment vous y prenez avec Joachim vous avez peur de ne pas savoir je vous laisse la matinée, je reviens midi et puis on en reparlera midi on le récupère même pas ils veulent le garder c'est bien souvent la mascotte du groupe Joachim mais voilà il y a toujours des étapes supplémentaires avec un enfant différent c'est jamais aussi simple que ça les activités extrascolaires, j'ai dû trouver une professeure de piano qui avait, même pas une formation, mais une appétence particulière pour le handicap, qui avait dû gérer des enfants avec une trisomie 21. Voilà, parce que si j'étais allée voir un professeur classique, ça aurait été plus compliqué à mon avis à trouver, tu vois, quelqu'un qui avait envie de s'occuper de mon petit garçon. Donc, mais oui, trouver, voilà, on était sur le sujet de trouver la place pour Joachim et Yann. ils ont les mêmes activités extrascolaires, j'accorde beaucoup d'importance. Mais tu vois, ça me rappelle une petite anecdote. Quand Zoé était petite, je crois qu'elle n'était pas encore née à l'époque, voilà, elle était vraiment tout petite. Zoé me dit... Elle était pas très bien, elle était un peu chafouin à ce moment-là. Et donc, je la prends à part et j'aime bien discuter, parfois seule à seule avec mes enfants. Et à l'époque, elle était 2h-3h, je pense. Et elle me dit, maman, tu t'occupes plus de Joachim que de moi. et je lui dis t'as vraiment l'impression que je m'occupe plus de lui en termes de temps que je passe plus de temps avec lui que toi et il dit oui. Et je lui dis, bah t'as raison parce que c'est vrai. Il y a un moment où vous allez la face. C'est vrai. Je passe plus de temps avec mon fils qu'avec mes deux autres enfants de manière individuelle. Et mentir, je ne ment jamais à mes enfants, sauf sur certains aspects, comme par exemple tout ce que je t'ai raconté sur les comorbidités. Ça, évidemment, ils ne sont pas au courant. Ce n'est pas de leur âge. Mais j'ai tendance à ne pas mentir à mes enfants, à leur dire plutôt la vérité. Et là, je me dis, mais c'est vrai. Mais quand je passe du temps avec Joachim, c'est pour aller faire des examens médicaux. Tu vois, on va faire des prises de sang, on fait des scanners, des IRM. On va faire des tests d'apnée du sommeil à l'hôpital Necker. C'est drôle. Tu crois que je suis à Disneyland ? Et là, elle me regarde et elle fait « Ah non ! Tu veux faire la même chose ? Ah non ! » Et ça a calmé le jeu tout de suite. Depuis, elle me dit plus jamais ça. Elle comprend que le temps qu'on passe avec Joachim, c'est pour des raisons médicales. C'est pas du tout… Le temps de loisir, ils ont autant de temps de loisir les uns que les autres. On s'arrange pour que ça se passe de la même manière entre les trois.

  • Speaker #1

    Du coup, tu t'arranges, c'est-à-dire que tu es consciente du temps de loisir et que tu accordes à chacun de tes enfants pour que ce soit équitable.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est-à-dire qu'en gros, quand j'ai passé un après-midi seul avec l'un, je passerai un après-midi seul avec l'autre, enfin seul avec les deux autres aussi. J'aime bien faire ça pendant les vacances, passer du temps seul avec chacun de mes enfants. Il faut que ce soit équitable. Même si le petit dernier a tendance à être un peu plus maman parce qu'il est encore petit, il n'a que 4 ans. Donc, il a tendance à vouloir demander un peu plus de temps. J'essaie quand même de toujours tout faire pour passer autant de temps avec l'un qu'avec l'autre et discuter avec eux. Ça, c'est très important. Est-ce que j'y arrive ? Je n'en sais rien. Je suppose que quand ils seront ados, ils me reprocheront plein de choses. Comme tous les ados. Ça,

  • Speaker #1

    ce sera autre chose de toute façon.

  • Speaker #0

    Mais j'essaye en tout cas. J'essaye de leur accorder beaucoup de temps de manière individuelle et en groupe. Même le choix des jeux. J'essaie de tourner. Ce n'est pas toujours un qui va choisir le jeu. et j'adore passer du temps avec mes enfants j'adore ça ça me rappelle une discussion que j'ai eu avec un de nos partenaires qui m'a demandé Capucine c'est quoi tes loisirs et je lui ai répondu jouer avec mes enfants il m'a regardé mais c'est pas un loisir ça moi c'est un moment de pure joie être par terre avec eux et faire un jeu de société c'est mon loisir à moi j'adore ça les petits chevaux j'aime pas trop mais Merci.

  • Speaker #1

    Le jeu de loi, c'est quand même terrible. Tu repars...

  • Speaker #0

    C'est pas le mieux. Mais voilà, parfois, on découvre des jeux très sympas. Est-ce qu'il y a un moment où tu as été au bord du burn-out,

  • Speaker #1

    du découragement, du désespoir ? Parce que là, tu nous crées bien quand même l'image de la superwoman qui arrive pour te déverrouiller tous les moments.

  • Speaker #0

    Oui, mais évidemment, j'ai envie de pleurer.

  • Speaker #1

    Non mais au-delà de pleurer, tu n'as jamais eu un coup de déprime ? Tu es restée positive, conquérante, j'avance tout le temps ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai des moments down, ça arrive. Ça m'arrive, j'ai arrivé de pleurer parce que j'étais épuisée, j'en avais marre. Mais c'est toujours très temporaire. Ça va durer une soirée. C'est jamais très très long. Pourquoi ? Alors ça, je n'en sais rien. Vraiment, je ne sais pas d'où ça vient. Je pense que j'ai beaucoup d'énergie assez naturellement. Et je trouve que dans le fond, je ne suis quand même pas à plaindre. Ça va, mes enfants vont bien. Joachim, malgré son handicap, s'en sort vraiment bien. J'ai un travail que j'adore, j'ai des amis. Je gagne correctement ma vie. Je ne suis pas en galère au quotidien. Il y a des moments qui étaient très durs. Et je pense que vraiment, le moment le plus dur... probablement été la naissance de mon fils. Là, je pense que ça a duré à peu près trois semaines, je crois. Trois semaines où vraiment, je pense que je pleurais un peu non-stop.

  • Speaker #1

    Il y a des mamans qui n'accouchent pas d'un enfant trisomique.

  • Speaker #0

    En plus, voilà, ça peut arriver de faire un postpartum. Là, je pense que c'était vraiment lié à la situation du récidive.

  • Speaker #1

    Le deuil, donc le fameux deuil de l'enfant parfait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très dur... dans ce genre de situation, c'est que c'est à la fois le plus beau jour de ta vie et le plus dur. Ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #1

    C'est pour Ying et ton Yang, là. T'es à fond dans...

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ce côté-là toujours, cet équilibre. Et c'est dur, il y a un moment où il faut l'accepter, ça. C'est-à-dire que, tu sais, une fois j'ai lu... C'est hyper intéressant à lire. Les étapes du deuil. Oui. C'est la colère, l'acceptation, tout ça. quand tu lis même dans ce genre je n'ai pas perdu un enfant, j'ai des gens qui passent par des choses bien plus terribles. Perdre un enfant, je pense que c'est la pire chose. Mais j'avais lu ces différentes étapes du deuil, Et en fait, ça concerne beaucoup d'autres choses qu'uniquement la perte de quelqu'un. Et là,

  • Speaker #1

    c'est le deuil d'un travail, on peut faire le deuil d'une relation.

  • Speaker #0

    Et vraiment, à chaque moment, j'ai exactement retrouvé en regardant les différentes étapes ce qui s'était passé à l'adolescence de Joachim, ce côté colère, recherche de responsable. Et à la fin, ça finit toujours par, je crois, passer l'acceptation. Il faut que tu acceptes la situation telle qu'elle est et il va falloir que tu fasses avec de toute façon. Donc, tu as deux possibilités. Soit tu te morfonds et tu es malheureux, soit tu acceptes et tu fais avec ce que tu as et tu avances. Et tu peux être très heureux, vraiment, et sincèrement, très foncièrement heureux avec un enfant différent. Et je ne pensais pas que c'était possible. Je ne pensais pas que c'était possible avant d'avoir des enfants. Quand j'étais jeune, je ne voulais même pas d'enfants, d'ailleurs. Au final, j'en ai trois. Mais tu apprends juste à vivre différemment et vraiment, ça apporte énormément. Je pense que je ne vois pas le travail de la même manière. Je ne suis pas moins impliquée, mais je prends beaucoup plus de recul. dans mon travail, aujourd'hui, avec un Joachim. Ce qui est dur n'est jamais dur, en fait. Parce que ce qui est dur, c'est ce que Joachim vit, pas ce que moi, je vis. Et je vois que lui, il vit tout avec le sourire, avec la bonne humeur, il est content. Donc, je me dis, si lui, il y arrive, on va y arriver aussi. Mais c'est vrai que le plus dur, c'est ce côté vraiment marathon. Ça ne s'arrête jamais, ou tu t'inquiètes, ou tu te dis, mais qu'est-ce que je peux mettre en place ? Et donc, tu te mets énormément de pression. Je pense que c'est vrai au quotidien. Tu te mets beaucoup de pression pour dire... Ma pression, c'est de me dire qu'il faut que j'économise au maximum parce que comme mon petit garçon sera en âge d'être un peu plus autonome, il ne pourra pas gagner sa vie correctement, voire il pourra la gagner tout court. Je veux qu'il ait une vie aussi très correcte plus tard. Il n'y a pas de raison. Je mets un peu beaucoup de côté pour lui plus tard. J'aimerais bien avoir mon projet aussi d'insertion professionnelle pour lui plus tard. C'est un truc auquel je réfléchis depuis quelques temps. C'est encore un peu tôt, puisqu'il n'a que 9 ans. Mais je pense que quand il sera en âge, je pense à la fin du collège, quand il commencera à discuter un petit peu d'orientation professionnelle, je pense qu'il est fort chance que je lâche mon travail à ce moment-là. Je pense. On verra, mais ce n'est pas maintenant. C'est encore dans pas mal d'années, puisqu'il est encore jeune. Mais j'aimerais bien avoir un projet professionnel avec lui. Ça me plairait.

  • Speaker #1

    Ça fait le lien avec le rituel des trois dernières questions. La première est, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans la ville que tu veux, il y a énormément de passages en dessous, tu peux y inscrire et y afficher ce que tu veux. C'est ton message au monde, qu'est-ce que tu affiches ?

  • Speaker #0

    J'aimerais bien mettre une photo plutôt de jeunes adultes en situation de handicap, pas forcément que de la trisomie 21, mais plutôt du handicap intellectuel et qui travaillent. Voilà, je ne sais pas ce qu'ils peuvent faire, ça peut être de la boulangerie, ça peut être de la sculpture, de l'ébénisterie, je ne sais pas, ça peut être plein de choses. Mais je veux les montrer qu'ils sont capables aussi d'apporter quelque chose à la société. Voilà, c'est ça que j'aimerais montrer, parce qu'ils en sont vraiment capables. Et ils font partie à part entière du marché du travail, et que c'est important d'accepter la fragilité. Parce qu'on a tous un moment dans notre vie... où on est fragile et on aura besoin d'aide. Ça peut être n'importe quoi. Ça peut être une maladie, ça peut être la perte d'un proche, ça peut être un divorce, qui peut être très dur aussi parfois. Toujours un moment où on a une fragilité et on a besoin des autres. Et le fait de travailler sur la fragilité dans le monde du travail, je trouve que ça montre qu'on n'est pas des machines et qu'on est au-delà de la tête. Je pense qu'il y a quelqu'un qui bosse dans la tête. J'adore la technologie, mais je pense que la technologie est au service de l'humain. Voilà. Et ça, c'est... Pour moi, c'est très important de laisser l'humain toujours au cœur de tout.

  • Speaker #1

    Magnifique. Et de montrer que tout le monde peut apporter la valeur à la société.

  • Speaker #0

    Tout le monde a une valeur. Tout le monde.

  • Speaker #1

    Et si tu pouvais voyager dans le temps et tu te retrouves face à Capucine dix ans, qu'est-ce que tu lui donnes comme conseil ?

  • Speaker #0

    Attends, dix ans, j'étais quand ? J'étais où ? En SEM2 ? SEM2. SEM2 6e. Fais-toi confiance. Oui, comme beaucoup confiance qu'on a dix ans je faisais pas partie de cette équipe là en tout cas et pour autant mal à la vie est plein de super à apporter et ouais il peut y avoir des jours meilleurs en fait Tout n'a pas été très cool autour de mes 10 ans. Mais il y a plein de choses sympas. Et tu vas voyager. Tu voyageras plus tard. Tu prendras l'avion et tout ça.

  • Speaker #1

    Tu verras du pays.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, la dernière question, tu y as un peu répondu, mais peut-être que tu as une autre réponse. C'est, quel est le projet que tu n'as pas encore lancé, que tu aimerais bien, mais tu n'oses pas encore ?

  • Speaker #0

    Oui, typiquement, ça tournera autour de l'employabilité de mon fils et de ses petits-popins. Je ne sais pas encore ce que je veux faire exactement. Si je te réponds maintenant, tout de suite, je te dirais, moi j'aimerais bien ouvrir une sorte de magnifique maison d'hôte, pas très loin de Paris, où il y aurait une sorte de jardin inclusif, où il y aurait plein de différents métiers auxquels ces enfants, ces jeunes adultes, pourraient être associés. Ça, c'est un projet qui me plairait bien. Je commence tout juste à y réfléchir parce que c'est un très lourd investissement. Il faudrait qu'il puisse y avoir un hébergement pour ces jeunes-là. Il faudrait qu'il y ait un encadrement de la part de professionnels. Il faudrait travailler sur la rénovation du bien. Il y aurait un milliard de choses à faire qui pourraient être passionnantes. Mais comme je n'aurai plus de revenus si je fais ça, il faut que j'économise avant. Parce que pour l'instant, c'est un beau projet, mais l'objectif ne serait pas de gagner ma vie. Ce serait plutôt d'apporter un sens à la vie. par le travail ce serait plutôt ça voilà mais voilà peut-être d'ici 5-6 ans je pense un peu plus peut-être parce que Jacqueline est encore petite mais ouais pour ses 16 ans ce serait pas mal d'avoir un projet comme celui-là et peut-être que c'est dans longtemps donc peut-être que d'ici là j'aurai une autre idée voilà

  • Speaker #1

    on va laisser cette idée germer et fleurir à son rythme prendre du temps comme une jolie petite fleur, une jolie capucine. Merci beaucoup, capucine, pour ton temps. C'était un échange haut en couleurs. C'était vraiment le yin et le yang. On a été dans la grande joie et aussi dans la grande émotion. Tu m'as beaucoup émue. Je t'admire énormément. Merci beaucoup, capucine. Et je t'ai dit à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très vite. Merci pour tout.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être restée jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu,

  • Speaker #1

    intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager.

  • Speaker #2

    ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé.

  • Speaker #1

    Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • La découverte du handicap de Joachim

    00:06

  • Le parcours professionnel de Capucine Delval

    01:15

  • Un parcours fait de hasards

    04:01

  • L'impact émotionnel du handicap

    31:43

  • Messages et conseils pour l'avenir

    56:46

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Description

Le plus beau jour de sa vie a été le plus dur.


A la naissance de son fils Joachim, Capucine remarque tout de suite qu'il y a quelque chose d'étrange.


D'instinct, elle sait.


Quelques heures plus tard, un médecin maladroit fera tomber le doute ; son petit garçon merveilleux est handicapé.


3 chromosomes au lieu de deux - trisomie 21


Jeunes parents depuis quelques heures, leur vie chavire.


Pourtant, ils avaient fait tous les tests ; ils n'avaient aucune raison de s'inquiéter.


Ca arrive


Et ça ira. Très vite, elle en est persuadée.


Capucine Delval est aujourd'hui Directrice Global Accounts chez Shopify.

Elle a 3 enfants

Elle est impressionnante de force et d'optimisme


Dans ce nouvel épisode de the Patronne, Capucine nous partage :

  • son parcours professionnel qui n'a pas du tout été un long fleuve tranquil

  • l'importance de créer un réseau d'influence

  • l'amour fou qu'elle porte à ses enfants

  • comment elle concilie carrière, soins médicaux et équilibre d'attention entre ses 3 loulous


Un épisode Ying & Yang où nous explorons la force et la complémentarité des extremes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour ceux qui nous écoutent, explique-nous quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #1

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. Je fais tous les tests dans des très bons endroits.

  • Speaker #0

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a... oser, oser avancer et ça sans avoir toutes les réponses. À travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non à ton boss ou à qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va te... t'inspirer. Laisse-moi lancer ces 24 minutes en revanche.

  • Speaker #1

    C'est trop bavard. Ça peut pas changer.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'accueille Capucine Delval. Capucine, tu es directrice Global Accounts, donc directrice des comptes globaux chez Shopify. Ça veut dire, pour ceux qui, comme moi, il y a deux minutes, ne savaient pas ce que ça veut dire, les entreprises qui ont leur siège en France. Notamment, je travaille avec des grandes maisons de luxe aujourd'hui pour Shopify. Mais ce parcours brillant a démarré de manière pas forcément chaotique, mais tu viens de me partager un certain nombre de galères. On va l'évoquer et on va aussi parler de ton parcours personnel et notamment de ta maternité. Tu as trois enfants, le dernier Yann a 4 ans, Zoé a 7 ans et l'aîné Joachim a 9 ans. et Joachim est porteur de handicap. Tu vas nous partager comment tu as vécu ce chamboulement, parce que l'arrivée d'un enfant, c'est toujours un chamboulement. Et quand tu découvres l'handicap, c'est aussi un sacré tsunami. Donc, tu vas nous raconter tout ça. Bienvenue, Capucine !

  • Speaker #1

    Merci, Elbi. Je suis vraiment ravie de te retrouver. On se connaît depuis très, très longtemps. Et oui,

  • Speaker #0

    on se connaît depuis nos 17 ans. Voilà. Et après pas, on s'est croisés complètement par hasard l'année dernière, il y a quelques mois en tout cas. Et c'est un grand plaisir de te retrouver et de t'interviewer parce que je trouve qu'en dehors de ton énergie pétillante, tu as une manière de voir les sujets qui est très originale. Tu me racontais déjà, alors vas-y, de manière rapide pour le podcast, mais... Toutes les galères que tu as vécues en tant qu'étudiante et comment tu as choisi ton parcours de vie. Quand je t'ai rencontrée, je me suis dit que cette fille sait où elle va. Elle a un objectif hyper précis. Elle est vraiment super directionnelle. Et en fait, je me suis trompée.

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Pas du tout. Justement, on parlait de ça juste avant. On se connaît depuis la prépa. Mais avant, on parlait de notre parcours quand on était au lycée. Et la manière dont on avait choisi un petit peu les différentes filières. Moi, je me suis retrouvée en écho parce que je n'aimais pas la physique. Après, il a fallu que je choisisse qu'est-ce que j'allais faire après le bac. En fait, je ne savais pas. Donc, je suis allée par hasard à un centre d'orientation. Et il y avait ce magazine où c'était écrit Prépa Voix Royale. C'est pour moi la Prépa Voix Royale.

  • Speaker #0

    La grande classe. Ça donne envie en même temps. C'est un titre accrocheur. Ils ne te disent pas que tu vas vraiment galérer pendant deux ans.

