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Un café au comptoir - masterclass art, littérature et création

Mickaël Delis au café La Requinque

Mickaël Delis au café La Requinque

39min |03/07/2024
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Un café au comptoir - masterclass art, littérature et création

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39min |03/07/2024
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Description

J'ai interviewé le comédien et metteur en scène qui remet en question la virilité masculine au théâtre, le talentueux Mickaël Delis au café La Requinque 33 Rue Désiré Préaux à Montreuil (93).


Mon invité du jour était tellement engagé  dans  la question du féminisme qu’il aurait pu  passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s’occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s’occuper de sa bite.

 

Et c’est précisément ce qu’il a fait dans le lieu qu’il connaît le mieux, dans son temple sacré,  le théâtre. C’est en effet à la suite d’une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif  a eu l’idée  d'écrire , de mettre en scène et de jouer  une  certaine trilogie... son  thème ? le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle  . Ainsi sur scène cet auteur interprète ne cache en apparence rien de ses turpitudes, de ses obsessions , ou de son corps. C'est  sans compromis,  dans une mise à nu totale  de lui-même et de ceux qui l’entourent , qu’il s'engage avec son spectacle .

 

Ce quadragénaire, ancien kâgneux originaire du Cap Ferret développe  sur scène une réflexion sur la masculinité, démantèle  le système patriarcal autour du culte de la virilité, et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe .

Lui, se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant c'est plutôt à cause de  sa volonté d'aller  toujours plus loin  dans la déconstruction des points de vue  simplistes sur la sexualité qu'il se laisse  entraîner dans  des circonvolutions mentales absolument maîtrisées.  L'exercice de voltige pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté  nécessite d'être agile  surtout quand on a décidé , comme lui,  de traiter le sujet sous l'angle  de l’humour. Mais l'homme  est un excellent acrobate! Car oui, ses spectacles sont drôles sans etre vulgaires. Les idees fixes relatives à la taille ou la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision,  tandis que  son propre goût  obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus il utilise une langue libre qui , elle, donne beaucoup du plaisir !

A l’heure où la parole des femmes se libère en  faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité  de la prison  dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes . 

 

« on ne naît pas homme, on le devient ». Cette phrase d’Erasme qui avait inspiré le premier opus  de sa trilogie sied particulièrement à cet homme qui raconte qu’enfant, on le prenait pour une petite fille. Ses spectacles semblent dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général  et de  la sienne  en particulier   afin de mieux définir le genre de son genre. 

 

Et c’est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement,  que j’ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir


Emission présenté par Alexis Himeros

https://instagram.com/alexishimeros


Avec Mickaël Delis

https://www.instagram.com/delismickael/

https://mickaeldelis.book.fr


Les dates et lieux pour voir ses spectacles :

  • Du 3 au 21 juillet à Avignon : Reine Blanche avec Le Premier Sexe ou Al grosse arnaque de la virilité à 20h15 puis la Fete du Slip ou le pipo de la puissance a 21h45 (relâches les lundis),

  • Du 17 Septembre au 27 Novembre reprise du Premier Sexe à La Scala Paris les mardis et mercredis a 19h15,

  • Mai et juin 2025. création du 3eme volet Les paillettes de leurs vies, à la Reine Blanche Paris


merci au café La requinque

https://www.facebook.com/p/La-Requinque-100063704876839/


 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Yémeros et vous écoutez Un Café au Comptoir. Mon invité du jour était tellement engagé dans la question du féminisme qu'il aurait pu passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s'occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s'occuper de sa bite. Et c'est précisément ce qu'il a fait, dans le lieu qu'il connaît le mieux, dans son temple sacré, le théâtre. C'est en effet à la suite d'une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif a eu l'idée d'écrire, de mettre en scène et de jouer une certaine trilogie. Son thème, le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle. Ainsi, sur scène, cet auteur interprète, en apparence, ne cache rien de ses turpitudes, de ses obsessions ou de son corps, ses sans-compromis, dans une mise à nu totale de lui-même et de ceux qui l'entourent, qu'il s'engage avec son spectacle. Ce quadragénaire, ancien cagneux, originaire du Cap-Péret, développe sur scène une réflexion sur la masculinité. démantèle le système patriarcal autour du culte de la véridité et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe. Lui se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant, c'est plutôt à cause de sa volonté d'aller toujours plus loin dans la déconstruction des points de vue simplistes sur la sexualité qu'il se laisse entraîner dans des circonvolutions mentales absolument maîtrisées. L'exercice de voltige, pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté, nécessite d'être agile, surtout quand on a décidé, comme lui, de traiter le sujet sous l'angle de l'humour. Eh ben oui ! Mais l'homme est un excellent acrobate, car oui, ses spectacles sont drôles, sans être vulgaires. Les idées fixes relatives à la taille ou à la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision, tandis que son propre goût obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus, il utilise une langue libre qui, elle, donne beaucoup de plaisir. A l'heure où la parole des femmes se libère en faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité de la prison dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes. On ne naît pas homme, on le devient, cette phrase d'Erasme qui avait inspiré le premier opus de sa trilogie, si est particulièrement à cet homme qui raconte qu'enfant on le prenait pour une petite fille. Ces spectacles semble dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général, et de la sienne en particulier, afin de mieux définir le genre de son genre. Et c'est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement, que j'ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir. Bonjour Michael Délice.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, mais quelle introduction ! La critique de la raison dure, quand doit nous regarder de loin et se retourner dans sa tombette ? Quand il veut,

  • Speaker #0

    quand il veut. Quel est le meilleur moment, la meilleure position pour écrire, quand on s'appelle Mickaël Delis, pour écrire dans un café ou ailleurs ?

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a vraiment un meilleur moment ? Il y a des meilleures conditions. Moi, j'ai besoin d'être assez autiste et très seul. Donc, quand je peux m'isoler dans une maison, accessoirement avec une vue sur un jardin, de l'air, du soleil et de la lumière, là, je suis très, très heureux. Et le meilleur moment, c'est quand ça brûle et qu'on a juste besoin de mettre sur l'ordinateur, sur papier, tout ce qui fait cuisine dans le ventre.

  • Speaker #0

    Donc pas dans un café.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup écrit dans un cachet. Quand j'étais étudiant et que j'avais des appartements plus petits que l'énorme palais dans lequel je vis aujourd'hui. Et j'adorais parce que c'est aussi un endroit... Des fois, je me posais même en dehors de toute écriture à vocation théâtrale juste pour observer et entendre. C'est un foyer merveilleux. Et il y a un très beau film qui s'appelle Oslo 31, je crois. Il faut que j'ai vérifié le titre. Où il y a une scène comme ça avec un... avec un plan séquence où la caméra se balade et on n'a que le son. Et on entend ce qui se dit d'une table à l'autre. Je trouve ça magnifique, ça. Moi, je pourrais juste être spectateur permanent de ce qui se passe dans un café ou un resto.

  • Speaker #0

    Alors souvent, on parle du côté spectateur, de la personne qui écrit dans les cafés. Moi, j'écris beaucoup dans les cafés, dans les restaurants. Et souvent, il y a des personnes qui regardent ce que j'écris. Est-ce que quand on écrit sur la sexualité, quelquefois, il y a des regards un peu qui se perdent sur votre écran et qui peuvent provoquer une certaine... confusion, un étonnement ?

  • Speaker #1

    Alors, je dois avouer que j'écris aussi beaucoup dans le train parce que je me déplace pas mal et qu'il y a certains moments, sur certains de mes écrits, je me dis, bon là, la personne d'à côté, je vais quand même un peu changer un peu l'axe de l'ordinateur. Là, je suis vraiment en train de parler de verge, de taille et d'érection. Est-ce que je devrais vraiment assumer que la vieille dame ou le jeune ado fasse un petit eye-dropping ? Donc voilà, des fois, j'ai ce petit bout de conscience et puis quand on est vraiment dedans, on s'en tape et on se dit, bon, mais tant pis, ils iront. Mais des fois on a envie de leur dire c'est un work in progress, c'est pas forcément le résultat. Attendez, attendez, venez voir le spectacle dans 8 mois.

  • Speaker #0

    Je vais rajouter ce mot à mon répertoire de mots, mon glossaire.

  • Speaker #1

    Eyedropping Je viens de l'inventer pour vous. Parce que j'avais eyedroppé je dis qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Et c'est nul de faire des anglicismes, mais bon, c'est pas grave. Voilà, c'est cadeau.

  • Speaker #0

    Écrire sur la sexualité, c'est quelque chose, parce que je disais dans le portrait que je vous ai consacré, que vous écriviez sur le féminisme, mais finalement, c'est très lié. Vous n'écrivez que là-dessus ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Il se trouve que j'ai eu une carte blanche qui m'a été offerte il y a maintenant 5-6 ans par le tête de la loge qui était à l'époque dirigée par Alice Vivier et Lucas Bonifay. Et c'est des problématiques qui m'ont toujours traversé parce que je viens d'un milieu élevé par des femmes extrêmement inspirantes et très puissantes qui sont venues faire mentir tous les topos sur les figures masculines censées être les guides. Et donc dans toutes les pièces que j'ai écrites, il y avait sinon des réflexions, au moins des clins d'œil. ou des envies ou besoin de rendre hommage à ces femmes-là, jusqu'à réaliser que, de fait, les hommes prenaient peu ou pas en charge la réflexion sur leur propre genre, et qu'il y avait ici un continent vraiment vide, noir ou inexistant à explorer. Et quand j'ai commencé à mettre le doigt à leur paille dedans, j'ai vu tout ce qu'il y avait à faire, et tout ce que ça offre aussi de liberté, de réinvention et de production. Et ça, c'était assez jubilatoire. Donc il y a eu ce premier volet qui était le premier sexe. vraiment penser le genre et après le deuxième volet qui très vite s'est inscrit dans un projet de trilogie et où la sexualité et le sexe biologique et la masculinité et la réflexion avec tous ces concepts vient épouser la pensée féministe qui a été diffuse dans ma famille grâce à ma mère, ma grand-mère et d'autres personnes très fortes.

  • Speaker #0

    Pourquoi le théâtre et pas un essai finalement ? Que vous auriez pu passer là et puis devenir très sérieux, quelque chose de presque sociologique.

  • Speaker #1

    Et c'était en plus un peu ma formation initiale. Moi, je viens d'une classe préparatoire, je devais être prof à la fac à la base, en littérature américaine. Et j'ai ce plaisir-là d'écriture et d'essai. Mais c'est vrai que le travail et le moment de carrière où je suis, et ma formation aussi au conservatoire, m'ont fait prendre conscience de... d'une forme très extraordinaire pour faire passer de la pensée, du discours critique, de façon ludique, vivante. Et en plus en convoquant l'intime et que c'est un endroit, le théâtre, de résolution assez extraordinaire pour vouloir inviter dans la chambre de la pensée, cette chambre à soi dont parle Virginia Woolf qui est un peu la chambre, la mienne, où j'invite les gens pour parler de mes déboires sexuels qui ouvrent sur plus large et universel avec le genre et le rapport à la performance. Et donc... La scène est un outil extraordinaire pour être beaucoup plus digeste, accessible, invitant, généreux qu'un objet théorique, un essai. Et Dieu sait que j'en lis et que j'aime ça. Mais c'est vrai que donner un petit pavé de 300 pages écrits minuscules peut être un peu rebutant à des personnes qui sont a priori plus ou moins retors à ce genre d'éléments.

  • Speaker #0

    Après la scène, ça peut être une conférence, mais est-ce que l'humour lubrifie la pensée ?

  • Speaker #1

    Et bien non. Complètement, bravo pour ce petit clin d'œil. Oui, pour moi c'est vraiment une façon de... de la rendre digeste, accessible, lubrifiée, glissante, douce, agréable, complètement. Et pour autant, je n'ai pas non plus envie de tomber dans l'écueil inverse qui serait de faire de la blague pour de la blague. Le stand-up m'amuse et m'attire. Je pense que je suis un stand-uper totalement refoulé.

  • Speaker #0

    Dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement, j'aime beaucoup ça. Et c'est pour ça que là, j'ai fait appel à Papy, qui est un metteur en scène merveilleux, qui a beaucoup bossé avec des comiques, qui a lancé... Blanche Gardin, qui est un mec merveilleux, vraiment un homme adorable. Et donc je lui dis, voilà, j'aimerais bien qu'on prenne ces codes-là, qu'on les détourne un petit peu. Donc c'est lui qui a proposé une voix beaucoup plus usurée, vu qu'il est un type très intime, pas besoin de la porter. Mon frère m'a dit, on va le mettre tout au fond le micro. Et donc tous les collaborateurs que j'ai ont contribué à un peu tordre le cou à ce format-là. Mais donc ouais, l'humour c'est un vecteur je trouve merveilleux parce que ça met dans un état de détente je trouve. Le rire c'est un peu comme l'orgasme, c'est un peu comme se lâcher prise à ça extraordinaire où après on peut accueillir beaucoup plus, on est moins en méfiance, on est en confiance avec la personne avec qui on parle et qui nous donne du matériau et je trouve ça super parce qu'après en plus c'est la porte ouverte à d'autres émotions. je peux aussi emmener vers la réflexion, vers les larmes, vers l'émotion, et ça c'est merveilleux.

  • Speaker #0

    Comment ça se dose dans l'écriture, l'humour ? Parce que j'ai l'impression que c'est un peu comme en cuisine avec les piments.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Il y a un gros boulot d'écriture. Moi, j'écris toujours en amont. L'improvisation, elle vient vraiment quand je suis sur scène, mais avec vraiment un outil écrit très solide. Et après, effectivement, c'est en testant, en faisant. Là, j'accompagne un autre projet en écriture qui est en ce moment mis en capsule sur la honte. C'est deux clowns. On teste avec le public de façon manifeste. Déjà, il y a des trucs dont on a l'impression que c'est drôle et qu'ils ne le sont absolument pas. Il y a des virages qui ne sont pas pertinents. Il y a effectivement de la lourdeur qui se dégraisse du coup. Donc effectivement, le travail de plateau, on a eu cinq semaines de création. Ça, c'était crucial. Et je fais toujours venir beaucoup d'œils extérieurs. J'ai beaucoup de collaborateurs, j'ai plusieurs commetteurs en scène pour justement aussi confronter ça. Si j'en ai cinq qui me disent que cette vanne est à chier ou que cette scène ne sert à rien. Bon bah là l'humilité est obligatoire, je vais donc couper cette scène qui me semblait extraordinaire.

  • Speaker #0

    Je viens de remarquer un truc en vous écoutant que je n'avais pas remarqué pendant le spectacle, c'est cette petite pointe d'accent.

  • Speaker #1

    Ouais, que je gomme en dehors de la scène. Mais bon je me laisse aller pendant les interviews à faire revenir le sud-ouest avec moi. Effectivement, le Cap-Ferré, le bassin d'Arcachon et Bordeaux, j'ai fait ma prépa. C'est vraiment mon bassin et c'est un peu là, immanquablement.

  • Speaker #0

    Comment le théâtre, j'imagine qu'il y a des inspirations, des metteurs en scène, des metteuses, on sait. On a un panneau qui vient de tomber, tout va bien. C'est quoi le théâtre pour vous, comme comédien d'abord, et puis comme dramaturge ?

  • Speaker #1

    Eh bien, le théâtre comme comédien, c'est un conservatoire, 20e arrondissement, avec un prof extraordinaire, Pascal Parsat, qui avait une attention très rigoureuse à la langue, et qui avait une attention très rigoureuse à la langue, Audir, la prose audie, et pendant cette formation-là, c'est la découverte d'un univers avec l'immense variété des propositions du théâtre privé, du théâtre public, du théâtre de laboratoire, du théâtre de plateau, de l'écriture solo, collective. Et ça, c'est vrai que c'est un prisme dingue. Et il y a eu un moment, un concours interconservatoire organisé par le théâtre du Rond-Point et la ville de Paris, pour lequel j'étais lauréat, où on me proposait... d'écrire et mettre en scène des formes courtes. Et c'est pour la première fois, à ce moment-là, que j'écris un texte que je mets en scène, dans lequel je joue, et je découvre ce truc multicascette, et je me dis Waouh, c'est tellement jubilatoire ! C'est triplement vertigineux. Le moment où je fais un solo à 35 piges, et où vraiment je pars de ma vie et que j'essaie de dépasser, mais quand même, ma matière, c'est moi. Je me dis Si on ne m'aime pas, on me déteste. Donc vraiment, tu montres... ta culotte et tout ce qu'il y a en dessous. Donc ça, c'est vertigineux. Et en même temps, quand il y a la rencontre avec le public et que ça opère, c'est triplement jubilatoire.

  • Speaker #0

    Quand je travaillais sur votre portrait, j'avais l'impression qu'il y avait toute une partie dont je ne trouvais pas les traces. C'est comme si tout s'était fait un peu sur le tard. Est-ce que le théâtre, il a été là un peu quand vous étiez adolescent ? Ou est-ce que vraiment, tout chez vous, et je ne fais même pas allusion à votre sexualité parce que vous en parlez très bien dans vos spectacles, est arrivé un peu... A rebours ?

  • Speaker #1

    Alors, à rebours, je ne sais pas. En revanche, ce qui est certain, c'est que moi, venant d'un petit blé de province, le Cap-Ferrand, on le connaît parce que c'est chicot, c'est beau, mais l'hiver, on est 800 et le lycée, il est à trois quarts d'heure en bus. Il n'y a pas de théâtre. Donc, c'est des choses qui n'existent que peu ou pas. En prépa à Bordeaux, on bosse comme un bourrin. Donc, j'ai dû voir une caisse et demie et aller à deux, trois concerts classiques avec un beau père. Et quand j'arrive à Paris, donc du coup j'ai 21 ans, c'est là que je découvre tout ça. Et effectivement, je me prends un... un tsunami de jubilation. J'avais l'intuition, on a pu me dire Oui, t'es un peu le rigolo de la table, tu fais des blagounettes. Donc, c'est que j'avais cette petite cartouche. Mais de là à dire T'es drôle et on va faire un métier il y a quand même un autre truc. Et puis moi, en vrai, je suis venu au théâtre pour des raisons très mauvaises, très narcissiques. Je suis un ancien gros, je commençais à être à peu près joli et j'avais besoin qu'on me dise que j'étais beau. Et mon prof, d'ailleurs, m'a dit Si tu viens là pour qu'on me dise que t'es joli, tu vas vite t'emmerder, donc trouve de bonnes raisons de faire ce métier. Ce qui était un très bon... un très bon retour. Et du coup, c'est vrai que c'est venu tard, mais par contre, c'est venu avec l'aide que j'étais déjà, qui était très curieux, très boulimique, qui du coup a vu énormément de trucs, ses renseignements et a découvert des météorocènes majeures, a découvert des œuvres complètement dingues et j'avais ce bagage littéraire-là. Je connaissais le théâtre par la littérature et par la langue. On étudiait les racines, Shakespeare en prépa ou ailleurs. Donc ça, c'est des textes que je trouvais splendides. Et j'étais venu à de l'écriture en alexandrin par le cadre d'un prof de théâtre de français en première où j'avais mis le doigt là-dedans et ça m'avait vraiment éclaté. Mais oui, c'est vrai que c'est venu tard. Après, j'ai eu la chance que ce tard était quand même relatif parce que 21 ans, ce n'est pas la retraite. Mais... Mais c'est vrai que je voyais bien qu'en fin de formation, quand je vois des petits loulous qui ont 7, 8, 12 ans, qui sont au national à 18 ans, c'est sûr que ce n'est pas la même.

  • Speaker #0

    On va faire un petit vrai ou faux, Mickaël Delis.

  • Speaker #1

    Un vrai ou faux ? Vrai ou faux Michael Delis vous avez tenu un journal du confinement totalement vrai ouais j'en ai trouvé trace nulle part alors c'est normal en plus il était très suivi j'ai mes comptes qui ont été piratés Facebook et Instagram c'est donc ça c'est complètement ça donc du coup c'est vraiment une sorte de truc qui a été lu et partagé dont on me parle encore aujourd'hui mais qui donc est comme le spectacle vivant un souvenir j'avais 5000 personnes sur Facebook à peu près 2000 qui me suivaient et... pas autant mais quand même pas mal sur Instagram et pouf tout est disparu par un pirate venant d'Asie je crois que c'était Thaïlande donc voilà Mais c'était un exercice assez dingue et qui m'a donné pareil, et une ossature et une droiture et un plaisir de partage et de rapport au monde qui était génial. Et donc depuis ma petite fenêtre à Pantin à l'époque, j'observais ce que je pouvais observer. C'était un moment très particulier, mon père était malade, ma mère aussi. Mon médecin me dit que si je vais les voir, je vais les tuer. Vraiment des choses très dures, on ne savait rien à l'époque. Et donc voilà, on est coincé chez soi à penser le monde depuis sa fenêtre. Et c'était un beau moment, oui. Mais il n'y a pas de traces, bien sûr. Rien.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, Clémentine Célarier vous a embrassé sur la bouche.

  • Speaker #1

    Complètement vrai. Oui, j'étais chroniqueur pour C'est à vous, l'espace d'une année. Et je savais qu'elle était là, une des invitées. Elle jouait à l'époque, je crois, Une vie de mot passant. Et moi, j'avais vraiment un mémoire, j'avais fait un travail, un projet de série justement sur la PrEP et sur le SIDA. Et donc j'avais ces images d'elle embrassant cette personne séropositive. Et je trouvais ça tellement généreux, courageux pour l'époque et puis très spontané.

  • Speaker #0

    C'est un symbole dans le cadre du SIDA Action.

  • Speaker #1

    Très fort, en tout cas, surtout à l'époque où on était encore avec des connaissances plutôt floues. Et donc c'est vrai que quand je savais qu'elle était là, je voulais lui rendre cet hommage. J'étais hyper ému, j'avais envie de pleurer juste d'en parler. Et donc c'est vrai qu'il s'est passé ce truc-là à la fin. Ce petit baiser, ce petit bis repetita.

  • Speaker #0

    Une belle image.

  • Speaker #1

    Ah ouais, vraiment.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez inventé le concept de cul sociologique.

  • Speaker #1

    De cul sociologique ?

  • Speaker #0

    De cul sociologique.

  • Speaker #1

    Ah, de cul sociologique. En tout cas, je ne sais pas si je l'ai inventé.

  • Speaker #0

    Je définis cela comme cela.

  • Speaker #1

    Je trouve que le sexe et le rapport Chanel est une porte d'entrée pour comprendre l'autre et le monde. extraordinaire et que c'est un endroit où on découvre l'altérité de façon totale. Il y a une vraie mise à nu très concrète, mais aussi par le lâcher prise post-orgasme et par ce que tu vas donner à voir toi aussi dans l'échange. Ça raconte tellement de son rapport au corps, aux autres, au langage, à la façon de te livrer. Est-ce que tu reproduis des schémas que tu as vus ici ou là ? Est-ce que tu es curieux ? Est-ce que tu t'abandonnes ? Je trouve ça extraordinaire et ça raconte... De l'origine sociale, de l'origine socio-professionnelle, de l'ambition, du rapport au silence, à la tendresse. Je trouve que c'est une mine. comme la psychanalysie donc en gros après l'orgasme vous enregistrez les personnes en leur posant des questions alors ça m'est arrivé ouais j'en enregistrais certains ouais je demandais et ouais ouais parce que c'est là où je voulais en venir en fait écoute vraiment il y a un truc où vous tenez un concept de podcast bah oui peut-être alors ceci dit j'en ai écouté un d'ailleurs un mec bel génial qui fait un peu ça C'est pas vrai. Mais si, ouais, complètement. Qui est interrogé après. Mais c'est vrai que c'est un moment qui est extraordinaire, de grande confiance, où on peut se laisser aller à dire de la parole. Un truc.

