- Nathalie
Bienvenue dans cet nouvel épisode de Vivre le diabète à la recherche de l'équilibre. Aujourd'hui, nous abordons un sujet essentiel pour des millions de personnes, les traitements du diabète de type 2. Pour en parler, j'ai l'immense plaisir de recevoir Catherine Cortey, endocrinologue et diabétologue. Nous allons explorer ensemble les différentes options thérapeutiques, les avancées récentes et les conseils pratiques pour mieux vivre avec cette maladie. Que vous soyez concerné directement ou que vous souhaitez mieux comprendre comment accompagner un proche, cet épisode est pour vous. Je suis Nathalie, diabétique de type 1 depuis février 2010. Je m'adresse à toi qui viens de déclarer un diabète, à toi qui es diabétique de type 1 ou de type 2, ou à toi qui es en pré-diabète. Mais aussi à toi qui soutiens et aides, que tu sois parent ou conjoint. Je m'adresse également à toute personne désireuse de savoir ce qu'est le diabète vu par une patiente diabétique. Je te laisse maintenant avec l'épisode du jour.
- Dastri
Dans la vie, il y a des moments qui piquent et des objets qui piquent. Mais on pourra toujours compter sur les boîtes Dastri. La boîte jaune pour éliminer ce qui pique en sécurité. La boîte violette pour recycler ce qui pique quand c'est connecté. Dastri, des boîtes pour la vie.
- Nathalie
Bonjour Catherine.
- Catherine
Bonjour Nathalie, bonjour à tous.
- Nathalie
Alors Catherine, peux-tu te présenter ?
- Catherine
Alors, Catherine Cortey-Giorgi, je suis médecin endocrinologue-diabétologue installée en libéral à Ajaccio.
- Nathalie
Est-ce que tu peux nous rappeler ce qu'est le diabète de type 2 ?
- Catherine
Le diabète de type 2 est une maladie chronique qui est constituée par une hyperglycémie chronique dans le sang. Et c'est un sujet d'actualité, je suis très contente d'être là aujourd'hui, parce que c'est un sujet d'actualité qui donne lieu actuellement à des recherches intenses. Et nous, diabétologues, avons vu apparaître depuis quelques années des médicaments très intéressants. La physiopathologie est un peu compliquée, associant une notion d'hérédité et des conditions environnementales sur lesquelles on peut agir, ce qui est très intéressant. Et grâce à des émissions comme celle-ci, en fait... Plus les patients apprennent de choses concernant cette maladie, et mieux ils sont armés pour se soigner correctement finalement. L'objectif du traitement est bien sûr de prévenir les complications liées à cette hyperglycémie chronique qui sont communes au diabète de type 1 et au diabète de type 2. Les complications de cette maladie chronique vont être évitables. Quelles sont-elles ? Un excès de sucre dans le sang de manière... continue sur plusieurs années va pouvoir donner des problèmes au niveau des artères de petit et gros calibre. Quand c'est les petites artères qui sont touchées, on parle de microangiopathie, c'est-à-dire les petites artères des reins, des yeux, des nerfs. Et quand c'est les artères de gros calibre, on parle de macroangiopathie. À ce moment-là, on parlera de l'atteinte des artères coronaires, de l'artère des jambes. Le traitement du diabète de type 2 a pour but, bien sûr, de prévenir ces complications, mais il faut savoir que le diabète n'est pas le seul en cause. Il ne faut surtout pas oublier de prendre en charge les facteurs de risque associés, c'est-à-dire les autres pathologies associées, comme l'hypertension, comme l'obésité, comme l'augmentation du cholestérol, le vieillissement. On ne peut pas toujours faire grand-chose, mais il y a quand même quelques moyens. Et savoir que c'est important de retenir que le diabète est surtout en cause dans l'atteinte des petites artères. Les atteintes des yeux et des reins sont spécifiques du diabète. On a une micro-angiopathie, c'est-à-dire l'atteinte des petits vaisseaux, qui peut baisser de 25 à 30 si on a un point d'hémoglobine glycée en moins. Alors il faut peut-être rappeler ici ce que c'est que l'hémoglobine glycée. La glycémie, c'est au moment de la prise de sang. c'est-à-dire le taux de sucre qu'on a quand on vous fait votre prise de sang. L'hémoglobine cliquée, c'est un critère qui nous donne une idée de la moyenne des trois mois passés. C'est elle qui est à ce jour le critère le plus intéressant pour savoir si on est ou pas en hyperglycémie chronique. La normale varie selon l'âge. En moyenne, si on a en dessous de 7%, on peut considérer que le diabète est bien équilibré, alors qu'un sujet non diabétique a toujours un peu d'hémoglobine cliquée, entre 4 et 6%. Cette hémoglobine glycée est le résultat de l'excès de sucre dans le sang qui va se poser sur les globules rouges. Et comme le globule rouge est constitué d'hémoglobine et qu'un globule rouge vit trois mois, on a donc le reflet de l'équilibre des trois mois passés. En revanche, pour la macro-angiopathie, c'est-à-dire l'atteinte des gros vaisseaux, c'est plutôt les autres facteurs de risque qui vont être prépondérants dans leur survenue, c'est-à-dire l'hypertension, c'est-à-dire l'hérédité avec des... Les événements cardiovasculaires survenus chez les parents. plutôt que le diabète. Mais il faut quand même considérer que c'est une association de malfaiteurs et que le diabète fait partie de cette association.
- Nathalie
Et on parle beaucoup de résistance à l'insuline.
