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#18 Eva Ngallé : se reconstruire et innover pour soutenir les victimes de violences conjugales cover
The Patronne

#18 Eva Ngallé : se reconstruire et innover pour soutenir les victimes de violences conjugales

#18 Eva Ngallé : se reconstruire et innover pour soutenir les victimes de violences conjugales

47min |26/08/2025
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#18 Eva Ngallé : se reconstruire et innover pour soutenir les victimes de violences conjugales

#18 Eva Ngallé : se reconstruire et innover pour soutenir les victimes de violences conjugales

47min |26/08/2025
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Description

Dans mon imaginaire, la victime de violences conjugales est isolée et dans une certaine précarité.

Elle parle peu, ne sourit pas ; elle s'efface au maximum.

Elle ne sort pas faire la fête.

N'a pas une belle carrière à afficher sur Linkedin


Sauf, que mon imaginaire se plante.


Les victimes de violences conjugales sont de tout âge, de tous les milieux et dotée de toute sorte de personnalité.


Dans le nouvel épisode du podcast the Patronne, j'ai reçu Eva Ngallé

Eva a une conviction personnelle sur le sujet : les agresseurs choisissent justement des femmes fortes. Celles qui les feront briller en société. Celles qui représentent un challenge à briser petit bout par petit bout.


Nous avons parlé des stéréotypes de la "bonne victime" car j'avais du mal à imaginer comment la femme pétillante que j'avais en face de moi avait pu être victime pendant de longues années de son conjoint violent. Nous avons aussi évoqué les différentes formes de violences.

Et les ressources qui existent pour s'en sortir.


Comment la violence a continué pour elle après la séparation car il fallait bien rester en contact pour gérer la garde alternée de son fils


Et ce qui l'a poussé à créer l'application Ti3rs ; un projet qui dévoile la femme entrepreneure et ambitieuse.


J'ai ressenti beaucoup d'émotions pendant cet échange ; autant d'admiration que de révolte.


Découvrez le projet d'Eva sur https://ti3rs.fr/a-propos/ et suivez Eva via https://www.linkedin.com/in/eva-ngalle/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On dit à chaque fois, mais regarde où tout le monde vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? Sinon, on ne sait rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et à la trop-daison, on va déployer une méga-énergie. On sait qu'on est capable de tout ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal. Et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte, d'apprendre à dire non, que ce soit à ton boss, à qui que ce soit. Tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, je reçois Eva Engalé. Eva est la fondatrice de Tiers, une application innovante qui sécurise la communication entre parents séparés et aussi victimes de violences conjugales. Cette idée s'est imposée à elle. Après avoir traversé 8 ans de violences, elle transforme son expérience en impact. Maman, survivante et entrepreneur, Eva est aussi lauréate à Vivatech. Elle a été reçue récemment à Matignon parmi les 101 femmes entrepreneurs et a participé à la fameuse émission « Qui veut être mon associé ? » . Eva est aujourd'hui à la tête d'un projet humain, techno et politique. Bienvenue Eva. Bonjour. Eva, je me suis très heureuse de t'accueillir aujourd'hui. J'ai envie de dire que ton projet est touchant et révoltant à la fois. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur la genèse de ce projet ?

  • Speaker #0

    Ce projet est né de mon expérience personnelle. J'étais victime de violences, j'ai vécu avec un monsieur violent pendant 8 ans, avec qui j'ai eu un petit garçon. Et quand je me suis rendue compte que ça n'allait pas, que la relation n'était pas normale et que je suis partie, je pensais que les violences allaient s'arrêter. C'était beaucoup de violences psychologiques, des violences physiques vraiment à la fin et après la séparation. Et en fait, les violences ne s'arrêtent pas avec la séparation. Et quand on a un enfant en commun, on est obligé de rester en contact. Et du coup, la violence s'est transformée. Au lieu que ce soit juste des mots qui me sont dit en face, du coup, c'était des insultes et des menaces par le téléphone. Et j'ai cherché des solutions un petit peu partout pour me protéger parce que j'étais obligée de rester en contact avec lui, mais je n'en ai pas trouvé. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une application mobile qui permette aux parents séparés comme moi qui ont vécu des violences et qui ont un enfant en commun. de continuer à communiquer sans recevoir d'insultes, sans recevoir de menaces, sans être harcelé. Et l'application aide aussi à produire des preuves si besoin de passer en justice.

  • Speaker #1

    De ce que j'ai compris, au début, comme tu n'avais pas l'application, c'était ton père qui faisait l'intermédiaire. En quoi ça n'a pas suffi de passer par une personne tiers ?

  • Speaker #0

    Pour communiquer avec mon ex, j'avais besoin d'un tiers de confiance, puisqu'il avait l'interdiction d'entrer en contact. Après avoir envoyé des insultes et des menaces, il n'avait plus le droit de me contacter. Mais on avait quand même toujours notre enfant en commun pour lequel on devait se donner des nouvelles parce qu'on était en garde alternée. Moi, j'ai demandé à mon papa de faire passer les messages parce que j'avais trop peur qu'on me reproche de ne pas donner de nouvelles, de ne pas faire passer les messages, de ne pas donner les informations importantes. Donc, je prérédigeais des messages pour mon papa. Je lui transférais, je l'envoyais à mon ex-conjoint. Mon ex-conjoint l'appelait ou lui répondait par message et mon père me faisait passer l'information. C'est obligé de faire comme ça. Normalement, c'était à monsieur de trouver un tiers de confiance, ce qu'il n'a pas fait. Donc moi, je me suis débrouillée, j'ai demandé à mon papa. Et ce qui se passe, c'est que généralement, la personne tierce à qui on va faire appel, c'est une personne dans qui on a confiance, c'est une personne qui en a de l'affect, qui a de l'affect pour nous aussi. Ça l'a fait entrer dans notre histoire qui est très compliquée. Ça lui fait peser un poids supplémentaire sur les épaules. Et puis ça la met dans la situation de violence. En fait, moi, mon père, il a été harcelé, il a été insulté, il s'est fait hurler dessus au téléphone plein de fois. Il a été frappé, parce qu'il venait aussi avec moi pour récupérer le petit. Donc en fait, ça a créé une nouvelle personne qui subit des violences. C'était très difficile pour lui. Je pense qu'il était un peu perdu. Des fois, il ne savait pas à quoi répondre. Des fois, il ne savait pas. Il ne comprenait pas mes messages. J'étais très réfléchie avec mon avocate, vraiment pour qu'il n'y ait rien qui laisse passer. Mon père, ce n'était pas sa manière de parler. Donc, il disait, mais pourquoi ça ? Tu l'écris comme ça ? Il pourrait peut-être te l'écrire comme ça. Et du coup, oui, c'était dur aussi. Et il ne le dit pas, bien sûr, parce que c'est mon papa. Mais je sais que c'était compliqué. Et en fait, le fait de créer une appli, on utilise le numérique pour neutraliser tout ça. C'est une personne neutre, en fait, qui n'a pas de... C'est une appli qui ne va pas être affectée par la situation, mais qui va permettre de filtrer les messages, de supprimer ceux qui sont violents, de les masquer, de bloquer les 150 messages dans la journée. Et du coup, ça sécurise vachement et ça empêche de mettre encore une autre personne dans la boucle qui va potentiellement se sentir mal, etc. Voilà pourquoi ça n'a pas été... suffisant parce qu'il y a l'affect qu'il faut prendre en compte et les émotions de la personne qui va traiter les messages avec nous.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez fou de s'imaginer qu'en fait, d'un seul coup, la violence, elle se répand à d'autres personnes qui essayent d'aider, mais qui se retrouvent aussi dans ce triangle infernal. C'est une intelligence artificielle qui fait ce filtre ou tu as des personnes, des modérateurs ? Comment ça fonctionne ?

  • Speaker #0

    On m'a souvent posé cette question. peut-être qu'il faudrait que le mettre en place. Non, pour l'instant, c'est un algorithme. Pour le filtre, on a une liste de mots-clés qu'on va repérer et filtrer. Et là, on est en train de travailler sur de l'intelligence artificielle pour filtrer les mots blessants qui ne sont pas des insultes ou des menaces. Toutes les tournures de culpabilisation, de rabaissement. Par exemple, « t'es une mère complètement pourrie » . il n'y a pas d'insultes là-dedans, mais c'est horrible. Ça, on pourra le filtrer, mais pour ça, il faut qu'on entraîne le modèle et qu'on a besoin de contenu. Donc en ce moment, on fait souvent des appels. Si les personnes veulent nous envoyer leurs messages violents sans insultes, ils sont d'accord pour nous les partager. On peut les utiliser pour améliorer l'application. Donc là, on est en train de travailler sur ça. Ça va être trop bien. C'est quelque chose qui manque et qui nous est souvent demandé. Mais moi, ils ne m'insultent pas. Il ne me menace pas directement. C'est des mots détournés, en fait. Ça, on va être capable de le repérer bientôt.

  • Speaker #1

    Le côté passif-agressif, culpabilisant, qui rabaisse aussi, condescendant.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et j'imagine bien comment les personnes victimes voient complètement l'utilité de l'appli. Et comment tu fais pour faire en sorte que les agresseurs décident d'utiliser ? cette appli alors que ça va être filtré, leurs insultes et leurs messages vont être transformés. Est-ce que déjà les agresseurs comprennent que ça passe par cette appli ou pas forcément ?

  • Speaker #0

    Les deux parents ne sont pas obligés de télécharger l'application pour que ça fonctionne. C'était vraiment la demande que j'ai eue au début quand j'ai fait mes premières enquêtes. Beaucoup de personnes me disaient « Mais moi, ils voudraient pas me télécharger en fait » . Donc on a créé un système Merci. Si vous êtes à l'aise pour télécharger l'application, que votre ex-conjoint est aussi à l'aise pour la télécharger parce que vous avez vu avec votre avocat, avec un lieu médiatisé, avec un juge, dans ce cas-là, les deux parents s'inscrivent et ils discutent sur l'application comme une messagerie habituelle puisqu'elle sera filtrée. Par contre, si vous avez peur, si vous pensez que l'autre parent va refuser d'utiliser l'application, vous pouvez nous le notifier et nous, on va créer un nouveau numéro de téléphone. qui sera dans l'application. Vous allez rentrer les infos de l'ex-conjoint ou ex-conjointe, son numéro de téléphone et quand vous lui écrivez depuis l'application, il va recevoir ou elle va recevoir un SMS. Salut c'est Eva, voici mon nouveau numéro de téléphone. C'est quelque chose qu'on peut écrire par exemple en premier message et quand la personne répond, ça rentre dans l'application. Donc la personne n'est pas au courant qu'on utilise cette application si on ne lui dit pas.

  • Speaker #1

    Et donc ça ne marche pas SMS et WhatsApp ?

  • Speaker #0

    Non. On n'est que sur des SMS pour l'instant. On verra plus tard pour WhatsApp. C'était très compliqué à développer. Donc, pour l'instant, nous, on conseille de garder les SMS pour les échanges, les mails, tout ce qui est documents, photos vraiment officielles et de limiter au maximum les canaux de contact. Parce que si on veut être atteignable sur WhatsApp, sur LinkedIn, sur Insta, sur Snap, c'est de bloquer le plus possible. Parce que finalement, cette personne-là, il faut qu'on puisse restreindre et créer un cadre, donc d'utiliser juste le téléphone. Et le mail, c'était suffisant en fait.

  • Speaker #1

    Ton application, elle est vraiment d'utilité publique et je vois que tu es super dynamique et engagée pour faire connaître le programme et aller au-delà d'un... Quand on parle souvent d'entrepreneur, il y a souvent un business model derrière. Là, toi, ton application, elle est gratuite ou elle est payante ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux.

  • Speaker #1

    Il y a les deux ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, on était payant. Donc, c'est le neuf. 9,90 par mois. Mon envie, c'était que ce soit gratuit dès le début, mais en fait, ça coûte très cher de développer et de maintenir une application. Surtout que nous, on paye en plus des numéros de téléphone, des SMS. Donc, c'est 9,90 par mois. On a la possibilité d'avoir un abonnement financé si on n'a pas les moyens de payer 9,90. Par exemple, dans toute la région Auvergne-Grenalpe, la région a acheté 500 abonnements. On n'a pas des associations, on passe par une association, on récupère un abonnement gratuit. On a d'autres partenaires partout en France, les personnes peuvent regarder sur le site si elles sont intéressées. Et s'il n'y a pas d'abonnement financé dans leur région, de quand même nous contacter et de nous dire, moi j'en ai besoin, parce que comme ça, nous après, on a plus de poids à aller voir les CAF, les assos, les collectivités, en disant, dans votre département, il y a tant de personnes qui nous demandent comment on fait, est-ce que vous pouvez nous aider à financer des abonnements pour ces personnes-là ? Donc c'est ça, il y a quand même un modèle économique. Aujourd'hui, il y a une version gratuite qui est sortie. qui n'est pas gratuite pour nous, qu'on offre en fait. Donc on offre un accès gratuit à l'application qui est limitée, ce n'est pas l'application premium. Et cet accès-là, il est financé par des sponsors. Donc les sponsors, ça a été un crowdfunding qu'on a fait au mois de mars, un premier crowdfunding. Et plus tard, ce sera des entreprises engagées qui veulent faire profiter en fait aux plus de personnes possibles l'accès à l'application, montrer leur engagement RSE. C'est une version gratuite, mais pour les utilisateurs. Et du coup, il y a quand même un modèle économique à trouver.

  • Speaker #1

    C'est intéressant d'avoir ce côté hybride dans le business model pour à la fois mener ta mission, qui est d'accompagner un maximum de victimes. Et beaucoup de femmes victimes sont aussi dans une précarité financière très importante. Mais pas que, il n'y a pas que. Tu as peut-être plus de données. Quelle est la démographie des personnes victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On n'a pas cette donnée. On a cherché, on n'a pas trouvé de chiffres. Moi, ce que je remarque dans les personnes qui m'écrivent, c'est que j'ai tous les profils. J'ai autant de personnes qui me disent « Moi, c'est compliqué, je n'ai pas forcément les moyens de financer un abonnement. » D'autres qui me disent Bon. Moi, j'ai un boulot très confortable, 9,90 euros, ça ne me dérange pas du tout si c'est payé pour la paix et qu'ils ont des super postes, des rats chefs d'entreprise. Et voilà, c'est aussi faire changer la vision qu'on a des personnes victimes de violences. En fait, c'est tout le monde. Ce n'est pas que des personnes en grande précarité. Ce n'est pas que des personnes qui n'ont pas un bon niveau d'études, comme certains pensent. C'est n'importe qui, en fait, et la violence, elle... qui touche tout le monde et tous les milieux. Et on le voit là avec même les personnes médiatisées qui sont victimes de violences. Donc c'est des personnes qui ont un très haut niveau de vie. Moi ce qui me dérangeait en fait dans le fait de rendre payant, c'était qu'il y ait des personnes qui n'ont pas encore envie de payer autre chose pour se protéger. Parce que quand on est victime de violences et qu'on se sépare, Généralement on repart de zéro, on reprend un nouvel appart, un nouvel meuble, on a tous nos soins psychologiques, ostéo, tous les soins pour se sentir mieux. On doit tout racheter pour nos enfants, on doit payer toutes les activités, et on doit payer nos avocats. Donc en fait c'est pas la précarité, c'est pas la base, c'est la violence qui peut amener à la précarité parce que souvent on perd son travail, on n'arrive plus à aller au travail donc c'est compliqué. Je pense qu'en fait, c'est juste qu'il y a des choses à payer un peu. On se dit que c'est une priorité et on ne veut pas forcément payer en plus pour l'autre final. Mais non, moi, j'ai plein de personnes victimes de violences qui ont des revenus confortables et ça ne les embête pas d'avoir connu des personnes violentes aussi. On milite aussi sur ça de montrer... Tout autant que la violence c'est pas que des coups, les femmes victimes de violences n'ont pas toutes des yeux au beurre noir etc. Il y en a aussi où tu le vois pas en fait, tu le vois pas du tout et c'est que de la violence psychologique ça se voit pas physiquement et pourtant ça résiste et ça détruit. C'est vraiment montrer aussi les autres facettes, les autres types de personnes qui sont importantes et montrer qu'on n'est pas que victime de violences. On ne passe pas notre vie à être victime. Il y a des jours où on fait la fête, il y a des jours où on voit nos copines, il y a des moments où on fait du sport, il y a des moments où on travaille. On n'est pas que ça. Et c'est important aussi de le montrer. On peut faire d'autres choses et ce n'est pas parce qu'on a l'air heureux sur une photo qu'il n'y a pas des choses difficiles dans nos vies. C'est qu'on arrive aussi à passer outre et à trouver des jolis moments parce que de toute façon, c'est essentiel. Mais oui, il y a ces images où des fois, ça crée une espèce de culpabilité quand on va au tribunal. En fait, j'en parle avec beaucoup de personnes. Est-ce que je vais aller au tribunal ? Est-ce que tu penses qu'il faut que je mette du rouge à lèvres ? Non, je ne pense pas. En fait, il faut être la bonne victime. Il faut être très déprimé, très triste, mais pas trop, parce qu'il faut bien s'occuper de ses enfants quand même. Il ne faut pas être trop belle, il ne faut pas être trop pimpante, il ne faut pas être trop bien habillée, sinon on ne croit pas quand on va porter plainte. Et en fait, c'est débile. Effectivement, il y a des jours où on va être au fond du trou. Et c'est peut-être même pas ce jour-là où on va réussir à aller au commissariat d'ailleurs. Et il y a des jours où on est très bien en fait, et c'est pas parce qu'on a l'air super bien qu'à l'intérieur tout va bien, et qu'autour de nous tout va bien. Oui, je trouve que c'est important de montrer aussi d'autres réalités pour qu'on nous croit plus, et qu'on arrête de penser, qu'on invente. Parce qu'aujourd'hui, j'ai du rouge à l'air, donc pas victime de violence.

  • Speaker #1

    Encore cette quête de la crédibilité. Je vois beaucoup de femmes qui cherchent à être crédibles au bureau. Et là, il faut aussi être crédible au tribunal.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est tout un programme. Je connais des personnes qui ne peuvent pas aller au tribunal parce qu'elles ne seront pas crédibles pour le tribunal. Donc, les avocates leur disent, en fait, c'est mieux si vous ne venez pas. Je sais que quand vous venez, en fait, les personnes sont trop fortes. Elles paraissent trop bien. Elles ne sont pas assez abattues parce qu'elles se sont relevées. Et elles font tout pour s'occuper de leurs enfants, mener leur combat. Donc, elles sont trop fortes. Ça ne sert à rien d'aller au tribunal. On ne va pas les croire. Et voilà. Il ne faut pas être trop, trop forte non plus.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être trop forte. Et ce qui est intéressant, c'est que moi, quand je te vois et quand je t'écoute, quand je vois justement ton côté battante, militante, entrepreneur, c'est vrai que ça me traverse l'esprit de me dire mais comment Eva a pu être victime ? Tu vois, j'ai du mal à... à le comprendre. Est-ce que c'est lié à ça, du coup ? C'est qu'en fait, tu peux être victime à un moment et forte à un autre ? Ou est-ce que c'est que, justement, le fait d'avoir été victime et d'avoir pu te relever, c'est de là que tu as trouvé ta force ?

  • Speaker #0

    Non, moi, je pense qu'après, c'est une théorie personnelle que les personnes violentes choisissent des personnes fortes. parce que sinon ce serait pas marrant de détruire quelqu'un qui est déjà pas trop bien dans sa peau enfin moi j'étais pas bien dans ma peau mais je faisais plein de choses quand on s'est rencontré j'étais étudiante, j'organisais des soirées, j'organisais des événements je faisais plein de trucs et du coup j'avais plein d'amis et du coup c'est plus rigolo c'est super bien qu'il fait plein de trucs et de petit à petit l'isoler, le faire descendre, le faire douter etc que de partir de quelqu'un qui est déjà pas bien et ça c'est plus après peut-être quand ils se ils ont pas réussi à démonter la personne qui voulait démonter ont du mal à retrouver quelqu'un peut-être qu'ils ont choisi quelqu'un de plus facile entre guillemets mais en tout cas moi toutes les personnes que j'ai rencontrées elles sont hyper forte c'est juste qu'on a des blessures d'avant que eux arrivent à détecter et ils arrivent à appuyer dessus mais mais je pense pas que des personnes faibles en fait. Les personnes faibles, c'est les personnes violentes qui vont se baser sur toutes les choses qui nous font douter etc. qui vont pas se remettre en question, qui vont se victimiser. C'est elles les personnes faibles. Mais les personnes qui sont victimes de violences ne sont pas faibles pour moi. On les rend faibles. On essaye de les rendre faibles, c'est le but.

  • Speaker #1

    Et comment ça fonctionne ? Déjà ce qui me paraît fou dans ton propos c'est l'intention de nuire. Donc pour toi, ça fait partie d'une stratégie de leur part de renifler la personne forte avec des petites failles ?

  • Speaker #0

    Consciente ou inconsciente, c'est vrai. Je ne pense pas qu'ils s'en rendent compte. En fait, c'est de trouver quelqu'un de fort, mais il ne faut pas les dépasser. Parce que s'il y a un moment, il faut trouver quelqu'un de fort pour briller. C'est comme ça. Voilà, si je vais choisir cette personne, elle est super, ça va me faire briller. Par contre, si tu commences à briller plus, là, ça va créer un problème. on va essayer de te décembre. Par contre, tu devrais briller toujours en société, mais à la maison. Faut pas que tu parles.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux bien nous partager le type de violence que tu as subi ? C'était des paroles ? Tu disais à la fin que c'était des gestes, parce que justement, à la fin, tu commençais à te rebeller ou c'est parce que c'est la violence physique qui t'a fait prendre conscience que c'était trop.

  • Speaker #0

    Moi c'était beaucoup de psychologique. Quand je suis allée la première fois dans une association, elle m'a dit « vous pouvez faire toutes les cases » . Donc j'étais victime de tous les types de violences. Je ne savais pas. Quand elle m'a dit ça, quand je suis ressortie, je ne savais pas bien. Moi c'était beaucoup de psychologique, beaucoup de rabaissement. Beaucoup de « c'est jamais comme il faut » , « c'est jamais bien » , « tout ce que tu fais c'est jamais bien » , « il y a toujours un truc à redire, tu ne comprends pas » , « je t'ai demandé ça, tu n'y arrives pas » . Il y a beaucoup de personnes qui le rediront. Et puis après, c'est complexe. En fait, ce que ça s'installe avec le temps, c'est des moments où il fait la gueule, tu ne sais pas pourquoi. Du coup, tu essaies d'être sympa, mais comme ça ne va jamais, il fait encore plus la gueule. Tu as l'impression que c'est de ta faute, mais c'est juste lui, en fait. Et c'est énorme, mais ça, tu n'y arriveras jamais. C'est te faire douter. de plein de trucs. Est-ce que t'es sûre que t'as fermé la porte à clé ? Bah oui, je suis sûre. Mais t'es sûre ? Mais t'en es vraiment sûre ? Trois fois, tu vas vérifier. Oui, tu l'avais bien fermé à clé, mais t'as fait un aller-retour. Et après, à chaque fois que tu vas aller essayer de... À chaque fois que tu as fermé la clé, tu participes. Il me dit toujours que j'oublie toujours de fermer la porte à clé parce que j'ai vraiment fermé la porte à clé. Il y a des trucs comme ça dans ta tête. moi il me sursollicitait surtout il m'appelait tout le temps Même à la maison, il me demandait tout le temps des trucs. Apporte-moi un verre d'eau, fais ça, fais ça. Il me demandait plein de trucs. Et mon cerveau était... Je n'avais pas de place pour penser à autre chose qu'à lui et à ses besoins. En fait, il me demandait tout le temps, tout le temps, tout le temps des choses. Donc, je n'arrivais plus à réfléchir pour moi. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Après, il a essayé de m'isoler. Donc, j'avais le droit de sortir. mais quand je sortais après soit il m'envoyait plein de messages dans la soirée et du coup j'étais tout le temps avec lui en fait ce que je lui répondais si je répondais pas il m'envoyait d'autres etc des petits messages un peu de merde mais des trucs bateau mais fallait lui répondre quoi après quand tu rentres ah bah moi j'étais tout seul petit à petit ou alors tu étais avec qui t'as fait quoi t'as mangé avec qui plein de questions donc après tu as moins envie de sortir parce que tu vas te subir l'interrogatoire en revenant Les midis, quand je travaillais, je n'avais pas le droit de manger avec mes collègues. Enfin, pas que je n'avais pas le droit, mais ils m'appelaient pendant toute ma pause-déj. Du coup, j'étais au téléphone, donc je ne vais pas avec les autres. Ah oui, puis je voulais dire ça. Donc comme ça, je ne mangeais pas avec mes collègues. Donc ça me cassait du lien avec mes collègues.

