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Ceet Fouad, graffeur, un Street-artist français à Hong-Kong cover
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Un café au comptoir - interview art, culture et littérature

Ceet Fouad, graffeur, un Street-artist français à Hong-Kong

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20min |09/07/2025
Play
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20min |09/07/2025
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Description

CEET Fouad – Des murs de Toulouse aux galeries d’Asie

Dans cet épisode, partez à la rencontre de CEET Fouad, artiste graffeur né en Algérie, arrivé à Toulouse à 7 ans, aujourd’hui figure internationale du street art installé en Asie depuis plus de 20 ans. Des ruelles de la Ville Rose aux façades géantes de Shenzhen, en passant par des collaborations avec Prada, Adidas ou Fila, CEET revient sur son parcours atypique, ses influences et son célèbre personnage : le Chicanos, un poulet ovoïde, drôle et universel.


🎤 Dans cet épisode :

  • L’émergence du graffiti en France dans les années 80

  • La découverte d’un nouveau terrain de jeu artistique en Chine

  • La naissance des Bad Chickens, son personnage signature

  • Le vandalisme “contrôlé” et la culture du risque dans le graffiti

  • La reconnaissance artistique à l’international

  • Les influences manga, pop culture, BD et culture asiatique



Un épisode haut en couleurs sur la liberté d’expression, l’audace, la résilience créative et l’art comme langage universel.


Enregistré à Hong Kong !


présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Ceet Fouad :

https://www.instagram.com/ceet_fouad/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma seule façon de communiquer c'est le dessin. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez un café au comptoir. Vous avez plus de chance de trouver mon invité du jour ici à Hong Kong en Chine que du côté de Toulouse en France où il est arrivé à l'âge de 7 ans après être né en Algérie. C'est sur les murs des rues de la ville rose que cet artiste autodidacte s'est formé à l'adolescence dans le milieu des années 80. Mais pourquoi pas au Beaux-Arts ? Parce que sa discipline artistique, le street art, était alors tout juste émergente. D'ailleurs elle était appelée graffiti à l'époque. C'est dire l'estime dans laquelle on la tenait. Elle fut considérée longtemps et encore parfois... Aujourd'hui, comme une expression artistique violente dégradant les espaces publics, nommée aussi TAG, cet art urbain voit le jour en France, fin des 70's, porté par des graffeurs tels que Speedy Graffito, et puis aussi Bando ou Mode 2. C'est donc au cœur de la ville que mon invité a trouvé sa voie créative. Avec des marqueurs, des bombes de peinture aérosol ou d'acrylique, il fait vivre son univers, et ce sur toute forme de support. Arrivé en Asie en 2002, sans plan de carrière particulier, il y impose ses personnages emblématiques, tels ses Chicanos, ... surprenant petit poulet de forme ovoïde qui lève leurs gros yeux blancs vers le ciel. Il rencontre aussi de nombreux artistes locaux et ses échanges qui le nourrissent lui permettent de se confronter à de nouvelles techniques et de diversifier ainsi ses propres créations. Aujourd'hui, ces Chicanos ont fait le tour du monde. On les retrouve aussi bien sur des façades d'immeubles en Chine, aux Philippines que dans les galeries de musées européens. Ces Bad Chicken, comme ils les appellent parfois, ont fait sa renommée et lui ont offert l'opportunité de belles collaborations avec des marques de renommée comme Prada, Lancel ou Adidas. Aussi, profitant d'un passage dans l'ancienne colonie britannique, j'ai proposé à cet astucieux dessinateur urbain de parler avec moi de sa carrière et c'est pour cela que je le retrouve enfin pour un café au comptoir. Bonjour Seed Fouad.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors donc, il y a eu passé le mur à Toulouse dans les années 80, il a fallu s'exporter ?

  • Speaker #0

    Non, il y a toujours des murs, il y en a toujours partout. Après, tout dépend des pays où on voyage. Il y a des restrictions, on ne peut pas faire non plus ce qu'on veut dans certains pays mais... Dès que j'ai débarqué en Chine, beaucoup de murs étaient vierges.

  • Speaker #1

    On a l'impression qu'en Chine, il y a très peu de tags, très peu de graffiti, très peu d'art urbain, sauf dans certains quartiers. Comment c'est né ? Parce que vous, vous avez vu l'émergence de tout cela, vous avez vu le développement de tout cela, de passer d'un art spontané à quelque chose qui a été également un peu repris commercialement.

  • Speaker #0

    En fait, dès que j'ai débarqué en Asie en 2002, c'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de graffeurs. Ça se développait, c'était vraiment le début. Mais en 2025-2024, l'émergence de street artistes et de graffeurs en Asie est impressionnante. Moi je pense qu'il y a un potentiel énorme en Chine, surtout que tout ce qui touche les Chinois le développe à l'extrême. Et j'ai rencontré des artistes chinois qui avaient vraiment du talent. Mais c'est vrai que quand j'ai débarqué ici, c'était pour moi une révélation, parce que l'image qu'on avait de la Chine, de communisme, pas trop de liberté d'expression et tout ça, en fait Quand on est émergé dedans, on ne le ressent pas en tant qu'étranger. Et même les Chinois, au final, ils vivent leur vie. Au final, tous les artistes sont bien entendu un peu réduits à faire attention à ce qu'ils racontent un peu sur les murs et tout ça. Mais au final, le graffiti est là. Et c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de vandalisme, parce qu'il y a pas mal de caméras dans les rues. Mais les artistes chinois sont plus concentrés sur leur carrière artistique et faire des trucs assez jolis sur les murs. qu'en Europe où il y aura pas mal de graffiti artistes qui vont faire du Vandal, qui vont faire des trains, qui vont peindre dans la rue, tout ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce qu'en préparant cette interview, je me suis dit, il y a peut-être des sujets qui vont être un peu touchy. Et en fait, vous y venez directement. Ce qui prouve que vous avez à la fois conscience de l'endroit où vous êtes et puis de ce qui est imposé, régulé. En même temps, effectivement, vous ne le niez pas, mais vous arrivez à jouer avec.

  • Speaker #0

    Ben moi, avec l'âge, j'ai pris conscience que je pouvais tout perdre, surtout que je commence à bien marcher au niveau art et tout ça. Mais quand j'avais 20 ans, j'étais un peu insoucieux, donc on se lâche, on fait des trucs un peu inconscients et tout. Mais avec l'âge, j'ai continué à faire un peu du vandalisme, mais du vandalisme contrôlé. C'est-à-dire que souvent, je prends des murs un peu abîmés ou déjà abîmés avec des tags. Donc j'essaie de les embellir un peu à ma façon. Donc voilà, c'est ma façon de faire du vandalisme parce que ce n'est pas vraiment du vandalisme. C'est juste que je ne demande pas l'autorisation. Parce que si je devais faire les démarches pour demander l'autorisation, des fois ça prend des mois, des fois ça peut prendre des années. Pour un simple mur, il faut avoir l'autorisation de l'urbanisme, l'autorisation de la mairie, enfin. Mais ce genre de démarches, je les fais pour des grosses, grosses fresques. Mais après, quand je dois poser mes tout petits poulets qui vont prendre 15 minutes, 20 minutes de peinture. C'est vrai que la démarche administrative, on l'esquive un peu. Nous, les graffeurs, on s'accapare un peu les murs, on se donne une sorte de propriété qui au final ne nous appartient pas, puisque le mur ne nous appartient pas. Mais dans notre milieu, le fait d'avoir posé ma fresque là m'appartient. Dans mon milieu, donc personne ne peut la toucher. Si quelqu'un me la repasse, c'est une sorte de manque de respect. On appelle ça du toy. Mais en général, avec le temps, les gens nous connaissent, reconnaissent notre style et nous respectent. Et dans notre milieu, on se connaît un peu tous.

  • Speaker #1

    J'avais entendu dans une interview que vous aviez donnée qu'il y a ceux qui font leur signature et il y a ceux qui font des dessins. Et vous, c'était les dessins. Déjà, tout jeune, vous dessinez des petits personnages ?

  • Speaker #0

    Oui, depuis le début, en fait. Moi, je suis baigné dans les bandes dessinées, Obélix. J'ai toujours traîné dans ces cartoons-là. Je n'étais pas trop bouquin, mais j'étais vachement comics. Et c'est vrai que je me suis vachement inspiré de ça. J'ai toujours aimé le dessin, être créatif, plus que dans les mathématiques ou tout ça. J'étais vraiment extrêmement nul à l'école. mais ça ne m'a pas empêché de trouver ma voie. C'est là où on se rend compte que ce n'est pas parce qu'on n'est pas super fort à l'école, à l'écriture ou dans les maths et tout qu'on ne peut pas réussir. C'est l'expérience de la vie. Et après, c'est vrai que moi, j'ai dessiné beaucoup de personnages. J'étais plus fort dans les personnages que dans la signature ou les lettrages. Et au final, je me suis concentré dessus. Le poulet a débarqué en Chine et ça m'a fait rire au début. Ça fait rire mon entourage. Je me suis dit que je voulais me faire plaisir à la base. Et je suis resté sur ça. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Un poulet à toutes les sauces, c'est assez marrant en même temps.

  • Speaker #0

    Oui, sauce curry, sauce graffiti.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans le graphe, on a un peu l'impression qu'il y a eu des modes dans les années 80-90. On voyait ces grosses lettres un peu partout, très stylisées, très grasses, quelque chose de bold. Ça se fait moins aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si, si, si, ça se fait toujours. Il y a toujours des graffeurs qui font des recherches de lettres et tout ça. Là, il y a une grosse vague depuis dix ans où on voit apparaître sur les réseaux sociaux les grosses fresques murales, avec des personnages, avec des trucs en hyperréalisme. C'est vrai que grâce aux réseaux sociaux, on a pu découvrir un peu de nouveaux talents, même des gens qui n'ont jamais pu émerger. Et il y a une grosse compétition. Moi, je me souviens que les grosses fresques comme ça, à l'époque, on était peut-être dix à se mettre sur une façade et on était dix à la faire. Des fois, on prenait quelques semaines. Mais là, des fois, il y a des grosses façades où la personne est toute seule. C'est des trucs impressionnants. Il y a des gens maintenant, ils poussent la limite. Je suis vachement impressionné par tout ce que je vois sur Internet. Et ça m'inspire énormément. Et au contraire, je me dis qu'il faut que je pousse encore plus. Mes poulets à voler.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, je suis venu en métro. Le métro qui est absolument nickel ici. Il n'y a pas un tag, il n'y a rien. Et en même temps, vous, quand on vous suit sur Instagram, parfois on voit qu'il y a des stories que vous mettez. On voit le métro parisien s'apprêtant à être...

  • Speaker #0

    J'allais dire attaqué. Il ne faut pas voir les choses comme ça. Nous, les graffeurs, on embellit le métro. C'est-à-dire qu'il y a aussi un historique, que ce soit New York ou Paris ou Londres, où l'émergence du graffiti a commencé là, à ce moment-là, surtout à New York. Mais après, quand le graffiti est arrivé début 80 en France, oui, on s'est attaqué au métro parce que c'est un peu l'historique du graffiti. Et c'est vrai que le risque d'aller faire une peinture sur un métro, souvent tu n'as que 10 minutes ou 15 minutes pour... C'est excitant ? Ouais, c'est excitant. C'est comme sauter en parachute. Mais quand on est en Asie, c'est différent. La culture est différente, la sécurité est différente, les sanctions sont différentes. Donc moi, je ne m'aventure pas à ce genre de truc. Et c'est vrai qu'en France, je le fais de temps en temps un petit peu. Moi, je ne suis pas un spécialiste, mais c'est juste sauter en parachute une fois dans l'année. Des fois, je peins au bord du périph', on traverse le périph' alors que les voitures qui arrivent en France. C'est ce goût un peu du risque qui me permet, moi, de continuer à rester encore un peu adolescent.

  • Speaker #1

    Il y a besoin de ça, toujours, même quand on est un artiste installé.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi, je me retrouve dans mon studio, la sensation est différente. Quand je fais une fresque légale ou une grande façade, la sensation est différente. Et quand je pars faire un peu de vandal et placer mes poulets un peu partout, que ce soit dans le métro ou dans la rue, la sensation est différente. Et on recherche ça, en fait. On est à l'affût de ça. Tout le monde est à la recherche de ça, plus ou moins. Quand les gens vont monter l'Everest ou... ou quand ils conduisent une Formule 1, on a toujours ce petit goût de risque, même quand on va faire de la plongée, on prend toujours des risques. Nous, les graffeurs, c'est une sorte de compétition. Quel est celui qui va faire la plus belle fresque en peu de temps dans l'endroit le plus risqué ? Et en ce moment, l'endroit le plus risqué, c'est un peu le métro. Donc, on joue sur ça. On sait qu'on peut se faire arrêter par la sécurité. Après, ça reste que de la peinture. On peut risquer un peu de prison, des amendes surtout. Mais bon...

  • Speaker #1

    Si vous êtes déjà fait sermonner ?

  • Speaker #0

    Non, parce que ici, je ne prends pas à Hong Kong, je ne prends pas trop trop de risques. Je place deux ou trois petits poulets dans la rue qui me prennent quelques secondes, mais je ne m'aventure pas trop là-dedans parce que je suis résident ici et que j'ai envie de vivre ici. Je n'ai pas envie de donner cette image.

