- Antoine Lacouturière
Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière et aujourd'hui je suis ravi de partager avec vous le premier épisode de la seconde saison à vos côtés. C'est l'occasion pour moi de vous transmettre une information. L'aventure se poursuit et évolue sous différentes formes, notamment avec la création d'une formation, Sophrostéo, la rencontre entre l'ostéopathie et la sophrologie. Si vous êtes ostéopathe, kinésithérapeute, professionnel de santé, intéressé par l'acquisition d'outils sophrologiques à inclure dans nos quotidiens pour améliorer nos pratiques, ou si vous êtes sophrologue souhaitant acquérir de nouvelles compétences et créer... plus de liens entre la méthode et le fonctionnement du corps humain, alors je vous donne rendez-vous sur mon site internet antoinelacouturière.fr. Vous trouverez plus d'informations et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Dans l'épisode du jour, nous avons le privilège de recevoir Pierre Tricot, un pionnier de l'ostéopathie en France. Kinésithérapeute initialement, Pierre a commencé sa formation d'ostéopathie en 1971. Passionné, malgré des difficultés de palpation, Pierre s'est mis en quête de solutions, progressé et continué d'apporter des soins de qualité à ses patients. Son travail depuis est immense. Auteur de cinq livres, traducteur de plusieurs dizaines d'ouvrages abordant les soins et la santé sous différentes formes, dont les écrits du fondateur Androut et leur style. Il est aussi le créateur de l'approche tissulaire de l'ostéopathie, qu'il enseigne encore aujourd'hui. Pour terminer cette introduction, il me paraît important de vous partager mon impression. Bien que Pierre soit une des personnes les plus influentes du monde de l'ostéopathie aujourd'hui, il est accessible, humble, souriant d'humour, et surtout, il y a une grande cohérence entre ses propos et ses actions, entre l'être et le faire, ce qui pour moi est remarquable. D'autre part, il y a dans son enseignement cette notion de permission. d'encouragement à oser être soi-même et découvrir, sentir, percevoir avec ses propres repères. Non, l'approche tissulaire de l'ostéopathie n'est pas magique et ne résout pas tous les problèmes du monde. Mais oui, c'est un outil puissant, centré sur la conscience, qui permet d'abord de mieux se connaître soi-même, en tant que thérapeute, pour offrir aux patients des soins intégrant les différentes dimensions de l'être humain, rappelant ainsi la définition de la santé de l'OMS. Bien sûr, cette approche s'intègre en complément d'autres disciplines dont nous avons besoin. C'est aussi l'occasion d'un petit clin d'œil à Rabelais qui nous disait il y a 5 siècles déjà. Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Tout de suite, nous allons plonger avec Pierre Tricot dans l'histoire et la construction de cette approche, aborder l'importance des mots, la pédagogie, cet art de la transmission qu'il a affiné au fil des années, la conscience bien sûr, et d'autres éléments qui ont émergé de cette rencontre. Je suis convaincu qu'une partie de la discussion concerne le vivant, la vie plus que l'ostéopathie. J'espère que vous trouverez des ponts, des parallèles, que vous tisserez des liens dans vos quotidiens, dans vos pratiques. Je vous donne rendez-vous sur les réseaux et si le cœur vous en dit, je vous invite à partager autour de vous cet épisode. Belle écoute ! Bonjour Pierre !
- Pierre Tricot
Bonjour Antoine.
- Antoine Lacouturière
Je te remercie d'avoir accepté l'invitation sur le podcast.
- Pierre Tricot
Je te remercie de m'y avoir invité surtout.
- Antoine Lacouturière
Alors, pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, en dehors du monde de l'ostéopathie, est-ce que tu veux bien commencer l'épisode par une présentation de toi ?
- Pierre Tricot
Ok, donc je m'appelle Pierre Tricot, aujourd'hui j'ai 77 ans. Et j'ai commencé l'ostéopathie dans les années 70-71. Donc je fais partie des dinosaures de l'ostéopathie, encore en mouvement je pense. J'ai découvert l'ostéopathie un peu par hasard, parce que dans les années 70, ça n'était pas connu. J'étais kiné, les gens de mon époque étaient kinésithérapeutes. Je cherchais du travail comme assistant et j'ai rencontré un kinésithérapeute qui était à Saint-Germain à ce moment-là, qui s'appelle Michel Sanchez, et qui, après l'entretien, m'a dit « est-ce que ça t'intéresserait de faire de l'ostéopathie ? » Je lui ai dit « je ne sais pas ce que c'est » . Ce que j'ai retenu de l'entretien, c'est que c'était apparemment plus efficace que ce qu'on faisait en kiné. Et j'ai dit ok, donc je vais commencer comme ça. Et c'est comme ça que les choses ont commencé, donc 71, avec deux pionniers français peu connus de l'ostéopathie aujourd'hui, qui s'appelaient René Keginer et Francis Péralade, tous trois élèves de Magoon, Freiman et Tom Scully quand même, des ostéopathes directement élèves de Sutherland, donc des gens qui étaient très centrés sur l'approche crânienne. Et c'est comme ça que l'aventure a commencé pour moi.
- Antoine Lacouturière
Donc dans les années 70, c'est au contact finalement de la première génération d'élèves très très près de la source, il y a eu Steele, le créateur. Sutterland, on est juste après, donc là, toi tu as eu la chance, c'est pas tout à fait ça, le privilège, l'occasion de travailler avec cette lignée-là directe ?
- Pierre Tricot
Privilège, je pense, oui.
- Antoine Lacouturière
Privilège, c'est le bon mot.
- Pierre Tricot
C'est, comment dire, c'est juste une question de circonstance, bien entendu, mais c'était quand même un privilège, c'est sûr.
- Antoine Lacouturière
Alors pour centrer un petit peu le podcast, moi j'ai le privilège, tu vois, je me sens privilégié, avec un peu d'émotion pour commencer l'épisode, mais je me sens privilégié aussi de pouvoir être là avec toi. Et l'idée que j'ai, l'intuition que j'ai, c'était de dire, il y a déjà eu plusieurs podcasts que je salue au passage, Étienne et Grégory, on mettra les liens en copie pour ceux qui veulent aller voir sur... L'ostéopathie et la spécificité de l'approche tissulaire de l'ostéopathie. Ce que je te propose d'aborder aujourd'hui, c'est une vision un petit peu plus large pour aborder la santé globalement, l'ostéopathie, et puis garder un petit peu de technique. Avoir cette possibilité que des professionnels de santé, de la santé, du soin, du bien-être, des enseignants aussi, puissent se dire, tiens, il y a des choses qui peuvent peut-être faire écho. Voilà, c'était important pour moi de parler de ça. Donc dans ton parcours, dans ces années 70, tu vas donc devenir apprenti ostéopathe. On est au tout départ. Et assez vite, je crois que tu vas être amené à faire un travail de traduction d'écrit.
- Pierre Tricot
Pas si vite que ça. Pas si vite que ça. Mon premier travail de traduction, c'était l'autobiographie de style.
- Antoine Lacouturière
98.
- Pierre Tricot
Elle est sortie en 98, donc j'étais dessus en 97. Donc tu vois, ça fait quand même quasiment plus de 20 ans même après. Ça a été tardif, tardif.
- Antoine Lacouturière
Donc pendant ces années-là, tu pratiques l'ostéo ? Oui. Tu es kiné, pratiques l'ostéo, à une époque où l'ostéopathie, on est à la limite de l'exercice...
- Pierre Tricot
Illégal ?
- Antoine Lacouturière
Oui.
- Pierre Tricot
J'avoue que ça, ça ne m'a jamais perturbé. Dès le départ, j'étais conscient d'être là où je devais être, de faire ce qu'il fallait faire, et je me foutais complètement d'être légal ou illégal. Et ça ne m'a jamais posé problème, et je n'ai jamais eu de problème, non.
- Antoine Lacouturière
Intéressant quand même à souligner.
- Pierre Tricot
Je crois que c'est relié, à postériori je peux le dire, quand j'étais dedans je ne pouvais pas forcément le dire, mais c'est relié au fait d'être juste par rapport à tes fondamentaux, à tes essentiels. Et à partir de ce moment-là, les choses de la vie, la vie est ainsi faite qu'elle te présente les choses qui doivent se présenter au moment où elles doivent se présenter. Et voilà, c'est comme ça que ça s'est fait en fait.
- Antoine Lacouturière
On a échangé avec Philippe Andréani sur cette période qui... qui est un petit peu plus jeune que toi mais qui a commencé l'ostéopathie avant la reconnaissance officielle, qui a eu un diplôme de mémoire dans les années 90-95, et donc qui nous parlait de cette époque où c'était en transition entre la reconnaissance et pas. Je reviens sur les différentes casquettes, traducteurs. C'est arrivé en 98, après il y a Auteur, il y a plusieurs livres, on va en parler après des livres, et puis ça fait partie des questions que j'ai sur l'évolution entre les deux éditions de ton livre 1 notamment, mais on le garde un petit peu plus tard dans le podcast. Ce que je te propose de faire, je crois que tous les deux on apprécie les mots, et il y a une citation dans ton livre de mémoire, c'est Nicolas Boileau, « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » . Je crois que c'est ça. Et puis il y en a une autre de Confucius sur le fait de dire que s'il était amené à régner, il rétablirait les mots en premier. Ça, je crois que c'est dans le Glossaire.
- Pierre Tricot
Cette histoire des mots, ça c'est venu de mon travail de développement personnel. J'ai rencontré dans les années 80 seulement, j'ai rencontré un bonhomme qui s'appelait, il est décédé bien sûr, Korsipski, Alfred Korsipski, qui était le fondateur de la sémantique générale. Et Korsivski insiste vraiment de manière très importante sur l'importance de définir les mots, parce que la plupart du temps, comme les mots sont mal définis, on a l'impression de parler la même chose et on ne parle pas de la même chose.
- Antoine Lacouturière
Oui, je vois très bien ce que tu veux dire.
- Pierre Tricot
Et donc, très très vite, je me suis intéressé aux définitions des mots et je me suis assez vite aperçu d'ailleurs que plein plein de concepts ou de mots que je pensais connaître, en fait je ne les connaissais pas très bien, et qu'aller chercher les définitions plus précises, c'était très très formateur, très intéressant, ça apportait beaucoup, oui.
- Antoine Lacouturière
Je ressens vraiment ça dans tes livres, dans tes écrits, et puis aussi dans les formations que j'ai pu suivre, de cette conscience sur le bon mot pour décrire et pour qu'on soit tous le plus possible au même endroit. Ça laisse une grande place à l'interprétation, je trouve, les mots. Un mot dit comme ça. Et dans la transmission, le fait de s'accorder à ça, ça me paraît bien. Donc ce que je propose de faire, pour suivre la discussion, c'est de... Mettre des mots sur la santé et l'ostéopathie. Est-ce que tu veux bien nous donner ta vision ? Parce qu'il y a plein de définitions de la santé. Il y a celle de l'OMS et puis... Mais aujourd'hui, pour toi, Pierre Tricot, qu'est-ce que c'est la santé ?
- Pierre Tricot
Alors un organisme en état de santé, pour moi, ce serait un organisme dans lequel l'ensemble des parties travaillent pour le tout. C'est-à-dire que les parties existent toujours en tant que parties, mais en même temps, elles sont toutes... centrés, orientés dans leur action, dans leurs activités, pour le fonctionnement du tout, sans restrictions. Alors c'est une utopie, la santé parfaite, c'est évident, mais la santé parfaite, ça serait ça pour moi, oui.
- Antoine Lacouturière
Ok. Et l'ostéopathie ?
- Pierre Tricot
Ce que j'apprécie beaucoup dans l'ostéopathie, c'est qu'elle part de l'idée que fondamentalement, un système vivant, il est fait pour être en bonne santé. On trouve ça chez Still déjà, bien sûr chez Sutherland, bien sûr chez Becker et toute cette lignée, et dire que la santé est toujours présente. Fondamentalement, un système vivant, pour moi, il a été conçu pour être en bonne santé. Ça peut paraître bizarre, mais je ne me vois pas très bien en tant que créateur m'amuser à créer des systèmes mal foutus. Donc je ne sais pas qui est le créateur, je ne peux pas répondre à la question, mais ça me paraît évident qu'au départ c'est fait pour fonctionner en bonne santé et que fondamentalement la santé, elle est inhérente, elle est là, elle est présente. Il y a plein de choses qui vont l'empêcher de se manifester correctement, l'entraver, d'accord, mais la santé elle est toujours là.
- Antoine Lacouturière
Elle est inhérente et je me demande si ce n'est pas Baker qui dit... Elle est là dans le présent, en fait. Il y a une citation comme ça.
- Pierre Tricot
Je ne la connais pas par cœur, mais je vois ce que tu veux dire.
- Antoine Lacouturière
Ça fait écho. La santé, donc toucher du doigt la santé, c'est un petit jeu de mots pour le podcast. Toucher du doigt, là, on est dans le thème de l'ostéopathie. Je trouve que ça va bien. Comment est-ce que cette vision de la santé a évolué dans la richesse de l'expérience que tu as entre les années 70 où tu commences et aujourd'hui ? Est-ce que tu peux nous parler de ça ?
