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Toutes Puissantes !

35. Subir le racisme au travail avec Sarah Ourahmoune

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35min |17/10/2025
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35min |17/10/2025
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Description

✨ Bienvenue dans ce nouvel épisode de Toutes Puissantes !


Aujourd’hui, j’ai la joie de recevoir Sarah Ourahmoune, conférencière, entrepreneure et surtout l’une des plus grandes figures de la boxe française.


Son palmarès est impressionnant : 10 fois championne de France, 3 fois championne d’Europe, championne du monde, et vice-championne olympique à Rio. Après plus de 20 ans sur le ring, Sarah a poursuivi son engagement en devenant vice-présidente du Comité Olympique, porte-parole des JO 2024, administratrice, et aujourd’hui, fondatrice de salles de boxe et de programmes d’accompagnement pour les jeunes et les femmes.


Mais aujourd’hui, Sarah ne vient pas seulement parler de sport ou de victoires. Elle vient témoigner d’un combat plus intime : celui contre le racisme et le sexisme, vécus de plein fouet lors de son engagement à la présidence de la Fédération française de boxe.


❓ Comment continuer à se battre quand les attaques ne visent plus vos compétences mais votre identité ?
❓ Comment décider quand il faut monter sur le ring… et quand, au contraire, il faut savoir poser les gants ?
❓ Et surtout, comment transformer une blessure en leçon de stratégie, de résilience et de leadership ?


Sarah nous partage ce moment charnière de sa vie : les insultes, les trahisons, mais aussi la force de dire stop pour mieux choisir ses combats.


Son témoignage résonne bien au-delà du sport : il éclaire ce que vivent aussi de nombreuses femmes dirigeantes dans l’entreprise ou dans la sphère publique.


🎧 Bonne écoute !


Retrouver sarah sur linkedin


Inscription a la cohorte du club de pouvoir : https://leclubdepouvoir.com/


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Je suis Kaouthar Trojette, coach exécutive et experte en dynamiques de pouvoir, ensemble pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois !


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🎬 Agence de podcasts : Into The Wave studio

📷 Visuel : Astrid Amadieu


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, fondatrice du club de pouvoir, coach exécutif de dirigeante et experte des dynamiques de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Aujourd'hui, j'ai la joie de recevoir Sarah O'Haramoun, conférencière et championne de boxe. Bonjour Sarah. Bonjour. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravie. Ça fait longtemps que je te suis, donc je suis vraiment contente d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ah, trop bien. Alors, les Confidences, c'est une série d'épisodes où des femmes à des postes de pouvoir viennent témoigner sur un des obstacles qu'elles ont rencontrés dans leur accession ou l'exercice de leur pouvoir. Alors, Sarah Vramoun, ça m'impressionne juste de raconter ton parcours. Sarah a été boxeuse pendant plus de 20 ans. Elle a été dix fois championne de France, trois fois championne d'Europe, championne du monde et vice-championne olympique à Rio en remportant la médaille d'argent. de combats hommes et femmes confondus en boxe. Puis, à l'issue de sa carrière d'athlète, elle s'est engagée dans le mouvement sportif en tant que dirigeante. Elle a été vice-présidente du comité olympique en charge des sujets de mixité et de diversité. Elle a été porte-parole des JO 2024, puis administratrice du comité d'organisation. Et aujourd'hui, elle est entrepreneur et elle dirige des salles de boxe et des accompagnements pour les jeunes et pour les femmes, toujours en utilisant la boxe. comme support. Quel parcours !

  • Speaker #1

    Merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Vraiment, c'est incroyable. Et encore là, on ne va même pas dans le détail de tous tes accomplissements, de comment on fait pour durer pendant 20 ans en tant que boxeuse. Là, on n'a pas dit que tu as eu un congé maternité au milieu de ta carrière et que tu es revenu, que tu es remonté. Sarah, tu as un parcours incroyable et il y a tellement de sujets pour lesquels j'avais envie d'avoir tes confidences au micro et il a fallu en choisir un. Alors Sarah, le racisme, est-ce que ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Malheureusement, oui, ça m'est arrivé. Ça m'est arrivé pendant ma carrière sur le ring, il y a des moments où je pouvais me retrouver dans… Parfois dans des soirées box organisées plutôt en ruralité, dans des coins un peu perdus où les gens avaient peut-être un peu d'animosité. Donc ça m'est arrivé, ça m'a un peu perturbée au début. Et puis finalement, pour moi, la meilleure réponse, ça a été d'oser monter sur le ring et même de gagner ces combats très symboliques. Et puis ça m'est arrivé très récemment. En novembre dernier, lors des élections du mouvement sportif, je me suis présentée en tant que co-présidente de la Fédération française de boxe avec une envie vraiment de m'engager pour mon sport. Ça fait 25 ans que je suis dans ce milieu. J'ai beaucoup fait et puis surtout j'ai beaucoup appris de par mes engagements au comité national et puis à l'international aussi. Donc je me disais que c'était important pour moi de m'engager pour mon sport. pour une fédération qui est très fragilisée. Et en fait, ça ne s'est pas passé comme j'imaginais. C'est-à-dire que quand j'ai annoncé ma candidature, l'opposition a été assez féroce puisque j'ai été attaquée non seulement sur ma condition de femme, donc beaucoup d'insultes sexistes, mais on va dire que ça, j'étais prête. Je viens d'un milieu d'hommes, donc j'étais assez préparée à ça. Mais ces insultes-là ont été couplées d'insultes racistes. Et là, je dois avouer que ça, par contre, ça a été un peu le chaos parce que je viens quand même d'un sport très populaire. La plupart des salles de boxe sont dans des quartiers où il y a énormément de personnes racisées dans les salles. Ça a été un peu le coup dur pour moi. Donc oui, le racisme, je l'ai vécu et j'avoue que ça a été un peu violent sur cette période électorale, on va dire.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu peux... nous raconter comment ça s'est manifesté pour toi avec un peu plus de détails, de contexte. Et comment est-ce que toi aussi, tu as été mise au courant ? Comment est-ce que tu as été consciente de ce racisme ? Est-ce que c'était un racisme frontal envers toi ? Est-ce que c'était des campagnes ? Dis-nous en plus.

  • Speaker #1

    En fait, en novembre, un peu avant, quelques mois avant, je me décide de co-candidater à la fédération. C'est une décision que j'ai prise un peu tardivement, puisque en général, pour préparer une élection, c'est plusieurs mois, voire plusieurs années. Là, j'ai rejoint une équipe déjà en place. On sortait des Jeux de Paris, des Jeux qui ont plus ou moins bien marché pour la boxe en France, mais surtout… À l'issue de ces Jeux, le Comité international olympique a annoncé que la boxe perdait son statut olympique, ce qui est pour nous très déplorable parce que perdre son statut olympique, ça veut dire qu'on n'est plus inscrit dans le programme des Jeux. Et donc, les conséquences, c'est perdre l'agr��ment sport, donc perdre la possibilité d'organiser des compétitions de boxe, on perd des moyens humains et financiers. Pour moi, c'est un peu la mort de mon sport et surtout la mort de plein d'espoirs de jeunes filles et de jeunes garçons qui ont regardé les Jeux et qui eux aussi rêvent de monter sur un ring, de s'épanouir dans ce sport. J'ai senti qu'il fallait quand même que je m'engage. On m'a fortement poussée pour que je le fasse en me disant que ma candidature pouvait convaincre de par mon part. à mon engagement dans le sport, mais surtout en fait j'étais face à une équipe qui elle n'avait pas forcément cette envie que notre sport redevienne olympique. Donc il y avait d'un côté l'équipe que j'ai rejointe qui voulait elle se battre pour que notre sport redevienne olympique et puis retrouve des moyens et puisse se développer et en face un projet qui était plus orienté vers vers la boxe professionnelle, donc moins vers l'éducation, vers le sport comme bien social. bien commun et comme sport olympique, parce que c'était plus orienté vers le sport pro, les paris, les droits télé, etc. Enfin voilà, pour vulgariser un peu. Et donc moi, je me suis engagée pour combattre et pour pouvoir défendre un projet olympique, un projet de sport pour tous, pour toutes. Et en fait, quand j'ai annoncé ma candidature, je l'ai annoncé par le biais... à la fois de mes réseaux sociaux, mais aussi par un article dans l'équipe. Et comme c'est une candidature qui était un peu inattendue, puisque je n'avais pas fait de lobbying et de campagne comme les autres l'ont fait plusieurs mois auparavant, je pense que l'équipe, notamment de l'opposition, a eu peur en disant « mince, elle vient bousculer un peu tous nos plans » parce que le co-candidat avec lequel je me suis associée, il le voyait peut-être moins dangereux ou moins influent. et donc Donc, quand ma candidature a été annoncée, il y a plein de messages qui ont circulé dans différents groupes WhatsApp, puisqu'en fait, les entraîneurs de boxe, les clubs, s'organisent par le biais de groupes WhatsApp, notamment pour organiser ce qu'on appelle des mariages de combat. Donc, quand il y a un club qui organise une soirée boxe, pour pouvoir mettre en place son plateau, on échange sur les groupes WhatsApp. Et donc, c'est par région. Il y a plusieurs groupes WhatsApp qui regroupent des milliers et des milliers de personnes. Et donc, il y a des messages qui ont circulé sur ces groupes, qui venaient notamment du groupe opposant, qui disaient clairement, voilà, cette salle arabe, l'arabe de service, la chienne de, la tute de, etc. Et donc, voilà, ça circulait, ça se transférait d'un groupe à l'autre. Et c'est comme ça que j'ai été alertée, en fait, où certains ont fait des captures d'écran, des gens qui me connaissent, des amis. des entraîneurs de mes clubs, puisque moi, je dirige trois clubs. Et donc, c'était aussi... J'ai ma famille, mes amis qui étaient aussi sur ces groupes-là, puisque c'est des personnes qui sont engagées aussi dans mes salles et qui me disaient, voilà, il y a des choses qui circulent. Je pense que ce qui a été le plus compliqué, c'est qu'il n'y a pas eu de grosses réactions, notamment de mon équipe. Ils ont peut-être un peu minimisé ça en disant, c'est normal. On est en période électorale, donc c'est normal de se faire insulter. Moi, je ne l'ai pas vécu comme ça. En fait, pour moi, ce n'est pas normal. À un moment, c'est aller trop loin. C'est-à-dire que je veux bien qu'on ne soit pas d'accord, mais il faut que ça se fasse quand même avec un minimum de respect. Ça reste du sport. On est censé véhiculer des valeurs positives de notre sport et notamment, moi, de l'olympisme, avec vraiment du respect, de la dignité, du courage. et là... On n'était pas du tout là-dedans. Et donc, j'ai pris quelques jours pour réfléchir. Et je me suis dit que finalement, je n'étais pas au bon endroit. Certains ont compris que j'abandonnais, que c'était presque de la lâcheté. Moi, je pense que c'est un peu comme en boxe. Parfois, il faut savoir refuser des combats. parce qu'on n'est pas forcément prêt, ce n'est pas le bon timing. Moi, j'ai senti que je n'étais pas avec la bonne équipe au bon moment et que mes combats, mes engagements et mes compétences pouvaient avoir beaucoup plus d'utilité ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette confidence d'avoir partagé cette période-là. donc si je comprends bien Tu décides de faire campagne avec une des deux équipes, on va dire, en lice. Et suite à ça, il y a une campagne de dénigrement, une campagne raciste et sexiste sur tous les groupes WhatsApp ou sur certains de ces groupes WhatsApp des professionnels de la boxe. Donc vraiment, dans tout le milieu, il y a des messages qui circulent sur toi, ce qui est loin d'être anodin. Ça veut dire que notre nom est Sally. auprès de nos pères, auprès de nos équipes, dans ton cas, de ta famille, puisque ta famille, tu nous as dit, est aussi investie dans les milieux de la boxe. Et non seulement ça, d'abord, ce que tu nous dis, c'est que l'étape d'après, c'est que l'équipe avec qui tu partais en campagne a fait un silence radio, a fait comme si ça n'existait pas, n'a pas pris ta défense, n'a pas eu de message de solidarité envers toi, de message public, c'est ça ?

  • Speaker #1

    La première étape, ça a été ça, ça a été ces messages qui venaient vraiment de l'opposition, qui ont circulé. Je ne sais pas s'ils se rendaient compte du poids des mots. Évidemment, je voyais bien que je leur faisais peur, qu'ils sentaient qu'ils perdaient un peu la main. Mais voilà, ça a circulé. Alors, certains étaient choqués, d'autres, voilà ce qui se dit, mais sans forcément réagir à part. Par contre, j'ai reçu énormément de messages de soutien de la part du monde de la boxe et du sport d'une manière générale. Et puis, cette deuxième phase, ça a été cette équipe avec qui je m'étais engagée, qui minimise tout ça, qui met tout ça sous le coup de « c'est normal, on est en campagne électorale, les coups bas sont autorisés, c'est toujours comme ça, et puis il ne faut pas que tu sois fragile. C'est normal, il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer. beaucoup de stress, ça fait plusieurs semaines qu'on bosse dessus, serre les dents, continue. On avance, on serre les dents. Et en fait, non, ce n'est pas possible pour moi. Ce n'est pas une question de fragilité. C'est juste que je veux bien m'engager. Et ce qu'il faut aussi rappeler, c'est que ce sont des fonctions qui sont très chronophages et qui sont bénévoles. Moi, je veux bien donner de mon temps, de mon énergie, m'engager, mais je veux aussi me faire respecter. et là c'est Ce n'est pas que je ne me sentais pas fragile à ce moment-là. Je me suis sentie blessée dans ma chair. Trahie aussi, parce que je me disais quand même, je ne le fais pas pour moi, je n'ai rien à gagner. En fait, moi, mes salles tournent bien. Je suis engagée à l'international sur les sujets olympiques, sports, boxe. Si je reviens m'engager pour cette fédération, c'est vraiment parce que c'est un sport qui m'a beaucoup apporté et que j'ai envie que d'autres... puissent en bénéficier aussi. Je n'avais rien à gagner. En tout cas, ce n'était pas un engagement personnel. Je n'avais pas besoin de reconnaissance. C'était vraiment parce que je sens que mon sport était fragile. Et en fait, cet épisode-là m'a fait prendre conscience que c'est un sport qui est encore plus en difficulté que je le pensais. Pour moi, on était déjà dans le dur, mais là, avec cet épisode-là, pour moi, c'est un sport. qui est très mal. C'est vraiment le reflet de notre société. En réalité, j'ai eu besoin de prendre du recul, de digérer, de comprendre. Maintenant, avec du recul, voilà, ça s'est passé. Disons que ça fait moins mal et je n'ai pas compris les réactions. Enfin, OK, il y a la peur de perdre, mais c'est surtout où j'ai compris. Peut-être les erreurs que j'ai faites dans mon engagement, il y a des choses sur lesquelles j'aurais dû être peut-être un peu plus vigilante et sentir les choses.

  • Speaker #0

    On va revenir justement aux leçons que tu as apprises. Mais si on revient justement à cette période de campagne, qu'est-ce qui t'a aidée à ce moment-là à traverser cette étape ?

