- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, fondatrice du Club de Pouvoir, coach exécutif de dirigeante et experte des dynamiques de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre à un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Aujourd'hui, j'ai la joie de recevoir Marine Catargena-Stéphanie. Bonjour Marine.
- Speaker #1
Bonjour Kaotar.
- Speaker #0
Alors, Marine, je te remercie d'avoir accepté mon invitation. Je vais te présenter pour nos auditrices qui ne te connaîtraient pas. Marine est la fondatrice de Soma Leadership, où elle accompagne les leaders et les organisations à travers du coaching, des formations. et du conseil pour créer des transformations durables pour les individus, les organisations et le monde. Marine a un parcours académique et une expérience assez unique qui englobe les sciences sociales, la politique, les secteurs de l'entreprise et du monde associatif. De ce fait, elle combine une compréhension approfondie des systèmes avec une sensibilité que je trouve assez rare. Son objectif est de créer une culture de leadership fondée sur des principes régénérateur en alliant sécurité intérieure, plaisir et vitalité. Elle part de notre système nerveux comme fondation pour façonner des écosystèmes plus larges et durables. J'ai personnellement eu la chance de travailler avec toi, Marine, et j'ai adoré la manière que tu as de combiner des principes à la fois très académiques, de leadership notamment, mais pas que, et de systèmes de domination. comme on l'entend en sociologie, avec des principes liés au système nerveux et au coaching. Et pour que nos auditrices comprennent, ce sont nos conversations passionnantes qui m'ont donné envie de t'inviter aujourd'hui parce qu'on a abordé ensemble, que ce soit quand tu as été ma coach ou que ce soit dans des conversations, parce qu'on est devenues copines et qu'on l'était même avant que tu me coaches, des conversations que je trouve... essentielles sur les dynamiques de pouvoir dans le contexte géopolitique et social dans lequel on vit. Comment, grosso modo, faire pour ne pas reproduire les mêmes schémas que ceux que l'on combat Et on est là, en particulier aujourd'hui, pour parler de ce qui, je trouve, ressemble à un paradoxe. Est-ce qu'on peut être en position de pouvoir et gagner de plus en plus de pouvoir dans notre société actuelle tout en luttant pour démanteler le système existant qui est un système patriarcal de domination. Et la question à laquelle on va chercher à répondre ensemble aujourd'hui, c'est déjà, est-ce que c'est un paradoxe et est-ce qu'on a des moyens d'action pour pouvoir gagner un pouvoir, justement, sans nous-mêmes être corrompus d'une certaine façon par ce pouvoir Alors, Marine, est-ce que tu peux déjà nous expliquer pourquoi Ces deux notions, ces deux aspects peuvent sembler paradoxaux.
- Speaker #1
Tout à fait. Tout d'abord, merci pour ton introduction, elle m'a beaucoup touchée. Le système du patriarcat, comme tu l'as bien nommé, c'est un système qui est construit sur des règles de domination. Il est construit autour d'une certaine idée du pouvoir, le contrôle, la hiérarchie, l'exploitation. Alors quand on dit qu'on veut prendre le pouvoir ou être une femme puissante dans ce système, on se confronte à une expérience du pouvoir, notre expérience personnelle, qui est une expérience d'oppression. Et donc, on se confronte à une notion du pouvoir et une définition du pouvoir qui est façonnée par le patriarcat lui-même. Et donc, forcément, ça peut ressembler, quand on veut prendre le pouvoir ou être puissante, à vouloir jouer avec les mêmes armes et les mêmes règles. Et donc, il y a une tension. qui se crée Comment je prends le pouvoir sans me compromettre, puisque le pouvoir est une notion qui est une notion qui m'oppresse Est-ce que je peux grandir en visibilité, en impact, en leadership, sans perpétuer les dynamiques de domination et d'exploitation Et du coup, pour moi, la question, ce n'est pas une question théorique, mais c'est une vraie question vivante qui vit aussi dans notre corps par rapport à notre expérience personnelle et collective du pouvoir où on ne l'a pas. Oui. associés à la force. Et donc, quand on y touche, ça secoue les fondations. On ne sait pas comment s'y retrouver. Et donc, pour moi, c'est plutôt une question de se dire est-ce qu'on peut redéfinir le pouvoir Est-ce qu'on peut le prendre pour le transformer Et est-ce qu'on peut le prendre en le transformant Ou alors, est-ce qu'on rejette complètement Et est-ce qu'on rejette tout ce qui l'incarne
- Speaker #0
J'adore. Et j'aime en particulier ce que tu dis de... Ce n'est pas juste de la théorie, c'est vraiment pratico-pratique. Et nous, dans nos conversations, c'est ça qui revenait. C'est-à-dire, par exemple, en tant qu'entrepreneur, en tant que dirigeante, comment est-ce que je fais pour concilier mes valeurs, qui sont par exemple le respect, la tolérance, l'égalité, tout en me frottant au fait qu'en respectant toutes mes valeurs, je peux perdre, par exemple, en compétitivité. Parce que pendant que moi, je respecte, par exemple, mes sous-traitants, que je cherche à ne travailler qu'avec des personnes en France. Un exemple tout banal où il y a beaucoup d'entrepreneurs en France qui font le choix de se dire, je vais favoriser des sous-traitants qui travaillent ici en France, dans des conditions de travail décentes, etc. Ça a un coût. Si à côté de ça... Les compétiteurs, eux, font jouer des sous-traitants qui n'ont pas les mêmes conditions de travail, n'ont pas les mêmes normes, n'ont pas les mêmes valeurs, et du coup, ne sont pas forcément en France et n'ont pas forcément les mêmes coûts. Et bien, comment je réconcilie de mon côté cette envie d'avoir de l'impact et de grandir, et ce besoin de survivre économiquement, parce que sinon, si je ne suis plus dans le game, j'ai tout perdu et je n'ai plus aucun impact. Ça, c'est juste pour illustrer le genre de problématiques quotidiennes auxquelles les dirigeantes, les cadres dirigeantes peuvent faire face. Là, j'ai parlé de sous-traitants, mais ça peut être aussi nos équipes. On a envie d'être bienveillant, mais on peut se frotter à, si je suis bienveillante et que moi, j'ai des rapports totalement horizontaux avec mes équipes, Je peux avoir des membres de mon équipe qui ne vont pas se satisfaire d'un rapport horizontal et qui vont en profiter pour venir créer une forme de domination sur