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Africa Fashion Tour

Panafrica, Inaden et La Mode Européenne, 3 success stories africaines

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1h06 |30/01/2025
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Description

Comment bâtir des success stories en Afrique ?


Je vous propose de (re)découvrir les marques Panafrica, Inaden et La Mode Européenne à travers un épisode de podcast inédit. Pour la première fois, le podcast a été enregistré en live dans le cadre du Forum Impact du salon WSN.

 

Une occasion unique pour échanger avec Natty Ngoy, Vulfran De Richoufftz et Baptiste Lingoungou comprendre comment ils ont relevé le défi de créer des entreprises prospères et engagées entre la France et  l’Afrique.


Chacun d’entre-eux a transformé un projet auquel peu de gens croyaient au départ en réalité. Ils sont parvenus à créer des entreprises à impact positif, tout en valorisant le savoir-faire local et en s'engageant pour un développement durable.


Cet épisode est une véritable masterclasse  pour tous les entrepreneurs qui souhaitent s'inspirer de ces modèles de réussite et contribuer au développement de l'Afrique.


Durant cette conférence que j’ai eu plaisir à modérer, ils ont partagé les défis et les solutions qu'ils ont trouvés pour atteindre leurs objectifs. Ils ont aussi dévoilés quelques grandes annonces en exclusivité.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vulfran

    Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France, qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique, parce que ça nous paraissait important, d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain.

  • Inaden

    J'étais convaincue qu'il était possible, de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du Made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources.

  • Baptiste

    Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix accessible et surtout des produits de qualité, parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages. Et souvent, ce n'est pas forcément des produits de qualité. Moi, mon projet, finalement, le but, c'est d'envoyer des produits sélectionnés, donc un à un, de qualité, et les vendre à prix abordable pour toute la population.

  • Ramata

    Bienvenue dans cette édition inédite du podcast Africa Fashion Tour. Cet épisode a été enregistré en live lors du salon Who's Next de janvier 2025. Pour la première fois, l'épisode réunit. trois entrepreneurs pour une véritable masterclass sur les business models vertueux en Afrique. Je vous laisse découvrir les histoires des marques Inaden, Anafrica et la mode européenne et j'en profite pour remercier les invités et les équipes de Yousnext. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.

  • Aujourd'hui, on va se déplacer de Porte de Versailles à Abidjan, Addis Ababa. On va aller au Congo, on va aller à Cabo Verde, on va voyager. Et donc, j'ai trois personnes de choix avec moi pour pouvoir faire ce voyage avec vous. Il faut vraiment oublier Porte de Versailles, il faut vraiment se dire Abidjan. Il est dit que Abidjan est le plus doux au monde. Est-ce que vous vous rendez compte ? On dit de cette ville... Abidjan est le plus doux au monde. Donc on va essayer pendant une heure de voyager, d'aller à Abidjan. Donc avec moi, aujourd'hui, je suis en compagnie de trois entrepreneurs qui ont fait le choix ambitieux de développer leur marque entre la France et l'Afrique. L'idée, c'est que moi ce que j'aimerais, c'est qu'on commence vraiment par cette idée de voyage. Donc chacun nous raconte un peu. C'était quand leur dernier voyage en Afrique et s'ils ont une anecdote un petit peu intéressante à nous raconter. Donc, on va commencer par Nathie, puisque honneur aux dames. Donc, est-ce que tu peux nous parler de ton dernier voyage ? Et puis, qu'est-ce qu'il y a eu d'intéressant que tu pourrais partager avec nous ?

