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1, 2, 3 Français ! Le podcast des parents expatriés, par Les Franco Expats

Lucile (Allemagne), active dans la vie francophone d’Augsburg pour soutenir le maintien du français

Lucile (Allemagne), active dans la vie francophone d’Augsburg pour soutenir le maintien du français

19min |16/07/2025|

43

Play
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19min |16/07/2025|

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Description

Dans ce nouvel épisode de 1, 2, 3 Français !, découvrez le portrait de Lucile, maman française expatriée à Augsburg, en Allemagne. Elle nous dévoile comment elle conjugue son engagement pour la francophonie, sa vie de famille bilingue et sa passion pour l’enseignement du français langue maternelle 🇩🇪


Lucile nous raconte :

  • son quotidien en français, rythmé par l’éducation bilingue de sa fille 👶🏼

  • son rôle de vice-présidente de l’Association des Francophones et Francophiles d’Augsburg (AFF) pour promouvoir la langue et la culture francophones localement 🇫🇷

  • son activité chaque week-end comme enseignante de français aux enfants dont le français est la langue maternelle 👩‍🏫


Au fil de cette discussion sincère, nous abordons aussi :

  • la place des Français et francophones à Augsburg,

  • le défi de maintenir le français lorsqu’on devient parent à l’étranger,

  • la mise en lien entre mamans françaises et étrangères,

  • l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les petits francophones dans le contexte de l’expatriation


À retenir :

  • Un éclairage concret sur le quotidien d’une maman francophone dans une ville allemande

  • Des idées et pistes pour soutenir la transmission du français dans un contexte bilingue

  • L’exemple d’un engagement associatif local pour créer du lien francophone à l’étranger


Bonne écoute !

Ce podcast vous a plu? Laissez-lui 5 étoiles 🌟 sur votre plateforme favorite pour nous soutenir!

Et n’hésitez pas à nous partager ensuite vos impressions sur Instagram 🤗


Site de l'AFF à Augsburg : https://aff-augsburg.de/


Découvrez les offres des Franco' Expats qui vous accompagnent dans le maintien du français au quotidien


Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés. Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Lucille, maman française en Allemagne et aussi professeure de français, notamment pour des enfants bilingues, comme elle nous l'expliquera. Bonjour Lucille !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr ! Alors, tu viens un peu commencer, mais oui, donc j'habite à Augsburg, près de Munich, depuis 6-7 ans, je crois, mais ça fait une dizaine d'années que je suis en Allemagne. Et voilà, comme tu l'as dit, j'enseigne le français à des germanophones et à des enfants bilingues. Et j'ai une fille, Diana, qui a deux ans et demi.

  • Speaker #0

    Et donc, le papa, il est allemand ?

  • Speaker #1

    Il est allemand, voilà, allemand. Comme beaucoup de couples, voilà, on est binationaux.

  • Speaker #0

    Donc, ta fille grandit avec le français et l'allemand au quotidien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Sauf que c'est pas toujours simple de parler français parce que la communication avec mon mari se fait en allemand. À la crèche, c'est bien sûr aussi en allemand. Et voilà, je me rends compte que ma fille parle beaucoup plus allemand que français. Mais bien sûr, elle comprend tout en français. Et voilà, c'est plutôt de l'allemand saupoudré de mots français. Et en fait, je me remarque aussi que dès que je passe plus de temps avec elle, d'un coup, elle va parler un peu plus français. Voilà, là, elle a été malade beaucoup de fois ce dernier mois. Et du coup, j'étais à la maison avec elle et d'un coup, le français ressort. Donc je me dis, ok, c'est là, c'est pas complètement perdu. Je pense qu'elle parlera français plus tard aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment ça se passe au quotidien, cette transmission ? Tu l'as dit, tu te rends compte quand elle va beaucoup à la crèche, elle est beaucoup dans l'univers allemand, le français est moindre au présent, on va dire entre guillemets. Mais voilà, qu'est-ce que tu mets en place au quotidien pour lui transmettre la langue ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'essaye vraiment... activement de me dire je dois parler français. Je ne pensais jamais que j'aurais dû, entre guillemets, me forcer presque à parler français. Mais quand le papa est là, c'est vrai que je me dis non, quand je lui parle à elle, je lui parle français. Et je lui demande beaucoup de répéter aussi. Je lui demande en français, comment tu dis ça en français ? Et bon, ça n'a pas l'air de la déranger, donc ça va, je continue comme ça. Et je me suis rendue compte aussi que je répète systématiquement tout ce qu'elle dit en allemand, je le répète en français. peut-être que ça aide. Sinon, bien sûr, beaucoup de lecture. Dès qu'on va en France, on achète une dizaine de magazines. Voilà, et elle adore ça, avec les petites histoires, les petits héros français, Petit ours brun, Choupi, Popi, voilà, tout ça. Et faire écouter des histoires avec une petite box d'histoires. On a découvert un truc aussi sympa, pas de publicité, mais ça s'appelle Bouquinou. C'est en fait une box où on peut enregistrer soi-même les livres. Donc ça, c'est aussi sympa parce que la grand-mère, la tante et tout peuvent enregistrer les histoires. Donc voilà, j'essaie de la baigner le plus possible dans le français. Et puis, bien sûr, des jeux, etc. Appeler la famille, rencontrer aussi d'autres familles francophones. C'est vrai que j'essaie vraiment activement que le français soit présent dans son quotidien.

  • Speaker #0

    Comment c'est vu, cette éducation bilingue au quotidien, par exemple à la crèche, dans ta belle famille, de manière générale, là où tu vis en Allemagne, est-ce que c'est bien vu ou au contraire pas très bien vu, soutenu ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, en général, les gens sont assez positifs, ils sont même presque admiratifs. « Waouh, elle va parler deux langues, c'est génial ! » Parfois, ils me demandent même, mon mari en fait, il parle aussi russe, il est né au Kazakhstan, et moi, mes grands-parents sont italiens. Alors, parfois, ils demandent « Ah, et aussi l'italien, Elrush ? » Je fais « Non, non, c'est bon. Deux, ça suffit déjà. On ne va peut-être pas exagérer. » Mais oui, je pense que les gens sont assez ouverts à ça. À la crèche aussi, ça les fait rire parfois quand il y a des mots qui ressortent, qu'ils ne comprennent pas. Alors, ils essayent de me demander « Et là, qu'est-ce qu'elle a dit ? » Ou alors, ils cherchent sur Google la traduction d'un mot. Donc, oui, c'est assez positif. Et en fait, mes grands-parents, donc eux, ils parlaient italien. et mes parents aussi, mais ils n'ont pas voulu parler italien avec moi parce qu'avant, c'était vraiment l'idée, il ne fallait parler qu'une langue, il fallait s'intégrer en France et tout. Et maintenant, ils ont changé leur vision là-dessus. Ils voient très bien qu'au contraire, c'est un avantage de parler plusieurs langues, c'est une ouverture et voilà, je pense qu'il y a du chemin qui a été fait là-dessus. Alors,

  • Speaker #0

    je rebondis juste, je sors un petit peu du contexte français exceptionnellement. Tu dis que ton mari parle russe et allemand. Est-ce que, voilà, on a les différents problèmes avec la Russie, est-ce que maintenant tu constates une différence à ce niveau-là ? Est-ce que justement ils vont dire « Ah, le français c'est très bien, le russe, est-ce qu'il faut l'éviter ? » Ou au contraire, les gens restent ouverts à ce niveau-là ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une bonne question. Bon, lui, il n'est pas très concerné parce qu'il sait parler russe, mais il ne parle pas russe au quotidien en fait. Enfin, il est venu en Allemagne il y a 7 ans, donc jamais il ne va s'identifier à la langue russe ou quoi que ce soit. Mais à Augsbourg, il y a une grande communauté russophone. Et oui, je les entends pas mal parler dans la rue, etc. Et je remarque effectivement que le regard a changé, oui. Aussi dans certains restaurants russophones, ils ne répondent plus vraiment à des questions sur leur origine et tout ça. C'est un peu plus tendu, oui. Au contraire, les relations avec la France, là, je pense que c'est très différent.

  • Speaker #0

    Pour le moment, ça se porte bien, on va dire. Est-ce qu'il y a à Augsbourg ou dans ta région des actions locales qui sont mises en place pour soutenir le français ? Donc, il y a par exemple des associations, des kindergartens bilingues, des écoles, etc.

  • Speaker #1

    Oui, alors il y a un kindergarten bilingue qui est aussi très présent à Munich. Bon, ma fille n'y va pas parce que ce n'est pas très bien situé pour nous et il faut le dire aussi, c'est assez cher, mais voilà, l'offre est là. Et sinon, il y a une association qui s'appelle l'association francophone et francophile d'Auxpau, l'AFF, dont je fais partie, dont je suis aussi vice-présidente. Et cette association existe depuis 30 ans. Donc, les gens qui l'ont fondée avaient justement cette idée de mettre en contact surtout les enfants des familles francophones. Et voilà, c'est ce qu'on continue de faire aujourd'hui. On fait une rencontre par mois, donc ça peut être un atelier bricolage. Il y en avait un la semaine dernière, d'ailleurs. Une sortie dans la forêt, une après-midi jeu ou lecture. Et ouais, c'est sympa, autant pour les enfants que pour les parents, bien sûr, qui papotent à côté. Et l'association fait aussi des événements pour les adultes, des soirées dansantes, des repas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est super, ça a l'air très intéressant, puis ça doit être pour les familles aussi de pouvoir se rencontrer, c'est sympa aussi, c'est important aussi, comme tu dis, de papoter, de papoter dans sa langue maternelle, des fois c'est souvent plus facile que dans la langue qu'on apprend, même si on la parle très couramment.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, depuis que je suis devenue maman, je me suis rendue compte que, enfin moi je parle parfaitement allemand, donc j'ai pas ce problème, ce barrage-là. Mais il y a quand même une différence culturelle qui reste. Quand je rencontre d'autres mamans allemandes, le contact n'est pas toujours très simple. Alors que quand je rencontre d'autres mamans françaises, je ne sais pas, ça se passe tout de suite bien. On s'entend bien, on échange de manière beaucoup plus ouverte et presque beaucoup plus honnête, je dirais, sur les difficultés qu'on peut avoir au quotidien, sur les belles choses aussi, bien sûr. quand même relativement contente d'habiter en Allemagne. C'est quelque chose qu'on a choisi en grande partie. Voilà, et ça, c'est vrai que j'ai été un peu déçue de ce contact avec les mamans germanophones.