moi. Donc moi, en sortant de cette relation verticale ascendante envers mes équipes, en créant un espace plus horizontal où chacun a droit de parole, où chacun est respecté et peut contribuer aux décisions, par exemple, ou en tout cas avoir un input assez fort, où moi je distribue... pas seulement la parole, mais je distribue aussi certains des atouts, des attraits du pouvoir qu'un homme à ma place ou que quelqu'un qui ne serait pas dans la même démarche s'approprierait et garderait pour garder un levier de pouvoir sur les autres. Comment est-ce que je fais face à des gens dans mon équipe qui, eux, vont se dire Ah, elle ne prend pas l'ascendant, c'est qu'elle est faible et que du coup, Comme c'est horizontal, moi je vais le reverticaliser et je vais prendre l'ascendant et je vais phagocyter ce que je peux et je vais devenir une menace, encore une fois, non seulement au reste de l'équipe, mais aussi à moi en tant que cadre dirigeante, qui aurait perdu parce que j'aurais créé cette nouvelle façon d'exercer mon pouvoir qui ne soit pas une application du contrôle de la hiérarchie, du système d'oppression, de domination. notre notion de pouvoir qui est très genrée au masculin aujourd'hui. Si je donne ces exemples maintenant, c'est aussi pour recontextualiser, pour que chacune des auditrices qui écoutent l'épisode puisse vraiment prendre conscience de ce dont on parle et à quoi ça ressemble dans notre quotidien. Alors, du coup, la question, venons-en à la question, si on dit que ce n'est pas forcément paradoxal, toi tu as parlé de prendre le pouvoir pour le transformer ou prendre le pouvoir en le transformant, qu'est-ce qu'il y a comme autre perspective Est-ce qu'aujourd'hui, on peut se dire féministe et vouloir gagner en pouvoir
- Speaker #1
J'adore les exemples que tu as donnés et j'aimerais vraiment y revenir aussi pour apporter des pistes potentielles de réflexion sur comment approcher ces situations tout en étant dans notre pouvoir, dans un pouvoir qui est déconditionné mais qui est toujours un pouvoir. Et ça passe, pour revenir à ta question, Pour moi, je veux revenir à une définition hyper simple du mot pouvoir. Le pouvoir, c'est quoi C'est la capacité de faire, tout simplement. C'est notre capacité. à pouvoir faire, à pouvoir créer, à agir, à transformer, à créer et à influencer. Et donc quand on regarde ça, si on essaye de créer une notion qui est opposée complètement à ce qu'on a l'habitude de voir, c'est-à-dire on ne veut pas prendre le dessus, mais en même temps ça veut dire qu'on ne veut pas prendre le pouvoir du tout, et des fois, comme l'exemple que tu as donné, d'être dans des dynamiques complètement horizontales, Ça ne veut pas dire, par exemple, qu'il n'y a pas de limites à poser, il n'y a pas de cadre à poser. Pour pouvoir faire des choses, il faut une direction qui est commune, il faut des limites aussi. Et ce n'est pas parce qu'on est dans un pouvoir qui est libéré, qui est déconditionné, qu'il n'y a pas de limites et qu'on donne le pouvoir décisionnel à tout le monde. Donc pour moi, c'est une vraie question de comment je me réapproprie la notion de pouvoir d'abord dans l'incarnation de mon pouvoir, au niveau de mon corps, au niveau de ma capacité de ressentir mon pouvoir dans mon corps, dans mon système nerveux, et de savoir que je ne suis pas dans un système d'oppression quand je suis dans ce pouvoir, parce que sinon je pars dans l'opposé, où je suis dans la compassion extrême, je n'ai pas de limite, je suis dans le sacrifice, où le collectif va au-delà de mon bien-être et de mes besoins, et pour moi c'est plus... un lien entre les deux Est-ce qu'on peut avoir des situations qui sont gagnants-gagnants Est-ce que quand j'ai mes valeurs et je veux une entreprise éthique, par exemple, comment est-ce que je m'inclus, moi, là-dedans Est-ce que c'est éthique si je suis en mode survie et que je suis en permanence en train d'utiliser mon énergie et que après ma semaine de travail, je n'en ai plus Pour moi, ça ne l'est pas. Ce n'est pas régénératif. Donc, est-ce que je peux appliquer les principes de régénération d'abord à ma propre énergie et ensuite, ça me donne la capacité pour pouvoir être dans cette énergie avec le monde qui m'entoure. Si je suis en mode sacrifice, qui, si on y pense, c'est le système du patriarcat, les femmes sont dans un mode où le sacrifice est normal, la générosité est normale, où on s'oublie, nous n'avons pas de besoin. Et en fait, en gardant ce mode de fonctionnement, on répète simplement le système du patriarcat. Ce qui est complètement normal, parce que c'est une méthode de protection, on ne veut surtout pas remettre la souffrance qu'on a vécue. Et en même temps, il est important de délier la notion de notre souffrance, qui en fait nous emmène dans une situation d'impuissance, et qui nous garde dans la perpétuation du même système, pour se réapproprier une manière nouvelle de faire les choses, où on est autant, où on s'inclut dans nos valeurs. Et ce n'est pas simplement ce que je donne au monde. Et c'est là où c'est plus un concept de embodied leadership C'est l'incarnation de mon leadership, c'est mon énergie. D'abord, c'est comment je me traite, je traite le monde. Comment je me connecte à moi-même, je me connecte au monde.
- Speaker #0
J'adore ce que tu dis parce que c'est un peu une façon de voir, c'est le chez nous manquant dans beaucoup de concepts. qu'on entend dans le leadership, justement, de leadership bienveillant ou d'entreprise éthique, etc. où finalement, ces concepts attirent énormément les femmes parce que c'est une promesse de ce qu'elles n'ont pas trouvé dans leur lieu de travail. C'est ce qu'elles souhaitent, c'est ce qu'elles recherchent et c'est généralement elles qui vont amener ces concepts soit dans leur entreprise en tant que salariée ou dans leur entreprise en tant que dirigeante. Sauf que insidieusement, ce que tu dis, c'est qu'insidieusement, elles vont venir répéter. Et quand je dis elles c'est nous, je suis dans le nous je m'inclus. On va venir répéter inconsciemment et insidieusement un système où on fait passer les besoins de tous les autres avant les nôtres et où donc on est dans ce mode sacrificiel et cette suradaptation permanente. C'est fascinant, juste de poser ça comme ça. Et de se dire, en fait, quand on a l'impression qu'il y a un paradoxe, c'est peut-être parce qu'on est retombé dans la façon de faire du système patriarcal.