  • Speaker #1

    En fait, rien, parce que je n'ai pas réussi à la traverser. Je n'ai pas réussi. J'étais franchement focus sur mon programme. à essayer de donner le meilleur, à rédiger un programme qui, pour moi, allait convaincre parce que je connais la boxe sur le bout des doigts, parce que je m'étais beaucoup engagée et je voyais bien tout ce qui nous manquait et ce que je pouvais apporter. Et si je me suis engagée, c'est parce que je me disais qu'il y a des choses, des leviers sur lesquels je pouvais... avoir de l'impact. Et en fait, quand il y a eu tout ça, je n'ai pas réussi à le passer. C'est aussi pour ça que j'ai jeté l'éponge, parce que je l'ai mal vécu. J'ai mal vécu. À partir du moment où il y a eu ces messages-là, j'ai continué à écrire le programme parce que je n'ai pas voulu abandonner l'équipe et parce que je me disais quand même, je me suis engagée, ça fait partie de mes valeurs d'aller au bout des choses. Et je leur ai dit que je partais. thème et que par contre je leur donnerais tout ce que j'ai fait et surtout à une semaine du dépôt des on était à une semaine du dépôt des listes et des programmes donc j'allais pas partir avec tout ce que j'avais fait en les laissant en difficulté mais par contre ouais non j'ai pas réussi j'ai pas réussi, sur le moment j'ai pas réussi à me dire je continue le combat, on y va on gagne, on met en place les choses et je vais gérer ça une fois que je serai en place j'avais pas envie en fait

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'on a l'impression, quand je t'entends, j'ai l'impression que traverser, ce serait forcément rester. Alors qu'en fait, traverser, pour moi, c'est une étape de vie. Et en décidant de ne plus faire campagne, de quitter cette liste, pour moi, c'est peut-être ça qui t'a permis de traverser cette étape.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, je le vivais mal. C'est-à-dire qu'à un moment donné, je me suis posé la question de vraiment ce que moi, j'avais envie de faire pour moi. Et j'ai senti quand même qu'il n'y avait plus d'envie, il n'y avait plus de plaisir, que je n'avais plus la même énergie. Toute l'ambition que j'avais pour mon sport, je sentais que je n'allais pas y arriver parce que le cœur n'y était plus. Mais tu as raison, en fait, la traversée, ça a été d'oser dire je m'arrête. Et ce qui n'est pas facile parce qu'en fait, moi j'ai été éduquée dans un sport où on n'abandonne pas, on ne jette pas l'éponge. On va... Voilà. on y va, on va jusqu'au bout, jusqu'au dernier coup de gong et on donne tout. Et là, de me dire, j'abandonne à une semaine, en fait, alors que ça faisait des semaines et des semaines que je bossais dessus, eh bien, ouais, c'est pas facile. Parce que je pense que tout couplé, ça a été dur à digérer. De me dire, j'ai lâché, j'ai échoué. Je m'en suis voulue aussi. En fait, je m'en suis voulue d'avoir été naïve, d'avoir cru que j'allais y arriver. cru que j'allais convaincre. Je pense que ça aussi, ça a été un peu compliqué. Mais ouais, disons que j'ai traversé cette période. Ce qui m'a aidée, ça a été d'accepter d'arrêter et d'accepter de l'expliquer aussi, de me dire « Ah ouais, prends une feuille » , parce qu'en fait, ce qui s'est passé, c'est ça, c'est qu'à un moment, je me suis posée, j'ai rédigé une lettre ouverte, j'étais en pleine nuit, j'avais du mal à dormir les jours qui ont précédé. cet épisode. Et en fait, j'écris cette lettre ouverte, je contacte le journaliste de l'équipe qui avait rédigé l'article pour annoncer ma candidature. Et je me dis, je vais le prévenir quand même parce qu'il a pris du temps, il s'est déplacé pour me rencontrer et expliquer pourquoi je voulais m'engager, mes projets et tout. Et donc, je trouvais quand même que c'était important de le prévenir parce que c'était quelques jours après son article. Et donc, ça a démonté un peu tout son travail. Et il a été évidemment peiné, surpris, choqué. Et puis, le lendemain matin, très tôt, il m'a proposé de republier la lettre. Et donc, j'avoue que les heures qui ont suivi l'écriture de la lettre, ça a été « je le fais, je ne le fais pas, comment je l'explique ? » Comment j'explique tout ça ? Parce que je savais que j'allais avoir finalement des... Peut-être deux regards qui allaient s'opposer. D'un côté, ceux qui voyaient ce renoncement comme le fait de les laisser gagner, de leur donner encore plus de force, encore plus de poids. Et puis ceux qui allaient me comprendre en disant « Oui, tu as raison, ce combat-là, tu n'abandonnes pas. Tu choisis tes combats et effectivement, ton énergie met là où elle sera la plus utile. » C'était ce regard-là, comment je vais l'accueillir ? À partir du moment où la lettre a été publiée, ça m'a fait un bien fou. Je me suis dit que c'était bon, la décision est prise, je me sens bien, je l'ai dit et je l'assume. En même temps, j'ai senti que ça avait fait du bien aussi à d'autres. J'ai eu la chance d'avoir… On a aujourd'hui les réseaux sociaux qui nous aident beaucoup à prendre la parole et être visibles. mais moi j'ai eu le choix de partir et en fait, je pensais à tous ceux et celles qui, eux, n'ont pas le choix et qui ne peuvent pas parler et qui subissent au quotidien. Et moi, je me disais, j'ai le choix. Et en plus, j'ai la chance d'avoir un écho. Et donc, mon message, il faut absolument que je le transmette pour tous ceux qui ne peuvent pas le faire en réalité.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, finalement, toi, tu t'es dit, je me fais passer moi d'abord et je ne vais pas dans un combat où je vais perdre mon énergie, me perdre moi et en plus, on risque de perdre le combat.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, j'essayais de me projeter en me disant… voilà ce qui s'est passé, est-ce que tu as envie d'avancer dans ces conditions avec ces gens-là ? » Pour peut-être juste certains, mais je me voyais dans quatre ans et je me disais « je vais sortir de cette aventure dans quatre ans complètement détruite » . Et je me disais que c'est pareil, je pense que je n'arriverai pas. Je n'arriverai pas à m'engager, à mettre l'énergie que j'imaginais au début. Parce que, voilà, le cœur blessé, quoi. Il n'y avait plus l'envie de faire. Et donc, je me disais, ça ne sert à rien de rester. Parce que, même pour moi, pour mon image, pour plein de choses, je me disais, si je reste, de toutes les façons, je ne ferai pas. Et donc, on dira dans quatre ans, tu vois, elle avait dit plein de choses et en fait, elle n'a rien fait. Je me disais, vraiment, je me tire une balle dans le pied en restant là. Et donc, il vaut mieux partir. et puis... Et puis, donner cette énergie ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est une leçon de résilience et de stratégie absolument incroyable parce que je trouve que ça fait énormément écho avec le fait, ne l'oublions pas, que tu es l'athlète en boxe qui a fait le plus de combats hommes et femmes réunis. Et on en parlait avant d'enregistrer cet épisode. Tu m'as dit en fait ce qui fait que j'ai pu durer. que tu as pu faire plus de 250 matchs, alors que dans une carrière sportive d'athlète de haut niveau normal en boxe, c'est plutôt 100-150. Ce qui fait que tu as pu durer, c'est que tu as su choisir les combats et ne pas aller dans des combats qui allaient te blesser ou qui risquaient de réduire ta carrière sur le long terme. Et là, j'ai l'impression que c'est un peu la même chose. C'est genre, pourquoi faire un truc ? où je ne vais pas en sortir gagnante sur le long terme. Je vais garder mon énergie. Et en fait, ce n'est pas du tout renoncer. C'est accepter de renoncer sur le court terme pour gagner sur le long terme.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est vraiment prendre un peu de recul parce que c'est vrai qu'en boxe, il y a des combats comme ça où si tu montes sur le ring et que tu l'acceptes, ça peut être des combats trop durs parce que tu es dans une mauvaise période, parce que l'autre est vraiment supérieur. pour plein de raisons, peu importe les raisons, mais c'est un combat qu'on n'aurait peut-être pas dû faire parce qu'on va en sortir abîmé. Et la perte qu'on aura eue sur ce combat, on va la traîner pendant des années et probablement ne pas pouvoir retrouver le niveau d'avant ou continuer à progresser. Et moi, ça a été un peu ça, ça a été de me dire, ce combat-là, si je le fais, je ne suis pas sûre que j'en sortirai gagnante, mais surtout, ce qui est sûr, c'est que je vais en sortir abîmée. Et je ne sais pas dans quatre ans dans quel état je serai. Et peut-être que j'aurais plus envie de faire plein de choses. Je n'avais pas envie que ça me prenne tout ça. Et donc, je pense que c'était mieux de dire, là, je n'y vais pas. Je pose les gants. La place est libre, prenez-la. Mais moi, je ne me sens pas de combattre aujourd'hui. En tout cas, pas sur ce terrain-là. Je choisis un autre ring.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et tu te préserves.

  • Speaker #1

    Et je me préserve parce que vraiment... le... Mon capital santé physique et mental, c'est ce qu'il y a de plus précieux. Et je sens bien que je suis plus utile ailleurs aujourd'hui. Et ça me va très bien.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup, en quoi cette expérience t'a changé ?

  • Speaker #1

    Elle m'a changé. En fait, elle m'a permis de me poser les bonnes questions. C'est-à-dire que j'arrivais, je pense, à un moment un peu charnière dans ma carrière professionnelle et même personnelle. C'est la barre des 40 ans. Voilà, on se pose plein de questions. J'arrivais à la fin d'un cycle avec la fin de Paris 2024, où ça faisait quasiment dix ans que j'étais engagée sur le projet olympique, et puis l'envie de faire plein d'autres choses à côté. Cet épisode-là, ça m'a permis de mettre tout à plat et de me dire « Ok, maintenant, qu'est-ce que j'ai envie de faire vraiment pour moi ? Qu'est-ce qui m'anime vraiment ? » Essayer de trouver des projets professionnels qui, à la fois, m'apportent beaucoup de plaisir, mais qui soient aussi viables. Et en fait, c'est surtout ça, c'est que j'ai pu me poser et réfléchir et arrêter d'être tout le temps dans l'action, parce que c'est un peu ça mon quotidien depuis des années, c'est de faire plein plein de choses, j'ai l'impression d'avoir beaucoup d'énergie. d'être assez endurante et donc de m'engager dans plein de trucs parce que j'aime bien apprendre, j'aime bien découvrir, j'aime bien faire et là ça m'a permis vraiment de prendre du recul, de prendre conscience aussi que l'engagement dans le monde sportif c'est un engagement qui est quand même teinté de politique et que c'est pas des combats qu'on mène à la légère, il faut se préparer, comme quand on monte sur un ring et une élection Merci. ça se prépare vraiment longtemps avant et que mon énergie, mon envie, mes idées ne suffisent pas. En fait, il faut vraiment s'entourer d'une vraie équipe, être hyper stratégique, faire vraiment beaucoup de lobbying. Je ne pense pas que je me représenterais, en tout cas, ce n'est pas l'envie que j'ai aujourd'hui, mais je sais que si je devais le faire, ou en tout cas, si je devais accompagner quelqu'un qui souhaite s'engager, je lui dirais d'y aller quasiment trois ans avant. de commencer à préparer le terrain trois ans avant, de commencer à construire son équipe, tester les gens, prendre le pouls un peu du terrain. Voilà quoi, de me dire les idées, c'est une chose, c'est pas grave, c'est pas le plus important. Et en fait, c'est surtout que moi vraiment, je pense que j'ai mis 99% de mon énergie et de mon temps dans le programme et les idées, dans l'exécution du truc, alors que j'aurais dû travailler beaucoup plus sur l'équipe. J'aurais dû presque ne pas écrire ce programme et réserver l'écriture à la dernière semaine sans forcément avoir un document super clean, beau et tout, mais travailler beaucoup plus sur cette équipe et les convaincre à essayer de les embarquer un peu plus. Parce que l'erreur que j'ai faite, ça a été de me dire je vais avoir un super programme, j'ai des partenaires qui me suivent, j'ai tout. Et donc ça va être suffisant pour les convaincre de mettre la même énergie que moi. Pas du tout en fait, c'est pas ça. Et donc, travailler beaucoup plus sur l'humain, sur l'équipe. Et puis après, le programme, ça viendra à la fin. Et de toutes les façons, le programme, en réalité, il bougera pendant les quatre ans de mandat. Il y a ce qu'on propose au début. Et puis après, on le sait, la réalité de terrain, elle est relativement différente. Mais oui, travailler beaucoup plus sur l'équipe, l'humain. L'humain, vraiment embarquer un peu plus avant d'exécuter, d'écrire.

  • Speaker #0

    C'est fou parce que là, tu parles, toi, dans un contexte un peu plus... politique, d'engagement sportif, athlétique, tout ça. Et en fait, ce que je vois avec les femmes cadres dirigeantes en entreprise, c'est que c'est exactement la même chose. Il y a beaucoup de femmes qui vont se focaliser sur leurs performances, les résultats annuels, et en fait, qui pêchent en pensant que ça va suffire à ce qu'elles obtiennent une promotion, ça va suffire pour embarquer les équipes, et qui négligent justement le faire savoir. Les alliances, le fait de trouver des sponsors, le fait de s'entourer avec des personnes de confiance qu'on aura testées par le passé, c'est triste, mais à la fois, c'est intéressant de voir à quel point ce sont les mêmes leviers que toi, tu as rencontrés, que ceux que rencontrent les femmes dans un cadre un peu plus corporel, on va dire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que c'est exactement la même chose. On néglige tout le bonnet humain, toute l'alliance. le lobbying, tout ça. On va se concentrer sur le produit, le service, faire bien. Je pense que c'est une erreur. En tout cas, c'est ce que j'ai appris de cette expérience. Et comme tu dis, je pense que cette leçon-là, il faut la transposer partout. Il y a le volet électoral, politique, sportif. Mais je pense que vraiment, c'est dans le monde professionnel, dans le monde de l'entreprise. C'est des leçons qu'il faut garder en tête.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a décidé à en parler publiquement et plus largement ?

  • Speaker #1

    Plusieurs choses. La première, comme je te disais, c'est le fait que moi, j'ai la chance d'avoir un écho et je trouvais que je devais l'utiliser. Je devais utiliser ce pouvoir-là, le pouvoir de la parole, le pouvoir de la visibilité. J'avais l'écho médiatique. Donc, je me disais que j'avais cette chance que d'autres n'ont pas. et que c'était important d'en parler. Ça, c'était vraiment, je pense, la principale motivation. La seconde, ça a été de me dire, je ne peux pas partir sans rien dire.

  • Speaker #0

    Et oui, je jette l'éponge. Donc, eux vont probablement penser qu'ils vont gagner. Ils ont gagné, qu'ils ont raison. Mais de le dire, ça me montre... J'avais envie aussi de leur dire, non, vous n'avez pas gagné, en fait. Ne pensez pas que vous avez gagné. Je n'ai pas envie que ça perdure. Et donc, le fait de dénoncer, c'était important pour moi parce que je ne pouvais pas taire tout ça. Ça ne pouvait pas passer sous silence. Et donc, c'est important. de le rendre visible, j'ai porté plainte. Je ne voulais pas m'arrêter là. Ce n'est pas parce que j'ai renoncé que le combat continue. Je ne suis pas dans l'équipe aujourd'hui de la Fédération, mais par contre, à côté, j'ai mon combat judiciaire et je ne lâcherai pas. Et parce que c'était aussi pour moi, le fait d'en parler, c'était aussi une manière de partir plus sereinement, de me dire je ne fuis pas, j'explique pourquoi je pars, que chacun prenne ses responsabilités aussi. Je ne pars pas parce que je ne me sens pas à ma place ou je me sens faible. Je pars aussi pour d'autres raisons. Et donc, le fait de le dire, c'était aussi de montrer à chacun que, voilà, remettez-vous en question, en fait. Ce n'est pas le fait que je sois faible, que je pars, ou la peur de tout ce combat électoral. C'est parce que, voilà, ce n'est pas normal ce qui se passe. Et donc, moi, je ne veux pas… Je ne veux pas rester là, voir ça. Je veux le dénoncer ailleurs et je vais combattre autrement parce que c'est un système qui reste quand même... C'est verrouillé de l'intérieur. Moi, j'ai toujours pensé qu'il fallait que je prenne ma place autour de la table pour pouvoir faire changer des choses. Oui, il faut la prendre, mais il faut la prendre stratégiquement en faisant des alliances, etc. Et donc, c'est juste... Ce n'est pas le moment. Il faut juste que je revienne et je reviendrai avec une armée et ça ira mieux.

  • Speaker #1

    J'adore. Et donc, il y a vraiment cette idée déjà de réapproprier le récit de ce qui s'est passé et puis de rendre leur responsabilité à chacun et de dénoncer, d'utiliser ta visibilité pour dénoncer et pour porter un message encore plus large, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et alors, on veut tous et toutes savoir qui a gagné les élections ?

  • Speaker #0

    C'est la personne qui a été co-présidente avec moi. Donc voilà, le combat est gagné malgré tout.

  • Speaker #1

    Cool, cool, cool. Donc on garde la boxe au JO.

  • Speaker #0

    Et donc, effectivement, disons que ma petite victoire, ça a été pendant la période de campagne, j'ai poussé l'équipe à s'affilier à une nouvelle fédération qui, elle, est reconnue par le CIO. Donc en gros... Le monde de la boxe à l'international est divisé en deux. Il y a l'ancienne fédération, qui est une fédération gérée par un Russe. Donc, en gros, c'est Poutine, c'est financé par Gazprom. C'était donc l'opposition, ceux qui m'ont attaqué. Et puis, de l'autre, il y avait la candidature que moi, je poussais, qui est celle d'une fédération nouvelle qui s'appelle la World Boxing, qui porte vraiment des valeurs saines. Il y a envie, justement, d'assainir la boxe. Et donc, pendant la campagne électorale, j'ai poussé pour qu'on puisse s'affilier à cette nouvelle fédération, en sachant qu'en face, la fédération gérée par le russe achetait quasiment tous les pays, faisait en sorte que la plupart des pays ne s'affilient pas à cette nouvelle fédération et restent sur l'ancienne, parce qu'en fait, le CIO avait posé un ultimatum en disant, voilà, au mois de mars, si… plus de 70 pays sont sur la nouvelle fédération, vous retrouverez le statut olympique. Et donc le Gazprom et le Russe finançaient l'Asie, l'Afrique, pour que finalement les fédérations nationales restent sur l'ancienne. Et donc nous, on a quand même basculé. Aujourd'hui, on a retrouvé le statut olympique. Donc finalement, j'ai gagné mes combats.

  • Speaker #1

    Exactement. Bravo, bravo Sarah. je suis contente de ça on avance dans la bonne direction exactement c'est déjà la fin de l'épisode ça a été un plaisir de t'accueillir, de t'écouter et d'apprendre en fait de ce qui t'est arrivé, de voir ce qui est transposable et ce que parfois renoncer c'est la meilleure façon d'avancer c'est vrai c'était déjà la fin de cet épisode continuez à pulvériser tous les plafonds de verre et on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance et voilà c'est déjà la fin de notre rendez-vous j'espère que vous repartez plus armés,

  • Speaker #2

    inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence je suis Kaotard Trojette et vous avez écouté Toute Puissante continuez de pulvériser tous les plafonds de verre à très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance

Description

✨ Bienvenue dans ce nouvel épisode de Toutes Puissantes !