  • Inaden

    Oui, bien sûr. Bonjour à tous, je suis ravie d'être là. Donc, moi, je vais régulièrement à Addis Abeba en Éthiopie, puisque j'ai ma marque qui est fabriquée là-bas, ma marque de sac. Donc, ça fait maintenant 11 ans que je fais régulièrement des allers-retours. Mon dernier voyage date de l'année dernière, parce qu'entre temps je suis devenue maman, donc j'en fais moins des voyages. Mais si je devais partager un souvenir par rapport à Addis Abeba... Ce serait plutôt au niveau de mon premier voyage. La première fois que je suis arrivée là-bas, j'ai débarqué un samedi matin, je connaissais mes personnes. Je suis partie là-bas toute seule. Et en fait, ce que j'ai découvert là-bas, c'est la gentillesse des personnes sur place. Il faut savoir qu'en Afrique, il n'y a pas forcément de numéro de rue, ce n'est pas forcément hyper évident de se retrouver, de se localiser. Et Addis Ababa, c'est vraiment une énorme, énorme ville. C'est hyper dense, il y a beaucoup de construction partout. Et ça, c'était il y a... il y a déjà plus de dix ans. Et ce qui est hyper chouette, quand on arrive là-bas et qu'on cherche un endroit, on peut demander à n'importe qui, voilà, j'aimerais aller à tel endroit. Et ce qui m'a le plus frappée, en tout cas la première fois, c'est que j'étais complètement perdue, je n'osais pas demander. Et quand j'ai posé la question, on m'a carrément prise par la main. C'est-à-dire qu'il faut imaginer, les personnes ne me connaissent pas, je suis un peu perdue, je n'ose pas trop dire je dois aller à tel endroit. Et là, il y a un Éthiopien, hyper gentil, le sourire aux lèvres, il m'a dit viens, come with me il a pris ma main, alors il faut imaginer moi je suis parisienne, ça n'arriverait jamais à Paris il a pris la main, on a fait je sais pas combien de tours de pâtés de maison et tout, je me suis dit mais où est-ce qu'il m'emmène ? et en fait non, il m'a emmené vraiment à mon rendez-vous c'était juste incroyable et c'est vrai que ce que je retiens, parce que l'Ethiopie c'est très beau il y a beaucoup de très beaux pays en Afrique mais vraiment c'est la gentillesse des personnes et ça vraiment c'est quelque chose... Il faut le vivre, il faut l'expérimenter. Et en tout cas, moi, j'ai la chance, à chaque fois que je suis allée, et je ne sais pas que j'y vais, de retrouver vraiment cet accueil. Vraiment cet accueil.

  • Ramata

    Merci beaucoup pour ce premier partage, Nathie. Maintenant, on va demander à Baptiste de nous faire un petit partage d'expérience. Alors, il ne faut pas rebondir sur la gentillesse, on a compris. On sait que les Africains sont gentils.

  • Baptiste

    Je vais innover.

  • Donc, je te remercie. Quand tu sais déjà que tu ne devras pas répéter ce que Nathie et Baptiste ont dit.

  • Baptiste

    Alors moi c'est Baptiste Ligungu, je suis fondateur de La Mode Européenne, on crée des boutiques solidaires en Afrique. Alors donc moi la dernière fois que je suis allé en Afrique c'était en... j'en reviens en fait, c'était en novembre 2024 mais mon souvenir que j'aimerais vous partager aujourd'hui c'est un souvenir qui date de mon voyage en 2023 avec mon association La Mode Européenne donc on crée des boutiques solidaires mais on a aussi des actions... humanitaire et notamment on est d'un foyer donc un orphelinat au Congo Brazzaville plus précisément à Pointe-Noire. A un moment donné on fait du coup une distribution, il y a toute une journée qui est organisée et là en fait on se rend compte que les orphelins ont aussi une surprise pour nous et en fait la surprise c'était qu'ils voulaient nous faire nous partager leurs talents donc il y avait des danseurs, il y avait des chanteurs aussi et là il y a un jeune de 14 ans qui arrive et qui propose du slam, du rap. Et surtout, il dit une phrase très importante qui m'a marqué. Il m'a dit, il y a beaucoup de gens qui viennent à l'orphelinat, qui viennent nous aider, qui nous donnent des choses. Mais personne, en fait, nous demande quels sont nos rêves, qu'est-ce qu'on veut devenir et comment, justement, comment je peux vous aider dans ce rêve. Et il s'avère qu'il était hyper talentueux. Mais moi, j'ai... totalement, il m'a ambiancé, j'étais vraiment dans une belle ambiance avec lui et en rentrant à Paris, j'en parle avec un pote à moi qui est dans la musique, je lui fais écouter des sons et il accroche totalement et il me dit il faut l'aider en fait, il faut pouvoir faire en sorte qu'il puisse accomplir ses rêves et donc cet ami à moi qui n'est pas du tout africain est venu avec moi du coup de septembre à novembre pour le projet du petit Bissane il s'appelle... pour produire justement l'artiste en studio, etc. Et il s'avère que de par cette phrase qui m'a touché, de par cette action en premier de don, finalement, de par cette phrase aussi, on a un petit jeune de Pointe-Noire qui est en train d'accomplir son rêve grâce à un ami à moi qui est dans la musique et qui est en train de le propulser. Donc voilà, c'est un petit peu l'anecdote que j'avais racontée.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Ça va être à ton tour maintenant, Vulfranc. Tu vas nous parler d'Abidjan. Merci.