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
Et c'est qu'on est peut-être face à une impasse. Et qu'à ce moment-là, au lieu d'essayer de creuser, il vaut mieux prendre de la hauteur pour voir où est-ce que, dans mon comportement ou dans mes pensées, j'ai pu... me piéger et aller chercher, utiliser des préceptes, des conditionnements même, j'ai envie de dire, du système patriarcal,
- Speaker #1
complètement.
- Speaker #0
Une fois qu'on voit ça, j'ai l'impression que c'est Matrix et qu'on a récupéré la pilule, je ne sais plus de quelle couleur. Alors, du coup, si on voit les choses pour ce qu'elles sont et que ça nous ouvre d'autres perspectives, c'est quoi ces autres perspectives Qu'est-ce que ça veut dire un pouvoir qui prend en compte tous les systèmes d'oppression, ne pas perpétuer Ces systèmes, être en accord avec notre corps, nos besoins, ça ressemble à quoi Et tu as déjà commencé à nous dire que ça ressemble à s'inclure, soit en priorité, dans les parties prenantes, si on veut. C'est ça
- Speaker #1
Pour moi, pour pouvoir comprendre en fait ça ressemble à quoi, il faut revenir un petit peu plus, dézoomer un peu plus, et comprendre que... les systèmes d'oppression se manifestent au niveau du corps de manière très similaire. Que ce soit le capitalisme, le racisme, le sexisme, le colonialisme, on les a tous, l'internalisation de ces systèmes au niveau du corps est hyper similaire et elle se fait par la honte internalisée.
- Speaker #0
Par la honte internalisée, moi tout de suite, j'ai une question et je ne peux pas, je pense que d'autres vont se la poser. Est-ce que là, on... parle de soi en tant que personne minorisée ou de soi en tant que descendant-descendante d'oppresseur Ou les deux
- Speaker #1
J'adore ta question Je dirais les deux. Pour moi, ça se manifeste sur des systèmes de pensée qui sont très différents. Ça se manifeste dans le faire et dans la vie quotidienne de manière différente. Cependant, La cause et la manière dont ça se manifeste au niveau du corps et au niveau de l'émotionnel, c'est hyper similaire. Et pour te dire, je vais te donner un exemple qui est assez récent de ma vie. J'ai eu des conversations assez difficiles avec un homme qui est dans mon entourage en ce moment, où j'ai commencé à utiliser les mots patriarcat, colonialisme, et direct, j'ai eu défense, défense, protection, protection. où j'ai été perçue comme dominante, oppressante. Et en allant plus loin dans les discussions avec lui, j'adore. Il y a des moments où je vais dans ces discussions-là pour voir ce qu'il y a derrière, pour comprendre l'autre aussi. Ce que je me suis rendu compte, c'est que cet homme, il avait une expérience avec une mère où il n'y avait pas de place pour ses besoins, il n'y avait pas de place pour ses émotions, et où c'était tout un niveau de souffrance qui était internalisé, où il s'autorisait même. Il ne s'autorisait pas à dire non et il ne s'autorisait pas à être dans son pouvoir dans sa vie. Ça ne veut pas dire qu'il n'a pas internalisé aussi d'énormes dominances masculines, absolument. Mais quand tu me demandes est-ce que c'est l'oppresseur ou est-ce que c'est…
- Speaker #0
L'opprimé. Ou est-ce que c'est l'opprimé.
- Speaker #1
C'est les deux et en même temps, je pense que tous, on est souvent dans les deux positions. Par exemple. Je suis une femme blanche, je suis l'opprimée en tant que femme, mais j'ai aussi internalisé des choses en étant blanche et en ayant des privilèges par rapport à ça. Je me souviens très bien, si je peux amener cette anecdote d'une de nos sessions de coaching, où tu es arrivée dans la session en retard et tu as commencé à t'excuser. J'ai essayé de te demander, mais... Pourquoi autant d'excuses On est allé un petit peu en profondeur par rapport à ça. Et quand tu m'as dit, mais en fait, je m'excuse parce que tu es blanche et j'ai été élevée. Ce n'est pas exactement ta formulation, mais ce que tu m'expliquais, c'est que parce que tu as été élevée dans un système où, en tant que minorité maghrébine, tu devais être parfaite et ne pas faire de vagues en face de quelqu'un qui avait la peau blanche. Et ce n'est pas quelque chose qui, dans ma conscience de femme blanche... que je pouvais voir ou deviner. Et du coup, il y a une certaine, il y a une internalisation qui se passe. Ou ça peut être aussi par rapport, du racisme bien sûr, mais aussi par rapport à la fatphobia.
- Speaker #0
Grossophobie.
- Speaker #1
Grossophobie. Et on a tous des niveaux, des niveaux d'oppresseurs qui sont internalisés. Qu'on le veuille ou non. Et je pense qu'il faut qu'on se mette tous d'accord là-dessus pour pouvoir être en honnêteté et pouvoir démanteler ce système. Et même se dire à un moment donné, mais en fait, oui, j'ai une pensée comme ça. Ça ne veut pas dire que je suis cette pensée, mais je peux être en connexion et en contact avec pour ne pas la laisser. gérer mes comportements.
- Speaker #0
C'est très intéressant ce que tu dis, et surtout avec l'exemple que tu as pris, parce que je pense qu'au-delà des catégories dans lesquelles on est de noir ou blanc, femme ou homme, ou minorité de genre, ou peu importe, toutes ces choses-là qui sont à un niveau assez social, il y a aussi après, dans l'exemple que tu as pris de l'homme avec sa maman, notre vécu en tant qu'individu. Et donc, il va y avoir toutes les sphères de préconisation, toutes les expériences d'oppression qu'on vit à l'échelle individuelle, à l'échelle familiale, à l'échelle relationnelle, avant toutes celles qui sont à l'échelle sociale, sociétale.
- Speaker #1
Et je pense qu'elles ne sont pas déconnectées.
- Speaker #0
Oui, certaines ne sont pas déconnectées, mais certaines, par exemple, dans cette famille, ils avaient probablement la même couleur, ils partagent un spectre. de similitudes, de classes, d'équivalences entre opprimés ou entre oppresseurs. Mais en plus de ça, il va y avoir un rapport parent-enfant supplémentaire qui peut être un rapport oppressif dans un sens comme dans l'autre. Bref, tout ça pour dire que j'ai l'impression qu'au-delà des étiquettes qu'on peut avoir, c'est important de garder en tête qu'il y a un spectre de relations de domination et ce, du plus petit niveau. Et là, si on avait une caméra, on verrait que je représente un cercle intime où on est au niveau individuel à un niveau complètement mondial avec toutes les nuances entre les deux.
