- Speaker #0
En demandant à Adèle d'imaginer son projet idéal, nous avons réussi à recréer virtuellement de l'alignement à chacun des niveaux de sa pyramide. Dans cet épisode, nous allons voir comment passer du virtuel au concret grâce à l'heure de vérité. Je suis Will, créateur de la méthode Eponyme qui permet aux salariés, managers et dirigeants de réconcilier humains et performances dans leur travail. Tu m'avais dit la dernière fois que tu ne pouvais pas travailler comme tu voulais chez IFG, notamment avec un rôle d'inventeur ou détective.
- Speaker #1
Oui, parce que déjà, il faudrait que je puisse parler aux utilisateurs du client. Et ça, c'est compliqué, il y a des process à respecter, je dois faire des demandes, c'est très lourd. Donc au final, je ne le fais presque jamais.
- Speaker #0
Tu dois faire des demandes ? Oui,
- Speaker #1
je te dis, je suis vraiment obligée.
- Speaker #0
Ok, je vais te proposer un petit jeu. Tu vas remplacer ton « je dois » par « je choisis de » . Parce que.
- Speaker #1
Ok, si tu veux. Je choisis de faire des demandes parce que, je sais pas moi, je veux respecter les règles.
- Speaker #0
Ok, et en quoi c'est important pour toi de respecter les règles ?
- Speaker #1
Je pense que je veux pas faire de vagues avec le client, et donc que le projet se passe bien. Et si le projet se passe bien, forcément ça se passe bien pour moi aussi.
- Speaker #0
Ok, et en quoi c'est important pour toi que ça se passe bien ?
- Speaker #1
Je pense parce que j'aurai une bonne évaluation à la fin de la mission et donc on en revient à mon côté bonne élève dont on parlait la dernière fois.
- Speaker #0
J'avais pas oublié. Et si l'évaluation se passe bien ?
- Speaker #1
Je serai probablement promue et donc augmentée et ce qui veut dire que ça facilitera mon projet d'achat d'appartement dont je t'avais parlé pendant les clarifications.
- Speaker #0
En tant que manager, l'heure de vérité peut vous permettre de redonner du sens à des tâches que vos collaborateurs ont l'impression de subir. en leur montrant qu'elles peuvent quand même nourrir des choses importantes pour eux. Nous allons maintenant passer à la deuxième étape de l'heure de vérité pour essayer de redonner à Adèle de la liberté dans ses choix. Et si tu parlais à tes utilisateurs directement, sans demander la permission au client, qu'est-ce qui se passerait ?
- Speaker #1
Je te dis, normalement, je n'ai pas le droit. Donc, ce que je ferais d'abord, c'est de demander au légal pourquoi il faut faire ces demandes. Parce que moi, ça me paraît lunaire. Et après, je pourrais aussi le faire sans faire la demande. Si ça se sait...
- Speaker #0
Je ne te dis pas de le faire, c'est purement théorique. Mais si tu le faisais, il se passerait quoi ?
- Speaker #1
En soi, pas grand-chose. Et puis, je pense que si j'apprenais des choses nouvelles sur les problèmes des utilisateurs, au final, mon client serait plutôt content. Mais en soi, il pourrait me reprocher de ne pas lui avoir dit.
- Speaker #0
Encore une fois, c'est purement théorique. Mais juste le fait de savoir que tu pourrais faire autrement, ça te fait te sentir comment ?
- Speaker #1
Je me sens... Je me rends compte que j'ai peut-être moins les mains liées que ce que je croyais.
- Speaker #0
Même si la situation reste la même, le fait d'avoir des alternatives donne à Adèle le sentiment de choisir ce qu'elle fait plutôt que de le subir. Faire autrement n'est pas forcément facile, mais devient possible. Et ça, ça change tout. Il y a sûrement d'autres process qui t'empêchent de travailler comme tu veux sur ce projet. Mais demain, sur un prochain projet, qu'est-ce qui pourrait t'aider à travailler comme toi tu voudrais ?
- Speaker #1
Franchement, je n'ai pas trop de bonnes questions.