Aujourd’hui, j’ai la joie de recevoir Sarah Ourahmoune, conférencière, entrepreneure et surtout l’une des plus grandes figures de la boxe française.


Son palmarès est impressionnant : 10 fois championne de France, 3 fois championne d’Europe, championne du monde, et vice-championne olympique à Rio. Après plus de 20 ans sur le ring, Sarah a poursuivi son engagement en devenant vice-présidente du Comité Olympique, porte-parole des JO 2024, administratrice, et aujourd’hui, fondatrice de salles de boxe et de programmes d’accompagnement pour les jeunes et les femmes.


Mais aujourd’hui, Sarah ne vient pas seulement parler de sport ou de victoires. Elle vient témoigner d’un combat plus intime : celui contre le racisme et le sexisme, vécus de plein fouet lors de son engagement à la présidence de la Fédération française de boxe.


❓ Comment continuer à se battre quand les attaques ne visent plus vos compétences mais votre identité ?
❓ Comment décider quand il faut monter sur le ring… et quand, au contraire, il faut savoir poser les gants ?
❓ Et surtout, comment transformer une blessure en leçon de stratégie, de résilience et de leadership ?


Sarah nous partage ce moment charnière de sa vie : les insultes, les trahisons, mais aussi la force de dire stop pour mieux choisir ses combats.


Son témoignage résonne bien au-delà du sport : il éclaire ce que vivent aussi de nombreuses femmes dirigeantes dans l’entreprise ou dans la sphère publique.


🎧 Bonne écoute !


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Je suis Kaouthar Trojette, coach exécutive et experte en dynamiques de pouvoir, ensemble pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois !


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, fondatrice du club de pouvoir, coach exécutif de dirigeante et experte des dynamiques de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Aujourd'hui, j'ai la joie de recevoir Sarah O'Haramoun, conférencière et championne de boxe. Bonjour Sarah. Bonjour. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravie. Ça fait longtemps que je te suis, donc je suis vraiment contente d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ah, trop bien. Alors, les Confidences, c'est une série d'épisodes où des femmes à des postes de pouvoir viennent témoigner sur un des obstacles qu'elles ont rencontrés dans leur accession ou l'exercice de leur pouvoir. Alors, Sarah Vramoun, ça m'impressionne juste de raconter ton parcours. Sarah a été boxeuse pendant plus de 20 ans. Elle a été dix fois championne de France, trois fois championne d'Europe, championne du monde et vice-championne olympique à Rio en remportant la médaille d'argent. de combats hommes et femmes confondus en boxe. Puis, à l'issue de sa carrière d'athlète, elle s'est engagée dans le mouvement sportif en tant que dirigeante. Elle a été vice-présidente du comité olympique en charge des sujets de mixité et de diversité. Elle a été porte-parole des JO 2024, puis administratrice du comité d'organisation. Et aujourd'hui, elle est entrepreneur et elle dirige des salles de boxe et des accompagnements pour les jeunes et pour les femmes, toujours en utilisant la boxe. comme support. Quel parcours !

  • Speaker #1

    Merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Vraiment, c'est incroyable. Et encore là, on ne va même pas dans le détail de tous tes accomplissements, de comment on fait pour durer pendant 20 ans en tant que boxeuse. Là, on n'a pas dit que tu as eu un congé maternité au milieu de ta carrière et que tu es revenu, que tu es remonté. Sarah, tu as un parcours incroyable et il y a tellement de sujets pour lesquels j'avais envie d'avoir tes confidences au micro et il a fallu en choisir un. Alors Sarah, le racisme, est-ce que ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Malheureusement, oui, ça m'est arrivé. Ça m'est arrivé pendant ma carrière sur le ring, il y a des moments où je pouvais me retrouver dans… Parfois dans des soirées box organisées plutôt en ruralité, dans des coins un peu perdus où les gens avaient peut-être un peu d'animosité. Donc ça m'est arrivé, ça m'a un peu perturbée au début. Et puis finalement, pour moi, la meilleure réponse, ça a été d'oser monter sur le ring et même de gagner ces combats très symboliques. Et puis ça m'est arrivé très récemment. En novembre dernier, lors des élections du mouvement sportif, je me suis présentée en tant que co-présidente de la Fédération française de boxe avec une envie vraiment de m'engager pour mon sport. Ça fait 25 ans que je suis dans ce milieu. J'ai beaucoup fait et puis surtout j'ai beaucoup appris de par mes engagements au comité national et puis à l'international aussi. Donc je me disais que c'était important pour moi de m'engager pour mon sport. pour une fédération qui est très fragilisée. Et en fait, ça ne s'est pas passé comme j'imaginais. C'est-à-dire que quand j'ai annoncé ma candidature, l'opposition a été assez féroce puisque j'ai été attaquée non seulement sur ma condition de femme, donc beaucoup d'insultes sexistes, mais on va dire que ça, j'étais prête. Je viens d'un milieu d'hommes, donc j'étais assez préparée à ça. Mais ces insultes-là ont été couplées d'insultes racistes. Et là, je dois avouer que ça, par contre, ça a été un peu le chaos parce que je viens quand même d'un sport très populaire. La plupart des salles de boxe sont dans des quartiers où il y a énormément de personnes racisées dans les salles. Ça a été un peu le coup dur pour moi. Donc oui, le racisme, je l'ai vécu et j'avoue que ça a été un peu violent sur cette période électorale, on va dire.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu peux... nous raconter comment ça s'est manifesté pour toi avec un peu plus de détails, de contexte. Et comment est-ce que toi aussi, tu as été mise au courant ? Comment est-ce que tu as été consciente de ce racisme ? Est-ce que c'était un racisme frontal envers toi ? Est-ce que c'était des campagnes ? Dis-nous en plus.

  • Speaker #1

    En fait, en novembre, un peu avant, quelques mois avant, je me décide de co-candidater à la fédération. C'est une décision que j'ai prise un peu tardivement, puisque en général, pour préparer une élection, c'est plusieurs mois, voire plusieurs années. Là, j'ai rejoint une équipe déjà en place. On sortait des Jeux de Paris, des Jeux qui ont plus ou moins bien marché pour la boxe en France, mais surtout… À l'issue de ces Jeux, le Comité international olympique a annoncé que la boxe perdait son statut olympique, ce qui est pour nous très déplorable parce que perdre son statut olympique, ça veut dire qu'on n'est plus inscrit dans le programme des Jeux. Et donc, les conséquences, c'est perdre l'agr��ment sport, donc perdre la possibilité d'organiser des compétitions de boxe, on perd des moyens humains et financiers. Pour moi, c'est un peu la mort de mon sport et surtout la mort de plein d'espoirs de jeunes filles et de jeunes garçons qui ont regardé les Jeux et qui eux aussi rêvent de monter sur un ring, de s'épanouir dans ce sport. J'ai senti qu'il fallait quand même que je m'engage. On m'a fortement poussée pour que je le fasse en me disant que ma candidature pouvait convaincre de par mon part. à mon engagement dans le sport, mais surtout en fait j'étais face à une équipe qui elle n'avait pas forcément cette envie que notre sport redevienne olympique. Donc il y avait d'un côté l'équipe que j'ai rejointe qui voulait elle se battre pour que notre sport redevienne olympique et puis retrouve des moyens et puisse se développer et en face un projet qui était plus orienté vers vers la boxe professionnelle, donc moins vers l'éducation, vers le sport comme bien social. bien commun et comme sport olympique, parce que c'était plus orienté vers le sport pro, les paris, les droits télé, etc. Enfin voilà, pour vulgariser un peu. Et donc moi, je me suis engagée pour combattre et pour pouvoir défendre un projet olympique, un projet de sport pour tous, pour toutes. Et en fait, quand j'ai annoncé ma candidature, je l'ai annoncé par le biais... à la fois de mes réseaux sociaux, mais aussi par un article dans l'équipe. Et comme c'est une candidature qui était un peu inattendue, puisque je n'avais pas fait de lobbying et de campagne comme les autres l'ont fait plusieurs mois auparavant, je pense que l'équipe, notamment de l'opposition, a eu peur en disant « mince, elle vient bousculer un peu tous nos plans » parce que le co-candidat avec lequel je me suis associée, il le voyait peut-être moins dangereux ou moins influent. et donc Donc, quand ma candidature a été annoncée, il y a plein de messages qui ont circulé dans différents groupes WhatsApp, puisqu'en fait, les entraîneurs de boxe, les clubs, s'organisent par le biais de groupes WhatsApp, notamment pour organiser ce qu'on appelle des mariages de combat. Donc, quand il y a un club qui organise une soirée boxe, pour pouvoir mettre en place son plateau, on échange sur les groupes WhatsApp. Et donc, c'est par région. Il y a plusieurs groupes WhatsApp qui regroupent des milliers et des milliers de personnes. Et donc, il y a des messages qui ont circulé sur ces groupes, qui venaient notamment du groupe opposant, qui disaient clairement, voilà, cette salle arabe, l'arabe de service, la chienne de, la tute de, etc. Et donc, voilà, ça circulait, ça se transférait d'un groupe à l'autre. Et c'est comme ça que j'ai été alertée, en fait, où certains ont fait des captures d'écran, des gens qui me connaissent, des amis. des entraîneurs de mes clubs, puisque moi, je dirige trois clubs. Et donc, c'était aussi... J'ai ma famille, mes amis qui étaient aussi sur ces groupes-là, puisque c'est des personnes qui sont engagées aussi dans mes salles et qui me disaient, voilà, il y a des choses qui circulent. Je pense que ce qui a été le plus compliqué, c'est qu'il n'y a pas eu de grosses réactions, notamment de mon équipe. Ils ont peut-être un peu minimisé ça en disant, c'est normal. On est en période électorale, donc c'est normal de se faire insulter. Moi, je ne l'ai pas vécu comme ça. En fait, pour moi, ce n'est pas normal. À un moment, c'est aller trop loin. C'est-à-dire que je veux bien qu'on ne soit pas d'accord, mais il faut que ça se fasse quand même avec un minimum de respect. Ça reste du sport. On est censé véhiculer des valeurs positives de notre sport et notamment, moi, de l'olympisme, avec vraiment du respect, de la dignité, du courage. et là... On n'était pas du tout là-dedans. Et donc, j'ai pris quelques jours pour réfléchir. Et je me suis dit que finalement, je n'étais pas au bon endroit. Certains ont compris que j'abandonnais, que c'était presque de la lâcheté. Moi, je pense que c'est un peu comme en boxe. Parfois, il faut savoir refuser des combats. parce qu'on n'est pas forcément prêt, ce n'est pas le bon timing. Moi, j'ai senti que je n'étais pas avec la bonne équipe au bon moment et que mes combats, mes engagements et mes compétences pouvaient avoir beaucoup plus d'utilité ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette confidence d'avoir partagé cette période-là. donc si je comprends bien Tu décides de faire campagne avec une des deux équipes, on va dire, en lice. Et suite à ça, il y a une campagne de dénigrement, une campagne raciste et sexiste sur tous les groupes WhatsApp ou sur certains de ces groupes WhatsApp des professionnels de la boxe. Donc vraiment, dans tout le milieu, il y a des messages qui circulent sur toi, ce qui est loin d'être anodin. Ça veut dire que notre nom est Sally. auprès de nos pères, auprès de nos équipes, dans ton cas, de ta famille, puisque ta famille, tu nous as dit, est aussi investie dans les milieux de la boxe. Et non seulement ça, d'abord, ce que tu nous dis, c'est que l'étape d'après, c'est que l'équipe avec qui tu partais en campagne a fait un silence radio, a fait comme si ça n'existait pas, n'a pas pris ta défense, n'a pas eu de message de solidarité envers toi, de message public, c'est ça ?

  • Speaker #1

    La première étape, ça a été ça, ça a été ces messages qui venaient vraiment de l'opposition, qui ont circulé. Je ne sais pas s'ils se rendaient compte du poids des mots. Évidemment, je voyais bien que je leur faisais peur, qu'ils sentaient qu'ils perdaient un peu la main. Mais voilà, ça a circulé. Alors, certains étaient choqués, d'autres, voilà ce qui se dit, mais sans forcément réagir à part. Par contre, j'ai reçu énormément de messages de soutien de la part du monde de la boxe et du sport d'une manière générale. Et puis, cette deuxième phase, ça a été cette équipe avec qui je m'étais engagée, qui minimise tout ça, qui met tout ça sous le coup de « c'est normal, on est en campagne électorale, les coups bas sont autorisés, c'est toujours comme ça, et puis il ne faut pas que tu sois fragile. C'est normal, il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer. beaucoup de stress, ça fait plusieurs semaines qu'on bosse dessus, serre les dents, continue. On avance, on serre les dents. Et en fait, non, ce n'est pas possible pour moi. Ce n'est pas une question de fragilité. C'est juste que je veux bien m'engager. Et ce qu'il faut aussi rappeler, c'est que ce sont des fonctions qui sont très chronophages et qui sont bénévoles. Moi, je veux bien donner de mon temps, de mon énergie, m'engager, mais je veux aussi me faire respecter. et là c'est Ce n'est pas que je ne me sentais pas fragile à ce moment-là. Je me suis sentie blessée dans ma chair. Trahie aussi, parce que je me disais quand même, je ne le fais pas pour moi, je n'ai rien à gagner. En fait, moi, mes salles tournent bien. Je suis engagée à l'international sur les sujets olympiques, sports, boxe. Si je reviens m'engager pour cette fédération, c'est vraiment parce que c'est un sport qui m'a beaucoup apporté et que j'ai envie que d'autres... puissent en bénéficier aussi. Je n'avais rien à gagner. En tout cas, ce n'était pas un engagement personnel. Je n'avais pas besoin de reconnaissance. C'était vraiment parce que je sens que mon sport était fragile. Et en fait, cet épisode-là m'a fait prendre conscience que c'est un sport qui est encore plus en difficulté que je le pensais. Pour moi, on était déjà dans le dur, mais là, avec cet épisode-là, pour moi, c'est un sport. qui est très mal. C'est vraiment le reflet de notre société. En réalité, j'ai eu besoin de prendre du recul, de digérer, de comprendre. Maintenant, avec du recul, voilà, ça s'est passé. Disons que ça fait moins mal et je n'ai pas compris les réactions. Enfin, OK, il y a la peur de perdre, mais c'est surtout où j'ai compris. Peut-être les erreurs que j'ai faites dans mon engagement, il y a des choses sur lesquelles j'aurais dû être peut-être un peu plus vigilante et sentir les choses.

  • Speaker #0

    On va revenir justement aux leçons que tu as apprises. Mais si on revient justement à cette période de campagne, qu'est-ce qui t'a aidée à ce moment-là à traverser cette étape ?