- Speaker #1
Absolument, absolument. Et si on parle d'ondes intériorisées, pour moi, ça nous permet en fait de passer d'un système qui est accablant, contre lequel on ne peut rien faire, vers quelque chose qui nous redonne du pouvoir. qui nous redonne un chemin d'action. Je veux revenir sur le mécanisme de la honte intérieure, pour qu'on comprenne ce qui se passe ici et le lien entre la honte et le système. Les systèmes d'oppression, qu'est-ce qu'ils nous disent Ils nous disent qu'on ne doit pas être comme ci ou comme ça, que le fait d'être une femme, d'être sensible, d'avoir des émotions, le fait d'avoir une couleur de peau, d'avoir un handicap, ce n'est pas dans la conformité de la norme. globale et générale. La honte intériorisée, qu'est-ce qu'elle nous dit Elle me dit en fait, je dois me conformer pour pouvoir appartenir, pour pouvoir être aimé et être en sécurité. Donc en fait, au lieu de dire le système n'est pas bon, ne fonctionne pas, il y a un problème avec le système, je le retourne contre moi et je pense qu'il y a un problème avec moi et je dois me changer.
- Speaker #0
Pour entrer dans la norme, pour être aimée et donc en sécurité.
- Speaker #1
Pour être aimée, pour entrer dans la norme, pour être en sécurité, en appartenance. Et cette dynamique, c'est ce qui m'enlève mon pouvoir d'être moi-même. Puisque j'ai honte de qui je suis, je me déconnecte littéralement de ce que je suis, je me déconnecte littéralement de mon pouvoir et je me déconnecte littéralement des messages que je reçois qui me disent mais en fait, ça, ça ne fonctionne pas ça, c'est pas correct. Là, je suis opprimée. Là, il y a un comportement où je ne suis pas incluse ou inclue. Et ça le tourne en disant il y a quelque chose qui ne va pas chez moi. Il faut que je change. Il faut que je conforme. Il faut que je sois plus productive. Il faut que je sois plus parfaite. Parfait. Il faut que je sois plus blanc. Tout ce qu'on veut.
- Speaker #0
Il faut que je cache qui je suis. Il faut que je cache...
- Speaker #1
Il faut que je cache qui je suis. Et la sourde de notre pouvoir, c'est quand on est en espace de sécurité avec qui on est. Et je vais même dire, pour faire le lien avec ce qu'on disait plus tôt, la source d'un pouvoir qui est libéré, qui est déconditionné, c'est de revenir à être en sécurité avec qui on est et de pouvoir dire, mais en fait, tout va bien avec qui je suis, c'est le contexte qui ne va pas. Et quand je suis en espace de sécurité avec moi-même, quand je me sens en sécurité avec les différentes parties de moi, que ce soit la partie de moi qui est en capacité de faire, celle qui a du pouvoir, Que ce soit la partie de moi qui est généreuse, qui est en compassion. Que ce soit la partie de moi qui est vulnérable, qui est en souffrance aussi. La partie de moi qui est en colère. Mais en fait, j'ai accès à une réalité qui est complètement différente. Parce que je n'essaie plus de me changer. Je regarde le monde extérieur en trouvant d'autres solutions. Et mon pouvoir devient libéré.
- Speaker #0
Tout à fait. Donc si je comprends bien, ce que tu es en train de dire, c'est que si on reste sur il y a des problèmes systémiques Ça peut être accablant parce qu'on se dit ouais mais moi je suis une personne, je ne peux pas sauver le monde Ou alors, ça nous repropulse dans une dynamique de je vais essayer de sauver le monde et bim bam boum, c'est un ordre de la sauveuse et on est reparti dans Ausha patriarcal. Alors que si on utilise, et tu vas nous dire comment utiliser cette honte, justement comme une boussole, je suppose, petit spoiler, donc si on utilise cette honte, on va partir de tout cet environnement dans lequel on baigne qui va faire naître en nous des émotions de honte de qui on est. Plutôt que d'écouter cette honte et d'essayer de changer qui on est pour être adéquat au système dans lequel on évolue, l'idée c'est de dire, en fait là je ressens de la honte, ça veut dire que je ne suis pas complètement alignée avec cet élément de mon identité. C'est ça Oui,
- Speaker #1
très bien, j'adore, oui.
- Speaker #0
Et que donc... créer un pouvoir qui ne soit pas le pouvoir tel qu'on le connaît, qui ne soit pas un pouvoir de domination, commence par retrouver du pouvoir vis-à-vis de soi-même et revenir à un état de sécurité dans qui on est et dans toutes les parties, dans toutes les facettes de qui on est. C'est ça
- Speaker #1
Absolument, absolument. Et quand on fait ça, la honte n'est plus un outil de contrôle. Mais c'est un outil de libération. Je ressens la honte. Je me dis, il y a quelque chose qui a été opprimé ici. Est-ce qu'il y a une partie de moi que je peux réintégrer, que je peux apprendre à ressentir, que je peux réintégrer dans mon espace de sécurité Et je le connecterai même à quelques parties hyper spécifiques, notamment en étant, puisqu'on parle de féminisme aussi, en étant des femmes. Et pour moi, il y a trois parties de nous-mêmes qui sont hyper importantes. à se réapproprier pour pouvoir être dans notre pouvoir de manière saine. La première, c'est nos désirs et notre sensualité. Pourquoi Parce que le désir, c'est une force de mouvement. C'est une force qui nous met en marche vers ce qu'on sent viscéralement possible. C'est un moteur d'alternative où je veux ça. Et je ne parle pas d'un désir qui est simplement dans la tête. mais vraiment qui est réapproprié au niveau du corps. Je me sens en sécurité de désirer. Parce que si je ne me sens pas en sécurité de désirer, mécanisme de survie activé, fight flight, et on repart dans le patriarcat. Est-ce que je peux être en sécurité de vouloir de l'argent, de vouloir de l'impact, des relations,
- Speaker #0
de l'amour Du pouvoir.
