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Toucher du doigt la santé

#03 Orthophonie et bébés : décryptage des enjeux et des solutions avec Clémentine Courrège (Hôpital Mère Enfant et libéral)

#03 Orthophonie et bébés : décryptage des enjeux et des solutions avec Clémentine Courrège (Hôpital Mère Enfant et libéral)

1h12 |13/12/2023
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1h12 |13/12/2023
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Description

Rencontre aujourd’hui avec Clémentine Courrège, une orthophoniste passionnée et engagée exerçant en libéral et en centre hospitalier (Hôpital de la Mère et de l’Enfant au CHU de Limoges). Elle intervient dès les premiers instants de la vie pour soutenir les nouveau-nés (et leurs parents) dans le développement de la succion et pour accompagner la mise au sein. Parallèlement, elle se consacre à des activités de rééducation touchant le langage oral, le langage écrit, l'oralité, la respiration buccale, ainsi que le suivi post-chirurgical, post-AVC et d'autres pathologies.


Nous aborderons avec Clémentine les thèmes suivants : 

- Qu'est-ce que réellement l'orthophonie ?
Explorons les champs de compétences, les limites, et découvrons les partenaires principaux.

- Pourquoi et comment prend-on en soins les nourrissons ?
Explorons les méthodes utilisées par les orthophonistes pour accompagner les nouveau-nés.

- Avec quels outils le travail orthophoniste se réalise-t-il ?
Découvrons les outils et les techniques utilisés.

 - Pourquoi respirer par le nez est-il si important ? (Respiration buccale et ses conséquences)
Découvrons l'importance cruciale de la respiration nasale et les conséquences de la respiration buccale. 

- Comment agir en préventif, quels conseils pouvons-nous appliquer facilement ?


Dans cet épisode, nous allons découvrir les différentes facettes du métier d'orthophoniste et nous nous pencherons particulièrement sur une spécialité de notre invitée du jour : la prise en soins des bébés dès les premiers jours de vie. 

En fil rouge de notre podcast, nous mettrons en avant la puissance du travail pluridisciplinaire et l'exploration des domaines de compétences partagés, visant une meilleure compréhension des rôles de chacun. Découvrons comment ces échanges peuvent conduire à une amélioration de la prise en soins et à l'évolution des pratiques.

L’engagement de Clémentine et son compagnon dans la réalisation d’affiches est un élément inspirant de sensibilisation (tout en déco!) et une action concrète de prévention. Retrouvez leurs magnifiques supports surwww.monvisuelortho.fr et bénéficiez d'une ré duction spéciale à découvrir dans cet épisode !

Je remercie enfin Nico de QolniQo pour la création de la musique du podcast et pour son aide précieuse au montage.


👉 Des questions ?  Des retours ? 

Si vous souhaitez poursuivre la discussion après l’écoute de ce podcast, retrouvons-nous sur @ToucherDuDoigtLaSante sur Instagram !  

Dans l'immédiat, je vous souhaite une belle écoute. 


Prenez soin de vous et à bientôt,

Antoine


TIMELINE de l’épisode

0’ : introduction, présentation, définitions, partenaires d’un travail pluridisciplinaire 

14 : une journée au cabinet, motifs principaux de consultations 

17’ : prise en soins des nourrissons, rééducations

21’ : formes - fonctions / positionnement lingual / proprioception et liens avec le reste du corps

25’ : implication des patients, partenariat parental 

31 : adaptations pédagogiques, lien avec l’éducation nationale 

35 : outils et limites

42 : sensorialité (les 5 sens), mobilité, diaphragme 

48 : langage écrit, langage oral 

51 : place de la prévention

55 : conseils (positions d’allaitement, d’alimentation, …)

1h : liens main/bouche 

1h06 : apprentissage ludique, conclusion. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Clémentine Courrège

    Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de succion. Les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage, comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. Mais pourtant c'est tellement important ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas le manger. Donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, ancien sportif de haut niveau, j'exerce aujourd'hui l'ostéopathie et la sophrologie depuis 10 ans maintenant. A travers la rencontre d'invités passionnés par leur métier, je vous propose d'explorer ensemble le fonctionnement du corps humain et des nombreuses manières d'en prendre soin. Aujourd'hui, nous rencontrons Clémentine Courrèges, orthophoniste qui exerce ce métier à la fois. au sein de l'hôpital mère-enfant et dans son cabinet en libéral. Nous verrons que l'orthophonie peut commencer dès les premiers jours de vie, et oui ! Après un moment de présentation, puis de définition, nous discuterons des liens existants entre la bouche et le reste du corps, de l'importance du placement de la langue et de la respiration dans la croissance du visage, des outils utilisés, notamment des cinq sens, et de notre intérêt commun pour la prévention, qui est trop souvent mise de côté. Enfin, nous profiterons des conseils de Clémentine, conseils applicables dans nos quotidiens, avec les enfants particulièrement, mais pas uniquement. Je profite de l'introduction de ce troisième épisode pour vous présenter une démarche qui m'a beaucoup plu, bien avant le lancement du podcast il y a quelques mois. C'est une démarche de prévention, d'éducation et d'embellissement d'espace. Engagé dans le fait de participer à faire évoluer les consciences autour de la santé, Clémentine et son compagnon ont créé des affiches magnifiques et pleines de sens. Je vous invite à aller faire un tour sur leur site internet Monvisuelortho et à les retrouver sur les réseaux. Vous bénéficierez d'une réduction exclusive de 20% sur l'ensemble du site jusqu'au 1er juin 2024 en tant qu'auditeur auditrice avec le code PODCAST en majuscule. Quant à nous, je vous donne rendez-vous sur Instagram, touchez du doigt la santé, pour partager les coulisses de l'épisode et poursuivre les échanges. Belle écoute ! Bonjour Clémentine.

  • Clémentine Courrège

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Merci de m'accueillir aujourd'hui dans ton cabinet.

  • Clémentine Courrège

    Avec plaisir.

  • Antoine Lacouturière

    Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, est-ce que tu veux bien faire une présentation de toi en quelques mots ?

  • Clémentine Courrège

    Donc je m'appelle Clémentine Courrège, je suis orthophoniste avec un exercice mixte, c'est-à-dire une partie en libéral et une partie en salariat, le tout sur la Haute-Vienne.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, tu peux nous en dire un petit peu plus ? Mixte, pour ceux qui ne connaissent pas vraiment ?

  • Clémentine Courrège

    Mixte, c'est plusieurs types d'exercices. Là, il y a une partie qui est sur l'hôpital de la mère et de l'enfant à Limoges, sur les services de pédiatrie. Donc principalement la néonatologie, la réanimation néonatale, la pédiatrie générale et également quelques interventions dans le service de maternité. Ça c'est pour la partie hospitalière. Et puis il y a aussi une partie libérale, du coup en cabinet sur l'autre moitié de la semaine, où là j'accueille tout type de patients. un jour de vie jusqu'à 98, 99, voire 100 ans.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc deux types de patientèles différents, petit bout, tout petit bout, des mamans quelquefois à la maternité et des plages de consultation ouvertes à monsieur, madame, tout le monde. On peut commencer par définir quel est ton métier, qu'est-ce que ça veut dire orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, en effet, je rejoins totalement sur le fait que la plupart des personnes ont un regard assez stéréotypé sur le métier d'orthophoniste, alors qu'on fait beaucoup plus de choses que ce que les gens ne pensent. L'orthophonie, c'est un professionnel de la rééducation qui va donc s'occuper de tout ce qui va être rééducation cognitive. de la langue langagière, de la parole, mais aussi en fait principalement des fonctions de la face. Donc j'entends par fonction de la face tout ce qui va être ventilation, respiration, phonation, articulation, mais qui va s'occuper de la mobilité et de l'efficacité de ces fonctions.

  • Antoine Lacouturière

    Donc on est bien plus que juste phonation. Dans orthophonie, on entend ça. Là, tu nous parles de ventilation, tu nous parles de fonctions qui sont bien au-delà d'uniquement le langage. Si on fait un petit parallèle avec ton activité... Sur l'HME, l'hôpital de la mère et de l'enfant, le langage n'est pas encore là. Est-ce que tu veux bien nous parler de ces différentes approches que tu as entre le libéral au cabinet et ton activité hospitalière ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, alors sur l'activité à l'hôpital de la mère et l'enfant, le langage n'est pas encore présent. Néanmoins, du coup, dans ce lieu d'exercice, ma fonction, ça va être de m'occuper des troubles de l'oralité et principalement du coup des difficultés de suction chez le nourrisson. Et en fait, c'est là que le lien avec le langage se fait parce qu'on sait que l'oralité alimentaire... et l'oralité verbale, elles s'enrichissent ensemble et ça forme un réel continuum. C'est-à-dire que pour avoir un langage qui se diversifie et qui se complexifie, il faut avoir une alimentation qui, elle aussi, se met en place et qui se complexifie suivant les textures que l'on propose.

  • Antoine Lacouturière

    Donc tu fais un lien, là, qui est... presque préventif. On est très en amont de la mise en place du langage avec des mots, de la prononciation, de l'articulation. Aujourd'hui, c'est établi dans ta pratique, dans vos pratiques, de dire, voilà, la mise en place des textures différentes, ça va impacter les capacités du langage.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    C'est évident pour toi. Pour moi, en tant qu'ostéo, qui me suis formé, ça le devient, mais ça ne l'était pas, et pour un grand nombre, ce n'est pas si clair que ça. Ok, je t'ai interrompu, pardon. Donc les petits bouts, ils mettent en place ça à l'hôpital avec toi, il y a ces premiers troubles que tu diagnostiques, comment est-ce que tu interviens ?

  • Clémentine Courrège

    Alors l'idée de l'intervention à l'hôpital, c'est d'avoir un accompagnement global, non seulement en prenant en compte l'enfant, mais en prenant surtout en compte les parents lorsqu'ils sont plusieurs, ou au moins le parent qui est présent. et là du coup on va chercher à améliorer ou à remettre en place l'alimentation puisque notamment en service de néonatologie on a des enfants qui ne sont pas nourris par la bouche parce que trop prématurés ou parce que difficultés en lien avec la bouche Et l'objectif, ça va être d'apporter du plaisir autour de la bouche pour faire que l'alimentation soit nouveau possible. Et surtout dans le cadre de ce service de néonatologie, pour que les enfants puissent sortir du service, il faut qu'ils aient atteint... un tel poids. Donc ça revêt une dimension particulière chez les parents pour qui il y a une sorte d'obsession du poids.

  • Antoine Lacouturière

    D'avoir le poids à seuil pour pouvoir avancer, sortir d'eux.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Tu le captes toi en objectif, c'est même plus qu'un objectif, ça devient une... C'est presque une obsession.

  • Clémentine Courrège

    C'est une obsession, oui, tout à fait. Et du coup, par rapport à cette obsession-là, alors nous, en tant qu'orthophonistes, on travaille vraiment sur la fonction de la bouche et faire que le bébé puisse réussir à téter, mais il va y avoir un accompagnement aussi psychologique qui peut être proposé, parce que justement, le soin prend trop de place par rapport à la parentalité. Il y a divers professionnels qui vont graviter autour et qui vont permettre d'avoir une approche globale autour du patient, que ce soit la psychologue ou la prise en soins kinésithérapeutique. Il y a encore d'autres choses qui peuvent être proposées suivant les demandes des parents des patients.

  • Antoine Lacouturière

    des parents des patients je reviens sur un des fils rouges du podcast le travail pluridisciplinaire depuis le départ sur les épisodes j'ai à coeur de mettre le travail d'équipe au centre là c'est un petit peu ce qu'on commençait à aborder on entend la notion psy prise en charge Pour les parents, dans des moments où les seuils, le poids deviennent une obsession, dans l'accompagnement aussi, parce qu'en néonat, j'imagine que c'est aussi des moments qui sont avec une certaine difficulté de gestion des émotions et d'imprévus, ou de prévus mais de délicats. Est-ce que tu peux nous aider à bien définir les limites de la prise en soin ? On a entendu les liens que tu arrivais à faire avec ta conscience de professionnel sur l'importance du mélange des textures, pour la suite plus tard, on parlera un petit peu de la partie cabinet après parce que c'est différent, mais tant qu'on est dans la partie hospitalière, cette prise en charge d'équipe... Pédiatre, kiné, orthophoniste, l'objectif c'est prendre du poids. Peut-être que tu peux nous raconter une anecdote d'ailleurs il me semble sur le pourquoi est-ce que tu arrives ici ? Est-ce que tu veux bien nous partager ça ?

  • Clémentine Courrège

    Pourquoi j'arrive ici ?

  • Antoine Lacouturière

    Comment est-ce que tu as fait pour arriver dans le service ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, à la base, moi j'ai été embauchée sur un autre service, qui est un service en soins intensifs, en neurologie. Donc, le premier service dans lequel les patients arrivent quand... Ils ont fait un AVC et au cours de cette année d'exercice, j'ai été amenée à descendre plusieurs fois sur l'hôpital de la mère et de l'enfant pour intervenir dans le cadre notamment d'une petite patiente qui avait perdu beaucoup de poids et qui était hospitalisée. Il y avait notamment une menace de pose de son de nasogastrique puisque la petite ne prenait pas de poids. Et en fait, l'intervention orthophonique qui a été menée a permis à la petite de reprendre du poids. Et c'est notamment après cette intervention-là qu'un poste a été ouvert, un poste d'orthophoniste a été ouvert au sein de l'hôpital, et pour lequel j'ai postulé et j'ai été prise. Et du coup, j'ai pu changer de service. Et maintenant je suis toute seule comme orthophoniste dans l'hôpital mère-enfant, ce qui est bien trop peu pour pouvoir subvenir aux besoins de tous les patients. Donc on espère qu'il y ait des postes qui s'ouvrent à... dans le futur ?

  • Antoine Lacouturière

    Il y a d'autres collègues à toi qu'on salue au passage qui sont très intéressés par le sujet et très performants aussi, puis ça permet de faire évoluer les choses dans la prise en soin pluridisciplinaire chacun avec ses compétences. En tout cas, cette anecdote, je trouve qu'elle permet d'illustrer le fait qu'il y a un intérêt sur... la fonction, c'est-à-dire le fait de réussir à faire prendre du poids, toi tu as un rôle, et dans ce rôle-là, c'était intéressant pour moi aujourd'hui d'en parler, parce que de commencer aussitôt, naïvement, je ne pensais pas que c'était de l'orthophonie. Pour moi, il y avait cette image, comme beaucoup d'auditeurs, auditrices, on est sur un secteur de développement ou de problème du langage. Donc ça c'est la partie hospitalière. Est-ce que tu veux rajouter des choses qui te tiennent à cœur par rapport à cette pratique-là, dans le milieu de l'hôpital, ce rôle au sein d'une équipe ?

  • Clémentine Courrège

    Il y a vraiment ce qui différencie notamment le travail hospitalier avec le travail en exercice libéral, c'est qu'à l'hôpital on a vraiment un exercice coordonné avec les différents professionnels. On cherche à faire du lien. Et c'est ce qui, je pense, permet de faire avancer si vite certains patients. Parce que justement... On a tous le même objectif, avec différents moyens d'y arriver. Et par la co-construction du projet, ça nous permet d'aboutir à des objectifs qui vont être atteignables dans des délais relativement abordables. Ou tout du moins, ça va nous permettre de prendre la situation dans la globalité, sans oublier une partie. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement riche, et c'est notamment pour cela que moi je ne me verrais pas avoir un exercice 100% libéral.

  • Antoine Lacouturière

    Ça te va bien à toi, ça ? Ce travail hybride un petit peu ? D'accord.

  • Clémentine Courrège

    C'est dispensable.

  • Antoine Lacouturière

    Faire la transition avec ton activité libérale, est-ce que tu peux nous faire une semaine type ? Qu'on puisse se rendre compte, un petit peu s'imaginer dans ton quotidien d'orthophoniste qui rentre, qui ouvre son cabinet après avoir fait les staffs médicaux, après avoir vu les prises de sang, après avoir suivi les poids, après avoir été dans ce milieu-là très particulier de l'hôpital, t'arrives. Le cabinet, chez toi, semaine type, journée type, comment ça se passe pour toi Clémentine ?

  • Clémentine Courrège

    C'est totalement différent parce que pour le coup la journée en libéral, elle est très rythmée par les horaires, puisqu'on est sur des séances qui durent entre 30 et 45 minutes. C'est quelque chose de très structuré et en fait d'une demi-heure à la suivante, on peut passer d'un enfant qui va courir absolument partout, qu'on va avoir difficile à cadrer au bureau, à... une petite dame de 80 ans avec une pathologie neurodégénérative, pour ensuite enchaîner chez un petit garçon de 5 ans avec un trouble du langage oral sévère qui va avoir du mal à organiser les mots au sein de sa phrase, pour passer après par exemple à un adolescent de 12-13 ans qui vient typiquement pour une rééducation orofaciale miofonctionnelle. dans le cadre d'un appareillage dentaire où la demande va être la langue ne se positionne pas correctement Et puis après, il y aura quand même des suivis en alimentation, que ce soit des bébés dans le cadre de difficultés de suction ou alors vraiment dans le cadre de troubles de l'oralité sur de l'alimentation solide. On va avoir aussi quelques prises en soins vraiment neurologiques avec des suivis post-AVC ou post-traumatisme crânien. et puis voilà les journées sont extrêmement diversifiées, très riches alors l'orthophonie, le champ de compétences est extrêmement varié c'est parfois pas possible de recevoir absolument tous les patients pas parce qu'on ne le souhaite pas mais parce qu'on est juste suffisamment pas assez formé et qu'à côté il y a un collègue qui est mieux formé

  • Antoine Lacouturière

    Alors plusieurs choses Clémentine, la première c'est waouh, après ta semaine type, ta journée type, on se rend compte de la quantité de motifs différents de consultations, de tranches d'âge différentes, et aussi donc waouh, et merci pour le côté humilité de tu ne maîtrises pas tout et il y a des... Il y a des collègues à toi qui ont des spécificités, je crois que ça, ça fait partie du bon sens de tous les soignants, de dire qu'on a des champs de compétences, des champs d'action, et qu'on n'est pas au top du top sur tous les sujets. Est-ce qu'on peut le dire comme ça, qu'une des spécificités que tu as, toi, poussée, c'est la partie nouveau-né ? par rapport à d'autres qui sont sur d'autres secteurs ? Est-ce qu'on peut le résumer comme ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. C'est une des particularités que j'ai par rapport à d'autres orthophonistes. La prise en soin des nourrissons, elle est relativement récente pour les orthophonistes. En fait, ça pourrait se faire depuis des années, mais ça ne se fait que depuis très peu de temps et on est encore très peu formés. à prendre en charge les bébés. Bien qu'on soit formé à prendre en charge les fonctions de la bouche, les fonctions de la langue, le nouveau-né est relativement peu abordé lors des études. Ce qui fait, je pense, qu'en sortant directement des études, on ne se retrouve pas avec un bagage suffisant pour pouvoir se dire, tiens, je vais recevoir des bébés et... et je me sens capable de le faire.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un des points communs avec l'ostéopathie, quand je t'entends parler de ça, il y a la partie théorique pendant les études, et concrètement parlant, le fait de matériellement recevoir des bébés, des nourrissons, des parents sur des tranches d'études, c'est délicat, et on a besoin de ces formations complémentaires après. En tout cas, ça vient éclaircir pour moi le fait que vous êtes aussi efficace, Très tôt, là où il y a quelques années, on est plusieurs à même pas penser à vous dans ces moments-là. Je reviens sur ta partie libérale. Si je synthétise un peu, tu vois, j'ai envie d'avoir une définition de l'orthophonie globale, en dehors de la spécificité hospitalière. Comment est-ce que tu pourrais parler de cette zone de la bouche, mais pas que ? Est-ce que tu pourrais... Faire une définition de ta pratique en quelques phrases, l'orthophonie, l'orthophoniste, qu'est-ce que tu fais concrètement ?

  • Clémentine Courrège

    Mon activité va plutôt être centrée sur la rééducation des fonctions de la face et des fonctions cognitives. Donc fonctions cognitives, ça rejoint plutôt les pathologies neurologiques et neurodégénératives. Et par contre, lorsqu'on parle des fonctions de la face et notamment des fonctions... orofacial mieux fonctionnel. Là, on va plutôt être dans la restauration d'une ventilation nasale chez les respirateurs oraux. Tout ce qui va être aussi le travail de positionnement lingual, donc acquérir une bonne position de langue au repos. Ça, c'est en lien avec la ventilation. Ça va être aussi ce qui va être mastication, articulation, bonation. Parce que tout ce... tous ces différents pôles en fait interagissent entre eux. Et à partir du moment où il y en a un qui est déséquilibré, ça va venir impacter non seulement les autres fonctions, mais aussi la forme des organes. C'est-à-dire que... Et là, je fais plus long que ce que tu m'as dit.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est important, précise-nous la forme des organes. C'est-à-dire que la fonction, tu fais un lien entre la fonction et la forme. On t'écoute attentivement.

  • Clémentine Courrège

    On dit beaucoup que l'organe crée la fonction, mais en soi... La fonction va créer la forme, parce que normalement, la position physiologique de la langue est au palais. C'est cette bonne position de la langue au palais qui permet au palais d'avoir la forme qu'il a, c'est-à-dire un palais relativement plat et assez élargi. Lorsque la langue, pour une raison quelconque, n'est pas correctement au palais et qu'elle est plutôt en bas, ou du moins qu'elle n'est mal placée dans la bouche, eh bien le palais, il ne va pas avoir la forme qu'il devrait avoir. On va avoir un palais qui va être plus étroit et creux. Et du coup, ça va impacter la forme du palais, mais pas que la forme du palais. Ça va aussi impacter tout le faciès, puisque... Puisqu'en fait, ça ne va pas avoir permis de faire croître le nez. Donc on va se retrouver avec des petits visages et toutes petites narines. Et du coup, on va être sur un cercle vicieux où la personne, elle va ventiler par la bouche parce qu'en fait, elle n'aura pas fait grandir son palais, qui n'aura pas fait grandir son nez. Et du coup c'est pour ça qu'en fait on est sur une sorte de cercle où chaque pôle interagit avec les autres. Et on ne peut pas s'occuper d'un pôle sans s'occuper des autres.

  • Antoine Lacouturière

    Ah bon, comment ça ? C'est une petite blague, du coup tu vas faire du lien entre tout ça. Là on rentre dans le cœur de l'intérêt pour moi aujourd'hui de l'épisode, c'est-à-dire qu'on a ces différents éléments qui sont imbriqués entre eux, et on va pouvoir décortiquer un petit peu plus si tu veux bien, parce qu'il y a cette notion de la fonction qui amène la structure. En ostéopathie, c'est cher pour nous, c'est un des principes de l'ostéo, la structure gouverne la fonction, et l'inverse est vrai aussi. En tout cas, il y a un lien entre les deux. Tu donnes l'exemple du placement de la langue qui va aussi venir influencer, je pense aux orthodontistes.

  • Clémentine Courrège

    Voilà.

  • Antoine Lacouturière

    la forme et à la ventilation. Et ça, j'ai l'impression que c'est de plus en plus commun, qu'il y a vraiment un relais au grand public fait sur l'importance de ça. Malgré tout, ça m'intéresse de voir comment toi, tu le décortiques. Donc, tu prends conscience de ça, tes patients arrivent, ils viennent chez toi, diagnostic de respiration buccale, avec ce que tu viens de nous dresser comme tableau. Une fois que tu vois ça, qu'est-ce qui se passe ?

  • Clémentine Courrège

    Alors déjà, généralement, le patient arrive avec une... Quand ils viennent dans ce cadre de difficulté, ils arrivent en me disant L'orthodontiste m'a dit de venir, je place mal ma langue.

  • Antoine Lacouturière

    Un des prescripteurs, c'est orthodontiste.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et la plupart du temps, dans le cadre d'un problème au niveau du placement de la langue, ça va être l'orthodontiste qui va avoir cette plainte-là. Et donc, quand on les reçoit, tu... Non. On fait un bilan où on va aller répertorier chaque fonction. Et souvent, ils vont nous demander, mais pourquoi tu me fais manger ? Pourquoi je suis en train de manger une madeleine ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les fais manger.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Génial. Je les fais manger. Oui, tout à fait. J'ai besoin de voir comment la langue se positionne quand ils masticent. Et surtout, où ils en sont dans leur étape de mastication. Parce qu'on a parfois des enfants... ou même des adolescents pour lesquels la mastication n'est pas en place. Parce qu'ils vont avoir une alimentation molle. Pas de pain, mais du pain demi, que des choses molles. Pas trop... Ils n'aiment pas quand c'est trop dur. Donc oui, on va les faire manger, on va regarder comment ils ventilent, on va regarder comment ils articulent, on va aussi les regarder à l'intérieur de la bouche, on va regarder les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage. comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. À la fin du bilan, je résume rapidement au parent tout ce que j'ai observé, en essayant de commencer à expliquer les liens. Parce qu'au plus tôt on explique les liens et au plus tôt le patient prend conscience de Ah bon, en fait, il n'y a pas que ma langue, il y a aussi d'autres choses à travailler c'est déjà du temps de gagner pour la suite de la rééducation et ça va permettre de nourrir la motivation du patient.

  • Antoine Lacouturière

    Cette prise de conscience-là ? Oui.

  • Clémentine Courrège

    Tout ça fait. Pour moi, elle est indispensable à ma façon de travailler, c'est-à-dire que je passe beaucoup de temps à expliquer ce qui se passe dans la bouche du patient et comment ça devrait se passer pour apporter de l'amélioration.

  • Antoine Lacouturière

    Tu veux dire, si je reformule pour être sûr de bien comprendre, qu'au moins au départ dans la partie bilan, il y a une partie importante du temps que tu investis pour informer de l'état actuel. Bilan, j'observe que par rapport à la fonction physiologique de base, la respiration, tu leur expliques. Et ça, c'est presque le début du traitement finalement, qu'ils comprennent ça.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est le début du traitement parce qu'après j'enchaîne très rapidement sur une grosse phase où on va travailler la proprioception. Je vais demander... aux patients de prendre conscience, d'avoir conscience de comment sont ces structures, comment est sa bouche, comment est sa langue, est-ce que quand il est debout, sa langue est au même endroit que si je le couche ou si je le mets sur un ou l'autre côté, est-ce qu'on peut respirer par le nez, est-ce qu'on peut respirer par la bouche, et comment tu te sens, et comment tu es le plus confortable ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les interroges à ce moment-là. Ok, tu les impliques.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait. L'objectif, c'est qu'ils arrivent à sentir ce qui se passe dans leur corps pour pouvoir après agir dessus. Mais en fait, ils vont déjà commencer à le faire parce que comme il y aura eu ce travail au préalable d'information, ils vont déjà commencer à modifier certains schémas moteurs.

  • Antoine Lacouturière

    Je trouve ça riche d'entendre ça. C'est important et ça fait du bien à entendre le fait de dire qu'une partie du traitement, c'est dans l'implication du patient et pas juste dire faites-moi ces recettes de cuisine et vous allez aller mieux mais c'est dans la proposition de l'impliquer dans le traitement en disant qu'est-ce que votre corps y sent ? Vers où est-ce qu'on peut aller ? Ça fait écho avec d'autres disciplines bien sûr, mais...

  • Clémentine Courrège

    L'implication et la motivation, elles sont... Elles sont indispensables. J'étais d'ailleurs en formation il y a un mois avec Jérémie Périchon sur le partenariat parental. Et lui, il insistait pour nous dire que les rééducations ne devraient pas s'étalonner sur plus de six mois. parce qu'il y a des études scientifiques qui montrent que la motivation elle dure à peu près 6 mois qu'au-delà de 6 mois on a une baisse de motivation et que du coup si on a cette baisse de motivation on a une baisse des résultats d'ailleurs moins efficace donc c'est vrai que dans la tête des gens les orthophonistes font des suivis qui sont hyper longs

  • Antoine Lacouturière

    Déjà le suivi commence, si on commence avec le temps d'attente moyen des orthophonistes, ça commence longtemps avant, non ? Oui,

  • Clémentine Courrège

    oui, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, petite blague mise à part, quand tu rentres de formation, sur ce créneau des 6 mois, ça permet de dire focus sur... on ne laisse pas traîner longtemps, on est attentionné, on implique les patients, et il y a cette notion de fenêtre, de cible.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et du coup, cette fenêtre cible, elle nous pousse, en tant que professionnels, à devoir proposer des objectifs thérapeutiques qui soient le plus écologique et le plus proche possible des demandes du patient. Donc on va vraiment passer beaucoup de temps à définir ensemble les objectifs.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner des exemples pour le quotidien, des objectifs que tu te fixes avec des patients par exemple ? Je pense à plein de cas différents, des petits bouts qui ont des difficultés d'apprentissage, que ce soit de la lecture, que ce soit de la prononciation, des personnes qui viennent post-chirurgie. Est-ce que tu peux nous donner quelques exemples pour illustrer ces propos ?

  • Clémentine Courrège

    Par exemple, je vais prendre un cas qui... Quelque chose de très classique qu'on voit très fréquemment dans le cabinet, ça va être un enfant qui va arriver à 4 ans, 4 ans et demi, voire 5 ans, et le parent va nous dire mais je ne le comprends pas en fait, je viens parce que mon enfant est inintelligible, j'ai du mal à le comprendre Donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire notre bilan. En parallèle, je vais demander aux parents de répondre à des questionnaires d'impact. d'impact fonctionnel des difficultés. Et on va comparer entre la perception du parent et moi, ma perception vraiment normée et scorée. Et par exemple, si l'objectif principal, ça va être d'améliorer l'intelligibilité, donc ça sera un objectif global, en sous-objectif, ça va être par exemple pouvoir produire des phrases, des sujets, verbes, objets correctement. pouvoir produire le son. à chaque fois qu'il apparaît en début de mot. Pouvoir articuler correctement, prononcer correctement des mots de deux syllabes contenant des syllabes simples.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc là, c'est des objectifs qui sont, on dit, smart. C'est mesurable, c'est objectivable, tu te laisses une durée de temps et ça permet aux parents d'avoir un objectif concret. Tout à fait. C'est-à-dire que ça ne va pas être un peu mieux, il va être capable de ça. C'est ça. Il y a un lien avec l'éducation nationale ? Vous faites des relais avec les instituteurs ? Parce que là, dans l'exemple que tu donnes, j'imagine que c'est le parent qui vient, en lien avec l'école ou pas du tout ?

  • Clémentine Courrège

    Pas toujours. Parfois oui, mais parfois non. Alors on essaie de faire du lien avec l'éducation nationale, mais on reste des professionnels de la santé. Alors donc ce lien que l'on fait, il est soumis à l'autorisation parentale, afin de pouvoir lever le secret médical.

  • Antoine Lacouturière

    Bien sûr, avec le secret,

  • Clémentine Courrège

    ok. Moi maintenant, ma nouvelle façon d'exercer, c'est que les objectifs qu'on a mis en place avec le patient, c'est le patient qui les garde. C'est-à-dire qu'il a son petit classeur avec ses feuilles d'objectifs et il peut choisir de les partager directement avec l'enseignant. Ce qui fait que la maîtresse ou le maître a accès. enfin c'est ce qu'on fait en orthophonie ok,

  • Antoine Lacouturière

    il y a une matière, il y a un cahier c'est pratique, il peut le consulter il sait où vous en êtes ça permet de ne pas rentrer dans les difficultés de communication des professionnels de santé notamment qui sont assez chargés en emploi du temps et aussi des enseignants et ça permet de faire du lien et ça

  • Clémentine Courrège

    permet pourquoi pas à l'enseignant s'il le souhaite et bien sûr en co-discussion avec les parents et tout le monde qui peut y avoir, mais d'éventuellement mettre en place des adaptations pédagogiques. Il y a aussi cette possibilité-là pour eux. S'il le souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, on a compris le lien potentiel avec l'éducation nationale et puis cet outil que tu proposes maintenant dans ta pratique. Est-ce que tu veux bien nous parler des partenaires directs que tu as ? On a évoqué les orthodontistes. Là, on a succinctement parlé des instituteurs, des parents en tout premier, mais les autres intervenants professionnels pour mieux comprendre comment tu travailles et avec quelle équipe.

  • Clémentine Courrège

    Alors, sur la partie libérale, il va y avoir principalement les médecins généralistes et les pédiatres, aussi les ORL. Les sages-femmes, pour ma part, du coup, comme je travaille avec les bébés, ça, ça va être pour...

  • Antoine Lacouturière

    Ça, c'est lié à ta spécificité, sages-femmes. On est d'accord de dire que c'est plutôt nouveau. Là, le fait que l'hôpital fasse appel à toi, c'est aussi un côté novateur. Il y a quelques années ou quelques dizaines d'années, ça n'existait pas. Donc, on les salue pour ça, même s'il faut plus de monde. Ça permet quand même de dire que c'est un pas en avant. Le monde hospitalier tourné vers la toute petite enfance sage-femme, c'est assez frais.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et pour la partie libérale, il va aussi y avoir les ostéopathes et les kinés, principalement. Et puis après, vraiment sur la partie hospitalière, là je vais intervenir. Sur demande des infirmières, des auxiliaires de puériculture, des pédiatres, des diététiciennes, des kinés et également des sages-femmes à l'hôpital. Donc ça va vraiment être les principaux acteurs avec qui je vais interagir. autour des patients.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Donc, pour les personnes qui ne connaissent pas, prescripteurs principaux, ces cases médecins-traitants, il faut une ordonnance pour faire de l'orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, il faut une ordonnance. Alors, pas forcément du médecin-traitant, mais d'un médecin, quel qu'il soit.

  • Antoine Lacouturière

    Un spécialiste, par exemple un ORL, peut aller vers ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Pédiatre, même chose ? Sur le côté frais dont on vient de parler, des prises en soins, des tout petits bouts ? D'accord, je te remercie pour l'illustration des différents partenaires. Franchement, pour être honnête, je n'imaginais pas vraiment l'étendue du champ de compétences. C'est aussi ce qui a motivé mon envie de partager une interview avec toi aujourd'hui. Donc, merci pour l'éclaircissement. Tant qu'on est dans les partenaires, ça me donne aussi envie de parler des limites. Concrètement, dans ma casquette d'ostéopathe, dans mes outils principaux, moi j'utilise mes mains. Je fais... Allez, je ne vais pas dire massage, je salue mes copains kinés, mais du modelage, du soin, on va étirer, on va toucher, masser, manipuler, détendre. On va faire des traitements manuels, pour faire simple. En sophrologie, j'ai une casquette où on va plutôt utiliser de la relaxation, des respirations, des visualisations. Mais concrètement, un, une orthophoniste, qu'est-ce qu'elle utilise ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, avec les bébés, l'objectif va quasiment toujours être le même, ça va être d'apporter du plaisir dans la bouche, ou de remettre du plaisir dans la bouche, et puis de travailler sur la mobilité de la langue, des joues, des lèvres, principalement. Donc, pour pouvoir intervenir là-dessus, on va se servir de tout l'essence du bébé. On va se servir énormément de l'olfaction, donc avec des petites odeurs en coffret ou alors avec vraiment des aliments. En se basant, moi je me base surtout sur les aliments qui ont été mangés durant le dernier trimestre de grossesse de la maman, parce que c'est des odeurs qui sont connues du bébé, ou si elle n'a rien mangé en particulier, principalement chocolat, banane, vanille. Il y a des études qui ont été parues à ce sujet. en faisant le lien entre respiration de ces odeurs et déclenchement d'un réflexe de sucion. Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de sucion.