  • Speaker #0

    Et comme tu dis très bien, c'est le côté langue, mais il y a aussi le côté culturel. C'est qu'en plus, quand on rencontre des parents à l'étranger, francophones à l'étranger, on a ce gros point commun d'être parents francophones à l'étranger, justement. Donc, de beaucoup échanger. Sur ce vaste sujet.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on se sent toujours un peu à cheval entre deux cultures. Je discutais encore la semaine dernière avec une autre maman où ici, les crèches ferment en général. Si on a de la chance à 16h, ce qui est déjà tard pour les Allemands, ils vont dire « mais tu laisses toute la journée ton enfant à la crèche, tu ne t'en occupes pas du tout » . Puis après, je parle avec une amie qui habite à Paris. Elle me dit « quoi, déjà à 16h ? Mais comment tu fais ? » Moi, je rentre du boulot à 18-19h et je me dis, mais c'est incroyable la différence entre les deux manières de voir les choses. Et bon, ce n'est pas toujours facile de trouver sa place là-dedans. OK, qu'est-ce que moi, je veux ? Qu'est-ce qui est possible de faire ici ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'est un gros choc, je dirais, généralement pour ceux qui arrivent en Allemagne, qui ont l'habitude dans leur pays d'origine. le système de garde soit plus complet, on va dire. Alors, tu es aussi professeure de français, donc pour enfants francophones. Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce que tu fais, comment tu es venue à faire ça, etc. ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors moi, au départ, je voulais devenir professeure d'allemand en France. Et puis, j'ai fait un échange en Allemagne et ça m'a bien plu. Et j'ai refait des études par la suite de FLE pour rester ici et enseigner le français. Je travaillais dans un centre de langue d'université. Et pour compléter un peu mes revenus, j'ai commencé aussi à donner des cours en ligne pour une école de langue en ligne. Et eux, ils proposaient des cours de FLE et des cours pour enfants francophones, donc des enfants d'expatriés français qui habitaient dans le monde entier. Donc vraiment, j'ai eu des élèves qui étaient aux États-Unis, à Singapour, en Angleterre, etc. Et ça m'a énormément plu, en fait, ce côté. d'être un peu comme une institutrice, d'apprendre la lecture en français, de faire découvrir la grammaire, etc. Mais tout en ayant le côté ludique, on n'est pas à l'école, on n'est pas en France. Donc tout ce qu'on fait, c'est un plus pour les enfants, mais ce n'est pas noté, etc. Et voilà, j'ai adoré ça. Et ensuite, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de francophones à Augsbourg. Je me suis dit, il y a quelque chose à faire peut-être aussi en présentiel. Et c'est pour ça que j'ai commencé à donner des cours en présentiel. Et donc, j'ai fait en fait chaque semaine, donc c'est le samedi, parce que c'est aussi à la demande des parents, parce que c'est très compliqué la semaine avec toutes les autres activités des enfants. Mais le samedi matin, donc j'ai deux groupes, un groupe plus pour les petits, genre dernière année de kindergarten et première classe, et un cours pour les plus grands, 2, 3, 4e classe. J'ai des très bons retours des parents et des enfants. Ça semble plaire à tout le monde. Et voilà, ça m'encourage vraiment à continuer ce type de cours.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu fais alors pendant ces cours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye de faire un peu de tout, ce qui n'est pas toujours facile. Mais déjà, que les enfants prennent plaisir à se rencontrer, à parler entre eux. On joue un petit peu, à développer aussi leur capacité à l'oral, à raconter des choses, à étendre leur vocabulaire, etc. Et après, quelques activités à l'écrit. Donc, pour les plus petits, c'est découverte des lettres, voilà, recopier un petit peu des mots, des choses comme ça. Et puis, pour les plus grands, des petites questions sur la lecture d'une histoire. Et pour les plus, plus grands, un petit peu de grammaire, un petit peu de conjugaison. Voilà, et en général, ils aiment bien, en fait, parce qu'il n'y a pas la pression de l'école. Et puis, quand même, ils sont contents d'apprendre quelque chose.

  • Speaker #0

    Puis généralement, ils sont contents aussi d'élargir leur connaissance en français, de pouvoir dire, je sais maintenant lire et écrire, qui est quand même à 6-7 ans quand ils apprennent à écrire dans leur langue. Ils sont contents de pouvoir dire, je sais lire et écrire dans mes deux langues que je parle au quotidien.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Alors, à propos d'apprendre à lire et à écrire, il y a beaucoup de parents qui maintenant ont accès à ce genre de cours, mais beaucoup n'y ont pas accès ou ne veulent pas les suivre. Est-ce que toi, tu as des conseils pour qu'ils puissent aider leurs enfants à apprendre à lire et écrire ? en français ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, il y a beaucoup de parents qui me disent que leur enfant n'a pas envie. Alors, je leur dis surtout de ne pas les forcer et de revenir plus tard. Et il y a aussi le cas complètement inverse de parents qui vont me dire « Ah, mon enfant, je vois qu'il a envie, mais je ne veux pas aller trop vite, je veux qu'il apprenne déjà à lire l'allemand, etc. » Et alors, bon, moi, je suis plutôt d'avis de dire qu'il faut suivre un peu l'enfant. Si l'enfant a envie, personnellement, je ne le bloquerai pas, je ne le freinerai pas. On peut apprendre, je pense, à lire dans les deux langues. Le cerveau de l'enfant est capable de faire ça. Pour apprendre la lecture, il y a beaucoup de méthodes différentes. J'essaye un petit peu de piocher partout. Il y a la méthode des alphas que j'aime beaucoup. Ce sont des petites lettres personnages qui font apprendre les sons aux enfants et aussi les sons difficiles du français. le ou, le oua, le on, les combinaisons de sons comme ça. Et voilà, de passer par ça, de passer par les sons avant d'essayer de lire. Et il y a une deuxième méthode que j'aime bien, c'est la méthode de, je crois que ça s'appelle Céline Valvarez, qui fait aussi des livres en français très simples et progressifs. Et voilà, donc je conseille aux parents d'acheter ce genre de livre. Moi aussi, il y a une collection qui s'appelle ça, mais Julie, je crois. Les parents à qui j'ai donné ces conseils ont acheté ces livres et en général, ça a bien fonctionné avec les enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que ces livres, je les ai aussi pour mes enfants où on court, c'est des livres. court, ludique et en effet adapté justement aux enfants qui apprennent à lire et écrire en français. Alors pour terminer, est-ce que tu as, avec ta fille, est-ce que tu as des anecdotes sur ton bilinguisme ou est peut-être du coup avec tes élèves que tu vois le samedi matin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors avec ma fille, c'est sûr qu'elle mélange tout le temps et c'est vrai qu'il y a des phrases comme ça qui restent. Elle dit tout le temps en fait « ich bin fini » ou « ich bin fatigué » . Et moi, en tant que linguiste, ça m'intéresse tellement parce que je me suis dit, ben oui, la forme ich bin, moi, je dis rarement je suis en français. Je vais dire maman est. Et je me suis dit, tiens, c'est vrai que le je suis, elle n'entend pas beaucoup. Donc, elle prend la structure en allemand, mais après, elle prend le mot français. Voilà, fini, fatiguée, etc. Mais elle fait des mélanges incroyables. Il a pris la balle. Et voilà, mon mari, du coup, comprend aussi ce mélange-là. Mais de l'extérieur, ce n'est pas évident pour tout le monde. Et notamment à la crèche, comme je disais tout à l'heure, il y a des mots qu'elle dit qu'ils ne comprennent pas toujours. Et il y a quelques semaines, il me parlait d'un mot. Il me disait, mais Diana, elle a pris ce gros coussin-là. Et puis, elle a dit, that's his minor, marquise, man. banquise. Ils n'arrivaient pas trop à dire le mot et moi, j'étais en train de réfléchir, mais je ne vois pas ce qu'elle a pu dire, je ne comprends pas trop. Et puis, le soir, Illumination, ah mais oui, elle a parlé de la banquise. Et en fait, on avait lu un magazine avec des ours polaires qui vivaient sur la banquise et elle avait adoré ça. Et c'est vrai que ce coussin, il était bleu clair, un peu allongé et du coup, pour elle, c'était la banquise. et ça les a fait beaucoup rire le lendemain je leur ai raconté et ils ont dit ah d'accord ok donc c'est pack ice en allemand ok voilà et donc Diana est toujours ah meine bankies et en plus elle le prononce à l'allemande du coup voilà on y croit on pense que c'est un mot allemand mais pas du tout et voilà donc bon des petites anecdotes il y en a pas mal comme ça c'est vrai que je me dis il faudrait que je les note parce qu'on les oublie très rapidement c'est vrai et avec mes élèves trop, je dois dire qu'ils ne mélangent pas trop pour le coup. Soit ils parlent en allemand, soit ils parlent en français. Au début, il y en a certains qui ne parlent pas beaucoup non plus parce que je vois très bien qu'ils comprennent, mais ils ont un petit peu peur de parler ou ils n'ont pas l'habitude de parler beaucoup en français s'ils entendent plus l'allemand dans leur famille. Donc, oui, j'ai moins ça dans mes cours, ce mélange.

