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123. DANS LA PEAU D'UN TEAM MANAGER ÉLITE : Thierry Breuil team trail running KIPRUN cover
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Trail Story

123. DANS LA PEAU D'UN TEAM MANAGER ÉLITE : Thierry Breuil team trail running KIPRUN

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41min |30/09/2024
Play
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123. DANS LA PEAU D'UN TEAM MANAGER ÉLITE : Thierry Breuil team trail running KIPRUN

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Description

Thierry Breuil, team manager de la Team Élite Kiprun, nous partage les coulisses de cette équipe exceptionnelle, composée de certains des meilleurs athlètes de trail au monde.

L'équipe inclut des athlètes comme : Clémentine Geoffray, championne du monde 2023 et d'Europe 2024 de trail, qui est une figure montante et très prometteuse. Blandine L’Hirondel, qui a brillé en terminant 3 ème à l'UTMB en 2023 et 5ème en 2024. Elle est une des valeurs sûres du trail mondial. Ex championne d'Europe et du monde de trail. Thomas Cardin, champion d'Europe 2024, reconnu pour ses performances impressionnantes et sa constance au plus haut niveau. Aurélien Sanchez, qui a marqué l'histoire du trail français en devenant le premier Français à finir la mythique et redoutable Barkley une course mythique américaine connue pour sa rudesse, son endurance et sa difficulté.

Thierry Breuil nous raconte comment il gère et accompagne cette équipe d'athlètes d'élite. Il partage également son expérience en tant qu'ancien coureur, ce qui lui permet de mieux comprendre les besoins de ses athlètes, tant physiquement que mentalement. Il parle de l'importance de l'entraide, de la gestion de la pression en compétition.

Il évoque aussi la dynamique d'équipe et l'équilibre à trouver entre les membres de sa team. Thierry met en avant la cohésion qui existe au sein de la Team Kiprun et cet esprit de famille bienveillant et exigeant.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, ici Gaëtan Pitaval, passionné de trail. Je vais vous partager des histoires de trail à travers ce podcast. Des histoires d'hommes, de femmes, des aventures, des émotions, mais aussi des histoires de courses mythiques. Bienvenue à tous.

  • Speaker #1

    Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Trap Story. Aujourd'hui, je suis ravi d'accueillir Thierry Breuil, que vous connaissez sans doute parce que c'est quelqu'un qui compte dans le milieu du trail. Et aujourd'hui, on va parler de son métier de Team Manager de la Team Kipron. Salut Thierry, ça va bien ?

  • Speaker #1

    Salut Gaëtan !

  • Speaker #0

    Alors Thierry, est-ce que tu peux te présenter pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, nous parler un peu de ton parcours d'athlète et de comment tu es arrivé à ce métier de Team Manager de la Team Kipron ?

  • Speaker #1

    Bon déjà, il te faut une demi-heure là, tu connais la réponse, ça va prendre 30 minutes. Alors j'ai commencé à courir à l'âge de 10 ans et je me suis passionné pour la course à pied pour avoir eu des résultats dès les jeunes catégories. Donc voilà, je ne vais pas refaire le palmarès, j'ai gagné les Templiers en 2009 globalement, j'ai une douzaine de sélections en équipe de France sur steep, ploucher les jeunes, cross, en espoir, course de montagne, en senior et de trail. J'ai participé à trois championnats du monde et j'ai gagné. Beaucoup de trails en France, des trails plutôt roulants où il fallait courir vite et où j'ai pu m'éclater parce que j'avais des records sur 10 km et semi-marathon qui étaient bons. Donc, c'est dans des trails plutôt roulants que je me suis éclaté. J'ai rejoint Decathlon et la marque Calenji en 2012 en tant qu'athlète, mais aussi à ma volonté qui avait été acceptée par le leader de l'époque comme chef de produit. J'ai eu la chance d'être bien entouré par Jean-Luc Burnichon. Il faut le... il faut le citer, qui m'a pris le métier de chef de produit, qui m'a permis que cette expérience de course à pied a pu me servir, surtout en 2012. Il y avait beaucoup de choses à faire encore dans le textile trail, les sacs de trail, les bâtons de trail, les frontales de trail, beaucoup de produits. Donc, j'ai beaucoup travaillé sur le textile au début, puis dans les chaussures à la fin. Et puis, dans cette grande entreprise qui est Décathlon et qui bouge très vite et qui est tout le temps en train de revoir les copies, on est passé de… Kalenji à Evadik pour la partie trail puis on est passé dans un projet qui s'appelle Keeprun depuis deux ans maintenant donc nous sommes tous regroupés sous le pavillon Keeprun et dans cette grande marque de running qui a beaucoup d'ambition j'ai changé de métier il y a un nouveau métier qui s'est ouvert à moi celui de team manager pour les athlètes et quand j'ai vu qu'il y avait cette possibilité de faire ça dans l'entreprise j'ai postulé parce que véritablement je pense que c'est la suite de 20-30 ans de course à pied où j'ai tellement appris de choses tellement des connaissances, que ce soit dans les athlètes, les managers, sur les events. Donc voilà, c'était naturel pour moi. Et puis, je l'avais déjà fait un petit peu dans mon passé, d'aider des athlètes à trouver des contrats. Donc voilà, je suis aujourd'hui le team manager du trail pour Keep Run.

  • Speaker #0

    Oui, OK, c'est ça. Donc, on peut préciser pour les auditeurs, il y a des team managers pour la course sur route, mais toi, tu t'occupes spécifiquement du trail. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous dire… C'est quoi globalement le métier de team manager ? Qu'est-ce qu'il fait un team manager ? Une team, on va dire, athlète où il y a quasiment des professionnels, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On a tout à vrai dire puisque le trail est professionnel pour certains, mais n'est pas professionnel pour tout le monde, y compris dans des athlètes de haut niveau, par choix ou parce que ce n'est pas possible avec pour le moment les montants financiers qui sont engagés. Donc mon rôle aujourd'hui chez Keep Run, il est d'abord de recruter des athlètes, faire du scooting. Donc de les avoir identifiés, puis de les approcher, leur expliquer quel est notre projet, où est-ce qu'on veut aller, leur parler de nos valeurs. Et puis dans un second temps, tout de suite derrière, j'aurais envie de dire, dans la même discussion, c'est aussi de savoir quelles sont leurs valeurs à eux, quelles sont leurs ambitions à quelques années devant nous, on va dire à 3-5 ans, qu'est-ce qu'ils visent. où est-ce qu'ils ont envie de courir de là on va voir s'il y a une possibilité de faire un contrat de partenariat entre la marque et l'athlète après en fonction des niveaux des athlètes de leurs ambitions et tout ça il va y avoir une négociation qui va rentrer qui va être financière ou non, selon le niveau de l'athlète, mais aussi ses ambitions. Après, il y a toute une partie contractuelle. Là, je suis aidé par un de mes collègues dans le sport marketing chez Kiprun, qui est spécifiquement dédié à ça, pour avoir fait des études de droit et pouvoir voir avec le service juridique de Décathlon, faire des contrats qui tiennent la route. Ça, c'est la partie qui prend le moins de temps, qui se travaille plutôt dans l'ombre sur du long terme. Mais après, une fois que ces athlètes sont là, pour la partie trail, on gère ces athlètes-là un peu comme une grande famille. C'est-à-dire qu'on a des stages à l'année, au minimum trois, j'ai envie de dire, entre trois et plus. On a des courses sur lesquelles on se retrouve. Deux systématiques que sont l'UTMB et les Templiers, parce que ça a une énorme résonance en France, voire à l'étranger. Et puis aussi, on est présent en ce moment sur les championnats de France où on les accompagne. Donc voilà, il y a la gestion de la dotation, leur envoyer les nouveaux produits, mettre les athlètes en lien avec les chefs de produits, puisqu'on souhaite que nos athlètes nous aident à co-concevoir les produits, les améliorer, donner des idées, pallier des manques s'il y en a. Donc voilà, ils travaillent avec nous. Et donc moi, je suis la personne centrale qui va mettre en lien les athlètes et les chefs de produits. Bon, et puis après, le marketing, l'image, enfin… Beaucoup de choses qui sont liées à tout ce que peut renvoyer un athlète quand il est en contrat avec une marque.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu étais quand même un peu initialement à la base de l'Evadict Team Movement, l'équipe qui avait été créée spécifiquement pour les femmes au temps du trail et de la marque Evadict. Et là, du coup, avec ce mouvement vers qui prendre la nouvelle marque de running de Décathlon, tu gères aussi des athlètes hommes, tu n'as plus que des femmes, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tu as parlé sur un aspect que je n'avais pas… parler tout à l'heure. On a eu une époque où on avait travaillé pour une marque de trail. Elle s'appelait Evadic et à ce moment-là, j'avais eu l'idée de créer une équipe 100% féminine qui a très bien fonctionné et qui s'est lancée ainsi. Ensuite, nous nous sommes retrouvés dans ce projet de la marque Keep Run. Là, on a forcément aligné ce que l'on avait fait par le passé avec la trajectoire pour avoir une marque mondiale de running. On a gardé toutes les filles, on est resté avec nos spécificités. Du reste, on la garde comme une tête de proue pour le trail. Notre singularité de la Keep Run Women Team existe toujours avec toutes ces filles-là, voire même un petit peu de recrues depuis. On a toujours plus de filles que d'hommes dans nos athlètes. Mais aujourd'hui, effectivement, on a des femmes depuis trois ans aujourd'hui, des hommes au nombre de sept qui ont été recrutés au début de l'année 2024. Justement, avoir aussi des hommes dans des courses. et pouvoir briller autant sur des courses féminines que des courses masculines. Et le futur, demain, va être aussi de s'internationaliser et donc d'aller chercher des femmes et des hommes dans plusieurs pays d'Europe ou du monde.

  • Speaker #0

    Donc, entre guillemets, ton recrutement n'a pas de frontières et tu seras plus spécifiquement avec des athlètes français. Tu pourras potentiellement recruter aussi des athlètes internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, et puis disons que c'est très bien accueilli chez nos athlètes. Finalement, on passe. On monte un escalier, pas à pas, marche après marche. On avait qu'une équipe de filles. C'était une belle singularité et ça avait vraiment plu aux filles qu'on avait recrutées d'avoir cette singularité. Quand on a eu des hommes, on s'était dit comment ça va se passer. Les filles ont dit c'est plutôt mieux parce que notre projet existe toujours. On est toujours mis en avant. Rien n'a changé pour nous, sauf qu'on a en plus la gloire de pouvoir aller nous entraîner ou être sur des courses et encourager des femmes et des hommes. Sur le dernier rassemblement… fin juin, on a eu une athlète du road running qui pratique aussi le trail et la course de montagne, qui s'appelle Alice Boudal, qui est donc anglaise et qui nous a rejoints. Alors oui, elle était toute seule, c'était la première fois, mais malgré tout, on commençait à mettre notre pied sur une nouvelle marche et à devoir nous retrouver en stage, parler nous anglais, mais elle, elle faisait aussi des efforts à essayer de nous répondre, de nous parler en français. Donc, voilà, on s'ouvre à tout progressivement. Ce qui est très, très important, et ce que j'ai déjà dit dans d'autres interviews, c'est surtout de garder un état d'esprit. c'est de faire en sorte que si on grandit et on grandit, mais que tous ces athlètes qui viennent les uns après les autres rentrent bien dans un moule où avant tout, même si la performance est prédominante on s'entend bien et on a envie de se retrouver donc les valeurs des athlètes qui nous rejoignent, on fait très attention pour que l'ambiance reste toujours la première clé de motivation Toi tu veux que ça reste une famille c'est ça un peu ? Alors oui, il se trouve que c'est aussi quelque chose que l'on s'est dit chez Clip Run, d'être très très proche de nos athlètes Et donc, ce n'est pas quelque chose sur lequel je me suis dit, tiens, il va falloir faire un effort. Au contraire, je le voyais aussi ainsi. Et donc, effectivement, on l'avait bien cultivé dès le début. Et donc, ce n'est pas excessivement compliqué que de continuer dans la même voie. Et oui, il y a des hommes et il y aura demain des athlètes étrangers. il faudra qu'on continue à faire passer ce beau message parce que ce que l'on voit de l'extérieur, aujourd'hui, il se trouve que le dernier message que j'ai reçu d'un athlète qui voudrait rentrer dans la team, je l'ai reçu ce matin, je ne vais pas donner son nom, mais forcément, les athlètes qui contactent sont plutôt à dire des belles choses pour vouloir nous rejoindre, mais en tout cas, beaucoup pointent l'état d'esprit qu'ils ont vu, qu'ils ont entendu avec ce que l'on a déjà fait depuis trois ans. Alors,

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux rapidement nous dire de qui est composée la team Kipron ? Donc, les 7 athlètes hommes et tes 10 femmes ou 12 femmes, je ne sais plus combien tu en as. Si tu peux juste nous dire leur nom et prénom et leur plus beau palmarès.

  • Speaker #1

    Alors, chez les filles, on a Blandine Lirondel, double championne du monde, championne d'Europe de trail. Je ne vais pas en rajouter, sinon je vais très loin. Clémentine Geoffray, championne du monde, elle aussi, de trail en 2023 sur Trail Court. Adeline Roche. championne du monde avant de nous avoir rejoint mais championne du monde aussi je crois que c'était 2017 l'année où elle était championne du monde marie doin qui vient de gagner la tds il ya quelques jours céline finas qui elle était troisième sur la tds et quelques jours une spécialiste des courses ultra difficiles sa soeur céline finas qui a gagné le grp il ya deux ou trois ans jade Rodríguez qui a gagné la Golden Trail Series France du Kemgu par exemple au mois d'août et qui était en équipe de France de course de montagne cette année. Laurie Fay qui a gagné le Trail d'Ancourt en début d'année. Camille Thirémounier qui vient juste de gagner le marathon du Médoc. Il m'en manque Sarah Veuille, Sarah qui a beaucoup été blessée cette année mais qui a un palmarès long comme le bras et plein de victoires. Alors, je dirais quoi pour Sarah ? Quatrième à la Diagonale des Fous il y a un an. Elle a gagné le trail du Tour des Fils, enfin, beaucoup de choses. Margot Dajou, la petite dernière. Petite parce que c'est la seule qui est… Elle était encore junior cette année. Championne d'Europe de course de montagne au mois de juin dernier. Je suis sûr qu'il doit m'en manquer parce que je n'ai pas une nuit sous les yeux. Je n'ai pas préparé. Bon, alors, on va sécher les hommes en espérant avoir oublié personne. Sinon, il faudra que tu fasses un rectificatif. Les hommes, on a… Thomas Cardin, notre leader, champion d'Europe de course de trail au mois de juin, toujours à Annecy. Loïc Roland, qui était un athlète recruté en début d'année, qui était peu connu et qui explose littéralement. Quatrième au Choupat France, troisième au championnat d'Europe et qui vient de faire deuxième du Witz Bruel by UTMB 50K dimanche dernier, derrière le champion du monde de trail court, Jonathan Ladbonne. Loïc Robert, un spécialiste des courses de sky running, vice-champion de France de trail court l'année dernière. Gwendal Moisan, il se présente comme l'inconnu du trail, mais il a quand même une belle lignée à son palmarès. Il a gagné le 100 miles by UTMB de Nice l'année dernière. Il a fait deux très belles courses cette année et il sera présent sur l'Endurance Trail prochainement. Une petite blessure cet été qui l'a empêché de faire l'UTMB. Pierre-Arnaud Bourguenol qui a gagné un trail de 110 km sur le Ventoux cette année. Fleury Roux, un caméra runner dans la vie qui vient de remporter une course de Maboule. Au Népal, en 45 jours, il a parcouru 1 900 km et 50 000 m de dénivelé.

  • Speaker #0

    Ce que j'avais reçu dans Trail Story, donc si vous voulez le suivre dans cet épisode, c'est l'Himalayan Race.

  • Speaker #1

    Voilà, donc un baroudeur de dingue, et pour autant qui court extrêmement vite puisqu'il filme les meilleurs coureurs. Et par exemple, Kylian Jornet, dans certaines courses, ça l'oblige à déployer toute sa vitesse. Et je pense que j'ai cité les six premiers. Le dernier, c'est Aurélien Sanchez. très, très connu, mondialement connu, le premier Français, le seul Français à avoir remporté la Barclay en 2023.

  • Speaker #0

    La fameuse Barclay.

  • Speaker #1

    La fameuse Barclay qui vient de finir troisième du Swiss Peak 660. 660, c'était le nom, c'était la distance, sauf qu'en vrai, il y avait 710 kilomètres. Donc voilà, on va rencontrer Aurélien sur un stage où on sera la semaine prochaine pour la première fois tous dans 10 jours. Et on a hâte. d'entendre son accent toulousain et qu'il nous raconte autant la Barclay que son expérience sur la Swiss Peak.

  • Speaker #0

    Incroyable. Là, c'est de la très, très longue distance et des expériences de barjots, notamment la Barclay qui est une course qui est complètement dingue. C'est vrai que c'est impressionnant d'avoir ce type d'athlète dans ta team.

  • Speaker #1

    Je pense que ce qui est important, c'est que quelqu'un qui l'a vraiment vécu nous le dise. Et donc, moi, j'ai hâte que quelqu'un qui a été présent sur place réponde à nos questions et nous raconte la vraie histoire intérieure de cette course qui est mythique et incroyable.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un peu dans ton métier. Tu as vraiment ce côté un peu recruter des futurs athlètes en devenir et observer les jeunes pousses un peu comme un sélectionneur de foot. Toi, comment tu détectes ? Je sais que tu travailles avec Philippe Propage aussi. Comment vous détectez un peu les futurs champions de demain ?

  • Speaker #1

    Globalement... Ça veut dire que tu me connais aussi et certains le savent, je baigne dans la course à pied depuis 42 ans. Je l'ai parlé tout à l'heure comme la raison pour laquelle je faisais ce métier-là avec passion et assez facilement, c'est que quand tu es toujours dans le milieu et que tu as l'habitude que tu cultives les connaissances en regardant toutes les courses, les résultats des courses, en regardant tous les médias qui vont interviewer des acteurs, c'est regarder aussi beaucoup maintenant les courses de jeunes et voir qui va percer. On a des instruments qui nous aident aussi à mesurer le niveau des athlètes, c'est l'ITRA ou l'index UTMB, qui permettent tout de suite de retrouver quel type de course a pu faire tel coureur, est-ce que c'est quelqu'un qui court beaucoup, qui ne court pas beaucoup, est-ce qu'il a l'habitude de bâcher, est-ce que c'est quelqu'un qui est tout le temps à l'arrivée, parce que ça aussi ce sont des valeurs que je trouve qui sont très importantes. de franchir quand même assez souvent la ligne d'arrivée et pas juste de faire une étincelle de temps en temps. Donc voilà, c'est de la veille au quotidien et après c'est une prise de contact et du feeling parce que parfois, dans un sens et sûrement dans l'autre, ça passe pas forcément, soit parce que le projet n'est pas celui qui pourrait bien venir se mettre dans ce que nous on souhaite accompagner ou que la créte peut-être ne se retrouve pas dans... dans les valeurs qu'Eaprun peut avoir. Je veux dire, ça peut être des deux côtés, d'avoir un refus, je ne veux pas juste dire ce que nous, on pourrait refuser, mais voilà, c'est... D'ailleurs, je ne vais pas mentir, j'ai eu des refus quand j'ai recruté 10 filles il y a 3 ans, j'en avais contacté plus que 10, et 2-3, soit parce qu'elles étaient engagées ailleurs, ou soit parce que le projet ne leur avait peut-être pas parlé, ne sont pas venues. Donc, voilà, aborder un athlète, ça ne veut pas forcément dire qu'il va venir, c'est une discussion, et c'est un dialogue qui se nourrit. Mais je dirais qu'aujourd'hui, avant, je devais vraiment beaucoup recruter. Aujourd'hui, je dois surtout regarder les mails que je reçois aussi. C'est beaucoup plus simple aujourd'hui. Grâce aux performances de toutes les personnes qu'on a citées, on a ramené six médailles des championnats d'Europe. On a trois titres. Les performances exceptionnelles de Blandine sur l'UTMB l'année dernière, cette année, Clémentine, les titres de championne du monde. Bref, aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui viennent vers nous parce que nos athlètes font parler de la marque.

  • Speaker #0

    Alors, on en a parlé un peu il y a quelques instants. Tu es en binôme avec Philippe Propage, qui est l'entraîneur de pas mal d'athlètes de cette team. Comment tu as évolué avec lui ? Parce que tu étais avec lui depuis Calenji, globalement. Comment a évolué ta relation avec lui au cours de ces années ?