  • Speaker #1

    Ce qui est fou, c'est que certaines choses, à petite dose, tu pourrais dire « Ah ben c'est mignon, il est attentionné, il pense à moi. »

  • Speaker #0

    Tous les jours. Il n'a pas dit qui à midi, mais il ne travaillait pas. Donc, il était tout seul à la maison. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Donc, après, dire des choses sur mes amis. Mais elle, elle a dit ça, moi, je n'aime pas. Tu devrais faire attention, essayer de m'éloigner de mes amis qui avaient des trop gros caractères. Après, ma famille. Ah mais ta maman elle a dit un truc comme ça, j'ai pas aimé, ah bon j'ai pas entendu, bah c'est bizarre t'as pas entendu, pourtant t'étais là et elle a dit ça. Et il y a des moments où je me disais mais c'est folle en fait, il me parle d'un truc, j'étais là, j'ai pas entendu, plein de trucs comme ça. Et en fait les violences physiques sont venues quand j'ai commencé à comprendre qu'il n'était pas normal. Je passais plus de temps avec lui qu'avec mon fils. à m'occuper de lui et à m'occuper de mon fils, je me suis dit, mais c'est bizarre. Et en fait, quand j'ai commencé à comprendre et à des fois dire non à certaines choses qu'il proposait, la violence physique, elle arrive quand ils n'ont plus d'autres alternatives, en fait. Parce que si tu arrives dans une relation où on te fout une claque directe, tu ne vas pas rester. Si t'as déjà créé des liens, t'habites ensemble, t'as un enfant, t'as des biens en commun, etc., des amis, et bien là, en fait, tu vas rester. Et c'est ça, le contrôle coercitif, c'est tout ce qu'ils font pour que tu restes. La violence physique, elle arrive à la fin. Je pense, moi, quand ils se disent « putain, il n'y a pas d'autre cours » , il faut que… là, c'est le seul truc qu'il me reste à faire pour la rabaisser. C'est encore ce truc que je vais… utilisé pour la rabaisser pour qu'elle ait plus d'issue et puis après de toute façon pardon je suis désolé je commencerai pas je me suis emporté mais toi aussi tu m'as provoqué c'est ta faute si t'avais pas fait ça je ne serais pas arrivé là puis toi tu restes t'achètes un cadeau le pauvre il va le changer c'est vrai qu'aujourd'hui il était malade ou il a eu cette nouvelle et tu l'excuses et puis c'est reparti pendant un jour ou deux il est sympa puis après ça recommence et Et ouais, c'est ça qui est compliqué. Et moi, les violences physiques, c'était vraiment le plus. C'était après la séparation. Le jour où j'ai failli mourir, j'étais déjà séparée, j'avais déjà mon appartement. Et c'était après, en fait. Donc, tous ceux qui pensent que... Enfin, toutes les personnes qui se disent « C'est bon, il ne m'a jamais tapé » , en fait, ça se trouve, il y a un moment où ça va arriver. Il ne faut pas attendre ça. Moi, ça a été un de mes déclics, mais... ou pas... Enfin, je regrette en fait d'avoir attendu ce moment alors que j'avais plein de signes, c'est juste que je ne savais pas.

  • Speaker #1

    C'est important. Merci d'avoir partagé ces exemples, puisque ça peut peut-être aider quelqu'un à identifier des signaux au début faibles, mais qui peuvent se révéler importants pour prendre des décisions. Et j'imagine aussi, parce que je retiens... C'est cette idée de se sentir rabaissé et que l'autre ait besoin de flatter son égo et de se mettre en position haute. On a tous nos petits points faibles, nos complexes. Et donc, ça peut arriver que notre conjoint, sans faire exprès, appuie sur un. Mais quand c'est répétitif et quand ça fait vraiment mal et que tu commences comme toi à douter de tout, même est-ce que tu es capable de fermer une porte à clé, là, c'est peut-être le moment de se poser des questions. Et du coup, là aujourd'hui, quand tu nous parles, tu es posée. Il y a encore de l'émotion et en même temps, je sens que tu as fait un gros travail pour avancer. Est-ce que c'est le projet qui t'a permis de te reconstruire ou est-ce qu'il a d'abord fallu te reconstruire pour pouvoir envisager ce projet ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai réussi. à créer mon entreprise à Crétyre parce que je me suis reconstruite avant. Ça m'aide parce que la reconstruction, elle est longue. Donc ça m'aide, mais par contre, j'avais déjà fait plein de choses. J'avais déjà fait toutes mes thérapies de l'EMDR, des groupes de parole, parler à mes amis. Et j'avais déjà eu une première auto-entreprise qui m'a aidée à reprendre confiance aussi, où je faisais de la communication. Mes clients étaient trop contents, ils m'adoraient, ils faisaient des formations à la communication aussi. Donc ça m'a redonné confiance. Je me disais, attends, tu sais faire plein de trucs, et puis les gens sont contents, ils vont dire que c'est bien. Donc ça, ça m'a beaucoup redonné confiance. Je faisais du bénévolat aussi dans des assos ou des ONG. Et pareil, de se ressentir utile. Ah, j'ai fait ça, j'ai aidé telle personne. Ça fait trop du bien, en fait. Donc je me suis reconstruite. peut-être avant, mais la reconstruction est longue, puisqu'il y a d'autres jours où des fois, il y a des choses qui me replongent dedans, donc des fois, il faut repartir à zéro, mais les temps de pas bien sont de plus en plus courts. Avoir un petit truc, ça pouvait m'affecter pendant longtemps, pendant plusieurs semaines, maintenant, ça va m'affecter pendant deux jours, ou un jour, ou une heure, et c'est ça qui est bien, c'est que je sais réagir, en fait, je sais quoi faire pour me sentir bien, je sais que je vais être pas bien un moment, j'accepte. Et après, j'ai mes astuces pour me sentir mieux vite.

  • Speaker #1

    En fait, tu as musclé cette capacité à comprendre ce qui se joue en toi pour le digérer l'émotion et avancer, te remettre d'appel.

  • Speaker #0

    Il y a ça aussi. Je ne veux pas lui laisser le pouvoir de me mettre mal, en fait. Parce qu'il faut... Si, en envoyant un mail, il arrive à me flinguer pendant un mois, c'est génial. génial il a réussi sa mission en fait moi je veux plus lui laisser ce pouvoir là Tu vas m'envoyer un mail, ok, tu m'envoyes un mail, je te réponds et voilà c'est fini. et c'est ça aussi, c'est de lui laisser moins de place. essayer d'avancer moi, de mes progrès, c'est ce que je dois faire aujourd'hui, voilà, j'ai pas envie de m'arrêter à ça. Et je pense que montrer qu'on avance, c'est aussi montrer qu'on est moins atteignable et c'est du coup éloigner la violence qui n'est plus intéressant en fait, si ça nous atteint pas. C'est pas intéressant de nous embêter, je dis ça aussi à mon fils, il y a des enfants qui essayent de l'embêter. Si tu réagis super fort, bien sûr qu'ils vont continuer à t'embêter, c'est ça qu'ils cherchent. Ou pas, t'en fous, on va aller ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça les intéresse beaucoup moins. Tu as évoqué deux points qui sont importants pour gagner en confiance. C'est de faire des choses, de faire des petites choses. C'est par l'action et par la réalisation de ces actions que tu gagnes en confiance. Et le deuxième point, c'est le fait d'aider, d'être bénévole, de donner de son temps. C'est même pour des personnes qui souffrent. Le fait d'aider d'autres personnes qui souffrent aussi, c'est vraiment une cure pour le bien-être et du coup aussi pour reprendre confiance. Est-ce que tu sens que plus tu aides les autres, plus tu es regonflée à bloc ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est ça qui me tient et qui me motive sur la durée aussi. Et je sais que s'il y a des jours où je suis moins bien... on peut aller lire nos avis par exemple mail il y a une dame qui nous a envoyé un mail un jour pour dire qu'elle a vu une conférence où j'expliquais ma situation et elle a quitté son conjoint violent et elle est partie et un an plus tard elle m'a envoyé un mail en me disant c'est bon je suis partie, merci grâce à vous j'ai compris, je suis partie je me suis reconstruite, je ne vais pas bien tous les jours mais je vais beaucoup mieux c'est trop heureuse donc Donc... Ouais, c'est ça. En fait, moi, je ne peux pas arrêter parce que je me dis que si c'est juste une personne comme elle, on aide un petit peu à chaque fois. C'est trop bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, comment tu vis le fait d'être entrepreneur, leader, ultra visible, parce que tu es passée sur qui veut gagner... Enfin, je le fais. Tu n'es pas passée sur qui veut gagner des millions, mais qui va être mon associé. Comment tu vis la pression d'être meneuse de projet ?

  • Speaker #0

    Je fais du yoga, de la méditation, des exercices de respiration pour les moments qui vont être intenses, que ce soit avant les missions, par exemple, où j'ai des exercices de respiration que je fais, ou même avant d'avoir des conversations difficiles avec des personnes qui travaillent avec moi. Il y a des personnes dont j'ai dû me séparer, où c'est difficile en fait, mais à des moments, on est obligé de faire des choix stratégiques. Et donc voilà, j'ai appris à des fois un peu poser mon cœur de côté de temps en temps. Je le garde, je le mets un petit peu plus de côté, je réfléchis, je me dis, là, qu'est-ce qui est bien ? J'essaie toujours de trouver les mots pour expliquer vraiment ce qui se passe. et d'en parler d'une bonne manière, de quand même remercier, etc. Ça me fait de la peine en fait, mais à des moments je suis obligée de choisir. Donc ça je le vis comme ça. Et sur la médiatisation, ça participe à ma confiance, je pense. Ça réussit à la confiance en moi. J'avais beaucoup de problèmes avec mon image, les photos, les vidéos, j'étais vraiment pas à l'aise. Et en fait les gens ne pensent pas du tout la même chose que moi. Il trouve que je suis à l'aise, il trouve que je passe bien à la caméra, en photo. Et du coup, maintenant, j'ai moins de complexe à poster une photo de moi ou à poster une vidéo de moi ou à prendre la parole. J'ai plein de personnes qui vont me dire, c'est super intéressant ce que tu as dit. OK, trop bien. Donc, ça, c'est utile. A la conscience, j'ai été invitée à des événements incroyables. Je me suis dit, mais ils sont sûrs que c'est moi qui veux l'inviter là. Oui, oui, c'était bien toi. OK. Donc, oui, ça participe à ma confiance. Donc, c'est bien. Je suis juste... Je pense que je ne m'habituerais pas. Et c'est si quelqu'un qui vient me voir dans la rue en me disant « Ah, je t'ai vue, là, je suis trop mal à l'aise. » Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas comment agir. Je vais dire merci. Je pense avoir l'air toute gênée. Et tout mon côté timide va ressortir parce que je ne sais pas d'où ça vient, mais je ne sais pas quoi faire. Donc ça, ça me gêne. Mais par contre, prendre la parole, faire des conférences, des webinaires, des ateliers, ça, ça ne me dérange pas du tout. Faire des interviews, des podcasts, j'aime bien.

  • Speaker #1

    donc c'est cool donc c'est plus les interactions surprises dans la rue qui te déstabilisent et progressivement t'as encore une fois l'expérience et le fait d'avoir plusieurs occasions de prendre la parole ça t'a complètement décoincée sur le sujet ouais oui oui finalement ça se passe bien j'ai une

  • Speaker #0

    Une amie que j'ai rencontrée grâce à Thierry, qui a vécu la même chose que moi, elle me dit de toute façon, elle me dit à chaque fois, mais regarde d'où on vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? En fait, non, c'est rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et elle a trop raison, en fait. On a fait tellement de choses, d'être sortis des violences, de se battre, d'avoir fait tous nos dossiers juridiques pour nos enfants, pour les protéger. déployer une méga énergie en fait, on sait qu'on est capable de tout faire. Donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    Et d'un côté business, qui t'aide pour justement prendre les décisions difficiles et savoir que tu déploies la bonne stratégie ?

  • Speaker #0

    Pour les décisions stratégiques, j'ai un comité stratégique qui est composé de mentors.e que j'ai rencontré au fur et à mesure dans ma vie d'entrepreneur par les incubateurs en général. J'ai eu plusieurs personnes. J'ai Sonia Foss, qui est une marraine que j'ai rencontrée grâce à un événement qui s'appelle La Puissance du Lien, qui organise Elisabeth Moreno chaque année, qui est des râches et qui m'aide beaucoup. J'ai Mathieu Batt, que j'ai rencontré dans mon premier incubateur. C'est la première personne devant qui j'ai pitché mon projet. et qui m'aide sur tous les aspects financiers de son domaine. J'ai Christine Chen qui travaille dans une grande entreprise. Elle, elle est très diplomate, elle sait toujours trouver les bons mots. Du coup, elle va m'aider pour des formulations, elle m'aide pour les pitches, pour des questionnaires, si on doit faire des questionnaires, ou des rencontres, des interviews avec des personnes avec qui je veux travailler. J'ai Marjolaine Ferraille des Premières, qui est l'ADG de l'association Les Premières et l'Impubateur, qui elle va m'aider sur toutes les rencontres institutionnelles, comment aller parler à telle personne, qu'est-ce que je peux mettre en avant. Et en fait, tous, dès que j'ai un souci, je les appelle et ils m'aident à réfléchir avec moi, des fois en deux secondes, juste en leur parlant, des fois je trouve que c'est la solution. C'est des personnes de confiance qui ont beaucoup plus d'expérience dans leurs entreprises que moi et qui, du coup, sont sûres pour moi depuis le début. Donc, on fonctionne comme ça. Et il y a aussi autre chose. En plus des mentors, il y a les réseaux. Donc, moi, j'ai fait plusieurs incubations. À chaque fois, j'avais des promos. Donc, on a à chaque fois au moins un groupe WhatsApp par promo. Avec Orange Femmes Entrepreneurs, on se parle tout le temps. S'il y en a une qui a une problématique, du coup, toutes les autres, elles vont dire « Ah bah oui, moi j'ai déjà vécu, j'ai fait ça, j'ai fait ça, j'ai fait ça, ça, ça aide vachement. » Et pareil avec 101 femmes entrepreneurs à Matignon, quand il y en a une qui cherche quelque chose, on s'en prête. Et ça, c'est hyper puissant en fait, parce qu'en fait, il y en a une qui a posé une question la dernière fois, elle pensait que personne n'allait lui répondre, on lui a tout envoyé un truc, on avait tout un contact, et du coup, elle s'est retrouvée avec 50 contacts. Et voilà, c'est la force du truc. La force,

  • Speaker #1

    la puissance du réseau.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment.

  • Speaker #1

    Et pas que, parce que quand tu parles de ton comité stratégique, on se dit, waouh, il y a un beau panel dans ton comité stratégique.

  • Speaker #0

    Et donc,

  • Speaker #1

    tout le monde n'a pas forcément accès à ces personnes-là au début, même si toi, je pense qu'il y a quelques années, tu n'aurais certainement pas imaginé avoir un tel, être aussi bien entouré. mais y Au-delà du prestige de ce panel-là, tu as aussi plein d'autres contacts du fait de tes incubateurs, des différents programmes. Et donc là, c'est plus des personnes, on va dire, lambda. Et en même temps, finalement, si on regarde notre réseau, même en étant une personne lambda, nous pouvons trouver des personnes intéressantes pour d'autres personnes. Ça, c'est... Ouais, en fait,

  • Speaker #0

    il faut demander au niveau de... Pour moi, ça n'a pas été difficile de rencontrer les personnes que j'ai rencontrées. Les femmes entrepreneurs, elles ne sont pas lambda, elles ont des projets incroyables. Et n'importe qui peut trouver de l'aide sur n'importe quel sujet, en fait. Juste en le demandant, je fais partie d'une association aussi ratant d'avoir ma fille. Mais ça s'appelle Capital Fille. C'est pour aider les jeunes filles à aller travailler après dans la tech. Du coup, c'est un mentoring qui commence dès la fin du collège. Ça partait de la troisième. Donc, chaque jeune fille peut avoir une marraine. C'est partout en France. Et moi, comme je suis en Savoie, à Chambéry, je ne sais pas si on est beaucoup. de femmes dans la tech. Donc je me suis dit j'ai trop envie d'avoir une filleule et de l'aider et de pouvoir la conseiller parce qu'il y a peut-être des choses que moi j'ai pas eu, que je peux lui apporter, des choses qu'elle peut pas dire à ses parents, à ses amis et moi je serais complètement extérieure, je pourrais l'aider. Et en fait avoir une marraine c'est trop important. Avoir des mentors et ça aussi, apprendre à construire son réseau dès la fin du collège c'est trop bien. de pouvoir commencer à faire ça parce que c'est sûr que c'est Ça qui nous permet d'avancer. Après, moi, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et oui, quand je disais lambda, ce n'était pas pour dénigrer toutes ces femmes. Mais ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas forcément des personnes connues ou qui sont nées dans le bon milieu. Ça, c'est des personnes qui ont une idée, qui ont un projet, qui ont une énergie. Et vraiment, moi, ce que je retiens aussi, c'est qu'il ne faut pas sous-estimer la force du réseau, même de personnes compte. qu'on n'imagine pas. Je suis en train d'écouter un audiobook justement sur comment réseauter et c'était un des points, c'est de se dire, en fait, la bonne mise en relation vient souvent d'une personne qu'on sous-estimait. Et donc, c'est important de ne pas sous-estimer le potentiel de connexion d'une personne. Et comme tu dis, il suffit de demander, d'être précis dans sa demande et bien sûr, mettre la forme. Je surveille le timing. puisque tu as un programme chargé juste après nous. J'ai trois dernières questions pour toi et c'est le rite de fin de podcast. Si je t'offrais un panneau d'affichage immense dans la ville que tu veux, tu peux y afficher ce que tu veux, c'est ton message au monde. Qu'est-ce que tu y inscris ?

  • Speaker #0

    J'y ai réfléchi ce matin et je te dis le premier truc qui m'est venu en tête, donc je pense que c'est peut-être vraiment ça. Je voulais essayer de trouver un truc ultra profond, etc. Et en fait, je me suis dit... Un truc comme aime-toi et aie confiance en toi. Peut-être quelque chose que les personnes ne te disent pas souvent, un peu plus maintenant sur les réseaux sociaux. Ou je suis fière de toi. C'est des trucs que je pense qu'on ne dit pas assez. De mettre un message qu'on ne dit pas souvent, mais qui fait trop du bien à tout le monde. Parce que si tout le monde se sentait bien, ça irait un peu mieux dans le monde. Je pense avec peut-être du numéro de téléphone, si on se sent pas bien, des personnes qu'on peut appeler.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, quels sont les numéros de téléphone pour les personnes qui sont justement victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On a un, c'est le 3919, emplacé 24h sur 24, 7 jours sur 7. C'est ce numéro de téléphone. Et après, sur les associations qui sont sur tout le territoire, il y a les CIDFF. CIDFF, Centre d'information du droit des femmes et de la famille. Il y en a vraiment partout. Ou le réseau Solidarité Femmes. Donc, il suffit d'écrire Association Solidarité Femmes avec sa ville à côté. Et puis, il y en a partout. Pareil pour le CIDFF. Et c'est vraiment les associations que je recommande. Et si jamais les personnes veulent qu'on les aide à chercher, elles nous envoient un message. C'est pareil, à Notice la Ville, on donne une asso. Ça ne nous prend pas longtemps et ça permet d'aider aussi. Bientôt, on aura un numéro de téléphone.

  • Speaker #1

    ça fait partie des projets et si tu pouvais voyager dans le temps et te retrouver face à Eva disant qu'est-ce que tu lui donnerais comme conseil en plus de aime-toi sois fière de toi et confiance peut-être me

  • Speaker #0

    dire tu peux tout faire tu peux tout réussir tu peux tout réussir et n'aie pas peur de parler j'étais ultra timide je n'osais même pas aller acheter du pain

  • Speaker #1

    Tu peux tout faire, tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu as les capacités de faire tout ce que tu veux, même ce que tu ne penseras jamais que tu aurais fait. Mais ouais, tu vas y arriver.

  • Speaker #1

    Et quel est le projet que tu aimerais bien lancer, mais que tu n'as pas encore osé ?

  • Speaker #0

    Oh, purée ! Je voudrais... Mon rêve, c'est d'inspirer d'un endroit où je suis allée faire un séjour qui s'appelle le Moulin de Pont-Rue. C'est des personnes qui écoutent... Dans le 95, ils ont besoin de se reposer. C'est un séjour de repos pour les mamans victimes de violences et leurs enfants, qui dure une semaine, qui change la vie, mais vraiment. Et pour l'instant, je ne l'ai trouvé que dans le 95. Je suis allée un peu par France. C'est pour les femmes du 95, normalement. Et en fait, j'aimerais bien avoir un lieu comme ça, plus proche de chez moi et de Lyon. C'est assez central, Canberrie, c'est proche de Lyon, Genève. Il y a pas mal de grandes villes autour, mais on est quand même éloigné de Paris. Et du coup, j'aimerais bien avoir une grande maison où je peux faire des séjours comme ça, accueillir les personnes, ça, c'est trop bien. pour être cuisinée, pour des grandes tablées et puis des femmes viennent se reposer avec leurs enfants pendant une semaine et ouais, ça j'aimerais trop faire ça pour les mamans victimes de violences et pour les mamans entrepreneurs aussi The dream

  • Speaker #1

    Écoute Eva, je suis sûre que tu vas réaliser ce rêve un jour, je sais comment tu en parles et je vois que tu l'as déjà bien imaginé donc Donc... J'ai hâte de voir l'info pour l'ouverture de ce lieu, qui ne sera pas tout de suite, ok ? Parce qu'il y a encore beaucoup de choses à faire avec Thierre. Je te souhaite beaucoup de succès et de sérénité pour le développement de ta boîte et qu'elle soit toujours aussi impactante et utile pour toutes les personnes qui ont été victimes de violences et qui veulent continuer à garder le lien pour le bien de leurs enfants. Donc bravo Eva pour ce projet. Bravo à toi et merci beaucoup d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu, intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Eva Ngalé

    00:04

  • Genèse de l'application Tiers et parcours d'Eva

    01:08

  • Sécuriser les échanges entre parents séparés

    02:51

  • Le fonctionnement de l'application et ses bénéfices

    06:20

  • Modèle économique de l'application Tiers

    08:02

  • Démographie des victimes de violences conjugales

    12:19

  • Types de violences et témoignages d'Eva

    20:52

  • La reconstruction personnelle et le projet Tiers

    27:46

  • Pression d'être entrepreneur et médiatisation

    32:25

  • Message au monde et conseils pour les victimes

    41:51

Description

Dans mon imaginaire, la victime de violences conjugales est isolée et dans une certaine précarité.