  • Speaker #0

    Même à l'écrit ? Je sais que moi, dans mes élèves, à l'écrit, j'ai des trucs. alors ils mélangent, ils écrivent un mot français à l'allemande,

  • Speaker #1

    donc c'est vrai que ça fait des trucs très mignons. Oui, ça oui, c'est vrai. Enfin, au niveau de l'orthographe, oui, c'est plein de K, de Oumlaout, de choses comme ça, c'est assez drôle, oui, donc j'essaye de leur dire non, des K, il n'y en a pas beaucoup en français, des Oumlaout, il n'y en a pas non plus, mais bon, c'est vrai que l'écrit, on ne le travaille pas beaucoup, beaucoup, j'essaye de ne pas trop les frustrer parce que sinon ils disent, ah, je ne sais pas écrire en français et ils n'écrivent rien du tout. donc voilà

  • Speaker #0

    Merci pour ton témoignage,

  • Speaker #1

    c'était très intéressant je pense que ça va intéresser aussi beaucoup de gens notamment par rapport à cet apprentissage de la lecture et de l'écriture qui est un très gros pavé quand on apprend une langue étrangère à son enfant donc pour ça merci et donc au revoir Merci beaucoup à toi de nous donner la possibilité de faire ça et je pense effectivement qu'il y a une grande communauté qui peut être mise en contact grâce à toi

  • Speaker #0

    Merci aussi et au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

Description

Dans ce nouvel épisode de 1, 2, 3 Français !, découvrez le portrait de Lucile, maman française expatriée à Augsburg, en Allemagne. Elle nous dévoile comment elle conjugue son engagement pour la francophonie, sa vie de famille bilingue et sa passion pour l’enseignement du français langue maternelle 🇩🇪


Lucile nous raconte :

  • son quotidien en français, rythmé par l’éducation bilingue de sa fille 👶🏼

  • son rôle de vice-présidente de l’Association des Francophones et Francophiles d’Augsburg (AFF) pour promouvoir la langue et la culture francophones localement 🇫🇷

  • son activité chaque week-end comme enseignante de français aux enfants dont le français est la langue maternelle 👩‍🏫


Au fil de cette discussion sincère, nous abordons aussi :

  • la place des Français et francophones à Augsburg,

  • le défi de maintenir le français lorsqu’on devient parent à l’étranger,

  • la mise en lien entre mamans françaises et étrangères,

  • l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les petits francophones dans le contexte de l’expatriation


À retenir :

  • Un éclairage concret sur le quotidien d’une maman francophone dans une ville allemande

  • Des idées et pistes pour soutenir la transmission du français dans un contexte bilingue

  • L’exemple d’un engagement associatif local pour créer du lien francophone à l’étranger


Bonne écoute !

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  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés. Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Lucille, maman française en Allemagne et aussi professeure de français, notamment pour des enfants bilingues, comme elle nous l'expliquera. Bonjour Lucille !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr ! Alors, tu viens un peu commencer, mais oui, donc j'habite à Augsburg, près de Munich, depuis 6-7 ans, je crois, mais ça fait une dizaine d'années que je suis en Allemagne. Et voilà, comme tu l'as dit, j'enseigne le français à des germanophones et à des enfants bilingues. Et j'ai une fille, Diana, qui a deux ans et demi.

  • Speaker #0

    Et donc, le papa, il est allemand ?

  • Speaker #1

    Il est allemand, voilà, allemand. Comme beaucoup de couples, voilà, on est binationaux.

  • Speaker #0

    Donc, ta fille grandit avec le français et l'allemand au quotidien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Sauf que c'est pas toujours simple de parler français parce que la communication avec mon mari se fait en allemand. À la crèche, c'est bien sûr aussi en allemand. Et voilà, je me rends compte que ma fille parle beaucoup plus allemand que français. Mais bien sûr, elle comprend tout en français. Et voilà, c'est plutôt de l'allemand saupoudré de mots français. Et en fait, je me remarque aussi que dès que je passe plus de temps avec elle, d'un coup, elle va parler un peu plus français. Voilà, là, elle a été malade beaucoup de fois ce dernier mois. Et du coup, j'étais à la maison avec elle et d'un coup, le français ressort. Donc je me dis, ok, c'est là, c'est pas complètement perdu. Je pense qu'elle parlera français plus tard aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment ça se passe au quotidien, cette transmission ? Tu l'as dit, tu te rends compte quand elle va beaucoup à la crèche, elle est beaucoup dans l'univers allemand, le français est moindre au présent, on va dire entre guillemets. Mais voilà, qu'est-ce que tu mets en place au quotidien pour lui transmettre la langue ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'essaye vraiment... activement de me dire je dois parler français. Je ne pensais jamais que j'aurais dû, entre guillemets, me forcer presque à parler français. Mais quand le papa est là, c'est vrai que je me dis non, quand je lui parle à elle, je lui parle français. Et je lui demande beaucoup de répéter aussi. Je lui demande en français, comment tu dis ça en français ? Et bon, ça n'a pas l'air de la déranger, donc ça va, je continue comme ça. Et je me suis rendue compte aussi que je répète systématiquement tout ce qu'elle dit en allemand, je le répète en français. peut-être que ça aide. Sinon, bien sûr, beaucoup de lecture. Dès qu'on va en France, on achète une dizaine de magazines. Voilà, et elle adore ça, avec les petites histoires, les petits héros français, Petit ours brun, Choupi, Popi, voilà, tout ça. Et faire écouter des histoires avec une petite box d'histoires. On a découvert un truc aussi sympa, pas de publicité, mais ça s'appelle Bouquinou. C'est en fait une box où on peut enregistrer soi-même les livres. Donc ça, c'est aussi sympa parce que la grand-mère, la tante et tout peuvent enregistrer les histoires. Donc voilà, j'essaie de la baigner le plus possible dans le français. Et puis, bien sûr, des jeux, etc. Appeler la famille, rencontrer aussi d'autres familles francophones. C'est vrai que j'essaie vraiment activement que le français soit présent dans son quotidien.

  • Speaker #0

    Comment c'est vu, cette éducation bilingue au quotidien, par exemple à la crèche, dans ta belle famille, de manière générale, là où tu vis en Allemagne, est-ce que c'est bien vu ou au contraire pas très bien vu, soutenu ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, en général, les gens sont assez positifs, ils sont même presque admiratifs. « Waouh, elle va parler deux langues, c'est génial ! » Parfois, ils me demandent même, mon mari en fait, il parle aussi russe, il est né au Kazakhstan, et moi, mes grands-parents sont italiens. Alors, parfois, ils demandent « Ah, et aussi l'italien, Elrush ? » Je fais « Non, non, c'est bon. Deux, ça suffit déjà. On ne va peut-être pas exagérer. » Mais oui, je pense que les gens sont assez ouverts à ça. À la crèche aussi, ça les fait rire parfois quand il y a des mots qui ressortent, qu'ils ne comprennent pas. Alors, ils essayent de me demander « Et là, qu'est-ce qu'elle a dit ? » Ou alors, ils cherchent sur Google la traduction d'un mot. Donc, oui, c'est assez positif. Et en fait, mes grands-parents, donc eux, ils parlaient italien. et mes parents aussi, mais ils n'ont pas voulu parler italien avec moi parce qu'avant, c'était vraiment l'idée, il ne fallait parler qu'une langue, il fallait s'intégrer en France et tout. Et maintenant, ils ont changé leur vision là-dessus. Ils voient très bien qu'au contraire, c'est un avantage de parler plusieurs langues, c'est une ouverture et voilà, je pense qu'il y a du chemin qui a été fait là-dessus. Alors,

  • Speaker #0

    je rebondis juste, je sors un petit peu du contexte français exceptionnellement. Tu dis que ton mari parle russe et allemand. Est-ce que, voilà, on a les différents problèmes avec la Russie, est-ce que maintenant tu constates une différence à ce niveau-là ? Est-ce que justement ils vont dire « Ah, le français c'est très bien, le russe, est-ce qu'il faut l'éviter ? » Ou au contraire, les gens restent ouverts à ce niveau-là ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une bonne question. Bon, lui, il n'est pas très concerné parce qu'il sait parler russe, mais il ne parle pas russe au quotidien en fait. Enfin, il est venu en Allemagne il y a 7 ans, donc jamais il ne va s'identifier à la langue russe ou quoi que ce soit. Mais à Augsbourg, il y a une grande communauté russophone. Et oui, je les entends pas mal parler dans la rue, etc. Et je remarque effectivement que le regard a changé, oui. Aussi dans certains restaurants russophones, ils ne répondent plus vraiment à des questions sur leur origine et tout ça. C'est un peu plus tendu, oui. Au contraire, les relations avec la France, là, je pense que c'est très différent.

  • Speaker #0

    Pour le moment, ça se porte bien, on va dire. Est-ce qu'il y a à Augsbourg ou dans ta région des actions locales qui sont mises en place pour soutenir le français ? Donc, il y a par exemple des associations, des kindergartens bilingues, des écoles, etc.

  • Speaker #1

    Oui, alors il y a un kindergarten bilingue qui est aussi très présent à Munich. Bon, ma fille n'y va pas parce que ce n'est pas très bien situé pour nous et il faut le dire aussi, c'est assez cher, mais voilà, l'offre est là. Et sinon, il y a une association qui s'appelle l'association francophone et francophile d'Auxpau, l'AFF, dont je fais partie, dont je suis aussi vice-présidente. Et cette association existe depuis 30 ans. Donc, les gens qui l'ont fondée avaient justement cette idée de mettre en contact surtout les enfants des familles francophones. Et voilà, c'est ce qu'on continue de faire aujourd'hui. On fait une rencontre par mois, donc ça peut être un atelier bricolage. Il y en avait un la semaine dernière, d'ailleurs. Une sortie dans la forêt, une après-midi jeu ou lecture. Et ouais, c'est sympa, autant pour les enfants que pour les parents, bien sûr, qui papotent à côté. Et l'association fait aussi des événements pour les adultes, des soirées dansantes, des repas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est super, ça a l'air très intéressant, puis ça doit être pour les familles aussi de pouvoir se rencontrer, c'est sympa aussi, c'est important aussi, comme tu dis, de papoter, de papoter dans sa langue maternelle, des fois c'est souvent plus facile que dans la langue qu'on apprend, même si on la parle très couramment.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, depuis que je suis devenue maman, je me suis rendue compte que, enfin moi je parle parfaitement allemand, donc j'ai pas ce problème, ce barrage-là. Mais il y a quand même une différence culturelle qui reste. Quand je rencontre d'autres mamans allemandes, le contact n'est pas toujours très simple. Alors que quand je rencontre d'autres mamans françaises, je ne sais pas, ça se passe tout de suite bien. On s'entend bien, on échange de manière beaucoup plus ouverte et presque beaucoup plus honnête, je dirais, sur les difficultés qu'on peut avoir au quotidien, sur les belles choses aussi, bien sûr. quand même relativement contente d'habiter en Allemagne. C'est quelque chose qu'on a choisi en grande partie. Voilà, et ça, c'est vrai que j'ai été un peu déçue de ce contact avec les mamans germanophones.