  • Speaker #1

    ça c'est un peu caché mais voilà c'était plutôt pas mal parce que on retrouve un peu toutes les matières et moi je sais pas laquelle choisir il y avait un fort encadrement et honnêtement 17 ans je me sentais pas capable de partir à la fac d'être complètement libre à moi même je me sentais assez immature donc voilà je trouvais que la prépa correspondait plutôt bien à mon état d'esprit à ce moment là et je me suis dit après deux ans de prépa je vais savoir ce que je veux faire et ben non non non donc on part vers les écoles de commerce donc je suis partie en école de commerce même chose je veux savoir ce que je veux faire après l'école de commerce. Ben non, toujours pas. Il a fallu choisir ma dominante. On m'a dit, en fait, les stages les mieux payés, c'est en audit. Alors, je suis partie faire de l'audit.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens de notre génération, maintenant, ce n'est plus tout à fait le cas. Mais en gros, si tu voulais bien gagner ta vie, tu choisissais audit.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc voilà, je suis partie en audit. J'ai détesté. En plus, je n'étais même pas dans le département audit. Je suis partie chez Erstenian. Et j'étais en département conseil chez eux. Et je n'ai pas du tout aimé. Je pense que j'ai limite fini en burnout à la fin. Vraiment, je détestais ce côté extrêmement cadré, rigoureux. Je n'ai pas aimé l'ambiance. Ça ne me ressemblait pas du tout. Mais par contre, ce qui était sympa, c'est que j'ai eu des missions en ingénierie financière. Donc ça, j'ai adoré. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire. Je suis repartie à l'EMU pour faire un master spécialisé.

  • Speaker #0

    Génierie financière, exactement.

  • Speaker #1

    En gros, c'est faire des modèles. J'ai fait des modèles sur Excel pour faire des modèles de financement ou des modèles de fusion.

  • Speaker #0

    Tu gères des gros tableurs Excel, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de tableurs Excel. Ça, j'aime. Je n'en fais plus du tout, mais à l'époque, j'adorais. Et quand ça moulinait, j'étais trop contente.

  • Speaker #0

    Tu avais bien fait ton taf. Tu avais fait ce qui était le plus important.

  • Speaker #1

    Et ça tournait, tu faisais des petites boucles et tout. Donc ça, c'était vraiment mon truc à l'époque. Je suis partie en M&A, mais j'ai fait mon stage. Après, je suis partie en VIE à New York pour faire du M&A aussi. Et en fait, c'était la grosse crise à l'époque. C'était la période où les Man Brothers s'est explosé. Donc, je suis revenue en Europe, plus du tout de travail. Il a fallu que je trouve un job. Donc, pour la petite anecdote, je suis allée sur le site de l'Aim Lyon et j'ai fait une recherche par mot-clé. Donc, le mot-clé, c'était quoi ? C'était acquisition. Je voulais travailler en fusion acquisition. Et il y avait un job chez American Express pour le département acquisition. Rien à voir. Rien à voir. En gros, c'est les sales. Donc, j'ai été analyste financière. pour le département acquisition d'American Express.

  • Speaker #0

    Tu as eu ce job. Même si c'était complètement un hasard, tu as réussi à choper un job.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et dans un contexte qui était hyper difficile, j'avais mon emprunt étudiant à rembourser, il fallait absolument que je trouve un job. Mais j'adorais les personnes que j'ai rencontrées en entretien et c'est toujours ce qui m'a driveée dans mes choix de carrière, c'est les personnes que je rencontrais, est-ce que j'ai envie de travailler avec cette personne-là ou pas. Ça, c'était toujours très facile. Et donc voilà, j'adorais les personnes qui m'ont reçues en entretien, je les ai trouvées intéressantes, sympathiques. j'ai passé deux années exceptionnelles. J'ai beaucoup ri, vraiment, on a beaucoup travaillé aussi. On s'est beaucoup amusé, on est toujours en contact. Je suis restée que deux ans mais je suis toujours en contact avec ces personnes aujourd'hui et on se revoit régulièrement pour un café, pour un déjeuner. Vraiment, on a créé des liens assez forts. J'ai même retrouvé plus tard dans ma carrière certains d'entre eux d'ailleurs. Et après ça, donc voilà, au bout de deux ans, j'ai été débauchée par PayPal pour rejoindre leur département espionné. où j'ai géré l'Europe du Sud pendant un certain temps. Et après, j'ai bougé en interne, j'ai fait différents jobs. Ça n'a pas toujours été très simple. Le premier mouvement, ça a été parce que j'en avais un petit peu marre de faire de la finance. C'était le plus loin possible. Et on m'a dit, écoute, il y a un poste qui s'ouvre pour être en gros le partenaire financier du département de produits. Allez, on va tenter, on va voir. Donc, j'ai travaillé pendant à peu près 2-3 ans, je crois, à faire ça. C'est passionnant. J'ai rencontré la meilleure manager de ma vie. Elle était extraordinaire, une Américaine. Et après ce job-là, à mon retour de congé mat, ce job a été annulé, donc il a fallu que je trouve une urgence à un autre poste en interne. Je suis partie faire du project management un peu herculant. Vraiment, je n'avais pas du tout envie de faire du project management. Je suis venue du M&A, je faisais du project management. Pour moi, ce n'était pas du tout mon plan de carrière. J'ai fait ça pendant un an, pareil avec une manager qui a été extraordinaire, qui m'a appris énormément de choses sur comment on gère un projet, comment on gère une réunion. Comment on structure un follow-up ? Comment poser les bonnes questions pour faire avancer les projets ? Plein de tips que j'utilise toujours aujourd'hui. Je continue toujours de travailler avec ces méthodes. Je n'ai travaillé qu'un an avec elle, mais elle m'a vraiment marquée très profondément. Je suis vraiment très reconnaissante. Mais pendant que j'étais dans ce job-là, j'ai été contactée par une autre personne qui s'appelle Caroline Télier. On a échangé et elle recherchait quelqu'un dans son équipe et dans le département commercial. Et je me souviens bien de nos premiers échanges, j'étais un peu en mode, mais enfin Caroline, je suis une financière, enfin, allez au département commercial, les financiers, les commerciaux, on n'est pas vraiment copains. Et elle m'a partagé sa vision de l'approche commerciale, et j'ai adoré sa vision. Elle était vraiment en mode consultante en fait, et pas du tout en mode sales, genre comme tu peux les imaginer, il faut absolument que je vende mon produit, pas du tout. Elle était vraiment à l'écoute des clients. elle me disait toujours, moi si un client me dit qu'il n'est pas content et que ça ne marche pas, c'est qu'il a raison. C'est que ça ne marche pas. Donc, il faut comprendre pourquoi ça ne marche pas pour pouvoir répondre à son besoin en fait. Et j'ai trouvé que ça avait beaucoup de sens. Ça m'a beaucoup inspirée. Donc, j'ai rejoint son département. Je suis restée un petit bout de temps parce que j'arrivais en 2017 et je suis partie en 2022, donc cinq ans. Donc, j'ai eu mes deux enfants, Zoé et Yann ensuite. Et à mon retour de congé. Plus long congé pour le troisième, ça a été un pur bonheur. Parce que j'étais plutôt en mode, le congé, Matt, c'est bien quand c'est court. Et en fait, pas du tout. En fait, le troisième, c'est six mois pour le troisième. Et j'ai adoré ces six mois. Parce qu'en plus, j'avais mes plus grands qui rentraient. Je pouvais profiter d'eux. Et j'avais mon petit dernier qui était extrêmement sage à l'époque. Encore. Et j'ai vraiment adoré mon troisième congé maternité. Mais à mon retour, en fait, je n'avais plus mes gros challenges. Mes gros challenges, je les bouclais avant de partir. en Gémat et je me retrouvais plus en fait dans ce qu'on me proposait. Et à ce moment-là, un ancien collègue de Shermex m'appelle et me dit « Capucine, je pars chez Stripe, est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que ça t'intéresse à nous rejoindre ? Et c'est comme ça que j'ai postulé. Et puis, ma candidature a été retenue. C'est comme ça que je suis arrivée chez Stripe. Voilà, c'est un peu le parcours assez logique. Donc, je suis restée dans la tech comme ça pendant encore deux ans. Je suis restée chez Stripe pendant deux ans. Je pense que j'avais fait un petit peu le tour. Enfin, on ne fait jamais le tour du paiement, ce n'est pas vrai. Mais peut-être un petit peu une lassitude du milieu du paiement. Et j'ai vu ce job sur LinkedIn. Même pas par relation, même pas du tout. C'était un poste sur LinkedIn. Global Account Director chez Shopify. J'ai postulé et ça a marché. Et j'ai rejoint une super équipe avec des gens incroyables dans une boîte qui est vraiment géniale. Je m'éclate vraiment au quotidien dans ce rôle-là. C'est vraiment très sympa.

  • Speaker #0

    C'est incroyable à quel point ce job d'aujourd'hui qui pourrait être le job rêvé par des jeunes diplômés. Moi, ce que je veux, c'est travailler dans la tech et puis avoir des clients du luxe. Ce n'est pas du tout ton projet. jamais tu as envisagé et en réalité à chaque fois t'as fait des choix assez pragmatiques voire opportunistes au début de ta carrière parce que tu savais pas trop donc tu naviguais un peu à vue puis t'as eu aussi beaucoup de déconvenus finalement parce que le marché s'est retourné il y a eu une crise c'est intéressant de voir ta capacité à ouvrir des portes et dire bah Merci. celle-là, elle grince un peu. Bon, je vais aller chercher une autre porte.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que j'ai toujours eu de la chance dans mon choix d'entreprise. J'ai toujours choisi une entreprise qui avait un peu le vent en poupe au moment où je les ai rejoints. Paypal, il y a 12 ans, ça a explosé. Ça marchait super bien. Ça marche toujours très bien, Paypal. Mais ça n'a plus l'image que ça pouvait avoir il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Ils étaient un peu les premiers à se voir. Ils étaient très…

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est nostalgique de cette période. Les anciens pépaliens, on se retrouve toujours, on se parle toujours. C'est quand même un vrai réseau, les anciens pépaliens. Et on se rappelle toujours nos années, nos premières années chez PayPal, tout ce qu'on a pu faire. C'était une très bonne ambiance. On travaillait dur. À la tech, on travaille dur en général. Mais vraiment, dans une ambiance bon enfant, d'entraide, on était portés par le projet, en fait. Et c'était vraiment très sympa. Et puis, à la fin, je ne me retrouvais plus vraiment. Je suis partie chez Stripe. Je n'ai pas resté si longtemps que ça chez Stripe. Je ne suis restée que deux ans. Mais je suis toujours aussi fan de la technologie. Dans le paiement, pour moi, c'est la Rolls Royce. Elles sont vraiment extraordinaires. Et je pense que c'est ce qui m'a aussi ouvert les portes de chez Shopify, parce que c'est aussi une boîte qui est drivée par la partie paiement. Le fait de connaître le paiement, je pense que ça m'a beaucoup aidée à rentrer. Mais voilà, Shopify, c'est pareil. Actuellement, c'est une boîte qui a vraiment le vent en poupe. Je me plais souvent à dire que je ne suis pas une vraie sales. Je n'ai pas un parcours de sales classique. Je suis une financière à la base. J'ai toujours cette approche très consultante, toujours avec mes clients. Je prends le temps de les écouter, de les comprendre, d'essayer de très orienter le problème solving. C'est vraiment ça mon approche. Je pense que si j'étais une entreprise où vous tapez dans le dur, où la marque n'est pas du tout reconnue, je ne suis pas sûre que je serai aussi performante. Parce que ce n'est pas mon profil. Je pense que ça, je saurais moins bien faire. Ou j'y prendrais peut-être moins de plaisir. Actuellement, ma difficulté, j'ai eu des portes à ouvrir, tout n'a pas été aussi simple quand même. Mais les portes arrivent à s'ouvrir à un moment, après il faut les refermer. Mais l'ouverture de porte est certainement moins difficile avec un nom comme Shopify, qu'avec une entreprise complètement inconnue.

  • Speaker #0

    Il y a un élément que tu viens de dire que je trouve intéressant. C'est la compétence par rapport aussi au type d'entreprise et au marché. Et en même temps, ce que tu dis là sur ces qualités de vente, sur le fait d'être très à l'écoute, de vraiment sonder le client, le faire parler un maximum. Je trouve qu'on en entend de plus en plus parler. Alors, c'est sûr qu'on n'est pas sur les méthodes de vente dans la grande conso où il y a une égo prix qui passe avant tout. mais je trouve que De plus en plus, les manuels, les formations de vente s'orientent sur ce discours-là. Toi, quand tu intègres quelqu'un par rapport à tes équipes, c'est quoi les conseils que tu donnes ? Ou si tu devais donner trois conseils à quelqu'un qui veut être un meilleur commercial consultant, tu donnerais quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, connais bien ton produit. Déjà, je pense que ça, c'est la base. Il faut absolument… Si tu veux partir dans une boîte de tech… et que tu ne t'intéresses pas à la tech, ce truc qui t'attire, c'est la paillette, parce que c'est super, ce n'est pas le bon choix. Ce n'est pas ça qui peut te motiver. Je te disais au début que j'adorais les modèles Excel. J'ai toujours aimé quand même le côté un petit peu technique. Il faut aller chercher, nous, on fonctionne sur le modèle des APIs. Ça m'arrive d'aller regarder un petit peu ce qui se passe derrière. J'aime bien. J'aime bien. Tu vois, quand j'étais en économie au lycée, ce que j'aimais, c'était la partie monétaire, parce qu'il y avait l'histoire de flux. ça c'est toujours été mon truc j'aime bien ça Si tu ne connais pas ton produit, tu ne peux pas bien le vendre. Tu ne peux pas bien orienter ton client. Ça, c'est le premier point. Deuxième point, c'est qu'il faut comprendre ton client, comprendre sa situation. Il faut le faire parler, en fait. Et pour faire parler un client, parce que ça, je l'ai vécu aussi, ce n'est pas en lui posant toujours des questions qui ont lié à leur activité. C'est en créant un lien avec eux. Tu ne peux pas arriver de but en blanc dans une réunion et dire, voilà, vas-y, c'est quoi tes trois pain points ? Ah non, mais je l'ai vécu. Non, ça, ça ne marche pas. Ça, c'est une approche de consultant. Et on ne te paye pas pour ça. Donc, il va falloir que tu crées un lien. Et pour créer un lien, pour moi, ce serait le troisième conseil, il faut que tu sois crédible. Et pour être crédible, il faut que tu fasses tes preuves auprès d'un client. C'est-à-dire qu'en gros, ton client, il va toujours te tester au début. Il va te donner les situations les plus compliquées et il va falloir que tu les résoles. Et c'est à partir de ce moment-là où tu auras réussi à faire tes preuves avec ton client ou tu auras montré à ton client que tu étais disponible, que tu avais réussi à apporter une solution à ses problèmes, qui va commencer à s'ouvrir, à créer un lien avec toi et qui aura une relation de confiance qui va s'établir. Et là, tu vas pouvoir avoir des informations et là, tu vas pouvoir mieux les conseiller et construire la relation. C'est vraiment comme ça que se construit une relation avec eux. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté très vertueux, en fait, petit à petit. Tu construis et ensuite, tu peux élargir. J'aime bien ton point d'arriver et dire, c'est quoi vos trois pain points ? C'est souvent ce que tu peux trouver dans des posts LinkedIn sur les conseils.

  • Speaker #1

    Ça, ça marche pas. Désolée, mais ça marche pas, ça. Idéalement, toujours garder en tête où est ton objectif. Je vais pas le dire là parce que mes clients s'y écoutent. Mais je sais toujours où est mon objectif. Mais en même temps, il faut à un moment que tu crées ce lien avec ton client. Et il faut être fiable. Parce que quand je dis être fiable, c'est parfois qu'ils vont te poser des questions qui sont même pas dans ton scope, en fait. et parfois il faut aller au-delà de son scope pour réussir à résoudre le problème de ton client il faut avoir envie de chercher, je pense qu'il faut être hyper curieux ça c'est je pense que c'est par partie des grosses qualités que je recherche, la curiosité avoir envie toujours de résoudre des problèmes tous les enfants qui aiment bien faire des jeux dans les magazines quand ils sont petits moi j'en faisais partie effectivement,

  • Speaker #0

    joueur t'aimes bien avoir une énigme t'aimes bien aller chercher une solution

  • Speaker #1

    Exactement et ça peut toucher n'importe quel sujet. Donc c'est vrai que la particularité des globales équintes souvent on me la demande, même en interne, Shopify, j'ai encore besoin d'expliquer quel est mon rôle. Je ne suis pas que sur la partie 100% négociation. Évidemment mon rôle c'est de rendre relation avec les sièges des grandes entreprises et de négocier des contrats, mais ça c'est une toute petite partie de mon job. En fait je vais avoir des sujets juridiques, commerciaux évidemment, qui touchent même à la structure du pricing, qui touchent aux produits. Moi, j'aime bien dire que je crée des zones d'influence. Il faut que je développe énormément mon réseau en interne et en externe, les deux. En interne, il faut que je sache très bien à qui m'adresser si j'ai une question. Et donc, c'est tous ces sujets-là qui font mon job au quotidien, qui font le job d'un Global Account Manager. Beaucoup de communication en interne, en externe aussi. Parce que moi, quand je suis arrivée, il y a un an et demi, Shopify comme solution pour les grandes entreprises, ce n'était pas si évident. Ça commence à devenir un peu plus évident, mais il a fallu quand même faire un gros travail de communication externe et mettre beaucoup de choses en place en interne pour réussir à avancer dans cette direction. Le produit est là, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Le produit est là, il est exceptionnel. Mais tout ce qui tournait autour de la perception de notre solution, ça a mis du temps.

  • Speaker #0

    Parce que si je ne me trompe pas, au début, Shopify était un des axes de communication, c'était la solution idéale pour les petits commerces.

  • Speaker #1

    Exactement. exactement faire le shift pour aller séduire un LVMH voilà c'est toute la beauté du job et c'est pour ça que dans les jobs que j'ai choisis aussi je pense que c'est la raison aussi pour laquelle j'ai quitté Stripe c'est que j'ai toujours et je l'ai eu quand j'étais chez Paypal justement ce côté où on m'autorisait à être entrepreneur c'est un mot qui est moche mais où tu prends un projet et tu le construis et tu le mènes jusqu'au bout donc ça je l'ai eu de nombreuses fois chez Paypal et c'est pour ça que je suis restée Stripe, je n'ai pas retrouvé ça. Stripe, c'est ton job, c'est ça, les lignes sont claires. et je ne me suis pas vraiment retrouvée là-dedans. Shopify, j'ai un terrain de jeu qui est énorme. Franchement, on me fait confiance, je peux avancer sur plein d'initiatives qui n'existaient pas. J'ai la chance d'avoir des collègues qui sont super, qui répondent aux attentes. Parce que parfois, tu peux avoir des idées, des projets, mais en interne, on te dit non, c'est pas possible, on coupe directement le projet. Non, pour ça, j'ai des collègues qui sont toujours partants quand il y a des nouvelles idées. Ça a l'air super, allez, on y va. Par exemple, on a mis en place tout un programme de formation des commerçants. On est les premiers à avoir mis ça en place au sein du département Global Academy. Ça n'existait pas avant. Il y avait des programmes qui existaient, mais plutôt pour nos partenaires, les intégrateurs, ce genre de profil. Pas du tout pour les e-commerçants. Et on a commencé à avoir des demandes de nos clients. Et on a créé ça avec le département éducation qui a dit, ah oui, c'est super comme projet, on va y aller. Et on y est allés ensemble. Et ça, c'était… Donc voilà, ça continue à se développer. On continue de vendre des programmes maintenant de formation. Mais voilà, c'était un projet qui sortait un petit peu de mon client. C'est mon client qui m'a demandé ça. Ça n'existait pas. On est partis ensemble en interne. J'ai eu beaucoup de discussions. Et puis, j'ai eu des collègues qui étaient super, qui ont dit non, mais c'est super comme idée, on va le faire. Et le fait d'avoir aussi cet esprit entrepreneurial chez Shopify, ce qui est plutôt bien quand même pour une entreprise qui promeut l'entrepreneuriat, on le retrouve aussi en interne.