  • Speaker #0

    Bon, écoutez, alors on va coucher ensemble et après je vous pose des questions. On commence à enregistrer juste après.

  • Speaker #1

    Mais maintenant que je suis complètement rangé des voitures avec un coup d'archi lambda énormé, compliqué de justifier ça à mon mec, de dire bon ok, je dois confier avec des personnes pour le boulot et ensuite je les écoute. Je vais tenter une négo après l'interview.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous faites un seul en scène pour des raisons économiques ?

  • Speaker #1

    Alors, entre autres choses, oui. Bien sûr, ce n'est absolument pas le moteur. Mais il y a une réalité très concrète, c'est que le monde du théâtre est un monde en crise totale, qu'on nous rabat les oreilles avec le fait qu'un spectacle à 4, 5, 6, 7, 8 comédiens, c'est beaucoup trop cher. Et que si on n'est pas financé ou par une grosse production, donc avec des gens très connus, ou par le service public avec la DRAC, donc ça veut dire qu'on n'est pas dans le serail vraiment des institutions. C'est extrêmement dur de monter un projet. Alors que quand tu es tout seul, déjà, tu peux le monter en autoproduction. Et si ça marche, moi, c'est ce qui s'est passé. Le ruissellement, il est à posteriori. Mais la première création, je l'ai faite sans un rond, en ne payant pas les copains, en ne me payant pas. Et après, les producteurs sont arrivés et la confiance est arrivée. Et donc, pour le deuxième volet, je suis produit, je suis payé. C'est merveilleux. Et la réalité, assez objective, quand on va à Avignon, l'été, c'est manifeste. L'essor des solos. il est complètement lié à des contraintes budgétaires. Parce que aller à Avignon, c'est une ruine. Se loger, c'est une ruine. Brouiller, c'est une ruine. J'avais fait des vidéos là-dessus avec mon frangin. Et donc, bien sûr que faire un Avignon tout seul, ça va déjà te coûter un bras. Mais si tu le fais à 8 et que tu produis le truc, tu es un homme tronc.

  • Speaker #0

    On a exactement les mêmes problématiques dans la musique où si vous faites un groupe à 5,

  • Speaker #1

    c'est très compliqué. Et c'est pour ça que l'opéra est à ce point cher. est ruineux parce que quand tu vois toutes les personnes que ça implique on comprend que les places soient de 100 balles parce qu'on ne peut pas payer ces gens là au delà du fait qu'il y ait des stars qui prennent 10 000 balles le cachet ou 40 mais c'est vrai que c'est impossible allez bim on balance mais c'est légitime quand t'as des niveaux de talent de carrière je comprends mais c'est vrai que quand t'es spectateur et que tu vois la fosse, les figurants le décor, oui je peux financer ça et donc le mec qui est tout seul avec son chiffon ou sa craie je parle de moi immanquablement, mon truc il vaut 3000 balles ou 2500 et tout le monde est payé avec ça. Donc c'est sûr que c'est incomparable.

  • Speaker #0

    Et au faux, vous aimeriez ne pas avoir à dormir ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, alors j'aime bien dormir, mais j'adorerais ne pas avoir à dormir parce que j'ai trop de choses à faire, à vivre, à partager, à voir. Et ouais, si je pouvais dormir que 5 heures, des fois j'arrive à tenir ce rythme, mais à la fin je suis quand même un peu naze. Mais ouais, ouais, bien sûr. Oui, pour suivre juste l'évolution de mon jardin, des plantes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est pour travailler.

  • Speaker #1

    Ah ben c'est les deux, parce que la contemplation, elle permet de nourrir le travail. Donc voilà, c'est vrai que si j'ai mon heure à regarder l'extérieur, pour ensuite me mettre à écrire et à lire, et à faire les expos, et après à... Non, bien sûr, c'est terrible. Je voudrais être... Non mais il faut que ce soit agréable le repos aussi. Je suis en train d'apprendre ça, d'apprendre le repos.

  • Speaker #0

    et pourtant vous êtes en ce moment en représentation donc il y a cette trilogie moi j'ai vu la fête du slip Quel va être le prochain ? Parce que le fait du slip, c'est le deuxième volet.

  • Speaker #1

    Alors du coup, je suis parti du premier sexe qui réfléchit sur le genre de façon plus globale. Le deuxième volet resserre sur le sexe biologique autour de la question de la performance via les réactions. Et le troisième volet resserre encore sur le slip avec les testicules et le sperme, en interrogeant du coup la transmission et la paternité. Parce que j'ai fait un parcours de dons de sperme. Et donc de ce que c'est que faire famille aujourd'hui, que d'être papa, qu'est-ce qu'on transmet. Le mien vient juste de mourir. Le lien était assez désastreux et en même temps plein de tendresse aussi très maladroite. Donc qu'est-ce qu'on donne en héritage et comment aujourd'hui on peut être une nouvelle figure paternelle qui sort de ce sacro-saint ou maudito-saint patriarcat ? Donc comment est-ce qu'on peut faire, sinon matriarcat, une nouvelle pensée de la transmission ? qui du coup va redéfinir le lien social.

  • Speaker #0

    Et tout ça avec de l'humour ?

  • Speaker #1

    On essaye, oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça représente à peu près plus de 4 heures de spectacle cumulées.

  • Speaker #1

    Ça va faire 3h45 à peu près, ou quasiment 4 heures. Je vais tester Avignon l'enchaînement des deux, et on va faire un enchaînement des trois, on va tenter ça à Paris en mai 2025.

  • Speaker #0

    En mai 2025. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est un vrai challenge. Comment on se prépare pour affronter, ne serait-ce que deux spectacles ?

  • Speaker #1

    Et bien, alors moi j'ai une vraie rigueur, je suis un peu un barjot à plein d'endroits, je fais pas mal de sport, là je suis en jogging parce qu'après je vais aller courir au parc des Guylans.

  • Speaker #0

    On me dit tu es un lancain gros, mais en fait vous êtes taillé comme une ablette.

  • Speaker #1

    Maintenant, mais du coup c'est beaucoup de névroses et beaucoup d'entretiens et pendant le jogging par exemple je fais toujours mon italienne d'intec, ça dure à peu près une heure donc là on est bien et oui ça suppose une rigueur et un peu un entraînement sportif parce que bah oui c'est exigeant. deux heures de plateau, une heure et quart tout seul, on est en âge à la fin, on donne beaucoup de choses. Mais il y a un truc qui est très agréable avec le solo, c'est que, surtout là, avec ce prisme-là de l'intime et de... Moi je ramène sur scène ma famille, mes potes, des gens fantasmés mais que j'aime bien. Et du coup il y a quelque chose de très doux. Et donc à la fin c'est très exaltant. Et à Avignon l'an dernier ça marchait très bien. Et il y avait des listes d'attente tous les soirs. Et du coup il y a bien des soirs où j'aurais dit mais si il y avait encore un créneau derrière, je l'aurais fait dans la foulée pour le rejouer, le repartager. Donc il est très exaltant.

  • Speaker #0

    C'est au horizon de jouer ?

  • Speaker #1

    Ouais vraiment, vraiment, vraiment. Ah bah ça crée de la dopamine à 2000, c'est une petite drogue. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Déjà, moi je ne m'y attendais pas, mais c'est vrai que ça se fait beaucoup en ce moment dans le théâtre et déjà les comédiens sont déjà sur scène quand le... quand les spectateurs arrivent. Mais vous, vous les accueillez. C'est-à-dire qu'à bras ouverts, reconnaissant l'un, faisant un signal à l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Pour celui-là, justement, pour le premier, je suis planqué, je dis ma peur au micro et c'est affreux. Je ne sais pas pourquoi je fais ce métier, j'ai la colique et tout ça. Et là je me dis tiens on va essayer de trouver ça, c'est mon frère qui a trouvé ça, qui m'a beaucoup aidé sur la mise en scène en dernière instance, et on s'est dit comme on est quelque chose de très intime, qui pourrait être un peu inhibant, un peu braquant, comment est-ce qu'on peut accueillir au max... Chaleureusement ? Ouais chaleureusement, en désérotisant le propos, donc en étant dans un jogging un peu large, en disant voilà c'est une pyjama party limite quoi, donc de dire bon ça sera sûrement exigeant et on va passer par des choses un peu particulières mais... On met dans un cadre, c'est un peu en littérature, on parle du pack de narration. Et là, c'est un peu le pack du spectateur de vous dire, on va passer un moment chill et cool. Donc voilà, tranquille.

  • Speaker #0

    Détendez-vous, ça va bien se passer, comme disent les autres. Ouais,

  • Speaker #1

    exactement, complètement. Donc voilà, installez-vous, c'est cool. Quand je connais des gens, je suis content. À Bordeaux, je faisais carrément la bise au champ. Donc ouais, c'est créé en contexte. Oui, mais déjà en détente.

  • Speaker #0

    Ces spectateurs, quand vous les connaissez, ça se passe comment ? Ceux que vous évoquez, votre mère est venue voir votre spectacle ?

  • Speaker #1

    Ma mère qui est assez malade, c'est compliqué, elle ne peut plus venir à Paris. Bon, elle apparaissait au moment où je pleure, mais ce n'est pas grave. Et du coup, j'ai eu la chance de pouvoir le créer dans le Sud-Ouest, le spectacle. Elle a pu voir le tout premier volet. elle était au premier rang on était en extérieur avec ses béquilles et une amie puis à la fin elle s'est levée elle a dit c'est moi et je dis oh ça va c'est bon et surtout comme je dis souvent en interview ma maman et mon frère ce sont des personnes avec qui je lis régulièrement mes textes vu qu'ils sont impliqués mais aussi parce que j'ai une complicité folle avec eux et que j'ai besoin de leur regard et des fois j'ai des vétos que je questionne aussi en me disant pourquoi je mets pas ça mais non maman tout le monde le prend bien et aussi pour une raison qui est la suivante que L'un et l'autre, je prends mon frère et ma mère pour le moment, comprennent que c'est plus grand que juste montrer sa culotte et aller raconter.

  • Speaker #0

    C'est pas qu'un spectacle thérapie. Non, pas du tout. C'est pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Et que les problématiques sont plus larges, que ça implique l'universel, qu'on essaye de tisser des liens et que je tords à plein d'endroits aussi le réel. Bien sûr que... il est très présent, mais la fiction permet de créer de la friction, et du coup m'offre de transformer et de voir plus grand que le petit règlement de famille. Donc pour ça, ils acceptent.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait répondre à quelqu'un qui dirait... Évidemment, c'est un homme, donc il parle de son sexe. Vous, les hommes, vous ne parlez que de ça. Vous ne pensez qu'à ça. Eh bien,

  • Speaker #1

    justement, c'est un peu partir... de se présupposer, on pense qu'à ça, mais en fait on ne le pense pas, et on le pense pas bien. Donc comment est-ce que ce qu'on a instauré, mis comme une sorte de topos social, ou instinctif, ou naturel, on bande sans arrêt, il faut qu'on assouvisse notre truc, comment est-ce qu'on peut aller plus loin que cette mauvaise excuse de ma bite se dresse, donc elle est toute puissante ? Et comment est-ce qu'on peut réfléchir et mettre en perspective le fait que ce sont des choses qui nous oppressent, nous dépassent, oppressent l'autre genre ? Physiquement ? Complètement, oui. Et puis avec des trucs en plus très concrets. C'est un chapitre que j'ai dû enlever parce qu'à un moment le spectacle ne pouvait pas faire 18 heures, mais je parlais du priapisme. qui nous a été vendu avec ce dieu priable avec son gros sexe en direction sans arrêt et le priapisme aujourd'hui concrètement c'est une maladie une personne qui est en soupe elle va aux urgences ça dure 4 heures, c'est une torture c'est insoulageable et c'est une piqûre dans la verge pour détumifier le sexe donc là encore c'est des mythologies de représentation c'est à dire du sexe dur tout puissant en vrai c'est une objective maladique donc il faut accepter que ça se reste de temps en temps pour du plaisir ou pas et que c'est pas très grave Et donc voilà, je pense que j'ai un peu digressé là.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est très bien, c'est très bien. Est-ce qu'un hétéro aurait pu écrire un pareil spectacle ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de croire que oui, parce que j'aime pas la pensée identitaire qui viserait à cloisonner les orientations et les genres.

  • Speaker #0

    Je me permets de préciser ça parce que vous annoncez sur scène votre sexualité. Votre préférence, c'est pour cela.

  • Speaker #1

    Totalement, et puis d'ailleurs, c'est ce qu'ont pu me sortir des amis féministes ou d'autres critiques, de dire que... Cette parole-là, elle est prise en charge par un mec homo parce qu'il y a quand même un silence global chez les hétéros, ce que je pointe à la fin du spectacle d'ailleurs, ce silence des hommes, des pères, des frères, où le moment critique sur soi est encore très timide. Et ce n'est pas anodin que ça vienne de la part d'un homme qui a vécu le rejet et l'oppression au même endroit que les femmes, parce que, ça j'explique dans le premier volet, l'homophobie procède du même rejet que la misogynie, c'est ce qu'on aime. c'est le féminin qu'on n'aime pas chez l'homosexuel et qu'on ne tolère pas et qu'on met au banc. Donc c'est sûr que c'est pas que ça facilite mais que ça peut légitimer ou justifier cette prise de parole là, sur le genre masculin et que pour l'heure, les hommes qui parlent d'eux-mêmes, quand j'ai travaillé sur le premier sexe, le premier sexe qui existe sur lequel je tombe, c'est celui d'Éric Zemmour qui est un torchon. de 200 maigres pages, écrit en police 18, alors que Simone de Beauvoir se fend de deux tomes en police 6, de 400 pages, brillantissime et renseignée, lui donne son avis en disant des inepties sur les homosexuels qui coiffent et habillent les gens et qui rendent mou la masculinité dominante. Donc c'est vrai que pour le moment, le discours critique n'est pas vraiment pris en charge. Ce que déplore Virginie Despentes à la fin de King Kong Theory, Françoise Héritier dans Masculin Féminin, quand est-ce que les hommes s'en saisissent ? Andréa Bescon le dit remarquablement aussi, et dans ses spectacles et dans ses interviews, c'est quand les mecs que vous en occupez ? Et c'est vrai que tant que nous on ne prend pas ça en charge, ça va stagner. Donc là, il y a des choses qui se passent, il y a un peu de discours, un peu même de réflexion et de spectacle qui se mettent à parler de ça, voire beaucoup. Mais oui, la parole hétéro là-dessus décomplexée, ou en tout cas, qui arrive à interroger... Si, il y a Mansplaining qui fait un super boulot, par exemple, en podcast.

  • Speaker #0

    Je me demandais si c'était plus simple pour un homosexuel. Et en même temps, je sais que le côté d'une masculinité très présente, elle est très forte dans le milieu homo également, dans le milieu gay. C'est très fort pour vous d'arriver à essayer de remettre en question tout cela.

  • Speaker #1

    Oui, en tout cas, c'est sûr qu'on ne peut pas faire d'angélisme en se disant Oui, les homosexuels opprimés ont une parole beaucoup plus ouverte et déconstruite. Quand on est sur les applications de rencontres et ou juste dans des bars ou que sais-je, on voit bien qu'on est les premiers à être souvent archi-virilistes, super réacs, homophobes aussi, parce que ça, je le mets dans le premier spectacle. Le nombre d'homo qui ne supportent pas les mecs trop féminins, les tapettes ou les divas. Il y a des mecs sur les applis de rencontre qui disent non aux blacks, aux asiates et aux divas. Et aux tapettes. Et tu te dis wow.

  • Speaker #0

    C'est trash.

  • Speaker #1

    C'est d'une immense violence. On n'a pas l'apanage de l'ouverture d'esprit et d'intelligence. On a nos blaireaux nous aussi et nos débiles. Comme chez les hétéros, il y a des gens brillants et des gens stupides. Et donc là, c'est vrai qu'à l'endroit de cette communauté... Il y a aussi un décrassage monstrueux à faire sur la pensée et sur une acceptation aussi de la tendresse, la différence. Il y a ce culte du corps hyper gaulé. Un mec vieux, gros et qui n'est pas bourré de fric, il n'a pas grand... Mais comme on le met pareil chez les hétéros, sur le marché du sexe et de l'amour, ça va être plus compliqué. Ce qui est tragique. Le mec est peut-être passionnant. Donc oui, on a un gros taf à faire nous aussi.

  • Speaker #0

    D'où la...

  • Speaker #1

    d'où le côté universaliste finalement de ce spectacle on va parler à chacun j'espère et là c'est vrai que et Papy de Trapp et mon frère ils sont très vigilants à ça et puis ça c'est super pour le coup dans mon équipe c'est beau parce que là j'étais entouré d'hommes et d'hommes qui font mentir à cette masculinité dominante de Papy qui a une soixantaine d'années à mon frère jumeau à un chorégraphe plus jeune et je dis bon en fait c'est quand même très rassurant de dire qu'il y a de la tendresse, de la douceur, une acceptation de ce discours. Et ça, c'est vraiment, vraiment réjouissant. Et c'est vrai que les deux, Papi et David, ils ont été super sur ce truc de... Mon frère, il dit toujours, moi, je suis la caution hétéro-beauf, qui n'aime pas trop le théâtre. Donc, j'ai besoin d'être sûr qu'on ne m'engueule pas et qu'on ne me dit pas ouais. T'es une sorte de grenaze, de boomer à rayer de la carte. Il me dit j'ai envie d'être invité dans ton spectacle. Et donc, des fois je suis un peu trop dogmatique ou un peu politique. Il me dit, ok, comment tu l'arrondis ? Comment tu le passes par le jeu, par la scène, sans nous donner des chiffres, en disant c'est mal ? Et ça justement pour tirer vers l'universel. L'hétéro, le bi, le pédé, l'asexuel, que tout le monde puisse s'y retrouver en termes d'orientation et en termes de genre. Parce que l'oppression, la domination, elle n'a pas de couleur. Et la bêtise, pareil. Donc on peut totalement la désinquiéter d'où qu'on vienne.

  • Speaker #0

    ça concerne tout le monde on va faire un peu de fiction on va imaginer que finalement vous ne faites plus de théâtre et vous avez envie de reprendre un café d'ailleurs vous auriez fait quoi si ça n'aurait pas été alors avant ça moi je devais être prof en fac prof

  • Speaker #1

    d'anglais, de littérature j'avais fait une maîtrise sur Emily Dickinson en poétique américaine et je me préparais quelque chose entre la grammaire et la littérature sur le présent de narration chez Virginia Woolf et des fois je me dis quand je mesure la violence de mon métier, de mon milieu si jamais il fallait arrêter question qu'on a dû tous se poser avec le confinement quand on nous renvoie le fait que nous ne sommes absolument pas essentiels j'y tiens paysagiste, fleuriste ça ça m'éclaterait par exemple mais je lirais toujours des trucs et puis je dirais des poèmes à mes plantes quoi bon alors fleuriste dans un café on va dire ça je vous pose trois questions en rapport avec l'univers du café ok

  • Speaker #0

    En tout cas de la boisson et tout ça. Vous êtes serveur. C'est de la fiction.

  • Speaker #1

    Je vais me projeter.

  • Speaker #0

    Et un coup, la table vous dit Sex on the Beach, Pornstar Martini. Qu'est-ce qu'il se passe ?

  • Speaker #1

    Pornstar Martini. Je dis, mais alors, apprenez-moi la recette. Sex on the Beach, pas de problème. Et puis après, on peut négocier un after un peu ludique et rigolo sur la plage et réfléchir tous ensemble.

  • Speaker #0

    On devient d'accord, ce sont des noms de...

  • Speaker #1

    Cocktails. Je ne connaissais pas le Pornmartini bidule.

  • Speaker #0

    Le Pornstar Martini.

  • Speaker #1

    C'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    J'aurais dû le noter, j'ai pas noté.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est un vrai cocktail. Ça éveille les curiosités.

  • Speaker #0

    Alors, qui commandait, dit-on, c'est une légende urbaine, mais qui commandait des lait fraises à la Brasse-Mille à Coupole ?

  • Speaker #1

    Je n'en sais pas rien du tout. Coupole, 6e ?

  • Speaker #0

    C'est à Montparnasse.

  • Speaker #1

    Ouais, donc c'est la bande à Cocteau. En fait...

  • Speaker #0

    On le rapporte dans pas mal de livres, puis c'est devenu une légende urbaine, c'est-à-dire qu'il y avait des gigolos, comme on a un léphrèse, c'était une indication pour que certaines femmes les reconnaissent.

  • Speaker #1

    Si j'avais su...

  • Speaker #0

    Non mais je l'ai étayé, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Merde. On est désolé. Et qu'on le dise aux gigolos, qui n'ont heureusement plus besoin de léphrèse grâce à ces applications, et font de l'argent bien autrement.

  • Speaker #0

    Il y a une application.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a tout ce qu'il faut. Non mais aujourd'hui, sur les applications de rencontres masculines, il y a beaucoup de mecs qui... spécifié avec un petit diamant pour celles et ceux qui ne savent pas qu'ils sont alloués. et qu'ils sont tarifs et tarifs comme Dieu qu'est-ce que la longueur en bouche enfin en matière de vin c'est quand le fruit ou le tannin demeure dans le palais et que le parfum résonne

  • Speaker #0

    de façon pérenne pour ne pas dire longue on voit l'amateur de Bordeaux la persistance des arômes et des saveurs du vin après l'avoir avalé exactement merci On rappelle ce qui va se passer sur ce spectacle au-delà de la fête du slip. Donc là, bientôt.

  • Speaker #1

    Alors là, bientôt. Déjà, on est à Avignon du 3 juillet au 21 juillet dans le off à Avignon Rennes-Blanche avec du coup les deux volets qui vont se jouer consécutivement à 20h15 et 21h45. Et ensuite, le premier volet de la trilogie sera à la Scala les mardis et mercredis du 17 septembre. au 27 novembre qui vient d'être refaite un beau boulot de programmation ça c'est dans la Picola qui est une superbe salle qui va venir vous voir c'est une grande salle 165 personnes par soir si tout se passe bien on est pas sûr mais on a envie de croire je suis très très heureux j'ai beaucoup de chance et il y a une quinzaine de dates de tournée entre la France et la Suisse pour le moment on va voir ce qu'Avignon va donner en plus je suis très très gâté Et le troisième volet sera créé en mai-juin à l'Arène Blanche Paris, avec aussi un projet de jouer les poils à que le le, voir ce que ça donne et si on survit. Et moi et les spectateurs à cette belle expérience.

  • Speaker #0

    Eh bien bravo et merci beaucoup Michel et Lys. Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo,

  • Speaker #1

    on s'en fout.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    ça nous offre de la visibilité.

  • Speaker #0

    Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Chapters

  • vrai ou faux

    15:55

Description

J'ai interviewé le comédien et metteur en scène qui remet en question la virilité masculine au théâtre, le talentueux Mickaël Delis au café La Requinque 33 Rue Désiré Préaux à Montreuil (93).