  • Speaker #1

    En fait, rien, parce que je n'ai pas réussi à la traverser. Je n'ai pas réussi. J'étais franchement focus sur mon programme. à essayer de donner le meilleur, à rédiger un programme qui, pour moi, allait convaincre parce que je connais la boxe sur le bout des doigts, parce que je m'étais beaucoup engagée et je voyais bien tout ce qui nous manquait et ce que je pouvais apporter. Et si je me suis engagée, c'est parce que je me disais qu'il y a des choses, des leviers sur lesquels je pouvais... avoir de l'impact. Et en fait, quand il y a eu tout ça, je n'ai pas réussi à le passer. C'est aussi pour ça que j'ai jeté l'éponge, parce que je l'ai mal vécu. J'ai mal vécu. À partir du moment où il y a eu ces messages-là, j'ai continué à écrire le programme parce que je n'ai pas voulu abandonner l'équipe et parce que je me disais quand même, je me suis engagée, ça fait partie de mes valeurs d'aller au bout des choses. Et je leur ai dit que je partais. thème et que par contre je leur donnerais tout ce que j'ai fait et surtout à une semaine du dépôt des on était à une semaine du dépôt des listes et des programmes donc j'allais pas partir avec tout ce que j'avais fait en les laissant en difficulté mais par contre ouais non j'ai pas réussi j'ai pas réussi, sur le moment j'ai pas réussi à me dire je continue le combat, on y va on gagne, on met en place les choses et je vais gérer ça une fois que je serai en place j'avais pas envie en fait

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'on a l'impression, quand je t'entends, j'ai l'impression que traverser, ce serait forcément rester. Alors qu'en fait, traverser, pour moi, c'est une étape de vie. Et en décidant de ne plus faire campagne, de quitter cette liste, pour moi, c'est peut-être ça qui t'a permis de traverser cette étape.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, je le vivais mal. C'est-à-dire qu'à un moment donné, je me suis posé la question de vraiment ce que moi, j'avais envie de faire pour moi. Et j'ai senti quand même qu'il n'y avait plus d'envie, il n'y avait plus de plaisir, que je n'avais plus la même énergie. Toute l'ambition que j'avais pour mon sport, je sentais que je n'allais pas y arriver parce que le cœur n'y était plus. Mais tu as raison, en fait, la traversée, ça a été d'oser dire je m'arrête. Et ce qui n'est pas facile parce qu'en fait, moi j'ai été éduquée dans un sport où on n'abandonne pas, on ne jette pas l'éponge. On va... Voilà. on y va, on va jusqu'au bout, jusqu'au dernier coup de gong et on donne tout. Et là, de me dire, j'abandonne à une semaine, en fait, alors que ça faisait des semaines et des semaines que je bossais dessus, eh bien, ouais, c'est pas facile. Parce que je pense que tout couplé, ça a été dur à digérer. De me dire, j'ai lâché, j'ai échoué. Je m'en suis voulue aussi. En fait, je m'en suis voulue d'avoir été naïve, d'avoir cru que j'allais y arriver. cru que j'allais convaincre. Je pense que ça aussi, ça a été un peu compliqué. Mais ouais, disons que j'ai traversé cette période. Ce qui m'a aidée, ça a été d'accepter d'arrêter et d'accepter de l'expliquer aussi, de me dire « Ah ouais, prends une feuille » , parce qu'en fait, ce qui s'est passé, c'est ça, c'est qu'à un moment, je me suis posée, j'ai rédigé une lettre ouverte, j'étais en pleine nuit, j'avais du mal à dormir les jours qui ont précédé. cet épisode. Et en fait, j'écris cette lettre ouverte, je contacte le journaliste de l'équipe qui avait rédigé l'article pour annoncer ma candidature. Et je me dis, je vais le prévenir quand même parce qu'il a pris du temps, il s'est déplacé pour me rencontrer et expliquer pourquoi je voulais m'engager, mes projets et tout. Et donc, je trouvais quand même que c'était important de le prévenir parce que c'était quelques jours après son article. Et donc, ça a démonté un peu tout son travail. Et il a été évidemment peiné, surpris, choqué. Et puis, le lendemain matin, très tôt, il m'a proposé de republier la lettre. Et donc, j'avoue que les heures qui ont suivi l'écriture de la lettre, ça a été « je le fais, je ne le fais pas, comment je l'explique ? » Comment j'explique tout ça ? Parce que je savais que j'allais avoir finalement des... Peut-être deux regards qui allaient s'opposer. D'un côté, ceux qui voyaient ce renoncement comme le fait de les laisser gagner, de leur donner encore plus de force, encore plus de poids. Et puis ceux qui allaient me comprendre en disant « Oui, tu as raison, ce combat-là, tu n'abandonnes pas. Tu choisis tes combats et effectivement, ton énergie met là où elle sera la plus utile. » C'était ce regard-là, comment je vais l'accueillir ? À partir du moment où la lettre a été publiée, ça m'a fait un bien fou. Je me suis dit que c'était bon, la décision est prise, je me sens bien, je l'ai dit et je l'assume. En même temps, j'ai senti que ça avait fait du bien aussi à d'autres. J'ai eu la chance d'avoir… On a aujourd'hui les réseaux sociaux qui nous aident beaucoup à prendre la parole et être visibles. mais moi j'ai eu le choix de partir et en fait, je pensais à tous ceux et celles qui, eux, n'ont pas le choix et qui ne peuvent pas parler et qui subissent au quotidien. Et moi, je me disais, j'ai le choix. Et en plus, j'ai la chance d'avoir un écho. Et donc, mon message, il faut absolument que je le transmette pour tous ceux qui ne peuvent pas le faire en réalité.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, finalement, toi, tu t'es dit, je me fais passer moi d'abord et je ne vais pas dans un combat où je vais perdre mon énergie, me perdre moi et en plus, on risque de perdre le combat.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, j'essayais de me projeter en me disant… voilà ce qui s'est passé, est-ce que tu as envie d'avancer dans ces conditions avec ces gens-là ? » Pour peut-être juste certains, mais je me voyais dans quatre ans et je me disais « je vais sortir de cette aventure dans quatre ans complètement détruite » . Et je me disais que c'est pareil, je pense que je n'arriverai pas. Je n'arriverai pas à m'engager, à mettre l'énergie que j'imaginais au début. Parce que, voilà, le cœur blessé, quoi. Il n'y avait plus l'envie de faire. Et donc, je me disais, ça ne sert à rien de rester. Parce que, même pour moi, pour mon image, pour plein de choses, je me disais, si je reste, de toutes les façons, je ne ferai pas. Et donc, on dira dans quatre ans, tu vois, elle avait dit plein de choses et en fait, elle n'a rien fait. Je me disais, vraiment, je me tire une balle dans le pied en restant là. Et donc, il vaut mieux partir. et puis... Et puis, donner cette énergie ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est une leçon de résilience et de stratégie absolument incroyable parce que je trouve que ça fait énormément écho avec le fait, ne l'oublions pas, que tu es l'athlète en boxe qui a fait le plus de combats hommes et femmes réunis. Et on en parlait avant d'enregistrer cet épisode. Tu m'as dit en fait ce qui fait que j'ai pu durer. que tu as pu faire plus de 250 matchs, alors que dans une carrière sportive d'athlète de haut niveau normal en boxe, c'est plutôt 100-150. Ce qui fait que tu as pu durer, c'est que tu as su choisir les combats et ne pas aller dans des combats qui allaient te blesser ou qui risquaient de réduire ta carrière sur le long terme. Et là, j'ai l'impression que c'est un peu la même chose. C'est genre, pourquoi faire un truc ? où je ne vais pas en sortir gagnante sur le long terme. Je vais garder mon énergie. Et en fait, ce n'est pas du tout renoncer. C'est accepter de renoncer sur le court terme pour gagner sur le long terme.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est vraiment prendre un peu de recul parce que c'est vrai qu'en boxe, il y a des combats comme ça où si tu montes sur le ring et que tu l'acceptes, ça peut être des combats trop durs parce que tu es dans une mauvaise période, parce que l'autre est vraiment supérieur. pour plein de raisons, peu importe les raisons, mais c'est un combat qu'on n'aurait peut-être pas dû faire parce qu'on va en sortir abîmé. Et la perte qu'on aura eue sur ce combat, on va la traîner pendant des années et probablement ne pas pouvoir retrouver le niveau d'avant ou continuer à progresser. Et moi, ça a été un peu ça, ça a été de me dire, ce combat-là, si je le fais, je ne suis pas sûre que j'en sortirai gagnante, mais surtout, ce qui est sûr, c'est que je vais en sortir abîmée. Et je ne sais pas dans quatre ans dans quel état je serai. Et peut-être que j'aurais plus envie de faire plein de choses. Je n'avais pas envie que ça me prenne tout ça. Et donc, je pense que c'était mieux de dire, là, je n'y vais pas. Je pose les gants. La place est libre, prenez-la. Mais moi, je ne me sens pas de combattre aujourd'hui. En tout cas, pas sur ce terrain-là. Je choisis un autre ring.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et tu te préserves.

  • Speaker #1

    Et je me préserve parce que vraiment... le... Mon capital santé physique et mental, c'est ce qu'il y a de plus précieux. Et je sens bien que je suis plus utile ailleurs aujourd'hui. Et ça me va très bien.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup, en quoi cette expérience t'a changé ?

  • Speaker #1

    Elle m'a changé. En fait, elle m'a permis de me poser les bonnes questions. C'est-à-dire que j'arrivais, je pense, à un moment un peu charnière dans ma carrière professionnelle et même personnelle. C'est la barre des 40 ans. Voilà, on se pose plein de questions. J'arrivais à la fin d'un cycle avec la fin de Paris 2024, où ça faisait quasiment dix ans que j'étais engagée sur le projet olympique, et puis l'envie de faire plein d'autres choses à côté. Cet épisode-là, ça m'a permis de mettre tout à plat et de me dire « Ok, maintenant, qu'est-ce que j'ai envie de faire vraiment pour moi ? Qu'est-ce qui m'anime vraiment ? » Essayer de trouver des projets professionnels qui, à la fois, m'apportent beaucoup de plaisir, mais qui soient aussi viables. Et en fait, c'est surtout ça, c'est que j'ai pu me poser et réfléchir et arrêter d'être tout le temps dans l'action, parce que c'est un peu ça mon quotidien depuis des années, c'est de faire plein plein de choses, j'ai l'impression d'avoir beaucoup d'énergie. d'être assez endurante et donc de m'engager dans plein de trucs parce que j'aime bien apprendre, j'aime bien découvrir, j'aime bien faire et là ça m'a permis vraiment de prendre du recul, de prendre conscience aussi que l'engagement dans le monde sportif c'est un engagement qui est quand même teinté de politique et que c'est pas des combats qu'on mène à la légère, il faut se préparer, comme quand on monte sur un ring et une élection Merci. ça se prépare vraiment longtemps avant et que mon énergie, mon envie, mes idées ne suffisent pas. En fait, il faut vraiment s'entourer d'une vraie équipe, être hyper stratégique, faire vraiment beaucoup de lobbying. Je ne pense pas que je me représenterais, en tout cas, ce n'est pas l'envie que j'ai aujourd'hui, mais je sais que si je devais le faire, ou en tout cas, si je devais accompagner quelqu'un qui souhaite s'engager, je lui dirais d'y aller quasiment trois ans avant. de commencer à préparer le terrain trois ans avant, de commencer à construire son équipe, tester les gens, prendre le pouls un peu du terrain. Voilà quoi, de me dire les idées, c'est une chose, c'est pas grave, c'est pas le plus important. Et en fait, c'est surtout que moi vraiment, je pense que j'ai mis 99% de mon énergie et de mon temps dans le programme et les idées, dans l'exécution du truc, alors que j'aurais dû travailler beaucoup plus sur l'équipe. J'aurais dû presque ne pas écrire ce programme et réserver l'écriture à la dernière semaine sans forcément avoir un document super clean, beau et tout, mais travailler beaucoup plus sur cette équipe et les convaincre à essayer de les embarquer un peu plus. Parce que l'erreur que j'ai faite, ça a été de me dire je vais avoir un super programme, j'ai des partenaires qui me suivent, j'ai tout. Et donc ça va être suffisant pour les convaincre de mettre la même énergie que moi. Pas du tout en fait, c'est pas ça. Et donc, travailler beaucoup plus sur l'humain, sur l'équipe. Et puis après, le programme, ça viendra à la fin. Et de toutes les façons, le programme, en réalité, il bougera pendant les quatre ans de mandat. Il y a ce qu'on propose au début. Et puis après, on le sait, la réalité de terrain, elle est relativement différente. Mais oui, travailler beaucoup plus sur l'équipe, l'humain. L'humain, vraiment embarquer un peu plus avant d'exécuter, d'écrire.

  • Speaker #0

    C'est fou parce que là, tu parles, toi, dans un contexte un peu plus... politique, d'engagement sportif, athlétique, tout ça. Et en fait, ce que je vois avec les femmes cadres dirigeantes en entreprise, c'est que c'est exactement la même chose. Il y a beaucoup de femmes qui vont se focaliser sur leurs performances, les résultats annuels, et en fait, qui pêchent en pensant que ça va suffire à ce qu'elles obtiennent une promotion, ça va suffire pour embarquer les équipes, et qui négligent justement le faire savoir. Les alliances, le fait de trouver des sponsors, le fait de s'entourer avec des personnes de confiance qu'on aura testées par le passé, c'est triste, mais à la fois, c'est intéressant de voir à quel point ce sont les mêmes leviers que toi, tu as rencontrés, que ceux que rencontrent les femmes dans un cadre un peu plus corporel, on va dire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que c'est exactement la même chose. On néglige tout le bonnet humain, toute l'alliance. le lobbying, tout ça. On va se concentrer sur le produit, le service, faire bien. Je pense que c'est une erreur. En tout cas, c'est ce que j'ai appris de cette expérience. Et comme tu dis, je pense que cette leçon-là, il faut la transposer partout. Il y a le volet électoral, politique, sportif. Mais je pense que vraiment, c'est dans le monde professionnel, dans le monde de l'entreprise. C'est des leçons qu'il faut garder en tête.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a décidé à en parler publiquement et plus largement ?

  • Speaker #1

    Plusieurs choses. La première, comme je te disais, c'est le fait que moi, j'ai la chance d'avoir un écho et je trouvais que je devais l'utiliser. Je devais utiliser ce pouvoir-là, le pouvoir de la parole, le pouvoir de la visibilité. J'avais l'écho médiatique. Donc, je me disais que j'avais cette chance que d'autres n'ont pas. et que c'était important d'en parler. Ça, c'était vraiment, je pense, la principale motivation. La seconde, ça a été de me dire, je ne peux pas partir sans rien dire.

  • Speaker #0

    Et oui, je jette l'éponge. Donc, eux vont probablement penser qu'ils vont gagner. Ils ont gagné, qu'ils ont raison. Mais de le dire, ça me montre... J'avais envie aussi de leur dire, non, vous n'avez pas gagné, en fait. Ne pensez pas que vous avez gagné. Je n'ai pas envie que ça perdure. Et donc, le fait de dénoncer, c'était important pour moi parce que je ne pouvais pas taire tout ça. Ça ne pouvait pas passer sous silence. Et donc, c'est important. de le rendre visible, j'ai porté plainte. Je ne voulais pas m'arrêter là. Ce n'est pas parce que j'ai renoncé que le combat continue. Je ne suis pas dans l'équipe aujourd'hui de la Fédération, mais par contre, à côté, j'ai mon combat judiciaire et je ne lâcherai pas. Et parce que c'était aussi pour moi, le fait d'en parler, c'était aussi une manière de partir plus sereinement, de me dire je ne fuis pas, j'explique pourquoi je pars, que chacun prenne ses responsabilités aussi. Je ne pars pas parce que je ne me sens pas à ma place ou je me sens faible. Je pars aussi pour d'autres raisons. Et donc, le fait de le dire, c'était aussi de montrer à chacun que, voilà, remettez-vous en question, en fait. Ce n'est pas le fait que je sois faible, que je pars, ou la peur de tout ce combat électoral. C'est parce que, voilà, ce n'est pas normal ce qui se passe. Et donc, moi, je ne veux pas… Je ne veux pas rester là, voir ça. Je veux le dénoncer ailleurs et je vais combattre autrement parce que c'est un système qui reste quand même... C'est verrouillé de l'intérieur. Moi, j'ai toujours pensé qu'il fallait que je prenne ma place autour de la table pour pouvoir faire changer des choses. Oui, il faut la prendre, mais il faut la prendre stratégiquement en faisant des alliances, etc. Et donc, c'est juste... Ce n'est pas le moment. Il faut juste que je revienne et je reviendrai avec une armée et ça ira mieux.

  • Speaker #1

    J'adore. Et donc, il y a vraiment cette idée déjà de réapproprier le récit de ce qui s'est passé et puis de rendre leur responsabilité à chacun et de dénoncer, d'utiliser ta visibilité pour dénoncer et pour porter un message encore plus large, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et alors, on veut tous et toutes savoir qui a gagné les élections ?

  • Speaker #0

    C'est la personne qui a été co-présidente avec moi. Donc voilà, le combat est gagné malgré tout.

  • Speaker #1

    Cool, cool, cool. Donc on garde la boxe au JO.

  • Speaker #0

    Et donc, effectivement, disons que ma petite victoire, ça a été pendant la période de campagne, j'ai poussé l'équipe à s'affilier à une nouvelle fédération qui, elle, est reconnue par le CIO. Donc en gros... Le monde de la boxe à l'international est divisé en deux. Il y a l'ancienne fédération, qui est une fédération gérée par un Russe. Donc, en gros, c'est Poutine, c'est financé par Gazprom. C'était donc l'opposition, ceux qui m'ont attaqué. Et puis, de l'autre, il y avait la candidature que moi, je poussais, qui est celle d'une fédération nouvelle qui s'appelle la World Boxing, qui porte vraiment des valeurs saines. Il y a envie, justement, d'assainir la boxe. Et donc, pendant la campagne électorale, j'ai poussé pour qu'on puisse s'affilier à cette nouvelle fédération, en sachant qu'en face, la fédération gérée par le russe achetait quasiment tous les pays, faisait en sorte que la plupart des pays ne s'affilient pas à cette nouvelle fédération et restent sur l'ancienne, parce qu'en fait, le CIO avait posé un ultimatum en disant, voilà, au mois de mars, si… plus de 70 pays sont sur la nouvelle fédération, vous retrouverez le statut olympique. Et donc le Gazprom et le Russe finançaient l'Asie, l'Afrique, pour que finalement les fédérations nationales restent sur l'ancienne. Et donc nous, on a quand même basculé. Aujourd'hui, on a retrouvé le statut olympique. Donc finalement, j'ai gagné mes combats.

  • Speaker #1

    Exactement. Bravo, bravo Sarah. je suis contente de ça on avance dans la bonne direction exactement c'est déjà la fin de l'épisode ça a été un plaisir de t'accueillir, de t'écouter et d'apprendre en fait de ce qui t'est arrivé, de voir ce qui est transposable et ce que parfois renoncer c'est la meilleure façon d'avancer c'est vrai c'était déjà la fin de cet épisode continuez à pulvériser tous les plafonds de verre et on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance et voilà c'est déjà la fin de notre rendez-vous j'espère que vous repartez plus armés,

  • Speaker #2

    inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence je suis Kaotard Trojette et vous avez écouté Toute Puissante continuez de pulvériser tous les plafonds de verre à très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance

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Description

✨ Bienvenue dans ce nouvel épisode de Toutes Puissantes !


Aujourd’hui, j’ai la joie de recevoir Sarah Ourahmoune, conférencière, entrepreneure et surtout l’une des plus grandes figures de la boxe française.