  • Antoine Lacouturière

    Sans stimulation mécanique manuelle, on est d'accord.

  • Clémentine Courrège

    Juste les odeurs. Juste l'odorat.

  • Antoine Lacouturière

    Réflexe de sucion. Cloak.

  • Clémentine Courrège

    Oui. Ok. Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    Premier petit tip, c'est quand même quelque chose qui va être nouveau pour un certain nombre de personnes.

  • Clémentine Courrège

    Ok. Exactement. On va servir aussi, enfin, je vais me servir de pas mal de manipulations. Manipulations, surtout dans la bouche. parce que l'objectif, ça va être de demander à la langue de se positionner à tel ou à tel autre endroit. Et en fait, ça va surtout être des manipulations qui vont s'appuyer sur les réflexes, puisque le nouveau-né n'est que réflexe. Et la succion, elle va se modifier en fonction des informations sensorielles que le nouveau-né va recevoir, puisque une information sensorielle va déclencher une réponse motrice. De ce fait, pour... entre guillemets, modeler le schéma moteur dont j'ai besoin. Je vais faire répéter à la langue, je vais donner à la langue plusieurs stimulations sensorielles qui vont créer le schéma moteur que je souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Avec le résultat que tu cherches à obtenir.

  • Clémentine Courrège

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner un exemple pour illustrer ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui. Par exemple, je pense à ces bébés pour lesquels on va dire qu'ils ont une sucion inverse. C'est-à-dire qu'on va avoir le biberon, ou le sein, ou la tétine qui va surtout sortir de la bouche mais pas être aspirée. Généralement, on est dans des cas où la langue fonctionne un peu à l'inverse. Et du coup, mon objectif, ça va être de remettre le mouvement à l'endroit. Donc d'abord, de faire avancer la langue. Pour ça, par exemple, on va se servir du réflexe de hooker et du réflexe de protrusion de langue. Donc en venant stimuler avec le doigt. ou avec un autre outil, la bouche du bébé, ce qui va induire une ouverture de bouche. Puis, en venant toucher la pointe de la langue, ça va demander au bébé, par réflexe toujours, de sortir la langue. Donc là, on a ce mouvement vers l'avant. Et puis, à ce moment-là, en offrant le doigt ou la tétine, on attend une aspiration. Parce qu'on sait qu'à partir du moment où on a cette stimulation sur la langue, vraiment sur la ligne médiane, on va induire une rétraction de la langue avec une aspiration derrière. Voilà, pour l'exemple que je peux te donner. Merci. On va du coup servir du doigt, on va servir aussi de petits outils texturés pour offrir davantage de stimulation. On va servir bien entendu de l'aspect gustatif aussi, en utilisant du lait. Les... maternelle ou lait industriel, à température ambiante ou froid, suivant ce qu'on va chercher comme réaction chez l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, on change de sens. On est sur sensorialité, mais on change de nerfs crâniens aussi. Là, on est sur quand même 4-5 nerfs sur les 12 paires crâniennes, langue, informations sensorielles différentes. D'accord, du chaud, du froid, des textures.

  • Clémentine Courrège

    La vibration aussi, parfois. Quand on a des bébés qui sont très endormis, ou alors dans le cadre de... de pathologie neurologique dès la naissance. Pour ces bébés qui vont être hypotoniques, on va parfois se servir de la vibration pour apporter encore plus de stimulation. Et puis, on va aussi se servir de la vue. Parce que moi, je vais avoir besoin que le bébé soit à l'aise au niveau de ses rotations de tête. Ça, c'est quelque chose qu'on teste.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on imagine derrière le micro Clémentine qui fait bouger la tête.

  • Clémentine Courrège

    C'est quelque chose où les rotations de tête, on va les tester. Alors, je les teste à mon niveau. Je ne dis pas que je suis kiné ou ostéo. Mais moi, ça m'intéresse juste de savoir si le bébé peut aller à gauche et à droite de manière symétrique. Parce que je sais que potentiellement... si on est sur une rotation asymétrique ou une limitation, tous les nerfs qui passent derrière la base du crâne vont être un peu comprimés. Donc on risque d'avoir des complications au niveau de la succion. Et pour demander au bébé de tourner la tête, on va se servir de petits outils visuels, des petites cartes contrastées, des petits jouets à faire passer. Voilà, encore sur un autre sens.

  • Antoine Lacouturière

    Ça rajoute un nouvel outil dans ta boîte à outils. Là, on est dans l'éducation, rééducation, un mélange des deux, j'ai l'impression, en t'écoutant. On a vu l'olfaction, on a vu le gustatif avec le froid, le chaud, le lait, les autres goûts, textures. Et là, on rajoute le visuel. Peut-être du son aussi, j'imagine que tu les appelles.

  • Clémentine Courrège

    Oui, on les appelle pour qu'ils se tournent du côté de la stimulation. Et surtout, moi j'interviens avec un bébé comme j'interviens avec un plus grand. C'est-à-dire que dès le moment où je rentre dans la chambre, je parle au bébé et je lui explique ce qu'on va faire. Je lui dis pourquoi je me présente. j'explique pourquoi je suis là, j'explique ce qu'on va faire, et voir si je peux ou pas l'aider, et avant chaque stimulation, avant chaque sollicitation, quelle qu'elle soit, je préviens le bébé. Et puis en fonction des réactions qu'il va y avoir, parfois on s'arrête parce qu'on voit qu'on a une situation où le bébé va se mettre en route. Exactement. Et là, on sait que, ok, d'accord, tu me montres que ça ne va pas, on s'arrête, on fait autrement. Donc oui, la voix, elle va être là tout le temps. Mais tout le temps, bien entendu. Pour un orthophoniste. Oui, c'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me permet de mieux visualiser ton travail sur l'utilisation de cette sensorialité, sur aussi le fait qu'on ait un champ de compétences commun en tant qu'ostéo, sur l'évaluation de la mobilité et c'est quelque chose qui est important pour nous bien sûr, cette mobilité du crâne, des cervicales. Ça va un petit peu plus loin que juste la bouche alors, ça me rassure.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, et ouais, au final, c'est pas que la bouche. On est vraiment du sommet de la tête jusqu'au diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Jusqu'au diaphragme.

  • Clémentine Courrège

    Jusqu'au diaphragme, parce que du coup, il y a la respiration. et qu'on va aussi travailler sur le diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Un mot magique en ostéopathie, en sophrologie, en chant, en plein d'autres choses. Comment est-ce que tu vois le diaphragme ? Comment est-ce que tu l'utilises ? Comment est-ce qu'il vient dans ton quotidien ? Parle comme tu veux, mais parle-nous de ce diaphragme en orthophonie. On est loin de la bouche, là.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, on est loin de la bouche et pourtant, on est tellement reliés à la bouche parce qu'au final, quand on va avoir une restriction de mobilité au niveau diaphragmatique... On va forcément retrouver des tensions après, que ce soit au niveau du sternocleidomastoïdien ou alors vraiment au niveau de la mandibule, on peut retrouver aussi des serrages dentaires et du bruxisme. Et puis vraiment sur l'aspect ventilation, ce manque d'amplitude va créer un inconfort chez les personnes.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, j'entends le diaphragme qui vient, le lien avec ceux qui ne connaissent pas sternocleidomastoïdien, c'est un muscle qui relie l'orifice supérieur du thorax, le haut du thorax, les clavicules, avec le crâne. On est au niveau du cou. Ça me fait plaisir d'entendre ça, du fait de porter attention aussi à la posture globale. parce qu'on est convaincu en ostéopathie que la posture, elle va influencer le système en entier. Je reviens sur ton... ton champ de compétences à toi, donc tu évalues la ventilation et tu évalues aussi le langage. Ça me permet de faire un lien avec la façon dont on vous nomme ailleurs qu'en France. Est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur le côté ailleurs dans le monde ? Comment est-ce qu'on appelle les orthophonistes ?

  • Clémentine Courrège

    D'un point de vue francophone, nous en France, on est les orthophonistes. En Belgique, il y a les logopèdes. En Suisse, les logopédistes. Et le terme anglophone qui est retenu et qu'on retrouve dans la littérature, c'est speech and language therapist ou juste speech therapist.

  • Antoine Lacouturière

    Et tu vois, en t'écoutant parler du diaphragme, je trouve que c'est vraiment réducteur ce terme-là.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, ce sont des compétences qui ne transparaissent pas. Dans ces mots, puisque c'est réducteur, on est là que sur langage et paroles, alors qu'au final, quand on regarde notre nomenclature, elle est bien plus large que juste langage et paroles.

  • Antoine Lacouturière

    Ça fait partie, en préparant l'interview, des choses où je me suis dit, tiens, c'est étonnant, le nom induit une limitation importante, l'évaluation de la respiration. Tu parles de ventilation, donc le mouvement respiratoire avec le diaphragme dont on était en train de parler, c'est ça le lien. On n'est vraiment pas que dans la parole et le discours, le langage. Est-ce que tu peux nous donner une idée, en pourcentage approximatif, des motifs de consultation aujourd'hui ? Les petits bouts qui viennent te voir à l'hôpital, je les exclue. On ne parle pas des bébés bébés qui occupent une partie. Je parle en libéral. Allez voir un, une orthophoniste. Majorité du temps ?

  • Clémentine Courrège

    Alors la grande majorité, la grande partie du temps, on a soit une plainte en langage oral, soit une plainte en langage écrit. C'est vraiment les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Donc langage écrit, ça va être tout ce qui va être lecture, écriture, orthographe, suspicion de dyslexie, dysorthographie, etc. Pour le côté langage oral, ça va être mon enfant, il a du mal à comprendre les phrases, ou alors... quand il s'exprime, il ne met pas les mots dans le bon ordre. Ou je ne comprends rien, en fait. Il me dit un mot, mais ça ne se dit pas du tout comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'exemple que tu nous donnais tout à l'heure avec le fait d'avoir du mal à comprendre ce petit bout, cette petite loup de 4 ans, 4 ans et demi, 5 ans, avec la difficulté de compréhension.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on est sur les motifs principaux.

  • Clémentine Courrège

    C'est les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Après, il y a aussi une grosse partie en handicap, que ce soit par exemple dans le cadre... d'une trisomie ou d'un syndrome quelconque. Ça, c'est une grosse partie. On va avoir tout ce qui va être troubles du neurodéveloppement, donc autisme, troubles du langage oral. Et puis... D'un point de vue plutôt sur la sphère ORL, il va y avoir tout ce qui va être les cancers au niveau de la bouche. Tout ce qui va être neuro.

  • Antoine Lacouturière

    Là, après, on rentre sur des choses qui sont moins fréquentes. En t'observant parler, on sent que tu cherches un peu plus. Ça arrive, des chirurgies particulières, mais c'est à la mort. Finalement, le terme anglo-saxon qui parle de discours, de langage, il correspond à la majorité des consultations.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et il y a d'ailleurs des orthophonistes qui ne font que langage oral, langage écrit. Et d'ailleurs, quand on regarde du côté des logopèdes... pour qui la formation est parfois plus courte, elles peuvent décider de faire la formation en trois ans, la majeure partie du temps, elles ne font que langage oral, langage écrit.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un choix volontaire à ce moment-là, tu veux dire ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, parce que ça correspond à la grande majorité.

  • Clémentine Courrège

    Oui, et puis parce qu'à mon avis, je ne sais pas, mais elles n'ont peut-être pas pu pousser plus loin durant les études. Mais c'est vrai que très souvent, c'est très structuré de cette manière-là.

  • Antoine Lacouturière

    Ça m'intéresse de faire un lien sur un vécu quotidien pour les patients. Souvent, le podcast, ça fait partie de ma vie depuis peu de temps, mais j'en parle avec les patients. Et il y en a plusieurs, en préparant un petit peu l'interview aussi, où je posais des questions. Donc le côté pas savoir ce que c'est l'orthophonie, ça je te l'ai dit, mais sur le côté curatif et préventif. Le parallèle que je te propose de faire, en ostéo, 9 patients sur 10 viennent nous voir. j'y vais que quand je suis coincé. Je ne peux plus bouger, j'ai trop mal, j'exagère un petit peu, et les patients qui m'écoutent et qui viennent en préventif, je les salue, mais est-ce que tu vois où je veux aller ? La sensation que ça me donne, et ça nous permettra aussi d'ouvrir sur d'autres types de thérapies et d'autres façons de concevoir la santé, le soin, le bien-être, mais ça me donne ce sentiment que finalement, tant qu'il n'y a pas de problème, on laisse faire. J'ai l'impression que c'est aussi un petit peu comme ça pour vous les orthophonistes.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Il y a encore d'ailleurs beaucoup de professionnels médicaux qui disent ils ne parlent pas, vous n'allez pas déjà aller chez l'orthophoniste, ça ne sert à rien Ça c'est encore un discours qu'on entend dans la bouche de beaucoup de médecins. Alors qu'on sait qu'en plus, plus on prend les choses de bonheur, au mieux l'accompagnement se fait, et au plus on arrive à mettre en place d'adaptations qui soient... bénéfique pour le patient. Donc, tout à fait, nous, on est souvent appelés dans un but curatif, alors que la prévention fait totalement partie de nos missions. Donc, c'est vrai qu'on en fait parfois, dans quelques cas, et je pense principalement au suivi, moi, que je fais en termes d'oralité alimentaire, où là, on fait de la prévention. vraiment sur ce que les parents peuvent mettre en place pour éviter de créer, par exemple, des distimulations. orale, c'est-à-dire de créer un sentiment un peu négatif autour de la bouche. Par exemple, c'est typiquement ce qu'on va... Quand je vais demander aux parents, quand ils ont introduit la cuillère, de retirer la cuillère toute droite de la bouche du bébé. D'aller éviter de racler la cuillère, comme on a tous tendance à le faire, sur la gencive du bébé.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, ça c'est intéressant. 10 stimulations, 10 troubles de la stimulation problématique gêne. Et l'exemple que tu donnes, il est fréquent, de dire on vient racler, c'est plus facile, on en met moins partout. Ça, ça informe le système comme un inconfort, une gêne ?

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est pas agréable.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, tu fais de la prévention ? Exactement. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, dans ta partie...

  • Clémentine Courrège

    On prend pas de la prévention.

  • Antoine Lacouturière

    Génial.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, super.

  • Clémentine Courrège

    Donc c'est des... surtout par le biais de petits conseils comme ça. Après, il y a des orthophonistes, il y a des associations qui se font sur des groupes de langage, ou ce genre de choses. C'est vrai que d'un point de vue prévention, avec mon conjoint, on a créé un petit site internet qui s'appelle Mon Visual Ortho, et qui présente des affiches sur des thématiques orthophoniques, affiches qui vont être... à but de décorer les cabinets, mais aussi justement de donner de l'information et de faire de la prévention sur des choses qu'on peut rencontrer fréquemment dans le cabinet. Donc ça, c'est aussi un petit pas justement sur cet aspect prévention dans le métier.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends plusieurs choses là-dedans. La première, c'est que vous êtes souvent des passionnés dans les associations, qui à ce côté-là, on le ressent dans les discussions, dans les réunions. Et puis aussi engagés, et je vous invite, les auditeurs, les auditrices, à aller faire un tour sur mon Visbelle Ortho. À la fois parce qu'on a grand besoin d'esthétique dans nos salles d'attente, que régulièrement, je ne sais pas si vous prenez quelques instants, Pour revisiter les salles d'attente des soignants que vous consultez, allez-y. Et régulièrement quand même, les salles d'attente sont, je vais dire, perfectibles en termes d'ambiance. Et il y a un certain nombre d'affiches, et ces affiches-là, elles sont à la fois esthétiques, et elles ont aussi vraiment une visée de sensibilisation et d'éducation sur différentes thématiques. Merci pour l'initiative. Ça fait partie des choses qui font partie finalement dans la fiche métier des orthophonistes, du préventif. Et si vous n'avez pas beaucoup le temps de le faire au cabinet, ça permet de le faire en dehors. Ça fait un nouveau lien avec moi vraiment pour les choses qui m'animent en ce moment. Dans les statistiques des dépenses concernant la santé, 1% du budget est alloué à la prévention. entre 0 et 1 ou entre 1 et 2% en fonction des sources, mais moins de 5% des dépenses globales sont liées à de la prévention, je trouve que c'est quand même peu, on est beaucoup dans du curatif, et je me demandais, j'étais content de pouvoir échanger avec toi sur comment est-ce qu'on peut agir en amont, prévenir en fait, comment est-ce qu'on peut prévenir, et ça me donne la sensation qu'informer... dès la maternité, ça fait partie des choses qui arrivent, qui sont plutôt nouvelles et qui vont dans ce sens-là. Est-ce que tu vois d'autres idées, d'autres conseils, d'autres choses qui peuvent aller dans ce sens-là ?

  • Clémentine Courrège

    Sur la prévention des conseils aux parents ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est peut-être le moment de faire un chapitre. On ouvre le chapitre des conseils.

  • Clémentine Courrège

    Très bien, allons-y. Dans les conseils préventifs ou curatifs que je peux donner, c'est de porter attention à l'installation lors de l'alimentation. Que ce soit l'installation du bébé ou l'installation de l'enfant qui est déjà passé à une alimentation solide. C'est vrai que quand on regarde les affiches en lien avec l'allaitement, tous les bébés sont positionnés comme étant un peu dans cette position classique de la madone, soumis à la gravité. Donc ça va être des bébés qui vont essayer de lutter contre la gravité pour aller chercher du lait. Et puis souvent on voit les pieds qui sont totalement dans vide, les pieds qui pendouillent. Ça fait que... Si nous en tant qu'adultes on se met à regarder une terrasse de bar avec des tabourets, on va vite se rendre compte que tous les adultes pour manger ils stabilisent leurs pieds.

  • Antoine Lacouturière

    L'image est parlante, c'est vrai qu'on imagine assez facilement sur un tabouret sans pouvoir poser les pieds, c'est vite inconfortable.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est inconfortable. Et ce non-maintien des pieds, il va être inconfortable aussi pour le nouveau-né, et encore plus pour le petit enfant, au moment de la découverte alimentaire, de l'exploration alimentaire, puisqu'il va avoir 15 000 autres choses à gérer que de devoir en plus gérer son équilibre lorsqu'il mange. Donc... vraiment un des premiers conseils de base qu'on va donner c'est stabiliser les pieds.

  • Antoine Lacouturière

    Permettre une structure qui permet d'avoir les pieds posés. Un tout petit bout à l'été, on vient mettre un support, une main, un petit bout un peu plus grand sur une chaise, on trouve une solution pour qu'il y ait un plateau, qu'il y ait quelque chose qui lui permette d'avoir une assise.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement. Et ça va lui permettre de gérer beaucoup plus facilement la mobilité de ses bras et du coup le fait d'apporter correctement la nourriture à la bouche. C'est l'aider un peu plus dans son apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Premier conseil applicable facilement et qui va faire sens pour un certain nombre d'entre nous, j'en suis sûr

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait et si on revient autour des j'ai pas fini tout à l'heure ce que je voulais dire mais au niveau des nouveaux-nés sur la quand je disais que les bébés sur les affiches sont souvent soumis à la gravité alors que durant 9 mois ils ont flotté et qu'ils n'ont jamais ressenti cette pesanteur et bien pour les aider un peu mettons-les sur la maman vraiment en position ventrale sur la maman pour qu'ils aient quelque chose en moins à devoir gérer.

  • Antoine Lacouturière

    Position d'un autre outil sur la façon d'installer au sein.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, et ça, ça rejoint les travaux de Suzanne Colson qui a mené une thèse là-dessus qui est extrêmement intéressante sur l'importance de positionner les bébés sur le ventre. pour pouvoir téter parce que ça va permettre de mettre en place tous les réflexes archaïques du bébé, dont le réflexe final, c'est la succion. Mais voilà, pour que la succion puisse se déclencher, il faut que les autres réflexes aient pu s'exprimer avant.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, un bon exemple d'une posture qui influence à la fin le résultat qu'on cherche la succion. C'est pas que dans la bouche, ton travail finalement il commence aussi dans l'installation. Je pense aux sages-femmes avec qui ça va faire du lien, et aussi aux ostéos dont je fais partie qui reçoivent des petits bouts. Ça fait deux conseils de posture. Ok. Est-ce qu'aujourd'hui, avec ton expertise et les spécificités que tu as développées, il y a d'autres conseils qui te viennent ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, je pense que par rapport au moment de la diversification alimentaire, souvent ce qui se passe, c'est que les parents nous disent j'ai introduit ça, mais alors il a fait une grimace, ça ne lui plaît pas Eh bien en fait, c'est tout nouveau pour le bébé. Donc souvent ça transparaît comme quelque chose qui n'est pas plaisant, alors que c'est juste le cerveau qui se dit, tiens, on me donne un nouveau truc dans la bouche là, je n'ai jamais vu, je n'ai jamais senti, je n'ai jamais goûté, il va falloir que j'apprenne à l'apprivoiser. Donc en fait c'est plus une forme de dégoût parce que c'est nouveau, que vraiment un dégoût où ça ne plaît pas à l'enfant. Il faut au moins une dizaine de présentations avant de savoir si on aime un aliment. Donc... lorsque l'enfant vous fait cette mimique là de ça me plaît pas, reproposez derrière, offrez la possibilité à l'enfant de pouvoir justement pouvoir l'aimer. Parce que ce qui est sûr, c'est que si vous ne le représentez pas, ça ne pourra pas changer.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, on entend la répétition et puis cette espèce de dégoût qui est plus une surprise, un étonnement que vraiment un dégoût viscéral de j'en veux pas, c'est pas pour moi. ouais tout à fait donc tu invites les parents à proposer plusieurs fois en étant confortable avec la cuillère qu'on place délicatement qu'on retire droit si c'est pas une diversification menée par l'enfant par exemple ou qu'il n'y a pas cette notion de main directe d'être attentif aux outils ça fait plusieurs conseils déjà là autre chose que t'as envie de rajouter ?

  • Clémentine Courrège

    J'ai envie de dire que c'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Ça veut dire que, du coup, c'est l'adulte qui va mettre les conditions pour que l'enfant puisse explorer. Si l'adulte... il propose sa cuillère, mais qu'il ne faut surtout pas que l'enfant en mette partout, il ne faut surtout pas qu'il le touche, il ne faut surtout pas que ça tombe partout. Eh bien, en fait, ça va mettre une limite aux expérimentations possibles de l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Une limite et une contrainte aussi Une limite et une contrainte,

  • Clémentine Courrège

    tout à fait Alors on sait que ça demande Beaucoup d'énergie quand ils sont tout petits Au moment de la diversification alimentaire Et qu'ils en mettent partout et que c'est fatigant Parce qu'il faut nettoyer et tout ça On n'aime pas que c'est sale Tu veux dire nettoyer entre les doigts,

  • Antoine Lacouturière

    sur la chaise, sur la nappe Sur le pantalon de papa, sur le chenillier de maman Par terre, sur les petits frères Sur les copains, partout quoi

  • Clémentine Courrège

    Mais pourtant c'est tellement important Ce que la main ne peut pas toucher La bouche ne pourra pas le manger donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ça, ce que tu viens de dire, ça fait-il pour moi ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas l'explorer ?

  • Clémentine Courrège

    Ouais, surtout quand ils sont petits. Alors après, quand ils sont plus grands, on est sur autre chose, mais ça, voilà, petit, c'est important. Quand, imagine, tu vas dans un pays, je sais pas, tu vas en être un pays où tu n'as jamais été. avec des traditions culinaires qui sont...

  • Antoine Lacouturière

    Et leurs différentes.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. On te sert devant toi une assiette, je ne sais pas, avec des criquets ou un truc, déjà où visuellement c'est moyen. Généralement, tu ne vas pas prendre le truc et le mettre directement dans ta bouche. Tu vas regarder l'assiette, peut-être tourner l'assiette pour voir à quoi ça ressemble de tous les côtés, peut-être prendre ta fourchette et puis...

  • Antoine Lacouturière

    Essayer de le bouger, voir comment ça bouge.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, parce qu'en fait, en faisant ça, ça va te donner des informations sur la texture. Du coup, inconsciemment, ta langue, ton cerveau va dire à ta langue, pour gérer cette texture-là dans ta bouche, la langue, elle va devoir faire tel ou tel mouvement. Tu vois ? Et puis, une fois que tu l'auras touchée, tu vas peut-être leur niffler un petit coup, parce que...

  • Antoine Lacouturière

    Un autre sens.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Et puis... Une fois que tu l'auras senti, peut-être que tu vas juste en prendre un tout petit morceau et le poser sur tes lèvres. Et puis une fois que sur les lèvres tu te dis bon c'est ok, tu vas peut-être le mettre sur ta langue. Puis tu oseras peut-être le croquer. Alors peut-être que tu le cracheras, peut-être que tu l'avaleras. Mais il y a plein d'étapes comme ça. Et quand on est tout petit, vraiment sur les moments de la diversification, laisser toucher l'enfance, ça va être ultra important. Et ça va conditionner en fait.

  • Antoine Lacouturière

    On entend bien ton invitation et le lien avec l'adulte qui crée l'environnement, dans un premier temps, l'environnement de permettre ça, et du lien avec la main et la langue. C'est étonnant de synchronicité cette partie-là de l'interview qui n'était pas préparée sur le lien langue-main.

  • Clémentine Courrège

    C'est vrai ça.

  • Antoine Lacouturière

    Je suis abonné à une revue qui s'appelle Cerveau et Psycho je ne sais pas si tu connais. Non. C'est une revue de vulgarisation scientifique. L'étude en question dont je vais vous parler, je crois que c'est le titre de l'étude, c'est le lien entre la main et la langue, entre le développement de ce qui se passe dans la main et la motricité de la langue. Et je précise pour les plus anatomistes et les plus scientifiques qu'on n'est pas sur l'homunculus de Penfield avec les connexions à proximité bouche main, puisqu'on n'est pas sur les mêmes espaces au niveau de l'air et du cortex somatosensoriel, on est vraiment sur le développement du langage, les aires liées au langage et des connexions qu'on est en train de chercher dans les profondeurs du cerveau, liens. main-bouche. Je trouve ça génial.

  • Clémentine Courrège

    Et pour rebondir sur ce que tu dis, moi, quand j'explique sur les quelques formations que j'ai pu donner, justement, le lien main-bouche, c'est que la bouche, elle possède exactement les mêmes récepteurs sensoriels que la main. Donc, récepteurs tactiles, thermiques, à la dépression, à la forme,

  • Antoine Lacouturière

    à l'étirement, à la vibration.

  • Clémentine Courrège

    Tout cela, plus des récepteurs olfactifs et des récepteurs gustatifs. Ce qui en fait une main encore plus... plus connectés sensoriellement. Donc un lieu ultra sensible.

  • Antoine Lacouturière

    Là pour le coup, je reviens sur le monculus de Penfield, le petit bonhomme avec la représentation des différentes aires et la taille de la bouche et des lèvres. L'image qu'on peut peut-être donner aux auditeurs qui ne voient pas faire des gestes avec nos mains dans tous les sens, c'est un grain de sable. Imaginez un grain de sable dans le dos, un grain de sable sur le ventre, ou alors un grain de sable dans la bouche, juste un grain dans la bouche ou un grain sur une main. Le niveau de discrimination et de précision, ça rejoint un petit peu ce que tu veux dire, j'ai l'impression.

  • Clémentine Courrège

    Oui, totalement. Et c'est pour ça qu'en rééducation, ça rejoint ce que je t'ai expliqué tout à l'heure, en rééducation avec les plus grands, quand on va travailler sur la proprioception. On en a notamment parlé tous les deux et je t'avais fait tester pour exercer la proprioception la ringuale j'avais notamment par exemple travaillé avec des pattes alphabet et l'objectif ça va être de retrouver quelle patte alphabet j'ai

  • Antoine Lacouturière

    déposé sur la langue le tout avec les yeux fermés ça je vous encourage à essayer à la maison pour ceux qui nous écoutent avec un paquet de mini pattes alphabet à disposition de deviner la lettre Challenge, quand même. On peut le rajouter dans la boîte à outils et les conseils.

  • Clémentine Courrège

    Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    ça permet de se rapprocher du côté ludique aussi. Je voulais qu'on aborde ce point-là. C'est peut-être un des derniers points que j'aimerais aborder avec toi avant de te laisser le mot de la fin et de conclure comme tu auras envie. Mais le côté ludique, c'est quelque chose que je trouve assez commun dans vos différentes manières de pratiquer en ortho. Et ça fait du bien de rigoler. Est-ce que tu es plutôt OK avec ça ou pas ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est indispensable. C'est indispensable parce que l'enfant n'apprend que par le jeu. Si c'est trop structuré, il n'apprendra pas. Il faut qu'il apprenne, il faut du coup créer des situations, parce qu'en fait c'est ça qu'on fait, c'est qu'on crée des situations, on met en œuvre des situations suivant les objectifs qu'on aura déterminés, parce qu'on ne joue pas pour jouer. D'ailleurs, chaque jeu, il y a un objectif thérapeutique qui est bien précis. Et du coup, en fait, sur cette base-là, on peut se servir d'absolument tous les jeux, puisque une boîte de jeux, ça reste du matériel qu'on peut détourner, en fait, pour plein de problématiques différentes. Donc oui, le cabinet ici, il n'est que jeux de tout petit. jusqu'à l'adulte.

  • Antoine Lacouturière

    Ah, ça me fait plaisir. Nous aussi, on a l'oie, les grands.

  • Clémentine Courrège

    Oui, bien entendu. C'est beaucoup plus amusant.

  • Antoine Lacouturière

    Et ça rejoint les publications sur les neurosciences et le côté pédagogique que peuvent avoir certaines approches. Quand un être humain joue, il active différentes aires et on augmente les chances de mémorisation et les associations. Donc tu encourages les gens à jouer.

  • Clémentine Courrège

    Bien entendu.

  • Antoine Lacouturière

    Dans le cadre du soin et peut-être pas que dans le cadre du soin, pour l'apprentissage.

  • Clémentine Courrège

    Pour l'apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Ça faisait partie des choses où je me... Ça fait partie des choses où je m'interroge aujourd'hui sur la place du jeu dans l'éducation, ou à la maternelle. Je trouve qu'il y a vraiment ce côté développement sensoriel dont on parle, de l'utilisation des textures, des mains qui touchent différents objets, des dessins, du début des lettres, mais avec le côté comptine, où on imbrique différents sens, où ils peuvent changer de place et de posture, et où en grandissant, dans la structure de l'enseignement, je trouve qu'on sollicite moins les autres sens pour rester positif.

  • Clémentine Courrège

    Et du coup, comme ça perd en termes de ludisme, il y a des enfants que ça va perturber, et qui ne vont pas réussir à rentrer dans les apprentissages. parce que ça ne leur plaît pas, ce n'est pas plaisant. Et comme il n'y a pas cette sphère émotionnelle qui s'active, de ce qu'on fait ça me plaît, il y a moins d'intérêt, et du coup, c'est plus difficile. au niveau des apprentissages ?

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour ça. Ça me permet en tout cas de répondre à un certain nombre de questions que j'avais en venant te rencontrer aujourd'hui. Je repars enrichi de l'orthophoniste au sens ortho, droit, juste, régulier, correct, mais qui fait bien d'autres choses que juste l'affonation. Des tout petits bouts de un jour jusqu'au papi-mami qu'on accompagne dans les différentes... problématique de vie Clémentine avant de dire un petit mot de fin et puis une forme de synthèse je voulais te remercier de m'avoir accueilli aujourd'hui d'avoir partagé cet après-midi d'échange, de discussion Je te remercie pour mon visuel ortho qui égaye ma salle d'attente et de cette démarche que vous faites, qui est peu commune dans le milieu de la santé. Souvent, on est juste des praticiens, mais on n'est pas vraiment des entrepreneurs, on est plutôt des techniciens. Et là, c'est vraiment une démarche de sensibilisation à de la prévention. L'échange aujourd'hui qu'on vient d'avoir tous les deux, il me permet d'avoir une meilleure vision de ton champ de compétences, à la fois la naissance d'un enfant avec l'importance de ce qui va se jouer dans les premiers jours, les premières semaines, les premiers mois de vie, pour le développement du langage bien plus tard, la variation des textures, de l'importance de l'installation au sein ou pour un biberon. de l'importance des stimulations autour de la bouche dans le contexte créé par les parents. Ça nous permet de mieux comprendre tes partenaires de soins, les personnes avec lesquelles tu travailles, aussi avec tes limites qui parfois frôlent l'ostéopathie sur la partie manipulation et observation, et c'est bien comme ça. Et puis tous ces petits conseils qui sont du bon sens, mais qui sont du bon sens avec un regard expert, le placement... s'alimenter, le fait de maintenir les pieds, le fait d'installer contre la gravité un bébé au sein par exemple, le fait de créer un environnement favorable, d'éviter les stimulations autour de la bouche pour essuyer parce que c'est plus facile, de permettre aux petits bouts de faire un petit peu ce qu'ils veulent avec la nourriture, et de raconter des histoires. Ça c'est quelque chose dont on a parlé en REUF, que je me permets de rajouter ici, de l'importance de raconter des histoires aux enfants. Un grand merci pour tout ça.

  • Clémentine Courrège

    Merci. Merci à toi de t'être déplacée et puis pour ton temps, c'était une super chouette discussion

  • Antoine Lacouturière

    Merci d'avoir écouté en entier cet épisode qui j'espère vous apportera quelque chose de positif, une image une histoire, des liens avec votre quotidien, des perspectives une prise de conscience peut-être et toucher du doigt des ingrédients de la santé Si vous souhaitez participer à l'aventure de ce podcast et contribuer à sa croissance, je vous invite à laisser 5 étoiles et un commentaire sur vos plateformes d'écoute habituelles. Merci pour les instants que vous prendrez qui m'aideront à recevoir de nouveaux invités et à produire des contenus de qualité. Prenez soin de vous et à bientôt !