  • Speaker #1

    On va faire un vrai ou faux et on va parler des poulets. Si de fois de vrai ou faux, vous avez créé votre personnage de poulet sur un coin de table dans un restaurant parce que vous vouliez manger du poulet.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'était une connerie à la base et depuis je l'ai développé.

  • Speaker #1

    Donc en fait, c'est pour vous exprimer. C'est-à-dire que j'imagine qu'aujourd'hui vous parlez un peu le chinois, le cantonais ?

  • Speaker #0

    Le mandarin.

  • Speaker #1

    Le mandarin ?

  • Speaker #0

    Ouais, le mandarin un petit peu, assez pour survivre. Moi, j'avais toujours un petit calepin en Asie où je dessinais, parce que c'était extrêmement compliqué pour moi de communiquer, donc ma seule façon de communiquer, c'était le dessin. Comme j'arrivais à dessiner des trucs assez simples et compréhensibles, je me faisais comprendre comme ça. Et ça a marché. Et petit à petit, quand je dessinais une tomate ou un poulet, par exemple, je demandais à la personne comment ça se disait, donc je retenais les mots.

  • Speaker #1

    Comment on dit poulet, alors ?

  • Speaker #0

    Ça se dit « ji » . « Ji » ? « Ji » , ouais. Voilà, et donc au final, je retenais des petits mots comme ça et... Et voilà, je me suis fait comprendre comme ça.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, un de vos pseudos, c'est DJ Colonel Douche à Fleurs.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une connerie, ça paraît. De toute façon, toute ma vie artistique, c'est basé que sur de l'humour et tout ça. Ça me représente. Donc, Colonel Douche à Fleurs, c'est parce qu'à l'école, quand on était au collège, on n'arrêtait pas de faire le con avec les profs. On leur posait des questions incompréhensibles et ils nous disaient quoi. Nous on disait fœurs, indiens, enfin tu vois c'est des trucs vraiment de gamins. Et au final, quand j'ai voulu me donner un nom de DJ, comme ce n'était pas vraiment mon activité principale, je me suis donné un nom complètement débile qui, au final, avec le temps, a disparu. Parce que quand je suis venu faire le DJ ici en Asie, Colonel Douchafleur, je pense que ça aurait été très, très dur pour eux rien que de le dire. Alors j'ai fait DJ City.

  • Speaker #1

    Il y a toujours cette activité musicale à côté ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, bien sûr, j'adore. Moi, la musique, peinture, le sport, voilà, je suis resté un ado. qui n'a jamais changé mais qui a fait évoluer dans ses activités. Quand je fais quelque chose, je le fais à fond.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, ce que les Asiatiques aiment dans vos travaux, c'est surtout le côté coloré mais positif.

  • Speaker #0

    Ah oui, ici, moi je me suis aperçu que dans certaines expositions, quand il y avait des toiles qui étaient entièrement noires, pour eux, ça représente un peu la mort et tout ça, un peu comme tout le monde. Donc ils n'aiment pas trop mettre des choses trop sombres chez eux. Ils aiment les choses colorées, les choses qui représentent un peu l'apaisement avec les fontaines, avec... des choses avec des fleurs et tout ça. Et ils adorent aussi les cartoons ici. Ils adorent Hello Kitty, ils adorent Disney. J'appelle les Asiatiques les enfants d'ultes. C'est des adultes qui n'ont jamais grandi. Il m'est arrivé d'aller à Disneyland voir des femmes qui avaient plus de 45 ans, presque 50 ans, avec leur accoutrement de Disney et tout ça, et qui avaient pris le pass à l'année pour aller chez Disney. Et je les voyais là-bas tous les jours parce que j'avais travaillé pour Disney pendant un mois et je les voyais là-bas tous les jours. C'est l'Asie, c'est comme ça. Ils travaillent tellement toute la journée, la moindre activité qu'ils peuvent trouver, ils vont le faire à fond et c'est des gens qui sont vachement au final super joyeux. Ils cherchent à être heureux, ils sont à la recherche du bonheur, comme tout le monde. Mais un nazi, tout ce qui est coloré, tout ce qui est cartoon et tout ça, ils adorent.

  • Speaker #1

    Justement, vos personnages, les Chicanos, c'est comme ça que vous les appelez, finalement, ils sont assez proches du manga. Vous l'avez stylisé d'un coup, dès le début, ou est-ce que petit à petit, vous avez rajouté des choses, vous avez... perfectionner ce dessin.

  • Speaker #0

    Oui, mon personnage, il a évolué. C'est vrai que j'ai une influence énorme de l'Asie, Chine, Japon et tout ça. Et inconsciemment, en fait, je n'ai jamais cherché à le développer comme ça. Mais c'est vrai qu'avec le temps, je me suis rendu compte que j'étais devenu un vrai Asiatique. Et ce n'est pas plus mal, parce que ça fait quand même 23 ans que je vis ici et la France n'est plus devenue mon domicile principal, mais ma maison secondaire. Mais l'Asie... J'ai vraiment été influencé que j'aille en Thaïlande, aux Philippines, au Laos, au Vietnam, au Japon, surtout la Chine. Et c'est vrai que cette inspiration, je l'ai retransmis sur mes poulets, ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est excitant de voir des grandes marques qui s'intéressent à votre travail, qui vous proposent de collaborer, de customiser certaines choses.

  • Speaker #0

    Même moi, des fois, je ne réalise même pas quand on me dit qu'il y a une marque de vêtements qui voudrait faire une collaboration avec toi. Je suis toujours impressionné. Et des fois, je ne réalise même pas parce que je me dis que je suis démarré sur un coin de table et je me retrouve à faire des collections pour Fila ou travailler avec Hermès ou avec Prada ou avec Nike. C'est vrai que je remercie tous les jours mon poulet, mon chicanos.

  • Speaker #1

    On a l'impression que ce poulet, parfois, il a l'air un petit peu perdu. Ils sont tous les uns contre les autres. Il y a une statistique que j'ai lue ce matin qui dit que 58% de la population mondiale, elle est en Asie. L'Europe, c'est 9%.

  • Speaker #0

    Quand on voit qu'il y a des villes ici qui font 30 millions d'habitants, c'est la moitié de la France. En fait, cette aspiration d'accumulation de poulets, parce que c'est mon concept, c'est vraiment asiatique. C'est toutes les queues qu'on peut faire dans les musées, dans le métro, les heures d'attente. C'est vrai que j'ai voulu représenter ces poulets et cette accumulation. Le fait de les voir comme ça, faire des grandes allées. Des fois, quand on se retrouve dans un quartier qui s'appelle Mong Kok, qui est bondé de gens et tout, ça représente vraiment mes accumulations de poulets sur mes toiles et tout ça. Et j'adore parce que c'est vraiment ça, c'est coloré, ça bouge, ça vibre dans tous les sens et tout, et c'est ce que j'essaie de représenter.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'actualité pour vos poulets en ce moment ?

  • Speaker #0

    L'actualité pour mes poulets en ce moment, je prépare une exposition à Toulouse, une à Shanghai, une à Tokyo l'année prochaine. J'ai une grande façade que je vais faire ici à Shenzhen et je prépare un long métrage avec mes poulets. J'espère qu'ils sortira au cinéma dans deux ans ou trois ans. Génial !

  • Speaker #1

    Comment on travaille ça, un long métrage sur les poulets ? Il faut réfléchir sur un scénario ?

  • Speaker #0

    D'abord, je ne travaille pas tout seul parce que j'ai une équipe. On m'a contacté, une boîte de production, et ensuite j'ai des auteurs qui... Là en ce moment on travaille sur l'écriture, qui prend énormément de temps. Ça fait pratiquement un an et demi qu'on est sur l'écriture. On essaie vraiment de trouver les bonnes idées, parce qu'il y a tellement de dessins animés qui sortent, tellement de... tous les concepts ont été faits en 2025. Et c'est vrai qu'il faut arriver à s'écarter un peu, et c'est d'être super original. Les poulets ont été faits à toutes les sauces dans le cinéma, donc c'est à moi de ramener quelque chose de frais de nouveau. Et ça, c'est la partie la plus difficile. Et ensuite, j'ai déjà préparé la Bible, les dessins. À partir de là, on commencera à faire le storyboard et on lancera la production du dessin animé.

  • Speaker #1

    Encore quelques collaborations avec des marques, j'imagine. Vous portez quel regard, vous, sur le fait qu'il y a certaines marques de luxe ? Je pense par exemple à Vuitton qui se sont... plus qu'inspirés de la street en fait. Ils sont allés chercher des rappeurs comme Pharell pour devenir directeur artistique.

  • Speaker #0

    Non mais c'est normal, c'est les générations. Louis Vuitton, à l'époque, c'était la petite vieille qui portait son sac avec son petit côté un peu Chanel, Louis Vuitton et tout ça, ça a changé. Les générations maintenant, c'est urbain. Donc qu'ils fassent appel à Pharell, moi je trouve que c'est normal puisque les trois quarts des gens qui portent du Louis Vuitton maintenant, c'est des rappeurs, c'est des mecs qui sont... dans le street art, dans le hip hop et tout ça. En France, 80 ou 90 % des enfants écoutent du hip hop. Et on grandit là-dedans, même dans le graffiti. Le graffiti est partout. Et moi, je trouve normal que les marques de luxe s'adaptent aussi aux générations qui arrivent. On ne peut pas rester sur des vieilles influences ou quoi que ce soit. Il faut qu'on évolue avec notre temps. Et je trouve ça bien que ça évolue dans ce sens. Et peut-être que dans un temps, ça sera autre chose. Mais pour l'instant, c'est Urbain et Pharrell Williams. qui bossent pour Louis Vuitton, moi je trouve ça super positif.

  • Speaker #1

    Et musicalement, vous êtes resté quoi ? Plutôt old school ou plutôt une nouvelle génération ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi j'écoute vraiment de tout en ce moment, je suis musique classique. J'écoute toute la BO du film de Dracula, c'est de la musique classique et j'adore franchement, je découvre ça. Sinon j'écoute un peu de tout moi, j'écoute pas que du hip hop, j'écoute de la soul, du funk, des vieux morceaux, ça c'est vrai, j'adore ça parce que c'est l'origine, c'est ce qui a permis d'influencer tous les DJ de maintenant mais... Voilà, et de s'en plaire et tout, mais j'écoute vraiment de tout.

  • Speaker #1

    Donc là, on est à la Art Fair à Hong Kong, Affordable Art Fair Hong Kong, qui a lieu ici chaque année. Vous vous excusez une seule pièce.

  • Speaker #0

    J'ai une galerie qui me représente, qui elle, fait pas mal de foires. Elle fait le Art Central, elle fait le Art Basel et tout ça. Et elle a une super bonne relation avec les organisations. Et moi, je n'ai présenté qu'une seule œuvre parce que, comme chaque année, l'année dernière, mon galerie s'était concentrée un peu sur moi. Mais cette année, il diversifie un petit peu, donc on n'a présenté qu'une seule œuvre.

  • Speaker #1

    C'est conceptuel.

  • Speaker #0

    Oui, il a voulu représenter sa femme et japonaise. Donc, ils sont partis récupérer un ramel, une sorte de boîte en aluminium où ils transportent la nourriture. Et j'ai mis mes poulets dedans. Donc, je l'ai customisé et je trouvais ça original. C'est une pièce unique.

  • Speaker #1

    Et donc, on va faire le quiz de la fin.

  • Speaker #0

    Attention, les trois.

  • Speaker #1

    À Hong Kong, quel surnom donne-t-on au café mélangé avec du thé noir ?

  • Speaker #0

    C'est pas du café latte ou non ? C'est pas le latte, non.

  • Speaker #1

    Ils font un truc qui s'appelle le Yang Yang.

  • Speaker #0

    Ouais, non, je ne connaissais pas.

  • Speaker #1

    Une boisson populaire mélange de café et de thé au lait dans une seule tasse, symbole de la fusion culturelle entre Orient et Occident à Hong Kong. Bon, en même temps, je n'en ai pas trouvé. Deuxième question. Quel artiste de street art a remplacé les grains de café par des pastilles de peinture dans une cafetière pour une œuvre éphémère ?

  • Speaker #0

    Alors là, je ne sais absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est Banksy.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il est extrêmement créatif et je pense qu'il y a toute une équipe derrière lui. qui doit faire des stratégies de communication et tout. Je pense que maintenant, c'est plus une équipe qu'une seule personne. Je pense qu'il a apporté beaucoup dans le street art et tout ça.

  • Speaker #1

    Quel élément de la culture chinoise retrouve-t-on parfois dans les motifs de l'athé art dans certains cafés branchés de Hong Kong ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, tu vas m'apprendre des choses.

  • Speaker #1

    Le dragon.

  • Speaker #0

    Ah, le dragon, ok.

  • Speaker #1

    Et le fond en l'athé art, clin d'œil au symbole de la puissance et de la sagesse dans la culture chinoise et la montée en puissance du café dans ce pays. Parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup d'endroits où on peut prendre du café ici.

  • Speaker #0

    Ah ouais, mais le café ici, ils adorent. J'ai un ami à moi qui fait un festival de café. Je ne savais pas qu'il y avait un festival de café. Et il me disait que le meilleur café était au Népal. Ah oui ? Oui. Et il y avait aussi de bons cafés en Amérique du Sud.