Mon invité du jour était tellement engagé  dans  la question du féminisme qu’il aurait pu  passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s’occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s’occuper de sa bite.

 

Et c’est précisément ce qu’il a fait dans le lieu qu’il connaît le mieux, dans son temple sacré,  le théâtre. C’est en effet à la suite d’une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif  a eu l’idée  d'écrire , de mettre en scène et de jouer  une  certaine trilogie... son  thème ? le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle  . Ainsi sur scène cet auteur interprète ne cache en apparence rien de ses turpitudes, de ses obsessions , ou de son corps. C'est  sans compromis,  dans une mise à nu totale  de lui-même et de ceux qui l’entourent , qu’il s'engage avec son spectacle .

 

Ce quadragénaire, ancien kâgneux originaire du Cap Ferret développe  sur scène une réflexion sur la masculinité, démantèle  le système patriarcal autour du culte de la virilité, et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe .

Lui, se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant c'est plutôt à cause de  sa volonté d'aller  toujours plus loin  dans la déconstruction des points de vue  simplistes sur la sexualité qu'il se laisse  entraîner dans  des circonvolutions mentales absolument maîtrisées.  L'exercice de voltige pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté  nécessite d'être agile  surtout quand on a décidé , comme lui,  de traiter le sujet sous l'angle  de l’humour. Mais l'homme  est un excellent acrobate! Car oui, ses spectacles sont drôles sans etre vulgaires. Les idees fixes relatives à la taille ou la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision,  tandis que  son propre goût  obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus il utilise une langue libre qui , elle, donne beaucoup du plaisir !

A l’heure où la parole des femmes se libère en  faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité  de la prison  dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes . 

 

« on ne naît pas homme, on le devient ». Cette phrase d’Erasme qui avait inspiré le premier opus  de sa trilogie sied particulièrement à cet homme qui raconte qu’enfant, on le prenait pour une petite fille. Ses spectacles semblent dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général  et de  la sienne  en particulier   afin de mieux définir le genre de son genre. 

 

Et c’est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement,  que j’ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir


Emission présenté par Alexis Himeros

https://instagram.com/alexishimeros


Avec Mickaël Delis

https://www.instagram.com/delismickael/

https://mickaeldelis.book.fr


Les dates et lieux pour voir ses spectacles :

  • Du 3 au 21 juillet à Avignon : Reine Blanche avec Le Premier Sexe ou Al grosse arnaque de la virilité à 20h15 puis la Fete du Slip ou le pipo de la puissance a 21h45 (relâches les lundis),

  • Du 17 Septembre au 27 Novembre reprise du Premier Sexe à La Scala Paris les mardis et mercredis a 19h15,

  • Mai et juin 2025. création du 3eme volet Les paillettes de leurs vies, à la Reine Blanche Paris


merci au café La requinque

https://www.facebook.com/p/La-Requinque-100063704876839/


 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Yémeros et vous écoutez Un Café au Comptoir. Mon invité du jour était tellement engagé dans la question du féminisme qu'il aurait pu passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s'occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s'occuper de sa bite. Et c'est précisément ce qu'il a fait, dans le lieu qu'il connaît le mieux, dans son temple sacré, le théâtre. C'est en effet à la suite d'une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif a eu l'idée d'écrire, de mettre en scène et de jouer une certaine trilogie. Son thème, le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle. Ainsi, sur scène, cet auteur interprète, en apparence, ne cache rien de ses turpitudes, de ses obsessions ou de son corps, ses sans-compromis, dans une mise à nu totale de lui-même et de ceux qui l'entourent, qu'il s'engage avec son spectacle. Ce quadragénaire, ancien cagneux, originaire du Cap-Péret, développe sur scène une réflexion sur la masculinité. démantèle le système patriarcal autour du culte de la véridité et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe. Lui se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant, c'est plutôt à cause de sa volonté d'aller toujours plus loin dans la déconstruction des points de vue simplistes sur la sexualité qu'il se laisse entraîner dans des circonvolutions mentales absolument maîtrisées. L'exercice de voltige, pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté, nécessite d'être agile, surtout quand on a décidé, comme lui, de traiter le sujet sous l'angle de l'humour. Eh ben oui ! Mais l'homme est un excellent acrobate, car oui, ses spectacles sont drôles, sans être vulgaires. Les idées fixes relatives à la taille ou à la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision, tandis que son propre goût obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus, il utilise une langue libre qui, elle, donne beaucoup de plaisir. A l'heure où la parole des femmes se libère en faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité de la prison dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes. On ne naît pas homme, on le devient, cette phrase d'Erasme qui avait inspiré le premier opus de sa trilogie, si est particulièrement à cet homme qui raconte qu'enfant on le prenait pour une petite fille. Ces spectacles semble dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général, et de la sienne en particulier, afin de mieux définir le genre de son genre. Et c'est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement, que j'ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir. Bonjour Michael Délice.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, mais quelle introduction ! La critique de la raison dure, quand doit nous regarder de loin et se retourner dans sa tombette ? Quand il veut,

  • Speaker #0

    quand il veut. Quel est le meilleur moment, la meilleure position pour écrire, quand on s'appelle Mickaël Delis, pour écrire dans un café ou ailleurs ?

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a vraiment un meilleur moment ? Il y a des meilleures conditions. Moi, j'ai besoin d'être assez autiste et très seul. Donc, quand je peux m'isoler dans une maison, accessoirement avec une vue sur un jardin, de l'air, du soleil et de la lumière, là, je suis très, très heureux. Et le meilleur moment, c'est quand ça brûle et qu'on a juste besoin de mettre sur l'ordinateur, sur papier, tout ce qui fait cuisine dans le ventre.

  • Speaker #0

    Donc pas dans un café.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup écrit dans un cachet. Quand j'étais étudiant et que j'avais des appartements plus petits que l'énorme palais dans lequel je vis aujourd'hui. Et j'adorais parce que c'est aussi un endroit... Des fois, je me posais même en dehors de toute écriture à vocation théâtrale juste pour observer et entendre. C'est un foyer merveilleux. Et il y a un très beau film qui s'appelle Oslo 31, je crois. Il faut que j'ai vérifié le titre. Où il y a une scène comme ça avec un... avec un plan séquence où la caméra se balade et on n'a que le son. Et on entend ce qui se dit d'une table à l'autre. Je trouve ça magnifique, ça. Moi, je pourrais juste être spectateur permanent de ce qui se passe dans un café ou un resto.

  • Speaker #0

    Alors souvent, on parle du côté spectateur, de la personne qui écrit dans les cafés. Moi, j'écris beaucoup dans les cafés, dans les restaurants. Et souvent, il y a des personnes qui regardent ce que j'écris. Est-ce que quand on écrit sur la sexualité, quelquefois, il y a des regards un peu qui se perdent sur votre écran et qui peuvent provoquer une certaine... confusion, un étonnement ?

  • Speaker #1

    Alors, je dois avouer que j'écris aussi beaucoup dans le train parce que je me déplace pas mal et qu'il y a certains moments, sur certains de mes écrits, je me dis, bon là, la personne d'à côté, je vais quand même un peu changer un peu l'axe de l'ordinateur. Là, je suis vraiment en train de parler de verge, de taille et d'érection. Est-ce que je devrais vraiment assumer que la vieille dame ou le jeune ado fasse un petit eye-dropping ? Donc voilà, des fois, j'ai ce petit bout de conscience et puis quand on est vraiment dedans, on s'en tape et on se dit, bon, mais tant pis, ils iront. Mais des fois on a envie de leur dire c'est un work in progress, c'est pas forcément le résultat. Attendez, attendez, venez voir le spectacle dans 8 mois.

  • Speaker #0

    Je vais rajouter ce mot à mon répertoire de mots, mon glossaire.

  • Speaker #1

    Eyedropping Je viens de l'inventer pour vous. Parce que j'avais eyedroppé je dis qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Et c'est nul de faire des anglicismes, mais bon, c'est pas grave. Voilà, c'est cadeau.

  • Speaker #0

    Écrire sur la sexualité, c'est quelque chose, parce que je disais dans le portrait que je vous ai consacré, que vous écriviez sur le féminisme, mais finalement, c'est très lié. Vous n'écrivez que là-dessus ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Il se trouve que j'ai eu une carte blanche qui m'a été offerte il y a maintenant 5-6 ans par le tête de la loge qui était à l'époque dirigée par Alice Vivier et Lucas Bonifay. Et c'est des problématiques qui m'ont toujours traversé parce que je viens d'un milieu élevé par des femmes extrêmement inspirantes et très puissantes qui sont venues faire mentir tous les topos sur les figures masculines censées être les guides. Et donc dans toutes les pièces que j'ai écrites, il y avait sinon des réflexions, au moins des clins d'œil. ou des envies ou besoin de rendre hommage à ces femmes-là, jusqu'à réaliser que, de fait, les hommes prenaient peu ou pas en charge la réflexion sur leur propre genre, et qu'il y avait ici un continent vraiment vide, noir ou inexistant à explorer. Et quand j'ai commencé à mettre le doigt à leur paille dedans, j'ai vu tout ce qu'il y avait à faire, et tout ce que ça offre aussi de liberté, de réinvention et de production. Et ça, c'était assez jubilatoire. Donc il y a eu ce premier volet qui était le premier sexe. vraiment penser le genre et après le deuxième volet qui très vite s'est inscrit dans un projet de trilogie et où la sexualité et le sexe biologique et la masculinité et la réflexion avec tous ces concepts vient épouser la pensée féministe qui a été diffuse dans ma famille grâce à ma mère, ma grand-mère et d'autres personnes très fortes.

  • Speaker #0

    Pourquoi le théâtre et pas un essai finalement ? Que vous auriez pu passer là et puis devenir très sérieux, quelque chose de presque sociologique.

  • Speaker #1

    Et c'était en plus un peu ma formation initiale. Moi, je viens d'une classe préparatoire, je devais être prof à la fac à la base, en littérature américaine. Et j'ai ce plaisir-là d'écriture et d'essai. Mais c'est vrai que le travail et le moment de carrière où je suis, et ma formation aussi au conservatoire, m'ont fait prendre conscience de... d'une forme très extraordinaire pour faire passer de la pensée, du discours critique, de façon ludique, vivante. Et en plus en convoquant l'intime et que c'est un endroit, le théâtre, de résolution assez extraordinaire pour vouloir inviter dans la chambre de la pensée, cette chambre à soi dont parle Virginia Woolf qui est un peu la chambre, la mienne, où j'invite les gens pour parler de mes déboires sexuels qui ouvrent sur plus large et universel avec le genre et le rapport à la performance. Et donc... La scène est un outil extraordinaire pour être beaucoup plus digeste, accessible, invitant, généreux qu'un objet théorique, un essai. Et Dieu sait que j'en lis et que j'aime ça. Mais c'est vrai que donner un petit pavé de 300 pages écrits minuscules peut être un peu rebutant à des personnes qui sont a priori plus ou moins retors à ce genre d'éléments.

  • Speaker #0

    Après la scène, ça peut être une conférence, mais est-ce que l'humour lubrifie la pensée ?

  • Speaker #1

    Et bien non. Complètement, bravo pour ce petit clin d'œil. Oui, pour moi c'est vraiment une façon de... de la rendre digeste, accessible, lubrifiée, glissante, douce, agréable, complètement. Et pour autant, je n'ai pas non plus envie de tomber dans l'écueil inverse qui serait de faire de la blague pour de la blague. Le stand-up m'amuse et m'attire. Je pense que je suis un stand-uper totalement refoulé.

  • Speaker #0

    Dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement, j'aime beaucoup ça. Et c'est pour ça que là, j'ai fait appel à Papy, qui est un metteur en scène merveilleux, qui a beaucoup bossé avec des comiques, qui a lancé... Blanche Gardin, qui est un mec merveilleux, vraiment un homme adorable. Et donc je lui dis, voilà, j'aimerais bien qu'on prenne ces codes-là, qu'on les détourne un petit peu. Donc c'est lui qui a proposé une voix beaucoup plus usurée, vu qu'il est un type très intime, pas besoin de la porter. Mon frère m'a dit, on va le mettre tout au fond le micro. Et donc tous les collaborateurs que j'ai ont contribué à un peu tordre le cou à ce format-là. Mais donc ouais, l'humour c'est un vecteur je trouve merveilleux parce que ça met dans un état de détente je trouve. Le rire c'est un peu comme l'orgasme, c'est un peu comme se lâcher prise à ça extraordinaire où après on peut accueillir beaucoup plus, on est moins en méfiance, on est en confiance avec la personne avec qui on parle et qui nous donne du matériau et je trouve ça super parce qu'après en plus c'est la porte ouverte à d'autres émotions. je peux aussi emmener vers la réflexion, vers les larmes, vers l'émotion, et ça c'est merveilleux.

  • Speaker #0

    Comment ça se dose dans l'écriture, l'humour ? Parce que j'ai l'impression que c'est un peu comme en cuisine avec les piments.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Il y a un gros boulot d'écriture. Moi, j'écris toujours en amont. L'improvisation, elle vient vraiment quand je suis sur scène, mais avec vraiment un outil écrit très solide. Et après, effectivement, c'est en testant, en faisant. Là, j'accompagne un autre projet en écriture qui est en ce moment mis en capsule sur la honte. C'est deux clowns. On teste avec le public de façon manifeste. Déjà, il y a des trucs dont on a l'impression que c'est drôle et qu'ils ne le sont absolument pas. Il y a des virages qui ne sont pas pertinents. Il y a effectivement de la lourdeur qui se dégraisse du coup. Donc effectivement, le travail de plateau, on a eu cinq semaines de création. Ça, c'était crucial. Et je fais toujours venir beaucoup d'œils extérieurs. J'ai beaucoup de collaborateurs, j'ai plusieurs commetteurs en scène pour justement aussi confronter ça. Si j'en ai cinq qui me disent que cette vanne est à chier ou que cette scène ne sert à rien. Bon bah là l'humilité est obligatoire, je vais donc couper cette scène qui me semblait extraordinaire.

  • Speaker #0

    Je viens de remarquer un truc en vous écoutant que je n'avais pas remarqué pendant le spectacle, c'est cette petite pointe d'accent.

  • Speaker #1

    Ouais, que je gomme en dehors de la scène. Mais bon je me laisse aller pendant les interviews à faire revenir le sud-ouest avec moi. Effectivement, le Cap-Ferré, le bassin d'Arcachon et Bordeaux, j'ai fait ma prépa. C'est vraiment mon bassin et c'est un peu là, immanquablement.

  • Speaker #0

    Comment le théâtre, j'imagine qu'il y a des inspirations, des metteurs en scène, des metteuses, on sait. On a un panneau qui vient de tomber, tout va bien. C'est quoi le théâtre pour vous, comme comédien d'abord, et puis comme dramaturge ?

  • Speaker #1

    Eh bien, le théâtre comme comédien, c'est un conservatoire, 20e arrondissement, avec un prof extraordinaire, Pascal Parsat, qui avait une attention très rigoureuse à la langue, et qui avait une attention très rigoureuse à la langue, Audir, la prose audie, et pendant cette formation-là, c'est la découverte d'un univers avec l'immense variété des propositions du théâtre privé, du théâtre public, du théâtre de laboratoire, du théâtre de plateau, de l'écriture solo, collective. Et ça, c'est vrai que c'est un prisme dingue. Et il y a eu un moment, un concours interconservatoire organisé par le théâtre du Rond-Point et la ville de Paris, pour lequel j'étais lauréat, où on me proposait... d'écrire et mettre en scène des formes courtes. Et c'est pour la première fois, à ce moment-là, que j'écris un texte que je mets en scène, dans lequel je joue, et je découvre ce truc multicascette, et je me dis Waouh, c'est tellement jubilatoire ! C'est triplement vertigineux. Le moment où je fais un solo à 35 piges, et où vraiment je pars de ma vie et que j'essaie de dépasser, mais quand même, ma matière, c'est moi. Je me dis Si on ne m'aime pas, on me déteste. Donc vraiment, tu montres... ta culotte et tout ce qu'il y a en dessous. Donc ça, c'est vertigineux. Et en même temps, quand il y a la rencontre avec le public et que ça opère, c'est triplement jubilatoire.

  • Speaker #0

    Quand je travaillais sur votre portrait, j'avais l'impression qu'il y avait toute une partie dont je ne trouvais pas les traces. C'est comme si tout s'était fait un peu sur le tard. Est-ce que le théâtre, il a été là un peu quand vous étiez adolescent ? Ou est-ce que vraiment, tout chez vous, et je ne fais même pas allusion à votre sexualité parce que vous en parlez très bien dans vos spectacles, est arrivé un peu... A rebours ?

  • Speaker #1

    Alors, à rebours, je ne sais pas. En revanche, ce qui est certain, c'est que moi, venant d'un petit blé de province, le Cap-Ferrand, on le connaît parce que c'est chicot, c'est beau, mais l'hiver, on est 800 et le lycée, il est à trois quarts d'heure en bus. Il n'y a pas de théâtre. Donc, c'est des choses qui n'existent que peu ou pas. En prépa à Bordeaux, on bosse comme un bourrin. Donc, j'ai dû voir une caisse et demie et aller à deux, trois concerts classiques avec un beau père. Et quand j'arrive à Paris, donc du coup j'ai 21 ans, c'est là que je découvre tout ça. Et effectivement, je me prends un... un tsunami de jubilation. J'avais l'intuition, on a pu me dire Oui, t'es un peu le rigolo de la table, tu fais des blagounettes. Donc, c'est que j'avais cette petite cartouche. Mais de là à dire T'es drôle et on va faire un métier il y a quand même un autre truc. Et puis moi, en vrai, je suis venu au théâtre pour des raisons très mauvaises, très narcissiques. Je suis un ancien gros, je commençais à être à peu près joli et j'avais besoin qu'on me dise que j'étais beau. Et mon prof, d'ailleurs, m'a dit Si tu viens là pour qu'on me dise que t'es joli, tu vas vite t'emmerder, donc trouve de bonnes raisons de faire ce métier. Ce qui était un très bon... un très bon retour. Et du coup, c'est vrai que c'est venu tard, mais par contre, c'est venu avec l'aide que j'étais déjà, qui était très curieux, très boulimique, qui du coup a vu énormément de trucs, ses renseignements et a découvert des météorocènes majeures, a découvert des œuvres complètement dingues et j'avais ce bagage littéraire-là. Je connaissais le théâtre par la littérature et par la langue. On étudiait les racines, Shakespeare en prépa ou ailleurs. Donc ça, c'est des textes que je trouvais splendides. Et j'étais venu à de l'écriture en alexandrin par le cadre d'un prof de théâtre de français en première où j'avais mis le doigt là-dedans et ça m'avait vraiment éclaté. Mais oui, c'est vrai que c'est venu tard. Après, j'ai eu la chance que ce tard était quand même relatif parce que 21 ans, ce n'est pas la retraite. Mais... Mais c'est vrai que je voyais bien qu'en fin de formation, quand je vois des petits loulous qui ont 7, 8, 12 ans, qui sont au national à 18 ans, c'est sûr que ce n'est pas la même.

  • Speaker #0

    On va faire un petit vrai ou faux, Mickaël Delis.

  • Speaker #1

    Un vrai ou faux ? Vrai ou faux Michael Delis vous avez tenu un journal du confinement totalement vrai ouais j'en ai trouvé trace nulle part alors c'est normal en plus il était très suivi j'ai mes comptes qui ont été piratés Facebook et Instagram c'est donc ça c'est complètement ça donc du coup c'est vraiment une sorte de truc qui a été lu et partagé dont on me parle encore aujourd'hui mais qui donc est comme le spectacle vivant un souvenir j'avais 5000 personnes sur Facebook à peu près 2000 qui me suivaient et... pas autant mais quand même pas mal sur Instagram et pouf tout est disparu par un pirate venant d'Asie je crois que c'était Thaïlande donc voilà Mais c'était un exercice assez dingue et qui m'a donné pareil, et une ossature et une droiture et un plaisir de partage et de rapport au monde qui était génial. Et donc depuis ma petite fenêtre à Pantin à l'époque, j'observais ce que je pouvais observer. C'était un moment très particulier, mon père était malade, ma mère aussi. Mon médecin me dit que si je vais les voir, je vais les tuer. Vraiment des choses très dures, on ne savait rien à l'époque. Et donc voilà, on est coincé chez soi à penser le monde depuis sa fenêtre. Et c'était un beau moment, oui. Mais il n'y a pas de traces, bien sûr. Rien.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, Clémentine Célarier vous a embrassé sur la bouche.

  • Speaker #1

    Complètement vrai. Oui, j'étais chroniqueur pour C'est à vous, l'espace d'une année. Et je savais qu'elle était là, une des invitées. Elle jouait à l'époque, je crois, Une vie de mot passant. Et moi, j'avais vraiment un mémoire, j'avais fait un travail, un projet de série justement sur la PrEP et sur le SIDA. Et donc j'avais ces images d'elle embrassant cette personne séropositive. Et je trouvais ça tellement généreux, courageux pour l'époque et puis très spontané.

  • Speaker #0

    C'est un symbole dans le cadre du SIDA Action.

  • Speaker #1

    Très fort, en tout cas, surtout à l'époque où on était encore avec des connaissances plutôt floues. Et donc c'est vrai que quand je savais qu'elle était là, je voulais lui rendre cet hommage. J'étais hyper ému, j'avais envie de pleurer juste d'en parler. Et donc c'est vrai qu'il s'est passé ce truc-là à la fin. Ce petit baiser, ce petit bis repetita.

  • Speaker #0

    Une belle image.

  • Speaker #1

    Ah ouais, vraiment.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez inventé le concept de cul sociologique.

  • Speaker #1

    De cul sociologique ?

  • Speaker #0

    De cul sociologique.

  • Speaker #1

    Ah, de cul sociologique. En tout cas, je ne sais pas si je l'ai inventé.

  • Speaker #0

    Je définis cela comme cela.

  • Speaker #1

    Je trouve que le sexe et le rapport Chanel est une porte d'entrée pour comprendre l'autre et le monde. extraordinaire et que c'est un endroit où on découvre l'altérité de façon totale. Il y a une vraie mise à nu très concrète, mais aussi par le lâcher prise post-orgasme et par ce que tu vas donner à voir toi aussi dans l'échange. Ça raconte tellement de son rapport au corps, aux autres, au langage, à la façon de te livrer. Est-ce que tu reproduis des schémas que tu as vus ici ou là ? Est-ce que tu es curieux ? Est-ce que tu t'abandonnes ? Je trouve ça extraordinaire et ça raconte... De l'origine sociale, de l'origine socio-professionnelle, de l'ambition, du rapport au silence, à la tendresse. Je trouve que c'est une mine. comme la psychanalysie donc en gros après l'orgasme vous enregistrez les personnes en leur posant des questions alors ça m'est arrivé ouais j'en enregistrais certains ouais je demandais et ouais ouais parce que c'est là où je voulais en venir en fait écoute vraiment il y a un truc où vous tenez un concept de podcast bah oui peut-être alors ceci dit j'en ai écouté un d'ailleurs un mec bel génial qui fait un peu ça C'est pas vrai. Mais si, ouais, complètement. Qui est interrogé après. Mais c'est vrai que c'est un moment qui est extraordinaire, de grande confiance, où on peut se laisser aller à dire de la parole. Un truc.