  • Speaker #0

    Et comme tu dis très bien, c'est le côté langue, mais il y a aussi le côté culturel. C'est qu'en plus, quand on rencontre des parents à l'étranger, francophones à l'étranger, on a ce gros point commun d'être parents francophones à l'étranger, justement. Donc, de beaucoup échanger. Sur ce vaste sujet.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on se sent toujours un peu à cheval entre deux cultures. Je discutais encore la semaine dernière avec une autre maman où ici, les crèches ferment en général. Si on a de la chance à 16h, ce qui est déjà tard pour les Allemands, ils vont dire « mais tu laisses toute la journée ton enfant à la crèche, tu ne t'en occupes pas du tout » . Puis après, je parle avec une amie qui habite à Paris. Elle me dit « quoi, déjà à 16h ? Mais comment tu fais ? » Moi, je rentre du boulot à 18-19h et je me dis, mais c'est incroyable la différence entre les deux manières de voir les choses. Et bon, ce n'est pas toujours facile de trouver sa place là-dedans. OK, qu'est-ce que moi, je veux ? Qu'est-ce qui est possible de faire ici ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'est un gros choc, je dirais, généralement pour ceux qui arrivent en Allemagne, qui ont l'habitude dans leur pays d'origine. le système de garde soit plus complet, on va dire. Alors, tu es aussi professeure de français, donc pour enfants francophones. Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce que tu fais, comment tu es venue à faire ça, etc. ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors moi, au départ, je voulais devenir professeure d'allemand en France. Et puis, j'ai fait un échange en Allemagne et ça m'a bien plu. Et j'ai refait des études par la suite de FLE pour rester ici et enseigner le français. Je travaillais dans un centre de langue d'université. Et pour compléter un peu mes revenus, j'ai commencé aussi à donner des cours en ligne pour une école de langue en ligne. Et eux, ils proposaient des cours de FLE et des cours pour enfants francophones, donc des enfants d'expatriés français qui habitaient dans le monde entier. Donc vraiment, j'ai eu des élèves qui étaient aux États-Unis, à Singapour, en Angleterre, etc. Et ça m'a énormément plu, en fait, ce côté. d'être un peu comme une institutrice, d'apprendre la lecture en français, de faire découvrir la grammaire, etc. Mais tout en ayant le côté ludique, on n'est pas à l'école, on n'est pas en France. Donc tout ce qu'on fait, c'est un plus pour les enfants, mais ce n'est pas noté, etc. Et voilà, j'ai adoré ça. Et ensuite, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de francophones à Augsbourg. Je me suis dit, il y a quelque chose à faire peut-être aussi en présentiel. Et c'est pour ça que j'ai commencé à donner des cours en présentiel. Et donc, j'ai fait en fait chaque semaine, donc c'est le samedi, parce que c'est aussi à la demande des parents, parce que c'est très compliqué la semaine avec toutes les autres activités des enfants. Mais le samedi matin, donc j'ai deux groupes, un groupe plus pour les petits, genre dernière année de kindergarten et première classe, et un cours pour les plus grands, 2, 3, 4e classe. J'ai des très bons retours des parents et des enfants. Ça semble plaire à tout le monde. Et voilà, ça m'encourage vraiment à continuer ce type de cours.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu fais alors pendant ces cours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye de faire un peu de tout, ce qui n'est pas toujours facile. Mais déjà, que les enfants prennent plaisir à se rencontrer, à parler entre eux. On joue un petit peu, à développer aussi leur capacité à l'oral, à raconter des choses, à étendre leur vocabulaire, etc. Et après, quelques activités à l'écrit. Donc, pour les plus petits, c'est découverte des lettres, voilà, recopier un petit peu des mots, des choses comme ça. Et puis, pour les plus grands, des petites questions sur la lecture d'une histoire. Et pour les plus, plus grands, un petit peu de grammaire, un petit peu de conjugaison. Voilà, et en général, ils aiment bien, en fait, parce qu'il n'y a pas la pression de l'école. Et puis, quand même, ils sont contents d'apprendre quelque chose.

  • Speaker #0

    Puis généralement, ils sont contents aussi d'élargir leur connaissance en français, de pouvoir dire, je sais maintenant lire et écrire, qui est quand même à 6-7 ans quand ils apprennent à écrire dans leur langue. Ils sont contents de pouvoir dire, je sais lire et écrire dans mes deux langues que je parle au quotidien.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Alors, à propos d'apprendre à lire et à écrire, il y a beaucoup de parents qui maintenant ont accès à ce genre de cours, mais beaucoup n'y ont pas accès ou ne veulent pas les suivre. Est-ce que toi, tu as des conseils pour qu'ils puissent aider leurs enfants à apprendre à lire et écrire ? en français ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, il y a beaucoup de parents qui me disent que leur enfant n'a pas envie. Alors, je leur dis surtout de ne pas les forcer et de revenir plus tard. Et il y a aussi le cas complètement inverse de parents qui vont me dire « Ah, mon enfant, je vois qu'il a envie, mais je ne veux pas aller trop vite, je veux qu'il apprenne déjà à lire l'allemand, etc. » Et alors, bon, moi, je suis plutôt d'avis de dire qu'il faut suivre un peu l'enfant. Si l'enfant a envie, personnellement, je ne le bloquerai pas, je ne le freinerai pas. On peut apprendre, je pense, à lire dans les deux langues. Le cerveau de l'enfant est capable de faire ça. Pour apprendre la lecture, il y a beaucoup de méthodes différentes. J'essaye un petit peu de piocher partout. Il y a la méthode des alphas que j'aime beaucoup. Ce sont des petites lettres personnages qui font apprendre les sons aux enfants et aussi les sons difficiles du français. le ou, le oua, le on, les combinaisons de sons comme ça. Et voilà, de passer par ça, de passer par les sons avant d'essayer de lire. Et il y a une deuxième méthode que j'aime bien, c'est la méthode de, je crois que ça s'appelle Céline Valvarez, qui fait aussi des livres en français très simples et progressifs. Et voilà, donc je conseille aux parents d'acheter ce genre de livre. Moi aussi, il y a une collection qui s'appelle ça, mais Julie, je crois. Les parents à qui j'ai donné ces conseils ont acheté ces livres et en général, ça a bien fonctionné avec les enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que ces livres, je les ai aussi pour mes enfants où on court, c'est des livres. court, ludique et en effet adapté justement aux enfants qui apprennent à lire et écrire en français. Alors pour terminer, est-ce que tu as, avec ta fille, est-ce que tu as des anecdotes sur ton bilinguisme ou est peut-être du coup avec tes élèves que tu vois le samedi matin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors avec ma fille, c'est sûr qu'elle mélange tout le temps et c'est vrai qu'il y a des phrases comme ça qui restent. Elle dit tout le temps en fait « ich bin fini » ou « ich bin fatigué » . Et moi, en tant que linguiste, ça m'intéresse tellement parce que je me suis dit, ben oui, la forme ich bin, moi, je dis rarement je suis en français. Je vais dire maman est. Et je me suis dit, tiens, c'est vrai que le je suis, elle n'entend pas beaucoup. Donc, elle prend la structure en allemand, mais après, elle prend le mot français. Voilà, fini, fatiguée, etc. Mais elle fait des mélanges incroyables. Il a pris la balle. Et voilà, mon mari, du coup, comprend aussi ce mélange-là. Mais de l'extérieur, ce n'est pas évident pour tout le monde. Et notamment à la crèche, comme je disais tout à l'heure, il y a des mots qu'elle dit qu'ils ne comprennent pas toujours. Et il y a quelques semaines, il me parlait d'un mot. Il me disait, mais Diana, elle a pris ce gros coussin-là. Et puis, elle a dit, that's his minor, marquise, man. banquise. Ils n'arrivaient pas trop à dire le mot et moi, j'étais en train de réfléchir, mais je ne vois pas ce qu'elle a pu dire, je ne comprends pas trop. Et puis, le soir, Illumination, ah mais oui, elle a parlé de la banquise. Et en fait, on avait lu un magazine avec des ours polaires qui vivaient sur la banquise et elle avait adoré ça. Et c'est vrai que ce coussin, il était bleu clair, un peu allongé et du coup, pour elle, c'était la banquise. et ça les a fait beaucoup rire le lendemain je leur ai raconté et ils ont dit ah d'accord ok donc c'est pack ice en allemand ok voilà et donc Diana est toujours ah meine bankies et en plus elle le prononce à l'allemande du coup voilà on y croit on pense que c'est un mot allemand mais pas du tout et voilà donc bon des petites anecdotes il y en a pas mal comme ça c'est vrai que je me dis il faudrait que je les note parce qu'on les oublie très rapidement c'est vrai et avec mes élèves trop, je dois dire qu'ils ne mélangent pas trop pour le coup. Soit ils parlent en allemand, soit ils parlent en français. Au début, il y en a certains qui ne parlent pas beaucoup non plus parce que je vois très bien qu'ils comprennent, mais ils ont un petit peu peur de parler ou ils n'ont pas l'habitude de parler beaucoup en français s'ils entendent plus l'allemand dans leur famille. Donc, oui, j'ai moins ça dans mes cours, ce mélange.