- Speaker #1
Du pouvoir Du pouvoir La deuxième partie... de nous-mêmes, qui pour moi est super importante, c'est notre sensibilité. Parce que notre sensibilité, c'est celle qui nous garde en lien avec le monde. C'est là où je suis connectée à mes émotions, je suis connectée à mon ressenti, je suis connectée aux conséquences de mes actions, je ressens les autres, je ressens la Terre. Et du coup, cette sensibilité, au lieu d'avoir une valeur qui est externe, et qui devient un conditionnement supplémentaire de ce que je dois faire. C'est une boussole éthique qui est incarnée. C'est une forme d'intelligence du vivant où je suis en interconnection avec le monde qui m'entoure et en régénération avec le monde qui m'entoure. Et la troisième partie, c'est la colère. Et quand je parle de colère, je parle aussi, je reviens sur le concept, ce n'est pas une colère qui est simplement pensée. Quand on est dans le jugement, c'est la faute des autres. Mais c'est une colère qu'on apprend à ressentir dans notre corps. Où on a la capacité d'absorber l'énergie de la colère. Et on est en sécurité avec cette énergie. Et du coup, quand c'est comme ça, c'est pas une colère qui détruit, mais c'est une colère qui trace des limites nettes et qui dit non. C'est une colère qui protège la vie et qui dit non aux comportements abusifs. Qui dit non quand il y a quelqu'un, comme dans l'exemple que tu donnais, quand tu es dans une entreprise que tu essaies d'avoir horizontal, quand il y a quelqu'un qui essaie de prendre le dessus. Si j'ai accès à ma colère et qu'elle est intégrée, j'ai une limite, non
- Speaker #0
C'est marrant parce que dès que tu as parlé de colère qui ne serait pas dans la tête, mais qui est incarnée, ça m'a fait penser Ausha d'analyse transactionnelle, où tu vas avoir des schémas où les gens sont soit en position de parent, d'adulte ou d'enfant, et l'autre personne pareil. Quand tu es dans une relation de pouvoir horizontal, c'est une relation d'adulte à adulte, et dès qu'on parle d'ascendant, il va y avoir un parent et un enfant. Et si tu as une colère... d'enfant à ce moment-là. C'est celle qui est dans la tête, qui dit je suis victime et machin chose, machin chose Ça ressemble à un enfant quand il exprime des colères de dominer Et c'est une colère d'insécurité. C'est pas la même colère qu'un adulte qui dit wow, là t'as cru quoi Voilà les limites et voilà ce qui se passe si tu franchis les limites. Est-ce que c'est compris Première fois, ok. Deuxième, you're out Tu vois, le truc un peu, les limites que fixent d'ailleurs en général des parents aux enfants. C'est une colère d'adulte. Oui,
- Speaker #1
j'adore. Complètement, complètement, complètement. En fait, du coup, si on regarde un peu le schéma des traumatismes, effectivement quand c'est la charge de la colère qui reste dans le corps, on continue à réagir comme des enfants. D'ailleurs, j'irais même plus loin que la manière dont le monde est régi en ce moment, c'est qu'on n'a pas des dirigeants, on a des enfants qui dirigent le monde. On n'a pas des adultes au pouvoir. D'où le problème.
- Speaker #0
On est bien d'accord. D'accord, donc ce que tu nous dis, c'est qu'il y a trois éléments clés de levier de reconnexion pour pouvoir exercer un pouvoir qui soit libéré des systèmes d'oppression. Ces trois leviers, le premier c'est les désirs. Ça, ça nous permet de se connecter à notre force vitale, à notre élan de vie, et donc de se mettre en mouvement. La sensibilité. et ça tu l'as comparé à une boussole éthique qui serait quelque part à l'intérieur de nous et donc qui nous permet de voir les moments où on dépasse les limites éthiques qu'on s'est fixées et donc qui ne soit plus une énième injonction mais qui soit quelque chose d'absolument incarné dans tout ce que l'on fait. Et la troisième, c'était la colère et c'est l'énergie qui permet de poser des limites et de créer un cadre sécurisant pour tous et toutes.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Quand on a parlé de colère, tu as rebouclé justement sur les exemples du départ en disant qu'en fait, à ce moment-là, une réaction de colère saine, on va dire, aurait permis de fixer des limites avec le collaborateur qui essaye de prendre sur notre scope, on va dire. J'aimerais qu'on revienne justement à nos exemples du départ, des choses très concrètes. Comment on en arrive justement en utilisant ces trois leviers venir exercer au quotidien notre pouvoir libéré.
- Speaker #1
J'ai deux choses qui me viennent quand tu m'expliques cet exemple. Si tu as une vision claire, que tu es ancré dans ce que tu veux créer, déjà, ça crée un cadre sur les membres de ton équipe. Est-ce que la vision, elle est partagée Est-ce que tout le monde a la même direction Donc, l'ancrage dans les désirs, je sais ce que je veux, je sais où je vais, ça crée le cadre déjà. Et ensuite, L'accès à la colère saine, c'est quand il y a des comportements qui ne sont pas compatibles avec cette vision, qui ne servent pas le collectif, c'est non. Et c'est un recadrage. Ici, la sensibilité, c'est ce qui va te permettre de naviguer l'exercice du pouvoir au quotidien. Comment tu soutiens les membres de ton équipe Comment tu as besoin d'amener de l'empathie Parce que ce ne sont pas des process qui sont définis. C'est hyper centré sur l'humain. C'est aussi faire la place pour les émotions qui peuvent émerger dans un contexte professionnel. C'est faire la place pour l'honnêteté qui va avec ça. Et du coup, avoir cette sensibilité de voir que quelqu'un, en fait, est en souffrance ou que quelqu'un est en colère, d'avoir une sensibilité de se rendre compte qu'à un moment donné, il y a eu, en fait, une dynamique de pouvoir qui a été oppressante parce qu'on est humain. et qu'on est dans l'évolution et qu'au final, pour moi, on est dans une phase hyper intéressante, c'est qu'on ne sait pas comment le pouvoir libéré se manifeste vraiment. On est en train de le construire ensemble. Et du coup, ça permet, en étant dans cette sensibilité, en étant dans cette communication avec les autres, dans cette interconnection, de pouvoir avancer avec les étapes de l'entreprise, de pouvoir recalibrer De pouvoir amener l'humilité aussi quand il y a des erreurs qui ont été faites, quand il y a quelqu'un qui a été blessé, de pouvoir réparer quand on est aussi... dans une partie de nous-mêmes qui n'est pas complètement intégrée, parce que bien sûr que ça arrive, on n'est pas super humain, et de pouvoir réparer aussi. Et je pense que c'est hyper important de nommer ça, parce que le but de cette conversation, pour moi, ce n'est pas de rajouter un conditionnement qui oppresse, mais plus de donner de l'espace à être humain aussi, à faire des erreurs, à comprendre et à ressentir. comment on veut naviguer les choses. Plutôt que d'avoir une attente d'être un humain qui est parfait, qui est intégré, mais plutôt comment on intègre les parties de nous-mêmes qui ne sont pas encore intégrées, quand on est en position de pouvoir. Comment on a l'humilité de dire, en fait là, j'ai pas été hyper cool. Et de pouvoir réparer dans nos relations.