Description

Rencontre aujourd’hui avec Clémentine Courrège, une orthophoniste passionnée et engagée exerçant en libéral et en centre hospitalier (Hôpital de la Mère et de l’Enfant au CHU de Limoges). Elle intervient dès les premiers instants de la vie pour soutenir les nouveau-nés (et leurs parents) dans le développement de la succion et pour accompagner la mise au sein. Parallèlement, elle se consacre à des activités de rééducation touchant le langage oral, le langage écrit, l'oralité, la respiration buccale, ainsi que le suivi post-chirurgical, post-AVC et d'autres pathologies.


Nous aborderons avec Clémentine les thèmes suivants : 

- Qu'est-ce que réellement l'orthophonie ?
Explorons les champs de compétences, les limites, et découvrons les partenaires principaux.

- Pourquoi et comment prend-on en soins les nourrissons ?
Explorons les méthodes utilisées par les orthophonistes pour accompagner les nouveau-nés.

- Avec quels outils le travail orthophoniste se réalise-t-il ?
Découvrons les outils et les techniques utilisés.

 - Pourquoi respirer par le nez est-il si important ? (Respiration buccale et ses conséquences)
Découvrons l'importance cruciale de la respiration nasale et les conséquences de la respiration buccale. 

- Comment agir en préventif, quels conseils pouvons-nous appliquer facilement ?


Dans cet épisode, nous allons découvrir les différentes facettes du métier d'orthophoniste et nous nous pencherons particulièrement sur une spécialité de notre invitée du jour : la prise en soins des bébés dès les premiers jours de vie. 

En fil rouge de notre podcast, nous mettrons en avant la puissance du travail pluridisciplinaire et l'exploration des domaines de compétences partagés, visant une meilleure compréhension des rôles de chacun. Découvrons comment ces échanges peuvent conduire à une amélioration de la prise en soins et à l'évolution des pratiques.

L’engagement de Clémentine et son compagnon dans la réalisation d’affiches est un élément inspirant de sensibilisation (tout en déco!) et une action concrète de prévention. Retrouvez leurs magnifiques supports surwww.monvisuelortho.fr et bénéficiez d'une ré duction spéciale à découvrir dans cet épisode !

Je remercie enfin Nico de QolniQo pour la création de la musique du podcast et pour son aide précieuse au montage.


👉 Des questions ?  Des retours ? 

Si vous souhaitez poursuivre la discussion après l’écoute de ce podcast, retrouvons-nous sur @ToucherDuDoigtLaSante sur Instagram !  

Dans l'immédiat, je vous souhaite une belle écoute. 


Prenez soin de vous et à bientôt,

Antoine


TIMELINE de l’épisode

0’ : introduction, présentation, définitions, partenaires d’un travail pluridisciplinaire 

14 : une journée au cabinet, motifs principaux de consultations 

17’ : prise en soins des nourrissons, rééducations

21’ : formes - fonctions / positionnement lingual / proprioception et liens avec le reste du corps

25’ : implication des patients, partenariat parental 

31 : adaptations pédagogiques, lien avec l’éducation nationale 

35 : outils et limites

42 : sensorialité (les 5 sens), mobilité, diaphragme 

48 : langage écrit, langage oral 

51 : place de la prévention

55 : conseils (positions d’allaitement, d’alimentation, …)

1h : liens main/bouche 

1h06 : apprentissage ludique, conclusion. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Clémentine Courrège

    Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de succion. Les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage, comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. Mais pourtant c'est tellement important ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas le manger. Donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, ancien sportif de haut niveau, j'exerce aujourd'hui l'ostéopathie et la sophrologie depuis 10 ans maintenant. A travers la rencontre d'invités passionnés par leur métier, je vous propose d'explorer ensemble le fonctionnement du corps humain et des nombreuses manières d'en prendre soin. Aujourd'hui, nous rencontrons Clémentine Courrèges, orthophoniste qui exerce ce métier à la fois. au sein de l'hôpital mère-enfant et dans son cabinet en libéral. Nous verrons que l'orthophonie peut commencer dès les premiers jours de vie, et oui ! Après un moment de présentation, puis de définition, nous discuterons des liens existants entre la bouche et le reste du corps, de l'importance du placement de la langue et de la respiration dans la croissance du visage, des outils utilisés, notamment des cinq sens, et de notre intérêt commun pour la prévention, qui est trop souvent mise de côté. Enfin, nous profiterons des conseils de Clémentine, conseils applicables dans nos quotidiens, avec les enfants particulièrement, mais pas uniquement. Je profite de l'introduction de ce troisième épisode pour vous présenter une démarche qui m'a beaucoup plu, bien avant le lancement du podcast il y a quelques mois. C'est une démarche de prévention, d'éducation et d'embellissement d'espace. Engagé dans le fait de participer à faire évoluer les consciences autour de la santé, Clémentine et son compagnon ont créé des affiches magnifiques et pleines de sens. Je vous invite à aller faire un tour sur leur site internet Monvisuelortho et à les retrouver sur les réseaux. Vous bénéficierez d'une réduction exclusive de 20% sur l'ensemble du site jusqu'au 1er juin 2024 en tant qu'auditeur auditrice avec le code PODCAST en majuscule. Quant à nous, je vous donne rendez-vous sur Instagram, touchez du doigt la santé, pour partager les coulisses de l'épisode et poursuivre les échanges. Belle écoute ! Bonjour Clémentine.

  • Clémentine Courrège

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Merci de m'accueillir aujourd'hui dans ton cabinet.

  • Clémentine Courrège

    Avec plaisir.

  • Antoine Lacouturière

    Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, est-ce que tu veux bien faire une présentation de toi en quelques mots ?

  • Clémentine Courrège

    Donc je m'appelle Clémentine Courrège, je suis orthophoniste avec un exercice mixte, c'est-à-dire une partie en libéral et une partie en salariat, le tout sur la Haute-Vienne.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, tu peux nous en dire un petit peu plus ? Mixte, pour ceux qui ne connaissent pas vraiment ?

  • Clémentine Courrège

    Mixte, c'est plusieurs types d'exercices. Là, il y a une partie qui est sur l'hôpital de la mère et de l'enfant à Limoges, sur les services de pédiatrie. Donc principalement la néonatologie, la réanimation néonatale, la pédiatrie générale et également quelques interventions dans le service de maternité. Ça c'est pour la partie hospitalière. Et puis il y a aussi une partie libérale, du coup en cabinet sur l'autre moitié de la semaine, où là j'accueille tout type de patients. un jour de vie jusqu'à 98, 99, voire 100 ans.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc deux types de patientèles différents, petit bout, tout petit bout, des mamans quelquefois à la maternité et des plages de consultation ouvertes à monsieur, madame, tout le monde. On peut commencer par définir quel est ton métier, qu'est-ce que ça veut dire orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, en effet, je rejoins totalement sur le fait que la plupart des personnes ont un regard assez stéréotypé sur le métier d'orthophoniste, alors qu'on fait beaucoup plus de choses que ce que les gens ne pensent. L'orthophonie, c'est un professionnel de la rééducation qui va donc s'occuper de tout ce qui va être rééducation cognitive. de la langue langagière, de la parole, mais aussi en fait principalement des fonctions de la face. Donc j'entends par fonction de la face tout ce qui va être ventilation, respiration, phonation, articulation, mais qui va s'occuper de la mobilité et de l'efficacité de ces fonctions.

  • Antoine Lacouturière

    Donc on est bien plus que juste phonation. Dans orthophonie, on entend ça. Là, tu nous parles de ventilation, tu nous parles de fonctions qui sont bien au-delà d'uniquement le langage. Si on fait un petit parallèle avec ton activité... Sur l'HME, l'hôpital de la mère et de l'enfant, le langage n'est pas encore là. Est-ce que tu veux bien nous parler de ces différentes approches que tu as entre le libéral au cabinet et ton activité hospitalière ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, alors sur l'activité à l'hôpital de la mère et l'enfant, le langage n'est pas encore présent. Néanmoins, du coup, dans ce lieu d'exercice, ma fonction, ça va être de m'occuper des troubles de l'oralité et principalement du coup des difficultés de suction chez le nourrisson. Et en fait, c'est là que le lien avec le langage se fait parce qu'on sait que l'oralité alimentaire... et l'oralité verbale, elles s'enrichissent ensemble et ça forme un réel continuum. C'est-à-dire que pour avoir un langage qui se diversifie et qui se complexifie, il faut avoir une alimentation qui, elle aussi, se met en place et qui se complexifie suivant les textures que l'on propose.

  • Antoine Lacouturière

    Donc tu fais un lien, là, qui est... presque préventif. On est très en amont de la mise en place du langage avec des mots, de la prononciation, de l'articulation. Aujourd'hui, c'est établi dans ta pratique, dans vos pratiques, de dire, voilà, la mise en place des textures différentes, ça va impacter les capacités du langage.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    C'est évident pour toi. Pour moi, en tant qu'ostéo, qui me suis formé, ça le devient, mais ça ne l'était pas, et pour un grand nombre, ce n'est pas si clair que ça. Ok, je t'ai interrompu, pardon. Donc les petits bouts, ils mettent en place ça à l'hôpital avec toi, il y a ces premiers troubles que tu diagnostiques, comment est-ce que tu interviens ?

  • Clémentine Courrège

    Alors l'idée de l'intervention à l'hôpital, c'est d'avoir un accompagnement global, non seulement en prenant en compte l'enfant, mais en prenant surtout en compte les parents lorsqu'ils sont plusieurs, ou au moins le parent qui est présent. et là du coup on va chercher à améliorer ou à remettre en place l'alimentation puisque notamment en service de néonatologie on a des enfants qui ne sont pas nourris par la bouche parce que trop prématurés ou parce que difficultés en lien avec la bouche Et l'objectif, ça va être d'apporter du plaisir autour de la bouche pour faire que l'alimentation soit nouveau possible. Et surtout dans le cadre de ce service de néonatologie, pour que les enfants puissent sortir du service, il faut qu'ils aient atteint... un tel poids. Donc ça revêt une dimension particulière chez les parents pour qui il y a une sorte d'obsession du poids.

  • Antoine Lacouturière

    D'avoir le poids à seuil pour pouvoir avancer, sortir d'eux.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Tu le captes toi en objectif, c'est même plus qu'un objectif, ça devient une... C'est presque une obsession.

  • Clémentine Courrège

    C'est une obsession, oui, tout à fait. Et du coup, par rapport à cette obsession-là, alors nous, en tant qu'orthophonistes, on travaille vraiment sur la fonction de la bouche et faire que le bébé puisse réussir à téter, mais il va y avoir un accompagnement aussi psychologique qui peut être proposé, parce que justement, le soin prend trop de place par rapport à la parentalité. Il y a divers professionnels qui vont graviter autour et qui vont permettre d'avoir une approche globale autour du patient, que ce soit la psychologue ou la prise en soins kinésithérapeutique. Il y a encore d'autres choses qui peuvent être proposées suivant les demandes des parents des patients.

  • Antoine Lacouturière

    des parents des patients je reviens sur un des fils rouges du podcast le travail pluridisciplinaire depuis le départ sur les épisodes j'ai à coeur de mettre le travail d'équipe au centre là c'est un petit peu ce qu'on commençait à aborder on entend la notion psy prise en charge Pour les parents, dans des moments où les seuils, le poids deviennent une obsession, dans l'accompagnement aussi, parce qu'en néonat, j'imagine que c'est aussi des moments qui sont avec une certaine difficulté de gestion des émotions et d'imprévus, ou de prévus mais de délicats. Est-ce que tu peux nous aider à bien définir les limites de la prise en soin ? On a entendu les liens que tu arrivais à faire avec ta conscience de professionnel sur l'importance du mélange des textures, pour la suite plus tard, on parlera un petit peu de la partie cabinet après parce que c'est différent, mais tant qu'on est dans la partie hospitalière, cette prise en charge d'équipe... Pédiatre, kiné, orthophoniste, l'objectif c'est prendre du poids. Peut-être que tu peux nous raconter une anecdote d'ailleurs il me semble sur le pourquoi est-ce que tu arrives ici ? Est-ce que tu veux bien nous partager ça ?

  • Clémentine Courrège

    Pourquoi j'arrive ici ?

  • Antoine Lacouturière

    Comment est-ce que tu as fait pour arriver dans le service ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, à la base, moi j'ai été embauchée sur un autre service, qui est un service en soins intensifs, en neurologie. Donc, le premier service dans lequel les patients arrivent quand... Ils ont fait un AVC et au cours de cette année d'exercice, j'ai été amenée à descendre plusieurs fois sur l'hôpital de la mère et de l'enfant pour intervenir dans le cadre notamment d'une petite patiente qui avait perdu beaucoup de poids et qui était hospitalisée. Il y avait notamment une menace de pose de son de nasogastrique puisque la petite ne prenait pas de poids. Et en fait, l'intervention orthophonique qui a été menée a permis à la petite de reprendre du poids. Et c'est notamment après cette intervention-là qu'un poste a été ouvert, un poste d'orthophoniste a été ouvert au sein de l'hôpital, et pour lequel j'ai postulé et j'ai été prise. Et du coup, j'ai pu changer de service. Et maintenant je suis toute seule comme orthophoniste dans l'hôpital mère-enfant, ce qui est bien trop peu pour pouvoir subvenir aux besoins de tous les patients. Donc on espère qu'il y ait des postes qui s'ouvrent à... dans le futur ?

  • Antoine Lacouturière

    Il y a d'autres collègues à toi qu'on salue au passage qui sont très intéressés par le sujet et très performants aussi, puis ça permet de faire évoluer les choses dans la prise en soin pluridisciplinaire chacun avec ses compétences. En tout cas, cette anecdote, je trouve qu'elle permet d'illustrer le fait qu'il y a un intérêt sur... la fonction, c'est-à-dire le fait de réussir à faire prendre du poids, toi tu as un rôle, et dans ce rôle-là, c'était intéressant pour moi aujourd'hui d'en parler, parce que de commencer aussitôt, naïvement, je ne pensais pas que c'était de l'orthophonie. Pour moi, il y avait cette image, comme beaucoup d'auditeurs, auditrices, on est sur un secteur de développement ou de problème du langage. Donc ça c'est la partie hospitalière. Est-ce que tu veux rajouter des choses qui te tiennent à cœur par rapport à cette pratique-là, dans le milieu de l'hôpital, ce rôle au sein d'une équipe ?

  • Clémentine Courrège

    Il y a vraiment ce qui différencie notamment le travail hospitalier avec le travail en exercice libéral, c'est qu'à l'hôpital on a vraiment un exercice coordonné avec les différents professionnels. On cherche à faire du lien. Et c'est ce qui, je pense, permet de faire avancer si vite certains patients. Parce que justement... On a tous le même objectif, avec différents moyens d'y arriver. Et par la co-construction du projet, ça nous permet d'aboutir à des objectifs qui vont être atteignables dans des délais relativement abordables. Ou tout du moins, ça va nous permettre de prendre la situation dans la globalité, sans oublier une partie. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement riche, et c'est notamment pour cela que moi je ne me verrais pas avoir un exercice 100% libéral.

  • Antoine Lacouturière

    Ça te va bien à toi, ça ? Ce travail hybride un petit peu ? D'accord.

  • Clémentine Courrège

    C'est dispensable.

  • Antoine Lacouturière

    Faire la transition avec ton activité libérale, est-ce que tu peux nous faire une semaine type ? Qu'on puisse se rendre compte, un petit peu s'imaginer dans ton quotidien d'orthophoniste qui rentre, qui ouvre son cabinet après avoir fait les staffs médicaux, après avoir vu les prises de sang, après avoir suivi les poids, après avoir été dans ce milieu-là très particulier de l'hôpital, t'arrives. Le cabinet, chez toi, semaine type, journée type, comment ça se passe pour toi Clémentine ?

  • Clémentine Courrège

    C'est totalement différent parce que pour le coup la journée en libéral, elle est très rythmée par les horaires, puisqu'on est sur des séances qui durent entre 30 et 45 minutes. C'est quelque chose de très structuré et en fait d'une demi-heure à la suivante, on peut passer d'un enfant qui va courir absolument partout, qu'on va avoir difficile à cadrer au bureau, à... une petite dame de 80 ans avec une pathologie neurodégénérative, pour ensuite enchaîner chez un petit garçon de 5 ans avec un trouble du langage oral sévère qui va avoir du mal à organiser les mots au sein de sa phrase, pour passer après par exemple à un adolescent de 12-13 ans qui vient typiquement pour une rééducation orofaciale miofonctionnelle. dans le cadre d'un appareillage dentaire où la demande va être la langue ne se positionne pas correctement Et puis après, il y aura quand même des suivis en alimentation, que ce soit des bébés dans le cadre de difficultés de suction ou alors vraiment dans le cadre de troubles de l'oralité sur de l'alimentation solide. On va avoir aussi quelques prises en soins vraiment neurologiques avec des suivis post-AVC ou post-traumatisme crânien. et puis voilà les journées sont extrêmement diversifiées, très riches alors l'orthophonie, le champ de compétences est extrêmement varié c'est parfois pas possible de recevoir absolument tous les patients pas parce qu'on ne le souhaite pas mais parce qu'on est juste suffisamment pas assez formé et qu'à côté il y a un collègue qui est mieux formé

  • Antoine Lacouturière

    Alors plusieurs choses Clémentine, la première c'est waouh, après ta semaine type, ta journée type, on se rend compte de la quantité de motifs différents de consultations, de tranches d'âge différentes, et aussi donc waouh, et merci pour le côté humilité de tu ne maîtrises pas tout et il y a des... Il y a des collègues à toi qui ont des spécificités, je crois que ça, ça fait partie du bon sens de tous les soignants, de dire qu'on a des champs de compétences, des champs d'action, et qu'on n'est pas au top du top sur tous les sujets. Est-ce qu'on peut le dire comme ça, qu'une des spécificités que tu as, toi, poussée, c'est la partie nouveau-né ? par rapport à d'autres qui sont sur d'autres secteurs ? Est-ce qu'on peut le résumer comme ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. C'est une des particularités que j'ai par rapport à d'autres orthophonistes. La prise en soin des nourrissons, elle est relativement récente pour les orthophonistes. En fait, ça pourrait se faire depuis des années, mais ça ne se fait que depuis très peu de temps et on est encore très peu formés. à prendre en charge les bébés. Bien qu'on soit formé à prendre en charge les fonctions de la bouche, les fonctions de la langue, le nouveau-né est relativement peu abordé lors des études. Ce qui fait, je pense, qu'en sortant directement des études, on ne se retrouve pas avec un bagage suffisant pour pouvoir se dire, tiens, je vais recevoir des bébés et... et je me sens capable de le faire.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un des points communs avec l'ostéopathie, quand je t'entends parler de ça, il y a la partie théorique pendant les études, et concrètement parlant, le fait de matériellement recevoir des bébés, des nourrissons, des parents sur des tranches d'études, c'est délicat, et on a besoin de ces formations complémentaires après. En tout cas, ça vient éclaircir pour moi le fait que vous êtes aussi efficace, Très tôt, là où il y a quelques années, on est plusieurs à même pas penser à vous dans ces moments-là. Je reviens sur ta partie libérale. Si je synthétise un peu, tu vois, j'ai envie d'avoir une définition de l'orthophonie globale, en dehors de la spécificité hospitalière. Comment est-ce que tu pourrais parler de cette zone de la bouche, mais pas que ? Est-ce que tu pourrais... Faire une définition de ta pratique en quelques phrases, l'orthophonie, l'orthophoniste, qu'est-ce que tu fais concrètement ?

  • Clémentine Courrège

    Mon activité va plutôt être centrée sur la rééducation des fonctions de la face et des fonctions cognitives. Donc fonctions cognitives, ça rejoint plutôt les pathologies neurologiques et neurodégénératives. Et par contre, lorsqu'on parle des fonctions de la face et notamment des fonctions... orofacial mieux fonctionnel. Là, on va plutôt être dans la restauration d'une ventilation nasale chez les respirateurs oraux. Tout ce qui va être aussi le travail de positionnement lingual, donc acquérir une bonne position de langue au repos. Ça, c'est en lien avec la ventilation. Ça va être aussi ce qui va être mastication, articulation, bonation. Parce que tout ce... tous ces différents pôles en fait interagissent entre eux. Et à partir du moment où il y en a un qui est déséquilibré, ça va venir impacter non seulement les autres fonctions, mais aussi la forme des organes. C'est-à-dire que... Et là, je fais plus long que ce que tu m'as dit.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est important, précise-nous la forme des organes. C'est-à-dire que la fonction, tu fais un lien entre la fonction et la forme. On t'écoute attentivement.

  • Clémentine Courrège

    On dit beaucoup que l'organe crée la fonction, mais en soi... La fonction va créer la forme, parce que normalement, la position physiologique de la langue est au palais. C'est cette bonne position de la langue au palais qui permet au palais d'avoir la forme qu'il a, c'est-à-dire un palais relativement plat et assez élargi. Lorsque la langue, pour une raison quelconque, n'est pas correctement au palais et qu'elle est plutôt en bas, ou du moins qu'elle n'est mal placée dans la bouche, eh bien le palais, il ne va pas avoir la forme qu'il devrait avoir. On va avoir un palais qui va être plus étroit et creux. Et du coup, ça va impacter la forme du palais, mais pas que la forme du palais. Ça va aussi impacter tout le faciès, puisque... Puisqu'en fait, ça ne va pas avoir permis de faire croître le nez. Donc on va se retrouver avec des petits visages et toutes petites narines. Et du coup, on va être sur un cercle vicieux où la personne, elle va ventiler par la bouche parce qu'en fait, elle n'aura pas fait grandir son palais, qui n'aura pas fait grandir son nez. Et du coup c'est pour ça qu'en fait on est sur une sorte de cercle où chaque pôle interagit avec les autres. Et on ne peut pas s'occuper d'un pôle sans s'occuper des autres.

  • Antoine Lacouturière

    Ah bon, comment ça ? C'est une petite blague, du coup tu vas faire du lien entre tout ça. Là on rentre dans le cœur de l'intérêt pour moi aujourd'hui de l'épisode, c'est-à-dire qu'on a ces différents éléments qui sont imbriqués entre eux, et on va pouvoir décortiquer un petit peu plus si tu veux bien, parce qu'il y a cette notion de la fonction qui amène la structure. En ostéopathie, c'est cher pour nous, c'est un des principes de l'ostéo, la structure gouverne la fonction, et l'inverse est vrai aussi. En tout cas, il y a un lien entre les deux. Tu donnes l'exemple du placement de la langue qui va aussi venir influencer, je pense aux orthodontistes.

  • Clémentine Courrège

    Voilà.

  • Antoine Lacouturière

    la forme et à la ventilation. Et ça, j'ai l'impression que c'est de plus en plus commun, qu'il y a vraiment un relais au grand public fait sur l'importance de ça. Malgré tout, ça m'intéresse de voir comment toi, tu le décortiques. Donc, tu prends conscience de ça, tes patients arrivent, ils viennent chez toi, diagnostic de respiration buccale, avec ce que tu viens de nous dresser comme tableau. Une fois que tu vois ça, qu'est-ce qui se passe ?

  • Clémentine Courrège

    Alors déjà, généralement, le patient arrive avec une... Quand ils viennent dans ce cadre de difficulté, ils arrivent en me disant L'orthodontiste m'a dit de venir, je place mal ma langue.

  • Antoine Lacouturière

    Un des prescripteurs, c'est orthodontiste.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et la plupart du temps, dans le cadre d'un problème au niveau du placement de la langue, ça va être l'orthodontiste qui va avoir cette plainte-là. Et donc, quand on les reçoit, tu... Non. On fait un bilan où on va aller répertorier chaque fonction. Et souvent, ils vont nous demander, mais pourquoi tu me fais manger ? Pourquoi je suis en train de manger une madeleine ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les fais manger.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Génial. Je les fais manger. Oui, tout à fait. J'ai besoin de voir comment la langue se positionne quand ils masticent. Et surtout, où ils en sont dans leur étape de mastication. Parce qu'on a parfois des enfants... ou même des adolescents pour lesquels la mastication n'est pas en place. Parce qu'ils vont avoir une alimentation molle. Pas de pain, mais du pain demi, que des choses molles. Pas trop... Ils n'aiment pas quand c'est trop dur. Donc oui, on va les faire manger, on va regarder comment ils ventilent, on va regarder comment ils articulent, on va aussi les regarder à l'intérieur de la bouche, on va regarder les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage. comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. À la fin du bilan, je résume rapidement au parent tout ce que j'ai observé, en essayant de commencer à expliquer les liens. Parce qu'au plus tôt on explique les liens et au plus tôt le patient prend conscience de Ah bon, en fait, il n'y a pas que ma langue, il y a aussi d'autres choses à travailler c'est déjà du temps de gagner pour la suite de la rééducation et ça va permettre de nourrir la motivation du patient.

  • Antoine Lacouturière

    Cette prise de conscience-là ? Oui.

  • Clémentine Courrège

    Tout ça fait. Pour moi, elle est indispensable à ma façon de travailler, c'est-à-dire que je passe beaucoup de temps à expliquer ce qui se passe dans la bouche du patient et comment ça devrait se passer pour apporter de l'amélioration.

  • Antoine Lacouturière

    Tu veux dire, si je reformule pour être sûr de bien comprendre, qu'au moins au départ dans la partie bilan, il y a une partie importante du temps que tu investis pour informer de l'état actuel. Bilan, j'observe que par rapport à la fonction physiologique de base, la respiration, tu leur expliques. Et ça, c'est presque le début du traitement finalement, qu'ils comprennent ça.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est le début du traitement parce qu'après j'enchaîne très rapidement sur une grosse phase où on va travailler la proprioception. Je vais demander... aux patients de prendre conscience, d'avoir conscience de comment sont ces structures, comment est sa bouche, comment est sa langue, est-ce que quand il est debout, sa langue est au même endroit que si je le couche ou si je le mets sur un ou l'autre côté, est-ce qu'on peut respirer par le nez, est-ce qu'on peut respirer par la bouche, et comment tu te sens, et comment tu es le plus confortable ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les interroges à ce moment-là. Ok, tu les impliques.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait. L'objectif, c'est qu'ils arrivent à sentir ce qui se passe dans leur corps pour pouvoir après agir dessus. Mais en fait, ils vont déjà commencer à le faire parce que comme il y aura eu ce travail au préalable d'information, ils vont déjà commencer à modifier certains schémas moteurs.

  • Antoine Lacouturière

    Je trouve ça riche d'entendre ça. C'est important et ça fait du bien à entendre le fait de dire qu'une partie du traitement, c'est dans l'implication du patient et pas juste dire faites-moi ces recettes de cuisine et vous allez aller mieux mais c'est dans la proposition de l'impliquer dans le traitement en disant qu'est-ce que votre corps y sent ? Vers où est-ce qu'on peut aller ? Ça fait écho avec d'autres disciplines bien sûr, mais...

  • Clémentine Courrège

    L'implication et la motivation, elles sont... Elles sont indispensables. J'étais d'ailleurs en formation il y a un mois avec Jérémie Périchon sur le partenariat parental. Et lui, il insistait pour nous dire que les rééducations ne devraient pas s'étalonner sur plus de six mois. parce qu'il y a des études scientifiques qui montrent que la motivation elle dure à peu près 6 mois qu'au-delà de 6 mois on a une baisse de motivation et que du coup si on a cette baisse de motivation on a une baisse des résultats d'ailleurs moins efficace donc c'est vrai que dans la tête des gens les orthophonistes font des suivis qui sont hyper longs

  • Antoine Lacouturière

    Déjà le suivi commence, si on commence avec le temps d'attente moyen des orthophonistes, ça commence longtemps avant, non ? Oui,

  • Clémentine Courrège

    oui, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, petite blague mise à part, quand tu rentres de formation, sur ce créneau des 6 mois, ça permet de dire focus sur... on ne laisse pas traîner longtemps, on est attentionné, on implique les patients, et il y a cette notion de fenêtre, de cible.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et du coup, cette fenêtre cible, elle nous pousse, en tant que professionnels, à devoir proposer des objectifs thérapeutiques qui soient le plus écologique et le plus proche possible des demandes du patient. Donc on va vraiment passer beaucoup de temps à définir ensemble les objectifs.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner des exemples pour le quotidien, des objectifs que tu te fixes avec des patients par exemple ? Je pense à plein de cas différents, des petits bouts qui ont des difficultés d'apprentissage, que ce soit de la lecture, que ce soit de la prononciation, des personnes qui viennent post-chirurgie. Est-ce que tu peux nous donner quelques exemples pour illustrer ces propos ?

  • Clémentine Courrège

    Par exemple, je vais prendre un cas qui... Quelque chose de très classique qu'on voit très fréquemment dans le cabinet, ça va être un enfant qui va arriver à 4 ans, 4 ans et demi, voire 5 ans, et le parent va nous dire mais je ne le comprends pas en fait, je viens parce que mon enfant est inintelligible, j'ai du mal à le comprendre Donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire notre bilan. En parallèle, je vais demander aux parents de répondre à des questionnaires d'impact. d'impact fonctionnel des difficultés. Et on va comparer entre la perception du parent et moi, ma perception vraiment normée et scorée. Et par exemple, si l'objectif principal, ça va être d'améliorer l'intelligibilité, donc ça sera un objectif global, en sous-objectif, ça va être par exemple pouvoir produire des phrases, des sujets, verbes, objets correctement. pouvoir produire le son. à chaque fois qu'il apparaît en début de mot. Pouvoir articuler correctement, prononcer correctement des mots de deux syllabes contenant des syllabes simples.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc là, c'est des objectifs qui sont, on dit, smart. C'est mesurable, c'est objectivable, tu te laisses une durée de temps et ça permet aux parents d'avoir un objectif concret. Tout à fait. C'est-à-dire que ça ne va pas être un peu mieux, il va être capable de ça. C'est ça. Il y a un lien avec l'éducation nationale ? Vous faites des relais avec les instituteurs ? Parce que là, dans l'exemple que tu donnes, j'imagine que c'est le parent qui vient, en lien avec l'école ou pas du tout ?

  • Clémentine Courrège

    Pas toujours. Parfois oui, mais parfois non. Alors on essaie de faire du lien avec l'éducation nationale, mais on reste des professionnels de la santé. Alors donc ce lien que l'on fait, il est soumis à l'autorisation parentale, afin de pouvoir lever le secret médical.

  • Antoine Lacouturière

    Bien sûr, avec le secret,

  • Clémentine Courrège

    ok. Moi maintenant, ma nouvelle façon d'exercer, c'est que les objectifs qu'on a mis en place avec le patient, c'est le patient qui les garde. C'est-à-dire qu'il a son petit classeur avec ses feuilles d'objectifs et il peut choisir de les partager directement avec l'enseignant. Ce qui fait que la maîtresse ou le maître a accès. enfin c'est ce qu'on fait en orthophonie ok,

  • Antoine Lacouturière

    il y a une matière, il y a un cahier c'est pratique, il peut le consulter il sait où vous en êtes ça permet de ne pas rentrer dans les difficultés de communication des professionnels de santé notamment qui sont assez chargés en emploi du temps et aussi des enseignants et ça permet de faire du lien et ça

  • Clémentine Courrège

    permet pourquoi pas à l'enseignant s'il le souhaite et bien sûr en co-discussion avec les parents et tout le monde qui peut y avoir, mais d'éventuellement mettre en place des adaptations pédagogiques. Il y a aussi cette possibilité-là pour eux. S'il le souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, on a compris le lien potentiel avec l'éducation nationale et puis cet outil que tu proposes maintenant dans ta pratique. Est-ce que tu veux bien nous parler des partenaires directs que tu as ? On a évoqué les orthodontistes. Là, on a succinctement parlé des instituteurs, des parents en tout premier, mais les autres intervenants professionnels pour mieux comprendre comment tu travailles et avec quelle équipe.

  • Clémentine Courrège

    Alors, sur la partie libérale, il va y avoir principalement les médecins généralistes et les pédiatres, aussi les ORL. Les sages-femmes, pour ma part, du coup, comme je travaille avec les bébés, ça, ça va être pour...

  • Antoine Lacouturière

    Ça, c'est lié à ta spécificité, sages-femmes. On est d'accord de dire que c'est plutôt nouveau. Là, le fait que l'hôpital fasse appel à toi, c'est aussi un côté novateur. Il y a quelques années ou quelques dizaines d'années, ça n'existait pas. Donc, on les salue pour ça, même s'il faut plus de monde. Ça permet quand même de dire que c'est un pas en avant. Le monde hospitalier tourné vers la toute petite enfance sage-femme, c'est assez frais.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et pour la partie libérale, il va aussi y avoir les ostéopathes et les kinés, principalement. Et puis après, vraiment sur la partie hospitalière, là je vais intervenir. Sur demande des infirmières, des auxiliaires de puériculture, des pédiatres, des diététiciennes, des kinés et également des sages-femmes à l'hôpital. Donc ça va vraiment être les principaux acteurs avec qui je vais interagir. autour des patients.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Donc, pour les personnes qui ne connaissent pas, prescripteurs principaux, ces cases médecins-traitants, il faut une ordonnance pour faire de l'orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, il faut une ordonnance. Alors, pas forcément du médecin-traitant, mais d'un médecin, quel qu'il soit.

  • Antoine Lacouturière

    Un spécialiste, par exemple un ORL, peut aller vers ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Pédiatre, même chose ? Sur le côté frais dont on vient de parler, des prises en soins, des tout petits bouts ? D'accord, je te remercie pour l'illustration des différents partenaires. Franchement, pour être honnête, je n'imaginais pas vraiment l'étendue du champ de compétences. C'est aussi ce qui a motivé mon envie de partager une interview avec toi aujourd'hui. Donc, merci pour l'éclaircissement. Tant qu'on est dans les partenaires, ça me donne aussi envie de parler des limites. Concrètement, dans ma casquette d'ostéopathe, dans mes outils principaux, moi j'utilise mes mains. Je fais... Allez, je ne vais pas dire massage, je salue mes copains kinés, mais du modelage, du soin, on va étirer, on va toucher, masser, manipuler, détendre. On va faire des traitements manuels, pour faire simple. En sophrologie, j'ai une casquette où on va plutôt utiliser de la relaxation, des respirations, des visualisations. Mais concrètement, un, une orthophoniste, qu'est-ce qu'elle utilise ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, avec les bébés, l'objectif va quasiment toujours être le même, ça va être d'apporter du plaisir dans la bouche, ou de remettre du plaisir dans la bouche, et puis de travailler sur la mobilité de la langue, des joues, des lèvres, principalement. Donc, pour pouvoir intervenir là-dessus, on va se servir de tout l'essence du bébé. On va se servir énormément de l'olfaction, donc avec des petites odeurs en coffret ou alors avec vraiment des aliments. En se basant, moi je me base surtout sur les aliments qui ont été mangés durant le dernier trimestre de grossesse de la maman, parce que c'est des odeurs qui sont connues du bébé, ou si elle n'a rien mangé en particulier, principalement chocolat, banane, vanille. Il y a des études qui ont été parues à ce sujet. en faisant le lien entre respiration de ces odeurs et déclenchement d'un réflexe de sucion. Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de sucion.