- Catherine
Oui, la résistance à l'insuline fait partie des caractéristiques principales du mécanisme du diabète. C'est-à-dire qu'on a une insulino-résistance, c'est-à-dire que le corps résiste à une quantité normale d'insuline. C'est-à-dire que le pancréas contient des cellules qui s'appellent les cellules des îlots de Langerhans, des cellules bêta qui produisent de l'insuline au fur et à mesure des besoins. Cette insuline a pour rôle de faire rentrer le sucre dans les cellules, de façon à ce qu'il l'utilise, puisqu'on le sait, c'est son carburant principal. Mais si la cellule est gorgée de graisse, dans le cadre d'un surpoids ou d'une obésité, à ce moment-là, le codage ne se fait plus comme il faut, et le sucre ne peut plus rentrer du sang dans la cellule, il va donc s'accumuler dans le sang, et s'associer à une hyperproduction d'insuline de la part du pancréas qui veut absolument passer ce barrage. Donc la résistance à l'insuline, c'est les organes qui ont besoin d'utiliser du sucre pour fonctionner, ne peuvent plus le voir arriver suffisamment rapidement et en quantité suffisante à cause d'une résistance à l'insuline. Et cette résistance à l'insuline va s'accompagner d'une production accrue d'insuline pour essayer de passer ce barrage. Donc résistance à l'insuline et épuisement pancréatique vont faire partie de la physiopathologie du diabète type 2 puisque au bout d'un moment, le pancréas qui a trop travaillé pour essayer de passer outre cette résistance va avoir une diminution quantitative et qualitative de la production d'insuline et cela va aboutir à une hyperglycémie puisque le sucre ne pouvant plus rentrer dans les cellules va s'accumuler dans les vaisseaux sanguins. Et la résistance à l'insuline, même si la glycémie est normale, c'est déjà le début des ennuis a fortiori si la glycémie monte un petit peu. Cette résistance à l'insuline est quantifiable, alors il y a des indices qui sont souvent utilisés par les laboratoires, l'indice HOMA par exemple, qui pour moi n'est pas très intéressant. Moi je préfère un mètre de couturière et mesurer le tour de taille de mes patients, et le tour de taille de mes patients est un très bon indicateur de la résistance à l'insuline, puisqu'on dit que 88 cm est le maximum dans les pays européens pour une femme et 98 cm pour l'homme. Au-delà de ces chiffres-là, on a une résistance à l'insuline qui est certaine. Et cette résistance à l'insuline va faire que le corps ne va plus avoir suffisamment d'insuline. Donc il va falloir, dans un premier temps, et même en cas de surpoids sans diabète avéré, il suffit qu'il y ait une personne qui a un petit surpoids ou un surpoids ou une obésité et des antécédents familiaux de diabète, la résistance à l'insuline elle y est. C'est certain, à cause de l'obésité. Il suffit de perdre un peu de poids, ne serait-ce que perdre 5 à 7 % de son poids et faire un petit peu d'activité physique en se bougeant un petit peu plus que d'habitude. Les recommandations sont à peu près 150 minutes d'activité par semaine. Bon, après, quand on dit 150 minutes, il faut quand même mouiller la chemise. Il faut transpirer un petit peu. Autrement, si c'est pour faire du lèche vitrine, ça ne sert à rien. Donc, en transpirant 150 minutes par semaine avec une perte de 5 à 7 % du poids, on a quand même 30 à 35 % des pré-diabètes qui ne deviendront jamais un diabète dans ce cadre-là.
- Nathalie
De ce fait, quels sont maintenant les traitements principaux du diabète de type 2 ?
- Catherine
Le premier traitement, c'est l'alimentation. Le premier traitement, c'est l'alimentation, c'est-à-dire avoir une routine alimentaire, un rythme alimentaire au quotidien qui est favorable à la perte de poids sur le long terme. C'est-à-dire que... Il faut privilégier des alimentations méditerranéennes, on est un très bon exemple. On va privilégier les légumes, on va privilégier les légumineuses, on va manger 2-3 fruits par jour maximum, parce que les fruits contiennent du fructose, et le fructose est un sucre particulier qui favorise l'insulino-résistance et qui donne trop de travail à notre foie, et pendant qu'il s'occupe de métaboliser le fructose, il ne peut plus faire autre chose. Donc trois fruits par jour, même s'ils contiennent des vitamines qui sont intéressantes, trois fruits par jour est un maximum, que ce soit en pré-diabète ou dans le cadre du diabète avéré. Donc alimentation avec perte de poids d'au moins 5 à 7 % et surtout une alimentation que l'on doit pouvoir conserver sur le long terme, c'est-à-dire la restriction n'est pas quelque chose d'indiqué parce que la restriction n'est pas compatible avec une vie sociale, familiale, professionnelle sur le long terme pouvoir faire quelque chose. Le régime le plus facile, c'est celui que le patient peut suivre. Il ne faut pas se mettre des choses impossibles. Il faut prévoir par semaine un petit plaisir, un petit repas de fête. Alors qu'actuellement, les repas de fête, c'est un peu tous les jours. Moi, je vois des gens qui mangent des viennoiseries tous les jours, des choses comme ça. Une fois par semaine, c'est bien d'en manger, mais tous les jours, ce n'est pas possible. Les croissants, les pains au chocolat, les briottes, c'est du gras et du sucre. Ce n'est pas possible tous les jours. Ensuite la deuxième recommandation, c'est l'activité physique. Il faut se bouger. Notre corps est constitué à 70% de muscles. Et que deviendrait une usine si 70% de ses employés ne faisaient rien toute la journée ? Donc il faut faire travailler ses muscles d'une manière générale en faisant cette activité minimum 150 par semaine. On peut faire 3 jours 50 minutes, 5 jours 30 minutes, c'est vous qui voyez. Mais pendant cette activité-là, il faut rentrer à la maison en ayant transpiré. Il n'y a que comme ça qu'on va pouvoir modifier l'insulino-résistante puisque celle-ci sévit également