  • Speaker #1

    Je conseille, moi, le Jamaïc. Le Jamaïc fait plein de choses sympas.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il n'y a que du café dans le Jamaïc. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Sihit Fouad, pour cette interview en direct de Hong Kong. Et bonne continuation à vous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. À bientôt.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Description

CEET Fouad – Des murs de Toulouse aux galeries d’Asie

Dans cet épisode, partez à la rencontre de CEET Fouad, artiste graffeur né en Algérie, arrivé à Toulouse à 7 ans, aujourd’hui figure internationale du street art installé en Asie depuis plus de 20 ans. Des ruelles de la Ville Rose aux façades géantes de Shenzhen, en passant par des collaborations avec Prada, Adidas ou Fila, CEET revient sur son parcours atypique, ses influences et son célèbre personnage : le Chicanos, un poulet ovoïde, drôle et universel.


🎤 Dans cet épisode :

  • L’émergence du graffiti en France dans les années 80

  • La découverte d’un nouveau terrain de jeu artistique en Chine

  • La naissance des Bad Chickens, son personnage signature

  • Le vandalisme “contrôlé” et la culture du risque dans le graffiti

  • La reconnaissance artistique à l’international

  • Les influences manga, pop culture, BD et culture asiatique



Un épisode haut en couleurs sur la liberté d’expression, l’audace, la résilience créative et l’art comme langage universel.


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Transcription

  • Speaker #0

    Ma seule façon de communiquer c'est le dessin. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez un café au comptoir. Vous avez plus de chance de trouver mon invité du jour ici à Hong Kong en Chine que du côté de Toulouse en France où il est arrivé à l'âge de 7 ans après être né en Algérie. C'est sur les murs des rues de la ville rose que cet artiste autodidacte s'est formé à l'adolescence dans le milieu des années 80. Mais pourquoi pas au Beaux-Arts ? Parce que sa discipline artistique, le street art, était alors tout juste émergente. D'ailleurs elle était appelée graffiti à l'époque. C'est dire l'estime dans laquelle on la tenait. Elle fut considérée longtemps et encore parfois... Aujourd'hui, comme une expression artistique violente dégradant les espaces publics, nommée aussi TAG, cet art urbain voit le jour en France, fin des 70's, porté par des graffeurs tels que Speedy Graffito, et puis aussi Bando ou Mode 2. C'est donc au cœur de la ville que mon invité a trouvé sa voie créative. Avec des marqueurs, des bombes de peinture aérosol ou d'acrylique, il fait vivre son univers, et ce sur toute forme de support. Arrivé en Asie en 2002, sans plan de carrière particulier, il y impose ses personnages emblématiques, tels ses Chicanos, ... surprenant petit poulet de forme ovoïde qui lève leurs gros yeux blancs vers le ciel. Il rencontre aussi de nombreux artistes locaux et ses échanges qui le nourrissent lui permettent de se confronter à de nouvelles techniques et de diversifier ainsi ses propres créations. Aujourd'hui, ces Chicanos ont fait le tour du monde. On les retrouve aussi bien sur des façades d'immeubles en Chine, aux Philippines que dans les galeries de musées européens. Ces Bad Chicken, comme ils les appellent parfois, ont fait sa renommée et lui ont offert l'opportunité de belles collaborations avec des marques de renommée comme Prada, Lancel ou Adidas. Aussi, profitant d'un passage dans l'ancienne colonie britannique, j'ai proposé à cet astucieux dessinateur urbain de parler avec moi de sa carrière et c'est pour cela que je le retrouve enfin pour un café au comptoir. Bonjour Seed Fouad.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors donc, il y a eu passé le mur à Toulouse dans les années 80, il a fallu s'exporter ?

  • Speaker #0

    Non, il y a toujours des murs, il y en a toujours partout. Après, tout dépend des pays où on voyage. Il y a des restrictions, on ne peut pas faire non plus ce qu'on veut dans certains pays mais... Dès que j'ai débarqué en Chine, beaucoup de murs étaient vierges.

  • Speaker #1

    On a l'impression qu'en Chine, il y a très peu de tags, très peu de graffiti, très peu d'art urbain, sauf dans certains quartiers. Comment c'est né ? Parce que vous, vous avez vu l'émergence de tout cela, vous avez vu le développement de tout cela, de passer d'un art spontané à quelque chose qui a été également un peu repris commercialement.

  • Speaker #0

    En fait, dès que j'ai débarqué en Asie en 2002, c'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de graffeurs. Ça se développait, c'était vraiment le début. Mais en 2025-2024, l'émergence de street artistes et de graffeurs en Asie est impressionnante. Moi je pense qu'il y a un potentiel énorme en Chine, surtout que tout ce qui touche les Chinois le développe à l'extrême. Et j'ai rencontré des artistes chinois qui avaient vraiment du talent. Mais c'est vrai que quand j'ai débarqué ici, c'était pour moi une révélation, parce que l'image qu'on avait de la Chine, de communisme, pas trop de liberté d'expression et tout ça, en fait Quand on est émergé dedans, on ne le ressent pas en tant qu'étranger. Et même les Chinois, au final, ils vivent leur vie. Au final, tous les artistes sont bien entendu un peu réduits à faire attention à ce qu'ils racontent un peu sur les murs et tout ça. Mais au final, le graffiti est là. Et c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de vandalisme, parce qu'il y a pas mal de caméras dans les rues. Mais les artistes chinois sont plus concentrés sur leur carrière artistique et faire des trucs assez jolis sur les murs. qu'en Europe où il y aura pas mal de graffiti artistes qui vont faire du Vandal, qui vont faire des trains, qui vont peindre dans la rue, tout ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce qu'en préparant cette interview, je me suis dit, il y a peut-être des sujets qui vont être un peu touchy. Et en fait, vous y venez directement. Ce qui prouve que vous avez à la fois conscience de l'endroit où vous êtes et puis de ce qui est imposé, régulé. En même temps, effectivement, vous ne le niez pas, mais vous arrivez à jouer avec.

  • Speaker #0

    Ben moi, avec l'âge, j'ai pris conscience que je pouvais tout perdre, surtout que je commence à bien marcher au niveau art et tout ça. Mais quand j'avais 20 ans, j'étais un peu insoucieux, donc on se lâche, on fait des trucs un peu inconscients et tout. Mais avec l'âge, j'ai continué à faire un peu du vandalisme, mais du vandalisme contrôlé. C'est-à-dire que souvent, je prends des murs un peu abîmés ou déjà abîmés avec des tags. Donc j'essaie de les embellir un peu à ma façon. Donc voilà, c'est ma façon de faire du vandalisme parce que ce n'est pas vraiment du vandalisme. C'est juste que je ne demande pas l'autorisation. Parce que si je devais faire les démarches pour demander l'autorisation, des fois ça prend des mois, des fois ça peut prendre des années. Pour un simple mur, il faut avoir l'autorisation de l'urbanisme, l'autorisation de la mairie, enfin. Mais ce genre de démarches, je les fais pour des grosses, grosses fresques. Mais après, quand je dois poser mes tout petits poulets qui vont prendre 15 minutes, 20 minutes de peinture. C'est vrai que la démarche administrative, on l'esquive un peu. Nous, les graffeurs, on s'accapare un peu les murs, on se donne une sorte de propriété qui au final ne nous appartient pas, puisque le mur ne nous appartient pas. Mais dans notre milieu, le fait d'avoir posé ma fresque là m'appartient. Dans mon milieu, donc personne ne peut la toucher. Si quelqu'un me la repasse, c'est une sorte de manque de respect. On appelle ça du toy. Mais en général, avec le temps, les gens nous connaissent, reconnaissent notre style et nous respectent. Et dans notre milieu, on se connaît un peu tous.

  • Speaker #1

    J'avais entendu dans une interview que vous aviez donnée qu'il y a ceux qui font leur signature et il y a ceux qui font des dessins. Et vous, c'était les dessins. Déjà, tout jeune, vous dessinez des petits personnages ?

  • Speaker #0

    Oui, depuis le début, en fait. Moi, je suis baigné dans les bandes dessinées, Obélix. J'ai toujours traîné dans ces cartoons-là. Je n'étais pas trop bouquin, mais j'étais vachement comics. Et c'est vrai que je me suis vachement inspiré de ça. J'ai toujours aimé le dessin, être créatif, plus que dans les mathématiques ou tout ça. J'étais vraiment extrêmement nul à l'école. mais ça ne m'a pas empêché de trouver ma voie. C'est là où on se rend compte que ce n'est pas parce qu'on n'est pas super fort à l'école, à l'écriture ou dans les maths et tout qu'on ne peut pas réussir. C'est l'expérience de la vie. Et après, c'est vrai que moi, j'ai dessiné beaucoup de personnages. J'étais plus fort dans les personnages que dans la signature ou les lettrages. Et au final, je me suis concentré dessus. Le poulet a débarqué en Chine et ça m'a fait rire au début. Ça fait rire mon entourage. Je me suis dit que je voulais me faire plaisir à la base. Et je suis resté sur ça. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Un poulet à toutes les sauces, c'est assez marrant en même temps.

  • Speaker #0

    Oui, sauce curry, sauce graffiti.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans le graphe, on a un peu l'impression qu'il y a eu des modes dans les années 80-90. On voyait ces grosses lettres un peu partout, très stylisées, très grasses, quelque chose de bold. Ça se fait moins aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si, si, si, ça se fait toujours. Il y a toujours des graffeurs qui font des recherches de lettres et tout ça. Là, il y a une grosse vague depuis dix ans où on voit apparaître sur les réseaux sociaux les grosses fresques murales, avec des personnages, avec des trucs en hyperréalisme. C'est vrai que grâce aux réseaux sociaux, on a pu découvrir un peu de nouveaux talents, même des gens qui n'ont jamais pu émerger. Et il y a une grosse compétition. Moi, je me souviens que les grosses fresques comme ça, à l'époque, on était peut-être dix à se mettre sur une façade et on était dix à la faire. Des fois, on prenait quelques semaines. Mais là, des fois, il y a des grosses façades où la personne est toute seule. C'est des trucs impressionnants. Il y a des gens maintenant, ils poussent la limite. Je suis vachement impressionné par tout ce que je vois sur Internet. Et ça m'inspire énormément. Et au contraire, je me dis qu'il faut que je pousse encore plus. Mes poulets à voler.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, je suis venu en métro. Le métro qui est absolument nickel ici. Il n'y a pas un tag, il n'y a rien. Et en même temps, vous, quand on vous suit sur Instagram, parfois on voit qu'il y a des stories que vous mettez. On voit le métro parisien s'apprêtant à être...

  • Speaker #0

    J'allais dire attaqué. Il ne faut pas voir les choses comme ça. Nous, les graffeurs, on embellit le métro. C'est-à-dire qu'il y a aussi un historique, que ce soit New York ou Paris ou Londres, où l'émergence du graffiti a commencé là, à ce moment-là, surtout à New York. Mais après, quand le graffiti est arrivé début 80 en France, oui, on s'est attaqué au métro parce que c'est un peu l'historique du graffiti. Et c'est vrai que le risque d'aller faire une peinture sur un métro, souvent tu n'as que 10 minutes ou 15 minutes pour... C'est excitant ? Ouais, c'est excitant. C'est comme sauter en parachute. Mais quand on est en Asie, c'est différent. La culture est différente, la sécurité est différente, les sanctions sont différentes. Donc moi, je ne m'aventure pas à ce genre de truc. Et c'est vrai qu'en France, je le fais de temps en temps un petit peu. Moi, je ne suis pas un spécialiste, mais c'est juste sauter en parachute une fois dans l'année. Des fois, je peins au bord du périph', on traverse le périph' alors que les voitures qui arrivent en France. C'est ce goût un peu du risque qui me permet, moi, de continuer à rester encore un peu adolescent.

  • Speaker #1

    Il y a besoin de ça, toujours, même quand on est un artiste installé.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi, je me retrouve dans mon studio, la sensation est différente. Quand je fais une fresque légale ou une grande façade, la sensation est différente. Et quand je pars faire un peu de vandal et placer mes poulets un peu partout, que ce soit dans le métro ou dans la rue, la sensation est différente. Et on recherche ça, en fait. On est à l'affût de ça. Tout le monde est à la recherche de ça, plus ou moins. Quand les gens vont monter l'Everest ou... ou quand ils conduisent une Formule 1, on a toujours ce petit goût de risque, même quand on va faire de la plongée, on prend toujours des risques. Nous, les graffeurs, c'est une sorte de compétition. Quel est celui qui va faire la plus belle fresque en peu de temps dans l'endroit le plus risqué ? Et en ce moment, l'endroit le plus risqué, c'est un peu le métro. Donc, on joue sur ça. On sait qu'on peut se faire arrêter par la sécurité. Après, ça reste que de la peinture. On peut risquer un peu de prison, des amendes surtout. Mais bon...

  • Speaker #1

    Si vous êtes déjà fait sermonner ?

  • Speaker #0

    Non, parce que ici, je ne prends pas à Hong Kong, je ne prends pas trop trop de risques. Je place deux ou trois petits poulets dans la rue qui me prennent quelques secondes, mais je ne m'aventure pas trop là-dedans parce que je suis résident ici et que j'ai envie de vivre ici. Je n'ai pas envie de donner cette image.

  • Speaker #1

    On va faire un vrai ou faux et on va parler des poulets. Si de fois de vrai ou faux, vous avez créé votre personnage de poulet sur un coin de table dans un restaurant parce que vous vouliez manger du poulet.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'était une connerie à la base et depuis je l'ai développé.