  • Antoine Lacouturière

    Sans stimulation mécanique manuelle, on est d'accord.

  • Clémentine Courrège

    Juste les odeurs. Juste l'odorat.

  • Antoine Lacouturière

    Réflexe de sucion. Cloak.

  • Clémentine Courrège

    Oui. Ok. Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    Premier petit tip, c'est quand même quelque chose qui va être nouveau pour un certain nombre de personnes.

  • Clémentine Courrège

    Ok. Exactement. On va servir aussi, enfin, je vais me servir de pas mal de manipulations. Manipulations, surtout dans la bouche. parce que l'objectif, ça va être de demander à la langue de se positionner à tel ou à tel autre endroit. Et en fait, ça va surtout être des manipulations qui vont s'appuyer sur les réflexes, puisque le nouveau-né n'est que réflexe. Et la succion, elle va se modifier en fonction des informations sensorielles que le nouveau-né va recevoir, puisque une information sensorielle va déclencher une réponse motrice. De ce fait, pour... entre guillemets, modeler le schéma moteur dont j'ai besoin. Je vais faire répéter à la langue, je vais donner à la langue plusieurs stimulations sensorielles qui vont créer le schéma moteur que je souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Avec le résultat que tu cherches à obtenir.

  • Clémentine Courrège

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner un exemple pour illustrer ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui. Par exemple, je pense à ces bébés pour lesquels on va dire qu'ils ont une sucion inverse. C'est-à-dire qu'on va avoir le biberon, ou le sein, ou la tétine qui va surtout sortir de la bouche mais pas être aspirée. Généralement, on est dans des cas où la langue fonctionne un peu à l'inverse. Et du coup, mon objectif, ça va être de remettre le mouvement à l'endroit. Donc d'abord, de faire avancer la langue. Pour ça, par exemple, on va se servir du réflexe de hooker et du réflexe de protrusion de langue. Donc en venant stimuler avec le doigt. ou avec un autre outil, la bouche du bébé, ce qui va induire une ouverture de bouche. Puis, en venant toucher la pointe de la langue, ça va demander au bébé, par réflexe toujours, de sortir la langue. Donc là, on a ce mouvement vers l'avant. Et puis, à ce moment-là, en offrant le doigt ou la tétine, on attend une aspiration. Parce qu'on sait qu'à partir du moment où on a cette stimulation sur la langue, vraiment sur la ligne médiane, on va induire une rétraction de la langue avec une aspiration derrière. Voilà, pour l'exemple que je peux te donner. Merci. On va du coup servir du doigt, on va servir aussi de petits outils texturés pour offrir davantage de stimulation. On va servir bien entendu de l'aspect gustatif aussi, en utilisant du lait. Les... maternelle ou lait industriel, à température ambiante ou froid, suivant ce qu'on va chercher comme réaction chez l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, on change de sens. On est sur sensorialité, mais on change de nerfs crâniens aussi. Là, on est sur quand même 4-5 nerfs sur les 12 paires crâniennes, langue, informations sensorielles différentes. D'accord, du chaud, du froid, des textures.

  • Clémentine Courrège

    La vibration aussi, parfois. Quand on a des bébés qui sont très endormis, ou alors dans le cadre de... de pathologie neurologique dès la naissance. Pour ces bébés qui vont être hypotoniques, on va parfois se servir de la vibration pour apporter encore plus de stimulation. Et puis, on va aussi se servir de la vue. Parce que moi, je vais avoir besoin que le bébé soit à l'aise au niveau de ses rotations de tête. Ça, c'est quelque chose qu'on teste.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on imagine derrière le micro Clémentine qui fait bouger la tête.

  • Clémentine Courrège

    C'est quelque chose où les rotations de tête, on va les tester. Alors, je les teste à mon niveau. Je ne dis pas que je suis kiné ou ostéo. Mais moi, ça m'intéresse juste de savoir si le bébé peut aller à gauche et à droite de manière symétrique. Parce que je sais que potentiellement... si on est sur une rotation asymétrique ou une limitation, tous les nerfs qui passent derrière la base du crâne vont être un peu comprimés. Donc on risque d'avoir des complications au niveau de la succion. Et pour demander au bébé de tourner la tête, on va se servir de petits outils visuels, des petites cartes contrastées, des petits jouets à faire passer. Voilà, encore sur un autre sens.

  • Antoine Lacouturière

    Ça rajoute un nouvel outil dans ta boîte à outils. Là, on est dans l'éducation, rééducation, un mélange des deux, j'ai l'impression, en t'écoutant. On a vu l'olfaction, on a vu le gustatif avec le froid, le chaud, le lait, les autres goûts, textures. Et là, on rajoute le visuel. Peut-être du son aussi, j'imagine que tu les appelles.

  • Clémentine Courrège

    Oui, on les appelle pour qu'ils se tournent du côté de la stimulation. Et surtout, moi j'interviens avec un bébé comme j'interviens avec un plus grand. C'est-à-dire que dès le moment où je rentre dans la chambre, je parle au bébé et je lui explique ce qu'on va faire. Je lui dis pourquoi je me présente. j'explique pourquoi je suis là, j'explique ce qu'on va faire, et voir si je peux ou pas l'aider, et avant chaque stimulation, avant chaque sollicitation, quelle qu'elle soit, je préviens le bébé. Et puis en fonction des réactions qu'il va y avoir, parfois on s'arrête parce qu'on voit qu'on a une situation où le bébé va se mettre en route. Exactement. Et là, on sait que, ok, d'accord, tu me montres que ça ne va pas, on s'arrête, on fait autrement. Donc oui, la voix, elle va être là tout le temps. Mais tout le temps, bien entendu. Pour un orthophoniste. Oui, c'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me permet de mieux visualiser ton travail sur l'utilisation de cette sensorialité, sur aussi le fait qu'on ait un champ de compétences commun en tant qu'ostéo, sur l'évaluation de la mobilité et c'est quelque chose qui est important pour nous bien sûr, cette mobilité du crâne, des cervicales. Ça va un petit peu plus loin que juste la bouche alors, ça me rassure.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, et ouais, au final, c'est pas que la bouche. On est vraiment du sommet de la tête jusqu'au diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Jusqu'au diaphragme.

  • Clémentine Courrège

    Jusqu'au diaphragme, parce que du coup, il y a la respiration. et qu'on va aussi travailler sur le diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Un mot magique en ostéopathie, en sophrologie, en chant, en plein d'autres choses. Comment est-ce que tu vois le diaphragme ? Comment est-ce que tu l'utilises ? Comment est-ce qu'il vient dans ton quotidien ? Parle comme tu veux, mais parle-nous de ce diaphragme en orthophonie. On est loin de la bouche, là.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, on est loin de la bouche et pourtant, on est tellement reliés à la bouche parce qu'au final, quand on va avoir une restriction de mobilité au niveau diaphragmatique... On va forcément retrouver des tensions après, que ce soit au niveau du sternocleidomastoïdien ou alors vraiment au niveau de la mandibule, on peut retrouver aussi des serrages dentaires et du bruxisme. Et puis vraiment sur l'aspect ventilation, ce manque d'amplitude va créer un inconfort chez les personnes.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, j'entends le diaphragme qui vient, le lien avec ceux qui ne connaissent pas sternocleidomastoïdien, c'est un muscle qui relie l'orifice supérieur du thorax, le haut du thorax, les clavicules, avec le crâne. On est au niveau du cou. Ça me fait plaisir d'entendre ça, du fait de porter attention aussi à la posture globale. parce qu'on est convaincu en ostéopathie que la posture, elle va influencer le système en entier. Je reviens sur ton... ton champ de compétences à toi, donc tu évalues la ventilation et tu évalues aussi le langage. Ça me permet de faire un lien avec la façon dont on vous nomme ailleurs qu'en France. Est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur le côté ailleurs dans le monde ? Comment est-ce qu'on appelle les orthophonistes ?

  • Clémentine Courrège

    D'un point de vue francophone, nous en France, on est les orthophonistes. En Belgique, il y a les logopèdes. En Suisse, les logopédistes. Et le terme anglophone qui est retenu et qu'on retrouve dans la littérature, c'est speech and language therapist ou juste speech therapist.

  • Antoine Lacouturière

    Et tu vois, en t'écoutant parler du diaphragme, je trouve que c'est vraiment réducteur ce terme-là.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, ce sont des compétences qui ne transparaissent pas. Dans ces mots, puisque c'est réducteur, on est là que sur langage et paroles, alors qu'au final, quand on regarde notre nomenclature, elle est bien plus large que juste langage et paroles.

  • Antoine Lacouturière

    Ça fait partie, en préparant l'interview, des choses où je me suis dit, tiens, c'est étonnant, le nom induit une limitation importante, l'évaluation de la respiration. Tu parles de ventilation, donc le mouvement respiratoire avec le diaphragme dont on était en train de parler, c'est ça le lien. On n'est vraiment pas que dans la parole et le discours, le langage. Est-ce que tu peux nous donner une idée, en pourcentage approximatif, des motifs de consultation aujourd'hui ? Les petits bouts qui viennent te voir à l'hôpital, je les exclue. On ne parle pas des bébés bébés qui occupent une partie. Je parle en libéral. Allez voir un, une orthophoniste. Majorité du temps ?

  • Clémentine Courrège

    Alors la grande majorité, la grande partie du temps, on a soit une plainte en langage oral, soit une plainte en langage écrit. C'est vraiment les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Donc langage écrit, ça va être tout ce qui va être lecture, écriture, orthographe, suspicion de dyslexie, dysorthographie, etc. Pour le côté langage oral, ça va être mon enfant, il a du mal à comprendre les phrases, ou alors... quand il s'exprime, il ne met pas les mots dans le bon ordre. Ou je ne comprends rien, en fait. Il me dit un mot, mais ça ne se dit pas du tout comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'exemple que tu nous donnais tout à l'heure avec le fait d'avoir du mal à comprendre ce petit bout, cette petite loup de 4 ans, 4 ans et demi, 5 ans, avec la difficulté de compréhension.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on est sur les motifs principaux.

  • Clémentine Courrège

    C'est les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Après, il y a aussi une grosse partie en handicap, que ce soit par exemple dans le cadre... d'une trisomie ou d'un syndrome quelconque. Ça, c'est une grosse partie. On va avoir tout ce qui va être troubles du neurodéveloppement, donc autisme, troubles du langage oral. Et puis... D'un point de vue plutôt sur la sphère ORL, il va y avoir tout ce qui va être les cancers au niveau de la bouche. Tout ce qui va être neuro.

  • Antoine Lacouturière

    Là, après, on rentre sur des choses qui sont moins fréquentes. En t'observant parler, on sent que tu cherches un peu plus. Ça arrive, des chirurgies particulières, mais c'est à la mort. Finalement, le terme anglo-saxon qui parle de discours, de langage, il correspond à la majorité des consultations.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et il y a d'ailleurs des orthophonistes qui ne font que langage oral, langage écrit. Et d'ailleurs, quand on regarde du côté des logopèdes... pour qui la formation est parfois plus courte, elles peuvent décider de faire la formation en trois ans, la majeure partie du temps, elles ne font que langage oral, langage écrit.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un choix volontaire à ce moment-là, tu veux dire ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, parce que ça correspond à la grande majorité.

  • Clémentine Courrège

    Oui, et puis parce qu'à mon avis, je ne sais pas, mais elles n'ont peut-être pas pu pousser plus loin durant les études. Mais c'est vrai que très souvent, c'est très structuré de cette manière-là.

  • Antoine Lacouturière

    Ça m'intéresse de faire un lien sur un vécu quotidien pour les patients. Souvent, le podcast, ça fait partie de ma vie depuis peu de temps, mais j'en parle avec les patients. Et il y en a plusieurs, en préparant un petit peu l'interview aussi, où je posais des questions. Donc le côté pas savoir ce que c'est l'orthophonie, ça je te l'ai dit, mais sur le côté curatif et préventif. Le parallèle que je te propose de faire, en ostéo, 9 patients sur 10 viennent nous voir. j'y vais que quand je suis coincé. Je ne peux plus bouger, j'ai trop mal, j'exagère un petit peu, et les patients qui m'écoutent et qui viennent en préventif, je les salue, mais est-ce que tu vois où je veux aller ? La sensation que ça me donne, et ça nous permettra aussi d'ouvrir sur d'autres types de thérapies et d'autres façons de concevoir la santé, le soin, le bien-être, mais ça me donne ce sentiment que finalement, tant qu'il n'y a pas de problème, on laisse faire. J'ai l'impression que c'est aussi un petit peu comme ça pour vous les orthophonistes.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Il y a encore d'ailleurs beaucoup de professionnels médicaux qui disent ils ne parlent pas, vous n'allez pas déjà aller chez l'orthophoniste, ça ne sert à rien Ça c'est encore un discours qu'on entend dans la bouche de beaucoup de médecins. Alors qu'on sait qu'en plus, plus on prend les choses de bonheur, au mieux l'accompagnement se fait, et au plus on arrive à mettre en place d'adaptations qui soient... bénéfique pour le patient. Donc, tout à fait, nous, on est souvent appelés dans un but curatif, alors que la prévention fait totalement partie de nos missions. Donc, c'est vrai qu'on en fait parfois, dans quelques cas, et je pense principalement au suivi, moi, que je fais en termes d'oralité alimentaire, où là, on fait de la prévention. vraiment sur ce que les parents peuvent mettre en place pour éviter de créer, par exemple, des distimulations. orale, c'est-à-dire de créer un sentiment un peu négatif autour de la bouche. Par exemple, c'est typiquement ce qu'on va... Quand je vais demander aux parents, quand ils ont introduit la cuillère, de retirer la cuillère toute droite de la bouche du bébé. D'aller éviter de racler la cuillère, comme on a tous tendance à le faire, sur la gencive du bébé.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, ça c'est intéressant. 10 stimulations, 10 troubles de la stimulation problématique gêne. Et l'exemple que tu donnes, il est fréquent, de dire on vient racler, c'est plus facile, on en met moins partout. Ça, ça informe le système comme un inconfort, une gêne ?

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est pas agréable.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, tu fais de la prévention ? Exactement. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, dans ta partie...

  • Clémentine Courrège

    On prend pas de la prévention.

  • Antoine Lacouturière

    Génial.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, super.

  • Clémentine Courrège

    Donc c'est des... surtout par le biais de petits conseils comme ça. Après, il y a des orthophonistes, il y a des associations qui se font sur des groupes de langage, ou ce genre de choses. C'est vrai que d'un point de vue prévention, avec mon conjoint, on a créé un petit site internet qui s'appelle Mon Visual Ortho, et qui présente des affiches sur des thématiques orthophoniques, affiches qui vont être... à but de décorer les cabinets, mais aussi justement de donner de l'information et de faire de la prévention sur des choses qu'on peut rencontrer fréquemment dans le cabinet. Donc ça, c'est aussi un petit pas justement sur cet aspect prévention dans le métier.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends plusieurs choses là-dedans. La première, c'est que vous êtes souvent des passionnés dans les associations, qui à ce côté-là, on le ressent dans les discussions, dans les réunions. Et puis aussi engagés, et je vous invite, les auditeurs, les auditrices, à aller faire un tour sur mon Visbelle Ortho. À la fois parce qu'on a grand besoin d'esthétique dans nos salles d'attente, que régulièrement, je ne sais pas si vous prenez quelques instants, Pour revisiter les salles d'attente des soignants que vous consultez, allez-y. Et régulièrement quand même, les salles d'attente sont, je vais dire, perfectibles en termes d'ambiance. Et il y a un certain nombre d'affiches, et ces affiches-là, elles sont à la fois esthétiques, et elles ont aussi vraiment une visée de sensibilisation et d'éducation sur différentes thématiques. Merci pour l'initiative. Ça fait partie des choses qui font partie finalement dans la fiche métier des orthophonistes, du préventif. Et si vous n'avez pas beaucoup le temps de le faire au cabinet, ça permet de le faire en dehors. Ça fait un nouveau lien avec moi vraiment pour les choses qui m'animent en ce moment. Dans les statistiques des dépenses concernant la santé, 1% du budget est alloué à la prévention. entre 0 et 1 ou entre 1 et 2% en fonction des sources, mais moins de 5% des dépenses globales sont liées à de la prévention, je trouve que c'est quand même peu, on est beaucoup dans du curatif, et je me demandais, j'étais content de pouvoir échanger avec toi sur comment est-ce qu'on peut agir en amont, prévenir en fait, comment est-ce qu'on peut prévenir, et ça me donne la sensation qu'informer... dès la maternité, ça fait partie des choses qui arrivent, qui sont plutôt nouvelles et qui vont dans ce sens-là. Est-ce que tu vois d'autres idées, d'autres conseils, d'autres choses qui peuvent aller dans ce sens-là ?

  • Clémentine Courrège

    Sur la prévention des conseils aux parents ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est peut-être le moment de faire un chapitre. On ouvre le chapitre des conseils.

  • Clémentine Courrège

    Très bien, allons-y. Dans les conseils préventifs ou curatifs que je peux donner, c'est de porter attention à l'installation lors de l'alimentation. Que ce soit l'installation du bébé ou l'installation de l'enfant qui est déjà passé à une alimentation solide. C'est vrai que quand on regarde les affiches en lien avec l'allaitement, tous les bébés sont positionnés comme étant un peu dans cette position classique de la madone, soumis à la gravité. Donc ça va être des bébés qui vont essayer de lutter contre la gravité pour aller chercher du lait. Et puis souvent on voit les pieds qui sont totalement dans vide, les pieds qui pendouillent. Ça fait que... Si nous en tant qu'adultes on se met à regarder une terrasse de bar avec des tabourets, on va vite se rendre compte que tous les adultes pour manger ils stabilisent leurs pieds.

  • Antoine Lacouturière

    L'image est parlante, c'est vrai qu'on imagine assez facilement sur un tabouret sans pouvoir poser les pieds, c'est vite inconfortable.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est inconfortable. Et ce non-maintien des pieds, il va être inconfortable aussi pour le nouveau-né, et encore plus pour le petit enfant, au moment de la découverte alimentaire, de l'exploration alimentaire, puisqu'il va avoir 15 000 autres choses à gérer que de devoir en plus gérer son équilibre lorsqu'il mange. Donc... vraiment un des premiers conseils de base qu'on va donner c'est stabiliser les pieds.

  • Antoine Lacouturière

    Permettre une structure qui permet d'avoir les pieds posés. Un tout petit bout à l'été, on vient mettre un support, une main, un petit bout un peu plus grand sur une chaise, on trouve une solution pour qu'il y ait un plateau, qu'il y ait quelque chose qui lui permette d'avoir une assise.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement. Et ça va lui permettre de gérer beaucoup plus facilement la mobilité de ses bras et du coup le fait d'apporter correctement la nourriture à la bouche. C'est l'aider un peu plus dans son apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Premier conseil applicable facilement et qui va faire sens pour un certain nombre d'entre nous, j'en suis sûr

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait et si on revient autour des j'ai pas fini tout à l'heure ce que je voulais dire mais au niveau des nouveaux-nés sur la quand je disais que les bébés sur les affiches sont souvent soumis à la gravité alors que durant 9 mois ils ont flotté et qu'ils n'ont jamais ressenti cette pesanteur et bien pour les aider un peu mettons-les sur la maman vraiment en position ventrale sur la maman pour qu'ils aient quelque chose en moins à devoir gérer.

  • Antoine Lacouturière

    Position d'un autre outil sur la façon d'installer au sein.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, et ça, ça rejoint les travaux de Suzanne Colson qui a mené une thèse là-dessus qui est extrêmement intéressante sur l'importance de positionner les bébés sur le ventre. pour pouvoir téter parce que ça va permettre de mettre en place tous les réflexes archaïques du bébé, dont le réflexe final, c'est la succion. Mais voilà, pour que la succion puisse se déclencher, il faut que les autres réflexes aient pu s'exprimer avant.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, un bon exemple d'une posture qui influence à la fin le résultat qu'on cherche la succion. C'est pas que dans la bouche, ton travail finalement il commence aussi dans l'installation. Je pense aux sages-femmes avec qui ça va faire du lien, et aussi aux ostéos dont je fais partie qui reçoivent des petits bouts. Ça fait deux conseils de posture. Ok. Est-ce qu'aujourd'hui, avec ton expertise et les spécificités que tu as développées, il y a d'autres conseils qui te viennent ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, je pense que par rapport au moment de la diversification alimentaire, souvent ce qui se passe, c'est que les parents nous disent j'ai introduit ça, mais alors il a fait une grimace, ça ne lui plaît pas Eh bien en fait, c'est tout nouveau pour le bébé. Donc souvent ça transparaît comme quelque chose qui n'est pas plaisant, alors que c'est juste le cerveau qui se dit, tiens, on me donne un nouveau truc dans la bouche là, je n'ai jamais vu, je n'ai jamais senti, je n'ai jamais goûté, il va falloir que j'apprenne à l'apprivoiser. Donc en fait c'est plus une forme de dégoût parce que c'est nouveau, que vraiment un dégoût où ça ne plaît pas à l'enfant. Il faut au moins une dizaine de présentations avant de savoir si on aime un aliment. Donc... lorsque l'enfant vous fait cette mimique là de ça me plaît pas, reproposez derrière, offrez la possibilité à l'enfant de pouvoir justement pouvoir l'aimer. Parce que ce qui est sûr, c'est que si vous ne le représentez pas, ça ne pourra pas changer.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, on entend la répétition et puis cette espèce de dégoût qui est plus une surprise, un étonnement que vraiment un dégoût viscéral de j'en veux pas, c'est pas pour moi. ouais tout à fait donc tu invites les parents à proposer plusieurs fois en étant confortable avec la cuillère qu'on place délicatement qu'on retire droit si c'est pas une diversification menée par l'enfant par exemple ou qu'il n'y a pas cette notion de main directe d'être attentif aux outils ça fait plusieurs conseils déjà là autre chose que t'as envie de rajouter ?

  • Clémentine Courrège

    J'ai envie de dire que c'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Ça veut dire que, du coup, c'est l'adulte qui va mettre les conditions pour que l'enfant puisse explorer. Si l'adulte... il propose sa cuillère, mais qu'il ne faut surtout pas que l'enfant en mette partout, il ne faut surtout pas qu'il le touche, il ne faut surtout pas que ça tombe partout. Eh bien, en fait, ça va mettre une limite aux expérimentations possibles de l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Une limite et une contrainte aussi Une limite et une contrainte,

  • Clémentine Courrège

    tout à fait Alors on sait que ça demande Beaucoup d'énergie quand ils sont tout petits Au moment de la diversification alimentaire Et qu'ils en mettent partout et que c'est fatigant Parce qu'il faut nettoyer et tout ça On n'aime pas que c'est sale Tu veux dire nettoyer entre les doigts,

  • Antoine Lacouturière

    sur la chaise, sur la nappe Sur le pantalon de papa, sur le chenillier de maman Par terre, sur les petits frères Sur les copains, partout quoi

  • Clémentine Courrège

    Mais pourtant c'est tellement important Ce que la main ne peut pas toucher La bouche ne pourra pas le manger donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ça, ce que tu viens de dire, ça fait-il pour moi ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas l'explorer ?

  • Clémentine Courrège

    Ouais, surtout quand ils sont petits. Alors après, quand ils sont plus grands, on est sur autre chose, mais ça, voilà, petit, c'est important. Quand, imagine, tu vas dans un pays, je sais pas, tu vas en être un pays où tu n'as jamais été. avec des traditions culinaires qui sont...

  • Antoine Lacouturière

    Et leurs différentes.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. On te sert devant toi une assiette, je ne sais pas, avec des criquets ou un truc, déjà où visuellement c'est moyen. Généralement, tu ne vas pas prendre le truc et le mettre directement dans ta bouche. Tu vas regarder l'assiette, peut-être tourner l'assiette pour voir à quoi ça ressemble de tous les côtés, peut-être prendre ta fourchette et puis...

  • Antoine Lacouturière

    Essayer de le bouger, voir comment ça bouge.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, parce qu'en fait, en faisant ça, ça va te donner des informations sur la texture. Du coup, inconsciemment, ta langue, ton cerveau va dire à ta langue, pour gérer cette texture-là dans ta bouche, la langue, elle va devoir faire tel ou tel mouvement. Tu vois ? Et puis, une fois que tu l'auras touchée, tu vas peut-être leur niffler un petit coup, parce que...

  • Antoine Lacouturière

    Un autre sens.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Et puis... Une fois que tu l'auras senti, peut-être que tu vas juste en prendre un tout petit morceau et le poser sur tes lèvres. Et puis une fois que sur les lèvres tu te dis bon c'est ok, tu vas peut-être le mettre sur ta langue. Puis tu oseras peut-être le croquer. Alors peut-être que tu le cracheras, peut-être que tu l'avaleras. Mais il y a plein d'étapes comme ça. Et quand on est tout petit, vraiment sur les moments de la diversification, laisser toucher l'enfance, ça va être ultra important. Et ça va conditionner en fait.

  • Antoine Lacouturière

    On entend bien ton invitation et le lien avec l'adulte qui crée l'environnement, dans un premier temps, l'environnement de permettre ça, et du lien avec la main et la langue. C'est étonnant de synchronicité cette partie-là de l'interview qui n'était pas préparée sur le lien langue-main.

  • Clémentine Courrège

    C'est vrai ça.

  • Antoine Lacouturière

    Je suis abonné à une revue qui s'appelle Cerveau et Psycho je ne sais pas si tu connais. Non. C'est une revue de vulgarisation scientifique. L'étude en question dont je vais vous parler, je crois que c'est le titre de l'étude, c'est le lien entre la main et la langue, entre le développement de ce qui se passe dans la main et la motricité de la langue. Et je précise pour les plus anatomistes et les plus scientifiques qu'on n'est pas sur l'homunculus de Penfield avec les connexions à proximité bouche main, puisqu'on n'est pas sur les mêmes espaces au niveau de l'air et du cortex somatosensoriel, on est vraiment sur le développement du langage, les aires liées au langage et des connexions qu'on est en train de chercher dans les profondeurs du cerveau, liens. main-bouche. Je trouve ça génial.

  • Clémentine Courrège

    Et pour rebondir sur ce que tu dis, moi, quand j'explique sur les quelques formations que j'ai pu donner, justement, le lien main-bouche, c'est que la bouche, elle possède exactement les mêmes récepteurs sensoriels que la main. Donc, récepteurs tactiles, thermiques, à la dépression, à la forme,

  • Antoine Lacouturière

    à l'étirement, à la vibration.

  • Clémentine Courrège

    Tout cela, plus des récepteurs olfactifs et des récepteurs gustatifs. Ce qui en fait une main encore plus... plus connectés sensoriellement. Donc un lieu ultra sensible.

  • Antoine Lacouturière

    Là pour le coup, je reviens sur le monculus de Penfield, le petit bonhomme avec la représentation des différentes aires et la taille de la bouche et des lèvres. L'image qu'on peut peut-être donner aux auditeurs qui ne voient pas faire des gestes avec nos mains dans tous les sens, c'est un grain de sable. Imaginez un grain de sable dans le dos, un grain de sable sur le ventre, ou alors un grain de sable dans la bouche, juste un grain dans la bouche ou un grain sur une main. Le niveau de discrimination et de précision, ça rejoint un petit peu ce que tu veux dire, j'ai l'impression.

  • Clémentine Courrège

    Oui, totalement. Et c'est pour ça qu'en rééducation, ça rejoint ce que je t'ai expliqué tout à l'heure, en rééducation avec les plus grands, quand on va travailler sur la proprioception. On en a notamment parlé tous les deux et je t'avais fait tester pour exercer la proprioception la ringuale j'avais notamment par exemple travaillé avec des pattes alphabet et l'objectif ça va être de retrouver quelle patte alphabet j'ai

  • Antoine Lacouturière

    déposé sur la langue le tout avec les yeux fermés ça je vous encourage à essayer à la maison pour ceux qui nous écoutent avec un paquet de mini pattes alphabet à disposition de deviner la lettre Challenge, quand même. On peut le rajouter dans la boîte à outils et les conseils.

  • Clémentine Courrège

    Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    ça permet de se rapprocher du côté ludique aussi. Je voulais qu'on aborde ce point-là. C'est peut-être un des derniers points que j'aimerais aborder avec toi avant de te laisser le mot de la fin et de conclure comme tu auras envie. Mais le côté ludique, c'est quelque chose que je trouve assez commun dans vos différentes manières de pratiquer en ortho. Et ça fait du bien de rigoler. Est-ce que tu es plutôt OK avec ça ou pas ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est indispensable. C'est indispensable parce que l'enfant n'apprend que par le jeu. Si c'est trop structuré, il n'apprendra pas. Il faut qu'il apprenne, il faut du coup créer des situations, parce qu'en fait c'est ça qu'on fait, c'est qu'on crée des situations, on met en œuvre des situations suivant les objectifs qu'on aura déterminés, parce qu'on ne joue pas pour jouer. D'ailleurs, chaque jeu, il y a un objectif thérapeutique qui est bien précis. Et du coup, en fait, sur cette base-là, on peut se servir d'absolument tous les jeux, puisque une boîte de jeux, ça reste du matériel qu'on peut détourner, en fait, pour plein de problématiques différentes. Donc oui, le cabinet ici, il n'est que jeux de tout petit. jusqu'à l'adulte.

  • Antoine Lacouturière

    Ah, ça me fait plaisir. Nous aussi, on a l'oie, les grands.

  • Clémentine Courrège

    Oui, bien entendu. C'est beaucoup plus amusant.

  • Antoine Lacouturière

    Et ça rejoint les publications sur les neurosciences et le côté pédagogique que peuvent avoir certaines approches. Quand un être humain joue, il active différentes aires et on augmente les chances de mémorisation et les associations. Donc tu encourages les gens à jouer.

  • Clémentine Courrège

    Bien entendu.

  • Antoine Lacouturière

    Dans le cadre du soin et peut-être pas que dans le cadre du soin, pour l'apprentissage.

  • Clémentine Courrège

    Pour l'apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Ça faisait partie des choses où je me... Ça fait partie des choses où je m'interroge aujourd'hui sur la place du jeu dans l'éducation, ou à la maternelle. Je trouve qu'il y a vraiment ce côté développement sensoriel dont on parle, de l'utilisation des textures, des mains qui touchent différents objets, des dessins, du début des lettres, mais avec le côté comptine, où on imbrique différents sens, où ils peuvent changer de place et de posture, et où en grandissant, dans la structure de l'enseignement, je trouve qu'on sollicite moins les autres sens pour rester positif.

  • Clémentine Courrège

    Et du coup, comme ça perd en termes de ludisme, il y a des enfants que ça va perturber, et qui ne vont pas réussir à rentrer dans les apprentissages. parce que ça ne leur plaît pas, ce n'est pas plaisant. Et comme il n'y a pas cette sphère émotionnelle qui s'active, de ce qu'on fait ça me plaît, il y a moins d'intérêt, et du coup, c'est plus difficile. au niveau des apprentissages ?

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour ça. Ça me permet en tout cas de répondre à un certain nombre de questions que j'avais en venant te rencontrer aujourd'hui. Je repars enrichi de l'orthophoniste au sens ortho, droit, juste, régulier, correct, mais qui fait bien d'autres choses que juste l'affonation. Des tout petits bouts de un jour jusqu'au papi-mami qu'on accompagne dans les différentes... problématique de vie Clémentine avant de dire un petit mot de fin et puis une forme de synthèse je voulais te remercier de m'avoir accueilli aujourd'hui d'avoir partagé cet après-midi d'échange, de discussion Je te remercie pour mon visuel ortho qui égaye ma salle d'attente et de cette démarche que vous faites, qui est peu commune dans le milieu de la santé. Souvent, on est juste des praticiens, mais on n'est pas vraiment des entrepreneurs, on est plutôt des techniciens. Et là, c'est vraiment une démarche de sensibilisation à de la prévention. L'échange aujourd'hui qu'on vient d'avoir tous les deux, il me permet d'avoir une meilleure vision de ton champ de compétences, à la fois la naissance d'un enfant avec l'importance de ce qui va se jouer dans les premiers jours, les premières semaines, les premiers mois de vie, pour le développement du langage bien plus tard, la variation des textures, de l'importance de l'installation au sein ou pour un biberon. de l'importance des stimulations autour de la bouche dans le contexte créé par les parents. Ça nous permet de mieux comprendre tes partenaires de soins, les personnes avec lesquelles tu travailles, aussi avec tes limites qui parfois frôlent l'ostéopathie sur la partie manipulation et observation, et c'est bien comme ça. Et puis tous ces petits conseils qui sont du bon sens, mais qui sont du bon sens avec un regard expert, le placement... s'alimenter, le fait de maintenir les pieds, le fait d'installer contre la gravité un bébé au sein par exemple, le fait de créer un environnement favorable, d'éviter les stimulations autour de la bouche pour essuyer parce que c'est plus facile, de permettre aux petits bouts de faire un petit peu ce qu'ils veulent avec la nourriture, et de raconter des histoires. Ça c'est quelque chose dont on a parlé en REUF, que je me permets de rajouter ici, de l'importance de raconter des histoires aux enfants. Un grand merci pour tout ça.

  • Clémentine Courrège

    Merci. Merci à toi de t'être déplacée et puis pour ton temps, c'était une super chouette discussion

  • Antoine Lacouturière

    Merci d'avoir écouté en entier cet épisode qui j'espère vous apportera quelque chose de positif, une image une histoire, des liens avec votre quotidien, des perspectives une prise de conscience peut-être et toucher du doigt des ingrédients de la santé Si vous souhaitez participer à l'aventure de ce podcast et contribuer à sa croissance, je vous invite à laisser 5 étoiles et un commentaire sur vos plateformes d'écoute habituelles. Merci pour les instants que vous prendrez qui m'aideront à recevoir de nouveaux invités et à produire des contenus de qualité. Prenez soin de vous et à bientôt !

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Description

Rencontre aujourd’hui avec Clémentine Courrège, une orthophoniste passionnée et engagée exerçant en libéral et en centre hospitalier (Hôpital de la Mère et de l’Enfant au CHU de Limoges). Elle intervient dès les premiers instants de la vie pour soutenir les nouveau-nés (et leurs parents) dans le développement de la succion et pour accompagner la mise au sein. Parallèlement, elle se consacre à des activités de rééducation touchant le langage oral, le langage écrit, l'oralité, la respiration buccale, ainsi que le suivi post-chirurgical, post-AVC et d'autres pathologies.