- Speaker #0
Et c'est là qu'on vient toucher à nouveau ce prérequis qui n'est pas... Pas nécessairement un prérequis, parce que comme tu le dis, personne n'est parfait, mais d'être prêt à aller toucher du doigt nos zones de honte. Parce que ce qui nous empêche d'avoir ce niveau de vulnérabilité, de dire là en fait je ne sais pas, ou là en fait je n'ai pas bien fait, là j'ai cassé, là il faut réparer, c'est aussi cette honte intériorisée qui nous fait vouloir paraître parfait.
- Speaker #1
qui nous fait vouloir paraître parfaits ou obtenir un résultat particulier
- Speaker #0
Parce que là, quand tu parles d'obtenir un résultat particulier, alors là, on rentre encore dans un autre niveau. Parce que si on réfléchit en termes d'entreprise, d'équipe, de division, il arrive régulièrement qu'on ait des objectifs de résultats très particuliers. Donc comment on manœuvre C'est-à-dire comment on se déplace Parce qu'admettons que je suis dirigeante, je peux créer un espace pour que les résultats ne soient pas complètement ce qu'on attendait d'eux. Mais si je suis salariée et que je dirige une division mettant une direction... Au sein d'une entreprise, je n'ai pas cette latitude-là. Donc à un moment donné, c'est un peu comme si on est prise entre le marteau et l'enclume. C'est-à-dire que nous, on a envie de créer un espace propice à être soi en toute vulnérabilité, à retirer la honte, à créer une vision, à suivre et respecter davantage notre humanité. Mais d'un autre côté... Il y a tout ce qu'on ne contrôle pas et qu'on va attendre de nous si on veut continuer de gagner un pouvoir dans cette structure-là. Comment on résout ça
- Speaker #1
Alors pour moi, il faut changer le prisme par lequel on regarde la situation. C'est quand je dis ou d'aller vers un résultat particulier, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas avoir des objectifs communs et on ne peut pas avoir des ambitions et des projets qu'on accomplit ensemble. Mais est-ce qu'en tant qu'entreprise, est-ce que je crée un environnement qui nourrit mes salariés afin que les résultats soient présents Ou est-ce que je pousse et je mets des attentes qui activent le mode combat
- Speaker #0
Mais c'est ça tout l'enjeu. C'est-à-dire que si moi je suis directrice, que je ne suis pas au plus haut niveau de la hiérarchie, moi je peux... Je peux décider de créer un environnement qui nourrit mes équipes, mais je ne peux pas nécessairement décider que ma hiérarchie va créer ça pour moi. C'est pour ça que je dis qu'on est entre le marteau et l'enclume. Comment on fait Parce que du coup, on perd en certitude de ce que notre équipe va pouvoir délivrer ou pas, admettons par exemple, qui va être une attente de la part de notre hiérarchie à nous. et qui peut nous mettre en défaut par rapport à d'autres paires qui, eux, n'ont pas libéré leur style de leadership et qui vont pouvoir transmettre les demandes telles qu'elles ont été formulées par la hiérarchie et donc avoir ce résultat en retour, que nous, on n'aura pas forcément. Et je pense qu'en vrai, et quand je pense à ça, je pense à ce que moi, j'ai vécu dans le monde de l'entreprise, je pense que beaucoup de femmes vivent, on en revient au paradoxe du départ, Ce n'est pas exactement le même, mais il y a cette idée de ok, moi je change ce que je peux changer à mon niveau mais je ne peux pas changer et j'ai tout intérêt à monter au sommet pour pouvoir avoir un maximum d'impact sur la façon dont les décisions sont prises, etc. Mais comment puis-je monter sans perpétuer ces systèmes-là Est-ce qu'il faut que je masque jusqu'à ce que j'atteigne le plus haut niveau et après je change tout Ou est-ce que je peux monter tout en transformant progressivement à mon niveau Les structures. Il n'y a peut-être pas une seule réponse. Ça dépend peut-être aussi des structures et des volontés des personnes au-dessus.
- Speaker #1
Je pense que, d'un côté, pour moi, c'est que quand on commence vraiment à créer des espaces régénératifs pour nos équipes, les résultats sont là pour le montrer aussi, la plupart du temps.
- Speaker #0
Mais il y a une échelle,
- Speaker #1
un échelon de temps Il y a un échelon de temps. Bien sûr, il y a un échelon de temps. Il y a un échelon. On est complètement d'accord.