au niveau des muscles. Dans l'alimentation, j'y reviens, il va nous falloir... En plus de manger des légumes, en plus d'avoir une alimentation régulière, il faut des repas à heure le plus fixe possible. Le corps n'aime pas les changements, il aime bien qu'on lui impose une routine alimentaire. Peut-être sur une semaine, manger chaque lundi, chaque mardi la même chose, comme à la cantine quand on était petits. Moi je trouve que c'était un bon système pour donner le rythme à l'organisme. Il faut traquer les sucres cachés, parce que des sucres il y en a partout même dans ce qui est salé, dans un bocal de pickles ou de cornichons, vous avez du sucre. Donc je ne dis pas de ne pas en manger, mais de savoir qu'il y en a. Essayez d'éviter les aliments ultratransformés. Dans l'alimentation aussi, il est très intéressant de s'intéresser à ce qu'ils appellent l'index glycémique. L'index glycémique des aliments, c'est le pouvoir sucrant d'un aliment. C'est-à-dire que quand on mange quelque chose qui contient du sucre, on va avoir, qui va s'en suivre, une montée de sucre dans le sang et donc une production d'insuline adéquate. Il y a certains aliments à quantité de sucre égale qui vont faire monter plus le taux dans le sang après l'ingestion et donc faire produire plus d'insuline. Pour prendre un exemple, l'index glycémique le plus haut, c'est le saccharose, c'est-à-dire les petits carrés de sucre qu'on met dans le café. On considère donc que c'est la base et qu'il y a un index à 100% pour eux. Pour donner un exemple, la baguette française est à 95% d'index glycémique, alors que les deux contiennent 50% de sucre. Voilà. tradition, elle est dans les 55-60. Le pain au céréal, il est à 47. Donc, certes, l'index glycémique a des limites, parce que c'est une notion de santé publique, c'est une notion statistique. Si vous mangez la moitié d'une baguette, c'est sûr que vous aurez un index glycémique très élevé, mais si vous mangez deux pains au céréale entier, vous aurez le même. Donc, c'est une question de quantité aussi. Donc, on doit quand même étudier l'index glycémique, parce que c'est signalé, il y a des listes partout sur Internet, parfois c'est signalé sur certaines applications. Moi, je considère quand on a un pré-diabète ou une tendance génétique à avoir du diabète, de privilégier les index glycémiques en dessous de 55. Par exemple, les légumes ont un index glycémique très bas, essentiellement cru. Par exemple, la carotte, si on la consomme cuite, elle aura un index glycémique plus élevé que cru. Les pâtes devront être consommées al dente. Pour le riz, je conseille souvent à mes patients de le faire cuire la veille, de façon à le garder au frigo une nuit et l'index glycémique est amélioré, l'amidon prend une autre forme et la montée de sucre va être plus forte parce que le riz a un index glycémique très élevé. Surtout le riz pré-cuit, déjà en sachet, celui-là il faut le bannir, prendre du basmati de bonne qualité, le faire cuire la veille. Je mets également les gens en garde contre le fructose, qui est obligatoirement métabolisé uniquement au niveau du foie, et notre foie, on le sait, il a de nombreuses réactions chimiques qui se passent. en son sein, et plus on lui donne de travail, et moins il va en faire. Au bout d'un moment, il va être fatigué. Il lui aussi est victime de cette fameuse résistance à l'insuline. Il est obligé, notre foie, de synthétiser des réserves. C'est lui qui a 3-4 jours de réserve de sucre pour notre cerveau. Il le met en réserve pour pouvoir le libérer pendant les périodes de jeûne, pendant la nuit. Tout ça est ancestral. On est les héritiers du néolithique, et les gens ne savaient pas s'ils devaient manger ou pas manger. pendant quelques jours en fonction des disettes, des guerres ou des animaux sauvages qui devaient les agresser. Donc le corps s'est adapté et il faudra des millions d'années pour qu'il s'adapte à notre profusion alimentaire. C'est-à-dire qu'on mange trop par rapport à notre capacité de stockage. C'est le foie qui est à la base. Il faudrait également parler des acides gras, puisque pour réduire l'insuline résistance, on sait qu'il faut perdre du poids. Et perdre du poids, ce n'est pas que agir sur le sucre, c'est agir aussi sur les graisses, les acides gras. On distingue les acides gras saturés ou insaturés, je ne vais pas rentrer dans les détails. Les acides gras saturés, c'est le beurre d'origine animale, la crème, on en a besoin un petit peu, 10 grammes de beurre par jour le matin, du vrai beurre me semble correct, amenant ainsi de la vitamine D et des bons acides gras. Et les acides gras insaturés, qui eux se trouvent partout, il faut les différencier. En gros, il y a trois types, les oméga-3, les oméga-6 et les oméga-9. Les oméga-3 sont ceux qui sont anti-inflammatoires. Plutôt bénéfique pour notre santé, c'est ce qu'on prouve dans l'huile de colza, c'est ce qu'on trouve dans... des huiles qui sont comme celles d'huile de colza, l'huile de lin, l'huile de cameline, tout ça. Les oméga-6, en revanche, eux, sont très inflammatoires. C'est cela qu'il faut réduire. C'est l'huile de tornusol, c'est les soja et les oméga-9, qui, eux, ont plutôt un bénéfice que l'huile d'olive et l'avocat. Donc, il va falloir traquer les oméga-6, qui, eux, sont surtout dans les plats ultra transformés, et cuisiner soi-même ces légumes et les agrémenter avec un peu d'huile de soja. ou d'huile d'olive, de l'huile de noix de temps en temps, qui contient aussi de l'oméga 9. Donc, concernant l'alimentation, on a parlé des sucres, donc on travaille l'index glycémique, on traque les sucres cachés, on travaille l'index glycémique avec privilégié un index inférieur à 55, on traque les oméga 6 qui sont cachés dans les aliments ultra transformés et on essaye d'éviter les huiles de tournesol et les fritures à très haute température. On n'a