Elle parle peu, ne sourit pas ; elle s'efface au maximum.

Elle ne sort pas faire la fête.

N'a pas une belle carrière à afficher sur Linkedin


Sauf, que mon imaginaire se plante.


Les victimes de violences conjugales sont de tout âge, de tous les milieux et dotée de toute sorte de personnalité.


Dans le nouvel épisode du podcast the Patronne, j'ai reçu Eva Ngallé

Eva a une conviction personnelle sur le sujet : les agresseurs choisissent justement des femmes fortes. Celles qui les feront briller en société. Celles qui représentent un challenge à briser petit bout par petit bout.


Nous avons parlé des stéréotypes de la "bonne victime" car j'avais du mal à imaginer comment la femme pétillante que j'avais en face de moi avait pu être victime pendant de longues années de son conjoint violent. Nous avons aussi évoqué les différentes formes de violences.

Et les ressources qui existent pour s'en sortir.


Comment la violence a continué pour elle après la séparation car il fallait bien rester en contact pour gérer la garde alternée de son fils


Et ce qui l'a poussé à créer l'application Ti3rs ; un projet qui dévoile la femme entrepreneure et ambitieuse.


J'ai ressenti beaucoup d'émotions pendant cet échange ; autant d'admiration que de révolte.


Découvrez le projet d'Eva sur https://ti3rs.fr/a-propos/ et suivez Eva via https://www.linkedin.com/in/eva-ngalle/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On dit à chaque fois, mais regarde où tout le monde vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? Sinon, on ne sait rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et à la trop-daison, on va déployer une méga-énergie. On sait qu'on est capable de tout ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal. Et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte, d'apprendre à dire non, que ce soit à ton boss, à qui que ce soit. Tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, je reçois Eva Engalé. Eva est la fondatrice de Tiers, une application innovante qui sécurise la communication entre parents séparés et aussi victimes de violences conjugales. Cette idée s'est imposée à elle. Après avoir traversé 8 ans de violences, elle transforme son expérience en impact. Maman, survivante et entrepreneur, Eva est aussi lauréate à Vivatech. Elle a été reçue récemment à Matignon parmi les 101 femmes entrepreneurs et a participé à la fameuse émission « Qui veut être mon associé ? » . Eva est aujourd'hui à la tête d'un projet humain, techno et politique. Bienvenue Eva. Bonjour. Eva, je me suis très heureuse de t'accueillir aujourd'hui. J'ai envie de dire que ton projet est touchant et révoltant à la fois. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur la genèse de ce projet ?

  • Speaker #0

    Ce projet est né de mon expérience personnelle. J'étais victime de violences, j'ai vécu avec un monsieur violent pendant 8 ans, avec qui j'ai eu un petit garçon. Et quand je me suis rendue compte que ça n'allait pas, que la relation n'était pas normale et que je suis partie, je pensais que les violences allaient s'arrêter. C'était beaucoup de violences psychologiques, des violences physiques vraiment à la fin et après la séparation. Et en fait, les violences ne s'arrêtent pas avec la séparation. Et quand on a un enfant en commun, on est obligé de rester en contact. Et du coup, la violence s'est transformée. Au lieu que ce soit juste des mots qui me sont dit en face, du coup, c'était des insultes et des menaces par le téléphone. Et j'ai cherché des solutions un petit peu partout pour me protéger parce que j'étais obligée de rester en contact avec lui, mais je n'en ai pas trouvé. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une application mobile qui permette aux parents séparés comme moi qui ont vécu des violences et qui ont un enfant en commun. de continuer à communiquer sans recevoir d'insultes, sans recevoir de menaces, sans être harcelé. Et l'application aide aussi à produire des preuves si besoin de passer en justice.

  • Speaker #1

    De ce que j'ai compris, au début, comme tu n'avais pas l'application, c'était ton père qui faisait l'intermédiaire. En quoi ça n'a pas suffi de passer par une personne tiers ?

  • Speaker #0

    Pour communiquer avec mon ex, j'avais besoin d'un tiers de confiance, puisqu'il avait l'interdiction d'entrer en contact. Après avoir envoyé des insultes et des menaces, il n'avait plus le droit de me contacter. Mais on avait quand même toujours notre enfant en commun pour lequel on devait se donner des nouvelles parce qu'on était en garde alternée. Moi, j'ai demandé à mon papa de faire passer les messages parce que j'avais trop peur qu'on me reproche de ne pas donner de nouvelles, de ne pas faire passer les messages, de ne pas donner les informations importantes. Donc, je prérédigeais des messages pour mon papa. Je lui transférais, je l'envoyais à mon ex-conjoint. Mon ex-conjoint l'appelait ou lui répondait par message et mon père me faisait passer l'information. C'est obligé de faire comme ça. Normalement, c'était à monsieur de trouver un tiers de confiance, ce qu'il n'a pas fait. Donc moi, je me suis débrouillée, j'ai demandé à mon papa. Et ce qui se passe, c'est que généralement, la personne tierce à qui on va faire appel, c'est une personne dans qui on a confiance, c'est une personne qui en a de l'affect, qui a de l'affect pour nous aussi. Ça l'a fait entrer dans notre histoire qui est très compliquée. Ça lui fait peser un poids supplémentaire sur les épaules. Et puis ça la met dans la situation de violence. En fait, moi, mon père, il a été harcelé, il a été insulté, il s'est fait hurler dessus au téléphone plein de fois. Il a été frappé, parce qu'il venait aussi avec moi pour récupérer le petit. Donc en fait, ça a créé une nouvelle personne qui subit des violences. C'était très difficile pour lui. Je pense qu'il était un peu perdu. Des fois, il ne savait pas à quoi répondre. Des fois, il ne savait pas. Il ne comprenait pas mes messages. J'étais très réfléchie avec mon avocate, vraiment pour qu'il n'y ait rien qui laisse passer. Mon père, ce n'était pas sa manière de parler. Donc, il disait, mais pourquoi ça ? Tu l'écris comme ça ? Il pourrait peut-être te l'écrire comme ça. Et du coup, oui, c'était dur aussi. Et il ne le dit pas, bien sûr, parce que c'est mon papa. Mais je sais que c'était compliqué. Et en fait, le fait de créer une appli, on utilise le numérique pour neutraliser tout ça. C'est une personne neutre, en fait, qui n'a pas de... C'est une appli qui ne va pas être affectée par la situation, mais qui va permettre de filtrer les messages, de supprimer ceux qui sont violents, de les masquer, de bloquer les 150 messages dans la journée. Et du coup, ça sécurise vachement et ça empêche de mettre encore une autre personne dans la boucle qui va potentiellement se sentir mal, etc. Voilà pourquoi ça n'a pas été... suffisant parce qu'il y a l'affect qu'il faut prendre en compte et les émotions de la personne qui va traiter les messages avec nous.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez fou de s'imaginer qu'en fait, d'un seul coup, la violence, elle se répand à d'autres personnes qui essayent d'aider, mais qui se retrouvent aussi dans ce triangle infernal. C'est une intelligence artificielle qui fait ce filtre ou tu as des personnes, des modérateurs ? Comment ça fonctionne ?

  • Speaker #0

    On m'a souvent posé cette question. peut-être qu'il faudrait que le mettre en place. Non, pour l'instant, c'est un algorithme. Pour le filtre, on a une liste de mots-clés qu'on va repérer et filtrer. Et là, on est en train de travailler sur de l'intelligence artificielle pour filtrer les mots blessants qui ne sont pas des insultes ou des menaces. Toutes les tournures de culpabilisation, de rabaissement. Par exemple, « t'es une mère complètement pourrie » . il n'y a pas d'insultes là-dedans, mais c'est horrible. Ça, on pourra le filtrer, mais pour ça, il faut qu'on entraîne le modèle et qu'on a besoin de contenu. Donc en ce moment, on fait souvent des appels. Si les personnes veulent nous envoyer leurs messages violents sans insultes, ils sont d'accord pour nous les partager. On peut les utiliser pour améliorer l'application. Donc là, on est en train de travailler sur ça. Ça va être trop bien. C'est quelque chose qui manque et qui nous est souvent demandé. Mais moi, ils ne m'insultent pas. Il ne me menace pas directement. C'est des mots détournés, en fait. Ça, on va être capable de le repérer bientôt.

  • Speaker #1

    Le côté passif-agressif, culpabilisant, qui rabaisse aussi, condescendant.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et j'imagine bien comment les personnes victimes voient complètement l'utilité de l'appli. Et comment tu fais pour faire en sorte que les agresseurs décident d'utiliser ? cette appli alors que ça va être filtré, leurs insultes et leurs messages vont être transformés. Est-ce que déjà les agresseurs comprennent que ça passe par cette appli ou pas forcément ?

  • Speaker #0

    Les deux parents ne sont pas obligés de télécharger l'application pour que ça fonctionne. C'était vraiment la demande que j'ai eue au début quand j'ai fait mes premières enquêtes. Beaucoup de personnes me disaient « Mais moi, ils voudraient pas me télécharger en fait » . Donc on a créé un système Merci. Si vous êtes à l'aise pour télécharger l'application, que votre ex-conjoint est aussi à l'aise pour la télécharger parce que vous avez vu avec votre avocat, avec un lieu médiatisé, avec un juge, dans ce cas-là, les deux parents s'inscrivent et ils discutent sur l'application comme une messagerie habituelle puisqu'elle sera filtrée. Par contre, si vous avez peur, si vous pensez que l'autre parent va refuser d'utiliser l'application, vous pouvez nous le notifier et nous, on va créer un nouveau numéro de téléphone. qui sera dans l'application. Vous allez rentrer les infos de l'ex-conjoint ou ex-conjointe, son numéro de téléphone et quand vous lui écrivez depuis l'application, il va recevoir ou elle va recevoir un SMS. Salut c'est Eva, voici mon nouveau numéro de téléphone. C'est quelque chose qu'on peut écrire par exemple en premier message et quand la personne répond, ça rentre dans l'application. Donc la personne n'est pas au courant qu'on utilise cette application si on ne lui dit pas.

  • Speaker #1

    Et donc ça ne marche pas SMS et WhatsApp ?

  • Speaker #0

    Non. On n'est que sur des SMS pour l'instant. On verra plus tard pour WhatsApp. C'était très compliqué à développer. Donc, pour l'instant, nous, on conseille de garder les SMS pour les échanges, les mails, tout ce qui est documents, photos vraiment officielles et de limiter au maximum les canaux de contact. Parce que si on veut être atteignable sur WhatsApp, sur LinkedIn, sur Insta, sur Snap, c'est de bloquer le plus possible. Parce que finalement, cette personne-là, il faut qu'on puisse restreindre et créer un cadre, donc d'utiliser juste le téléphone. Et le mail, c'était suffisant en fait.

  • Speaker #1

    Ton application, elle est vraiment d'utilité publique et je vois que tu es super dynamique et engagée pour faire connaître le programme et aller au-delà d'un... Quand on parle souvent d'entrepreneur, il y a souvent un business model derrière. Là, toi, ton application, elle est gratuite ou elle est payante ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux.

  • Speaker #1

    Il y a les deux ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, on était payant. Donc, c'est le neuf. 9,90 par mois. Mon envie, c'était que ce soit gratuit dès le début, mais en fait, ça coûte très cher de développer et de maintenir une application. Surtout que nous, on paye en plus des numéros de téléphone, des SMS. Donc, c'est 9,90 par mois. On a la possibilité d'avoir un abonnement financé si on n'a pas les moyens de payer 9,90. Par exemple, dans toute la région Auvergne-Grenalpe, la région a acheté 500 abonnements. On n'a pas des associations, on passe par une association, on récupère un abonnement gratuit. On a d'autres partenaires partout en France, les personnes peuvent regarder sur le site si elles sont intéressées. Et s'il n'y a pas d'abonnement financé dans leur région, de quand même nous contacter et de nous dire, moi j'en ai besoin, parce que comme ça, nous après, on a plus de poids à aller voir les CAF, les assos, les collectivités, en disant, dans votre département, il y a tant de personnes qui nous demandent comment on fait, est-ce que vous pouvez nous aider à financer des abonnements pour ces personnes-là ? Donc c'est ça, il y a quand même un modèle économique. Aujourd'hui, il y a une version gratuite qui est sortie. qui n'est pas gratuite pour nous, qu'on offre en fait. Donc on offre un accès gratuit à l'application qui est limitée, ce n'est pas l'application premium. Et cet accès-là, il est financé par des sponsors. Donc les sponsors, ça a été un crowdfunding qu'on a fait au mois de mars, un premier crowdfunding. Et plus tard, ce sera des entreprises engagées qui veulent faire profiter en fait aux plus de personnes possibles l'accès à l'application, montrer leur engagement RSE. C'est une version gratuite, mais pour les utilisateurs. Et du coup, il y a quand même un modèle économique à trouver.

  • Speaker #1

    C'est intéressant d'avoir ce côté hybride dans le business model pour à la fois mener ta mission, qui est d'accompagner un maximum de victimes. Et beaucoup de femmes victimes sont aussi dans une précarité financière très importante. Mais pas que, il n'y a pas que. Tu as peut-être plus de données. Quelle est la démographie des personnes victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On n'a pas cette donnée. On a cherché, on n'a pas trouvé de chiffres. Moi, ce que je remarque dans les personnes qui m'écrivent, c'est que j'ai tous les profils. J'ai autant de personnes qui me disent « Moi, c'est compliqué, je n'ai pas forcément les moyens de financer un abonnement. » D'autres qui me disent Bon. Moi, j'ai un boulot très confortable, 9,90 euros, ça ne me dérange pas du tout si c'est payé pour la paix et qu'ils ont des super postes, des rats chefs d'entreprise. Et voilà, c'est aussi faire changer la vision qu'on a des personnes victimes de violences. En fait, c'est tout le monde. Ce n'est pas que des personnes en grande précarité. Ce n'est pas que des personnes qui n'ont pas un bon niveau d'études, comme certains pensent. C'est n'importe qui, en fait, et la violence, elle... qui touche tout le monde et tous les milieux. Et on le voit là avec même les personnes médiatisées qui sont victimes de violences. Donc c'est des personnes qui ont un très haut niveau de vie. Moi ce qui me dérangeait en fait dans le fait de rendre payant, c'était qu'il y ait des personnes qui n'ont pas encore envie de payer autre chose pour se protéger. Parce que quand on est victime de violences et qu'on se sépare, Généralement on repart de zéro, on reprend un nouvel appart, un nouvel meuble, on a tous nos soins psychologiques, ostéo, tous les soins pour se sentir mieux. On doit tout racheter pour nos enfants, on doit payer toutes les activités, et on doit payer nos avocats. Donc en fait c'est pas la précarité, c'est pas la base, c'est la violence qui peut amener à la précarité parce que souvent on perd son travail, on n'arrive plus à aller au travail donc c'est compliqué. Je pense qu'en fait, c'est juste qu'il y a des choses à payer un peu. On se dit que c'est une priorité et on ne veut pas forcément payer en plus pour l'autre final. Mais non, moi, j'ai plein de personnes victimes de violences qui ont des revenus confortables et ça ne les embête pas d'avoir connu des personnes violentes aussi. On milite aussi sur ça de montrer... Tout autant que la violence c'est pas que des coups, les femmes victimes de violences n'ont pas toutes des yeux au beurre noir etc. Il y en a aussi où tu le vois pas en fait, tu le vois pas du tout et c'est que de la violence psychologique ça se voit pas physiquement et pourtant ça résiste et ça détruit. C'est vraiment montrer aussi les autres facettes, les autres types de personnes qui sont importantes et montrer qu'on n'est pas que victime de violences. On ne passe pas notre vie à être victime. Il y a des jours où on fait la fête, il y a des jours où on voit nos copines, il y a des moments où on fait du sport, il y a des moments où on travaille. On n'est pas que ça. Et c'est important aussi de le montrer. On peut faire d'autres choses et ce n'est pas parce qu'on a l'air heureux sur une photo qu'il n'y a pas des choses difficiles dans nos vies. C'est qu'on arrive aussi à passer outre et à trouver des jolis moments parce que de toute façon, c'est essentiel. Mais oui, il y a ces images où des fois, ça crée une espèce de culpabilité quand on va au tribunal. En fait, j'en parle avec beaucoup de personnes. Est-ce que je vais aller au tribunal ? Est-ce que tu penses qu'il faut que je mette du rouge à lèvres ? Non, je ne pense pas. En fait, il faut être la bonne victime. Il faut être très déprimé, très triste, mais pas trop, parce qu'il faut bien s'occuper de ses enfants quand même. Il ne faut pas être trop belle, il ne faut pas être trop pimpante, il ne faut pas être trop bien habillée, sinon on ne croit pas quand on va porter plainte. Et en fait, c'est débile. Effectivement, il y a des jours où on va être au fond du trou. Et c'est peut-être même pas ce jour-là où on va réussir à aller au commissariat d'ailleurs. Et il y a des jours où on est très bien en fait, et c'est pas parce qu'on a l'air super bien qu'à l'intérieur tout va bien, et qu'autour de nous tout va bien. Oui, je trouve que c'est important de montrer aussi d'autres réalités pour qu'on nous croit plus, et qu'on arrête de penser, qu'on invente. Parce qu'aujourd'hui, j'ai du rouge à l'air, donc pas victime de violence.

  • Speaker #1

    Encore cette quête de la crédibilité. Je vois beaucoup de femmes qui cherchent à être crédibles au bureau. Et là, il faut aussi être crédible au tribunal.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est tout un programme. Je connais des personnes qui ne peuvent pas aller au tribunal parce qu'elles ne seront pas crédibles pour le tribunal. Donc, les avocates leur disent, en fait, c'est mieux si vous ne venez pas. Je sais que quand vous venez, en fait, les personnes sont trop fortes. Elles paraissent trop bien. Elles ne sont pas assez abattues parce qu'elles se sont relevées. Et elles font tout pour s'occuper de leurs enfants, mener leur combat. Donc, elles sont trop fortes. Ça ne sert à rien d'aller au tribunal. On ne va pas les croire. Et voilà. Il ne faut pas être trop, trop forte non plus.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être trop forte. Et ce qui est intéressant, c'est que moi, quand je te vois et quand je t'écoute, quand je vois justement ton côté battante, militante, entrepreneur, c'est vrai que ça me traverse l'esprit de me dire mais comment Eva a pu être victime ? Tu vois, j'ai du mal à... à le comprendre. Est-ce que c'est lié à ça, du coup ? C'est qu'en fait, tu peux être victime à un moment et forte à un autre ? Ou est-ce que c'est que, justement, le fait d'avoir été victime et d'avoir pu te relever, c'est de là que tu as trouvé ta force ?

  • Speaker #0

    Non, moi, je pense qu'après, c'est une théorie personnelle que les personnes violentes choisissent des personnes fortes. parce que sinon ce serait pas marrant de détruire quelqu'un qui est déjà pas trop bien dans sa peau enfin moi j'étais pas bien dans ma peau mais je faisais plein de choses quand on s'est rencontré j'étais étudiante, j'organisais des soirées, j'organisais des événements je faisais plein de trucs et du coup j'avais plein d'amis et du coup c'est plus rigolo c'est super bien qu'il fait plein de trucs et de petit à petit l'isoler, le faire descendre, le faire douter etc que de partir de quelqu'un qui est déjà pas bien et ça c'est plus après peut-être quand ils se ils ont pas réussi à démonter la personne qui voulait démonter ont du mal à retrouver quelqu'un peut-être qu'ils ont choisi quelqu'un de plus facile entre guillemets mais en tout cas moi toutes les personnes que j'ai rencontrées elles sont hyper forte c'est juste qu'on a des blessures d'avant que eux arrivent à détecter et ils arrivent à appuyer dessus mais mais je pense pas que des personnes faibles en fait. Les personnes faibles, c'est les personnes violentes qui vont se baser sur toutes les choses qui nous font douter etc. qui vont pas se remettre en question, qui vont se victimiser. C'est elles les personnes faibles. Mais les personnes qui sont victimes de violences ne sont pas faibles pour moi. On les rend faibles. On essaye de les rendre faibles, c'est le but.

  • Speaker #1

    Et comment ça fonctionne ? Déjà ce qui me paraît fou dans ton propos c'est l'intention de nuire. Donc pour toi, ça fait partie d'une stratégie de leur part de renifler la personne forte avec des petites failles ?

  • Speaker #0

    Consciente ou inconsciente, c'est vrai. Je ne pense pas qu'ils s'en rendent compte. En fait, c'est de trouver quelqu'un de fort, mais il ne faut pas les dépasser. Parce que s'il y a un moment, il faut trouver quelqu'un de fort pour briller. C'est comme ça. Voilà, si je vais choisir cette personne, elle est super, ça va me faire briller. Par contre, si tu commences à briller plus, là, ça va créer un problème. on va essayer de te décembre. Par contre, tu devrais briller toujours en société, mais à la maison. Faut pas que tu parles.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux bien nous partager le type de violence que tu as subi ? C'était des paroles ? Tu disais à la fin que c'était des gestes, parce que justement, à la fin, tu commençais à te rebeller ou c'est parce que c'est la violence physique qui t'a fait prendre conscience que c'était trop.

  • Speaker #0

    Moi c'était beaucoup de psychologique. Quand je suis allée la première fois dans une association, elle m'a dit « vous pouvez faire toutes les cases » . Donc j'étais victime de tous les types de violences. Je ne savais pas. Quand elle m'a dit ça, quand je suis ressortie, je ne savais pas bien. Moi c'était beaucoup de psychologique, beaucoup de rabaissement. Beaucoup de « c'est jamais comme il faut » , « c'est jamais bien » , « tout ce que tu fais c'est jamais bien » , « il y a toujours un truc à redire, tu ne comprends pas » , « je t'ai demandé ça, tu n'y arrives pas » . Il y a beaucoup de personnes qui le rediront. Et puis après, c'est complexe. En fait, ce que ça s'installe avec le temps, c'est des moments où il fait la gueule, tu ne sais pas pourquoi. Du coup, tu essaies d'être sympa, mais comme ça ne va jamais, il fait encore plus la gueule. Tu as l'impression que c'est de ta faute, mais c'est juste lui, en fait. Et c'est énorme, mais ça, tu n'y arriveras jamais. C'est te faire douter. de plein de trucs. Est-ce que t'es sûre que t'as fermé la porte à clé ? Bah oui, je suis sûre. Mais t'es sûre ? Mais t'en es vraiment sûre ? Trois fois, tu vas vérifier. Oui, tu l'avais bien fermé à clé, mais t'as fait un aller-retour. Et après, à chaque fois que tu vas aller essayer de... À chaque fois que tu as fermé la clé, tu participes. Il me dit toujours que j'oublie toujours de fermer la porte à clé parce que j'ai vraiment fermé la porte à clé. Il y a des trucs comme ça dans ta tête. moi il me sursollicitait surtout il m'appelait tout le temps Même à la maison, il me demandait tout le temps des trucs. Apporte-moi un verre d'eau, fais ça, fais ça. Il me demandait plein de trucs. Et mon cerveau était... Je n'avais pas de place pour penser à autre chose qu'à lui et à ses besoins. En fait, il me demandait tout le temps, tout le temps, tout le temps des choses. Donc, je n'arrivais plus à réfléchir pour moi. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Après, il a essayé de m'isoler. Donc, j'avais le droit de sortir. mais quand je sortais après soit il m'envoyait plein de messages dans la soirée et du coup j'étais tout le temps avec lui en fait ce que je lui répondais si je répondais pas il m'envoyait d'autres etc des petits messages un peu de merde mais des trucs bateau mais fallait lui répondre quoi après quand tu rentres ah bah moi j'étais tout seul petit à petit ou alors tu étais avec qui t'as fait quoi t'as mangé avec qui plein de questions donc après tu as moins envie de sortir parce que tu vas te subir l'interrogatoire en revenant Les midis, quand je travaillais, je n'avais pas le droit de manger avec mes collègues. Enfin, pas que je n'avais pas le droit, mais ils m'appelaient pendant toute ma pause-déj. Du coup, j'étais au téléphone, donc je ne vais pas avec les autres. Ah oui, puis je voulais dire ça. Donc comme ça, je ne mangeais pas avec mes collègues. Donc ça me cassait du lien avec mes collègues.