- Speaker #0
Et je pense qu'il est là aussi, c'est-à-dire à quel moment est-ce qu'on va s'attendre à avoir des résultats Et un des grands défauts dans le monde de l'entreprise, c'est qu'on va favoriser les résultats positifs immédiats par rapport aux dégâts potentiels futurs. Et si on est dans cette logique-là, c'est vrai que les modèles régénératifs ne sont pas les mieux placés. Parce que c'est comme comparer de la culture intensive et de la culture extensive. sur un petit espace-temps, sur une petite échelle de temps, les cultures intensives vont produire davantage. Le temps qu'elles siphonnent les ressources naturelles du terrain, on va dire, et dans le monde de l'entreprise, c'est exactement ce qui se passe, c'est qu'on va presser les gens comme des citrons, par exemple. Donc, sur le court terme, ça va marcher, mais ce n'est absolument pas soutenable. ni durable sur la durée, sauf qu'entre-temps, la personne a déjà changé de poste et a déjà grimpé. C'est tout le concept du super chicken. J'avais fait une newsletter là-dessus. C'est les personnes qui vont phagocyter toutes les ressources communes et qui vont surproduire par rapport aux autres, dont les équipes vont surproduire parce qu'on va aussi bien les presser. Donc, il va y avoir une surperformance ponctuelle qui va ensuite s'effondrer, mais la personne est déjà changer de poste, changer de responsabilité. Donc, comment on fait justement dans un modèle régénératif Est-ce qu'on a besoin d'une hiérarchie qui a cette même impulsion Est-ce que dans ce cas-là, il vaut mieux partir et chercher ce genre de management-là Ou est-ce qu'on peut soigner, on va dire, de l'intérieur
- Speaker #1
Je pense que ça dépend vraiment de chaque entreprise, en fait, et aussi de notre capacité à être dans ces entreprises-là. Je pense qu'effectivement, il y a des positions où on peut être aussi dans l'initiative et amener ces conversations-là dans une entreprise, parce que beaucoup, ces conversations ne sont même pas ouvertes. Et il faut quelqu'un qui, à un moment donné, dise Mais en fait, regardez ce qui se passe. Peut-être que là, il y a une productivité qui est hyper intéressante, mais sur du long terme ou six mois après, vous avez la moitié de l'équipe qui sont en burn-out. Et en fait, de commencer à montrer d'autres données et d'autres choses pour que les éléments décisionnels la boussole qui permet en fait de décider commence à changer de perspective. Et je pense que plus on est à ouvrir ces conversations, à montrer le coup que ça a et à montrer qu'il y a d'autres manières de faire les choses, plus les entreprises peuvent changer. Et je pense qu'il y a des entreprises qui sont ouvertes à ce changement-là et que ça bouge. Après, je pense que quand on est dans une entreprise où il n'y a pas de possibilité de changement, j'ai envie de dire que, oui, part. Part, trouve. trouve une entreprise où aussi tu peux amener les choses tu peux amener le changement tu peux amener ces conversations-là parce que sinon c'est aussi toi qui va perdre ton énergie qui sur du long terme va partir en burn-out et c'est pas régénératif et donc je pense que plus on a de forces qui sont conscientes de ces choses-là et qui essayent de changer le leadership et de changer ces conversations Plus on peut amener du changement, ça ne veut pas dire que c'est dans des grosses entreprises qui ne veulent pas changer. Il faut trouver les portes où le changement peut se passer. Et des fois, ça veut dire partir et trouver des entreprises qui sont ouvertes ou créer ta propre entreprise ou faire des collaborations avec d'autres leaders qui sont prêtes et prêts à faire ces changements-là. Et je pense que se battre, qu'on démoulait avant, ce n'est pas productif non plus.
- Speaker #0
Oui, je pense. Et cette conversation, elle nous ramène aussi au tout premier exemple. Parce que ce n'est pas non plus si facile que ça de se dire... Donc, le premier exemple, c'était, je suis dirigeante et j'ai choisi d'avoir des sous-traitants et donc d'avoir tous mes process, etc., qui soient éthiques, qui soient sourcés localement, près d'ici, etc., etc. Et donc... je ne suis pas forcément si compétitive que d'autres concurrents. On en revient à cette notion de, il y a peut-être des concurrents qui, eux, ne font pas ces choix éthiques et qui ont du coup des avantages compétitifs, parfois à court terme, mais si à court terme, je ne reste pas dans le jeu, j'ai déjà perdu en fait, je ne serai pas sur le long terme pour continuer d'exister. Donc comment on utilise les éléments que tu nous as apportés pour naviguer ce genre de décision Parce que c'est ça ce qui compte à la fin. C'est comment on décide, qu'est-ce qu'on choisit de faire pour être en accord avec nos propres valeurs, nos propres principes et exercer le pouvoir de façon non oppressive.
- Speaker #1
J'adore cette question. Je pense qu'on a tendance à voir les choses en c'est noir ou c'est blanc. Ou je fais, ou je ne fais pas. où je suis complètement éthique, source et locale, et du coup, je suis soutenable et j'ai un impact qui est positif, où je m'aligne avec la concurrence et je fais fabriquer à l'étranger et mes prix sont plus bas, et du coup, je ne suis pas dans un impact régénératif et je fais partie des mauvais. Et là où je me dis, est-ce qu'il n'y a pas quelque chose qui est peut-être un peu plus au milieu, qui est un peu plus dans la nuance, et où effectivement... je peux peut-être avoir une partie du marché parce que j'ai besoin d'être financée pour pouvoir créer l'entreprise et avoir le levier dont j'ai besoin où je me sers de ce qui existe et je fais fabriquer une partie à l'étranger et en même temps, j'ai peut-être une autre partie de mon entreprise qui développe le local et qui en fait, au lieu de me dire que je suis sur le même marché et donc que je ne peux pas être en concurrence parce que mes prix qui sont différents. Et en fait, c'est peut-être un marché complètement différent et d'ouvrir une possibilité de l'autre côté. Et je pense que ce n'est pas un process parfait et que tant qu'on est dans cette recherche du résultat parfait, de je suis sur le bon côté, on est toujours dans j'essaye de prouver que je suis un bon humain et que je suis parfait et que je suis contre ce qui se passe plutôt qu'en fait de voir, mais en fait, pour pouvoir avoir de l'impact, il faut aussi que je sois incluse dans cet impact. Il faut aussi que je puisse avoir des revenus. Et peut-être qu'il y a des étapes intermédiaires ou d'autres manières pour moi d'inclure mes valeurs dans la manière dont je gère mon entreprise, dans la manière dont je crée mon produit. Ou peut-être que je pense que ce n'est pas soutenable et que finalement, si j'y vais et que j'ai un marketing qui va avec et qui vraiment s'approprie le fait que je suis plus chère. mais je gère mon entreprise de cette manière-là et mon produit est sourcé de cette manière-là, peut-être qu'il y a un marché qui est complètement différent qui va s'ouvrir et je ne suis pas en compétition avec ceux qui essayent d'être moins chers. Après, je pense que ça dépend vraiment, je ne connais pas le modèle de cette entreprise, mais du coup, je pense que ça dépend vraiment de... Pour moi, c'est un ancrage d'être en cohérence avec soi-même et que même si on fait des compromis, qu'on sache pourquoi on les fait et qu'on soit capable de se dire à un moment donné, OK, je réévalue ça dans six mois. pour voir où je suis et est-ce que c'est vraiment cette direction que je veux prendre et de pouvoir avoir, c'est plutôt pour moi, une intégration de nos différentes parties, de nous-mêmes, en se disant, ben ok, oui, effectivement, j'ai besoin d'argent, j'ai besoin d'assurer ma survie financière et, en même temps, je veux créer un modèle qui est différent. Comment je fais ça Comment je me mets en intégration et en cohérence Après, ça dépend de chaque entreprise. Mais je pense qu'il faut sortir du modèle noir ou blanc. Sinon, on n'y arrivera pas.