Nous aborderons avec Clémentine les thèmes suivants : 

- Qu'est-ce que réellement l'orthophonie ?
Explorons les champs de compétences, les limites, et découvrons les partenaires principaux.

- Pourquoi et comment prend-on en soins les nourrissons ?
Explorons les méthodes utilisées par les orthophonistes pour accompagner les nouveau-nés.

- Avec quels outils le travail orthophoniste se réalise-t-il ?
Découvrons les outils et les techniques utilisés.

 - Pourquoi respirer par le nez est-il si important ? (Respiration buccale et ses conséquences)
Découvrons l'importance cruciale de la respiration nasale et les conséquences de la respiration buccale. 

- Comment agir en préventif, quels conseils pouvons-nous appliquer facilement ?


Dans cet épisode, nous allons découvrir les différentes facettes du métier d'orthophoniste et nous nous pencherons particulièrement sur une spécialité de notre invitée du jour : la prise en soins des bébés dès les premiers jours de vie. 

En fil rouge de notre podcast, nous mettrons en avant la puissance du travail pluridisciplinaire et l'exploration des domaines de compétences partagés, visant une meilleure compréhension des rôles de chacun. Découvrons comment ces échanges peuvent conduire à une amélioration de la prise en soins et à l'évolution des pratiques.

L’engagement de Clémentine et son compagnon dans la réalisation d’affiches est un élément inspirant de sensibilisation (tout en déco!) et une action concrète de prévention. Retrouvez leurs magnifiques supports surwww.monvisuelortho.fr et bénéficiez d'une ré duction spéciale à découvrir dans cet épisode !

Je remercie enfin Nico de QolniQo pour la création de la musique du podcast et pour son aide précieuse au montage.


👉 Des questions ?  Des retours ? 

Si vous souhaitez poursuivre la discussion après l’écoute de ce podcast, retrouvons-nous sur @ToucherDuDoigtLaSante sur Instagram !  

Dans l'immédiat, je vous souhaite une belle écoute. 


Prenez soin de vous et à bientôt,

Antoine


TIMELINE de l’épisode

0’ : introduction, présentation, définitions, partenaires d’un travail pluridisciplinaire 

14 : une journée au cabinet, motifs principaux de consultations 

17’ : prise en soins des nourrissons, rééducations

21’ : formes - fonctions / positionnement lingual / proprioception et liens avec le reste du corps

25’ : implication des patients, partenariat parental 

31 : adaptations pédagogiques, lien avec l’éducation nationale 

35 : outils et limites

42 : sensorialité (les 5 sens), mobilité, diaphragme 

48 : langage écrit, langage oral 

51 : place de la prévention

55 : conseils (positions d’allaitement, d’alimentation, …)

1h : liens main/bouche 

1h06 : apprentissage ludique, conclusion. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Clémentine Courrège

    Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de succion. Les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage, comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. Mais pourtant c'est tellement important ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas le manger. Donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, ancien sportif de haut niveau, j'exerce aujourd'hui l'ostéopathie et la sophrologie depuis 10 ans maintenant. A travers la rencontre d'invités passionnés par leur métier, je vous propose d'explorer ensemble le fonctionnement du corps humain et des nombreuses manières d'en prendre soin. Aujourd'hui, nous rencontrons Clémentine Courrèges, orthophoniste qui exerce ce métier à la fois. au sein de l'hôpital mère-enfant et dans son cabinet en libéral. Nous verrons que l'orthophonie peut commencer dès les premiers jours de vie, et oui ! Après un moment de présentation, puis de définition, nous discuterons des liens existants entre la bouche et le reste du corps, de l'importance du placement de la langue et de la respiration dans la croissance du visage, des outils utilisés, notamment des cinq sens, et de notre intérêt commun pour la prévention, qui est trop souvent mise de côté. Enfin, nous profiterons des conseils de Clémentine, conseils applicables dans nos quotidiens, avec les enfants particulièrement, mais pas uniquement. Je profite de l'introduction de ce troisième épisode pour vous présenter une démarche qui m'a beaucoup plu, bien avant le lancement du podcast il y a quelques mois. C'est une démarche de prévention, d'éducation et d'embellissement d'espace. Engagé dans le fait de participer à faire évoluer les consciences autour de la santé, Clémentine et son compagnon ont créé des affiches magnifiques et pleines de sens. Je vous invite à aller faire un tour sur leur site internet Monvisuelortho et à les retrouver sur les réseaux. Vous bénéficierez d'une réduction exclusive de 20% sur l'ensemble du site jusqu'au 1er juin 2024 en tant qu'auditeur auditrice avec le code PODCAST en majuscule. Quant à nous, je vous donne rendez-vous sur Instagram, touchez du doigt la santé, pour partager les coulisses de l'épisode et poursuivre les échanges. Belle écoute ! Bonjour Clémentine.

  • Clémentine Courrège

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Merci de m'accueillir aujourd'hui dans ton cabinet.

  • Clémentine Courrège

    Avec plaisir.

  • Antoine Lacouturière

    Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, est-ce que tu veux bien faire une présentation de toi en quelques mots ?

  • Clémentine Courrège

    Donc je m'appelle Clémentine Courrège, je suis orthophoniste avec un exercice mixte, c'est-à-dire une partie en libéral et une partie en salariat, le tout sur la Haute-Vienne.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, tu peux nous en dire un petit peu plus ? Mixte, pour ceux qui ne connaissent pas vraiment ?

  • Clémentine Courrège

    Mixte, c'est plusieurs types d'exercices. Là, il y a une partie qui est sur l'hôpital de la mère et de l'enfant à Limoges, sur les services de pédiatrie. Donc principalement la néonatologie, la réanimation néonatale, la pédiatrie générale et également quelques interventions dans le service de maternité. Ça c'est pour la partie hospitalière. Et puis il y a aussi une partie libérale, du coup en cabinet sur l'autre moitié de la semaine, où là j'accueille tout type de patients. un jour de vie jusqu'à 98, 99, voire 100 ans.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc deux types de patientèles différents, petit bout, tout petit bout, des mamans quelquefois à la maternité et des plages de consultation ouvertes à monsieur, madame, tout le monde. On peut commencer par définir quel est ton métier, qu'est-ce que ça veut dire orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, en effet, je rejoins totalement sur le fait que la plupart des personnes ont un regard assez stéréotypé sur le métier d'orthophoniste, alors qu'on fait beaucoup plus de choses que ce que les gens ne pensent. L'orthophonie, c'est un professionnel de la rééducation qui va donc s'occuper de tout ce qui va être rééducation cognitive. de la langue langagière, de la parole, mais aussi en fait principalement des fonctions de la face. Donc j'entends par fonction de la face tout ce qui va être ventilation, respiration, phonation, articulation, mais qui va s'occuper de la mobilité et de l'efficacité de ces fonctions.

  • Antoine Lacouturière

    Donc on est bien plus que juste phonation. Dans orthophonie, on entend ça. Là, tu nous parles de ventilation, tu nous parles de fonctions qui sont bien au-delà d'uniquement le langage. Si on fait un petit parallèle avec ton activité... Sur l'HME, l'hôpital de la mère et de l'enfant, le langage n'est pas encore là. Est-ce que tu veux bien nous parler de ces différentes approches que tu as entre le libéral au cabinet et ton activité hospitalière ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, alors sur l'activité à l'hôpital de la mère et l'enfant, le langage n'est pas encore présent. Néanmoins, du coup, dans ce lieu d'exercice, ma fonction, ça va être de m'occuper des troubles de l'oralité et principalement du coup des difficultés de suction chez le nourrisson. Et en fait, c'est là que le lien avec le langage se fait parce qu'on sait que l'oralité alimentaire... et l'oralité verbale, elles s'enrichissent ensemble et ça forme un réel continuum. C'est-à-dire que pour avoir un langage qui se diversifie et qui se complexifie, il faut avoir une alimentation qui, elle aussi, se met en place et qui se complexifie suivant les textures que l'on propose.

  • Antoine Lacouturière

    Donc tu fais un lien, là, qui est... presque préventif. On est très en amont de la mise en place du langage avec des mots, de la prononciation, de l'articulation. Aujourd'hui, c'est établi dans ta pratique, dans vos pratiques, de dire, voilà, la mise en place des textures différentes, ça va impacter les capacités du langage.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    C'est évident pour toi. Pour moi, en tant qu'ostéo, qui me suis formé, ça le devient, mais ça ne l'était pas, et pour un grand nombre, ce n'est pas si clair que ça. Ok, je t'ai interrompu, pardon. Donc les petits bouts, ils mettent en place ça à l'hôpital avec toi, il y a ces premiers troubles que tu diagnostiques, comment est-ce que tu interviens ?

  • Clémentine Courrège

    Alors l'idée de l'intervention à l'hôpital, c'est d'avoir un accompagnement global, non seulement en prenant en compte l'enfant, mais en prenant surtout en compte les parents lorsqu'ils sont plusieurs, ou au moins le parent qui est présent. et là du coup on va chercher à améliorer ou à remettre en place l'alimentation puisque notamment en service de néonatologie on a des enfants qui ne sont pas nourris par la bouche parce que trop prématurés ou parce que difficultés en lien avec la bouche Et l'objectif, ça va être d'apporter du plaisir autour de la bouche pour faire que l'alimentation soit nouveau possible. Et surtout dans le cadre de ce service de néonatologie, pour que les enfants puissent sortir du service, il faut qu'ils aient atteint... un tel poids. Donc ça revêt une dimension particulière chez les parents pour qui il y a une sorte d'obsession du poids.

  • Antoine Lacouturière

    D'avoir le poids à seuil pour pouvoir avancer, sortir d'eux.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Tu le captes toi en objectif, c'est même plus qu'un objectif, ça devient une... C'est presque une obsession.

  • Clémentine Courrège

    C'est une obsession, oui, tout à fait. Et du coup, par rapport à cette obsession-là, alors nous, en tant qu'orthophonistes, on travaille vraiment sur la fonction de la bouche et faire que le bébé puisse réussir à téter, mais il va y avoir un accompagnement aussi psychologique qui peut être proposé, parce que justement, le soin prend trop de place par rapport à la parentalité. Il y a divers professionnels qui vont graviter autour et qui vont permettre d'avoir une approche globale autour du patient, que ce soit la psychologue ou la prise en soins kinésithérapeutique. Il y a encore d'autres choses qui peuvent être proposées suivant les demandes des parents des patients.

  • Antoine Lacouturière

    des parents des patients je reviens sur un des fils rouges du podcast le travail pluridisciplinaire depuis le départ sur les épisodes j'ai à coeur de mettre le travail d'équipe au centre là c'est un petit peu ce qu'on commençait à aborder on entend la notion psy prise en charge Pour les parents, dans des moments où les seuils, le poids deviennent une obsession, dans l'accompagnement aussi, parce qu'en néonat, j'imagine que c'est aussi des moments qui sont avec une certaine difficulté de gestion des émotions et d'imprévus, ou de prévus mais de délicats. Est-ce que tu peux nous aider à bien définir les limites de la prise en soin ? On a entendu les liens que tu arrivais à faire avec ta conscience de professionnel sur l'importance du mélange des textures, pour la suite plus tard, on parlera un petit peu de la partie cabinet après parce que c'est différent, mais tant qu'on est dans la partie hospitalière, cette prise en charge d'équipe... Pédiatre, kiné, orthophoniste, l'objectif c'est prendre du poids. Peut-être que tu peux nous raconter une anecdote d'ailleurs il me semble sur le pourquoi est-ce que tu arrives ici ? Est-ce que tu veux bien nous partager ça ?

  • Clémentine Courrège

    Pourquoi j'arrive ici ?

  • Antoine Lacouturière

    Comment est-ce que tu as fait pour arriver dans le service ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, à la base, moi j'ai été embauchée sur un autre service, qui est un service en soins intensifs, en neurologie. Donc, le premier service dans lequel les patients arrivent quand... Ils ont fait un AVC et au cours de cette année d'exercice, j'ai été amenée à descendre plusieurs fois sur l'hôpital de la mère et de l'enfant pour intervenir dans le cadre notamment d'une petite patiente qui avait perdu beaucoup de poids et qui était hospitalisée. Il y avait notamment une menace de pose de son de nasogastrique puisque la petite ne prenait pas de poids. Et en fait, l'intervention orthophonique qui a été menée a permis à la petite de reprendre du poids. Et c'est notamment après cette intervention-là qu'un poste a été ouvert, un poste d'orthophoniste a été ouvert au sein de l'hôpital, et pour lequel j'ai postulé et j'ai été prise. Et du coup, j'ai pu changer de service. Et maintenant je suis toute seule comme orthophoniste dans l'hôpital mère-enfant, ce qui est bien trop peu pour pouvoir subvenir aux besoins de tous les patients. Donc on espère qu'il y ait des postes qui s'ouvrent à... dans le futur ?

  • Antoine Lacouturière

    Il y a d'autres collègues à toi qu'on salue au passage qui sont très intéressés par le sujet et très performants aussi, puis ça permet de faire évoluer les choses dans la prise en soin pluridisciplinaire chacun avec ses compétences. En tout cas, cette anecdote, je trouve qu'elle permet d'illustrer le fait qu'il y a un intérêt sur... la fonction, c'est-à-dire le fait de réussir à faire prendre du poids, toi tu as un rôle, et dans ce rôle-là, c'était intéressant pour moi aujourd'hui d'en parler, parce que de commencer aussitôt, naïvement, je ne pensais pas que c'était de l'orthophonie. Pour moi, il y avait cette image, comme beaucoup d'auditeurs, auditrices, on est sur un secteur de développement ou de problème du langage. Donc ça c'est la partie hospitalière. Est-ce que tu veux rajouter des choses qui te tiennent à cœur par rapport à cette pratique-là, dans le milieu de l'hôpital, ce rôle au sein d'une équipe ?

  • Clémentine Courrège

    Il y a vraiment ce qui différencie notamment le travail hospitalier avec le travail en exercice libéral, c'est qu'à l'hôpital on a vraiment un exercice coordonné avec les différents professionnels. On cherche à faire du lien. Et c'est ce qui, je pense, permet de faire avancer si vite certains patients. Parce que justement... On a tous le même objectif, avec différents moyens d'y arriver. Et par la co-construction du projet, ça nous permet d'aboutir à des objectifs qui vont être atteignables dans des délais relativement abordables. Ou tout du moins, ça va nous permettre de prendre la situation dans la globalité, sans oublier une partie. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement riche, et c'est notamment pour cela que moi je ne me verrais pas avoir un exercice 100% libéral.

  • Antoine Lacouturière

    Ça te va bien à toi, ça ? Ce travail hybride un petit peu ? D'accord.

  • Clémentine Courrège

    C'est dispensable.

  • Antoine Lacouturière

    Faire la transition avec ton activité libérale, est-ce que tu peux nous faire une semaine type ? Qu'on puisse se rendre compte, un petit peu s'imaginer dans ton quotidien d'orthophoniste qui rentre, qui ouvre son cabinet après avoir fait les staffs médicaux, après avoir vu les prises de sang, après avoir suivi les poids, après avoir été dans ce milieu-là très particulier de l'hôpital, t'arrives. Le cabinet, chez toi, semaine type, journée type, comment ça se passe pour toi Clémentine ?

  • Clémentine Courrège

    C'est totalement différent parce que pour le coup la journée en libéral, elle est très rythmée par les horaires, puisqu'on est sur des séances qui durent entre 30 et 45 minutes. C'est quelque chose de très structuré et en fait d'une demi-heure à la suivante, on peut passer d'un enfant qui va courir absolument partout, qu'on va avoir difficile à cadrer au bureau, à... une petite dame de 80 ans avec une pathologie neurodégénérative, pour ensuite enchaîner chez un petit garçon de 5 ans avec un trouble du langage oral sévère qui va avoir du mal à organiser les mots au sein de sa phrase, pour passer après par exemple à un adolescent de 12-13 ans qui vient typiquement pour une rééducation orofaciale miofonctionnelle. dans le cadre d'un appareillage dentaire où la demande va être la langue ne se positionne pas correctement Et puis après, il y aura quand même des suivis en alimentation, que ce soit des bébés dans le cadre de difficultés de suction ou alors vraiment dans le cadre de troubles de l'oralité sur de l'alimentation solide. On va avoir aussi quelques prises en soins vraiment neurologiques avec des suivis post-AVC ou post-traumatisme crânien. et puis voilà les journées sont extrêmement diversifiées, très riches alors l'orthophonie, le champ de compétences est extrêmement varié c'est parfois pas possible de recevoir absolument tous les patients pas parce qu'on ne le souhaite pas mais parce qu'on est juste suffisamment pas assez formé et qu'à côté il y a un collègue qui est mieux formé

  • Antoine Lacouturière

    Alors plusieurs choses Clémentine, la première c'est waouh, après ta semaine type, ta journée type, on se rend compte de la quantité de motifs différents de consultations, de tranches d'âge différentes, et aussi donc waouh, et merci pour le côté humilité de tu ne maîtrises pas tout et il y a des... Il y a des collègues à toi qui ont des spécificités, je crois que ça, ça fait partie du bon sens de tous les soignants, de dire qu'on a des champs de compétences, des champs d'action, et qu'on n'est pas au top du top sur tous les sujets. Est-ce qu'on peut le dire comme ça, qu'une des spécificités que tu as, toi, poussée, c'est la partie nouveau-né ? par rapport à d'autres qui sont sur d'autres secteurs ? Est-ce qu'on peut le résumer comme ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. C'est une des particularités que j'ai par rapport à d'autres orthophonistes. La prise en soin des nourrissons, elle est relativement récente pour les orthophonistes. En fait, ça pourrait se faire depuis des années, mais ça ne se fait que depuis très peu de temps et on est encore très peu formés. à prendre en charge les bébés. Bien qu'on soit formé à prendre en charge les fonctions de la bouche, les fonctions de la langue, le nouveau-né est relativement peu abordé lors des études. Ce qui fait, je pense, qu'en sortant directement des études, on ne se retrouve pas avec un bagage suffisant pour pouvoir se dire, tiens, je vais recevoir des bébés et... et je me sens capable de le faire.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un des points communs avec l'ostéopathie, quand je t'entends parler de ça, il y a la partie théorique pendant les études, et concrètement parlant, le fait de matériellement recevoir des bébés, des nourrissons, des parents sur des tranches d'études, c'est délicat, et on a besoin de ces formations complémentaires après. En tout cas, ça vient éclaircir pour moi le fait que vous êtes aussi efficace, Très tôt, là où il y a quelques années, on est plusieurs à même pas penser à vous dans ces moments-là. Je reviens sur ta partie libérale. Si je synthétise un peu, tu vois, j'ai envie d'avoir une définition de l'orthophonie globale, en dehors de la spécificité hospitalière. Comment est-ce que tu pourrais parler de cette zone de la bouche, mais pas que ? Est-ce que tu pourrais... Faire une définition de ta pratique en quelques phrases, l'orthophonie, l'orthophoniste, qu'est-ce que tu fais concrètement ?

  • Clémentine Courrège

    Mon activité va plutôt être centrée sur la rééducation des fonctions de la face et des fonctions cognitives. Donc fonctions cognitives, ça rejoint plutôt les pathologies neurologiques et neurodégénératives. Et par contre, lorsqu'on parle des fonctions de la face et notamment des fonctions... orofacial mieux fonctionnel. Là, on va plutôt être dans la restauration d'une ventilation nasale chez les respirateurs oraux. Tout ce qui va être aussi le travail de positionnement lingual, donc acquérir une bonne position de langue au repos. Ça, c'est en lien avec la ventilation. Ça va être aussi ce qui va être mastication, articulation, bonation. Parce que tout ce... tous ces différents pôles en fait interagissent entre eux. Et à partir du moment où il y en a un qui est déséquilibré, ça va venir impacter non seulement les autres fonctions, mais aussi la forme des organes. C'est-à-dire que... Et là, je fais plus long que ce que tu m'as dit.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est important, précise-nous la forme des organes. C'est-à-dire que la fonction, tu fais un lien entre la fonction et la forme. On t'écoute attentivement.

  • Clémentine Courrège

    On dit beaucoup que l'organe crée la fonction, mais en soi... La fonction va créer la forme, parce que normalement, la position physiologique de la langue est au palais. C'est cette bonne position de la langue au palais qui permet au palais d'avoir la forme qu'il a, c'est-à-dire un palais relativement plat et assez élargi. Lorsque la langue, pour une raison quelconque, n'est pas correctement au palais et qu'elle est plutôt en bas, ou du moins qu'elle n'est mal placée dans la bouche, eh bien le palais, il ne va pas avoir la forme qu'il devrait avoir. On va avoir un palais qui va être plus étroit et creux. Et du coup, ça va impacter la forme du palais, mais pas que la forme du palais. Ça va aussi impacter tout le faciès, puisque... Puisqu'en fait, ça ne va pas avoir permis de faire croître le nez. Donc on va se retrouver avec des petits visages et toutes petites narines. Et du coup, on va être sur un cercle vicieux où la personne, elle va ventiler par la bouche parce qu'en fait, elle n'aura pas fait grandir son palais, qui n'aura pas fait grandir son nez. Et du coup c'est pour ça qu'en fait on est sur une sorte de cercle où chaque pôle interagit avec les autres. Et on ne peut pas s'occuper d'un pôle sans s'occuper des autres.

  • Antoine Lacouturière

    Ah bon, comment ça ? C'est une petite blague, du coup tu vas faire du lien entre tout ça. Là on rentre dans le cœur de l'intérêt pour moi aujourd'hui de l'épisode, c'est-à-dire qu'on a ces différents éléments qui sont imbriqués entre eux, et on va pouvoir décortiquer un petit peu plus si tu veux bien, parce qu'il y a cette notion de la fonction qui amène la structure. En ostéopathie, c'est cher pour nous, c'est un des principes de l'ostéo, la structure gouverne la fonction, et l'inverse est vrai aussi. En tout cas, il y a un lien entre les deux. Tu donnes l'exemple du placement de la langue qui va aussi venir influencer, je pense aux orthodontistes.

  • Clémentine Courrège

    Voilà.

  • Antoine Lacouturière

    la forme et à la ventilation. Et ça, j'ai l'impression que c'est de plus en plus commun, qu'il y a vraiment un relais au grand public fait sur l'importance de ça. Malgré tout, ça m'intéresse de voir comment toi, tu le décortiques. Donc, tu prends conscience de ça, tes patients arrivent, ils viennent chez toi, diagnostic de respiration buccale, avec ce que tu viens de nous dresser comme tableau. Une fois que tu vois ça, qu'est-ce qui se passe ?

  • Clémentine Courrège

    Alors déjà, généralement, le patient arrive avec une... Quand ils viennent dans ce cadre de difficulté, ils arrivent en me disant L'orthodontiste m'a dit de venir, je place mal ma langue.

  • Antoine Lacouturière

    Un des prescripteurs, c'est orthodontiste.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et la plupart du temps, dans le cadre d'un problème au niveau du placement de la langue, ça va être l'orthodontiste qui va avoir cette plainte-là. Et donc, quand on les reçoit, tu... Non. On fait un bilan où on va aller répertorier chaque fonction. Et souvent, ils vont nous demander, mais pourquoi tu me fais manger ? Pourquoi je suis en train de manger une madeleine ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les fais manger.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Génial. Je les fais manger. Oui, tout à fait. J'ai besoin de voir comment la langue se positionne quand ils masticent. Et surtout, où ils en sont dans leur étape de mastication. Parce qu'on a parfois des enfants... ou même des adolescents pour lesquels la mastication n'est pas en place. Parce qu'ils vont avoir une alimentation molle. Pas de pain, mais du pain demi, que des choses molles. Pas trop... Ils n'aiment pas quand c'est trop dur. Donc oui, on va les faire manger, on va regarder comment ils ventilent, on va regarder comment ils articulent, on va aussi les regarder à l'intérieur de la bouche, on va regarder les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage. comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. À la fin du bilan, je résume rapidement au parent tout ce que j'ai observé, en essayant de commencer à expliquer les liens. Parce qu'au plus tôt on explique les liens et au plus tôt le patient prend conscience de Ah bon, en fait, il n'y a pas que ma langue, il y a aussi d'autres choses à travailler c'est déjà du temps de gagner pour la suite de la rééducation et ça va permettre de nourrir la motivation du patient.

  • Antoine Lacouturière

    Cette prise de conscience-là ? Oui.

  • Clémentine Courrège

    Tout ça fait. Pour moi, elle est indispensable à ma façon de travailler, c'est-à-dire que je passe beaucoup de temps à expliquer ce qui se passe dans la bouche du patient et comment ça devrait se passer pour apporter de l'amélioration.

  • Antoine Lacouturière

    Tu veux dire, si je reformule pour être sûr de bien comprendre, qu'au moins au départ dans la partie bilan, il y a une partie importante du temps que tu investis pour informer de l'état actuel. Bilan, j'observe que par rapport à la fonction physiologique de base, la respiration, tu leur expliques. Et ça, c'est presque le début du traitement finalement, qu'ils comprennent ça.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est le début du traitement parce qu'après j'enchaîne très rapidement sur une grosse phase où on va travailler la proprioception. Je vais demander... aux patients de prendre conscience, d'avoir conscience de comment sont ces structures, comment est sa bouche, comment est sa langue, est-ce que quand il est debout, sa langue est au même endroit que si je le couche ou si je le mets sur un ou l'autre côté, est-ce qu'on peut respirer par le nez, est-ce qu'on peut respirer par la bouche, et comment tu te sens, et comment tu es le plus confortable ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les interroges à ce moment-là. Ok, tu les impliques.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait. L'objectif, c'est qu'ils arrivent à sentir ce qui se passe dans leur corps pour pouvoir après agir dessus. Mais en fait, ils vont déjà commencer à le faire parce que comme il y aura eu ce travail au préalable d'information, ils vont déjà commencer à modifier certains schémas moteurs.

  • Antoine Lacouturière

    Je trouve ça riche d'entendre ça. C'est important et ça fait du bien à entendre le fait de dire qu'une partie du traitement, c'est dans l'implication du patient et pas juste dire faites-moi ces recettes de cuisine et vous allez aller mieux mais c'est dans la proposition de l'impliquer dans le traitement en disant qu'est-ce que votre corps y sent ? Vers où est-ce qu'on peut aller ? Ça fait écho avec d'autres disciplines bien sûr, mais...

  • Clémentine Courrège

    L'implication et la motivation, elles sont... Elles sont indispensables. J'étais d'ailleurs en formation il y a un mois avec Jérémie Périchon sur le partenariat parental. Et lui, il insistait pour nous dire que les rééducations ne devraient pas s'étalonner sur plus de six mois. parce qu'il y a des études scientifiques qui montrent que la motivation elle dure à peu près 6 mois qu'au-delà de 6 mois on a une baisse de motivation et que du coup si on a cette baisse de motivation on a une baisse des résultats d'ailleurs moins efficace donc c'est vrai que dans la tête des gens les orthophonistes font des suivis qui sont hyper longs

  • Antoine Lacouturière

    Déjà le suivi commence, si on commence avec le temps d'attente moyen des orthophonistes, ça commence longtemps avant, non ? Oui,

  • Clémentine Courrège

    oui, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, petite blague mise à part, quand tu rentres de formation, sur ce créneau des 6 mois, ça permet de dire focus sur... on ne laisse pas traîner longtemps, on est attentionné, on implique les patients, et il y a cette notion de fenêtre, de cible.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et du coup, cette fenêtre cible, elle nous pousse, en tant que professionnels, à devoir proposer des objectifs thérapeutiques qui soient le plus écologique et le plus proche possible des demandes du patient. Donc on va vraiment passer beaucoup de temps à définir ensemble les objectifs.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner des exemples pour le quotidien, des objectifs que tu te fixes avec des patients par exemple ? Je pense à plein de cas différents, des petits bouts qui ont des difficultés d'apprentissage, que ce soit de la lecture, que ce soit de la prononciation, des personnes qui viennent post-chirurgie. Est-ce que tu peux nous donner quelques exemples pour illustrer ces propos ?

  • Clémentine Courrège

    Par exemple, je vais prendre un cas qui... Quelque chose de très classique qu'on voit très fréquemment dans le cabinet, ça va être un enfant qui va arriver à 4 ans, 4 ans et demi, voire 5 ans, et le parent va nous dire mais je ne le comprends pas en fait, je viens parce que mon enfant est inintelligible, j'ai du mal à le comprendre Donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire notre bilan. En parallèle, je vais demander aux parents de répondre à des questionnaires d'impact. d'impact fonctionnel des difficultés. Et on va comparer entre la perception du parent et moi, ma perception vraiment normée et scorée. Et par exemple, si l'objectif principal, ça va être d'améliorer l'intelligibilité, donc ça sera un objectif global, en sous-objectif, ça va être par exemple pouvoir produire des phrases, des sujets, verbes, objets correctement. pouvoir produire le son. à chaque fois qu'il apparaît en début de mot. Pouvoir articuler correctement, prononcer correctement des mots de deux syllabes contenant des syllabes simples.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc là, c'est des objectifs qui sont, on dit, smart. C'est mesurable, c'est objectivable, tu te laisses une durée de temps et ça permet aux parents d'avoir un objectif concret. Tout à fait. C'est-à-dire que ça ne va pas être un peu mieux, il va être capable de ça. C'est ça. Il y a un lien avec l'éducation nationale ? Vous faites des relais avec les instituteurs ? Parce que là, dans l'exemple que tu donnes, j'imagine que c'est le parent qui vient, en lien avec l'école ou pas du tout ?

  • Clémentine Courrège

    Pas toujours. Parfois oui, mais parfois non. Alors on essaie de faire du lien avec l'éducation nationale, mais on reste des professionnels de la santé. Alors donc ce lien que l'on fait, il est soumis à l'autorisation parentale, afin de pouvoir lever le secret médical.

  • Antoine Lacouturière

    Bien sûr, avec le secret,

  • Clémentine Courrège

    ok. Moi maintenant, ma nouvelle façon d'exercer, c'est que les objectifs qu'on a mis en place avec le patient, c'est le patient qui les garde. C'est-à-dire qu'il a son petit classeur avec ses feuilles d'objectifs et il peut choisir de les partager directement avec l'enseignant. Ce qui fait que la maîtresse ou le maître a accès. enfin c'est ce qu'on fait en orthophonie ok,

  • Antoine Lacouturière

    il y a une matière, il y a un cahier c'est pratique, il peut le consulter il sait où vous en êtes ça permet de ne pas rentrer dans les difficultés de communication des professionnels de santé notamment qui sont assez chargés en emploi du temps et aussi des enseignants et ça permet de faire du lien et ça

  • Clémentine Courrège

    permet pourquoi pas à l'enseignant s'il le souhaite et bien sûr en co-discussion avec les parents et tout le monde qui peut y avoir, mais d'éventuellement mettre en place des adaptations pédagogiques. Il y a aussi cette possibilité-là pour eux. S'il le souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, on a compris le lien potentiel avec l'éducation nationale et puis cet outil que tu proposes maintenant dans ta pratique. Est-ce que tu veux bien nous parler des partenaires directs que tu as ? On a évoqué les orthodontistes. Là, on a succinctement parlé des instituteurs, des parents en tout premier, mais les autres intervenants professionnels pour mieux comprendre comment tu travailles et avec quelle équipe.

  • Clémentine Courrège

    Alors, sur la partie libérale, il va y avoir principalement les médecins généralistes et les pédiatres, aussi les ORL. Les sages-femmes, pour ma part, du coup, comme je travaille avec les bébés, ça, ça va être pour...

  • Antoine Lacouturière

    Ça, c'est lié à ta spécificité, sages-femmes. On est d'accord de dire que c'est plutôt nouveau. Là, le fait que l'hôpital fasse appel à toi, c'est aussi un côté novateur. Il y a quelques années ou quelques dizaines d'années, ça n'existait pas. Donc, on les salue pour ça, même s'il faut plus de monde. Ça permet quand même de dire que c'est un pas en avant. Le monde hospitalier tourné vers la toute petite enfance sage-femme, c'est assez frais.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et pour la partie libérale, il va aussi y avoir les ostéopathes et les kinés, principalement. Et puis après, vraiment sur la partie hospitalière, là je vais intervenir. Sur demande des infirmières, des auxiliaires de puériculture, des pédiatres, des diététiciennes, des kinés et également des sages-femmes à l'hôpital. Donc ça va vraiment être les principaux acteurs avec qui je vais interagir. autour des patients.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Donc, pour les personnes qui ne connaissent pas, prescripteurs principaux, ces cases médecins-traitants, il faut une ordonnance pour faire de l'orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, il faut une ordonnance. Alors, pas forcément du médecin-traitant, mais d'un médecin, quel qu'il soit.

  • Antoine Lacouturière

    Un spécialiste, par exemple un ORL, peut aller vers ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Pédiatre, même chose ? Sur le côté frais dont on vient de parler, des prises en soins, des tout petits bouts ? D'accord, je te remercie pour l'illustration des différents partenaires. Franchement, pour être honnête, je n'imaginais pas vraiment l'étendue du champ de compétences. C'est aussi ce qui a motivé mon envie de partager une interview avec toi aujourd'hui. Donc, merci pour l'éclaircissement. Tant qu'on est dans les partenaires, ça me donne aussi envie de parler des limites. Concrètement, dans ma casquette d'ostéopathe, dans mes outils principaux, moi j'utilise mes mains. Je fais... Allez, je ne vais pas dire massage, je salue mes copains kinés, mais du modelage, du soin, on va étirer, on va toucher, masser, manipuler, détendre. On va faire des traitements manuels, pour faire simple. En sophrologie, j'ai une casquette où on va plutôt utiliser de la relaxation, des respirations, des visualisations. Mais concrètement, un, une orthophoniste, qu'est-ce qu'elle utilise ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, avec les bébés, l'objectif va quasiment toujours être le même, ça va être d'apporter du plaisir dans la bouche, ou de remettre du plaisir dans la bouche, et puis de travailler sur la mobilité de la langue, des joues, des lèvres, principalement. Donc, pour pouvoir intervenir là-dessus, on va se servir de tout l'essence du bébé. On va se servir énormément de l'olfaction, donc avec des petites odeurs en coffret ou alors avec vraiment des aliments. En se basant, moi je me base surtout sur les aliments qui ont été mangés durant le dernier trimestre de grossesse de la maman, parce que c'est des odeurs qui sont connues du bébé, ou si elle n'a rien mangé en particulier, principalement chocolat, banane, vanille. Il y a des études qui ont été parues à ce sujet. en faisant le lien entre respiration de ces odeurs et déclenchement d'un réflexe de sucion. Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de sucion.

  • Antoine Lacouturière

    Sans stimulation mécanique manuelle, on est d'accord.

  • Clémentine Courrège

    Juste les odeurs. Juste l'odorat.