  • Speaker #1

    Ce qui est fou, c'est que certaines choses, à petite dose, tu pourrais dire « Ah ben c'est mignon, il est attentionné, il pense à moi. »

  • Speaker #0

    Tous les jours. Il n'a pas dit qui à midi, mais il ne travaillait pas. Donc, il était tout seul à la maison. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Donc, après, dire des choses sur mes amis. Mais elle, elle a dit ça, moi, je n'aime pas. Tu devrais faire attention, essayer de m'éloigner de mes amis qui avaient des trop gros caractères. Après, ma famille. Ah mais ta maman elle a dit un truc comme ça, j'ai pas aimé, ah bon j'ai pas entendu, bah c'est bizarre t'as pas entendu, pourtant t'étais là et elle a dit ça. Et il y a des moments où je me disais mais c'est folle en fait, il me parle d'un truc, j'étais là, j'ai pas entendu, plein de trucs comme ça. Et en fait les violences physiques sont venues quand j'ai commencé à comprendre qu'il n'était pas normal. Je passais plus de temps avec lui qu'avec mon fils. à m'occuper de lui et à m'occuper de mon fils, je me suis dit, mais c'est bizarre. Et en fait, quand j'ai commencé à comprendre et à des fois dire non à certaines choses qu'il proposait, la violence physique, elle arrive quand ils n'ont plus d'autres alternatives, en fait. Parce que si tu arrives dans une relation où on te fout une claque directe, tu ne vas pas rester. Si t'as déjà créé des liens, t'habites ensemble, t'as un enfant, t'as des biens en commun, etc., des amis, et bien là, en fait, tu vas rester. Et c'est ça, le contrôle coercitif, c'est tout ce qu'ils font pour que tu restes. La violence physique, elle arrive à la fin. Je pense, moi, quand ils se disent « putain, il n'y a pas d'autre cours » , il faut que… là, c'est le seul truc qu'il me reste à faire pour la rabaisser. C'est encore ce truc que je vais… utilisé pour la rabaisser pour qu'elle ait plus d'issue et puis après de toute façon pardon je suis désolé je commencerai pas je me suis emporté mais toi aussi tu m'as provoqué c'est ta faute si t'avais pas fait ça je ne serais pas arrivé là puis toi tu restes t'achètes un cadeau le pauvre il va le changer c'est vrai qu'aujourd'hui il était malade ou il a eu cette nouvelle et tu l'excuses et puis c'est reparti pendant un jour ou deux il est sympa puis après ça recommence et Et ouais, c'est ça qui est compliqué. Et moi, les violences physiques, c'était vraiment le plus. C'était après la séparation. Le jour où j'ai failli mourir, j'étais déjà séparée, j'avais déjà mon appartement. Et c'était après, en fait. Donc, tous ceux qui pensent que... Enfin, toutes les personnes qui se disent « C'est bon, il ne m'a jamais tapé » , en fait, ça se trouve, il y a un moment où ça va arriver. Il ne faut pas attendre ça. Moi, ça a été un de mes déclics, mais... ou pas... Enfin, je regrette en fait d'avoir attendu ce moment alors que j'avais plein de signes, c'est juste que je ne savais pas.

  • Speaker #1

    C'est important. Merci d'avoir partagé ces exemples, puisque ça peut peut-être aider quelqu'un à identifier des signaux au début faibles, mais qui peuvent se révéler importants pour prendre des décisions. Et j'imagine aussi, parce que je retiens... C'est cette idée de se sentir rabaissé et que l'autre ait besoin de flatter son égo et de se mettre en position haute. On a tous nos petits points faibles, nos complexes. Et donc, ça peut arriver que notre conjoint, sans faire exprès, appuie sur un. Mais quand c'est répétitif et quand ça fait vraiment mal et que tu commences comme toi à douter de tout, même est-ce que tu es capable de fermer une porte à clé, là, c'est peut-être le moment de se poser des questions. Et du coup, là aujourd'hui, quand tu nous parles, tu es posée. Il y a encore de l'émotion et en même temps, je sens que tu as fait un gros travail pour avancer. Est-ce que c'est le projet qui t'a permis de te reconstruire ou est-ce qu'il a d'abord fallu te reconstruire pour pouvoir envisager ce projet ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai réussi. à créer mon entreprise à Crétyre parce que je me suis reconstruite avant. Ça m'aide parce que la reconstruction, elle est longue. Donc ça m'aide, mais par contre, j'avais déjà fait plein de choses. J'avais déjà fait toutes mes thérapies de l'EMDR, des groupes de parole, parler à mes amis. Et j'avais déjà eu une première auto-entreprise qui m'a aidée à reprendre confiance aussi, où je faisais de la communication. Mes clients étaient trop contents, ils m'adoraient, ils faisaient des formations à la communication aussi. Donc ça m'a redonné confiance. Je me disais, attends, tu sais faire plein de trucs, et puis les gens sont contents, ils vont dire que c'est bien. Donc ça, ça m'a beaucoup redonné confiance. Je faisais du bénévolat aussi dans des assos ou des ONG. Et pareil, de se ressentir utile. Ah, j'ai fait ça, j'ai aidé telle personne. Ça fait trop du bien, en fait. Donc je me suis reconstruite. peut-être avant, mais la reconstruction est longue, puisqu'il y a d'autres jours où des fois, il y a des choses qui me replongent dedans, donc des fois, il faut repartir à zéro, mais les temps de pas bien sont de plus en plus courts. Avoir un petit truc, ça pouvait m'affecter pendant longtemps, pendant plusieurs semaines, maintenant, ça va m'affecter pendant deux jours, ou un jour, ou une heure, et c'est ça qui est bien, c'est que je sais réagir, en fait, je sais quoi faire pour me sentir bien, je sais que je vais être pas bien un moment, j'accepte. Et après, j'ai mes astuces pour me sentir mieux vite.

  • Speaker #1

    En fait, tu as musclé cette capacité à comprendre ce qui se joue en toi pour le digérer l'émotion et avancer, te remettre d'appel.

  • Speaker #0

    Il y a ça aussi. Je ne veux pas lui laisser le pouvoir de me mettre mal, en fait. Parce qu'il faut... Si, en envoyant un mail, il arrive à me flinguer pendant un mois, c'est génial. génial il a réussi sa mission en fait moi je veux plus lui laisser ce pouvoir là Tu vas m'envoyer un mail, ok, tu m'envoyes un mail, je te réponds et voilà c'est fini. et c'est ça aussi, c'est de lui laisser moins de place. essayer d'avancer moi, de mes progrès, c'est ce que je dois faire aujourd'hui, voilà, j'ai pas envie de m'arrêter à ça. Et je pense que montrer qu'on avance, c'est aussi montrer qu'on est moins atteignable et c'est du coup éloigner la violence qui n'est plus intéressant en fait, si ça nous atteint pas. C'est pas intéressant de nous embêter, je dis ça aussi à mon fils, il y a des enfants qui essayent de l'embêter. Si tu réagis super fort, bien sûr qu'ils vont continuer à t'embêter, c'est ça qu'ils cherchent. Ou pas, t'en fous, on va aller ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça les intéresse beaucoup moins. Tu as évoqué deux points qui sont importants pour gagner en confiance. C'est de faire des choses, de faire des petites choses. C'est par l'action et par la réalisation de ces actions que tu gagnes en confiance. Et le deuxième point, c'est le fait d'aider, d'être bénévole, de donner de son temps. C'est même pour des personnes qui souffrent. Le fait d'aider d'autres personnes qui souffrent aussi, c'est vraiment une cure pour le bien-être et du coup aussi pour reprendre confiance. Est-ce que tu sens que plus tu aides les autres, plus tu es regonflée à bloc ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est ça qui me tient et qui me motive sur la durée aussi. Et je sais que s'il y a des jours où je suis moins bien... on peut aller lire nos avis par exemple mail il y a une dame qui nous a envoyé un mail un jour pour dire qu'elle a vu une conférence où j'expliquais ma situation et elle a quitté son conjoint violent et elle est partie et un an plus tard elle m'a envoyé un mail en me disant c'est bon je suis partie, merci grâce à vous j'ai compris, je suis partie je me suis reconstruite, je ne vais pas bien tous les jours mais je vais beaucoup mieux c'est trop heureuse donc Donc... Ouais, c'est ça. En fait, moi, je ne peux pas arrêter parce que je me dis que si c'est juste une personne comme elle, on aide un petit peu à chaque fois. C'est trop bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, comment tu vis le fait d'être entrepreneur, leader, ultra visible, parce que tu es passée sur qui veut gagner... Enfin, je le fais. Tu n'es pas passée sur qui veut gagner des millions, mais qui va être mon associé. Comment tu vis la pression d'être meneuse de projet ?

  • Speaker #0

    Je fais du yoga, de la méditation, des exercices de respiration pour les moments qui vont être intenses, que ce soit avant les missions, par exemple, où j'ai des exercices de respiration que je fais, ou même avant d'avoir des conversations difficiles avec des personnes qui travaillent avec moi. Il y a des personnes dont j'ai dû me séparer, où c'est difficile en fait, mais à des moments, on est obligé de faire des choix stratégiques. Et donc voilà, j'ai appris à des fois un peu poser mon cœur de côté de temps en temps. Je le garde, je le mets un petit peu plus de côté, je réfléchis, je me dis, là, qu'est-ce qui est bien ? J'essaie toujours de trouver les mots pour expliquer vraiment ce qui se passe. et d'en parler d'une bonne manière, de quand même remercier, etc. Ça me fait de la peine en fait, mais à des moments je suis obligée de choisir. Donc ça je le vis comme ça. Et sur la médiatisation, ça participe à ma confiance, je pense. Ça réussit à la confiance en moi. J'avais beaucoup de problèmes avec mon image, les photos, les vidéos, j'étais vraiment pas à l'aise. Et en fait les gens ne pensent pas du tout la même chose que moi. Il trouve que je suis à l'aise, il trouve que je passe bien à la caméra, en photo. Et du coup, maintenant, j'ai moins de complexe à poster une photo de moi ou à poster une vidéo de moi ou à prendre la parole. J'ai plein de personnes qui vont me dire, c'est super intéressant ce que tu as dit. OK, trop bien. Donc, ça, c'est utile. A la conscience, j'ai été invitée à des événements incroyables. Je me suis dit, mais ils sont sûrs que c'est moi qui veux l'inviter là. Oui, oui, c'était bien toi. OK. Donc, oui, ça participe à ma confiance. Donc, c'est bien. Je suis juste... Je pense que je ne m'habituerais pas. Et c'est si quelqu'un qui vient me voir dans la rue en me disant « Ah, je t'ai vue, là, je suis trop mal à l'aise. » Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas comment agir. Je vais dire merci. Je pense avoir l'air toute gênée. Et tout mon côté timide va ressortir parce que je ne sais pas d'où ça vient, mais je ne sais pas quoi faire. Donc ça, ça me gêne. Mais par contre, prendre la parole, faire des conférences, des webinaires, des ateliers, ça, ça ne me dérange pas du tout. Faire des interviews, des podcasts, j'aime bien.

  • Speaker #1

    donc c'est cool donc c'est plus les interactions surprises dans la rue qui te déstabilisent et progressivement t'as encore une fois l'expérience et le fait d'avoir plusieurs occasions de prendre la parole ça t'a complètement décoincée sur le sujet ouais oui oui finalement ça se passe bien j'ai une

  • Speaker #0

    Une amie que j'ai rencontrée grâce à Thierry, qui a vécu la même chose que moi, elle me dit de toute façon, elle me dit à chaque fois, mais regarde d'où on vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? En fait, non, c'est rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et elle a trop raison, en fait. On a fait tellement de choses, d'être sortis des violences, de se battre, d'avoir fait tous nos dossiers juridiques pour nos enfants, pour les protéger. déployer une méga énergie en fait, on sait qu'on est capable de tout faire. Donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    Et d'un côté business, qui t'aide pour justement prendre les décisions difficiles et savoir que tu déploies la bonne stratégie ?

  • Speaker #0

    Pour les décisions stratégiques, j'ai un comité stratégique qui est composé de mentors.e que j'ai rencontré au fur et à mesure dans ma vie d'entrepreneur par les incubateurs en général. J'ai eu plusieurs personnes. J'ai Sonia Foss, qui est une marraine que j'ai rencontrée grâce à un événement qui s'appelle La Puissance du Lien, qui organise Elisabeth Moreno chaque année, qui est des râches et qui m'aide beaucoup. J'ai Mathieu Batt, que j'ai rencontré dans mon premier incubateur. C'est la première personne devant qui j'ai pitché mon projet. et qui m'aide sur tous les aspects financiers de son domaine. J'ai Christine Chen qui travaille dans une grande entreprise. Elle, elle est très diplomate, elle sait toujours trouver les bons mots. Du coup, elle va m'aider pour des formulations, elle m'aide pour les pitches, pour des questionnaires, si on doit faire des questionnaires, ou des rencontres, des interviews avec des personnes avec qui je veux travailler. J'ai Marjolaine Ferraille des Premières, qui est l'ADG de l'association Les Premières et l'Impubateur, qui elle va m'aider sur toutes les rencontres institutionnelles, comment aller parler à telle personne, qu'est-ce que je peux mettre en avant. Et en fait, tous, dès que j'ai un souci, je les appelle et ils m'aident à réfléchir avec moi, des fois en deux secondes, juste en leur parlant, des fois je trouve que c'est la solution. C'est des personnes de confiance qui ont beaucoup plus d'expérience dans leurs entreprises que moi et qui, du coup, sont sûres pour moi depuis le début. Donc, on fonctionne comme ça. Et il y a aussi autre chose. En plus des mentors, il y a les réseaux. Donc, moi, j'ai fait plusieurs incubations. À chaque fois, j'avais des promos. Donc, on a à chaque fois au moins un groupe WhatsApp par promo. Avec Orange Femmes Entrepreneurs, on se parle tout le temps. S'il y en a une qui a une problématique, du coup, toutes les autres, elles vont dire « Ah bah oui, moi j'ai déjà vécu, j'ai fait ça, j'ai fait ça, j'ai fait ça, ça, ça aide vachement. » Et pareil avec 101 femmes entrepreneurs à Matignon, quand il y en a une qui cherche quelque chose, on s'en prête. Et ça, c'est hyper puissant en fait, parce qu'en fait, il y en a une qui a posé une question la dernière fois, elle pensait que personne n'allait lui répondre, on lui a tout envoyé un truc, on avait tout un contact, et du coup, elle s'est retrouvée avec 50 contacts. Et voilà, c'est la force du truc. La force,

  • Speaker #1

    la puissance du réseau.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment.

  • Speaker #1

    Et pas que, parce que quand tu parles de ton comité stratégique, on se dit, waouh, il y a un beau panel dans ton comité stratégique.

  • Speaker #0

    Et donc,

  • Speaker #1

    tout le monde n'a pas forcément accès à ces personnes-là au début, même si toi, je pense qu'il y a quelques années, tu n'aurais certainement pas imaginé avoir un tel, être aussi bien entouré. mais y Au-delà du prestige de ce panel-là, tu as aussi plein d'autres contacts du fait de tes incubateurs, des différents programmes. Et donc là, c'est plus des personnes, on va dire, lambda. Et en même temps, finalement, si on regarde notre réseau, même en étant une personne lambda, nous pouvons trouver des personnes intéressantes pour d'autres personnes. Ça, c'est... Ouais, en fait,

  • Speaker #0

    il faut demander au niveau de... Pour moi, ça n'a pas été difficile de rencontrer les personnes que j'ai rencontrées. Les femmes entrepreneurs, elles ne sont pas lambda, elles ont des projets incroyables. Et n'importe qui peut trouver de l'aide sur n'importe quel sujet, en fait. Juste en le demandant, je fais partie d'une association aussi ratant d'avoir ma fille. Mais ça s'appelle Capital Fille. C'est pour aider les jeunes filles à aller travailler après dans la tech. Du coup, c'est un mentoring qui commence dès la fin du collège. Ça partait de la troisième. Donc, chaque jeune fille peut avoir une marraine. C'est partout en France. Et moi, comme je suis en Savoie, à Chambéry, je ne sais pas si on est beaucoup. de femmes dans la tech. Donc je me suis dit j'ai trop envie d'avoir une filleule et de l'aider et de pouvoir la conseiller parce qu'il y a peut-être des choses que moi j'ai pas eu, que je peux lui apporter, des choses qu'elle peut pas dire à ses parents, à ses amis et moi je serais complètement extérieure, je pourrais l'aider. Et en fait avoir une marraine c'est trop important. Avoir des mentors et ça aussi, apprendre à construire son réseau dès la fin du collège c'est trop bien. de pouvoir commencer à faire ça parce que c'est sûr que c'est Ça qui nous permet d'avancer. Après, moi, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et oui, quand je disais lambda, ce n'était pas pour dénigrer toutes ces femmes. Mais ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas forcément des personnes connues ou qui sont nées dans le bon milieu. Ça, c'est des personnes qui ont une idée, qui ont un projet, qui ont une énergie. Et vraiment, moi, ce que je retiens aussi, c'est qu'il ne faut pas sous-estimer la force du réseau, même de personnes compte. qu'on n'imagine pas. Je suis en train d'écouter un audiobook justement sur comment réseauter et c'était un des points, c'est de se dire, en fait, la bonne mise en relation vient souvent d'une personne qu'on sous-estimait. Et donc, c'est important de ne pas sous-estimer le potentiel de connexion d'une personne. Et comme tu dis, il suffit de demander, d'être précis dans sa demande et bien sûr, mettre la forme. Je surveille le timing. puisque tu as un programme chargé juste après nous. J'ai trois dernières questions pour toi et c'est le rite de fin de podcast. Si je t'offrais un panneau d'affichage immense dans la ville que tu veux, tu peux y afficher ce que tu veux, c'est ton message au monde. Qu'est-ce que tu y inscris ?

  • Speaker #0

    J'y ai réfléchi ce matin et je te dis le premier truc qui m'est venu en tête, donc je pense que c'est peut-être vraiment ça. Je voulais essayer de trouver un truc ultra profond, etc. Et en fait, je me suis dit... Un truc comme aime-toi et aie confiance en toi. Peut-être quelque chose que les personnes ne te disent pas souvent, un peu plus maintenant sur les réseaux sociaux. Ou je suis fière de toi. C'est des trucs que je pense qu'on ne dit pas assez. De mettre un message qu'on ne dit pas souvent, mais qui fait trop du bien à tout le monde. Parce que si tout le monde se sentait bien, ça irait un peu mieux dans le monde. Je pense avec peut-être du numéro de téléphone, si on se sent pas bien, des personnes qu'on peut appeler.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, quels sont les numéros de téléphone pour les personnes qui sont justement victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On a un, c'est le 3919, emplacé 24h sur 24, 7 jours sur 7. C'est ce numéro de téléphone. Et après, sur les associations qui sont sur tout le territoire, il y a les CIDFF. CIDFF, Centre d'information du droit des femmes et de la famille. Il y en a vraiment partout. Ou le réseau Solidarité Femmes. Donc, il suffit d'écrire Association Solidarité Femmes avec sa ville à côté. Et puis, il y en a partout. Pareil pour le CIDFF. Et c'est vraiment les associations que je recommande. Et si jamais les personnes veulent qu'on les aide à chercher, elles nous envoient un message. C'est pareil, à Notice la Ville, on donne une asso. Ça ne nous prend pas longtemps et ça permet d'aider aussi. Bientôt, on aura un numéro de téléphone.

  • Speaker #1

    ça fait partie des projets et si tu pouvais voyager dans le temps et te retrouver face à Eva disant qu'est-ce que tu lui donnerais comme conseil en plus de aime-toi sois fière de toi et confiance peut-être me

  • Speaker #0

    dire tu peux tout faire tu peux tout réussir tu peux tout réussir et n'aie pas peur de parler j'étais ultra timide je n'osais même pas aller acheter du pain

  • Speaker #1

    Tu peux tout faire, tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu as les capacités de faire tout ce que tu veux, même ce que tu ne penseras jamais que tu aurais fait. Mais ouais, tu vas y arriver.

  • Speaker #1

    Et quel est le projet que tu aimerais bien lancer, mais que tu n'as pas encore osé ?

  • Speaker #0

    Oh, purée ! Je voudrais... Mon rêve, c'est d'inspirer d'un endroit où je suis allée faire un séjour qui s'appelle le Moulin de Pont-Rue. C'est des personnes qui écoutent... Dans le 95, ils ont besoin de se reposer. C'est un séjour de repos pour les mamans victimes de violences et leurs enfants, qui dure une semaine, qui change la vie, mais vraiment. Et pour l'instant, je ne l'ai trouvé que dans le 95. Je suis allée un peu par France. C'est pour les femmes du 95, normalement. Et en fait, j'aimerais bien avoir un lieu comme ça, plus proche de chez moi et de Lyon. C'est assez central, Canberrie, c'est proche de Lyon, Genève. Il y a pas mal de grandes villes autour, mais on est quand même éloigné de Paris. Et du coup, j'aimerais bien avoir une grande maison où je peux faire des séjours comme ça, accueillir les personnes, ça, c'est trop bien. pour être cuisinée, pour des grandes tablées et puis des femmes viennent se reposer avec leurs enfants pendant une semaine et ouais, ça j'aimerais trop faire ça pour les mamans victimes de violences et pour les mamans entrepreneurs aussi The dream

  • Speaker #1

    Écoute Eva, je suis sûre que tu vas réaliser ce rêve un jour, je sais comment tu en parles et je vois que tu l'as déjà bien imaginé donc Donc... J'ai hâte de voir l'info pour l'ouverture de ce lieu, qui ne sera pas tout de suite, ok ? Parce qu'il y a encore beaucoup de choses à faire avec Thierre. Je te souhaite beaucoup de succès et de sérénité pour le développement de ta boîte et qu'elle soit toujours aussi impactante et utile pour toutes les personnes qui ont été victimes de violences et qui veulent continuer à garder le lien pour le bien de leurs enfants. Donc bravo Eva pour ce projet. Bravo à toi et merci beaucoup d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu, intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Eva Ngalé

    00:04

  • Genèse de l'application Tiers et parcours d'Eva

    01:08

  • Sécuriser les échanges entre parents séparés

    02:51

  • Le fonctionnement de l'application et ses bénéfices

    06:20

  • Modèle économique de l'application Tiers

    08:02

  • Démographie des victimes de violences conjugales

    12:19

  • Types de violences et témoignages d'Eva

    20:52

  • La reconstruction personnelle et le projet Tiers

    27:46

  • Pression d'être entrepreneur et médiatisation

    32:25

  • Message au monde et conseils pour les victimes

    41:51

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Description

Dans mon imaginaire, la victime de violences conjugales est isolée et dans une certaine précarité.

Elle parle peu, ne sourit pas ; elle s'efface au maximum.

Elle ne sort pas faire la fête.

N'a pas une belle carrière à afficher sur Linkedin


Sauf, que mon imaginaire se plante.


Les victimes de violences conjugales sont de tout âge, de tous les milieux et dotée de toute sorte de personnalité.