  • Speaker #0

    On apprécie la cohérence.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce n'est pas une légende. On retrouve vraiment en interne. On trouve des gens qui ont envie de faire.

  • Speaker #0

    Excellent. Tu parlais juste avant de développer ta zone d'influence. Comment est-ce que tu fais ça ? C'est quoi ta stratégie pour développer ta zone d'influence ?

  • Speaker #1

    Ça peut être un peu délicat. Allez,

  • Speaker #0

    deux, trois trucs que tu peux dire, au moins.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je ne vais pas donner tous mes succès non plus. Mais en gros, déjà, il y a deux zones d'influence. Déjà, il y a la partie en interne. la base interne, surtout sur des projets aussi énormes et impliquants que des global accounts qui ont plein de maisons. Il n'y a pas des marchés, des maisons qui sont présentes partout dans le monde. En plus, c'est une approche qui est très nouvelle chez Shopify. Il va falloir que j'arrive à convaincre des gens de ce qu'il va falloir faire. Donc, il va falloir que je parle aux plus de personnes possibles. Donc, en fait, quand je suis arrivée chez Shopify, je me suis donné des règles. Par exemple, sur mon onboarding, je passais au minimum des coffees chat, des demi-heures, avec toutes les personnes de tous les départements. Donc, j'en avais au minimum au début 4 par semaine, je crois. Et tu fais ça pendant 3 mois, tu commences à connaître du monde en interne. Et t'expliques à chaque fois, t'expliques aux gens ce que tu fais, quelle est ton approche. Parce qu'après, quand tu vas devoir les recontacter, ils savent qui tu es, ils savent ce que tu fais, ils savent que tu as passé du temps à leur expliquer. Donc ça, déjà, c'est un point hyper important. Et tu comprends aussi ce qu'ils font. Tu comprends leur scope, tu comprends là où ils vont pouvoir t'aider. ça te donne souvent des idées aussi de ce que tu vas pouvoir faire par la suite. Donc très important, cette zone en interne de communication et d'influence pour expliquer ce qu'est ton job, surtout quand tu es en mode construction, est hyper importante. Et après, il y a tout ce qu'il y a en externe. Donc chez Shopify, on a un énorme écosystème, un énorme écosystème à la fois d'intégrateurs qui intègrent notre solution, mais aussi de partenaires techniques. Et donc là, en gros, moi je veux que ces gens-là parlent de Shopify. Je veux qu'ils parlent de nous. Et donc, il faut qu'on aille parler avec eux aussi pour voir comment on peut avancer en collaboration sur différents projets. Parce qu'en fait, un partenaire qui est convaincu de notre solution, qui se sent rassuré, qui se sent soutenu, je pense que c'est un partenaire qui aura envie de pousser notre solution. Après, parfois, ça ne marche pas. Sur les centaines de personnes que j'ai rencontrées, ils n'ont pas forcément été source de projet. Mais en tout cas, ça arrive encore aujourd'hui où certains partenaires arrivent sur un projet dans mon scope de client. Et il m'appelle directement en disant, voilà Capucine, j'entame des discussions avec tel client, j'ai envie d'être le plus optimal possible dans mon approche, est-ce que tu peux m'aider ? Et en plus, la particularité de Shopify par rapport à certains de nos concurrents, c'est que nous, on n'a pas un département intégrateur intégré dans Shopify. Nous, toute cette partie vraiment développement du site Internet, ce sont des extérieurs qui vont le faire. Et moi, j'ai envie que ça se passe le mieux possible pour mes clients, qu'il y ait une sorte de... que ce soit une relation extrêmement fluide, qu'il n'y ait pas de perte de connaissances, de perte de... Voilà, et il faut que ce soit rapide, de temps, voilà, perte de temps, il faut que ce soit rapide, que ce soit bien fait, le mieux possible, le plus rapidement possible, et donc il faut qu'il y ait la meilleure communication entre nous et l'intégrateur. Ça, c'est très important aussi, être toujours présent sur le terrain. Je passe beaucoup de temps avec les partenaires et aussi avec les maisons, aussi, parfois. Donc, je discute à la fois avec le siège, il faut que je parle au maximum de personnes pour qu'elles connaissent ma solution. Donc ça c'est aussi une autre partie. Et la troisième partie, c'est tout ce qui va être présence sur les événements. C'est la partie la plus consommatrice de temps, parce qu'un événement, ça se prépare avant. Sur place, c'est à la fois l'événement, mais aussi ce qu'on appelle les side events, donc ça va être le soir ou alors le midi, les déjeuners, les dîners le soir. Généralement, quand on a un événement, c'est des journées de 15 à 18 heures, c'est très lourd. Et après, il y a toute la partie de suivi, en fait, des connexions que tu as pu faire. Donc un événement, c'est au minimum trois semaines de travail. Donc j'en ai un par mois, donc une grande partie de mon temps. on s'est rencontré à Tech4Hotel c'était un des gros événements je participais aussi à des keynotes pour animer aussi le débat pour faire témoigner des clients ça c'est la partie un peu sympa des interviews ça j'en fais pas mal les interviews filmées c'est la partie sympa qui n'est pas si simple en fait non non les formats les plus simples c'est quand t'es toi-même interviewé parce que généralement tu connais ton produit donc c'est assez simple Quand tu interviews quelqu'un, c'est plus difficile. Tu sais, tu as une expérience. Parce qu'il faut être toujours très à l'écoute et rebondir sur ce que la personne... Ça demande énormément de concentration. Donc, c'est plus difficile d'être de l'autre côté.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis sur l'influence. Et j'entends aussi ta philosophie qui est que tu n'es finalement pas une commerciale pure, mais plutôt une tisseuse de relations. Et tu essayes de... créer un cadre de collaboration optimum autour de ton client, mais aussi avec tous les autres prestataires, partenaires, qu'ils soient internes ou externes. Et donc, j'entends que tu es vraiment dans une approche très haut de gamme, puisque c'est le service avant tout.

  • Speaker #1

    C'est le service avant tout. Le client n'a pas forcément toujours raison, mais il a toujours une bonne raison de poser la question. C'est-à-dire que s'il a une demande qui, souvent, ne nous arrange pas, ça peut arriver. une signature de certains documents que nous, on n'est pas habitués à recevoir. Il y a une raison derrière. Il faut la comprendre. Pareil sur les demandes techniques. Parfois, il peut y avoir des demandes un peu atypiques. Toujours essayer de comprendre pourquoi ils ont cette demande-là. Est-ce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils sont en train d'être rassurés ? C'est toujours essayer de faire le maximum. Il faut dire que ça marche tout le temps, mais j'espère que ça marche le plus possible. En tout cas, ils savent très bien, les clients, que s'ils m'envoient un message, ils m'envoient par toute forme, ça peut être des messages vocaux, des SMS, des WhatsApp, des emails, j'ai le droit à un peu tout. Si vraiment ils me contactent, je trouverai toujours un moment pour leur répondre, toujours. C'est vrai que c'est un engagement vraiment fort, mais je pense que c'est aussi porté par cet engouement qui est pour la solution Shopify, le fait que ça avance, on sent vraiment une vraie avancée actuellement. Je suis contente de voir que ça aboutit, en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Les résultats sont là. De toute façon, quand on voit ton parcours, quand j'entends la manière dont tu choisis tes missions, la mission, mais aussi les personnes avec qui tu bosses, tu nous as dit que c'était un critère super important. Je ne suis pas étonnée de ton niveau d'engagement parce que s'il n'était pas là, tu serais déjà sur le départ. ou une autre opportunité en interne mais en tout cas cet engagement est bon signe et du coup cet engagement et cette disponibilité, cette réactivité que tu as au niveau de tes clients me fait poser la question de l'équilibre vie pro, vie perso comment tu arrives à garder cet équilibre ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas évident Merci. Vraiment, ce n'est pas évident. Mais mes enfants, quand ils rentrent de l'école, généralement, ils vont à la douche. Et quand ils sortent, je suis disponible pour eux. Je bloque mon agenda. Pourtant, je bosse avec les États-Unis et le Canada beaucoup. Mais généralement, de 7h à 9h, tu as peu de chances de me trouver. Généralement, je suis avec eux. Il y a le dîner. Je vais forcément coucher mes enfants. Je veux qu'ils me racontent leur journée. Je vérifie leurs devoirs. Je veux m'assurer que tous les vêtements sont bien prêts. Je ne suis pas toute seule, on est deux. J'ai un conjoint qui est très impliqué aussi. Mais voilà, je veux absolument passer du temps avec eux. Et pareil pour le week-end. Le week-end, la journée, je suis avec eux. S'il faut que je reposse, je repasse ce soir.

  • Speaker #0

    Ça arrive, forcément, ça arrive. Mais je veux être absolument présente pour eux. Donc, ce qui peut être le plus dur, c'est quand il y a des déplacements. J'en ai eu beaucoup cette année. Donc, je vais quand même toujours être présente. Donc, tous les jours, surtout quand il y a des décalages horaires, ce genre de choses, ils ont toujours leurs petites vidéos le matin quand ils vont se lever, avec les petits messages. Alors, parfois, il y a des petits trucs sympas à leur montrer. Une fois, j'étais à Toronto et il neigeait. Alors, forcément, j'ai filmé à ce moment-là pour leur montrer qu'il neigeait. Ils étaient contents. J'ai un conjoint qui prend le relais quand c'est comme ça. Lui, ça lui arrive quelques fois, il s'est dit, quelques déplacements. Quand c'est comme ça, on s'arrange pour que ce ne soit pas en même temps. Mais je ne fais pas partie des mamans qui considèrent que le temps, la qualité, c'est important. Moi, je considère que la quantité est importante. Les enfants veulent la quantité. Vraiment. La qualité, bien évidemment, aussi. Quand je suis avec eux, évidemment, j'évite d'être sur mon téléphone portable et je le mets de côté et je ne réponds pas à mes messages. mais... Mais voilà, les enfants, vu que papa et maman soient présents, et c'est dur parce que ce n'est pas toujours le cas, il faut être assez honnête, parfois on a moins de temps pour eux, ça peut être un peu culpabilisant, c'est vrai. Mais je pense que le plus important déjà, c'est de le reconnaître. Dire, ben voilà, parfois je suis un peu moins dispo pour eux, et je sais aussi pourquoi je fais ça. Il y a un moment, il faut que je gagne ma vie. Donc souvent, ce que je leur dis, c'est, bon, tu veux que maman te paye des vacances ? Bon, tu aimes bien aller au Club Med. Alors voilà, il faut que je travaille. Et généralement, ça calme un peu, tu vois. C'est important de leur expliquer aussi aux enfants que les choses n'arrivent pas par magie non plus. Ils ont de la chance, ils ont un bon niveau de vie. Ils ne sont pas à plaindre. Ils font toutes les activités, ils seront scolaires qu'ils veulent. Mais ce n'est pas magique, en fait, tout ça. Ce n'est pas ce qu'on travaille. Donc, il faut qu'ils le voient, ça. Parce que moi, j'espère que plus tard, ils accorderont aussi une... une importance au travail. C'est des valeurs que j'invite d'inculquer à mes enfants. Le travail, c'est important et on peut s'épanouir par le travail. Et donc, je pense que ça va te mener à un sujet qui t'intéresse, le handicap, Elvire.

  • Speaker #1

    Le handicap, et moi je trouve ça extraordinaire, je ne sais pas depuis combien de temps on parle, mais ça paraît presque inconcevable de se dire que ton aidé est porteur de handicap, parce que quand on a une carrière aussi prenante, On n'imagine pas qu'on a un premier qui est handicapé et qu'on en a voulu en faire deux. Enfin, ça, c'est mon point de vue. Je dis, mais je ne sais pas comment c'est possible. Donc déjà, pour ceux qui nous écoutent, explique-nous, quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #0

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. J'ai fait tous les tests dans des très bons endroits. Je ne vais pas dire où, mais en tout cas, des endroits très reconnus. Ça arrive. parfois les enfants passent à travers les mailles du filet. En l'occurrence, mon petit garçon est porteur de trisomie 21. J'avais aucune raison, j'avais 32 ans à l'époque, donc aucune raison de faire une amyosynthèse parce que là on est sûr à 100% qu'on n'a qu'une amyosynthèse. Mais j'avais aucune raison d'en faire une, il n'y avait pas d'antécédents dans ma famille et les radios ne montraient absolument aucun problème. La prise de sang n'était pas extraordinaire mais elle était dans ce qu'on appelle une zone grise. Ça je l'ai su après quand l'enfant était né mais bon c'est pas grave.

  • Speaker #1

    Le premier marqueur qui était le test sanguin ne donnait rien d'alarmant. Et à l'écho du premier trimestre, il était tout à fait dans la norme.

  • Speaker #0

    Exactement, la clarté nucale. Très fin, il avait une clarté nucale très petite par rapport même à la norme. Donc rien qui était... On voit aussi ça par des histoires de proportion par rapport à la taille des doigts, par rapport à la taille du nez. Il avait un nez qui était un peu court, mais rien qui était inquiétant en fait dans ce qu'ils ont vu. Donc du coup, aucune suspicion de trisomie 21. J'ai même posé la question pendant l'écho. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » Je me souviens très bien. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » C'était le lendemain des attentats de Charlie Hebdo. Peut-être que l'éthiographe était un peu perturbé ce jour-là. Mais je me souviens très bien de reposer la question, mais il m'a répondu quelque chose. Je ne vais pas répéter là, mais en tout cas... Non, pour lui, il n'y avait pas de trisomie 21. Et donc, le jour de la naissance... comme beaucoup de mamans pour un premier, très long. J'étais sous morphine. Et quand le petit garçon arrive, je vois bien qu'il a un regard un peu particulier. Et j'étais sous morphine, je regarde mon conjoint, je suis sûre qu'il a un regard un peu d'enfant trisonique. On me dit, mais non, c'est juste qu'il est gonflé, parce que c'est la naissance et tout.

  • Speaker #1

    Ils sont toujours Ausha cet âge-là.

  • Speaker #0

    C'est ça ! Il ne peut pas nous mentir,

  • Speaker #1

    il n'y a aucun nouveau-né qui ressemble à quelque chose.

  • Speaker #0

    Il était tout violet, tout ça, normal. Et mon conjoint, on part se reposer parce qu'il est né en pleine nuit. Et ils font quelques tests, mais j'ai tellement dans les vapes que je ne me rends même pas compte des tests qu'ils lui font. Ils vérifient les poumons, tout ça. Rien, ils ne nous disent rien. Ils me remontent, je vais dans ma chambre pour dormir. Ils me prennent l'enfant. La première nuit, souvent, ils prennent l'enfant pour que la maman puisse se reposer. ils me le ramènent trois heures plus tard. Et le pédiatre me dit, au repos trois heures, j'étais en pleine forme, j'étais toute seule dans ma chambre, le pédiatre passe, il me dit, madame, on vous a dit quelque chose ? Et là, j'ai senti qu'il y avait un truc. Je lui dis, non, on aurait dû. Je trouve que votre enfant a une tête bien ronde quand même, et puis des yeux en amande. Et là, j'ai tout de suite compris ce qu'il voulait dire. Et donc, c'est quoi votre diagnostic ? Et là, il fait maladie chromosomique. Bam, j'étais toute seule dans ma chambre, c'est trois heures. fils était né, j'étais là ok donc j'étais complètement sous le choc j'ai envoyé un texto à mon conjoint en lui disant je crois qu'il vient de confirmer mes doutes là en fait lui il m'a raconté après qu'il était au téléphone avec sa maman pour lui faire découvrir le prénom du bébé sous forme de charade, enfin bref ça se lui ressemble bien j'ai un autre délire complet et à un moment il fait ça, il reçoit mon texto il dit il faut que je raccroche qu'Apsinia a se réveillé et il arrive, il était en pleurs et moi je comprenais pas trop pourquoi tu pleures en fait ? Le texto que tu m'as envoyé, je me suis dit, ouais, mais ça ira en fait, ça va aller. Et je pense que j'avais très bien compris ce qui arrivait et que c'était, c'est comme ça en fait. Bon, après j'ai craqué. Et au bout d'un moment, en fait, ce qui était assez drôle, je ne sais pas ce que dire, drôle, mais quand j'ai craqué, lui a été fort et quand il a craqué, moi j'ai pris le relais. Ça a toujours été comme ça. Il a fallu très vite qu'on, ça a été très violent, ils appellent ça le deuil de l'enfant idéal c'est extrêmement violent parce que tu penses avoir quelque chose et tu n'as pas ce que tu attendais en fait. Tu reconstruis tout. En fait, ton esprit va mettre un certain temps à reconstruire. Et au début, je me dis, tu as quand même ce choc, tout est détruit. C'est très, très violent. Donc, on a les médecins en face de nous qui ont été appris. Donc, ce pédiatre a disparu du champ de vision. Très bien, tant mieux. On a eu affaire à la néonate et ils ont été extraordinaires, d'une douceur, d'une compréhension. C'est vrai que c'est dur quand ils t'amènent un dossier en disant « Madame, je voudrais faire une déclaration à la MDPH parce que votre enfant est handicapé » . C'est des mots que tu dis. Toi, ton enfant a trois jours, tu parles de handicap. De quoi on parle ? Ils s'étaient dit avec beaucoup de douceur. On sentait qu'ils étaient émus. Et le fait de sentir leur émotion, ça a montré de l'humanité. Et c'était vraiment… ça a fait beaucoup de bien. Même les sages-femmes qui ont été là, elles ont été très douces, très gentilles, très présentes. On est toujours en contact avec certaines d'entre elles, dix ans pratiquement après. Elle suit toujours mon petit garçon sur les réseaux sociaux. Je poste très peu, mais on est toujours en contact. Je me souviens de questions, ça va être quoi de l'avenir de mon fils ? Je me suis dit, je poste dans la planification.

  • Speaker #1

    J'ai besoin d'un plan,

  • Speaker #0

    c'est quoi ? C'est quoi mon plan ?

  • Speaker #1

    C'est quoi les étapes ?