  • Speaker #0

    Bon, écoutez, alors on va coucher ensemble et après je vous pose des questions. On commence à enregistrer juste après.

  • Speaker #1

    Mais maintenant que je suis complètement rangé des voitures avec un coup d'archi lambda énormé, compliqué de justifier ça à mon mec, de dire bon ok, je dois confier avec des personnes pour le boulot et ensuite je les écoute. Je vais tenter une négo après l'interview.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous faites un seul en scène pour des raisons économiques ?

  • Speaker #1

    Alors, entre autres choses, oui. Bien sûr, ce n'est absolument pas le moteur. Mais il y a une réalité très concrète, c'est que le monde du théâtre est un monde en crise totale, qu'on nous rabat les oreilles avec le fait qu'un spectacle à 4, 5, 6, 7, 8 comédiens, c'est beaucoup trop cher. Et que si on n'est pas financé ou par une grosse production, donc avec des gens très connus, ou par le service public avec la DRAC, donc ça veut dire qu'on n'est pas dans le serail vraiment des institutions. C'est extrêmement dur de monter un projet. Alors que quand tu es tout seul, déjà, tu peux le monter en autoproduction. Et si ça marche, moi, c'est ce qui s'est passé. Le ruissellement, il est à posteriori. Mais la première création, je l'ai faite sans un rond, en ne payant pas les copains, en ne me payant pas. Et après, les producteurs sont arrivés et la confiance est arrivée. Et donc, pour le deuxième volet, je suis produit, je suis payé. C'est merveilleux. Et la réalité, assez objective, quand on va à Avignon, l'été, c'est manifeste. L'essor des solos. il est complètement lié à des contraintes budgétaires. Parce que aller à Avignon, c'est une ruine. Se loger, c'est une ruine. Brouiller, c'est une ruine. J'avais fait des vidéos là-dessus avec mon frangin. Et donc, bien sûr que faire un Avignon tout seul, ça va déjà te coûter un bras. Mais si tu le fais à 8 et que tu produis le truc, tu es un homme tronc.

  • Speaker #0

    On a exactement les mêmes problématiques dans la musique où si vous faites un groupe à 5,

  • Speaker #1

    c'est très compliqué. Et c'est pour ça que l'opéra est à ce point cher. est ruineux parce que quand tu vois toutes les personnes que ça implique on comprend que les places soient de 100 balles parce qu'on ne peut pas payer ces gens là au delà du fait qu'il y ait des stars qui prennent 10 000 balles le cachet ou 40 mais c'est vrai que c'est impossible allez bim on balance mais c'est légitime quand t'as des niveaux de talent de carrière je comprends mais c'est vrai que quand t'es spectateur et que tu vois la fosse, les figurants le décor, oui je peux financer ça et donc le mec qui est tout seul avec son chiffon ou sa craie je parle de moi immanquablement, mon truc il vaut 3000 balles ou 2500 et tout le monde est payé avec ça. Donc c'est sûr que c'est incomparable.

  • Speaker #0

    Et au faux, vous aimeriez ne pas avoir à dormir ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, alors j'aime bien dormir, mais j'adorerais ne pas avoir à dormir parce que j'ai trop de choses à faire, à vivre, à partager, à voir. Et ouais, si je pouvais dormir que 5 heures, des fois j'arrive à tenir ce rythme, mais à la fin je suis quand même un peu naze. Mais ouais, ouais, bien sûr. Oui, pour suivre juste l'évolution de mon jardin, des plantes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est pour travailler.

  • Speaker #1

    Ah ben c'est les deux, parce que la contemplation, elle permet de nourrir le travail. Donc voilà, c'est vrai que si j'ai mon heure à regarder l'extérieur, pour ensuite me mettre à écrire et à lire, et à faire les expos, et après à... Non, bien sûr, c'est terrible. Je voudrais être... Non mais il faut que ce soit agréable le repos aussi. Je suis en train d'apprendre ça, d'apprendre le repos.

  • Speaker #0

    et pourtant vous êtes en ce moment en représentation donc il y a cette trilogie moi j'ai vu la fête du slip Quel va être le prochain ? Parce que le fait du slip, c'est le deuxième volet.

  • Speaker #1

    Alors du coup, je suis parti du premier sexe qui réfléchit sur le genre de façon plus globale. Le deuxième volet resserre sur le sexe biologique autour de la question de la performance via les réactions. Et le troisième volet resserre encore sur le slip avec les testicules et le sperme, en interrogeant du coup la transmission et la paternité. Parce que j'ai fait un parcours de dons de sperme. Et donc de ce que c'est que faire famille aujourd'hui, que d'être papa, qu'est-ce qu'on transmet. Le mien vient juste de mourir. Le lien était assez désastreux et en même temps plein de tendresse aussi très maladroite. Donc qu'est-ce qu'on donne en héritage et comment aujourd'hui on peut être une nouvelle figure paternelle qui sort de ce sacro-saint ou maudito-saint patriarcat ? Donc comment est-ce qu'on peut faire, sinon matriarcat, une nouvelle pensée de la transmission ? qui du coup va redéfinir le lien social.

  • Speaker #0

    Et tout ça avec de l'humour ?

  • Speaker #1

    On essaye, oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça représente à peu près plus de 4 heures de spectacle cumulées.

  • Speaker #1

    Ça va faire 3h45 à peu près, ou quasiment 4 heures. Je vais tester Avignon l'enchaînement des deux, et on va faire un enchaînement des trois, on va tenter ça à Paris en mai 2025.

  • Speaker #0

    En mai 2025. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est un vrai challenge. Comment on se prépare pour affronter, ne serait-ce que deux spectacles ?

  • Speaker #1

    Et bien, alors moi j'ai une vraie rigueur, je suis un peu un barjot à plein d'endroits, je fais pas mal de sport, là je suis en jogging parce qu'après je vais aller courir au parc des Guylans.

  • Speaker #0

    On me dit tu es un lancain gros, mais en fait vous êtes taillé comme une ablette.

  • Speaker #1

    Maintenant, mais du coup c'est beaucoup de névroses et beaucoup d'entretiens et pendant le jogging par exemple je fais toujours mon italienne d'intec, ça dure à peu près une heure donc là on est bien et oui ça suppose une rigueur et un peu un entraînement sportif parce que bah oui c'est exigeant. deux heures de plateau, une heure et quart tout seul, on est en âge à la fin, on donne beaucoup de choses. Mais il y a un truc qui est très agréable avec le solo, c'est que, surtout là, avec ce prisme-là de l'intime et de... Moi je ramène sur scène ma famille, mes potes, des gens fantasmés mais que j'aime bien. Et du coup il y a quelque chose de très doux. Et donc à la fin c'est très exaltant. Et à Avignon l'an dernier ça marchait très bien. Et il y avait des listes d'attente tous les soirs. Et du coup il y a bien des soirs où j'aurais dit mais si il y avait encore un créneau derrière, je l'aurais fait dans la foulée pour le rejouer, le repartager. Donc il est très exaltant.

  • Speaker #0

    C'est au horizon de jouer ?

  • Speaker #1

    Ouais vraiment, vraiment, vraiment. Ah bah ça crée de la dopamine à 2000, c'est une petite drogue. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Déjà, moi je ne m'y attendais pas, mais c'est vrai que ça se fait beaucoup en ce moment dans le théâtre et déjà les comédiens sont déjà sur scène quand le... quand les spectateurs arrivent. Mais vous, vous les accueillez. C'est-à-dire qu'à bras ouverts, reconnaissant l'un, faisant un signal à l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Pour celui-là, justement, pour le premier, je suis planqué, je dis ma peur au micro et c'est affreux. Je ne sais pas pourquoi je fais ce métier, j'ai la colique et tout ça. Et là je me dis tiens on va essayer de trouver ça, c'est mon frère qui a trouvé ça, qui m'a beaucoup aidé sur la mise en scène en dernière instance, et on s'est dit comme on est quelque chose de très intime, qui pourrait être un peu inhibant, un peu braquant, comment est-ce qu'on peut accueillir au max... Chaleureusement ? Ouais chaleureusement, en désérotisant le propos, donc en étant dans un jogging un peu large, en disant voilà c'est une pyjama party limite quoi, donc de dire bon ça sera sûrement exigeant et on va passer par des choses un peu particulières mais... On met dans un cadre, c'est un peu en littérature, on parle du pack de narration. Et là, c'est un peu le pack du spectateur de vous dire, on va passer un moment chill et cool. Donc voilà, tranquille.

  • Speaker #0

    Détendez-vous, ça va bien se passer, comme disent les autres. Ouais,

  • Speaker #1

    exactement, complètement. Donc voilà, installez-vous, c'est cool. Quand je connais des gens, je suis content. À Bordeaux, je faisais carrément la bise au champ. Donc ouais, c'est créé en contexte. Oui, mais déjà en détente.

  • Speaker #0

    Ces spectateurs, quand vous les connaissez, ça se passe comment ? Ceux que vous évoquez, votre mère est venue voir votre spectacle ?

  • Speaker #1

    Ma mère qui est assez malade, c'est compliqué, elle ne peut plus venir à Paris. Bon, elle apparaissait au moment où je pleure, mais ce n'est pas grave. Et du coup, j'ai eu la chance de pouvoir le créer dans le Sud-Ouest, le spectacle. Elle a pu voir le tout premier volet. elle était au premier rang on était en extérieur avec ses béquilles et une amie puis à la fin elle s'est levée elle a dit c'est moi et je dis oh ça va c'est bon et surtout comme je dis souvent en interview ma maman et mon frère ce sont des personnes avec qui je lis régulièrement mes textes vu qu'ils sont impliqués mais aussi parce que j'ai une complicité folle avec eux et que j'ai besoin de leur regard et des fois j'ai des vétos que je questionne aussi en me disant pourquoi je mets pas ça mais non maman tout le monde le prend bien et aussi pour une raison qui est la suivante que L'un et l'autre, je prends mon frère et ma mère pour le moment, comprennent que c'est plus grand que juste montrer sa culotte et aller raconter.

  • Speaker #0

    C'est pas qu'un spectacle thérapie. Non, pas du tout. C'est pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Et que les problématiques sont plus larges, que ça implique l'universel, qu'on essaye de tisser des liens et que je tords à plein d'endroits aussi le réel. Bien sûr que... il est très présent, mais la fiction permet de créer de la friction, et du coup m'offre de transformer et de voir plus grand que le petit règlement de famille. Donc pour ça, ils acceptent.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait répondre à quelqu'un qui dirait... Évidemment, c'est un homme, donc il parle de son sexe. Vous, les hommes, vous ne parlez que de ça. Vous ne pensez qu'à ça. Eh bien,

  • Speaker #1

    justement, c'est un peu partir... de se présupposer, on pense qu'à ça, mais en fait on ne le pense pas, et on le pense pas bien. Donc comment est-ce que ce qu'on a instauré, mis comme une sorte de topos social, ou instinctif, ou naturel, on bande sans arrêt, il faut qu'on assouvisse notre truc, comment est-ce qu'on peut aller plus loin que cette mauvaise excuse de ma bite se dresse, donc elle est toute puissante ? Et comment est-ce qu'on peut réfléchir et mettre en perspective le fait que ce sont des choses qui nous oppressent, nous dépassent, oppressent l'autre genre ? Physiquement ? Complètement, oui. Et puis avec des trucs en plus très concrets. C'est un chapitre que j'ai dû enlever parce qu'à un moment le spectacle ne pouvait pas faire 18 heures, mais je parlais du priapisme. qui nous a été vendu avec ce dieu priable avec son gros sexe en direction sans arrêt et le priapisme aujourd'hui concrètement c'est une maladie une personne qui est en soupe elle va aux urgences ça dure 4 heures, c'est une torture c'est insoulageable et c'est une piqûre dans la verge pour détumifier le sexe donc là encore c'est des mythologies de représentation c'est à dire du sexe dur tout puissant en vrai c'est une objective maladique donc il faut accepter que ça se reste de temps en temps pour du plaisir ou pas et que c'est pas très grave Et donc voilà, je pense que j'ai un peu digressé là.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est très bien, c'est très bien. Est-ce qu'un hétéro aurait pu écrire un pareil spectacle ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de croire que oui, parce que j'aime pas la pensée identitaire qui viserait à cloisonner les orientations et les genres.

  • Speaker #0

    Je me permets de préciser ça parce que vous annoncez sur scène votre sexualité. Votre préférence, c'est pour cela.

  • Speaker #1

    Totalement, et puis d'ailleurs, c'est ce qu'ont pu me sortir des amis féministes ou d'autres critiques, de dire que... Cette parole-là, elle est prise en charge par un mec homo parce qu'il y a quand même un silence global chez les hétéros, ce que je pointe à la fin du spectacle d'ailleurs, ce silence des hommes, des pères, des frères, où le moment critique sur soi est encore très timide. Et ce n'est pas anodin que ça vienne de la part d'un homme qui a vécu le rejet et l'oppression au même endroit que les femmes, parce que, ça j'explique dans le premier volet, l'homophobie procède du même rejet que la misogynie, c'est ce qu'on aime. c'est le féminin qu'on n'aime pas chez l'homosexuel et qu'on ne tolère pas et qu'on met au banc. Donc c'est sûr que c'est pas que ça facilite mais que ça peut légitimer ou justifier cette prise de parole là, sur le genre masculin et que pour l'heure, les hommes qui parlent d'eux-mêmes, quand j'ai travaillé sur le premier sexe, le premier sexe qui existe sur lequel je tombe, c'est celui d'Éric Zemmour qui est un torchon. de 200 maigres pages, écrit en police 18, alors que Simone de Beauvoir se fend de deux tomes en police 6, de 400 pages, brillantissime et renseignée, lui donne son avis en disant des inepties sur les homosexuels qui coiffent et habillent les gens et qui rendent mou la masculinité dominante. Donc c'est vrai que pour le moment, le discours critique n'est pas vraiment pris en charge. Ce que déplore Virginie Despentes à la fin de King Kong Theory, Françoise Héritier dans Masculin Féminin, quand est-ce que les hommes s'en saisissent ? Andréa Bescon le dit remarquablement aussi, et dans ses spectacles et dans ses interviews, c'est quand les mecs que vous en occupez ? Et c'est vrai que tant que nous on ne prend pas ça en charge, ça va stagner. Donc là, il y a des choses qui se passent, il y a un peu de discours, un peu même de réflexion et de spectacle qui se mettent à parler de ça, voire beaucoup. Mais oui, la parole hétéro là-dessus décomplexée, ou en tout cas, qui arrive à interroger... Si, il y a Mansplaining qui fait un super boulot, par exemple, en podcast.

  • Speaker #0

    Je me demandais si c'était plus simple pour un homosexuel. Et en même temps, je sais que le côté d'une masculinité très présente, elle est très forte dans le milieu homo également, dans le milieu gay. C'est très fort pour vous d'arriver à essayer de remettre en question tout cela.

  • Speaker #1

    Oui, en tout cas, c'est sûr qu'on ne peut pas faire d'angélisme en se disant Oui, les homosexuels opprimés ont une parole beaucoup plus ouverte et déconstruite. Quand on est sur les applications de rencontres et ou juste dans des bars ou que sais-je, on voit bien qu'on est les premiers à être souvent archi-virilistes, super réacs, homophobes aussi, parce que ça, je le mets dans le premier spectacle. Le nombre d'homo qui ne supportent pas les mecs trop féminins, les tapettes ou les divas. Il y a des mecs sur les applis de rencontre qui disent non aux blacks, aux asiates et aux divas. Et aux tapettes. Et tu te dis wow.

  • Speaker #0

    C'est trash.

  • Speaker #1

    C'est d'une immense violence. On n'a pas l'apanage de l'ouverture d'esprit et d'intelligence. On a nos blaireaux nous aussi et nos débiles. Comme chez les hétéros, il y a des gens brillants et des gens stupides. Et donc là, c'est vrai qu'à l'endroit de cette communauté... Il y a aussi un décrassage monstrueux à faire sur la pensée et sur une acceptation aussi de la tendresse, la différence. Il y a ce culte du corps hyper gaulé. Un mec vieux, gros et qui n'est pas bourré de fric, il n'a pas grand... Mais comme on le met pareil chez les hétéros, sur le marché du sexe et de l'amour, ça va être plus compliqué. Ce qui est tragique. Le mec est peut-être passionnant. Donc oui, on a un gros taf à faire nous aussi.

  • Speaker #0

    D'où la...

  • Speaker #1

    d'où le côté universaliste finalement de ce spectacle on va parler à chacun j'espère et là c'est vrai que et Papy de Trapp et mon frère ils sont très vigilants à ça et puis ça c'est super pour le coup dans mon équipe c'est beau parce que là j'étais entouré d'hommes et d'hommes qui font mentir à cette masculinité dominante de Papy qui a une soixantaine d'années à mon frère jumeau à un chorégraphe plus jeune et je dis bon en fait c'est quand même très rassurant de dire qu'il y a de la tendresse, de la douceur, une acceptation de ce discours. Et ça, c'est vraiment, vraiment réjouissant. Et c'est vrai que les deux, Papi et David, ils ont été super sur ce truc de... Mon frère, il dit toujours, moi, je suis la caution hétéro-beauf, qui n'aime pas trop le théâtre. Donc, j'ai besoin d'être sûr qu'on ne m'engueule pas et qu'on ne me dit pas ouais. T'es une sorte de grenaze, de boomer à rayer de la carte. Il me dit j'ai envie d'être invité dans ton spectacle. Et donc, des fois je suis un peu trop dogmatique ou un peu politique. Il me dit, ok, comment tu l'arrondis ? Comment tu le passes par le jeu, par la scène, sans nous donner des chiffres, en disant c'est mal ? Et ça justement pour tirer vers l'universel. L'hétéro, le bi, le pédé, l'asexuel, que tout le monde puisse s'y retrouver en termes d'orientation et en termes de genre. Parce que l'oppression, la domination, elle n'a pas de couleur. Et la bêtise, pareil. Donc on peut totalement la désinquiéter d'où qu'on vienne.

  • Speaker #0

    ça concerne tout le monde on va faire un peu de fiction on va imaginer que finalement vous ne faites plus de théâtre et vous avez envie de reprendre un café d'ailleurs vous auriez fait quoi si ça n'aurait pas été alors avant ça moi je devais être prof en fac prof

  • Speaker #1

    d'anglais, de littérature j'avais fait une maîtrise sur Emily Dickinson en poétique américaine et je me préparais quelque chose entre la grammaire et la littérature sur le présent de narration chez Virginia Woolf et des fois je me dis quand je mesure la violence de mon métier, de mon milieu si jamais il fallait arrêter question qu'on a dû tous se poser avec le confinement quand on nous renvoie le fait que nous ne sommes absolument pas essentiels j'y tiens paysagiste, fleuriste ça ça m'éclaterait par exemple mais je lirais toujours des trucs et puis je dirais des poèmes à mes plantes quoi bon alors fleuriste dans un café on va dire ça je vous pose trois questions en rapport avec l'univers du café ok

  • Speaker #0

    En tout cas de la boisson et tout ça. Vous êtes serveur. C'est de la fiction.

  • Speaker #1

    Je vais me projeter.

  • Speaker #0

    Et un coup, la table vous dit Sex on the Beach, Pornstar Martini. Qu'est-ce qu'il se passe ?

  • Speaker #1

    Pornstar Martini. Je dis, mais alors, apprenez-moi la recette. Sex on the Beach, pas de problème. Et puis après, on peut négocier un after un peu ludique et rigolo sur la plage et réfléchir tous ensemble.

  • Speaker #0

    On devient d'accord, ce sont des noms de...

  • Speaker #1

    Cocktails. Je ne connaissais pas le Pornmartini bidule.

  • Speaker #0

    Le Pornstar Martini.

  • Speaker #1

    C'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    J'aurais dû le noter, j'ai pas noté.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est un vrai cocktail. Ça éveille les curiosités.

  • Speaker #0

    Alors, qui commandait, dit-on, c'est une légende urbaine, mais qui commandait des lait fraises à la Brasse-Mille à Coupole ?

  • Speaker #1

    Je n'en sais pas rien du tout. Coupole, 6e ?

  • Speaker #0

    C'est à Montparnasse.

  • Speaker #1

    Ouais, donc c'est la bande à Cocteau. En fait...

  • Speaker #0

    On le rapporte dans pas mal de livres, puis c'est devenu une légende urbaine, c'est-à-dire qu'il y avait des gigolos, comme on a un léphrèse, c'était une indication pour que certaines femmes les reconnaissent.

  • Speaker #1

    Si j'avais su...

  • Speaker #0

    Non mais je l'ai étayé, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Merde. On est désolé. Et qu'on le dise aux gigolos, qui n'ont heureusement plus besoin de léphrèse grâce à ces applications, et font de l'argent bien autrement.

  • Speaker #0

    Il y a une application.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a tout ce qu'il faut. Non mais aujourd'hui, sur les applications de rencontres masculines, il y a beaucoup de mecs qui... spécifié avec un petit diamant pour celles et ceux qui ne savent pas qu'ils sont alloués. et qu'ils sont tarifs et tarifs comme Dieu qu'est-ce que la longueur en bouche enfin en matière de vin c'est quand le fruit ou le tannin demeure dans le palais et que le parfum résonne

  • Speaker #0

    de façon pérenne pour ne pas dire longue on voit l'amateur de Bordeaux la persistance des arômes et des saveurs du vin après l'avoir avalé exactement merci On rappelle ce qui va se passer sur ce spectacle au-delà de la fête du slip. Donc là, bientôt.

  • Speaker #1

    Alors là, bientôt. Déjà, on est à Avignon du 3 juillet au 21 juillet dans le off à Avignon Rennes-Blanche avec du coup les deux volets qui vont se jouer consécutivement à 20h15 et 21h45. Et ensuite, le premier volet de la trilogie sera à la Scala les mardis et mercredis du 17 septembre. au 27 novembre qui vient d'être refaite un beau boulot de programmation ça c'est dans la Picola qui est une superbe salle qui va venir vous voir c'est une grande salle 165 personnes par soir si tout se passe bien on est pas sûr mais on a envie de croire je suis très très heureux j'ai beaucoup de chance et il y a une quinzaine de dates de tournée entre la France et la Suisse pour le moment on va voir ce qu'Avignon va donner en plus je suis très très gâté Et le troisième volet sera créé en mai-juin à l'Arène Blanche Paris, avec aussi un projet de jouer les poils à que le le, voir ce que ça donne et si on survit. Et moi et les spectateurs à cette belle expérience.

  • Speaker #0

    Eh bien bravo et merci beaucoup Michel et Lys. Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo,

  • Speaker #1

    on s'en fout.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    ça nous offre de la visibilité.

  • Speaker #0

    Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très bientôt pour un nouveau café.

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  • vrai ou faux

    15:55

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Description

J'ai interviewé le comédien et metteur en scène qui remet en question la virilité masculine au théâtre, le talentueux Mickaël Delis au café La Requinque 33 Rue Désiré Préaux à Montreuil (93).


Mon invité du jour était tellement engagé  dans  la question du féminisme qu’il aurait pu  passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s’occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s’occuper de sa bite.