  • Speaker #0

    Même à l'écrit ? Je sais que moi, dans mes élèves, à l'écrit, j'ai des trucs. alors ils mélangent, ils écrivent un mot français à l'allemande,

  • Speaker #1

    donc c'est vrai que ça fait des trucs très mignons. Oui, ça oui, c'est vrai. Enfin, au niveau de l'orthographe, oui, c'est plein de K, de Oumlaout, de choses comme ça, c'est assez drôle, oui, donc j'essaye de leur dire non, des K, il n'y en a pas beaucoup en français, des Oumlaout, il n'y en a pas non plus, mais bon, c'est vrai que l'écrit, on ne le travaille pas beaucoup, beaucoup, j'essaye de ne pas trop les frustrer parce que sinon ils disent, ah, je ne sais pas écrire en français et ils n'écrivent rien du tout. donc voilà

  • Speaker #0

    Merci pour ton témoignage,

  • Speaker #1

    c'était très intéressant je pense que ça va intéresser aussi beaucoup de gens notamment par rapport à cet apprentissage de la lecture et de l'écriture qui est un très gros pavé quand on apprend une langue étrangère à son enfant donc pour ça merci et donc au revoir Merci beaucoup à toi de nous donner la possibilité de faire ça et je pense effectivement qu'il y a une grande communauté qui peut être mise en contact grâce à toi

  • Speaker #0

    Merci aussi et au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

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Description

Dans ce nouvel épisode de 1, 2, 3 Français !, découvrez le portrait de Lucile, maman française expatriée à Augsburg, en Allemagne. Elle nous dévoile comment elle conjugue son engagement pour la francophonie, sa vie de famille bilingue et sa passion pour l’enseignement du français langue maternelle 🇩🇪


Lucile nous raconte :

  • son quotidien en français, rythmé par l’éducation bilingue de sa fille 👶🏼

  • son rôle de vice-présidente de l’Association des Francophones et Francophiles d’Augsburg (AFF) pour promouvoir la langue et la culture francophones localement 🇫🇷

  • son activité chaque week-end comme enseignante de français aux enfants dont le français est la langue maternelle 👩‍🏫


Au fil de cette discussion sincère, nous abordons aussi :

  • la place des Français et francophones à Augsburg,

  • le défi de maintenir le français lorsqu’on devient parent à l’étranger,

  • la mise en lien entre mamans françaises et étrangères,

  • l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les petits francophones dans le contexte de l’expatriation


À retenir :

  • Un éclairage concret sur le quotidien d’une maman francophone dans une ville allemande

  • Des idées et pistes pour soutenir la transmission du français dans un contexte bilingue

  • L’exemple d’un engagement associatif local pour créer du lien francophone à l’étranger


Bonne écoute !

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Site de l'AFF à Augsburg : https://aff-augsburg.de/


Découvrez les offres des Franco' Expats qui vous accompagnent dans le maintien du français au quotidien


Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés. Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Lucille, maman française en Allemagne et aussi professeure de français, notamment pour des enfants bilingues, comme elle nous l'expliquera. Bonjour Lucille !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr ! Alors, tu viens un peu commencer, mais oui, donc j'habite à Augsburg, près de Munich, depuis 6-7 ans, je crois, mais ça fait une dizaine d'années que je suis en Allemagne. Et voilà, comme tu l'as dit, j'enseigne le français à des germanophones et à des enfants bilingues. Et j'ai une fille, Diana, qui a deux ans et demi.

  • Speaker #0

    Et donc, le papa, il est allemand ?

  • Speaker #1

    Il est allemand, voilà, allemand. Comme beaucoup de couples, voilà, on est binationaux.

  • Speaker #0

    Donc, ta fille grandit avec le français et l'allemand au quotidien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Sauf que c'est pas toujours simple de parler français parce que la communication avec mon mari se fait en allemand. À la crèche, c'est bien sûr aussi en allemand. Et voilà, je me rends compte que ma fille parle beaucoup plus allemand que français. Mais bien sûr, elle comprend tout en français. Et voilà, c'est plutôt de l'allemand saupoudré de mots français. Et en fait, je me remarque aussi que dès que je passe plus de temps avec elle, d'un coup, elle va parler un peu plus français. Voilà, là, elle a été malade beaucoup de fois ce dernier mois. Et du coup, j'étais à la maison avec elle et d'un coup, le français ressort. Donc je me dis, ok, c'est là, c'est pas complètement perdu. Je pense qu'elle parlera français plus tard aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment ça se passe au quotidien, cette transmission ? Tu l'as dit, tu te rends compte quand elle va beaucoup à la crèche, elle est beaucoup dans l'univers allemand, le français est moindre au présent, on va dire entre guillemets. Mais voilà, qu'est-ce que tu mets en place au quotidien pour lui transmettre la langue ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'essaye vraiment... activement de me dire je dois parler français. Je ne pensais jamais que j'aurais dû, entre guillemets, me forcer presque à parler français. Mais quand le papa est là, c'est vrai que je me dis non, quand je lui parle à elle, je lui parle français. Et je lui demande beaucoup de répéter aussi. Je lui demande en français, comment tu dis ça en français ? Et bon, ça n'a pas l'air de la déranger, donc ça va, je continue comme ça. Et je me suis rendue compte aussi que je répète systématiquement tout ce qu'elle dit en allemand, je le répète en français. peut-être que ça aide. Sinon, bien sûr, beaucoup de lecture. Dès qu'on va en France, on achète une dizaine de magazines. Voilà, et elle adore ça, avec les petites histoires, les petits héros français, Petit ours brun, Choupi, Popi, voilà, tout ça. Et faire écouter des histoires avec une petite box d'histoires. On a découvert un truc aussi sympa, pas de publicité, mais ça s'appelle Bouquinou. C'est en fait une box où on peut enregistrer soi-même les livres. Donc ça, c'est aussi sympa parce que la grand-mère, la tante et tout peuvent enregistrer les histoires. Donc voilà, j'essaie de la baigner le plus possible dans le français. Et puis, bien sûr, des jeux, etc. Appeler la famille, rencontrer aussi d'autres familles francophones. C'est vrai que j'essaie vraiment activement que le français soit présent dans son quotidien.

  • Speaker #0

    Comment c'est vu, cette éducation bilingue au quotidien, par exemple à la crèche, dans ta belle famille, de manière générale, là où tu vis en Allemagne, est-ce que c'est bien vu ou au contraire pas très bien vu, soutenu ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, en général, les gens sont assez positifs, ils sont même presque admiratifs. « Waouh, elle va parler deux langues, c'est génial ! » Parfois, ils me demandent même, mon mari en fait, il parle aussi russe, il est né au Kazakhstan, et moi, mes grands-parents sont italiens. Alors, parfois, ils demandent « Ah, et aussi l'italien, Elrush ? » Je fais « Non, non, c'est bon. Deux, ça suffit déjà. On ne va peut-être pas exagérer. » Mais oui, je pense que les gens sont assez ouverts à ça. À la crèche aussi, ça les fait rire parfois quand il y a des mots qui ressortent, qu'ils ne comprennent pas. Alors, ils essayent de me demander « Et là, qu'est-ce qu'elle a dit ? » Ou alors, ils cherchent sur Google la traduction d'un mot. Donc, oui, c'est assez positif. Et en fait, mes grands-parents, donc eux, ils parlaient italien. et mes parents aussi, mais ils n'ont pas voulu parler italien avec moi parce qu'avant, c'était vraiment l'idée, il ne fallait parler qu'une langue, il fallait s'intégrer en France et tout. Et maintenant, ils ont changé leur vision là-dessus. Ils voient très bien qu'au contraire, c'est un avantage de parler plusieurs langues, c'est une ouverture et voilà, je pense qu'il y a du chemin qui a été fait là-dessus. Alors,

  • Speaker #0

    je rebondis juste, je sors un petit peu du contexte français exceptionnellement. Tu dis que ton mari parle russe et allemand. Est-ce que, voilà, on a les différents problèmes avec la Russie, est-ce que maintenant tu constates une différence à ce niveau-là ? Est-ce que justement ils vont dire « Ah, le français c'est très bien, le russe, est-ce qu'il faut l'éviter ? » Ou au contraire, les gens restent ouverts à ce niveau-là ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une bonne question. Bon, lui, il n'est pas très concerné parce qu'il sait parler russe, mais il ne parle pas russe au quotidien en fait. Enfin, il est venu en Allemagne il y a 7 ans, donc jamais il ne va s'identifier à la langue russe ou quoi que ce soit. Mais à Augsbourg, il y a une grande communauté russophone. Et oui, je les entends pas mal parler dans la rue, etc. Et je remarque effectivement que le regard a changé, oui. Aussi dans certains restaurants russophones, ils ne répondent plus vraiment à des questions sur leur origine et tout ça. C'est un peu plus tendu, oui. Au contraire, les relations avec la France, là, je pense que c'est très différent.

  • Speaker #0

    Pour le moment, ça se porte bien, on va dire. Est-ce qu'il y a à Augsbourg ou dans ta région des actions locales qui sont mises en place pour soutenir le français ? Donc, il y a par exemple des associations, des kindergartens bilingues, des écoles, etc.

  • Speaker #1

    Oui, alors il y a un kindergarten bilingue qui est aussi très présent à Munich. Bon, ma fille n'y va pas parce que ce n'est pas très bien situé pour nous et il faut le dire aussi, c'est assez cher, mais voilà, l'offre est là. Et sinon, il y a une association qui s'appelle l'association francophone et francophile d'Auxpau, l'AFF, dont je fais partie, dont je suis aussi vice-présidente. Et cette association existe depuis 30 ans. Donc, les gens qui l'ont fondée avaient justement cette idée de mettre en contact surtout les enfants des familles francophones. Et voilà, c'est ce qu'on continue de faire aujourd'hui. On fait une rencontre par mois, donc ça peut être un atelier bricolage. Il y en avait un la semaine dernière, d'ailleurs. Une sortie dans la forêt, une après-midi jeu ou lecture. Et ouais, c'est sympa, autant pour les enfants que pour les parents, bien sûr, qui papotent à côté. Et l'association fait aussi des événements pour les adultes, des soirées dansantes, des repas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est super, ça a l'air très intéressant, puis ça doit être pour les familles aussi de pouvoir se rencontrer, c'est sympa aussi, c'est important aussi, comme tu dis, de papoter, de papoter dans sa langue maternelle, des fois c'est souvent plus facile que dans la langue qu'on apprend, même si on la parle très couramment.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, depuis que je suis devenue maman, je me suis rendue compte que, enfin moi je parle parfaitement allemand, donc j'ai pas ce problème, ce barrage-là. Mais il y a quand même une différence culturelle qui reste. Quand je rencontre d'autres mamans allemandes, le contact n'est pas toujours très simple. Alors que quand je rencontre d'autres mamans françaises, je ne sais pas, ça se passe tout de suite bien. On s'entend bien, on échange de manière beaucoup plus ouverte et presque beaucoup plus honnête, je dirais, sur les difficultés qu'on peut avoir au quotidien, sur les belles choses aussi, bien sûr. quand même relativement contente d'habiter en Allemagne. C'est quelque chose qu'on a choisi en grande partie. Voilà, et ça, c'est vrai que j'ai été un peu déçue de ce contact avec les mamans germanophones.