Dans le nouvel épisode du podcast the Patronne, j'ai reçu Eva Ngallé

Eva a une conviction personnelle sur le sujet : les agresseurs choisissent justement des femmes fortes. Celles qui les feront briller en société. Celles qui représentent un challenge à briser petit bout par petit bout.


Nous avons parlé des stéréotypes de la "bonne victime" car j'avais du mal à imaginer comment la femme pétillante que j'avais en face de moi avait pu être victime pendant de longues années de son conjoint violent. Nous avons aussi évoqué les différentes formes de violences.

Et les ressources qui existent pour s'en sortir.


Comment la violence a continué pour elle après la séparation car il fallait bien rester en contact pour gérer la garde alternée de son fils


Et ce qui l'a poussé à créer l'application Ti3rs ; un projet qui dévoile la femme entrepreneure et ambitieuse.


J'ai ressenti beaucoup d'émotions pendant cet échange ; autant d'admiration que de révolte.


Découvrez le projet d'Eva sur https://ti3rs.fr/a-propos/ et suivez Eva via https://www.linkedin.com/in/eva-ngalle/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On dit à chaque fois, mais regarde où tout le monde vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? Sinon, on ne sait rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et à la trop-daison, on va déployer une méga-énergie. On sait qu'on est capable de tout ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal. Et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte, d'apprendre à dire non, que ce soit à ton boss, à qui que ce soit. Tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, je reçois Eva Engalé. Eva est la fondatrice de Tiers, une application innovante qui sécurise la communication entre parents séparés et aussi victimes de violences conjugales. Cette idée s'est imposée à elle. Après avoir traversé 8 ans de violences, elle transforme son expérience en impact. Maman, survivante et entrepreneur, Eva est aussi lauréate à Vivatech. Elle a été reçue récemment à Matignon parmi les 101 femmes entrepreneurs et a participé à la fameuse émission « Qui veut être mon associé ? » . Eva est aujourd'hui à la tête d'un projet humain, techno et politique. Bienvenue Eva. Bonjour. Eva, je me suis très heureuse de t'accueillir aujourd'hui. J'ai envie de dire que ton projet est touchant et révoltant à la fois. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur la genèse de ce projet ?

  • Speaker #0

    Ce projet est né de mon expérience personnelle. J'étais victime de violences, j'ai vécu avec un monsieur violent pendant 8 ans, avec qui j'ai eu un petit garçon. Et quand je me suis rendue compte que ça n'allait pas, que la relation n'était pas normale et que je suis partie, je pensais que les violences allaient s'arrêter. C'était beaucoup de violences psychologiques, des violences physiques vraiment à la fin et après la séparation. Et en fait, les violences ne s'arrêtent pas avec la séparation. Et quand on a un enfant en commun, on est obligé de rester en contact. Et du coup, la violence s'est transformée. Au lieu que ce soit juste des mots qui me sont dit en face, du coup, c'était des insultes et des menaces par le téléphone. Et j'ai cherché des solutions un petit peu partout pour me protéger parce que j'étais obligée de rester en contact avec lui, mais je n'en ai pas trouvé. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une application mobile qui permette aux parents séparés comme moi qui ont vécu des violences et qui ont un enfant en commun. de continuer à communiquer sans recevoir d'insultes, sans recevoir de menaces, sans être harcelé. Et l'application aide aussi à produire des preuves si besoin de passer en justice.

  • Speaker #1

    De ce que j'ai compris, au début, comme tu n'avais pas l'application, c'était ton père qui faisait l'intermédiaire. En quoi ça n'a pas suffi de passer par une personne tiers ?

  • Speaker #0

    Pour communiquer avec mon ex, j'avais besoin d'un tiers de confiance, puisqu'il avait l'interdiction d'entrer en contact. Après avoir envoyé des insultes et des menaces, il n'avait plus le droit de me contacter. Mais on avait quand même toujours notre enfant en commun pour lequel on devait se donner des nouvelles parce qu'on était en garde alternée. Moi, j'ai demandé à mon papa de faire passer les messages parce que j'avais trop peur qu'on me reproche de ne pas donner de nouvelles, de ne pas faire passer les messages, de ne pas donner les informations importantes. Donc, je prérédigeais des messages pour mon papa. Je lui transférais, je l'envoyais à mon ex-conjoint. Mon ex-conjoint l'appelait ou lui répondait par message et mon père me faisait passer l'information. C'est obligé de faire comme ça. Normalement, c'était à monsieur de trouver un tiers de confiance, ce qu'il n'a pas fait. Donc moi, je me suis débrouillée, j'ai demandé à mon papa. Et ce qui se passe, c'est que généralement, la personne tierce à qui on va faire appel, c'est une personne dans qui on a confiance, c'est une personne qui en a de l'affect, qui a de l'affect pour nous aussi. Ça l'a fait entrer dans notre histoire qui est très compliquée. Ça lui fait peser un poids supplémentaire sur les épaules. Et puis ça la met dans la situation de violence. En fait, moi, mon père, il a été harcelé, il a été insulté, il s'est fait hurler dessus au téléphone plein de fois. Il a été frappé, parce qu'il venait aussi avec moi pour récupérer le petit. Donc en fait, ça a créé une nouvelle personne qui subit des violences. C'était très difficile pour lui. Je pense qu'il était un peu perdu. Des fois, il ne savait pas à quoi répondre. Des fois, il ne savait pas. Il ne comprenait pas mes messages. J'étais très réfléchie avec mon avocate, vraiment pour qu'il n'y ait rien qui laisse passer. Mon père, ce n'était pas sa manière de parler. Donc, il disait, mais pourquoi ça ? Tu l'écris comme ça ? Il pourrait peut-être te l'écrire comme ça. Et du coup, oui, c'était dur aussi. Et il ne le dit pas, bien sûr, parce que c'est mon papa. Mais je sais que c'était compliqué. Et en fait, le fait de créer une appli, on utilise le numérique pour neutraliser tout ça. C'est une personne neutre, en fait, qui n'a pas de... C'est une appli qui ne va pas être affectée par la situation, mais qui va permettre de filtrer les messages, de supprimer ceux qui sont violents, de les masquer, de bloquer les 150 messages dans la journée. Et du coup, ça sécurise vachement et ça empêche de mettre encore une autre personne dans la boucle qui va potentiellement se sentir mal, etc. Voilà pourquoi ça n'a pas été... suffisant parce qu'il y a l'affect qu'il faut prendre en compte et les émotions de la personne qui va traiter les messages avec nous.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez fou de s'imaginer qu'en fait, d'un seul coup, la violence, elle se répand à d'autres personnes qui essayent d'aider, mais qui se retrouvent aussi dans ce triangle infernal. C'est une intelligence artificielle qui fait ce filtre ou tu as des personnes, des modérateurs ? Comment ça fonctionne ?

  • Speaker #0

    On m'a souvent posé cette question. peut-être qu'il faudrait que le mettre en place. Non, pour l'instant, c'est un algorithme. Pour le filtre, on a une liste de mots-clés qu'on va repérer et filtrer. Et là, on est en train de travailler sur de l'intelligence artificielle pour filtrer les mots blessants qui ne sont pas des insultes ou des menaces. Toutes les tournures de culpabilisation, de rabaissement. Par exemple, « t'es une mère complètement pourrie » . il n'y a pas d'insultes là-dedans, mais c'est horrible. Ça, on pourra le filtrer, mais pour ça, il faut qu'on entraîne le modèle et qu'on a besoin de contenu. Donc en ce moment, on fait souvent des appels. Si les personnes veulent nous envoyer leurs messages violents sans insultes, ils sont d'accord pour nous les partager. On peut les utiliser pour améliorer l'application. Donc là, on est en train de travailler sur ça. Ça va être trop bien. C'est quelque chose qui manque et qui nous est souvent demandé. Mais moi, ils ne m'insultent pas. Il ne me menace pas directement. C'est des mots détournés, en fait. Ça, on va être capable de le repérer bientôt.

  • Speaker #1

    Le côté passif-agressif, culpabilisant, qui rabaisse aussi, condescendant.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et j'imagine bien comment les personnes victimes voient complètement l'utilité de l'appli. Et comment tu fais pour faire en sorte que les agresseurs décident d'utiliser ? cette appli alors que ça va être filtré, leurs insultes et leurs messages vont être transformés. Est-ce que déjà les agresseurs comprennent que ça passe par cette appli ou pas forcément ?

  • Speaker #0

    Les deux parents ne sont pas obligés de télécharger l'application pour que ça fonctionne. C'était vraiment la demande que j'ai eue au début quand j'ai fait mes premières enquêtes. Beaucoup de personnes me disaient « Mais moi, ils voudraient pas me télécharger en fait » . Donc on a créé un système Merci. Si vous êtes à l'aise pour télécharger l'application, que votre ex-conjoint est aussi à l'aise pour la télécharger parce que vous avez vu avec votre avocat, avec un lieu médiatisé, avec un juge, dans ce cas-là, les deux parents s'inscrivent et ils discutent sur l'application comme une messagerie habituelle puisqu'elle sera filtrée. Par contre, si vous avez peur, si vous pensez que l'autre parent va refuser d'utiliser l'application, vous pouvez nous le notifier et nous, on va créer un nouveau numéro de téléphone. qui sera dans l'application. Vous allez rentrer les infos de l'ex-conjoint ou ex-conjointe, son numéro de téléphone et quand vous lui écrivez depuis l'application, il va recevoir ou elle va recevoir un SMS. Salut c'est Eva, voici mon nouveau numéro de téléphone. C'est quelque chose qu'on peut écrire par exemple en premier message et quand la personne répond, ça rentre dans l'application. Donc la personne n'est pas au courant qu'on utilise cette application si on ne lui dit pas.

  • Speaker #1

    Et donc ça ne marche pas SMS et WhatsApp ?

  • Speaker #0

    Non. On n'est que sur des SMS pour l'instant. On verra plus tard pour WhatsApp. C'était très compliqué à développer. Donc, pour l'instant, nous, on conseille de garder les SMS pour les échanges, les mails, tout ce qui est documents, photos vraiment officielles et de limiter au maximum les canaux de contact. Parce que si on veut être atteignable sur WhatsApp, sur LinkedIn, sur Insta, sur Snap, c'est de bloquer le plus possible. Parce que finalement, cette personne-là, il faut qu'on puisse restreindre et créer un cadre, donc d'utiliser juste le téléphone. Et le mail, c'était suffisant en fait.

  • Speaker #1

    Ton application, elle est vraiment d'utilité publique et je vois que tu es super dynamique et engagée pour faire connaître le programme et aller au-delà d'un... Quand on parle souvent d'entrepreneur, il y a souvent un business model derrière. Là, toi, ton application, elle est gratuite ou elle est payante ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux.

  • Speaker #1

    Il y a les deux ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, on était payant. Donc, c'est le neuf. 9,90 par mois. Mon envie, c'était que ce soit gratuit dès le début, mais en fait, ça coûte très cher de développer et de maintenir une application. Surtout que nous, on paye en plus des numéros de téléphone, des SMS. Donc, c'est 9,90 par mois. On a la possibilité d'avoir un abonnement financé si on n'a pas les moyens de payer 9,90. Par exemple, dans toute la région Auvergne-Grenalpe, la région a acheté 500 abonnements. On n'a pas des associations, on passe par une association, on récupère un abonnement gratuit. On a d'autres partenaires partout en France, les personnes peuvent regarder sur le site si elles sont intéressées. Et s'il n'y a pas d'abonnement financé dans leur région, de quand même nous contacter et de nous dire, moi j'en ai besoin, parce que comme ça, nous après, on a plus de poids à aller voir les CAF, les assos, les collectivités, en disant, dans votre département, il y a tant de personnes qui nous demandent comment on fait, est-ce que vous pouvez nous aider à financer des abonnements pour ces personnes-là ? Donc c'est ça, il y a quand même un modèle économique. Aujourd'hui, il y a une version gratuite qui est sortie. qui n'est pas gratuite pour nous, qu'on offre en fait. Donc on offre un accès gratuit à l'application qui est limitée, ce n'est pas l'application premium. Et cet accès-là, il est financé par des sponsors. Donc les sponsors, ça a été un crowdfunding qu'on a fait au mois de mars, un premier crowdfunding. Et plus tard, ce sera des entreprises engagées qui veulent faire profiter en fait aux plus de personnes possibles l'accès à l'application, montrer leur engagement RSE. C'est une version gratuite, mais pour les utilisateurs. Et du coup, il y a quand même un modèle économique à trouver.

  • Speaker #1

    C'est intéressant d'avoir ce côté hybride dans le business model pour à la fois mener ta mission, qui est d'accompagner un maximum de victimes. Et beaucoup de femmes victimes sont aussi dans une précarité financière très importante. Mais pas que, il n'y a pas que. Tu as peut-être plus de données. Quelle est la démographie des personnes victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On n'a pas cette donnée. On a cherché, on n'a pas trouvé de chiffres. Moi, ce que je remarque dans les personnes qui m'écrivent, c'est que j'ai tous les profils. J'ai autant de personnes qui me disent « Moi, c'est compliqué, je n'ai pas forcément les moyens de financer un abonnement. » D'autres qui me disent Bon. Moi, j'ai un boulot très confortable, 9,90 euros, ça ne me dérange pas du tout si c'est payé pour la paix et qu'ils ont des super postes, des rats chefs d'entreprise. Et voilà, c'est aussi faire changer la vision qu'on a des personnes victimes de violences. En fait, c'est tout le monde. Ce n'est pas que des personnes en grande précarité. Ce n'est pas que des personnes qui n'ont pas un bon niveau d'études, comme certains pensent. C'est n'importe qui, en fait, et la violence, elle... qui touche tout le monde et tous les milieux. Et on le voit là avec même les personnes médiatisées qui sont victimes de violences. Donc c'est des personnes qui ont un très haut niveau de vie. Moi ce qui me dérangeait en fait dans le fait de rendre payant, c'était qu'il y ait des personnes qui n'ont pas encore envie de payer autre chose pour se protéger. Parce que quand on est victime de violences et qu'on se sépare, Généralement on repart de zéro, on reprend un nouvel appart, un nouvel meuble, on a tous nos soins psychologiques, ostéo, tous les soins pour se sentir mieux. On doit tout racheter pour nos enfants, on doit payer toutes les activités, et on doit payer nos avocats. Donc en fait c'est pas la précarité, c'est pas la base, c'est la violence qui peut amener à la précarité parce que souvent on perd son travail, on n'arrive plus à aller au travail donc c'est compliqué. Je pense qu'en fait, c'est juste qu'il y a des choses à payer un peu. On se dit que c'est une priorité et on ne veut pas forcément payer en plus pour l'autre final. Mais non, moi, j'ai plein de personnes victimes de violences qui ont des revenus confortables et ça ne les embête pas d'avoir connu des personnes violentes aussi. On milite aussi sur ça de montrer... Tout autant que la violence c'est pas que des coups, les femmes victimes de violences n'ont pas toutes des yeux au beurre noir etc. Il y en a aussi où tu le vois pas en fait, tu le vois pas du tout et c'est que de la violence psychologique ça se voit pas physiquement et pourtant ça résiste et ça détruit. C'est vraiment montrer aussi les autres facettes, les autres types de personnes qui sont importantes et montrer qu'on n'est pas que victime de violences. On ne passe pas notre vie à être victime. Il y a des jours où on fait la fête, il y a des jours où on voit nos copines, il y a des moments où on fait du sport, il y a des moments où on travaille. On n'est pas que ça. Et c'est important aussi de le montrer. On peut faire d'autres choses et ce n'est pas parce qu'on a l'air heureux sur une photo qu'il n'y a pas des choses difficiles dans nos vies. C'est qu'on arrive aussi à passer outre et à trouver des jolis moments parce que de toute façon, c'est essentiel. Mais oui, il y a ces images où des fois, ça crée une espèce de culpabilité quand on va au tribunal. En fait, j'en parle avec beaucoup de personnes. Est-ce que je vais aller au tribunal ? Est-ce que tu penses qu'il faut que je mette du rouge à lèvres ? Non, je ne pense pas. En fait, il faut être la bonne victime. Il faut être très déprimé, très triste, mais pas trop, parce qu'il faut bien s'occuper de ses enfants quand même. Il ne faut pas être trop belle, il ne faut pas être trop pimpante, il ne faut pas être trop bien habillée, sinon on ne croit pas quand on va porter plainte. Et en fait, c'est débile. Effectivement, il y a des jours où on va être au fond du trou. Et c'est peut-être même pas ce jour-là où on va réussir à aller au commissariat d'ailleurs. Et il y a des jours où on est très bien en fait, et c'est pas parce qu'on a l'air super bien qu'à l'intérieur tout va bien, et qu'autour de nous tout va bien. Oui, je trouve que c'est important de montrer aussi d'autres réalités pour qu'on nous croit plus, et qu'on arrête de penser, qu'on invente. Parce qu'aujourd'hui, j'ai du rouge à l'air, donc pas victime de violence.

  • Speaker #1

    Encore cette quête de la crédibilité. Je vois beaucoup de femmes qui cherchent à être crédibles au bureau. Et là, il faut aussi être crédible au tribunal.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est tout un programme. Je connais des personnes qui ne peuvent pas aller au tribunal parce qu'elles ne seront pas crédibles pour le tribunal. Donc, les avocates leur disent, en fait, c'est mieux si vous ne venez pas. Je sais que quand vous venez, en fait, les personnes sont trop fortes. Elles paraissent trop bien. Elles ne sont pas assez abattues parce qu'elles se sont relevées. Et elles font tout pour s'occuper de leurs enfants, mener leur combat. Donc, elles sont trop fortes. Ça ne sert à rien d'aller au tribunal. On ne va pas les croire. Et voilà. Il ne faut pas être trop, trop forte non plus.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être trop forte. Et ce qui est intéressant, c'est que moi, quand je te vois et quand je t'écoute, quand je vois justement ton côté battante, militante, entrepreneur, c'est vrai que ça me traverse l'esprit de me dire mais comment Eva a pu être victime ? Tu vois, j'ai du mal à... à le comprendre. Est-ce que c'est lié à ça, du coup ? C'est qu'en fait, tu peux être victime à un moment et forte à un autre ? Ou est-ce que c'est que, justement, le fait d'avoir été victime et d'avoir pu te relever, c'est de là que tu as trouvé ta force ?

  • Speaker #0

    Non, moi, je pense qu'après, c'est une théorie personnelle que les personnes violentes choisissent des personnes fortes. parce que sinon ce serait pas marrant de détruire quelqu'un qui est déjà pas trop bien dans sa peau enfin moi j'étais pas bien dans ma peau mais je faisais plein de choses quand on s'est rencontré j'étais étudiante, j'organisais des soirées, j'organisais des événements je faisais plein de trucs et du coup j'avais plein d'amis et du coup c'est plus rigolo c'est super bien qu'il fait plein de trucs et de petit à petit l'isoler, le faire descendre, le faire douter etc que de partir de quelqu'un qui est déjà pas bien et ça c'est plus après peut-être quand ils se ils ont pas réussi à démonter la personne qui voulait démonter ont du mal à retrouver quelqu'un peut-être qu'ils ont choisi quelqu'un de plus facile entre guillemets mais en tout cas moi toutes les personnes que j'ai rencontrées elles sont hyper forte c'est juste qu'on a des blessures d'avant que eux arrivent à détecter et ils arrivent à appuyer dessus mais mais je pense pas que des personnes faibles en fait. Les personnes faibles, c'est les personnes violentes qui vont se baser sur toutes les choses qui nous font douter etc. qui vont pas se remettre en question, qui vont se victimiser. C'est elles les personnes faibles. Mais les personnes qui sont victimes de violences ne sont pas faibles pour moi. On les rend faibles. On essaye de les rendre faibles, c'est le but.

  • Speaker #1

    Et comment ça fonctionne ? Déjà ce qui me paraît fou dans ton propos c'est l'intention de nuire. Donc pour toi, ça fait partie d'une stratégie de leur part de renifler la personne forte avec des petites failles ?

  • Speaker #0

    Consciente ou inconsciente, c'est vrai. Je ne pense pas qu'ils s'en rendent compte. En fait, c'est de trouver quelqu'un de fort, mais il ne faut pas les dépasser. Parce que s'il y a un moment, il faut trouver quelqu'un de fort pour briller. C'est comme ça. Voilà, si je vais choisir cette personne, elle est super, ça va me faire briller. Par contre, si tu commences à briller plus, là, ça va créer un problème. on va essayer de te décembre. Par contre, tu devrais briller toujours en société, mais à la maison. Faut pas que tu parles.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux bien nous partager le type de violence que tu as subi ? C'était des paroles ? Tu disais à la fin que c'était des gestes, parce que justement, à la fin, tu commençais à te rebeller ou c'est parce que c'est la violence physique qui t'a fait prendre conscience que c'était trop.

  • Speaker #0

    Moi c'était beaucoup de psychologique. Quand je suis allée la première fois dans une association, elle m'a dit « vous pouvez faire toutes les cases » . Donc j'étais victime de tous les types de violences. Je ne savais pas. Quand elle m'a dit ça, quand je suis ressortie, je ne savais pas bien. Moi c'était beaucoup de psychologique, beaucoup de rabaissement. Beaucoup de « c'est jamais comme il faut » , « c'est jamais bien » , « tout ce que tu fais c'est jamais bien » , « il y a toujours un truc à redire, tu ne comprends pas » , « je t'ai demandé ça, tu n'y arrives pas » . Il y a beaucoup de personnes qui le rediront. Et puis après, c'est complexe. En fait, ce que ça s'installe avec le temps, c'est des moments où il fait la gueule, tu ne sais pas pourquoi. Du coup, tu essaies d'être sympa, mais comme ça ne va jamais, il fait encore plus la gueule. Tu as l'impression que c'est de ta faute, mais c'est juste lui, en fait. Et c'est énorme, mais ça, tu n'y arriveras jamais. C'est te faire douter. de plein de trucs. Est-ce que t'es sûre que t'as fermé la porte à clé ? Bah oui, je suis sûre. Mais t'es sûre ? Mais t'en es vraiment sûre ? Trois fois, tu vas vérifier. Oui, tu l'avais bien fermé à clé, mais t'as fait un aller-retour. Et après, à chaque fois que tu vas aller essayer de... À chaque fois que tu as fermé la clé, tu participes. Il me dit toujours que j'oublie toujours de fermer la porte à clé parce que j'ai vraiment fermé la porte à clé. Il y a des trucs comme ça dans ta tête. moi il me sursollicitait surtout il m'appelait tout le temps Même à la maison, il me demandait tout le temps des trucs. Apporte-moi un verre d'eau, fais ça, fais ça. Il me demandait plein de trucs. Et mon cerveau était... Je n'avais pas de place pour penser à autre chose qu'à lui et à ses besoins. En fait, il me demandait tout le temps, tout le temps, tout le temps des choses. Donc, je n'arrivais plus à réfléchir pour moi. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Après, il a essayé de m'isoler. Donc, j'avais le droit de sortir. mais quand je sortais après soit il m'envoyait plein de messages dans la soirée et du coup j'étais tout le temps avec lui en fait ce que je lui répondais si je répondais pas il m'envoyait d'autres etc des petits messages un peu de merde mais des trucs bateau mais fallait lui répondre quoi après quand tu rentres ah bah moi j'étais tout seul petit à petit ou alors tu étais avec qui t'as fait quoi t'as mangé avec qui plein de questions donc après tu as moins envie de sortir parce que tu vas te subir l'interrogatoire en revenant Les midis, quand je travaillais, je n'avais pas le droit de manger avec mes collègues. Enfin, pas que je n'avais pas le droit, mais ils m'appelaient pendant toute ma pause-déj. Du coup, j'étais au téléphone, donc je ne vais pas avec les autres. Ah oui, puis je voulais dire ça. Donc comme ça, je ne mangeais pas avec mes collègues. Donc ça me cassait du lien avec mes collègues.