  • Speaker #0

    Le médecin m'a répondu, Madame, comme pour tous les enfants, son avenir, ça va être ce que vous allez en faire. et c'est tellement vrai, c'est exactement ça c'est à dire que au début je me suis dit que tout ce que j'avais imaginé avec mon fils ça n'arriverait pas et en fait tout ce que j'ai voulu faire avec mon fils ça arrive il n'y a aucune différence en fait c'est plus dur je pense que la vraie différence quand t'as un enfant aussi handicapé, parce que Joachim est handicapé reconnu à 100%, c'est pas un petit handicap c'est très lourd ça La trisomie 21 est à la fois très connue et très méconnue, parce que ça affecte évidemment le développement intellectuel, mais pas uniquement, ça affecte tous les organes de son corps, tous. Il n'y a pas un organe qui n'a pas de problème, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est le cas pour toutes les personnes atteintes de trisomie 21, ou particulièrement pour ton fils ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu as trois chromosomes dans toutes les cellules de ton corps. Donc potentiellement, il faut surveiller tous tes organes. parce que potentiellement, il y a un problème sur chacun d'entre eux. Alors nous, on vérifie. Parfois, il n'y a pas de problème. Parfois, il y en a. Là, on passerait des heures à parler de ce qu'on appelle les comorbidités. Donc, c'est tout ce qui peut se déclarer, qui sont liés à la trisomie 21. Mais nous, on a toujours pris le parti avec Nicolas de ne pas faire l'autruche et de vérifier. Donc, on fait énormément d'examens avec notre fils pour vérifier, pour prendre en charge de manière précoce pour qu'il ait un bon développement. Mais du coup, ça paye. Ça paye parce que c'est un petit garçon qui est en ULIS actuellement, donc dans la même école que mes deux autres enfants. L'ULIS ? L'ULIS, c'est des classes, en fait, des classes, un établissement normal, classique, mais avec un instituteur ou une institutrice spécialisée, dans des petits effectifs, et l'enseignement est complètement adapté. Ils font des zones d'inclusion dans les classes. Moi, en l'occurrence, il est avec ma fille, très souvent. Et après, il retourne dans sa classe où il a un peu plus des cours particuliers, un très petit effectif pour l'accompagner un peu plus. de manière un peu plus personnalisée. Et tout ce qui a pu être mis en place, à la fois sur le suivi médical, le suivi éducatif, mon petit garçon a fait du tennis, moi lui, il en avait marre, donc il est passé au judo, il fait du piano, il sait lire des notes sur une partition, il apprend à lire, il sait jouer un petit peu du piano. Ça fait deux ans, donc ce n'est pas encore chaud. Mais en fait, tout ça contribue à son éducation. Et le piano, on le prend vraiment. en mode, c'est un suivi éducatif et rééducation pour lui. C'est-à-dire qu'en gros, ça lui apprend à coordonner ses doigts, ça lui apprend à lire sur une ligne droite. Tout ça, il ne sait pas le faire. Et c'est là où tu te rends compte qu'avec la trisomie 21, il n'y a absolument rien dans le corps humain qui est inné. Mais rien. Tout est de l'ordre de l'apprentissage pratiquement. Même respirer correctement, en fait. C'est-à-dire que lui, il a dû, il y a un moment, il a dû apprendre à respirer, parce qu'il respirait par la bouche, alors qu'on doit respirer par le nez euh Je me souviens d'une vidéo qui avait été particulièrement émotionnelle à la maison, parce qu'on est toujours très proche des éducateurs, donc pendant un temps, ils envoyaient des petites vidéos. Et là, ils m'ont envoyé une vidéo de mon petit garçon qui apprenait à tenir son plateau à la cantine. Parce que pour la plupart des enfants, ils vont faire tomber une fois leur repas, et puis après, c'est fini, ils ont compris, ils ne feront plus jamais tomber leur repas. Ben non, Joachim, lui, il a dû apprendre ça. Ça a été des semaines d'apprentissage pour tenir son plateau droit. Pour lui, marcher, c'est comme s'il devait marcher dans la neige avec des moon boots, tu vois. Beaucoup de neige. c'est dur écrire c'est comme si tu devais prendre un crayon et écrire avec des gants de boxe c'est à peu près le même genre de sensation qu'il a tu vois tout est difficile tout est de l'ordre de la rééducation je sais pas en fait ouais et donc c'est c'est pour ça en fait que pour moi c'est un peu c'est mon inspiration au quotidien Joachim parce que sa vie est dure alors c'est un petit garçon qui est extrêmement joyeux mais il passe par tellement d'étapes tout le temps enfin c'est tout est dur pour lui Il n'y a rien qui est facile. Et même son inclusion est compliquée. Parce qu'on pourrait croire que, en plus avec les films qui sont très sympathiques sur l'actrice 2021, c'est une connotation assez sympa, l'actrice 2021 actuellement, je trouve. Mais en fait, l'inclusion, c'est un effort. Il ne faut pas se leurrer. Ce n'est pas juste « j'ai envie d'être inclusif » . Non, il va falloir que tu t'adaptes à un enfant qui a un handicap, qui n'aura pas un comportement toujours classique. Et à partir du moment où les gens ont commencé à tester, ils se disent « Oh, une fois, deux fois, au bout de trois fois, sur le long terme, c'est un marathon en fait. » C'est ça qui est compliqué, c'est que c'est un marathon. J'avais beaucoup plus de soutien et de support quand il était bébé qu'aujourd'hui. Parce qu'il arrive à dix ans, ça fait dix ans qu'on a besoin de la même chose et ça ne s'arrêtera jamais en fait. Et voilà, ça c'est la partie la plus dure, c'est ce côté marathon. Donc il faut aussi, en tant que parent, se protéger de ça. C'est-à-dire que parfois, quand il faut dormir, il faut dormir. Parce que ça demande tellement d'énergie qu'il faut aussi être... Parfois, on s'interne avec mon conjoint. Parfois, c'est lui qui va faire une sieste le samedi après-midi. Parfois, c'est moi. Et il faut toujours se ménager et se préserver. Parce que ça n'arrêtera jamais, en fait. Il n'y a pas un moment où je me dis, ça y est, il n'y a plus de handicap, ça a disparu. Ça, ça n'arrivera pas. Et un petit garçon comme Joachim, je pense que c'est plus de joie, plus de bonheur, de fierté que n'importe quel enfant. Parce que le moins de petits succès, c'est qu'on sent tout ce qu'il y a eu derrière. Et donc, je suis toujours extrêmement fière quand il arrive à faire quelque chose. Là, il a passé sa ceinture de judo. Il a la jaune et blanche. Il a son petit diplôme. Il a ce sourire. Tu sens qu'il est heureux et fier de lui. Et je suis fière que mon fils puisse être fier de lui. C'est ce côté où je me dis, il n'a pas honte de lui. Il a sa place avec les autres, avec d'autres enfants qui ne sont pas handicapés. Et il a sa place, et les autres enfants sont toujours à le protéger. Tu vois, il ne cherche jamais aucun enfant pour faire des prises. Il y a toujours un enfant qui vient, qui me dit, je vois qu'il me vient avec moi. Ouais, ça, c'est super. Mais par contre, c'est beaucoup plus inquiétude. Ça, c'est... Tu sais, c'est un petit peu, alors je ne suis pas du tout quelqu'un de spirituel, mais l'image, c'est vraiment cette histoire de ying et de yang, tu vois. Les petites joies, ça apporte des petites peines, mais là, les très grandes peines, ça apporte aussi des très grandes joies. C'est exactement ça, Joachim. C'est-à-dire que je ne pense pas qu'on puisse être autant... Je sais qu'il y a beaucoup de parents qui me disent « On est toujours inquiets quand on a un enfant » , ce qui est vrai. Je suis inquiète pour Zoé, je suis inquiète pour Yann, évidemment. Mais imagine l'inquiétude que tu ressens quand tu as un enfant qui est très handicapé, au quotidien. C'est-à-dire qu'il n'y a pas une journée où je ne m'inquiète pas pour lui. Je ne me demande pas ça va être quoi son avenir. Qu'est-ce qu'il va faire plus tard ? Est-ce que quelqu'un s'est moqué de lui ? Est-ce qu'il a mal quelque part et je ne l'ai pas vu ? Tu vois, une fois, il était tout petit. Il était en poussette et on l'amenait à l'école. Parce qu'au début, Jacques-Yves, les longues distances, c'était compliqué. Même pour aller à l'école, il était en poussette au début. Et il se met à saigner du nez. Pour n'importe quel enfant, tu dirais, il s'est gratté et puis il saigne. Nous, avec Nicolas, on s'est regardé et on s'est dit, « Ah, est-ce que c'est une leucémie ? » ça a été direct parce que c'est un risque c'est parti des risques associés à la trisomie 21 bon au final c'était pas ça on fait des prises de sang plusieurs prises de sang tous les ans pour vérifier Et on vérifie la leucémie, évidemment, avec les globules blancs, plusieurs fois par an. On sait qu'il y a des risques d'Alzheimer précoce chez lui, des risques de cancer, il y a énormément de choses, une épée de Damoclès au-dessus de ta tête qui est là constamment, les risques aussi qu'il peut prendre du fait de son comportement. Tout ça, le fait qu'en tant que parent, on a toujours peur aussi de l'environnement des enfants. Les enfants handicapés sont plus victimes de prédateurs que d'autres. Donc tout ça, ça fait que oui, on s'inquiète toujours beaucoup, beaucoup plus pour Joachim que pour nos deux autres. Mais il faut quand même qu'on réussisse à trouver l'équilibre avec les deux autres et qu'ils aient aussi autant de place que Joachim.

  • Speaker #1

    Et ça, déjà, vous leur avez fait de la place parce que tu es retombée enceinte il n'avait pas deux ans. Vous avez fait ce choix d'enchaîner.

  • Speaker #0

    Oui. Quand il est né, on nous a dit « Il faut que vous ayez une grande famille pour lui. » C'était vraiment... C'était le premier. Souvent, tu vois dans des familles, c'est souvent le petit dernier. Nous, c'était le premier. Donc Zoé est venue assez rapidement derrière parce que c'était nécessaire. Et il n'y a pas une seconde où je regrette parce qu'ils sont vraiment fusionnels. Ils s'entendent. Ils se sont vraiment meilleurs amis. Et dès le début, il y a eu cette connexion dès le début et des photos qui sont restées chez nous très très fortes que Nicolas, c'est toujours son fond d'écran. portable d'ailleurs. Tu les vois tous les deux, ils sont tout petits, ils se regardent et tu sens cet amour entre eux et ça se confirme. Aujourd'hui encore, tu vois Zoé, parfois tu dis non mais on va pas prendre Joachim, la fille dit si moi je veux absolument que mon frère soit avec moi, ils sont très très liés. Et par contre Yann, lui est plus arrivé pour Zoé et pas pour Joachim. C'est à dire que je voulais pas que Zoé ait seul ce poids de son frère handicapé. Alors évidemment ce sera toujours à nous parents de ce qu'il faut. de Joachim, on ne va jamais remettre le poids de Joachim sur eux, mais bon il y a bien un jour où on disparaîtra de toute façon, mais bon j'espère le plus tard possible, mais ce poids de devoir et avoir même un confident parfois qui comprend la situation, parce que honnêtement tu comprends jamais la situation complètement quand t'es pas concerné, c'est impossible, c'est trop particulier comme situation, pour comprendre ce que c'est qu'au quotidien de gérer un enfant avec un si lourd handicap, tout ce qu'on doit mettre en place, tous les refus qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Quel type de refus,

  • Speaker #0

    tu as ? C'est constamment, en fait. Après, il faut toujours le prendre avec beaucoup de patience et sourire. Mais par exemple, peut-être que c'est un peu abusé, mais même dans l'école très inclusive de Joachim, il n'a pas accès à l'étude. Parce qu'il n'y a pas assez de surveillants et donc il pourrait créer un petit peu de chahut. Donc, on n'en veut pas. Il y a d'autres enfants qui font du chahut, ce n'est pas grave, mais lui, il ne peut pas. Et là, j'essaie de me battre. Ça, je n'ai pas eu gain de cause. Pourquoi ça marche ? Là, je n'ai pas eu gain de cause. Au mini-club, quand on va dans un camping où il y a un mini-club, quand on arrive avec nos trois enfants, Joachim est toujours une sorte de petit... Parce qu'il y a une peur, et c'est normal. Honnêtement, ça, je ne prends pas mal parce que c'est des jeunes, souvent. Ils ont 18 ans. ils ont jamais été confrontés au handicap ils ont peur je comprends, il n'y a pas de problème vous avez peur, vous savez pas trop comment vous y prenez avec Joachim vous avez peur de ne pas savoir je vous laisse la matinée, je reviens midi et puis on en reparlera midi on le récupère même pas ils veulent le garder c'est bien souvent la mascotte du groupe Joachim mais voilà il y a toujours des étapes supplémentaires avec un enfant différent c'est jamais aussi simple que ça les activités extrascolaires, j'ai dû trouver une professeure de piano qui avait, même pas une formation, mais une appétence particulière pour le handicap, qui avait dû gérer des enfants avec une trisomie 21. Voilà, parce que si j'étais allée voir un professeur classique, ça aurait été plus compliqué à mon avis à trouver, tu vois, quelqu'un qui avait envie de s'occuper de mon petit garçon. Donc, mais oui, trouver, voilà, on était sur le sujet de trouver la place pour Joachim et Yann. ils ont les mêmes activités extrascolaires, j'accorde beaucoup d'importance. Mais tu vois, ça me rappelle une petite anecdote. Quand Zoé était petite, je crois qu'elle n'était pas encore née à l'époque, voilà, elle était vraiment tout petite. Zoé me dit... Elle était pas très bien, elle était un peu chafouin à ce moment-là. Et donc, je la prends à part et j'aime bien discuter, parfois seule à seule avec mes enfants. Et à l'époque, elle était 2h-3h, je pense. Et elle me dit, maman, tu t'occupes plus de Joachim que de moi. et je lui dis t'as vraiment l'impression que je m'occupe plus de lui en termes de temps que je passe plus de temps avec lui que toi et il dit oui. Et je lui dis, bah t'as raison parce que c'est vrai. Il y a un moment où vous allez la face. C'est vrai. Je passe plus de temps avec mon fils qu'avec mes deux autres enfants de manière individuelle. Et mentir, je ne ment jamais à mes enfants, sauf sur certains aspects, comme par exemple tout ce que je t'ai raconté sur les comorbidités. Ça, évidemment, ils ne sont pas au courant. Ce n'est pas de leur âge. Mais j'ai tendance à ne pas mentir à mes enfants, à leur dire plutôt la vérité. Et là, je me dis, mais c'est vrai. Mais quand je passe du temps avec Joachim, c'est pour aller faire des examens médicaux. Tu vois, on va faire des prises de sang, on fait des scanners, des IRM. On va faire des tests d'apnée du sommeil à l'hôpital Necker. C'est drôle. Tu crois que je suis à Disneyland ? Et là, elle me regarde et elle fait « Ah non ! Tu veux faire la même chose ? Ah non ! » Et ça a calmé le jeu tout de suite. Depuis, elle me dit plus jamais ça. Elle comprend que le temps qu'on passe avec Joachim, c'est pour des raisons médicales. C'est pas du tout… Le temps de loisir, ils ont autant de temps de loisir les uns que les autres. On s'arrange pour que ça se passe de la même manière entre les trois.

  • Speaker #1

    Du coup, tu t'arranges, c'est-à-dire que tu es consciente du temps de loisir et que tu accordes à chacun de tes enfants pour que ce soit équitable.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est-à-dire qu'en gros, quand j'ai passé un après-midi seul avec l'un, je passerai un après-midi seul avec l'autre, enfin seul avec les deux autres aussi. J'aime bien faire ça pendant les vacances, passer du temps seul avec chacun de mes enfants. Il faut que ce soit équitable. Même si le petit dernier a tendance à être un peu plus maman parce qu'il est encore petit, il n'a que 4 ans. Donc, il a tendance à vouloir demander un peu plus de temps. J'essaie quand même de toujours tout faire pour passer autant de temps avec l'un qu'avec l'autre et discuter avec eux. Ça, c'est très important. Est-ce que j'y arrive ? Je n'en sais rien. Je suppose que quand ils seront ados, ils me reprocheront plein de choses. Comme tous les ados. Ça,

  • Speaker #1

    ce sera autre chose de toute façon.

  • Speaker #0

    Mais j'essaye en tout cas. J'essaye de leur accorder beaucoup de temps de manière individuelle et en groupe. Même le choix des jeux. J'essaie de tourner. Ce n'est pas toujours un qui va choisir le jeu. et j'adore passer du temps avec mes enfants j'adore ça ça me rappelle une discussion que j'ai eu avec un de nos partenaires qui m'a demandé Capucine c'est quoi tes loisirs et je lui ai répondu jouer avec mes enfants il m'a regardé mais c'est pas un loisir ça moi c'est un moment de pure joie être par terre avec eux et faire un jeu de société c'est mon loisir à moi j'adore ça les petits chevaux j'aime pas trop mais Merci.

  • Speaker #1

    Le jeu de loi, c'est quand même terrible. Tu repars...

  • Speaker #0

    C'est pas le mieux. Mais voilà, parfois, on découvre des jeux très sympas. Est-ce qu'il y a un moment où tu as été au bord du burn-out,

  • Speaker #1

    du découragement, du désespoir ? Parce que là, tu nous crées bien quand même l'image de la superwoman qui arrive pour te déverrouiller tous les moments.

  • Speaker #0

    Oui, mais évidemment, j'ai envie de pleurer.

  • Speaker #1

    Non mais au-delà de pleurer, tu n'as jamais eu un coup de déprime ? Tu es restée positive, conquérante, j'avance tout le temps ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai des moments down, ça arrive. Ça m'arrive, j'ai arrivé de pleurer parce que j'étais épuisée, j'en avais marre. Mais c'est toujours très temporaire. Ça va durer une soirée. C'est jamais très très long. Pourquoi ? Alors ça, je n'en sais rien. Vraiment, je ne sais pas d'où ça vient. Je pense que j'ai beaucoup d'énergie assez naturellement. Et je trouve que dans le fond, je ne suis quand même pas à plaindre. Ça va, mes enfants vont bien. Joachim, malgré son handicap, s'en sort vraiment bien. J'ai un travail que j'adore, j'ai des amis. Je gagne correctement ma vie. Je ne suis pas en galère au quotidien. Il y a des moments qui étaient très durs. Et je pense que vraiment, le moment le plus dur... probablement été la naissance de mon fils. Là, je pense que ça a duré à peu près trois semaines, je crois. Trois semaines où vraiment, je pense que je pleurais un peu non-stop.

  • Speaker #1

    Il y a des mamans qui n'accouchent pas d'un enfant trisomique.

  • Speaker #0

    En plus, voilà, ça peut arriver de faire un postpartum. Là, je pense que c'était vraiment lié à la situation du récidive.

  • Speaker #1

    Le deuil, donc le fameux deuil de l'enfant parfait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très dur... dans ce genre de situation, c'est que c'est à la fois le plus beau jour de ta vie et le plus dur. Ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #1

    C'est pour Ying et ton Yang, là. T'es à fond dans...

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ce côté-là toujours, cet équilibre. Et c'est dur, il y a un moment où il faut l'accepter, ça. C'est-à-dire que, tu sais, une fois j'ai lu... C'est hyper intéressant à lire. Les étapes du deuil. Oui. C'est la colère, l'acceptation, tout ça. quand tu lis même dans ce genre je n'ai pas perdu un enfant, j'ai des gens qui passent par des choses bien plus terribles. Perdre un enfant, je pense que c'est la pire chose. Mais j'avais lu ces différentes étapes du deuil, Et en fait, ça concerne beaucoup d'autres choses qu'uniquement la perte de quelqu'un. Et là,

  • Speaker #1

    c'est le deuil d'un travail, on peut faire le deuil d'une relation.