  • Speaker #0

    Et comme tu dis très bien, c'est le côté langue, mais il y a aussi le côté culturel. C'est qu'en plus, quand on rencontre des parents à l'étranger, francophones à l'étranger, on a ce gros point commun d'être parents francophones à l'étranger, justement. Donc, de beaucoup échanger. Sur ce vaste sujet.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on se sent toujours un peu à cheval entre deux cultures. Je discutais encore la semaine dernière avec une autre maman où ici, les crèches ferment en général. Si on a de la chance à 16h, ce qui est déjà tard pour les Allemands, ils vont dire « mais tu laisses toute la journée ton enfant à la crèche, tu ne t'en occupes pas du tout » . Puis après, je parle avec une amie qui habite à Paris. Elle me dit « quoi, déjà à 16h ? Mais comment tu fais ? » Moi, je rentre du boulot à 18-19h et je me dis, mais c'est incroyable la différence entre les deux manières de voir les choses. Et bon, ce n'est pas toujours facile de trouver sa place là-dedans. OK, qu'est-ce que moi, je veux ? Qu'est-ce qui est possible de faire ici ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'est un gros choc, je dirais, généralement pour ceux qui arrivent en Allemagne, qui ont l'habitude dans leur pays d'origine. le système de garde soit plus complet, on va dire. Alors, tu es aussi professeure de français, donc pour enfants francophones. Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce que tu fais, comment tu es venue à faire ça, etc. ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors moi, au départ, je voulais devenir professeure d'allemand en France. Et puis, j'ai fait un échange en Allemagne et ça m'a bien plu. Et j'ai refait des études par la suite de FLE pour rester ici et enseigner le français. Je travaillais dans un centre de langue d'université. Et pour compléter un peu mes revenus, j'ai commencé aussi à donner des cours en ligne pour une école de langue en ligne. Et eux, ils proposaient des cours de FLE et des cours pour enfants francophones, donc des enfants d'expatriés français qui habitaient dans le monde entier. Donc vraiment, j'ai eu des élèves qui étaient aux États-Unis, à Singapour, en Angleterre, etc. Et ça m'a énormément plu, en fait, ce côté. d'être un peu comme une institutrice, d'apprendre la lecture en français, de faire découvrir la grammaire, etc. Mais tout en ayant le côté ludique, on n'est pas à l'école, on n'est pas en France. Donc tout ce qu'on fait, c'est un plus pour les enfants, mais ce n'est pas noté, etc. Et voilà, j'ai adoré ça. Et ensuite, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de francophones à Augsbourg. Je me suis dit, il y a quelque chose à faire peut-être aussi en présentiel. Et c'est pour ça que j'ai commencé à donner des cours en présentiel. Et donc, j'ai fait en fait chaque semaine, donc c'est le samedi, parce que c'est aussi à la demande des parents, parce que c'est très compliqué la semaine avec toutes les autres activités des enfants. Mais le samedi matin, donc j'ai deux groupes, un groupe plus pour les petits, genre dernière année de kindergarten et première classe, et un cours pour les plus grands, 2, 3, 4e classe. J'ai des très bons retours des parents et des enfants. Ça semble plaire à tout le monde. Et voilà, ça m'encourage vraiment à continuer ce type de cours.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu fais alors pendant ces cours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye de faire un peu de tout, ce qui n'est pas toujours facile. Mais déjà, que les enfants prennent plaisir à se rencontrer, à parler entre eux. On joue un petit peu, à développer aussi leur capacité à l'oral, à raconter des choses, à étendre leur vocabulaire, etc. Et après, quelques activités à l'écrit. Donc, pour les plus petits, c'est découverte des lettres, voilà, recopier un petit peu des mots, des choses comme ça. Et puis, pour les plus grands, des petites questions sur la lecture d'une histoire. Et pour les plus, plus grands, un petit peu de grammaire, un petit peu de conjugaison. Voilà, et en général, ils aiment bien, en fait, parce qu'il n'y a pas la pression de l'école. Et puis, quand même, ils sont contents d'apprendre quelque chose.

  • Speaker #0

    Puis généralement, ils sont contents aussi d'élargir leur connaissance en français, de pouvoir dire, je sais maintenant lire et écrire, qui est quand même à 6-7 ans quand ils apprennent à écrire dans leur langue. Ils sont contents de pouvoir dire, je sais lire et écrire dans mes deux langues que je parle au quotidien.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Alors, à propos d'apprendre à lire et à écrire, il y a beaucoup de parents qui maintenant ont accès à ce genre de cours, mais beaucoup n'y ont pas accès ou ne veulent pas les suivre. Est-ce que toi, tu as des conseils pour qu'ils puissent aider leurs enfants à apprendre à lire et écrire ? en français ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, il y a beaucoup de parents qui me disent que leur enfant n'a pas envie. Alors, je leur dis surtout de ne pas les forcer et de revenir plus tard. Et il y a aussi le cas complètement inverse de parents qui vont me dire « Ah, mon enfant, je vois qu'il a envie, mais je ne veux pas aller trop vite, je veux qu'il apprenne déjà à lire l'allemand, etc. » Et alors, bon, moi, je suis plutôt d'avis de dire qu'il faut suivre un peu l'enfant. Si l'enfant a envie, personnellement, je ne le bloquerai pas, je ne le freinerai pas. On peut apprendre, je pense, à lire dans les deux langues. Le cerveau de l'enfant est capable de faire ça. Pour apprendre la lecture, il y a beaucoup de méthodes différentes. J'essaye un petit peu de piocher partout. Il y a la méthode des alphas que j'aime beaucoup. Ce sont des petites lettres personnages qui font apprendre les sons aux enfants et aussi les sons difficiles du français. le ou, le oua, le on, les combinaisons de sons comme ça. Et voilà, de passer par ça, de passer par les sons avant d'essayer de lire. Et il y a une deuxième méthode que j'aime bien, c'est la méthode de, je crois que ça s'appelle Céline Valvarez, qui fait aussi des livres en français très simples et progressifs. Et voilà, donc je conseille aux parents d'acheter ce genre de livre. Moi aussi, il y a une collection qui s'appelle ça, mais Julie, je crois. Les parents à qui j'ai donné ces conseils ont acheté ces livres et en général, ça a bien fonctionné avec les enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que ces livres, je les ai aussi pour mes enfants où on court, c'est des livres. court, ludique et en effet adapté justement aux enfants qui apprennent à lire et écrire en français. Alors pour terminer, est-ce que tu as, avec ta fille, est-ce que tu as des anecdotes sur ton bilinguisme ou est peut-être du coup avec tes élèves que tu vois le samedi matin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors avec ma fille, c'est sûr qu'elle mélange tout le temps et c'est vrai qu'il y a des phrases comme ça qui restent. Elle dit tout le temps en fait « ich bin fini » ou « ich bin fatigué » . Et moi, en tant que linguiste, ça m'intéresse tellement parce que je me suis dit, ben oui, la forme ich bin, moi, je dis rarement je suis en français. Je vais dire maman est. Et je me suis dit, tiens, c'est vrai que le je suis, elle n'entend pas beaucoup. Donc, elle prend la structure en allemand, mais après, elle prend le mot français. Voilà, fini, fatiguée, etc. Mais elle fait des mélanges incroyables. Il a pris la balle. Et voilà, mon mari, du coup, comprend aussi ce mélange-là. Mais de l'extérieur, ce n'est pas évident pour tout le monde. Et notamment à la crèche, comme je disais tout à l'heure, il y a des mots qu'elle dit qu'ils ne comprennent pas toujours. Et il y a quelques semaines, il me parlait d'un mot. Il me disait, mais Diana, elle a pris ce gros coussin-là. Et puis, elle a dit, that's his minor, marquise, man. banquise. Ils n'arrivaient pas trop à dire le mot et moi, j'étais en train de réfléchir, mais je ne vois pas ce qu'elle a pu dire, je ne comprends pas trop. Et puis, le soir, Illumination, ah mais oui, elle a parlé de la banquise. Et en fait, on avait lu un magazine avec des ours polaires qui vivaient sur la banquise et elle avait adoré ça. Et c'est vrai que ce coussin, il était bleu clair, un peu allongé et du coup, pour elle, c'était la banquise. et ça les a fait beaucoup rire le lendemain je leur ai raconté et ils ont dit ah d'accord ok donc c'est pack ice en allemand ok voilà et donc Diana est toujours ah meine bankies et en plus elle le prononce à l'allemande du coup voilà on y croit on pense que c'est un mot allemand mais pas du tout et voilà donc bon des petites anecdotes il y en a pas mal comme ça c'est vrai que je me dis il faudrait que je les note parce qu'on les oublie très rapidement c'est vrai et avec mes élèves trop, je dois dire qu'ils ne mélangent pas trop pour le coup. Soit ils parlent en allemand, soit ils parlent en français. Au début, il y en a certains qui ne parlent pas beaucoup non plus parce que je vois très bien qu'ils comprennent, mais ils ont un petit peu peur de parler ou ils n'ont pas l'habitude de parler beaucoup en français s'ils entendent plus l'allemand dans leur famille. Donc, oui, j'ai moins ça dans mes cours, ce mélange.