Son palmarès est impressionnant : 10 fois championne de France, 3 fois championne d’Europe, championne du monde, et vice-championne olympique à Rio. Après plus de 20 ans sur le ring, Sarah a poursuivi son engagement en devenant vice-présidente du Comité Olympique, porte-parole des JO 2024, administratrice, et aujourd’hui, fondatrice de salles de boxe et de programmes d’accompagnement pour les jeunes et les femmes.


Mais aujourd’hui, Sarah ne vient pas seulement parler de sport ou de victoires. Elle vient témoigner d’un combat plus intime : celui contre le racisme et le sexisme, vécus de plein fouet lors de son engagement à la présidence de la Fédération française de boxe.


❓ Comment continuer à se battre quand les attaques ne visent plus vos compétences mais votre identité ?
❓ Comment décider quand il faut monter sur le ring… et quand, au contraire, il faut savoir poser les gants ?
❓ Et surtout, comment transformer une blessure en leçon de stratégie, de résilience et de leadership ?


Sarah nous partage ce moment charnière de sa vie : les insultes, les trahisons, mais aussi la force de dire stop pour mieux choisir ses combats.


Son témoignage résonne bien au-delà du sport : il éclaire ce que vivent aussi de nombreuses femmes dirigeantes dans l’entreprise ou dans la sphère publique.


🎧 Bonne écoute !


Retrouver sarah sur linkedin


Inscription a la cohorte du club de pouvoir : https://leclubdepouvoir.com/


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Je suis Kaouthar Trojette, coach exécutive et experte en dynamiques de pouvoir, ensemble pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois !


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, fondatrice du club de pouvoir, coach exécutif de dirigeante et experte des dynamiques de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Aujourd'hui, j'ai la joie de recevoir Sarah O'Haramoun, conférencière et championne de boxe. Bonjour Sarah. Bonjour. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravie. Ça fait longtemps que je te suis, donc je suis vraiment contente d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ah, trop bien. Alors, les Confidences, c'est une série d'épisodes où des femmes à des postes de pouvoir viennent témoigner sur un des obstacles qu'elles ont rencontrés dans leur accession ou l'exercice de leur pouvoir. Alors, Sarah Vramoun, ça m'impressionne juste de raconter ton parcours. Sarah a été boxeuse pendant plus de 20 ans. Elle a été dix fois championne de France, trois fois championne d'Europe, championne du monde et vice-championne olympique à Rio en remportant la médaille d'argent. de combats hommes et femmes confondus en boxe. Puis, à l'issue de sa carrière d'athlète, elle s'est engagée dans le mouvement sportif en tant que dirigeante. Elle a été vice-présidente du comité olympique en charge des sujets de mixité et de diversité. Elle a été porte-parole des JO 2024, puis administratrice du comité d'organisation. Et aujourd'hui, elle est entrepreneur et elle dirige des salles de boxe et des accompagnements pour les jeunes et pour les femmes, toujours en utilisant la boxe. comme support. Quel parcours !

  • Speaker #1

    Merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Vraiment, c'est incroyable. Et encore là, on ne va même pas dans le détail de tous tes accomplissements, de comment on fait pour durer pendant 20 ans en tant que boxeuse. Là, on n'a pas dit que tu as eu un congé maternité au milieu de ta carrière et que tu es revenu, que tu es remonté. Sarah, tu as un parcours incroyable et il y a tellement de sujets pour lesquels j'avais envie d'avoir tes confidences au micro et il a fallu en choisir un. Alors Sarah, le racisme, est-ce que ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Malheureusement, oui, ça m'est arrivé. Ça m'est arrivé pendant ma carrière sur le ring, il y a des moments où je pouvais me retrouver dans… Parfois dans des soirées box organisées plutôt en ruralité, dans des coins un peu perdus où les gens avaient peut-être un peu d'animosité. Donc ça m'est arrivé, ça m'a un peu perturbée au début. Et puis finalement, pour moi, la meilleure réponse, ça a été d'oser monter sur le ring et même de gagner ces combats très symboliques. Et puis ça m'est arrivé très récemment. En novembre dernier, lors des élections du mouvement sportif, je me suis présentée en tant que co-présidente de la Fédération française de boxe avec une envie vraiment de m'engager pour mon sport. Ça fait 25 ans que je suis dans ce milieu. J'ai beaucoup fait et puis surtout j'ai beaucoup appris de par mes engagements au comité national et puis à l'international aussi. Donc je me disais que c'était important pour moi de m'engager pour mon sport. pour une fédération qui est très fragilisée. Et en fait, ça ne s'est pas passé comme j'imaginais. C'est-à-dire que quand j'ai annoncé ma candidature, l'opposition a été assez féroce puisque j'ai été attaquée non seulement sur ma condition de femme, donc beaucoup d'insultes sexistes, mais on va dire que ça, j'étais prête. Je viens d'un milieu d'hommes, donc j'étais assez préparée à ça. Mais ces insultes-là ont été couplées d'insultes racistes. Et là, je dois avouer que ça, par contre, ça a été un peu le chaos parce que je viens quand même d'un sport très populaire. La plupart des salles de boxe sont dans des quartiers où il y a énormément de personnes racisées dans les salles. Ça a été un peu le coup dur pour moi. Donc oui, le racisme, je l'ai vécu et j'avoue que ça a été un peu violent sur cette période électorale, on va dire.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu peux... nous raconter comment ça s'est manifesté pour toi avec un peu plus de détails, de contexte. Et comment est-ce que toi aussi, tu as été mise au courant ? Comment est-ce que tu as été consciente de ce racisme ? Est-ce que c'était un racisme frontal envers toi ? Est-ce que c'était des campagnes ? Dis-nous en plus.

  • Speaker #1

    En fait, en novembre, un peu avant, quelques mois avant, je me décide de co-candidater à la fédération. C'est une décision que j'ai prise un peu tardivement, puisque en général, pour préparer une élection, c'est plusieurs mois, voire plusieurs années. Là, j'ai rejoint une équipe déjà en place. On sortait des Jeux de Paris, des Jeux qui ont plus ou moins bien marché pour la boxe en France, mais surtout… À l'issue de ces Jeux, le Comité international olympique a annoncé que la boxe perdait son statut olympique, ce qui est pour nous très déplorable parce que perdre son statut olympique, ça veut dire qu'on n'est plus inscrit dans le programme des Jeux. Et donc, les conséquences, c'est perdre l'agr��ment sport, donc perdre la possibilité d'organiser des compétitions de boxe, on perd des moyens humains et financiers. Pour moi, c'est un peu la mort de mon sport et surtout la mort de plein d'espoirs de jeunes filles et de jeunes garçons qui ont regardé les Jeux et qui eux aussi rêvent de monter sur un ring, de s'épanouir dans ce sport. J'ai senti qu'il fallait quand même que je m'engage. On m'a fortement poussée pour que je le fasse en me disant que ma candidature pouvait convaincre de par mon part. à mon engagement dans le sport, mais surtout en fait j'étais face à une équipe qui elle n'avait pas forcément cette envie que notre sport redevienne olympique. Donc il y avait d'un côté l'équipe que j'ai rejointe qui voulait elle se battre pour que notre sport redevienne olympique et puis retrouve des moyens et puisse se développer et en face un projet qui était plus orienté vers vers la boxe professionnelle, donc moins vers l'éducation, vers le sport comme bien social. bien commun et comme sport olympique, parce que c'était plus orienté vers le sport pro, les paris, les droits télé, etc. Enfin voilà, pour vulgariser un peu. Et donc moi, je me suis engagée pour combattre et pour pouvoir défendre un projet olympique, un projet de sport pour tous, pour toutes. Et en fait, quand j'ai annoncé ma candidature, je l'ai annoncé par le biais... à la fois de mes réseaux sociaux, mais aussi par un article dans l'équipe. Et comme c'est une candidature qui était un peu inattendue, puisque je n'avais pas fait de lobbying et de campagne comme les autres l'ont fait plusieurs mois auparavant, je pense que l'équipe, notamment de l'opposition, a eu peur en disant « mince, elle vient bousculer un peu tous nos plans » parce que le co-candidat avec lequel je me suis associée, il le voyait peut-être moins dangereux ou moins influent. et donc Donc, quand ma candidature a été annoncée, il y a plein de messages qui ont circulé dans différents groupes WhatsApp, puisqu'en fait, les entraîneurs de boxe, les clubs, s'organisent par le biais de groupes WhatsApp, notamment pour organiser ce qu'on appelle des mariages de combat. Donc, quand il y a un club qui organise une soirée boxe, pour pouvoir mettre en place son plateau, on échange sur les groupes WhatsApp. Et donc, c'est par région. Il y a plusieurs groupes WhatsApp qui regroupent des milliers et des milliers de personnes. Et donc, il y a des messages qui ont circulé sur ces groupes, qui venaient notamment du groupe opposant, qui disaient clairement, voilà, cette salle arabe, l'arabe de service, la chienne de, la tute de, etc. Et donc, voilà, ça circulait, ça se transférait d'un groupe à l'autre. Et c'est comme ça que j'ai été alertée, en fait, où certains ont fait des captures d'écran, des gens qui me connaissent, des amis. des entraîneurs de mes clubs, puisque moi, je dirige trois clubs. Et donc, c'était aussi... J'ai ma famille, mes amis qui étaient aussi sur ces groupes-là, puisque c'est des personnes qui sont engagées aussi dans mes salles et qui me disaient, voilà, il y a des choses qui circulent. Je pense que ce qui a été le plus compliqué, c'est qu'il n'y a pas eu de grosses réactions, notamment de mon équipe. Ils ont peut-être un peu minimisé ça en disant, c'est normal. On est en période électorale, donc c'est normal de se faire insulter. Moi, je ne l'ai pas vécu comme ça. En fait, pour moi, ce n'est pas normal. À un moment, c'est aller trop loin. C'est-à-dire que je veux bien qu'on ne soit pas d'accord, mais il faut que ça se fasse quand même avec un minimum de respect. Ça reste du sport. On est censé véhiculer des valeurs positives de notre sport et notamment, moi, de l'olympisme, avec vraiment du respect, de la dignité, du courage. et là... On n'était pas du tout là-dedans. Et donc, j'ai pris quelques jours pour réfléchir. Et je me suis dit que finalement, je n'étais pas au bon endroit. Certains ont compris que j'abandonnais, que c'était presque de la lâcheté. Moi, je pense que c'est un peu comme en boxe. Parfois, il faut savoir refuser des combats. parce qu'on n'est pas forcément prêt, ce n'est pas le bon timing. Moi, j'ai senti que je n'étais pas avec la bonne équipe au bon moment et que mes combats, mes engagements et mes compétences pouvaient avoir beaucoup plus d'utilité ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette confidence d'avoir partagé cette période-là. donc si je comprends bien Tu décides de faire campagne avec une des deux équipes, on va dire, en lice. Et suite à ça, il y a une campagne de dénigrement, une campagne raciste et sexiste sur tous les groupes WhatsApp ou sur certains de ces groupes WhatsApp des professionnels de la boxe. Donc vraiment, dans tout le milieu, il y a des messages qui circulent sur toi, ce qui est loin d'être anodin. Ça veut dire que notre nom est Sally. auprès de nos pères, auprès de nos équipes, dans ton cas, de ta famille, puisque ta famille, tu nous as dit, est aussi investie dans les milieux de la boxe. Et non seulement ça, d'abord, ce que tu nous dis, c'est que l'étape d'après, c'est que l'équipe avec qui tu partais en campagne a fait un silence radio, a fait comme si ça n'existait pas, n'a pas pris ta défense, n'a pas eu de message de solidarité envers toi, de message public, c'est ça ?

  • Speaker #1

    La première étape, ça a été ça, ça a été ces messages qui venaient vraiment de l'opposition, qui ont circulé. Je ne sais pas s'ils se rendaient compte du poids des mots. Évidemment, je voyais bien que je leur faisais peur, qu'ils sentaient qu'ils perdaient un peu la main. Mais voilà, ça a circulé. Alors, certains étaient choqués, d'autres, voilà ce qui se dit, mais sans forcément réagir à part. Par contre, j'ai reçu énormément de messages de soutien de la part du monde de la boxe et du sport d'une manière générale. Et puis, cette deuxième phase, ça a été cette équipe avec qui je m'étais engagée, qui minimise tout ça, qui met tout ça sous le coup de « c'est normal, on est en campagne électorale, les coups bas sont autorisés, c'est toujours comme ça, et puis il ne faut pas que tu sois fragile. C'est normal, il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer. beaucoup de stress, ça fait plusieurs semaines qu'on bosse dessus, serre les dents, continue. On avance, on serre les dents. Et en fait, non, ce n'est pas possible pour moi. Ce n'est pas une question de fragilité. C'est juste que je veux bien m'engager. Et ce qu'il faut aussi rappeler, c'est que ce sont des fonctions qui sont très chronophages et qui sont bénévoles. Moi, je veux bien donner de mon temps, de mon énergie, m'engager, mais je veux aussi me faire respecter. et là c'est Ce n'est pas que je ne me sentais pas fragile à ce moment-là. Je me suis sentie blessée dans ma chair. Trahie aussi, parce que je me disais quand même, je ne le fais pas pour moi, je n'ai rien à gagner. En fait, moi, mes salles tournent bien. Je suis engagée à l'international sur les sujets olympiques, sports, boxe. Si je reviens m'engager pour cette fédération, c'est vraiment parce que c'est un sport qui m'a beaucoup apporté et que j'ai envie que d'autres... puissent en bénéficier aussi. Je n'avais rien à gagner. En tout cas, ce n'était pas un engagement personnel. Je n'avais pas besoin de reconnaissance. C'était vraiment parce que je sens que mon sport était fragile. Et en fait, cet épisode-là m'a fait prendre conscience que c'est un sport qui est encore plus en difficulté que je le pensais. Pour moi, on était déjà dans le dur, mais là, avec cet épisode-là, pour moi, c'est un sport. qui est très mal. C'est vraiment le reflet de notre société. En réalité, j'ai eu besoin de prendre du recul, de digérer, de comprendre. Maintenant, avec du recul, voilà, ça s'est passé. Disons que ça fait moins mal et je n'ai pas compris les réactions. Enfin, OK, il y a la peur de perdre, mais c'est surtout où j'ai compris. Peut-être les erreurs que j'ai faites dans mon engagement, il y a des choses sur lesquelles j'aurais dû être peut-être un peu plus vigilante et sentir les choses.

  • Speaker #0

    On va revenir justement aux leçons que tu as apprises. Mais si on revient justement à cette période de campagne, qu'est-ce qui t'a aidée à ce moment-là à traverser cette étape ?

  • Speaker #1

    En fait, rien, parce que je n'ai pas réussi à la traverser. Je n'ai pas réussi. J'étais franchement focus sur mon programme. à essayer de donner le meilleur, à rédiger un programme qui, pour moi, allait convaincre parce que je connais la boxe sur le bout des doigts, parce que je m'étais beaucoup engagée et je voyais bien tout ce qui nous manquait et ce que je pouvais apporter. Et si je me suis engagée, c'est parce que je me disais qu'il y a des choses, des leviers sur lesquels je pouvais... avoir de l'impact. Et en fait, quand il y a eu tout ça, je n'ai pas réussi à le passer. C'est aussi pour ça que j'ai jeté l'éponge, parce que je l'ai mal vécu. J'ai mal vécu. À partir du moment où il y a eu ces messages-là, j'ai continué à écrire le programme parce que je n'ai pas voulu abandonner l'équipe et parce que je me disais quand même, je me suis engagée, ça fait partie de mes valeurs d'aller au bout des choses. Et je leur ai dit que je partais. thème et que par contre je leur donnerais tout ce que j'ai fait et surtout à une semaine du dépôt des on était à une semaine du dépôt des listes et des programmes donc j'allais pas partir avec tout ce que j'avais fait en les laissant en difficulté mais par contre ouais non j'ai pas réussi j'ai pas réussi, sur le moment j'ai pas réussi à me dire je continue le combat, on y va on gagne, on met en place les choses et je vais gérer ça une fois que je serai en place j'avais pas envie en fait