  • Antoine Lacouturière

    Réflexe de sucion. Cloak.

  • Clémentine Courrège

    Oui. Ok. Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    Premier petit tip, c'est quand même quelque chose qui va être nouveau pour un certain nombre de personnes.

  • Clémentine Courrège

    Ok. Exactement. On va servir aussi, enfin, je vais me servir de pas mal de manipulations. Manipulations, surtout dans la bouche. parce que l'objectif, ça va être de demander à la langue de se positionner à tel ou à tel autre endroit. Et en fait, ça va surtout être des manipulations qui vont s'appuyer sur les réflexes, puisque le nouveau-né n'est que réflexe. Et la succion, elle va se modifier en fonction des informations sensorielles que le nouveau-né va recevoir, puisque une information sensorielle va déclencher une réponse motrice. De ce fait, pour... entre guillemets, modeler le schéma moteur dont j'ai besoin. Je vais faire répéter à la langue, je vais donner à la langue plusieurs stimulations sensorielles qui vont créer le schéma moteur que je souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Avec le résultat que tu cherches à obtenir.

  • Clémentine Courrège

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner un exemple pour illustrer ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui. Par exemple, je pense à ces bébés pour lesquels on va dire qu'ils ont une sucion inverse. C'est-à-dire qu'on va avoir le biberon, ou le sein, ou la tétine qui va surtout sortir de la bouche mais pas être aspirée. Généralement, on est dans des cas où la langue fonctionne un peu à l'inverse. Et du coup, mon objectif, ça va être de remettre le mouvement à l'endroit. Donc d'abord, de faire avancer la langue. Pour ça, par exemple, on va se servir du réflexe de hooker et du réflexe de protrusion de langue. Donc en venant stimuler avec le doigt. ou avec un autre outil, la bouche du bébé, ce qui va induire une ouverture de bouche. Puis, en venant toucher la pointe de la langue, ça va demander au bébé, par réflexe toujours, de sortir la langue. Donc là, on a ce mouvement vers l'avant. Et puis, à ce moment-là, en offrant le doigt ou la tétine, on attend une aspiration. Parce qu'on sait qu'à partir du moment où on a cette stimulation sur la langue, vraiment sur la ligne médiane, on va induire une rétraction de la langue avec une aspiration derrière. Voilà, pour l'exemple que je peux te donner. Merci. On va du coup servir du doigt, on va servir aussi de petits outils texturés pour offrir davantage de stimulation. On va servir bien entendu de l'aspect gustatif aussi, en utilisant du lait. Les... maternelle ou lait industriel, à température ambiante ou froid, suivant ce qu'on va chercher comme réaction chez l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, on change de sens. On est sur sensorialité, mais on change de nerfs crâniens aussi. Là, on est sur quand même 4-5 nerfs sur les 12 paires crâniennes, langue, informations sensorielles différentes. D'accord, du chaud, du froid, des textures.

  • Clémentine Courrège

    La vibration aussi, parfois. Quand on a des bébés qui sont très endormis, ou alors dans le cadre de... de pathologie neurologique dès la naissance. Pour ces bébés qui vont être hypotoniques, on va parfois se servir de la vibration pour apporter encore plus de stimulation. Et puis, on va aussi se servir de la vue. Parce que moi, je vais avoir besoin que le bébé soit à l'aise au niveau de ses rotations de tête. Ça, c'est quelque chose qu'on teste.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on imagine derrière le micro Clémentine qui fait bouger la tête.

  • Clémentine Courrège

    C'est quelque chose où les rotations de tête, on va les tester. Alors, je les teste à mon niveau. Je ne dis pas que je suis kiné ou ostéo. Mais moi, ça m'intéresse juste de savoir si le bébé peut aller à gauche et à droite de manière symétrique. Parce que je sais que potentiellement... si on est sur une rotation asymétrique ou une limitation, tous les nerfs qui passent derrière la base du crâne vont être un peu comprimés. Donc on risque d'avoir des complications au niveau de la succion. Et pour demander au bébé de tourner la tête, on va se servir de petits outils visuels, des petites cartes contrastées, des petits jouets à faire passer. Voilà, encore sur un autre sens.

  • Antoine Lacouturière

    Ça rajoute un nouvel outil dans ta boîte à outils. Là, on est dans l'éducation, rééducation, un mélange des deux, j'ai l'impression, en t'écoutant. On a vu l'olfaction, on a vu le gustatif avec le froid, le chaud, le lait, les autres goûts, textures. Et là, on rajoute le visuel. Peut-être du son aussi, j'imagine que tu les appelles.

  • Clémentine Courrège

    Oui, on les appelle pour qu'ils se tournent du côté de la stimulation. Et surtout, moi j'interviens avec un bébé comme j'interviens avec un plus grand. C'est-à-dire que dès le moment où je rentre dans la chambre, je parle au bébé et je lui explique ce qu'on va faire. Je lui dis pourquoi je me présente. j'explique pourquoi je suis là, j'explique ce qu'on va faire, et voir si je peux ou pas l'aider, et avant chaque stimulation, avant chaque sollicitation, quelle qu'elle soit, je préviens le bébé. Et puis en fonction des réactions qu'il va y avoir, parfois on s'arrête parce qu'on voit qu'on a une situation où le bébé va se mettre en route. Exactement. Et là, on sait que, ok, d'accord, tu me montres que ça ne va pas, on s'arrête, on fait autrement. Donc oui, la voix, elle va être là tout le temps. Mais tout le temps, bien entendu. Pour un orthophoniste. Oui, c'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me permet de mieux visualiser ton travail sur l'utilisation de cette sensorialité, sur aussi le fait qu'on ait un champ de compétences commun en tant qu'ostéo, sur l'évaluation de la mobilité et c'est quelque chose qui est important pour nous bien sûr, cette mobilité du crâne, des cervicales. Ça va un petit peu plus loin que juste la bouche alors, ça me rassure.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, et ouais, au final, c'est pas que la bouche. On est vraiment du sommet de la tête jusqu'au diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Jusqu'au diaphragme.

  • Clémentine Courrège

    Jusqu'au diaphragme, parce que du coup, il y a la respiration. et qu'on va aussi travailler sur le diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Un mot magique en ostéopathie, en sophrologie, en chant, en plein d'autres choses. Comment est-ce que tu vois le diaphragme ? Comment est-ce que tu l'utilises ? Comment est-ce qu'il vient dans ton quotidien ? Parle comme tu veux, mais parle-nous de ce diaphragme en orthophonie. On est loin de la bouche, là.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, on est loin de la bouche et pourtant, on est tellement reliés à la bouche parce qu'au final, quand on va avoir une restriction de mobilité au niveau diaphragmatique... On va forcément retrouver des tensions après, que ce soit au niveau du sternocleidomastoïdien ou alors vraiment au niveau de la mandibule, on peut retrouver aussi des serrages dentaires et du bruxisme. Et puis vraiment sur l'aspect ventilation, ce manque d'amplitude va créer un inconfort chez les personnes.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, j'entends le diaphragme qui vient, le lien avec ceux qui ne connaissent pas sternocleidomastoïdien, c'est un muscle qui relie l'orifice supérieur du thorax, le haut du thorax, les clavicules, avec le crâne. On est au niveau du cou. Ça me fait plaisir d'entendre ça, du fait de porter attention aussi à la posture globale. parce qu'on est convaincu en ostéopathie que la posture, elle va influencer le système en entier. Je reviens sur ton... ton champ de compétences à toi, donc tu évalues la ventilation et tu évalues aussi le langage. Ça me permet de faire un lien avec la façon dont on vous nomme ailleurs qu'en France. Est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur le côté ailleurs dans le monde ? Comment est-ce qu'on appelle les orthophonistes ?

  • Clémentine Courrège

    D'un point de vue francophone, nous en France, on est les orthophonistes. En Belgique, il y a les logopèdes. En Suisse, les logopédistes. Et le terme anglophone qui est retenu et qu'on retrouve dans la littérature, c'est speech and language therapist ou juste speech therapist.

  • Antoine Lacouturière

    Et tu vois, en t'écoutant parler du diaphragme, je trouve que c'est vraiment réducteur ce terme-là.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, ce sont des compétences qui ne transparaissent pas. Dans ces mots, puisque c'est réducteur, on est là que sur langage et paroles, alors qu'au final, quand on regarde notre nomenclature, elle est bien plus large que juste langage et paroles.

  • Antoine Lacouturière

    Ça fait partie, en préparant l'interview, des choses où je me suis dit, tiens, c'est étonnant, le nom induit une limitation importante, l'évaluation de la respiration. Tu parles de ventilation, donc le mouvement respiratoire avec le diaphragme dont on était en train de parler, c'est ça le lien. On n'est vraiment pas que dans la parole et le discours, le langage. Est-ce que tu peux nous donner une idée, en pourcentage approximatif, des motifs de consultation aujourd'hui ? Les petits bouts qui viennent te voir à l'hôpital, je les exclue. On ne parle pas des bébés bébés qui occupent une partie. Je parle en libéral. Allez voir un, une orthophoniste. Majorité du temps ?

  • Clémentine Courrège

    Alors la grande majorité, la grande partie du temps, on a soit une plainte en langage oral, soit une plainte en langage écrit. C'est vraiment les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Donc langage écrit, ça va être tout ce qui va être lecture, écriture, orthographe, suspicion de dyslexie, dysorthographie, etc. Pour le côté langage oral, ça va être mon enfant, il a du mal à comprendre les phrases, ou alors... quand il s'exprime, il ne met pas les mots dans le bon ordre. Ou je ne comprends rien, en fait. Il me dit un mot, mais ça ne se dit pas du tout comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'exemple que tu nous donnais tout à l'heure avec le fait d'avoir du mal à comprendre ce petit bout, cette petite loup de 4 ans, 4 ans et demi, 5 ans, avec la difficulté de compréhension.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on est sur les motifs principaux.

  • Clémentine Courrège

    C'est les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Après, il y a aussi une grosse partie en handicap, que ce soit par exemple dans le cadre... d'une trisomie ou d'un syndrome quelconque. Ça, c'est une grosse partie. On va avoir tout ce qui va être troubles du neurodéveloppement, donc autisme, troubles du langage oral. Et puis... D'un point de vue plutôt sur la sphère ORL, il va y avoir tout ce qui va être les cancers au niveau de la bouche. Tout ce qui va être neuro.

  • Antoine Lacouturière

    Là, après, on rentre sur des choses qui sont moins fréquentes. En t'observant parler, on sent que tu cherches un peu plus. Ça arrive, des chirurgies particulières, mais c'est à la mort. Finalement, le terme anglo-saxon qui parle de discours, de langage, il correspond à la majorité des consultations.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et il y a d'ailleurs des orthophonistes qui ne font que langage oral, langage écrit. Et d'ailleurs, quand on regarde du côté des logopèdes... pour qui la formation est parfois plus courte, elles peuvent décider de faire la formation en trois ans, la majeure partie du temps, elles ne font que langage oral, langage écrit.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un choix volontaire à ce moment-là, tu veux dire ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, parce que ça correspond à la grande majorité.

  • Clémentine Courrège

    Oui, et puis parce qu'à mon avis, je ne sais pas, mais elles n'ont peut-être pas pu pousser plus loin durant les études. Mais c'est vrai que très souvent, c'est très structuré de cette manière-là.

  • Antoine Lacouturière

    Ça m'intéresse de faire un lien sur un vécu quotidien pour les patients. Souvent, le podcast, ça fait partie de ma vie depuis peu de temps, mais j'en parle avec les patients. Et il y en a plusieurs, en préparant un petit peu l'interview aussi, où je posais des questions. Donc le côté pas savoir ce que c'est l'orthophonie, ça je te l'ai dit, mais sur le côté curatif et préventif. Le parallèle que je te propose de faire, en ostéo, 9 patients sur 10 viennent nous voir. j'y vais que quand je suis coincé. Je ne peux plus bouger, j'ai trop mal, j'exagère un petit peu, et les patients qui m'écoutent et qui viennent en préventif, je les salue, mais est-ce que tu vois où je veux aller ? La sensation que ça me donne, et ça nous permettra aussi d'ouvrir sur d'autres types de thérapies et d'autres façons de concevoir la santé, le soin, le bien-être, mais ça me donne ce sentiment que finalement, tant qu'il n'y a pas de problème, on laisse faire. J'ai l'impression que c'est aussi un petit peu comme ça pour vous les orthophonistes.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Il y a encore d'ailleurs beaucoup de professionnels médicaux qui disent ils ne parlent pas, vous n'allez pas déjà aller chez l'orthophoniste, ça ne sert à rien Ça c'est encore un discours qu'on entend dans la bouche de beaucoup de médecins. Alors qu'on sait qu'en plus, plus on prend les choses de bonheur, au mieux l'accompagnement se fait, et au plus on arrive à mettre en place d'adaptations qui soient... bénéfique pour le patient. Donc, tout à fait, nous, on est souvent appelés dans un but curatif, alors que la prévention fait totalement partie de nos missions. Donc, c'est vrai qu'on en fait parfois, dans quelques cas, et je pense principalement au suivi, moi, que je fais en termes d'oralité alimentaire, où là, on fait de la prévention. vraiment sur ce que les parents peuvent mettre en place pour éviter de créer, par exemple, des distimulations. orale, c'est-à-dire de créer un sentiment un peu négatif autour de la bouche. Par exemple, c'est typiquement ce qu'on va... Quand je vais demander aux parents, quand ils ont introduit la cuillère, de retirer la cuillère toute droite de la bouche du bébé. D'aller éviter de racler la cuillère, comme on a tous tendance à le faire, sur la gencive du bébé.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, ça c'est intéressant. 10 stimulations, 10 troubles de la stimulation problématique gêne. Et l'exemple que tu donnes, il est fréquent, de dire on vient racler, c'est plus facile, on en met moins partout. Ça, ça informe le système comme un inconfort, une gêne ?

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est pas agréable.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, tu fais de la prévention ? Exactement. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, dans ta partie...

  • Clémentine Courrège

    On prend pas de la prévention.

  • Antoine Lacouturière

    Génial.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, super.

  • Clémentine Courrège

    Donc c'est des... surtout par le biais de petits conseils comme ça. Après, il y a des orthophonistes, il y a des associations qui se font sur des groupes de langage, ou ce genre de choses. C'est vrai que d'un point de vue prévention, avec mon conjoint, on a créé un petit site internet qui s'appelle Mon Visual Ortho, et qui présente des affiches sur des thématiques orthophoniques, affiches qui vont être... à but de décorer les cabinets, mais aussi justement de donner de l'information et de faire de la prévention sur des choses qu'on peut rencontrer fréquemment dans le cabinet. Donc ça, c'est aussi un petit pas justement sur cet aspect prévention dans le métier.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends plusieurs choses là-dedans. La première, c'est que vous êtes souvent des passionnés dans les associations, qui à ce côté-là, on le ressent dans les discussions, dans les réunions. Et puis aussi engagés, et je vous invite, les auditeurs, les auditrices, à aller faire un tour sur mon Visbelle Ortho. À la fois parce qu'on a grand besoin d'esthétique dans nos salles d'attente, que régulièrement, je ne sais pas si vous prenez quelques instants, Pour revisiter les salles d'attente des soignants que vous consultez, allez-y. Et régulièrement quand même, les salles d'attente sont, je vais dire, perfectibles en termes d'ambiance. Et il y a un certain nombre d'affiches, et ces affiches-là, elles sont à la fois esthétiques, et elles ont aussi vraiment une visée de sensibilisation et d'éducation sur différentes thématiques. Merci pour l'initiative. Ça fait partie des choses qui font partie finalement dans la fiche métier des orthophonistes, du préventif. Et si vous n'avez pas beaucoup le temps de le faire au cabinet, ça permet de le faire en dehors. Ça fait un nouveau lien avec moi vraiment pour les choses qui m'animent en ce moment. Dans les statistiques des dépenses concernant la santé, 1% du budget est alloué à la prévention. entre 0 et 1 ou entre 1 et 2% en fonction des sources, mais moins de 5% des dépenses globales sont liées à de la prévention, je trouve que c'est quand même peu, on est beaucoup dans du curatif, et je me demandais, j'étais content de pouvoir échanger avec toi sur comment est-ce qu'on peut agir en amont, prévenir en fait, comment est-ce qu'on peut prévenir, et ça me donne la sensation qu'informer... dès la maternité, ça fait partie des choses qui arrivent, qui sont plutôt nouvelles et qui vont dans ce sens-là. Est-ce que tu vois d'autres idées, d'autres conseils, d'autres choses qui peuvent aller dans ce sens-là ?

  • Clémentine Courrège

    Sur la prévention des conseils aux parents ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est peut-être le moment de faire un chapitre. On ouvre le chapitre des conseils.

  • Clémentine Courrège

    Très bien, allons-y. Dans les conseils préventifs ou curatifs que je peux donner, c'est de porter attention à l'installation lors de l'alimentation. Que ce soit l'installation du bébé ou l'installation de l'enfant qui est déjà passé à une alimentation solide. C'est vrai que quand on regarde les affiches en lien avec l'allaitement, tous les bébés sont positionnés comme étant un peu dans cette position classique de la madone, soumis à la gravité. Donc ça va être des bébés qui vont essayer de lutter contre la gravité pour aller chercher du lait. Et puis souvent on voit les pieds qui sont totalement dans vide, les pieds qui pendouillent. Ça fait que... Si nous en tant qu'adultes on se met à regarder une terrasse de bar avec des tabourets, on va vite se rendre compte que tous les adultes pour manger ils stabilisent leurs pieds.

  • Antoine Lacouturière

    L'image est parlante, c'est vrai qu'on imagine assez facilement sur un tabouret sans pouvoir poser les pieds, c'est vite inconfortable.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est inconfortable. Et ce non-maintien des pieds, il va être inconfortable aussi pour le nouveau-né, et encore plus pour le petit enfant, au moment de la découverte alimentaire, de l'exploration alimentaire, puisqu'il va avoir 15 000 autres choses à gérer que de devoir en plus gérer son équilibre lorsqu'il mange. Donc... vraiment un des premiers conseils de base qu'on va donner c'est stabiliser les pieds.

  • Antoine Lacouturière

    Permettre une structure qui permet d'avoir les pieds posés. Un tout petit bout à l'été, on vient mettre un support, une main, un petit bout un peu plus grand sur une chaise, on trouve une solution pour qu'il y ait un plateau, qu'il y ait quelque chose qui lui permette d'avoir une assise.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement. Et ça va lui permettre de gérer beaucoup plus facilement la mobilité de ses bras et du coup le fait d'apporter correctement la nourriture à la bouche. C'est l'aider un peu plus dans son apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Premier conseil applicable facilement et qui va faire sens pour un certain nombre d'entre nous, j'en suis sûr

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait et si on revient autour des j'ai pas fini tout à l'heure ce que je voulais dire mais au niveau des nouveaux-nés sur la quand je disais que les bébés sur les affiches sont souvent soumis à la gravité alors que durant 9 mois ils ont flotté et qu'ils n'ont jamais ressenti cette pesanteur et bien pour les aider un peu mettons-les sur la maman vraiment en position ventrale sur la maman pour qu'ils aient quelque chose en moins à devoir gérer.

  • Antoine Lacouturière

    Position d'un autre outil sur la façon d'installer au sein.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, et ça, ça rejoint les travaux de Suzanne Colson qui a mené une thèse là-dessus qui est extrêmement intéressante sur l'importance de positionner les bébés sur le ventre. pour pouvoir téter parce que ça va permettre de mettre en place tous les réflexes archaïques du bébé, dont le réflexe final, c'est la succion. Mais voilà, pour que la succion puisse se déclencher, il faut que les autres réflexes aient pu s'exprimer avant.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, un bon exemple d'une posture qui influence à la fin le résultat qu'on cherche la succion. C'est pas que dans la bouche, ton travail finalement il commence aussi dans l'installation. Je pense aux sages-femmes avec qui ça va faire du lien, et aussi aux ostéos dont je fais partie qui reçoivent des petits bouts. Ça fait deux conseils de posture. Ok. Est-ce qu'aujourd'hui, avec ton expertise et les spécificités que tu as développées, il y a d'autres conseils qui te viennent ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, je pense que par rapport au moment de la diversification alimentaire, souvent ce qui se passe, c'est que les parents nous disent j'ai introduit ça, mais alors il a fait une grimace, ça ne lui plaît pas Eh bien en fait, c'est tout nouveau pour le bébé. Donc souvent ça transparaît comme quelque chose qui n'est pas plaisant, alors que c'est juste le cerveau qui se dit, tiens, on me donne un nouveau truc dans la bouche là, je n'ai jamais vu, je n'ai jamais senti, je n'ai jamais goûté, il va falloir que j'apprenne à l'apprivoiser. Donc en fait c'est plus une forme de dégoût parce que c'est nouveau, que vraiment un dégoût où ça ne plaît pas à l'enfant. Il faut au moins une dizaine de présentations avant de savoir si on aime un aliment. Donc... lorsque l'enfant vous fait cette mimique là de ça me plaît pas, reproposez derrière, offrez la possibilité à l'enfant de pouvoir justement pouvoir l'aimer. Parce que ce qui est sûr, c'est que si vous ne le représentez pas, ça ne pourra pas changer.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, on entend la répétition et puis cette espèce de dégoût qui est plus une surprise, un étonnement que vraiment un dégoût viscéral de j'en veux pas, c'est pas pour moi. ouais tout à fait donc tu invites les parents à proposer plusieurs fois en étant confortable avec la cuillère qu'on place délicatement qu'on retire droit si c'est pas une diversification menée par l'enfant par exemple ou qu'il n'y a pas cette notion de main directe d'être attentif aux outils ça fait plusieurs conseils déjà là autre chose que t'as envie de rajouter ?

  • Clémentine Courrège

    J'ai envie de dire que c'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Ça veut dire que, du coup, c'est l'adulte qui va mettre les conditions pour que l'enfant puisse explorer. Si l'adulte... il propose sa cuillère, mais qu'il ne faut surtout pas que l'enfant en mette partout, il ne faut surtout pas qu'il le touche, il ne faut surtout pas que ça tombe partout. Eh bien, en fait, ça va mettre une limite aux expérimentations possibles de l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Une limite et une contrainte aussi Une limite et une contrainte,

  • Clémentine Courrège

    tout à fait Alors on sait que ça demande Beaucoup d'énergie quand ils sont tout petits Au moment de la diversification alimentaire Et qu'ils en mettent partout et que c'est fatigant Parce qu'il faut nettoyer et tout ça On n'aime pas que c'est sale Tu veux dire nettoyer entre les doigts,

  • Antoine Lacouturière

    sur la chaise, sur la nappe Sur le pantalon de papa, sur le chenillier de maman Par terre, sur les petits frères Sur les copains, partout quoi

  • Clémentine Courrège

    Mais pourtant c'est tellement important Ce que la main ne peut pas toucher La bouche ne pourra pas le manger donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ça, ce que tu viens de dire, ça fait-il pour moi ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas l'explorer ?

  • Clémentine Courrège

    Ouais, surtout quand ils sont petits. Alors après, quand ils sont plus grands, on est sur autre chose, mais ça, voilà, petit, c'est important. Quand, imagine, tu vas dans un pays, je sais pas, tu vas en être un pays où tu n'as jamais été. avec des traditions culinaires qui sont...

  • Antoine Lacouturière

    Et leurs différentes.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. On te sert devant toi une assiette, je ne sais pas, avec des criquets ou un truc, déjà où visuellement c'est moyen. Généralement, tu ne vas pas prendre le truc et le mettre directement dans ta bouche. Tu vas regarder l'assiette, peut-être tourner l'assiette pour voir à quoi ça ressemble de tous les côtés, peut-être prendre ta fourchette et puis...

  • Antoine Lacouturière

    Essayer de le bouger, voir comment ça bouge.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, parce qu'en fait, en faisant ça, ça va te donner des informations sur la texture. Du coup, inconsciemment, ta langue, ton cerveau va dire à ta langue, pour gérer cette texture-là dans ta bouche, la langue, elle va devoir faire tel ou tel mouvement. Tu vois ? Et puis, une fois que tu l'auras touchée, tu vas peut-être leur niffler un petit coup, parce que...

  • Antoine Lacouturière

    Un autre sens.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Et puis... Une fois que tu l'auras senti, peut-être que tu vas juste en prendre un tout petit morceau et le poser sur tes lèvres. Et puis une fois que sur les lèvres tu te dis bon c'est ok, tu vas peut-être le mettre sur ta langue. Puis tu oseras peut-être le croquer. Alors peut-être que tu le cracheras, peut-être que tu l'avaleras. Mais il y a plein d'étapes comme ça. Et quand on est tout petit, vraiment sur les moments de la diversification, laisser toucher l'enfance, ça va être ultra important. Et ça va conditionner en fait.

  • Antoine Lacouturière

    On entend bien ton invitation et le lien avec l'adulte qui crée l'environnement, dans un premier temps, l'environnement de permettre ça, et du lien avec la main et la langue. C'est étonnant de synchronicité cette partie-là de l'interview qui n'était pas préparée sur le lien langue-main.

  • Clémentine Courrège

    C'est vrai ça.

  • Antoine Lacouturière

    Je suis abonné à une revue qui s'appelle Cerveau et Psycho je ne sais pas si tu connais. Non. C'est une revue de vulgarisation scientifique. L'étude en question dont je vais vous parler, je crois que c'est le titre de l'étude, c'est le lien entre la main et la langue, entre le développement de ce qui se passe dans la main et la motricité de la langue. Et je précise pour les plus anatomistes et les plus scientifiques qu'on n'est pas sur l'homunculus de Penfield avec les connexions à proximité bouche main, puisqu'on n'est pas sur les mêmes espaces au niveau de l'air et du cortex somatosensoriel, on est vraiment sur le développement du langage, les aires liées au langage et des connexions qu'on est en train de chercher dans les profondeurs du cerveau, liens. main-bouche. Je trouve ça génial.

  • Clémentine Courrège

    Et pour rebondir sur ce que tu dis, moi, quand j'explique sur les quelques formations que j'ai pu donner, justement, le lien main-bouche, c'est que la bouche, elle possède exactement les mêmes récepteurs sensoriels que la main. Donc, récepteurs tactiles, thermiques, à la dépression, à la forme,

  • Antoine Lacouturière

    à l'étirement, à la vibration.

  • Clémentine Courrège

    Tout cela, plus des récepteurs olfactifs et des récepteurs gustatifs. Ce qui en fait une main encore plus... plus connectés sensoriellement. Donc un lieu ultra sensible.

  • Antoine Lacouturière

    Là pour le coup, je reviens sur le monculus de Penfield, le petit bonhomme avec la représentation des différentes aires et la taille de la bouche et des lèvres. L'image qu'on peut peut-être donner aux auditeurs qui ne voient pas faire des gestes avec nos mains dans tous les sens, c'est un grain de sable. Imaginez un grain de sable dans le dos, un grain de sable sur le ventre, ou alors un grain de sable dans la bouche, juste un grain dans la bouche ou un grain sur une main. Le niveau de discrimination et de précision, ça rejoint un petit peu ce que tu veux dire, j'ai l'impression.

  • Clémentine Courrège

    Oui, totalement. Et c'est pour ça qu'en rééducation, ça rejoint ce que je t'ai expliqué tout à l'heure, en rééducation avec les plus grands, quand on va travailler sur la proprioception. On en a notamment parlé tous les deux et je t'avais fait tester pour exercer la proprioception la ringuale j'avais notamment par exemple travaillé avec des pattes alphabet et l'objectif ça va être de retrouver quelle patte alphabet j'ai

  • Antoine Lacouturière

    déposé sur la langue le tout avec les yeux fermés ça je vous encourage à essayer à la maison pour ceux qui nous écoutent avec un paquet de mini pattes alphabet à disposition de deviner la lettre Challenge, quand même. On peut le rajouter dans la boîte à outils et les conseils.

  • Clémentine Courrège

    Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    ça permet de se rapprocher du côté ludique aussi. Je voulais qu'on aborde ce point-là. C'est peut-être un des derniers points que j'aimerais aborder avec toi avant de te laisser le mot de la fin et de conclure comme tu auras envie. Mais le côté ludique, c'est quelque chose que je trouve assez commun dans vos différentes manières de pratiquer en ortho. Et ça fait du bien de rigoler. Est-ce que tu es plutôt OK avec ça ou pas ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est indispensable. C'est indispensable parce que l'enfant n'apprend que par le jeu. Si c'est trop structuré, il n'apprendra pas. Il faut qu'il apprenne, il faut du coup créer des situations, parce qu'en fait c'est ça qu'on fait, c'est qu'on crée des situations, on met en œuvre des situations suivant les objectifs qu'on aura déterminés, parce qu'on ne joue pas pour jouer. D'ailleurs, chaque jeu, il y a un objectif thérapeutique qui est bien précis. Et du coup, en fait, sur cette base-là, on peut se servir d'absolument tous les jeux, puisque une boîte de jeux, ça reste du matériel qu'on peut détourner, en fait, pour plein de problématiques différentes. Donc oui, le cabinet ici, il n'est que jeux de tout petit. jusqu'à l'adulte.

  • Antoine Lacouturière

    Ah, ça me fait plaisir. Nous aussi, on a l'oie, les grands.

  • Clémentine Courrège

    Oui, bien entendu. C'est beaucoup plus amusant.

  • Antoine Lacouturière

    Et ça rejoint les publications sur les neurosciences et le côté pédagogique que peuvent avoir certaines approches. Quand un être humain joue, il active différentes aires et on augmente les chances de mémorisation et les associations. Donc tu encourages les gens à jouer.

  • Clémentine Courrège

    Bien entendu.

  • Antoine Lacouturière

    Dans le cadre du soin et peut-être pas que dans le cadre du soin, pour l'apprentissage.

  • Clémentine Courrège

    Pour l'apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Ça faisait partie des choses où je me... Ça fait partie des choses où je m'interroge aujourd'hui sur la place du jeu dans l'éducation, ou à la maternelle. Je trouve qu'il y a vraiment ce côté développement sensoriel dont on parle, de l'utilisation des textures, des mains qui touchent différents objets, des dessins, du début des lettres, mais avec le côté comptine, où on imbrique différents sens, où ils peuvent changer de place et de posture, et où en grandissant, dans la structure de l'enseignement, je trouve qu'on sollicite moins les autres sens pour rester positif.

  • Clémentine Courrège

    Et du coup, comme ça perd en termes de ludisme, il y a des enfants que ça va perturber, et qui ne vont pas réussir à rentrer dans les apprentissages. parce que ça ne leur plaît pas, ce n'est pas plaisant. Et comme il n'y a pas cette sphère émotionnelle qui s'active, de ce qu'on fait ça me plaît, il y a moins d'intérêt, et du coup, c'est plus difficile. au niveau des apprentissages ?

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour ça. Ça me permet en tout cas de répondre à un certain nombre de questions que j'avais en venant te rencontrer aujourd'hui. Je repars enrichi de l'orthophoniste au sens ortho, droit, juste, régulier, correct, mais qui fait bien d'autres choses que juste l'affonation. Des tout petits bouts de un jour jusqu'au papi-mami qu'on accompagne dans les différentes... problématique de vie Clémentine avant de dire un petit mot de fin et puis une forme de synthèse je voulais te remercier de m'avoir accueilli aujourd'hui d'avoir partagé cet après-midi d'échange, de discussion Je te remercie pour mon visuel ortho qui égaye ma salle d'attente et de cette démarche que vous faites, qui est peu commune dans le milieu de la santé. Souvent, on est juste des praticiens, mais on n'est pas vraiment des entrepreneurs, on est plutôt des techniciens. Et là, c'est vraiment une démarche de sensibilisation à de la prévention. L'échange aujourd'hui qu'on vient d'avoir tous les deux, il me permet d'avoir une meilleure vision de ton champ de compétences, à la fois la naissance d'un enfant avec l'importance de ce qui va se jouer dans les premiers jours, les premières semaines, les premiers mois de vie, pour le développement du langage bien plus tard, la variation des textures, de l'importance de l'installation au sein ou pour un biberon. de l'importance des stimulations autour de la bouche dans le contexte créé par les parents. Ça nous permet de mieux comprendre tes partenaires de soins, les personnes avec lesquelles tu travailles, aussi avec tes limites qui parfois frôlent l'ostéopathie sur la partie manipulation et observation, et c'est bien comme ça. Et puis tous ces petits conseils qui sont du bon sens, mais qui sont du bon sens avec un regard expert, le placement... s'alimenter, le fait de maintenir les pieds, le fait d'installer contre la gravité un bébé au sein par exemple, le fait de créer un environnement favorable, d'éviter les stimulations autour de la bouche pour essuyer parce que c'est plus facile, de permettre aux petits bouts de faire un petit peu ce qu'ils veulent avec la nourriture, et de raconter des histoires. Ça c'est quelque chose dont on a parlé en REUF, que je me permets de rajouter ici, de l'importance de raconter des histoires aux enfants. Un grand merci pour tout ça.

  • Clémentine Courrège

    Merci. Merci à toi de t'être déplacée et puis pour ton temps, c'était une super chouette discussion

  • Antoine Lacouturière

    Merci d'avoir écouté en entier cet épisode qui j'espère vous apportera quelque chose de positif, une image une histoire, des liens avec votre quotidien, des perspectives une prise de conscience peut-être et toucher du doigt des ingrédients de la santé Si vous souhaitez participer à l'aventure de ce podcast et contribuer à sa croissance, je vous invite à laisser 5 étoiles et un commentaire sur vos plateformes d'écoute habituelles. Merci pour les instants que vous prendrez qui m'aideront à recevoir de nouveaux invités et à produire des contenus de qualité. Prenez soin de vous et à bientôt !

Description

Rencontre aujourd’hui avec Clémentine Courrège, une orthophoniste passionnée et engagée exerçant en libéral et en centre hospitalier (Hôpital de la Mère et de l’Enfant au CHU de Limoges). Elle intervient dès les premiers instants de la vie pour soutenir les nouveau-nés (et leurs parents) dans le développement de la succion et pour accompagner la mise au sein. Parallèlement, elle se consacre à des activités de rééducation touchant le langage oral, le langage écrit, l'oralité, la respiration buccale, ainsi que le suivi post-chirurgical, post-AVC et d'autres pathologies.


Nous aborderons avec Clémentine les thèmes suivants : 

- Qu'est-ce que réellement l'orthophonie ?
Explorons les champs de compétences, les limites, et découvrons les partenaires principaux.

- Pourquoi et comment prend-on en soins les nourrissons ?
Explorons les méthodes utilisées par les orthophonistes pour accompagner les nouveau-nés.

- Avec quels outils le travail orthophoniste se réalise-t-il ?
Découvrons les outils et les techniques utilisés.