  • Speaker #1

    Ce qui est fou, c'est que certaines choses, à petite dose, tu pourrais dire « Ah ben c'est mignon, il est attentionné, il pense à moi. »

  • Speaker #0

    Tous les jours. Il n'a pas dit qui à midi, mais il ne travaillait pas. Donc, il était tout seul à la maison. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Donc, après, dire des choses sur mes amis. Mais elle, elle a dit ça, moi, je n'aime pas. Tu devrais faire attention, essayer de m'éloigner de mes amis qui avaient des trop gros caractères. Après, ma famille. Ah mais ta maman elle a dit un truc comme ça, j'ai pas aimé, ah bon j'ai pas entendu, bah c'est bizarre t'as pas entendu, pourtant t'étais là et elle a dit ça. Et il y a des moments où je me disais mais c'est folle en fait, il me parle d'un truc, j'étais là, j'ai pas entendu, plein de trucs comme ça. Et en fait les violences physiques sont venues quand j'ai commencé à comprendre qu'il n'était pas normal. Je passais plus de temps avec lui qu'avec mon fils. à m'occuper de lui et à m'occuper de mon fils, je me suis dit, mais c'est bizarre. Et en fait, quand j'ai commencé à comprendre et à des fois dire non à certaines choses qu'il proposait, la violence physique, elle arrive quand ils n'ont plus d'autres alternatives, en fait. Parce que si tu arrives dans une relation où on te fout une claque directe, tu ne vas pas rester. Si t'as déjà créé des liens, t'habites ensemble, t'as un enfant, t'as des biens en commun, etc., des amis, et bien là, en fait, tu vas rester. Et c'est ça, le contrôle coercitif, c'est tout ce qu'ils font pour que tu restes. La violence physique, elle arrive à la fin. Je pense, moi, quand ils se disent « putain, il n'y a pas d'autre cours » , il faut que… là, c'est le seul truc qu'il me reste à faire pour la rabaisser. C'est encore ce truc que je vais… utilisé pour la rabaisser pour qu'elle ait plus d'issue et puis après de toute façon pardon je suis désolé je commencerai pas je me suis emporté mais toi aussi tu m'as provoqué c'est ta faute si t'avais pas fait ça je ne serais pas arrivé là puis toi tu restes t'achètes un cadeau le pauvre il va le changer c'est vrai qu'aujourd'hui il était malade ou il a eu cette nouvelle et tu l'excuses et puis c'est reparti pendant un jour ou deux il est sympa puis après ça recommence et Et ouais, c'est ça qui est compliqué. Et moi, les violences physiques, c'était vraiment le plus. C'était après la séparation. Le jour où j'ai failli mourir, j'étais déjà séparée, j'avais déjà mon appartement. Et c'était après, en fait. Donc, tous ceux qui pensent que... Enfin, toutes les personnes qui se disent « C'est bon, il ne m'a jamais tapé » , en fait, ça se trouve, il y a un moment où ça va arriver. Il ne faut pas attendre ça. Moi, ça a été un de mes déclics, mais... ou pas... Enfin, je regrette en fait d'avoir attendu ce moment alors que j'avais plein de signes, c'est juste que je ne savais pas.

  • Speaker #1

    C'est important. Merci d'avoir partagé ces exemples, puisque ça peut peut-être aider quelqu'un à identifier des signaux au début faibles, mais qui peuvent se révéler importants pour prendre des décisions. Et j'imagine aussi, parce que je retiens... C'est cette idée de se sentir rabaissé et que l'autre ait besoin de flatter son égo et de se mettre en position haute. On a tous nos petits points faibles, nos complexes. Et donc, ça peut arriver que notre conjoint, sans faire exprès, appuie sur un. Mais quand c'est répétitif et quand ça fait vraiment mal et que tu commences comme toi à douter de tout, même est-ce que tu es capable de fermer une porte à clé, là, c'est peut-être le moment de se poser des questions. Et du coup, là aujourd'hui, quand tu nous parles, tu es posée. Il y a encore de l'émotion et en même temps, je sens que tu as fait un gros travail pour avancer. Est-ce que c'est le projet qui t'a permis de te reconstruire ou est-ce qu'il a d'abord fallu te reconstruire pour pouvoir envisager ce projet ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai réussi. à créer mon entreprise à Crétyre parce que je me suis reconstruite avant. Ça m'aide parce que la reconstruction, elle est longue. Donc ça m'aide, mais par contre, j'avais déjà fait plein de choses. J'avais déjà fait toutes mes thérapies de l'EMDR, des groupes de parole, parler à mes amis. Et j'avais déjà eu une première auto-entreprise qui m'a aidée à reprendre confiance aussi, où je faisais de la communication. Mes clients étaient trop contents, ils m'adoraient, ils faisaient des formations à la communication aussi. Donc ça m'a redonné confiance. Je me disais, attends, tu sais faire plein de trucs, et puis les gens sont contents, ils vont dire que c'est bien. Donc ça, ça m'a beaucoup redonné confiance. Je faisais du bénévolat aussi dans des assos ou des ONG. Et pareil, de se ressentir utile. Ah, j'ai fait ça, j'ai aidé telle personne. Ça fait trop du bien, en fait. Donc je me suis reconstruite. peut-être avant, mais la reconstruction est longue, puisqu'il y a d'autres jours où des fois, il y a des choses qui me replongent dedans, donc des fois, il faut repartir à zéro, mais les temps de pas bien sont de plus en plus courts. Avoir un petit truc, ça pouvait m'affecter pendant longtemps, pendant plusieurs semaines, maintenant, ça va m'affecter pendant deux jours, ou un jour, ou une heure, et c'est ça qui est bien, c'est que je sais réagir, en fait, je sais quoi faire pour me sentir bien, je sais que je vais être pas bien un moment, j'accepte. Et après, j'ai mes astuces pour me sentir mieux vite.

  • Speaker #1

    En fait, tu as musclé cette capacité à comprendre ce qui se joue en toi pour le digérer l'émotion et avancer, te remettre d'appel.

  • Speaker #0

    Il y a ça aussi. Je ne veux pas lui laisser le pouvoir de me mettre mal, en fait. Parce qu'il faut... Si, en envoyant un mail, il arrive à me flinguer pendant un mois, c'est génial. génial il a réussi sa mission en fait moi je veux plus lui laisser ce pouvoir là Tu vas m'envoyer un mail, ok, tu m'envoyes un mail, je te réponds et voilà c'est fini. et c'est ça aussi, c'est de lui laisser moins de place. essayer d'avancer moi, de mes progrès, c'est ce que je dois faire aujourd'hui, voilà, j'ai pas envie de m'arrêter à ça. Et je pense que montrer qu'on avance, c'est aussi montrer qu'on est moins atteignable et c'est du coup éloigner la violence qui n'est plus intéressant en fait, si ça nous atteint pas. C'est pas intéressant de nous embêter, je dis ça aussi à mon fils, il y a des enfants qui essayent de l'embêter. Si tu réagis super fort, bien sûr qu'ils vont continuer à t'embêter, c'est ça qu'ils cherchent. Ou pas, t'en fous, on va aller ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça les intéresse beaucoup moins. Tu as évoqué deux points qui sont importants pour gagner en confiance. C'est de faire des choses, de faire des petites choses. C'est par l'action et par la réalisation de ces actions que tu gagnes en confiance. Et le deuxième point, c'est le fait d'aider, d'être bénévole, de donner de son temps. C'est même pour des personnes qui souffrent. Le fait d'aider d'autres personnes qui souffrent aussi, c'est vraiment une cure pour le bien-être et du coup aussi pour reprendre confiance. Est-ce que tu sens que plus tu aides les autres, plus tu es regonflée à bloc ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est ça qui me tient et qui me motive sur la durée aussi. Et je sais que s'il y a des jours où je suis moins bien... on peut aller lire nos avis par exemple mail il y a une dame qui nous a envoyé un mail un jour pour dire qu'elle a vu une conférence où j'expliquais ma situation et elle a quitté son conjoint violent et elle est partie et un an plus tard elle m'a envoyé un mail en me disant c'est bon je suis partie, merci grâce à vous j'ai compris, je suis partie je me suis reconstruite, je ne vais pas bien tous les jours mais je vais beaucoup mieux c'est trop heureuse donc Donc... Ouais, c'est ça. En fait, moi, je ne peux pas arrêter parce que je me dis que si c'est juste une personne comme elle, on aide un petit peu à chaque fois. C'est trop bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, comment tu vis le fait d'être entrepreneur, leader, ultra visible, parce que tu es passée sur qui veut gagner... Enfin, je le fais. Tu n'es pas passée sur qui veut gagner des millions, mais qui va être mon associé. Comment tu vis la pression d'être meneuse de projet ?

  • Speaker #0

    Je fais du yoga, de la méditation, des exercices de respiration pour les moments qui vont être intenses, que ce soit avant les missions, par exemple, où j'ai des exercices de respiration que je fais, ou même avant d'avoir des conversations difficiles avec des personnes qui travaillent avec moi. Il y a des personnes dont j'ai dû me séparer, où c'est difficile en fait, mais à des moments, on est obligé de faire des choix stratégiques. Et donc voilà, j'ai appris à des fois un peu poser mon cœur de côté de temps en temps. Je le garde, je le mets un petit peu plus de côté, je réfléchis, je me dis, là, qu'est-ce qui est bien ? J'essaie toujours de trouver les mots pour expliquer vraiment ce qui se passe. et d'en parler d'une bonne manière, de quand même remercier, etc. Ça me fait de la peine en fait, mais à des moments je suis obligée de choisir. Donc ça je le vis comme ça. Et sur la médiatisation, ça participe à ma confiance, je pense. Ça réussit à la confiance en moi. J'avais beaucoup de problèmes avec mon image, les photos, les vidéos, j'étais vraiment pas à l'aise. Et en fait les gens ne pensent pas du tout la même chose que moi. Il trouve que je suis à l'aise, il trouve que je passe bien à la caméra, en photo. Et du coup, maintenant, j'ai moins de complexe à poster une photo de moi ou à poster une vidéo de moi ou à prendre la parole. J'ai plein de personnes qui vont me dire, c'est super intéressant ce que tu as dit. OK, trop bien. Donc, ça, c'est utile. A la conscience, j'ai été invitée à des événements incroyables. Je me suis dit, mais ils sont sûrs que c'est moi qui veux l'inviter là. Oui, oui, c'était bien toi. OK. Donc, oui, ça participe à ma confiance. Donc, c'est bien. Je suis juste... Je pense que je ne m'habituerais pas. Et c'est si quelqu'un qui vient me voir dans la rue en me disant « Ah, je t'ai vue, là, je suis trop mal à l'aise. » Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas comment agir. Je vais dire merci. Je pense avoir l'air toute gênée. Et tout mon côté timide va ressortir parce que je ne sais pas d'où ça vient, mais je ne sais pas quoi faire. Donc ça, ça me gêne. Mais par contre, prendre la parole, faire des conférences, des webinaires, des ateliers, ça, ça ne me dérange pas du tout. Faire des interviews, des podcasts, j'aime bien.

  • Speaker #1

    donc c'est cool donc c'est plus les interactions surprises dans la rue qui te déstabilisent et progressivement t'as encore une fois l'expérience et le fait d'avoir plusieurs occasions de prendre la parole ça t'a complètement décoincée sur le sujet ouais oui oui finalement ça se passe bien j'ai une

  • Speaker #0

    Une amie que j'ai rencontrée grâce à Thierry, qui a vécu la même chose que moi, elle me dit de toute façon, elle me dit à chaque fois, mais regarde d'où on vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? En fait, non, c'est rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et elle a trop raison, en fait. On a fait tellement de choses, d'être sortis des violences, de se battre, d'avoir fait tous nos dossiers juridiques pour nos enfants, pour les protéger. déployer une méga énergie en fait, on sait qu'on est capable de tout faire. Donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    Et d'un côté business, qui t'aide pour justement prendre les décisions difficiles et savoir que tu déploies la bonne stratégie ?

  • Speaker #0

    Pour les décisions stratégiques, j'ai un comité stratégique qui est composé de mentors.e que j'ai rencontré au fur et à mesure dans ma vie d'entrepreneur par les incubateurs en général. J'ai eu plusieurs personnes. J'ai Sonia Foss, qui est une marraine que j'ai rencontrée grâce à un événement qui s'appelle La Puissance du Lien, qui organise Elisabeth Moreno chaque année, qui est des râches et qui m'aide beaucoup. J'ai Mathieu Batt, que j'ai rencontré dans mon premier incubateur. C'est la première personne devant qui j'ai pitché mon projet. et qui m'aide sur tous les aspects financiers de son domaine. J'ai Christine Chen qui travaille dans une grande entreprise. Elle, elle est très diplomate, elle sait toujours trouver les bons mots. Du coup, elle va m'aider pour des formulations, elle m'aide pour les pitches, pour des questionnaires, si on doit faire des questionnaires, ou des rencontres, des interviews avec des personnes avec qui je veux travailler. J'ai Marjolaine Ferraille des Premières, qui est l'ADG de l'association Les Premières et l'Impubateur, qui elle va m'aider sur toutes les rencontres institutionnelles, comment aller parler à telle personne, qu'est-ce que je peux mettre en avant. Et en fait, tous, dès que j'ai un souci, je les appelle et ils m'aident à réfléchir avec moi, des fois en deux secondes, juste en leur parlant, des fois je trouve que c'est la solution. C'est des personnes de confiance qui ont beaucoup plus d'expérience dans leurs entreprises que moi et qui, du coup, sont sûres pour moi depuis le début. Donc, on fonctionne comme ça. Et il y a aussi autre chose. En plus des mentors, il y a les réseaux. Donc, moi, j'ai fait plusieurs incubations. À chaque fois, j'avais des promos. Donc, on a à chaque fois au moins un groupe WhatsApp par promo. Avec Orange Femmes Entrepreneurs, on se parle tout le temps. S'il y en a une qui a une problématique, du coup, toutes les autres, elles vont dire « Ah bah oui, moi j'ai déjà vécu, j'ai fait ça, j'ai fait ça, j'ai fait ça, ça, ça aide vachement. » Et pareil avec 101 femmes entrepreneurs à Matignon, quand il y en a une qui cherche quelque chose, on s'en prête. Et ça, c'est hyper puissant en fait, parce qu'en fait, il y en a une qui a posé une question la dernière fois, elle pensait que personne n'allait lui répondre, on lui a tout envoyé un truc, on avait tout un contact, et du coup, elle s'est retrouvée avec 50 contacts. Et voilà, c'est la force du truc. La force,

  • Speaker #1

    la puissance du réseau.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment.

  • Speaker #1

    Et pas que, parce que quand tu parles de ton comité stratégique, on se dit, waouh, il y a un beau panel dans ton comité stratégique.

  • Speaker #0

    Et donc,

  • Speaker #1

    tout le monde n'a pas forcément accès à ces personnes-là au début, même si toi, je pense qu'il y a quelques années, tu n'aurais certainement pas imaginé avoir un tel, être aussi bien entouré. mais y Au-delà du prestige de ce panel-là, tu as aussi plein d'autres contacts du fait de tes incubateurs, des différents programmes. Et donc là, c'est plus des personnes, on va dire, lambda. Et en même temps, finalement, si on regarde notre réseau, même en étant une personne lambda, nous pouvons trouver des personnes intéressantes pour d'autres personnes. Ça, c'est... Ouais, en fait,

  • Speaker #0

    il faut demander au niveau de... Pour moi, ça n'a pas été difficile de rencontrer les personnes que j'ai rencontrées. Les femmes entrepreneurs, elles ne sont pas lambda, elles ont des projets incroyables. Et n'importe qui peut trouver de l'aide sur n'importe quel sujet, en fait. Juste en le demandant, je fais partie d'une association aussi ratant d'avoir ma fille. Mais ça s'appelle Capital Fille. C'est pour aider les jeunes filles à aller travailler après dans la tech. Du coup, c'est un mentoring qui commence dès la fin du collège. Ça partait de la troisième. Donc, chaque jeune fille peut avoir une marraine. C'est partout en France. Et moi, comme je suis en Savoie, à Chambéry, je ne sais pas si on est beaucoup. de femmes dans la tech. Donc je me suis dit j'ai trop envie d'avoir une filleule et de l'aider et de pouvoir la conseiller parce qu'il y a peut-être des choses que moi j'ai pas eu, que je peux lui apporter, des choses qu'elle peut pas dire à ses parents, à ses amis et moi je serais complètement extérieure, je pourrais l'aider. Et en fait avoir une marraine c'est trop important. Avoir des mentors et ça aussi, apprendre à construire son réseau dès la fin du collège c'est trop bien. de pouvoir commencer à faire ça parce que c'est sûr que c'est Ça qui nous permet d'avancer. Après, moi, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et oui, quand je disais lambda, ce n'était pas pour dénigrer toutes ces femmes. Mais ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas forcément des personnes connues ou qui sont nées dans le bon milieu. Ça, c'est des personnes qui ont une idée, qui ont un projet, qui ont une énergie. Et vraiment, moi, ce que je retiens aussi, c'est qu'il ne faut pas sous-estimer la force du réseau, même de personnes compte. qu'on n'imagine pas. Je suis en train d'écouter un audiobook justement sur comment réseauter et c'était un des points, c'est de se dire, en fait, la bonne mise en relation vient souvent d'une personne qu'on sous-estimait. Et donc, c'est important de ne pas sous-estimer le potentiel de connexion d'une personne. Et comme tu dis, il suffit de demander, d'être précis dans sa demande et bien sûr, mettre la forme. Je surveille le timing. puisque tu as un programme chargé juste après nous. J'ai trois dernières questions pour toi et c'est le rite de fin de podcast. Si je t'offrais un panneau d'affichage immense dans la ville que tu veux, tu peux y afficher ce que tu veux, c'est ton message au monde. Qu'est-ce que tu y inscris ?

  • Speaker #0

    J'y ai réfléchi ce matin et je te dis le premier truc qui m'est venu en tête, donc je pense que c'est peut-être vraiment ça. Je voulais essayer de trouver un truc ultra profond, etc. Et en fait, je me suis dit... Un truc comme aime-toi et aie confiance en toi. Peut-être quelque chose que les personnes ne te disent pas souvent, un peu plus maintenant sur les réseaux sociaux. Ou je suis fière de toi. C'est des trucs que je pense qu'on ne dit pas assez. De mettre un message qu'on ne dit pas souvent, mais qui fait trop du bien à tout le monde. Parce que si tout le monde se sentait bien, ça irait un peu mieux dans le monde. Je pense avec peut-être du numéro de téléphone, si on se sent pas bien, des personnes qu'on peut appeler.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, quels sont les numéros de téléphone pour les personnes qui sont justement victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On a un, c'est le 3919, emplacé 24h sur 24, 7 jours sur 7. C'est ce numéro de téléphone. Et après, sur les associations qui sont sur tout le territoire, il y a les CIDFF. CIDFF, Centre d'information du droit des femmes et de la famille. Il y en a vraiment partout. Ou le réseau Solidarité Femmes. Donc, il suffit d'écrire Association Solidarité Femmes avec sa ville à côté. Et puis, il y en a partout. Pareil pour le CIDFF. Et c'est vraiment les associations que je recommande. Et si jamais les personnes veulent qu'on les aide à chercher, elles nous envoient un message. C'est pareil, à Notice la Ville, on donne une asso. Ça ne nous prend pas longtemps et ça permet d'aider aussi. Bientôt, on aura un numéro de téléphone.

  • Speaker #1

    ça fait partie des projets et si tu pouvais voyager dans le temps et te retrouver face à Eva disant qu'est-ce que tu lui donnerais comme conseil en plus de aime-toi sois fière de toi et confiance peut-être me

  • Speaker #0

    dire tu peux tout faire tu peux tout réussir tu peux tout réussir et n'aie pas peur de parler j'étais ultra timide je n'osais même pas aller acheter du pain

  • Speaker #1

    Tu peux tout faire, tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu as les capacités de faire tout ce que tu veux, même ce que tu ne penseras jamais que tu aurais fait. Mais ouais, tu vas y arriver.

  • Speaker #1

    Et quel est le projet que tu aimerais bien lancer, mais que tu n'as pas encore osé ?

  • Speaker #0

    Oh, purée ! Je voudrais... Mon rêve, c'est d'inspirer d'un endroit où je suis allée faire un séjour qui s'appelle le Moulin de Pont-Rue. C'est des personnes qui écoutent... Dans le 95, ils ont besoin de se reposer. C'est un séjour de repos pour les mamans victimes de violences et leurs enfants, qui dure une semaine, qui change la vie, mais vraiment. Et pour l'instant, je ne l'ai trouvé que dans le 95. Je suis allée un peu par France. C'est pour les femmes du 95, normalement. Et en fait, j'aimerais bien avoir un lieu comme ça, plus proche de chez moi et de Lyon. C'est assez central, Canberrie, c'est proche de Lyon, Genève. Il y a pas mal de grandes villes autour, mais on est quand même éloigné de Paris. Et du coup, j'aimerais bien avoir une grande maison où je peux faire des séjours comme ça, accueillir les personnes, ça, c'est trop bien. pour être cuisinée, pour des grandes tablées et puis des femmes viennent se reposer avec leurs enfants pendant une semaine et ouais, ça j'aimerais trop faire ça pour les mamans victimes de violences et pour les mamans entrepreneurs aussi The dream

  • Speaker #1

    Écoute Eva, je suis sûre que tu vas réaliser ce rêve un jour, je sais comment tu en parles et je vois que tu l'as déjà bien imaginé donc Donc... J'ai hâte de voir l'info pour l'ouverture de ce lieu, qui ne sera pas tout de suite, ok ? Parce qu'il y a encore beaucoup de choses à faire avec Thierre. Je te souhaite beaucoup de succès et de sérénité pour le développement de ta boîte et qu'elle soit toujours aussi impactante et utile pour toutes les personnes qui ont été victimes de violences et qui veulent continuer à garder le lien pour le bien de leurs enfants. Donc bravo Eva pour ce projet. Bravo à toi et merci beaucoup d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu, intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Eva Ngalé

    00:04

  • Genèse de l'application Tiers et parcours d'Eva

    01:08

  • Sécuriser les échanges entre parents séparés

    02:51

  • Le fonctionnement de l'application et ses bénéfices

    06:20

  • Modèle économique de l'application Tiers

    08:02

  • Démographie des victimes de violences conjugales

    12:19

  • Types de violences et témoignages d'Eva

    20:52

  • La reconstruction personnelle et le projet Tiers

    27:46

  • Pression d'être entrepreneur et médiatisation

    32:25

  • Message au monde et conseils pour les victimes

    41:51

Description

Dans mon imaginaire, la victime de violences conjugales est isolée et dans une certaine précarité.

Elle parle peu, ne sourit pas ; elle s'efface au maximum.

Elle ne sort pas faire la fête.

N'a pas une belle carrière à afficher sur Linkedin


Sauf, que mon imaginaire se plante.


Les victimes de violences conjugales sont de tout âge, de tous les milieux et dotée de toute sorte de personnalité.


Dans le nouvel épisode du podcast the Patronne, j'ai reçu Eva Ngallé

Eva a une conviction personnelle sur le sujet : les agresseurs choisissent justement des femmes fortes. Celles qui les feront briller en société. Celles qui représentent un challenge à briser petit bout par petit bout.


Nous avons parlé des stéréotypes de la "bonne victime" car j'avais du mal à imaginer comment la femme pétillante que j'avais en face de moi avait pu être victime pendant de longues années de son conjoint violent. Nous avons aussi évoqué les différentes formes de violences.

Et les ressources qui existent pour s'en sortir.