  • Speaker #1

    La réalité, c'est qu'avec Philippe, je suis avec Philippe depuis le premier jour où il m'a appelé en 2009. Oui, je pense que c'est ça, 2009. En me disant, Thierry, je cherche... des personnes pour l'équipe de France de trail et j'aimerais te proposer d'être pour les prochains championnats du monde. Donc, ça date bien avant, ce qui veut dire que j'étais chez Adidas à l'époque. Philippe nous a rejoints ensuite dans le team Adidas. Quand je suis parti chez Calenji, Philippe a souhaité me rejoindre. Puis, il est parti avec certaines obligations de l'équipe de France. Il avait quitté Calenji. Et puis, sur le projet Evadict et de la Women's Team, il a accepté de venir avec nous. nous ce qui était un prérequis à l'époque quand on a créé cette team là donc bah philippe j'aurais un peu de mal à répondre à ta question philippe on se connaît depuis donc ça fait quoi 2024 et 15 ans je dirais que même les années où on a été moins en relation on s'est toujours rappelé il ya une vraie complicité il a été mon entraîneur aujourd'hui je n'embête plus à me faire des plans parce que je pense qu'il en fait suffisamment de monde donc c'est juste pour ça que je lui demande plus il a aussi été mon entraîneur sur la fin de ma carrière donc bah je dirais que nous deux c'est fluide quoi On pense de la même manière, on a les mêmes valeurs. C'est aussi une des raisons pour lesquelles Philippe tient à être chez Decathlon, quelle que soit la marque. Finalement, il en aura fait trois, Calenji, Evadict et Equipoint aujourd'hui. Mais voilà, dans tout ce que l'on peut faire, c'est des discussions, elles sont conjointes. La prise de décision est souvent partagée, y compris dans le recrutement. Philippe a toujours eu son œil à dire, à voir. Aujourd'hui, il n'entraîne pas véritablement forcément. les athlètes. Un athlète peut être recruté et dire moi, je garde mon coach ça ne pose aucun problème. Après, il n'empêche que quand on se retrouve sur une courbe, dans un stage ou autre, on ne va pas dire que parce qu'il n'est pas entraîné par Philippe Propage, on ne fait pas le ravitaillement de tel athlète, bien au contraire. On est au service des athlètes. Par contre, effectivement, quand un athlète nous rejoint, s'il a le souhait d'être entraîné par Philippe, ça fait partie des prestations que Philippe fera pour qu'il prenne par rapport au contrat qu'il a avec nous. Et donc, il accompagne les athlètes qui le veulent. qui nous rejoignent et qui vont à la recherche d'un coach.

  • Speaker #0

    Alors, on n'en a peut-être pas parlé encore, mais il y a aussi un staff technique avec des kinés qui accompagnent les athlètes. Comment ça se passe avec eux ? Ils vous rejoignent sur tous les stages et toutes les courses ? Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors là, c'est pareil. Chaque athlète vit en France dans sa propre ville, a chez lui son médecin et sûrement son kiné à l'année. Dès lors que nous avons un regroupement qui prene, que ce soit donc sur un stage ou sur une course, tout le staff autour de la team se déplace. Nous avons aujourd'hui trois kinés, Cindy Dechambre, Benjamin Dubois, qui est le dernier rentrant, Marilyn Berthet, qui d'ailleurs… Deux des trois sont issus du staff de l'équipe de France. Et donc, viennent à tour de rôle. On a au moins deux kinés, puisqu'aujourd'hui, ça nous fait entre 15 et 18 athlètes présents sur nos regroupements. Cindy s'occupe aussi de la partie épargne physique. Et pour l'année prochaine, parce que l'idée, c'est quand même de grandir et de proposer un accompagnement toujours plus complet. Nous sommes en train de voir avec un des partenaires des athlètes qui prennent trail, qui est Décathlon Nutrition. donc nos athlètes sont déjà accompagnés pour ceux qui le souhaitent des produits de décathlon nutrition, ils ont une dotation à l'année et des produits qui les attendent à chaque fois que nous arrivons sur un stage, mais je pense que l'année prochaine c'est en discussion pour que nous ayons aussi une nutritionniste présente sur les stages et peut-être sur les courses pour aider et faire les plans de courses, mais aussi sûrement présente à l'année pour aider les athlètes sur leurs besoins, que ce soit justement pour préparer des courses. et bien s'alimenter ou pour avoir des actions à bien manger toute l'année pour être performant à l'entraînement et en compétition. Donc voilà, on cherche toujours, comme je le disais tout à l'heure, là-dessus aussi, c'est franchir une marche après l'autre, pas aller trop trop vite, mais faire des choses dans la sérénité, grandir et proposer un accompagnement toujours meilleur à nos athlètes.

  • Speaker #0

    Et alors, on en a beaucoup parlé cet été avec les JO, on parle de plus en plus de préparation mentale avec l'INSEP, notamment qui a mis ça en place pour pas mal d'athlètes. Est-ce que c'est des choses que tu envisages avec Philippe ? Je sais que Philippe, il en fait sans le savoir, mais est-ce que c'est des choses que tu envisages à terme ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que l'on a évoqué avec les athlètes. Certains nous ont dit que c'était éventuellement quelque chose qui pouvait les intéresser. Donc, je pense que ce sera un autre step. C'est effectivement quelque chose sur lequel on va se mettre en réflexion. On va d'abord, comme je le disais, je ne suis pas super pressé à l'idée de bâcler les choses, d'aller trop vite. Mais justement, que le noyau-là ne soit pas... super bien construit. On va commencer par de la nutrition. Je pense que oui, sûrement, très sûrement, le step d'après sera sûrement de se faire accompagner par une personne. Si c'est bien leur désir, parce que justement, pour la nutrition, avant, c'est une question qu'on va leur poser d'abord. On va vérifier si le besoin existe. S'il n'existe pas, ça ne sert à rien d'aller dans quelque chose s'ils ne sont pas ouverts à ça. Si au contraire, nos athlètes estiment que c'est un plus pour eux pour aller vers plus de performance, à ce moment-là, nous, ça... qui prennent, on fera en sorte de mieux les accompagner.

  • Speaker #0

    Cette année 2024, elle a été super chargée, tu en as parlé, il y a eu les championnats de France, les championnats d'Europe, il y a eu l'UTMB, il y a les Templiers qui arrivent. Toi, en fait, tu n'es jamais chez toi,

  • Speaker #1

    non ? Ce serait exagéré parce que malgré tout, sur toutes les dates que tu viens de donner, et tu as raison, je n'étais pas chez moi, tu peux rajouter tous les stages de préparation aux compétitions. Peut-être que ma femme te dirait que je ne suis jamais chez moi. Moi, je dirais que… Et puis surtout, quand tu rentres de trois semaines de vacances et que tu reprends ta semaine pour aller une semaine à l'UTMB, c'est compliqué de dire que tu as le sentiment d'aller au goulag et que tu as un boulet au pied. Donc, est-ce que cette semaine-là, tu as vraiment le sentiment que tu reprends le boulot ? Alors, dans les faits, oui, puisque toute la semaine, avec Philippe, on n'a quand même pas dormi les heures qu'on voulait à faire les assistantes sur la TDS et sur d'autres courses. Donc, c'est vrai que c'était la course de tous les côtés. Oui, mais… c'est notre métier aujourd'hui d'être dans l'accompagnement des athlètes et finalement les jours dehors ça représente pas tant de jours que ça faut pas exagérer et puis de toute façon c'est un plaisir.

  • Speaker #0

    Alors on en a parlé un peu de l'évolution de la team vers une internationalisation il y a aussi je pense à un moment une taille critique est ce que tu t'es fixé une limite en recrutement en disant bah tiens à partir de ce moment là ça fera peut-être beaucoup ou est ce que pour l'instant tu jauges comme ça en fonction des opportunités ?

  • Speaker #1

    Oui il existe une taille limite dont je ne vais pas parler. L'idée pour le moment est plutôt de se dire qu'on a encore des choses à faire puisqu'on souhaiterait avoir un athlète dans quelques pays ciblés, une petite liste de pays ciblés, pour répondre aussi à la volonté de certains gros pays d'hécatelons sur lesquels il y a un gros niveau de trail, un gros marché de trail, qui puissent aussi s'identifier avec un champion qui porterait les couleurs de Keep Run avec leur nationalité et qui puisse... eux relayer pour aider à faire connaître aussi les produits dans leur pays parce que le sponsoring quand même pousse à ça, à bien faire connaître des produits. Et justement, nous, chez Keeprun, pour le trail, on a tous les produits qui permettent de courir n'importe quel ultra dans le monde entier. Donc, voilà, il y a une petite liste d'hommes et de femmes encore à recruter. Et puis après, l'appétit vient en grandissant. Et je dirais qu'on verra comment on se laisse porter et s'il faut mettre des restrictions en termes de nombre ou pas. Mais pour le moment, on n'a pas atteint la jauge. Donc, on est en pleine progression.

  • Speaker #0

    Le trail est en train de se professionnaliser. Il y a beaucoup de choses à faire. beaucoup de marques qui investissent énormément dans le trail. Ça a beaucoup changé, je pense, depuis que tu as été champion au Templier ou en équipe de France. Et donc, les élites, maintenant, il faut de plus en plus les séduire. Toi, c'est quoi tes arguments dans cette compétition ?

  • Speaker #1

    Ta question est difficile. Ce qu'il y a de certain, c'est que le marché du trail a explosé, ça c'est certain. On a toujours un peu l'impression qu'il explose en regardant à une petite échelle à 2-3 ans. Mais véritablement, c'est une explosion énorme, mais presque d'une année sur l'autre. particulièrement je pense qu'il y a eu une grosse accélération sur les 3-5 dernières années donc oui il y a énormément de marques sur le marché il faut aussi se dire que il y a une singularité c'est que la France est vraiment un pays très très actif sur ce marché là je ne suis pas certain que tous les pays du monde aient la même cette même attractivité sur le sport rail Oui, certains pays, l'Espagne, l'Italie, les États-Unis, la Chine, vraiment sont des pays où le trail a une très grosse pratique. Mais beaucoup d'autres pays sont encore sur une pratique bien plus marginale. Comment est-ce qu'on séduit des athlètes ? Déjà, en tout cas, nos athlètes courent en 100% de nos produits. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de produits maquillés, il n'y a pas de produits où on ferme les yeux pour quand un athlète signe chez nous, il va utiliser tout notre textile, toutes nos chaussures, nos sacs, nos bâtons. frontales. En tout cas, c'est des choses qu'on s'est écrites et sur lesquelles on ne lâche rien depuis qu'on a débuté le sponsoring il y a trois ans. Et après, aujourd'hui, c'est aussi un marché sur lequel les ad sets se professionnalisent. Donc, ils attendent de pouvoir en vivre. Donc, nous, on contribue à essayer de faire vivre ceux qui ont un niveau tel qu'il faut arriver avec un contrat financier pour arriver à les séduire.

  • Speaker #0

    Donc, ça veut dire que tu as mis en place des systèmes de primes J'imagine que quelqu'un qui gagne l'UTMB, il ne va pas gagner la même chose s'il gagne le trail des Fraises dans le nord de la France.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Déjà, ça passe avant les primes pour les meilleurs athlètes, mais je dirais que c'est comme du football. Le football est très loin de nous, mais surtout comme du road running ou de l'athlétisme, qui sont des sports qui sont couverts par deux de mes collègues avec qui je travaille. et qui sont dans le sponsoring avec des agents. Du reste, depuis très longtemps, les athlètes sont liés avec des marques sur plusieurs années, 3, 4, 5 ans. Et donc, ça passe par un contrat financier annuel, en plus d'une dotation de produits évidemment, sur lesquels viennent se rajouter des primes à la performance. Donc voilà, en athlétisme, on va parler d'une table hongroise pour arriver à mesurer un niveau de performance et attribuer... une valeur de prime en face. Moi, je vais plutôt être sur une cote ITRA pour donner un niveau d'athlète chez l'homme. Évidemment, on regarde quand même les performances passées, que ce soit en athlétisme, au road running ou en trail. Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui ? Forcément le projet, parce que c'est important de savoir ce que veut faire l'athlète, qu'est-ce qu'il vise. S'il vise le trail de la fraise, véritablement, est-ce qu'on ambitionne nous aussi d'avoir une super victoire sur le trail de la fraise ? ou plutôt d'essayer d'avoir des podiums ou des victoires à l'UTMB. Donc évidemment, ce ne sont pas les mêmes enjeux financiers qui seront mis derrière sur cet athlète-là. Et oui, après, il y a des grilles de primes à la performance en fonction des courses et de leur niveau.

  • Speaker #0

    Ce métier de team manager, c'est un peu un métier qui a évolué. Et toi, c'est quelque chose qui te fait rêver ? Tu en as rêvé de ce métier ? Oui. Comment ça se passe dans ta tête quand tu fais ce type de métier ? Alors en vrai, j'ai rejoint une entreprise qui était déjà très surprenante pour moi parce qu'elle est toujours en train de te challenger, de te demander qu'est-ce que tu veux faire demain comme nouveau métier. Et moi, j'avais plutôt l'habitude d'être des entreprises jusqu'à l'âge de 40 ans où quand tu rentres, si tu ne démissionnes pas et si tu ne devais pas virer, tu y es. Mais sur le même métier en plus. Donc déjà, il a fallu que je me fasse à cette idée où chez Decathlon, on a régulièrement cette possibilité de grandir et de pouvoir dire à son patron qu'on voudrait aller vers d'autres métiers. C'était déjà, je trouve. assez surprenant. Donc, je pense que toutes les personnes qui sont chez Decathlon, ça ne les surprend pas. Mais les personnes qui ne connaissent pas Decathlon, ça peut déjà les surprendre que je leur dise ça. Et je dirais que moi, je ne m'attendais pas en étant chef de produit. Alors, il y avait des métiers qui existaient. Donc, je savais sur quoi on pouvait évoluer. Mais on n'avait pas d'athlète. On n'était quand même, ce n'était pas l'entreprise reine du sponsoring dans le milieu du sport jusqu'à il y a quelques années. Donc, je dirais que je ne m'étais pas autorisé le rêve de me dire que ce métier-là était possible. Par contre, quand le projet de la Women's Team est parti et quand surtout dans le projet de Keep Run, j'ai vu que ça existait, oui là on peut parler du fait que j'ai très très vite levé très très haut la main. J'espérais bien que personne n'allait la lever plus haut que moi, voire que peut-être mon passé ferait que j'étais un des plus légitimes à avoir ce métier là. Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans Trail Story, j'aime bien qu'on parle de ta plus belle émotion. Est-ce que toi, c'est quoi ta plus belle émotion que tu as vécue avec ta team ? Est-ce qu'il y a des moments comme ça qui t'ont marqué, où là tu as pleuré, tu as tout donné ?

  • Speaker #0

    Je sais que la victoire de Clémentine Geoffray, qu'on n'attendait pas en 2023, on était dans une réunion tous ensemble, tous réunis, réunion de travail qui prene, à présenter les nouvelles collections à tous les pays du monde entier, et en même temps qu'on leur parlait, en plus en anglais ce qui était compliqué pour moi, on avait une télé sans le son qui… qui montrait en direct la course de Clémentine. Et je me disais, mais non, elle ne va pas faire ça. Et puis les kilomètres passant, je me disais, mais c'est incroyable. Elle ne lâche pas, elle est devant. Elle est revenue devant, elle est passée devant. Je me rappelle avoir pleuré devant tout le monde, devant mes collègues en pleine réunion, tellement j'étais content, fier, heureux que Clémentine soit devenue championne du monde. Je te dirais rapidement ce qu'on a vécu au championnat d'Europe cette année avec les filles qui font 1, 2, 3. Et les garçons qui font 1-3, il ne faut pas oublier Margot qui est championne d'Europe en junior. Donc, 6 athlètes au championnat d'Europe qui ramènent une médaille et 3 titres. Quand tu t'appelles Kiprun, avec Philippe Propage dans la voiture, on goûtait notre joie d'avoir mis tout ça en place et avoir de telles récompenses en si peu de temps. Et puis de faire briller Kiprun, ce qui est quand même le but. Mais je dirais, sur un passé très récent, j'ai été très chamboulé sur l'OCC. Clémentine fait une super remontée. et vient terminer 3e, mais sitôt la ligne franchie tombe au sol et petite perte de connaissance tellement elle a forcé pour en arriver jusque là. Donc j'ai passé tout mon après-midi à la soutenir. Puis deux jours après, une autre championne du monde de notre team, Blandine, qui apprendra plus tard qu'elle avait certainement les symptômes du Covid et qui a un petit peu sûrement expliqué pourquoi la course n'est pas vraiment passée comme elle l'avait prévue. Ça fait partie des aléas du trail, mais quand même une fatigue qui était arrivée très vite et très surprenante. Encore une fois, franchi la ligne d'arrivée dans un état de fatigue, on l'a accompagné les 80 derniers kilomètres. Il a vraiment fallu trouver beaucoup de mots pour réussir à la faire avancer. Je dirais que la chance que je peux avoir dans ces moments-là, c'est que je l'ai vécu tout ça. Je savais ce qu'elle vivait, mais pour l'avoir vécu, ça ne veut pas dire qu'on ne soupre pas en même temps que l'athlète, parce qu'on sait ce qu'il vit vraiment. Blandine a franchi l'île d'arrivée et puis aussi est partie anti-tuban et est tombée dans les journalistes et les caméramans qui étaient à droite de l'arche donc je dirais que d'avoir vu ça d'avoir vu ces deux championnes se mettre dans un état pareil elle est plus au fond d'elle-même certes elle n'avait pas gagné mais moi les valeurs qu'elles m'ont montré à ce moment-là je suis rentré chez moi et je me suis dit waouh quelle fierté d'avoir des athlètes performants mais des athlètes qui ont d'aussi belles valeurs et ça m'a beaucoup chamboulé c'est vraiment...

  • Speaker #1

    J'en ai des frictions quand on parle parce que c'est vrai qu'on a vu l'arrivée des athlètes et quand tu te donnes à ce point-là, tu sens que tu vas au bout de toi-même. C'est quand même un moment que je pense que beaucoup d'athlètes vivent au moment de passer la ligne d'arrivée, mais aussi des trailers amateurs qui vont jusqu'au bout de leur effort et passer l'arche. C'est souvent l'aboutissement de quelque chose.

  • Speaker #0

    Je ne veux pas pointer du doigt les gens qui abandonnent parce qu'il y a plein de raisons sûrement légitimes d'abandonner. Maintenant, parfois, ça peut être facile d'abandonner. Sauf qu'après, c'est aussi une douleur mentale pour repartir au travail dès le lendemain et de se refuser à un objectif et de croire en soi. Je sais que souvent, la ligne d'arrivée franchie ou l'abandon en tout cas fait plutôt un abandon quand on a enlevé les épingles. C'est une douleur mentale qui est compliquée. parfois quand on peut le faire sans jouer sur son intégrité physique, il vaut mieux essayer de ramener le dossard jusqu'à l'arrivée. Ça coûte de la souffrance. J'ai l'habitude de dire qu'est-ce que c'est que souffrir une heure ou deux heures ou trois heures dans une vie. C'est peu de choses ramenées à d'ailleurs et à plein d'autres moments qui peuvent être terribles aussi. Avoir ces valeurs là c'est déjà bien pour soi même, c'est bien pour le respect de l'organisateur et de tous ces gens qui sont derrière et qui voudraient avoir le talent des champions mais qui ne l'ont pas. Et puis, c'est des belles valeurs sportives. Et moi, je le redis une seconde fois en peu de temps, mais je suis très fier qu'on ait des athlètes qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour franchir l'année d'arrivée et être dans ces belles valeurs.

  • Speaker #1

    Alors, un team manager, il regarde toujours vers l'avenir. C'est la dernière question. Tu as les Templiers qui arrivent dans quelques temps. Et puis, tu vas aussi préparer 2025. C'est quoi tes grands objectifs dans les mois et peut-être l'année prochaine pour emmener ta team ?

  • Speaker #0

    Vous allez où ? Là tout de suite, à très court terme, oui, c'est les Templiers puisqu'on part en stage dans 10 jours pendant 3 jours à Millau. 3 semaines après, on se retrouvera pendant 4 jours à Millau pour vivre les Templiers. On a 13 athlètes qui courent sur 6 courses différentes et je pense que certains ont des belles cartes à jouer. C'est les 30 ans des Templiers, ça va être une belle fête et c'est une course de cœur, dans le cœur de beaucoup de Français. Donc voilà, il faut déjà réussir à court terme cette première échéance. Pour 2025, c'est d'accompagner les athlètes sur leurs projets. On a souvent des athlètes qui nous ont livré des projets à plusieurs années. Je sais par exemple qu'un Thomas Cardin, en début d'année, va s'ouvrir à l'international et aller faire une très belle course hors de France. C'est déjà passionnant de savoir qu'on va l'accompagner là-dessus. Pour certains, c'est de viser les championnats du monde qui ont lieu à Canfrans en Espagne. en mi-septembre. Ça va être une année très particulière parce que le championnat de France sera très tard. Il y aura possiblement des athlètes étrangers dans notre team avec des championnats de pays aussi à d'autres moments. Il va falloir apprendre avec eux, les recevoir avec nous dans cette team, bien les intégrer. Puis, il y aura cette UTMB qui va venir un peu se parasiter, se télescoper avec les championnats du monde. Ça va être une année particulièrement difficile parce que le calendrier va être moins clair que cette année. Mais surtout, c'est de mettre le pied sur la prochaine marche qui est celle de faire rentrer dans notre team des athlètes internationaux d'autres pays.

  • Speaker #1

    Je sais que tu ne donneras pas de nom, mais on a hâte de voir qui vous allez recruter.

  • Speaker #0

    Exactement, tu as raison, je ne donnerai pas de nom.

  • Speaker #1

    Écoute Thierry, merci beaucoup pour cet échange. On connaît mieux maintenant le métier de team manager d'une team athlète. On te souhaite tout le meilleur pour ta team, pour les Templiers dans quelques jours. Et puis, on regardera tout ça d'un oeil affûté pour voir si tes champions atteignent la ligne d'arrivée comme tu le souhaites. Merci Thierry,

  • Speaker #2

    à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir Gaëtan.

  • Speaker #2

    Voilà, cet épisode de Trail Story est maintenant terminé. Je vous remercie de votre écoute. La semaine prochaine dans Trail Story, j'aurai le plaisir d'accueillir Pauline Pruveau, une préparatrice mentale, diplômée d'État et infirmière qui vous aidera à mieux comprendre... comment optimiser vos performances avec un mental d'acier pour finir tous vos trails et vos ultra trails. Nous terminons en musique avec une chanson de Empire of the Sun, Walking on a Dream. Bonne aventure trail à toutes et à tous et à la semaine prochaine.

  • Speaker #3

    Sous-titrage

  • Speaker #4

    Société

  • Speaker #5

    C'est vraiment magnifique.

  • Speaker #3

    Magnifique.

  • Speaker #5

    C'est magnifique. Magnifique.