 

Et c’est précisément ce qu’il a fait dans le lieu qu’il connaît le mieux, dans son temple sacré,  le théâtre. C’est en effet à la suite d’une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif  a eu l’idée  d'écrire , de mettre en scène et de jouer  une  certaine trilogie... son  thème ? le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle  . Ainsi sur scène cet auteur interprète ne cache en apparence rien de ses turpitudes, de ses obsessions , ou de son corps. C'est  sans compromis,  dans une mise à nu totale  de lui-même et de ceux qui l’entourent , qu’il s'engage avec son spectacle .

 

Ce quadragénaire, ancien kâgneux originaire du Cap Ferret développe  sur scène une réflexion sur la masculinité, démantèle  le système patriarcal autour du culte de la virilité, et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe .

Lui, se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant c'est plutôt à cause de  sa volonté d'aller  toujours plus loin  dans la déconstruction des points de vue  simplistes sur la sexualité qu'il se laisse  entraîner dans  des circonvolutions mentales absolument maîtrisées.  L'exercice de voltige pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté  nécessite d'être agile  surtout quand on a décidé , comme lui,  de traiter le sujet sous l'angle  de l’humour. Mais l'homme  est un excellent acrobate! Car oui, ses spectacles sont drôles sans etre vulgaires. Les idees fixes relatives à la taille ou la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision,  tandis que  son propre goût  obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus il utilise une langue libre qui , elle, donne beaucoup du plaisir !

A l’heure où la parole des femmes se libère en  faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité  de la prison  dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes . 

 

« on ne naît pas homme, on le devient ». Cette phrase d’Erasme qui avait inspiré le premier opus  de sa trilogie sied particulièrement à cet homme qui raconte qu’enfant, on le prenait pour une petite fille. Ses spectacles semblent dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général  et de  la sienne  en particulier   afin de mieux définir le genre de son genre. 

 

Et c’est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement,  que j’ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir


Emission présenté par Alexis Himeros

https://instagram.com/alexishimeros


Avec Mickaël Delis

https://www.instagram.com/delismickael/

https://mickaeldelis.book.fr


Les dates et lieux pour voir ses spectacles :

  • Du 3 au 21 juillet à Avignon : Reine Blanche avec Le Premier Sexe ou Al grosse arnaque de la virilité à 20h15 puis la Fete du Slip ou le pipo de la puissance a 21h45 (relâches les lundis),

  • Du 17 Septembre au 27 Novembre reprise du Premier Sexe à La Scala Paris les mardis et mercredis a 19h15,

  • Mai et juin 2025. création du 3eme volet Les paillettes de leurs vies, à la Reine Blanche Paris


merci au café La requinque

https://www.facebook.com/p/La-Requinque-100063704876839/


 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Yémeros et vous écoutez Un Café au Comptoir. Mon invité du jour était tellement engagé dans la question du féminisme qu'il aurait pu passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s'occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s'occuper de sa bite. Et c'est précisément ce qu'il a fait, dans le lieu qu'il connaît le mieux, dans son temple sacré, le théâtre. C'est en effet à la suite d'une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif a eu l'idée d'écrire, de mettre en scène et de jouer une certaine trilogie. Son thème, le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle. Ainsi, sur scène, cet auteur interprète, en apparence, ne cache rien de ses turpitudes, de ses obsessions ou de son corps, ses sans-compromis, dans une mise à nu totale de lui-même et de ceux qui l'entourent, qu'il s'engage avec son spectacle. Ce quadragénaire, ancien cagneux, originaire du Cap-Péret, développe sur scène une réflexion sur la masculinité. démantèle le système patriarcal autour du culte de la véridité et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe. Lui se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant, c'est plutôt à cause de sa volonté d'aller toujours plus loin dans la déconstruction des points de vue simplistes sur la sexualité qu'il se laisse entraîner dans des circonvolutions mentales absolument maîtrisées. L'exercice de voltige, pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté, nécessite d'être agile, surtout quand on a décidé, comme lui, de traiter le sujet sous l'angle de l'humour. Eh ben oui ! Mais l'homme est un excellent acrobate, car oui, ses spectacles sont drôles, sans être vulgaires. Les idées fixes relatives à la taille ou à la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision, tandis que son propre goût obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus, il utilise une langue libre qui, elle, donne beaucoup de plaisir. A l'heure où la parole des femmes se libère en faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité de la prison dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes. On ne naît pas homme, on le devient, cette phrase d'Erasme qui avait inspiré le premier opus de sa trilogie, si est particulièrement à cet homme qui raconte qu'enfant on le prenait pour une petite fille. Ces spectacles semble dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général, et de la sienne en particulier, afin de mieux définir le genre de son genre. Et c'est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement, que j'ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir. Bonjour Michael Délice.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, mais quelle introduction ! La critique de la raison dure, quand doit nous regarder de loin et se retourner dans sa tombette ? Quand il veut,

  • Speaker #0

    quand il veut. Quel est le meilleur moment, la meilleure position pour écrire, quand on s'appelle Mickaël Delis, pour écrire dans un café ou ailleurs ?

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a vraiment un meilleur moment ? Il y a des meilleures conditions. Moi, j'ai besoin d'être assez autiste et très seul. Donc, quand je peux m'isoler dans une maison, accessoirement avec une vue sur un jardin, de l'air, du soleil et de la lumière, là, je suis très, très heureux. Et le meilleur moment, c'est quand ça brûle et qu'on a juste besoin de mettre sur l'ordinateur, sur papier, tout ce qui fait cuisine dans le ventre.

  • Speaker #0

    Donc pas dans un café.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup écrit dans un cachet. Quand j'étais étudiant et que j'avais des appartements plus petits que l'énorme palais dans lequel je vis aujourd'hui. Et j'adorais parce que c'est aussi un endroit... Des fois, je me posais même en dehors de toute écriture à vocation théâtrale juste pour observer et entendre. C'est un foyer merveilleux. Et il y a un très beau film qui s'appelle Oslo 31, je crois. Il faut que j'ai vérifié le titre. Où il y a une scène comme ça avec un... avec un plan séquence où la caméra se balade et on n'a que le son. Et on entend ce qui se dit d'une table à l'autre. Je trouve ça magnifique, ça. Moi, je pourrais juste être spectateur permanent de ce qui se passe dans un café ou un resto.

  • Speaker #0

    Alors souvent, on parle du côté spectateur, de la personne qui écrit dans les cafés. Moi, j'écris beaucoup dans les cafés, dans les restaurants. Et souvent, il y a des personnes qui regardent ce que j'écris. Est-ce que quand on écrit sur la sexualité, quelquefois, il y a des regards un peu qui se perdent sur votre écran et qui peuvent provoquer une certaine... confusion, un étonnement ?

  • Speaker #1

    Alors, je dois avouer que j'écris aussi beaucoup dans le train parce que je me déplace pas mal et qu'il y a certains moments, sur certains de mes écrits, je me dis, bon là, la personne d'à côté, je vais quand même un peu changer un peu l'axe de l'ordinateur. Là, je suis vraiment en train de parler de verge, de taille et d'érection. Est-ce que je devrais vraiment assumer que la vieille dame ou le jeune ado fasse un petit eye-dropping ? Donc voilà, des fois, j'ai ce petit bout de conscience et puis quand on est vraiment dedans, on s'en tape et on se dit, bon, mais tant pis, ils iront. Mais des fois on a envie de leur dire c'est un work in progress, c'est pas forcément le résultat. Attendez, attendez, venez voir le spectacle dans 8 mois.

  • Speaker #0

    Je vais rajouter ce mot à mon répertoire de mots, mon glossaire.

  • Speaker #1

    Eyedropping Je viens de l'inventer pour vous. Parce que j'avais eyedroppé je dis qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Et c'est nul de faire des anglicismes, mais bon, c'est pas grave. Voilà, c'est cadeau.

  • Speaker #0

    Écrire sur la sexualité, c'est quelque chose, parce que je disais dans le portrait que je vous ai consacré, que vous écriviez sur le féminisme, mais finalement, c'est très lié. Vous n'écrivez que là-dessus ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Il se trouve que j'ai eu une carte blanche qui m'a été offerte il y a maintenant 5-6 ans par le tête de la loge qui était à l'époque dirigée par Alice Vivier et Lucas Bonifay. Et c'est des problématiques qui m'ont toujours traversé parce que je viens d'un milieu élevé par des femmes extrêmement inspirantes et très puissantes qui sont venues faire mentir tous les topos sur les figures masculines censées être les guides. Et donc dans toutes les pièces que j'ai écrites, il y avait sinon des réflexions, au moins des clins d'œil. ou des envies ou besoin de rendre hommage à ces femmes-là, jusqu'à réaliser que, de fait, les hommes prenaient peu ou pas en charge la réflexion sur leur propre genre, et qu'il y avait ici un continent vraiment vide, noir ou inexistant à explorer. Et quand j'ai commencé à mettre le doigt à leur paille dedans, j'ai vu tout ce qu'il y avait à faire, et tout ce que ça offre aussi de liberté, de réinvention et de production. Et ça, c'était assez jubilatoire. Donc il y a eu ce premier volet qui était le premier sexe. vraiment penser le genre et après le deuxième volet qui très vite s'est inscrit dans un projet de trilogie et où la sexualité et le sexe biologique et la masculinité et la réflexion avec tous ces concepts vient épouser la pensée féministe qui a été diffuse dans ma famille grâce à ma mère, ma grand-mère et d'autres personnes très fortes.

  • Speaker #0

    Pourquoi le théâtre et pas un essai finalement ? Que vous auriez pu passer là et puis devenir très sérieux, quelque chose de presque sociologique.

  • Speaker #1

    Et c'était en plus un peu ma formation initiale. Moi, je viens d'une classe préparatoire, je devais être prof à la fac à la base, en littérature américaine. Et j'ai ce plaisir-là d'écriture et d'essai. Mais c'est vrai que le travail et le moment de carrière où je suis, et ma formation aussi au conservatoire, m'ont fait prendre conscience de... d'une forme très extraordinaire pour faire passer de la pensée, du discours critique, de façon ludique, vivante. Et en plus en convoquant l'intime et que c'est un endroit, le théâtre, de résolution assez extraordinaire pour vouloir inviter dans la chambre de la pensée, cette chambre à soi dont parle Virginia Woolf qui est un peu la chambre, la mienne, où j'invite les gens pour parler de mes déboires sexuels qui ouvrent sur plus large et universel avec le genre et le rapport à la performance. Et donc... La scène est un outil extraordinaire pour être beaucoup plus digeste, accessible, invitant, généreux qu'un objet théorique, un essai. Et Dieu sait que j'en lis et que j'aime ça. Mais c'est vrai que donner un petit pavé de 300 pages écrits minuscules peut être un peu rebutant à des personnes qui sont a priori plus ou moins retors à ce genre d'éléments.

  • Speaker #0

    Après la scène, ça peut être une conférence, mais est-ce que l'humour lubrifie la pensée ?

  • Speaker #1

    Et bien non. Complètement, bravo pour ce petit clin d'œil. Oui, pour moi c'est vraiment une façon de... de la rendre digeste, accessible, lubrifiée, glissante, douce, agréable, complètement. Et pour autant, je n'ai pas non plus envie de tomber dans l'écueil inverse qui serait de faire de la blague pour de la blague. Le stand-up m'amuse et m'attire. Je pense que je suis un stand-uper totalement refoulé.

  • Speaker #0

    Dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement, j'aime beaucoup ça. Et c'est pour ça que là, j'ai fait appel à Papy, qui est un metteur en scène merveilleux, qui a beaucoup bossé avec des comiques, qui a lancé... Blanche Gardin, qui est un mec merveilleux, vraiment un homme adorable. Et donc je lui dis, voilà, j'aimerais bien qu'on prenne ces codes-là, qu'on les détourne un petit peu. Donc c'est lui qui a proposé une voix beaucoup plus usurée, vu qu'il est un type très intime, pas besoin de la porter. Mon frère m'a dit, on va le mettre tout au fond le micro. Et donc tous les collaborateurs que j'ai ont contribué à un peu tordre le cou à ce format-là. Mais donc ouais, l'humour c'est un vecteur je trouve merveilleux parce que ça met dans un état de détente je trouve. Le rire c'est un peu comme l'orgasme, c'est un peu comme se lâcher prise à ça extraordinaire où après on peut accueillir beaucoup plus, on est moins en méfiance, on est en confiance avec la personne avec qui on parle et qui nous donne du matériau et je trouve ça super parce qu'après en plus c'est la porte ouverte à d'autres émotions. je peux aussi emmener vers la réflexion, vers les larmes, vers l'émotion, et ça c'est merveilleux.

  • Speaker #0

    Comment ça se dose dans l'écriture, l'humour ? Parce que j'ai l'impression que c'est un peu comme en cuisine avec les piments.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Il y a un gros boulot d'écriture. Moi, j'écris toujours en amont. L'improvisation, elle vient vraiment quand je suis sur scène, mais avec vraiment un outil écrit très solide. Et après, effectivement, c'est en testant, en faisant. Là, j'accompagne un autre projet en écriture qui est en ce moment mis en capsule sur la honte. C'est deux clowns. On teste avec le public de façon manifeste. Déjà, il y a des trucs dont on a l'impression que c'est drôle et qu'ils ne le sont absolument pas. Il y a des virages qui ne sont pas pertinents. Il y a effectivement de la lourdeur qui se dégraisse du coup. Donc effectivement, le travail de plateau, on a eu cinq semaines de création. Ça, c'était crucial. Et je fais toujours venir beaucoup d'œils extérieurs. J'ai beaucoup de collaborateurs, j'ai plusieurs commetteurs en scène pour justement aussi confronter ça. Si j'en ai cinq qui me disent que cette vanne est à chier ou que cette scène ne sert à rien. Bon bah là l'humilité est obligatoire, je vais donc couper cette scène qui me semblait extraordinaire.

  • Speaker #0

    Je viens de remarquer un truc en vous écoutant que je n'avais pas remarqué pendant le spectacle, c'est cette petite pointe d'accent.

  • Speaker #1

    Ouais, que je gomme en dehors de la scène. Mais bon je me laisse aller pendant les interviews à faire revenir le sud-ouest avec moi. Effectivement, le Cap-Ferré, le bassin d'Arcachon et Bordeaux, j'ai fait ma prépa. C'est vraiment mon bassin et c'est un peu là, immanquablement.

  • Speaker #0

    Comment le théâtre, j'imagine qu'il y a des inspirations, des metteurs en scène, des metteuses, on sait. On a un panneau qui vient de tomber, tout va bien. C'est quoi le théâtre pour vous, comme comédien d'abord, et puis comme dramaturge ?

  • Speaker #1

    Eh bien, le théâtre comme comédien, c'est un conservatoire, 20e arrondissement, avec un prof extraordinaire, Pascal Parsat, qui avait une attention très rigoureuse à la langue, et qui avait une attention très rigoureuse à la langue, Audir, la prose audie, et pendant cette formation-là, c'est la découverte d'un univers avec l'immense variété des propositions du théâtre privé, du théâtre public, du théâtre de laboratoire, du théâtre de plateau, de l'écriture solo, collective. Et ça, c'est vrai que c'est un prisme dingue. Et il y a eu un moment, un concours interconservatoire organisé par le théâtre du Rond-Point et la ville de Paris, pour lequel j'étais lauréat, où on me proposait... d'écrire et mettre en scène des formes courtes. Et c'est pour la première fois, à ce moment-là, que j'écris un texte que je mets en scène, dans lequel je joue, et je découvre ce truc multicascette, et je me dis Waouh, c'est tellement jubilatoire ! C'est triplement vertigineux. Le moment où je fais un solo à 35 piges, et où vraiment je pars de ma vie et que j'essaie de dépasser, mais quand même, ma matière, c'est moi. Je me dis Si on ne m'aime pas, on me déteste. Donc vraiment, tu montres... ta culotte et tout ce qu'il y a en dessous. Donc ça, c'est vertigineux. Et en même temps, quand il y a la rencontre avec le public et que ça opère, c'est triplement jubilatoire.

  • Speaker #0

    Quand je travaillais sur votre portrait, j'avais l'impression qu'il y avait toute une partie dont je ne trouvais pas les traces. C'est comme si tout s'était fait un peu sur le tard. Est-ce que le théâtre, il a été là un peu quand vous étiez adolescent ? Ou est-ce que vraiment, tout chez vous, et je ne fais même pas allusion à votre sexualité parce que vous en parlez très bien dans vos spectacles, est arrivé un peu... A rebours ?

  • Speaker #1

    Alors, à rebours, je ne sais pas. En revanche, ce qui est certain, c'est que moi, venant d'un petit blé de province, le Cap-Ferrand, on le connaît parce que c'est chicot, c'est beau, mais l'hiver, on est 800 et le lycée, il est à trois quarts d'heure en bus. Il n'y a pas de théâtre. Donc, c'est des choses qui n'existent que peu ou pas. En prépa à Bordeaux, on bosse comme un bourrin. Donc, j'ai dû voir une caisse et demie et aller à deux, trois concerts classiques avec un beau père. Et quand j'arrive à Paris, donc du coup j'ai 21 ans, c'est là que je découvre tout ça. Et effectivement, je me prends un... un tsunami de jubilation. J'avais l'intuition, on a pu me dire Oui, t'es un peu le rigolo de la table, tu fais des blagounettes. Donc, c'est que j'avais cette petite cartouche. Mais de là à dire T'es drôle et on va faire un métier il y a quand même un autre truc. Et puis moi, en vrai, je suis venu au théâtre pour des raisons très mauvaises, très narcissiques. Je suis un ancien gros, je commençais à être à peu près joli et j'avais besoin qu'on me dise que j'étais beau. Et mon prof, d'ailleurs, m'a dit Si tu viens là pour qu'on me dise que t'es joli, tu vas vite t'emmerder, donc trouve de bonnes raisons de faire ce métier. Ce qui était un très bon... un très bon retour. Et du coup, c'est vrai que c'est venu tard, mais par contre, c'est venu avec l'aide que j'étais déjà, qui était très curieux, très boulimique, qui du coup a vu énormément de trucs, ses renseignements et a découvert des météorocènes majeures, a découvert des œuvres complètement dingues et j'avais ce bagage littéraire-là. Je connaissais le théâtre par la littérature et par la langue. On étudiait les racines, Shakespeare en prépa ou ailleurs. Donc ça, c'est des textes que je trouvais splendides. Et j'étais venu à de l'écriture en alexandrin par le cadre d'un prof de théâtre de français en première où j'avais mis le doigt là-dedans et ça m'avait vraiment éclaté. Mais oui, c'est vrai que c'est venu tard. Après, j'ai eu la chance que ce tard était quand même relatif parce que 21 ans, ce n'est pas la retraite. Mais... Mais c'est vrai que je voyais bien qu'en fin de formation, quand je vois des petits loulous qui ont 7, 8, 12 ans, qui sont au national à 18 ans, c'est sûr que ce n'est pas la même.

  • Speaker #0

    On va faire un petit vrai ou faux, Mickaël Delis.

  • Speaker #1

    Un vrai ou faux ? Vrai ou faux Michael Delis vous avez tenu un journal du confinement totalement vrai ouais j'en ai trouvé trace nulle part alors c'est normal en plus il était très suivi j'ai mes comptes qui ont été piratés Facebook et Instagram c'est donc ça c'est complètement ça donc du coup c'est vraiment une sorte de truc qui a été lu et partagé dont on me parle encore aujourd'hui mais qui donc est comme le spectacle vivant un souvenir j'avais 5000 personnes sur Facebook à peu près 2000 qui me suivaient et... pas autant mais quand même pas mal sur Instagram et pouf tout est disparu par un pirate venant d'Asie je crois que c'était Thaïlande donc voilà Mais c'était un exercice assez dingue et qui m'a donné pareil, et une ossature et une droiture et un plaisir de partage et de rapport au monde qui était génial. Et donc depuis ma petite fenêtre à Pantin à l'époque, j'observais ce que je pouvais observer. C'était un moment très particulier, mon père était malade, ma mère aussi. Mon médecin me dit que si je vais les voir, je vais les tuer. Vraiment des choses très dures, on ne savait rien à l'époque. Et donc voilà, on est coincé chez soi à penser le monde depuis sa fenêtre. Et c'était un beau moment, oui. Mais il n'y a pas de traces, bien sûr. Rien.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, Clémentine Célarier vous a embrassé sur la bouche.

  • Speaker #1

    Complètement vrai. Oui, j'étais chroniqueur pour C'est à vous, l'espace d'une année. Et je savais qu'elle était là, une des invitées. Elle jouait à l'époque, je crois, Une vie de mot passant. Et moi, j'avais vraiment un mémoire, j'avais fait un travail, un projet de série justement sur la PrEP et sur le SIDA. Et donc j'avais ces images d'elle embrassant cette personne séropositive. Et je trouvais ça tellement généreux, courageux pour l'époque et puis très spontané.

  • Speaker #0

    C'est un symbole dans le cadre du SIDA Action.

  • Speaker #1

    Très fort, en tout cas, surtout à l'époque où on était encore avec des connaissances plutôt floues. Et donc c'est vrai que quand je savais qu'elle était là, je voulais lui rendre cet hommage. J'étais hyper ému, j'avais envie de pleurer juste d'en parler. Et donc c'est vrai qu'il s'est passé ce truc-là à la fin. Ce petit baiser, ce petit bis repetita.

  • Speaker #0

    Une belle image.

  • Speaker #1

    Ah ouais, vraiment.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez inventé le concept de cul sociologique.

  • Speaker #1

    De cul sociologique ?

  • Speaker #0

    De cul sociologique.

  • Speaker #1

    Ah, de cul sociologique. En tout cas, je ne sais pas si je l'ai inventé.

  • Speaker #0

    Je définis cela comme cela.

  • Speaker #1

    Je trouve que le sexe et le rapport Chanel est une porte d'entrée pour comprendre l'autre et le monde. extraordinaire et que c'est un endroit où on découvre l'altérité de façon totale. Il y a une vraie mise à nu très concrète, mais aussi par le lâcher prise post-orgasme et par ce que tu vas donner à voir toi aussi dans l'échange. Ça raconte tellement de son rapport au corps, aux autres, au langage, à la façon de te livrer. Est-ce que tu reproduis des schémas que tu as vus ici ou là ? Est-ce que tu es curieux ? Est-ce que tu t'abandonnes ? Je trouve ça extraordinaire et ça raconte... De l'origine sociale, de l'origine socio-professionnelle, de l'ambition, du rapport au silence, à la tendresse. Je trouve que c'est une mine. comme la psychanalysie donc en gros après l'orgasme vous enregistrez les personnes en leur posant des questions alors ça m'est arrivé ouais j'en enregistrais certains ouais je demandais et ouais ouais parce que c'est là où je voulais en venir en fait écoute vraiment il y a un truc où vous tenez un concept de podcast bah oui peut-être alors ceci dit j'en ai écouté un d'ailleurs un mec bel génial qui fait un peu ça C'est pas vrai. Mais si, ouais, complètement. Qui est interrogé après. Mais c'est vrai que c'est un moment qui est extraordinaire, de grande confiance, où on peut se laisser aller à dire de la parole. Un truc.

  • Speaker #0

    Bon, écoutez, alors on va coucher ensemble et après je vous pose des questions. On commence à enregistrer juste après.