pas parlé des protéines qui sont quand même la base de notre vie, les protéines sont les petites briques qui s'empilent pour former nos cellules, n'est-ce pas ? Normalement, on devrait consommer un gramme de protéines par kilo de poids, par kilo de poids idéal. Il n'y a pas la peine d'en prendre plus, parce que les régimes hyperprotéinés, bien sûr, font leur preuve, mais en termes de perte de poids et de diminution de la résistance à l'insuline, mais ils sont, à mon avis, incompatibles avec une vie sur le long terme. Donc, on peut les utiliser en starter de temps en temps, mais en routine, un gramme de protéines par kilo me paraît suffisant. Mais parfois, les gens ne savent pas bien quantifier un gramme de protéines. Ça correspond à quoi ? C'est à peu près 25 grammes de viande rouge, 25 grammes de poisson, c'est à peu près un œuf. Donc, il faudra manger des protéines à chaque repas. Un yaourt, une petite portion de fromage, plutôt du fromage de petits animaux, toujours pour se référer à la diète méditerranéenne où on essaye de prendre plutôt du fromage de chèvre ou de brebis. Mais les protéines sont très importantes parce que si on maigrit beaucoup, et tu as dû voir autour de toi des expériences de genre, quand les gens ne mangent pas assez de protéines et qu'ils maigrissent beaucoup, le corps va puiser dans ses propres protéines. Et à ce moment-là, on va avoir une perte musculaire qui n'est pas du tout souhaitable quand on essaye de perdre du poids de manière équilibrée, de façon à pouvoir faire du sport. Donc il ne faut surtout pas diminuer les protéines. Et c'est très difficile quand on a à faire à des gens qui sont végétariens ou végétaliens. On est parfois obligé de leur donner des compléments alimentaires à base de protéines pour avoir leur ration. Voilà sur le plan alimentaire ce que je voulais dire, et ça s'appliquera aux gens en surpoids, aux gens pré-diabétiques. Moi, la base de mon métier dans le cadre de la nutrition, c'est quand même la prévention. Et donc, je voudrais quand même parler un petit peu aussi du pré-diabète, parce qu'on ne sait pas trop ce que c'est. Avant, on parlait de la résistance à l'insuline, pour dire qu'il y a une hyperinsulinisme. C'est sûr, c'est la physiopathologie, mais ça ne parle pas tellement aux gens. Le pré-diabète, ça leur parle parce qu'on parle de chiffre, c'est-à-dire que le taux normal de sucre dans le sang c'est entre 0,70, et 1,05, 1,06. À partir de 1,06, 1,07 et jusqu'à 1,26, on parle de pré-diabète. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que déjà le corps commence à avoir des difficultés en termes de production d'insuline par rapport au travail que lui demande l'alimentation. C'est-à-dire qu'une glycémie à 1,10, la plupart des gens vont dire "Oh, c'est rien, ma mère avait ça". Pour moi, c'est déjà le début des ennuis. C'est là où il faut commencer, non pas avoir une prise en charge médicamenteuse, mais une prise en charge d'hygiène de vie et de comportement au quotidien. Le diabète patent avéré, c'est au-delà de 1,26, à deux reprises en laboratoire, après 8 heures de jeûne, espacé de 15 jours. Là, c'est le diabète. Et là, la réversibilité est beaucoup moins certaine. C'est-à-dire qu'en pré-diabète, si on perd, comme je le disais tout à l'heure, entre 5 et 7 % de son poids, et qu'on bouge 150 minutes par semaine, on peut diminuer de 30% son risque de devenir diabétique. 30% des gens ne le deviendront pas. Donc, je trouve que ça vaut quand même le coup. Parce que là, il n'y a qu'une intervention médicamenteuse pour le moment. On est juste dans la modification de la vie habituelle, de la routine alimentaire, d'imposer à notre corps un autre rythme alimentaire, sans se priver, mais en choisissant ses aliments et en ne se laissant pas emporter par... Les publicités, la convivialité, le plaisir immédiat, des choses comme ça sur lesquelles il faut travailler. C'est une alimentation que l'on doit avoir en pleine conscience, avec une écoute aussi parfaite que possible de ses sensations, et se dire, bon voilà, maintenant j'ai assez mangé, je vais m'arrêter. Comprendre la différence entre le rassasiement et la satiété. Toujours dans le cadre de l'alimentation, je voudrais insister sur la consommation de fibres, avec des légumes qui doivent être consommés à tous les repas, le plus possible, sous toutes formes, crus, cuits, crudités ou légumes d'accompagnement, parce que ça va nous permettre de chouchouter notre microbiote. Parce que s'il suffisait de moins manger et de bouger plus... C'est sûr que c'est les choses à faire les plus élémentaires, mais ça peut ne pas suffire. Nous avons dans notre corps et notre tube digestif des milliards de bactéries. Nous en avons dix fois plus que de cellules dans notre corps. Et ces bactéries, elles sont dans notre tube digestif et elles peuvent être extrêmement bénéfiques pour nous, à condition de les nourrir correctement. Et pour nourrir notre microbiote correctement, c'est les légumes, les fruits, les légumineuses, de façon à pouvoir avoir... Une flore de bonne qualité, puisque c'est elle qui est à l'origine de la production de la sérotonine, qui est l'hormone du bonheur, j'allais dire. Donc voilà, notre flore doit être chouchoutée avec des aliments. Vous savez maintenant, tu sais, les probiotiques, c'est très à la mode. Les probiotiques, c'est des aliments déjà tout prêts pour nourrir notre flore. Mais il y a les prébiotiques, ça c'est ce que nous on leur donne en mangeant sainement. Ça ne sert à rien de prendre des probiotiques si à côté on va manger que des aliments ultra transformés qui n'ont pas les fibres en quantité suffisantes. Ensuite, la gestion du poids pour éviter soit le pré-diabète quand on a des antécédents, soit l'évolution vers un diabète patent quand on est pré-diabétique. L'alimentation, l'activité physique, le microbiote. Il faut aussi