  • Speaker #0

    Et vraiment, à chaque moment, j'ai exactement retrouvé en regardant les différentes étapes ce qui s'était passé à l'adolescence de Joachim, ce côté colère, recherche de responsable. Et à la fin, ça finit toujours par, je crois, passer l'acceptation. Il faut que tu acceptes la situation telle qu'elle est et il va falloir que tu fasses avec de toute façon. Donc, tu as deux possibilités. Soit tu te morfonds et tu es malheureux, soit tu acceptes et tu fais avec ce que tu as et tu avances. Et tu peux être très heureux, vraiment, et sincèrement, très foncièrement heureux avec un enfant différent. Et je ne pensais pas que c'était possible. Je ne pensais pas que c'était possible avant d'avoir des enfants. Quand j'étais jeune, je ne voulais même pas d'enfants, d'ailleurs. Au final, j'en ai trois. Mais tu apprends juste à vivre différemment et vraiment, ça apporte énormément. Je pense que je ne vois pas le travail de la même manière. Je ne suis pas moins impliquée, mais je prends beaucoup plus de recul. dans mon travail, aujourd'hui, avec un Joachim. Ce qui est dur n'est jamais dur, en fait. Parce que ce qui est dur, c'est ce que Joachim vit, pas ce que moi, je vis. Et je vois que lui, il vit tout avec le sourire, avec la bonne humeur, il est content. Donc, je me dis, si lui, il y arrive, on va y arriver aussi. Mais c'est vrai que le plus dur, c'est ce côté vraiment marathon. Ça ne s'arrête jamais, ou tu t'inquiètes, ou tu te dis, mais qu'est-ce que je peux mettre en place ? Et donc, tu te mets énormément de pression. Je pense que c'est vrai au quotidien. Tu te mets beaucoup de pression pour dire... Ma pression, c'est de me dire qu'il faut que j'économise au maximum parce que comme mon petit garçon sera en âge d'être un peu plus autonome, il ne pourra pas gagner sa vie correctement, voire il pourra la gagner tout court. Je veux qu'il ait une vie aussi très correcte plus tard. Il n'y a pas de raison. Je mets un peu beaucoup de côté pour lui plus tard. J'aimerais bien avoir mon projet aussi d'insertion professionnelle pour lui plus tard. C'est un truc auquel je réfléchis depuis quelques temps. C'est encore un peu tôt, puisqu'il n'a que 9 ans. Mais je pense que quand il sera en âge, je pense à la fin du collège, quand il commencera à discuter un petit peu d'orientation professionnelle, je pense qu'il est fort chance que je lâche mon travail à ce moment-là. Je pense. On verra, mais ce n'est pas maintenant. C'est encore dans pas mal d'années, puisqu'il est encore jeune. Mais j'aimerais bien avoir un projet professionnel avec lui. Ça me plairait.

  • Speaker #1

    Ça fait le lien avec le rituel des trois dernières questions. La première est, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans la ville que tu veux, il y a énormément de passages en dessous, tu peux y inscrire et y afficher ce que tu veux. C'est ton message au monde, qu'est-ce que tu affiches ?

  • Speaker #0

    J'aimerais bien mettre une photo plutôt de jeunes adultes en situation de handicap, pas forcément que de la trisomie 21, mais plutôt du handicap intellectuel et qui travaillent. Voilà, je ne sais pas ce qu'ils peuvent faire, ça peut être de la boulangerie, ça peut être de la sculpture, de l'ébénisterie, je ne sais pas, ça peut être plein de choses. Mais je veux les montrer qu'ils sont capables aussi d'apporter quelque chose à la société. Voilà, c'est ça que j'aimerais montrer, parce qu'ils en sont vraiment capables. Et ils font partie à part entière du marché du travail, et que c'est important d'accepter la fragilité. Parce qu'on a tous un moment dans notre vie... où on est fragile et on aura besoin d'aide. Ça peut être n'importe quoi. Ça peut être une maladie, ça peut être la perte d'un proche, ça peut être un divorce, qui peut être très dur aussi parfois. Toujours un moment où on a une fragilité et on a besoin des autres. Et le fait de travailler sur la fragilité dans le monde du travail, je trouve que ça montre qu'on n'est pas des machines et qu'on est au-delà de la tête. Je pense qu'il y a quelqu'un qui bosse dans la tête. J'adore la technologie, mais je pense que la technologie est au service de l'humain. Voilà. Et ça, c'est... Pour moi, c'est très important de laisser l'humain toujours au cœur de tout.

  • Speaker #1

    Magnifique. Et de montrer que tout le monde peut apporter la valeur à la société.

  • Speaker #0

    Tout le monde a une valeur. Tout le monde.

  • Speaker #1

    Et si tu pouvais voyager dans le temps et tu te retrouves face à Capucine dix ans, qu'est-ce que tu lui donnes comme conseil ?

  • Speaker #0

    Attends, dix ans, j'étais quand ? J'étais où ? En SEM2 ? SEM2. SEM2 6e. Fais-toi confiance. Oui, comme beaucoup confiance qu'on a dix ans je faisais pas partie de cette équipe là en tout cas et pour autant mal à la vie est plein de super à apporter et ouais il peut y avoir des jours meilleurs en fait Tout n'a pas été très cool autour de mes 10 ans. Mais il y a plein de choses sympas. Et tu vas voyager. Tu voyageras plus tard. Tu prendras l'avion et tout ça.

  • Speaker #1

    Tu verras du pays.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, la dernière question, tu y as un peu répondu, mais peut-être que tu as une autre réponse. C'est, quel est le projet que tu n'as pas encore lancé, que tu aimerais bien, mais tu n'oses pas encore ?

  • Speaker #0

    Oui, typiquement, ça tournera autour de l'employabilité de mon fils et de ses petits-popins. Je ne sais pas encore ce que je veux faire exactement. Si je te réponds maintenant, tout de suite, je te dirais, moi j'aimerais bien ouvrir une sorte de magnifique maison d'hôte, pas très loin de Paris, où il y aurait une sorte de jardin inclusif, où il y aurait plein de différents métiers auxquels ces enfants, ces jeunes adultes, pourraient être associés. Ça, c'est un projet qui me plairait bien. Je commence tout juste à y réfléchir parce que c'est un très lourd investissement. Il faudrait qu'il puisse y avoir un hébergement pour ces jeunes-là. Il faudrait qu'il y ait un encadrement de la part de professionnels. Il faudrait travailler sur la rénovation du bien. Il y aurait un milliard de choses à faire qui pourraient être passionnantes. Mais comme je n'aurai plus de revenus si je fais ça, il faut que j'économise avant. Parce que pour l'instant, c'est un beau projet, mais l'objectif ne serait pas de gagner ma vie. Ce serait plutôt d'apporter un sens à la vie. par le travail ce serait plutôt ça voilà mais voilà peut-être d'ici 5-6 ans je pense un peu plus peut-être parce que Jacqueline est encore petite mais ouais pour ses 16 ans ce serait pas mal d'avoir un projet comme celui-là et peut-être que c'est dans longtemps donc peut-être que d'ici là j'aurai une autre idée voilà

  • Speaker #1

    on va laisser cette idée germer et fleurir à son rythme prendre du temps comme une jolie petite fleur, une jolie capucine. Merci beaucoup, capucine, pour ton temps. C'était un échange haut en couleurs. C'était vraiment le yin et le yang. On a été dans la grande joie et aussi dans la grande émotion. Tu m'as beaucoup émue. Je t'admire énormément. Merci beaucoup, capucine. Et je t'ai dit à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très vite. Merci pour tout.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être restée jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu,

  • Speaker #1

    intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager.

  • Speaker #2

    ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé.

  • Speaker #1

    Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • La découverte du handicap de Joachim

    00:06

  • Le parcours professionnel de Capucine Delval

    01:15

  • Un parcours fait de hasards

    04:01

  • L'impact émotionnel du handicap

    31:43

  • Messages et conseils pour l'avenir

    56:46

Description

Le plus beau jour de sa vie a été le plus dur.


A la naissance de son fils Joachim, Capucine remarque tout de suite qu'il y a quelque chose d'étrange.


D'instinct, elle sait.


Quelques heures plus tard, un médecin maladroit fera tomber le doute ; son petit garçon merveilleux est handicapé.


3 chromosomes au lieu de deux - trisomie 21


Jeunes parents depuis quelques heures, leur vie chavire.


Pourtant, ils avaient fait tous les tests ; ils n'avaient aucune raison de s'inquiéter.


Ca arrive


Et ça ira. Très vite, elle en est persuadée.


Capucine Delval est aujourd'hui Directrice Global Accounts chez Shopify.

Elle a 3 enfants

Elle est impressionnante de force et d'optimisme


Dans ce nouvel épisode de the Patronne, Capucine nous partage :

  • son parcours professionnel qui n'a pas du tout été un long fleuve tranquil

  • l'importance de créer un réseau d'influence

  • l'amour fou qu'elle porte à ses enfants

  • comment elle concilie carrière, soins médicaux et équilibre d'attention entre ses 3 loulous


Un épisode Ying & Yang où nous explorons la force et la complémentarité des extremes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour ceux qui nous écoutent, explique-nous quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #1

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. Je fais tous les tests dans des très bons endroits.

  • Speaker #0

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a... oser, oser avancer et ça sans avoir toutes les réponses. À travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte ou d'apprendre à dire non à ton boss ou à qui que ce soit, tu vas voir que le courage de mes invités va te... t'inspirer. Laisse-moi lancer ces 24 minutes en revanche.

  • Speaker #1

    C'est trop bavard. Ça peut pas changer.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'accueille Capucine Delval. Capucine, tu es directrice Global Accounts, donc directrice des comptes globaux chez Shopify. Ça veut dire, pour ceux qui, comme moi, il y a deux minutes, ne savaient pas ce que ça veut dire, les entreprises qui ont leur siège en France. Notamment, je travaille avec des grandes maisons de luxe aujourd'hui pour Shopify. Mais ce parcours brillant a démarré de manière pas forcément chaotique, mais tu viens de me partager un certain nombre de galères. On va l'évoquer et on va aussi parler de ton parcours personnel et notamment de ta maternité. Tu as trois enfants, le dernier Yann a 4 ans, Zoé a 7 ans et l'aîné Joachim a 9 ans. et Joachim est porteur de handicap. Tu vas nous partager comment tu as vécu ce chamboulement, parce que l'arrivée d'un enfant, c'est toujours un chamboulement. Et quand tu découvres l'handicap, c'est aussi un sacré tsunami. Donc, tu vas nous raconter tout ça. Bienvenue, Capucine !

  • Speaker #1

    Merci, Elbi. Je suis vraiment ravie de te retrouver. On se connaît depuis très, très longtemps. Et oui,

  • Speaker #0

    on se connaît depuis nos 17 ans. Voilà. Et après pas, on s'est croisés complètement par hasard l'année dernière, il y a quelques mois en tout cas. Et c'est un grand plaisir de te retrouver et de t'interviewer parce que je trouve qu'en dehors de ton énergie pétillante, tu as une manière de voir les sujets qui est très originale. Tu me racontais déjà, alors vas-y, de manière rapide pour le podcast, mais... Toutes les galères que tu as vécues en tant qu'étudiante et comment tu as choisi ton parcours de vie. Quand je t'ai rencontrée, je me suis dit que cette fille sait où elle va. Elle a un objectif hyper précis. Elle est vraiment super directionnelle. Et en fait, je me suis trompée.

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Pas du tout. Justement, on parlait de ça juste avant. On se connaît depuis la prépa. Mais avant, on parlait de notre parcours quand on était au lycée. Et la manière dont on avait choisi un petit peu les différentes filières. Moi, je me suis retrouvée en écho parce que je n'aimais pas la physique. Après, il a fallu que je choisisse qu'est-ce que j'allais faire après le bac. En fait, je ne savais pas. Donc, je suis allée par hasard à un centre d'orientation. Et il y avait ce magazine où c'était écrit Prépa Voix Royale. C'est pour moi la Prépa Voix Royale.

  • Speaker #0

    La grande classe. Ça donne envie en même temps. C'est un titre accrocheur. Ils ne te disent pas que tu vas vraiment galérer pendant deux ans.

  • Speaker #1

    ça c'est un peu caché mais voilà c'était plutôt pas mal parce que on retrouve un peu toutes les matières et moi je sais pas laquelle choisir il y avait un fort encadrement et honnêtement 17 ans je me sentais pas capable de partir à la fac d'être complètement libre à moi même je me sentais assez immature donc voilà je trouvais que la prépa correspondait plutôt bien à mon état d'esprit à ce moment là et je me suis dit après deux ans de prépa je vais savoir ce que je veux faire et ben non non non donc on part vers les écoles de commerce donc je suis partie en école de commerce même chose je veux savoir ce que je veux faire après l'école de commerce. Ben non, toujours pas. Il a fallu choisir ma dominante. On m'a dit, en fait, les stages les mieux payés, c'est en audit. Alors, je suis partie faire de l'audit.

  • Speaker #0

    Beaucoup de gens de notre génération, maintenant, ce n'est plus tout à fait le cas. Mais en gros, si tu voulais bien gagner ta vie, tu choisissais audit.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc voilà, je suis partie en audit. J'ai détesté. En plus, je n'étais même pas dans le département audit. Je suis partie chez Erstenian. Et j'étais en département conseil chez eux. Et je n'ai pas du tout aimé. Je pense que j'ai limite fini en burnout à la fin. Vraiment, je détestais ce côté extrêmement cadré, rigoureux. Je n'ai pas aimé l'ambiance. Ça ne me ressemblait pas du tout. Mais par contre, ce qui était sympa, c'est que j'ai eu des missions en ingénierie financière. Donc ça, j'ai adoré. Je me suis dit, c'est ça que je veux faire. Je suis repartie à l'EMU pour faire un master spécialisé.

  • Speaker #0

    Génierie financière, exactement.

  • Speaker #1

    En gros, c'est faire des modèles. J'ai fait des modèles sur Excel pour faire des modèles de financement ou des modèles de fusion.

  • Speaker #0

    Tu gères des gros tableurs Excel, quoi.

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de tableurs Excel. Ça, j'aime. Je n'en fais plus du tout, mais à l'époque, j'adorais. Et quand ça moulinait, j'étais trop contente.

  • Speaker #0

    Tu avais bien fait ton taf. Tu avais fait ce qui était le plus important.

  • Speaker #1

    Et ça tournait, tu faisais des petites boucles et tout. Donc ça, c'était vraiment mon truc à l'époque. Je suis partie en M&A, mais j'ai fait mon stage. Après, je suis partie en VIE à New York pour faire du M&A aussi. Et en fait, c'était la grosse crise à l'époque. C'était la période où les Man Brothers s'est explosé. Donc, je suis revenue en Europe, plus du tout de travail. Il a fallu que je trouve un job. Donc, pour la petite anecdote, je suis allée sur le site de l'Aim Lyon et j'ai fait une recherche par mot-clé. Donc, le mot-clé, c'était quoi ? C'était acquisition. Je voulais travailler en fusion acquisition. Et il y avait un job chez American Express pour le département acquisition. Rien à voir. Rien à voir. En gros, c'est les sales. Donc, j'ai été analyste financière. pour le département acquisition d'American Express.

  • Speaker #0

    Tu as eu ce job. Même si c'était complètement un hasard, tu as réussi à choper un job.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et dans un contexte qui était hyper difficile, j'avais mon emprunt étudiant à rembourser, il fallait absolument que je trouve un job. Mais j'adorais les personnes que j'ai rencontrées en entretien et c'est toujours ce qui m'a driveée dans mes choix de carrière, c'est les personnes que je rencontrais, est-ce que j'ai envie de travailler avec cette personne-là ou pas. Ça, c'était toujours très facile. Et donc voilà, j'adorais les personnes qui m'ont reçues en entretien, je les ai trouvées intéressantes, sympathiques. j'ai passé deux années exceptionnelles. J'ai beaucoup ri, vraiment, on a beaucoup travaillé aussi. On s'est beaucoup amusé, on est toujours en contact. Je suis restée que deux ans mais je suis toujours en contact avec ces personnes aujourd'hui et on se revoit régulièrement pour un café, pour un déjeuner. Vraiment, on a créé des liens assez forts. J'ai même retrouvé plus tard dans ma carrière certains d'entre eux d'ailleurs. Et après ça, donc voilà, au bout de deux ans, j'ai été débauchée par PayPal pour rejoindre leur département espionné. où j'ai géré l'Europe du Sud pendant un certain temps. Et après, j'ai bougé en interne, j'ai fait différents jobs. Ça n'a pas toujours été très simple. Le premier mouvement, ça a été parce que j'en avais un petit peu marre de faire de la finance. C'était le plus loin possible. Et on m'a dit, écoute, il y a un poste qui s'ouvre pour être en gros le partenaire financier du département de produits. Allez, on va tenter, on va voir. Donc, j'ai travaillé pendant à peu près 2-3 ans, je crois, à faire ça. C'est passionnant. J'ai rencontré la meilleure manager de ma vie. Elle était extraordinaire, une Américaine. Et après ce job-là, à mon retour de congé mat, ce job a été annulé, donc il a fallu que je trouve une urgence à un autre poste en interne. Je suis partie faire du project management un peu herculant. Vraiment, je n'avais pas du tout envie de faire du project management. Je suis venue du M&A, je faisais du project management. Pour moi, ce n'était pas du tout mon plan de carrière. J'ai fait ça pendant un an, pareil avec une manager qui a été extraordinaire, qui m'a appris énormément de choses sur comment on gère un projet, comment on gère une réunion. Comment on structure un follow-up ? Comment poser les bonnes questions pour faire avancer les projets ? Plein de tips que j'utilise toujours aujourd'hui. Je continue toujours de travailler avec ces méthodes. Je n'ai travaillé qu'un an avec elle, mais elle m'a vraiment marquée très profondément. Je suis vraiment très reconnaissante. Mais pendant que j'étais dans ce job-là, j'ai été contactée par une autre personne qui s'appelle Caroline Télier. On a échangé et elle recherchait quelqu'un dans son équipe et dans le département commercial. Et je me souviens bien de nos premiers échanges, j'étais un peu en mode, mais enfin Caroline, je suis une financière, enfin, allez au département commercial, les financiers, les commerciaux, on n'est pas vraiment copains. Et elle m'a partagé sa vision de l'approche commerciale, et j'ai adoré sa vision. Elle était vraiment en mode consultante en fait, et pas du tout en mode sales, genre comme tu peux les imaginer, il faut absolument que je vende mon produit, pas du tout. Elle était vraiment à l'écoute des clients. elle me disait toujours, moi si un client me dit qu'il n'est pas content et que ça ne marche pas, c'est qu'il a raison. C'est que ça ne marche pas. Donc, il faut comprendre pourquoi ça ne marche pas pour pouvoir répondre à son besoin en fait. Et j'ai trouvé que ça avait beaucoup de sens. Ça m'a beaucoup inspirée. Donc, j'ai rejoint son département. Je suis restée un petit bout de temps parce que j'arrivais en 2017 et je suis partie en 2022, donc cinq ans. Donc, j'ai eu mes deux enfants, Zoé et Yann ensuite. Et à mon retour de congé. Plus long congé pour le troisième, ça a été un pur bonheur. Parce que j'étais plutôt en mode, le congé, Matt, c'est bien quand c'est court. Et en fait, pas du tout. En fait, le troisième, c'est six mois pour le troisième. Et j'ai adoré ces six mois. Parce qu'en plus, j'avais mes plus grands qui rentraient. Je pouvais profiter d'eux. Et j'avais mon petit dernier qui était extrêmement sage à l'époque. Encore. Et j'ai vraiment adoré mon troisième congé maternité. Mais à mon retour, en fait, je n'avais plus mes gros challenges. Mes gros challenges, je les bouclais avant de partir. en Gémat et je me retrouvais plus en fait dans ce qu'on me proposait. Et à ce moment-là, un ancien collègue de Shermex m'appelle et me dit « Capucine, je pars chez Stripe, est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que ça t'intéresse à nous rejoindre ? Et c'est comme ça que j'ai postulé. Et puis, ma candidature a été retenue. C'est comme ça que je suis arrivée chez Stripe. Voilà, c'est un peu le parcours assez logique. Donc, je suis restée dans la tech comme ça pendant encore deux ans. Je suis restée chez Stripe pendant deux ans. Je pense que j'avais fait un petit peu le tour. Enfin, on ne fait jamais le tour du paiement, ce n'est pas vrai. Mais peut-être un petit peu une lassitude du milieu du paiement. Et j'ai vu ce job sur LinkedIn. Même pas par relation, même pas du tout. C'était un poste sur LinkedIn. Global Account Director chez Shopify. J'ai postulé et ça a marché. Et j'ai rejoint une super équipe avec des gens incroyables dans une boîte qui est vraiment géniale. Je m'éclate vraiment au quotidien dans ce rôle-là. C'est vraiment très sympa.