  • Speaker #1

    Mais maintenant que je suis complètement rangé des voitures avec un coup d'archi lambda énormé, compliqué de justifier ça à mon mec, de dire bon ok, je dois confier avec des personnes pour le boulot et ensuite je les écoute. Je vais tenter une négo après l'interview.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous faites un seul en scène pour des raisons économiques ?

  • Speaker #1

    Alors, entre autres choses, oui. Bien sûr, ce n'est absolument pas le moteur. Mais il y a une réalité très concrète, c'est que le monde du théâtre est un monde en crise totale, qu'on nous rabat les oreilles avec le fait qu'un spectacle à 4, 5, 6, 7, 8 comédiens, c'est beaucoup trop cher. Et que si on n'est pas financé ou par une grosse production, donc avec des gens très connus, ou par le service public avec la DRAC, donc ça veut dire qu'on n'est pas dans le serail vraiment des institutions. C'est extrêmement dur de monter un projet. Alors que quand tu es tout seul, déjà, tu peux le monter en autoproduction. Et si ça marche, moi, c'est ce qui s'est passé. Le ruissellement, il est à posteriori. Mais la première création, je l'ai faite sans un rond, en ne payant pas les copains, en ne me payant pas. Et après, les producteurs sont arrivés et la confiance est arrivée. Et donc, pour le deuxième volet, je suis produit, je suis payé. C'est merveilleux. Et la réalité, assez objective, quand on va à Avignon, l'été, c'est manifeste. L'essor des solos. il est complètement lié à des contraintes budgétaires. Parce que aller à Avignon, c'est une ruine. Se loger, c'est une ruine. Brouiller, c'est une ruine. J'avais fait des vidéos là-dessus avec mon frangin. Et donc, bien sûr que faire un Avignon tout seul, ça va déjà te coûter un bras. Mais si tu le fais à 8 et que tu produis le truc, tu es un homme tronc.

  • Speaker #0

    On a exactement les mêmes problématiques dans la musique où si vous faites un groupe à 5,

  • Speaker #1

    c'est très compliqué. Et c'est pour ça que l'opéra est à ce point cher. est ruineux parce que quand tu vois toutes les personnes que ça implique on comprend que les places soient de 100 balles parce qu'on ne peut pas payer ces gens là au delà du fait qu'il y ait des stars qui prennent 10 000 balles le cachet ou 40 mais c'est vrai que c'est impossible allez bim on balance mais c'est légitime quand t'as des niveaux de talent de carrière je comprends mais c'est vrai que quand t'es spectateur et que tu vois la fosse, les figurants le décor, oui je peux financer ça et donc le mec qui est tout seul avec son chiffon ou sa craie je parle de moi immanquablement, mon truc il vaut 3000 balles ou 2500 et tout le monde est payé avec ça. Donc c'est sûr que c'est incomparable.

  • Speaker #0

    Et au faux, vous aimeriez ne pas avoir à dormir ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, alors j'aime bien dormir, mais j'adorerais ne pas avoir à dormir parce que j'ai trop de choses à faire, à vivre, à partager, à voir. Et ouais, si je pouvais dormir que 5 heures, des fois j'arrive à tenir ce rythme, mais à la fin je suis quand même un peu naze. Mais ouais, ouais, bien sûr. Oui, pour suivre juste l'évolution de mon jardin, des plantes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est pour travailler.

  • Speaker #1

    Ah ben c'est les deux, parce que la contemplation, elle permet de nourrir le travail. Donc voilà, c'est vrai que si j'ai mon heure à regarder l'extérieur, pour ensuite me mettre à écrire et à lire, et à faire les expos, et après à... Non, bien sûr, c'est terrible. Je voudrais être... Non mais il faut que ce soit agréable le repos aussi. Je suis en train d'apprendre ça, d'apprendre le repos.

  • Speaker #0

    et pourtant vous êtes en ce moment en représentation donc il y a cette trilogie moi j'ai vu la fête du slip Quel va être le prochain ? Parce que le fait du slip, c'est le deuxième volet.

  • Speaker #1

    Alors du coup, je suis parti du premier sexe qui réfléchit sur le genre de façon plus globale. Le deuxième volet resserre sur le sexe biologique autour de la question de la performance via les réactions. Et le troisième volet resserre encore sur le slip avec les testicules et le sperme, en interrogeant du coup la transmission et la paternité. Parce que j'ai fait un parcours de dons de sperme. Et donc de ce que c'est que faire famille aujourd'hui, que d'être papa, qu'est-ce qu'on transmet. Le mien vient juste de mourir. Le lien était assez désastreux et en même temps plein de tendresse aussi très maladroite. Donc qu'est-ce qu'on donne en héritage et comment aujourd'hui on peut être une nouvelle figure paternelle qui sort de ce sacro-saint ou maudito-saint patriarcat ? Donc comment est-ce qu'on peut faire, sinon matriarcat, une nouvelle pensée de la transmission ? qui du coup va redéfinir le lien social.

  • Speaker #0

    Et tout ça avec de l'humour ?

  • Speaker #1

    On essaye, oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça représente à peu près plus de 4 heures de spectacle cumulées.

  • Speaker #1

    Ça va faire 3h45 à peu près, ou quasiment 4 heures. Je vais tester Avignon l'enchaînement des deux, et on va faire un enchaînement des trois, on va tenter ça à Paris en mai 2025.

  • Speaker #0

    En mai 2025. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est un vrai challenge. Comment on se prépare pour affronter, ne serait-ce que deux spectacles ?

  • Speaker #1

    Et bien, alors moi j'ai une vraie rigueur, je suis un peu un barjot à plein d'endroits, je fais pas mal de sport, là je suis en jogging parce qu'après je vais aller courir au parc des Guylans.

  • Speaker #0

    On me dit tu es un lancain gros, mais en fait vous êtes taillé comme une ablette.

  • Speaker #1

    Maintenant, mais du coup c'est beaucoup de névroses et beaucoup d'entretiens et pendant le jogging par exemple je fais toujours mon italienne d'intec, ça dure à peu près une heure donc là on est bien et oui ça suppose une rigueur et un peu un entraînement sportif parce que bah oui c'est exigeant. deux heures de plateau, une heure et quart tout seul, on est en âge à la fin, on donne beaucoup de choses. Mais il y a un truc qui est très agréable avec le solo, c'est que, surtout là, avec ce prisme-là de l'intime et de... Moi je ramène sur scène ma famille, mes potes, des gens fantasmés mais que j'aime bien. Et du coup il y a quelque chose de très doux. Et donc à la fin c'est très exaltant. Et à Avignon l'an dernier ça marchait très bien. Et il y avait des listes d'attente tous les soirs. Et du coup il y a bien des soirs où j'aurais dit mais si il y avait encore un créneau derrière, je l'aurais fait dans la foulée pour le rejouer, le repartager. Donc il est très exaltant.

  • Speaker #0

    C'est au horizon de jouer ?

  • Speaker #1

    Ouais vraiment, vraiment, vraiment. Ah bah ça crée de la dopamine à 2000, c'est une petite drogue. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Déjà, moi je ne m'y attendais pas, mais c'est vrai que ça se fait beaucoup en ce moment dans le théâtre et déjà les comédiens sont déjà sur scène quand le... quand les spectateurs arrivent. Mais vous, vous les accueillez. C'est-à-dire qu'à bras ouverts, reconnaissant l'un, faisant un signal à l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Pour celui-là, justement, pour le premier, je suis planqué, je dis ma peur au micro et c'est affreux. Je ne sais pas pourquoi je fais ce métier, j'ai la colique et tout ça. Et là je me dis tiens on va essayer de trouver ça, c'est mon frère qui a trouvé ça, qui m'a beaucoup aidé sur la mise en scène en dernière instance, et on s'est dit comme on est quelque chose de très intime, qui pourrait être un peu inhibant, un peu braquant, comment est-ce qu'on peut accueillir au max... Chaleureusement ? Ouais chaleureusement, en désérotisant le propos, donc en étant dans un jogging un peu large, en disant voilà c'est une pyjama party limite quoi, donc de dire bon ça sera sûrement exigeant et on va passer par des choses un peu particulières mais... On met dans un cadre, c'est un peu en littérature, on parle du pack de narration. Et là, c'est un peu le pack du spectateur de vous dire, on va passer un moment chill et cool. Donc voilà, tranquille.

  • Speaker #0

    Détendez-vous, ça va bien se passer, comme disent les autres. Ouais,

  • Speaker #1

    exactement, complètement. Donc voilà, installez-vous, c'est cool. Quand je connais des gens, je suis content. À Bordeaux, je faisais carrément la bise au champ. Donc ouais, c'est créé en contexte. Oui, mais déjà en détente.

  • Speaker #0

    Ces spectateurs, quand vous les connaissez, ça se passe comment ? Ceux que vous évoquez, votre mère est venue voir votre spectacle ?

  • Speaker #1

    Ma mère qui est assez malade, c'est compliqué, elle ne peut plus venir à Paris. Bon, elle apparaissait au moment où je pleure, mais ce n'est pas grave. Et du coup, j'ai eu la chance de pouvoir le créer dans le Sud-Ouest, le spectacle. Elle a pu voir le tout premier volet. elle était au premier rang on était en extérieur avec ses béquilles et une amie puis à la fin elle s'est levée elle a dit c'est moi et je dis oh ça va c'est bon et surtout comme je dis souvent en interview ma maman et mon frère ce sont des personnes avec qui je lis régulièrement mes textes vu qu'ils sont impliqués mais aussi parce que j'ai une complicité folle avec eux et que j'ai besoin de leur regard et des fois j'ai des vétos que je questionne aussi en me disant pourquoi je mets pas ça mais non maman tout le monde le prend bien et aussi pour une raison qui est la suivante que L'un et l'autre, je prends mon frère et ma mère pour le moment, comprennent que c'est plus grand que juste montrer sa culotte et aller raconter.

  • Speaker #0

    C'est pas qu'un spectacle thérapie. Non, pas du tout. C'est pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Et que les problématiques sont plus larges, que ça implique l'universel, qu'on essaye de tisser des liens et que je tords à plein d'endroits aussi le réel. Bien sûr que... il est très présent, mais la fiction permet de créer de la friction, et du coup m'offre de transformer et de voir plus grand que le petit règlement de famille. Donc pour ça, ils acceptent.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait répondre à quelqu'un qui dirait... Évidemment, c'est un homme, donc il parle de son sexe. Vous, les hommes, vous ne parlez que de ça. Vous ne pensez qu'à ça. Eh bien,

  • Speaker #1

    justement, c'est un peu partir... de se présupposer, on pense qu'à ça, mais en fait on ne le pense pas, et on le pense pas bien. Donc comment est-ce que ce qu'on a instauré, mis comme une sorte de topos social, ou instinctif, ou naturel, on bande sans arrêt, il faut qu'on assouvisse notre truc, comment est-ce qu'on peut aller plus loin que cette mauvaise excuse de ma bite se dresse, donc elle est toute puissante ? Et comment est-ce qu'on peut réfléchir et mettre en perspective le fait que ce sont des choses qui nous oppressent, nous dépassent, oppressent l'autre genre ? Physiquement ? Complètement, oui. Et puis avec des trucs en plus très concrets. C'est un chapitre que j'ai dû enlever parce qu'à un moment le spectacle ne pouvait pas faire 18 heures, mais je parlais du priapisme. qui nous a été vendu avec ce dieu priable avec son gros sexe en direction sans arrêt et le priapisme aujourd'hui concrètement c'est une maladie une personne qui est en soupe elle va aux urgences ça dure 4 heures, c'est une torture c'est insoulageable et c'est une piqûre dans la verge pour détumifier le sexe donc là encore c'est des mythologies de représentation c'est à dire du sexe dur tout puissant en vrai c'est une objective maladique donc il faut accepter que ça se reste de temps en temps pour du plaisir ou pas et que c'est pas très grave Et donc voilà, je pense que j'ai un peu digressé là.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est très bien, c'est très bien. Est-ce qu'un hétéro aurait pu écrire un pareil spectacle ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de croire que oui, parce que j'aime pas la pensée identitaire qui viserait à cloisonner les orientations et les genres.

  • Speaker #0

    Je me permets de préciser ça parce que vous annoncez sur scène votre sexualité. Votre préférence, c'est pour cela.

  • Speaker #1

    Totalement, et puis d'ailleurs, c'est ce qu'ont pu me sortir des amis féministes ou d'autres critiques, de dire que... Cette parole-là, elle est prise en charge par un mec homo parce qu'il y a quand même un silence global chez les hétéros, ce que je pointe à la fin du spectacle d'ailleurs, ce silence des hommes, des pères, des frères, où le moment critique sur soi est encore très timide. Et ce n'est pas anodin que ça vienne de la part d'un homme qui a vécu le rejet et l'oppression au même endroit que les femmes, parce que, ça j'explique dans le premier volet, l'homophobie procède du même rejet que la misogynie, c'est ce qu'on aime. c'est le féminin qu'on n'aime pas chez l'homosexuel et qu'on ne tolère pas et qu'on met au banc. Donc c'est sûr que c'est pas que ça facilite mais que ça peut légitimer ou justifier cette prise de parole là, sur le genre masculin et que pour l'heure, les hommes qui parlent d'eux-mêmes, quand j'ai travaillé sur le premier sexe, le premier sexe qui existe sur lequel je tombe, c'est celui d'Éric Zemmour qui est un torchon. de 200 maigres pages, écrit en police 18, alors que Simone de Beauvoir se fend de deux tomes en police 6, de 400 pages, brillantissime et renseignée, lui donne son avis en disant des inepties sur les homosexuels qui coiffent et habillent les gens et qui rendent mou la masculinité dominante. Donc c'est vrai que pour le moment, le discours critique n'est pas vraiment pris en charge. Ce que déplore Virginie Despentes à la fin de King Kong Theory, Françoise Héritier dans Masculin Féminin, quand est-ce que les hommes s'en saisissent ? Andréa Bescon le dit remarquablement aussi, et dans ses spectacles et dans ses interviews, c'est quand les mecs que vous en occupez ? Et c'est vrai que tant que nous on ne prend pas ça en charge, ça va stagner. Donc là, il y a des choses qui se passent, il y a un peu de discours, un peu même de réflexion et de spectacle qui se mettent à parler de ça, voire beaucoup. Mais oui, la parole hétéro là-dessus décomplexée, ou en tout cas, qui arrive à interroger... Si, il y a Mansplaining qui fait un super boulot, par exemple, en podcast.

  • Speaker #0

    Je me demandais si c'était plus simple pour un homosexuel. Et en même temps, je sais que le côté d'une masculinité très présente, elle est très forte dans le milieu homo également, dans le milieu gay. C'est très fort pour vous d'arriver à essayer de remettre en question tout cela.

  • Speaker #1

    Oui, en tout cas, c'est sûr qu'on ne peut pas faire d'angélisme en se disant Oui, les homosexuels opprimés ont une parole beaucoup plus ouverte et déconstruite. Quand on est sur les applications de rencontres et ou juste dans des bars ou que sais-je, on voit bien qu'on est les premiers à être souvent archi-virilistes, super réacs, homophobes aussi, parce que ça, je le mets dans le premier spectacle. Le nombre d'homo qui ne supportent pas les mecs trop féminins, les tapettes ou les divas. Il y a des mecs sur les applis de rencontre qui disent non aux blacks, aux asiates et aux divas. Et aux tapettes. Et tu te dis wow.

  • Speaker #0

    C'est trash.

  • Speaker #1

    C'est d'une immense violence. On n'a pas l'apanage de l'ouverture d'esprit et d'intelligence. On a nos blaireaux nous aussi et nos débiles. Comme chez les hétéros, il y a des gens brillants et des gens stupides. Et donc là, c'est vrai qu'à l'endroit de cette communauté... Il y a aussi un décrassage monstrueux à faire sur la pensée et sur une acceptation aussi de la tendresse, la différence. Il y a ce culte du corps hyper gaulé. Un mec vieux, gros et qui n'est pas bourré de fric, il n'a pas grand... Mais comme on le met pareil chez les hétéros, sur le marché du sexe et de l'amour, ça va être plus compliqué. Ce qui est tragique. Le mec est peut-être passionnant. Donc oui, on a un gros taf à faire nous aussi.

  • Speaker #0

    D'où la...

  • Speaker #1

    d'où le côté universaliste finalement de ce spectacle on va parler à chacun j'espère et là c'est vrai que et Papy de Trapp et mon frère ils sont très vigilants à ça et puis ça c'est super pour le coup dans mon équipe c'est beau parce que là j'étais entouré d'hommes et d'hommes qui font mentir à cette masculinité dominante de Papy qui a une soixantaine d'années à mon frère jumeau à un chorégraphe plus jeune et je dis bon en fait c'est quand même très rassurant de dire qu'il y a de la tendresse, de la douceur, une acceptation de ce discours. Et ça, c'est vraiment, vraiment réjouissant. Et c'est vrai que les deux, Papi et David, ils ont été super sur ce truc de... Mon frère, il dit toujours, moi, je suis la caution hétéro-beauf, qui n'aime pas trop le théâtre. Donc, j'ai besoin d'être sûr qu'on ne m'engueule pas et qu'on ne me dit pas ouais. T'es une sorte de grenaze, de boomer à rayer de la carte. Il me dit j'ai envie d'être invité dans ton spectacle. Et donc, des fois je suis un peu trop dogmatique ou un peu politique. Il me dit, ok, comment tu l'arrondis ? Comment tu le passes par le jeu, par la scène, sans nous donner des chiffres, en disant c'est mal ? Et ça justement pour tirer vers l'universel. L'hétéro, le bi, le pédé, l'asexuel, que tout le monde puisse s'y retrouver en termes d'orientation et en termes de genre. Parce que l'oppression, la domination, elle n'a pas de couleur. Et la bêtise, pareil. Donc on peut totalement la désinquiéter d'où qu'on vienne.

  • Speaker #0

    ça concerne tout le monde on va faire un peu de fiction on va imaginer que finalement vous ne faites plus de théâtre et vous avez envie de reprendre un café d'ailleurs vous auriez fait quoi si ça n'aurait pas été alors avant ça moi je devais être prof en fac prof

  • Speaker #1

    d'anglais, de littérature j'avais fait une maîtrise sur Emily Dickinson en poétique américaine et je me préparais quelque chose entre la grammaire et la littérature sur le présent de narration chez Virginia Woolf et des fois je me dis quand je mesure la violence de mon métier, de mon milieu si jamais il fallait arrêter question qu'on a dû tous se poser avec le confinement quand on nous renvoie le fait que nous ne sommes absolument pas essentiels j'y tiens paysagiste, fleuriste ça ça m'éclaterait par exemple mais je lirais toujours des trucs et puis je dirais des poèmes à mes plantes quoi bon alors fleuriste dans un café on va dire ça je vous pose trois questions en rapport avec l'univers du café ok

  • Speaker #0

    En tout cas de la boisson et tout ça. Vous êtes serveur. C'est de la fiction.

  • Speaker #1

    Je vais me projeter.

  • Speaker #0

    Et un coup, la table vous dit Sex on the Beach, Pornstar Martini. Qu'est-ce qu'il se passe ?

  • Speaker #1

    Pornstar Martini. Je dis, mais alors, apprenez-moi la recette. Sex on the Beach, pas de problème. Et puis après, on peut négocier un after un peu ludique et rigolo sur la plage et réfléchir tous ensemble.

  • Speaker #0

    On devient d'accord, ce sont des noms de...

  • Speaker #1

    Cocktails. Je ne connaissais pas le Pornmartini bidule.

  • Speaker #0

    Le Pornstar Martini.

  • Speaker #1

    C'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    J'aurais dû le noter, j'ai pas noté.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est un vrai cocktail. Ça éveille les curiosités.

  • Speaker #0

    Alors, qui commandait, dit-on, c'est une légende urbaine, mais qui commandait des lait fraises à la Brasse-Mille à Coupole ?

  • Speaker #1

    Je n'en sais pas rien du tout. Coupole, 6e ?

  • Speaker #0

    C'est à Montparnasse.

  • Speaker #1

    Ouais, donc c'est la bande à Cocteau. En fait...

  • Speaker #0

    On le rapporte dans pas mal de livres, puis c'est devenu une légende urbaine, c'est-à-dire qu'il y avait des gigolos, comme on a un léphrèse, c'était une indication pour que certaines femmes les reconnaissent.

  • Speaker #1

    Si j'avais su...

  • Speaker #0

    Non mais je l'ai étayé, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Merde. On est désolé. Et qu'on le dise aux gigolos, qui n'ont heureusement plus besoin de léphrèse grâce à ces applications, et font de l'argent bien autrement.

  • Speaker #0

    Il y a une application.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a tout ce qu'il faut. Non mais aujourd'hui, sur les applications de rencontres masculines, il y a beaucoup de mecs qui... spécifié avec un petit diamant pour celles et ceux qui ne savent pas qu'ils sont alloués. et qu'ils sont tarifs et tarifs comme Dieu qu'est-ce que la longueur en bouche enfin en matière de vin c'est quand le fruit ou le tannin demeure dans le palais et que le parfum résonne

  • Speaker #0

    de façon pérenne pour ne pas dire longue on voit l'amateur de Bordeaux la persistance des arômes et des saveurs du vin après l'avoir avalé exactement merci On rappelle ce qui va se passer sur ce spectacle au-delà de la fête du slip. Donc là, bientôt.

  • Speaker #1

    Alors là, bientôt. Déjà, on est à Avignon du 3 juillet au 21 juillet dans le off à Avignon Rennes-Blanche avec du coup les deux volets qui vont se jouer consécutivement à 20h15 et 21h45. Et ensuite, le premier volet de la trilogie sera à la Scala les mardis et mercredis du 17 septembre. au 27 novembre qui vient d'être refaite un beau boulot de programmation ça c'est dans la Picola qui est une superbe salle qui va venir vous voir c'est une grande salle 165 personnes par soir si tout se passe bien on est pas sûr mais on a envie de croire je suis très très heureux j'ai beaucoup de chance et il y a une quinzaine de dates de tournée entre la France et la Suisse pour le moment on va voir ce qu'Avignon va donner en plus je suis très très gâté Et le troisième volet sera créé en mai-juin à l'Arène Blanche Paris, avec aussi un projet de jouer les poils à que le le, voir ce que ça donne et si on survit. Et moi et les spectateurs à cette belle expérience.

  • Speaker #0

    Eh bien bravo et merci beaucoup Michel et Lys. Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo,

  • Speaker #1

    on s'en fout.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    ça nous offre de la visibilité.

  • Speaker #0

    Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Chapters

  • vrai ou faux

    15:55

Description

J'ai interviewé le comédien et metteur en scène qui remet en question la virilité masculine au théâtre, le talentueux Mickaël Delis au café La Requinque 33 Rue Désiré Préaux à Montreuil (93).


Mon invité du jour était tellement engagé  dans  la question du féminisme qu’il aurait pu  passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s’occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s’occuper de sa bite.

 

Et c’est précisément ce qu’il a fait dans le lieu qu’il connaît le mieux, dans son temple sacré,  le théâtre. C’est en effet à la suite d’une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif  a eu l’idée  d'écrire , de mettre en scène et de jouer  une  certaine trilogie... son  thème ? le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle  . Ainsi sur scène cet auteur interprète ne cache en apparence rien de ses turpitudes, de ses obsessions , ou de son corps. C'est  sans compromis,  dans une mise à nu totale  de lui-même et de ceux qui l’entourent , qu’il s'engage avec son spectacle .