Comment la violence a continué pour elle après la séparation car il fallait bien rester en contact pour gérer la garde alternée de son fils


Et ce qui l'a poussé à créer l'application Ti3rs ; un projet qui dévoile la femme entrepreneure et ambitieuse.


J'ai ressenti beaucoup d'émotions pendant cet échange ; autant d'admiration que de révolte.


Découvrez le projet d'Eva sur https://ti3rs.fr/a-propos/ et suivez Eva via https://www.linkedin.com/in/eva-ngalle/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On dit à chaque fois, mais regarde où tout le monde vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? Sinon, on ne sait rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et à la trop-daison, on va déployer une méga-énergie. On sait qu'on est capable de tout ce qu'on fait.

  • Speaker #1

    Et si on décryptait ensemble la recette du courage ? Bienvenue dans The Patron, le podcast qui normalise le doute, les peurs et les prises de tête. Parce que derrière chaque parcours inspirant, il y a quelqu'un qui a osé, osé avancer et ça sans avoir toutes les réponses. A travers tous ces récits, j'espère te montrer que ce chaos intérieur que tu vis, c'est normal. Et que ça ne doit surtout pas t'empêcher d'oser sortir de ta zone de confort. D'ailleurs, on ne sort jamais de sa zone de confort, on l'étend. Alors que tu rêves d'écrire un roman, de créer ta boîte, d'apprendre à dire non, que ce soit à ton boss, à qui que ce soit. Tu vas voir que le courage de mes invités va t'inspirer. Aujourd'hui, je reçois Eva Engalé. Eva est la fondatrice de Tiers, une application innovante qui sécurise la communication entre parents séparés et aussi victimes de violences conjugales. Cette idée s'est imposée à elle. Après avoir traversé 8 ans de violences, elle transforme son expérience en impact. Maman, survivante et entrepreneur, Eva est aussi lauréate à Vivatech. Elle a été reçue récemment à Matignon parmi les 101 femmes entrepreneurs et a participé à la fameuse émission « Qui veut être mon associé ? » . Eva est aujourd'hui à la tête d'un projet humain, techno et politique. Bienvenue Eva. Bonjour. Eva, je me suis très heureuse de t'accueillir aujourd'hui. J'ai envie de dire que ton projet est touchant et révoltant à la fois. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur la genèse de ce projet ?

  • Speaker #0

    Ce projet est né de mon expérience personnelle. J'étais victime de violences, j'ai vécu avec un monsieur violent pendant 8 ans, avec qui j'ai eu un petit garçon. Et quand je me suis rendue compte que ça n'allait pas, que la relation n'était pas normale et que je suis partie, je pensais que les violences allaient s'arrêter. C'était beaucoup de violences psychologiques, des violences physiques vraiment à la fin et après la séparation. Et en fait, les violences ne s'arrêtent pas avec la séparation. Et quand on a un enfant en commun, on est obligé de rester en contact. Et du coup, la violence s'est transformée. Au lieu que ce soit juste des mots qui me sont dit en face, du coup, c'était des insultes et des menaces par le téléphone. Et j'ai cherché des solutions un petit peu partout pour me protéger parce que j'étais obligée de rester en contact avec lui, mais je n'en ai pas trouvé. Et donc, j'ai eu l'idée de créer une application mobile qui permette aux parents séparés comme moi qui ont vécu des violences et qui ont un enfant en commun. de continuer à communiquer sans recevoir d'insultes, sans recevoir de menaces, sans être harcelé. Et l'application aide aussi à produire des preuves si besoin de passer en justice.

  • Speaker #1

    De ce que j'ai compris, au début, comme tu n'avais pas l'application, c'était ton père qui faisait l'intermédiaire. En quoi ça n'a pas suffi de passer par une personne tiers ?

  • Speaker #0

    Pour communiquer avec mon ex, j'avais besoin d'un tiers de confiance, puisqu'il avait l'interdiction d'entrer en contact. Après avoir envoyé des insultes et des menaces, il n'avait plus le droit de me contacter. Mais on avait quand même toujours notre enfant en commun pour lequel on devait se donner des nouvelles parce qu'on était en garde alternée. Moi, j'ai demandé à mon papa de faire passer les messages parce que j'avais trop peur qu'on me reproche de ne pas donner de nouvelles, de ne pas faire passer les messages, de ne pas donner les informations importantes. Donc, je prérédigeais des messages pour mon papa. Je lui transférais, je l'envoyais à mon ex-conjoint. Mon ex-conjoint l'appelait ou lui répondait par message et mon père me faisait passer l'information. C'est obligé de faire comme ça. Normalement, c'était à monsieur de trouver un tiers de confiance, ce qu'il n'a pas fait. Donc moi, je me suis débrouillée, j'ai demandé à mon papa. Et ce qui se passe, c'est que généralement, la personne tierce à qui on va faire appel, c'est une personne dans qui on a confiance, c'est une personne qui en a de l'affect, qui a de l'affect pour nous aussi. Ça l'a fait entrer dans notre histoire qui est très compliquée. Ça lui fait peser un poids supplémentaire sur les épaules. Et puis ça la met dans la situation de violence. En fait, moi, mon père, il a été harcelé, il a été insulté, il s'est fait hurler dessus au téléphone plein de fois. Il a été frappé, parce qu'il venait aussi avec moi pour récupérer le petit. Donc en fait, ça a créé une nouvelle personne qui subit des violences. C'était très difficile pour lui. Je pense qu'il était un peu perdu. Des fois, il ne savait pas à quoi répondre. Des fois, il ne savait pas. Il ne comprenait pas mes messages. J'étais très réfléchie avec mon avocate, vraiment pour qu'il n'y ait rien qui laisse passer. Mon père, ce n'était pas sa manière de parler. Donc, il disait, mais pourquoi ça ? Tu l'écris comme ça ? Il pourrait peut-être te l'écrire comme ça. Et du coup, oui, c'était dur aussi. Et il ne le dit pas, bien sûr, parce que c'est mon papa. Mais je sais que c'était compliqué. Et en fait, le fait de créer une appli, on utilise le numérique pour neutraliser tout ça. C'est une personne neutre, en fait, qui n'a pas de... C'est une appli qui ne va pas être affectée par la situation, mais qui va permettre de filtrer les messages, de supprimer ceux qui sont violents, de les masquer, de bloquer les 150 messages dans la journée. Et du coup, ça sécurise vachement et ça empêche de mettre encore une autre personne dans la boucle qui va potentiellement se sentir mal, etc. Voilà pourquoi ça n'a pas été... suffisant parce qu'il y a l'affect qu'il faut prendre en compte et les émotions de la personne qui va traiter les messages avec nous.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez fou de s'imaginer qu'en fait, d'un seul coup, la violence, elle se répand à d'autres personnes qui essayent d'aider, mais qui se retrouvent aussi dans ce triangle infernal. C'est une intelligence artificielle qui fait ce filtre ou tu as des personnes, des modérateurs ? Comment ça fonctionne ?

  • Speaker #0

    On m'a souvent posé cette question. peut-être qu'il faudrait que le mettre en place. Non, pour l'instant, c'est un algorithme. Pour le filtre, on a une liste de mots-clés qu'on va repérer et filtrer. Et là, on est en train de travailler sur de l'intelligence artificielle pour filtrer les mots blessants qui ne sont pas des insultes ou des menaces. Toutes les tournures de culpabilisation, de rabaissement. Par exemple, « t'es une mère complètement pourrie » . il n'y a pas d'insultes là-dedans, mais c'est horrible. Ça, on pourra le filtrer, mais pour ça, il faut qu'on entraîne le modèle et qu'on a besoin de contenu. Donc en ce moment, on fait souvent des appels. Si les personnes veulent nous envoyer leurs messages violents sans insultes, ils sont d'accord pour nous les partager. On peut les utiliser pour améliorer l'application. Donc là, on est en train de travailler sur ça. Ça va être trop bien. C'est quelque chose qui manque et qui nous est souvent demandé. Mais moi, ils ne m'insultent pas. Il ne me menace pas directement. C'est des mots détournés, en fait. Ça, on va être capable de le repérer bientôt.

  • Speaker #1

    Le côté passif-agressif, culpabilisant, qui rabaisse aussi, condescendant.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et j'imagine bien comment les personnes victimes voient complètement l'utilité de l'appli. Et comment tu fais pour faire en sorte que les agresseurs décident d'utiliser ? cette appli alors que ça va être filtré, leurs insultes et leurs messages vont être transformés. Est-ce que déjà les agresseurs comprennent que ça passe par cette appli ou pas forcément ?

  • Speaker #0

    Les deux parents ne sont pas obligés de télécharger l'application pour que ça fonctionne. C'était vraiment la demande que j'ai eue au début quand j'ai fait mes premières enquêtes. Beaucoup de personnes me disaient « Mais moi, ils voudraient pas me télécharger en fait » . Donc on a créé un système Merci. Si vous êtes à l'aise pour télécharger l'application, que votre ex-conjoint est aussi à l'aise pour la télécharger parce que vous avez vu avec votre avocat, avec un lieu médiatisé, avec un juge, dans ce cas-là, les deux parents s'inscrivent et ils discutent sur l'application comme une messagerie habituelle puisqu'elle sera filtrée. Par contre, si vous avez peur, si vous pensez que l'autre parent va refuser d'utiliser l'application, vous pouvez nous le notifier et nous, on va créer un nouveau numéro de téléphone. qui sera dans l'application. Vous allez rentrer les infos de l'ex-conjoint ou ex-conjointe, son numéro de téléphone et quand vous lui écrivez depuis l'application, il va recevoir ou elle va recevoir un SMS. Salut c'est Eva, voici mon nouveau numéro de téléphone. C'est quelque chose qu'on peut écrire par exemple en premier message et quand la personne répond, ça rentre dans l'application. Donc la personne n'est pas au courant qu'on utilise cette application si on ne lui dit pas.

  • Speaker #1

    Et donc ça ne marche pas SMS et WhatsApp ?

  • Speaker #0

    Non. On n'est que sur des SMS pour l'instant. On verra plus tard pour WhatsApp. C'était très compliqué à développer. Donc, pour l'instant, nous, on conseille de garder les SMS pour les échanges, les mails, tout ce qui est documents, photos vraiment officielles et de limiter au maximum les canaux de contact. Parce que si on veut être atteignable sur WhatsApp, sur LinkedIn, sur Insta, sur Snap, c'est de bloquer le plus possible. Parce que finalement, cette personne-là, il faut qu'on puisse restreindre et créer un cadre, donc d'utiliser juste le téléphone. Et le mail, c'était suffisant en fait.

  • Speaker #1

    Ton application, elle est vraiment d'utilité publique et je vois que tu es super dynamique et engagée pour faire connaître le programme et aller au-delà d'un... Quand on parle souvent d'entrepreneur, il y a souvent un business model derrière. Là, toi, ton application, elle est gratuite ou elle est payante ?

  • Speaker #0

    Il y a les deux.

  • Speaker #1

    Il y a les deux ?

  • Speaker #0

    En fait, au début, on était payant. Donc, c'est le neuf. 9,90 par mois. Mon envie, c'était que ce soit gratuit dès le début, mais en fait, ça coûte très cher de développer et de maintenir une application. Surtout que nous, on paye en plus des numéros de téléphone, des SMS. Donc, c'est 9,90 par mois. On a la possibilité d'avoir un abonnement financé si on n'a pas les moyens de payer 9,90. Par exemple, dans toute la région Auvergne-Grenalpe, la région a acheté 500 abonnements. On n'a pas des associations, on passe par une association, on récupère un abonnement gratuit. On a d'autres partenaires partout en France, les personnes peuvent regarder sur le site si elles sont intéressées. Et s'il n'y a pas d'abonnement financé dans leur région, de quand même nous contacter et de nous dire, moi j'en ai besoin, parce que comme ça, nous après, on a plus de poids à aller voir les CAF, les assos, les collectivités, en disant, dans votre département, il y a tant de personnes qui nous demandent comment on fait, est-ce que vous pouvez nous aider à financer des abonnements pour ces personnes-là ? Donc c'est ça, il y a quand même un modèle économique. Aujourd'hui, il y a une version gratuite qui est sortie. qui n'est pas gratuite pour nous, qu'on offre en fait. Donc on offre un accès gratuit à l'application qui est limitée, ce n'est pas l'application premium. Et cet accès-là, il est financé par des sponsors. Donc les sponsors, ça a été un crowdfunding qu'on a fait au mois de mars, un premier crowdfunding. Et plus tard, ce sera des entreprises engagées qui veulent faire profiter en fait aux plus de personnes possibles l'accès à l'application, montrer leur engagement RSE. C'est une version gratuite, mais pour les utilisateurs. Et du coup, il y a quand même un modèle économique à trouver.

  • Speaker #1

    C'est intéressant d'avoir ce côté hybride dans le business model pour à la fois mener ta mission, qui est d'accompagner un maximum de victimes. Et beaucoup de femmes victimes sont aussi dans une précarité financière très importante. Mais pas que, il n'y a pas que. Tu as peut-être plus de données. Quelle est la démographie des personnes victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On n'a pas cette donnée. On a cherché, on n'a pas trouvé de chiffres. Moi, ce que je remarque dans les personnes qui m'écrivent, c'est que j'ai tous les profils. J'ai autant de personnes qui me disent « Moi, c'est compliqué, je n'ai pas forcément les moyens de financer un abonnement. » D'autres qui me disent Bon. Moi, j'ai un boulot très confortable, 9,90 euros, ça ne me dérange pas du tout si c'est payé pour la paix et qu'ils ont des super postes, des rats chefs d'entreprise. Et voilà, c'est aussi faire changer la vision qu'on a des personnes victimes de violences. En fait, c'est tout le monde. Ce n'est pas que des personnes en grande précarité. Ce n'est pas que des personnes qui n'ont pas un bon niveau d'études, comme certains pensent. C'est n'importe qui, en fait, et la violence, elle... qui touche tout le monde et tous les milieux. Et on le voit là avec même les personnes médiatisées qui sont victimes de violences. Donc c'est des personnes qui ont un très haut niveau de vie. Moi ce qui me dérangeait en fait dans le fait de rendre payant, c'était qu'il y ait des personnes qui n'ont pas encore envie de payer autre chose pour se protéger. Parce que quand on est victime de violences et qu'on se sépare, Généralement on repart de zéro, on reprend un nouvel appart, un nouvel meuble, on a tous nos soins psychologiques, ostéo, tous les soins pour se sentir mieux. On doit tout racheter pour nos enfants, on doit payer toutes les activités, et on doit payer nos avocats. Donc en fait c'est pas la précarité, c'est pas la base, c'est la violence qui peut amener à la précarité parce que souvent on perd son travail, on n'arrive plus à aller au travail donc c'est compliqué. Je pense qu'en fait, c'est juste qu'il y a des choses à payer un peu. On se dit que c'est une priorité et on ne veut pas forcément payer en plus pour l'autre final. Mais non, moi, j'ai plein de personnes victimes de violences qui ont des revenus confortables et ça ne les embête pas d'avoir connu des personnes violentes aussi. On milite aussi sur ça de montrer... Tout autant que la violence c'est pas que des coups, les femmes victimes de violences n'ont pas toutes des yeux au beurre noir etc. Il y en a aussi où tu le vois pas en fait, tu le vois pas du tout et c'est que de la violence psychologique ça se voit pas physiquement et pourtant ça résiste et ça détruit. C'est vraiment montrer aussi les autres facettes, les autres types de personnes qui sont importantes et montrer qu'on n'est pas que victime de violences. On ne passe pas notre vie à être victime. Il y a des jours où on fait la fête, il y a des jours où on voit nos copines, il y a des moments où on fait du sport, il y a des moments où on travaille. On n'est pas que ça. Et c'est important aussi de le montrer. On peut faire d'autres choses et ce n'est pas parce qu'on a l'air heureux sur une photo qu'il n'y a pas des choses difficiles dans nos vies. C'est qu'on arrive aussi à passer outre et à trouver des jolis moments parce que de toute façon, c'est essentiel. Mais oui, il y a ces images où des fois, ça crée une espèce de culpabilité quand on va au tribunal. En fait, j'en parle avec beaucoup de personnes. Est-ce que je vais aller au tribunal ? Est-ce que tu penses qu'il faut que je mette du rouge à lèvres ? Non, je ne pense pas. En fait, il faut être la bonne victime. Il faut être très déprimé, très triste, mais pas trop, parce qu'il faut bien s'occuper de ses enfants quand même. Il ne faut pas être trop belle, il ne faut pas être trop pimpante, il ne faut pas être trop bien habillée, sinon on ne croit pas quand on va porter plainte. Et en fait, c'est débile. Effectivement, il y a des jours où on va être au fond du trou. Et c'est peut-être même pas ce jour-là où on va réussir à aller au commissariat d'ailleurs. Et il y a des jours où on est très bien en fait, et c'est pas parce qu'on a l'air super bien qu'à l'intérieur tout va bien, et qu'autour de nous tout va bien. Oui, je trouve que c'est important de montrer aussi d'autres réalités pour qu'on nous croit plus, et qu'on arrête de penser, qu'on invente. Parce qu'aujourd'hui, j'ai du rouge à l'air, donc pas victime de violence.

  • Speaker #1

    Encore cette quête de la crédibilité. Je vois beaucoup de femmes qui cherchent à être crédibles au bureau. Et là, il faut aussi être crédible au tribunal.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est tout un programme. Je connais des personnes qui ne peuvent pas aller au tribunal parce qu'elles ne seront pas crédibles pour le tribunal. Donc, les avocates leur disent, en fait, c'est mieux si vous ne venez pas. Je sais que quand vous venez, en fait, les personnes sont trop fortes. Elles paraissent trop bien. Elles ne sont pas assez abattues parce qu'elles se sont relevées. Et elles font tout pour s'occuper de leurs enfants, mener leur combat. Donc, elles sont trop fortes. Ça ne sert à rien d'aller au tribunal. On ne va pas les croire. Et voilà. Il ne faut pas être trop, trop forte non plus.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas être trop forte. Et ce qui est intéressant, c'est que moi, quand je te vois et quand je t'écoute, quand je vois justement ton côté battante, militante, entrepreneur, c'est vrai que ça me traverse l'esprit de me dire mais comment Eva a pu être victime ? Tu vois, j'ai du mal à... à le comprendre. Est-ce que c'est lié à ça, du coup ? C'est qu'en fait, tu peux être victime à un moment et forte à un autre ? Ou est-ce que c'est que, justement, le fait d'avoir été victime et d'avoir pu te relever, c'est de là que tu as trouvé ta force ?

  • Speaker #0

    Non, moi, je pense qu'après, c'est une théorie personnelle que les personnes violentes choisissent des personnes fortes. parce que sinon ce serait pas marrant de détruire quelqu'un qui est déjà pas trop bien dans sa peau enfin moi j'étais pas bien dans ma peau mais je faisais plein de choses quand on s'est rencontré j'étais étudiante, j'organisais des soirées, j'organisais des événements je faisais plein de trucs et du coup j'avais plein d'amis et du coup c'est plus rigolo c'est super bien qu'il fait plein de trucs et de petit à petit l'isoler, le faire descendre, le faire douter etc que de partir de quelqu'un qui est déjà pas bien et ça c'est plus après peut-être quand ils se ils ont pas réussi à démonter la personne qui voulait démonter ont du mal à retrouver quelqu'un peut-être qu'ils ont choisi quelqu'un de plus facile entre guillemets mais en tout cas moi toutes les personnes que j'ai rencontrées elles sont hyper forte c'est juste qu'on a des blessures d'avant que eux arrivent à détecter et ils arrivent à appuyer dessus mais mais je pense pas que des personnes faibles en fait. Les personnes faibles, c'est les personnes violentes qui vont se baser sur toutes les choses qui nous font douter etc. qui vont pas se remettre en question, qui vont se victimiser. C'est elles les personnes faibles. Mais les personnes qui sont victimes de violences ne sont pas faibles pour moi. On les rend faibles. On essaye de les rendre faibles, c'est le but.

  • Speaker #1

    Et comment ça fonctionne ? Déjà ce qui me paraît fou dans ton propos c'est l'intention de nuire. Donc pour toi, ça fait partie d'une stratégie de leur part de renifler la personne forte avec des petites failles ?

  • Speaker #0

    Consciente ou inconsciente, c'est vrai. Je ne pense pas qu'ils s'en rendent compte. En fait, c'est de trouver quelqu'un de fort, mais il ne faut pas les dépasser. Parce que s'il y a un moment, il faut trouver quelqu'un de fort pour briller. C'est comme ça. Voilà, si je vais choisir cette personne, elle est super, ça va me faire briller. Par contre, si tu commences à briller plus, là, ça va créer un problème. on va essayer de te décembre. Par contre, tu devrais briller toujours en société, mais à la maison. Faut pas que tu parles.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux bien nous partager le type de violence que tu as subi ? C'était des paroles ? Tu disais à la fin que c'était des gestes, parce que justement, à la fin, tu commençais à te rebeller ou c'est parce que c'est la violence physique qui t'a fait prendre conscience que c'était trop.

  • Speaker #0

    Moi c'était beaucoup de psychologique. Quand je suis allée la première fois dans une association, elle m'a dit « vous pouvez faire toutes les cases » . Donc j'étais victime de tous les types de violences. Je ne savais pas. Quand elle m'a dit ça, quand je suis ressortie, je ne savais pas bien. Moi c'était beaucoup de psychologique, beaucoup de rabaissement. Beaucoup de « c'est jamais comme il faut » , « c'est jamais bien » , « tout ce que tu fais c'est jamais bien » , « il y a toujours un truc à redire, tu ne comprends pas » , « je t'ai demandé ça, tu n'y arrives pas » . Il y a beaucoup de personnes qui le rediront. Et puis après, c'est complexe. En fait, ce que ça s'installe avec le temps, c'est des moments où il fait la gueule, tu ne sais pas pourquoi. Du coup, tu essaies d'être sympa, mais comme ça ne va jamais, il fait encore plus la gueule. Tu as l'impression que c'est de ta faute, mais c'est juste lui, en fait. Et c'est énorme, mais ça, tu n'y arriveras jamais. C'est te faire douter. de plein de trucs. Est-ce que t'es sûre que t'as fermé la porte à clé ? Bah oui, je suis sûre. Mais t'es sûre ? Mais t'en es vraiment sûre ? Trois fois, tu vas vérifier. Oui, tu l'avais bien fermé à clé, mais t'as fait un aller-retour. Et après, à chaque fois que tu vas aller essayer de... À chaque fois que tu as fermé la clé, tu participes. Il me dit toujours que j'oublie toujours de fermer la porte à clé parce que j'ai vraiment fermé la porte à clé. Il y a des trucs comme ça dans ta tête. moi il me sursollicitait surtout il m'appelait tout le temps Même à la maison, il me demandait tout le temps des trucs. Apporte-moi un verre d'eau, fais ça, fais ça. Il me demandait plein de trucs. Et mon cerveau était... Je n'avais pas de place pour penser à autre chose qu'à lui et à ses besoins. En fait, il me demandait tout le temps, tout le temps, tout le temps des choses. Donc, je n'arrivais plus à réfléchir pour moi. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Après, il a essayé de m'isoler. Donc, j'avais le droit de sortir. mais quand je sortais après soit il m'envoyait plein de messages dans la soirée et du coup j'étais tout le temps avec lui en fait ce que je lui répondais si je répondais pas il m'envoyait d'autres etc des petits messages un peu de merde mais des trucs bateau mais fallait lui répondre quoi après quand tu rentres ah bah moi j'étais tout seul petit à petit ou alors tu étais avec qui t'as fait quoi t'as mangé avec qui plein de questions donc après tu as moins envie de sortir parce que tu vas te subir l'interrogatoire en revenant Les midis, quand je travaillais, je n'avais pas le droit de manger avec mes collègues. Enfin, pas que je n'avais pas le droit, mais ils m'appelaient pendant toute ma pause-déj. Du coup, j'étais au téléphone, donc je ne vais pas avec les autres. Ah oui, puis je voulais dire ça. Donc comme ça, je ne mangeais pas avec mes collègues. Donc ça me cassait du lien avec mes collègues.

