- Speaker #0
Bonjour,
- Speaker #1
vous écoutez le podcast de Virage. On vous donne des pistes pour aller de l'avant, parfois à contre-courant. Si face à un problème, vous vous êtes déjà dit, j'ai tout essayé, je ne sais plus quoi faire, vous êtes au bon endroit. Je suis Marina Blanchard, psychologue, formatrice et fondatrice de Virage. Mon école s'inscrit dans la lignée de sel de Palo Alto, c'est-à-dire de la thérapie brève systémique. Aujourd'hui, je suis avec Cathy Anchier, les mamans de deux enfants. et aussi la directrice opérationnelle de Virage, elle va me challenger pour un épisode adressé spécifiquement aux parents.
- Speaker #0
Bonjour Cathy.
- Speaker #2
Bonjour Marina.
- Speaker #0
Alors j'espère que tu vas bien, on a un chouette sujet aujourd'hui, c'est la question des critiques sur notre éducation.
- Speaker #2
Un grand classique ça, on pense qu'on y a toutes, toutes et tous d'ailleurs, confrontés à un moment ou à un autre.
- Speaker #0
Exactement, je pense que c'est quelque chose de super désagréable. Quand on entend quelqu'un qui nous fait une remarque, alors soit qu'on entend par la bande ou qu'il nous fait directement une remarque en disant « Tu devrais faire autrement avec ton enfant. »
- Speaker #2
« Moi,
- Speaker #0
à ma place. » Voilà, exactement. Et alors, le pire de tout, c'est les gens qui n'ont pas d'enfant. Ça arrive.
- Speaker #2
Moi, j'ai l'impression que c'est souvent en plus, parce qu'on ne se rend peut-être pas compte de la difficulté des choses.
- Speaker #0
Oui, c'est possible. Mais ça, c'est vraiment, je trouve, le pire. Parce qu'on se dit vraiment « Vas-y, tu verras toi quand tu y colleras. » Oui, c'est l'idéal. Mais non, c'est ça.
- Speaker #2
C'est force et c'est faiblesse et on fait ce qu'on peut. C'est vrai que quand quelqu'un qui n'a pas d'enfant nous envoie un miroir ou nous critique par rapport à ce qu'on fait, c'est difficile à avaler parce que tous les parents font tout ce qu'ils peuvent pour que ce soit pour le mieux pour leurs enfants.
- Speaker #0
Mais c'est ça, exactement. Je pense aussi, et je pense surtout, je pense aux personnes qui nous écoutent, et je me dis déjà, écoutez un podcast qui parle de la parentalité, etc., c'est quand même que j'ai envie de bien faire. Et donc, évidemment, vous êtes là, vous avez envie de bien faire. Et vous vous recevez quand même de temps en temps une critique ou l'autre. Alors ça peut être effectivement par des gens qui n'ont pas d'enfant, ça peut être un prof qui vous dit quelque chose, c'est très désagréable. Et puis voilà, ça peut être sinon aussi votre maman.
- Speaker #2
Ou les amis.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Oui, ça, ça peut... Il y a beaucoup de personnes qui peuvent être là en train d'essayer de nous culpabiliser ou essayer de nous aider en fait, parce que ça peut venir d'une bonne intention. même si c'est difficile de le prendre comme ça.
- Speaker #2
Et c'est vrai que par rapport à tout ça, on essaie tous de s'en sortir comme on peut, on essaie de se justifier, on essaie de répondre. Quelquefois, on peut peut-être les fuir pour éviter d'avoir ce genre de retour.
- Speaker #0
Oui, on peut essayer de ne pas les entendre ou de dire oui, ok, et puis essayer d'oublier. Mais ce n'est pas facile, ce n'est pas toujours facile en tout cas d'oublier. Oui,
- Speaker #2
parce qu'après, on peut ruminer longtemps en disant pourquoi. Pourquoi j'ai entendu ça ? Qu'est-ce que j'aurais dû répondre ? Est-ce que j'aurais dû répondre à quelque chose pour défendre ma posture de parent ou défendre mon enfant parce que moi je trouve que son comportement était normal et justifié et c'est pas juste que je sois remise en compte alors que pour moi tout allait bien ?