  • Speaker #0

    C'est incroyable à quel point ce job d'aujourd'hui qui pourrait être le job rêvé par des jeunes diplômés. Moi, ce que je veux, c'est travailler dans la tech et puis avoir des clients du luxe. Ce n'est pas du tout ton projet. jamais tu as envisagé et en réalité à chaque fois t'as fait des choix assez pragmatiques voire opportunistes au début de ta carrière parce que tu savais pas trop donc tu naviguais un peu à vue puis t'as eu aussi beaucoup de déconvenus finalement parce que le marché s'est retourné il y a eu une crise c'est intéressant de voir ta capacité à ouvrir des portes et dire bah Merci. celle-là, elle grince un peu. Bon, je vais aller chercher une autre porte.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que j'ai toujours eu de la chance dans mon choix d'entreprise. J'ai toujours choisi une entreprise qui avait un peu le vent en poupe au moment où je les ai rejoints. Paypal, il y a 12 ans, ça a explosé. Ça marchait super bien. Ça marche toujours très bien, Paypal. Mais ça n'a plus l'image que ça pouvait avoir il y a 15 ans.

  • Speaker #0

    Ils étaient un peu les premiers à se voir. Ils étaient très…

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est nostalgique de cette période. Les anciens pépaliens, on se retrouve toujours, on se parle toujours. C'est quand même un vrai réseau, les anciens pépaliens. Et on se rappelle toujours nos années, nos premières années chez PayPal, tout ce qu'on a pu faire. C'était une très bonne ambiance. On travaillait dur. À la tech, on travaille dur en général. Mais vraiment, dans une ambiance bon enfant, d'entraide, on était portés par le projet, en fait. Et c'était vraiment très sympa. Et puis, à la fin, je ne me retrouvais plus vraiment. Je suis partie chez Stripe. Je n'ai pas resté si longtemps que ça chez Stripe. Je ne suis restée que deux ans. Mais je suis toujours aussi fan de la technologie. Dans le paiement, pour moi, c'est la Rolls Royce. Elles sont vraiment extraordinaires. Et je pense que c'est ce qui m'a aussi ouvert les portes de chez Shopify, parce que c'est aussi une boîte qui est drivée par la partie paiement. Le fait de connaître le paiement, je pense que ça m'a beaucoup aidée à rentrer. Mais voilà, Shopify, c'est pareil. Actuellement, c'est une boîte qui a vraiment le vent en poupe. Je me plais souvent à dire que je ne suis pas une vraie sales. Je n'ai pas un parcours de sales classique. Je suis une financière à la base. J'ai toujours cette approche très consultante, toujours avec mes clients. Je prends le temps de les écouter, de les comprendre, d'essayer de très orienter le problème solving. C'est vraiment ça mon approche. Je pense que si j'étais une entreprise où vous tapez dans le dur, où la marque n'est pas du tout reconnue, je ne suis pas sûre que je serai aussi performante. Parce que ce n'est pas mon profil. Je pense que ça, je saurais moins bien faire. Ou j'y prendrais peut-être moins de plaisir. Actuellement, ma difficulté, j'ai eu des portes à ouvrir, tout n'a pas été aussi simple quand même. Mais les portes arrivent à s'ouvrir à un moment, après il faut les refermer. Mais l'ouverture de porte est certainement moins difficile avec un nom comme Shopify, qu'avec une entreprise complètement inconnue.

  • Speaker #0

    Il y a un élément que tu viens de dire que je trouve intéressant. C'est la compétence par rapport aussi au type d'entreprise et au marché. Et en même temps, ce que tu dis là sur ces qualités de vente, sur le fait d'être très à l'écoute, de vraiment sonder le client, le faire parler un maximum. Je trouve qu'on en entend de plus en plus parler. Alors, c'est sûr qu'on n'est pas sur les méthodes de vente dans la grande conso où il y a une égo prix qui passe avant tout. mais je trouve que De plus en plus, les manuels, les formations de vente s'orientent sur ce discours-là. Toi, quand tu intègres quelqu'un par rapport à tes équipes, c'est quoi les conseils que tu donnes ? Ou si tu devais donner trois conseils à quelqu'un qui veut être un meilleur commercial consultant, tu donnerais quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, connais bien ton produit. Déjà, je pense que ça, c'est la base. Il faut absolument… Si tu veux partir dans une boîte de tech… et que tu ne t'intéresses pas à la tech, ce truc qui t'attire, c'est la paillette, parce que c'est super, ce n'est pas le bon choix. Ce n'est pas ça qui peut te motiver. Je te disais au début que j'adorais les modèles Excel. J'ai toujours aimé quand même le côté un petit peu technique. Il faut aller chercher, nous, on fonctionne sur le modèle des APIs. Ça m'arrive d'aller regarder un petit peu ce qui se passe derrière. J'aime bien. J'aime bien. Tu vois, quand j'étais en économie au lycée, ce que j'aimais, c'était la partie monétaire, parce qu'il y avait l'histoire de flux. ça c'est toujours été mon truc j'aime bien ça Si tu ne connais pas ton produit, tu ne peux pas bien le vendre. Tu ne peux pas bien orienter ton client. Ça, c'est le premier point. Deuxième point, c'est qu'il faut comprendre ton client, comprendre sa situation. Il faut le faire parler, en fait. Et pour faire parler un client, parce que ça, je l'ai vécu aussi, ce n'est pas en lui posant toujours des questions qui ont lié à leur activité. C'est en créant un lien avec eux. Tu ne peux pas arriver de but en blanc dans une réunion et dire, voilà, vas-y, c'est quoi tes trois pain points ? Ah non, mais je l'ai vécu. Non, ça, ça ne marche pas. Ça, c'est une approche de consultant. Et on ne te paye pas pour ça. Donc, il va falloir que tu crées un lien. Et pour créer un lien, pour moi, ce serait le troisième conseil, il faut que tu sois crédible. Et pour être crédible, il faut que tu fasses tes preuves auprès d'un client. C'est-à-dire qu'en gros, ton client, il va toujours te tester au début. Il va te donner les situations les plus compliquées et il va falloir que tu les résoles. Et c'est à partir de ce moment-là où tu auras réussi à faire tes preuves avec ton client ou tu auras montré à ton client que tu étais disponible, que tu avais réussi à apporter une solution à ses problèmes, qui va commencer à s'ouvrir, à créer un lien avec toi et qui aura une relation de confiance qui va s'établir. Et là, tu vas pouvoir avoir des informations et là, tu vas pouvoir mieux les conseiller et construire la relation. C'est vraiment comme ça que se construit une relation avec eux. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté très vertueux, en fait, petit à petit. Tu construis et ensuite, tu peux élargir. J'aime bien ton point d'arriver et dire, c'est quoi vos trois pain points ? C'est souvent ce que tu peux trouver dans des posts LinkedIn sur les conseils.

  • Speaker #1

    Ça, ça marche pas. Désolée, mais ça marche pas, ça. Idéalement, toujours garder en tête où est ton objectif. Je vais pas le dire là parce que mes clients s'y écoutent. Mais je sais toujours où est mon objectif. Mais en même temps, il faut à un moment que tu crées ce lien avec ton client. Et il faut être fiable. Parce que quand je dis être fiable, c'est parfois qu'ils vont te poser des questions qui sont même pas dans ton scope, en fait. et parfois il faut aller au-delà de son scope pour réussir à résoudre le problème de ton client il faut avoir envie de chercher, je pense qu'il faut être hyper curieux ça c'est je pense que c'est par partie des grosses qualités que je recherche, la curiosité avoir envie toujours de résoudre des problèmes tous les enfants qui aiment bien faire des jeux dans les magazines quand ils sont petits moi j'en faisais partie effectivement,

  • Speaker #0

    joueur t'aimes bien avoir une énigme t'aimes bien aller chercher une solution

  • Speaker #1

    Exactement et ça peut toucher n'importe quel sujet. Donc c'est vrai que la particularité des globales équintes souvent on me la demande, même en interne, Shopify, j'ai encore besoin d'expliquer quel est mon rôle. Je ne suis pas que sur la partie 100% négociation. Évidemment mon rôle c'est de rendre relation avec les sièges des grandes entreprises et de négocier des contrats, mais ça c'est une toute petite partie de mon job. En fait je vais avoir des sujets juridiques, commerciaux évidemment, qui touchent même à la structure du pricing, qui touchent aux produits. Moi, j'aime bien dire que je crée des zones d'influence. Il faut que je développe énormément mon réseau en interne et en externe, les deux. En interne, il faut que je sache très bien à qui m'adresser si j'ai une question. Et donc, c'est tous ces sujets-là qui font mon job au quotidien, qui font le job d'un Global Account Manager. Beaucoup de communication en interne, en externe aussi. Parce que moi, quand je suis arrivée, il y a un an et demi, Shopify comme solution pour les grandes entreprises, ce n'était pas si évident. Ça commence à devenir un peu plus évident, mais il a fallu quand même faire un gros travail de communication externe et mettre beaucoup de choses en place en interne pour réussir à avancer dans cette direction. Le produit est là, j'ai beaucoup de chance là-dessus. Le produit est là, il est exceptionnel. Mais tout ce qui tournait autour de la perception de notre solution, ça a mis du temps.

  • Speaker #0

    Parce que si je ne me trompe pas, au début, Shopify était un des axes de communication, c'était la solution idéale pour les petits commerces.

  • Speaker #1

    Exactement. exactement faire le shift pour aller séduire un LVMH voilà c'est toute la beauté du job et c'est pour ça que dans les jobs que j'ai choisis aussi je pense que c'est la raison aussi pour laquelle j'ai quitté Stripe c'est que j'ai toujours et je l'ai eu quand j'étais chez Paypal justement ce côté où on m'autorisait à être entrepreneur c'est un mot qui est moche mais où tu prends un projet et tu le construis et tu le mènes jusqu'au bout donc ça je l'ai eu de nombreuses fois chez Paypal et c'est pour ça que je suis restée Stripe, je n'ai pas retrouvé ça. Stripe, c'est ton job, c'est ça, les lignes sont claires. et je ne me suis pas vraiment retrouvée là-dedans. Shopify, j'ai un terrain de jeu qui est énorme. Franchement, on me fait confiance, je peux avancer sur plein d'initiatives qui n'existaient pas. J'ai la chance d'avoir des collègues qui sont super, qui répondent aux attentes. Parce que parfois, tu peux avoir des idées, des projets, mais en interne, on te dit non, c'est pas possible, on coupe directement le projet. Non, pour ça, j'ai des collègues qui sont toujours partants quand il y a des nouvelles idées. Ça a l'air super, allez, on y va. Par exemple, on a mis en place tout un programme de formation des commerçants. On est les premiers à avoir mis ça en place au sein du département Global Academy. Ça n'existait pas avant. Il y avait des programmes qui existaient, mais plutôt pour nos partenaires, les intégrateurs, ce genre de profil. Pas du tout pour les e-commerçants. Et on a commencé à avoir des demandes de nos clients. Et on a créé ça avec le département éducation qui a dit, ah oui, c'est super comme projet, on va y aller. Et on y est allés ensemble. Et ça, c'était… Donc voilà, ça continue à se développer. On continue de vendre des programmes maintenant de formation. Mais voilà, c'était un projet qui sortait un petit peu de mon client. C'est mon client qui m'a demandé ça. Ça n'existait pas. On est partis ensemble en interne. J'ai eu beaucoup de discussions. Et puis, j'ai eu des collègues qui étaient super, qui ont dit non, mais c'est super comme idée, on va le faire. Et le fait d'avoir aussi cet esprit entrepreneurial chez Shopify, ce qui est plutôt bien quand même pour une entreprise qui promeut l'entrepreneuriat, on le retrouve aussi en interne.

  • Speaker #0

    On apprécie la cohérence.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce n'est pas une légende. On retrouve vraiment en interne. On trouve des gens qui ont envie de faire.

  • Speaker #0

    Excellent. Tu parlais juste avant de développer ta zone d'influence. Comment est-ce que tu fais ça ? C'est quoi ta stratégie pour développer ta zone d'influence ?

  • Speaker #1

    Ça peut être un peu délicat. Allez,

  • Speaker #0

    deux, trois trucs que tu peux dire, au moins.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je ne vais pas donner tous mes succès non plus. Mais en gros, déjà, il y a deux zones d'influence. Déjà, il y a la partie en interne. la base interne, surtout sur des projets aussi énormes et impliquants que des global accounts qui ont plein de maisons. Il n'y a pas des marchés, des maisons qui sont présentes partout dans le monde. En plus, c'est une approche qui est très nouvelle chez Shopify. Il va falloir que j'arrive à convaincre des gens de ce qu'il va falloir faire. Donc, il va falloir que je parle aux plus de personnes possibles. Donc, en fait, quand je suis arrivée chez Shopify, je me suis donné des règles. Par exemple, sur mon onboarding, je passais au minimum des coffees chat, des demi-heures, avec toutes les personnes de tous les départements. Donc, j'en avais au minimum au début 4 par semaine, je crois. Et tu fais ça pendant 3 mois, tu commences à connaître du monde en interne. Et t'expliques à chaque fois, t'expliques aux gens ce que tu fais, quelle est ton approche. Parce qu'après, quand tu vas devoir les recontacter, ils savent qui tu es, ils savent ce que tu fais, ils savent que tu as passé du temps à leur expliquer. Donc ça, déjà, c'est un point hyper important. Et tu comprends aussi ce qu'ils font. Tu comprends leur scope, tu comprends là où ils vont pouvoir t'aider. ça te donne souvent des idées aussi de ce que tu vas pouvoir faire par la suite. Donc très important, cette zone en interne de communication et d'influence pour expliquer ce qu'est ton job, surtout quand tu es en mode construction, est hyper importante. Et après, il y a tout ce qu'il y a en externe. Donc chez Shopify, on a un énorme écosystème, un énorme écosystème à la fois d'intégrateurs qui intègrent notre solution, mais aussi de partenaires techniques. Et donc là, en gros, moi je veux que ces gens-là parlent de Shopify. Je veux qu'ils parlent de nous. Et donc, il faut qu'on aille parler avec eux aussi pour voir comment on peut avancer en collaboration sur différents projets. Parce qu'en fait, un partenaire qui est convaincu de notre solution, qui se sent rassuré, qui se sent soutenu, je pense que c'est un partenaire qui aura envie de pousser notre solution. Après, parfois, ça ne marche pas. Sur les centaines de personnes que j'ai rencontrées, ils n'ont pas forcément été source de projet. Mais en tout cas, ça arrive encore aujourd'hui où certains partenaires arrivent sur un projet dans mon scope de client. Et il m'appelle directement en disant, voilà Capucine, j'entame des discussions avec tel client, j'ai envie d'être le plus optimal possible dans mon approche, est-ce que tu peux m'aider ? Et en plus, la particularité de Shopify par rapport à certains de nos concurrents, c'est que nous, on n'a pas un département intégrateur intégré dans Shopify. Nous, toute cette partie vraiment développement du site Internet, ce sont des extérieurs qui vont le faire. Et moi, j'ai envie que ça se passe le mieux possible pour mes clients, qu'il y ait une sorte de... que ce soit une relation extrêmement fluide, qu'il n'y ait pas de perte de connaissances, de perte de... Voilà, et il faut que ce soit rapide, de temps, voilà, perte de temps, il faut que ce soit rapide, que ce soit bien fait, le mieux possible, le plus rapidement possible, et donc il faut qu'il y ait la meilleure communication entre nous et l'intégrateur. Ça, c'est très important aussi, être toujours présent sur le terrain. Je passe beaucoup de temps avec les partenaires et aussi avec les maisons, aussi, parfois. Donc, je discute à la fois avec le siège, il faut que je parle au maximum de personnes pour qu'elles connaissent ma solution. Donc ça c'est aussi une autre partie. Et la troisième partie, c'est tout ce qui va être présence sur les événements. C'est la partie la plus consommatrice de temps, parce qu'un événement, ça se prépare avant. Sur place, c'est à la fois l'événement, mais aussi ce qu'on appelle les side events, donc ça va être le soir ou alors le midi, les déjeuners, les dîners le soir. Généralement, quand on a un événement, c'est des journées de 15 à 18 heures, c'est très lourd. Et après, il y a toute la partie de suivi, en fait, des connexions que tu as pu faire. Donc un événement, c'est au minimum trois semaines de travail. Donc j'en ai un par mois, donc une grande partie de mon temps. on s'est rencontré à Tech4Hotel c'était un des gros événements je participais aussi à des keynotes pour animer aussi le débat pour faire témoigner des clients ça c'est la partie un peu sympa des interviews ça j'en fais pas mal les interviews filmées c'est la partie sympa qui n'est pas si simple en fait non non les formats les plus simples c'est quand t'es toi-même interviewé parce que généralement tu connais ton produit donc c'est assez simple Quand tu interviews quelqu'un, c'est plus difficile. Tu sais, tu as une expérience. Parce qu'il faut être toujours très à l'écoute et rebondir sur ce que la personne... Ça demande énormément de concentration. Donc, c'est plus difficile d'être de l'autre côté.

  • Speaker #0

    C'est intéressant ce que tu dis sur l'influence. Et j'entends aussi ta philosophie qui est que tu n'es finalement pas une commerciale pure, mais plutôt une tisseuse de relations. Et tu essayes de... créer un cadre de collaboration optimum autour de ton client, mais aussi avec tous les autres prestataires, partenaires, qu'ils soient internes ou externes. Et donc, j'entends que tu es vraiment dans une approche très haut de gamme, puisque c'est le service avant tout.