  • Speaker #0

    Même à l'écrit ? Je sais que moi, dans mes élèves, à l'écrit, j'ai des trucs. alors ils mélangent, ils écrivent un mot français à l'allemande,

  • Speaker #1

    donc c'est vrai que ça fait des trucs très mignons. Oui, ça oui, c'est vrai. Enfin, au niveau de l'orthographe, oui, c'est plein de K, de Oumlaout, de choses comme ça, c'est assez drôle, oui, donc j'essaye de leur dire non, des K, il n'y en a pas beaucoup en français, des Oumlaout, il n'y en a pas non plus, mais bon, c'est vrai que l'écrit, on ne le travaille pas beaucoup, beaucoup, j'essaye de ne pas trop les frustrer parce que sinon ils disent, ah, je ne sais pas écrire en français et ils n'écrivent rien du tout. donc voilà

  • Speaker #0

    Merci pour ton témoignage,

  • Speaker #1

    c'était très intéressant je pense que ça va intéresser aussi beaucoup de gens notamment par rapport à cet apprentissage de la lecture et de l'écriture qui est un très gros pavé quand on apprend une langue étrangère à son enfant donc pour ça merci et donc au revoir Merci beaucoup à toi de nous donner la possibilité de faire ça et je pense effectivement qu'il y a une grande communauté qui peut être mise en contact grâce à toi

  • Speaker #0

    Merci aussi et au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

Description

Dans ce nouvel épisode de 1, 2, 3 Français !, découvrez le portrait de Lucile, maman française expatriée à Augsburg, en Allemagne. Elle nous dévoile comment elle conjugue son engagement pour la francophonie, sa vie de famille bilingue et sa passion pour l’enseignement du français langue maternelle 🇩🇪


Lucile nous raconte :

  • son quotidien en français, rythmé par l’éducation bilingue de sa fille 👶🏼

  • son rôle de vice-présidente de l’Association des Francophones et Francophiles d’Augsburg (AFF) pour promouvoir la langue et la culture francophones localement 🇫🇷

  • son activité chaque week-end comme enseignante de français aux enfants dont le français est la langue maternelle 👩‍🏫


Au fil de cette discussion sincère, nous abordons aussi :

  • la place des Français et francophones à Augsburg,

  • le défi de maintenir le français lorsqu’on devient parent à l’étranger,

  • la mise en lien entre mamans françaises et étrangères,

  • l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les petits francophones dans le contexte de l’expatriation


À retenir :

  • Un éclairage concret sur le quotidien d’une maman francophone dans une ville allemande

  • Des idées et pistes pour soutenir la transmission du français dans un contexte bilingue

  • L’exemple d’un engagement associatif local pour créer du lien francophone à l’étranger


Bonne écoute !

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Site de l'AFF à Augsburg : https://aff-augsburg.de/


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Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés. Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Lucille, maman française en Allemagne et aussi professeure de français, notamment pour des enfants bilingues, comme elle nous l'expliquera. Bonjour Lucille !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr ! Alors, tu viens un peu commencer, mais oui, donc j'habite à Augsburg, près de Munich, depuis 6-7 ans, je crois, mais ça fait une dizaine d'années que je suis en Allemagne. Et voilà, comme tu l'as dit, j'enseigne le français à des germanophones et à des enfants bilingues. Et j'ai une fille, Diana, qui a deux ans et demi.

  • Speaker #0

    Et donc, le papa, il est allemand ?

  • Speaker #1

    Il est allemand, voilà, allemand. Comme beaucoup de couples, voilà, on est binationaux.

  • Speaker #0

    Donc, ta fille grandit avec le français et l'allemand au quotidien.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Sauf que c'est pas toujours simple de parler français parce que la communication avec mon mari se fait en allemand. À la crèche, c'est bien sûr aussi en allemand. Et voilà, je me rends compte que ma fille parle beaucoup plus allemand que français. Mais bien sûr, elle comprend tout en français. Et voilà, c'est plutôt de l'allemand saupoudré de mots français. Et en fait, je me remarque aussi que dès que je passe plus de temps avec elle, d'un coup, elle va parler un peu plus français. Voilà, là, elle a été malade beaucoup de fois ce dernier mois. Et du coup, j'étais à la maison avec elle et d'un coup, le français ressort. Donc je me dis, ok, c'est là, c'est pas complètement perdu. Je pense qu'elle parlera français plus tard aussi.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment ça se passe au quotidien, cette transmission ? Tu l'as dit, tu te rends compte quand elle va beaucoup à la crèche, elle est beaucoup dans l'univers allemand, le français est moindre au présent, on va dire entre guillemets. Mais voilà, qu'est-ce que tu mets en place au quotidien pour lui transmettre la langue ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'essaye vraiment... activement de me dire je dois parler français. Je ne pensais jamais que j'aurais dû, entre guillemets, me forcer presque à parler français. Mais quand le papa est là, c'est vrai que je me dis non, quand je lui parle à elle, je lui parle français. Et je lui demande beaucoup de répéter aussi. Je lui demande en français, comment tu dis ça en français ? Et bon, ça n'a pas l'air de la déranger, donc ça va, je continue comme ça. Et je me suis rendue compte aussi que je répète systématiquement tout ce qu'elle dit en allemand, je le répète en français. peut-être que ça aide. Sinon, bien sûr, beaucoup de lecture. Dès qu'on va en France, on achète une dizaine de magazines. Voilà, et elle adore ça, avec les petites histoires, les petits héros français, Petit ours brun, Choupi, Popi, voilà, tout ça. Et faire écouter des histoires avec une petite box d'histoires. On a découvert un truc aussi sympa, pas de publicité, mais ça s'appelle Bouquinou. C'est en fait une box où on peut enregistrer soi-même les livres. Donc ça, c'est aussi sympa parce que la grand-mère, la tante et tout peuvent enregistrer les histoires. Donc voilà, j'essaie de la baigner le plus possible dans le français. Et puis, bien sûr, des jeux, etc. Appeler la famille, rencontrer aussi d'autres familles francophones. C'est vrai que j'essaie vraiment activement que le français soit présent dans son quotidien.

  • Speaker #0

    Comment c'est vu, cette éducation bilingue au quotidien, par exemple à la crèche, dans ta belle famille, de manière générale, là où tu vis en Allemagne, est-ce que c'est bien vu ou au contraire pas très bien vu, soutenu ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, en général, les gens sont assez positifs, ils sont même presque admiratifs. « Waouh, elle va parler deux langues, c'est génial ! » Parfois, ils me demandent même, mon mari en fait, il parle aussi russe, il est né au Kazakhstan, et moi, mes grands-parents sont italiens. Alors, parfois, ils demandent « Ah, et aussi l'italien, Elrush ? » Je fais « Non, non, c'est bon. Deux, ça suffit déjà. On ne va peut-être pas exagérer. » Mais oui, je pense que les gens sont assez ouverts à ça. À la crèche aussi, ça les fait rire parfois quand il y a des mots qui ressortent, qu'ils ne comprennent pas. Alors, ils essayent de me demander « Et là, qu'est-ce qu'elle a dit ? » Ou alors, ils cherchent sur Google la traduction d'un mot. Donc, oui, c'est assez positif. Et en fait, mes grands-parents, donc eux, ils parlaient italien. et mes parents aussi, mais ils n'ont pas voulu parler italien avec moi parce qu'avant, c'était vraiment l'idée, il ne fallait parler qu'une langue, il fallait s'intégrer en France et tout. Et maintenant, ils ont changé leur vision là-dessus. Ils voient très bien qu'au contraire, c'est un avantage de parler plusieurs langues, c'est une ouverture et voilà, je pense qu'il y a du chemin qui a été fait là-dessus. Alors,

  • Speaker #0

    je rebondis juste, je sors un petit peu du contexte français exceptionnellement. Tu dis que ton mari parle russe et allemand. Est-ce que, voilà, on a les différents problèmes avec la Russie, est-ce que maintenant tu constates une différence à ce niveau-là ? Est-ce que justement ils vont dire « Ah, le français c'est très bien, le russe, est-ce qu'il faut l'éviter ? » Ou au contraire, les gens restent ouverts à ce niveau-là ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une bonne question. Bon, lui, il n'est pas très concerné parce qu'il sait parler russe, mais il ne parle pas russe au quotidien en fait. Enfin, il est venu en Allemagne il y a 7 ans, donc jamais il ne va s'identifier à la langue russe ou quoi que ce soit. Mais à Augsbourg, il y a une grande communauté russophone. Et oui, je les entends pas mal parler dans la rue, etc. Et je remarque effectivement que le regard a changé, oui. Aussi dans certains restaurants russophones, ils ne répondent plus vraiment à des questions sur leur origine et tout ça. C'est un peu plus tendu, oui. Au contraire, les relations avec la France, là, je pense que c'est très différent.

  • Speaker #0

    Pour le moment, ça se porte bien, on va dire. Est-ce qu'il y a à Augsbourg ou dans ta région des actions locales qui sont mises en place pour soutenir le français ? Donc, il y a par exemple des associations, des kindergartens bilingues, des écoles, etc.

  • Speaker #1

    Oui, alors il y a un kindergarten bilingue qui est aussi très présent à Munich. Bon, ma fille n'y va pas parce que ce n'est pas très bien situé pour nous et il faut le dire aussi, c'est assez cher, mais voilà, l'offre est là. Et sinon, il y a une association qui s'appelle l'association francophone et francophile d'Auxpau, l'AFF, dont je fais partie, dont je suis aussi vice-présidente. Et cette association existe depuis 30 ans. Donc, les gens qui l'ont fondée avaient justement cette idée de mettre en contact surtout les enfants des familles francophones. Et voilà, c'est ce qu'on continue de faire aujourd'hui. On fait une rencontre par mois, donc ça peut être un atelier bricolage. Il y en avait un la semaine dernière, d'ailleurs. Une sortie dans la forêt, une après-midi jeu ou lecture. Et ouais, c'est sympa, autant pour les enfants que pour les parents, bien sûr, qui papotent à côté. Et l'association fait aussi des événements pour les adultes, des soirées dansantes, des repas, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est super, ça a l'air très intéressant, puis ça doit être pour les familles aussi de pouvoir se rencontrer, c'est sympa aussi, c'est important aussi, comme tu dis, de papoter, de papoter dans sa langue maternelle, des fois c'est souvent plus facile que dans la langue qu'on apprend, même si on la parle très couramment.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, depuis que je suis devenue maman, je me suis rendue compte que, enfin moi je parle parfaitement allemand, donc j'ai pas ce problème, ce barrage-là. Mais il y a quand même une différence culturelle qui reste. Quand je rencontre d'autres mamans allemandes, le contact n'est pas toujours très simple. Alors que quand je rencontre d'autres mamans françaises, je ne sais pas, ça se passe tout de suite bien. On s'entend bien, on échange de manière beaucoup plus ouverte et presque beaucoup plus honnête, je dirais, sur les difficultés qu'on peut avoir au quotidien, sur les belles choses aussi, bien sûr. quand même relativement contente d'habiter en Allemagne. C'est quelque chose qu'on a choisi en grande partie. Voilà, et ça, c'est vrai que j'ai été un peu déçue de ce contact avec les mamans germanophones.