 

Ce quadragénaire, ancien kâgneux originaire du Cap Ferret développe  sur scène une réflexion sur la masculinité, démantèle  le système patriarcal autour du culte de la virilité, et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe .

Lui, se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant c'est plutôt à cause de  sa volonté d'aller  toujours plus loin  dans la déconstruction des points de vue  simplistes sur la sexualité qu'il se laisse  entraîner dans  des circonvolutions mentales absolument maîtrisées.  L'exercice de voltige pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté  nécessite d'être agile  surtout quand on a décidé , comme lui,  de traiter le sujet sous l'angle  de l’humour. Mais l'homme  est un excellent acrobate! Car oui, ses spectacles sont drôles sans etre vulgaires. Les idees fixes relatives à la taille ou la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision,  tandis que  son propre goût  obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus il utilise une langue libre qui , elle, donne beaucoup du plaisir !

A l’heure où la parole des femmes se libère en  faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité  de la prison  dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes . 

 

« on ne naît pas homme, on le devient ». Cette phrase d’Erasme qui avait inspiré le premier opus  de sa trilogie sied particulièrement à cet homme qui raconte qu’enfant, on le prenait pour une petite fille. Ses spectacles semblent dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général  et de  la sienne  en particulier   afin de mieux définir le genre de son genre. 

 

Et c’est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement,  que j’ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir


Emission présenté par Alexis Himeros

https://instagram.com/alexishimeros


Avec Mickaël Delis

https://www.instagram.com/delismickael/

https://mickaeldelis.book.fr


Les dates et lieux pour voir ses spectacles :

  • Du 3 au 21 juillet à Avignon : Reine Blanche avec Le Premier Sexe ou Al grosse arnaque de la virilité à 20h15 puis la Fete du Slip ou le pipo de la puissance a 21h45 (relâches les lundis),

  • Du 17 Septembre au 27 Novembre reprise du Premier Sexe à La Scala Paris les mardis et mercredis a 19h15,

  • Mai et juin 2025. création du 3eme volet Les paillettes de leurs vies, à la Reine Blanche Paris


merci au café La requinque

https://www.facebook.com/p/La-Requinque-100063704876839/


 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Yémeros et vous écoutez Un Café au Comptoir. Mon invité du jour était tellement engagé dans la question du féminisme qu'il aurait pu passer à côté de son propre sujet si une metteuse en scène ne lui avait pas expressément conseillé de s'occuper du discours critique et analytique de son genre à lui, en gros, de s'occuper de sa bite. Et c'est précisément ce qu'il a fait, dans le lieu qu'il connaît le mieux, dans son temple sacré, le théâtre. C'est en effet à la suite d'une carte blanche sur le féminisme que ce travailleur hyperactif a eu l'idée d'écrire, de mettre en scène et de jouer une certaine trilogie. Son thème, le sexe masculin, vu par le prisme de son expérience personnelle. Ainsi, sur scène, cet auteur interprète, en apparence, ne cache rien de ses turpitudes, de ses obsessions ou de son corps, ses sans-compromis, dans une mise à nu totale de lui-même et de ceux qui l'entourent, qu'il s'engage avec son spectacle. Ce quadragénaire, ancien cagneux, originaire du Cap-Péret, développe sur scène une réflexion sur la masculinité. démantèle le système patriarcal autour du culte de la véridité et analyse joyeusement sa propre addiction au sexe. Lui se présente parfois comme un bavard qui digresse allègrement. Cependant, c'est plutôt à cause de sa volonté d'aller toujours plus loin dans la déconstruction des points de vue simplistes sur la sexualité qu'il se laisse entraîner dans des circonvolutions mentales absolument maîtrisées. L'exercice de voltige, pour ne pas tomber dans la vulgarité ou la grossièreté, nécessite d'être agile, surtout quand on a décidé, comme lui, de traiter le sujet sous l'angle de l'humour. Eh ben oui ! Mais l'homme est un excellent acrobate, car oui, ses spectacles sont drôles, sans être vulgaires. Les idées fixes relatives à la taille ou à la forme des sexes masculins y sont tournées en dérision, tandis que son propre goût obsessionnel pour la bagatelle y est moqué. De plus, il utilise une langue libre qui, elle, donne beaucoup de plaisir. A l'heure où la parole des femmes se libère en faisant sauter un à un les verrous qui la tenaient muselée, cet épicurien choisit à son tour de parler avec sincérité de la prison dans laquelle la toute puissance érectile enferme les deux sexes. On ne naît pas homme, on le devient, cette phrase d'Erasme qui avait inspiré le premier opus de sa trilogie, si est particulièrement à cet homme qui raconte qu'enfant on le prenait pour une petite fille. Ces spectacles semble dessiner un chemin qui dissèque le champ politique et social de la sexualité en général, et de la sienne en particulier, afin de mieux définir le genre de son genre. Et c'est pour discuter avec lui de jouissance libérée, mais pas uniquement, que j'ai rejoint ce spécialiste de la critique de la raison dure au café La Requinque à Montreuil pour prendre avec lui un café au comptoir. Bonjour Michael Délice.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, mais quelle introduction ! La critique de la raison dure, quand doit nous regarder de loin et se retourner dans sa tombette ? Quand il veut,

  • Speaker #0

    quand il veut. Quel est le meilleur moment, la meilleure position pour écrire, quand on s'appelle Mickaël Delis, pour écrire dans un café ou ailleurs ?

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a vraiment un meilleur moment ? Il y a des meilleures conditions. Moi, j'ai besoin d'être assez autiste et très seul. Donc, quand je peux m'isoler dans une maison, accessoirement avec une vue sur un jardin, de l'air, du soleil et de la lumière, là, je suis très, très heureux. Et le meilleur moment, c'est quand ça brûle et qu'on a juste besoin de mettre sur l'ordinateur, sur papier, tout ce qui fait cuisine dans le ventre.

  • Speaker #0

    Donc pas dans un café.

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup écrit dans un cachet. Quand j'étais étudiant et que j'avais des appartements plus petits que l'énorme palais dans lequel je vis aujourd'hui. Et j'adorais parce que c'est aussi un endroit... Des fois, je me posais même en dehors de toute écriture à vocation théâtrale juste pour observer et entendre. C'est un foyer merveilleux. Et il y a un très beau film qui s'appelle Oslo 31, je crois. Il faut que j'ai vérifié le titre. Où il y a une scène comme ça avec un... avec un plan séquence où la caméra se balade et on n'a que le son. Et on entend ce qui se dit d'une table à l'autre. Je trouve ça magnifique, ça. Moi, je pourrais juste être spectateur permanent de ce qui se passe dans un café ou un resto.

  • Speaker #0

    Alors souvent, on parle du côté spectateur, de la personne qui écrit dans les cafés. Moi, j'écris beaucoup dans les cafés, dans les restaurants. Et souvent, il y a des personnes qui regardent ce que j'écris. Est-ce que quand on écrit sur la sexualité, quelquefois, il y a des regards un peu qui se perdent sur votre écran et qui peuvent provoquer une certaine... confusion, un étonnement ?

  • Speaker #1

    Alors, je dois avouer que j'écris aussi beaucoup dans le train parce que je me déplace pas mal et qu'il y a certains moments, sur certains de mes écrits, je me dis, bon là, la personne d'à côté, je vais quand même un peu changer un peu l'axe de l'ordinateur. Là, je suis vraiment en train de parler de verge, de taille et d'érection. Est-ce que je devrais vraiment assumer que la vieille dame ou le jeune ado fasse un petit eye-dropping ? Donc voilà, des fois, j'ai ce petit bout de conscience et puis quand on est vraiment dedans, on s'en tape et on se dit, bon, mais tant pis, ils iront. Mais des fois on a envie de leur dire c'est un work in progress, c'est pas forcément le résultat. Attendez, attendez, venez voir le spectacle dans 8 mois.

  • Speaker #0

    Je vais rajouter ce mot à mon répertoire de mots, mon glossaire.

  • Speaker #1

    Eyedropping Je viens de l'inventer pour vous. Parce que j'avais eyedroppé je dis qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Et c'est nul de faire des anglicismes, mais bon, c'est pas grave. Voilà, c'est cadeau.

  • Speaker #0

    Écrire sur la sexualité, c'est quelque chose, parce que je disais dans le portrait que je vous ai consacré, que vous écriviez sur le féminisme, mais finalement, c'est très lié. Vous n'écrivez que là-dessus ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Il se trouve que j'ai eu une carte blanche qui m'a été offerte il y a maintenant 5-6 ans par le tête de la loge qui était à l'époque dirigée par Alice Vivier et Lucas Bonifay. Et c'est des problématiques qui m'ont toujours traversé parce que je viens d'un milieu élevé par des femmes extrêmement inspirantes et très puissantes qui sont venues faire mentir tous les topos sur les figures masculines censées être les guides. Et donc dans toutes les pièces que j'ai écrites, il y avait sinon des réflexions, au moins des clins d'œil. ou des envies ou besoin de rendre hommage à ces femmes-là, jusqu'à réaliser que, de fait, les hommes prenaient peu ou pas en charge la réflexion sur leur propre genre, et qu'il y avait ici un continent vraiment vide, noir ou inexistant à explorer. Et quand j'ai commencé à mettre le doigt à leur paille dedans, j'ai vu tout ce qu'il y avait à faire, et tout ce que ça offre aussi de liberté, de réinvention et de production. Et ça, c'était assez jubilatoire. Donc il y a eu ce premier volet qui était le premier sexe. vraiment penser le genre et après le deuxième volet qui très vite s'est inscrit dans un projet de trilogie et où la sexualité et le sexe biologique et la masculinité et la réflexion avec tous ces concepts vient épouser la pensée féministe qui a été diffuse dans ma famille grâce à ma mère, ma grand-mère et d'autres personnes très fortes.

  • Speaker #0

    Pourquoi le théâtre et pas un essai finalement ? Que vous auriez pu passer là et puis devenir très sérieux, quelque chose de presque sociologique.

  • Speaker #1

    Et c'était en plus un peu ma formation initiale. Moi, je viens d'une classe préparatoire, je devais être prof à la fac à la base, en littérature américaine. Et j'ai ce plaisir-là d'écriture et d'essai. Mais c'est vrai que le travail et le moment de carrière où je suis, et ma formation aussi au conservatoire, m'ont fait prendre conscience de... d'une forme très extraordinaire pour faire passer de la pensée, du discours critique, de façon ludique, vivante. Et en plus en convoquant l'intime et que c'est un endroit, le théâtre, de résolution assez extraordinaire pour vouloir inviter dans la chambre de la pensée, cette chambre à soi dont parle Virginia Woolf qui est un peu la chambre, la mienne, où j'invite les gens pour parler de mes déboires sexuels qui ouvrent sur plus large et universel avec le genre et le rapport à la performance. Et donc... La scène est un outil extraordinaire pour être beaucoup plus digeste, accessible, invitant, généreux qu'un objet théorique, un essai. Et Dieu sait que j'en lis et que j'aime ça. Mais c'est vrai que donner un petit pavé de 300 pages écrits minuscules peut être un peu rebutant à des personnes qui sont a priori plus ou moins retors à ce genre d'éléments.

  • Speaker #0

    Après la scène, ça peut être une conférence, mais est-ce que l'humour lubrifie la pensée ?

  • Speaker #1

    Et bien non. Complètement, bravo pour ce petit clin d'œil. Oui, pour moi c'est vraiment une façon de... de la rendre digeste, accessible, lubrifiée, glissante, douce, agréable, complètement. Et pour autant, je n'ai pas non plus envie de tomber dans l'écueil inverse qui serait de faire de la blague pour de la blague. Le stand-up m'amuse et m'attire. Je pense que je suis un stand-uper totalement refoulé.

  • Speaker #0

    Dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement, j'aime beaucoup ça. Et c'est pour ça que là, j'ai fait appel à Papy, qui est un metteur en scène merveilleux, qui a beaucoup bossé avec des comiques, qui a lancé... Blanche Gardin, qui est un mec merveilleux, vraiment un homme adorable. Et donc je lui dis, voilà, j'aimerais bien qu'on prenne ces codes-là, qu'on les détourne un petit peu. Donc c'est lui qui a proposé une voix beaucoup plus usurée, vu qu'il est un type très intime, pas besoin de la porter. Mon frère m'a dit, on va le mettre tout au fond le micro. Et donc tous les collaborateurs que j'ai ont contribué à un peu tordre le cou à ce format-là. Mais donc ouais, l'humour c'est un vecteur je trouve merveilleux parce que ça met dans un état de détente je trouve. Le rire c'est un peu comme l'orgasme, c'est un peu comme se lâcher prise à ça extraordinaire où après on peut accueillir beaucoup plus, on est moins en méfiance, on est en confiance avec la personne avec qui on parle et qui nous donne du matériau et je trouve ça super parce qu'après en plus c'est la porte ouverte à d'autres émotions. je peux aussi emmener vers la réflexion, vers les larmes, vers l'émotion, et ça c'est merveilleux.

  • Speaker #0

    Comment ça se dose dans l'écriture, l'humour ? Parce que j'ai l'impression que c'est un peu comme en cuisine avec les piments.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Il y a un gros boulot d'écriture. Moi, j'écris toujours en amont. L'improvisation, elle vient vraiment quand je suis sur scène, mais avec vraiment un outil écrit très solide. Et après, effectivement, c'est en testant, en faisant. Là, j'accompagne un autre projet en écriture qui est en ce moment mis en capsule sur la honte. C'est deux clowns. On teste avec le public de façon manifeste. Déjà, il y a des trucs dont on a l'impression que c'est drôle et qu'ils ne le sont absolument pas. Il y a des virages qui ne sont pas pertinents. Il y a effectivement de la lourdeur qui se dégraisse du coup. Donc effectivement, le travail de plateau, on a eu cinq semaines de création. Ça, c'était crucial. Et je fais toujours venir beaucoup d'œils extérieurs. J'ai beaucoup de collaborateurs, j'ai plusieurs commetteurs en scène pour justement aussi confronter ça. Si j'en ai cinq qui me disent que cette vanne est à chier ou que cette scène ne sert à rien. Bon bah là l'humilité est obligatoire, je vais donc couper cette scène qui me semblait extraordinaire.

  • Speaker #0

    Je viens de remarquer un truc en vous écoutant que je n'avais pas remarqué pendant le spectacle, c'est cette petite pointe d'accent.

  • Speaker #1

    Ouais, que je gomme en dehors de la scène. Mais bon je me laisse aller pendant les interviews à faire revenir le sud-ouest avec moi. Effectivement, le Cap-Ferré, le bassin d'Arcachon et Bordeaux, j'ai fait ma prépa. C'est vraiment mon bassin et c'est un peu là, immanquablement.

  • Speaker #0

    Comment le théâtre, j'imagine qu'il y a des inspirations, des metteurs en scène, des metteuses, on sait. On a un panneau qui vient de tomber, tout va bien. C'est quoi le théâtre pour vous, comme comédien d'abord, et puis comme dramaturge ?

  • Speaker #1

    Eh bien, le théâtre comme comédien, c'est un conservatoire, 20e arrondissement, avec un prof extraordinaire, Pascal Parsat, qui avait une attention très rigoureuse à la langue, et qui avait une attention très rigoureuse à la langue, Audir, la prose audie, et pendant cette formation-là, c'est la découverte d'un univers avec l'immense variété des propositions du théâtre privé, du théâtre public, du théâtre de laboratoire, du théâtre de plateau, de l'écriture solo, collective. Et ça, c'est vrai que c'est un prisme dingue. Et il y a eu un moment, un concours interconservatoire organisé par le théâtre du Rond-Point et la ville de Paris, pour lequel j'étais lauréat, où on me proposait... d'écrire et mettre en scène des formes courtes. Et c'est pour la première fois, à ce moment-là, que j'écris un texte que je mets en scène, dans lequel je joue, et je découvre ce truc multicascette, et je me dis Waouh, c'est tellement jubilatoire ! C'est triplement vertigineux. Le moment où je fais un solo à 35 piges, et où vraiment je pars de ma vie et que j'essaie de dépasser, mais quand même, ma matière, c'est moi. Je me dis Si on ne m'aime pas, on me déteste. Donc vraiment, tu montres... ta culotte et tout ce qu'il y a en dessous. Donc ça, c'est vertigineux. Et en même temps, quand il y a la rencontre avec le public et que ça opère, c'est triplement jubilatoire.

  • Speaker #0

    Quand je travaillais sur votre portrait, j'avais l'impression qu'il y avait toute une partie dont je ne trouvais pas les traces. C'est comme si tout s'était fait un peu sur le tard. Est-ce que le théâtre, il a été là un peu quand vous étiez adolescent ? Ou est-ce que vraiment, tout chez vous, et je ne fais même pas allusion à votre sexualité parce que vous en parlez très bien dans vos spectacles, est arrivé un peu... A rebours ?

  • Speaker #1

    Alors, à rebours, je ne sais pas. En revanche, ce qui est certain, c'est que moi, venant d'un petit blé de province, le Cap-Ferrand, on le connaît parce que c'est chicot, c'est beau, mais l'hiver, on est 800 et le lycée, il est à trois quarts d'heure en bus. Il n'y a pas de théâtre. Donc, c'est des choses qui n'existent que peu ou pas. En prépa à Bordeaux, on bosse comme un bourrin. Donc, j'ai dû voir une caisse et demie et aller à deux, trois concerts classiques avec un beau père. Et quand j'arrive à Paris, donc du coup j'ai 21 ans, c'est là que je découvre tout ça. Et effectivement, je me prends un... un tsunami de jubilation. J'avais l'intuition, on a pu me dire Oui, t'es un peu le rigolo de la table, tu fais des blagounettes. Donc, c'est que j'avais cette petite cartouche. Mais de là à dire T'es drôle et on va faire un métier il y a quand même un autre truc. Et puis moi, en vrai, je suis venu au théâtre pour des raisons très mauvaises, très narcissiques. Je suis un ancien gros, je commençais à être à peu près joli et j'avais besoin qu'on me dise que j'étais beau. Et mon prof, d'ailleurs, m'a dit Si tu viens là pour qu'on me dise que t'es joli, tu vas vite t'emmerder, donc trouve de bonnes raisons de faire ce métier. Ce qui était un très bon... un très bon retour. Et du coup, c'est vrai que c'est venu tard, mais par contre, c'est venu avec l'aide que j'étais déjà, qui était très curieux, très boulimique, qui du coup a vu énormément de trucs, ses renseignements et a découvert des météorocènes majeures, a découvert des œuvres complètement dingues et j'avais ce bagage littéraire-là. Je connaissais le théâtre par la littérature et par la langue. On étudiait les racines, Shakespeare en prépa ou ailleurs. Donc ça, c'est des textes que je trouvais splendides. Et j'étais venu à de l'écriture en alexandrin par le cadre d'un prof de théâtre de français en première où j'avais mis le doigt là-dedans et ça m'avait vraiment éclaté. Mais oui, c'est vrai que c'est venu tard. Après, j'ai eu la chance que ce tard était quand même relatif parce que 21 ans, ce n'est pas la retraite. Mais... Mais c'est vrai que je voyais bien qu'en fin de formation, quand je vois des petits loulous qui ont 7, 8, 12 ans, qui sont au national à 18 ans, c'est sûr que ce n'est pas la même.

  • Speaker #0

    On va faire un petit vrai ou faux, Mickaël Delis.

  • Speaker #1

    Un vrai ou faux ? Vrai ou faux Michael Delis vous avez tenu un journal du confinement totalement vrai ouais j'en ai trouvé trace nulle part alors c'est normal en plus il était très suivi j'ai mes comptes qui ont été piratés Facebook et Instagram c'est donc ça c'est complètement ça donc du coup c'est vraiment une sorte de truc qui a été lu et partagé dont on me parle encore aujourd'hui mais qui donc est comme le spectacle vivant un souvenir j'avais 5000 personnes sur Facebook à peu près 2000 qui me suivaient et... pas autant mais quand même pas mal sur Instagram et pouf tout est disparu par un pirate venant d'Asie je crois que c'était Thaïlande donc voilà Mais c'était un exercice assez dingue et qui m'a donné pareil, et une ossature et une droiture et un plaisir de partage et de rapport au monde qui était génial. Et donc depuis ma petite fenêtre à Pantin à l'époque, j'observais ce que je pouvais observer. C'était un moment très particulier, mon père était malade, ma mère aussi. Mon médecin me dit que si je vais les voir, je vais les tuer. Vraiment des choses très dures, on ne savait rien à l'époque. Et donc voilà, on est coincé chez soi à penser le monde depuis sa fenêtre. Et c'était un beau moment, oui. Mais il n'y a pas de traces, bien sûr. Rien.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, Clémentine Célarier vous a embrassé sur la bouche.

  • Speaker #1

    Complètement vrai. Oui, j'étais chroniqueur pour C'est à vous, l'espace d'une année. Et je savais qu'elle était là, une des invitées. Elle jouait à l'époque, je crois, Une vie de mot passant. Et moi, j'avais vraiment un mémoire, j'avais fait un travail, un projet de série justement sur la PrEP et sur le SIDA. Et donc j'avais ces images d'elle embrassant cette personne séropositive. Et je trouvais ça tellement généreux, courageux pour l'époque et puis très spontané.

  • Speaker #0

    C'est un symbole dans le cadre du SIDA Action.

  • Speaker #1

    Très fort, en tout cas, surtout à l'époque où on était encore avec des connaissances plutôt floues. Et donc c'est vrai que quand je savais qu'elle était là, je voulais lui rendre cet hommage. J'étais hyper ému, j'avais envie de pleurer juste d'en parler. Et donc c'est vrai qu'il s'est passé ce truc-là à la fin. Ce petit baiser, ce petit bis repetita.

  • Speaker #0

    Une belle image.

  • Speaker #1

    Ah ouais, vraiment.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez inventé le concept de cul sociologique.

  • Speaker #1

    De cul sociologique ?

  • Speaker #0

    De cul sociologique.

  • Speaker #1

    Ah, de cul sociologique. En tout cas, je ne sais pas si je l'ai inventé.

  • Speaker #0

    Je définis cela comme cela.

  • Speaker #1

    Je trouve que le sexe et le rapport Chanel est une porte d'entrée pour comprendre l'autre et le monde. extraordinaire et que c'est un endroit où on découvre l'altérité de façon totale. Il y a une vraie mise à nu très concrète, mais aussi par le lâcher prise post-orgasme et par ce que tu vas donner à voir toi aussi dans l'échange. Ça raconte tellement de son rapport au corps, aux autres, au langage, à la façon de te livrer. Est-ce que tu reproduis des schémas que tu as vus ici ou là ? Est-ce que tu es curieux ? Est-ce que tu t'abandonnes ? Je trouve ça extraordinaire et ça raconte... De l'origine sociale, de l'origine socio-professionnelle, de l'ambition, du rapport au silence, à la tendresse. Je trouve que c'est une mine. comme la psychanalysie donc en gros après l'orgasme vous enregistrez les personnes en leur posant des questions alors ça m'est arrivé ouais j'en enregistrais certains ouais je demandais et ouais ouais parce que c'est là où je voulais en venir en fait écoute vraiment il y a un truc où vous tenez un concept de podcast bah oui peut-être alors ceci dit j'en ai écouté un d'ailleurs un mec bel génial qui fait un peu ça C'est pas vrai. Mais si, ouais, complètement. Qui est interrogé après. Mais c'est vrai que c'est un moment qui est extraordinaire, de grande confiance, où on peut se laisser aller à dire de la parole. Un truc.