gérer son stress. Le stress est générateur de grignotage. En général, on ne va pas grignoter un concombre. On va plutôt prendre des chips, des choses salées, des choses caloriques. Prendre ses repas le plus calmement possible. Essayer de faire en sorte qu'ils durent au moins entre 25 et 30 minutes. Et puis limiter l'alcool aussi, qui n'est pas un vrai ami. Un à deux verres de vin suffisent largement, deux pour les hommes, un pour les femmes, par jour. Et pas du tout si on est vraiment dans le cadre d'un objectif de perte de poids. Donc ce sont des recommandations qui peuvent être, que tout le monde peut appliquer. On insiste là-dessus sur les gens à risque, mais il y a des moyens de savoir si on est à risque ou pas. Moi je voudrais bien qu'on puisse... Par exemple, quelqu'un qui a une glycémie à jeun normal, mais qui a des parents qui sont diabétiques, lui faire une hémoglobine glycée. Bon, on l'a fait, mais ce n'est pas très recommandé, puisque l'hémoglobine glycée, pour l'instant, n'est recommandée que pour le suivi des patients dont on sait qu'ils sont diabétiques. Mais imagine quelqu'un qui a une glycémie à jeun normal, à moins d'un gramme, et qui a une glycée à 6,5 ou à 6,8, ça veut bien dire que ça monte à un moment donné de la journée. Donc, si ça ne monte pas à jeun, c'est que ça monte après les repas. Donc il faudrait que ces gens puissent accepter, moi je le conseille souvent à mes patients, de poser un capteur de glycémie pendant 15 jours ou 2 fois 14 jours ou 2 fois 15 jours, pour contrôler, ne rien changer à leur alimentation et leur dire, voilà, si 2 heures après le repas vous dépassez 1,45 ou 1.50, c'est le début des ennuis. Donc ils vont manger, je ne sais pas moi, ils vont manger des lasagnes et puis au bout de 2 heures, ils vont voir si ça monte. Ça peut les éduquer à modifier quand même leur comportement alimentaire, même s'ils font ça une fois tous les 2-3 ans. C'est la prévention, ça. Moi, je pense que si c'est des gens qui ont des facteurs de risque, qui avaient une hérédité diabétique, ou une femme qui a eu un diabète gestationnel, c'est-à-dire un diabète qui a eu lieu pendant qu'elle était enceinte, ça peut exister, même ça, si les gens n'ont pas d'hérédité, ou une femme qui a mis au monde un bébé de poids de naissance de plus de 4 kg, ça met un peu la puce à l'oreille concernant un éventuel risque de diabète type 2. Avant, on disait que le type 2 survient après 50 ans, là, maintenant... Depuis quelques années, c'est plutôt 30-40 ans et il nous arrive d'en voir chez les adolescents. Donc il faut tirer une sonnette d'alarme au niveau des pouvoirs publics pour ça.
- Nathalie
Et au niveau de la gestion du sommeil, est-ce que ça a un impact ?
- Catherine
Oui, bien sûr. Le fait de mal dormir favorise la prise de poids, favorise le fait de prendre du poids parce que le foie ne se repose pas comme il faut quand on ne dort pas. Le foie, il a besoin de se reposer la nuit, il ne faut rien lui demander. Il ne faut pas lui donner à manger après minuit parce qu'il a envie de se reposer. Il est tellement actif tout au long de la journée qu'il a besoin de se reposer. Et si on ne dort pas, on grignote, on se lève. Il y a les apnées du sommeil aussi dont il faut faire la recherche qui sont parfois à l'origine d'une difficulté à perdre du poids par rupture de ce cycle du sommeil.
- Nathalie
Ensuite, du moment que la personne... a un diabète avéré et qu'elle doit passer à un traitement médicamenteux, quels sont ces traitements ?
- Catherine
Les traitements sont depuis quelques années enrichis par des molécules extraordinaires, on peut dire. Déjà, il faut commencer par les recommandations, on doit suivre les recommandations des sociétés savantes. La metformine est la star absolue, c'est-à-dire que c'est le traitement qu'il faut donner en première intention, toujours. C'est un médicament qui n'agit quasiment pas sur le pancréas, qui va améliorer la résistance à l'insuline, qui va donc permettre de réguler facilement la glycémie à jeun. Et la metformine est donc à donner en premier. Elle a parfois quelques effets secondaires à titre de maltolérance digestive, c'est pourquoi en général on la prescrit de manière progressivement croissante. Après ça s'améliore avec le temps. Les gens qui ne la supportent pas du tout, il n'est pas bon d'insister et de continuer à la prendre, mais il faut l'essayer chez tous les patients diabétiques type 2 avec un petit problème de poids, en premier de toute façon. Et avant, on avait des médicaments, donc on donnait de la metformine uniquement, et puis après, quand ça continue à monter, les glycémies, malgré le suivi des règles hygiéno-diététiques, on ajoutait des sulfamides et puis un autre, et puis un autre. On avait une progression de la thérapeutique qui était assez lente. De nos jours, on dispose de médicaments différents qui font qu'on tape fort assez rapidement. C'est-à-dire qu'on va donner la metformine et très vite, on va associer d'autres molécules qui sont très intéressantes. Les anciennes, comme les sulfamides, genre le diamicron, le daonil, sont passées en, je ne dirais pas en second plan, mais on les donne beaucoup moins en première intention ou du moins en deuxième intention après la metformine. Si tu veux qu'on parle de ces nouveaux médicaments... on va disposer de ce qu'on appelle les agonistes du GLP1. Alors ça, agonistes, ça veut dire qui agit comme. Donc il agit comme le GLP1. Le GLP1 est une hormone produite par notre intestin et qui a la particularité de faire produire de l'insuline par le pancréas uniquement quand on mange. Ça veut dire que le GLP1, quand le sucre est en contact avec la muqueuse de l'intestin, il va dire hop ! au pancréas donne de l'insuline pour le faire assimiler. Ça veut dire qu'on a un pancréas dont on sait qu'il travaille trop, c'est le diabétique de type 2 en sur poids, qui