  • Speaker #0

    Et comme tu dis très bien, c'est le côté langue, mais il y a aussi le côté culturel. C'est qu'en plus, quand on rencontre des parents à l'étranger, francophones à l'étranger, on a ce gros point commun d'être parents francophones à l'étranger, justement. Donc, de beaucoup échanger. Sur ce vaste sujet.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on se sent toujours un peu à cheval entre deux cultures. Je discutais encore la semaine dernière avec une autre maman où ici, les crèches ferment en général. Si on a de la chance à 16h, ce qui est déjà tard pour les Allemands, ils vont dire « mais tu laisses toute la journée ton enfant à la crèche, tu ne t'en occupes pas du tout » . Puis après, je parle avec une amie qui habite à Paris. Elle me dit « quoi, déjà à 16h ? Mais comment tu fais ? » Moi, je rentre du boulot à 18-19h et je me dis, mais c'est incroyable la différence entre les deux manières de voir les choses. Et bon, ce n'est pas toujours facile de trouver sa place là-dedans. OK, qu'est-ce que moi, je veux ? Qu'est-ce qui est possible de faire ici ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça, c'est un gros choc, je dirais, généralement pour ceux qui arrivent en Allemagne, qui ont l'habitude dans leur pays d'origine. le système de garde soit plus complet, on va dire. Alors, tu es aussi professeure de français, donc pour enfants francophones. Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce que tu fais, comment tu es venue à faire ça, etc. ?

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Alors moi, au départ, je voulais devenir professeure d'allemand en France. Et puis, j'ai fait un échange en Allemagne et ça m'a bien plu. Et j'ai refait des études par la suite de FLE pour rester ici et enseigner le français. Je travaillais dans un centre de langue d'université. Et pour compléter un peu mes revenus, j'ai commencé aussi à donner des cours en ligne pour une école de langue en ligne. Et eux, ils proposaient des cours de FLE et des cours pour enfants francophones, donc des enfants d'expatriés français qui habitaient dans le monde entier. Donc vraiment, j'ai eu des élèves qui étaient aux États-Unis, à Singapour, en Angleterre, etc. Et ça m'a énormément plu, en fait, ce côté. d'être un peu comme une institutrice, d'apprendre la lecture en français, de faire découvrir la grammaire, etc. Mais tout en ayant le côté ludique, on n'est pas à l'école, on n'est pas en France. Donc tout ce qu'on fait, c'est un plus pour les enfants, mais ce n'est pas noté, etc. Et voilà, j'ai adoré ça. Et ensuite, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de francophones à Augsbourg. Je me suis dit, il y a quelque chose à faire peut-être aussi en présentiel. Et c'est pour ça que j'ai commencé à donner des cours en présentiel. Et donc, j'ai fait en fait chaque semaine, donc c'est le samedi, parce que c'est aussi à la demande des parents, parce que c'est très compliqué la semaine avec toutes les autres activités des enfants. Mais le samedi matin, donc j'ai deux groupes, un groupe plus pour les petits, genre dernière année de kindergarten et première classe, et un cours pour les plus grands, 2, 3, 4e classe. J'ai des très bons retours des parents et des enfants. Ça semble plaire à tout le monde. Et voilà, ça m'encourage vraiment à continuer ce type de cours.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que tu fais alors pendant ces cours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye de faire un peu de tout, ce qui n'est pas toujours facile. Mais déjà, que les enfants prennent plaisir à se rencontrer, à parler entre eux. On joue un petit peu, à développer aussi leur capacité à l'oral, à raconter des choses, à étendre leur vocabulaire, etc. Et après, quelques activités à l'écrit. Donc, pour les plus petits, c'est découverte des lettres, voilà, recopier un petit peu des mots, des choses comme ça. Et puis, pour les plus grands, des petites questions sur la lecture d'une histoire. Et pour les plus, plus grands, un petit peu de grammaire, un petit peu de conjugaison. Voilà, et en général, ils aiment bien, en fait, parce qu'il n'y a pas la pression de l'école. Et puis, quand même, ils sont contents d'apprendre quelque chose.

  • Speaker #0

    Puis généralement, ils sont contents aussi d'élargir leur connaissance en français, de pouvoir dire, je sais maintenant lire et écrire, qui est quand même à 6-7 ans quand ils apprennent à écrire dans leur langue. Ils sont contents de pouvoir dire, je sais lire et écrire dans mes deux langues que je parle au quotidien.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Alors, à propos d'apprendre à lire et à écrire, il y a beaucoup de parents qui maintenant ont accès à ce genre de cours, mais beaucoup n'y ont pas accès ou ne veulent pas les suivre. Est-ce que toi, tu as des conseils pour qu'ils puissent aider leurs enfants à apprendre à lire et écrire ? en français ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, il y a beaucoup de parents qui me disent que leur enfant n'a pas envie. Alors, je leur dis surtout de ne pas les forcer et de revenir plus tard. Et il y a aussi le cas complètement inverse de parents qui vont me dire « Ah, mon enfant, je vois qu'il a envie, mais je ne veux pas aller trop vite, je veux qu'il apprenne déjà à lire l'allemand, etc. » Et alors, bon, moi, je suis plutôt d'avis de dire qu'il faut suivre un peu l'enfant. Si l'enfant a envie, personnellement, je ne le bloquerai pas, je ne le freinerai pas. On peut apprendre, je pense, à lire dans les deux langues. Le cerveau de l'enfant est capable de faire ça. Pour apprendre la lecture, il y a beaucoup de méthodes différentes. J'essaye un petit peu de piocher partout. Il y a la méthode des alphas que j'aime beaucoup. Ce sont des petites lettres personnages qui font apprendre les sons aux enfants et aussi les sons difficiles du français. le ou, le oua, le on, les combinaisons de sons comme ça. Et voilà, de passer par ça, de passer par les sons avant d'essayer de lire. Et il y a une deuxième méthode que j'aime bien, c'est la méthode de, je crois que ça s'appelle Céline Valvarez, qui fait aussi des livres en français très simples et progressifs. Et voilà, donc je conseille aux parents d'acheter ce genre de livre. Moi aussi, il y a une collection qui s'appelle ça, mais Julie, je crois. Les parents à qui j'ai donné ces conseils ont acheté ces livres et en général, ça a bien fonctionné avec les enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que ces livres, je les ai aussi pour mes enfants où on court, c'est des livres. court, ludique et en effet adapté justement aux enfants qui apprennent à lire et écrire en français. Alors pour terminer, est-ce que tu as, avec ta fille, est-ce que tu as des anecdotes sur ton bilinguisme ou est peut-être du coup avec tes élèves que tu vois le samedi matin ?

  • Speaker #1

    Oui, alors avec ma fille, c'est sûr qu'elle mélange tout le temps et c'est vrai qu'il y a des phrases comme ça qui restent. Elle dit tout le temps en fait « ich bin fini » ou « ich bin fatigué » . Et moi, en tant que linguiste, ça m'intéresse tellement parce que je me suis dit, ben oui, la forme ich bin, moi, je dis rarement je suis en français. Je vais dire maman est. Et je me suis dit, tiens, c'est vrai que le je suis, elle n'entend pas beaucoup. Donc, elle prend la structure en allemand, mais après, elle prend le mot français. Voilà, fini, fatiguée, etc. Mais elle fait des mélanges incroyables. Il a pris la balle. Et voilà, mon mari, du coup, comprend aussi ce mélange-là. Mais de l'extérieur, ce n'est pas évident pour tout le monde. Et notamment à la crèche, comme je disais tout à l'heure, il y a des mots qu'elle dit qu'ils ne comprennent pas toujours. Et il y a quelques semaines, il me parlait d'un mot. Il me disait, mais Diana, elle a pris ce gros coussin-là. Et puis, elle a dit, that's his minor, marquise, man. banquise. Ils n'arrivaient pas trop à dire le mot et moi, j'étais en train de réfléchir, mais je ne vois pas ce qu'elle a pu dire, je ne comprends pas trop. Et puis, le soir, Illumination, ah mais oui, elle a parlé de la banquise. Et en fait, on avait lu un magazine avec des ours polaires qui vivaient sur la banquise et elle avait adoré ça. Et c'est vrai que ce coussin, il était bleu clair, un peu allongé et du coup, pour elle, c'était la banquise. et ça les a fait beaucoup rire le lendemain je leur ai raconté et ils ont dit ah d'accord ok donc c'est pack ice en allemand ok voilà et donc Diana est toujours ah meine bankies et en plus elle le prononce à l'allemande du coup voilà on y croit on pense que c'est un mot allemand mais pas du tout et voilà donc bon des petites anecdotes il y en a pas mal comme ça c'est vrai que je me dis il faudrait que je les note parce qu'on les oublie très rapidement c'est vrai et avec mes élèves trop, je dois dire qu'ils ne mélangent pas trop pour le coup. Soit ils parlent en allemand, soit ils parlent en français. Au début, il y en a certains qui ne parlent pas beaucoup non plus parce que je vois très bien qu'ils comprennent, mais ils ont un petit peu peur de parler ou ils n'ont pas l'habitude de parler beaucoup en français s'ils entendent plus l'allemand dans leur famille. Donc, oui, j'ai moins ça dans mes cours, ce mélange.

  • Speaker #0

    Même à l'écrit ? Je sais que moi, dans mes élèves, à l'écrit, j'ai des trucs. alors ils mélangent, ils écrivent un mot français à l'allemande,

  • Speaker #1

    donc c'est vrai que ça fait des trucs très mignons. Oui, ça oui, c'est vrai. Enfin, au niveau de l'orthographe, oui, c'est plein de K, de Oumlaout, de choses comme ça, c'est assez drôle, oui, donc j'essaye de leur dire non, des K, il n'y en a pas beaucoup en français, des Oumlaout, il n'y en a pas non plus, mais bon, c'est vrai que l'écrit, on ne le travaille pas beaucoup, beaucoup, j'essaye de ne pas trop les frustrer parce que sinon ils disent, ah, je ne sais pas écrire en français et ils n'écrivent rien du tout. donc voilà

  • Speaker #0

    Merci pour ton témoignage,

  • Speaker #1

    c'était très intéressant je pense que ça va intéresser aussi beaucoup de gens notamment par rapport à cet apprentissage de la lecture et de l'écriture qui est un très gros pavé quand on apprend une langue étrangère à son enfant donc pour ça merci et donc au revoir Merci beaucoup à toi de nous donner la possibilité de faire ça et je pense effectivement qu'il y a une grande communauté qui peut être mise en contact grâce à toi

  • Speaker #0

    Merci aussi et au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

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