  • Speaker #2

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le noter 5 étoiles dans votre plateforme Apple Podcast ou Spotify juste après avoir écouté cet épisode. Merci à vous et à très bientôt !

Description

Thierry Breuil, team manager de la Team Élite Kiprun, nous partage les coulisses de cette équipe exceptionnelle, composée de certains des meilleurs athlètes de trail au monde.

L'équipe inclut des athlètes comme : Clémentine Geoffray, championne du monde 2023 et d'Europe 2024 de trail, qui est une figure montante et très prometteuse. Blandine L’Hirondel, qui a brillé en terminant 3 ème à l'UTMB en 2023 et 5ème en 2024. Elle est une des valeurs sûres du trail mondial. Ex championne d'Europe et du monde de trail. Thomas Cardin, champion d'Europe 2024, reconnu pour ses performances impressionnantes et sa constance au plus haut niveau. Aurélien Sanchez, qui a marqué l'histoire du trail français en devenant le premier Français à finir la mythique et redoutable Barkley une course mythique américaine connue pour sa rudesse, son endurance et sa difficulté.

Thierry Breuil nous raconte comment il gère et accompagne cette équipe d'athlètes d'élite. Il partage également son expérience en tant qu'ancien coureur, ce qui lui permet de mieux comprendre les besoins de ses athlètes, tant physiquement que mentalement. Il parle de l'importance de l'entraide, de la gestion de la pression en compétition.

Il évoque aussi la dynamique d'équipe et l'équilibre à trouver entre les membres de sa team. Thierry met en avant la cohésion qui existe au sein de la Team Kiprun et cet esprit de famille bienveillant et exigeant.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, ici Gaëtan Pitaval, passionné de trail. Je vais vous partager des histoires de trail à travers ce podcast. Des histoires d'hommes, de femmes, des aventures, des émotions, mais aussi des histoires de courses mythiques. Bienvenue à tous.

  • Speaker #1

    Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Trap Story. Aujourd'hui, je suis ravi d'accueillir Thierry Breuil, que vous connaissez sans doute parce que c'est quelqu'un qui compte dans le milieu du trail. Et aujourd'hui, on va parler de son métier de Team Manager de la Team Kipron. Salut Thierry, ça va bien ?

  • Speaker #1

    Salut Gaëtan !

  • Speaker #0

    Alors Thierry, est-ce que tu peux te présenter pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, nous parler un peu de ton parcours d'athlète et de comment tu es arrivé à ce métier de Team Manager de la Team Kipron ?

  • Speaker #1

    Bon déjà, il te faut une demi-heure là, tu connais la réponse, ça va prendre 30 minutes. Alors j'ai commencé à courir à l'âge de 10 ans et je me suis passionné pour la course à pied pour avoir eu des résultats dès les jeunes catégories. Donc voilà, je ne vais pas refaire le palmarès, j'ai gagné les Templiers en 2009 globalement, j'ai une douzaine de sélections en équipe de France sur steep, ploucher les jeunes, cross, en espoir, course de montagne, en senior et de trail. J'ai participé à trois championnats du monde et j'ai gagné. Beaucoup de trails en France, des trails plutôt roulants où il fallait courir vite et où j'ai pu m'éclater parce que j'avais des records sur 10 km et semi-marathon qui étaient bons. Donc, c'est dans des trails plutôt roulants que je me suis éclaté. J'ai rejoint Decathlon et la marque Calenji en 2012 en tant qu'athlète, mais aussi à ma volonté qui avait été acceptée par le leader de l'époque comme chef de produit. J'ai eu la chance d'être bien entouré par Jean-Luc Burnichon. Il faut le... il faut le citer, qui m'a pris le métier de chef de produit, qui m'a permis que cette expérience de course à pied a pu me servir, surtout en 2012. Il y avait beaucoup de choses à faire encore dans le textile trail, les sacs de trail, les bâtons de trail, les frontales de trail, beaucoup de produits. Donc, j'ai beaucoup travaillé sur le textile au début, puis dans les chaussures à la fin. Et puis, dans cette grande entreprise qui est Décathlon et qui bouge très vite et qui est tout le temps en train de revoir les copies, on est passé de… Kalenji à Evadik pour la partie trail puis on est passé dans un projet qui s'appelle Keeprun depuis deux ans maintenant donc nous sommes tous regroupés sous le pavillon Keeprun et dans cette grande marque de running qui a beaucoup d'ambition j'ai changé de métier il y a un nouveau métier qui s'est ouvert à moi celui de team manager pour les athlètes et quand j'ai vu qu'il y avait cette possibilité de faire ça dans l'entreprise j'ai postulé parce que véritablement je pense que c'est la suite de 20-30 ans de course à pied où j'ai tellement appris de choses tellement des connaissances, que ce soit dans les athlètes, les managers, sur les events. Donc voilà, c'était naturel pour moi. Et puis, je l'avais déjà fait un petit peu dans mon passé, d'aider des athlètes à trouver des contrats. Donc voilà, je suis aujourd'hui le team manager du trail pour Keep Run.

  • Speaker #0

    Oui, OK, c'est ça. Donc, on peut préciser pour les auditeurs, il y a des team managers pour la course sur route, mais toi, tu t'occupes spécifiquement du trail. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous dire… C'est quoi globalement le métier de team manager ? Qu'est-ce qu'il fait un team manager ? Une team, on va dire, athlète où il y a quasiment des professionnels, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On a tout à vrai dire puisque le trail est professionnel pour certains, mais n'est pas professionnel pour tout le monde, y compris dans des athlètes de haut niveau, par choix ou parce que ce n'est pas possible avec pour le moment les montants financiers qui sont engagés. Donc mon rôle aujourd'hui chez Keep Run, il est d'abord de recruter des athlètes, faire du scooting. Donc de les avoir identifiés, puis de les approcher, leur expliquer quel est notre projet, où est-ce qu'on veut aller, leur parler de nos valeurs. Et puis dans un second temps, tout de suite derrière, j'aurais envie de dire, dans la même discussion, c'est aussi de savoir quelles sont leurs valeurs à eux, quelles sont leurs ambitions à quelques années devant nous, on va dire à 3-5 ans, qu'est-ce qu'ils visent. où est-ce qu'ils ont envie de courir de là on va voir s'il y a une possibilité de faire un contrat de partenariat entre la marque et l'athlète après en fonction des niveaux des athlètes de leurs ambitions et tout ça il va y avoir une négociation qui va rentrer qui va être financière ou non, selon le niveau de l'athlète, mais aussi ses ambitions. Après, il y a toute une partie contractuelle. Là, je suis aidé par un de mes collègues dans le sport marketing chez Kiprun, qui est spécifiquement dédié à ça, pour avoir fait des études de droit et pouvoir voir avec le service juridique de Décathlon, faire des contrats qui tiennent la route. Ça, c'est la partie qui prend le moins de temps, qui se travaille plutôt dans l'ombre sur du long terme. Mais après, une fois que ces athlètes sont là, pour la partie trail, on gère ces athlètes-là un peu comme une grande famille. C'est-à-dire qu'on a des stages à l'année, au minimum trois, j'ai envie de dire, entre trois et plus. On a des courses sur lesquelles on se retrouve. Deux systématiques que sont l'UTMB et les Templiers, parce que ça a une énorme résonance en France, voire à l'étranger. Et puis aussi, on est présent en ce moment sur les championnats de France où on les accompagne. Donc voilà, il y a la gestion de la dotation, leur envoyer les nouveaux produits, mettre les athlètes en lien avec les chefs de produits, puisqu'on souhaite que nos athlètes nous aident à co-concevoir les produits, les améliorer, donner des idées, pallier des manques s'il y en a. Donc voilà, ils travaillent avec nous. Et donc moi, je suis la personne centrale qui va mettre en lien les athlètes et les chefs de produits. Bon, et puis après, le marketing, l'image, enfin… Beaucoup de choses qui sont liées à tout ce que peut renvoyer un athlète quand il est en contrat avec une marque.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu étais quand même un peu initialement à la base de l'Evadict Team Movement, l'équipe qui avait été créée spécifiquement pour les femmes au temps du trail et de la marque Evadict. Et là, du coup, avec ce mouvement vers qui prendre la nouvelle marque de running de Décathlon, tu gères aussi des athlètes hommes, tu n'as plus que des femmes, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tu as parlé sur un aspect que je n'avais pas… parler tout à l'heure. On a eu une époque où on avait travaillé pour une marque de trail. Elle s'appelait Evadic et à ce moment-là, j'avais eu l'idée de créer une équipe 100% féminine qui a très bien fonctionné et qui s'est lancée ainsi. Ensuite, nous nous sommes retrouvés dans ce projet de la marque Keep Run. Là, on a forcément aligné ce que l'on avait fait par le passé avec la trajectoire pour avoir une marque mondiale de running. On a gardé toutes les filles, on est resté avec nos spécificités. Du reste, on la garde comme une tête de proue pour le trail. Notre singularité de la Keep Run Women Team existe toujours avec toutes ces filles-là, voire même un petit peu de recrues depuis. On a toujours plus de filles que d'hommes dans nos athlètes. Mais aujourd'hui, effectivement, on a des femmes depuis trois ans aujourd'hui, des hommes au nombre de sept qui ont été recrutés au début de l'année 2024. Justement, avoir aussi des hommes dans des courses. et pouvoir briller autant sur des courses féminines que des courses masculines. Et le futur, demain, va être aussi de s'internationaliser et donc d'aller chercher des femmes et des hommes dans plusieurs pays d'Europe ou du monde.

  • Speaker #0

    Donc, entre guillemets, ton recrutement n'a pas de frontières et tu seras plus spécifiquement avec des athlètes français. Tu pourras potentiellement recruter aussi des athlètes internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, et puis disons que c'est très bien accueilli chez nos athlètes. Finalement, on passe. On monte un escalier, pas à pas, marche après marche. On avait qu'une équipe de filles. C'était une belle singularité et ça avait vraiment plu aux filles qu'on avait recrutées d'avoir cette singularité. Quand on a eu des hommes, on s'était dit comment ça va se passer. Les filles ont dit c'est plutôt mieux parce que notre projet existe toujours. On est toujours mis en avant. Rien n'a changé pour nous, sauf qu'on a en plus la gloire de pouvoir aller nous entraîner ou être sur des courses et encourager des femmes et des hommes. Sur le dernier rassemblement… fin juin, on a eu une athlète du road running qui pratique aussi le trail et la course de montagne, qui s'appelle Alice Boudal, qui est donc anglaise et qui nous a rejoints. Alors oui, elle était toute seule, c'était la première fois, mais malgré tout, on commençait à mettre notre pied sur une nouvelle marche et à devoir nous retrouver en stage, parler nous anglais, mais elle, elle faisait aussi des efforts à essayer de nous répondre, de nous parler en français. Donc, voilà, on s'ouvre à tout progressivement. Ce qui est très, très important, et ce que j'ai déjà dit dans d'autres interviews, c'est surtout de garder un état d'esprit. c'est de faire en sorte que si on grandit et on grandit, mais que tous ces athlètes qui viennent les uns après les autres rentrent bien dans un moule où avant tout, même si la performance est prédominante on s'entend bien et on a envie de se retrouver donc les valeurs des athlètes qui nous rejoignent, on fait très attention pour que l'ambiance reste toujours la première clé de motivation Toi tu veux que ça reste une famille c'est ça un peu ? Alors oui, il se trouve que c'est aussi quelque chose que l'on s'est dit chez Clip Run, d'être très très proche de nos athlètes Et donc, ce n'est pas quelque chose sur lequel je me suis dit, tiens, il va falloir faire un effort. Au contraire, je le voyais aussi ainsi. Et donc, effectivement, on l'avait bien cultivé dès le début. Et donc, ce n'est pas excessivement compliqué que de continuer dans la même voie. Et oui, il y a des hommes et il y aura demain des athlètes étrangers. il faudra qu'on continue à faire passer ce beau message parce que ce que l'on voit de l'extérieur, aujourd'hui, il se trouve que le dernier message que j'ai reçu d'un athlète qui voudrait rentrer dans la team, je l'ai reçu ce matin, je ne vais pas donner son nom, mais forcément, les athlètes qui contactent sont plutôt à dire des belles choses pour vouloir nous rejoindre, mais en tout cas, beaucoup pointent l'état d'esprit qu'ils ont vu, qu'ils ont entendu avec ce que l'on a déjà fait depuis trois ans. Alors,

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux rapidement nous dire de qui est composée la team Kipron ? Donc, les 7 athlètes hommes et tes 10 femmes ou 12 femmes, je ne sais plus combien tu en as. Si tu peux juste nous dire leur nom et prénom et leur plus beau palmarès.

  • Speaker #1

    Alors, chez les filles, on a Blandine Lirondel, double championne du monde, championne d'Europe de trail. Je ne vais pas en rajouter, sinon je vais très loin. Clémentine Geoffray, championne du monde, elle aussi, de trail en 2023 sur Trail Court. Adeline Roche. championne du monde avant de nous avoir rejoint mais championne du monde aussi je crois que c'était 2017 l'année où elle était championne du monde marie doin qui vient de gagner la tds il ya quelques jours céline finas qui elle était troisième sur la tds et quelques jours une spécialiste des courses ultra difficiles sa soeur céline finas qui a gagné le grp il ya deux ou trois ans jade Rodríguez qui a gagné la Golden Trail Series France du Kemgu par exemple au mois d'août et qui était en équipe de France de course de montagne cette année. Laurie Fay qui a gagné le Trail d'Ancourt en début d'année. Camille Thirémounier qui vient juste de gagner le marathon du Médoc. Il m'en manque Sarah Veuille, Sarah qui a beaucoup été blessée cette année mais qui a un palmarès long comme le bras et plein de victoires. Alors, je dirais quoi pour Sarah ? Quatrième à la Diagonale des Fous il y a un an. Elle a gagné le trail du Tour des Fils, enfin, beaucoup de choses. Margot Dajou, la petite dernière. Petite parce que c'est la seule qui est… Elle était encore junior cette année. Championne d'Europe de course de montagne au mois de juin dernier. Je suis sûr qu'il doit m'en manquer parce que je n'ai pas une nuit sous les yeux. Je n'ai pas préparé. Bon, alors, on va sécher les hommes en espérant avoir oublié personne. Sinon, il faudra que tu fasses un rectificatif. Les hommes, on a… Thomas Cardin, notre leader, champion d'Europe de course de trail au mois de juin, toujours à Annecy. Loïc Roland, qui était un athlète recruté en début d'année, qui était peu connu et qui explose littéralement. Quatrième au Choupat France, troisième au championnat d'Europe et qui vient de faire deuxième du Witz Bruel by UTMB 50K dimanche dernier, derrière le champion du monde de trail court, Jonathan Ladbonne. Loïc Robert, un spécialiste des courses de sky running, vice-champion de France de trail court l'année dernière. Gwendal Moisan, il se présente comme l'inconnu du trail, mais il a quand même une belle lignée à son palmarès. Il a gagné le 100 miles by UTMB de Nice l'année dernière. Il a fait deux très belles courses cette année et il sera présent sur l'Endurance Trail prochainement. Une petite blessure cet été qui l'a empêché de faire l'UTMB. Pierre-Arnaud Bourguenol qui a gagné un trail de 110 km sur le Ventoux cette année. Fleury Roux, un caméra runner dans la vie qui vient de remporter une course de Maboule. Au Népal, en 45 jours, il a parcouru 1 900 km et 50 000 m de dénivelé.

  • Speaker #0

    Ce que j'avais reçu dans Trail Story, donc si vous voulez le suivre dans cet épisode, c'est l'Himalayan Race.

  • Speaker #1

    Voilà, donc un baroudeur de dingue, et pour autant qui court extrêmement vite puisqu'il filme les meilleurs coureurs. Et par exemple, Kylian Jornet, dans certaines courses, ça l'oblige à déployer toute sa vitesse. Et je pense que j'ai cité les six premiers. Le dernier, c'est Aurélien Sanchez. très, très connu, mondialement connu, le premier Français, le seul Français à avoir remporté la Barclay en 2023.

  • Speaker #0

    La fameuse Barclay.

  • Speaker #1

    La fameuse Barclay qui vient de finir troisième du Swiss Peak 660. 660, c'était le nom, c'était la distance, sauf qu'en vrai, il y avait 710 kilomètres. Donc voilà, on va rencontrer Aurélien sur un stage où on sera la semaine prochaine pour la première fois tous dans 10 jours. Et on a hâte. d'entendre son accent toulousain et qu'il nous raconte autant la Barclay que son expérience sur la Swiss Peak.

  • Speaker #0

    Incroyable. Là, c'est de la très, très longue distance et des expériences de barjots, notamment la Barclay qui est une course qui est complètement dingue. C'est vrai que c'est impressionnant d'avoir ce type d'athlète dans ta team.

  • Speaker #1

    Je pense que ce qui est important, c'est que quelqu'un qui l'a vraiment vécu nous le dise. Et donc, moi, j'ai hâte que quelqu'un qui a été présent sur place réponde à nos questions et nous raconte la vraie histoire intérieure de cette course qui est mythique et incroyable.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un peu dans ton métier. Tu as vraiment ce côté un peu recruter des futurs athlètes en devenir et observer les jeunes pousses un peu comme un sélectionneur de foot. Toi, comment tu détectes ? Je sais que tu travailles avec Philippe Propage aussi. Comment vous détectez un peu les futurs champions de demain ?

  • Speaker #1

    Globalement... Ça veut dire que tu me connais aussi et certains le savent, je baigne dans la course à pied depuis 42 ans. Je l'ai parlé tout à l'heure comme la raison pour laquelle je faisais ce métier-là avec passion et assez facilement, c'est que quand tu es toujours dans le milieu et que tu as l'habitude que tu cultives les connaissances en regardant toutes les courses, les résultats des courses, en regardant tous les médias qui vont interviewer des acteurs, c'est regarder aussi beaucoup maintenant les courses de jeunes et voir qui va percer. On a des instruments qui nous aident aussi à mesurer le niveau des athlètes, c'est l'ITRA ou l'index UTMB, qui permettent tout de suite de retrouver quel type de course a pu faire tel coureur, est-ce que c'est quelqu'un qui court beaucoup, qui ne court pas beaucoup, est-ce qu'il a l'habitude de bâcher, est-ce que c'est quelqu'un qui est tout le temps à l'arrivée, parce que ça aussi ce sont des valeurs que je trouve qui sont très importantes. de franchir quand même assez souvent la ligne d'arrivée et pas juste de faire une étincelle de temps en temps. Donc voilà, c'est de la veille au quotidien et après c'est une prise de contact et du feeling parce que parfois, dans un sens et sûrement dans l'autre, ça passe pas forcément, soit parce que le projet n'est pas celui qui pourrait bien venir se mettre dans ce que nous on souhaite accompagner ou que la créte peut-être ne se retrouve pas dans... dans les valeurs qu'Eaprun peut avoir. Je veux dire, ça peut être des deux côtés, d'avoir un refus, je ne veux pas juste dire ce que nous, on pourrait refuser, mais voilà, c'est... D'ailleurs, je ne vais pas mentir, j'ai eu des refus quand j'ai recruté 10 filles il y a 3 ans, j'en avais contacté plus que 10, et 2-3, soit parce qu'elles étaient engagées ailleurs, ou soit parce que le projet ne leur avait peut-être pas parlé, ne sont pas venues. Donc, voilà, aborder un athlète, ça ne veut pas forcément dire qu'il va venir, c'est une discussion, et c'est un dialogue qui se nourrit. Mais je dirais qu'aujourd'hui, avant, je devais vraiment beaucoup recruter. Aujourd'hui, je dois surtout regarder les mails que je reçois aussi. C'est beaucoup plus simple aujourd'hui. Grâce aux performances de toutes les personnes qu'on a citées, on a ramené six médailles des championnats d'Europe. On a trois titres. Les performances exceptionnelles de Blandine sur l'UTMB l'année dernière, cette année, Clémentine, les titres de championne du monde. Bref, aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui viennent vers nous parce que nos athlètes font parler de la marque.

  • Speaker #0

    Alors, on en a parlé un peu il y a quelques instants. Tu es en binôme avec Philippe Propage, qui est l'entraîneur de pas mal d'athlètes de cette team. Comment tu as évolué avec lui ? Parce que tu étais avec lui depuis Calenji, globalement. Comment a évolué ta relation avec lui au cours de ces années ?

  • Speaker #1

    La réalité, c'est qu'avec Philippe, je suis avec Philippe depuis le premier jour où il m'a appelé en 2009. Oui, je pense que c'est ça, 2009. En me disant, Thierry, je cherche... des personnes pour l'équipe de France de trail et j'aimerais te proposer d'être pour les prochains championnats du monde. Donc, ça date bien avant, ce qui veut dire que j'étais chez Adidas à l'époque. Philippe nous a rejoints ensuite dans le team Adidas. Quand je suis parti chez Calenji, Philippe a souhaité me rejoindre. Puis, il est parti avec certaines obligations de l'équipe de France. Il avait quitté Calenji. Et puis, sur le projet Evadict et de la Women's Team, il a accepté de venir avec nous. nous ce qui était un prérequis à l'époque quand on a créé cette team là donc bah philippe j'aurais un peu de mal à répondre à ta question philippe on se connaît depuis donc ça fait quoi 2024 et 15 ans je dirais que même les années où on a été moins en relation on s'est toujours rappelé il ya une vraie complicité il a été mon entraîneur aujourd'hui je n'embête plus à me faire des plans parce que je pense qu'il en fait suffisamment de monde donc c'est juste pour ça que je lui demande plus il a aussi été mon entraîneur sur la fin de ma carrière donc bah je dirais que nous deux c'est fluide quoi On pense de la même manière, on a les mêmes valeurs. C'est aussi une des raisons pour lesquelles Philippe tient à être chez Decathlon, quelle que soit la marque. Finalement, il en aura fait trois, Calenji, Evadict et Equipoint aujourd'hui. Mais voilà, dans tout ce que l'on peut faire, c'est des discussions, elles sont conjointes. La prise de décision est souvent partagée, y compris dans le recrutement. Philippe a toujours eu son œil à dire, à voir. Aujourd'hui, il n'entraîne pas véritablement forcément. les athlètes. Un athlète peut être recruté et dire moi, je garde mon coach ça ne pose aucun problème. Après, il n'empêche que quand on se retrouve sur une courbe, dans un stage ou autre, on ne va pas dire que parce qu'il n'est pas entraîné par Philippe Propage, on ne fait pas le ravitaillement de tel athlète, bien au contraire. On est au service des athlètes. Par contre, effectivement, quand un athlète nous rejoint, s'il a le souhait d'être entraîné par Philippe, ça fait partie des prestations que Philippe fera pour qu'il prenne par rapport au contrat qu'il a avec nous. Et donc, il accompagne les athlètes qui le veulent. qui nous rejoignent et qui vont à la recherche d'un coach.