  • Speaker #1

    Ce qui est fou, c'est que certaines choses, à petite dose, tu pourrais dire « Ah ben c'est mignon, il est attentionné, il pense à moi. »

  • Speaker #0

    Tous les jours. Il n'a pas dit qui à midi, mais il ne travaillait pas. Donc, il était tout seul à la maison. Qu'est-ce qu'il faisait d'autre ? Donc, après, dire des choses sur mes amis. Mais elle, elle a dit ça, moi, je n'aime pas. Tu devrais faire attention, essayer de m'éloigner de mes amis qui avaient des trop gros caractères. Après, ma famille. Ah mais ta maman elle a dit un truc comme ça, j'ai pas aimé, ah bon j'ai pas entendu, bah c'est bizarre t'as pas entendu, pourtant t'étais là et elle a dit ça. Et il y a des moments où je me disais mais c'est folle en fait, il me parle d'un truc, j'étais là, j'ai pas entendu, plein de trucs comme ça. Et en fait les violences physiques sont venues quand j'ai commencé à comprendre qu'il n'était pas normal. Je passais plus de temps avec lui qu'avec mon fils. à m'occuper de lui et à m'occuper de mon fils, je me suis dit, mais c'est bizarre. Et en fait, quand j'ai commencé à comprendre et à des fois dire non à certaines choses qu'il proposait, la violence physique, elle arrive quand ils n'ont plus d'autres alternatives, en fait. Parce que si tu arrives dans une relation où on te fout une claque directe, tu ne vas pas rester. Si t'as déjà créé des liens, t'habites ensemble, t'as un enfant, t'as des biens en commun, etc., des amis, et bien là, en fait, tu vas rester. Et c'est ça, le contrôle coercitif, c'est tout ce qu'ils font pour que tu restes. La violence physique, elle arrive à la fin. Je pense, moi, quand ils se disent « putain, il n'y a pas d'autre cours » , il faut que… là, c'est le seul truc qu'il me reste à faire pour la rabaisser. C'est encore ce truc que je vais… utilisé pour la rabaisser pour qu'elle ait plus d'issue et puis après de toute façon pardon je suis désolé je commencerai pas je me suis emporté mais toi aussi tu m'as provoqué c'est ta faute si t'avais pas fait ça je ne serais pas arrivé là puis toi tu restes t'achètes un cadeau le pauvre il va le changer c'est vrai qu'aujourd'hui il était malade ou il a eu cette nouvelle et tu l'excuses et puis c'est reparti pendant un jour ou deux il est sympa puis après ça recommence et Et ouais, c'est ça qui est compliqué. Et moi, les violences physiques, c'était vraiment le plus. C'était après la séparation. Le jour où j'ai failli mourir, j'étais déjà séparée, j'avais déjà mon appartement. Et c'était après, en fait. Donc, tous ceux qui pensent que... Enfin, toutes les personnes qui se disent « C'est bon, il ne m'a jamais tapé » , en fait, ça se trouve, il y a un moment où ça va arriver. Il ne faut pas attendre ça. Moi, ça a été un de mes déclics, mais... ou pas... Enfin, je regrette en fait d'avoir attendu ce moment alors que j'avais plein de signes, c'est juste que je ne savais pas.

  • Speaker #1

    C'est important. Merci d'avoir partagé ces exemples, puisque ça peut peut-être aider quelqu'un à identifier des signaux au début faibles, mais qui peuvent se révéler importants pour prendre des décisions. Et j'imagine aussi, parce que je retiens... C'est cette idée de se sentir rabaissé et que l'autre ait besoin de flatter son égo et de se mettre en position haute. On a tous nos petits points faibles, nos complexes. Et donc, ça peut arriver que notre conjoint, sans faire exprès, appuie sur un. Mais quand c'est répétitif et quand ça fait vraiment mal et que tu commences comme toi à douter de tout, même est-ce que tu es capable de fermer une porte à clé, là, c'est peut-être le moment de se poser des questions. Et du coup, là aujourd'hui, quand tu nous parles, tu es posée. Il y a encore de l'émotion et en même temps, je sens que tu as fait un gros travail pour avancer. Est-ce que c'est le projet qui t'a permis de te reconstruire ou est-ce qu'il a d'abord fallu te reconstruire pour pouvoir envisager ce projet ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai réussi. à créer mon entreprise à Crétyre parce que je me suis reconstruite avant. Ça m'aide parce que la reconstruction, elle est longue. Donc ça m'aide, mais par contre, j'avais déjà fait plein de choses. J'avais déjà fait toutes mes thérapies de l'EMDR, des groupes de parole, parler à mes amis. Et j'avais déjà eu une première auto-entreprise qui m'a aidée à reprendre confiance aussi, où je faisais de la communication. Mes clients étaient trop contents, ils m'adoraient, ils faisaient des formations à la communication aussi. Donc ça m'a redonné confiance. Je me disais, attends, tu sais faire plein de trucs, et puis les gens sont contents, ils vont dire que c'est bien. Donc ça, ça m'a beaucoup redonné confiance. Je faisais du bénévolat aussi dans des assos ou des ONG. Et pareil, de se ressentir utile. Ah, j'ai fait ça, j'ai aidé telle personne. Ça fait trop du bien, en fait. Donc je me suis reconstruite. peut-être avant, mais la reconstruction est longue, puisqu'il y a d'autres jours où des fois, il y a des choses qui me replongent dedans, donc des fois, il faut repartir à zéro, mais les temps de pas bien sont de plus en plus courts. Avoir un petit truc, ça pouvait m'affecter pendant longtemps, pendant plusieurs semaines, maintenant, ça va m'affecter pendant deux jours, ou un jour, ou une heure, et c'est ça qui est bien, c'est que je sais réagir, en fait, je sais quoi faire pour me sentir bien, je sais que je vais être pas bien un moment, j'accepte. Et après, j'ai mes astuces pour me sentir mieux vite.

  • Speaker #1

    En fait, tu as musclé cette capacité à comprendre ce qui se joue en toi pour le digérer l'émotion et avancer, te remettre d'appel.

  • Speaker #0

    Il y a ça aussi. Je ne veux pas lui laisser le pouvoir de me mettre mal, en fait. Parce qu'il faut... Si, en envoyant un mail, il arrive à me flinguer pendant un mois, c'est génial. génial il a réussi sa mission en fait moi je veux plus lui laisser ce pouvoir là Tu vas m'envoyer un mail, ok, tu m'envoyes un mail, je te réponds et voilà c'est fini. et c'est ça aussi, c'est de lui laisser moins de place. essayer d'avancer moi, de mes progrès, c'est ce que je dois faire aujourd'hui, voilà, j'ai pas envie de m'arrêter à ça. Et je pense que montrer qu'on avance, c'est aussi montrer qu'on est moins atteignable et c'est du coup éloigner la violence qui n'est plus intéressant en fait, si ça nous atteint pas. C'est pas intéressant de nous embêter, je dis ça aussi à mon fils, il y a des enfants qui essayent de l'embêter. Si tu réagis super fort, bien sûr qu'ils vont continuer à t'embêter, c'est ça qu'ils cherchent. Ou pas, t'en fous, on va aller ailleurs.

  • Speaker #1

    Ça les intéresse beaucoup moins. Tu as évoqué deux points qui sont importants pour gagner en confiance. C'est de faire des choses, de faire des petites choses. C'est par l'action et par la réalisation de ces actions que tu gagnes en confiance. Et le deuxième point, c'est le fait d'aider, d'être bénévole, de donner de son temps. C'est même pour des personnes qui souffrent. Le fait d'aider d'autres personnes qui souffrent aussi, c'est vraiment une cure pour le bien-être et du coup aussi pour reprendre confiance. Est-ce que tu sens que plus tu aides les autres, plus tu es regonflée à bloc ?

  • Speaker #0

    Oui. C'est ça qui me tient et qui me motive sur la durée aussi. Et je sais que s'il y a des jours où je suis moins bien... on peut aller lire nos avis par exemple mail il y a une dame qui nous a envoyé un mail un jour pour dire qu'elle a vu une conférence où j'expliquais ma situation et elle a quitté son conjoint violent et elle est partie et un an plus tard elle m'a envoyé un mail en me disant c'est bon je suis partie, merci grâce à vous j'ai compris, je suis partie je me suis reconstruite, je ne vais pas bien tous les jours mais je vais beaucoup mieux c'est trop heureuse donc Donc... Ouais, c'est ça. En fait, moi, je ne peux pas arrêter parce que je me dis que si c'est juste une personne comme elle, on aide un petit peu à chaque fois. C'est trop bien.

  • Speaker #1

    Et du coup, comment tu vis le fait d'être entrepreneur, leader, ultra visible, parce que tu es passée sur qui veut gagner... Enfin, je le fais. Tu n'es pas passée sur qui veut gagner des millions, mais qui va être mon associé. Comment tu vis la pression d'être meneuse de projet ?

  • Speaker #0

    Je fais du yoga, de la méditation, des exercices de respiration pour les moments qui vont être intenses, que ce soit avant les missions, par exemple, où j'ai des exercices de respiration que je fais, ou même avant d'avoir des conversations difficiles avec des personnes qui travaillent avec moi. Il y a des personnes dont j'ai dû me séparer, où c'est difficile en fait, mais à des moments, on est obligé de faire des choix stratégiques. Et donc voilà, j'ai appris à des fois un peu poser mon cœur de côté de temps en temps. Je le garde, je le mets un petit peu plus de côté, je réfléchis, je me dis, là, qu'est-ce qui est bien ? J'essaie toujours de trouver les mots pour expliquer vraiment ce qui se passe. et d'en parler d'une bonne manière, de quand même remercier, etc. Ça me fait de la peine en fait, mais à des moments je suis obligée de choisir. Donc ça je le vis comme ça. Et sur la médiatisation, ça participe à ma confiance, je pense. Ça réussit à la confiance en moi. J'avais beaucoup de problèmes avec mon image, les photos, les vidéos, j'étais vraiment pas à l'aise. Et en fait les gens ne pensent pas du tout la même chose que moi. Il trouve que je suis à l'aise, il trouve que je passe bien à la caméra, en photo. Et du coup, maintenant, j'ai moins de complexe à poster une photo de moi ou à poster une vidéo de moi ou à prendre la parole. J'ai plein de personnes qui vont me dire, c'est super intéressant ce que tu as dit. OK, trop bien. Donc, ça, c'est utile. A la conscience, j'ai été invitée à des événements incroyables. Je me suis dit, mais ils sont sûrs que c'est moi qui veux l'inviter là. Oui, oui, c'était bien toi. OK. Donc, oui, ça participe à ma confiance. Donc, c'est bien. Je suis juste... Je pense que je ne m'habituerais pas. Et c'est si quelqu'un qui vient me voir dans la rue en me disant « Ah, je t'ai vue, là, je suis trop mal à l'aise. » Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas comment agir. Je vais dire merci. Je pense avoir l'air toute gênée. Et tout mon côté timide va ressortir parce que je ne sais pas d'où ça vient, mais je ne sais pas quoi faire. Donc ça, ça me gêne. Mais par contre, prendre la parole, faire des conférences, des webinaires, des ateliers, ça, ça ne me dérange pas du tout. Faire des interviews, des podcasts, j'aime bien.

  • Speaker #1

    donc c'est cool donc c'est plus les interactions surprises dans la rue qui te déstabilisent et progressivement t'as encore une fois l'expérience et le fait d'avoir plusieurs occasions de prendre la parole ça t'a complètement décoincée sur le sujet ouais oui oui finalement ça se passe bien j'ai une

  • Speaker #0

    Une amie que j'ai rencontrée grâce à Thierry, qui a vécu la même chose que moi, elle me dit de toute façon, elle me dit à chaque fois, mais regarde d'où on vient. Regarde en arrière, regarde ce que tu as vécu. Est-ce que tu vas avoir peur de faire ça ? En fait, non, c'est rien par rapport à tout ce que tu as fait avant. Et elle a trop raison, en fait. On a fait tellement de choses, d'être sortis des violences, de se battre, d'avoir fait tous nos dossiers juridiques pour nos enfants, pour les protéger. déployer une méga énergie en fait, on sait qu'on est capable de tout faire. Donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    Et d'un côté business, qui t'aide pour justement prendre les décisions difficiles et savoir que tu déploies la bonne stratégie ?

  • Speaker #0

    Pour les décisions stratégiques, j'ai un comité stratégique qui est composé de mentors.e que j'ai rencontré au fur et à mesure dans ma vie d'entrepreneur par les incubateurs en général. J'ai eu plusieurs personnes. J'ai Sonia Foss, qui est une marraine que j'ai rencontrée grâce à un événement qui s'appelle La Puissance du Lien, qui organise Elisabeth Moreno chaque année, qui est des râches et qui m'aide beaucoup. J'ai Mathieu Batt, que j'ai rencontré dans mon premier incubateur. C'est la première personne devant qui j'ai pitché mon projet. et qui m'aide sur tous les aspects financiers de son domaine. J'ai Christine Chen qui travaille dans une grande entreprise. Elle, elle est très diplomate, elle sait toujours trouver les bons mots. Du coup, elle va m'aider pour des formulations, elle m'aide pour les pitches, pour des questionnaires, si on doit faire des questionnaires, ou des rencontres, des interviews avec des personnes avec qui je veux travailler. J'ai Marjolaine Ferraille des Premières, qui est l'ADG de l'association Les Premières et l'Impubateur, qui elle va m'aider sur toutes les rencontres institutionnelles, comment aller parler à telle personne, qu'est-ce que je peux mettre en avant. Et en fait, tous, dès que j'ai un souci, je les appelle et ils m'aident à réfléchir avec moi, des fois en deux secondes, juste en leur parlant, des fois je trouve que c'est la solution. C'est des personnes de confiance qui ont beaucoup plus d'expérience dans leurs entreprises que moi et qui, du coup, sont sûres pour moi depuis le début. Donc, on fonctionne comme ça. Et il y a aussi autre chose. En plus des mentors, il y a les réseaux. Donc, moi, j'ai fait plusieurs incubations. À chaque fois, j'avais des promos. Donc, on a à chaque fois au moins un groupe WhatsApp par promo. Avec Orange Femmes Entrepreneurs, on se parle tout le temps. S'il y en a une qui a une problématique, du coup, toutes les autres, elles vont dire « Ah bah oui, moi j'ai déjà vécu, j'ai fait ça, j'ai fait ça, j'ai fait ça, ça, ça aide vachement. » Et pareil avec 101 femmes entrepreneurs à Matignon, quand il y en a une qui cherche quelque chose, on s'en prête. Et ça, c'est hyper puissant en fait, parce qu'en fait, il y en a une qui a posé une question la dernière fois, elle pensait que personne n'allait lui répondre, on lui a tout envoyé un truc, on avait tout un contact, et du coup, elle s'est retrouvée avec 50 contacts. Et voilà, c'est la force du truc. La force,

  • Speaker #1

    la puissance du réseau.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment.

  • Speaker #1

    Et pas que, parce que quand tu parles de ton comité stratégique, on se dit, waouh, il y a un beau panel dans ton comité stratégique.

  • Speaker #0

    Et donc,

  • Speaker #1

    tout le monde n'a pas forcément accès à ces personnes-là au début, même si toi, je pense qu'il y a quelques années, tu n'aurais certainement pas imaginé avoir un tel, être aussi bien entouré. mais y Au-delà du prestige de ce panel-là, tu as aussi plein d'autres contacts du fait de tes incubateurs, des différents programmes. Et donc là, c'est plus des personnes, on va dire, lambda. Et en même temps, finalement, si on regarde notre réseau, même en étant une personne lambda, nous pouvons trouver des personnes intéressantes pour d'autres personnes. Ça, c'est... Ouais, en fait,

  • Speaker #0

    il faut demander au niveau de... Pour moi, ça n'a pas été difficile de rencontrer les personnes que j'ai rencontrées. Les femmes entrepreneurs, elles ne sont pas lambda, elles ont des projets incroyables. Et n'importe qui peut trouver de l'aide sur n'importe quel sujet, en fait. Juste en le demandant, je fais partie d'une association aussi ratant d'avoir ma fille. Mais ça s'appelle Capital Fille. C'est pour aider les jeunes filles à aller travailler après dans la tech. Du coup, c'est un mentoring qui commence dès la fin du collège. Ça partait de la troisième. Donc, chaque jeune fille peut avoir une marraine. C'est partout en France. Et moi, comme je suis en Savoie, à Chambéry, je ne sais pas si on est beaucoup. de femmes dans la tech. Donc je me suis dit j'ai trop envie d'avoir une filleule et de l'aider et de pouvoir la conseiller parce qu'il y a peut-être des choses que moi j'ai pas eu, que je peux lui apporter, des choses qu'elle peut pas dire à ses parents, à ses amis et moi je serais complètement extérieure, je pourrais l'aider. Et en fait avoir une marraine c'est trop important. Avoir des mentors et ça aussi, apprendre à construire son réseau dès la fin du collège c'est trop bien. de pouvoir commencer à faire ça parce que c'est sûr que c'est Ça qui nous permet d'avancer. Après, moi, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est génial. Et oui, quand je disais lambda, ce n'était pas pour dénigrer toutes ces femmes. Mais ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas forcément des personnes connues ou qui sont nées dans le bon milieu. Ça, c'est des personnes qui ont une idée, qui ont un projet, qui ont une énergie. Et vraiment, moi, ce que je retiens aussi, c'est qu'il ne faut pas sous-estimer la force du réseau, même de personnes compte. qu'on n'imagine pas. Je suis en train d'écouter un audiobook justement sur comment réseauter et c'était un des points, c'est de se dire, en fait, la bonne mise en relation vient souvent d'une personne qu'on sous-estimait. Et donc, c'est important de ne pas sous-estimer le potentiel de connexion d'une personne. Et comme tu dis, il suffit de demander, d'être précis dans sa demande et bien sûr, mettre la forme. Je surveille le timing. puisque tu as un programme chargé juste après nous. J'ai trois dernières questions pour toi et c'est le rite de fin de podcast. Si je t'offrais un panneau d'affichage immense dans la ville que tu veux, tu peux y afficher ce que tu veux, c'est ton message au monde. Qu'est-ce que tu y inscris ?

  • Speaker #0

    J'y ai réfléchi ce matin et je te dis le premier truc qui m'est venu en tête, donc je pense que c'est peut-être vraiment ça. Je voulais essayer de trouver un truc ultra profond, etc. Et en fait, je me suis dit... Un truc comme aime-toi et aie confiance en toi. Peut-être quelque chose que les personnes ne te disent pas souvent, un peu plus maintenant sur les réseaux sociaux. Ou je suis fière de toi. C'est des trucs que je pense qu'on ne dit pas assez. De mettre un message qu'on ne dit pas souvent, mais qui fait trop du bien à tout le monde. Parce que si tout le monde se sentait bien, ça irait un peu mieux dans le monde. Je pense avec peut-être du numéro de téléphone, si on se sent pas bien, des personnes qu'on peut appeler.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs, quels sont les numéros de téléphone pour les personnes qui sont justement victimes de violences conjugales ?

  • Speaker #0

    On a un, c'est le 3919, emplacé 24h sur 24, 7 jours sur 7. C'est ce numéro de téléphone. Et après, sur les associations qui sont sur tout le territoire, il y a les CIDFF. CIDFF, Centre d'information du droit des femmes et de la famille. Il y en a vraiment partout. Ou le réseau Solidarité Femmes. Donc, il suffit d'écrire Association Solidarité Femmes avec sa ville à côté. Et puis, il y en a partout. Pareil pour le CIDFF. Et c'est vraiment les associations que je recommande. Et si jamais les personnes veulent qu'on les aide à chercher, elles nous envoient un message. C'est pareil, à Notice la Ville, on donne une asso. Ça ne nous prend pas longtemps et ça permet d'aider aussi. Bientôt, on aura un numéro de téléphone.

  • Speaker #1

    ça fait partie des projets et si tu pouvais voyager dans le temps et te retrouver face à Eva disant qu'est-ce que tu lui donnerais comme conseil en plus de aime-toi sois fière de toi et confiance peut-être me

  • Speaker #0

    dire tu peux tout faire tu peux tout réussir tu peux tout réussir et n'aie pas peur de parler j'étais ultra timide je n'osais même pas aller acheter du pain

  • Speaker #1

    Tu peux tout faire, tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu as les capacités de faire tout ce que tu veux, même ce que tu ne penseras jamais que tu aurais fait. Mais ouais, tu vas y arriver.

  • Speaker #1

    Et quel est le projet que tu aimerais bien lancer, mais que tu n'as pas encore osé ?

  • Speaker #0

    Oh, purée ! Je voudrais... Mon rêve, c'est d'inspirer d'un endroit où je suis allée faire un séjour qui s'appelle le Moulin de Pont-Rue. C'est des personnes qui écoutent... Dans le 95, ils ont besoin de se reposer. C'est un séjour de repos pour les mamans victimes de violences et leurs enfants, qui dure une semaine, qui change la vie, mais vraiment. Et pour l'instant, je ne l'ai trouvé que dans le 95. Je suis allée un peu par France. C'est pour les femmes du 95, normalement. Et en fait, j'aimerais bien avoir un lieu comme ça, plus proche de chez moi et de Lyon. C'est assez central, Canberrie, c'est proche de Lyon, Genève. Il y a pas mal de grandes villes autour, mais on est quand même éloigné de Paris. Et du coup, j'aimerais bien avoir une grande maison où je peux faire des séjours comme ça, accueillir les personnes, ça, c'est trop bien. pour être cuisinée, pour des grandes tablées et puis des femmes viennent se reposer avec leurs enfants pendant une semaine et ouais, ça j'aimerais trop faire ça pour les mamans victimes de violences et pour les mamans entrepreneurs aussi The dream

  • Speaker #1

    Écoute Eva, je suis sûre que tu vas réaliser ce rêve un jour, je sais comment tu en parles et je vois que tu l'as déjà bien imaginé donc Donc... J'ai hâte de voir l'info pour l'ouverture de ce lieu, qui ne sera pas tout de suite, ok ? Parce qu'il y a encore beaucoup de choses à faire avec Thierre. Je te souhaite beaucoup de succès et de sérénité pour le développement de ta boîte et qu'elle soit toujours aussi impactante et utile pour toutes les personnes qui ont été victimes de violences et qui veulent continuer à garder le lien pour le bien de leurs enfants. Donc bravo Eva pour ce projet. Bravo à toi et merci beaucoup d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être resté jusqu'au bout. J'espère que cet épisode t'aura plu, intrigué, inspiré. Et n'hésite pas à le partager, ainsi que de laisser une évaluation, un commentaire. Ça aidera énormément le podcast à être plus diffusé. Merci et à très bientôt sur The Patron Podcast.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Eva Ngalé

    00:04

  • Genèse de l'application Tiers et parcours d'Eva

    01:08

  • Sécuriser les échanges entre parents séparés

    02:51

  • Le fonctionnement de l'application et ses bénéfices

    06:20

  • Modèle économique de l'application Tiers

    08:02

  • Démographie des victimes de violences conjugales

    12:19

  • Types de violences et témoignages d'Eva

    20:52

  • La reconstruction personnelle et le projet Tiers

    27:46

  • Pression d'être entrepreneur et médiatisation

    32:25

  • Message au monde et conseils pour les victimes

    41:51

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