- Pierre Tricot
Ça se fait très progressivement parce que quand j'ai commencé, j'étais dans la logique, la cohérence du système médical classique en tant que kinésithérapeute. En fait, je n'avais même pas une idée très précise de la santé. Je ne me posais même pas la question. Donc, on était encore dans une logique, je suis un praticien qui va faire quelque chose sur le patient, qui va fonctionner et qui va faire que le patient va être en meilleur état de santé. Mais je n'avais pas du tout la considération que la santé est inhérente au système, non, pas du tout.
- Antoine Lacouturière
Est-ce qu'il y a une intention positive, entre guillemets, louable d'un jeune kinésithérapeute qui commence ? Je vais faire quelque chose dans le faire pour que l'autre aille mieux dans l'être, j'améliore sa santé sans vraiment me poser la question de ce que c'est.
- Pierre Tricot
Tout à fait, c'était ça à ce moment-là, oui. Et après, la chance que j'ai eue, c'était de rencontrer Viola Freiman tout de suite après, dès mon début de pharmacie en ostéopathie. Et donc d'avoir déjà une connexion quand même avec cette... concept de santé inhérente, parce que Viola en parlait souvent quand même. Alors j'ai dit que mon activité de traducteur n'avait commencé qu'en 98, mais en fait c'est pas vrai, parce que j'avais déjà traduit des textes de Viola Freymann par exemple, mais c'était des traductions qu'on échangeait entre nous, qui étaient entre copains.
- Antoine Lacouturière
Il me semblait que dans les stages, tu nous avais dit ça, tu le faisais en petits groupes.
- Pierre Tricot
C'est d'ailleurs à cause de ça que j'ai été amené à un moment donné à m'intéresser à Steele et me dire comment ça se fait que ce type n'est pas traduit. Ça me paraissait bizarre, et c'est comme ça que je me suis lancé là-dedans. sans même une idée de publication parce que je me disais mais ça existe depuis tellement longtemps, il y a tellement de gens qui ont pu le lire et il n'y a personne qui s'y est intéressé, donc ça n'intéressera personne. Je l'ai fait pour moi au départ et je me suis pris au jeu, je me suis engagé dans un truc, une aventure qui pour moi était extraordinaire, vraiment extraordinaire. Même encore maintenant quand j'en parle, j'ai l'émotion qui remonte. de ce contact avec une conscience particulièrement éveillée et toutes les difficultés que ce type, cette conscience a rencontré conscience éveillée au milieu d'un système et de gens qui n'avaient pas du tout la conscience éveillée bien entendu, à essayer de transmettre quelque chose à des gens qui avaient beaucoup de mal à le comprendre ça existe toujours, mais aujourd'hui c'est différent quand même, les consciences ont évolué malgré tout ça fait écho quelque part oui
- Antoine Lacouturière
Merci Pierre. Steele, du coup, on est dessus. Peut-être un petit mot pour les auditeurs, les auditrices qui ne connaissent pas.
- Pierre Tricot
C'est le fondateur de l'ostéopathie. Steele vivait, l'essentiel de sa vie, c'est la deuxième moitié du 19e. Il est né en 1828, mort en 1917. Donc, la grande partie de sa vie, c'est la deuxième moitié du 19e siècle. Au départ, il était... Alors il faut connaître le contexte, ça aussi c'est extraordinaire, de découvrir le contexte dans lequel s'est créée l'ostéopathie, et de comprendre qu'en fait ça s'est créé à un moment et à un endroit, où c'était le seul endroit où ça pouvait se créer, et qu'il n'y avait pas d'autre endroit possible à mon avis, parce qu'il y avait encore une possibilité de liberté dans les essais, de liberté dans les... de s'aventurer dans tout un tas de... Oui,
- Antoine Lacouturière
d'essais,
- Pierre Tricot
d'expérimentations qui n'ont plus existé après, qui n'existent plus maintenant. Aujourd'hui, dans les systèmes de soins médicaux, on est toujours cloisonné par tout un tas de règles et d'interdits qui font qu'on ne peut plus expérimenter les choses. Et c'est ça qui a permis la naissance de l'ostéopathie, parce qu'en fait, s'il était médecin, il faut savoir qu'être médecin dans le Midwest américain dans les années 1850, Ça n'avait rien à voir avec la médecine, même la médecine de la côte ouest des USA, qui était à peu près la médecine de l'Europe de cette époque. Mais dans le Middle West américain, c'était zéro. La médecine, c'était la médecine de Molière, guerre plus. Donc, médecine qui était inutile, inefficace, très dangereuse, avec des praticiens qui étaient très imbues d'eux-mêmes. Ça, ça n'a pas changé non plus. Et Steele, il a vécu des expériences personnelles où il s'est trouvé confronté à un moment donné avec l'idée, mais est-ce que le créateur, il peut... peut accepter, est-ce qu'il a pu imaginer ou concevoir ou désirer ses malheurs, toutes ses difficultés ? Et pour lui, ça semble évident que non. Le créateur, il n'avait jamais inventé un truc pareil ou jamais souhaité un truc pareil. Et en particulier, c'était le décès de plusieurs membres de sa famille au cours d'une épidémie de ménagie de cérébro-spinal. Et c'est ça qui a été le déclencheur principal pour sa recherche d'autres choses et qui a fini par aboutir à l'ostéopathie. Ce qui est difficile avec Steele, c'est que les influences qu'il a subies, et puis tous les essais, toutes les expérimentations qu'il a pu tenter, en fait, on n'est pas très au courant, il n'en parle pas beaucoup. Il a certainement essayé plein de choses, il a certainement eu beaucoup d'influences, il ne cite pas forcément ses sources, mais c'est tout ça qui, mélangé, a fini par créer, générer ce qu'il a appelé l'ostéopathie.
- Antoine Lacouturière
Je reviens sur ce que tu dis à la fin, c'est-à-dire que... C'est quand même toi qui a traduit les quatre ouvrages de style Le Créateur en langue française. Donc je pense que c'est toi qui le connais le mieux, entre guillemets, sur la partie... Enfin, même pas de guillemets, je mets des guillemets tout le temps dans le podcast, mais là je pense du fond de mon être que c'est toi qui le connais le mieux. Le fait de recontextualiser ça, aujourd'hui, on en parlera peut-être un peu plus tard dans le podcast, avec les conflits, les guéguerres de clochers entre les ostéopathes notamment, mais... au-delà de l'ostéopathie, entre les praticiens qui veulent des preuves de la science et que ça, et puis les autres, ça me paraît intéressant de rappeler que dans ce contexte-là, il avait à sa disposition pas grand-chose d'autre que lui-même, ses mains, et qu'il a pressenti des principes, des règles qui aujourd'hui encore sous-tendent la vie et une grande partie des soins.
- Pierre Tricot
Oui. Je crois qu'en plus, les règles, les fondamentaux de l'ostéopathie sont des règles de bon sens. Ce n'est pas quelque chose de particulièrement extraordinaire, je ne crois pas. Ce sont des règles de bon sens, mais qui sont maintenues comme des fondamentaux. Alors que souvent, on évoque des règles de bon sens et puis voilà, on les oublie et on fait autre chose. Et en ce sens, l'ostéopathie, pour moi, c'est vraiment quelque chose de très pertinent.
- Antoine Lacouturière
Donc, on peut dire qu'à cette époque-là... Elle est active pour la santé des gens, au sens où dans le Middle West, il fait partie des gens qui œuvrent de façon majeure à l'amélioration de la santé des habitants autour de lui, de ses proches, même s'il y a des fatalités sur lesquelles il ne peut pas agir. Oui,
- Pierre Tricot
bien sûr. En plus, à cette époque-là, ils ne connaissaient pas un certain nombre de choses qu'on connaît aujourd'hui, notamment, par exemple, toute l'histoire des microbes et des maladies microbiennes, ils ne connaissaient pas. La science était ce qu'elle était, et leurs connaissances étaient ce qu'elles étaient, donc ils étaient obligés de se dérouiller avec ce qu'on appellera les moyens du bord. Les moyens du bord, pour Steele, c'était finalement ses mains.
- Antoine Lacouturière
En préparant l'épisode, tu vois, je faisais un parallèle et je me disais... Aujourd'hui, il y a quand même des conflits importants entre les ostéopathes sur le fait de dire « mais style, on s'en fout » , qui me choquent, et de me dire « oui, on ne peut pas tout prendre au pied de la lettre, mais il y a des choses qui, remises dans le contexte, sont extraordinaires par rapport aux moyens qu'il avait, des intuitions qu'il a eues, et de l'héritage, des outils qu'il nous laisse, des incitations » . Et ça me faisait penser à Hippocrate. Je ne sais pas si tu as fait cette analogie déjà, en se disant « j'ai l'impression qu'Hippocrate, il a une meilleure presse dans le sens où... » Il a dit des choses qui sont archi-fausse, la théorie des humeurs par exemple, ou des croyances qu'il avait sur des représentations, mais il a laissé une trace qui me semble perdurer dans le temps.
- Pierre Tricot
Alors je ne connais pas très bien Hippocrate, ni son histoire, ni la suite, donc je ne peux pas trop partir avec toi là-dedans. Mais même style, il a certainement dit des choses, même en traduisant style, il y a des choses qui pour moi ne semblaient pas justes, pas correctes, mais c'est évident. Mais ce n'est pas ça qui est important. Ce qui est important, c'est dans ce qu'il a transmis, qu'est-ce qui est correct ? Il y a des choses fondamentales qui restent correctes. Alors là, l'erreur qu'on commet très souvent par rapport à ça, c'est justement de se polariser. C'est-à-dire, je suis pour ou je suis contre ? C'est vrai, c'est faux ? Mais non, attends, la vie, ce n'est pas ça. Et l'humain est en train de crever de ça. Et je trouve ça choquant,
- Antoine Lacouturière
ça me choque. Ça te choque aujourd'hui ? Ah oui.
- Pierre Tricot
Ah oui. En plus, chez les ostéopathes, c'est vraiment choquant. On assiste à ça. Ils sont radicalisés, c'est évident.
- Antoine Lacouturière
De plus en plus,
- Pierre Tricot
oui. Oui, ça n'a pas de sens.
- Antoine Lacouturière
Il y a un message que tu aimerais me transmettre par rapport à ça ?
- Pierre Tricot
La vérité, elle est nulle part. La vérité, elle est nulle part. C'est-à-dire qu'on peut très bien... Ce qui est important, c'est d'avoir le droit d'exprimer ce qu'on estime important ou essentiel pour soi. Après, que les gens soient d'accord ou pas d'accord, c'est un autre problème. Ils sont libres aussi d'être d'accord ou pas d'accord, c'est évident, et ils sont libres aussi d'avoir d'autres manières d'envisager les choses. Mais accepter que nous existions avec nos particularités, avec nos théories, avec nos croyances, c'est super important. On ne peut pas s'en sortir autrement.
- Antoine Lacouturière
Ça me fait penser à des éléments de la communication non violente, de la communication bienveillante, le fait de laisser à l'autre la possibilité d'avoir un vécu différent du tien.
- Pierre Tricot
Alors le problème de la communication non-violente pour moi, c'est que... Comment t'expliquer ça ? La théorie, c'est une chose. Et puis, qu'est-ce qui fait qu'en moyenne, telle violence ? Et si je ne règle pas mon problème de violence intérieure, je ne peux pas accéder à une communication vraie, non-violente vraie avec autrui. Ce n'est pas possible. Et puis en plus, il y a l'intention qu'on a derrière ça. Qu'est-ce que je veux faire dans cette communication non-violente ? Est-ce que c'est vraiment de la bienveillance ou est-ce que je veux l'utiliser pour ? Tu vois ce que je veux dire ? Oui, je vois bien. Parce que tous ces systèmes qui étaient au départ orientés vers un mieux-être des personnes ont été pris, accaparés par des systèmes qui cherchaient à contrôler, qui cherchaient à obtenir, qui cherchaient... C'est triste, c'est triste.
- Antoine Lacouturière
Une forme de manipulation.
- Pierre Tricot
Oui, tout à fait.
- Antoine Lacouturière
Moi aussi. D'accord, Pierre. Dans les définitions, l'ostéopathie, il y a un mot qui me tient vraiment à cœur, c'est un mot depuis que je t'ai rencontré, c'était avant de devenir ostéo, je faisais du sport de haut niveau, et un jour il y a un ostéo qui m'a mis le bouquin dans son premier livre, dans les mains, en disant, tiens, quand tu fais du sport, il y a attention, intention, présence, tu devrais lire ça. et je me suis dit mais c'est marrant je sais pas ce que c'est mais c'était un moment fort pour moi attention, intention, présence et je me suis dit bon ça c'est fort et j'ai découvert l'approche tissulaire de l'ostéopathie est-ce que tu peux nous parler de ces trois mots parce que quand on alors en te côtoyant en stage et puis dans les livres tu le développes mais pour les auditeurs, pour les auditrices l'ostéopathie d'accord je crois que t'as l'habitude de dire toi ou Alain on on ce n'est pas l'ostéopathie avec un grand O, mais en fait de l'ostéopathie.