  • Speaker #1

    Donc en fait, c'est pour vous exprimer. C'est-à-dire que j'imagine qu'aujourd'hui vous parlez un peu le chinois, le cantonais ?

  • Speaker #0

    Le mandarin.

  • Speaker #1

    Le mandarin ?

  • Speaker #0

    Ouais, le mandarin un petit peu, assez pour survivre. Moi, j'avais toujours un petit calepin en Asie où je dessinais, parce que c'était extrêmement compliqué pour moi de communiquer, donc ma seule façon de communiquer, c'était le dessin. Comme j'arrivais à dessiner des trucs assez simples et compréhensibles, je me faisais comprendre comme ça. Et ça a marché. Et petit à petit, quand je dessinais une tomate ou un poulet, par exemple, je demandais à la personne comment ça se disait, donc je retenais les mots.

  • Speaker #1

    Comment on dit poulet, alors ?

  • Speaker #0

    Ça se dit « ji » . « Ji » ? « Ji » , ouais. Voilà, et donc au final, je retenais des petits mots comme ça et... Et voilà, je me suis fait comprendre comme ça.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, un de vos pseudos, c'est DJ Colonel Douche à Fleurs.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une connerie, ça paraît. De toute façon, toute ma vie artistique, c'est basé que sur de l'humour et tout ça. Ça me représente. Donc, Colonel Douche à Fleurs, c'est parce qu'à l'école, quand on était au collège, on n'arrêtait pas de faire le con avec les profs. On leur posait des questions incompréhensibles et ils nous disaient quoi. Nous on disait fœurs, indiens, enfin tu vois c'est des trucs vraiment de gamins. Et au final, quand j'ai voulu me donner un nom de DJ, comme ce n'était pas vraiment mon activité principale, je me suis donné un nom complètement débile qui, au final, avec le temps, a disparu. Parce que quand je suis venu faire le DJ ici en Asie, Colonel Douchafleur, je pense que ça aurait été très, très dur pour eux rien que de le dire. Alors j'ai fait DJ City.

  • Speaker #1

    Il y a toujours cette activité musicale à côté ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, bien sûr, j'adore. Moi, la musique, peinture, le sport, voilà, je suis resté un ado. qui n'a jamais changé mais qui a fait évoluer dans ses activités. Quand je fais quelque chose, je le fais à fond.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, ce que les Asiatiques aiment dans vos travaux, c'est surtout le côté coloré mais positif.

  • Speaker #0

    Ah oui, ici, moi je me suis aperçu que dans certaines expositions, quand il y avait des toiles qui étaient entièrement noires, pour eux, ça représente un peu la mort et tout ça, un peu comme tout le monde. Donc ils n'aiment pas trop mettre des choses trop sombres chez eux. Ils aiment les choses colorées, les choses qui représentent un peu l'apaisement avec les fontaines, avec... des choses avec des fleurs et tout ça. Et ils adorent aussi les cartoons ici. Ils adorent Hello Kitty, ils adorent Disney. J'appelle les Asiatiques les enfants d'ultes. C'est des adultes qui n'ont jamais grandi. Il m'est arrivé d'aller à Disneyland voir des femmes qui avaient plus de 45 ans, presque 50 ans, avec leur accoutrement de Disney et tout ça, et qui avaient pris le pass à l'année pour aller chez Disney. Et je les voyais là-bas tous les jours parce que j'avais travaillé pour Disney pendant un mois et je les voyais là-bas tous les jours. C'est l'Asie, c'est comme ça. Ils travaillent tellement toute la journée, la moindre activité qu'ils peuvent trouver, ils vont le faire à fond et c'est des gens qui sont vachement au final super joyeux. Ils cherchent à être heureux, ils sont à la recherche du bonheur, comme tout le monde. Mais un nazi, tout ce qui est coloré, tout ce qui est cartoon et tout ça, ils adorent.

  • Speaker #1

    Justement, vos personnages, les Chicanos, c'est comme ça que vous les appelez, finalement, ils sont assez proches du manga. Vous l'avez stylisé d'un coup, dès le début, ou est-ce que petit à petit, vous avez rajouté des choses, vous avez... perfectionner ce dessin.

  • Speaker #0

    Oui, mon personnage, il a évolué. C'est vrai que j'ai une influence énorme de l'Asie, Chine, Japon et tout ça. Et inconsciemment, en fait, je n'ai jamais cherché à le développer comme ça. Mais c'est vrai qu'avec le temps, je me suis rendu compte que j'étais devenu un vrai Asiatique. Et ce n'est pas plus mal, parce que ça fait quand même 23 ans que je vis ici et la France n'est plus devenue mon domicile principal, mais ma maison secondaire. Mais l'Asie... J'ai vraiment été influencé que j'aille en Thaïlande, aux Philippines, au Laos, au Vietnam, au Japon, surtout la Chine. Et c'est vrai que cette inspiration, je l'ai retransmis sur mes poulets, ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est excitant de voir des grandes marques qui s'intéressent à votre travail, qui vous proposent de collaborer, de customiser certaines choses.

  • Speaker #0

    Même moi, des fois, je ne réalise même pas quand on me dit qu'il y a une marque de vêtements qui voudrait faire une collaboration avec toi. Je suis toujours impressionné. Et des fois, je ne réalise même pas parce que je me dis que je suis démarré sur un coin de table et je me retrouve à faire des collections pour Fila ou travailler avec Hermès ou avec Prada ou avec Nike. C'est vrai que je remercie tous les jours mon poulet, mon chicanos.

  • Speaker #1

    On a l'impression que ce poulet, parfois, il a l'air un petit peu perdu. Ils sont tous les uns contre les autres. Il y a une statistique que j'ai lue ce matin qui dit que 58% de la population mondiale, elle est en Asie. L'Europe, c'est 9%.

  • Speaker #0

    Quand on voit qu'il y a des villes ici qui font 30 millions d'habitants, c'est la moitié de la France. En fait, cette aspiration d'accumulation de poulets, parce que c'est mon concept, c'est vraiment asiatique. C'est toutes les queues qu'on peut faire dans les musées, dans le métro, les heures d'attente. C'est vrai que j'ai voulu représenter ces poulets et cette accumulation. Le fait de les voir comme ça, faire des grandes allées. Des fois, quand on se retrouve dans un quartier qui s'appelle Mong Kok, qui est bondé de gens et tout, ça représente vraiment mes accumulations de poulets sur mes toiles et tout ça. Et j'adore parce que c'est vraiment ça, c'est coloré, ça bouge, ça vibre dans tous les sens et tout, et c'est ce que j'essaie de représenter.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'actualité pour vos poulets en ce moment ?

  • Speaker #0

    L'actualité pour mes poulets en ce moment, je prépare une exposition à Toulouse, une à Shanghai, une à Tokyo l'année prochaine. J'ai une grande façade que je vais faire ici à Shenzhen et je prépare un long métrage avec mes poulets. J'espère qu'ils sortira au cinéma dans deux ans ou trois ans. Génial !

  • Speaker #1

    Comment on travaille ça, un long métrage sur les poulets ? Il faut réfléchir sur un scénario ?

  • Speaker #0

    D'abord, je ne travaille pas tout seul parce que j'ai une équipe. On m'a contacté, une boîte de production, et ensuite j'ai des auteurs qui... Là en ce moment on travaille sur l'écriture, qui prend énormément de temps. Ça fait pratiquement un an et demi qu'on est sur l'écriture. On essaie vraiment de trouver les bonnes idées, parce qu'il y a tellement de dessins animés qui sortent, tellement de... tous les concepts ont été faits en 2025. Et c'est vrai qu'il faut arriver à s'écarter un peu, et c'est d'être super original. Les poulets ont été faits à toutes les sauces dans le cinéma, donc c'est à moi de ramener quelque chose de frais de nouveau. Et ça, c'est la partie la plus difficile. Et ensuite, j'ai déjà préparé la Bible, les dessins. À partir de là, on commencera à faire le storyboard et on lancera la production du dessin animé.

  • Speaker #1

    Encore quelques collaborations avec des marques, j'imagine. Vous portez quel regard, vous, sur le fait qu'il y a certaines marques de luxe ? Je pense par exemple à Vuitton qui se sont... plus qu'inspirés de la street en fait. Ils sont allés chercher des rappeurs comme Pharell pour devenir directeur artistique.

  • Speaker #0

    Non mais c'est normal, c'est les générations. Louis Vuitton, à l'époque, c'était la petite vieille qui portait son sac avec son petit côté un peu Chanel, Louis Vuitton et tout ça, ça a changé. Les générations maintenant, c'est urbain. Donc qu'ils fassent appel à Pharell, moi je trouve que c'est normal puisque les trois quarts des gens qui portent du Louis Vuitton maintenant, c'est des rappeurs, c'est des mecs qui sont... dans le street art, dans le hip hop et tout ça. En France, 80 ou 90 % des enfants écoutent du hip hop. Et on grandit là-dedans, même dans le graffiti. Le graffiti est partout. Et moi, je trouve normal que les marques de luxe s'adaptent aussi aux générations qui arrivent. On ne peut pas rester sur des vieilles influences ou quoi que ce soit. Il faut qu'on évolue avec notre temps. Et je trouve ça bien que ça évolue dans ce sens. Et peut-être que dans un temps, ça sera autre chose. Mais pour l'instant, c'est Urbain et Pharrell Williams. qui bossent pour Louis Vuitton, moi je trouve ça super positif.

  • Speaker #1

    Et musicalement, vous êtes resté quoi ? Plutôt old school ou plutôt une nouvelle génération ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi j'écoute vraiment de tout en ce moment, je suis musique classique. J'écoute toute la BO du film de Dracula, c'est de la musique classique et j'adore franchement, je découvre ça. Sinon j'écoute un peu de tout moi, j'écoute pas que du hip hop, j'écoute de la soul, du funk, des vieux morceaux, ça c'est vrai, j'adore ça parce que c'est l'origine, c'est ce qui a permis d'influencer tous les DJ de maintenant mais... Voilà, et de s'en plaire et tout, mais j'écoute vraiment de tout.

  • Speaker #1

    Donc là, on est à la Art Fair à Hong Kong, Affordable Art Fair Hong Kong, qui a lieu ici chaque année. Vous vous excusez une seule pièce.

  • Speaker #0

    J'ai une galerie qui me représente, qui elle, fait pas mal de foires. Elle fait le Art Central, elle fait le Art Basel et tout ça. Et elle a une super bonne relation avec les organisations. Et moi, je n'ai présenté qu'une seule œuvre parce que, comme chaque année, l'année dernière, mon galerie s'était concentrée un peu sur moi. Mais cette année, il diversifie un petit peu, donc on n'a présenté qu'une seule œuvre.

  • Speaker #1

    C'est conceptuel.

  • Speaker #0

    Oui, il a voulu représenter sa femme et japonaise. Donc, ils sont partis récupérer un ramel, une sorte de boîte en aluminium où ils transportent la nourriture. Et j'ai mis mes poulets dedans. Donc, je l'ai customisé et je trouvais ça original. C'est une pièce unique.

  • Speaker #1

    Et donc, on va faire le quiz de la fin.

  • Speaker #0

    Attention, les trois.

  • Speaker #1

    À Hong Kong, quel surnom donne-t-on au café mélangé avec du thé noir ?

  • Speaker #0

    C'est pas du café latte ou non ? C'est pas le latte, non.

  • Speaker #1

    Ils font un truc qui s'appelle le Yang Yang.

  • Speaker #0

    Ouais, non, je ne connaissais pas.

  • Speaker #1

    Une boisson populaire mélange de café et de thé au lait dans une seule tasse, symbole de la fusion culturelle entre Orient et Occident à Hong Kong. Bon, en même temps, je n'en ai pas trouvé. Deuxième question. Quel artiste de street art a remplacé les grains de café par des pastilles de peinture dans une cafetière pour une œuvre éphémère ?

  • Speaker #0

    Alors là, je ne sais absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est Banksy.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il est extrêmement créatif et je pense qu'il y a toute une équipe derrière lui. qui doit faire des stratégies de communication et tout. Je pense que maintenant, c'est plus une équipe qu'une seule personne. Je pense qu'il a apporté beaucoup dans le street art et tout ça.

  • Speaker #1

    Quel élément de la culture chinoise retrouve-t-on parfois dans les motifs de l'athé art dans certains cafés branchés de Hong Kong ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, tu vas m'apprendre des choses.

  • Speaker #1

    Le dragon.

  • Speaker #0

    Ah, le dragon, ok.

  • Speaker #1

    Et le fond en l'athé art, clin d'œil au symbole de la puissance et de la sagesse dans la culture chinoise et la montée en puissance du café dans ce pays. Parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup d'endroits où on peut prendre du café ici.

  • Speaker #0

    Ah ouais, mais le café ici, ils adorent. J'ai un ami à moi qui fait un festival de café. Je ne savais pas qu'il y avait un festival de café. Et il me disait que le meilleur café était au Népal. Ah oui ? Oui. Et il y avait aussi de bons cafés en Amérique du Sud.