  • Speaker #0

    Alors, on n'en a peut-être pas parlé encore, mais il y a aussi un staff technique avec des kinés qui accompagnent les athlètes. Comment ça se passe avec eux ? Ils vous rejoignent sur tous les stages et toutes les courses ? Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors là, c'est pareil. Chaque athlète vit en France dans sa propre ville, a chez lui son médecin et sûrement son kiné à l'année. Dès lors que nous avons un regroupement qui prene, que ce soit donc sur un stage ou sur une course, tout le staff autour de la team se déplace. Nous avons aujourd'hui trois kinés, Cindy Dechambre, Benjamin Dubois, qui est le dernier rentrant, Marilyn Berthet, qui d'ailleurs… Deux des trois sont issus du staff de l'équipe de France. Et donc, viennent à tour de rôle. On a au moins deux kinés, puisqu'aujourd'hui, ça nous fait entre 15 et 18 athlètes présents sur nos regroupements. Cindy s'occupe aussi de la partie épargne physique. Et pour l'année prochaine, parce que l'idée, c'est quand même de grandir et de proposer un accompagnement toujours plus complet. Nous sommes en train de voir avec un des partenaires des athlètes qui prennent trail, qui est Décathlon Nutrition. donc nos athlètes sont déjà accompagnés pour ceux qui le souhaitent des produits de décathlon nutrition, ils ont une dotation à l'année et des produits qui les attendent à chaque fois que nous arrivons sur un stage, mais je pense que l'année prochaine c'est en discussion pour que nous ayons aussi une nutritionniste présente sur les stages et peut-être sur les courses pour aider et faire les plans de courses, mais aussi sûrement présente à l'année pour aider les athlètes sur leurs besoins, que ce soit justement pour préparer des courses. et bien s'alimenter ou pour avoir des actions à bien manger toute l'année pour être performant à l'entraînement et en compétition. Donc voilà, on cherche toujours, comme je le disais tout à l'heure, là-dessus aussi, c'est franchir une marche après l'autre, pas aller trop trop vite, mais faire des choses dans la sérénité, grandir et proposer un accompagnement toujours meilleur à nos athlètes.

  • Speaker #0

    Et alors, on en a beaucoup parlé cet été avec les JO, on parle de plus en plus de préparation mentale avec l'INSEP, notamment qui a mis ça en place pour pas mal d'athlètes. Est-ce que c'est des choses que tu envisages avec Philippe ? Je sais que Philippe, il en fait sans le savoir, mais est-ce que c'est des choses que tu envisages à terme ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que l'on a évoqué avec les athlètes. Certains nous ont dit que c'était éventuellement quelque chose qui pouvait les intéresser. Donc, je pense que ce sera un autre step. C'est effectivement quelque chose sur lequel on va se mettre en réflexion. On va d'abord, comme je le disais, je ne suis pas super pressé à l'idée de bâcler les choses, d'aller trop vite. Mais justement, que le noyau-là ne soit pas... super bien construit. On va commencer par de la nutrition. Je pense que oui, sûrement, très sûrement, le step d'après sera sûrement de se faire accompagner par une personne. Si c'est bien leur désir, parce que justement, pour la nutrition, avant, c'est une question qu'on va leur poser d'abord. On va vérifier si le besoin existe. S'il n'existe pas, ça ne sert à rien d'aller dans quelque chose s'ils ne sont pas ouverts à ça. Si au contraire, nos athlètes estiment que c'est un plus pour eux pour aller vers plus de performance, à ce moment-là, nous, ça... qui prennent, on fera en sorte de mieux les accompagner.

  • Speaker #0

    Cette année 2024, elle a été super chargée, tu en as parlé, il y a eu les championnats de France, les championnats d'Europe, il y a eu l'UTMB, il y a les Templiers qui arrivent. Toi, en fait, tu n'es jamais chez toi,

  • Speaker #1

    non ? Ce serait exagéré parce que malgré tout, sur toutes les dates que tu viens de donner, et tu as raison, je n'étais pas chez moi, tu peux rajouter tous les stages de préparation aux compétitions. Peut-être que ma femme te dirait que je ne suis jamais chez moi. Moi, je dirais que… Et puis surtout, quand tu rentres de trois semaines de vacances et que tu reprends ta semaine pour aller une semaine à l'UTMB, c'est compliqué de dire que tu as le sentiment d'aller au goulag et que tu as un boulet au pied. Donc, est-ce que cette semaine-là, tu as vraiment le sentiment que tu reprends le boulot ? Alors, dans les faits, oui, puisque toute la semaine, avec Philippe, on n'a quand même pas dormi les heures qu'on voulait à faire les assistantes sur la TDS et sur d'autres courses. Donc, c'est vrai que c'était la course de tous les côtés. Oui, mais… c'est notre métier aujourd'hui d'être dans l'accompagnement des athlètes et finalement les jours dehors ça représente pas tant de jours que ça faut pas exagérer et puis de toute façon c'est un plaisir.

  • Speaker #0

    Alors on en a parlé un peu de l'évolution de la team vers une internationalisation il y a aussi je pense à un moment une taille critique est ce que tu t'es fixé une limite en recrutement en disant bah tiens à partir de ce moment là ça fera peut-être beaucoup ou est ce que pour l'instant tu jauges comme ça en fonction des opportunités ?

  • Speaker #1

    Oui il existe une taille limite dont je ne vais pas parler. L'idée pour le moment est plutôt de se dire qu'on a encore des choses à faire puisqu'on souhaiterait avoir un athlète dans quelques pays ciblés, une petite liste de pays ciblés, pour répondre aussi à la volonté de certains gros pays d'hécatelons sur lesquels il y a un gros niveau de trail, un gros marché de trail, qui puissent aussi s'identifier avec un champion qui porterait les couleurs de Keep Run avec leur nationalité et qui puisse... eux relayer pour aider à faire connaître aussi les produits dans leur pays parce que le sponsoring quand même pousse à ça, à bien faire connaître des produits. Et justement, nous, chez Keeprun, pour le trail, on a tous les produits qui permettent de courir n'importe quel ultra dans le monde entier. Donc, voilà, il y a une petite liste d'hommes et de femmes encore à recruter. Et puis après, l'appétit vient en grandissant. Et je dirais qu'on verra comment on se laisse porter et s'il faut mettre des restrictions en termes de nombre ou pas. Mais pour le moment, on n'a pas atteint la jauge. Donc, on est en pleine progression.

  • Speaker #0

    Le trail est en train de se professionnaliser. Il y a beaucoup de choses à faire. beaucoup de marques qui investissent énormément dans le trail. Ça a beaucoup changé, je pense, depuis que tu as été champion au Templier ou en équipe de France. Et donc, les élites, maintenant, il faut de plus en plus les séduire. Toi, c'est quoi tes arguments dans cette compétition ?

  • Speaker #1

    Ta question est difficile. Ce qu'il y a de certain, c'est que le marché du trail a explosé, ça c'est certain. On a toujours un peu l'impression qu'il explose en regardant à une petite échelle à 2-3 ans. Mais véritablement, c'est une explosion énorme, mais presque d'une année sur l'autre. particulièrement je pense qu'il y a eu une grosse accélération sur les 3-5 dernières années donc oui il y a énormément de marques sur le marché il faut aussi se dire que il y a une singularité c'est que la France est vraiment un pays très très actif sur ce marché là je ne suis pas certain que tous les pays du monde aient la même cette même attractivité sur le sport rail Oui, certains pays, l'Espagne, l'Italie, les États-Unis, la Chine, vraiment sont des pays où le trail a une très grosse pratique. Mais beaucoup d'autres pays sont encore sur une pratique bien plus marginale. Comment est-ce qu'on séduit des athlètes ? Déjà, en tout cas, nos athlètes courent en 100% de nos produits. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de produits maquillés, il n'y a pas de produits où on ferme les yeux pour quand un athlète signe chez nous, il va utiliser tout notre textile, toutes nos chaussures, nos sacs, nos bâtons. frontales. En tout cas, c'est des choses qu'on s'est écrites et sur lesquelles on ne lâche rien depuis qu'on a débuté le sponsoring il y a trois ans. Et après, aujourd'hui, c'est aussi un marché sur lequel les ad sets se professionnalisent. Donc, ils attendent de pouvoir en vivre. Donc, nous, on contribue à essayer de faire vivre ceux qui ont un niveau tel qu'il faut arriver avec un contrat financier pour arriver à les séduire.

  • Speaker #0

    Donc, ça veut dire que tu as mis en place des systèmes de primes J'imagine que quelqu'un qui gagne l'UTMB, il ne va pas gagner la même chose s'il gagne le trail des Fraises dans le nord de la France.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Déjà, ça passe avant les primes pour les meilleurs athlètes, mais je dirais que c'est comme du football. Le football est très loin de nous, mais surtout comme du road running ou de l'athlétisme, qui sont des sports qui sont couverts par deux de mes collègues avec qui je travaille. et qui sont dans le sponsoring avec des agents. Du reste, depuis très longtemps, les athlètes sont liés avec des marques sur plusieurs années, 3, 4, 5 ans. Et donc, ça passe par un contrat financier annuel, en plus d'une dotation de produits évidemment, sur lesquels viennent se rajouter des primes à la performance. Donc voilà, en athlétisme, on va parler d'une table hongroise pour arriver à mesurer un niveau de performance et attribuer... une valeur de prime en face. Moi, je vais plutôt être sur une cote ITRA pour donner un niveau d'athlète chez l'homme. Évidemment, on regarde quand même les performances passées, que ce soit en athlétisme, au road running ou en trail. Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui ? Forcément le projet, parce que c'est important de savoir ce que veut faire l'athlète, qu'est-ce qu'il vise. S'il vise le trail de la fraise, véritablement, est-ce qu'on ambitionne nous aussi d'avoir une super victoire sur le trail de la fraise ? ou plutôt d'essayer d'avoir des podiums ou des victoires à l'UTMB. Donc évidemment, ce ne sont pas les mêmes enjeux financiers qui seront mis derrière sur cet athlète-là. Et oui, après, il y a des grilles de primes à la performance en fonction des courses et de leur niveau.

  • Speaker #0

    Ce métier de team manager, c'est un peu un métier qui a évolué. Et toi, c'est quelque chose qui te fait rêver ? Tu en as rêvé de ce métier ? Oui. Comment ça se passe dans ta tête quand tu fais ce type de métier ? Alors en vrai, j'ai rejoint une entreprise qui était déjà très surprenante pour moi parce qu'elle est toujours en train de te challenger, de te demander qu'est-ce que tu veux faire demain comme nouveau métier. Et moi, j'avais plutôt l'habitude d'être des entreprises jusqu'à l'âge de 40 ans où quand tu rentres, si tu ne démissionnes pas et si tu ne devais pas virer, tu y es. Mais sur le même métier en plus. Donc déjà, il a fallu que je me fasse à cette idée où chez Decathlon, on a régulièrement cette possibilité de grandir et de pouvoir dire à son patron qu'on voudrait aller vers d'autres métiers. C'était déjà, je trouve. assez surprenant. Donc, je pense que toutes les personnes qui sont chez Decathlon, ça ne les surprend pas. Mais les personnes qui ne connaissent pas Decathlon, ça peut déjà les surprendre que je leur dise ça. Et je dirais que moi, je ne m'attendais pas en étant chef de produit. Alors, il y avait des métiers qui existaient. Donc, je savais sur quoi on pouvait évoluer. Mais on n'avait pas d'athlète. On n'était quand même, ce n'était pas l'entreprise reine du sponsoring dans le milieu du sport jusqu'à il y a quelques années. Donc, je dirais que je ne m'étais pas autorisé le rêve de me dire que ce métier-là était possible. Par contre, quand le projet de la Women's Team est parti et quand surtout dans le projet de Keep Run, j'ai vu que ça existait, oui là on peut parler du fait que j'ai très très vite levé très très haut la main. J'espérais bien que personne n'allait la lever plus haut que moi, voire que peut-être mon passé ferait que j'étais un des plus légitimes à avoir ce métier là. Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans Trail Story, j'aime bien qu'on parle de ta plus belle émotion. Est-ce que toi, c'est quoi ta plus belle émotion que tu as vécue avec ta team ? Est-ce qu'il y a des moments comme ça qui t'ont marqué, où là tu as pleuré, tu as tout donné ?

  • Speaker #0

    Je sais que la victoire de Clémentine Geoffray, qu'on n'attendait pas en 2023, on était dans une réunion tous ensemble, tous réunis, réunion de travail qui prene, à présenter les nouvelles collections à tous les pays du monde entier, et en même temps qu'on leur parlait, en plus en anglais ce qui était compliqué pour moi, on avait une télé sans le son qui… qui montrait en direct la course de Clémentine. Et je me disais, mais non, elle ne va pas faire ça. Et puis les kilomètres passant, je me disais, mais c'est incroyable. Elle ne lâche pas, elle est devant. Elle est revenue devant, elle est passée devant. Je me rappelle avoir pleuré devant tout le monde, devant mes collègues en pleine réunion, tellement j'étais content, fier, heureux que Clémentine soit devenue championne du monde. Je te dirais rapidement ce qu'on a vécu au championnat d'Europe cette année avec les filles qui font 1, 2, 3. Et les garçons qui font 1-3, il ne faut pas oublier Margot qui est championne d'Europe en junior. Donc, 6 athlètes au championnat d'Europe qui ramènent une médaille et 3 titres. Quand tu t'appelles Kiprun, avec Philippe Propage dans la voiture, on goûtait notre joie d'avoir mis tout ça en place et avoir de telles récompenses en si peu de temps. Et puis de faire briller Kiprun, ce qui est quand même le but. Mais je dirais, sur un passé très récent, j'ai été très chamboulé sur l'OCC. Clémentine fait une super remontée. et vient terminer 3e, mais sitôt la ligne franchie tombe au sol et petite perte de connaissance tellement elle a forcé pour en arriver jusque là. Donc j'ai passé tout mon après-midi à la soutenir. Puis deux jours après, une autre championne du monde de notre team, Blandine, qui apprendra plus tard qu'elle avait certainement les symptômes du Covid et qui a un petit peu sûrement expliqué pourquoi la course n'est pas vraiment passée comme elle l'avait prévue. Ça fait partie des aléas du trail, mais quand même une fatigue qui était arrivée très vite et très surprenante. Encore une fois, franchi la ligne d'arrivée dans un état de fatigue, on l'a accompagné les 80 derniers kilomètres. Il a vraiment fallu trouver beaucoup de mots pour réussir à la faire avancer. Je dirais que la chance que je peux avoir dans ces moments-là, c'est que je l'ai vécu tout ça. Je savais ce qu'elle vivait, mais pour l'avoir vécu, ça ne veut pas dire qu'on ne soupre pas en même temps que l'athlète, parce qu'on sait ce qu'il vit vraiment. Blandine a franchi l'île d'arrivée et puis aussi est partie anti-tuban et est tombée dans les journalistes et les caméramans qui étaient à droite de l'arche donc je dirais que d'avoir vu ça d'avoir vu ces deux championnes se mettre dans un état pareil elle est plus au fond d'elle-même certes elle n'avait pas gagné mais moi les valeurs qu'elles m'ont montré à ce moment-là je suis rentré chez moi et je me suis dit waouh quelle fierté d'avoir des athlètes performants mais des athlètes qui ont d'aussi belles valeurs et ça m'a beaucoup chamboulé c'est vraiment...

  • Speaker #1

    J'en ai des frictions quand on parle parce que c'est vrai qu'on a vu l'arrivée des athlètes et quand tu te donnes à ce point-là, tu sens que tu vas au bout de toi-même. C'est quand même un moment que je pense que beaucoup d'athlètes vivent au moment de passer la ligne d'arrivée, mais aussi des trailers amateurs qui vont jusqu'au bout de leur effort et passer l'arche. C'est souvent l'aboutissement de quelque chose.

  • Speaker #0

    Je ne veux pas pointer du doigt les gens qui abandonnent parce qu'il y a plein de raisons sûrement légitimes d'abandonner. Maintenant, parfois, ça peut être facile d'abandonner. Sauf qu'après, c'est aussi une douleur mentale pour repartir au travail dès le lendemain et de se refuser à un objectif et de croire en soi. Je sais que souvent, la ligne d'arrivée franchie ou l'abandon en tout cas fait plutôt un abandon quand on a enlevé les épingles. C'est une douleur mentale qui est compliquée. parfois quand on peut le faire sans jouer sur son intégrité physique, il vaut mieux essayer de ramener le dossard jusqu'à l'arrivée. Ça coûte de la souffrance. J'ai l'habitude de dire qu'est-ce que c'est que souffrir une heure ou deux heures ou trois heures dans une vie. C'est peu de choses ramenées à d'ailleurs et à plein d'autres moments qui peuvent être terribles aussi. Avoir ces valeurs là c'est déjà bien pour soi même, c'est bien pour le respect de l'organisateur et de tous ces gens qui sont derrière et qui voudraient avoir le talent des champions mais qui ne l'ont pas. Et puis, c'est des belles valeurs sportives. Et moi, je le redis une seconde fois en peu de temps, mais je suis très fier qu'on ait des athlètes qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour franchir l'année d'arrivée et être dans ces belles valeurs.

  • Speaker #1

    Alors, un team manager, il regarde toujours vers l'avenir. C'est la dernière question. Tu as les Templiers qui arrivent dans quelques temps. Et puis, tu vas aussi préparer 2025. C'est quoi tes grands objectifs dans les mois et peut-être l'année prochaine pour emmener ta team ?

  • Speaker #0

    Vous allez où ? Là tout de suite, à très court terme, oui, c'est les Templiers puisqu'on part en stage dans 10 jours pendant 3 jours à Millau. 3 semaines après, on se retrouvera pendant 4 jours à Millau pour vivre les Templiers. On a 13 athlètes qui courent sur 6 courses différentes et je pense que certains ont des belles cartes à jouer. C'est les 30 ans des Templiers, ça va être une belle fête et c'est une course de cœur, dans le cœur de beaucoup de Français. Donc voilà, il faut déjà réussir à court terme cette première échéance. Pour 2025, c'est d'accompagner les athlètes sur leurs projets. On a souvent des athlètes qui nous ont livré des projets à plusieurs années. Je sais par exemple qu'un Thomas Cardin, en début d'année, va s'ouvrir à l'international et aller faire une très belle course hors de France. C'est déjà passionnant de savoir qu'on va l'accompagner là-dessus. Pour certains, c'est de viser les championnats du monde qui ont lieu à Canfrans en Espagne. en mi-septembre. Ça va être une année très particulière parce que le championnat de France sera très tard. Il y aura possiblement des athlètes étrangers dans notre team avec des championnats de pays aussi à d'autres moments. Il va falloir apprendre avec eux, les recevoir avec nous dans cette team, bien les intégrer. Puis, il y aura cette UTMB qui va venir un peu se parasiter, se télescoper avec les championnats du monde. Ça va être une année particulièrement difficile parce que le calendrier va être moins clair que cette année. Mais surtout, c'est de mettre le pied sur la prochaine marche qui est celle de faire rentrer dans notre team des athlètes internationaux d'autres pays.

  • Speaker #1

    Je sais que tu ne donneras pas de nom, mais on a hâte de voir qui vous allez recruter.

  • Speaker #0

    Exactement, tu as raison, je ne donnerai pas de nom.

  • Speaker #1

    Écoute Thierry, merci beaucoup pour cet échange. On connaît mieux maintenant le métier de team manager d'une team athlète. On te souhaite tout le meilleur pour ta team, pour les Templiers dans quelques jours. Et puis, on regardera tout ça d'un oeil affûté pour voir si tes champions atteignent la ligne d'arrivée comme tu le souhaites. Merci Thierry,

  • Speaker #2

    à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir Gaëtan.

  • Speaker #2

    Voilà, cet épisode de Trail Story est maintenant terminé. Je vous remercie de votre écoute. La semaine prochaine dans Trail Story, j'aurai le plaisir d'accueillir Pauline Pruveau, une préparatrice mentale, diplômée d'État et infirmière qui vous aidera à mieux comprendre... comment optimiser vos performances avec un mental d'acier pour finir tous vos trails et vos ultra trails. Nous terminons en musique avec une chanson de Empire of the Sun, Walking on a Dream. Bonne aventure trail à toutes et à tous et à la semaine prochaine.

  • Speaker #3

    Sous-titrage

  • Speaker #4

    Société

  • Speaker #5

    C'est vraiment magnifique.

  • Speaker #3

    Magnifique.

  • Speaker #5

    C'est magnifique. Magnifique.

  • Speaker #2

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le noter 5 étoiles dans votre plateforme Apple Podcast ou Spotify juste après avoir écouté cet épisode. Merci à vous et à très bientôt !

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Description

Thierry Breuil, team manager de la Team Élite Kiprun, nous partage les coulisses de cette équipe exceptionnelle, composée de certains des meilleurs athlètes de trail au monde.