- Pierre Tricot
Oui, tout à fait.
- Antoine Lacouturière
Approche, c'est aussi ça que ça veut dire, mais tu en parleras bien mieux que moi. Est-ce que tu peux nous parler de cette orientation, de cette construction, de cet édifice que vous avez bâti dans le temps ?
- Pierre Tricot
Alors en fait, cet édifice s'est bâti par rapport à des difficultés personnelles que j'avais, et notamment difficultés de palpation. Comme mes enseignants français, avait reçu un enseignement direct de Viollet-Frayman, Tom Scully et Harold Magoon, l'enseignement était tout de suite centré beaucoup sur le crânien. Et j'avais un problème de palpation, je ne sentais rien du tout, rien. Déjà, l'idée qu'un crâne, ça bouge, ça me choquait. Je trouvais ça complètement dément. Depuis le temps que ça existe, si ça bouge, on le saurait quand même. Quand même. Et puis dans mes formations, ça n'était pas cohérent du tout. Heureusement que ces gens-là avaient les pieds sur terre. C'est-à-dire que par ailleurs, ils avaient un discours qui était cohérent, qui avait du bon sens. Et je me disais, il y a quelque chose que je ne comprends pas là, mais il y a probablement quand même une vérité, mais je ne la saisissais pas. Et à un moment donné, j'ai commencé à... Quand je sentais quelque chose, ce n'était jamais ce qu'on me demandait de sentir, ou ce que j'aurais dû sentir, entre guillemets. Et c'est là aussi qu'on voit l'erreur pédagogique, à savoir que ce tourland, il est parti de rien, il a créé en fonction de ce qu'il a expérimenté. Et maintenant, on voudrait nous faire reprendre la même chose, d'abord en si peu de temps, alors que lui, ça a fait 40 ans pour le faire, en si peu de temps et avec des normes. Il faut sentir ceci, il faut sentir cela. Et à un moment donné, je me suis dit, mais je sentais des trucs, effectivement, je ne sais pas ce que c'était ni à quoi ça correspondait. À un moment donné, j'ai juste accepté de me faire confiance. Ça a été très difficile, ça. Parce que quand tu es jeune praticien... De quel droit tu te permets de mettre en doute ce qu'on t'a appris ou ce que des maîtres qui ont, je ne sais pas combien d'années d'expérience derrière eux, t'apprennent ou te disent être vraiment les choses qu'il faut ressentir. Donc ça, c'est ma démarche personnelle qui m'a permis à un moment donné de sauter ce pas et d'accepter que, eh bien, eux, ils sentaient ça. Et puis moi, je sens ça. Et puis, ils ont peut-être raison, mais moi aussi, je n'ai probablement pas tort parce qu'en tout cas, c'est ce que je ressens et je ne peux pas faire autrement. Et j'ai accepté de... d'aller dans ma perception, de suivre ce que je ressentais. Et là, j'ai commencé vraiment à ressentir des choses très différentes dans les traitements et puis des résultats thérapeutiques qui étaient évidents. Ça marchait nettement mieux, nettement mieux. Seulement, ce que je sentais, c'était tellement pas cohérent par rapport à ce qu'on cherchait à m'apprendre qu'il a fallu que je cherche des explications. Et c'est à ce moment-là que justement, toute cette recherche de qu'est-ce que c'est que la présence, de la qualité, de l'attention, de l'intention, tout ça, c'est venu à ce moment-là, de me rendre compte qu'en fait, il pratiquait des choses qui... à longueur de temps, mais ils ne disaient pas qu'ils pratiquaient ces choses.
- Antoine Lacouturière
C'était naturel pour eux.
- Pierre Tricot
Et voilà, ils ne disaient pas, non pas qu'ils ne voulaient pas nous le dire, ils disaient qu'ils étaient naturels. Et très souvent, on est piégé par ça, quelque chose qui, pour moi, est évident, je ne comprends pas que pour quelqu'un d'autre, ce ne soit pas évident. Et j'ai eu la chance, au chemin personnel, de rencontrer des gens et de lire aussi des choses qui m'ont permis de comprendre que ce qui était évident pour quelqu'un, ce n'était pas forcément pour quelqu'un d'autre, et qu'il fallait mettre des mots là-dessus, essayer de clarifier le plus possible. que d'autres que moi puissent expérimenter la même chose. C'est comme ça que ce concept d'attention... Alors, c'est relié aussi à mon travail personnel sur la communication interpersonnelle. Justement, à ce moment-là, je suivais des formations sur la communication interpersonnelle et on nous parlait de l'attention. On fait mettre l'attention sur la personne à qui on parle. Avoir une intention, c'est-à-dire, qu'est-ce que je désire faire ? Qu'est-ce que je désire transmettre à cette personne ? Et la qualité de la présence, tout ça, c'est venu à la suite de ça. L'idée, ça a été à un moment donné, mais... ce que je suis en train d'apprendre sur la communication interpersonnelle entre les gens, pourquoi je ne pourrais pas l'utiliser sur la communication avec les tissus ? C'est une communication comme une autre, un peu particulière, mais c'est une communication comme une autre. Donc en fait, utiliser les mêmes ingrédients, c'est là que je me suis aperçu que ça changeait les choses quand même, oui bien sûr, dans la perception.
- Antoine Lacouturière
Donc là, c'est une démarche de développement personnel, ce qui aujourd'hui est à la mode, mais donc là on est dans les années 80, quelque chose comme ça ?
- Pierre Tricot
Oui, c'est ça.
- Antoine Lacouturière
Tu fais principalement du crânien, donc pour les gens qui connaissent peu... Non, non,
- Pierre Tricot
je ne faisais pas principalement du crânien.
- Antoine Lacouturière
Alors pardon, je reformule.
- Pierre Tricot
Je travaillais en ostéopathie générale comme je l'avais apprise.
- Antoine Lacouturière
Oui, je reformule. Tu es en contact avec l'ostéo traditionnel, peut-être plutôt de Medstone sur le courant, même pas. Non, non. Je reformule encore. Tes maîtres ont amené cette conscience du crânien. Oui, parfait. Voilà, ça on peut le dire. Ils amènent cette conscience du crânien. avec des axes, des rotations, des flexions, extensions, on va dire, les grands paramètres de l'ostéo-cranienne, les grandes balises, les grandes guides, et ce qui doit être senti quelque part.
- Pierre Tricot
Oui, en tout cas, on me disait ça.
- Antoine Lacouturière
Et là, pour moi, ça c'est hyper important, et ça fait partie des choses pour lesquelles je voulais vraiment te rencontrer, parce que... tu es dans le moule de l'apprentissage avec des maîtres qui sont bienveillants qui ont envie d'être là quand je dis m c'est un m majuscule en enseignant bienveillant voilà donc tu tu une forme de c'est aussi de compagnonnage ou de transmission de mentor ok et toi au fond de toi il ya quelque chose qui dit ben moi
- Pierre Tricot
c'est pas comme ça ça marchait pas j'y arrivais pas avec ce que j'essayais d'apprendre ce que j'essayais d'appliquer ça marchait pas bien c'est le moins qu'on puisse dire
- Antoine Lacouturière
Pierre Tricot qui palpe, qui a des difficultés de palpation comme une chèvre, je trouve que c'est... Aujourd'hui, c'est rigolo. Et donc, ça part d'ici. Et là, tu dis, bon, je vais accepter de me faire confiance, ce qui est quand même une étape incroyable.
- Pierre Tricot
Ça, ça a été long et difficile. Oui, c'est une grande étape, c'est clair.
- Antoine Lacouturière
Je fais un parallèle avec les études d'ostéopathie, mais les études en général. on doit sentir ça on va chercher une validation et les enseignants sont souvent bienveillants dans le sens mais t'as pas senti ça t'as pas senti et Et même les premières fois que j'ai reçu des traitements ostéopathiques, je pense à plusieurs ostéopathes qui me disent « t'as senti là ? » « Mais non, mais je ne sais pas de quoi tu me parles. » Alors il y a une forme aussi de pudeur de ne pas dire « mais non, je ne comprends pas ce que tu me dis. »
- Pierre Tricot
Tout à fait, parce que c'est pour un con.
- Antoine Lacouturière
Oui, pour faire plaisir. Et on est beaucoup à ressentir ça, je crois. Tu vois, dès l'école, en fait, en disant ce côté un peu domestiqué, ce côté bien élevé, bon, moi, je n'y suis pas. Sauf que quand tu discutes en petit groupe après, tu te rends compte que là, Cette sensation que toi tu décris, elle est quand même partagée souvent.
- Pierre Tricot
Oui.
- Antoine Lacouturière
Donc ça, pour moi, c'était hyper important de le souligner, parce que je trouve, Pierre, que c'est transmissible à beaucoup de choses, à l'approche tissulaire et... À la vie ? Et oui.
- Pierre Tricot
Parce qu'en fait, regarde bien que, attention, attention, en présent, c'est la vie, c'est pas de l'ostéopathie.
- Antoine Lacouturière
Non.
- Pierre Tricot
C'est juste appliquer à l'ostéopathie quelque chose qui est relié à la vie. C'est juste ça, c'est tout.
- Antoine Lacouturière
C'est tout. Ah oui.
- Pierre Tricot
Non,
- Antoine Lacouturière
ok. Point. point de suspension est-ce que c'est ok pour toi qu'on revienne sur cette approche tissulaire où tu nous partages le fait que ça soit construit que ça t'a pris du temps d'arriver à faire confiance à tes perceptions et donc petit à petit ce modèle il se crée et t'as une idée de alors je vais dire une idée de génie ici je peux le dire mais t'as ton idée à toi qui est un peu barrée au départ une
- Pierre Tricot
idée de cinglé oui c'est clair la conscience cellulaire L'idée que les cellules puissent être conscients, c'est une idée folle.
- Antoine Lacouturière
Parce que je reviens sur ce que tu disais, tu fais des stages de communication interpersonnelle, et là tu te dis, bon, moi j'ai mes difficultés de passion, je fais du bien aux gens, même si des fois je ne sais pas exactement ce que je fais. Bon. Je ne sais pas s'il faut le dire ça. Oh si. On en parlera tout à l'heure. Ça fait partie des questions qui reviennent le plus de mes amis, des connaissances, et puis sur les réseaux. Mais en fait, qu'est-ce qu'on fait vraiment ?
- Pierre Tricot
Je crois qu'on croit maîtriser une partie. Peut-être qu'on en maîtrise une petite partie et puis il y a d'énormes choses qu'on ne maîtrise pas et qui sont là présentes et qui fonctionnent quand même. Donc il faut se calmer. Oui,
- Antoine Lacouturière
on prend un peu d'avance dans l'idée de ce que j'avais de la discussion, mais oui, on prend ça au passage. Je reviens sur la petite part que tu maîtrises, tu es dans ta démarche de développement perso et tu te dis, tiens, ces outils que j'ai pour faire de la communication interpersonnelle, si je les appliquais, moi au cabinet. mais pas avec des mots que des mots, aussi avec les mains et les tissus.
- Pierre Tricot
Oui, tout à fait.
- Antoine Lacouturière
C'est ça qui se passe ? C'est pas ça.
- Pierre Tricot
J'étais pas si conscient que ça, si tu veux, mais c'est ça qui s'est passé quand même. Je me suis dit, je vais mettre en place ces paramètres d'attention, d'attention. Il y a aussi les paramètres, ce qu'on appelle les paramètres objectifs, c'est-à-dire le contact avec l'aspect matériel du système corporel. Ça aussi, j'étais long à découvrir qu'en fait... C'est en fait grâce notamment à Viola Freiman, qui a plusieurs reprises à Minima sur ma tête en cours de formation. Elle avait un contact qui était complètement différent de celui de mes profs. Mes profs me disaient, n'arrêtez pas de nous répéter, n'appuyez pas, soyez doux, peu de pression et tout et tout. Et quand Viola avait les mains sur ma tête, elle était vachement présente là-dedans. Alors, ce n'était jamais perturbateur, ce n'était jamais intrusif, ce n'était jamais désagréable, mais je sentais bien qu'il se passait des choses en grande profondeur et qu'elle avait une qualité de présence qui était bien plus que simplement le contact. En fait, c'est l'enracinement. Alors, à un moment donné... Elle nous montrait des techniques sur les fascias. Il y avait un patient qui était allongé sur la table. Elle prenait la main de ce patient. Et puis, on voyait le bras qui commençait à bouger dans toutes les directions. À un moment donné, elle s'arrêtait. Et puis, voilà, c'est fini. Et nous, quand on prenait la main du patient, il se passait rien. Je disais, qu'est-ce que c'est ça ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Et à un moment donné, je me disais... sans être conscient de le faire, vraiment, je me suis enraciné, j'ai mis de la tension dans mes mains, et à ce moment-là, j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui commençait à bouger. Je me suis dit, oh, c'est extraordinaire ce truc-là. Alors, ce n'était probablement pas du tout aussi performant que ce qu'elle faisait, mais c'était déjà extraordinaire d'avoir ce mouvement. Et en fait, c'est une des choses qui m'a débloqué, par rapport à la palpation crânienne, justement, parce que dans les techniques sur les facia, on ne nous disait pas, il faut sentir telle ou telle chose. On nous laissait libre d'aller dans ce que nous ressentions. Ça, c'était quand même important. Et donc, c'est à ce moment-là que j'ai vraiment pris conscience que ma qualité... matériel donc je dirais de racinement j'appelle ça aujourd'hui un racinement ce moment là j'avais pas vraiment de ça ce nom là m'a qualifié de tension densité tout ça c'était super important que si tu étais trop détendu ça marchait ça ne fonctionnait pas et après c'était il a fallu éduquer m'éduquer par rapport à la manière de mettre ça en place pas être trop brutale pas être trop directif pas vouloir aller trop fort trop trop vite trop fort tu vois ça demande du temps mais une fois que ça ça a été ça s'est développé alors j'ai commencé à sentir des choses vraiment intéressante dans les tissus des patients oui monsieur
- Antoine Lacouturière
Et donc petit à petit, cette transposition entre la communication interpersonnelle et la communication avec les tissus, tu t'es mis à dialoguer avec les tissus.