  • Speaker #1

    Je conseille, moi, le Jamaïc. Le Jamaïc fait plein de choses sympas.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il n'y a que du café dans le Jamaïc. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Sihit Fouad, pour cette interview en direct de Hong Kong. Et bonne continuation à vous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. À bientôt.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

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Description

CEET Fouad – Des murs de Toulouse aux galeries d’Asie

Dans cet épisode, partez à la rencontre de CEET Fouad, artiste graffeur né en Algérie, arrivé à Toulouse à 7 ans, aujourd’hui figure internationale du street art installé en Asie depuis plus de 20 ans. Des ruelles de la Ville Rose aux façades géantes de Shenzhen, en passant par des collaborations avec Prada, Adidas ou Fila, CEET revient sur son parcours atypique, ses influences et son célèbre personnage : le Chicanos, un poulet ovoïde, drôle et universel.


🎤 Dans cet épisode :

  • L’émergence du graffiti en France dans les années 80

  • La découverte d’un nouveau terrain de jeu artistique en Chine

  • La naissance des Bad Chickens, son personnage signature

  • Le vandalisme “contrôlé” et la culture du risque dans le graffiti

  • La reconnaissance artistique à l’international

  • Les influences manga, pop culture, BD et culture asiatique



Un épisode haut en couleurs sur la liberté d’expression, l’audace, la résilience créative et l’art comme langage universel.


Enregistré à Hong Kong !


présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Ceet Fouad :

https://www.instagram.com/ceet_fouad/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma seule façon de communiquer c'est le dessin. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez un café au comptoir. Vous avez plus de chance de trouver mon invité du jour ici à Hong Kong en Chine que du côté de Toulouse en France où il est arrivé à l'âge de 7 ans après être né en Algérie. C'est sur les murs des rues de la ville rose que cet artiste autodidacte s'est formé à l'adolescence dans le milieu des années 80. Mais pourquoi pas au Beaux-Arts ? Parce que sa discipline artistique, le street art, était alors tout juste émergente. D'ailleurs elle était appelée graffiti à l'époque. C'est dire l'estime dans laquelle on la tenait. Elle fut considérée longtemps et encore parfois... Aujourd'hui, comme une expression artistique violente dégradant les espaces publics, nommée aussi TAG, cet art urbain voit le jour en France, fin des 70's, porté par des graffeurs tels que Speedy Graffito, et puis aussi Bando ou Mode 2. C'est donc au cœur de la ville que mon invité a trouvé sa voie créative. Avec des marqueurs, des bombes de peinture aérosol ou d'acrylique, il fait vivre son univers, et ce sur toute forme de support. Arrivé en Asie en 2002, sans plan de carrière particulier, il y impose ses personnages emblématiques, tels ses Chicanos, ... surprenant petit poulet de forme ovoïde qui lève leurs gros yeux blancs vers le ciel. Il rencontre aussi de nombreux artistes locaux et ses échanges qui le nourrissent lui permettent de se confronter à de nouvelles techniques et de diversifier ainsi ses propres créations. Aujourd'hui, ces Chicanos ont fait le tour du monde. On les retrouve aussi bien sur des façades d'immeubles en Chine, aux Philippines que dans les galeries de musées européens. Ces Bad Chicken, comme ils les appellent parfois, ont fait sa renommée et lui ont offert l'opportunité de belles collaborations avec des marques de renommée comme Prada, Lancel ou Adidas. Aussi, profitant d'un passage dans l'ancienne colonie britannique, j'ai proposé à cet astucieux dessinateur urbain de parler avec moi de sa carrière et c'est pour cela que je le retrouve enfin pour un café au comptoir. Bonjour Seed Fouad.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors donc, il y a eu passé le mur à Toulouse dans les années 80, il a fallu s'exporter ?

  • Speaker #0

    Non, il y a toujours des murs, il y en a toujours partout. Après, tout dépend des pays où on voyage. Il y a des restrictions, on ne peut pas faire non plus ce qu'on veut dans certains pays mais... Dès que j'ai débarqué en Chine, beaucoup de murs étaient vierges.

  • Speaker #1

    On a l'impression qu'en Chine, il y a très peu de tags, très peu de graffiti, très peu d'art urbain, sauf dans certains quartiers. Comment c'est né ? Parce que vous, vous avez vu l'émergence de tout cela, vous avez vu le développement de tout cela, de passer d'un art spontané à quelque chose qui a été également un peu repris commercialement.

  • Speaker #0

    En fait, dès que j'ai débarqué en Asie en 2002, c'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de graffeurs. Ça se développait, c'était vraiment le début. Mais en 2025-2024, l'émergence de street artistes et de graffeurs en Asie est impressionnante. Moi je pense qu'il y a un potentiel énorme en Chine, surtout que tout ce qui touche les Chinois le développe à l'extrême. Et j'ai rencontré des artistes chinois qui avaient vraiment du talent. Mais c'est vrai que quand j'ai débarqué ici, c'était pour moi une révélation, parce que l'image qu'on avait de la Chine, de communisme, pas trop de liberté d'expression et tout ça, en fait Quand on est émergé dedans, on ne le ressent pas en tant qu'étranger. Et même les Chinois, au final, ils vivent leur vie. Au final, tous les artistes sont bien entendu un peu réduits à faire attention à ce qu'ils racontent un peu sur les murs et tout ça. Mais au final, le graffiti est là. Et c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de vandalisme, parce qu'il y a pas mal de caméras dans les rues. Mais les artistes chinois sont plus concentrés sur leur carrière artistique et faire des trucs assez jolis sur les murs. qu'en Europe où il y aura pas mal de graffiti artistes qui vont faire du Vandal, qui vont faire des trains, qui vont peindre dans la rue, tout ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce qu'en préparant cette interview, je me suis dit, il y a peut-être des sujets qui vont être un peu touchy. Et en fait, vous y venez directement. Ce qui prouve que vous avez à la fois conscience de l'endroit où vous êtes et puis de ce qui est imposé, régulé. En même temps, effectivement, vous ne le niez pas, mais vous arrivez à jouer avec.

  • Speaker #0

    Ben moi, avec l'âge, j'ai pris conscience que je pouvais tout perdre, surtout que je commence à bien marcher au niveau art et tout ça. Mais quand j'avais 20 ans, j'étais un peu insoucieux, donc on se lâche, on fait des trucs un peu inconscients et tout. Mais avec l'âge, j'ai continué à faire un peu du vandalisme, mais du vandalisme contrôlé. C'est-à-dire que souvent, je prends des murs un peu abîmés ou déjà abîmés avec des tags. Donc j'essaie de les embellir un peu à ma façon. Donc voilà, c'est ma façon de faire du vandalisme parce que ce n'est pas vraiment du vandalisme. C'est juste que je ne demande pas l'autorisation. Parce que si je devais faire les démarches pour demander l'autorisation, des fois ça prend des mois, des fois ça peut prendre des années. Pour un simple mur, il faut avoir l'autorisation de l'urbanisme, l'autorisation de la mairie, enfin. Mais ce genre de démarches, je les fais pour des grosses, grosses fresques. Mais après, quand je dois poser mes tout petits poulets qui vont prendre 15 minutes, 20 minutes de peinture. C'est vrai que la démarche administrative, on l'esquive un peu. Nous, les graffeurs, on s'accapare un peu les murs, on se donne une sorte de propriété qui au final ne nous appartient pas, puisque le mur ne nous appartient pas. Mais dans notre milieu, le fait d'avoir posé ma fresque là m'appartient. Dans mon milieu, donc personne ne peut la toucher. Si quelqu'un me la repasse, c'est une sorte de manque de respect. On appelle ça du toy. Mais en général, avec le temps, les gens nous connaissent, reconnaissent notre style et nous respectent. Et dans notre milieu, on se connaît un peu tous.

  • Speaker #1

    J'avais entendu dans une interview que vous aviez donnée qu'il y a ceux qui font leur signature et il y a ceux qui font des dessins. Et vous, c'était les dessins. Déjà, tout jeune, vous dessinez des petits personnages ?

  • Speaker #0

    Oui, depuis le début, en fait. Moi, je suis baigné dans les bandes dessinées, Obélix. J'ai toujours traîné dans ces cartoons-là. Je n'étais pas trop bouquin, mais j'étais vachement comics. Et c'est vrai que je me suis vachement inspiré de ça. J'ai toujours aimé le dessin, être créatif, plus que dans les mathématiques ou tout ça. J'étais vraiment extrêmement nul à l'école. mais ça ne m'a pas empêché de trouver ma voie. C'est là où on se rend compte que ce n'est pas parce qu'on n'est pas super fort à l'école, à l'écriture ou dans les maths et tout qu'on ne peut pas réussir. C'est l'expérience de la vie. Et après, c'est vrai que moi, j'ai dessiné beaucoup de personnages. J'étais plus fort dans les personnages que dans la signature ou les lettrages. Et au final, je me suis concentré dessus. Le poulet a débarqué en Chine et ça m'a fait rire au début. Ça fait rire mon entourage. Je me suis dit que je voulais me faire plaisir à la base. Et je suis resté sur ça. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Un poulet à toutes les sauces, c'est assez marrant en même temps.

  • Speaker #0

    Oui, sauce curry, sauce graffiti.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans le graphe, on a un peu l'impression qu'il y a eu des modes dans les années 80-90. On voyait ces grosses lettres un peu partout, très stylisées, très grasses, quelque chose de bold. Ça se fait moins aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si, si, si, ça se fait toujours. Il y a toujours des graffeurs qui font des recherches de lettres et tout ça. Là, il y a une grosse vague depuis dix ans où on voit apparaître sur les réseaux sociaux les grosses fresques murales, avec des personnages, avec des trucs en hyperréalisme. C'est vrai que grâce aux réseaux sociaux, on a pu découvrir un peu de nouveaux talents, même des gens qui n'ont jamais pu émerger. Et il y a une grosse compétition. Moi, je me souviens que les grosses fresques comme ça, à l'époque, on était peut-être dix à se mettre sur une façade et on était dix à la faire. Des fois, on prenait quelques semaines. Mais là, des fois, il y a des grosses façades où la personne est toute seule. C'est des trucs impressionnants. Il y a des gens maintenant, ils poussent la limite. Je suis vachement impressionné par tout ce que je vois sur Internet. Et ça m'inspire énormément. Et au contraire, je me dis qu'il faut que je pousse encore plus. Mes poulets à voler.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, je suis venu en métro. Le métro qui est absolument nickel ici. Il n'y a pas un tag, il n'y a rien. Et en même temps, vous, quand on vous suit sur Instagram, parfois on voit qu'il y a des stories que vous mettez. On voit le métro parisien s'apprêtant à être...

  • Speaker #0

    J'allais dire attaqué. Il ne faut pas voir les choses comme ça. Nous, les graffeurs, on embellit le métro. C'est-à-dire qu'il y a aussi un historique, que ce soit New York ou Paris ou Londres, où l'émergence du graffiti a commencé là, à ce moment-là, surtout à New York. Mais après, quand le graffiti est arrivé début 80 en France, oui, on s'est attaqué au métro parce que c'est un peu l'historique du graffiti. Et c'est vrai que le risque d'aller faire une peinture sur un métro, souvent tu n'as que 10 minutes ou 15 minutes pour... C'est excitant ? Ouais, c'est excitant. C'est comme sauter en parachute. Mais quand on est en Asie, c'est différent. La culture est différente, la sécurité est différente, les sanctions sont différentes. Donc moi, je ne m'aventure pas à ce genre de truc. Et c'est vrai qu'en France, je le fais de temps en temps un petit peu. Moi, je ne suis pas un spécialiste, mais c'est juste sauter en parachute une fois dans l'année. Des fois, je peins au bord du périph', on traverse le périph' alors que les voitures qui arrivent en France. C'est ce goût un peu du risque qui me permet, moi, de continuer à rester encore un peu adolescent.

  • Speaker #1

    Il y a besoin de ça, toujours, même quand on est un artiste installé.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi, je me retrouve dans mon studio, la sensation est différente. Quand je fais une fresque légale ou une grande façade, la sensation est différente. Et quand je pars faire un peu de vandal et placer mes poulets un peu partout, que ce soit dans le métro ou dans la rue, la sensation est différente. Et on recherche ça, en fait. On est à l'affût de ça. Tout le monde est à la recherche de ça, plus ou moins. Quand les gens vont monter l'Everest ou... ou quand ils conduisent une Formule 1, on a toujours ce petit goût de risque, même quand on va faire de la plongée, on prend toujours des risques. Nous, les graffeurs, c'est une sorte de compétition. Quel est celui qui va faire la plus belle fresque en peu de temps dans l'endroit le plus risqué ? Et en ce moment, l'endroit le plus risqué, c'est un peu le métro. Donc, on joue sur ça. On sait qu'on peut se faire arrêter par la sécurité. Après, ça reste que de la peinture. On peut risquer un peu de prison, des amendes surtout. Mais bon...

  • Speaker #1

    Si vous êtes déjà fait sermonner ?

  • Speaker #0

    Non, parce que ici, je ne prends pas à Hong Kong, je ne prends pas trop trop de risques. Je place deux ou trois petits poulets dans la rue qui me prennent quelques secondes, mais je ne m'aventure pas trop là-dedans parce que je suis résident ici et que j'ai envie de vivre ici. Je n'ai pas envie de donner cette image.

  • Speaker #1

    On va faire un vrai ou faux et on va parler des poulets. Si de fois de vrai ou faux, vous avez créé votre personnage de poulet sur un coin de table dans un restaurant parce que vous vouliez manger du poulet.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'était une connerie à la base et depuis je l'ai développé.

  • Speaker #1

    Donc en fait, c'est pour vous exprimer. C'est-à-dire que j'imagine qu'aujourd'hui vous parlez un peu le chinois, le cantonais ?