- Speaker #0
Oui, ou même, j'ai envie de dire, se dire peut-être je fais pas bien. Et c'est pas gay non plus parce que soit effectivement on est sûr de soi et on se dit c'est pas normal qu'on m'en remette en compte. Et j'ai envie de dire c'est plutôt alors qu'on a de la colère, plutôt en disant comment il se permet. Et puis, parfois, on peut se dire, en fait, parce qu'on n'est pas toujours sûr de soi comme parent, on apprend en faisant. C'est un métier qu'on apprend en le faisant.
- Speaker #2
Je rate tout et je culpabilise.
- Speaker #0
Oui, je me sens mal, parce que peut-être que l'autre a raison. En fait, c'est vrai. Et donc, j'ai envie de dire, c'est déjà vraiment, je trouve que c'est vraiment, moi, je dis souvent, c'est le métier le plus important de notre vie. C'est ce qu'on veut, c'est le métier, c'est la chose la plus importante de notre vie. Et on se retrouve à devoir l'apprendre en le faisant. Donc, c'est vrai qu'on peut avoir des doutes aussi.
- Speaker #2
Oui, alors... Et c'est vrai qu'être parent, c'est un florilège d'émotions.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. À chaque moment, tout le long.
- Speaker #2
C'est vrai que ça rajoute une petite couche...
- Speaker #0
De complications, quand même. Et d'émotions. Donc, effectivement. Alors, je pense que c'est important de pouvoir entendre ces critiques, quelque part, et de pouvoir... De toute façon, la première chose, et tu l'as tout de suite dit, et je trouve que c'est intéressant, parce que tu as tout de suite dit, tout le monde a vécu ça. On n'y échappera pas, en fait. Et je pense que la première chose, c'est de se dire, de toute façon, quoi qu'on fasse, on sera critiqué. Trop sévère, on sera critiqué. Pas assez sévère, on sera critiqué. Il y aura toujours des personnes pour trouver à redire de comment on fait avec nos enfants. Donc, je pense que c'est la première chose à avoir en tête, c'est qu'on n'y échappera pas, qu'il y aura des gens qui ne seront pas d'accord avec nous. La preuve en est que nous éduquons un peu tous nos enfants différemment, parce qu'on n'a pas les mêmes valeurs, postures, etc. Et même en ayant les mêmes valeurs, on peut... avoir d'autres manières d'essayer d'y arriver ou de les transmettre à nos enfants. Et donc, je pense que ce qui est important, c'est de pouvoir... Quand il y a une critique comme ça, elle peut générer d'abord des émotions, elle peut nous rendre tristes, etc. Mais une fois l'émotion passée, accepter nos émotions, on a le droit d'être fâché sur la personne, etc. Mais se poser la question de la critique de manière un peu rationnelle et de se dire, en fait, la personne me dit ça, est-ce que par rapport à mes valeurs, par rapport à ma manière de voir l'éducation, c'est quelque chose d'intéressant, ça m'apporte quelque chose ? Ou bien je trouve que vraiment, elle est tout à fait à côté de la plaque, où elle est ? pas crédible pour moi parce que ça dépend aussi de la personne de qui ça vient et donc si cette personne pour moi je veux dire je me dis bah oui c'est ma mère qui me dit ça mais ma mère quand je vois comment elle a fait avec nous pour ça ou pour ça voilà.
- Speaker #2
Mais d'être capable de prendre du recul pour poser les choses.