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'on a l'impression, quand je t'entends, j'ai l'impression que traverser, ce serait forcément rester. Alors qu'en fait, traverser, pour moi, c'est une étape de vie. Et en décidant de ne plus faire campagne, de quitter cette liste, pour moi, c'est peut-être ça qui t'a permis de traverser cette étape.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, je le vivais mal. C'est-à-dire qu'à un moment donné, je me suis posé la question de vraiment ce que moi, j'avais envie de faire pour moi. Et j'ai senti quand même qu'il n'y avait plus d'envie, il n'y avait plus de plaisir, que je n'avais plus la même énergie. Toute l'ambition que j'avais pour mon sport, je sentais que je n'allais pas y arriver parce que le cœur n'y était plus. Mais tu as raison, en fait, la traversée, ça a été d'oser dire je m'arrête. Et ce qui n'est pas facile parce qu'en fait, moi j'ai été éduquée dans un sport où on n'abandonne pas, on ne jette pas l'éponge. On va... Voilà. on y va, on va jusqu'au bout, jusqu'au dernier coup de gong et on donne tout. Et là, de me dire, j'abandonne à une semaine, en fait, alors que ça faisait des semaines et des semaines que je bossais dessus, eh bien, ouais, c'est pas facile. Parce que je pense que tout couplé, ça a été dur à digérer. De me dire, j'ai lâché, j'ai échoué. Je m'en suis voulue aussi. En fait, je m'en suis voulue d'avoir été naïve, d'avoir cru que j'allais y arriver. cru que j'allais convaincre. Je pense que ça aussi, ça a été un peu compliqué. Mais ouais, disons que j'ai traversé cette période. Ce qui m'a aidée, ça a été d'accepter d'arrêter et d'accepter de l'expliquer aussi, de me dire « Ah ouais, prends une feuille » , parce qu'en fait, ce qui s'est passé, c'est ça, c'est qu'à un moment, je me suis posée, j'ai rédigé une lettre ouverte, j'étais en pleine nuit, j'avais du mal à dormir les jours qui ont précédé. cet épisode. Et en fait, j'écris cette lettre ouverte, je contacte le journaliste de l'équipe qui avait rédigé l'article pour annoncer ma candidature. Et je me dis, je vais le prévenir quand même parce qu'il a pris du temps, il s'est déplacé pour me rencontrer et expliquer pourquoi je voulais m'engager, mes projets et tout. Et donc, je trouvais quand même que c'était important de le prévenir parce que c'était quelques jours après son article. Et donc, ça a démonté un peu tout son travail. Et il a été évidemment peiné, surpris, choqué. Et puis, le lendemain matin, très tôt, il m'a proposé de republier la lettre. Et donc, j'avoue que les heures qui ont suivi l'écriture de la lettre, ça a été « je le fais, je ne le fais pas, comment je l'explique ? » Comment j'explique tout ça ? Parce que je savais que j'allais avoir finalement des... Peut-être deux regards qui allaient s'opposer. D'un côté, ceux qui voyaient ce renoncement comme le fait de les laisser gagner, de leur donner encore plus de force, encore plus de poids. Et puis ceux qui allaient me comprendre en disant « Oui, tu as raison, ce combat-là, tu n'abandonnes pas. Tu choisis tes combats et effectivement, ton énergie met là où elle sera la plus utile. » C'était ce regard-là, comment je vais l'accueillir ? À partir du moment où la lettre a été publiée, ça m'a fait un bien fou. Je me suis dit que c'était bon, la décision est prise, je me sens bien, je l'ai dit et je l'assume. En même temps, j'ai senti que ça avait fait du bien aussi à d'autres. J'ai eu la chance d'avoir… On a aujourd'hui les réseaux sociaux qui nous aident beaucoup à prendre la parole et être visibles. mais moi j'ai eu le choix de partir et en fait, je pensais à tous ceux et celles qui, eux, n'ont pas le choix et qui ne peuvent pas parler et qui subissent au quotidien. Et moi, je me disais, j'ai le choix. Et en plus, j'ai la chance d'avoir un écho. Et donc, mon message, il faut absolument que je le transmette pour tous ceux qui ne peuvent pas le faire en réalité.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, finalement, toi, tu t'es dit, je me fais passer moi d'abord et je ne vais pas dans un combat où je vais perdre mon énergie, me perdre moi et en plus, on risque de perdre le combat.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, j'essayais de me projeter en me disant… voilà ce qui s'est passé, est-ce que tu as envie d'avancer dans ces conditions avec ces gens-là ? » Pour peut-être juste certains, mais je me voyais dans quatre ans et je me disais « je vais sortir de cette aventure dans quatre ans complètement détruite » . Et je me disais que c'est pareil, je pense que je n'arriverai pas. Je n'arriverai pas à m'engager, à mettre l'énergie que j'imaginais au début. Parce que, voilà, le cœur blessé, quoi. Il n'y avait plus l'envie de faire. Et donc, je me disais, ça ne sert à rien de rester. Parce que, même pour moi, pour mon image, pour plein de choses, je me disais, si je reste, de toutes les façons, je ne ferai pas. Et donc, on dira dans quatre ans, tu vois, elle avait dit plein de choses et en fait, elle n'a rien fait. Je me disais, vraiment, je me tire une balle dans le pied en restant là. Et donc, il vaut mieux partir. et puis... Et puis, donner cette énergie ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est une leçon de résilience et de stratégie absolument incroyable parce que je trouve que ça fait énormément écho avec le fait, ne l'oublions pas, que tu es l'athlète en boxe qui a fait le plus de combats hommes et femmes réunis. Et on en parlait avant d'enregistrer cet épisode. Tu m'as dit en fait ce qui fait que j'ai pu durer. que tu as pu faire plus de 250 matchs, alors que dans une carrière sportive d'athlète de haut niveau normal en boxe, c'est plutôt 100-150. Ce qui fait que tu as pu durer, c'est que tu as su choisir les combats et ne pas aller dans des combats qui allaient te blesser ou qui risquaient de réduire ta carrière sur le long terme. Et là, j'ai l'impression que c'est un peu la même chose. C'est genre, pourquoi faire un truc ? où je ne vais pas en sortir gagnante sur le long terme. Je vais garder mon énergie. Et en fait, ce n'est pas du tout renoncer. C'est accepter de renoncer sur le court terme pour gagner sur le long terme.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est vraiment prendre un peu de recul parce que c'est vrai qu'en boxe, il y a des combats comme ça où si tu montes sur le ring et que tu l'acceptes, ça peut être des combats trop durs parce que tu es dans une mauvaise période, parce que l'autre est vraiment supérieur. pour plein de raisons, peu importe les raisons, mais c'est un combat qu'on n'aurait peut-être pas dû faire parce qu'on va en sortir abîmé. Et la perte qu'on aura eue sur ce combat, on va la traîner pendant des années et probablement ne pas pouvoir retrouver le niveau d'avant ou continuer à progresser. Et moi, ça a été un peu ça, ça a été de me dire, ce combat-là, si je le fais, je ne suis pas sûre que j'en sortirai gagnante, mais surtout, ce qui est sûr, c'est que je vais en sortir abîmée. Et je ne sais pas dans quatre ans dans quel état je serai. Et peut-être que j'aurais plus envie de faire plein de choses. Je n'avais pas envie que ça me prenne tout ça. Et donc, je pense que c'était mieux de dire, là, je n'y vais pas. Je pose les gants. La place est libre, prenez-la. Mais moi, je ne me sens pas de combattre aujourd'hui. En tout cas, pas sur ce terrain-là. Je choisis un autre ring.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et tu te préserves.

  • Speaker #1

    Et je me préserve parce que vraiment... le... Mon capital santé physique et mental, c'est ce qu'il y a de plus précieux. Et je sens bien que je suis plus utile ailleurs aujourd'hui. Et ça me va très bien.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup, en quoi cette expérience t'a changé ?

  • Speaker #1

    Elle m'a changé. En fait, elle m'a permis de me poser les bonnes questions. C'est-à-dire que j'arrivais, je pense, à un moment un peu charnière dans ma carrière professionnelle et même personnelle. C'est la barre des 40 ans. Voilà, on se pose plein de questions. J'arrivais à la fin d'un cycle avec la fin de Paris 2024, où ça faisait quasiment dix ans que j'étais engagée sur le projet olympique, et puis l'envie de faire plein d'autres choses à côté. Cet épisode-là, ça m'a permis de mettre tout à plat et de me dire « Ok, maintenant, qu'est-ce que j'ai envie de faire vraiment pour moi ? Qu'est-ce qui m'anime vraiment ? » Essayer de trouver des projets professionnels qui, à la fois, m'apportent beaucoup de plaisir, mais qui soient aussi viables. Et en fait, c'est surtout ça, c'est que j'ai pu me poser et réfléchir et arrêter d'être tout le temps dans l'action, parce que c'est un peu ça mon quotidien depuis des années, c'est de faire plein plein de choses, j'ai l'impression d'avoir beaucoup d'énergie. d'être assez endurante et donc de m'engager dans plein de trucs parce que j'aime bien apprendre, j'aime bien découvrir, j'aime bien faire et là ça m'a permis vraiment de prendre du recul, de prendre conscience aussi que l'engagement dans le monde sportif c'est un engagement qui est quand même teinté de politique et que c'est pas des combats qu'on mène à la légère, il faut se préparer, comme quand on monte sur un ring et une élection Merci. ça se prépare vraiment longtemps avant et que mon énergie, mon envie, mes idées ne suffisent pas. En fait, il faut vraiment s'entourer d'une vraie équipe, être hyper stratégique, faire vraiment beaucoup de lobbying. Je ne pense pas que je me représenterais, en tout cas, ce n'est pas l'envie que j'ai aujourd'hui, mais je sais que si je devais le faire, ou en tout cas, si je devais accompagner quelqu'un qui souhaite s'engager, je lui dirais d'y aller quasiment trois ans avant. de commencer à préparer le terrain trois ans avant, de commencer à construire son équipe, tester les gens, prendre le pouls un peu du terrain. Voilà quoi, de me dire les idées, c'est une chose, c'est pas grave, c'est pas le plus important. Et en fait, c'est surtout que moi vraiment, je pense que j'ai mis 99% de mon énergie et de mon temps dans le programme et les idées, dans l'exécution du truc, alors que j'aurais dû travailler beaucoup plus sur l'équipe. J'aurais dû presque ne pas écrire ce programme et réserver l'écriture à la dernière semaine sans forcément avoir un document super clean, beau et tout, mais travailler beaucoup plus sur cette équipe et les convaincre à essayer de les embarquer un peu plus. Parce que l'erreur que j'ai faite, ça a été de me dire je vais avoir un super programme, j'ai des partenaires qui me suivent, j'ai tout. Et donc ça va être suffisant pour les convaincre de mettre la même énergie que moi. Pas du tout en fait, c'est pas ça. Et donc, travailler beaucoup plus sur l'humain, sur l'équipe. Et puis après, le programme, ça viendra à la fin. Et de toutes les façons, le programme, en réalité, il bougera pendant les quatre ans de mandat. Il y a ce qu'on propose au début. Et puis après, on le sait, la réalité de terrain, elle est relativement différente. Mais oui, travailler beaucoup plus sur l'équipe, l'humain. L'humain, vraiment embarquer un peu plus avant d'exécuter, d'écrire.

  • Speaker #0

    C'est fou parce que là, tu parles, toi, dans un contexte un peu plus... politique, d'engagement sportif, athlétique, tout ça. Et en fait, ce que je vois avec les femmes cadres dirigeantes en entreprise, c'est que c'est exactement la même chose. Il y a beaucoup de femmes qui vont se focaliser sur leurs performances, les résultats annuels, et en fait, qui pêchent en pensant que ça va suffire à ce qu'elles obtiennent une promotion, ça va suffire pour embarquer les équipes, et qui négligent justement le faire savoir. Les alliances, le fait de trouver des sponsors, le fait de s'entourer avec des personnes de confiance qu'on aura testées par le passé, c'est triste, mais à la fois, c'est intéressant de voir à quel point ce sont les mêmes leviers que toi, tu as rencontrés, que ceux que rencontrent les femmes dans un cadre un peu plus corporel, on va dire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que c'est exactement la même chose. On néglige tout le bonnet humain, toute l'alliance. le lobbying, tout ça. On va se concentrer sur le produit, le service, faire bien. Je pense que c'est une erreur. En tout cas, c'est ce que j'ai appris de cette expérience. Et comme tu dis, je pense que cette leçon-là, il faut la transposer partout. Il y a le volet électoral, politique, sportif. Mais je pense que vraiment, c'est dans le monde professionnel, dans le monde de l'entreprise. C'est des leçons qu'il faut garder en tête.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a décidé à en parler publiquement et plus largement ?

  • Speaker #1

    Plusieurs choses. La première, comme je te disais, c'est le fait que moi, j'ai la chance d'avoir un écho et je trouvais que je devais l'utiliser. Je devais utiliser ce pouvoir-là, le pouvoir de la parole, le pouvoir de la visibilité. J'avais l'écho médiatique. Donc, je me disais que j'avais cette chance que d'autres n'ont pas. et que c'était important d'en parler. Ça, c'était vraiment, je pense, la principale motivation. La seconde, ça a été de me dire, je ne peux pas partir sans rien dire.

  • Speaker #0

    Et oui, je jette l'éponge. Donc, eux vont probablement penser qu'ils vont gagner. Ils ont gagné, qu'ils ont raison. Mais de le dire, ça me montre... J'avais envie aussi de leur dire, non, vous n'avez pas gagné, en fait. Ne pensez pas que vous avez gagné. Je n'ai pas envie que ça perdure. Et donc, le fait de dénoncer, c'était important pour moi parce que je ne pouvais pas taire tout ça. Ça ne pouvait pas passer sous silence. Et donc, c'est important. de le rendre visible, j'ai porté plainte. Je ne voulais pas m'arrêter là. Ce n'est pas parce que j'ai renoncé que le combat continue. Je ne suis pas dans l'équipe aujourd'hui de la Fédération, mais par contre, à côté, j'ai mon combat judiciaire et je ne lâcherai pas. Et parce que c'était aussi pour moi, le fait d'en parler, c'était aussi une manière de partir plus sereinement, de me dire je ne fuis pas, j'explique pourquoi je pars, que chacun prenne ses responsabilités aussi. Je ne pars pas parce que je ne me sens pas à ma place ou je me sens faible. Je pars aussi pour d'autres raisons. Et donc, le fait de le dire, c'était aussi de montrer à chacun que, voilà, remettez-vous en question, en fait. Ce n'est pas le fait que je sois faible, que je pars, ou la peur de tout ce combat électoral. C'est parce que, voilà, ce n'est pas normal ce qui se passe. Et donc, moi, je ne veux pas… Je ne veux pas rester là, voir ça. Je veux le dénoncer ailleurs et je vais combattre autrement parce que c'est un système qui reste quand même... C'est verrouillé de l'intérieur. Moi, j'ai toujours pensé qu'il fallait que je prenne ma place autour de la table pour pouvoir faire changer des choses. Oui, il faut la prendre, mais il faut la prendre stratégiquement en faisant des alliances, etc. Et donc, c'est juste... Ce n'est pas le moment. Il faut juste que je revienne et je reviendrai avec une armée et ça ira mieux.

  • Speaker #1

    J'adore. Et donc, il y a vraiment cette idée déjà de réapproprier le récit de ce qui s'est passé et puis de rendre leur responsabilité à chacun et de dénoncer, d'utiliser ta visibilité pour dénoncer et pour porter un message encore plus large, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et alors, on veut tous et toutes savoir qui a gagné les élections ?

  • Speaker #0

    C'est la personne qui a été co-présidente avec moi. Donc voilà, le combat est gagné malgré tout.

  • Speaker #1

    Cool, cool, cool. Donc on garde la boxe au JO.

  • Speaker #0

    Et donc, effectivement, disons que ma petite victoire, ça a été pendant la période de campagne, j'ai poussé l'équipe à s'affilier à une nouvelle fédération qui, elle, est reconnue par le CIO. Donc en gros... Le monde de la boxe à l'international est divisé en deux. Il y a l'ancienne fédération, qui est une fédération gérée par un Russe. Donc, en gros, c'est Poutine, c'est financé par Gazprom. C'était donc l'opposition, ceux qui m'ont attaqué. Et puis, de l'autre, il y avait la candidature que moi, je poussais, qui est celle d'une fédération nouvelle qui s'appelle la World Boxing, qui porte vraiment des valeurs saines. Il y a envie, justement, d'assainir la boxe. Et donc, pendant la campagne électorale, j'ai poussé pour qu'on puisse s'affilier à cette nouvelle fédération, en sachant qu'en face, la fédération gérée par le russe achetait quasiment tous les pays, faisait en sorte que la plupart des pays ne s'affilient pas à cette nouvelle fédération et restent sur l'ancienne, parce qu'en fait, le CIO avait posé un ultimatum en disant, voilà, au mois de mars, si… plus de 70 pays sont sur la nouvelle fédération, vous retrouverez le statut olympique. Et donc le Gazprom et le Russe finançaient l'Asie, l'Afrique, pour que finalement les fédérations nationales restent sur l'ancienne. Et donc nous, on a quand même basculé. Aujourd'hui, on a retrouvé le statut olympique. Donc finalement, j'ai gagné mes combats.

  • Speaker #1

    Exactement. Bravo, bravo Sarah. je suis contente de ça on avance dans la bonne direction exactement c'est déjà la fin de l'épisode ça a été un plaisir de t'accueillir, de t'écouter et d'apprendre en fait de ce qui t'est arrivé, de voir ce qui est transposable et ce que parfois renoncer c'est la meilleure façon d'avancer c'est vrai c'était déjà la fin de cet épisode continuez à pulvériser tous les plafonds de verre et on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance et voilà c'est déjà la fin de notre rendez-vous j'espère que vous repartez plus armés,

  • Speaker #2

    inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence je suis Kaotard Trojette et vous avez écouté Toute Puissante continuez de pulvériser tous les plafonds de verre à très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance

Description

✨ Bienvenue dans ce nouvel épisode de Toutes Puissantes !


Aujourd’hui, j’ai la joie de recevoir Sarah Ourahmoune, conférencière, entrepreneure et surtout l’une des plus grandes figures de la boxe française.