  • Speaker #0

    Le mandarin.

  • Speaker #1

    Le mandarin ?

  • Speaker #0

    Ouais, le mandarin un petit peu, assez pour survivre. Moi, j'avais toujours un petit calepin en Asie où je dessinais, parce que c'était extrêmement compliqué pour moi de communiquer, donc ma seule façon de communiquer, c'était le dessin. Comme j'arrivais à dessiner des trucs assez simples et compréhensibles, je me faisais comprendre comme ça. Et ça a marché. Et petit à petit, quand je dessinais une tomate ou un poulet, par exemple, je demandais à la personne comment ça se disait, donc je retenais les mots.

  • Speaker #1

    Comment on dit poulet, alors ?

  • Speaker #0

    Ça se dit « ji » . « Ji » ? « Ji » , ouais. Voilà, et donc au final, je retenais des petits mots comme ça et... Et voilà, je me suis fait comprendre comme ça.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, un de vos pseudos, c'est DJ Colonel Douche à Fleurs.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une connerie, ça paraît. De toute façon, toute ma vie artistique, c'est basé que sur de l'humour et tout ça. Ça me représente. Donc, Colonel Douche à Fleurs, c'est parce qu'à l'école, quand on était au collège, on n'arrêtait pas de faire le con avec les profs. On leur posait des questions incompréhensibles et ils nous disaient quoi. Nous on disait fœurs, indiens, enfin tu vois c'est des trucs vraiment de gamins. Et au final, quand j'ai voulu me donner un nom de DJ, comme ce n'était pas vraiment mon activité principale, je me suis donné un nom complètement débile qui, au final, avec le temps, a disparu. Parce que quand je suis venu faire le DJ ici en Asie, Colonel Douchafleur, je pense que ça aurait été très, très dur pour eux rien que de le dire. Alors j'ai fait DJ City.

  • Speaker #1

    Il y a toujours cette activité musicale à côté ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, bien sûr, j'adore. Moi, la musique, peinture, le sport, voilà, je suis resté un ado. qui n'a jamais changé mais qui a fait évoluer dans ses activités. Quand je fais quelque chose, je le fais à fond.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, ce que les Asiatiques aiment dans vos travaux, c'est surtout le côté coloré mais positif.

  • Speaker #0

    Ah oui, ici, moi je me suis aperçu que dans certaines expositions, quand il y avait des toiles qui étaient entièrement noires, pour eux, ça représente un peu la mort et tout ça, un peu comme tout le monde. Donc ils n'aiment pas trop mettre des choses trop sombres chez eux. Ils aiment les choses colorées, les choses qui représentent un peu l'apaisement avec les fontaines, avec... des choses avec des fleurs et tout ça. Et ils adorent aussi les cartoons ici. Ils adorent Hello Kitty, ils adorent Disney. J'appelle les Asiatiques les enfants d'ultes. C'est des adultes qui n'ont jamais grandi. Il m'est arrivé d'aller à Disneyland voir des femmes qui avaient plus de 45 ans, presque 50 ans, avec leur accoutrement de Disney et tout ça, et qui avaient pris le pass à l'année pour aller chez Disney. Et je les voyais là-bas tous les jours parce que j'avais travaillé pour Disney pendant un mois et je les voyais là-bas tous les jours. C'est l'Asie, c'est comme ça. Ils travaillent tellement toute la journée, la moindre activité qu'ils peuvent trouver, ils vont le faire à fond et c'est des gens qui sont vachement au final super joyeux. Ils cherchent à être heureux, ils sont à la recherche du bonheur, comme tout le monde. Mais un nazi, tout ce qui est coloré, tout ce qui est cartoon et tout ça, ils adorent.

  • Speaker #1

    Justement, vos personnages, les Chicanos, c'est comme ça que vous les appelez, finalement, ils sont assez proches du manga. Vous l'avez stylisé d'un coup, dès le début, ou est-ce que petit à petit, vous avez rajouté des choses, vous avez... perfectionner ce dessin.

  • Speaker #0

    Oui, mon personnage, il a évolué. C'est vrai que j'ai une influence énorme de l'Asie, Chine, Japon et tout ça. Et inconsciemment, en fait, je n'ai jamais cherché à le développer comme ça. Mais c'est vrai qu'avec le temps, je me suis rendu compte que j'étais devenu un vrai Asiatique. Et ce n'est pas plus mal, parce que ça fait quand même 23 ans que je vis ici et la France n'est plus devenue mon domicile principal, mais ma maison secondaire. Mais l'Asie... J'ai vraiment été influencé que j'aille en Thaïlande, aux Philippines, au Laos, au Vietnam, au Japon, surtout la Chine. Et c'est vrai que cette inspiration, je l'ai retransmis sur mes poulets, ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est excitant de voir des grandes marques qui s'intéressent à votre travail, qui vous proposent de collaborer, de customiser certaines choses.

  • Speaker #0

    Même moi, des fois, je ne réalise même pas quand on me dit qu'il y a une marque de vêtements qui voudrait faire une collaboration avec toi. Je suis toujours impressionné. Et des fois, je ne réalise même pas parce que je me dis que je suis démarré sur un coin de table et je me retrouve à faire des collections pour Fila ou travailler avec Hermès ou avec Prada ou avec Nike. C'est vrai que je remercie tous les jours mon poulet, mon chicanos.

  • Speaker #1

    On a l'impression que ce poulet, parfois, il a l'air un petit peu perdu. Ils sont tous les uns contre les autres. Il y a une statistique que j'ai lue ce matin qui dit que 58% de la population mondiale, elle est en Asie. L'Europe, c'est 9%.

  • Speaker #0

    Quand on voit qu'il y a des villes ici qui font 30 millions d'habitants, c'est la moitié de la France. En fait, cette aspiration d'accumulation de poulets, parce que c'est mon concept, c'est vraiment asiatique. C'est toutes les queues qu'on peut faire dans les musées, dans le métro, les heures d'attente. C'est vrai que j'ai voulu représenter ces poulets et cette accumulation. Le fait de les voir comme ça, faire des grandes allées. Des fois, quand on se retrouve dans un quartier qui s'appelle Mong Kok, qui est bondé de gens et tout, ça représente vraiment mes accumulations de poulets sur mes toiles et tout ça. Et j'adore parce que c'est vraiment ça, c'est coloré, ça bouge, ça vibre dans tous les sens et tout, et c'est ce que j'essaie de représenter.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'actualité pour vos poulets en ce moment ?

  • Speaker #0

    L'actualité pour mes poulets en ce moment, je prépare une exposition à Toulouse, une à Shanghai, une à Tokyo l'année prochaine. J'ai une grande façade que je vais faire ici à Shenzhen et je prépare un long métrage avec mes poulets. J'espère qu'ils sortira au cinéma dans deux ans ou trois ans. Génial !

  • Speaker #1

    Comment on travaille ça, un long métrage sur les poulets ? Il faut réfléchir sur un scénario ?

  • Speaker #0

    D'abord, je ne travaille pas tout seul parce que j'ai une équipe. On m'a contacté, une boîte de production, et ensuite j'ai des auteurs qui... Là en ce moment on travaille sur l'écriture, qui prend énormément de temps. Ça fait pratiquement un an et demi qu'on est sur l'écriture. On essaie vraiment de trouver les bonnes idées, parce qu'il y a tellement de dessins animés qui sortent, tellement de... tous les concepts ont été faits en 2025. Et c'est vrai qu'il faut arriver à s'écarter un peu, et c'est d'être super original. Les poulets ont été faits à toutes les sauces dans le cinéma, donc c'est à moi de ramener quelque chose de frais de nouveau. Et ça, c'est la partie la plus difficile. Et ensuite, j'ai déjà préparé la Bible, les dessins. À partir de là, on commencera à faire le storyboard et on lancera la production du dessin animé.

  • Speaker #1

    Encore quelques collaborations avec des marques, j'imagine. Vous portez quel regard, vous, sur le fait qu'il y a certaines marques de luxe ? Je pense par exemple à Vuitton qui se sont... plus qu'inspirés de la street en fait. Ils sont allés chercher des rappeurs comme Pharell pour devenir directeur artistique.

  • Speaker #0

    Non mais c'est normal, c'est les générations. Louis Vuitton, à l'époque, c'était la petite vieille qui portait son sac avec son petit côté un peu Chanel, Louis Vuitton et tout ça, ça a changé. Les générations maintenant, c'est urbain. Donc qu'ils fassent appel à Pharell, moi je trouve que c'est normal puisque les trois quarts des gens qui portent du Louis Vuitton maintenant, c'est des rappeurs, c'est des mecs qui sont... dans le street art, dans le hip hop et tout ça. En France, 80 ou 90 % des enfants écoutent du hip hop. Et on grandit là-dedans, même dans le graffiti. Le graffiti est partout. Et moi, je trouve normal que les marques de luxe s'adaptent aussi aux générations qui arrivent. On ne peut pas rester sur des vieilles influences ou quoi que ce soit. Il faut qu'on évolue avec notre temps. Et je trouve ça bien que ça évolue dans ce sens. Et peut-être que dans un temps, ça sera autre chose. Mais pour l'instant, c'est Urbain et Pharrell Williams. qui bossent pour Louis Vuitton, moi je trouve ça super positif.

  • Speaker #1

    Et musicalement, vous êtes resté quoi ? Plutôt old school ou plutôt une nouvelle génération ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi j'écoute vraiment de tout en ce moment, je suis musique classique. J'écoute toute la BO du film de Dracula, c'est de la musique classique et j'adore franchement, je découvre ça. Sinon j'écoute un peu de tout moi, j'écoute pas que du hip hop, j'écoute de la soul, du funk, des vieux morceaux, ça c'est vrai, j'adore ça parce que c'est l'origine, c'est ce qui a permis d'influencer tous les DJ de maintenant mais... Voilà, et de s'en plaire et tout, mais j'écoute vraiment de tout.

  • Speaker #1

    Donc là, on est à la Art Fair à Hong Kong, Affordable Art Fair Hong Kong, qui a lieu ici chaque année. Vous vous excusez une seule pièce.

  • Speaker #0

    J'ai une galerie qui me représente, qui elle, fait pas mal de foires. Elle fait le Art Central, elle fait le Art Basel et tout ça. Et elle a une super bonne relation avec les organisations. Et moi, je n'ai présenté qu'une seule œuvre parce que, comme chaque année, l'année dernière, mon galerie s'était concentrée un peu sur moi. Mais cette année, il diversifie un petit peu, donc on n'a présenté qu'une seule œuvre.

  • Speaker #1

    C'est conceptuel.

  • Speaker #0

    Oui, il a voulu représenter sa femme et japonaise. Donc, ils sont partis récupérer un ramel, une sorte de boîte en aluminium où ils transportent la nourriture. Et j'ai mis mes poulets dedans. Donc, je l'ai customisé et je trouvais ça original. C'est une pièce unique.

  • Speaker #1

    Et donc, on va faire le quiz de la fin.

  • Speaker #0

    Attention, les trois.

  • Speaker #1

    À Hong Kong, quel surnom donne-t-on au café mélangé avec du thé noir ?

  • Speaker #0

    C'est pas du café latte ou non ? C'est pas le latte, non.

  • Speaker #1

    Ils font un truc qui s'appelle le Yang Yang.

  • Speaker #0

    Ouais, non, je ne connaissais pas.

  • Speaker #1

    Une boisson populaire mélange de café et de thé au lait dans une seule tasse, symbole de la fusion culturelle entre Orient et Occident à Hong Kong. Bon, en même temps, je n'en ai pas trouvé. Deuxième question. Quel artiste de street art a remplacé les grains de café par des pastilles de peinture dans une cafetière pour une œuvre éphémère ?

  • Speaker #0

    Alors là, je ne sais absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est Banksy.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il est extrêmement créatif et je pense qu'il y a toute une équipe derrière lui. qui doit faire des stratégies de communication et tout. Je pense que maintenant, c'est plus une équipe qu'une seule personne. Je pense qu'il a apporté beaucoup dans le street art et tout ça.

  • Speaker #1

    Quel élément de la culture chinoise retrouve-t-on parfois dans les motifs de l'athé art dans certains cafés branchés de Hong Kong ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, tu vas m'apprendre des choses.

  • Speaker #1

    Le dragon.

  • Speaker #0

    Ah, le dragon, ok.

  • Speaker #1

    Et le fond en l'athé art, clin d'œil au symbole de la puissance et de la sagesse dans la culture chinoise et la montée en puissance du café dans ce pays. Parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup d'endroits où on peut prendre du café ici.

  • Speaker #0

    Ah ouais, mais le café ici, ils adorent. J'ai un ami à moi qui fait un festival de café. Je ne savais pas qu'il y avait un festival de café. Et il me disait que le meilleur café était au Népal. Ah oui ? Oui. Et il y avait aussi de bons cafés en Amérique du Sud.

  • Speaker #1

    Je conseille, moi, le Jamaïc. Le Jamaïc fait plein de choses sympas.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il n'y a que du café dans le Jamaïc. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Sihit Fouad, pour cette interview en direct de Hong Kong. Et bonne continuation à vous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. À bientôt.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Description

CEET Fouad – Des murs de Toulouse aux galeries d’Asie

Dans cet épisode, partez à la rencontre de CEET Fouad, artiste graffeur né en Algérie, arrivé à Toulouse à 7 ans, aujourd’hui figure internationale du street art installé en Asie depuis plus de 20 ans. Des ruelles de la Ville Rose aux façades géantes de Shenzhen, en passant par des collaborations avec Prada, Adidas ou Fila, CEET revient sur son parcours atypique, ses influences et son célèbre personnage : le Chicanos, un poulet ovoïde, drôle et universel.