va être un peu respecté, c'est-à-dire qu'il ne va travailler que quand il y a besoin. Donc on n'aura pas d'hypoglycémie, ce qui était parfois le cas avec les sulfamides qui eux pressent sur le pancréas H24. Donc c'est très intéressant comme médicament. Ils ont également un autre effet qui est de faire en sorte que le cerveau dit à l'estomac qu'il est plein. En quelque sorte, ce médicament va inhiber la zone du cerveau en lien avec la satisfaction d'origine alimentaire. C'est-à-dire que vous allez vous mettre à table avec un appétit comme d'habitude, mais vous allez manger moins. Vous allez dire, j'ai plus faim, je peux me contenter d'une seule ration, alors qu'avant je me reservais deux ou trois fois. Une assiette à dessert, ça me suffit largement, et puis de toute façon, je n'ai pas envie de prendre mon yaourt, je le prendrai à quatre heures. Parce qu'on a plus le plaisir, la satiété est perçue de manière précoce. Ce sont des médicaments qui font perdre du poids, évidemment par ce biais-là, qui évitent les hypoglycémies, puisqu'il n'y a pas de production d'insuline hors nécessité. On leur a également découvert des bénéfices cardiovasculaires intéressants sur différentes études. Ce sont ces fameux médicaments qui sont injectables. C'est leur inconvénient, entre guillemets , puisque c'est des stylos à injection, l'aiguille est toute petite, on ne la voit même pas. Injectables de manière quotidienne ou hebdomadaire. Leurs effets secondaires sont essentiellement digestifs et ils vont de pair avec l'accroissement des doses. C'est pour ça qu'on fait ça de manière relativement progressive. Donc ça peut être un choix de deuxième intention après la metformine en fonction du patient. On va décider selon le patient. Une autre famille de médicaments sont les inhibiteurs de la DPP4. Alors ça, vous allez peut-être reconnaître le januvia par exemple. La DPP4 est une enzyme qui détruit l'hormone GLP1 très rapidement dans le corps. Donc si on bloque cet enzyme, le GLP-1 du patient durera plus longtemps. Donc c'est un peu le même mécanisme que les analogues du GLP-1, mais beaucoup moins puissant avec un effet beaucoup moins important sur la satiété. Mais c'est des comprimés, donc ça peut être intéressant en début de diabète, selon le profil du patient, s'il n'y a pas un surpoids très important. Il peut être couplé dans des médicaments avec la metformine, ce qui diminue le nombre de comprimés à la journée chez les patients sont souvent polymédiqués pour d'autres problèmes annexes de tension, de cholestérol et le reste. Ensuite, et le plus récemment apparu sur le marché, sont ce qu'on appelle les inhibiteurs du SGLT2. C'est un peu barbare comme terme. En gros, ce sont des médicaments qui font éliminer par les urines l'excès de sucre. C'est-à-dire que, normalement, dans notre corps, on a un système qui est le seuil rénal du glucose. une sorte de soupape de sécurité qui fait que le sucre en excès va partir dans les urines à partir de 1,80 dans le sang. Ça, c'est le seuil rénal. Eh bien, avec ce médicament, ce seuil rénal est abaissé à moins de 0,50. Donc, on va, en gros, pisser notre sucre. On pisse du sucre, donc on fait beaucoup plus pipi. L'intérêt de ce médicament, c'est qu'il a une action extra-pancréatique, c'est-à-dire qu'il respecte parfaitement le pancréas, il n'agit pas dessus, il ne presse pas dessus comme si c'était un citron pour l'épuiser. Il ne fait pas du tout d'hypoglycémie, puisqu'on a toujours une glycémie qui reste correcte avec ce médicament. Il n'y a pas d'hypo, donc il n'y a pas de grignotage intempestif. Il y a une perte de poids, puisqu'en perdant du sucre, on perd des calories, en moyenne 2-3 kilos le premier mois ou les deux premiers mois. Et le gros bénéfice de ces médicaments, c'est qu'il a été prouvé dans différentes études qu'ils apportent une protection cardio-rénale très importante par le biais de différents mécanismes. La production cardiaque étant une prévention très intéressante de l'insuffisance cardiaque, en partie par le biais d'une élimination du sel en même temps que du sucre. Donc la tension va baisser, le cœur va être moins sollicité et d'autres modes d'action directs sur le muscle cardiaque et une protection rénale très importante. Donc ce sont des médicaments qui n'ont pas d'inconvénients, ils ne font pas d'hypoglycémie, ils ne fatiguent pas le pancréas de manière excessive et en plus ils profèrent une protection cardio-rénale sur le moyen et long terme extrêmement intéressante de telle sorte que c'est un médicament de choix pour les diabétologues mais aussi pour les néphrologues et les cardiologues associés à la metformine. Après, il faut parler des sulfamides parce que c'est quand même... On a travaillé avec ces médicaments pendant longtemps, le diamicron, le daonil, c'est des petites choses qu'on donne avant d'arriver à l'insuline. On se dit toujours qu'on va tenter la polythérapie, cet empilement. Mais la différence, vraiment, le gros changement que j'ai vu, moi qui suis installée depuis 1983, c'est qu'au début, tout ça a été très progressif. On hésitait à donner des médicaments aux gens, on jouait à la carte de l'alimentation et on insistait sur la metformine. Là, je pense qu'il faut taper fort dès le début pour bénéficier de ce qu'on appelle la mémoire glycémique. Quand un diabète est très bien équilibré, que ce soit un type 1 ou un type 2, dès le début de son diagnostic et qu'on a une glycée en dessous de 7 pendant les premières années, le corps va garder la mémoire de ça et on aura beaucoup moins de complications que si on a des glycées à 8, 10, 12 les premiers mois. D'abord, on a du mal à la faire descendre et ensuite, le corps va garder cette mémoire et les complications seront plus dramatiques. Honnêtement, c'est vraiment le début des ennuis quand la glycémie commence à monter avec une glycée au-dessus de 7.