L'équipe inclut des athlètes comme : Clémentine Geoffray, championne du monde 2023 et d'Europe 2024 de trail, qui est une figure montante et très prometteuse. Blandine L’Hirondel, qui a brillé en terminant 3 ème à l'UTMB en 2023 et 5ème en 2024. Elle est une des valeurs sûres du trail mondial. Ex championne d'Europe et du monde de trail. Thomas Cardin, champion d'Europe 2024, reconnu pour ses performances impressionnantes et sa constance au plus haut niveau. Aurélien Sanchez, qui a marqué l'histoire du trail français en devenant le premier Français à finir la mythique et redoutable Barkley une course mythique américaine connue pour sa rudesse, son endurance et sa difficulté.

Thierry Breuil nous raconte comment il gère et accompagne cette équipe d'athlètes d'élite. Il partage également son expérience en tant qu'ancien coureur, ce qui lui permet de mieux comprendre les besoins de ses athlètes, tant physiquement que mentalement. Il parle de l'importance de l'entraide, de la gestion de la pression en compétition.

Il évoque aussi la dynamique d'équipe et l'équilibre à trouver entre les membres de sa team. Thierry met en avant la cohésion qui existe au sein de la Team Kiprun et cet esprit de famille bienveillant et exigeant.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, ici Gaëtan Pitaval, passionné de trail. Je vais vous partager des histoires de trail à travers ce podcast. Des histoires d'hommes, de femmes, des aventures, des émotions, mais aussi des histoires de courses mythiques. Bienvenue à tous.

  • Speaker #1

    Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Trap Story. Aujourd'hui, je suis ravi d'accueillir Thierry Breuil, que vous connaissez sans doute parce que c'est quelqu'un qui compte dans le milieu du trail. Et aujourd'hui, on va parler de son métier de Team Manager de la Team Kipron. Salut Thierry, ça va bien ?

  • Speaker #1

    Salut Gaëtan !

  • Speaker #0

    Alors Thierry, est-ce que tu peux te présenter pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, nous parler un peu de ton parcours d'athlète et de comment tu es arrivé à ce métier de Team Manager de la Team Kipron ?

  • Speaker #1

    Bon déjà, il te faut une demi-heure là, tu connais la réponse, ça va prendre 30 minutes. Alors j'ai commencé à courir à l'âge de 10 ans et je me suis passionné pour la course à pied pour avoir eu des résultats dès les jeunes catégories. Donc voilà, je ne vais pas refaire le palmarès, j'ai gagné les Templiers en 2009 globalement, j'ai une douzaine de sélections en équipe de France sur steep, ploucher les jeunes, cross, en espoir, course de montagne, en senior et de trail. J'ai participé à trois championnats du monde et j'ai gagné. Beaucoup de trails en France, des trails plutôt roulants où il fallait courir vite et où j'ai pu m'éclater parce que j'avais des records sur 10 km et semi-marathon qui étaient bons. Donc, c'est dans des trails plutôt roulants que je me suis éclaté. J'ai rejoint Decathlon et la marque Calenji en 2012 en tant qu'athlète, mais aussi à ma volonté qui avait été acceptée par le leader de l'époque comme chef de produit. J'ai eu la chance d'être bien entouré par Jean-Luc Burnichon. Il faut le... il faut le citer, qui m'a pris le métier de chef de produit, qui m'a permis que cette expérience de course à pied a pu me servir, surtout en 2012. Il y avait beaucoup de choses à faire encore dans le textile trail, les sacs de trail, les bâtons de trail, les frontales de trail, beaucoup de produits. Donc, j'ai beaucoup travaillé sur le textile au début, puis dans les chaussures à la fin. Et puis, dans cette grande entreprise qui est Décathlon et qui bouge très vite et qui est tout le temps en train de revoir les copies, on est passé de… Kalenji à Evadik pour la partie trail puis on est passé dans un projet qui s'appelle Keeprun depuis deux ans maintenant donc nous sommes tous regroupés sous le pavillon Keeprun et dans cette grande marque de running qui a beaucoup d'ambition j'ai changé de métier il y a un nouveau métier qui s'est ouvert à moi celui de team manager pour les athlètes et quand j'ai vu qu'il y avait cette possibilité de faire ça dans l'entreprise j'ai postulé parce que véritablement je pense que c'est la suite de 20-30 ans de course à pied où j'ai tellement appris de choses tellement des connaissances, que ce soit dans les athlètes, les managers, sur les events. Donc voilà, c'était naturel pour moi. Et puis, je l'avais déjà fait un petit peu dans mon passé, d'aider des athlètes à trouver des contrats. Donc voilà, je suis aujourd'hui le team manager du trail pour Keep Run.

  • Speaker #0

    Oui, OK, c'est ça. Donc, on peut préciser pour les auditeurs, il y a des team managers pour la course sur route, mais toi, tu t'occupes spécifiquement du trail. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous dire… C'est quoi globalement le métier de team manager ? Qu'est-ce qu'il fait un team manager ? Une team, on va dire, athlète où il y a quasiment des professionnels, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On a tout à vrai dire puisque le trail est professionnel pour certains, mais n'est pas professionnel pour tout le monde, y compris dans des athlètes de haut niveau, par choix ou parce que ce n'est pas possible avec pour le moment les montants financiers qui sont engagés. Donc mon rôle aujourd'hui chez Keep Run, il est d'abord de recruter des athlètes, faire du scooting. Donc de les avoir identifiés, puis de les approcher, leur expliquer quel est notre projet, où est-ce qu'on veut aller, leur parler de nos valeurs. Et puis dans un second temps, tout de suite derrière, j'aurais envie de dire, dans la même discussion, c'est aussi de savoir quelles sont leurs valeurs à eux, quelles sont leurs ambitions à quelques années devant nous, on va dire à 3-5 ans, qu'est-ce qu'ils visent. où est-ce qu'ils ont envie de courir de là on va voir s'il y a une possibilité de faire un contrat de partenariat entre la marque et l'athlète après en fonction des niveaux des athlètes de leurs ambitions et tout ça il va y avoir une négociation qui va rentrer qui va être financière ou non, selon le niveau de l'athlète, mais aussi ses ambitions. Après, il y a toute une partie contractuelle. Là, je suis aidé par un de mes collègues dans le sport marketing chez Kiprun, qui est spécifiquement dédié à ça, pour avoir fait des études de droit et pouvoir voir avec le service juridique de Décathlon, faire des contrats qui tiennent la route. Ça, c'est la partie qui prend le moins de temps, qui se travaille plutôt dans l'ombre sur du long terme. Mais après, une fois que ces athlètes sont là, pour la partie trail, on gère ces athlètes-là un peu comme une grande famille. C'est-à-dire qu'on a des stages à l'année, au minimum trois, j'ai envie de dire, entre trois et plus. On a des courses sur lesquelles on se retrouve. Deux systématiques que sont l'UTMB et les Templiers, parce que ça a une énorme résonance en France, voire à l'étranger. Et puis aussi, on est présent en ce moment sur les championnats de France où on les accompagne. Donc voilà, il y a la gestion de la dotation, leur envoyer les nouveaux produits, mettre les athlètes en lien avec les chefs de produits, puisqu'on souhaite que nos athlètes nous aident à co-concevoir les produits, les améliorer, donner des idées, pallier des manques s'il y en a. Donc voilà, ils travaillent avec nous. Et donc moi, je suis la personne centrale qui va mettre en lien les athlètes et les chefs de produits. Bon, et puis après, le marketing, l'image, enfin… Beaucoup de choses qui sont liées à tout ce que peut renvoyer un athlète quand il est en contrat avec une marque.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu étais quand même un peu initialement à la base de l'Evadict Team Movement, l'équipe qui avait été créée spécifiquement pour les femmes au temps du trail et de la marque Evadict. Et là, du coup, avec ce mouvement vers qui prendre la nouvelle marque de running de Décathlon, tu gères aussi des athlètes hommes, tu n'as plus que des femmes, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tu as parlé sur un aspect que je n'avais pas… parler tout à l'heure. On a eu une époque où on avait travaillé pour une marque de trail. Elle s'appelait Evadic et à ce moment-là, j'avais eu l'idée de créer une équipe 100% féminine qui a très bien fonctionné et qui s'est lancée ainsi. Ensuite, nous nous sommes retrouvés dans ce projet de la marque Keep Run. Là, on a forcément aligné ce que l'on avait fait par le passé avec la trajectoire pour avoir une marque mondiale de running. On a gardé toutes les filles, on est resté avec nos spécificités. Du reste, on la garde comme une tête de proue pour le trail. Notre singularité de la Keep Run Women Team existe toujours avec toutes ces filles-là, voire même un petit peu de recrues depuis. On a toujours plus de filles que d'hommes dans nos athlètes. Mais aujourd'hui, effectivement, on a des femmes depuis trois ans aujourd'hui, des hommes au nombre de sept qui ont été recrutés au début de l'année 2024. Justement, avoir aussi des hommes dans des courses. et pouvoir briller autant sur des courses féminines que des courses masculines. Et le futur, demain, va être aussi de s'internationaliser et donc d'aller chercher des femmes et des hommes dans plusieurs pays d'Europe ou du monde.

  • Speaker #0

    Donc, entre guillemets, ton recrutement n'a pas de frontières et tu seras plus spécifiquement avec des athlètes français. Tu pourras potentiellement recruter aussi des athlètes internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, et puis disons que c'est très bien accueilli chez nos athlètes. Finalement, on passe. On monte un escalier, pas à pas, marche après marche. On avait qu'une équipe de filles. C'était une belle singularité et ça avait vraiment plu aux filles qu'on avait recrutées d'avoir cette singularité. Quand on a eu des hommes, on s'était dit comment ça va se passer. Les filles ont dit c'est plutôt mieux parce que notre projet existe toujours. On est toujours mis en avant. Rien n'a changé pour nous, sauf qu'on a en plus la gloire de pouvoir aller nous entraîner ou être sur des courses et encourager des femmes et des hommes. Sur le dernier rassemblement… fin juin, on a eu une athlète du road running qui pratique aussi le trail et la course de montagne, qui s'appelle Alice Boudal, qui est donc anglaise et qui nous a rejoints. Alors oui, elle était toute seule, c'était la première fois, mais malgré tout, on commençait à mettre notre pied sur une nouvelle marche et à devoir nous retrouver en stage, parler nous anglais, mais elle, elle faisait aussi des efforts à essayer de nous répondre, de nous parler en français. Donc, voilà, on s'ouvre à tout progressivement. Ce qui est très, très important, et ce que j'ai déjà dit dans d'autres interviews, c'est surtout de garder un état d'esprit. c'est de faire en sorte que si on grandit et on grandit, mais que tous ces athlètes qui viennent les uns après les autres rentrent bien dans un moule où avant tout, même si la performance est prédominante on s'entend bien et on a envie de se retrouver donc les valeurs des athlètes qui nous rejoignent, on fait très attention pour que l'ambiance reste toujours la première clé de motivation Toi tu veux que ça reste une famille c'est ça un peu ? Alors oui, il se trouve que c'est aussi quelque chose que l'on s'est dit chez Clip Run, d'être très très proche de nos athlètes Et donc, ce n'est pas quelque chose sur lequel je me suis dit, tiens, il va falloir faire un effort. Au contraire, je le voyais aussi ainsi. Et donc, effectivement, on l'avait bien cultivé dès le début. Et donc, ce n'est pas excessivement compliqué que de continuer dans la même voie. Et oui, il y a des hommes et il y aura demain des athlètes étrangers. il faudra qu'on continue à faire passer ce beau message parce que ce que l'on voit de l'extérieur, aujourd'hui, il se trouve que le dernier message que j'ai reçu d'un athlète qui voudrait rentrer dans la team, je l'ai reçu ce matin, je ne vais pas donner son nom, mais forcément, les athlètes qui contactent sont plutôt à dire des belles choses pour vouloir nous rejoindre, mais en tout cas, beaucoup pointent l'état d'esprit qu'ils ont vu, qu'ils ont entendu avec ce que l'on a déjà fait depuis trois ans. Alors,

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux rapidement nous dire de qui est composée la team Kipron ? Donc, les 7 athlètes hommes et tes 10 femmes ou 12 femmes, je ne sais plus combien tu en as. Si tu peux juste nous dire leur nom et prénom et leur plus beau palmarès.

  • Speaker #1

    Alors, chez les filles, on a Blandine Lirondel, double championne du monde, championne d'Europe de trail. Je ne vais pas en rajouter, sinon je vais très loin. Clémentine Geoffray, championne du monde, elle aussi, de trail en 2023 sur Trail Court. Adeline Roche. championne du monde avant de nous avoir rejoint mais championne du monde aussi je crois que c'était 2017 l'année où elle était championne du monde marie doin qui vient de gagner la tds il ya quelques jours céline finas qui elle était troisième sur la tds et quelques jours une spécialiste des courses ultra difficiles sa soeur céline finas qui a gagné le grp il ya deux ou trois ans jade Rodríguez qui a gagné la Golden Trail Series France du Kemgu par exemple au mois d'août et qui était en équipe de France de course de montagne cette année. Laurie Fay qui a gagné le Trail d'Ancourt en début d'année. Camille Thirémounier qui vient juste de gagner le marathon du Médoc. Il m'en manque Sarah Veuille, Sarah qui a beaucoup été blessée cette année mais qui a un palmarès long comme le bras et plein de victoires. Alors, je dirais quoi pour Sarah ? Quatrième à la Diagonale des Fous il y a un an. Elle a gagné le trail du Tour des Fils, enfin, beaucoup de choses. Margot Dajou, la petite dernière. Petite parce que c'est la seule qui est… Elle était encore junior cette année. Championne d'Europe de course de montagne au mois de juin dernier. Je suis sûr qu'il doit m'en manquer parce que je n'ai pas une nuit sous les yeux. Je n'ai pas préparé. Bon, alors, on va sécher les hommes en espérant avoir oublié personne. Sinon, il faudra que tu fasses un rectificatif. Les hommes, on a… Thomas Cardin, notre leader, champion d'Europe de course de trail au mois de juin, toujours à Annecy. Loïc Roland, qui était un athlète recruté en début d'année, qui était peu connu et qui explose littéralement. Quatrième au Choupat France, troisième au championnat d'Europe et qui vient de faire deuxième du Witz Bruel by UTMB 50K dimanche dernier, derrière le champion du monde de trail court, Jonathan Ladbonne. Loïc Robert, un spécialiste des courses de sky running, vice-champion de France de trail court l'année dernière. Gwendal Moisan, il se présente comme l'inconnu du trail, mais il a quand même une belle lignée à son palmarès. Il a gagné le 100 miles by UTMB de Nice l'année dernière. Il a fait deux très belles courses cette année et il sera présent sur l'Endurance Trail prochainement. Une petite blessure cet été qui l'a empêché de faire l'UTMB. Pierre-Arnaud Bourguenol qui a gagné un trail de 110 km sur le Ventoux cette année. Fleury Roux, un caméra runner dans la vie qui vient de remporter une course de Maboule. Au Népal, en 45 jours, il a parcouru 1 900 km et 50 000 m de dénivelé.

  • Speaker #0

    Ce que j'avais reçu dans Trail Story, donc si vous voulez le suivre dans cet épisode, c'est l'Himalayan Race.

  • Speaker #1

    Voilà, donc un baroudeur de dingue, et pour autant qui court extrêmement vite puisqu'il filme les meilleurs coureurs. Et par exemple, Kylian Jornet, dans certaines courses, ça l'oblige à déployer toute sa vitesse. Et je pense que j'ai cité les six premiers. Le dernier, c'est Aurélien Sanchez. très, très connu, mondialement connu, le premier Français, le seul Français à avoir remporté la Barclay en 2023.

  • Speaker #0

    La fameuse Barclay.

  • Speaker #1

    La fameuse Barclay qui vient de finir troisième du Swiss Peak 660. 660, c'était le nom, c'était la distance, sauf qu'en vrai, il y avait 710 kilomètres. Donc voilà, on va rencontrer Aurélien sur un stage où on sera la semaine prochaine pour la première fois tous dans 10 jours. Et on a hâte. d'entendre son accent toulousain et qu'il nous raconte autant la Barclay que son expérience sur la Swiss Peak.

  • Speaker #0

    Incroyable. Là, c'est de la très, très longue distance et des expériences de barjots, notamment la Barclay qui est une course qui est complètement dingue. C'est vrai que c'est impressionnant d'avoir ce type d'athlète dans ta team.

  • Speaker #1

    Je pense que ce qui est important, c'est que quelqu'un qui l'a vraiment vécu nous le dise. Et donc, moi, j'ai hâte que quelqu'un qui a été présent sur place réponde à nos questions et nous raconte la vraie histoire intérieure de cette course qui est mythique et incroyable.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un peu dans ton métier. Tu as vraiment ce côté un peu recruter des futurs athlètes en devenir et observer les jeunes pousses un peu comme un sélectionneur de foot. Toi, comment tu détectes ? Je sais que tu travailles avec Philippe Propage aussi. Comment vous détectez un peu les futurs champions de demain ?

  • Speaker #1

    Globalement... Ça veut dire que tu me connais aussi et certains le savent, je baigne dans la course à pied depuis 42 ans. Je l'ai parlé tout à l'heure comme la raison pour laquelle je faisais ce métier-là avec passion et assez facilement, c'est que quand tu es toujours dans le milieu et que tu as l'habitude que tu cultives les connaissances en regardant toutes les courses, les résultats des courses, en regardant tous les médias qui vont interviewer des acteurs, c'est regarder aussi beaucoup maintenant les courses de jeunes et voir qui va percer. On a des instruments qui nous aident aussi à mesurer le niveau des athlètes, c'est l'ITRA ou l'index UTMB, qui permettent tout de suite de retrouver quel type de course a pu faire tel coureur, est-ce que c'est quelqu'un qui court beaucoup, qui ne court pas beaucoup, est-ce qu'il a l'habitude de bâcher, est-ce que c'est quelqu'un qui est tout le temps à l'arrivée, parce que ça aussi ce sont des valeurs que je trouve qui sont très importantes. de franchir quand même assez souvent la ligne d'arrivée et pas juste de faire une étincelle de temps en temps. Donc voilà, c'est de la veille au quotidien et après c'est une prise de contact et du feeling parce que parfois, dans un sens et sûrement dans l'autre, ça passe pas forcément, soit parce que le projet n'est pas celui qui pourrait bien venir se mettre dans ce que nous on souhaite accompagner ou que la créte peut-être ne se retrouve pas dans... dans les valeurs qu'Eaprun peut avoir. Je veux dire, ça peut être des deux côtés, d'avoir un refus, je ne veux pas juste dire ce que nous, on pourrait refuser, mais voilà, c'est... D'ailleurs, je ne vais pas mentir, j'ai eu des refus quand j'ai recruté 10 filles il y a 3 ans, j'en avais contacté plus que 10, et 2-3, soit parce qu'elles étaient engagées ailleurs, ou soit parce que le projet ne leur avait peut-être pas parlé, ne sont pas venues. Donc, voilà, aborder un athlète, ça ne veut pas forcément dire qu'il va venir, c'est une discussion, et c'est un dialogue qui se nourrit. Mais je dirais qu'aujourd'hui, avant, je devais vraiment beaucoup recruter. Aujourd'hui, je dois surtout regarder les mails que je reçois aussi. C'est beaucoup plus simple aujourd'hui. Grâce aux performances de toutes les personnes qu'on a citées, on a ramené six médailles des championnats d'Europe. On a trois titres. Les performances exceptionnelles de Blandine sur l'UTMB l'année dernière, cette année, Clémentine, les titres de championne du monde. Bref, aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui viennent vers nous parce que nos athlètes font parler de la marque.

  • Speaker #0

    Alors, on en a parlé un peu il y a quelques instants. Tu es en binôme avec Philippe Propage, qui est l'entraîneur de pas mal d'athlètes de cette team. Comment tu as évolué avec lui ? Parce que tu étais avec lui depuis Calenji, globalement. Comment a évolué ta relation avec lui au cours de ces années ?

  • Speaker #1

    La réalité, c'est qu'avec Philippe, je suis avec Philippe depuis le premier jour où il m'a appelé en 2009. Oui, je pense que c'est ça, 2009. En me disant, Thierry, je cherche... des personnes pour l'équipe de France de trail et j'aimerais te proposer d'être pour les prochains championnats du monde. Donc, ça date bien avant, ce qui veut dire que j'étais chez Adidas à l'époque. Philippe nous a rejoints ensuite dans le team Adidas. Quand je suis parti chez Calenji, Philippe a souhaité me rejoindre. Puis, il est parti avec certaines obligations de l'équipe de France. Il avait quitté Calenji. Et puis, sur le projet Evadict et de la Women's Team, il a accepté de venir avec nous. nous ce qui était un prérequis à l'époque quand on a créé cette team là donc bah philippe j'aurais un peu de mal à répondre à ta question philippe on se connaît depuis donc ça fait quoi 2024 et 15 ans je dirais que même les années où on a été moins en relation on s'est toujours rappelé il ya une vraie complicité il a été mon entraîneur aujourd'hui je n'embête plus à me faire des plans parce que je pense qu'il en fait suffisamment de monde donc c'est juste pour ça que je lui demande plus il a aussi été mon entraîneur sur la fin de ma carrière donc bah je dirais que nous deux c'est fluide quoi On pense de la même manière, on a les mêmes valeurs. C'est aussi une des raisons pour lesquelles Philippe tient à être chez Decathlon, quelle que soit la marque. Finalement, il en aura fait trois, Calenji, Evadict et Equipoint aujourd'hui. Mais voilà, dans tout ce que l'on peut faire, c'est des discussions, elles sont conjointes. La prise de décision est souvent partagée, y compris dans le recrutement. Philippe a toujours eu son œil à dire, à voir. Aujourd'hui, il n'entraîne pas véritablement forcément. les athlètes. Un athlète peut être recruté et dire moi, je garde mon coach ça ne pose aucun problème. Après, il n'empêche que quand on se retrouve sur une courbe, dans un stage ou autre, on ne va pas dire que parce qu'il n'est pas entraîné par Philippe Propage, on ne fait pas le ravitaillement de tel athlète, bien au contraire. On est au service des athlètes. Par contre, effectivement, quand un athlète nous rejoint, s'il a le souhait d'être entraîné par Philippe, ça fait partie des prestations que Philippe fera pour qu'il prenne par rapport au contrat qu'il a avec nous. Et donc, il accompagne les athlètes qui le veulent. qui nous rejoignent et qui vont à la recherche d'un coach.