🎤 Dans cet épisode :

  • L’émergence du graffiti en France dans les années 80

  • La découverte d’un nouveau terrain de jeu artistique en Chine

  • La naissance des Bad Chickens, son personnage signature

  • Le vandalisme “contrôlé” et la culture du risque dans le graffiti

  • La reconnaissance artistique à l’international

  • Les influences manga, pop culture, BD et culture asiatique



Un épisode haut en couleurs sur la liberté d’expression, l’audace, la résilience créative et l’art comme langage universel.


Enregistré à Hong Kong !


présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Ceet Fouad :

https://www.instagram.com/ceet_fouad/




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma seule façon de communiquer c'est le dessin. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez un café au comptoir. Vous avez plus de chance de trouver mon invité du jour ici à Hong Kong en Chine que du côté de Toulouse en France où il est arrivé à l'âge de 7 ans après être né en Algérie. C'est sur les murs des rues de la ville rose que cet artiste autodidacte s'est formé à l'adolescence dans le milieu des années 80. Mais pourquoi pas au Beaux-Arts ? Parce que sa discipline artistique, le street art, était alors tout juste émergente. D'ailleurs elle était appelée graffiti à l'époque. C'est dire l'estime dans laquelle on la tenait. Elle fut considérée longtemps et encore parfois... Aujourd'hui, comme une expression artistique violente dégradant les espaces publics, nommée aussi TAG, cet art urbain voit le jour en France, fin des 70's, porté par des graffeurs tels que Speedy Graffito, et puis aussi Bando ou Mode 2. C'est donc au cœur de la ville que mon invité a trouvé sa voie créative. Avec des marqueurs, des bombes de peinture aérosol ou d'acrylique, il fait vivre son univers, et ce sur toute forme de support. Arrivé en Asie en 2002, sans plan de carrière particulier, il y impose ses personnages emblématiques, tels ses Chicanos, ... surprenant petit poulet de forme ovoïde qui lève leurs gros yeux blancs vers le ciel. Il rencontre aussi de nombreux artistes locaux et ses échanges qui le nourrissent lui permettent de se confronter à de nouvelles techniques et de diversifier ainsi ses propres créations. Aujourd'hui, ces Chicanos ont fait le tour du monde. On les retrouve aussi bien sur des façades d'immeubles en Chine, aux Philippines que dans les galeries de musées européens. Ces Bad Chicken, comme ils les appellent parfois, ont fait sa renommée et lui ont offert l'opportunité de belles collaborations avec des marques de renommée comme Prada, Lancel ou Adidas. Aussi, profitant d'un passage dans l'ancienne colonie britannique, j'ai proposé à cet astucieux dessinateur urbain de parler avec moi de sa carrière et c'est pour cela que je le retrouve enfin pour un café au comptoir. Bonjour Seed Fouad.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors donc, il y a eu passé le mur à Toulouse dans les années 80, il a fallu s'exporter ?

  • Speaker #0

    Non, il y a toujours des murs, il y en a toujours partout. Après, tout dépend des pays où on voyage. Il y a des restrictions, on ne peut pas faire non plus ce qu'on veut dans certains pays mais... Dès que j'ai débarqué en Chine, beaucoup de murs étaient vierges.

  • Speaker #1

    On a l'impression qu'en Chine, il y a très peu de tags, très peu de graffiti, très peu d'art urbain, sauf dans certains quartiers. Comment c'est né ? Parce que vous, vous avez vu l'émergence de tout cela, vous avez vu le développement de tout cela, de passer d'un art spontané à quelque chose qui a été également un peu repris commercialement.

  • Speaker #0

    En fait, dès que j'ai débarqué en Asie en 2002, c'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de graffeurs. Ça se développait, c'était vraiment le début. Mais en 2025-2024, l'émergence de street artistes et de graffeurs en Asie est impressionnante. Moi je pense qu'il y a un potentiel énorme en Chine, surtout que tout ce qui touche les Chinois le développe à l'extrême. Et j'ai rencontré des artistes chinois qui avaient vraiment du talent. Mais c'est vrai que quand j'ai débarqué ici, c'était pour moi une révélation, parce que l'image qu'on avait de la Chine, de communisme, pas trop de liberté d'expression et tout ça, en fait Quand on est émergé dedans, on ne le ressent pas en tant qu'étranger. Et même les Chinois, au final, ils vivent leur vie. Au final, tous les artistes sont bien entendu un peu réduits à faire attention à ce qu'ils racontent un peu sur les murs et tout ça. Mais au final, le graffiti est là. Et c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de vandalisme, parce qu'il y a pas mal de caméras dans les rues. Mais les artistes chinois sont plus concentrés sur leur carrière artistique et faire des trucs assez jolis sur les murs. qu'en Europe où il y aura pas mal de graffiti artistes qui vont faire du Vandal, qui vont faire des trains, qui vont peindre dans la rue, tout ça.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce qu'en préparant cette interview, je me suis dit, il y a peut-être des sujets qui vont être un peu touchy. Et en fait, vous y venez directement. Ce qui prouve que vous avez à la fois conscience de l'endroit où vous êtes et puis de ce qui est imposé, régulé. En même temps, effectivement, vous ne le niez pas, mais vous arrivez à jouer avec.

  • Speaker #0

    Ben moi, avec l'âge, j'ai pris conscience que je pouvais tout perdre, surtout que je commence à bien marcher au niveau art et tout ça. Mais quand j'avais 20 ans, j'étais un peu insoucieux, donc on se lâche, on fait des trucs un peu inconscients et tout. Mais avec l'âge, j'ai continué à faire un peu du vandalisme, mais du vandalisme contrôlé. C'est-à-dire que souvent, je prends des murs un peu abîmés ou déjà abîmés avec des tags. Donc j'essaie de les embellir un peu à ma façon. Donc voilà, c'est ma façon de faire du vandalisme parce que ce n'est pas vraiment du vandalisme. C'est juste que je ne demande pas l'autorisation. Parce que si je devais faire les démarches pour demander l'autorisation, des fois ça prend des mois, des fois ça peut prendre des années. Pour un simple mur, il faut avoir l'autorisation de l'urbanisme, l'autorisation de la mairie, enfin. Mais ce genre de démarches, je les fais pour des grosses, grosses fresques. Mais après, quand je dois poser mes tout petits poulets qui vont prendre 15 minutes, 20 minutes de peinture. C'est vrai que la démarche administrative, on l'esquive un peu. Nous, les graffeurs, on s'accapare un peu les murs, on se donne une sorte de propriété qui au final ne nous appartient pas, puisque le mur ne nous appartient pas. Mais dans notre milieu, le fait d'avoir posé ma fresque là m'appartient. Dans mon milieu, donc personne ne peut la toucher. Si quelqu'un me la repasse, c'est une sorte de manque de respect. On appelle ça du toy. Mais en général, avec le temps, les gens nous connaissent, reconnaissent notre style et nous respectent. Et dans notre milieu, on se connaît un peu tous.

  • Speaker #1

    J'avais entendu dans une interview que vous aviez donnée qu'il y a ceux qui font leur signature et il y a ceux qui font des dessins. Et vous, c'était les dessins. Déjà, tout jeune, vous dessinez des petits personnages ?

  • Speaker #0

    Oui, depuis le début, en fait. Moi, je suis baigné dans les bandes dessinées, Obélix. J'ai toujours traîné dans ces cartoons-là. Je n'étais pas trop bouquin, mais j'étais vachement comics. Et c'est vrai que je me suis vachement inspiré de ça. J'ai toujours aimé le dessin, être créatif, plus que dans les mathématiques ou tout ça. J'étais vraiment extrêmement nul à l'école. mais ça ne m'a pas empêché de trouver ma voie. C'est là où on se rend compte que ce n'est pas parce qu'on n'est pas super fort à l'école, à l'écriture ou dans les maths et tout qu'on ne peut pas réussir. C'est l'expérience de la vie. Et après, c'est vrai que moi, j'ai dessiné beaucoup de personnages. J'étais plus fort dans les personnages que dans la signature ou les lettrages. Et au final, je me suis concentré dessus. Le poulet a débarqué en Chine et ça m'a fait rire au début. Ça fait rire mon entourage. Je me suis dit que je voulais me faire plaisir à la base. Et je suis resté sur ça. Au moins de là, j'aurais pensé que j'aurais pu le développer à toutes les sauces et voyager avec, me retrouver à faire des expositions dans des musées, des galeries. Donc tout est possible dans la vie.

  • Speaker #1

    Un poulet à toutes les sauces, c'est assez marrant en même temps.

  • Speaker #0

    Oui, sauce curry, sauce graffiti.

  • Speaker #1

    C'est vrai que dans le graphe, on a un peu l'impression qu'il y a eu des modes dans les années 80-90. On voyait ces grosses lettres un peu partout, très stylisées, très grasses, quelque chose de bold. Ça se fait moins aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si, si, si, ça se fait toujours. Il y a toujours des graffeurs qui font des recherches de lettres et tout ça. Là, il y a une grosse vague depuis dix ans où on voit apparaître sur les réseaux sociaux les grosses fresques murales, avec des personnages, avec des trucs en hyperréalisme. C'est vrai que grâce aux réseaux sociaux, on a pu découvrir un peu de nouveaux talents, même des gens qui n'ont jamais pu émerger. Et il y a une grosse compétition. Moi, je me souviens que les grosses fresques comme ça, à l'époque, on était peut-être dix à se mettre sur une façade et on était dix à la faire. Des fois, on prenait quelques semaines. Mais là, des fois, il y a des grosses façades où la personne est toute seule. C'est des trucs impressionnants. Il y a des gens maintenant, ils poussent la limite. Je suis vachement impressionné par tout ce que je vois sur Internet. Et ça m'inspire énormément. Et au contraire, je me dis qu'il faut que je pousse encore plus. Mes poulets à voler.

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, je suis venu en métro. Le métro qui est absolument nickel ici. Il n'y a pas un tag, il n'y a rien. Et en même temps, vous, quand on vous suit sur Instagram, parfois on voit qu'il y a des stories que vous mettez. On voit le métro parisien s'apprêtant à être...

  • Speaker #0

    J'allais dire attaqué. Il ne faut pas voir les choses comme ça. Nous, les graffeurs, on embellit le métro. C'est-à-dire qu'il y a aussi un historique, que ce soit New York ou Paris ou Londres, où l'émergence du graffiti a commencé là, à ce moment-là, surtout à New York. Mais après, quand le graffiti est arrivé début 80 en France, oui, on s'est attaqué au métro parce que c'est un peu l'historique du graffiti. Et c'est vrai que le risque d'aller faire une peinture sur un métro, souvent tu n'as que 10 minutes ou 15 minutes pour... C'est excitant ? Ouais, c'est excitant. C'est comme sauter en parachute. Mais quand on est en Asie, c'est différent. La culture est différente, la sécurité est différente, les sanctions sont différentes. Donc moi, je ne m'aventure pas à ce genre de truc. Et c'est vrai qu'en France, je le fais de temps en temps un petit peu. Moi, je ne suis pas un spécialiste, mais c'est juste sauter en parachute une fois dans l'année. Des fois, je peins au bord du périph', on traverse le périph' alors que les voitures qui arrivent en France. C'est ce goût un peu du risque qui me permet, moi, de continuer à rester encore un peu adolescent.

  • Speaker #1

    Il y a besoin de ça, toujours, même quand on est un artiste installé.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi, je me retrouve dans mon studio, la sensation est différente. Quand je fais une fresque légale ou une grande façade, la sensation est différente. Et quand je pars faire un peu de vandal et placer mes poulets un peu partout, que ce soit dans le métro ou dans la rue, la sensation est différente. Et on recherche ça, en fait. On est à l'affût de ça. Tout le monde est à la recherche de ça, plus ou moins. Quand les gens vont monter l'Everest ou... ou quand ils conduisent une Formule 1, on a toujours ce petit goût de risque, même quand on va faire de la plongée, on prend toujours des risques. Nous, les graffeurs, c'est une sorte de compétition. Quel est celui qui va faire la plus belle fresque en peu de temps dans l'endroit le plus risqué ? Et en ce moment, l'endroit le plus risqué, c'est un peu le métro. Donc, on joue sur ça. On sait qu'on peut se faire arrêter par la sécurité. Après, ça reste que de la peinture. On peut risquer un peu de prison, des amendes surtout. Mais bon...

  • Speaker #1

    Si vous êtes déjà fait sermonner ?

  • Speaker #0

    Non, parce que ici, je ne prends pas à Hong Kong, je ne prends pas trop trop de risques. Je place deux ou trois petits poulets dans la rue qui me prennent quelques secondes, mais je ne m'aventure pas trop là-dedans parce que je suis résident ici et que j'ai envie de vivre ici. Je n'ai pas envie de donner cette image.

  • Speaker #1

    On va faire un vrai ou faux et on va parler des poulets. Si de fois de vrai ou faux, vous avez créé votre personnage de poulet sur un coin de table dans un restaurant parce que vous vouliez manger du poulet.

  • Speaker #0

    Exactement, c'est ça. C'était une connerie à la base et depuis je l'ai développé.