- Pierre Tricot
Alors cette histoire, c'est aussi une expérience personnelle avec l'histoire de Ballon. On utilise en approche tissulaire des ballons gonflés qu'on prend entre les mains et on analyse un peu les perceptions qu'on a qui viennent de ces ballons. Souvent, les gens décrivent quand même des perceptions de style, de type expansion et traction. Et c'est Francis Pirellat qui m'avait fait faire l'expérience à un moment donné. On se retrouvait parfois chez lui le samedi matin pour travailler des trucs en ostéopathie. Alors que je ne sentais rien, j'arrive un jour chez lui, il met un ballon dans la main et me dit « Pierre, prends le ballon et attends » . Et j'ai failli lâcher le ballon. parce que d'un seul coup, j'ai senti un mouvement d'expansion et de traction. Je ne sais pas d'où il sortait. Ça ne pouvait pas venir du ballon quand même. Je ne comprenais pas le truc. Je ne savais pas ce que ça voulait dire. Tous les gens qui ont fait l'expérience le jour-là avec nous, ils ont à peu près senti les mêmes choses, en gros. Et ce qui est curieux, c'est que personne n'a imaginé que ça pouvait avoir du sens, que ça pouvait être utilisable. Donc, c'est tombé aux oubliettes. On l'a laissé tomber. Et après, c'est lors d'un mariage où je m'enquiquinais. Ça, c'est une expérience assez fréquente pour moi. Et il y avait des ballons. Donc, pendant que les gens s'amusaient à faire leur danse de machin, moi, je me suis mis sur le côté avec mon ballon et j'ai commencé à jouer avec le ballon. Et surtout, à me rendre compte que j'avais la capacité de modifier des choses, notamment le rythme. On nous avait dit toujours que le rythme de l'expansion et de l'attraction du système crânien était invariant. Eh bien, j'ai pu l'accélérer, le ralentir. Alors, effectivement, quand j'ai arrêté de l'influencer, il reprenait son rythme, je dirais, normal, bien sûr. Donc, je me suis dit, mais là, il y a quelque chose qu'on ne m'a pas dit. qui n'est pas exprimé. Et en même temps, c'est à ce moment-là que j'ai justement été amené à émettre l'idée de conscience. Si je suis capable, par mon intention, d'envoyer une information au système et que le système me donne une réponse, et j'avais la réponse dedans par le ballon, c'est qu'il est conscient ce système. Ce n'est pas possible autrement. Je ne pouvais pas concevoir autrement. Mais cette idée, elle était tellement folle que pendant très longtemps, je l'ai laissée de côté. Je n'ai pas voulu aller dedans. Puis à un moment donné, je me suis dit, en travaillant sur la conscience, on va voir ce que ça donne.
- Antoine Lacouturière
Génial. Je trouve ça précieux d'entendre l'histoire de cette idée, elle était tellement folle que je l'ai mise de côté pendant un certain temps. Jusqu'à oser se dire, bon, ok, elle est là et je...
- Pierre Tricot
Après, l'étape suivante, c'était d'oser en parler. ça c'est pas fait tout seul non plus oui et en fait j'ai osé en parler parce que j'étais capable de faire expérimenter les choses aux gens et à ce moment là je me suis dit c'est pas seulement en parler et dire ben voilà ce que je sens c'est aussi amener les autres à expérimenter quelque chose de similaire pas forcément la même chose mais quelque chose de similaire donc c'est à partir de là que j'ai osé et puis quand t'as commencé un truc comme ça après que tu oses et ben tu t'arrêtes plus super
- Antoine Lacouturière
Ça me donne envie de parler d'un mot que tu viens d'évoquer qui m'a fait gratter quelques heures celui-ci. C'est un mot qui relie la sophrologie. et l'ostéopathie, et notamment l'approche tissulaire. Et c'est un mot qui est, je crois, dans chacun de tes bouquins. En tout cas, livre 1, livre 2.
- Pierre Tricot
Et qui est ?
- Antoine Lacouturière
Conscience.
- Pierre Tricot
Ouais.
- Antoine Lacouturière
Tu vois, conscience... Est-ce que tu peux... Alors, j'ai plein de définitions là sur ma fiche, mais on va le faire en face sans que je lise les définitions. Tu le définis dans le glossaire, avec l'étymologie du mot conscience. Pour moi, il y avait un côté... neurophysiologiques aussi en conscience, différents niveaux de conscience dans le système nerveux en fonction de la moelle épinière, du cerveau qu'on pourrait dire reptilien, du cerveau limbique, du néocortex, tu vois sur le côté substrat anatomique de la conscience. Il y a des études en 2018 qui ont été faites à Harvard sur quel est le siège de la conscience. Est-ce qu'on peut mettre, toucher du doigt, est-ce qu'on peut toucher du doigt la conscience avec des IRM fonctionnels ? Notamment dans des phases de coma. où il y a des gens qui sont dans différents états de coma, avec des niveaux d'éveil et de vigilance qui sont plus ou moins grands, et donc on voit les zones qui s'allument, et on peut dire, tiens, quand cette zone ne s'allume pas, c'est en lien avec tel coma. Mais en fait, la fin de l'étude, c'est de dire que c'est tellement complexe qu'on peut parler de niveau d'éveil primaire, mais il y a des dizaines et des dizaines, je crois que c'est 42 de mémoire, d'associations d'air au minimum, quand la conscience complète est là, et que c'est trop difficile pour l'instant d'explorer plus. Tout ça, c'est des choses qui me paraissaient importantes, mais je ne suis pas sûr qu'on parle du même mot, Pierre, conscience. Qu'est-ce que c'est pour toi la conscience ?
- Pierre Tricot
Le problème que j'ai eu pour moi, l'essentiel, c'était de définir la conscience. Comment je peux définir la conscience ?
- Antoine Lacouturière
Je trouve que c'est un mot qui est vraiment... Dans la langue française aujourd'hui, il y a peu de mots pour moi qui sont aussi complexes à définir. En fonction du métier, de l'angle que tu prends, ce n'est pas la même définition.
- Pierre Tricot
En fait, c'est un des mots qu'on utilise le plus, pour lequel on ne définit quasiment jamais. que l'on ne définit quasiment jamais. Donc, je n'ai pas la prétention d'avoir une définition, ou la définition de la conscience. J'ai la prétention de dire, quand je parle de conscience, voilà ce que je dis. Ça, ça a du sens pour moi. Je ne peux pas l'imposer. Après, les gens s'y relient ou ne s'y relient pas. C'est juste ça. Donc, la conscience, pour moi, c'est quelque chose qui vient de la polarisation. C'est-à-dire que... Comment expliquer ça simplement ? Une conscience, c'est ce que j'appellerais un jeu. J-E, et on est dans un univers polarisé, donc quel que soit le concept que l'on considère, on le considère systématiquement, souvent implicitement, avec son opposé. Un concept n'existe pas par lui-même, il existe toujours par rapport à son opposé. Le grand par rapport au petit, le gentil par rapport au méchant, le riche par rapport au pauvre, et ainsi de suite. Donc si je définis la conscience, je, en tant que conscience, je suis obligé de chercher à quoi ça s'oppose ce je. Et pour moi, logiquement, ça s'oppose à non-je. bien sûr, à quelque chose que je vais expérimenter comme n'étant pas je. Et je pense qu'on peut utiliser ce concept à tous les niveaux. Quel que soit le niveau de conscience qu'on considère, je considère que ce concept il est juste. Donc que ce soit à un niveau particulièrement spirituel, à un niveau mental, à un niveau physique et à différents niveaux physiques, je pense que ce concept reste valide pour moi en tout cas. On peut l'utiliser quoi.
- Antoine Lacouturière
Ça me parle ce que tu dis parce que la définition, alors l'étymologie du mot sophrologie qui est mon... qui fait aussi partie de mon quotidien comme exercice, c'est Caïsse et Do dans les années 60, mais 1960, qui crée ce néologisme et qui dit « sos phren logos » des racines grecques, qui veulent dire « étude de la conscience harmonieuse » . J'ai trouvé le terme génial ! J'ai trouvé ça trop bien ! « Étude de la conscience harmonieuse » , on y va ! Et puis il y a une autre formule qui dit « pour que la conscience soit connue » . C'est ça ! simplement en sophro la conscience c'est une force tu vois c'est décrit comme une force là où le larousse ou le robert je sais plus le décrit comme la faculté de connaître sa propre réalité de la juger ça c'est un niveau de conscience très sophistiqué déjà ça oui
- Pierre Tricot
Pour moi, c'est de la conscience, mais c'est de la conscience très évoluée déjà. Il y a des niveaux de conscience beaucoup plus élémentaires.
- Antoine Lacouturière
Et oui, et c'est pour ça que c'est important pour moi d'en parler, parce que tu vois, en Saufraud, on dit force responsable de l'intégration des processus de l'existence, et que ça soit sur le niveau physique, psychique, émotionnel ou spirituel. Mais quand on parle comme ça avec les gens, c'est une suite de mots qui est difficile à comprendre. Tout à fait. Cette force d'intégration. Et dans le modèle que tu proposes, qu'on pourrait illustrer par une cellule, l'intérieur de la cellule, la membrane, et puis l'extérieur, le jeu, le non-jeu, ou un rond simplement sur un schéma, un disque avec... à l'intérieur du disque et à l'extérieur, je trouvais que c'était peut-être plus pédagogique, plus facile d'accéder à ça. Quand on dit qu'on va dialoguer avec des consciences, tu vois, ça peut faire... on est complètement barré.
- Pierre Tricot
C'est peut-être pas faux.
- Antoine Lacouturière
Oui, bon. OK. Mais une fois qu'on a dit ça, en fait, quand tu l'expérimentes dans les mains, et puis je pense qu'on est beaucoup de thérapeutes manuels à pouvoir parler de ça. Alors, il y a ceux qui ne s'autorisent pas à le dire, il y a ceux qui ne s'autorisent pas à le penser.
- Pierre Tricot
Il y a ceux qui ont peur de ça. Oui. Qui ont peur, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Parmi les plus intransigeants, à mon avis, c'est ceux qui ont le plus peur, beaucoup de peur derrière ça.
- Antoine Lacouturière
Oui, c'est le sentiment que ça te donne.
- Pierre Tricot
J'ai l'impression. Tu ne deviens pas intégriste si tu n'as pas peur. Pour moi, l'intégrisme, ça cache des peurs énormes derrière. Des peurs énormes.
- Antoine Lacouturière
Ça me fait penser à un texte de Marianne Williamson.
- Pierre Tricot
Je ne connais pas.
- Antoine Lacouturière
Peut-être que tu connais avec Nelson Mandela, je crois que c'est dans le discours d'investiture qui la cite en disant « Quelle est votre peur la plus profonde ? » Et votre peur la plus profonde, ce n'est pas d'être inapte ou d'être trop petit ou de ne pas réussir, c'est de laisser briller votre propre lumière. Parce qu'il y a une allusion à Dieu, chacun mettra le mot qu'il veut, mais c'est en chacun d'un. Et le fait de se minimiser ou d'être petit, ça ne rend pas service à l'humanité et vous êtes tous des enfants de Dieu et il faut rayonner. et il est magnifique ce texte je mets des guillemets pour Dieu mais c'est cette part divine dont on parle parfois et de se dire que la peur c'est de pas laisser être ça, pas laisser exister l'intérieur.
- Pierre Tricot
Je crois qu'il y a plus que ça aussi, il y a le fait qu'en tant qu'être fondamentalement on est très puissant un être c'est entre guillemets quelque chose, c'est pas quelque chose c'est une entité très puissante et qu'on a tellement mal utilisé cette puissance Alors pour moi, c'est dans nos vies successives, parce que je suis profondément persuadé que c'est être spirituel et qu'on vit de corps en corps. Sur la piste du temps, on a tellement mésusé de cette puissance qu'aujourd'hui, on a peur de nous. On a peur de ce qu'on est, on a peur de ce qu'on est capable de faire. Donc on se traîne, on ne s'autorise pas.
- Antoine Lacouturière
Oui, c'est le sentiment que ça te donne.