  • Speaker #0

    Alors, on n'en a peut-être pas parlé encore, mais il y a aussi un staff technique avec des kinés qui accompagnent les athlètes. Comment ça se passe avec eux ? Ils vous rejoignent sur tous les stages et toutes les courses ? Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors là, c'est pareil. Chaque athlète vit en France dans sa propre ville, a chez lui son médecin et sûrement son kiné à l'année. Dès lors que nous avons un regroupement qui prene, que ce soit donc sur un stage ou sur une course, tout le staff autour de la team se déplace. Nous avons aujourd'hui trois kinés, Cindy Dechambre, Benjamin Dubois, qui est le dernier rentrant, Marilyn Berthet, qui d'ailleurs… Deux des trois sont issus du staff de l'équipe de France. Et donc, viennent à tour de rôle. On a au moins deux kinés, puisqu'aujourd'hui, ça nous fait entre 15 et 18 athlètes présents sur nos regroupements. Cindy s'occupe aussi de la partie épargne physique. Et pour l'année prochaine, parce que l'idée, c'est quand même de grandir et de proposer un accompagnement toujours plus complet. Nous sommes en train de voir avec un des partenaires des athlètes qui prennent trail, qui est Décathlon Nutrition. donc nos athlètes sont déjà accompagnés pour ceux qui le souhaitent des produits de décathlon nutrition, ils ont une dotation à l'année et des produits qui les attendent à chaque fois que nous arrivons sur un stage, mais je pense que l'année prochaine c'est en discussion pour que nous ayons aussi une nutritionniste présente sur les stages et peut-être sur les courses pour aider et faire les plans de courses, mais aussi sûrement présente à l'année pour aider les athlètes sur leurs besoins, que ce soit justement pour préparer des courses. et bien s'alimenter ou pour avoir des actions à bien manger toute l'année pour être performant à l'entraînement et en compétition. Donc voilà, on cherche toujours, comme je le disais tout à l'heure, là-dessus aussi, c'est franchir une marche après l'autre, pas aller trop trop vite, mais faire des choses dans la sérénité, grandir et proposer un accompagnement toujours meilleur à nos athlètes.

  • Speaker #0

    Et alors, on en a beaucoup parlé cet été avec les JO, on parle de plus en plus de préparation mentale avec l'INSEP, notamment qui a mis ça en place pour pas mal d'athlètes. Est-ce que c'est des choses que tu envisages avec Philippe ? Je sais que Philippe, il en fait sans le savoir, mais est-ce que c'est des choses que tu envisages à terme ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que l'on a évoqué avec les athlètes. Certains nous ont dit que c'était éventuellement quelque chose qui pouvait les intéresser. Donc, je pense que ce sera un autre step. C'est effectivement quelque chose sur lequel on va se mettre en réflexion. On va d'abord, comme je le disais, je ne suis pas super pressé à l'idée de bâcler les choses, d'aller trop vite. Mais justement, que le noyau-là ne soit pas... super bien construit. On va commencer par de la nutrition. Je pense que oui, sûrement, très sûrement, le step d'après sera sûrement de se faire accompagner par une personne. Si c'est bien leur désir, parce que justement, pour la nutrition, avant, c'est une question qu'on va leur poser d'abord. On va vérifier si le besoin existe. S'il n'existe pas, ça ne sert à rien d'aller dans quelque chose s'ils ne sont pas ouverts à ça. Si au contraire, nos athlètes estiment que c'est un plus pour eux pour aller vers plus de performance, à ce moment-là, nous, ça... qui prennent, on fera en sorte de mieux les accompagner.

  • Speaker #0

    Cette année 2024, elle a été super chargée, tu en as parlé, il y a eu les championnats de France, les championnats d'Europe, il y a eu l'UTMB, il y a les Templiers qui arrivent. Toi, en fait, tu n'es jamais chez toi,

  • Speaker #1

    non ? Ce serait exagéré parce que malgré tout, sur toutes les dates que tu viens de donner, et tu as raison, je n'étais pas chez moi, tu peux rajouter tous les stages de préparation aux compétitions. Peut-être que ma femme te dirait que je ne suis jamais chez moi. Moi, je dirais que… Et puis surtout, quand tu rentres de trois semaines de vacances et que tu reprends ta semaine pour aller une semaine à l'UTMB, c'est compliqué de dire que tu as le sentiment d'aller au goulag et que tu as un boulet au pied. Donc, est-ce que cette semaine-là, tu as vraiment le sentiment que tu reprends le boulot ? Alors, dans les faits, oui, puisque toute la semaine, avec Philippe, on n'a quand même pas dormi les heures qu'on voulait à faire les assistantes sur la TDS et sur d'autres courses. Donc, c'est vrai que c'était la course de tous les côtés. Oui, mais… c'est notre métier aujourd'hui d'être dans l'accompagnement des athlètes et finalement les jours dehors ça représente pas tant de jours que ça faut pas exagérer et puis de toute façon c'est un plaisir.

  • Speaker #0

    Alors on en a parlé un peu de l'évolution de la team vers une internationalisation il y a aussi je pense à un moment une taille critique est ce que tu t'es fixé une limite en recrutement en disant bah tiens à partir de ce moment là ça fera peut-être beaucoup ou est ce que pour l'instant tu jauges comme ça en fonction des opportunités ?

  • Speaker #1

    Oui il existe une taille limite dont je ne vais pas parler. L'idée pour le moment est plutôt de se dire qu'on a encore des choses à faire puisqu'on souhaiterait avoir un athlète dans quelques pays ciblés, une petite liste de pays ciblés, pour répondre aussi à la volonté de certains gros pays d'hécatelons sur lesquels il y a un gros niveau de trail, un gros marché de trail, qui puissent aussi s'identifier avec un champion qui porterait les couleurs de Keep Run avec leur nationalité et qui puisse... eux relayer pour aider à faire connaître aussi les produits dans leur pays parce que le sponsoring quand même pousse à ça, à bien faire connaître des produits. Et justement, nous, chez Keeprun, pour le trail, on a tous les produits qui permettent de courir n'importe quel ultra dans le monde entier. Donc, voilà, il y a une petite liste d'hommes et de femmes encore à recruter. Et puis après, l'appétit vient en grandissant. Et je dirais qu'on verra comment on se laisse porter et s'il faut mettre des restrictions en termes de nombre ou pas. Mais pour le moment, on n'a pas atteint la jauge. Donc, on est en pleine progression.

  • Speaker #0

    Le trail est en train de se professionnaliser. Il y a beaucoup de choses à faire. beaucoup de marques qui investissent énormément dans le trail. Ça a beaucoup changé, je pense, depuis que tu as été champion au Templier ou en équipe de France. Et donc, les élites, maintenant, il faut de plus en plus les séduire. Toi, c'est quoi tes arguments dans cette compétition ?

  • Speaker #1

    Ta question est difficile. Ce qu'il y a de certain, c'est que le marché du trail a explosé, ça c'est certain. On a toujours un peu l'impression qu'il explose en regardant à une petite échelle à 2-3 ans. Mais véritablement, c'est une explosion énorme, mais presque d'une année sur l'autre. particulièrement je pense qu'il y a eu une grosse accélération sur les 3-5 dernières années donc oui il y a énormément de marques sur le marché il faut aussi se dire que il y a une singularité c'est que la France est vraiment un pays très très actif sur ce marché là je ne suis pas certain que tous les pays du monde aient la même cette même attractivité sur le sport rail Oui, certains pays, l'Espagne, l'Italie, les États-Unis, la Chine, vraiment sont des pays où le trail a une très grosse pratique. Mais beaucoup d'autres pays sont encore sur une pratique bien plus marginale. Comment est-ce qu'on séduit des athlètes ? Déjà, en tout cas, nos athlètes courent en 100% de nos produits. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de produits maquillés, il n'y a pas de produits où on ferme les yeux pour quand un athlète signe chez nous, il va utiliser tout notre textile, toutes nos chaussures, nos sacs, nos bâtons. frontales. En tout cas, c'est des choses qu'on s'est écrites et sur lesquelles on ne lâche rien depuis qu'on a débuté le sponsoring il y a trois ans. Et après, aujourd'hui, c'est aussi un marché sur lequel les ad sets se professionnalisent. Donc, ils attendent de pouvoir en vivre. Donc, nous, on contribue à essayer de faire vivre ceux qui ont un niveau tel qu'il faut arriver avec un contrat financier pour arriver à les séduire.

  • Speaker #0

    Donc, ça veut dire que tu as mis en place des systèmes de primes J'imagine que quelqu'un qui gagne l'UTMB, il ne va pas gagner la même chose s'il gagne le trail des Fraises dans le nord de la France.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Déjà, ça passe avant les primes pour les meilleurs athlètes, mais je dirais que c'est comme du football. Le football est très loin de nous, mais surtout comme du road running ou de l'athlétisme, qui sont des sports qui sont couverts par deux de mes collègues avec qui je travaille. et qui sont dans le sponsoring avec des agents. Du reste, depuis très longtemps, les athlètes sont liés avec des marques sur plusieurs années, 3, 4, 5 ans. Et donc, ça passe par un contrat financier annuel, en plus d'une dotation de produits évidemment, sur lesquels viennent se rajouter des primes à la performance. Donc voilà, en athlétisme, on va parler d'une table hongroise pour arriver à mesurer un niveau de performance et attribuer... une valeur de prime en face. Moi, je vais plutôt être sur une cote ITRA pour donner un niveau d'athlète chez l'homme. Évidemment, on regarde quand même les performances passées, que ce soit en athlétisme, au road running ou en trail. Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui ? Forcément le projet, parce que c'est important de savoir ce que veut faire l'athlète, qu'est-ce qu'il vise. S'il vise le trail de la fraise, véritablement, est-ce qu'on ambitionne nous aussi d'avoir une super victoire sur le trail de la fraise ? ou plutôt d'essayer d'avoir des podiums ou des victoires à l'UTMB. Donc évidemment, ce ne sont pas les mêmes enjeux financiers qui seront mis derrière sur cet athlète-là. Et oui, après, il y a des grilles de primes à la performance en fonction des courses et de leur niveau.

  • Speaker #0

    Ce métier de team manager, c'est un peu un métier qui a évolué. Et toi, c'est quelque chose qui te fait rêver ? Tu en as rêvé de ce métier ? Oui. Comment ça se passe dans ta tête quand tu fais ce type de métier ? Alors en vrai, j'ai rejoint une entreprise qui était déjà très surprenante pour moi parce qu'elle est toujours en train de te challenger, de te demander qu'est-ce que tu veux faire demain comme nouveau métier. Et moi, j'avais plutôt l'habitude d'être des entreprises jusqu'à l'âge de 40 ans où quand tu rentres, si tu ne démissionnes pas et si tu ne devais pas virer, tu y es. Mais sur le même métier en plus. Donc déjà, il a fallu que je me fasse à cette idée où chez Decathlon, on a régulièrement cette possibilité de grandir et de pouvoir dire à son patron qu'on voudrait aller vers d'autres métiers. C'était déjà, je trouve. assez surprenant. Donc, je pense que toutes les personnes qui sont chez Decathlon, ça ne les surprend pas. Mais les personnes qui ne connaissent pas Decathlon, ça peut déjà les surprendre que je leur dise ça. Et je dirais que moi, je ne m'attendais pas en étant chef de produit. Alors, il y avait des métiers qui existaient. Donc, je savais sur quoi on pouvait évoluer. Mais on n'avait pas d'athlète. On n'était quand même, ce n'était pas l'entreprise reine du sponsoring dans le milieu du sport jusqu'à il y a quelques années. Donc, je dirais que je ne m'étais pas autorisé le rêve de me dire que ce métier-là était possible. Par contre, quand le projet de la Women's Team est parti et quand surtout dans le projet de Keep Run, j'ai vu que ça existait, oui là on peut parler du fait que j'ai très très vite levé très très haut la main. J'espérais bien que personne n'allait la lever plus haut que moi, voire que peut-être mon passé ferait que j'étais un des plus légitimes à avoir ce métier là. Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans Trail Story, j'aime bien qu'on parle de ta plus belle émotion. Est-ce que toi, c'est quoi ta plus belle émotion que tu as vécue avec ta team ? Est-ce qu'il y a des moments comme ça qui t'ont marqué, où là tu as pleuré, tu as tout donné ?

  • Speaker #0

    Je sais que la victoire de Clémentine Geoffray, qu'on n'attendait pas en 2023, on était dans une réunion tous ensemble, tous réunis, réunion de travail qui prene, à présenter les nouvelles collections à tous les pays du monde entier, et en même temps qu'on leur parlait, en plus en anglais ce qui était compliqué pour moi, on avait une télé sans le son qui… qui montrait en direct la course de Clémentine. Et je me disais, mais non, elle ne va pas faire ça. Et puis les kilomètres passant, je me disais, mais c'est incroyable. Elle ne lâche pas, elle est devant. Elle est revenue devant, elle est passée devant. Je me rappelle avoir pleuré devant tout le monde, devant mes collègues en pleine réunion, tellement j'étais content, fier, heureux que Clémentine soit devenue championne du monde. Je te dirais rapidement ce qu'on a vécu au championnat d'Europe cette année avec les filles qui font 1, 2, 3. Et les garçons qui font 1-3, il ne faut pas oublier Margot qui est championne d'Europe en junior. Donc, 6 athlètes au championnat d'Europe qui ramènent une médaille et 3 titres. Quand tu t'appelles Kiprun, avec Philippe Propage dans la voiture, on goûtait notre joie d'avoir mis tout ça en place et avoir de telles récompenses en si peu de temps. Et puis de faire briller Kiprun, ce qui est quand même le but. Mais je dirais, sur un passé très récent, j'ai été très chamboulé sur l'OCC. Clémentine fait une super remontée. et vient terminer 3e, mais sitôt la ligne franchie tombe au sol et petite perte de connaissance tellement elle a forcé pour en arriver jusque là. Donc j'ai passé tout mon après-midi à la soutenir. Puis deux jours après, une autre championne du monde de notre team, Blandine, qui apprendra plus tard qu'elle avait certainement les symptômes du Covid et qui a un petit peu sûrement expliqué pourquoi la course n'est pas vraiment passée comme elle l'avait prévue. Ça fait partie des aléas du trail, mais quand même une fatigue qui était arrivée très vite et très surprenante. Encore une fois, franchi la ligne d'arrivée dans un état de fatigue, on l'a accompagné les 80 derniers kilomètres. Il a vraiment fallu trouver beaucoup de mots pour réussir à la faire avancer. Je dirais que la chance que je peux avoir dans ces moments-là, c'est que je l'ai vécu tout ça. Je savais ce qu'elle vivait, mais pour l'avoir vécu, ça ne veut pas dire qu'on ne soupre pas en même temps que l'athlète, parce qu'on sait ce qu'il vit vraiment. Blandine a franchi l'île d'arrivée et puis aussi est partie anti-tuban et est tombée dans les journalistes et les caméramans qui étaient à droite de l'arche donc je dirais que d'avoir vu ça d'avoir vu ces deux championnes se mettre dans un état pareil elle est plus au fond d'elle-même certes elle n'avait pas gagné mais moi les valeurs qu'elles m'ont montré à ce moment-là je suis rentré chez moi et je me suis dit waouh quelle fierté d'avoir des athlètes performants mais des athlètes qui ont d'aussi belles valeurs et ça m'a beaucoup chamboulé c'est vraiment...

  • Speaker #1

    J'en ai des frictions quand on parle parce que c'est vrai qu'on a vu l'arrivée des athlètes et quand tu te donnes à ce point-là, tu sens que tu vas au bout de toi-même. C'est quand même un moment que je pense que beaucoup d'athlètes vivent au moment de passer la ligne d'arrivée, mais aussi des trailers amateurs qui vont jusqu'au bout de leur effort et passer l'arche. C'est souvent l'aboutissement de quelque chose.

  • Speaker #0

    Je ne veux pas pointer du doigt les gens qui abandonnent parce qu'il y a plein de raisons sûrement légitimes d'abandonner. Maintenant, parfois, ça peut être facile d'abandonner. Sauf qu'après, c'est aussi une douleur mentale pour repartir au travail dès le lendemain et de se refuser à un objectif et de croire en soi. Je sais que souvent, la ligne d'arrivée franchie ou l'abandon en tout cas fait plutôt un abandon quand on a enlevé les épingles. C'est une douleur mentale qui est compliquée. parfois quand on peut le faire sans jouer sur son intégrité physique, il vaut mieux essayer de ramener le dossard jusqu'à l'arrivée. Ça coûte de la souffrance. J'ai l'habitude de dire qu'est-ce que c'est que souffrir une heure ou deux heures ou trois heures dans une vie. C'est peu de choses ramenées à d'ailleurs et à plein d'autres moments qui peuvent être terribles aussi. Avoir ces valeurs là c'est déjà bien pour soi même, c'est bien pour le respect de l'organisateur et de tous ces gens qui sont derrière et qui voudraient avoir le talent des champions mais qui ne l'ont pas. Et puis, c'est des belles valeurs sportives. Et moi, je le redis une seconde fois en peu de temps, mais je suis très fier qu'on ait des athlètes qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour franchir l'année d'arrivée et être dans ces belles valeurs.

  • Speaker #1

    Alors, un team manager, il regarde toujours vers l'avenir. C'est la dernière question. Tu as les Templiers qui arrivent dans quelques temps. Et puis, tu vas aussi préparer 2025. C'est quoi tes grands objectifs dans les mois et peut-être l'année prochaine pour emmener ta team ?

  • Speaker #0

    Vous allez où ? Là tout de suite, à très court terme, oui, c'est les Templiers puisqu'on part en stage dans 10 jours pendant 3 jours à Millau. 3 semaines après, on se retrouvera pendant 4 jours à Millau pour vivre les Templiers. On a 13 athlètes qui courent sur 6 courses différentes et je pense que certains ont des belles cartes à jouer. C'est les 30 ans des Templiers, ça va être une belle fête et c'est une course de cœur, dans le cœur de beaucoup de Français. Donc voilà, il faut déjà réussir à court terme cette première échéance. Pour 2025, c'est d'accompagner les athlètes sur leurs projets. On a souvent des athlètes qui nous ont livré des projets à plusieurs années. Je sais par exemple qu'un Thomas Cardin, en début d'année, va s'ouvrir à l'international et aller faire une très belle course hors de France. C'est déjà passionnant de savoir qu'on va l'accompagner là-dessus. Pour certains, c'est de viser les championnats du monde qui ont lieu à Canfrans en Espagne. en mi-septembre. Ça va être une année très particulière parce que le championnat de France sera très tard. Il y aura possiblement des athlètes étrangers dans notre team avec des championnats de pays aussi à d'autres moments. Il va falloir apprendre avec eux, les recevoir avec nous dans cette team, bien les intégrer. Puis, il y aura cette UTMB qui va venir un peu se parasiter, se télescoper avec les championnats du monde. Ça va être une année particulièrement difficile parce que le calendrier va être moins clair que cette année. Mais surtout, c'est de mettre le pied sur la prochaine marche qui est celle de faire rentrer dans notre team des athlètes internationaux d'autres pays.

  • Speaker #1

    Je sais que tu ne donneras pas de nom, mais on a hâte de voir qui vous allez recruter.

  • Speaker #0

    Exactement, tu as raison, je ne donnerai pas de nom.

  • Speaker #1

    Écoute Thierry, merci beaucoup pour cet échange. On connaît mieux maintenant le métier de team manager d'une team athlète. On te souhaite tout le meilleur pour ta team, pour les Templiers dans quelques jours. Et puis, on regardera tout ça d'un oeil affûté pour voir si tes champions atteignent la ligne d'arrivée comme tu le souhaites. Merci Thierry,

  • Speaker #2

    à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir Gaëtan.

  • Speaker #2

    Voilà, cet épisode de Trail Story est maintenant terminé. Je vous remercie de votre écoute. La semaine prochaine dans Trail Story, j'aurai le plaisir d'accueillir Pauline Pruveau, une préparatrice mentale, diplômée d'État et infirmière qui vous aidera à mieux comprendre... comment optimiser vos performances avec un mental d'acier pour finir tous vos trails et vos ultra trails. Nous terminons en musique avec une chanson de Empire of the Sun, Walking on a Dream. Bonne aventure trail à toutes et à tous et à la semaine prochaine.

  • Speaker #3

    Sous-titrage

  • Speaker #4

    Société

  • Speaker #5

    C'est vraiment magnifique.

  • Speaker #3

    Magnifique.

  • Speaker #5

    C'est magnifique. Magnifique.

  • Speaker #2

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le noter 5 étoiles dans votre plateforme Apple Podcast ou Spotify juste après avoir écouté cet épisode. Merci à vous et à très bientôt !

Description

Thierry Breuil, team manager de la Team Élite Kiprun, nous partage les coulisses de cette équipe exceptionnelle, composée de certains des meilleurs athlètes de trail au monde.

L'équipe inclut des athlètes comme : Clémentine Geoffray, championne du monde 2023 et d'Europe 2024 de trail, qui est une figure montante et très prometteuse. Blandine L’Hirondel, qui a brillé en terminant 3 ème à l'UTMB en 2023 et 5ème en 2024. Elle est une des valeurs sûres du trail mondial. Ex championne d'Europe et du monde de trail. Thomas Cardin, champion d'Europe 2024, reconnu pour ses performances impressionnantes et sa constance au plus haut niveau. Aurélien Sanchez, qui a marqué l'histoire du trail français en devenant le premier Français à finir la mythique et redoutable Barkley une course mythique américaine connue pour sa rudesse, son endurance et sa difficulté.