Son palmarès est impressionnant : 10 fois championne de France, 3 fois championne d’Europe, championne du monde, et vice-championne olympique à Rio. Après plus de 20 ans sur le ring, Sarah a poursuivi son engagement en devenant vice-présidente du Comité Olympique, porte-parole des JO 2024, administratrice, et aujourd’hui, fondatrice de salles de boxe et de programmes d’accompagnement pour les jeunes et les femmes.


Mais aujourd’hui, Sarah ne vient pas seulement parler de sport ou de victoires. Elle vient témoigner d’un combat plus intime : celui contre le racisme et le sexisme, vécus de plein fouet lors de son engagement à la présidence de la Fédération française de boxe.


❓ Comment continuer à se battre quand les attaques ne visent plus vos compétences mais votre identité ?
❓ Comment décider quand il faut monter sur le ring… et quand, au contraire, il faut savoir poser les gants ?
❓ Et surtout, comment transformer une blessure en leçon de stratégie, de résilience et de leadership ?


Sarah nous partage ce moment charnière de sa vie : les insultes, les trahisons, mais aussi la force de dire stop pour mieux choisir ses combats.


Son témoignage résonne bien au-delà du sport : il éclaire ce que vivent aussi de nombreuses femmes dirigeantes dans l’entreprise ou dans la sphère publique.


🎧 Bonne écoute !


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Je suis Kaouthar Trojette, coach exécutive et experte en dynamiques de pouvoir, ensemble pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois !


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Toute Puissante, le podcast des femmes qui veulent tout et qui l'obtiennent. Je suis Kauthar Trojet, votre hôte, fondatrice du club de pouvoir, coach exécutif de dirigeante et experte des dynamiques de pouvoir. Ici, nous pulvérisons le plafond de verre, un épisode à la fois. Bienvenue sur ce nouvel épisode de Toute Puissante. Aujourd'hui, j'ai la joie de recevoir Sarah O'Haramoun, conférencière et championne de boxe. Bonjour Sarah. Bonjour. Je te remercie d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Écoute, je suis ravie. Ça fait longtemps que je te suis, donc je suis vraiment contente d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ah, trop bien. Alors, les Confidences, c'est une série d'épisodes où des femmes à des postes de pouvoir viennent témoigner sur un des obstacles qu'elles ont rencontrés dans leur accession ou l'exercice de leur pouvoir. Alors, Sarah Vramoun, ça m'impressionne juste de raconter ton parcours. Sarah a été boxeuse pendant plus de 20 ans. Elle a été dix fois championne de France, trois fois championne d'Europe, championne du monde et vice-championne olympique à Rio en remportant la médaille d'argent. de combats hommes et femmes confondus en boxe. Puis, à l'issue de sa carrière d'athlète, elle s'est engagée dans le mouvement sportif en tant que dirigeante. Elle a été vice-présidente du comité olympique en charge des sujets de mixité et de diversité. Elle a été porte-parole des JO 2024, puis administratrice du comité d'organisation. Et aujourd'hui, elle est entrepreneur et elle dirige des salles de boxe et des accompagnements pour les jeunes et pour les femmes, toujours en utilisant la boxe. comme support. Quel parcours !

  • Speaker #1

    Merci pour cette présentation.

  • Speaker #0

    Vraiment, c'est incroyable. Et encore là, on ne va même pas dans le détail de tous tes accomplissements, de comment on fait pour durer pendant 20 ans en tant que boxeuse. Là, on n'a pas dit que tu as eu un congé maternité au milieu de ta carrière et que tu es revenu, que tu es remonté. Sarah, tu as un parcours incroyable et il y a tellement de sujets pour lesquels j'avais envie d'avoir tes confidences au micro et il a fallu en choisir un. Alors Sarah, le racisme, est-ce que ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Malheureusement, oui, ça m'est arrivé. Ça m'est arrivé pendant ma carrière sur le ring, il y a des moments où je pouvais me retrouver dans… Parfois dans des soirées box organisées plutôt en ruralité, dans des coins un peu perdus où les gens avaient peut-être un peu d'animosité. Donc ça m'est arrivé, ça m'a un peu perturbée au début. Et puis finalement, pour moi, la meilleure réponse, ça a été d'oser monter sur le ring et même de gagner ces combats très symboliques. Et puis ça m'est arrivé très récemment. En novembre dernier, lors des élections du mouvement sportif, je me suis présentée en tant que co-présidente de la Fédération française de boxe avec une envie vraiment de m'engager pour mon sport. Ça fait 25 ans que je suis dans ce milieu. J'ai beaucoup fait et puis surtout j'ai beaucoup appris de par mes engagements au comité national et puis à l'international aussi. Donc je me disais que c'était important pour moi de m'engager pour mon sport. pour une fédération qui est très fragilisée. Et en fait, ça ne s'est pas passé comme j'imaginais. C'est-à-dire que quand j'ai annoncé ma candidature, l'opposition a été assez féroce puisque j'ai été attaquée non seulement sur ma condition de femme, donc beaucoup d'insultes sexistes, mais on va dire que ça, j'étais prête. Je viens d'un milieu d'hommes, donc j'étais assez préparée à ça. Mais ces insultes-là ont été couplées d'insultes racistes. Et là, je dois avouer que ça, par contre, ça a été un peu le chaos parce que je viens quand même d'un sport très populaire. La plupart des salles de boxe sont dans des quartiers où il y a énormément de personnes racisées dans les salles. Ça a été un peu le coup dur pour moi. Donc oui, le racisme, je l'ai vécu et j'avoue que ça a été un peu violent sur cette période électorale, on va dire.

  • Speaker #0

    Justement, est-ce que tu peux... nous raconter comment ça s'est manifesté pour toi avec un peu plus de détails, de contexte. Et comment est-ce que toi aussi, tu as été mise au courant ? Comment est-ce que tu as été consciente de ce racisme ? Est-ce que c'était un racisme frontal envers toi ? Est-ce que c'était des campagnes ? Dis-nous en plus.

  • Speaker #1

    En fait, en novembre, un peu avant, quelques mois avant, je me décide de co-candidater à la fédération. C'est une décision que j'ai prise un peu tardivement, puisque en général, pour préparer une élection, c'est plusieurs mois, voire plusieurs années. Là, j'ai rejoint une équipe déjà en place. On sortait des Jeux de Paris, des Jeux qui ont plus ou moins bien marché pour la boxe en France, mais surtout… À l'issue de ces Jeux, le Comité international olympique a annoncé que la boxe perdait son statut olympique, ce qui est pour nous très déplorable parce que perdre son statut olympique, ça veut dire qu'on n'est plus inscrit dans le programme des Jeux. Et donc, les conséquences, c'est perdre l'agr��ment sport, donc perdre la possibilité d'organiser des compétitions de boxe, on perd des moyens humains et financiers. Pour moi, c'est un peu la mort de mon sport et surtout la mort de plein d'espoirs de jeunes filles et de jeunes garçons qui ont regardé les Jeux et qui eux aussi rêvent de monter sur un ring, de s'épanouir dans ce sport. J'ai senti qu'il fallait quand même que je m'engage. On m'a fortement poussée pour que je le fasse en me disant que ma candidature pouvait convaincre de par mon part. à mon engagement dans le sport, mais surtout en fait j'étais face à une équipe qui elle n'avait pas forcément cette envie que notre sport redevienne olympique. Donc il y avait d'un côté l'équipe que j'ai rejointe qui voulait elle se battre pour que notre sport redevienne olympique et puis retrouve des moyens et puisse se développer et en face un projet qui était plus orienté vers vers la boxe professionnelle, donc moins vers l'éducation, vers le sport comme bien social. bien commun et comme sport olympique, parce que c'était plus orienté vers le sport pro, les paris, les droits télé, etc. Enfin voilà, pour vulgariser un peu. Et donc moi, je me suis engagée pour combattre et pour pouvoir défendre un projet olympique, un projet de sport pour tous, pour toutes. Et en fait, quand j'ai annoncé ma candidature, je l'ai annoncé par le biais... à la fois de mes réseaux sociaux, mais aussi par un article dans l'équipe. Et comme c'est une candidature qui était un peu inattendue, puisque je n'avais pas fait de lobbying et de campagne comme les autres l'ont fait plusieurs mois auparavant, je pense que l'équipe, notamment de l'opposition, a eu peur en disant « mince, elle vient bousculer un peu tous nos plans » parce que le co-candidat avec lequel je me suis associée, il le voyait peut-être moins dangereux ou moins influent. et donc Donc, quand ma candidature a été annoncée, il y a plein de messages qui ont circulé dans différents groupes WhatsApp, puisqu'en fait, les entraîneurs de boxe, les clubs, s'organisent par le biais de groupes WhatsApp, notamment pour organiser ce qu'on appelle des mariages de combat. Donc, quand il y a un club qui organise une soirée boxe, pour pouvoir mettre en place son plateau, on échange sur les groupes WhatsApp. Et donc, c'est par région. Il y a plusieurs groupes WhatsApp qui regroupent des milliers et des milliers de personnes. Et donc, il y a des messages qui ont circulé sur ces groupes, qui venaient notamment du groupe opposant, qui disaient clairement, voilà, cette salle arabe, l'arabe de service, la chienne de, la tute de, etc. Et donc, voilà, ça circulait, ça se transférait d'un groupe à l'autre. Et c'est comme ça que j'ai été alertée, en fait, où certains ont fait des captures d'écran, des gens qui me connaissent, des amis. des entraîneurs de mes clubs, puisque moi, je dirige trois clubs. Et donc, c'était aussi... J'ai ma famille, mes amis qui étaient aussi sur ces groupes-là, puisque c'est des personnes qui sont engagées aussi dans mes salles et qui me disaient, voilà, il y a des choses qui circulent. Je pense que ce qui a été le plus compliqué, c'est qu'il n'y a pas eu de grosses réactions, notamment de mon équipe. Ils ont peut-être un peu minimisé ça en disant, c'est normal. On est en période électorale, donc c'est normal de se faire insulter. Moi, je ne l'ai pas vécu comme ça. En fait, pour moi, ce n'est pas normal. À un moment, c'est aller trop loin. C'est-à-dire que je veux bien qu'on ne soit pas d'accord, mais il faut que ça se fasse quand même avec un minimum de respect. Ça reste du sport. On est censé véhiculer des valeurs positives de notre sport et notamment, moi, de l'olympisme, avec vraiment du respect, de la dignité, du courage. et là... On n'était pas du tout là-dedans. Et donc, j'ai pris quelques jours pour réfléchir. Et je me suis dit que finalement, je n'étais pas au bon endroit. Certains ont compris que j'abandonnais, que c'était presque de la lâcheté. Moi, je pense que c'est un peu comme en boxe. Parfois, il faut savoir refuser des combats. parce qu'on n'est pas forcément prêt, ce n'est pas le bon timing. Moi, j'ai senti que je n'étais pas avec la bonne équipe au bon moment et que mes combats, mes engagements et mes compétences pouvaient avoir beaucoup plus d'utilité ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette confidence d'avoir partagé cette période-là. donc si je comprends bien Tu décides de faire campagne avec une des deux équipes, on va dire, en lice. Et suite à ça, il y a une campagne de dénigrement, une campagne raciste et sexiste sur tous les groupes WhatsApp ou sur certains de ces groupes WhatsApp des professionnels de la boxe. Donc vraiment, dans tout le milieu, il y a des messages qui circulent sur toi, ce qui est loin d'être anodin. Ça veut dire que notre nom est Sally. auprès de nos pères, auprès de nos équipes, dans ton cas, de ta famille, puisque ta famille, tu nous as dit, est aussi investie dans les milieux de la boxe. Et non seulement ça, d'abord, ce que tu nous dis, c'est que l'étape d'après, c'est que l'équipe avec qui tu partais en campagne a fait un silence radio, a fait comme si ça n'existait pas, n'a pas pris ta défense, n'a pas eu de message de solidarité envers toi, de message public, c'est ça ?

  • Speaker #1

    La première étape, ça a été ça, ça a été ces messages qui venaient vraiment de l'opposition, qui ont circulé. Je ne sais pas s'ils se rendaient compte du poids des mots. Évidemment, je voyais bien que je leur faisais peur, qu'ils sentaient qu'ils perdaient un peu la main. Mais voilà, ça a circulé. Alors, certains étaient choqués, d'autres, voilà ce qui se dit, mais sans forcément réagir à part. Par contre, j'ai reçu énormément de messages de soutien de la part du monde de la boxe et du sport d'une manière générale. Et puis, cette deuxième phase, ça a été cette équipe avec qui je m'étais engagée, qui minimise tout ça, qui met tout ça sous le coup de « c'est normal, on est en campagne électorale, les coups bas sont autorisés, c'est toujours comme ça, et puis il ne faut pas que tu sois fragile. C'est normal, il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer. beaucoup de stress, ça fait plusieurs semaines qu'on bosse dessus, serre les dents, continue. On avance, on serre les dents. Et en fait, non, ce n'est pas possible pour moi. Ce n'est pas une question de fragilité. C'est juste que je veux bien m'engager. Et ce qu'il faut aussi rappeler, c'est que ce sont des fonctions qui sont très chronophages et qui sont bénévoles. Moi, je veux bien donner de mon temps, de mon énergie, m'engager, mais je veux aussi me faire respecter. et là c'est Ce n'est pas que je ne me sentais pas fragile à ce moment-là. Je me suis sentie blessée dans ma chair. Trahie aussi, parce que je me disais quand même, je ne le fais pas pour moi, je n'ai rien à gagner. En fait, moi, mes salles tournent bien. Je suis engagée à l'international sur les sujets olympiques, sports, boxe. Si je reviens m'engager pour cette fédération, c'est vraiment parce que c'est un sport qui m'a beaucoup apporté et que j'ai envie que d'autres... puissent en bénéficier aussi. Je n'avais rien à gagner. En tout cas, ce n'était pas un engagement personnel. Je n'avais pas besoin de reconnaissance. C'était vraiment parce que je sens que mon sport était fragile. Et en fait, cet épisode-là m'a fait prendre conscience que c'est un sport qui est encore plus en difficulté que je le pensais. Pour moi, on était déjà dans le dur, mais là, avec cet épisode-là, pour moi, c'est un sport. qui est très mal. C'est vraiment le reflet de notre société. En réalité, j'ai eu besoin de prendre du recul, de digérer, de comprendre. Maintenant, avec du recul, voilà, ça s'est passé. Disons que ça fait moins mal et je n'ai pas compris les réactions. Enfin, OK, il y a la peur de perdre, mais c'est surtout où j'ai compris. Peut-être les erreurs que j'ai faites dans mon engagement, il y a des choses sur lesquelles j'aurais dû être peut-être un peu plus vigilante et sentir les choses.

  • Speaker #0

    On va revenir justement aux leçons que tu as apprises. Mais si on revient justement à cette période de campagne, qu'est-ce qui t'a aidée à ce moment-là à traverser cette étape ?