 - Pourquoi respirer par le nez est-il si important ? (Respiration buccale et ses conséquences)
Découvrons l'importance cruciale de la respiration nasale et les conséquences de la respiration buccale. 

- Comment agir en préventif, quels conseils pouvons-nous appliquer facilement ?


Dans cet épisode, nous allons découvrir les différentes facettes du métier d'orthophoniste et nous nous pencherons particulièrement sur une spécialité de notre invitée du jour : la prise en soins des bébés dès les premiers jours de vie. 

En fil rouge de notre podcast, nous mettrons en avant la puissance du travail pluridisciplinaire et l'exploration des domaines de compétences partagés, visant une meilleure compréhension des rôles de chacun. Découvrons comment ces échanges peuvent conduire à une amélioration de la prise en soins et à l'évolution des pratiques.

L’engagement de Clémentine et son compagnon dans la réalisation d’affiches est un élément inspirant de sensibilisation (tout en déco!) et une action concrète de prévention. Retrouvez leurs magnifiques supports surwww.monvisuelortho.fr et bénéficiez d'une ré duction spéciale à découvrir dans cet épisode !

Je remercie enfin Nico de QolniQo pour la création de la musique du podcast et pour son aide précieuse au montage.


👉 Des questions ?  Des retours ? 

Si vous souhaitez poursuivre la discussion après l’écoute de ce podcast, retrouvons-nous sur @ToucherDuDoigtLaSante sur Instagram !  

Dans l'immédiat, je vous souhaite une belle écoute. 


Prenez soin de vous et à bientôt,

Antoine


TIMELINE de l’épisode

0’ : introduction, présentation, définitions, partenaires d’un travail pluridisciplinaire 

14 : une journée au cabinet, motifs principaux de consultations 

17’ : prise en soins des nourrissons, rééducations

21’ : formes - fonctions / positionnement lingual / proprioception et liens avec le reste du corps

25’ : implication des patients, partenariat parental 

31 : adaptations pédagogiques, lien avec l’éducation nationale 

35 : outils et limites

42 : sensorialité (les 5 sens), mobilité, diaphragme 

48 : langage écrit, langage oral 

51 : place de la prévention

55 : conseils (positions d’allaitement, d’alimentation, …)

1h : liens main/bouche 

1h06 : apprentissage ludique, conclusion. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Clémentine Courrège

    Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de succion. Les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage, comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. Mais pourtant c'est tellement important ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas le manger. Donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, ancien sportif de haut niveau, j'exerce aujourd'hui l'ostéopathie et la sophrologie depuis 10 ans maintenant. A travers la rencontre d'invités passionnés par leur métier, je vous propose d'explorer ensemble le fonctionnement du corps humain et des nombreuses manières d'en prendre soin. Aujourd'hui, nous rencontrons Clémentine Courrèges, orthophoniste qui exerce ce métier à la fois. au sein de l'hôpital mère-enfant et dans son cabinet en libéral. Nous verrons que l'orthophonie peut commencer dès les premiers jours de vie, et oui ! Après un moment de présentation, puis de définition, nous discuterons des liens existants entre la bouche et le reste du corps, de l'importance du placement de la langue et de la respiration dans la croissance du visage, des outils utilisés, notamment des cinq sens, et de notre intérêt commun pour la prévention, qui est trop souvent mise de côté. Enfin, nous profiterons des conseils de Clémentine, conseils applicables dans nos quotidiens, avec les enfants particulièrement, mais pas uniquement. Je profite de l'introduction de ce troisième épisode pour vous présenter une démarche qui m'a beaucoup plu, bien avant le lancement du podcast il y a quelques mois. C'est une démarche de prévention, d'éducation et d'embellissement d'espace. Engagé dans le fait de participer à faire évoluer les consciences autour de la santé, Clémentine et son compagnon ont créé des affiches magnifiques et pleines de sens. Je vous invite à aller faire un tour sur leur site internet Monvisuelortho et à les retrouver sur les réseaux. Vous bénéficierez d'une réduction exclusive de 20% sur l'ensemble du site jusqu'au 1er juin 2024 en tant qu'auditeur auditrice avec le code PODCAST en majuscule. Quant à nous, je vous donne rendez-vous sur Instagram, touchez du doigt la santé, pour partager les coulisses de l'épisode et poursuivre les échanges. Belle écoute ! Bonjour Clémentine.

  • Clémentine Courrège

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Merci de m'accueillir aujourd'hui dans ton cabinet.

  • Clémentine Courrège

    Avec plaisir.

  • Antoine Lacouturière

    Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, est-ce que tu veux bien faire une présentation de toi en quelques mots ?

  • Clémentine Courrège

    Donc je m'appelle Clémentine Courrège, je suis orthophoniste avec un exercice mixte, c'est-à-dire une partie en libéral et une partie en salariat, le tout sur la Haute-Vienne.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, tu peux nous en dire un petit peu plus ? Mixte, pour ceux qui ne connaissent pas vraiment ?

  • Clémentine Courrège

    Mixte, c'est plusieurs types d'exercices. Là, il y a une partie qui est sur l'hôpital de la mère et de l'enfant à Limoges, sur les services de pédiatrie. Donc principalement la néonatologie, la réanimation néonatale, la pédiatrie générale et également quelques interventions dans le service de maternité. Ça c'est pour la partie hospitalière. Et puis il y a aussi une partie libérale, du coup en cabinet sur l'autre moitié de la semaine, où là j'accueille tout type de patients. un jour de vie jusqu'à 98, 99, voire 100 ans.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc deux types de patientèles différents, petit bout, tout petit bout, des mamans quelquefois à la maternité et des plages de consultation ouvertes à monsieur, madame, tout le monde. On peut commencer par définir quel est ton métier, qu'est-ce que ça veut dire orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, en effet, je rejoins totalement sur le fait que la plupart des personnes ont un regard assez stéréotypé sur le métier d'orthophoniste, alors qu'on fait beaucoup plus de choses que ce que les gens ne pensent. L'orthophonie, c'est un professionnel de la rééducation qui va donc s'occuper de tout ce qui va être rééducation cognitive. de la langue langagière, de la parole, mais aussi en fait principalement des fonctions de la face. Donc j'entends par fonction de la face tout ce qui va être ventilation, respiration, phonation, articulation, mais qui va s'occuper de la mobilité et de l'efficacité de ces fonctions.

  • Antoine Lacouturière

    Donc on est bien plus que juste phonation. Dans orthophonie, on entend ça. Là, tu nous parles de ventilation, tu nous parles de fonctions qui sont bien au-delà d'uniquement le langage. Si on fait un petit parallèle avec ton activité... Sur l'HME, l'hôpital de la mère et de l'enfant, le langage n'est pas encore là. Est-ce que tu veux bien nous parler de ces différentes approches que tu as entre le libéral au cabinet et ton activité hospitalière ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, alors sur l'activité à l'hôpital de la mère et l'enfant, le langage n'est pas encore présent. Néanmoins, du coup, dans ce lieu d'exercice, ma fonction, ça va être de m'occuper des troubles de l'oralité et principalement du coup des difficultés de suction chez le nourrisson. Et en fait, c'est là que le lien avec le langage se fait parce qu'on sait que l'oralité alimentaire... et l'oralité verbale, elles s'enrichissent ensemble et ça forme un réel continuum. C'est-à-dire que pour avoir un langage qui se diversifie et qui se complexifie, il faut avoir une alimentation qui, elle aussi, se met en place et qui se complexifie suivant les textures que l'on propose.

  • Antoine Lacouturière

    Donc tu fais un lien, là, qui est... presque préventif. On est très en amont de la mise en place du langage avec des mots, de la prononciation, de l'articulation. Aujourd'hui, c'est établi dans ta pratique, dans vos pratiques, de dire, voilà, la mise en place des textures différentes, ça va impacter les capacités du langage.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    C'est évident pour toi. Pour moi, en tant qu'ostéo, qui me suis formé, ça le devient, mais ça ne l'était pas, et pour un grand nombre, ce n'est pas si clair que ça. Ok, je t'ai interrompu, pardon. Donc les petits bouts, ils mettent en place ça à l'hôpital avec toi, il y a ces premiers troubles que tu diagnostiques, comment est-ce que tu interviens ?

  • Clémentine Courrège

    Alors l'idée de l'intervention à l'hôpital, c'est d'avoir un accompagnement global, non seulement en prenant en compte l'enfant, mais en prenant surtout en compte les parents lorsqu'ils sont plusieurs, ou au moins le parent qui est présent. et là du coup on va chercher à améliorer ou à remettre en place l'alimentation puisque notamment en service de néonatologie on a des enfants qui ne sont pas nourris par la bouche parce que trop prématurés ou parce que difficultés en lien avec la bouche Et l'objectif, ça va être d'apporter du plaisir autour de la bouche pour faire que l'alimentation soit nouveau possible. Et surtout dans le cadre de ce service de néonatologie, pour que les enfants puissent sortir du service, il faut qu'ils aient atteint... un tel poids. Donc ça revêt une dimension particulière chez les parents pour qui il y a une sorte d'obsession du poids.

  • Antoine Lacouturière

    D'avoir le poids à seuil pour pouvoir avancer, sortir d'eux.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Tu le captes toi en objectif, c'est même plus qu'un objectif, ça devient une... C'est presque une obsession.

  • Clémentine Courrège

    C'est une obsession, oui, tout à fait. Et du coup, par rapport à cette obsession-là, alors nous, en tant qu'orthophonistes, on travaille vraiment sur la fonction de la bouche et faire que le bébé puisse réussir à téter, mais il va y avoir un accompagnement aussi psychologique qui peut être proposé, parce que justement, le soin prend trop de place par rapport à la parentalité. Il y a divers professionnels qui vont graviter autour et qui vont permettre d'avoir une approche globale autour du patient, que ce soit la psychologue ou la prise en soins kinésithérapeutique. Il y a encore d'autres choses qui peuvent être proposées suivant les demandes des parents des patients.

  • Antoine Lacouturière

    des parents des patients je reviens sur un des fils rouges du podcast le travail pluridisciplinaire depuis le départ sur les épisodes j'ai à coeur de mettre le travail d'équipe au centre là c'est un petit peu ce qu'on commençait à aborder on entend la notion psy prise en charge Pour les parents, dans des moments où les seuils, le poids deviennent une obsession, dans l'accompagnement aussi, parce qu'en néonat, j'imagine que c'est aussi des moments qui sont avec une certaine difficulté de gestion des émotions et d'imprévus, ou de prévus mais de délicats. Est-ce que tu peux nous aider à bien définir les limites de la prise en soin ? On a entendu les liens que tu arrivais à faire avec ta conscience de professionnel sur l'importance du mélange des textures, pour la suite plus tard, on parlera un petit peu de la partie cabinet après parce que c'est différent, mais tant qu'on est dans la partie hospitalière, cette prise en charge d'équipe... Pédiatre, kiné, orthophoniste, l'objectif c'est prendre du poids. Peut-être que tu peux nous raconter une anecdote d'ailleurs il me semble sur le pourquoi est-ce que tu arrives ici ? Est-ce que tu veux bien nous partager ça ?

  • Clémentine Courrège

    Pourquoi j'arrive ici ?

  • Antoine Lacouturière

    Comment est-ce que tu as fait pour arriver dans le service ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, à la base, moi j'ai été embauchée sur un autre service, qui est un service en soins intensifs, en neurologie. Donc, le premier service dans lequel les patients arrivent quand... Ils ont fait un AVC et au cours de cette année d'exercice, j'ai été amenée à descendre plusieurs fois sur l'hôpital de la mère et de l'enfant pour intervenir dans le cadre notamment d'une petite patiente qui avait perdu beaucoup de poids et qui était hospitalisée. Il y avait notamment une menace de pose de son de nasogastrique puisque la petite ne prenait pas de poids. Et en fait, l'intervention orthophonique qui a été menée a permis à la petite de reprendre du poids. Et c'est notamment après cette intervention-là qu'un poste a été ouvert, un poste d'orthophoniste a été ouvert au sein de l'hôpital, et pour lequel j'ai postulé et j'ai été prise. Et du coup, j'ai pu changer de service. Et maintenant je suis toute seule comme orthophoniste dans l'hôpital mère-enfant, ce qui est bien trop peu pour pouvoir subvenir aux besoins de tous les patients. Donc on espère qu'il y ait des postes qui s'ouvrent à... dans le futur ?

  • Antoine Lacouturière

    Il y a d'autres collègues à toi qu'on salue au passage qui sont très intéressés par le sujet et très performants aussi, puis ça permet de faire évoluer les choses dans la prise en soin pluridisciplinaire chacun avec ses compétences. En tout cas, cette anecdote, je trouve qu'elle permet d'illustrer le fait qu'il y a un intérêt sur... la fonction, c'est-à-dire le fait de réussir à faire prendre du poids, toi tu as un rôle, et dans ce rôle-là, c'était intéressant pour moi aujourd'hui d'en parler, parce que de commencer aussitôt, naïvement, je ne pensais pas que c'était de l'orthophonie. Pour moi, il y avait cette image, comme beaucoup d'auditeurs, auditrices, on est sur un secteur de développement ou de problème du langage. Donc ça c'est la partie hospitalière. Est-ce que tu veux rajouter des choses qui te tiennent à cœur par rapport à cette pratique-là, dans le milieu de l'hôpital, ce rôle au sein d'une équipe ?

  • Clémentine Courrège

    Il y a vraiment ce qui différencie notamment le travail hospitalier avec le travail en exercice libéral, c'est qu'à l'hôpital on a vraiment un exercice coordonné avec les différents professionnels. On cherche à faire du lien. Et c'est ce qui, je pense, permet de faire avancer si vite certains patients. Parce que justement... On a tous le même objectif, avec différents moyens d'y arriver. Et par la co-construction du projet, ça nous permet d'aboutir à des objectifs qui vont être atteignables dans des délais relativement abordables. Ou tout du moins, ça va nous permettre de prendre la situation dans la globalité, sans oublier une partie. Et ça, c'est quelque chose qui est extrêmement riche, et c'est notamment pour cela que moi je ne me verrais pas avoir un exercice 100% libéral.

  • Antoine Lacouturière

    Ça te va bien à toi, ça ? Ce travail hybride un petit peu ? D'accord.

  • Clémentine Courrège

    C'est dispensable.

  • Antoine Lacouturière

    Faire la transition avec ton activité libérale, est-ce que tu peux nous faire une semaine type ? Qu'on puisse se rendre compte, un petit peu s'imaginer dans ton quotidien d'orthophoniste qui rentre, qui ouvre son cabinet après avoir fait les staffs médicaux, après avoir vu les prises de sang, après avoir suivi les poids, après avoir été dans ce milieu-là très particulier de l'hôpital, t'arrives. Le cabinet, chez toi, semaine type, journée type, comment ça se passe pour toi Clémentine ?

  • Clémentine Courrège

    C'est totalement différent parce que pour le coup la journée en libéral, elle est très rythmée par les horaires, puisqu'on est sur des séances qui durent entre 30 et 45 minutes. C'est quelque chose de très structuré et en fait d'une demi-heure à la suivante, on peut passer d'un enfant qui va courir absolument partout, qu'on va avoir difficile à cadrer au bureau, à... une petite dame de 80 ans avec une pathologie neurodégénérative, pour ensuite enchaîner chez un petit garçon de 5 ans avec un trouble du langage oral sévère qui va avoir du mal à organiser les mots au sein de sa phrase, pour passer après par exemple à un adolescent de 12-13 ans qui vient typiquement pour une rééducation orofaciale miofonctionnelle. dans le cadre d'un appareillage dentaire où la demande va être la langue ne se positionne pas correctement Et puis après, il y aura quand même des suivis en alimentation, que ce soit des bébés dans le cadre de difficultés de suction ou alors vraiment dans le cadre de troubles de l'oralité sur de l'alimentation solide. On va avoir aussi quelques prises en soins vraiment neurologiques avec des suivis post-AVC ou post-traumatisme crânien. et puis voilà les journées sont extrêmement diversifiées, très riches alors l'orthophonie, le champ de compétences est extrêmement varié c'est parfois pas possible de recevoir absolument tous les patients pas parce qu'on ne le souhaite pas mais parce qu'on est juste suffisamment pas assez formé et qu'à côté il y a un collègue qui est mieux formé

  • Antoine Lacouturière

    Alors plusieurs choses Clémentine, la première c'est waouh, après ta semaine type, ta journée type, on se rend compte de la quantité de motifs différents de consultations, de tranches d'âge différentes, et aussi donc waouh, et merci pour le côté humilité de tu ne maîtrises pas tout et il y a des... Il y a des collègues à toi qui ont des spécificités, je crois que ça, ça fait partie du bon sens de tous les soignants, de dire qu'on a des champs de compétences, des champs d'action, et qu'on n'est pas au top du top sur tous les sujets. Est-ce qu'on peut le dire comme ça, qu'une des spécificités que tu as, toi, poussée, c'est la partie nouveau-né ? par rapport à d'autres qui sont sur d'autres secteurs ? Est-ce qu'on peut le résumer comme ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. C'est une des particularités que j'ai par rapport à d'autres orthophonistes. La prise en soin des nourrissons, elle est relativement récente pour les orthophonistes. En fait, ça pourrait se faire depuis des années, mais ça ne se fait que depuis très peu de temps et on est encore très peu formés. à prendre en charge les bébés. Bien qu'on soit formé à prendre en charge les fonctions de la bouche, les fonctions de la langue, le nouveau-né est relativement peu abordé lors des études. Ce qui fait, je pense, qu'en sortant directement des études, on ne se retrouve pas avec un bagage suffisant pour pouvoir se dire, tiens, je vais recevoir des bébés et... et je me sens capable de le faire.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un des points communs avec l'ostéopathie, quand je t'entends parler de ça, il y a la partie théorique pendant les études, et concrètement parlant, le fait de matériellement recevoir des bébés, des nourrissons, des parents sur des tranches d'études, c'est délicat, et on a besoin de ces formations complémentaires après. En tout cas, ça vient éclaircir pour moi le fait que vous êtes aussi efficace, Très tôt, là où il y a quelques années, on est plusieurs à même pas penser à vous dans ces moments-là. Je reviens sur ta partie libérale. Si je synthétise un peu, tu vois, j'ai envie d'avoir une définition de l'orthophonie globale, en dehors de la spécificité hospitalière. Comment est-ce que tu pourrais parler de cette zone de la bouche, mais pas que ? Est-ce que tu pourrais... Faire une définition de ta pratique en quelques phrases, l'orthophonie, l'orthophoniste, qu'est-ce que tu fais concrètement ?

  • Clémentine Courrège

    Mon activité va plutôt être centrée sur la rééducation des fonctions de la face et des fonctions cognitives. Donc fonctions cognitives, ça rejoint plutôt les pathologies neurologiques et neurodégénératives. Et par contre, lorsqu'on parle des fonctions de la face et notamment des fonctions... orofacial mieux fonctionnel. Là, on va plutôt être dans la restauration d'une ventilation nasale chez les respirateurs oraux. Tout ce qui va être aussi le travail de positionnement lingual, donc acquérir une bonne position de langue au repos. Ça, c'est en lien avec la ventilation. Ça va être aussi ce qui va être mastication, articulation, bonation. Parce que tout ce... tous ces différents pôles en fait interagissent entre eux. Et à partir du moment où il y en a un qui est déséquilibré, ça va venir impacter non seulement les autres fonctions, mais aussi la forme des organes. C'est-à-dire que... Et là, je fais plus long que ce que tu m'as dit.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est important, précise-nous la forme des organes. C'est-à-dire que la fonction, tu fais un lien entre la fonction et la forme. On t'écoute attentivement.

  • Clémentine Courrège

    On dit beaucoup que l'organe crée la fonction, mais en soi... La fonction va créer la forme, parce que normalement, la position physiologique de la langue est au palais. C'est cette bonne position de la langue au palais qui permet au palais d'avoir la forme qu'il a, c'est-à-dire un palais relativement plat et assez élargi. Lorsque la langue, pour une raison quelconque, n'est pas correctement au palais et qu'elle est plutôt en bas, ou du moins qu'elle n'est mal placée dans la bouche, eh bien le palais, il ne va pas avoir la forme qu'il devrait avoir. On va avoir un palais qui va être plus étroit et creux. Et du coup, ça va impacter la forme du palais, mais pas que la forme du palais. Ça va aussi impacter tout le faciès, puisque... Puisqu'en fait, ça ne va pas avoir permis de faire croître le nez. Donc on va se retrouver avec des petits visages et toutes petites narines. Et du coup, on va être sur un cercle vicieux où la personne, elle va ventiler par la bouche parce qu'en fait, elle n'aura pas fait grandir son palais, qui n'aura pas fait grandir son nez. Et du coup c'est pour ça qu'en fait on est sur une sorte de cercle où chaque pôle interagit avec les autres. Et on ne peut pas s'occuper d'un pôle sans s'occuper des autres.

  • Antoine Lacouturière

    Ah bon, comment ça ? C'est une petite blague, du coup tu vas faire du lien entre tout ça. Là on rentre dans le cœur de l'intérêt pour moi aujourd'hui de l'épisode, c'est-à-dire qu'on a ces différents éléments qui sont imbriqués entre eux, et on va pouvoir décortiquer un petit peu plus si tu veux bien, parce qu'il y a cette notion de la fonction qui amène la structure. En ostéopathie, c'est cher pour nous, c'est un des principes de l'ostéo, la structure gouverne la fonction, et l'inverse est vrai aussi. En tout cas, il y a un lien entre les deux. Tu donnes l'exemple du placement de la langue qui va aussi venir influencer, je pense aux orthodontistes.

  • Clémentine Courrège

    Voilà.

  • Antoine Lacouturière

    la forme et à la ventilation. Et ça, j'ai l'impression que c'est de plus en plus commun, qu'il y a vraiment un relais au grand public fait sur l'importance de ça. Malgré tout, ça m'intéresse de voir comment toi, tu le décortiques. Donc, tu prends conscience de ça, tes patients arrivent, ils viennent chez toi, diagnostic de respiration buccale, avec ce que tu viens de nous dresser comme tableau. Une fois que tu vois ça, qu'est-ce qui se passe ?

  • Clémentine Courrège

    Alors déjà, généralement, le patient arrive avec une... Quand ils viennent dans ce cadre de difficulté, ils arrivent en me disant L'orthodontiste m'a dit de venir, je place mal ma langue.

  • Antoine Lacouturière

    Un des prescripteurs, c'est orthodontiste.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et la plupart du temps, dans le cadre d'un problème au niveau du placement de la langue, ça va être l'orthodontiste qui va avoir cette plainte-là. Et donc, quand on les reçoit, tu... Non. On fait un bilan où on va aller répertorier chaque fonction. Et souvent, ils vont nous demander, mais pourquoi tu me fais manger ? Pourquoi je suis en train de manger une madeleine ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les fais manger.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Génial. Je les fais manger. Oui, tout à fait. J'ai besoin de voir comment la langue se positionne quand ils masticent. Et surtout, où ils en sont dans leur étape de mastication. Parce qu'on a parfois des enfants... ou même des adolescents pour lesquels la mastication n'est pas en place. Parce qu'ils vont avoir une alimentation molle. Pas de pain, mais du pain demi, que des choses molles. Pas trop... Ils n'aiment pas quand c'est trop dur. Donc oui, on va les faire manger, on va regarder comment ils ventilent, on va regarder comment ils articulent, on va aussi les regarder à l'intérieur de la bouche, on va regarder les dents, la forme du palais, tout ce qui est à l'intérieur de la bouche. On va aussi regarder le visage. comment il est équilibré, comment est la mandibule. Et puis on va regarder la posture globale aussi, parce que forcément, on va faire du lien entre le positionnement de langue et la posture globale. À la fin du bilan, je résume rapidement au parent tout ce que j'ai observé, en essayant de commencer à expliquer les liens. Parce qu'au plus tôt on explique les liens et au plus tôt le patient prend conscience de Ah bon, en fait, il n'y a pas que ma langue, il y a aussi d'autres choses à travailler c'est déjà du temps de gagner pour la suite de la rééducation et ça va permettre de nourrir la motivation du patient.

  • Antoine Lacouturière

    Cette prise de conscience-là ? Oui.

  • Clémentine Courrège

    Tout ça fait. Pour moi, elle est indispensable à ma façon de travailler, c'est-à-dire que je passe beaucoup de temps à expliquer ce qui se passe dans la bouche du patient et comment ça devrait se passer pour apporter de l'amélioration.

  • Antoine Lacouturière

    Tu veux dire, si je reformule pour être sûr de bien comprendre, qu'au moins au départ dans la partie bilan, il y a une partie importante du temps que tu investis pour informer de l'état actuel. Bilan, j'observe que par rapport à la fonction physiologique de base, la respiration, tu leur expliques. Et ça, c'est presque le début du traitement finalement, qu'ils comprennent ça.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est le début du traitement parce qu'après j'enchaîne très rapidement sur une grosse phase où on va travailler la proprioception. Je vais demander... aux patients de prendre conscience, d'avoir conscience de comment sont ces structures, comment est sa bouche, comment est sa langue, est-ce que quand il est debout, sa langue est au même endroit que si je le couche ou si je le mets sur un ou l'autre côté, est-ce qu'on peut respirer par le nez, est-ce qu'on peut respirer par la bouche, et comment tu te sens, et comment tu es le plus confortable ?

  • Antoine Lacouturière

    Tu les interroges à ce moment-là. Ok, tu les impliques.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait. L'objectif, c'est qu'ils arrivent à sentir ce qui se passe dans leur corps pour pouvoir après agir dessus. Mais en fait, ils vont déjà commencer à le faire parce que comme il y aura eu ce travail au préalable d'information, ils vont déjà commencer à modifier certains schémas moteurs.

  • Antoine Lacouturière

    Je trouve ça riche d'entendre ça. C'est important et ça fait du bien à entendre le fait de dire qu'une partie du traitement, c'est dans l'implication du patient et pas juste dire faites-moi ces recettes de cuisine et vous allez aller mieux mais c'est dans la proposition de l'impliquer dans le traitement en disant qu'est-ce que votre corps y sent ? Vers où est-ce qu'on peut aller ? Ça fait écho avec d'autres disciplines bien sûr, mais...

  • Clémentine Courrège

    L'implication et la motivation, elles sont... Elles sont indispensables. J'étais d'ailleurs en formation il y a un mois avec Jérémie Périchon sur le partenariat parental. Et lui, il insistait pour nous dire que les rééducations ne devraient pas s'étalonner sur plus de six mois. parce qu'il y a des études scientifiques qui montrent que la motivation elle dure à peu près 6 mois qu'au-delà de 6 mois on a une baisse de motivation et que du coup si on a cette baisse de motivation on a une baisse des résultats d'ailleurs moins efficace donc c'est vrai que dans la tête des gens les orthophonistes font des suivis qui sont hyper longs

  • Antoine Lacouturière

    Déjà le suivi commence, si on commence avec le temps d'attente moyen des orthophonistes, ça commence longtemps avant, non ? Oui,

  • Clémentine Courrège

    oui, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, petite blague mise à part, quand tu rentres de formation, sur ce créneau des 6 mois, ça permet de dire focus sur... on ne laisse pas traîner longtemps, on est attentionné, on implique les patients, et il y a cette notion de fenêtre, de cible.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et du coup, cette fenêtre cible, elle nous pousse, en tant que professionnels, à devoir proposer des objectifs thérapeutiques qui soient le plus écologique et le plus proche possible des demandes du patient. Donc on va vraiment passer beaucoup de temps à définir ensemble les objectifs.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner des exemples pour le quotidien, des objectifs que tu te fixes avec des patients par exemple ? Je pense à plein de cas différents, des petits bouts qui ont des difficultés d'apprentissage, que ce soit de la lecture, que ce soit de la prononciation, des personnes qui viennent post-chirurgie. Est-ce que tu peux nous donner quelques exemples pour illustrer ces propos ?

  • Clémentine Courrège

    Par exemple, je vais prendre un cas qui... Quelque chose de très classique qu'on voit très fréquemment dans le cabinet, ça va être un enfant qui va arriver à 4 ans, 4 ans et demi, voire 5 ans, et le parent va nous dire mais je ne le comprends pas en fait, je viens parce que mon enfant est inintelligible, j'ai du mal à le comprendre Donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire notre bilan. En parallèle, je vais demander aux parents de répondre à des questionnaires d'impact. d'impact fonctionnel des difficultés. Et on va comparer entre la perception du parent et moi, ma perception vraiment normée et scorée. Et par exemple, si l'objectif principal, ça va être d'améliorer l'intelligibilité, donc ça sera un objectif global, en sous-objectif, ça va être par exemple pouvoir produire des phrases, des sujets, verbes, objets correctement. pouvoir produire le son. à chaque fois qu'il apparaît en début de mot. Pouvoir articuler correctement, prononcer correctement des mots de deux syllabes contenant des syllabes simples.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, donc là, c'est des objectifs qui sont, on dit, smart. C'est mesurable, c'est objectivable, tu te laisses une durée de temps et ça permet aux parents d'avoir un objectif concret. Tout à fait. C'est-à-dire que ça ne va pas être un peu mieux, il va être capable de ça. C'est ça. Il y a un lien avec l'éducation nationale ? Vous faites des relais avec les instituteurs ? Parce que là, dans l'exemple que tu donnes, j'imagine que c'est le parent qui vient, en lien avec l'école ou pas du tout ?

  • Clémentine Courrège

    Pas toujours. Parfois oui, mais parfois non. Alors on essaie de faire du lien avec l'éducation nationale, mais on reste des professionnels de la santé. Alors donc ce lien que l'on fait, il est soumis à l'autorisation parentale, afin de pouvoir lever le secret médical.

  • Antoine Lacouturière

    Bien sûr, avec le secret,

  • Clémentine Courrège

    ok. Moi maintenant, ma nouvelle façon d'exercer, c'est que les objectifs qu'on a mis en place avec le patient, c'est le patient qui les garde. C'est-à-dire qu'il a son petit classeur avec ses feuilles d'objectifs et il peut choisir de les partager directement avec l'enseignant. Ce qui fait que la maîtresse ou le maître a accès. enfin c'est ce qu'on fait en orthophonie ok,

  • Antoine Lacouturière

    il y a une matière, il y a un cahier c'est pratique, il peut le consulter il sait où vous en êtes ça permet de ne pas rentrer dans les difficultés de communication des professionnels de santé notamment qui sont assez chargés en emploi du temps et aussi des enseignants et ça permet de faire du lien et ça

  • Clémentine Courrège

    permet pourquoi pas à l'enseignant s'il le souhaite et bien sûr en co-discussion avec les parents et tout le monde qui peut y avoir, mais d'éventuellement mettre en place des adaptations pédagogiques. Il y a aussi cette possibilité-là pour eux. S'il le souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, on a compris le lien potentiel avec l'éducation nationale et puis cet outil que tu proposes maintenant dans ta pratique. Est-ce que tu veux bien nous parler des partenaires directs que tu as ? On a évoqué les orthodontistes. Là, on a succinctement parlé des instituteurs, des parents en tout premier, mais les autres intervenants professionnels pour mieux comprendre comment tu travailles et avec quelle équipe.

  • Clémentine Courrège

    Alors, sur la partie libérale, il va y avoir principalement les médecins généralistes et les pédiatres, aussi les ORL. Les sages-femmes, pour ma part, du coup, comme je travaille avec les bébés, ça, ça va être pour...

  • Antoine Lacouturière

    Ça, c'est lié à ta spécificité, sages-femmes. On est d'accord de dire que c'est plutôt nouveau. Là, le fait que l'hôpital fasse appel à toi, c'est aussi un côté novateur. Il y a quelques années ou quelques dizaines d'années, ça n'existait pas. Donc, on les salue pour ça, même s'il faut plus de monde. Ça permet quand même de dire que c'est un pas en avant. Le monde hospitalier tourné vers la toute petite enfance sage-femme, c'est assez frais.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et pour la partie libérale, il va aussi y avoir les ostéopathes et les kinés, principalement. Et puis après, vraiment sur la partie hospitalière, là je vais intervenir. Sur demande des infirmières, des auxiliaires de puériculture, des pédiatres, des diététiciennes, des kinés et également des sages-femmes à l'hôpital. Donc ça va vraiment être les principaux acteurs avec qui je vais interagir. autour des patients.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Donc, pour les personnes qui ne connaissent pas, prescripteurs principaux, ces cases médecins-traitants, il faut une ordonnance pour faire de l'orthophonie ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, il faut une ordonnance. Alors, pas forcément du médecin-traitant, mais d'un médecin, quel qu'il soit.

  • Antoine Lacouturière

    Un spécialiste, par exemple un ORL, peut aller vers ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Pédiatre, même chose ? Sur le côté frais dont on vient de parler, des prises en soins, des tout petits bouts ? D'accord, je te remercie pour l'illustration des différents partenaires. Franchement, pour être honnête, je n'imaginais pas vraiment l'étendue du champ de compétences. C'est aussi ce qui a motivé mon envie de partager une interview avec toi aujourd'hui. Donc, merci pour l'éclaircissement. Tant qu'on est dans les partenaires, ça me donne aussi envie de parler des limites. Concrètement, dans ma casquette d'ostéopathe, dans mes outils principaux, moi j'utilise mes mains. Je fais... Allez, je ne vais pas dire massage, je salue mes copains kinés, mais du modelage, du soin, on va étirer, on va toucher, masser, manipuler, détendre. On va faire des traitements manuels, pour faire simple. En sophrologie, j'ai une casquette où on va plutôt utiliser de la relaxation, des respirations, des visualisations. Mais concrètement, un, une orthophoniste, qu'est-ce qu'elle utilise ?

  • Clémentine Courrège

    Alors, avec les bébés, l'objectif va quasiment toujours être le même, ça va être d'apporter du plaisir dans la bouche, ou de remettre du plaisir dans la bouche, et puis de travailler sur la mobilité de la langue, des joues, des lèvres, principalement. Donc, pour pouvoir intervenir là-dessus, on va se servir de tout l'essence du bébé. On va se servir énormément de l'olfaction, donc avec des petites odeurs en coffret ou alors avec vraiment des aliments. En se basant, moi je me base surtout sur les aliments qui ont été mangés durant le dernier trimestre de grossesse de la maman, parce que c'est des odeurs qui sont connues du bébé, ou si elle n'a rien mangé en particulier, principalement chocolat, banane, vanille. Il y a des études qui ont été parues à ce sujet. en faisant le lien entre respiration de ces odeurs et déclenchement d'un réflexe de sucion. Donc par le biais de l'odeur, en faisant sentir au bébé une odeur, je vais pouvoir avoir un mouvement de sucion.

  • Antoine Lacouturière

    Sans stimulation mécanique manuelle, on est d'accord.

  • Clémentine Courrège

    Juste les odeurs. Juste l'odorat.