- Speaker #0
Ok. Déjà, si tu changes de projet, est-ce que tu auras le même manager ou le même client ?
- Speaker #1
Alors le client, c'est sûr que non. Le manager, en soi, ça dépend. Et il y a un truc que je ne t'ai pas dit, c'est que je suis déjà passée au bureau du staffing pour voir un peu les projets qui doivent commencer. Et il y en a un qui traîne là depuis des mois. C'est un petit projet que personne ne veut. Pas sexy du tout.
- Speaker #0
Pas sexy ?
- Speaker #1
Non, ce n'est pas sexy parce que c'est dans l'industrie. Et honnêtement, avant notre conversation, moi, je ne l'aurais jamais envisagé. Maintenant, je me dis surtout que c'est un client qui n'y connaît rien au digital, qui n'a certainement aucun process en place. Et donc, ça veut dire que moi, je vais pouvoir bosser à ma manière. Donc finalement, c'est peut-être le projet idéal par rapport à tout ce qu'on s'est dit pendant la pyramide. Ok,
- Speaker #0
et donc qu'est-ce que tu voudrais faire ?
- Speaker #1
Il faudrait que je me positionne dessus, sauf que là, mon projet actuel n'est pas fini, et Jeff ne voudra jamais me libérer.
- Speaker #0
Jamais ?
- Speaker #1
Jamais, en soi, il faudrait que je lui demande. En vrai, c'est lui qui l'a vendu cette mission, donc si ça se trouve, ça lui enlèverait une épine du pied que quelqu'un se positionne. Mais ça veut aussi dire que je vais devoir rebosser avec lui.
- Speaker #0
Suite aux prises de conscience provoquées par la pyramide, Adèle vient d'opérer un changement majeur dans sa manière de choisir un projet. Et si vous avez été attentif, vous avez peut-être remarqué qu'on vient de basculer dans une clarification d'objectif, outil qu'on avait vu dans le deuxième épisode. Adèle vient juste de remonter un inconvénient, on va voir s'il est bloquant. Est-ce que tu as quand même envie de prendre ce projet, sachant l'inconvénient que Jeff va à nouveau être ton manager ?
- Speaker #1
Je pense oui parce que au final ça reste un petit projet donc Jeff il va me suivre de loin et j'aurai beaucoup plus de liberté.
- Speaker #0
Ok et quand est-ce que tu te vois lui demander et comment tu sauras que tu as réussi ?
- Speaker #1
Je pense qu'il faut que je lui en parle dès notre prochain point donc il faut que je le mette à l'ordre du jour pour qu'on en parle à la fin. Quoique plutôt au début en fait parce que sinon on n'aura jamais le temps de le faire et j'aurai réussi si déjà il envisage ma demande.
- Speaker #0
Ok. Et qu'est-ce qui pourrait t'aider ?
- Speaker #1
En vrai, l'écoute active, je pense, parce qu'il y a quand même des chances que Jeff parte au quart de tour, et moi, il ne faut surtout pas que je riposte, que j'arrive à prendre du recul et à m'adapter à ce qu'il me dira, tu vois.
- Speaker #0
Une grande partie de nos problèmes sont causés par notre interprétation des faits plus que par les faits eux-mêmes. S'ils modifient les faits, c'est la plupart du temps impossible, notamment quand ils sont passés. En changer notre interprétation ne tient qu'à nous. C'est exactement ce que nous aide à faire l'heure de vérité. En nous incitant à remplacer les « je dois » par des « je choisis » , elle nous permet de regarder notre réalité sous un autre angle et de redonner du sens à certaines tâches que l'on pensait faire de manière contrainte. En nous invitant à imaginer d'autres options possibles, elle nous redonne aussi un sentiment de liberté, même si on choisit de ne pas en faire usage tout de suite. En tant que manager, si jamais vous ne pouvez pas réattribuer les tâches qui irritent le plus vos collaborateurs, nous vous invitons à réfléchir à la manière dont vous pourriez leur faire changer le regard qu'ils portent sur ces tâches.