  • Speaker #1

    En fait, rien, parce que je n'ai pas réussi à la traverser. Je n'ai pas réussi. J'étais franchement focus sur mon programme. à essayer de donner le meilleur, à rédiger un programme qui, pour moi, allait convaincre parce que je connais la boxe sur le bout des doigts, parce que je m'étais beaucoup engagée et je voyais bien tout ce qui nous manquait et ce que je pouvais apporter. Et si je me suis engagée, c'est parce que je me disais qu'il y a des choses, des leviers sur lesquels je pouvais... avoir de l'impact. Et en fait, quand il y a eu tout ça, je n'ai pas réussi à le passer. C'est aussi pour ça que j'ai jeté l'éponge, parce que je l'ai mal vécu. J'ai mal vécu. À partir du moment où il y a eu ces messages-là, j'ai continué à écrire le programme parce que je n'ai pas voulu abandonner l'équipe et parce que je me disais quand même, je me suis engagée, ça fait partie de mes valeurs d'aller au bout des choses. Et je leur ai dit que je partais. thème et que par contre je leur donnerais tout ce que j'ai fait et surtout à une semaine du dépôt des on était à une semaine du dépôt des listes et des programmes donc j'allais pas partir avec tout ce que j'avais fait en les laissant en difficulté mais par contre ouais non j'ai pas réussi j'ai pas réussi, sur le moment j'ai pas réussi à me dire je continue le combat, on y va on gagne, on met en place les choses et je vais gérer ça une fois que je serai en place j'avais pas envie en fait

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'on a l'impression, quand je t'entends, j'ai l'impression que traverser, ce serait forcément rester. Alors qu'en fait, traverser, pour moi, c'est une étape de vie. Et en décidant de ne plus faire campagne, de quitter cette liste, pour moi, c'est peut-être ça qui t'a permis de traverser cette étape.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, je le vivais mal. C'est-à-dire qu'à un moment donné, je me suis posé la question de vraiment ce que moi, j'avais envie de faire pour moi. Et j'ai senti quand même qu'il n'y avait plus d'envie, il n'y avait plus de plaisir, que je n'avais plus la même énergie. Toute l'ambition que j'avais pour mon sport, je sentais que je n'allais pas y arriver parce que le cœur n'y était plus. Mais tu as raison, en fait, la traversée, ça a été d'oser dire je m'arrête. Et ce qui n'est pas facile parce qu'en fait, moi j'ai été éduquée dans un sport où on n'abandonne pas, on ne jette pas l'éponge. On va... Voilà. on y va, on va jusqu'au bout, jusqu'au dernier coup de gong et on donne tout. Et là, de me dire, j'abandonne à une semaine, en fait, alors que ça faisait des semaines et des semaines que je bossais dessus, eh bien, ouais, c'est pas facile. Parce que je pense que tout couplé, ça a été dur à digérer. De me dire, j'ai lâché, j'ai échoué. Je m'en suis voulue aussi. En fait, je m'en suis voulue d'avoir été naïve, d'avoir cru que j'allais y arriver. cru que j'allais convaincre. Je pense que ça aussi, ça a été un peu compliqué. Mais ouais, disons que j'ai traversé cette période. Ce qui m'a aidée, ça a été d'accepter d'arrêter et d'accepter de l'expliquer aussi, de me dire « Ah ouais, prends une feuille » , parce qu'en fait, ce qui s'est passé, c'est ça, c'est qu'à un moment, je me suis posée, j'ai rédigé une lettre ouverte, j'étais en pleine nuit, j'avais du mal à dormir les jours qui ont précédé. cet épisode. Et en fait, j'écris cette lettre ouverte, je contacte le journaliste de l'équipe qui avait rédigé l'article pour annoncer ma candidature. Et je me dis, je vais le prévenir quand même parce qu'il a pris du temps, il s'est déplacé pour me rencontrer et expliquer pourquoi je voulais m'engager, mes projets et tout. Et donc, je trouvais quand même que c'était important de le prévenir parce que c'était quelques jours après son article. Et donc, ça a démonté un peu tout son travail. Et il a été évidemment peiné, surpris, choqué. Et puis, le lendemain matin, très tôt, il m'a proposé de republier la lettre. Et donc, j'avoue que les heures qui ont suivi l'écriture de la lettre, ça a été « je le fais, je ne le fais pas, comment je l'explique ? » Comment j'explique tout ça ? Parce que je savais que j'allais avoir finalement des... Peut-être deux regards qui allaient s'opposer. D'un côté, ceux qui voyaient ce renoncement comme le fait de les laisser gagner, de leur donner encore plus de force, encore plus de poids. Et puis ceux qui allaient me comprendre en disant « Oui, tu as raison, ce combat-là, tu n'abandonnes pas. Tu choisis tes combats et effectivement, ton énergie met là où elle sera la plus utile. » C'était ce regard-là, comment je vais l'accueillir ? À partir du moment où la lettre a été publiée, ça m'a fait un bien fou. Je me suis dit que c'était bon, la décision est prise, je me sens bien, je l'ai dit et je l'assume. En même temps, j'ai senti que ça avait fait du bien aussi à d'autres. J'ai eu la chance d'avoir… On a aujourd'hui les réseaux sociaux qui nous aident beaucoup à prendre la parole et être visibles. mais moi j'ai eu le choix de partir et en fait, je pensais à tous ceux et celles qui, eux, n'ont pas le choix et qui ne peuvent pas parler et qui subissent au quotidien. Et moi, je me disais, j'ai le choix. Et en plus, j'ai la chance d'avoir un écho. Et donc, mon message, il faut absolument que je le transmette pour tous ceux qui ne peuvent pas le faire en réalité.

  • Speaker #0

    Waouh ! Donc, finalement, toi, tu t'es dit, je me fais passer moi d'abord et je ne vais pas dans un combat où je vais perdre mon énergie, me perdre moi et en plus, on risque de perdre le combat.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en fait, j'essayais de me projeter en me disant… voilà ce qui s'est passé, est-ce que tu as envie d'avancer dans ces conditions avec ces gens-là ? » Pour peut-être juste certains, mais je me voyais dans quatre ans et je me disais « je vais sortir de cette aventure dans quatre ans complètement détruite » . Et je me disais que c'est pareil, je pense que je n'arriverai pas. Je n'arriverai pas à m'engager, à mettre l'énergie que j'imaginais au début. Parce que, voilà, le cœur blessé, quoi. Il n'y avait plus l'envie de faire. Et donc, je me disais, ça ne sert à rien de rester. Parce que, même pour moi, pour mon image, pour plein de choses, je me disais, si je reste, de toutes les façons, je ne ferai pas. Et donc, on dira dans quatre ans, tu vois, elle avait dit plein de choses et en fait, elle n'a rien fait. Je me disais, vraiment, je me tire une balle dans le pied en restant là. Et donc, il vaut mieux partir. et puis... Et puis, donner cette énergie ailleurs et notamment sur le terrain.

  • Speaker #0

    Je trouve que c'est une leçon de résilience et de stratégie absolument incroyable parce que je trouve que ça fait énormément écho avec le fait, ne l'oublions pas, que tu es l'athlète en boxe qui a fait le plus de combats hommes et femmes réunis. Et on en parlait avant d'enregistrer cet épisode. Tu m'as dit en fait ce qui fait que j'ai pu durer. que tu as pu faire plus de 250 matchs, alors que dans une carrière sportive d'athlète de haut niveau normal en boxe, c'est plutôt 100-150. Ce qui fait que tu as pu durer, c'est que tu as su choisir les combats et ne pas aller dans des combats qui allaient te blesser ou qui risquaient de réduire ta carrière sur le long terme. Et là, j'ai l'impression que c'est un peu la même chose. C'est genre, pourquoi faire un truc ? où je ne vais pas en sortir gagnante sur le long terme. Je vais garder mon énergie. Et en fait, ce n'est pas du tout renoncer. C'est accepter de renoncer sur le court terme pour gagner sur le long terme.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est vraiment prendre un peu de recul parce que c'est vrai qu'en boxe, il y a des combats comme ça où si tu montes sur le ring et que tu l'acceptes, ça peut être des combats trop durs parce que tu es dans une mauvaise période, parce que l'autre est vraiment supérieur. pour plein de raisons, peu importe les raisons, mais c'est un combat qu'on n'aurait peut-être pas dû faire parce qu'on va en sortir abîmé. Et la perte qu'on aura eue sur ce combat, on va la traîner pendant des années et probablement ne pas pouvoir retrouver le niveau d'avant ou continuer à progresser. Et moi, ça a été un peu ça, ça a été de me dire, ce combat-là, si je le fais, je ne suis pas sûre que j'en sortirai gagnante, mais surtout, ce qui est sûr, c'est que je vais en sortir abîmée. Et je ne sais pas dans quatre ans dans quel état je serai. Et peut-être que j'aurais plus envie de faire plein de choses. Je n'avais pas envie que ça me prenne tout ça. Et donc, je pense que c'était mieux de dire, là, je n'y vais pas. Je pose les gants. La place est libre, prenez-la. Mais moi, je ne me sens pas de combattre aujourd'hui. En tout cas, pas sur ce terrain-là. Je choisis un autre ring.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et tu te préserves.

  • Speaker #1

    Et je me préserve parce que vraiment... le... Mon capital santé physique et mental, c'est ce qu'il y a de plus précieux. Et je sens bien que je suis plus utile ailleurs aujourd'hui. Et ça me va très bien.

  • Speaker #0

    Génial. Et du coup, en quoi cette expérience t'a changé ?

  • Speaker #1

    Elle m'a changé. En fait, elle m'a permis de me poser les bonnes questions. C'est-à-dire que j'arrivais, je pense, à un moment un peu charnière dans ma carrière professionnelle et même personnelle. C'est la barre des 40 ans. Voilà, on se pose plein de questions. J'arrivais à la fin d'un cycle avec la fin de Paris 2024, où ça faisait quasiment dix ans que j'étais engagée sur le projet olympique, et puis l'envie de faire plein d'autres choses à côté. Cet épisode-là, ça m'a permis de mettre tout à plat et de me dire « Ok, maintenant, qu'est-ce que j'ai envie de faire vraiment pour moi ? Qu'est-ce qui m'anime vraiment ? » Essayer de trouver des projets professionnels qui, à la fois, m'apportent beaucoup de plaisir, mais qui soient aussi viables. Et en fait, c'est surtout ça, c'est que j'ai pu me poser et réfléchir et arrêter d'être tout le temps dans l'action, parce que c'est un peu ça mon quotidien depuis des années, c'est de faire plein plein de choses, j'ai l'impression d'avoir beaucoup d'énergie. d'être assez endurante et donc de m'engager dans plein de trucs parce que j'aime bien apprendre, j'aime bien découvrir, j'aime bien faire et là ça m'a permis vraiment de prendre du recul, de prendre conscience aussi que l'engagement dans le monde sportif c'est un engagement qui est quand même teinté de politique et que c'est pas des combats qu'on mène à la légère, il faut se préparer, comme quand on monte sur un ring et une élection Merci. ça se prépare vraiment longtemps avant et que mon énergie, mon envie, mes idées ne suffisent pas. En fait, il faut vraiment s'entourer d'une vraie équipe, être hyper stratégique, faire vraiment beaucoup de lobbying. Je ne pense pas que je me représenterais, en tout cas, ce n'est pas l'envie que j'ai aujourd'hui, mais je sais que si je devais le faire, ou en tout cas, si je devais accompagner quelqu'un qui souhaite s'engager, je lui dirais d'y aller quasiment trois ans avant. de commencer à préparer le terrain trois ans avant, de commencer à construire son équipe, tester les gens, prendre le pouls un peu du terrain. Voilà quoi, de me dire les idées, c'est une chose, c'est pas grave, c'est pas le plus important. Et en fait, c'est surtout que moi vraiment, je pense que j'ai mis 99% de mon énergie et de mon temps dans le programme et les idées, dans l'exécution du truc, alors que j'aurais dû travailler beaucoup plus sur l'équipe. J'aurais dû presque ne pas écrire ce programme et réserver l'écriture à la dernière semaine sans forcément avoir un document super clean, beau et tout, mais travailler beaucoup plus sur cette équipe et les convaincre à essayer de les embarquer un peu plus. Parce que l'erreur que j'ai faite, ça a été de me dire je vais avoir un super programme, j'ai des partenaires qui me suivent, j'ai tout. Et donc ça va être suffisant pour les convaincre de mettre la même énergie que moi. Pas du tout en fait, c'est pas ça. Et donc, travailler beaucoup plus sur l'humain, sur l'équipe. Et puis après, le programme, ça viendra à la fin. Et de toutes les façons, le programme, en réalité, il bougera pendant les quatre ans de mandat. Il y a ce qu'on propose au début. Et puis après, on le sait, la réalité de terrain, elle est relativement différente. Mais oui, travailler beaucoup plus sur l'équipe, l'humain. L'humain, vraiment embarquer un peu plus avant d'exécuter, d'écrire.

  • Speaker #0

    C'est fou parce que là, tu parles, toi, dans un contexte un peu plus... politique, d'engagement sportif, athlétique, tout ça. Et en fait, ce que je vois avec les femmes cadres dirigeantes en entreprise, c'est que c'est exactement la même chose. Il y a beaucoup de femmes qui vont se focaliser sur leurs performances, les résultats annuels, et en fait, qui pêchent en pensant que ça va suffire à ce qu'elles obtiennent une promotion, ça va suffire pour embarquer les équipes, et qui négligent justement le faire savoir. Les alliances, le fait de trouver des sponsors, le fait de s'entourer avec des personnes de confiance qu'on aura testées par le passé, c'est triste, mais à la fois, c'est intéressant de voir à quel point ce sont les mêmes leviers que toi, tu as rencontrés, que ceux que rencontrent les femmes dans un cadre un peu plus corporel, on va dire.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est vrai que c'est exactement la même chose. On néglige tout le bonnet humain, toute l'alliance. le lobbying, tout ça. On va se concentrer sur le produit, le service, faire bien. Je pense que c'est une erreur. En tout cas, c'est ce que j'ai appris de cette expérience. Et comme tu dis, je pense que cette leçon-là, il faut la transposer partout. Il y a le volet électoral, politique, sportif. Mais je pense que vraiment, c'est dans le monde professionnel, dans le monde de l'entreprise. C'est des leçons qu'il faut garder en tête.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a décidé à en parler publiquement et plus largement ?

  • Speaker #1

    Plusieurs choses. La première, comme je te disais, c'est le fait que moi, j'ai la chance d'avoir un écho et je trouvais que je devais l'utiliser. Je devais utiliser ce pouvoir-là, le pouvoir de la parole, le pouvoir de la visibilité. J'avais l'écho médiatique. Donc, je me disais que j'avais cette chance que d'autres n'ont pas. et que c'était important d'en parler. Ça, c'était vraiment, je pense, la principale motivation. La seconde, ça a été de me dire, je ne peux pas partir sans rien dire.

  • Speaker #0

    Et oui, je jette l'éponge. Donc, eux vont probablement penser qu'ils vont gagner. Ils ont gagné, qu'ils ont raison. Mais de le dire, ça me montre... J'avais envie aussi de leur dire, non, vous n'avez pas gagné, en fait. Ne pensez pas que vous avez gagné. Je n'ai pas envie que ça perdure. Et donc, le fait de dénoncer, c'était important pour moi parce que je ne pouvais pas taire tout ça. Ça ne pouvait pas passer sous silence. Et donc, c'est important. de le rendre visible, j'ai porté plainte. Je ne voulais pas m'arrêter là. Ce n'est pas parce que j'ai renoncé que le combat continue. Je ne suis pas dans l'équipe aujourd'hui de la Fédération, mais par contre, à côté, j'ai mon combat judiciaire et je ne lâcherai pas. Et parce que c'était aussi pour moi, le fait d'en parler, c'était aussi une manière de partir plus sereinement, de me dire je ne fuis pas, j'explique pourquoi je pars, que chacun prenne ses responsabilités aussi. Je ne pars pas parce que je ne me sens pas à ma place ou je me sens faible. Je pars aussi pour d'autres raisons. Et donc, le fait de le dire, c'était aussi de montrer à chacun que, voilà, remettez-vous en question, en fait. Ce n'est pas le fait que je sois faible, que je pars, ou la peur de tout ce combat électoral. C'est parce que, voilà, ce n'est pas normal ce qui se passe. Et donc, moi, je ne veux pas… Je ne veux pas rester là, voir ça. Je veux le dénoncer ailleurs et je vais combattre autrement parce que c'est un système qui reste quand même... C'est verrouillé de l'intérieur. Moi, j'ai toujours pensé qu'il fallait que je prenne ma place autour de la table pour pouvoir faire changer des choses. Oui, il faut la prendre, mais il faut la prendre stratégiquement en faisant des alliances, etc. Et donc, c'est juste... Ce n'est pas le moment. Il faut juste que je revienne et je reviendrai avec une armée et ça ira mieux.

  • Speaker #1

    J'adore. Et donc, il y a vraiment cette idée déjà de réapproprier le récit de ce qui s'est passé et puis de rendre leur responsabilité à chacun et de dénoncer, d'utiliser ta visibilité pour dénoncer et pour porter un message encore plus large, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et alors, on veut tous et toutes savoir qui a gagné les élections ?

  • Speaker #0

    C'est la personne qui a été co-présidente avec moi. Donc voilà, le combat est gagné malgré tout.

  • Speaker #1

    Cool, cool, cool. Donc on garde la boxe au JO.

  • Speaker #0

    Et donc, effectivement, disons que ma petite victoire, ça a été pendant la période de campagne, j'ai poussé l'équipe à s'affilier à une nouvelle fédération qui, elle, est reconnue par le CIO. Donc en gros... Le monde de la boxe à l'international est divisé en deux. Il y a l'ancienne fédération, qui est une fédération gérée par un Russe. Donc, en gros, c'est Poutine, c'est financé par Gazprom. C'était donc l'opposition, ceux qui m'ont attaqué. Et puis, de l'autre, il y avait la candidature que moi, je poussais, qui est celle d'une fédération nouvelle qui s'appelle la World Boxing, qui porte vraiment des valeurs saines. Il y a envie, justement, d'assainir la boxe. Et donc, pendant la campagne électorale, j'ai poussé pour qu'on puisse s'affilier à cette nouvelle fédération, en sachant qu'en face, la fédération gérée par le russe achetait quasiment tous les pays, faisait en sorte que la plupart des pays ne s'affilient pas à cette nouvelle fédération et restent sur l'ancienne, parce qu'en fait, le CIO avait posé un ultimatum en disant, voilà, au mois de mars, si… plus de 70 pays sont sur la nouvelle fédération, vous retrouverez le statut olympique. Et donc le Gazprom et le Russe finançaient l'Asie, l'Afrique, pour que finalement les fédérations nationales restent sur l'ancienne. Et donc nous, on a quand même basculé. Aujourd'hui, on a retrouvé le statut olympique. Donc finalement, j'ai gagné mes combats.

  • Speaker #1

    Exactement. Bravo, bravo Sarah. je suis contente de ça on avance dans la bonne direction exactement c'est déjà la fin de l'épisode ça a été un plaisir de t'accueillir, de t'écouter et d'apprendre en fait de ce qui t'est arrivé, de voir ce qui est transposable et ce que parfois renoncer c'est la meilleure façon d'avancer c'est vrai c'était déjà la fin de cet épisode continuez à pulvériser tous les plafonds de verre et on se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance et voilà c'est déjà la fin de notre rendez-vous j'espère que vous repartez plus armés,

  • Speaker #2

    inspirés et prêts à affronter vos défis avec audace et intelligence je suis Kaotard Trojette et vous avez écouté Toute Puissante continuez de pulvériser tous les plafonds de verre à très bientôt pour un nouvel épisode plein de puissance

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