  • Antoine Lacouturière

    Réflexe de sucion. Cloak.

  • Clémentine Courrège

    Oui. Ok. Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    Premier petit tip, c'est quand même quelque chose qui va être nouveau pour un certain nombre de personnes.

  • Clémentine Courrège

    Ok. Exactement. On va servir aussi, enfin, je vais me servir de pas mal de manipulations. Manipulations, surtout dans la bouche. parce que l'objectif, ça va être de demander à la langue de se positionner à tel ou à tel autre endroit. Et en fait, ça va surtout être des manipulations qui vont s'appuyer sur les réflexes, puisque le nouveau-né n'est que réflexe. Et la succion, elle va se modifier en fonction des informations sensorielles que le nouveau-né va recevoir, puisque une information sensorielle va déclencher une réponse motrice. De ce fait, pour... entre guillemets, modeler le schéma moteur dont j'ai besoin. Je vais faire répéter à la langue, je vais donner à la langue plusieurs stimulations sensorielles qui vont créer le schéma moteur que je souhaite.

  • Antoine Lacouturière

    Avec le résultat que tu cherches à obtenir.

  • Clémentine Courrège

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Est-ce que tu veux bien nous donner un exemple pour illustrer ça ?

  • Clémentine Courrège

    Oui. Par exemple, je pense à ces bébés pour lesquels on va dire qu'ils ont une sucion inverse. C'est-à-dire qu'on va avoir le biberon, ou le sein, ou la tétine qui va surtout sortir de la bouche mais pas être aspirée. Généralement, on est dans des cas où la langue fonctionne un peu à l'inverse. Et du coup, mon objectif, ça va être de remettre le mouvement à l'endroit. Donc d'abord, de faire avancer la langue. Pour ça, par exemple, on va se servir du réflexe de hooker et du réflexe de protrusion de langue. Donc en venant stimuler avec le doigt. ou avec un autre outil, la bouche du bébé, ce qui va induire une ouverture de bouche. Puis, en venant toucher la pointe de la langue, ça va demander au bébé, par réflexe toujours, de sortir la langue. Donc là, on a ce mouvement vers l'avant. Et puis, à ce moment-là, en offrant le doigt ou la tétine, on attend une aspiration. Parce qu'on sait qu'à partir du moment où on a cette stimulation sur la langue, vraiment sur la ligne médiane, on va induire une rétraction de la langue avec une aspiration derrière. Voilà, pour l'exemple que je peux te donner. Merci. On va du coup servir du doigt, on va servir aussi de petits outils texturés pour offrir davantage de stimulation. On va servir bien entendu de l'aspect gustatif aussi, en utilisant du lait. Les... maternelle ou lait industriel, à température ambiante ou froid, suivant ce qu'on va chercher comme réaction chez l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, on change de sens. On est sur sensorialité, mais on change de nerfs crâniens aussi. Là, on est sur quand même 4-5 nerfs sur les 12 paires crâniennes, langue, informations sensorielles différentes. D'accord, du chaud, du froid, des textures.

  • Clémentine Courrège

    La vibration aussi, parfois. Quand on a des bébés qui sont très endormis, ou alors dans le cadre de... de pathologie neurologique dès la naissance. Pour ces bébés qui vont être hypotoniques, on va parfois se servir de la vibration pour apporter encore plus de stimulation. Et puis, on va aussi se servir de la vue. Parce que moi, je vais avoir besoin que le bébé soit à l'aise au niveau de ses rotations de tête. Ça, c'est quelque chose qu'on teste.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on imagine derrière le micro Clémentine qui fait bouger la tête.

  • Clémentine Courrège

    C'est quelque chose où les rotations de tête, on va les tester. Alors, je les teste à mon niveau. Je ne dis pas que je suis kiné ou ostéo. Mais moi, ça m'intéresse juste de savoir si le bébé peut aller à gauche et à droite de manière symétrique. Parce que je sais que potentiellement... si on est sur une rotation asymétrique ou une limitation, tous les nerfs qui passent derrière la base du crâne vont être un peu comprimés. Donc on risque d'avoir des complications au niveau de la succion. Et pour demander au bébé de tourner la tête, on va se servir de petits outils visuels, des petites cartes contrastées, des petits jouets à faire passer. Voilà, encore sur un autre sens.

  • Antoine Lacouturière

    Ça rajoute un nouvel outil dans ta boîte à outils. Là, on est dans l'éducation, rééducation, un mélange des deux, j'ai l'impression, en t'écoutant. On a vu l'olfaction, on a vu le gustatif avec le froid, le chaud, le lait, les autres goûts, textures. Et là, on rajoute le visuel. Peut-être du son aussi, j'imagine que tu les appelles.

  • Clémentine Courrège

    Oui, on les appelle pour qu'ils se tournent du côté de la stimulation. Et surtout, moi j'interviens avec un bébé comme j'interviens avec un plus grand. C'est-à-dire que dès le moment où je rentre dans la chambre, je parle au bébé et je lui explique ce qu'on va faire. Je lui dis pourquoi je me présente. j'explique pourquoi je suis là, j'explique ce qu'on va faire, et voir si je peux ou pas l'aider, et avant chaque stimulation, avant chaque sollicitation, quelle qu'elle soit, je préviens le bébé. Et puis en fonction des réactions qu'il va y avoir, parfois on s'arrête parce qu'on voit qu'on a une situation où le bébé va se mettre en route. Exactement. Et là, on sait que, ok, d'accord, tu me montres que ça ne va pas, on s'arrête, on fait autrement. Donc oui, la voix, elle va être là tout le temps. Mais tout le temps, bien entendu. Pour un orthophoniste. Oui, c'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me permet de mieux visualiser ton travail sur l'utilisation de cette sensorialité, sur aussi le fait qu'on ait un champ de compétences commun en tant qu'ostéo, sur l'évaluation de la mobilité et c'est quelque chose qui est important pour nous bien sûr, cette mobilité du crâne, des cervicales. Ça va un petit peu plus loin que juste la bouche alors, ça me rassure.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, et ouais, au final, c'est pas que la bouche. On est vraiment du sommet de la tête jusqu'au diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Jusqu'au diaphragme.

  • Clémentine Courrège

    Jusqu'au diaphragme, parce que du coup, il y a la respiration. et qu'on va aussi travailler sur le diaphragme.

  • Antoine Lacouturière

    Un mot magique en ostéopathie, en sophrologie, en chant, en plein d'autres choses. Comment est-ce que tu vois le diaphragme ? Comment est-ce que tu l'utilises ? Comment est-ce qu'il vient dans ton quotidien ? Parle comme tu veux, mais parle-nous de ce diaphragme en orthophonie. On est loin de la bouche, là.

  • Clémentine Courrège

    Ouais, on est loin de la bouche et pourtant, on est tellement reliés à la bouche parce qu'au final, quand on va avoir une restriction de mobilité au niveau diaphragmatique... On va forcément retrouver des tensions après, que ce soit au niveau du sternocleidomastoïdien ou alors vraiment au niveau de la mandibule, on peut retrouver aussi des serrages dentaires et du bruxisme. Et puis vraiment sur l'aspect ventilation, ce manque d'amplitude va créer un inconfort chez les personnes.

  • Antoine Lacouturière

    Clémentine, j'entends le diaphragme qui vient, le lien avec ceux qui ne connaissent pas sternocleidomastoïdien, c'est un muscle qui relie l'orifice supérieur du thorax, le haut du thorax, les clavicules, avec le crâne. On est au niveau du cou. Ça me fait plaisir d'entendre ça, du fait de porter attention aussi à la posture globale. parce qu'on est convaincu en ostéopathie que la posture, elle va influencer le système en entier. Je reviens sur ton... ton champ de compétences à toi, donc tu évalues la ventilation et tu évalues aussi le langage. Ça me permet de faire un lien avec la façon dont on vous nomme ailleurs qu'en France. Est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur le côté ailleurs dans le monde ? Comment est-ce qu'on appelle les orthophonistes ?

  • Clémentine Courrège

    D'un point de vue francophone, nous en France, on est les orthophonistes. En Belgique, il y a les logopèdes. En Suisse, les logopédistes. Et le terme anglophone qui est retenu et qu'on retrouve dans la littérature, c'est speech and language therapist ou juste speech therapist.

  • Antoine Lacouturière

    Et tu vois, en t'écoutant parler du diaphragme, je trouve que c'est vraiment réducteur ce terme-là.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, ce sont des compétences qui ne transparaissent pas. Dans ces mots, puisque c'est réducteur, on est là que sur langage et paroles, alors qu'au final, quand on regarde notre nomenclature, elle est bien plus large que juste langage et paroles.

  • Antoine Lacouturière

    Ça fait partie, en préparant l'interview, des choses où je me suis dit, tiens, c'est étonnant, le nom induit une limitation importante, l'évaluation de la respiration. Tu parles de ventilation, donc le mouvement respiratoire avec le diaphragme dont on était en train de parler, c'est ça le lien. On n'est vraiment pas que dans la parole et le discours, le langage. Est-ce que tu peux nous donner une idée, en pourcentage approximatif, des motifs de consultation aujourd'hui ? Les petits bouts qui viennent te voir à l'hôpital, je les exclue. On ne parle pas des bébés bébés qui occupent une partie. Je parle en libéral. Allez voir un, une orthophoniste. Majorité du temps ?

  • Clémentine Courrège

    Alors la grande majorité, la grande partie du temps, on a soit une plainte en langage oral, soit une plainte en langage écrit. C'est vraiment les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Donc langage écrit, ça va être tout ce qui va être lecture, écriture, orthographe, suspicion de dyslexie, dysorthographie, etc. Pour le côté langage oral, ça va être mon enfant, il a du mal à comprendre les phrases, ou alors... quand il s'exprime, il ne met pas les mots dans le bon ordre. Ou je ne comprends rien, en fait. Il me dit un mot, mais ça ne se dit pas du tout comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'exemple que tu nous donnais tout à l'heure avec le fait d'avoir du mal à comprendre ce petit bout, cette petite loup de 4 ans, 4 ans et demi, 5 ans, avec la difficulté de compréhension.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Là, on est sur les motifs principaux.

  • Clémentine Courrège

    C'est les deux motifs qui reviennent le plus souvent. Après, il y a aussi une grosse partie en handicap, que ce soit par exemple dans le cadre... d'une trisomie ou d'un syndrome quelconque. Ça, c'est une grosse partie. On va avoir tout ce qui va être troubles du neurodéveloppement, donc autisme, troubles du langage oral. Et puis... D'un point de vue plutôt sur la sphère ORL, il va y avoir tout ce qui va être les cancers au niveau de la bouche. Tout ce qui va être neuro.

  • Antoine Lacouturière

    Là, après, on rentre sur des choses qui sont moins fréquentes. En t'observant parler, on sent que tu cherches un peu plus. Ça arrive, des chirurgies particulières, mais c'est à la mort. Finalement, le terme anglo-saxon qui parle de discours, de langage, il correspond à la majorité des consultations.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Et il y a d'ailleurs des orthophonistes qui ne font que langage oral, langage écrit. Et d'ailleurs, quand on regarde du côté des logopèdes... pour qui la formation est parfois plus courte, elles peuvent décider de faire la formation en trois ans, la majeure partie du temps, elles ne font que langage oral, langage écrit.

  • Antoine Lacouturière

    C'est un choix volontaire à ce moment-là, tu veux dire ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, parce que ça correspond à la grande majorité.

  • Clémentine Courrège

    Oui, et puis parce qu'à mon avis, je ne sais pas, mais elles n'ont peut-être pas pu pousser plus loin durant les études. Mais c'est vrai que très souvent, c'est très structuré de cette manière-là.

  • Antoine Lacouturière

    Ça m'intéresse de faire un lien sur un vécu quotidien pour les patients. Souvent, le podcast, ça fait partie de ma vie depuis peu de temps, mais j'en parle avec les patients. Et il y en a plusieurs, en préparant un petit peu l'interview aussi, où je posais des questions. Donc le côté pas savoir ce que c'est l'orthophonie, ça je te l'ai dit, mais sur le côté curatif et préventif. Le parallèle que je te propose de faire, en ostéo, 9 patients sur 10 viennent nous voir. j'y vais que quand je suis coincé. Je ne peux plus bouger, j'ai trop mal, j'exagère un petit peu, et les patients qui m'écoutent et qui viennent en préventif, je les salue, mais est-ce que tu vois où je veux aller ? La sensation que ça me donne, et ça nous permettra aussi d'ouvrir sur d'autres types de thérapies et d'autres façons de concevoir la santé, le soin, le bien-être, mais ça me donne ce sentiment que finalement, tant qu'il n'y a pas de problème, on laisse faire. J'ai l'impression que c'est aussi un petit peu comme ça pour vous les orthophonistes.

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait. Il y a encore d'ailleurs beaucoup de professionnels médicaux qui disent ils ne parlent pas, vous n'allez pas déjà aller chez l'orthophoniste, ça ne sert à rien Ça c'est encore un discours qu'on entend dans la bouche de beaucoup de médecins. Alors qu'on sait qu'en plus, plus on prend les choses de bonheur, au mieux l'accompagnement se fait, et au plus on arrive à mettre en place d'adaptations qui soient... bénéfique pour le patient. Donc, tout à fait, nous, on est souvent appelés dans un but curatif, alors que la prévention fait totalement partie de nos missions. Donc, c'est vrai qu'on en fait parfois, dans quelques cas, et je pense principalement au suivi, moi, que je fais en termes d'oralité alimentaire, où là, on fait de la prévention. vraiment sur ce que les parents peuvent mettre en place pour éviter de créer, par exemple, des distimulations. orale, c'est-à-dire de créer un sentiment un peu négatif autour de la bouche. Par exemple, c'est typiquement ce qu'on va... Quand je vais demander aux parents, quand ils ont introduit la cuillère, de retirer la cuillère toute droite de la bouche du bébé. D'aller éviter de racler la cuillère, comme on a tous tendance à le faire, sur la gencive du bébé.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, ça c'est intéressant. 10 stimulations, 10 troubles de la stimulation problématique gêne. Et l'exemple que tu donnes, il est fréquent, de dire on vient racler, c'est plus facile, on en met moins partout. Ça, ça informe le système comme un inconfort, une gêne ?

  • Clémentine Courrège

    Exactement, c'est pas agréable.

  • Antoine Lacouturière

    Donc là, tu fais de la prévention ? Exactement. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, dans ta partie...

  • Clémentine Courrège

    On prend pas de la prévention.

  • Antoine Lacouturière

    Génial.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, super.

  • Clémentine Courrège

    Donc c'est des... surtout par le biais de petits conseils comme ça. Après, il y a des orthophonistes, il y a des associations qui se font sur des groupes de langage, ou ce genre de choses. C'est vrai que d'un point de vue prévention, avec mon conjoint, on a créé un petit site internet qui s'appelle Mon Visual Ortho, et qui présente des affiches sur des thématiques orthophoniques, affiches qui vont être... à but de décorer les cabinets, mais aussi justement de donner de l'information et de faire de la prévention sur des choses qu'on peut rencontrer fréquemment dans le cabinet. Donc ça, c'est aussi un petit pas justement sur cet aspect prévention dans le métier.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends plusieurs choses là-dedans. La première, c'est que vous êtes souvent des passionnés dans les associations, qui à ce côté-là, on le ressent dans les discussions, dans les réunions. Et puis aussi engagés, et je vous invite, les auditeurs, les auditrices, à aller faire un tour sur mon Visbelle Ortho. À la fois parce qu'on a grand besoin d'esthétique dans nos salles d'attente, que régulièrement, je ne sais pas si vous prenez quelques instants, Pour revisiter les salles d'attente des soignants que vous consultez, allez-y. Et régulièrement quand même, les salles d'attente sont, je vais dire, perfectibles en termes d'ambiance. Et il y a un certain nombre d'affiches, et ces affiches-là, elles sont à la fois esthétiques, et elles ont aussi vraiment une visée de sensibilisation et d'éducation sur différentes thématiques. Merci pour l'initiative. Ça fait partie des choses qui font partie finalement dans la fiche métier des orthophonistes, du préventif. Et si vous n'avez pas beaucoup le temps de le faire au cabinet, ça permet de le faire en dehors. Ça fait un nouveau lien avec moi vraiment pour les choses qui m'animent en ce moment. Dans les statistiques des dépenses concernant la santé, 1% du budget est alloué à la prévention. entre 0 et 1 ou entre 1 et 2% en fonction des sources, mais moins de 5% des dépenses globales sont liées à de la prévention, je trouve que c'est quand même peu, on est beaucoup dans du curatif, et je me demandais, j'étais content de pouvoir échanger avec toi sur comment est-ce qu'on peut agir en amont, prévenir en fait, comment est-ce qu'on peut prévenir, et ça me donne la sensation qu'informer... dès la maternité, ça fait partie des choses qui arrivent, qui sont plutôt nouvelles et qui vont dans ce sens-là. Est-ce que tu vois d'autres idées, d'autres conseils, d'autres choses qui peuvent aller dans ce sens-là ?

  • Clémentine Courrège

    Sur la prévention des conseils aux parents ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est peut-être le moment de faire un chapitre. On ouvre le chapitre des conseils.

  • Clémentine Courrège

    Très bien, allons-y. Dans les conseils préventifs ou curatifs que je peux donner, c'est de porter attention à l'installation lors de l'alimentation. Que ce soit l'installation du bébé ou l'installation de l'enfant qui est déjà passé à une alimentation solide. C'est vrai que quand on regarde les affiches en lien avec l'allaitement, tous les bébés sont positionnés comme étant un peu dans cette position classique de la madone, soumis à la gravité. Donc ça va être des bébés qui vont essayer de lutter contre la gravité pour aller chercher du lait. Et puis souvent on voit les pieds qui sont totalement dans vide, les pieds qui pendouillent. Ça fait que... Si nous en tant qu'adultes on se met à regarder une terrasse de bar avec des tabourets, on va vite se rendre compte que tous les adultes pour manger ils stabilisent leurs pieds.

  • Antoine Lacouturière

    L'image est parlante, c'est vrai qu'on imagine assez facilement sur un tabouret sans pouvoir poser les pieds, c'est vite inconfortable.

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est inconfortable. Et ce non-maintien des pieds, il va être inconfortable aussi pour le nouveau-né, et encore plus pour le petit enfant, au moment de la découverte alimentaire, de l'exploration alimentaire, puisqu'il va avoir 15 000 autres choses à gérer que de devoir en plus gérer son équilibre lorsqu'il mange. Donc... vraiment un des premiers conseils de base qu'on va donner c'est stabiliser les pieds.

  • Antoine Lacouturière

    Permettre une structure qui permet d'avoir les pieds posés. Un tout petit bout à l'été, on vient mettre un support, une main, un petit bout un peu plus grand sur une chaise, on trouve une solution pour qu'il y ait un plateau, qu'il y ait quelque chose qui lui permette d'avoir une assise.

  • Clémentine Courrège

    Oui, exactement. Et ça va lui permettre de gérer beaucoup plus facilement la mobilité de ses bras et du coup le fait d'apporter correctement la nourriture à la bouche. C'est l'aider un peu plus dans son apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Premier conseil applicable facilement et qui va faire sens pour un certain nombre d'entre nous, j'en suis sûr

  • Clémentine Courrège

    Oui, tout à fait et si on revient autour des j'ai pas fini tout à l'heure ce que je voulais dire mais au niveau des nouveaux-nés sur la quand je disais que les bébés sur les affiches sont souvent soumis à la gravité alors que durant 9 mois ils ont flotté et qu'ils n'ont jamais ressenti cette pesanteur et bien pour les aider un peu mettons-les sur la maman vraiment en position ventrale sur la maman pour qu'ils aient quelque chose en moins à devoir gérer.

  • Antoine Lacouturière

    Position d'un autre outil sur la façon d'installer au sein.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, et ça, ça rejoint les travaux de Suzanne Colson qui a mené une thèse là-dessus qui est extrêmement intéressante sur l'importance de positionner les bébés sur le ventre. pour pouvoir téter parce que ça va permettre de mettre en place tous les réflexes archaïques du bébé, dont le réflexe final, c'est la succion. Mais voilà, pour que la succion puisse se déclencher, il faut que les autres réflexes aient pu s'exprimer avant.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, un bon exemple d'une posture qui influence à la fin le résultat qu'on cherche la succion. C'est pas que dans la bouche, ton travail finalement il commence aussi dans l'installation. Je pense aux sages-femmes avec qui ça va faire du lien, et aussi aux ostéos dont je fais partie qui reçoivent des petits bouts. Ça fait deux conseils de posture. Ok. Est-ce qu'aujourd'hui, avec ton expertise et les spécificités que tu as développées, il y a d'autres conseils qui te viennent ?

  • Clémentine Courrège

    Oui, je pense que par rapport au moment de la diversification alimentaire, souvent ce qui se passe, c'est que les parents nous disent j'ai introduit ça, mais alors il a fait une grimace, ça ne lui plaît pas Eh bien en fait, c'est tout nouveau pour le bébé. Donc souvent ça transparaît comme quelque chose qui n'est pas plaisant, alors que c'est juste le cerveau qui se dit, tiens, on me donne un nouveau truc dans la bouche là, je n'ai jamais vu, je n'ai jamais senti, je n'ai jamais goûté, il va falloir que j'apprenne à l'apprivoiser. Donc en fait c'est plus une forme de dégoût parce que c'est nouveau, que vraiment un dégoût où ça ne plaît pas à l'enfant. Il faut au moins une dizaine de présentations avant de savoir si on aime un aliment. Donc... lorsque l'enfant vous fait cette mimique là de ça me plaît pas, reproposez derrière, offrez la possibilité à l'enfant de pouvoir justement pouvoir l'aimer. Parce que ce qui est sûr, c'est que si vous ne le représentez pas, ça ne pourra pas changer.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord, on entend la répétition et puis cette espèce de dégoût qui est plus une surprise, un étonnement que vraiment un dégoût viscéral de j'en veux pas, c'est pas pour moi. ouais tout à fait donc tu invites les parents à proposer plusieurs fois en étant confortable avec la cuillère qu'on place délicatement qu'on retire droit si c'est pas une diversification menée par l'enfant par exemple ou qu'il n'y a pas cette notion de main directe d'être attentif aux outils ça fait plusieurs conseils déjà là autre chose que t'as envie de rajouter ?

  • Clémentine Courrège

    J'ai envie de dire que c'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Antoine Lacouturière

    C'est l'adulte qui doit créer l'environnement propice à l'expérience.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Ça veut dire que, du coup, c'est l'adulte qui va mettre les conditions pour que l'enfant puisse explorer. Si l'adulte... il propose sa cuillère, mais qu'il ne faut surtout pas que l'enfant en mette partout, il ne faut surtout pas qu'il le touche, il ne faut surtout pas que ça tombe partout. Eh bien, en fait, ça va mettre une limite aux expérimentations possibles de l'enfant.

  • Antoine Lacouturière

    Une limite et une contrainte aussi Une limite et une contrainte,

  • Clémentine Courrège

    tout à fait Alors on sait que ça demande Beaucoup d'énergie quand ils sont tout petits Au moment de la diversification alimentaire Et qu'ils en mettent partout et que c'est fatigant Parce qu'il faut nettoyer et tout ça On n'aime pas que c'est sale Tu veux dire nettoyer entre les doigts,

  • Antoine Lacouturière

    sur la chaise, sur la nappe Sur le pantalon de papa, sur le chenillier de maman Par terre, sur les petits frères Sur les copains, partout quoi

  • Clémentine Courrège

    Mais pourtant c'est tellement important Ce que la main ne peut pas toucher La bouche ne pourra pas le manger donc on va essayer de les laisser explorer avec les mains le plus possible.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ça, ce que tu viens de dire, ça fait-il pour moi ce que la main ne peut pas toucher, la bouche ne pourra pas l'explorer ?

  • Clémentine Courrège

    Ouais, surtout quand ils sont petits. Alors après, quand ils sont plus grands, on est sur autre chose, mais ça, voilà, petit, c'est important. Quand, imagine, tu vas dans un pays, je sais pas, tu vas en être un pays où tu n'as jamais été. avec des traditions culinaires qui sont...

  • Antoine Lacouturière

    Et leurs différentes.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. On te sert devant toi une assiette, je ne sais pas, avec des criquets ou un truc, déjà où visuellement c'est moyen. Généralement, tu ne vas pas prendre le truc et le mettre directement dans ta bouche. Tu vas regarder l'assiette, peut-être tourner l'assiette pour voir à quoi ça ressemble de tous les côtés, peut-être prendre ta fourchette et puis...

  • Antoine Lacouturière

    Essayer de le bouger, voir comment ça bouge.

  • Clémentine Courrège

    Exactement, parce qu'en fait, en faisant ça, ça va te donner des informations sur la texture. Du coup, inconsciemment, ta langue, ton cerveau va dire à ta langue, pour gérer cette texture-là dans ta bouche, la langue, elle va devoir faire tel ou tel mouvement. Tu vois ? Et puis, une fois que tu l'auras touchée, tu vas peut-être leur niffler un petit coup, parce que...

  • Antoine Lacouturière

    Un autre sens.

  • Clémentine Courrège

    Exactement. Et puis... Une fois que tu l'auras senti, peut-être que tu vas juste en prendre un tout petit morceau et le poser sur tes lèvres. Et puis une fois que sur les lèvres tu te dis bon c'est ok, tu vas peut-être le mettre sur ta langue. Puis tu oseras peut-être le croquer. Alors peut-être que tu le cracheras, peut-être que tu l'avaleras. Mais il y a plein d'étapes comme ça. Et quand on est tout petit, vraiment sur les moments de la diversification, laisser toucher l'enfance, ça va être ultra important. Et ça va conditionner en fait.

  • Antoine Lacouturière

    On entend bien ton invitation et le lien avec l'adulte qui crée l'environnement, dans un premier temps, l'environnement de permettre ça, et du lien avec la main et la langue. C'est étonnant de synchronicité cette partie-là de l'interview qui n'était pas préparée sur le lien langue-main.

  • Clémentine Courrège

    C'est vrai ça.

  • Antoine Lacouturière

    Je suis abonné à une revue qui s'appelle Cerveau et Psycho je ne sais pas si tu connais. Non. C'est une revue de vulgarisation scientifique. L'étude en question dont je vais vous parler, je crois que c'est le titre de l'étude, c'est le lien entre la main et la langue, entre le développement de ce qui se passe dans la main et la motricité de la langue. Et je précise pour les plus anatomistes et les plus scientifiques qu'on n'est pas sur l'homunculus de Penfield avec les connexions à proximité bouche main, puisqu'on n'est pas sur les mêmes espaces au niveau de l'air et du cortex somatosensoriel, on est vraiment sur le développement du langage, les aires liées au langage et des connexions qu'on est en train de chercher dans les profondeurs du cerveau, liens. main-bouche. Je trouve ça génial.

  • Clémentine Courrège

    Et pour rebondir sur ce que tu dis, moi, quand j'explique sur les quelques formations que j'ai pu donner, justement, le lien main-bouche, c'est que la bouche, elle possède exactement les mêmes récepteurs sensoriels que la main. Donc, récepteurs tactiles, thermiques, à la dépression, à la forme,

  • Antoine Lacouturière

    à l'étirement, à la vibration.

  • Clémentine Courrège

    Tout cela, plus des récepteurs olfactifs et des récepteurs gustatifs. Ce qui en fait une main encore plus... plus connectés sensoriellement. Donc un lieu ultra sensible.

  • Antoine Lacouturière

    Là pour le coup, je reviens sur le monculus de Penfield, le petit bonhomme avec la représentation des différentes aires et la taille de la bouche et des lèvres. L'image qu'on peut peut-être donner aux auditeurs qui ne voient pas faire des gestes avec nos mains dans tous les sens, c'est un grain de sable. Imaginez un grain de sable dans le dos, un grain de sable sur le ventre, ou alors un grain de sable dans la bouche, juste un grain dans la bouche ou un grain sur une main. Le niveau de discrimination et de précision, ça rejoint un petit peu ce que tu veux dire, j'ai l'impression.

  • Clémentine Courrège

    Oui, totalement. Et c'est pour ça qu'en rééducation, ça rejoint ce que je t'ai expliqué tout à l'heure, en rééducation avec les plus grands, quand on va travailler sur la proprioception. On en a notamment parlé tous les deux et je t'avais fait tester pour exercer la proprioception la ringuale j'avais notamment par exemple travaillé avec des pattes alphabet et l'objectif ça va être de retrouver quelle patte alphabet j'ai

  • Antoine Lacouturière

    déposé sur la langue le tout avec les yeux fermés ça je vous encourage à essayer à la maison pour ceux qui nous écoutent avec un paquet de mini pattes alphabet à disposition de deviner la lettre Challenge, quand même. On peut le rajouter dans la boîte à outils et les conseils.

  • Clémentine Courrège

    Exactement.

  • Antoine Lacouturière

    ça permet de se rapprocher du côté ludique aussi. Je voulais qu'on aborde ce point-là. C'est peut-être un des derniers points que j'aimerais aborder avec toi avant de te laisser le mot de la fin et de conclure comme tu auras envie. Mais le côté ludique, c'est quelque chose que je trouve assez commun dans vos différentes manières de pratiquer en ortho. Et ça fait du bien de rigoler. Est-ce que tu es plutôt OK avec ça ou pas ?

  • Clémentine Courrège

    Tout à fait, c'est indispensable. C'est indispensable parce que l'enfant n'apprend que par le jeu. Si c'est trop structuré, il n'apprendra pas. Il faut qu'il apprenne, il faut du coup créer des situations, parce qu'en fait c'est ça qu'on fait, c'est qu'on crée des situations, on met en œuvre des situations suivant les objectifs qu'on aura déterminés, parce qu'on ne joue pas pour jouer. D'ailleurs, chaque jeu, il y a un objectif thérapeutique qui est bien précis. Et du coup, en fait, sur cette base-là, on peut se servir d'absolument tous les jeux, puisque une boîte de jeux, ça reste du matériel qu'on peut détourner, en fait, pour plein de problématiques différentes. Donc oui, le cabinet ici, il n'est que jeux de tout petit. jusqu'à l'adulte.

  • Antoine Lacouturière

    Ah, ça me fait plaisir. Nous aussi, on a l'oie, les grands.

  • Clémentine Courrège

    Oui, bien entendu. C'est beaucoup plus amusant.

  • Antoine Lacouturière

    Et ça rejoint les publications sur les neurosciences et le côté pédagogique que peuvent avoir certaines approches. Quand un être humain joue, il active différentes aires et on augmente les chances de mémorisation et les associations. Donc tu encourages les gens à jouer.

  • Clémentine Courrège

    Bien entendu.

  • Antoine Lacouturière

    Dans le cadre du soin et peut-être pas que dans le cadre du soin, pour l'apprentissage.

  • Clémentine Courrège

    Pour l'apprentissage.

  • Antoine Lacouturière

    Ça faisait partie des choses où je me... Ça fait partie des choses où je m'interroge aujourd'hui sur la place du jeu dans l'éducation, ou à la maternelle. Je trouve qu'il y a vraiment ce côté développement sensoriel dont on parle, de l'utilisation des textures, des mains qui touchent différents objets, des dessins, du début des lettres, mais avec le côté comptine, où on imbrique différents sens, où ils peuvent changer de place et de posture, et où en grandissant, dans la structure de l'enseignement, je trouve qu'on sollicite moins les autres sens pour rester positif.

  • Clémentine Courrège

    Et du coup, comme ça perd en termes de ludisme, il y a des enfants que ça va perturber, et qui ne vont pas réussir à rentrer dans les apprentissages. parce que ça ne leur plaît pas, ce n'est pas plaisant. Et comme il n'y a pas cette sphère émotionnelle qui s'active, de ce qu'on fait ça me plaît, il y a moins d'intérêt, et du coup, c'est plus difficile. au niveau des apprentissages ?

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour ça. Ça me permet en tout cas de répondre à un certain nombre de questions que j'avais en venant te rencontrer aujourd'hui. Je repars enrichi de l'orthophoniste au sens ortho, droit, juste, régulier, correct, mais qui fait bien d'autres choses que juste l'affonation. Des tout petits bouts de un jour jusqu'au papi-mami qu'on accompagne dans les différentes... problématique de vie Clémentine avant de dire un petit mot de fin et puis une forme de synthèse je voulais te remercier de m'avoir accueilli aujourd'hui d'avoir partagé cet après-midi d'échange, de discussion Je te remercie pour mon visuel ortho qui égaye ma salle d'attente et de cette démarche que vous faites, qui est peu commune dans le milieu de la santé. Souvent, on est juste des praticiens, mais on n'est pas vraiment des entrepreneurs, on est plutôt des techniciens. Et là, c'est vraiment une démarche de sensibilisation à de la prévention. L'échange aujourd'hui qu'on vient d'avoir tous les deux, il me permet d'avoir une meilleure vision de ton champ de compétences, à la fois la naissance d'un enfant avec l'importance de ce qui va se jouer dans les premiers jours, les premières semaines, les premiers mois de vie, pour le développement du langage bien plus tard, la variation des textures, de l'importance de l'installation au sein ou pour un biberon. de l'importance des stimulations autour de la bouche dans le contexte créé par les parents. Ça nous permet de mieux comprendre tes partenaires de soins, les personnes avec lesquelles tu travailles, aussi avec tes limites qui parfois frôlent l'ostéopathie sur la partie manipulation et observation, et c'est bien comme ça. Et puis tous ces petits conseils qui sont du bon sens, mais qui sont du bon sens avec un regard expert, le placement... s'alimenter, le fait de maintenir les pieds, le fait d'installer contre la gravité un bébé au sein par exemple, le fait de créer un environnement favorable, d'éviter les stimulations autour de la bouche pour essuyer parce que c'est plus facile, de permettre aux petits bouts de faire un petit peu ce qu'ils veulent avec la nourriture, et de raconter des histoires. Ça c'est quelque chose dont on a parlé en REUF, que je me permets de rajouter ici, de l'importance de raconter des histoires aux enfants. Un grand merci pour tout ça.

  • Clémentine Courrège

    Merci. Merci à toi de t'être déplacée et puis pour ton temps, c'était une super chouette discussion

  • Antoine Lacouturière

    Merci d'avoir écouté en entier cet épisode qui j'espère vous apportera quelque chose de positif, une image une histoire, des liens avec votre quotidien, des perspectives une prise de conscience peut-être et toucher du doigt des ingrédients de la santé Si vous souhaitez participer à l'aventure de ce podcast et contribuer à sa croissance, je vous invite à laisser 5 étoiles et un commentaire sur vos plateformes d'écoute habituelles. Merci pour les instants que vous prendrez qui m'aideront à recevoir de nouveaux invités et à produire des contenus de qualité. Prenez soin de vous et à bientôt !

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