- Speaker #0
C'est ça parce qu'on peut peut-être en prendre du bien parce que c'est vrai que comme on le disait tout à l'heure a priori on le prend mal enfin j'ai envie de dire c'est rare qu'on se dise merci c'est trop gentil donc c'est pas comme ça qu'on le prend et donc je crois que d'abord on a une émotion qui vient qui est négative et c'est normal et Moi, je répète toujours d'accepter son émotion. Si on est fâché, on peut se dire, « Je suis vraiment fâché, comment est-ce qu'elle a pu, comment elle ose me dire quelque chose ? » En plus, quand je vois ses enfants, elle… Parce que c'est souvent ce qui se passe, c'est du coup nous. On va commencer à critiquer, ou en tout cas avoir envie de critiquer comment l'autre fait. Et donc, je pense qu'il y a vraiment cette idée de se dire, « D'abord, j'ai le droit d'être fâché et ce n'est pas chouette, et ça va encore arriver, parce que vous aurez tous, si vous êtes parents, des moments où vous allez être critiqués. » en face ou dans votre dos, déjà on peut se dire c'est peut-être de la chance qu'on nous le dit en face, j'en sais rien ou pas, mais du coup après c'est se dire, au fond est-ce qu'il y a une once de vrai dans ce qui est dit, est-ce que en fait elle me nourrit de quelque chose d'intéressant, parce que peut-être ça peut être aidant, me faire voir tiens les choses un peu différemment finalement
- Speaker #2
Oui parce que derrière il n'y a pas toujours une volonté de nuire au contraire, en général c'est plutôt d'essayer de tirer vers le haut Oui Oui
- Speaker #0
Et c'est ça qu'on oublie, je trouvais qu'il y a un peu dommage, c'est que comme la critique nous heurte et nous blesse, nous fâche, enfin voilà, on la rejette complètement. Et moi, je me dis que c'est quand même intéressant de se dire. Alors après, ce n'est pas pour ça qu'elle est juste toujours. Donc, je ne suis pas en train de dire, prenez.
- Speaker #2
L'idée serait de dire,
- Speaker #0
qu'est-ce que je peux faire pour cette critique ? Est-ce que je la jette parce que franchement, je trouve que c'est faux et ce n'est pas du tout adapté ? Ou est-ce que je me dis, tiens, voilà. Enfin, je suis en train d'un peu balbutier, parce que je suis en train de réfléchir à une critique que moi j'avais eue quand j'avais mes enfants qui étaient jeunes, et qui était que les enfants qui n'allaient pas à la crèche étaient plus heureux. Donc moi les miens allaient à la crèche, c'était gentiment dit, mais c'était pour me dire que franchement je ferais mieux de ne pas travailler que de les mettre à la crèche, alors qu'ils n'étaient qu'à mi-temps en plus à la crèche, enfin ce n'était même pas encore comme s'ils étaient à la crèche full time, encore que moi je ne pense pas du tout que la crèche soit mauvaise, au contraire. Donc j'avais eu cette critique et... Je pense que, voilà, si je la prends, cette critique, au moment même, ben voilà, je l'ai blessée, je me sens un peu coupable de la mettre à la crèche, parce qu'évidemment, voilà, ils sont plus épanouis, soi-disant, etc.
- Speaker #2
Coupable de ne pas donner tout ton temps,
- Speaker #0
maman. Voilà, voilà, exactement. Surtout qu'on est vite coupable. C'est pour faire l'objet d'un autre épisode, parce que la culpabilité des parents, elle est vite là. Mais du coup, c'est vrai que cette critique-là, voilà, si je la confrontais à mes valeurs, raisonnablement, en fait, c'était pas OK. Et finalement, voilà, Même si elle avait été faite par gentillesse. La personne, c'est vraiment toute bonne intention, j'en suis certaine.
- Speaker #2
Sauf que l'alternative à la crèche...
- Speaker #0
Vraiment, mais oui, c'est ça.
- Speaker #2
Si on propose cette problématique, la crèche, c'est pas bon, quelle est l'alternative ? Ce n'est pas seulement que maman reste, c'est peut-être alors un coup de main qui ne venait pas.
- Speaker #0
Oui, exactement, c'est ça. Il n'y a pas forcément de choix par rapport à ça. Je ne peux pas m'arrêter de travailler. Enfin voilà, il y a des choses qui sont... Et donc c'est pour ça que je pense que la confronter à nos valeurs, mais pas... Par contre, on peut avoir des critiques de quelqu'un qui dit « Tiens, tu fais ça comme ça, c'est drôle. » Moi, j'ai lu que ce n'était pas bien. Et se dire « Ah oui, tiens, je n'ai jamais lu ça, je n'ai jamais vu comme ça, je n'ai jamais pensé. » Même si au moment même, ce n'est pas agréable, on peut parfois peut-être en prendre quelque chose. Maintenant, il n'y a pas d'obligation à en prendre quelque chose.
- Speaker #2
Non, je pensais juste à... Pour donner un exemple aussi, je pensais à... Ton fils ne mange pas de légumes. Ça ne va pas, tu dois le contraindre. à cause de toi, il va tomber malade.