- Nathalie
À quel moment le patient diabétique de type 2 passe sous insuline ? Il passe sous insuline quand on est sûr qu'il met en place les règles de base. Moi vraiment, j'insiste à chaque consultation, sauf si tout va bien, mais quand il y a un petit problème, avant de changer les traitements, je réinterroge sur le régime, j'essaie de modifier, je retravaille mes index glycémiques, je passe toujours des messages comme ça parce que je pars du principe que... Il y a toujours quelque chose qu'on peut améliorer. Maintenant, si on voit que ce n'est pas possible, on va augmenter les médicaments, mais il va arriver un moment, en général, après 10, 15 ou 20 ans de diabète type 2, où on observe un pancréas qui est insistant. Ils n'existent pas pour rien. Les patients, à un moment donné, c'est le pancréas qui ne fonctionne plus. La cellule bêta ne fonctionne plus. Donc là, on va devoir la soutenir un peu, avec un peu d'insuline. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas continuer les efforts, parce que les repas vont quand même solliciter. le pancréas et on va donner nous une insuline lente qui va démarrer la journée avec un taux à jeun correct mais au repas il va pas être élastique cette insuline pour éviter de passer à 4 injections on commence par une piqûre d'insuline lente associée aux traitements médicamenteux et tous les traitements que j'ai cités sont associés à l'insuline sans aucun problème et l'insuline de nos jours on a des insulines qui sont vraiment bien tolérées ce sont des insulines synthétisées qui ne font pas d'hypoglycémie qui ont pas de piques qui sont bien acceptées qui sont parfois concentrées, parce que comme on a souvent des patients obèses, ils ont des gros besoins, et on a des doses parfois importantes. Certaines sont concentrées à 300 unités par millilitre, ce qui fait qu'à dose égale, par rapport à celles qui étaient à 100, on a un volume d'insuline moins important et moins de déperdition de produit, ce qui fait que l'équilibre est meilleur. Et pour les personnes âgées, ces insulines-là ont une demi-vie souvent très lente, et on peut essayer de même en faire un ou deux pour les personnes très âgées. Elles sont bien tolérées. Et ce n'est pas très contraignant parce qu'on peut le faire le soir au côté ou le matin très tôt. Il n'y a pas d'horaire précis, on peut le faire si on a déjeuné. Est-ce qu'un patient diabétique de type 2 peut passer carrément sous insuline rapide et lente, évidemment, et voire sous pompe à insuline ?
- Catherine
Oui, bien sûr. On parlera alors d'insuline de type 2, de diabète de type 2 insulino-requérant ou insulino-nécessitant et non pas un insulino dépendant comme les diabétiques de type 1. Je rappelle que le diabète de type 1, c'est une pathologie différente. On a les mêmes complications, mais le mécanisme est différent. Le diabétique de type 1, il a un pancréas qui a été atteint par des anticorps qui ont tenté de le détruire. Donc, ça n'a rien à voir. L'hérédité au niveau du diabète de type 1, elle est à 2,5%. Le type 2, elle est à 30-40%. Donc, il ne deviendra jamais un type 1. Ça sera toujours un type 2, insulino requérant. Mais la insuline rapide... à partir du moment où il a les traitements oraux, non insuliniques, associés à une dose d'insuline qui règle son taux à jeun. mais que sa glyquée reste au-dessus de 9, on va imaginer que son insuline au repas n'est plus suffisamment efficiente et il va falloir lui donner un peu d'insuline rapide au repas. Et c'est uniquement dans ce cas qu'on va pouvoir parler d'insulinothérapie fonctionnelle pour les diabétiques type 2, parce que le reste du temps, ça n'a pas de sens à mon avis. On va leur prendre, calculer leur dose d'insuline en fonction des glucides qu'ils mangent à chaque repas. Donc une glyquée au-dessus de 9, des conditions d'environnement... bien en place un traitement oral non-insulinique maximum, on va passer à l'insuline. Ça n'est pas de la faute du patient. Il faut arriver à les déculpabiliser. Il faut leur dire vous n'y êtes pour rien. Votre pancréas de diabète type 2, c'est une mort programmée du pancréas. Plus vous le prenez en charge, plus vous le verrez devenir insulino-requérant tardivement. Entre 10 et 20 ans. On peut toujours arriver, l'espèrance de vie maintenant, elle devient pareil que celle pour... que des non-diabétiques. Tellement les moyens sont mis en place et même 95, je crois, ou 90% des diabètes type 2 sont suivis par les généralistes. Je pense qu'ils font ce qu'il faut.
- Nathalie
C'est vrai qu'ils sont suivis par les généralistes.
- Catherine
C'est une logique mathématique. Il y a de plus en plus de diabétiques, 4 millions de diabétiques en France et les spécialistes en diabétologie, ça ne courre pas les rues. Donc on ne peut pas voir tout le monde. Et puis en plus, les diabétiques type 2, même si pour moi c'est des patients très intéressants, parce que je mets en place ce qui est le plus passionnant pour moi dans mon métier, c'est-à-dire la prévention. La prévention, elle coûte 40 fois moins cher que de soigner.