  • Speaker #0

    Bon, écoutez, alors on va coucher ensemble et après je vous pose des questions. On commence à enregistrer juste après.

  • Speaker #1

    Mais maintenant que je suis complètement rangé des voitures avec un coup d'archi lambda énormé, compliqué de justifier ça à mon mec, de dire bon ok, je dois confier avec des personnes pour le boulot et ensuite je les écoute. Je vais tenter une négo après l'interview.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous faites un seul en scène pour des raisons économiques ?

  • Speaker #1

    Alors, entre autres choses, oui. Bien sûr, ce n'est absolument pas le moteur. Mais il y a une réalité très concrète, c'est que le monde du théâtre est un monde en crise totale, qu'on nous rabat les oreilles avec le fait qu'un spectacle à 4, 5, 6, 7, 8 comédiens, c'est beaucoup trop cher. Et que si on n'est pas financé ou par une grosse production, donc avec des gens très connus, ou par le service public avec la DRAC, donc ça veut dire qu'on n'est pas dans le serail vraiment des institutions. C'est extrêmement dur de monter un projet. Alors que quand tu es tout seul, déjà, tu peux le monter en autoproduction. Et si ça marche, moi, c'est ce qui s'est passé. Le ruissellement, il est à posteriori. Mais la première création, je l'ai faite sans un rond, en ne payant pas les copains, en ne me payant pas. Et après, les producteurs sont arrivés et la confiance est arrivée. Et donc, pour le deuxième volet, je suis produit, je suis payé. C'est merveilleux. Et la réalité, assez objective, quand on va à Avignon, l'été, c'est manifeste. L'essor des solos. il est complètement lié à des contraintes budgétaires. Parce que aller à Avignon, c'est une ruine. Se loger, c'est une ruine. Brouiller, c'est une ruine. J'avais fait des vidéos là-dessus avec mon frangin. Et donc, bien sûr que faire un Avignon tout seul, ça va déjà te coûter un bras. Mais si tu le fais à 8 et que tu produis le truc, tu es un homme tronc.

  • Speaker #0

    On a exactement les mêmes problématiques dans la musique où si vous faites un groupe à 5,

  • Speaker #1

    c'est très compliqué. Et c'est pour ça que l'opéra est à ce point cher. est ruineux parce que quand tu vois toutes les personnes que ça implique on comprend que les places soient de 100 balles parce qu'on ne peut pas payer ces gens là au delà du fait qu'il y ait des stars qui prennent 10 000 balles le cachet ou 40 mais c'est vrai que c'est impossible allez bim on balance mais c'est légitime quand t'as des niveaux de talent de carrière je comprends mais c'est vrai que quand t'es spectateur et que tu vois la fosse, les figurants le décor, oui je peux financer ça et donc le mec qui est tout seul avec son chiffon ou sa craie je parle de moi immanquablement, mon truc il vaut 3000 balles ou 2500 et tout le monde est payé avec ça. Donc c'est sûr que c'est incomparable.

  • Speaker #0

    Et au faux, vous aimeriez ne pas avoir à dormir ?

  • Speaker #1

    Ah ouais, alors j'aime bien dormir, mais j'adorerais ne pas avoir à dormir parce que j'ai trop de choses à faire, à vivre, à partager, à voir. Et ouais, si je pouvais dormir que 5 heures, des fois j'arrive à tenir ce rythme, mais à la fin je suis quand même un peu naze. Mais ouais, ouais, bien sûr. Oui, pour suivre juste l'évolution de mon jardin, des plantes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est pour travailler.

  • Speaker #1

    Ah ben c'est les deux, parce que la contemplation, elle permet de nourrir le travail. Donc voilà, c'est vrai que si j'ai mon heure à regarder l'extérieur, pour ensuite me mettre à écrire et à lire, et à faire les expos, et après à... Non, bien sûr, c'est terrible. Je voudrais être... Non mais il faut que ce soit agréable le repos aussi. Je suis en train d'apprendre ça, d'apprendre le repos.

  • Speaker #0

    et pourtant vous êtes en ce moment en représentation donc il y a cette trilogie moi j'ai vu la fête du slip Quel va être le prochain ? Parce que le fait du slip, c'est le deuxième volet.

  • Speaker #1

    Alors du coup, je suis parti du premier sexe qui réfléchit sur le genre de façon plus globale. Le deuxième volet resserre sur le sexe biologique autour de la question de la performance via les réactions. Et le troisième volet resserre encore sur le slip avec les testicules et le sperme, en interrogeant du coup la transmission et la paternité. Parce que j'ai fait un parcours de dons de sperme. Et donc de ce que c'est que faire famille aujourd'hui, que d'être papa, qu'est-ce qu'on transmet. Le mien vient juste de mourir. Le lien était assez désastreux et en même temps plein de tendresse aussi très maladroite. Donc qu'est-ce qu'on donne en héritage et comment aujourd'hui on peut être une nouvelle figure paternelle qui sort de ce sacro-saint ou maudito-saint patriarcat ? Donc comment est-ce qu'on peut faire, sinon matriarcat, une nouvelle pensée de la transmission ? qui du coup va redéfinir le lien social.

  • Speaker #0

    Et tout ça avec de l'humour ?

  • Speaker #1

    On essaye, oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Ça représente à peu près plus de 4 heures de spectacle cumulées.

  • Speaker #1

    Ça va faire 3h45 à peu près, ou quasiment 4 heures. Je vais tester Avignon l'enchaînement des deux, et on va faire un enchaînement des trois, on va tenter ça à Paris en mai 2025.

  • Speaker #0

    En mai 2025. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est un vrai challenge. Comment on se prépare pour affronter, ne serait-ce que deux spectacles ?

  • Speaker #1

    Et bien, alors moi j'ai une vraie rigueur, je suis un peu un barjot à plein d'endroits, je fais pas mal de sport, là je suis en jogging parce qu'après je vais aller courir au parc des Guylans.

  • Speaker #0

    On me dit tu es un lancain gros, mais en fait vous êtes taillé comme une ablette.

  • Speaker #1

    Maintenant, mais du coup c'est beaucoup de névroses et beaucoup d'entretiens et pendant le jogging par exemple je fais toujours mon italienne d'intec, ça dure à peu près une heure donc là on est bien et oui ça suppose une rigueur et un peu un entraînement sportif parce que bah oui c'est exigeant. deux heures de plateau, une heure et quart tout seul, on est en âge à la fin, on donne beaucoup de choses. Mais il y a un truc qui est très agréable avec le solo, c'est que, surtout là, avec ce prisme-là de l'intime et de... Moi je ramène sur scène ma famille, mes potes, des gens fantasmés mais que j'aime bien. Et du coup il y a quelque chose de très doux. Et donc à la fin c'est très exaltant. Et à Avignon l'an dernier ça marchait très bien. Et il y avait des listes d'attente tous les soirs. Et du coup il y a bien des soirs où j'aurais dit mais si il y avait encore un créneau derrière, je l'aurais fait dans la foulée pour le rejouer, le repartager. Donc il est très exaltant.

  • Speaker #0

    C'est au horizon de jouer ?

  • Speaker #1

    Ouais vraiment, vraiment, vraiment. Ah bah ça crée de la dopamine à 2000, c'est une petite drogue. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Déjà, moi je ne m'y attendais pas, mais c'est vrai que ça se fait beaucoup en ce moment dans le théâtre et déjà les comédiens sont déjà sur scène quand le... quand les spectateurs arrivent. Mais vous, vous les accueillez. C'est-à-dire qu'à bras ouverts, reconnaissant l'un, faisant un signal à l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Pour celui-là, justement, pour le premier, je suis planqué, je dis ma peur au micro et c'est affreux. Je ne sais pas pourquoi je fais ce métier, j'ai la colique et tout ça. Et là je me dis tiens on va essayer de trouver ça, c'est mon frère qui a trouvé ça, qui m'a beaucoup aidé sur la mise en scène en dernière instance, et on s'est dit comme on est quelque chose de très intime, qui pourrait être un peu inhibant, un peu braquant, comment est-ce qu'on peut accueillir au max... Chaleureusement ? Ouais chaleureusement, en désérotisant le propos, donc en étant dans un jogging un peu large, en disant voilà c'est une pyjama party limite quoi, donc de dire bon ça sera sûrement exigeant et on va passer par des choses un peu particulières mais... On met dans un cadre, c'est un peu en littérature, on parle du pack de narration. Et là, c'est un peu le pack du spectateur de vous dire, on va passer un moment chill et cool. Donc voilà, tranquille.

  • Speaker #0

    Détendez-vous, ça va bien se passer, comme disent les autres. Ouais,

  • Speaker #1

    exactement, complètement. Donc voilà, installez-vous, c'est cool. Quand je connais des gens, je suis content. À Bordeaux, je faisais carrément la bise au champ. Donc ouais, c'est créé en contexte. Oui, mais déjà en détente.

  • Speaker #0

    Ces spectateurs, quand vous les connaissez, ça se passe comment ? Ceux que vous évoquez, votre mère est venue voir votre spectacle ?

  • Speaker #1

    Ma mère qui est assez malade, c'est compliqué, elle ne peut plus venir à Paris. Bon, elle apparaissait au moment où je pleure, mais ce n'est pas grave. Et du coup, j'ai eu la chance de pouvoir le créer dans le Sud-Ouest, le spectacle. Elle a pu voir le tout premier volet. elle était au premier rang on était en extérieur avec ses béquilles et une amie puis à la fin elle s'est levée elle a dit c'est moi et je dis oh ça va c'est bon et surtout comme je dis souvent en interview ma maman et mon frère ce sont des personnes avec qui je lis régulièrement mes textes vu qu'ils sont impliqués mais aussi parce que j'ai une complicité folle avec eux et que j'ai besoin de leur regard et des fois j'ai des vétos que je questionne aussi en me disant pourquoi je mets pas ça mais non maman tout le monde le prend bien et aussi pour une raison qui est la suivante que L'un et l'autre, je prends mon frère et ma mère pour le moment, comprennent que c'est plus grand que juste montrer sa culotte et aller raconter.

  • Speaker #0

    C'est pas qu'un spectacle thérapie. Non, pas du tout. C'est pour tout le monde.

  • Speaker #1

    Et que les problématiques sont plus larges, que ça implique l'universel, qu'on essaye de tisser des liens et que je tords à plein d'endroits aussi le réel. Bien sûr que... il est très présent, mais la fiction permet de créer de la friction, et du coup m'offre de transformer et de voir plus grand que le petit règlement de famille. Donc pour ça, ils acceptent.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait répondre à quelqu'un qui dirait... Évidemment, c'est un homme, donc il parle de son sexe. Vous, les hommes, vous ne parlez que de ça. Vous ne pensez qu'à ça. Eh bien,

  • Speaker #1

    justement, c'est un peu partir... de se présupposer, on pense qu'à ça, mais en fait on ne le pense pas, et on le pense pas bien. Donc comment est-ce que ce qu'on a instauré, mis comme une sorte de topos social, ou instinctif, ou naturel, on bande sans arrêt, il faut qu'on assouvisse notre truc, comment est-ce qu'on peut aller plus loin que cette mauvaise excuse de ma bite se dresse, donc elle est toute puissante ? Et comment est-ce qu'on peut réfléchir et mettre en perspective le fait que ce sont des choses qui nous oppressent, nous dépassent, oppressent l'autre genre ? Physiquement ? Complètement, oui. Et puis avec des trucs en plus très concrets. C'est un chapitre que j'ai dû enlever parce qu'à un moment le spectacle ne pouvait pas faire 18 heures, mais je parlais du priapisme. qui nous a été vendu avec ce dieu priable avec son gros sexe en direction sans arrêt et le priapisme aujourd'hui concrètement c'est une maladie une personne qui est en soupe elle va aux urgences ça dure 4 heures, c'est une torture c'est insoulageable et c'est une piqûre dans la verge pour détumifier le sexe donc là encore c'est des mythologies de représentation c'est à dire du sexe dur tout puissant en vrai c'est une objective maladique donc il faut accepter que ça se reste de temps en temps pour du plaisir ou pas et que c'est pas très grave Et donc voilà, je pense que j'ai un peu digressé là.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est très bien, c'est très bien. Est-ce qu'un hétéro aurait pu écrire un pareil spectacle ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de croire que oui, parce que j'aime pas la pensée identitaire qui viserait à cloisonner les orientations et les genres.

  • Speaker #0

    Je me permets de préciser ça parce que vous annoncez sur scène votre sexualité. Votre préférence, c'est pour cela.

  • Speaker #1

    Totalement, et puis d'ailleurs, c'est ce qu'ont pu me sortir des amis féministes ou d'autres critiques, de dire que... Cette parole-là, elle est prise en charge par un mec homo parce qu'il y a quand même un silence global chez les hétéros, ce que je pointe à la fin du spectacle d'ailleurs, ce silence des hommes, des pères, des frères, où le moment critique sur soi est encore très timide. Et ce n'est pas anodin que ça vienne de la part d'un homme qui a vécu le rejet et l'oppression au même endroit que les femmes, parce que, ça j'explique dans le premier volet, l'homophobie procède du même rejet que la misogynie, c'est ce qu'on aime. c'est le féminin qu'on n'aime pas chez l'homosexuel et qu'on ne tolère pas et qu'on met au banc. Donc c'est sûr que c'est pas que ça facilite mais que ça peut légitimer ou justifier cette prise de parole là, sur le genre masculin et que pour l'heure, les hommes qui parlent d'eux-mêmes, quand j'ai travaillé sur le premier sexe, le premier sexe qui existe sur lequel je tombe, c'est celui d'Éric Zemmour qui est un torchon. de 200 maigres pages, écrit en police 18, alors que Simone de Beauvoir se fend de deux tomes en police 6, de 400 pages, brillantissime et renseignée, lui donne son avis en disant des inepties sur les homosexuels qui coiffent et habillent les gens et qui rendent mou la masculinité dominante. Donc c'est vrai que pour le moment, le discours critique n'est pas vraiment pris en charge. Ce que déplore Virginie Despentes à la fin de King Kong Theory, Françoise Héritier dans Masculin Féminin, quand est-ce que les hommes s'en saisissent ? Andréa Bescon le dit remarquablement aussi, et dans ses spectacles et dans ses interviews, c'est quand les mecs que vous en occupez ? Et c'est vrai que tant que nous on ne prend pas ça en charge, ça va stagner. Donc là, il y a des choses qui se passent, il y a un peu de discours, un peu même de réflexion et de spectacle qui se mettent à parler de ça, voire beaucoup. Mais oui, la parole hétéro là-dessus décomplexée, ou en tout cas, qui arrive à interroger... Si, il y a Mansplaining qui fait un super boulot, par exemple, en podcast.

  • Speaker #0

    Je me demandais si c'était plus simple pour un homosexuel. Et en même temps, je sais que le côté d'une masculinité très présente, elle est très forte dans le milieu homo également, dans le milieu gay. C'est très fort pour vous d'arriver à essayer de remettre en question tout cela.

  • Speaker #1

    Oui, en tout cas, c'est sûr qu'on ne peut pas faire d'angélisme en se disant Oui, les homosexuels opprimés ont une parole beaucoup plus ouverte et déconstruite. Quand on est sur les applications de rencontres et ou juste dans des bars ou que sais-je, on voit bien qu'on est les premiers à être souvent archi-virilistes, super réacs, homophobes aussi, parce que ça, je le mets dans le premier spectacle. Le nombre d'homo qui ne supportent pas les mecs trop féminins, les tapettes ou les divas. Il y a des mecs sur les applis de rencontre qui disent non aux blacks, aux asiates et aux divas. Et aux tapettes. Et tu te dis wow.

  • Speaker #0

    C'est trash.

  • Speaker #1

    C'est d'une immense violence. On n'a pas l'apanage de l'ouverture d'esprit et d'intelligence. On a nos blaireaux nous aussi et nos débiles. Comme chez les hétéros, il y a des gens brillants et des gens stupides. Et donc là, c'est vrai qu'à l'endroit de cette communauté... Il y a aussi un décrassage monstrueux à faire sur la pensée et sur une acceptation aussi de la tendresse, la différence. Il y a ce culte du corps hyper gaulé. Un mec vieux, gros et qui n'est pas bourré de fric, il n'a pas grand... Mais comme on le met pareil chez les hétéros, sur le marché du sexe et de l'amour, ça va être plus compliqué. Ce qui est tragique. Le mec est peut-être passionnant. Donc oui, on a un gros taf à faire nous aussi.

  • Speaker #0

    D'où la...

  • Speaker #1

    d'où le côté universaliste finalement de ce spectacle on va parler à chacun j'espère et là c'est vrai que et Papy de Trapp et mon frère ils sont très vigilants à ça et puis ça c'est super pour le coup dans mon équipe c'est beau parce que là j'étais entouré d'hommes et d'hommes qui font mentir à cette masculinité dominante de Papy qui a une soixantaine d'années à mon frère jumeau à un chorégraphe plus jeune et je dis bon en fait c'est quand même très rassurant de dire qu'il y a de la tendresse, de la douceur, une acceptation de ce discours. Et ça, c'est vraiment, vraiment réjouissant. Et c'est vrai que les deux, Papi et David, ils ont été super sur ce truc de... Mon frère, il dit toujours, moi, je suis la caution hétéro-beauf, qui n'aime pas trop le théâtre. Donc, j'ai besoin d'être sûr qu'on ne m'engueule pas et qu'on ne me dit pas ouais. T'es une sorte de grenaze, de boomer à rayer de la carte. Il me dit j'ai envie d'être invité dans ton spectacle. Et donc, des fois je suis un peu trop dogmatique ou un peu politique. Il me dit, ok, comment tu l'arrondis ? Comment tu le passes par le jeu, par la scène, sans nous donner des chiffres, en disant c'est mal ? Et ça justement pour tirer vers l'universel. L'hétéro, le bi, le pédé, l'asexuel, que tout le monde puisse s'y retrouver en termes d'orientation et en termes de genre. Parce que l'oppression, la domination, elle n'a pas de couleur. Et la bêtise, pareil. Donc on peut totalement la désinquiéter d'où qu'on vienne.

  • Speaker #0

    ça concerne tout le monde on va faire un peu de fiction on va imaginer que finalement vous ne faites plus de théâtre et vous avez envie de reprendre un café d'ailleurs vous auriez fait quoi si ça n'aurait pas été alors avant ça moi je devais être prof en fac prof

  • Speaker #1

    d'anglais, de littérature j'avais fait une maîtrise sur Emily Dickinson en poétique américaine et je me préparais quelque chose entre la grammaire et la littérature sur le présent de narration chez Virginia Woolf et des fois je me dis quand je mesure la violence de mon métier, de mon milieu si jamais il fallait arrêter question qu'on a dû tous se poser avec le confinement quand on nous renvoie le fait que nous ne sommes absolument pas essentiels j'y tiens paysagiste, fleuriste ça ça m'éclaterait par exemple mais je lirais toujours des trucs et puis je dirais des poèmes à mes plantes quoi bon alors fleuriste dans un café on va dire ça je vous pose trois questions en rapport avec l'univers du café ok

  • Speaker #0

    En tout cas de la boisson et tout ça. Vous êtes serveur. C'est de la fiction.

  • Speaker #1

    Je vais me projeter.

  • Speaker #0

    Et un coup, la table vous dit Sex on the Beach, Pornstar Martini. Qu'est-ce qu'il se passe ?

  • Speaker #1

    Pornstar Martini. Je dis, mais alors, apprenez-moi la recette. Sex on the Beach, pas de problème. Et puis après, on peut négocier un after un peu ludique et rigolo sur la plage et réfléchir tous ensemble.

  • Speaker #0

    On devient d'accord, ce sont des noms de...

  • Speaker #1

    Cocktails. Je ne connaissais pas le Pornmartini bidule.

  • Speaker #0

    Le Pornstar Martini.

  • Speaker #1

    C'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    J'aurais dû le noter, j'ai pas noté.

  • Speaker #1

    C'est dingue. C'est un vrai cocktail. Ça éveille les curiosités.

  • Speaker #0

    Alors, qui commandait, dit-on, c'est une légende urbaine, mais qui commandait des lait fraises à la Brasse-Mille à Coupole ?

  • Speaker #1

    Je n'en sais pas rien du tout. Coupole, 6e ?

  • Speaker #0

    C'est à Montparnasse.

  • Speaker #1

    Ouais, donc c'est la bande à Cocteau. En fait...

  • Speaker #0

    On le rapporte dans pas mal de livres, puis c'est devenu une légende urbaine, c'est-à-dire qu'il y avait des gigolos, comme on a un léphrèse, c'était une indication pour que certaines femmes les reconnaissent.

  • Speaker #1

    Si j'avais su...

  • Speaker #0

    Non mais je l'ai étayé, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Merde. On est désolé. Et qu'on le dise aux gigolos, qui n'ont heureusement plus besoin de léphrèse grâce à ces applications, et font de l'argent bien autrement.

  • Speaker #0

    Il y a une application.

  • Speaker #1

    Voilà, il y a tout ce qu'il faut. Non mais aujourd'hui, sur les applications de rencontres masculines, il y a beaucoup de mecs qui... spécifié avec un petit diamant pour celles et ceux qui ne savent pas qu'ils sont alloués. et qu'ils sont tarifs et tarifs comme Dieu qu'est-ce que la longueur en bouche enfin en matière de vin c'est quand le fruit ou le tannin demeure dans le palais et que le parfum résonne

  • Speaker #0

    de façon pérenne pour ne pas dire longue on voit l'amateur de Bordeaux la persistance des arômes et des saveurs du vin après l'avoir avalé exactement merci On rappelle ce qui va se passer sur ce spectacle au-delà de la fête du slip. Donc là, bientôt.

  • Speaker #1

    Alors là, bientôt. Déjà, on est à Avignon du 3 juillet au 21 juillet dans le off à Avignon Rennes-Blanche avec du coup les deux volets qui vont se jouer consécutivement à 20h15 et 21h45. Et ensuite, le premier volet de la trilogie sera à la Scala les mardis et mercredis du 17 septembre. au 27 novembre qui vient d'être refaite un beau boulot de programmation ça c'est dans la Picola qui est une superbe salle qui va venir vous voir c'est une grande salle 165 personnes par soir si tout se passe bien on est pas sûr mais on a envie de croire je suis très très heureux j'ai beaucoup de chance et il y a une quinzaine de dates de tournée entre la France et la Suisse pour le moment on va voir ce qu'Avignon va donner en plus je suis très très gâté Et le troisième volet sera créé en mai-juin à l'Arène Blanche Paris, avec aussi un projet de jouer les poils à que le le, voir ce que ça donne et si on survit. Et moi et les spectateurs à cette belle expérience.

  • Speaker #0

    Eh bien bravo et merci beaucoup Michel et Lys. Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo,

  • Speaker #1

    on s'en fout.

  • Speaker #0

    En tout cas,

  • Speaker #1

    ça nous offre de la visibilité.

  • Speaker #0

    Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, qui vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Chapters

  • vrai ou faux

    15:55

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