Thierry Breuil nous raconte comment il gère et accompagne cette équipe d'athlètes d'élite. Il partage également son expérience en tant qu'ancien coureur, ce qui lui permet de mieux comprendre les besoins de ses athlètes, tant physiquement que mentalement. Il parle de l'importance de l'entraide, de la gestion de la pression en compétition.

Il évoque aussi la dynamique d'équipe et l'équilibre à trouver entre les membres de sa team. Thierry met en avant la cohésion qui existe au sein de la Team Kiprun et cet esprit de famille bienveillant et exigeant.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, ici Gaëtan Pitaval, passionné de trail. Je vais vous partager des histoires de trail à travers ce podcast. Des histoires d'hommes, de femmes, des aventures, des émotions, mais aussi des histoires de courses mythiques. Bienvenue à tous.

  • Speaker #1

    Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Trap Story. Aujourd'hui, je suis ravi d'accueillir Thierry Breuil, que vous connaissez sans doute parce que c'est quelqu'un qui compte dans le milieu du trail. Et aujourd'hui, on va parler de son métier de Team Manager de la Team Kipron. Salut Thierry, ça va bien ?

  • Speaker #1

    Salut Gaëtan !

  • Speaker #0

    Alors Thierry, est-ce que tu peux te présenter pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, nous parler un peu de ton parcours d'athlète et de comment tu es arrivé à ce métier de Team Manager de la Team Kipron ?

  • Speaker #1

    Bon déjà, il te faut une demi-heure là, tu connais la réponse, ça va prendre 30 minutes. Alors j'ai commencé à courir à l'âge de 10 ans et je me suis passionné pour la course à pied pour avoir eu des résultats dès les jeunes catégories. Donc voilà, je ne vais pas refaire le palmarès, j'ai gagné les Templiers en 2009 globalement, j'ai une douzaine de sélections en équipe de France sur steep, ploucher les jeunes, cross, en espoir, course de montagne, en senior et de trail. J'ai participé à trois championnats du monde et j'ai gagné. Beaucoup de trails en France, des trails plutôt roulants où il fallait courir vite et où j'ai pu m'éclater parce que j'avais des records sur 10 km et semi-marathon qui étaient bons. Donc, c'est dans des trails plutôt roulants que je me suis éclaté. J'ai rejoint Decathlon et la marque Calenji en 2012 en tant qu'athlète, mais aussi à ma volonté qui avait été acceptée par le leader de l'époque comme chef de produit. J'ai eu la chance d'être bien entouré par Jean-Luc Burnichon. Il faut le... il faut le citer, qui m'a pris le métier de chef de produit, qui m'a permis que cette expérience de course à pied a pu me servir, surtout en 2012. Il y avait beaucoup de choses à faire encore dans le textile trail, les sacs de trail, les bâtons de trail, les frontales de trail, beaucoup de produits. Donc, j'ai beaucoup travaillé sur le textile au début, puis dans les chaussures à la fin. Et puis, dans cette grande entreprise qui est Décathlon et qui bouge très vite et qui est tout le temps en train de revoir les copies, on est passé de… Kalenji à Evadik pour la partie trail puis on est passé dans un projet qui s'appelle Keeprun depuis deux ans maintenant donc nous sommes tous regroupés sous le pavillon Keeprun et dans cette grande marque de running qui a beaucoup d'ambition j'ai changé de métier il y a un nouveau métier qui s'est ouvert à moi celui de team manager pour les athlètes et quand j'ai vu qu'il y avait cette possibilité de faire ça dans l'entreprise j'ai postulé parce que véritablement je pense que c'est la suite de 20-30 ans de course à pied où j'ai tellement appris de choses tellement des connaissances, que ce soit dans les athlètes, les managers, sur les events. Donc voilà, c'était naturel pour moi. Et puis, je l'avais déjà fait un petit peu dans mon passé, d'aider des athlètes à trouver des contrats. Donc voilà, je suis aujourd'hui le team manager du trail pour Keep Run.

  • Speaker #0

    Oui, OK, c'est ça. Donc, on peut préciser pour les auditeurs, il y a des team managers pour la course sur route, mais toi, tu t'occupes spécifiquement du trail. Est-ce que tu peux, en quelques mots, nous dire… C'est quoi globalement le métier de team manager ? Qu'est-ce qu'il fait un team manager ? Une team, on va dire, athlète où il y a quasiment des professionnels, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On a tout à vrai dire puisque le trail est professionnel pour certains, mais n'est pas professionnel pour tout le monde, y compris dans des athlètes de haut niveau, par choix ou parce que ce n'est pas possible avec pour le moment les montants financiers qui sont engagés. Donc mon rôle aujourd'hui chez Keep Run, il est d'abord de recruter des athlètes, faire du scooting. Donc de les avoir identifiés, puis de les approcher, leur expliquer quel est notre projet, où est-ce qu'on veut aller, leur parler de nos valeurs. Et puis dans un second temps, tout de suite derrière, j'aurais envie de dire, dans la même discussion, c'est aussi de savoir quelles sont leurs valeurs à eux, quelles sont leurs ambitions à quelques années devant nous, on va dire à 3-5 ans, qu'est-ce qu'ils visent. où est-ce qu'ils ont envie de courir de là on va voir s'il y a une possibilité de faire un contrat de partenariat entre la marque et l'athlète après en fonction des niveaux des athlètes de leurs ambitions et tout ça il va y avoir une négociation qui va rentrer qui va être financière ou non, selon le niveau de l'athlète, mais aussi ses ambitions. Après, il y a toute une partie contractuelle. Là, je suis aidé par un de mes collègues dans le sport marketing chez Kiprun, qui est spécifiquement dédié à ça, pour avoir fait des études de droit et pouvoir voir avec le service juridique de Décathlon, faire des contrats qui tiennent la route. Ça, c'est la partie qui prend le moins de temps, qui se travaille plutôt dans l'ombre sur du long terme. Mais après, une fois que ces athlètes sont là, pour la partie trail, on gère ces athlètes-là un peu comme une grande famille. C'est-à-dire qu'on a des stages à l'année, au minimum trois, j'ai envie de dire, entre trois et plus. On a des courses sur lesquelles on se retrouve. Deux systématiques que sont l'UTMB et les Templiers, parce que ça a une énorme résonance en France, voire à l'étranger. Et puis aussi, on est présent en ce moment sur les championnats de France où on les accompagne. Donc voilà, il y a la gestion de la dotation, leur envoyer les nouveaux produits, mettre les athlètes en lien avec les chefs de produits, puisqu'on souhaite que nos athlètes nous aident à co-concevoir les produits, les améliorer, donner des idées, pallier des manques s'il y en a. Donc voilà, ils travaillent avec nous. Et donc moi, je suis la personne centrale qui va mettre en lien les athlètes et les chefs de produits. Bon, et puis après, le marketing, l'image, enfin… Beaucoup de choses qui sont liées à tout ce que peut renvoyer un athlète quand il est en contrat avec une marque.

  • Speaker #0

    Alors toi, tu étais quand même un peu initialement à la base de l'Evadict Team Movement, l'équipe qui avait été créée spécifiquement pour les femmes au temps du trail et de la marque Evadict. Et là, du coup, avec ce mouvement vers qui prendre la nouvelle marque de running de Décathlon, tu gères aussi des athlètes hommes, tu n'as plus que des femmes, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Tu as parlé sur un aspect que je n'avais pas… parler tout à l'heure. On a eu une époque où on avait travaillé pour une marque de trail. Elle s'appelait Evadic et à ce moment-là, j'avais eu l'idée de créer une équipe 100% féminine qui a très bien fonctionné et qui s'est lancée ainsi. Ensuite, nous nous sommes retrouvés dans ce projet de la marque Keep Run. Là, on a forcément aligné ce que l'on avait fait par le passé avec la trajectoire pour avoir une marque mondiale de running. On a gardé toutes les filles, on est resté avec nos spécificités. Du reste, on la garde comme une tête de proue pour le trail. Notre singularité de la Keep Run Women Team existe toujours avec toutes ces filles-là, voire même un petit peu de recrues depuis. On a toujours plus de filles que d'hommes dans nos athlètes. Mais aujourd'hui, effectivement, on a des femmes depuis trois ans aujourd'hui, des hommes au nombre de sept qui ont été recrutés au début de l'année 2024. Justement, avoir aussi des hommes dans des courses. et pouvoir briller autant sur des courses féminines que des courses masculines. Et le futur, demain, va être aussi de s'internationaliser et donc d'aller chercher des femmes et des hommes dans plusieurs pays d'Europe ou du monde.

  • Speaker #0

    Donc, entre guillemets, ton recrutement n'a pas de frontières et tu seras plus spécifiquement avec des athlètes français. Tu pourras potentiellement recruter aussi des athlètes internationaux.

  • Speaker #1

    Oui, et puis disons que c'est très bien accueilli chez nos athlètes. Finalement, on passe. On monte un escalier, pas à pas, marche après marche. On avait qu'une équipe de filles. C'était une belle singularité et ça avait vraiment plu aux filles qu'on avait recrutées d'avoir cette singularité. Quand on a eu des hommes, on s'était dit comment ça va se passer. Les filles ont dit c'est plutôt mieux parce que notre projet existe toujours. On est toujours mis en avant. Rien n'a changé pour nous, sauf qu'on a en plus la gloire de pouvoir aller nous entraîner ou être sur des courses et encourager des femmes et des hommes. Sur le dernier rassemblement… fin juin, on a eu une athlète du road running qui pratique aussi le trail et la course de montagne, qui s'appelle Alice Boudal, qui est donc anglaise et qui nous a rejoints. Alors oui, elle était toute seule, c'était la première fois, mais malgré tout, on commençait à mettre notre pied sur une nouvelle marche et à devoir nous retrouver en stage, parler nous anglais, mais elle, elle faisait aussi des efforts à essayer de nous répondre, de nous parler en français. Donc, voilà, on s'ouvre à tout progressivement. Ce qui est très, très important, et ce que j'ai déjà dit dans d'autres interviews, c'est surtout de garder un état d'esprit. c'est de faire en sorte que si on grandit et on grandit, mais que tous ces athlètes qui viennent les uns après les autres rentrent bien dans un moule où avant tout, même si la performance est prédominante on s'entend bien et on a envie de se retrouver donc les valeurs des athlètes qui nous rejoignent, on fait très attention pour que l'ambiance reste toujours la première clé de motivation Toi tu veux que ça reste une famille c'est ça un peu ? Alors oui, il se trouve que c'est aussi quelque chose que l'on s'est dit chez Clip Run, d'être très très proche de nos athlètes Et donc, ce n'est pas quelque chose sur lequel je me suis dit, tiens, il va falloir faire un effort. Au contraire, je le voyais aussi ainsi. Et donc, effectivement, on l'avait bien cultivé dès le début. Et donc, ce n'est pas excessivement compliqué que de continuer dans la même voie. Et oui, il y a des hommes et il y aura demain des athlètes étrangers. il faudra qu'on continue à faire passer ce beau message parce que ce que l'on voit de l'extérieur, aujourd'hui, il se trouve que le dernier message que j'ai reçu d'un athlète qui voudrait rentrer dans la team, je l'ai reçu ce matin, je ne vais pas donner son nom, mais forcément, les athlètes qui contactent sont plutôt à dire des belles choses pour vouloir nous rejoindre, mais en tout cas, beaucoup pointent l'état d'esprit qu'ils ont vu, qu'ils ont entendu avec ce que l'on a déjà fait depuis trois ans. Alors,

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux rapidement nous dire de qui est composée la team Kipron ? Donc, les 7 athlètes hommes et tes 10 femmes ou 12 femmes, je ne sais plus combien tu en as. Si tu peux juste nous dire leur nom et prénom et leur plus beau palmarès.

  • Speaker #1

    Alors, chez les filles, on a Blandine Lirondel, double championne du monde, championne d'Europe de trail. Je ne vais pas en rajouter, sinon je vais très loin. Clémentine Geoffray, championne du monde, elle aussi, de trail en 2023 sur Trail Court. Adeline Roche. championne du monde avant de nous avoir rejoint mais championne du monde aussi je crois que c'était 2017 l'année où elle était championne du monde marie doin qui vient de gagner la tds il ya quelques jours céline finas qui elle était troisième sur la tds et quelques jours une spécialiste des courses ultra difficiles sa soeur céline finas qui a gagné le grp il ya deux ou trois ans jade Rodríguez qui a gagné la Golden Trail Series France du Kemgu par exemple au mois d'août et qui était en équipe de France de course de montagne cette année. Laurie Fay qui a gagné le Trail d'Ancourt en début d'année. Camille Thirémounier qui vient juste de gagner le marathon du Médoc. Il m'en manque Sarah Veuille, Sarah qui a beaucoup été blessée cette année mais qui a un palmarès long comme le bras et plein de victoires. Alors, je dirais quoi pour Sarah ? Quatrième à la Diagonale des Fous il y a un an. Elle a gagné le trail du Tour des Fils, enfin, beaucoup de choses. Margot Dajou, la petite dernière. Petite parce que c'est la seule qui est… Elle était encore junior cette année. Championne d'Europe de course de montagne au mois de juin dernier. Je suis sûr qu'il doit m'en manquer parce que je n'ai pas une nuit sous les yeux. Je n'ai pas préparé. Bon, alors, on va sécher les hommes en espérant avoir oublié personne. Sinon, il faudra que tu fasses un rectificatif. Les hommes, on a… Thomas Cardin, notre leader, champion d'Europe de course de trail au mois de juin, toujours à Annecy. Loïc Roland, qui était un athlète recruté en début d'année, qui était peu connu et qui explose littéralement. Quatrième au Choupat France, troisième au championnat d'Europe et qui vient de faire deuxième du Witz Bruel by UTMB 50K dimanche dernier, derrière le champion du monde de trail court, Jonathan Ladbonne. Loïc Robert, un spécialiste des courses de sky running, vice-champion de France de trail court l'année dernière. Gwendal Moisan, il se présente comme l'inconnu du trail, mais il a quand même une belle lignée à son palmarès. Il a gagné le 100 miles by UTMB de Nice l'année dernière. Il a fait deux très belles courses cette année et il sera présent sur l'Endurance Trail prochainement. Une petite blessure cet été qui l'a empêché de faire l'UTMB. Pierre-Arnaud Bourguenol qui a gagné un trail de 110 km sur le Ventoux cette année. Fleury Roux, un caméra runner dans la vie qui vient de remporter une course de Maboule. Au Népal, en 45 jours, il a parcouru 1 900 km et 50 000 m de dénivelé.

  • Speaker #0

    Ce que j'avais reçu dans Trail Story, donc si vous voulez le suivre dans cet épisode, c'est l'Himalayan Race.

  • Speaker #1

    Voilà, donc un baroudeur de dingue, et pour autant qui court extrêmement vite puisqu'il filme les meilleurs coureurs. Et par exemple, Kylian Jornet, dans certaines courses, ça l'oblige à déployer toute sa vitesse. Et je pense que j'ai cité les six premiers. Le dernier, c'est Aurélien Sanchez. très, très connu, mondialement connu, le premier Français, le seul Français à avoir remporté la Barclay en 2023.

  • Speaker #0

    La fameuse Barclay.

  • Speaker #1

    La fameuse Barclay qui vient de finir troisième du Swiss Peak 660. 660, c'était le nom, c'était la distance, sauf qu'en vrai, il y avait 710 kilomètres. Donc voilà, on va rencontrer Aurélien sur un stage où on sera la semaine prochaine pour la première fois tous dans 10 jours. Et on a hâte. d'entendre son accent toulousain et qu'il nous raconte autant la Barclay que son expérience sur la Swiss Peak.

  • Speaker #0

    Incroyable. Là, c'est de la très, très longue distance et des expériences de barjots, notamment la Barclay qui est une course qui est complètement dingue. C'est vrai que c'est impressionnant d'avoir ce type d'athlète dans ta team.

  • Speaker #1

    Je pense que ce qui est important, c'est que quelqu'un qui l'a vraiment vécu nous le dise. Et donc, moi, j'ai hâte que quelqu'un qui a été présent sur place réponde à nos questions et nous raconte la vraie histoire intérieure de cette course qui est mythique et incroyable.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un peu dans ton métier. Tu as vraiment ce côté un peu recruter des futurs athlètes en devenir et observer les jeunes pousses un peu comme un sélectionneur de foot. Toi, comment tu détectes ? Je sais que tu travailles avec Philippe Propage aussi. Comment vous détectez un peu les futurs champions de demain ?

  • Speaker #1

    Globalement... Ça veut dire que tu me connais aussi et certains le savent, je baigne dans la course à pied depuis 42 ans. Je l'ai parlé tout à l'heure comme la raison pour laquelle je faisais ce métier-là avec passion et assez facilement, c'est que quand tu es toujours dans le milieu et que tu as l'habitude que tu cultives les connaissances en regardant toutes les courses, les résultats des courses, en regardant tous les médias qui vont interviewer des acteurs, c'est regarder aussi beaucoup maintenant les courses de jeunes et voir qui va percer. On a des instruments qui nous aident aussi à mesurer le niveau des athlètes, c'est l'ITRA ou l'index UTMB, qui permettent tout de suite de retrouver quel type de course a pu faire tel coureur, est-ce que c'est quelqu'un qui court beaucoup, qui ne court pas beaucoup, est-ce qu'il a l'habitude de bâcher, est-ce que c'est quelqu'un qui est tout le temps à l'arrivée, parce que ça aussi ce sont des valeurs que je trouve qui sont très importantes. de franchir quand même assez souvent la ligne d'arrivée et pas juste de faire une étincelle de temps en temps. Donc voilà, c'est de la veille au quotidien et après c'est une prise de contact et du feeling parce que parfois, dans un sens et sûrement dans l'autre, ça passe pas forcément, soit parce que le projet n'est pas celui qui pourrait bien venir se mettre dans ce que nous on souhaite accompagner ou que la créte peut-être ne se retrouve pas dans... dans les valeurs qu'Eaprun peut avoir. Je veux dire, ça peut être des deux côtés, d'avoir un refus, je ne veux pas juste dire ce que nous, on pourrait refuser, mais voilà, c'est... D'ailleurs, je ne vais pas mentir, j'ai eu des refus quand j'ai recruté 10 filles il y a 3 ans, j'en avais contacté plus que 10, et 2-3, soit parce qu'elles étaient engagées ailleurs, ou soit parce que le projet ne leur avait peut-être pas parlé, ne sont pas venues. Donc, voilà, aborder un athlète, ça ne veut pas forcément dire qu'il va venir, c'est une discussion, et c'est un dialogue qui se nourrit. Mais je dirais qu'aujourd'hui, avant, je devais vraiment beaucoup recruter. Aujourd'hui, je dois surtout regarder les mails que je reçois aussi. C'est beaucoup plus simple aujourd'hui. Grâce aux performances de toutes les personnes qu'on a citées, on a ramené six médailles des championnats d'Europe. On a trois titres. Les performances exceptionnelles de Blandine sur l'UTMB l'année dernière, cette année, Clémentine, les titres de championne du monde. Bref, aujourd'hui, on a beaucoup de gens qui viennent vers nous parce que nos athlètes font parler de la marque.

  • Speaker #0

    Alors, on en a parlé un peu il y a quelques instants. Tu es en binôme avec Philippe Propage, qui est l'entraîneur de pas mal d'athlètes de cette team. Comment tu as évolué avec lui ? Parce que tu étais avec lui depuis Calenji, globalement. Comment a évolué ta relation avec lui au cours de ces années ?

  • Speaker #1

    La réalité, c'est qu'avec Philippe, je suis avec Philippe depuis le premier jour où il m'a appelé en 2009. Oui, je pense que c'est ça, 2009. En me disant, Thierry, je cherche... des personnes pour l'équipe de France de trail et j'aimerais te proposer d'être pour les prochains championnats du monde. Donc, ça date bien avant, ce qui veut dire que j'étais chez Adidas à l'époque. Philippe nous a rejoints ensuite dans le team Adidas. Quand je suis parti chez Calenji, Philippe a souhaité me rejoindre. Puis, il est parti avec certaines obligations de l'équipe de France. Il avait quitté Calenji. Et puis, sur le projet Evadict et de la Women's Team, il a accepté de venir avec nous. nous ce qui était un prérequis à l'époque quand on a créé cette team là donc bah philippe j'aurais un peu de mal à répondre à ta question philippe on se connaît depuis donc ça fait quoi 2024 et 15 ans je dirais que même les années où on a été moins en relation on s'est toujours rappelé il ya une vraie complicité il a été mon entraîneur aujourd'hui je n'embête plus à me faire des plans parce que je pense qu'il en fait suffisamment de monde donc c'est juste pour ça que je lui demande plus il a aussi été mon entraîneur sur la fin de ma carrière donc bah je dirais que nous deux c'est fluide quoi On pense de la même manière, on a les mêmes valeurs. C'est aussi une des raisons pour lesquelles Philippe tient à être chez Decathlon, quelle que soit la marque. Finalement, il en aura fait trois, Calenji, Evadict et Equipoint aujourd'hui. Mais voilà, dans tout ce que l'on peut faire, c'est des discussions, elles sont conjointes. La prise de décision est souvent partagée, y compris dans le recrutement. Philippe a toujours eu son œil à dire, à voir. Aujourd'hui, il n'entraîne pas véritablement forcément. les athlètes. Un athlète peut être recruté et dire moi, je garde mon coach ça ne pose aucun problème. Après, il n'empêche que quand on se retrouve sur une courbe, dans un stage ou autre, on ne va pas dire que parce qu'il n'est pas entraîné par Philippe Propage, on ne fait pas le ravitaillement de tel athlète, bien au contraire. On est au service des athlètes. Par contre, effectivement, quand un athlète nous rejoint, s'il a le souhait d'être entraîné par Philippe, ça fait partie des prestations que Philippe fera pour qu'il prenne par rapport au contrat qu'il a avec nous. Et donc, il accompagne les athlètes qui le veulent. qui nous rejoignent et qui vont à la recherche d'un coach.