- Nathalie
Justement, on peut éviter, je pense, le diabète de type 2 grâce à cette prévention ?
- Catherine
On peut l'éviter. Je disais tout à l'heure, il y a 27 à 30 des pré-diabétiques qui ne deviendront pas diabétiques s'ils font ce qu'il faut. C'est loin d'être négligeable. Et après, même si le diabète de type 2 arrive, on peut arriver... avec de bons conseils, un accompagnement et une grande empathie de la part du médecin parce qu'il ne s'agit pas de culpabiliser les patients. Il faut les accompagner, il faut leur expliquer le mode d'action des médicaments de manière à avoir une bonne compliance. Si on comprend ce que fait un traitement dans notre corps, on va pouvoir comprendre les effets secondaires. Il faut savoir que tout médicament efficace aura des effets secondaires. À ce moment-là, on prend des plantes, mais à un moment donné, ça ne suffit pas, même si je ne suis pas contre les médicaments à base de produits naturels.
- Nathalie
Quels sont les développements à venir dans les traitements du diabète de type 2 ?
- Catherine
Dans les traitements du diabète de type 2, je trouve qu'il y a eu très peu de progrès pendant 30 ans. Là, ça fait 5-6 ans, voire 10 ans. Les inhibiteurs du SGLT2 sont en France depuis peu. Ils étaient depuis 10 ans dans d'autres pays. On les a depuis 2-3 ans, 4 ans en France. Donc il y a eu déjà de gros, gros, gros progrès. Après, les avancées dans le traitement... En termes de diabète type 2, il y a une autre hormone qui est comme les GLP1, qui est le GIP, qui est aussi produit par l'intestin dans les mêmes conditions. Donc on a un médicament qui est sorti, qui n'est pas remboursé en France encore, qui s'appelle du Mounjaro, qui est un agoniste du GLP1 et du GIP, et qui est pour les obésités et les diabétiques, mais il n'est pas encore remboursé en France. C'est la seule avancée à laquelle je pense. Et après, pour les diabètes type 2... On a également, non pas en termes de traitement, mais en termes de mesures, on a la possibilité d'équiper nos patients d'un capteur de glycémie interstitielle à dater de l'instant où ils ont même une seule piqûre d'insuline, ce qui est quand même intéressant. Une seule piqûre d'insuline donne droit au capteur de façon à avoir un suivi, une télésurveillance et puis une éducation au quotidien parce que pour un diabète type 1, c'est capital parce qu'il va faire son taux avant repas pour savoir quelle dose il va se faire, donc c'est toujours mieux de ne pas se piquer le doigt et on a une lecture continue. Mais pour le type 2, même si ça peut paraître un peu stressant, il suffit de regarder son téléphone et de voir son taux. Une fois qu'on sait ce qu'on a mangé, le repas suivant va être corrigé si on est à 3 grammes, 2 heures après. Donc c'est une notion éducationnelle qui me paraît très intéressante pour les patients. Même pour les patients âgés, parce qu'ils comprennent très bien le truc. Ils comprennent très bien l'utilité et ils arrivent avec l'aide souvent des infirmiers à domicile qui sont bien maintenant briefés sur le système. Et pour nous, c'est des renseignements intéressants. On va coupler avec la glyqée du laboratoire, et c'est toujours une manière qu'on a de cerner nos patients et de savoir à quel niveau on peut agir, que ça soit l'alimentation, l'activité physique, les traitements, ou peut-être l'association à d'autres médicaments, comme de la cortisone, on voit les heures à laquelle ça monte, et on peut toujours arriver à corriger, alors qu'on ne peut pas demander à nos patients de se piquer le doigt toutes les deux heures. Le diabète type 2 devient une épidémie, on a une incidence qui ne cesse de croître. C'est une maladie qui a une interaction entre hérédité et conditions environnementales. Alors quand je dis conditions environnementales, je ne parle pas de la pollution de l'air, je parle du comportement, c'est-à-dire que pour moi ça serait très important de pouvoir que les ARS puissent... mettre en place dans les écoles des gens qui vont aller former les enfants, leur expliquer qu'ils répercuteront tout ça à la maison, les bienfaits de tel ou tel aliment par rapport à tel autre, avec des films, des visios, des choses comme ça, pour pouvoir éduquer les gens. C'est l'éducation la base de tout ça. On pourra éviter des diabètes type 2 et leurs complications, puisque la première question que tu m'as posée, c'est quel est le but du traitement diabétique type 2 ? C'est d'éviter les complications parce que le diabète est un... C'est une maladie extrêmement sournoise, une maladie chronique très sournoise pour laquelle il n'y a pas de vaccin.
- Nathalie
Catherine, un grand merci pour ce moment d'échange et pour toutes ces informations. C'était un véritable plaisir d'apprendre une nouvelle fois grâce à toi. Au revoir à toutes et à tous et prenez bien soin de vous.
- Catherine
Merci Nathalie de m'avoir invitée. C'est toujours un plaisir de pouvoir partager des informations et puis surtout arriver à toucher un maximum de personnes qui pourraient être intéressées par ces notions d'hygiène de vie et de maintien de la bonne santé. Parce que c'est la base et je souhaite à tout le monde une bonne santé. Merci de m'avoir invitée.
- Nathalie
Je te remercie pour ton écoute. Si cet épisode t'a plu, que tu souhaites soutenir le podcast, je t'invite à le partager autour de toi, à t'abonner pour être averti du prochain épisode, à laisser 5 étoiles et un avis sur ta plateforme d'écoute. Tu as la possibilité aussi de me contacter, soit sur mon compte Instagram, soit par e-mail que tu trouveras dans les notes du podcast. Je te dis à très vite pour un nouvel épisode de Vivre le diabète à la recherche de l'équilibre. Prends bien soin de toi.