  • Speaker #1

    Donc en fait, c'est pour vous exprimer. C'est-à-dire que j'imagine qu'aujourd'hui vous parlez un peu le chinois, le cantonais ?

  • Speaker #0

    Le mandarin.

  • Speaker #1

    Le mandarin ?

  • Speaker #0

    Ouais, le mandarin un petit peu, assez pour survivre. Moi, j'avais toujours un petit calepin en Asie où je dessinais, parce que c'était extrêmement compliqué pour moi de communiquer, donc ma seule façon de communiquer, c'était le dessin. Comme j'arrivais à dessiner des trucs assez simples et compréhensibles, je me faisais comprendre comme ça. Et ça a marché. Et petit à petit, quand je dessinais une tomate ou un poulet, par exemple, je demandais à la personne comment ça se disait, donc je retenais les mots.

  • Speaker #1

    Comment on dit poulet, alors ?

  • Speaker #0

    Ça se dit « ji » . « Ji » ? « Ji » , ouais. Voilà, et donc au final, je retenais des petits mots comme ça et... Et voilà, je me suis fait comprendre comme ça.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, un de vos pseudos, c'est DJ Colonel Douche à Fleurs.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est une connerie, ça paraît. De toute façon, toute ma vie artistique, c'est basé que sur de l'humour et tout ça. Ça me représente. Donc, Colonel Douche à Fleurs, c'est parce qu'à l'école, quand on était au collège, on n'arrêtait pas de faire le con avec les profs. On leur posait des questions incompréhensibles et ils nous disaient quoi. Nous on disait fœurs, indiens, enfin tu vois c'est des trucs vraiment de gamins. Et au final, quand j'ai voulu me donner un nom de DJ, comme ce n'était pas vraiment mon activité principale, je me suis donné un nom complètement débile qui, au final, avec le temps, a disparu. Parce que quand je suis venu faire le DJ ici en Asie, Colonel Douchafleur, je pense que ça aurait été très, très dur pour eux rien que de le dire. Alors j'ai fait DJ City.

  • Speaker #1

    Il y a toujours cette activité musicale à côté ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, bien sûr, j'adore. Moi, la musique, peinture, le sport, voilà, je suis resté un ado. qui n'a jamais changé mais qui a fait évoluer dans ses activités. Quand je fais quelque chose, je le fais à fond.

  • Speaker #1

    Vrai ou faux, ce que les Asiatiques aiment dans vos travaux, c'est surtout le côté coloré mais positif.

  • Speaker #0

    Ah oui, ici, moi je me suis aperçu que dans certaines expositions, quand il y avait des toiles qui étaient entièrement noires, pour eux, ça représente un peu la mort et tout ça, un peu comme tout le monde. Donc ils n'aiment pas trop mettre des choses trop sombres chez eux. Ils aiment les choses colorées, les choses qui représentent un peu l'apaisement avec les fontaines, avec... des choses avec des fleurs et tout ça. Et ils adorent aussi les cartoons ici. Ils adorent Hello Kitty, ils adorent Disney. J'appelle les Asiatiques les enfants d'ultes. C'est des adultes qui n'ont jamais grandi. Il m'est arrivé d'aller à Disneyland voir des femmes qui avaient plus de 45 ans, presque 50 ans, avec leur accoutrement de Disney et tout ça, et qui avaient pris le pass à l'année pour aller chez Disney. Et je les voyais là-bas tous les jours parce que j'avais travaillé pour Disney pendant un mois et je les voyais là-bas tous les jours. C'est l'Asie, c'est comme ça. Ils travaillent tellement toute la journée, la moindre activité qu'ils peuvent trouver, ils vont le faire à fond et c'est des gens qui sont vachement au final super joyeux. Ils cherchent à être heureux, ils sont à la recherche du bonheur, comme tout le monde. Mais un nazi, tout ce qui est coloré, tout ce qui est cartoon et tout ça, ils adorent.

  • Speaker #1

    Justement, vos personnages, les Chicanos, c'est comme ça que vous les appelez, finalement, ils sont assez proches du manga. Vous l'avez stylisé d'un coup, dès le début, ou est-ce que petit à petit, vous avez rajouté des choses, vous avez... perfectionner ce dessin.

  • Speaker #0

    Oui, mon personnage, il a évolué. C'est vrai que j'ai une influence énorme de l'Asie, Chine, Japon et tout ça. Et inconsciemment, en fait, je n'ai jamais cherché à le développer comme ça. Mais c'est vrai qu'avec le temps, je me suis rendu compte que j'étais devenu un vrai Asiatique. Et ce n'est pas plus mal, parce que ça fait quand même 23 ans que je vis ici et la France n'est plus devenue mon domicile principal, mais ma maison secondaire. Mais l'Asie... J'ai vraiment été influencé que j'aille en Thaïlande, aux Philippines, au Laos, au Vietnam, au Japon, surtout la Chine. Et c'est vrai que cette inspiration, je l'ai retransmis sur mes poulets, ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    C'est excitant de voir des grandes marques qui s'intéressent à votre travail, qui vous proposent de collaborer, de customiser certaines choses.

  • Speaker #0

    Même moi, des fois, je ne réalise même pas quand on me dit qu'il y a une marque de vêtements qui voudrait faire une collaboration avec toi. Je suis toujours impressionné. Et des fois, je ne réalise même pas parce que je me dis que je suis démarré sur un coin de table et je me retrouve à faire des collections pour Fila ou travailler avec Hermès ou avec Prada ou avec Nike. C'est vrai que je remercie tous les jours mon poulet, mon chicanos.

  • Speaker #1

    On a l'impression que ce poulet, parfois, il a l'air un petit peu perdu. Ils sont tous les uns contre les autres. Il y a une statistique que j'ai lue ce matin qui dit que 58% de la population mondiale, elle est en Asie. L'Europe, c'est 9%.

  • Speaker #0

    Quand on voit qu'il y a des villes ici qui font 30 millions d'habitants, c'est la moitié de la France. En fait, cette aspiration d'accumulation de poulets, parce que c'est mon concept, c'est vraiment asiatique. C'est toutes les queues qu'on peut faire dans les musées, dans le métro, les heures d'attente. C'est vrai que j'ai voulu représenter ces poulets et cette accumulation. Le fait de les voir comme ça, faire des grandes allées. Des fois, quand on se retrouve dans un quartier qui s'appelle Mong Kok, qui est bondé de gens et tout, ça représente vraiment mes accumulations de poulets sur mes toiles et tout ça. Et j'adore parce que c'est vraiment ça, c'est coloré, ça bouge, ça vibre dans tous les sens et tout, et c'est ce que j'essaie de représenter.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'actualité pour vos poulets en ce moment ?

  • Speaker #0

    L'actualité pour mes poulets en ce moment, je prépare une exposition à Toulouse, une à Shanghai, une à Tokyo l'année prochaine. J'ai une grande façade que je vais faire ici à Shenzhen et je prépare un long métrage avec mes poulets. J'espère qu'ils sortira au cinéma dans deux ans ou trois ans. Génial !

  • Speaker #1

    Comment on travaille ça, un long métrage sur les poulets ? Il faut réfléchir sur un scénario ?

  • Speaker #0

    D'abord, je ne travaille pas tout seul parce que j'ai une équipe. On m'a contacté, une boîte de production, et ensuite j'ai des auteurs qui... Là en ce moment on travaille sur l'écriture, qui prend énormément de temps. Ça fait pratiquement un an et demi qu'on est sur l'écriture. On essaie vraiment de trouver les bonnes idées, parce qu'il y a tellement de dessins animés qui sortent, tellement de... tous les concepts ont été faits en 2025. Et c'est vrai qu'il faut arriver à s'écarter un peu, et c'est d'être super original. Les poulets ont été faits à toutes les sauces dans le cinéma, donc c'est à moi de ramener quelque chose de frais de nouveau. Et ça, c'est la partie la plus difficile. Et ensuite, j'ai déjà préparé la Bible, les dessins. À partir de là, on commencera à faire le storyboard et on lancera la production du dessin animé.

  • Speaker #1

    Encore quelques collaborations avec des marques, j'imagine. Vous portez quel regard, vous, sur le fait qu'il y a certaines marques de luxe ? Je pense par exemple à Vuitton qui se sont... plus qu'inspirés de la street en fait. Ils sont allés chercher des rappeurs comme Pharell pour devenir directeur artistique.

  • Speaker #0

    Non mais c'est normal, c'est les générations. Louis Vuitton, à l'époque, c'était la petite vieille qui portait son sac avec son petit côté un peu Chanel, Louis Vuitton et tout ça, ça a changé. Les générations maintenant, c'est urbain. Donc qu'ils fassent appel à Pharell, moi je trouve que c'est normal puisque les trois quarts des gens qui portent du Louis Vuitton maintenant, c'est des rappeurs, c'est des mecs qui sont... dans le street art, dans le hip hop et tout ça. En France, 80 ou 90 % des enfants écoutent du hip hop. Et on grandit là-dedans, même dans le graffiti. Le graffiti est partout. Et moi, je trouve normal que les marques de luxe s'adaptent aussi aux générations qui arrivent. On ne peut pas rester sur des vieilles influences ou quoi que ce soit. Il faut qu'on évolue avec notre temps. Et je trouve ça bien que ça évolue dans ce sens. Et peut-être que dans un temps, ça sera autre chose. Mais pour l'instant, c'est Urbain et Pharrell Williams. qui bossent pour Louis Vuitton, moi je trouve ça super positif.

  • Speaker #1

    Et musicalement, vous êtes resté quoi ? Plutôt old school ou plutôt une nouvelle génération ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi j'écoute vraiment de tout en ce moment, je suis musique classique. J'écoute toute la BO du film de Dracula, c'est de la musique classique et j'adore franchement, je découvre ça. Sinon j'écoute un peu de tout moi, j'écoute pas que du hip hop, j'écoute de la soul, du funk, des vieux morceaux, ça c'est vrai, j'adore ça parce que c'est l'origine, c'est ce qui a permis d'influencer tous les DJ de maintenant mais... Voilà, et de s'en plaire et tout, mais j'écoute vraiment de tout.

  • Speaker #1

    Donc là, on est à la Art Fair à Hong Kong, Affordable Art Fair Hong Kong, qui a lieu ici chaque année. Vous vous excusez une seule pièce.

  • Speaker #0

    J'ai une galerie qui me représente, qui elle, fait pas mal de foires. Elle fait le Art Central, elle fait le Art Basel et tout ça. Et elle a une super bonne relation avec les organisations. Et moi, je n'ai présenté qu'une seule œuvre parce que, comme chaque année, l'année dernière, mon galerie s'était concentrée un peu sur moi. Mais cette année, il diversifie un petit peu, donc on n'a présenté qu'une seule œuvre.

  • Speaker #1

    C'est conceptuel.

  • Speaker #0

    Oui, il a voulu représenter sa femme et japonaise. Donc, ils sont partis récupérer un ramel, une sorte de boîte en aluminium où ils transportent la nourriture. Et j'ai mis mes poulets dedans. Donc, je l'ai customisé et je trouvais ça original. C'est une pièce unique.

  • Speaker #1

    Et donc, on va faire le quiz de la fin.

  • Speaker #0

    Attention, les trois.

  • Speaker #1

    À Hong Kong, quel surnom donne-t-on au café mélangé avec du thé noir ?

  • Speaker #0

    C'est pas du café latte ou non ? C'est pas le latte, non.

  • Speaker #1

    Ils font un truc qui s'appelle le Yang Yang.

  • Speaker #0

    Ouais, non, je ne connaissais pas.

  • Speaker #1

    Une boisson populaire mélange de café et de thé au lait dans une seule tasse, symbole de la fusion culturelle entre Orient et Occident à Hong Kong. Bon, en même temps, je n'en ai pas trouvé. Deuxième question. Quel artiste de street art a remplacé les grains de café par des pastilles de peinture dans une cafetière pour une œuvre éphémère ?

  • Speaker #0

    Alors là, je ne sais absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est Banksy.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il est extrêmement créatif et je pense qu'il y a toute une équipe derrière lui. qui doit faire des stratégies de communication et tout. Je pense que maintenant, c'est plus une équipe qu'une seule personne. Je pense qu'il a apporté beaucoup dans le street art et tout ça.

  • Speaker #1

    Quel élément de la culture chinoise retrouve-t-on parfois dans les motifs de l'athé art dans certains cafés branchés de Hong Kong ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, tu vas m'apprendre des choses.

  • Speaker #1

    Le dragon.

  • Speaker #0

    Ah, le dragon, ok.

  • Speaker #1

    Et le fond en l'athé art, clin d'œil au symbole de la puissance et de la sagesse dans la culture chinoise et la montée en puissance du café dans ce pays. Parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup d'endroits où on peut prendre du café ici.

  • Speaker #0

    Ah ouais, mais le café ici, ils adorent. J'ai un ami à moi qui fait un festival de café. Je ne savais pas qu'il y avait un festival de café. Et il me disait que le meilleur café était au Népal. Ah oui ? Oui. Et il y avait aussi de bons cafés en Amérique du Sud.

  • Speaker #1

    Je conseille, moi, le Jamaïc. Le Jamaïc fait plein de choses sympas.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il n'y a que du café dans le Jamaïc. Merci beaucoup,

  • Speaker #1

    Sihit Fouad, pour cette interview en direct de Hong Kong. Et bonne continuation à vous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. À bientôt.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

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