  • Speaker #0

    Alors, on n'en a peut-être pas parlé encore, mais il y a aussi un staff technique avec des kinés qui accompagnent les athlètes. Comment ça se passe avec eux ? Ils vous rejoignent sur tous les stages et toutes les courses ? Comment tu gères ça ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. Alors là, c'est pareil. Chaque athlète vit en France dans sa propre ville, a chez lui son médecin et sûrement son kiné à l'année. Dès lors que nous avons un regroupement qui prene, que ce soit donc sur un stage ou sur une course, tout le staff autour de la team se déplace. Nous avons aujourd'hui trois kinés, Cindy Dechambre, Benjamin Dubois, qui est le dernier rentrant, Marilyn Berthet, qui d'ailleurs… Deux des trois sont issus du staff de l'équipe de France. Et donc, viennent à tour de rôle. On a au moins deux kinés, puisqu'aujourd'hui, ça nous fait entre 15 et 18 athlètes présents sur nos regroupements. Cindy s'occupe aussi de la partie épargne physique. Et pour l'année prochaine, parce que l'idée, c'est quand même de grandir et de proposer un accompagnement toujours plus complet. Nous sommes en train de voir avec un des partenaires des athlètes qui prennent trail, qui est Décathlon Nutrition. donc nos athlètes sont déjà accompagnés pour ceux qui le souhaitent des produits de décathlon nutrition, ils ont une dotation à l'année et des produits qui les attendent à chaque fois que nous arrivons sur un stage, mais je pense que l'année prochaine c'est en discussion pour que nous ayons aussi une nutritionniste présente sur les stages et peut-être sur les courses pour aider et faire les plans de courses, mais aussi sûrement présente à l'année pour aider les athlètes sur leurs besoins, que ce soit justement pour préparer des courses. et bien s'alimenter ou pour avoir des actions à bien manger toute l'année pour être performant à l'entraînement et en compétition. Donc voilà, on cherche toujours, comme je le disais tout à l'heure, là-dessus aussi, c'est franchir une marche après l'autre, pas aller trop trop vite, mais faire des choses dans la sérénité, grandir et proposer un accompagnement toujours meilleur à nos athlètes.

  • Speaker #0

    Et alors, on en a beaucoup parlé cet été avec les JO, on parle de plus en plus de préparation mentale avec l'INSEP, notamment qui a mis ça en place pour pas mal d'athlètes. Est-ce que c'est des choses que tu envisages avec Philippe ? Je sais que Philippe, il en fait sans le savoir, mais est-ce que c'est des choses que tu envisages à terme ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que l'on a évoqué avec les athlètes. Certains nous ont dit que c'était éventuellement quelque chose qui pouvait les intéresser. Donc, je pense que ce sera un autre step. C'est effectivement quelque chose sur lequel on va se mettre en réflexion. On va d'abord, comme je le disais, je ne suis pas super pressé à l'idée de bâcler les choses, d'aller trop vite. Mais justement, que le noyau-là ne soit pas... super bien construit. On va commencer par de la nutrition. Je pense que oui, sûrement, très sûrement, le step d'après sera sûrement de se faire accompagner par une personne. Si c'est bien leur désir, parce que justement, pour la nutrition, avant, c'est une question qu'on va leur poser d'abord. On va vérifier si le besoin existe. S'il n'existe pas, ça ne sert à rien d'aller dans quelque chose s'ils ne sont pas ouverts à ça. Si au contraire, nos athlètes estiment que c'est un plus pour eux pour aller vers plus de performance, à ce moment-là, nous, ça... qui prennent, on fera en sorte de mieux les accompagner.

  • Speaker #0

    Cette année 2024, elle a été super chargée, tu en as parlé, il y a eu les championnats de France, les championnats d'Europe, il y a eu l'UTMB, il y a les Templiers qui arrivent. Toi, en fait, tu n'es jamais chez toi,

  • Speaker #1

    non ? Ce serait exagéré parce que malgré tout, sur toutes les dates que tu viens de donner, et tu as raison, je n'étais pas chez moi, tu peux rajouter tous les stages de préparation aux compétitions. Peut-être que ma femme te dirait que je ne suis jamais chez moi. Moi, je dirais que… Et puis surtout, quand tu rentres de trois semaines de vacances et que tu reprends ta semaine pour aller une semaine à l'UTMB, c'est compliqué de dire que tu as le sentiment d'aller au goulag et que tu as un boulet au pied. Donc, est-ce que cette semaine-là, tu as vraiment le sentiment que tu reprends le boulot ? Alors, dans les faits, oui, puisque toute la semaine, avec Philippe, on n'a quand même pas dormi les heures qu'on voulait à faire les assistantes sur la TDS et sur d'autres courses. Donc, c'est vrai que c'était la course de tous les côtés. Oui, mais… c'est notre métier aujourd'hui d'être dans l'accompagnement des athlètes et finalement les jours dehors ça représente pas tant de jours que ça faut pas exagérer et puis de toute façon c'est un plaisir.

  • Speaker #0

    Alors on en a parlé un peu de l'évolution de la team vers une internationalisation il y a aussi je pense à un moment une taille critique est ce que tu t'es fixé une limite en recrutement en disant bah tiens à partir de ce moment là ça fera peut-être beaucoup ou est ce que pour l'instant tu jauges comme ça en fonction des opportunités ?

  • Speaker #1

    Oui il existe une taille limite dont je ne vais pas parler. L'idée pour le moment est plutôt de se dire qu'on a encore des choses à faire puisqu'on souhaiterait avoir un athlète dans quelques pays ciblés, une petite liste de pays ciblés, pour répondre aussi à la volonté de certains gros pays d'hécatelons sur lesquels il y a un gros niveau de trail, un gros marché de trail, qui puissent aussi s'identifier avec un champion qui porterait les couleurs de Keep Run avec leur nationalité et qui puisse... eux relayer pour aider à faire connaître aussi les produits dans leur pays parce que le sponsoring quand même pousse à ça, à bien faire connaître des produits. Et justement, nous, chez Keeprun, pour le trail, on a tous les produits qui permettent de courir n'importe quel ultra dans le monde entier. Donc, voilà, il y a une petite liste d'hommes et de femmes encore à recruter. Et puis après, l'appétit vient en grandissant. Et je dirais qu'on verra comment on se laisse porter et s'il faut mettre des restrictions en termes de nombre ou pas. Mais pour le moment, on n'a pas atteint la jauge. Donc, on est en pleine progression.

  • Speaker #0

    Le trail est en train de se professionnaliser. Il y a beaucoup de choses à faire. beaucoup de marques qui investissent énormément dans le trail. Ça a beaucoup changé, je pense, depuis que tu as été champion au Templier ou en équipe de France. Et donc, les élites, maintenant, il faut de plus en plus les séduire. Toi, c'est quoi tes arguments dans cette compétition ?

  • Speaker #1

    Ta question est difficile. Ce qu'il y a de certain, c'est que le marché du trail a explosé, ça c'est certain. On a toujours un peu l'impression qu'il explose en regardant à une petite échelle à 2-3 ans. Mais véritablement, c'est une explosion énorme, mais presque d'une année sur l'autre. particulièrement je pense qu'il y a eu une grosse accélération sur les 3-5 dernières années donc oui il y a énormément de marques sur le marché il faut aussi se dire que il y a une singularité c'est que la France est vraiment un pays très très actif sur ce marché là je ne suis pas certain que tous les pays du monde aient la même cette même attractivité sur le sport rail Oui, certains pays, l'Espagne, l'Italie, les États-Unis, la Chine, vraiment sont des pays où le trail a une très grosse pratique. Mais beaucoup d'autres pays sont encore sur une pratique bien plus marginale. Comment est-ce qu'on séduit des athlètes ? Déjà, en tout cas, nos athlètes courent en 100% de nos produits. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de produits maquillés, il n'y a pas de produits où on ferme les yeux pour quand un athlète signe chez nous, il va utiliser tout notre textile, toutes nos chaussures, nos sacs, nos bâtons. frontales. En tout cas, c'est des choses qu'on s'est écrites et sur lesquelles on ne lâche rien depuis qu'on a débuté le sponsoring il y a trois ans. Et après, aujourd'hui, c'est aussi un marché sur lequel les ad sets se professionnalisent. Donc, ils attendent de pouvoir en vivre. Donc, nous, on contribue à essayer de faire vivre ceux qui ont un niveau tel qu'il faut arriver avec un contrat financier pour arriver à les séduire.

  • Speaker #0

    Donc, ça veut dire que tu as mis en place des systèmes de primes J'imagine que quelqu'un qui gagne l'UTMB, il ne va pas gagner la même chose s'il gagne le trail des Fraises dans le nord de la France.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Déjà, ça passe avant les primes pour les meilleurs athlètes, mais je dirais que c'est comme du football. Le football est très loin de nous, mais surtout comme du road running ou de l'athlétisme, qui sont des sports qui sont couverts par deux de mes collègues avec qui je travaille. et qui sont dans le sponsoring avec des agents. Du reste, depuis très longtemps, les athlètes sont liés avec des marques sur plusieurs années, 3, 4, 5 ans. Et donc, ça passe par un contrat financier annuel, en plus d'une dotation de produits évidemment, sur lesquels viennent se rajouter des primes à la performance. Donc voilà, en athlétisme, on va parler d'une table hongroise pour arriver à mesurer un niveau de performance et attribuer... une valeur de prime en face. Moi, je vais plutôt être sur une cote ITRA pour donner un niveau d'athlète chez l'homme. Évidemment, on regarde quand même les performances passées, que ce soit en athlétisme, au road running ou en trail. Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui ? Forcément le projet, parce que c'est important de savoir ce que veut faire l'athlète, qu'est-ce qu'il vise. S'il vise le trail de la fraise, véritablement, est-ce qu'on ambitionne nous aussi d'avoir une super victoire sur le trail de la fraise ? ou plutôt d'essayer d'avoir des podiums ou des victoires à l'UTMB. Donc évidemment, ce ne sont pas les mêmes enjeux financiers qui seront mis derrière sur cet athlète-là. Et oui, après, il y a des grilles de primes à la performance en fonction des courses et de leur niveau.

  • Speaker #0

    Ce métier de team manager, c'est un peu un métier qui a évolué. Et toi, c'est quelque chose qui te fait rêver ? Tu en as rêvé de ce métier ? Oui. Comment ça se passe dans ta tête quand tu fais ce type de métier ? Alors en vrai, j'ai rejoint une entreprise qui était déjà très surprenante pour moi parce qu'elle est toujours en train de te challenger, de te demander qu'est-ce que tu veux faire demain comme nouveau métier. Et moi, j'avais plutôt l'habitude d'être des entreprises jusqu'à l'âge de 40 ans où quand tu rentres, si tu ne démissionnes pas et si tu ne devais pas virer, tu y es. Mais sur le même métier en plus. Donc déjà, il a fallu que je me fasse à cette idée où chez Decathlon, on a régulièrement cette possibilité de grandir et de pouvoir dire à son patron qu'on voudrait aller vers d'autres métiers. C'était déjà, je trouve. assez surprenant. Donc, je pense que toutes les personnes qui sont chez Decathlon, ça ne les surprend pas. Mais les personnes qui ne connaissent pas Decathlon, ça peut déjà les surprendre que je leur dise ça. Et je dirais que moi, je ne m'attendais pas en étant chef de produit. Alors, il y avait des métiers qui existaient. Donc, je savais sur quoi on pouvait évoluer. Mais on n'avait pas d'athlète. On n'était quand même, ce n'était pas l'entreprise reine du sponsoring dans le milieu du sport jusqu'à il y a quelques années. Donc, je dirais que je ne m'étais pas autorisé le rêve de me dire que ce métier-là était possible. Par contre, quand le projet de la Women's Team est parti et quand surtout dans le projet de Keep Run, j'ai vu que ça existait, oui là on peut parler du fait que j'ai très très vite levé très très haut la main. J'espérais bien que personne n'allait la lever plus haut que moi, voire que peut-être mon passé ferait que j'étais un des plus légitimes à avoir ce métier là. Et si tu me demandes quel est le métier de mes rêves aujourd'hui, oui c'est sûr. Pourtant j'ai vraiment adoré faire des produits pendant 12 ans, c'était vraiment génial. Je pense que quand on est athlète, on peut avoir une appétence à ça. Et j'en ai tiré beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Et c'était fabuleux. Mais aujourd'hui, s'occuper des athlètes, c'est le prolongement de ma vie d'athlète. Donc, c'est le prolongement de mon bras que tu étires plus loin. Et oui, c'est le rêve, c'est sûr. Je ne pense pas qu'il y ait mieux pour moi que de pouvoir faire ce métier-là aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans Trail Story, j'aime bien qu'on parle de ta plus belle émotion. Est-ce que toi, c'est quoi ta plus belle émotion que tu as vécue avec ta team ? Est-ce qu'il y a des moments comme ça qui t'ont marqué, où là tu as pleuré, tu as tout donné ?

  • Speaker #0

    Je sais que la victoire de Clémentine Geoffray, qu'on n'attendait pas en 2023, on était dans une réunion tous ensemble, tous réunis, réunion de travail qui prene, à présenter les nouvelles collections à tous les pays du monde entier, et en même temps qu'on leur parlait, en plus en anglais ce qui était compliqué pour moi, on avait une télé sans le son qui… qui montrait en direct la course de Clémentine. Et je me disais, mais non, elle ne va pas faire ça. Et puis les kilomètres passant, je me disais, mais c'est incroyable. Elle ne lâche pas, elle est devant. Elle est revenue devant, elle est passée devant. Je me rappelle avoir pleuré devant tout le monde, devant mes collègues en pleine réunion, tellement j'étais content, fier, heureux que Clémentine soit devenue championne du monde. Je te dirais rapidement ce qu'on a vécu au championnat d'Europe cette année avec les filles qui font 1, 2, 3. Et les garçons qui font 1-3, il ne faut pas oublier Margot qui est championne d'Europe en junior. Donc, 6 athlètes au championnat d'Europe qui ramènent une médaille et 3 titres. Quand tu t'appelles Kiprun, avec Philippe Propage dans la voiture, on goûtait notre joie d'avoir mis tout ça en place et avoir de telles récompenses en si peu de temps. Et puis de faire briller Kiprun, ce qui est quand même le but. Mais je dirais, sur un passé très récent, j'ai été très chamboulé sur l'OCC. Clémentine fait une super remontée. et vient terminer 3e, mais sitôt la ligne franchie tombe au sol et petite perte de connaissance tellement elle a forcé pour en arriver jusque là. Donc j'ai passé tout mon après-midi à la soutenir. Puis deux jours après, une autre championne du monde de notre team, Blandine, qui apprendra plus tard qu'elle avait certainement les symptômes du Covid et qui a un petit peu sûrement expliqué pourquoi la course n'est pas vraiment passée comme elle l'avait prévue. Ça fait partie des aléas du trail, mais quand même une fatigue qui était arrivée très vite et très surprenante. Encore une fois, franchi la ligne d'arrivée dans un état de fatigue, on l'a accompagné les 80 derniers kilomètres. Il a vraiment fallu trouver beaucoup de mots pour réussir à la faire avancer. Je dirais que la chance que je peux avoir dans ces moments-là, c'est que je l'ai vécu tout ça. Je savais ce qu'elle vivait, mais pour l'avoir vécu, ça ne veut pas dire qu'on ne soupre pas en même temps que l'athlète, parce qu'on sait ce qu'il vit vraiment. Blandine a franchi l'île d'arrivée et puis aussi est partie anti-tuban et est tombée dans les journalistes et les caméramans qui étaient à droite de l'arche donc je dirais que d'avoir vu ça d'avoir vu ces deux championnes se mettre dans un état pareil elle est plus au fond d'elle-même certes elle n'avait pas gagné mais moi les valeurs qu'elles m'ont montré à ce moment-là je suis rentré chez moi et je me suis dit waouh quelle fierté d'avoir des athlètes performants mais des athlètes qui ont d'aussi belles valeurs et ça m'a beaucoup chamboulé c'est vraiment...

  • Speaker #1

    J'en ai des frictions quand on parle parce que c'est vrai qu'on a vu l'arrivée des athlètes et quand tu te donnes à ce point-là, tu sens que tu vas au bout de toi-même. C'est quand même un moment que je pense que beaucoup d'athlètes vivent au moment de passer la ligne d'arrivée, mais aussi des trailers amateurs qui vont jusqu'au bout de leur effort et passer l'arche. C'est souvent l'aboutissement de quelque chose.

  • Speaker #0

    Je ne veux pas pointer du doigt les gens qui abandonnent parce qu'il y a plein de raisons sûrement légitimes d'abandonner. Maintenant, parfois, ça peut être facile d'abandonner. Sauf qu'après, c'est aussi une douleur mentale pour repartir au travail dès le lendemain et de se refuser à un objectif et de croire en soi. Je sais que souvent, la ligne d'arrivée franchie ou l'abandon en tout cas fait plutôt un abandon quand on a enlevé les épingles. C'est une douleur mentale qui est compliquée. parfois quand on peut le faire sans jouer sur son intégrité physique, il vaut mieux essayer de ramener le dossard jusqu'à l'arrivée. Ça coûte de la souffrance. J'ai l'habitude de dire qu'est-ce que c'est que souffrir une heure ou deux heures ou trois heures dans une vie. C'est peu de choses ramenées à d'ailleurs et à plein d'autres moments qui peuvent être terribles aussi. Avoir ces valeurs là c'est déjà bien pour soi même, c'est bien pour le respect de l'organisateur et de tous ces gens qui sont derrière et qui voudraient avoir le talent des champions mais qui ne l'ont pas. Et puis, c'est des belles valeurs sportives. Et moi, je le redis une seconde fois en peu de temps, mais je suis très fier qu'on ait des athlètes qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour franchir l'année d'arrivée et être dans ces belles valeurs.

  • Speaker #1

    Alors, un team manager, il regarde toujours vers l'avenir. C'est la dernière question. Tu as les Templiers qui arrivent dans quelques temps. Et puis, tu vas aussi préparer 2025. C'est quoi tes grands objectifs dans les mois et peut-être l'année prochaine pour emmener ta team ?

  • Speaker #0

    Vous allez où ? Là tout de suite, à très court terme, oui, c'est les Templiers puisqu'on part en stage dans 10 jours pendant 3 jours à Millau. 3 semaines après, on se retrouvera pendant 4 jours à Millau pour vivre les Templiers. On a 13 athlètes qui courent sur 6 courses différentes et je pense que certains ont des belles cartes à jouer. C'est les 30 ans des Templiers, ça va être une belle fête et c'est une course de cœur, dans le cœur de beaucoup de Français. Donc voilà, il faut déjà réussir à court terme cette première échéance. Pour 2025, c'est d'accompagner les athlètes sur leurs projets. On a souvent des athlètes qui nous ont livré des projets à plusieurs années. Je sais par exemple qu'un Thomas Cardin, en début d'année, va s'ouvrir à l'international et aller faire une très belle course hors de France. C'est déjà passionnant de savoir qu'on va l'accompagner là-dessus. Pour certains, c'est de viser les championnats du monde qui ont lieu à Canfrans en Espagne. en mi-septembre. Ça va être une année très particulière parce que le championnat de France sera très tard. Il y aura possiblement des athlètes étrangers dans notre team avec des championnats de pays aussi à d'autres moments. Il va falloir apprendre avec eux, les recevoir avec nous dans cette team, bien les intégrer. Puis, il y aura cette UTMB qui va venir un peu se parasiter, se télescoper avec les championnats du monde. Ça va être une année particulièrement difficile parce que le calendrier va être moins clair que cette année. Mais surtout, c'est de mettre le pied sur la prochaine marche qui est celle de faire rentrer dans notre team des athlètes internationaux d'autres pays.

  • Speaker #1

    Je sais que tu ne donneras pas de nom, mais on a hâte de voir qui vous allez recruter.

  • Speaker #0

    Exactement, tu as raison, je ne donnerai pas de nom.

  • Speaker #1

    Écoute Thierry, merci beaucoup pour cet échange. On connaît mieux maintenant le métier de team manager d'une team athlète. On te souhaite tout le meilleur pour ta team, pour les Templiers dans quelques jours. Et puis, on regardera tout ça d'un oeil affûté pour voir si tes champions atteignent la ligne d'arrivée comme tu le souhaites. Merci Thierry,

  • Speaker #2

    à bientôt.

  • Speaker #0

    Au revoir Gaëtan.

  • Speaker #2

    Voilà, cet épisode de Trail Story est maintenant terminé. Je vous remercie de votre écoute. La semaine prochaine dans Trail Story, j'aurai le plaisir d'accueillir Pauline Pruveau, une préparatrice mentale, diplômée d'État et infirmière qui vous aidera à mieux comprendre... comment optimiser vos performances avec un mental d'acier pour finir tous vos trails et vos ultra trails. Nous terminons en musique avec une chanson de Empire of the Sun, Walking on a Dream. Bonne aventure trail à toutes et à tous et à la semaine prochaine.

  • Speaker #3

    Sous-titrage

  • Speaker #4

    Société

  • Speaker #5

    C'est vraiment magnifique.

  • Speaker #3

    Magnifique.

  • Speaker #5

    C'est magnifique. Magnifique.

  • Speaker #2

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le noter 5 étoiles dans votre plateforme Apple Podcast ou Spotify juste après avoir écouté cet épisode. Merci à vous et à très bientôt !

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