  • Speaker #1

    C'est le service avant tout. Le client n'a pas forcément toujours raison, mais il a toujours une bonne raison de poser la question. C'est-à-dire que s'il a une demande qui, souvent, ne nous arrange pas, ça peut arriver. une signature de certains documents que nous, on n'est pas habitués à recevoir. Il y a une raison derrière. Il faut la comprendre. Pareil sur les demandes techniques. Parfois, il peut y avoir des demandes un peu atypiques. Toujours essayer de comprendre pourquoi ils ont cette demande-là. Est-ce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils sont en train d'être rassurés ? C'est toujours essayer de faire le maximum. Il faut dire que ça marche tout le temps, mais j'espère que ça marche le plus possible. En tout cas, ils savent très bien, les clients, que s'ils m'envoient un message, ils m'envoient par toute forme, ça peut être des messages vocaux, des SMS, des WhatsApp, des emails, j'ai le droit à un peu tout. Si vraiment ils me contactent, je trouverai toujours un moment pour leur répondre, toujours. C'est vrai que c'est un engagement vraiment fort, mais je pense que c'est aussi porté par cet engouement qui est pour la solution Shopify, le fait que ça avance, on sent vraiment une vraie avancée actuellement. Je suis contente de voir que ça aboutit, en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Les résultats sont là. De toute façon, quand on voit ton parcours, quand j'entends la manière dont tu choisis tes missions, la mission, mais aussi les personnes avec qui tu bosses, tu nous as dit que c'était un critère super important. Je ne suis pas étonnée de ton niveau d'engagement parce que s'il n'était pas là, tu serais déjà sur le départ. ou une autre opportunité en interne mais en tout cas cet engagement est bon signe et du coup cet engagement et cette disponibilité, cette réactivité que tu as au niveau de tes clients me fait poser la question de l'équilibre vie pro, vie perso comment tu arrives à garder cet équilibre ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas évident Merci. Vraiment, ce n'est pas évident. Mais mes enfants, quand ils rentrent de l'école, généralement, ils vont à la douche. Et quand ils sortent, je suis disponible pour eux. Je bloque mon agenda. Pourtant, je bosse avec les États-Unis et le Canada beaucoup. Mais généralement, de 7h à 9h, tu as peu de chances de me trouver. Généralement, je suis avec eux. Il y a le dîner. Je vais forcément coucher mes enfants. Je veux qu'ils me racontent leur journée. Je vérifie leurs devoirs. Je veux m'assurer que tous les vêtements sont bien prêts. Je ne suis pas toute seule, on est deux. J'ai un conjoint qui est très impliqué aussi. Mais voilà, je veux absolument passer du temps avec eux. Et pareil pour le week-end. Le week-end, la journée, je suis avec eux. S'il faut que je reposse, je repasse ce soir.

  • Speaker #0

    Ça arrive, forcément, ça arrive. Mais je veux être absolument présente pour eux. Donc, ce qui peut être le plus dur, c'est quand il y a des déplacements. J'en ai eu beaucoup cette année. Donc, je vais quand même toujours être présente. Donc, tous les jours, surtout quand il y a des décalages horaires, ce genre de choses, ils ont toujours leurs petites vidéos le matin quand ils vont se lever, avec les petits messages. Alors, parfois, il y a des petits trucs sympas à leur montrer. Une fois, j'étais à Toronto et il neigeait. Alors, forcément, j'ai filmé à ce moment-là pour leur montrer qu'il neigeait. Ils étaient contents. J'ai un conjoint qui prend le relais quand c'est comme ça. Lui, ça lui arrive quelques fois, il s'est dit, quelques déplacements. Quand c'est comme ça, on s'arrange pour que ce ne soit pas en même temps. Mais je ne fais pas partie des mamans qui considèrent que le temps, la qualité, c'est important. Moi, je considère que la quantité est importante. Les enfants veulent la quantité. Vraiment. La qualité, bien évidemment, aussi. Quand je suis avec eux, évidemment, j'évite d'être sur mon téléphone portable et je le mets de côté et je ne réponds pas à mes messages. mais... Mais voilà, les enfants, vu que papa et maman soient présents, et c'est dur parce que ce n'est pas toujours le cas, il faut être assez honnête, parfois on a moins de temps pour eux, ça peut être un peu culpabilisant, c'est vrai. Mais je pense que le plus important déjà, c'est de le reconnaître. Dire, ben voilà, parfois je suis un peu moins dispo pour eux, et je sais aussi pourquoi je fais ça. Il y a un moment, il faut que je gagne ma vie. Donc souvent, ce que je leur dis, c'est, bon, tu veux que maman te paye des vacances ? Bon, tu aimes bien aller au Club Med. Alors voilà, il faut que je travaille. Et généralement, ça calme un peu, tu vois. C'est important de leur expliquer aussi aux enfants que les choses n'arrivent pas par magie non plus. Ils ont de la chance, ils ont un bon niveau de vie. Ils ne sont pas à plaindre. Ils font toutes les activités, ils seront scolaires qu'ils veulent. Mais ce n'est pas magique, en fait, tout ça. Ce n'est pas ce qu'on travaille. Donc, il faut qu'ils le voient, ça. Parce que moi, j'espère que plus tard, ils accorderont aussi une... une importance au travail. C'est des valeurs que j'invite d'inculquer à mes enfants. Le travail, c'est important et on peut s'épanouir par le travail. Et donc, je pense que ça va te mener à un sujet qui t'intéresse, le handicap, Elvire.

  • Speaker #1

    Le handicap, et moi je trouve ça extraordinaire, je ne sais pas depuis combien de temps on parle, mais ça paraît presque inconcevable de se dire que ton aidé est porteur de handicap, parce que quand on a une carrière aussi prenante, On n'imagine pas qu'on a un premier qui est handicapé et qu'on en a voulu en faire deux. Enfin, ça, c'est mon point de vue. Je dis, mais je ne sais pas comment c'est possible. Donc déjà, pour ceux qui nous écoutent, explique-nous, quand est-ce que tu as découvert le handicap de ton aîné ?

  • Speaker #0

    À la naissance. C'est très rare, mais ça arrive. J'ai fait tous les tests dans des très bons endroits. Je ne vais pas dire où, mais en tout cas, des endroits très reconnus. Ça arrive. parfois les enfants passent à travers les mailles du filet. En l'occurrence, mon petit garçon est porteur de trisomie 21. J'avais aucune raison, j'avais 32 ans à l'époque, donc aucune raison de faire une amyosynthèse parce que là on est sûr à 100% qu'on n'a qu'une amyosynthèse. Mais j'avais aucune raison d'en faire une, il n'y avait pas d'antécédents dans ma famille et les radios ne montraient absolument aucun problème. La prise de sang n'était pas extraordinaire mais elle était dans ce qu'on appelle une zone grise. Ça je l'ai su après quand l'enfant était né mais bon c'est pas grave.

  • Speaker #1

    Le premier marqueur qui était le test sanguin ne donnait rien d'alarmant. Et à l'écho du premier trimestre, il était tout à fait dans la norme.

  • Speaker #0

    Exactement, la clarté nucale. Très fin, il avait une clarté nucale très petite par rapport même à la norme. Donc rien qui était... On voit aussi ça par des histoires de proportion par rapport à la taille des doigts, par rapport à la taille du nez. Il avait un nez qui était un peu court, mais rien qui était inquiétant en fait dans ce qu'ils ont vu. Donc du coup, aucune suspicion de trisomie 21. J'ai même posé la question pendant l'écho. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » Je me souviens très bien. « Vous êtes sûr, il n'y a pas de trisomie 21 ? » C'était le lendemain des attentats de Charlie Hebdo. Peut-être que l'éthiographe était un peu perturbé ce jour-là. Mais je me souviens très bien de reposer la question, mais il m'a répondu quelque chose. Je ne vais pas répéter là, mais en tout cas... Non, pour lui, il n'y avait pas de trisomie 21. Et donc, le jour de la naissance... comme beaucoup de mamans pour un premier, très long. J'étais sous morphine. Et quand le petit garçon arrive, je vois bien qu'il a un regard un peu particulier. Et j'étais sous morphine, je regarde mon conjoint, je suis sûre qu'il a un regard un peu d'enfant trisonique. On me dit, mais non, c'est juste qu'il est gonflé, parce que c'est la naissance et tout.

  • Speaker #1

    Ils sont toujours Ausha cet âge-là.

  • Speaker #0

    C'est ça ! Il ne peut pas nous mentir,

  • Speaker #1

    il n'y a aucun nouveau-né qui ressemble à quelque chose.

  • Speaker #0

    Il était tout violet, tout ça, normal. Et mon conjoint, on part se reposer parce qu'il est né en pleine nuit. Et ils font quelques tests, mais j'ai tellement dans les vapes que je ne me rends même pas compte des tests qu'ils lui font. Ils vérifient les poumons, tout ça. Rien, ils ne nous disent rien. Ils me remontent, je vais dans ma chambre pour dormir. Ils me prennent l'enfant. La première nuit, souvent, ils prennent l'enfant pour que la maman puisse se reposer. ils me le ramènent trois heures plus tard. Et le pédiatre me dit, au repos trois heures, j'étais en pleine forme, j'étais toute seule dans ma chambre, le pédiatre passe, il me dit, madame, on vous a dit quelque chose ? Et là, j'ai senti qu'il y avait un truc. Je lui dis, non, on aurait dû. Je trouve que votre enfant a une tête bien ronde quand même, et puis des yeux en amande. Et là, j'ai tout de suite compris ce qu'il voulait dire. Et donc, c'est quoi votre diagnostic ? Et là, il fait maladie chromosomique. Bam, j'étais toute seule dans ma chambre, c'est trois heures. fils était né, j'étais là ok donc j'étais complètement sous le choc j'ai envoyé un texto à mon conjoint en lui disant je crois qu'il vient de confirmer mes doutes là en fait lui il m'a raconté après qu'il était au téléphone avec sa maman pour lui faire découvrir le prénom du bébé sous forme de charade, enfin bref ça se lui ressemble bien j'ai un autre délire complet et à un moment il fait ça, il reçoit mon texto il dit il faut que je raccroche qu'Apsinia a se réveillé et il arrive, il était en pleurs et moi je comprenais pas trop pourquoi tu pleures en fait ? Le texto que tu m'as envoyé, je me suis dit, ouais, mais ça ira en fait, ça va aller. Et je pense que j'avais très bien compris ce qui arrivait et que c'était, c'est comme ça en fait. Bon, après j'ai craqué. Et au bout d'un moment, en fait, ce qui était assez drôle, je ne sais pas ce que dire, drôle, mais quand j'ai craqué, lui a été fort et quand il a craqué, moi j'ai pris le relais. Ça a toujours été comme ça. Il a fallu très vite qu'on, ça a été très violent, ils appellent ça le deuil de l'enfant idéal c'est extrêmement violent parce que tu penses avoir quelque chose et tu n'as pas ce que tu attendais en fait. Tu reconstruis tout. En fait, ton esprit va mettre un certain temps à reconstruire. Et au début, je me dis, tu as quand même ce choc, tout est détruit. C'est très, très violent. Donc, on a les médecins en face de nous qui ont été appris. Donc, ce pédiatre a disparu du champ de vision. Très bien, tant mieux. On a eu affaire à la néonate et ils ont été extraordinaires, d'une douceur, d'une compréhension. C'est vrai que c'est dur quand ils t'amènent un dossier en disant « Madame, je voudrais faire une déclaration à la MDPH parce que votre enfant est handicapé » . C'est des mots que tu dis. Toi, ton enfant a trois jours, tu parles de handicap. De quoi on parle ? Ils s'étaient dit avec beaucoup de douceur. On sentait qu'ils étaient émus. Et le fait de sentir leur émotion, ça a montré de l'humanité. Et c'était vraiment… ça a fait beaucoup de bien. Même les sages-femmes qui ont été là, elles ont été très douces, très gentilles, très présentes. On est toujours en contact avec certaines d'entre elles, dix ans pratiquement après. Elle suit toujours mon petit garçon sur les réseaux sociaux. Je poste très peu, mais on est toujours en contact. Je me souviens de questions, ça va être quoi de l'avenir de mon fils ? Je me suis dit, je poste dans la planification.

  • Speaker #1

    J'ai besoin d'un plan,

  • Speaker #0

    c'est quoi ? C'est quoi mon plan ?

  • Speaker #1

    C'est quoi les étapes ?

  • Speaker #0

    Le médecin m'a répondu, Madame, comme pour tous les enfants, son avenir, ça va être ce que vous allez en faire. et c'est tellement vrai, c'est exactement ça c'est à dire que au début je me suis dit que tout ce que j'avais imaginé avec mon fils ça n'arriverait pas et en fait tout ce que j'ai voulu faire avec mon fils ça arrive il n'y a aucune différence en fait c'est plus dur je pense que la vraie différence quand t'as un enfant aussi handicapé, parce que Joachim est handicapé reconnu à 100%, c'est pas un petit handicap c'est très lourd ça La trisomie 21 est à la fois très connue et très méconnue, parce que ça affecte évidemment le développement intellectuel, mais pas uniquement, ça affecte tous les organes de son corps, tous. Il n'y a pas un organe qui n'a pas de problème, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est le cas pour toutes les personnes atteintes de trisomie 21, ou particulièrement pour ton fils ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu as trois chromosomes dans toutes les cellules de ton corps. Donc potentiellement, il faut surveiller tous tes organes. parce que potentiellement, il y a un problème sur chacun d'entre eux. Alors nous, on vérifie. Parfois, il n'y a pas de problème. Parfois, il y en a. Là, on passerait des heures à parler de ce qu'on appelle les comorbidités. Donc, c'est tout ce qui peut se déclarer, qui sont liés à la trisomie 21. Mais nous, on a toujours pris le parti avec Nicolas de ne pas faire l'autruche et de vérifier. Donc, on fait énormément d'examens avec notre fils pour vérifier, pour prendre en charge de manière précoce pour qu'il ait un bon développement. Mais du coup, ça paye. Ça paye parce que c'est un petit garçon qui est en ULIS actuellement, donc dans la même école que mes deux autres enfants. L'ULIS ? L'ULIS, c'est des classes, en fait, des classes, un établissement normal, classique, mais avec un instituteur ou une institutrice spécialisée, dans des petits effectifs, et l'enseignement est complètement adapté. Ils font des zones d'inclusion dans les classes. Moi, en l'occurrence, il est avec ma fille, très souvent. Et après, il retourne dans sa classe où il a un peu plus des cours particuliers, un très petit effectif pour l'accompagner un peu plus. de manière un peu plus personnalisée. Et tout ce qui a pu être mis en place, à la fois sur le suivi médical, le suivi éducatif, mon petit garçon a fait du tennis, moi lui, il en avait marre, donc il est passé au judo, il fait du piano, il sait lire des notes sur une partition, il apprend à lire, il sait jouer un petit peu du piano. Ça fait deux ans, donc ce n'est pas encore chaud. Mais en fait, tout ça contribue à son éducation. Et le piano, on le prend vraiment. en mode, c'est un suivi éducatif et rééducation pour lui. C'est-à-dire qu'en gros, ça lui apprend à coordonner ses doigts, ça lui apprend à lire sur une ligne droite. Tout ça, il ne sait pas le faire. Et c'est là où tu te rends compte qu'avec la trisomie 21, il n'y a absolument rien dans le corps humain qui est inné. Mais rien. Tout est de l'ordre de l'apprentissage pratiquement. Même respirer correctement, en fait. C'est-à-dire que lui, il a dû, il y a un moment, il a dû apprendre à respirer, parce qu'il respirait par la bouche, alors qu'on doit respirer par le nez euh Je me souviens d'une vidéo qui avait été particulièrement émotionnelle à la maison, parce qu'on est toujours très proche des éducateurs, donc pendant un temps, ils envoyaient des petites vidéos. Et là, ils m'ont envoyé une vidéo de mon petit garçon qui apprenait à tenir son plateau à la cantine. Parce que pour la plupart des enfants, ils vont faire tomber une fois leur repas, et puis après, c'est fini, ils ont compris, ils ne feront plus jamais tomber leur repas. Ben non, Joachim, lui, il a dû apprendre ça. Ça a été des semaines d'apprentissage pour tenir son plateau droit. Pour lui, marcher, c'est comme s'il devait marcher dans la neige avec des moon boots, tu vois. Beaucoup de neige. c'est dur écrire c'est comme si tu devais prendre un crayon et écrire avec des gants de boxe c'est à peu près le même genre de sensation qu'il a tu vois tout est difficile tout est de l'ordre de la rééducation je sais pas en fait ouais et donc c'est c'est pour ça en fait que pour moi c'est un peu c'est mon inspiration au quotidien Joachim parce que sa vie est dure alors c'est un petit garçon qui est extrêmement joyeux mais il passe par tellement d'étapes tout le temps enfin c'est tout est dur pour lui Il n'y a rien qui est facile. Et même son inclusion est compliquée. Parce qu'on pourrait croire que, en plus avec les films qui sont très sympathiques sur l'actrice 2021, c'est une connotation assez sympa, l'actrice 2021 actuellement, je trouve. Mais en fait, l'inclusion, c'est un effort. Il ne faut pas se leurrer. Ce n'est pas juste « j'ai envie d'être inclusif » . Non, il va falloir que tu t'adaptes à un enfant qui a un handicap, qui n'aura pas un comportement toujours classique. Et à partir du moment où les gens ont commencé à tester, ils se disent « Oh, une fois, deux fois, au bout de trois fois, sur le long terme, c'est un marathon en fait. » C'est ça qui est compliqué, c'est que c'est un marathon. J'avais beaucoup plus de soutien et de support quand il était bébé qu'aujourd'hui. Parce qu'il arrive à dix ans, ça fait dix ans qu'on a besoin de la même chose et ça ne s'arrêtera jamais en fait. Et voilà, ça c'est la partie la plus dure, c'est ce côté marathon. Donc il faut aussi, en tant que parent, se protéger de ça. C'est-à-dire que parfois, quand il faut dormir, il faut dormir. Parce que ça demande tellement d'énergie qu'il faut aussi être... Parfois, on s'interne avec mon conjoint. Parfois, c'est lui qui va faire une sieste le samedi après-midi. Parfois, c'est moi. Et il faut toujours se ménager et se préserver. Parce que ça n'arrêtera jamais, en fait. Il n'y a pas un moment où je me dis, ça y est, il n'y a plus de handicap, ça a disparu. Ça, ça n'arrivera pas. Et un petit garçon comme Joachim, je pense que c'est plus de joie, plus de bonheur, de fierté que n'importe quel enfant. Parce que le moins de petits succès, c'est qu'on sent tout ce qu'il y a eu derrière. Et donc, je suis toujours extrêmement fière quand il arrive à faire quelque chose. Là, il a passé sa ceinture de judo. Il a la jaune et blanche. Il a son petit diplôme. Il a ce sourire. Tu sens qu'il est heureux et fier de lui. Et je suis fière que mon fils puisse être fier de lui. C'est ce côté où je me dis, il n'a pas honte de lui. Il a sa place avec les autres, avec d'autres enfants qui ne sont pas handicapés. Et il a sa place, et les autres enfants sont toujours à le protéger. Tu vois, il ne cherche jamais aucun enfant pour faire des prises. Il y a toujours un enfant qui vient, qui me dit, je vois qu'il me vient avec moi. Ouais, ça, c'est super. Mais par contre, c'est beaucoup plus inquiétude. Ça, c'est... Tu sais, c'est un petit peu, alors je ne suis pas du tout quelqu'un de spirituel, mais l'image, c'est vraiment cette histoire de ying et de yang, tu vois. Les petites joies, ça apporte des petites peines, mais là, les très grandes peines, ça apporte aussi des très grandes joies. C'est exactement ça, Joachim. C'est-à-dire que je ne pense pas qu'on puisse être autant... Je sais qu'il y a beaucoup de parents qui me disent « On est toujours inquiets quand on a un enfant » , ce qui est vrai. Je suis inquiète pour Zoé, je suis inquiète pour Yann, évidemment. Mais imagine l'inquiétude que tu ressens quand tu as un enfant qui est très handicapé, au quotidien. C'est-à-dire qu'il n'y a pas une journée où je ne m'inquiète pas pour lui. Je ne me demande pas ça va être quoi son avenir. Qu'est-ce qu'il va faire plus tard ? Est-ce que quelqu'un s'est moqué de lui ? Est-ce qu'il a mal quelque part et je ne l'ai pas vu ? Tu vois, une fois, il était tout petit. Il était en poussette et on l'amenait à l'école. Parce qu'au début, Jacques-Yves, les longues distances, c'était compliqué. Même pour aller à l'école, il était en poussette au début. Et il se met à saigner du nez. Pour n'importe quel enfant, tu dirais, il s'est gratté et puis il saigne. Nous, avec Nicolas, on s'est regardé et on s'est dit, « Ah, est-ce que c'est une leucémie ? » ça a été direct parce que c'est un risque c'est parti des risques associés à la trisomie 21 bon au final c'était pas ça on fait des prises de sang plusieurs prises de sang tous les ans pour vérifier Et on vérifie la leucémie, évidemment, avec les globules blancs, plusieurs fois par an. On sait qu'il y a des risques d'Alzheimer précoce chez lui, des risques de cancer, il y a énormément de choses, une épée de Damoclès au-dessus de ta tête qui est là constamment, les risques aussi qu'il peut prendre du fait de son comportement. Tout ça, le fait qu'en tant que parent, on a toujours peur aussi de l'environnement des enfants. Les enfants handicapés sont plus victimes de prédateurs que d'autres. Donc tout ça, ça fait que oui, on s'inquiète toujours beaucoup, beaucoup plus pour Joachim que pour nos deux autres. Mais il faut quand même qu'on réussisse à trouver l'équilibre avec les deux autres et qu'ils aient aussi autant de place que Joachim.