- Pierre Tricot
Oui, c'est l'impression que j'ai en tout cas.
- Antoine Lacouturière
Ça, ça a changé en... Entre le début de la pratique de l'ostéo et aujourd'hui ? Pour moi ? Oui.
- Pierre Tricot
Oui, ça a changé, parce que c'est relié à mon développement personnel, c'est relié à tout ce que j'ai pu faire, ce qu'on appelle régression consciente, c'est-à-dire retrouver des choses de mon passé qui avaient été mal gérées, et les libérer, donc récupérer en même temps toutes les énergies positives qui étaient bloquées là. Donc ça s'est fait progressivement, tout ça, bien sûr.
- Antoine Lacouturière
Et autour de toi, donc pour toi j'entends, et autour de toi, ce sentiment de réfréner, cette crainte, cette peur, elle est constante, elle évolue, elle diminue dans la temporalité ?
- Pierre Tricot
Je sais pas ce que tu veux dire.
- Antoine Lacouturière
Alors, comme tu dis, je revenais sur le côté, un être c'est très puissant, et on le laisse pas s'exprimer. Et je me demandais s'il y avait une évolution dans le temps, si c'était, on se laisse de plus en plus s'exprimer, comme j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de développement personnel. Ou si c'était plutôt linéaire à l'échelle de ton expérience à toi ?
- Pierre Tricot
Je ne dirais ni l'un ni l'autre. Je pense qu'il y a les deux parties. Il y a effectivement des individus qui commencent à vraiment développer ça et à s'ouvrir par rapport à ça. Mais en fait, c'est une minorité, une petite minorité, en tout cas aujourd'hui encore. La grande majorité n'est pas là-dedans, c'est sûr.
- Antoine Lacouturière
Ok, c'est intéressant. Merci Pierre pour ça. J'aimerais bien qu'on vienne, si tu veux, sur cette notion de conscience. J'ai le sentiment de t'avoir un peu interrompu dans le développement de ce que tu disais par rapport au modèle de jeu et non-jeu, et au fait que tu commences à mettre en place ces paramètres-là dans ta vie à toi. Donc, avec les ballons, on comprend que tu es à un mariage où tu joues, mais avec le ballon plutôt qu'avec la danse du canard. Oui,
- Pierre Tricot
tout à fait.
- Antoine Lacouturière
Et où tu te dis, tiens, quand je projette quelque chose dans le ballon, par exemple, quand je... Enfin, il y a une anecdote qui est forte, là, c'est quand tu commences à... à projeter des choses. Peut-être que tu peux nous en parler plutôt que ce soit moi qui le raconte.
- Pierre Tricot
Projeter des choses ?
- Antoine Lacouturière
Dans le ballon, quand tu penses à des gens.
- Pierre Tricot
Ah oui, oui, tout à fait.
- Antoine Lacouturière
Ça me paraît quand même fort comme histoire.
- Pierre Tricot
Alors, ça m'a permis de mettre en place une technique qui est une technique de niveau 2 que je trouve toujours aujourd'hui aussi extraordinaire qui est la technique sur les flux. Ce qui s'est passé, c'est que j'étais donc avec mon ballon et puis les yeux fermés, me promenant sur le corps, j'avais vraiment la sensation que dans la région hépatique, il y avait... Alors j'ai un référentiel de clair-sombre, moi, à des yeux fermés. Et donc je mets mon attention sur la région hépatique, et je sentais qu'en même temps que je faisais ça, ça bougeait dans le ballon. Donc chez nous, quand il y a des mouvements comme ça qui se présentent, qui ne sont pas des mouvements physiologiques, on sait que c'est des mouvements de libération. On sait qu'il y a une libération d'énergie, quoi. Donc j'ai laissé faire. Je ne sais pas pourquoi, mais en même temps, j'ai pensé à ce moment-là à ma mère, avec laquelle j'avais à ce moment-là une difficulté relationnelle. Pas grave, un truc tout à fait banal, mais bon, comme on peut avoir avec un ascendant, bien sûr. On voit bien. Voilà. Et sans le faire exprès, j'ai commencé à dialoguer intérieurement avec elle, c'est-à-dire à lui exprimer mentalement ce que je pensais, pourquoi je faisais ça, et ainsi de suite, puis à écouter ce qu'elle me disait en retour. Et comme ça, il y a eu plusieurs échanges. Et à un moment donné, j'ai vraiment eu le sentiment d'une vraiment très grosse libération. qui se produisait, une sensation vraiment importante de soulagement. Ma zone sombre, elle avait quasiment disparu. Et puis, la sensation d'une belle expansion. Et dans les ballons, c'était vraiment une expansion importante. Donc déjà, rien que pour ça, j'étais très content. Déjà, rien que pour ça. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. C'est que quelques semaines plus tard, je suis allé voir mes parents qui habitaient à plus de 500 kilomètres de chez moi à ce moment-là et que j'allais voir régulièrement. Puis, à un moment donné, j'étais en conversation avec ma mère et on n'évoquait absolument pas cette difficulté ou ce problème. D'un seul coup, elle s'arrête de parler. J'ai eu encore l'émotion, lui. Et elle me dit, tu sais, Pierre, finalement, tu as raison de faire ce que tu fais. Et je me dis, je n'ai pas pu manquer d'établir la relation entre ce qui s'était passé, libéré à l'intérieur de moi, et ce qui s'est passé dans la libération du relationnel par rapport à elle, et de comprendre d'un seul coup que la relation que j'avais avec elle, il y avait comme un filtre qui m'empêchait. de la voir telle qu'elle était dans un nouvel espace-temps énergie, elle-même bien sûr avait le même filtre, enfin un filtre similaire qui l'empêchait de me voir telle que j'étais. Et le fait d'avoir libéré en moi ma partie du problème, parce que sur sa partie, je n'ai pas d'influence, je n'ai pas le droit, de prendre conscience que le fait d'avoir libéré en moi cette partie du problème, d'un seul coup, ça avait libéré le relationnel. Et du coup est née une technique qu'on appelle la technique sur les flux. Donc quand des patients en particulier ont des difficultés relationnelles, on pratique cette technique et ça marche remarquablement bien.
- Antoine Lacouturière
Il me semble que c'est toi qui dis « je suis 100% responsable de ma part de la relation » .
- Pierre Tricot
Tout à fait. Chacun de nous est 100% responsable de partie de la relation. Parce que l'erreur qu'on commet systématiquement, c'est toujours de penser que c'est l'autre qui est responsable. C'est tellement facile. Et regarde bien comment fonctionne le système, même le système médical. On dit toujours dans la responsabilité à l'extérieur, toujours, c'est le microbe, c'est ainsi de suite. Mais attends, attends, attends, le microbe, il est le microbe. Il n'a pas d'autre objectif que de trouver un terrain favorable pour lui. Et s'il trouve le terrain, il va se mettre dessus, mais il n'a pas d'intention particulière, le microbe. Donc, on va chercher la cause dans le microbe. Ça a donné le pastorisme. Le problème du pastorisme, pour moi, c'est que ce n'est pas que ce soit fou ou vrai. C'est vrai, le pastorisme. Mais la folie, c'est d'ériger... de voir encore une fois polariser tout de ce côté-là. C'est ça qui est de la folie pour moi. Alors qu'en fait, oui, il y a une partie de vérité, c'est clair, mais c'est une partie seulement, ce n'est pas toute la vérité. Et donc, dans un relationnel, je suis responsable à 100% de ce qui se passe. Et donc, c'est à moi qu'incomble de faire ce qu'il faut pour essayer de régler ce problème relationnel.
- Antoine Lacouturière
Je trouve que c'est puissant comme concept. Ça veut dire que je suis responsable au sens... responsable en tant que cause pas responsable en tant que blâme oui tu fais bien de préciser on va dire que j'ai la capacité peut-être même le devoir d'agir sur cette partie là le devoir je suis libre si je veux mais en même temps si je veux régler le problème j'ai l'espace pour le faire et je suis j'ai mon libre arbitre pour y aller, mais à 100%. Tu vois, souvent, moi, j'avais cette image de c'est 50-50. Je fais mes 50% et puis merde, tu fais chier, tu fais pas les autres, c'est toi le problème. C'est toi le problème. Et tiens, je fais un parallèle avec des questions que j'ai reçues, là, quand j'ai préparé l'interview avec toi. Dans la situation qu'on est en train d'évoquer, si je l'extrapole un peu, en sortant de la confidence, du partage par rapport à ta maman, à toi, on va sur des conflits relationnels standards qu'on a tous dans le quotidien, voisins qui cassent la boîte aux lettres, qui claquent la porte trop fort, bref. Ça me fait penser, Pierre, ce que tu dis, à une rétention et la partie... conflit relationnel, l'importance que ça a dans les rétentions rencontrées chez les patients. Est-ce que tu me suis ? Oui. Oui ? Oui, oui. C'est une question que je voulais te poser et on est plusieurs à se poser la question là.
- Pierre Tricot
Je crois que ça dépend de la rétention en fait, c'est-à-dire de la situation, pardon, de la situation. Quelle situation a généré cette rétention ? Il y a des situations qui ne sont pas fondamentalement des situations relationnelles, avec autrui je veux dire. Un traumatisme par exemple, il y a un grand choc, il y a tout un tas de choses qui se produisent dans le système corporel. Là, ce n'est pas le relationnel qui est l'essentiel pour moi. C'est le fait que le système n'arrive pas à intégrer la charge d'énergie qu'il reçoit parce qu'il la reçoit dans un temps trop court. Et donc, il se verrouille, il se ferme. Je ne vois pas de relationnel là-dedans. Mais après, dans l'aspect traumatique, tu peux avoir effectivement un relationnel qui apparaît, une partie adverse quand il y a un accident, la discussion avec les pompiers qui veulent t'emmener à l'hôpital et tout. À ce moment-là, il y a une partie relationnelle qui vient interférer et qui peut verrouiller encore davantage les choses. À ce moment-là, il va falloir s'en occuper en tant que tel, bien entendu. Mais toute rétention n'est pas forcément relationnelle, je crois. Ok,
- Antoine Lacouturière
c'est intéressant. Je me posais la question. Tu vois, finalement, on est entouré d'humains dans les discussions internes ou dans les discussions avec d'autres. Je trouve que la part de conflit, la part de « un tel a dit ça, il fait celui-là, celui-là, elle est quand même importante. » Et je me posais la question. Oui,
- Pierre Tricot
c'est très important quand même, surtout aujourd'hui. Je trouve. Oh, c'est une catastrophe.
- Antoine Lacouturière
Je trouve, c'est vraiment...
- Pierre Tricot
C'est une catastrophe.
- Antoine Lacouturière
Je me demandais comment toi tu percevais ça dans le système corporel, quand tu posais les mains, en termes de proportion c'est difficile de le dire, mais je trouvais que c'était quand même une partie importante.
- Pierre Tricot
Il n'y a pas de normes là-dessus, parce que c'est vraiment relié à la situation qui se présente là avec le patient, à ce qui a été exprimé par le patient, à ce qui s'exprime dans les tissus, à l'intention de séance. Il y a plein de facteurs qu'il faut que c'est... on ne peut pas généraliser.
- Antoine Lacouturière
C'est délicat de le dire que c'est ça. Peut-être qu'on peut revenir un petit peu en arrière. pour les étudiants en ostéo, pour les personnes qui écoutent et qui ne connaissent pas la totalité de l'approche, une rétention ? Est-ce qu'on peut donner des synonymes ? Parce qu'on en a parlé pendant des heures ensemble déjà.
- Pierre Tricot
C'est le basique chez nous. Oui, bien sûr. En fait, la rétention, c'est ce qui se passe lorsqu'un système de conscience se trouve en difficulté, lorsqu'il n'arrive pas à expérimenter correctement, complètement quelque chose qu'il vit. Et donc, la première réponse qu'il va générer... c'est de se refermer, de se resserrer, de se protéger, de se protéger. Donc c'est bloquer de l'énergie sur lui même pour entre guillemets s'enfermer dans son truc quoi, pour se protéger. Ce qui est vraiment important de comprendre, c'est que cette rétention peut être très salutaire à un moment donné en fonction de la situation. Et il n'y a rien à dire là dessus. Le problème, c'est lorsqu'on a affaire à des consciences dans le système corporel qui sont conscientes, mais probablement pas ou peu conscientes de leur conscience. C'est pour ça que tout à l'heure, je parlais de niveau de conscience sophistiquée. Quand on nous parle de conscience, d'habitude, on nous parle de conscience de l'homo sapiens. Qui c'est qui nous dit que ce qui caractérise l'homo sapiens, c'est sa capacité de se regarder être. Donc, en fait, sa capacité d'être conscient de sa conscience. Mais dans le système corporel, nos consciences corporelles ne sont pas aussi sophistiquées que ça. Donc, elles sont conscientes, mais pas forcément conscientes de leur conscience. Donc, elles font des choses sans avoir conscience qu'elles les font. Et à partir du moment où elles n'ont pas conscience qu'elles l'ont fait, elles n'ont pas non plus la capacité de les faire toutes seules. À ce moment-là, il faudra avoir un point d'appui extérieur. Donc à chaque fois que dans le système corporel il y a une zone qui se trouve en difficulté de vie, sa première réponse est de se refermer sur elle-même. Le problème c'est que ça peut l'aider à survivre en tant que zone à un moment donné, mais que si ça persiste, en fait ça perturbe le fonctionnement du système auquel appartient cette zone de conscience, et donc ça lui nuit finalement en retour, ce qui pourrait sembler salvateur à un moment donné, si ça persiste c'est plus salvateur, c'est perturbateur pour le système. Alors le système il adapte, on a une capacité d'adaptation dans le système qui est super importante. Justement, le problème, c'est qu'au fur et à mesure de la vie qui va, on accumule les rétentions d'adaptation, rétentions d'adaptation, rétentions d'adaptation pour finir par faire des trucs, des amas de rétentions super importants et qui créent des problèmes. Oui, bien sûr.