- Speaker #0
Je me dis,
- Speaker #2
c'est compliqué de prendre du recul, de laisser en berne ses émotions, puis de poser les choses, même si avec du recul, évidemment, derrière l'idée, c'est de prendre soin de ce petit garçon, en l'occurrence, mais c'est vrai que pour une maman, c'est difficile de se dire, je vais me poser.
- Speaker #0
Surtout qu'elle a probablement essayé qu'il en mange. La maman, tu vois, je me dis, c'est pas possible. Elle a certainement essayé qu'il en mange, et puis voilà, elle se retrouve. Alors là, je trouve que effectivement l'envie c'est d'abord de dire j'ai essayé etc et je pense que ça me donne l'idée je trouve parce que ça fait deux fois qu'on en parle de dire peut-être à la personne tu ferais quoi à ma place
- Speaker #2
Oui, tu vois ma place.
- Speaker #0
Parce que finalement, ok, oui, tu as raison, ce serait bien qu'il en mange, j'ai essayé plein de choses, tu aurais des idées, ce que tu ferais ? Et de rebalancer finalement à l'autre la suite de la critique qui est la construction d'une solution.
- Speaker #2
La responsabilité,
- Speaker #0
par exemple. Oui, parce que celui qui critique, c'est bien gentil. Et puis voilà, après, la personne peut peut-être, alors là, ce sera intéressant ensuite de voir si elle a des choses à proposer ou si elle est le bec dans l'eau et que c'est nous qui pouvons ricaner, quelque part. Donc, Donc ça, je pense que ça peut être aussi une manière de faire. Je pense que ce qu'il faut retenir, en tout cas, de cet épisode, c'est d'accepter le fait qu'on n'évitera pas les critiques. Il y en aura toujours, toujours, toujours. De se dire que l'émotion qui, du coup, est désagréable, qui va venir forcément de la culpabilité, du doute, de la colère, de la tristesse, parce qu'on est blessé exactement, a le droit d'être là et qu'on va la ranger. J'ai le droit de... pleurer parce que j'ai reçu cette critique-là de ma belle-sœur, d'une amie, de trucs. Ne pas lutter contre. Et puis, dans un second temps, se dire, est-ce qu'il y a quelque chose de vrai là-dedans ? Est-ce que je vois des solutions ? Et éventuellement, je trouve que c'est intéressant de se dire, je renvoie la question. Et je lui dis, tiens, et ça pourrait même être une semaine après, tiens, la semaine dernière, tu m'as dit que mon fils mangeait pas de légumes. T'as des pistes ? Parce qu'en fait, j'ai déjà essayé plein de choses. T'as peut-être des pistes concrètes ? Et de renvoyer la balle. et que l'autre se retrouve un peu... Ou bien nous donne des bonnes pistes, on ne sait jamais. Oui, je me demande. Voilà. En tout cas, la critique, mais je crois que ça va passer, ça doit presque venir après qu'on se soit dit est-ce que cette critique, pour moi, a du sens ? Parce que si on dit, voilà, je trouve que tu devrais toujours, je ne sais pas, m'attacher les cheveux de ta fille parce que ses cheveux détachés, je ne sais pas comment ça fait des ordres, et que je me dis, ben non, moi, les cheveux détachés, je m'en fiche. Voilà, je ne vais pas demander comment tu ferais pour attacher parce qu'elle ne veut jamais les attacher. Parce qu'en fait, voilà. Ça ne mérite pas d'aller plus loin parce que je ne suis pas d'accord avec la critique. Et donc, je pense que c'est important de vraiment se dire à la critique, tiens, c'est intéressant de la prendre en disant, est-ce que je suis d'accord avec ça ou pas ? Et si je suis d'accord avec ça, soit je change moi, et si je n'ai pas de piste, je peux toujours retourner vers la personne qui a balancé la critique en disant, voilà, comment tu ferais ?
- Speaker #2
Je te laisse m'inspirer. Voilà,
- Speaker #0
exactement. Eh bien, merci beaucoup Cathy.
- Speaker #2
Merci Marina pour toutes ces pistes.
- Speaker #0
À très bientôt.
- Speaker #2
Bonne semaine à tous.
- Speaker #0
Et si vous avez, vous aussi, des questions à nous proposer ?
- Speaker #1
ou des sujets que vous voudriez entendre développer, n'hésitez pas à nous contacter via le site de Virage.