  • Speaker #1

    Et ça, déjà, vous leur avez fait de la place parce que tu es retombée enceinte il n'avait pas deux ans. Vous avez fait ce choix d'enchaîner.

  • Speaker #0

    Oui. Quand il est né, on nous a dit « Il faut que vous ayez une grande famille pour lui. » C'était vraiment... C'était le premier. Souvent, tu vois dans des familles, c'est souvent le petit dernier. Nous, c'était le premier. Donc Zoé est venue assez rapidement derrière parce que c'était nécessaire. Et il n'y a pas une seconde où je regrette parce qu'ils sont vraiment fusionnels. Ils s'entendent. Ils se sont vraiment meilleurs amis. Et dès le début, il y a eu cette connexion dès le début et des photos qui sont restées chez nous très très fortes que Nicolas, c'est toujours son fond d'écran. portable d'ailleurs. Tu les vois tous les deux, ils sont tout petits, ils se regardent et tu sens cet amour entre eux et ça se confirme. Aujourd'hui encore, tu vois Zoé, parfois tu dis non mais on va pas prendre Joachim, la fille dit si moi je veux absolument que mon frère soit avec moi, ils sont très très liés. Et par contre Yann, lui est plus arrivé pour Zoé et pas pour Joachim. C'est à dire que je voulais pas que Zoé ait seul ce poids de son frère handicapé. Alors évidemment ce sera toujours à nous parents de ce qu'il faut. de Joachim, on ne va jamais remettre le poids de Joachim sur eux, mais bon il y a bien un jour où on disparaîtra de toute façon, mais bon j'espère le plus tard possible, mais ce poids de devoir et avoir même un confident parfois qui comprend la situation, parce que honnêtement tu comprends jamais la situation complètement quand t'es pas concerné, c'est impossible, c'est trop particulier comme situation, pour comprendre ce que c'est qu'au quotidien de gérer un enfant avec un si lourd handicap, tout ce qu'on doit mettre en place, tous les refus qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Quel type de refus,

  • Speaker #0

    tu as ? C'est constamment, en fait. Après, il faut toujours le prendre avec beaucoup de patience et sourire. Mais par exemple, peut-être que c'est un peu abusé, mais même dans l'école très inclusive de Joachim, il n'a pas accès à l'étude. Parce qu'il n'y a pas assez de surveillants et donc il pourrait créer un petit peu de chahut. Donc, on n'en veut pas. Il y a d'autres enfants qui font du chahut, ce n'est pas grave, mais lui, il ne peut pas. Et là, j'essaie de me battre. Ça, je n'ai pas eu gain de cause. Pourquoi ça marche ? Là, je n'ai pas eu gain de cause. Au mini-club, quand on va dans un camping où il y a un mini-club, quand on arrive avec nos trois enfants, Joachim est toujours une sorte de petit... Parce qu'il y a une peur, et c'est normal. Honnêtement, ça, je ne prends pas mal parce que c'est des jeunes, souvent. Ils ont 18 ans. ils ont jamais été confrontés au handicap ils ont peur je comprends, il n'y a pas de problème vous avez peur, vous savez pas trop comment vous y prenez avec Joachim vous avez peur de ne pas savoir je vous laisse la matinée, je reviens midi et puis on en reparlera midi on le récupère même pas ils veulent le garder c'est bien souvent la mascotte du groupe Joachim mais voilà il y a toujours des étapes supplémentaires avec un enfant différent c'est jamais aussi simple que ça les activités extrascolaires, j'ai dû trouver une professeure de piano qui avait, même pas une formation, mais une appétence particulière pour le handicap, qui avait dû gérer des enfants avec une trisomie 21. Voilà, parce que si j'étais allée voir un professeur classique, ça aurait été plus compliqué à mon avis à trouver, tu vois, quelqu'un qui avait envie de s'occuper de mon petit garçon. Donc, mais oui, trouver, voilà, on était sur le sujet de trouver la place pour Joachim et Yann. ils ont les mêmes activités extrascolaires, j'accorde beaucoup d'importance. Mais tu vois, ça me rappelle une petite anecdote. Quand Zoé était petite, je crois qu'elle n'était pas encore née à l'époque, voilà, elle était vraiment tout petite. Zoé me dit... Elle était pas très bien, elle était un peu chafouin à ce moment-là. Et donc, je la prends à part et j'aime bien discuter, parfois seule à seule avec mes enfants. Et à l'époque, elle était 2h-3h, je pense. Et elle me dit, maman, tu t'occupes plus de Joachim que de moi. et je lui dis t'as vraiment l'impression que je m'occupe plus de lui en termes de temps que je passe plus de temps avec lui que toi et il dit oui. Et je lui dis, bah t'as raison parce que c'est vrai. Il y a un moment où vous allez la face. C'est vrai. Je passe plus de temps avec mon fils qu'avec mes deux autres enfants de manière individuelle. Et mentir, je ne ment jamais à mes enfants, sauf sur certains aspects, comme par exemple tout ce que je t'ai raconté sur les comorbidités. Ça, évidemment, ils ne sont pas au courant. Ce n'est pas de leur âge. Mais j'ai tendance à ne pas mentir à mes enfants, à leur dire plutôt la vérité. Et là, je me dis, mais c'est vrai. Mais quand je passe du temps avec Joachim, c'est pour aller faire des examens médicaux. Tu vois, on va faire des prises de sang, on fait des scanners, des IRM. On va faire des tests d'apnée du sommeil à l'hôpital Necker. C'est drôle. Tu crois que je suis à Disneyland ? Et là, elle me regarde et elle fait « Ah non ! Tu veux faire la même chose ? Ah non ! » Et ça a calmé le jeu tout de suite. Depuis, elle me dit plus jamais ça. Elle comprend que le temps qu'on passe avec Joachim, c'est pour des raisons médicales. C'est pas du tout… Le temps de loisir, ils ont autant de temps de loisir les uns que les autres. On s'arrange pour que ça se passe de la même manière entre les trois.

  • Speaker #1

    Du coup, tu t'arranges, c'est-à-dire que tu es consciente du temps de loisir et que tu accordes à chacun de tes enfants pour que ce soit équitable.

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est-à-dire qu'en gros, quand j'ai passé un après-midi seul avec l'un, je passerai un après-midi seul avec l'autre, enfin seul avec les deux autres aussi. J'aime bien faire ça pendant les vacances, passer du temps seul avec chacun de mes enfants. Il faut que ce soit équitable. Même si le petit dernier a tendance à être un peu plus maman parce qu'il est encore petit, il n'a que 4 ans. Donc, il a tendance à vouloir demander un peu plus de temps. J'essaie quand même de toujours tout faire pour passer autant de temps avec l'un qu'avec l'autre et discuter avec eux. Ça, c'est très important. Est-ce que j'y arrive ? Je n'en sais rien. Je suppose que quand ils seront ados, ils me reprocheront plein de choses. Comme tous les ados. Ça,

  • Speaker #1

    ce sera autre chose de toute façon.

  • Speaker #0

    Mais j'essaye en tout cas. J'essaye de leur accorder beaucoup de temps de manière individuelle et en groupe. Même le choix des jeux. J'essaie de tourner. Ce n'est pas toujours un qui va choisir le jeu. et j'adore passer du temps avec mes enfants j'adore ça ça me rappelle une discussion que j'ai eu avec un de nos partenaires qui m'a demandé Capucine c'est quoi tes loisirs et je lui ai répondu jouer avec mes enfants il m'a regardé mais c'est pas un loisir ça moi c'est un moment de pure joie être par terre avec eux et faire un jeu de société c'est mon loisir à moi j'adore ça les petits chevaux j'aime pas trop mais Merci.

  • Speaker #1

    Le jeu de loi, c'est quand même terrible. Tu repars...

  • Speaker #0

    C'est pas le mieux. Mais voilà, parfois, on découvre des jeux très sympas. Est-ce qu'il y a un moment où tu as été au bord du burn-out,

  • Speaker #1

    du découragement, du désespoir ? Parce que là, tu nous crées bien quand même l'image de la superwoman qui arrive pour te déverrouiller tous les moments.

  • Speaker #0

    Oui, mais évidemment, j'ai envie de pleurer.

  • Speaker #1

    Non mais au-delà de pleurer, tu n'as jamais eu un coup de déprime ? Tu es restée positive, conquérante, j'avance tout le temps ?

  • Speaker #0

    Quand j'ai des moments down, ça arrive. Ça m'arrive, j'ai arrivé de pleurer parce que j'étais épuisée, j'en avais marre. Mais c'est toujours très temporaire. Ça va durer une soirée. C'est jamais très très long. Pourquoi ? Alors ça, je n'en sais rien. Vraiment, je ne sais pas d'où ça vient. Je pense que j'ai beaucoup d'énergie assez naturellement. Et je trouve que dans le fond, je ne suis quand même pas à plaindre. Ça va, mes enfants vont bien. Joachim, malgré son handicap, s'en sort vraiment bien. J'ai un travail que j'adore, j'ai des amis. Je gagne correctement ma vie. Je ne suis pas en galère au quotidien. Il y a des moments qui étaient très durs. Et je pense que vraiment, le moment le plus dur... probablement été la naissance de mon fils. Là, je pense que ça a duré à peu près trois semaines, je crois. Trois semaines où vraiment, je pense que je pleurais un peu non-stop.

  • Speaker #1

    Il y a des mamans qui n'accouchent pas d'un enfant trisomique.

  • Speaker #0

    En plus, voilà, ça peut arriver de faire un postpartum. Là, je pense que c'était vraiment lié à la situation du récidive.

  • Speaker #1

    Le deuil, donc le fameux deuil de l'enfant parfait.

  • Speaker #0

    Ce qui est très dur... dans ce genre de situation, c'est que c'est à la fois le plus beau jour de ta vie et le plus dur. Ça, il faut l'accepter.

  • Speaker #1

    C'est pour Ying et ton Yang, là. T'es à fond dans...

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ce côté-là toujours, cet équilibre. Et c'est dur, il y a un moment où il faut l'accepter, ça. C'est-à-dire que, tu sais, une fois j'ai lu... C'est hyper intéressant à lire. Les étapes du deuil. Oui. C'est la colère, l'acceptation, tout ça. quand tu lis même dans ce genre je n'ai pas perdu un enfant, j'ai des gens qui passent par des choses bien plus terribles. Perdre un enfant, je pense que c'est la pire chose. Mais j'avais lu ces différentes étapes du deuil, Et en fait, ça concerne beaucoup d'autres choses qu'uniquement la perte de quelqu'un. Et là,

  • Speaker #1

    c'est le deuil d'un travail, on peut faire le deuil d'une relation.

  • Speaker #0

    Et vraiment, à chaque moment, j'ai exactement retrouvé en regardant les différentes étapes ce qui s'était passé à l'adolescence de Joachim, ce côté colère, recherche de responsable. Et à la fin, ça finit toujours par, je crois, passer l'acceptation. Il faut que tu acceptes la situation telle qu'elle est et il va falloir que tu fasses avec de toute façon. Donc, tu as deux possibilités. Soit tu te morfonds et tu es malheureux, soit tu acceptes et tu fais avec ce que tu as et tu avances. Et tu peux être très heureux, vraiment, et sincèrement, très foncièrement heureux avec un enfant différent. Et je ne pensais pas que c'était possible. Je ne pensais pas que c'était possible avant d'avoir des enfants. Quand j'étais jeune, je ne voulais même pas d'enfants, d'ailleurs. Au final, j'en ai trois. Mais tu apprends juste à vivre différemment et vraiment, ça apporte énormément. Je pense que je ne vois pas le travail de la même manière. Je ne suis pas moins impliquée, mais je prends beaucoup plus de recul. dans mon travail, aujourd'hui, avec un Joachim. Ce qui est dur n'est jamais dur, en fait. Parce que ce qui est dur, c'est ce que Joachim vit, pas ce que moi, je vis. Et je vois que lui, il vit tout avec le sourire, avec la bonne humeur, il est content. Donc, je me dis, si lui, il y arrive, on va y arriver aussi. Mais c'est vrai que le plus dur, c'est ce côté vraiment marathon. Ça ne s'arrête jamais, ou tu t'inquiètes, ou tu te dis, mais qu'est-ce que je peux mettre en place ? Et donc, tu te mets énormément de pression. Je pense que c'est vrai au quotidien. Tu te mets beaucoup de pression pour dire... Ma pression, c'est de me dire qu'il faut que j'économise au maximum parce que comme mon petit garçon sera en âge d'être un peu plus autonome, il ne pourra pas gagner sa vie correctement, voire il pourra la gagner tout court. Je veux qu'il ait une vie aussi très correcte plus tard. Il n'y a pas de raison. Je mets un peu beaucoup de côté pour lui plus tard. J'aimerais bien avoir mon projet aussi d'insertion professionnelle pour lui plus tard. C'est un truc auquel je réfléchis depuis quelques temps. C'est encore un peu tôt, puisqu'il n'a que 9 ans. Mais je pense que quand il sera en âge, je pense à la fin du collège, quand il commencera à discuter un petit peu d'orientation professionnelle, je pense qu'il est fort chance que je lâche mon travail à ce moment-là. Je pense. On verra, mais ce n'est pas maintenant. C'est encore dans pas mal d'années, puisqu'il est encore jeune. Mais j'aimerais bien avoir un projet professionnel avec lui. Ça me plairait.

  • Speaker #1

    Ça fait le lien avec le rituel des trois dernières questions. La première est, si je t'offre un énorme panneau publicitaire dans la ville que tu veux, il y a énormément de passages en dessous, tu peux y inscrire et y afficher ce que tu veux. C'est ton message au monde, qu'est-ce que tu affiches ?

  • Speaker #0

    J'aimerais bien mettre une photo plutôt de jeunes adultes en situation de handicap, pas forcément que de la trisomie 21, mais plutôt du handicap intellectuel et qui travaillent. Voilà, je ne sais pas ce qu'ils peuvent faire, ça peut être de la boulangerie, ça peut être de la sculpture, de l'ébénisterie, je ne sais pas, ça peut être plein de choses. Mais je veux les montrer qu'ils sont capables aussi d'apporter quelque chose à la société. Voilà, c'est ça que j'aimerais montrer, parce qu'ils en sont vraiment capables. Et ils font partie à part entière du marché du travail, et que c'est important d'accepter la fragilité. Parce qu'on a tous un moment dans notre vie... où on est fragile et on aura besoin d'aide. Ça peut être n'importe quoi. Ça peut être une maladie, ça peut être la perte d'un proche, ça peut être un divorce, qui peut être très dur aussi parfois. Toujours un moment où on a une fragilité et on a besoin des autres. Et le fait de travailler sur la fragilité dans le monde du travail, je trouve que ça montre qu'on n'est pas des machines et qu'on est au-delà de la tête. Je pense qu'il y a quelqu'un qui bosse dans la tête. J'adore la technologie, mais je pense que la technologie est au service de l'humain. Voilà. Et ça, c'est... Pour moi, c'est très important de laisser l'humain toujours au cœur de tout.

  • Speaker #1

    Magnifique. Et de montrer que tout le monde peut apporter la valeur à la société.

  • Speaker #0

    Tout le monde a une valeur. Tout le monde.

  • Speaker #1

    Et si tu pouvais voyager dans le temps et tu te retrouves face à Capucine dix ans, qu'est-ce que tu lui donnes comme conseil ?

  • Speaker #0

    Attends, dix ans, j'étais quand ? J'étais où ? En SEM2 ? SEM2. SEM2 6e. Fais-toi confiance. Oui, comme beaucoup confiance qu'on a dix ans je faisais pas partie de cette équipe là en tout cas et pour autant mal à la vie est plein de super à apporter et ouais il peut y avoir des jours meilleurs en fait Tout n'a pas été très cool autour de mes 10 ans. Mais il y a plein de choses sympas. Et tu vas voyager. Tu voyageras plus tard. Tu prendras l'avion et tout ça.

  • Speaker #1

    Tu verras du pays.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et du coup, la dernière question, tu y as un peu répondu, mais peut-être que tu as une autre réponse. C'est, quel est le projet que tu n'as pas encore lancé, que tu aimerais bien, mais tu n'oses pas encore ?

  • Speaker #0

    Oui, typiquement, ça tournera autour de l'employabilité de mon fils et de ses petits-popins. Je ne sais pas encore ce que je veux faire exactement. Si je te réponds maintenant, tout de suite, je te dirais, moi j'aimerais bien ouvrir une sorte de magnifique maison d'hôte, pas très loin de Paris, où il y aurait une sorte de jardin inclusif, où il y aurait plein de différents métiers auxquels ces enfants, ces jeunes adultes, pourraient être associés. Ça, c'est un projet qui me plairait bien. Je commence tout juste à y réfléchir parce que c'est un très lourd investissement. Il faudrait qu'il puisse y avoir un hébergement pour ces jeunes-là. Il faudrait qu'il y ait un encadrement de la part de professionnels. Il faudrait travailler sur la rénovation du bien. Il y aurait un milliard de choses à faire qui pourraient être passionnantes. Mais comme je n'aurai plus de revenus si je fais ça, il faut que j'économise avant. Parce que pour l'instant, c'est un beau projet, mais l'objectif ne serait pas de gagner ma vie. Ce serait plutôt d'apporter un sens à la vie. par le travail ce serait plutôt ça voilà mais voilà peut-être d'ici 5-6 ans je pense un peu plus peut-être parce que Jacqueline est encore petite mais ouais pour ses 16 ans ce serait pas mal d'avoir un projet comme celui-là et peut-être que c'est dans longtemps donc peut-être que d'ici là j'aurai une autre idée voilà

  • Speaker #1

    on va laisser cette idée germer et fleurir à son rythme prendre du temps comme une jolie petite fleur, une jolie capucine. Merci beaucoup, capucine, pour ton temps. C'était un échange haut en couleurs. C'était vraiment le yin et le yang. On a été dans la grande joie et aussi dans la grande émotion. Tu m'as beaucoup émue. Je t'admire énormément. Merci beaucoup, capucine. Et je t'ai dit à très bientôt.

  • Speaker #0

    À très vite. Merci pour tout.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être restée jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu,

  • Speaker #1

    intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager.

  • Speaker #2

    ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé.

  • Speaker #1

    Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • La découverte du handicap de Joachim

    00:06

  • Le parcours professionnel de Capucine Delval

    01:15

  • Un parcours fait de hasards

    04:01

  • L'impact émotionnel du handicap

    31:43

  • Messages et conseils pour l'avenir

    56:46

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