- Antoine Lacouturière
Je trouve ça bienveillant de dire que la restriction, ce que je pourrais peut-être vulgariser par... Alors rétention, restriction, c'est des termes qui sont différents, mais pour que les gens puissent se rendre compte, cette zone de cristallisation qui communique moins, au départ, elle ne le fait pas pour mal faire, elle le fait parce que c'est un réflexe, en fait. C'est quelque chose qui lui fait du bien sur le moment, c'est un mécanisme de défense. Et c'est plutôt si ça perdure dans le temps. Et c'est là que nous, on va agir avec les techniques ostéopathiques, par exemple, pour venir proposer des relâchements. Alors je dis relâchement, ce n'est pas juste, mais c'est plus...
- Pierre Tricot
L'aspiration plutôt.
- Antoine Lacouturière
Oui. délibération. Je passe du coq à l'âne un petit peu en arborescence. Le modèle du docteur Gimberto, Jean-Claude Gimberto, sur le système facial, je crois que c'est quelque chose que tu utilises. J'aimerais bien que les personnes qui écoutent puissent se rendre compte, quand nous, on parle restriction, moi je vois la toile que tu présentes avec les principes de la tenségrité. Est-ce que tu peux nous dire comment toi, tu vois une restriction dans le corps ? Comment c'est pour toi ? Tu parlais du référentiel perceptif avec les couleurs, mais si tu l'as présenté à quelqu'un qui ne connaît pas du tout l'ostéopathie ?
- Pierre Tricot
Avant d'avoir le référentiel perceptif avec les couleurs, j'avais le référentiel sensoriel avec les mains. Donc une zone qui est en rétention, pour moi, je vais la ressentir comme étant plus serrée, plus dense, en moins bonne mobilité qu'une zone qui est à côté d'elle. Et souvent, les tissus m'attirent, je suis attiré par elle, parce qu'une zone de rétention, comme elle est refermée sur elle-même, Elle attire à elle tous les tissus qui sont connectés. Donc, si je suis un peu distant, mais que j'accède à un niveau de densité-tension qui lui correspond, je vais me sentir attiré par elle. Pendant très longtemps, je ne fonctionnais qu'avec ce type d'informations. Après, j'ai découvert qu'il y avait en même temps un référentiel sensoriel, mais plus subtil, sensoriel qui reliait plutôt à l'être, qui me donnait des perceptions pour moi de clair et de sombre, mais qui peuvent être différentes par rapport à d'autres personnes. Je ne sais plus d'où on est parti là. sur ma question c'était comment l'apercevoir c'est ça donc c'est ça une zone qui est en fermeture et qui est mal communiquante qui bouge pas bien qui m'attire,
- Antoine Lacouturière
qui attirait les tissus qui lui sont connectés alors qu'elle devrait pas les attirer donc là avec la main on voit que tu serres le point comme si ça se resserrait j'aime bien donner l'image d'un tissu comme une une chemise, un t-shirt que tu tords ou ça vient créer une forme de...
- Pierre Tricot
Elle est très juste, cette image. Elle est très juste, d'autant plus qu'elle montre l'influence que ça a à distance. Donc une zone de rétention, elle a une influence sur l'ensemble du système corporel. C'est ça qui est important.
- Antoine Lacouturière
Et je trouve que ça fait partie des liens qu'on peut utiliser pour les personnes qui écoutent, de se dire parfois on est à distance de la zone et on a une action comme quand on tire sur un t-shirt. Souvent j'explique aux patients comme ça, quand ils me disent non mais c'est pas ici que j'ai mal. Je ne sais pas si ça te parle,
- Pierre Tricot
mais vous n'êtes pas au bon endroit.
- Antoine Lacouturière
De dire, vous voyez, si je tire sur le bas du t-shirt, ça remonte jusque dans votre épaule. C'est un tissu. Alors, entre Pierre Tricot et Antoine Lacouturière, qu'on parle de tissu, entre Lacouturière et un tricot, d'accord. Mais je crois que c'est la même chose avec les tissus humains. J'aime bien cette image des fascias du réseau. Du réseau multifibrillaire, pour être plus précis. Tout à fait. Ok. Ça, c'était important pour moi, parce que ça enlève aussi un petit peu le côté magique de se dire, vous avez des mains à des endroits qui n'ont pas grand-chose à voir, alors qu'en fait, il y a une réalité à la fois... facial, on va dire tissulaire direct. Et puis là-dessus, tu rajoutes d'autres outils pour travailler de façon plus spécifique, comme celui que tu viens d'évoquer dans le niveau 2. Ça me va. Pierre, c'est passionnant de discuter avec toi. On va dans un sens, on revient. Avant de passer sur le sujet de la pédagogie, de ce que tu as mis en place, de ce que vous avez mis en place avec ton équipe sur la capacité à transmettre. ce modèle, cette approche. Est-ce que tu peux me dire, pourquoi est-ce que vous avez changé le nom du livre ? Il me semble que vous êtes passé d'un modèle du corps conscient à pour une ostéopathie de la conscience, dans le livre 1 et dans la réédition du livre 1 récent. Tu vois ce que je veux dire ?
- Pierre Tricot
Oui, et en même temps, je n'ai pas l'impression qu'il y ait vraiment une intention particulièrement délibérée par rapport à ça.
- Antoine Lacouturière
Petite évolution sans...
- Pierre Tricot
Oui.
- Antoine Lacouturière
Et le livre 2, c'est praticien de la conscience.
- Pierre Tricot
Oui. Ça, c'est important, parce que justement, dans le système médical classique, on voit tellement le système corporel comme quelque chose de matériel, que c'est vraiment important pour moi d'accéder ou d'accepter l'idée que c'est fait de conscience et qu'on travaille avec de la conscience. Ça change quand même plein de choses dans le relationnel qu'on a avec nos patients.
- Antoine Lacouturière
Est-ce que tu peux nous développer un peu ça ?
- Pierre Tricot
Nous sommes faits de conscience. Et il y a des consciences qui sont de différents niveaux, qui sont agrégées dans le système corporel. Nous sommes des êtres avec un mental et avec un corps. Tout ça, c'est de la conscience. Et toutes ces consciences sont agrégées dans le système corporel pour constituer le système corporel. Donc, quand je rentre en relation avec le système corporel de mon patient, je ne suis pas en relation qu'avec le système corporel. C'est clair que je suis en relation avec lui en tant que mental, avec lui en tant qu'être. Et donc, il y a d'autres dimensions qu'il faut accepter. Donc il faut accepter de tenir compte.
- Antoine Lacouturière
C'est important pour moi, et puis c'est aussi, je trouve, un des outils extraordinaires de l'ostéopathie, c'est-à-dire que sous les mains, on a plusieurs dimensions.
- Pierre Tricot
Oui, bien sûr.
- Antoine Lacouturière
L'Organisation Mondiale de la Santé, elle définit la santé avec différents plans, et je trouve que cette définition est intéressante quand elle dit que c'est pas seulement l'absence de maladie, mais c'est aussi un accomplissement sur les plans physiques, émotionnels, et elle inclut le spirituel.
- Pierre Tricot
C'est très juste, pour moi, je trouve très juste, oui.
- Antoine Lacouturière
Et je trouve que le fait de dire que quand on pose les mains sur quelqu'un, on n'est pas que sur la technique corporelle de dire tu as une vertèbre, de déplacer, je remets la vertèbre, merci, au revoir.
- Pierre Tricot
C'est un peu simpliste en plus.
- Antoine Lacouturière
Oui, quand même.
- Pierre Tricot
Je trouve très simpliste.
- Antoine Lacouturière
Quand même. Et comment est-ce que tu peux nous parler de ça ? Peut-être dans ton histoire, comment est-ce que tu es arrivé à dire ok, là je suis dans la matière, dans le corps. À inclure là aujourd'hui quand tu poses les mains, c'est un agrégat de toutes ces consciences, à la fois sur le plan matériel biologique, corporel, à la fois sur le plan émotionnel, mental, et aussi sur un plan plus spirituel.
- Pierre Tricot
En fait, j'ai l'impression aujourd'hui que ça s'est fait tout seul, au fur et à mesure que ma conception, ma compréhension a évolué. Donc, au fur et à mesure que ma compréhension a évolué, ma prise de contact avec le système corporel se faisait de manière... cohérente par rapport à ma compréhension. Donc tu vois, c'est quelque chose qui s'est fait très progressivement, en fait, ça.
- Antoine Lacouturière
D'accord. Il n'y a pas eu d'élément déclencheur, c'est plutôt une petite prise de conscience progressive sur l'ensemble qui fait que ça modifie.
- Pierre Tricot
Je le sens plutôt comme ça, oui, effectivement.
- Antoine Lacouturière
D'accord. Dans les questions qui n'ont rien à voir, quand tu traites, est-ce que les patients sont en état de conscience modifié ?
- Pierre Tricot
Oui.
- Antoine Lacouturière
C'est clair que oui.
- Pierre Tricot
Alors, justement, on va rejoindre les traductions là. J'ai traduit récemment un bouquin d'un psychologue américain qui s'appelle Crabtree, Adam Crabtree, qui est un gars qui a autour de 80 ballets aujourd'hui. Et son bouquin s'appelle « Mémoire d'un thérapeute de la trance » . Alors au départ, lui, il était psychologue, il a suivi tout un tas de cheminement en psychologie, il a fait de l'hypnose. Et il en est arrivé à l'idée... En fait, le problème qu'il a eu, c'est qu'il voulait définir l'hypnose. Et en cherchant des définitions, il n'arrivait pas à trouver quelque chose de pertinent. Parce que l'hypnose, ça peut donner tellement d'états différents, avec des caractéristiques différentes, qu'en fait, le mot hypnose ne veut pas dire grand-chose. Jusqu'au jour où il est tombé sur la définition du mot trans. Et une trans, c'est le fait de focaliser son attention sur quelque chose et d'oublier le reste. Donc ça veut dire qu'en fait, on est en transe permanente. On est tout le temps en transe, c'est-à-dire que dès qu'on se focalise sur quelque chose, on est dans un état de transe. Alors c'est un mot qui a une mauvaise réputation, parce qu'il n'est pas défini, encore une fois, et les gens ne le comprennent pas. Alors qu'en fait, c'est quelque chose de complètement ordinaire. Donc à partir du moment où je commence à travailler avec le patient, que je mets en place notamment ce qu'on appelle la compression occipitale, qui est une technique majeure pour nous, le patient, c'est sûr que son état de conscience change. Ne serait-ce que parce qu'il va dans la parasympathie cotonique. Donc il s'approche du sommeil. Rien que ça, ça fait changer son état de conscience. Et c'est super intéressant parce que ça permet justement à des choses qui n'émergent pas d'habitude de pouvoir émerger. Et donc c'est super intéressant pour le travail de praticien.
- Antoine Lacouturière
Ça fait beaucoup écho avec des intentions de sophrologie. Au départ, Caïs Edo disait, vous êtes... aux portes du sommeil. Et il le faisait tellement bien qu'il endormait les gens, donc il a fait remonter un peu ce truc-là. Mais en état de conscience modifiée et parasympathique, ça me parle beaucoup et c'est aussi le sentiment que ça donne quand tu sors d'avoir été un peu shooté, un peu détendu. C'est pas une sieste, mais il y a quelque chose qui s'est passé de l'ordre d'un grand relâchement.
- Pierre Tricot
C'est d'autant plus important que comme les gens sont stressés, ils sont en sympathie cotonnie permanente, donc ils ont besoin, besoin, besoin de se mettre en parasympathie cotonnie, bien sûr.
- Antoine Lacouturière
je crois que c'est important je crois que c'est vraiment important aujourd'hui dans les parallèles Sophrotant que j'y suis par moment Terpnos Logos est-ce que ça te parle ça ou pas ? c'est un terme spécifique si je le fais plus simple c'est la technique de voix qu'on utilise transposé à l'ostéopathie, tu as un débit normal dans l'anamnèse, tu poses des questions, et puis par moments, quand tu es sur la table, j'ai remarqué que tu avais une intonation de voix qui était différente quand tu poses des questions, quand tu interroges.
- Pierre Tricot
Tu parles de moi là ?
- Antoine Lacouturière
Oui. pas quand tu interroges le patient, est-ce que vous êtes assis confortablement, est-ce que vous êtes bien installé, mais il y a des moments où tu interroges les tissus du patient en non-verbal, à l'intérieur de toi, mais il y a aussi des moments où tu interroges le patient avec une question. Est-ce que tu vois ce que je veux dire ? Là, le sentiment que ça me donne, c'est que c'est pas la même voix que le quotidien. Est-ce que t'as observé ça ? Je m'en rends pas compte. C'est vrai ?
- Pierre Tricot
Non, il n'y a rien de conscient là-dedans.
- Antoine Lacouturière
Tu vois, dans le qui est là, Par exemple ?
- Pierre Tricot
Ah là, c'est une question d'intention, ça. C'est une question de manière d'envoyer une information qui touche, qui percute. Parce qu'on a affaire à des zones qui sont en... Ce qu'on appelle les zones de rétention, c'est des zones qui sont en malcommunication. Quelque part, elles sont sourdes, entre guillemets. Et à un moment donné, quand tu as affaire à un sourd, tu es obligé de parler un peu plus fort, quoi. C'est ça l'idée, c'est une attention, une injonction. Donc là, effectivement, c'est important. Ça, c'est conscient, oui.
- Antoine Lacouturière
Il me semblait bien quand même. D'accord. Merci pour ça à nouveau Pierre, pour ton retour. Si tu veux bien, j'ai envie de t'amener sur un sujet qui occupe quand même une partie de ton temps, ou qui a occupé une grande partie de ton temps, la transmission. Alors j'ai essayé de calculer, à une époque sur ton site internet, il y avait le nombre de visiteurs. Je crois que tu l'as enlevé, on ne le voit plus.
- Pierre Tricot
C'est toujours là, mais ça a été modifié. C'est plus très visible, facilement en tout cas. D'accord. C'est toujours là.
- Antoine Lacouturière
Je n'ai pas trouvé facilement l'info. Mais c'était des millions. On avait dépassé...
- Pierre Tricot
Je me suis demandé si c'était correct, en fait. Je me suis demandé si le processus qui est utilisé, s'il est juste ou pas.
- Antoine Lacouturière
Je ne vois pas beaucoup de patience dire « Tiens, je vais aller 50 fois sur le site de Pierre Tricot pour lui faire monter les stats aujourd'hui, quand même. »
- Pierre Tricot
Je ne sais pas. Ça m'étonne, quand même. Ça m'étonne.
- Antoine Lacouturière
ça t'étonne au temps de passage alors pour pour les auditeurs qui ne connaissent pas il ya quand même à peu près deux ans d'attentes pour venir chez toi en formation aujourd'hui et je dis deux ans et c'est peut-être même un peu plus non deux ans voilà à une époque où il ya de plus en plus de formateurs ou les formations sur un peu moins rempli qui a une quelque temps en tout cas m m Pour moi, ce n'est pas un hasard. C'est-à-dire que... Non,
- Pierre Tricot
je suis sûr que non.
- Antoine Lacouturière
Non, non,
- Pierre Tricot
non. Je suis sûr que non.
- Antoine Lacouturière
Ce n'est pas un hasard. Ce n'est pas un hasard. Et puis, tu n'as pas de réseaux sociaux ? Ou peu de réseaux sociaux ?
- Pierre Tricot
Non, j'ai abandonné ça complètement.
- Antoine Lacouturière
Zéro promotion ? C'est que du bouche à oreille ?
- Pierre Tricot
Tout à fait.
- Antoine Lacouturière
Et ça, tu vois, pour moi, c'est quelque chose... C'était important d'en parler avec toi parce que... Alors, ce n'est pas un secret, je l'ai dit dans le podcast. La première formation pour moi, c'était il y a dix ans. Et le livre, c'était encore avant. Il y a quelque chose qu'on... qu'on touche en venant dans, je dis dans tes cours, mais dans vos cours avec l'équipe de co-animation, c'est une pédagogie différente. Ça me donne vraiment le sentiment que vous permettez aux stagiaires de découvrir quelque chose de nouveau qu'ils n'ont pas forcément ailleurs. Est-ce que tu as conscience de ça ? Oui,
- Pierre Tricot
bien sûr.
- Antoine Lacouturière
Tu peux nous... nous partager comment ça s'est mis en place, comment vous êtes arrivé à créer cette...
- Pierre Tricot
Là aussi, c'est issu de mes propres difficultés. Mes propres difficultés de palpation, elles venaient du fait que les praticiens que je voyais travailler utilisaient des outils sans dire qu'ils les utilisaient, parce qu'ils n'avaient pas conscience qu'ils les utilisaient, c'est aussi bête que ça. Et j'ai eu la chance, moi, en ayant... quand ils venaient mettre les mains sur moi, par exemple, et puis en réfléchissant un petit peu comment ça se passait, j'ai eu la chance de comprendre les outils qu'ils utilisaient et puis en les mettant en pratique, de m'apercevoir que ça donnait une efficacité qui était intéressante. Et donc après l'idée, ça a été simplement non pas de dire aux gens il faut sentir ceci ou cela, c'est de leur proposer des outils à mettre en place, à utiliser et à faire avec leur propre perception. Et c'est pour ça que ça fonctionne comme ça, c'est-à-dire qu'on n'impose pas aux gens. quoi sentir, qu'est-ce que tu sens là ? Et d'accepter qu'ils sentent des choses qui sont parfois très différentes les uns des autres, d'ailleurs, et qu'il n'y a pas quelqu'un qui a raison ou quelqu'un qui a tort, je perçois ce que j'ai perçu, c'est tout. Et surtout, d'accepter l'idée qu'une perception est toujours vraie. J'insiste juste pour dire que le fait qu'une perception soit vraie, c'est d'accepter d'avoir perçu quelque chose et de reconnaître que c'est vrai cette perception. Mais après, ça ne veut pas dire qu'elle est pertinente. Ça veut dire qu'elle n'est peut-être pas adaptée, elle n'est peut-être pas... Je ne peux peut-être pas l'utiliser, ça, j'en sais rien, c'est autre chose. La pertinence, c'est une autre affaire. Mais accepter une perception comme vraie, ça, c'est super important. Parce qu'en fait, depuis qu'on existe, on a été tellement invalidés sur nos perceptions, depuis qu'on est enfant, en fait. Regarde, un enfant, on s'aperçoit aujourd'hui que les très jeunes enfants, ils ont des qualités de perception qui sont extrêmement importantes. Sauf qu'ils n'ont pas les mots pour dire ce qu'ils perçoivent. Et très souvent, ça les amène à des états, notamment des états émotionnels, qui ne semblent pas cohérents à l'adulte qui est à côté, qui ne perce pas. qui ne perçoivent pas les mêmes choses. Qu'est-ce qu'il fait l'adulte ? Il dit c'est de l'enfantillage, tu ne perçois pas juste, ce n'est pas correct. Pour un enfant, c'est l'adulte qui a raison. Il finit par accepter l'idée que ses perceptions ne sont pas bonnes. Dès le départ, on est invalidé sur nos perceptions. Après, on nous dit tu dois sentir ceci, tu dois sentir cela, tu ne dois pas sentir ceci, tu ne dois pas sentir cela. Ça fait qu'on devient des handicapés de la perception. Notre travail, il est juste là. Amener les gens à développer des outils qui vont leur permettre de percevoir des choses, d'accepter que ces perceptions sont vraies. essayer de travailler avec ces perceptions et de voir ce que ça donne. Donc ça les laisse totalement libres en fait.
- Antoine Lacouturière
Je trouve que c'est très fort d'arriver à rendre cette liberté-là. De dire, peut-être que tu sens différemment de moi, probablement même, mais en fait, tu as raison de sentir ce que tu sens. Et là où vous mettez quand même des garde-fous, je précise, c'est dans l'interprétation et dans la légitimité et l'intérêt à dire voilà, j'ai ressenti ça, ça veut dire que tu es comme ça. dans ce qu'on fait, de ce qu'on perçoit. Mais pour moi, tu vois, c'était important de parler de ce référentiel perceptif. En ostéopathie, finalement, il y a un courant qui est assez mécaniste en disant c'est déplacé, je replace, c'est sorti. Mais il y a aussi une palette de perception qui est bien plus grande. Bien sûr. Est-ce que tu peux nous parler de ça, de ces champs de perception, de ces référentiels ?
- Pierre Tricot
Le problème des référentiels perceptifs, c'est qu'on ne perçoit pas tous les choses de la même manière. Contrairement à ce qu'on pourrait croire. Il y a une partie qui est commune, qui est reliée à la perception sensorielle qui passe par l'intermédiaire du système corporel. Les cinq sens. C'est ça, le même système corporel. D'ailleurs, c'est ce qu'ils font de la réalité. Tout ce même système corporel qui perçoit les choses de l'univers physique. On appelle ça la réalité parce que tout le monde est d'accord pour dire que ça se passe comme ça. Mais c'est plus subtil que ça en fait. C'est-à-dire que si on admet l'idée qu'on est des êtres, les êtres ils ont d'autres canaux de perception que simplement le système corporel. Il y a tout un tas de perceptions qui sont très difficiles, quand il est très difficile de comprendre comment elles se produisent, mais qui peuvent être tout à fait valides. Et donc c'est laisser les gens accepter de pouvoir se laisser guider par des perceptions qui ne semblent pas forcément évidentes pour tout le monde en tout cas.
- Antoine Lacouturière
Oui, dit comme ça, ça paraît simple, mais invalider les perceptions, c'est quand même plutôt commun.
- Pierre Tricot
Alors, si tu veux contrôler quelqu'un, tu invalides ses perceptions, c'est simple. Et donc, comme on est dans un univers où c'est le contrôle permanent pour essayer de dominer les gens, finalement, on utilise ça à tour de bras, c'est clair, oui, bien sûr. Et puis, en plus, aujourd'hui, on est tellement conditionnés par tout un tas de choses qui font qu'il faut qu'on soit... L'autorité, par l'autorité qui dispose de l'information, qui a raison, et ainsi de suite, tout ça, ça nécessite tout un travail personnel, justement, de recherche et de libération de tout ce qui nous a été imposé par l'éducation. C'est un sacré boulot, quand même.
- Antoine Lacouturière
Ça fait des pistes pour améliorer les choses. C'est une mission pour toi ? Je me demandais si c'était une mission de vie. Alors, je pose ce mot-là, c'est un peu fort, mais... Est-ce que tu sais combien de stages tu as animés ? Non. Des centaines ?
- Pierre Tricot
Certainement, oui.
- Antoine Lacouturière
Des milliers peut-être même ?
- Pierre Tricot
Je ne sais pas, il y en a beaucoup, c'est clair, mais je n'ai pas le nombre exact, non. Ce n'est pas de grosse importance de toute manière.
- Antoine Lacouturière
Tu vois, ça fait partie des choses que je me demande, comment tu fais ? Je n'ai pas de mission,
- Pierre Tricot
mais je suis là pour ça, c'est clair. Oui,
- Antoine Lacouturière
je suis là pour ça. Mission de vie, c'est mon mot, on enlève, mais en tout cas, c'est quelque chose qui t'anime.
- Pierre Tricot
Oui, tout à fait. Je suis là pour ça.
- Antoine Lacouturière
Oui.
- Pierre Tricot
Et je suis venu là pour ça, c'est clair. Merci d'être là pour ça.
- Antoine Lacouturière
Dans un autre volet que j'aimerais aborder avec toi, c'est un peu intime, tu réponds vraiment comme tu le sens. Quand je dis que c'est intime, c'est qu'il y a une partie qui concerne les critiques de l'ostéopathie et celles qui ont été adressées notamment contre toi, mais ce n'est pas toi, Pierre Tricot, l'intime que les gens ne connaissent pas. mais plutôt sur le modèle. J'en parlais avec Pascal Ancelin récemment, et puis avec d'autres qui ont été un petit peu critiqués quand on est dans les projecteurs de Patrick Jouot aussi, de, allez, je vais dire, les figures de Proulx, les gens qui font aussi avancer l'ostéopathie dans des domaines très différents, avec des perceptions différentes. Je me suis demandé comment est-ce que c'était pour toi, comment t'avais vécu cette période, alors même que tu... propose que tu mets à disposition une quantité de ressources gratuites qui est colossale. Sur ton site internet, il y a une quantité de ressources gratuites.
- Pierre Tricot
C'est fait exprès, bien sûr. Je ne m'appartiens pas.
- Antoine Lacouturière
Non, mais tu es quand même le chef d'orchestre.
- Pierre Tricot
Je suis le transmetteur, mais ça ne m'appartient pas.
- Antoine Lacouturière
J'entends. Je te remercie de l'humilité, de la bienveillance, mais l'œuvre est Et immense, Pierre.
- Pierre Tricot
Je ne me rends pas compte, c'est comme ça, c'est très bien.
- Antoine Lacouturière
Ok. Comment c'était pour toi ? Est-ce que c'est ok d'en parler, de comment tu avais vécu ?
- Pierre Tricot
Est-ce que c'est ok d'en parler ? J'étais comme tout le monde très sensible à la critique. C'est un problème d'ego, un simple problème d'ego. Donc au fur et à mesure que tu progresses dans ton développement personnel, tu arrives à... calmer l'ego, on va dire ça comme ça. Et puis, à un moment donné, tu te rends compte que tu laisses tomber, quoi. Ça sert à rien. De toute manière, quoi que tu fasses aujourd'hui, que tu lèves le moindre petit doigt, tu vas forcément avoir plein de critiques. Que tu fasses n'importe quoi. C'est inévitable. Et donc, il faut laisser pisser. Tu ne peux rien. Ça ne sert à rien. Donc, je laisse tomber.
- Antoine Lacouturière
Aujourd'hui, c'est quelque chose, c'est intégré. Tu te dis, de toute façon, quoi que je fasse, je vais critiquer. Donc, je fais ce que j'ai à faire. Je t'en fous.
- Pierre Tricot
Je m'en fous complètement. Alors, je dis « je m'en fous complètement » , non, parce que j'aime bien quand les gens sont plutôt d'accord avec moi, et ainsi de suite, c'est normal, ça. Mais je dis que ça n'a pas d'importance, parce que la plupart du temps, en plus, les critiques qui sont formulées ne sont pas fondées. Oui. C'est-à-dire que c'est des critiques où tu t'aperçois que les gens, ils critiquent un truc, ils ne sont pas d'accord avec quelque chose, mais s'il vous plaît, donnez-moi un système qui présente la même cohérence que celui que je propose. À ce moment-là, on pourra discuter. Jusqu'alors, personne ne l'a fait. je pense que personne ne le fera donc je laisse tomber bravo pour ça c'est vrai que ceux qui veulent venir nous voir ce qui je suis intéressé bas ils viennent puis ceux qui sont pas intéressés mais viennent pas puis c'est tout pas
- Antoine Lacouturière
les forcer tout non bien sûr non mais tu vois ça me fait penser aux notions de respect ce que tu connais pas et que tu critiques sans même savoir d'avoir expérimenté d'avoir ça me laisse toujours un peu...
- Pierre Tricot
Ça aussi, c'est un problème d'ego. Je n'existe que si les autres n'existent pas. Donc, tant que tu n'as pas réglé tes problèmes d'ego ou amélioré tes problèmes d'ego, tout ça, c'est là, devant.
- Antoine Lacouturière
C'est inspirant. J'y repenserai pour les fois. Je ne me dis presque pas. Et ça me donnait aussi un peu le fait, quelque part, qu'il y avait un écho avec style sur le fait d'être en avance sur son temps. Le fait que... Ce que tu proposes comme modèle, l'outil actuel de la science ne permet pas d'objectiver de manière objectivable.
- Pierre Tricot
C'est clair.
- Antoine Lacouturière
Pour l'instant, la totalité de ce que tu fais...
- Pierre Tricot
Tant que la science restera bloquée dans le matérialisme, elle n'expliquera pas tout ça. De toute manière, il faut s'en affranchir. Elle ne nous est d'aucun secours à ce niveau-là. La science peut nous être utile, je ne dis pas le contraire. Bien sûr. Mais à un moment donné, il faut s'en affranchir parce que sinon on n'avance pas.
- Antoine Lacouturière
Pierre, on se rapproche de la fin du podcast. Mais avant de faire ça, il y a deux choses qui me paraissent importantes. Dans la préparation de l'épisode, c'est le moment pour moi de remercier Yasmine, qui a fait un travail linguiste sur le côté anglais, que je ne maîtrise pas assez bien. Mais quand je cherchais à définir la conscience, elle m'a amené des notions que la langue anglaise amène de façon subtile, je ne sais pas, mais complémentaire et différente. Est-ce que tu peux nous parler de ça dans ton...
- Pierre Tricot
C'est un peu difficile parce que j'ai travaillé là-dessus, mais il y a des concepts qui sont un peu espacés, un peu éloignés maintenant. Awareness contre consciousness, ce sont deux mots qui sont très proches l'un de l'autre, mais qui n'ont pas la même signification. Mais je n'arrive plus aujourd'hui à déterminer exactement les différences avec précision.
- Antoine Lacouturière
D'accord.
- Pierre Tricot
Il faut que je me replonge dans le truc.
- Antoine Lacouturière
Pour information, toutes les questions sont posées à froid, sans préparation. Ok, c'était un petit moment. En tout cas, il y a une différence pour les anglo-saxons.
- Pierre Tricot
Ah oui, ça ne m'étonne pas.
- Antoine Lacouturière
s'il y a deux mots de toute manière c'est qu'il y a deux sens il y a cet état d'éveil la conscience de soi, le côté réflexe neuro et puis il y a aussi une notion du temps il y a plein de choses j'invite les passionnés à aller creuser de leur côté.
- Pierre Tricot
Il y a peut-être l'histoire de être conscient de quelque chose par rapport à être conscient de soi ou conscient de ce que je vis il y a des subtilités de cet ordre là après ça dépend du contexte aussi le contexte dans lequel c'est écrit peut donner des variations parfois importantes
- Antoine Lacouturière
Ok. Sur d'autres mots anglais qui sont importants, body, mind, spirit, on n'en a pas trop parlé. Il y a eu des podcasts où tu en as parlé et puis tu en parlais énormément dans tes écrits. Ça faisait partie des difficultés que j'avais aujourd'hui, je le dirai sûrement en introduction, mais avec la quantité de choses que tu nous transmets, je me suis dit mais comment est-ce qu'on va pouvoir discuter ? Moi j'aimerais pouvoir résumer tout. en une heure et demie, comment est-ce que je peux faire ça ? Bon, ce n'est pas possible.
- Pierre Tricot
Je ne crois pas, oui.
- Antoine Lacouturière
Non, il y a un moment où j'avais envie de ça. Est-ce que sur ces trois mots-là, tu veux dire quelque chose ? Parce qu'on en a parlé un peu indirectement, mais sur ce concept.
- Pierre Tricot
Je crois que c'est une des grandes originalités de l'ostéopathie, surtout si on se replonge dans l'époque où elle a été créée par Steele, de bien focaliser l'attention sur le fait qu'on est... Tri-parties, on est fait de trois parties, body, le corps bien sûr, mind, le mental et spirit, l'esprit. Et le problème c'est que dans les traductions, mind et spirit, en français ça se traduit par esprit. Et c'est pas la même chose. Mind c'est l'esprit organisateur, c'est l'esprit raisonneur, alors que spirit c'est l'esprit de vie. C'est autre chose, ça se place à un autre niveau. Mais pour moi c'est super important de considérer ces trois parties. Nous nous sommes faits, en fait. Parce que quand je travaille avec le patient, j'ai ces trois parties sous ma main, avec lesquelles je rentre en dialogue, bien sûr. Même si le dialogue n'est pas forcément verbal, il y a dialogue, oui.
- Antoine Lacouturière
Oui, c'est une prise de conscience importante quand même, je trouve, de pouvoir poser ça aujourd'hui. Quand même, je rentre en contact avec ces trois-là. Ah oui. Consciemment ou non, à notre insu ou pas.
- Pierre Tricot
Même si tu n'y penses pas, même si tu ne connais pas, ça se fait.
- Antoine Lacouturière
le contact est super donc c'est à ce niveau là merci pour ça je te propose de garder un petit mot de la fin, c'est toi qui terminera avec ce qui te fait envie, avec une invitation avec une remarque, avec ce qui te passe par la tête, peu importe ce qui fait sens pour toi et puis s'il n'y a pas grand chose il n'y a pas grand chose, ok tout est possible euh... Il me reste une chose à faire, c'est ma formule maintenant, c'est dire quelque chose que tu utilises souvent, c'est merci pour l'aide. Merci pour l'aide Pierre parce que là c'est moi qui ai un peu d'émotion, mais le mélange entre l'humilité, l'accessibilité que tu continues d'avoir alors qu'il n'y a plus rien à prouver, tu as déjà... traduit une quantité impressionnante d'ouvrages, écrit, animé des cours. C'est rare d'arriver à un niveau aussi élevé dans une discipline et d'avoir cet accès-là. N'importe qui peut te poser une question, un débutant peut te poser une question. Et quand tu ne sais pas dire « je ne sais pas » ,
- Pierre Tricot
c'est aussi… C'est important ça, on acceptait de ne pas savoir.
- Antoine Lacouturière
parfois j'ai le sentiment que c'est une grande qualité et que ça mérite d'être souligné donc quand j'ai envoyé le petit monde dont j'allais faire un podcast avec toi j'ai reçu des dizaines de messages pour dire écoute j'ose pas lui poser une question parce que je sais pas si elle sera assez pertinente par contre remercie le remercie le parce que son livre il m'a aidé remercie le parce que même si je suis pas d'accord avec le fait qu'il soit peut-être pas assez scientifique ça ça revenait de temps en temps le travail qu'il a fait c'était énorme j'ai même eu des messages il m'a sauvé la vie tu vois j'ai une message en disant bah oui parce que j'y croyais plus et parce que j'ai trouvé en lui des retours que j'ai parfois de tels retours oui ça arrive tu as eu ça déjà j'ai oui pas beaucoup je peux beaucoup de retour en fait c'est vrai j'en jose pas je crois j'ai pas beaucoup de retour mais j'en ai quand même eu deux ans oui bien sûr donc je te remercie à titre personnel c'est difficile de mettre autant de mots mais Pour ce que tu permets, en fait, je crois. Pour ce que... D'oser faire, d'oser être qui on est. Tu vois, cette invitation-là. Si moi, je résume mon message à moi, c'est ça. Merci pour ça. Et puis, je joins les dizaines de messages que j'ai reçus, et puis un message un peu plus global, à travers tes écrits. Cette humilité-là, donc, avec un peu d'émotion, je te remercie du plus profond de mon être, Pierre.
- Pierre Tricot
Merci, c'est le tour. Il me va droit au cœur. Parce qu'en fait, ils sont rares, ces retours, mine de rien. Comme je disais tout à l'heure, les gens n'osent pas. Donc, on a plutôt l'impression souvent d'être face à la critique et à l'incompréhension, plutôt que justement de ce retour de remerciement des gens qu'on a aidés. Même si je le sais, c'est évident que je le sais, il y a plein de gens qu'on a aidés. Pour moi, justement, tu as dit quelque chose de très important, c'est oser être ce qu'on est. C'est quelque chose de fondamental. Si tu n'arrives pas à être ce que tu es, à exprimer ce que tu es, tu n'existes pas. Donc, à un moment donné, il faut accepter ça. Et il y a peut-être d'autres propositions, injonctions, demandes que je ferai aux jeunes, petits jeunes là, qui démarrent en ostéopathie. D'une part, c'est accepter d'expérimenter quelque chose et de n'accepter pour vrai que ce qui a été expérimenté et vérifier par soi-même. Pour moi, l'idée de cette pédagogie, c'est justement de donner aux gens des outils qui vont leur permettre d'expérimenter. Ça rejoint les compagnons, le compagnonnage. Le compagnonnage, c'est quoi ? C'est un aîné qui apprend à un cadet à se servir de ses outils. Et grâce à ses outils, il va faire un chef-d'œuvre. Mais le chef-d'œuvre, c'est l'étudiant qui le fait, ce n'est pas son maître. Et donc l'idée c'est ça, c'est que nous on propose des outils, utilisez-les et faites votre chef d'oeuvre par vous-même. Et ça, ça me plaît bien ce truc-là, c'est clair que ça me plaît bien. Puis la deuxième chose que je leur conseillerais c'est de lire. Je constate que les jeunes n'y lisent pas beaucoup, et que ça c'est bien dommage quand même, parce que moi par les lectures ostéopathiques, oui, lecture ostéopathique ou autre, ça n'a pas d'importance, mais c'est aussi par les lectures que j'ai beaucoup progressé quand même, c'est important.
- Antoine Lacouturière
Merci Pierre.
- Pierre Tricot
Ok, merci, merci.
- Antoine Lacouturière
J'ai l'impression qu'on pourrait terminer le petit mot avec de semer des graines. J'aime bien cette image, tu vois, des graines de conscience, des graines de santé. Je ne sais pas, en tout cas, de semer des graines, que chacun en prenne soin.
- Pierre Tricot
Bien sûr.
- Antoine Lacouturière
Si elle te va, cette image, je te propose qu'on termine avec ça. Très bien.
- Pierre Tricot
Merci, merci beaucoup.
- Antoine Lacouturière
Le podcast touche à sa fin avec ces mots. Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à parcourir les sites de Pierre, approche-tissulaire.fr et osteo-enfant.fr. Vous y trouverez une grande quantité de ressources disponibles gratuitement, aussi bien pour les patients, les étudiants, les parents que pour les professionnels. Nous espérons que cet épisode vous a plu et vous invitons à le partager autour de vous. Vous pouvez aussi nous donner un coup de pouce en prenant quelques instants pour noter 5 étoiles. Sur Apple Podcast, Spotify, Youtube, c'est gratuit, fait en quelques secondes, et cela nous aide vraiment à faire progresser le podcast. C'est aussi une démarche qui nous permettra d'inviter de nouveaux experts dans leur domaine. Merci d'avance pour cela, je vous souhaite une très belle fin de journée, et je vous dis à bientôt.