- Speaker #0
D'autant, ce que ça m'évoque, c'est que notre simple existence sur terre a déjà un impact, entre guillemets, négatif. C'est-à-dire, on a un impact, un bilan carbone. Donc, à partir de là, il y a un excès aussi de zèle qui peut être un peu plus large. peut être vu aussi comme une énième injonction à être ce que tu disais, à être dans cette dualité de soit je suis parmi les bons, soit je suis parmi les mauvais, soit je fais tout bien, soit si je fais un truc de pas bien, c'est fini, je fais tout mal. Mais c'est aussi driver par la façon, par exemple, dont fonctionnent beaucoup de certifications qu'on peut obtenir pour montrer qu'on est éthique, etc. Alors qu'en fait, peut-être que Déjà, ces éléments-là font partie du pack des injonctions et que commencer par s'en détacher nous redonne de l'espace de dire, bon, en fait, on va faire décision par décision. et prendre une décision dans un contexte donné et pas de façon hors-sol. Voilà les valeurs et voilà comment décider, sans réfléchir au contexte non seulement structurel, on va dire, mais aussi circonstanciel et humain.
- Speaker #1
Je veux ajouter à ça un élément qui est, si on revient au système nerveux, à partir du moment où je reviens sur cet espace d'intégration, de sécurité avec moi-même pour voir mes différentes parties, je vais avoir accès à des solutions dont je n'ai pas la capacité de voir si je ne le suis pas. Les possibilités qui s'ouvrent sont complètement différentes que si je suis en mode combat, je me concentre sur le résultat à tout prix vouloir éthique. Si je sors de ça et je me dis OK, je suis en sécurité, je ressens... le désir de vouloir être éthique, la souffrance de ne pas l'être, parce que c'est compliqué, il y a beaucoup d'humains qui se passent là-dedans. Et en même temps, le besoin d'être financièrement stable, je suis dans un espace de sécurité où j'arrive à avoir toutes ces parties de moi. Mais en fait, je vais ouvrir un espace de possibilités, de décisions, et c'est là où je sors du système et je peux réinventer d'autres solutions et trouver des alternatives. D'où l'importance de sortir du conditionnement de ce que je dois être et de ce que je dois faire, que ce soit de devoir être éthique, d'être soutenable, d'être régénérative. Qu'est-ce qui se passe maintenant Qu'est-ce que je ressens Quelles sont mes différentes parties Et de pouvoir ouvrir ce champ de possibilités.
- Speaker #0
J'adore parce qu'on en revient en fait à ce qu'on avait conclu au tout début, qui était quand on a l'impression d'être face à une impasse. C'est souvent qu'on est retombé dans de l'insécurité de notre système nerveux et qu'on s'est imposé une obligation, une injonction, quelque chose qui fait qu'on n'arrive pas à en sortir et qu'on est repassé en mode combat. Donc peut-être que la chose à retenir, c'est de garder à l'esprit cette notion qu'à chaque fois qu'on sent qu'il y a une impasse, est-ce que c'est une impasse ou est-ce que ce sont des œillères dues à notre système nerveux, finalement J'adore. J'adore. Très bon résumé. C'est génial.
- Speaker #1
Est-ce que c'est une impasse ou est-ce que c'est des œillères du halal de système nerveux J'irais la plupart du temps. Honnêtement, c'est le deuxième.
- Speaker #0
Je pense aussi. Et je le vois, que ce soit dans mon vécu, dans l'accompagnement qu'on a eu ensemble ou dans l'accompagnement que j'ai avec mes clientes, c'est souvent la deuxième. Marine, est-ce qu'il y aurait une chose que tu souhaiterais partager Un mot de la fin.
- Speaker #1
On a parlé de pouvoir et on a parlé de comment revenir à un espace de pouvoir libéré. Et j'aimerais quand même planter des graines sur c'est quoi un pouvoir libéré. Sans mettre un conditionnement, c'est ce que ça doit être. Et du coup, d'aller vers le mode combat et de rajouter un devoir et une obligation. Mais juste pour donner un peu d'inspiration aussi.
- Speaker #0
Dis-nous Marine, à quoi ça ressemble Un pouvoir libéré.
- Speaker #1
Pour moi, un pouvoir libéré, ce n'est pas un pouvoir qui cherche à dominer, mais c'est un pouvoir qui soutient. C'est un pouvoir qui relie, qui régénère, qui est collaboratif, qui a ancré dans la joie, le partage, l'interdépendance. Et c'est un pouvoir qui est vivant et qui est incarné dans le corps.
- Speaker #0
C'est très agréable d'avoir cette définition alternative et non genrée, parce que je pense que les femmes qui assument... de vouloir du pouvoir, de vouloir gagner un pouvoir, ont souvent une définition qui se rapproche de ça. Moi, j'ai entendu des femmes dire Moi, je veux du pouvoir avec ou du pouvoir pour pas du pouvoir sur Et en fait, tout ça, ça se recoupe. Ou alors, il y a des femmes qui disent J'aime le pouvoir en tant que verbe, pas en tant que nom Toutes ces versions alternatives se rapprochent de cette capacité de faire avec, de soutenir, pour créer et d'incarner aussi cette notion de pouvoir, que ça s'applique à nous avant de s'appliquer aux autres, pour le meilleur et pour le pire.
- Speaker #1
Pour le meilleur et pour le pire.
- Speaker #0
Oui, parce qu'incarner pour le meilleur, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, c'est-à-dire s'inclure comme partie prenante. que les règles et les limites qu'on pose aux autres s'appliquent à commencer par soi. Et c'est là qu'on voit tout ce qu'on appelle abus de pouvoir, en politique en particulier et dans la géopolitique actuelle. Oh, merci Marine pour cet échange hyper précieux, hyper enrichissant, qui est à la fois très philosophique, mais aussi très ancré dans notre réalité quotidienne. Et du coup, moi en tout cas, tu m'as apporté énormément de graines, comme à chaque conversation, comme à chaque échange, comme durant tout l'accompagnement où tu as été ma coach. Je te remercie pour ça. Et je pense que ce sera pareil pour toi. toutes les personnes qui nous écoutent, que ça va leur apporter des graines pour créer de l'espace aussi de comportement, de décision, des espaces pour être différemment.
- Speaker #1
Merci,
- Speaker #0
merci. C'était un plaisir de te recevoir et un plaisir que tu as accepté mon invitation, Marine.
- Speaker #1
C'était un plaisir d'être avec toi.
- Speaker #0
Et c'est la fin de notre épisode. Et voilà, c'est déjà la fin de notre rendez-vous. J'espère que vous repartez plus armés, inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence. Je suis Kauthar Trojet et vous avez écouté Toute Puissance. Continuez de pulvériser tous les plafonds de verre. À très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance.