Speaker #0Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, fondatrice du Club de Pouvoir, coach exécutif de dirigeante et experte des dynamiques de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Avant de plonger dans l'épisode du jour, j'ai une requête importante. Si ce podcast vous inspire et vous pousse à l'action, j'ai besoin de votre soutien. Comment ? En prenant une minute pour laisser un avis 5 étoiles sur Apple Podcast. Je reçois régulièrement des avis 1 étoile et ce depuis que j'ai été cyber harcelée parce que le message que je porte dérange. Vos avis positifs sont essentiels pour contrebalancer cette négativité et permettre à d'autres femmes de découvrir ce podcast. Alors faites une pause, laissez votre avis et revenez, votre geste a plus d'impact que vous ne l'imaginez. Nous voilà de retour et aujourd'hui nous allons explorer un phénomène puissant mais jusqu'à présent innommé. C'est l'effet Goliath. Ce terme est tout nouveau et je suis fière de vous annoncer qu'avec Élise Bordet mon associé, nous l'avons récemment conceptualisé. Pourquoi ? Parce qu'aucun mot n'existait pour décrire cette réalité que tant de femmes vivent et que j'ai moi-même expérimenté. L'effet Goliath, c'est cette répression démesurée qui s'abat sur une femme quand elle ose remettre en question l'ordre établi. En nommant ce phénomène, nous lui donnons une existence, nous le rendons visible et nous nous donnons les moyens de le combattre. Alors, le terme que l'on a choisi se réfère au combat mythique de David contre Goliath, où David, adolescent et le plus petit de ses sept frères, doit affronter le géant Goliath et faire face à un ennemi démesurément plus puissant et mieux armé que lui. Maintenant, revenons-en à l'effet Goliath et imaginez la scène. Une femme se rend visible sur les réseaux. Soit parce qu'elle dénonce une injustice, ou parfois par sa simple présence. Et soudain, c'est l'avalanche. Une campagne de diabolisation médiatique. Des contrats qui s'évaporent. Des poursuites judiciaires. Un procès médiatique. Une violence institutionnelle qui mobilise tous les appareils de pouvoir disponibles. Alors prenons des exemples concrets. En 2020, Adèle Haenel quitte la cérémonie des Césars pour protester. contre la célébration de Roman Polanski. Résultat, elle est dépeinte comme hystérique, ingrate, impulsive. Sa carrière en France est brutalement stoppée, au point qu'elle décide de quitter le cinéma. Ou regardez ce qui est arrivé à Greta Thunberg. Une adolescente qui parle de climat devient la cible d'attaques personnelles violentes, de menaces, de moqueries, venant même de chefs d'État. Pourquoi ? Parce qu'elle a osé bousculer le statu quo. L'effet Goliath va bien au-delà du syndrome du coquelicot, où l'on coupe simplement la tête qui dépasse. Ici, on ne se contente pas de couper, on l'écrase au bulldozer. Et contrairement au backlash qui vise collectivement les femmes, l'effet Goliath, lui, isole et cible une victime spécifique. Et cet effet Goliath, on le retrouve aussi dans le monde corporel. Par exemple, une femme prend position contre une décision d'un supérieur hiérarchique et ça la conduit à être harcelée, mise au placard ou carrément virée du jour au lendemain. Pour les femmes minorisées, l'effet Goliath prend une dimension encore plus insidieuse et violente. Il ne leur est même pas nécessaire de porter une voix dissidente. Leur simple existence dans l'espace public ou médiatique est perçue déjà comme transgressive et suffit à remettre en question l'ordre établi. Prenons quelques exemples frappants. Rokhaya Diallo, intellectuelle et militante antiraciste, est systématiquement attaquée dès qu'elle s'exprime sur des sujets de société. Non seulement ses propos sont déformés et son expertise remise en question, mais elle fait face à un harcèlement en ligne constant, parfois orchestré par des personnalités publiques. Raphaël Ntoven, par exemple, s'est non seulement livré à des attaques répétées contre elle sur les réseaux sociaux, légitimant ainsi le harcèlement de masse dont elle était victime, mais a en plus porté plainte contre elle pour diffamation. dont elle a heureusement été relaxée. Regardez aussi ce qui est arrivé à Barbara Butch lors de la cérémonie d'ouverture des JO. Sa simple présence a déclenché un déferlement de violence inouï, dont les autres hommes présents sur scène à ses côtés, honteux, étaient épargnés. Elle a vécu une vague de cyberharcèlement mondial, avec des milliers de commentaires haineux, des menaces, des bus sillonnant les villes des Etats-Unis contre elle, et ce pendant des mois et des mois. et ne me lancer même pas sur Aya Nakamura, par exemple, ou même sur Yabon Ali, il y a quelques années. Les conséquences de l'effet Goliath sont dévastatrices pour la victime directe, mais aussi pour les témoins. C'est ce dont on va parler maintenant. Pour celles qui subissent directement l'attaque, d'abord, il y a une forme de sidération face à la violence disproportionnée de l'attaque. Ensuite, il y a une peur viscérale. de se retrouver seule face à un déchaînement de haine et un déchaînement de personnes qui peut durer des jours, des mois, voire des années. Mais le plus pernicieux, c'est la remise en question qui va pouvoir s'installer sous trois formes. La victime va pouvoir douter de la légitimité de ses paroles et se dire « est-ce que ça vaut la peine que je parle ? » Ça, c'est l'intériorisation de la censure. Ensuite, elle peut douter de ses propos. « Est-ce que ça vaut la peine que je parle de ça ? » Là, on est sur de l'intériorisation de gaslighting. Et enfin, elle peut douter de son ton. Est-ce que ça vaut la peine que j'en parle comme ça ? Et ça, c'est de l'intériorisation de tone policing. Et puis l'impact de l'effet Goliath, comme je l'ai dit, ne s'arrête pas aux victimes directes, ça va venir aussi toucher les témoins. Et là, on va assister à une intériorisation d'une police du discours, avec de l'autocensure. C'est toutes les femmes qui vont préférer se taire après avoir vu ce qui arrive à celles qui osent, de la censure de nos proches. Et là, c'est toutes les personnes qui vont se permettre de nous conseiller de nous taire ou de ne pas aborder ces sujets ou pas de cette manière pour nous protéger parce qu'elles ont peur de ce qui pourrait nous arriver si nous le faisons. Et troisièmement, on assiste à un glissement dangereux de la fenêtre d'Overtoun. C'est-à-dire que les propos qui dénoncent les inégalités que subissent les femmes en viennent à être perçus comme... de l'extrémisme. Et les discours factuels et nuancés sont désormais étiquetés comme clivants ou polémiques. Et pour moi, c'est la menace la plus dangereuse. Parce que c'est là tout l'objectif de l'effet Goliath, créer une police invisible du discours. En frappant fort sur quelques-unes, on fait taire toutes les autres. Il y a quelque chose de profondément schizophrénique. dans notre société quand il s'agit de la prise de parole des femmes. Parce que d'un côté, on nous encourage à nous exprimer, à oser, à prendre notre place. Les discours d'empowerment sont partout. Mais de l'autre, quand une femme ose réellement s'exprimer, et surtout si son discours ne s'inscrit pas dans celui du système en place, ou qu'elle ne s'inscrit pas dans ce système en place, elle subit une attaque violente et disproportionnée. Et c'est un double standard insidieux. On vous dit d'élever votre voix, mais uniquement si c'est pour dire ce qu'on veut entendre. Ce paradoxe, en fait, va venir créer une tension constante pour les femmes qui cherchent à s'affirmer dans l'espace public. Que ce soit l'espace médiatique, les réseaux sociaux ou l'espace professionnel. Elles doivent sans cesse polisser leurs discours et naviguer entre l'injonction à s'exprimer et la menace implicite de punition. si elles le font de manière qui ne plaît pas. Mais si nous avons choisi le terme d'effet Goliath, c'est aussi, c'est surtout, pour se souvenir qu'aussi puissant puisse-t-il paraître, non seulement Goliath n'est pas invincible, mais en plus, toute sa démonstration de force ne suffit pas puisqu'il perd. Parce que n'oublions pas, que David déjoue tous les pronostics et sort grand vainqueur. Alors du coup, quand on a compris tout ça, on fait quoi face à l'effet Goliath ? Justement, pour aller plus loin, je vous invite à vous abonner à la newsletter toute puissante. Dans le numéro de cette semaine, je partage trois clés essentielles pour faire face et créer des réseaux de soutien efficaces face à l'effet Goliath. Pour le recevoir dès aujourd'hui 18h dans votre boîte mail, abonnez-vous et rejoignez plus de 3000 lectrices. Vous trouverez le lien d'inscription dans les notes de cet épisode. Et voilà, c'est déjà la fin de cet épisode. Continuez à pulvériser tous les plafonds de verre et on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode. Plein de puissance ! Et voilà, c'est déjà la fin de notre rendez-vous. J'espère que vous repartez plus armés, inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence. Je suis Kauthar Trojet et vous avez écouté Toute Puissance. Continuez de pulvériser tous les plafonds de verre. À très bientôt pour un nouvel épisode. Plein de puissance !