  • Vulfran

    Je ne sais pas si je vais parler d'Abidjan. En tout cas, merci. Je suis Wulfran, rapidement fondateur de la marque de basket Panafrica. Marque de basket qui a la particularité d'être fabriquée en Afrique, sur le continent africain, à travers différents pays. Donc, pour répondre à ta première question, forcément, je voyage beaucoup sur le continent africain, dans différents pays. Là, ça me donne envie de visiter les pays où vous produisez, où vous vendez, etc. Que je connais moins, mais moi, je suis beaucoup en Afrique de l'Ouest. Et... Peut-être un des voyages qui m'a le plus marqué, c'est un voyage qui s'est plutôt passé au... Alors pour la petite histoire, moi j'habite en Côte d'Ivoire du coup, et un petit peu à Paris, mais plutôt en Côte d'Ivoire. Mais un voyage qui m'a marqué, c'est un voyage au Ghana, il y a quelques années, parce qu'on partait avec mon associé du coup, pour trouver un atelier de fabrication de batik. Donc le batik, c'est une technique ancestrale, qui est une impression à la cire sur tissu, donc vraiment de l'artisanat en Afrique qui est au Ghana. On cherchait quelqu'un qui faisait du batik, donc on est tombé sur une femme qui s'appelle Esther, qui est devenue au fil du temps, ça fait 5-6 ans maintenant qu'on la connaît, qui est devenue une amie de la marque et qu'on voit toutes les années. Et en fait, on a commencé à travailler avec elle et un beau jour, il y a Agnès B, une grande marque française que vous connaissez peut-être, qui est venue nous chercher pour faire une collaboration avec Panafrica et qui voulait utiliser du batik. Donc on est allé voir Esther, on a dit Esther, voilà, elle travaillait dans son garage avec sa fille, et puis il y avait deux employés, donc c'était un tout petit atelier, près d'Akra, et on dit à Esther, il y a Agnès B, mais elle ne savait pas qui était Agnès B, on dit il y a Agnès B qui veut faire deux paires de Panafrica Agnès B, avec du batik, propose-nous des choses, donc on a vraiment cherché à co-construire quelque chose avec Esther, qui tout d'un coup passait de l'ombre à la lumière, on a envoyé, elle a proposé ses motifs, etc. Et on a proposé ça. Finalement, je fais un petit peu vite, mais finalement, la collaboration est sortie. Les paires étaient revendues, ont défilé sur les podiums pendant la Fashion Week, ont été revendues à New York, Hong Kong, Tokyo, Paris, etc. Et quand je suis retourné voir Esther, qui ne comprenait pas bien ce qui se passait parce qu'elle n'avait pas forcément, concrètement, elle ne savait pas qui était Agnès B. et que je suis allé lui montrer les photos du défilé, des paires en boutique, etc. Esther a versé sa petite larme en se disant Oh là là, c'est merveilleux ! et surtout qu'on avait fait tout un petit texte pour parler d'Esther, justement pour la mettre en avant et expliquer qui elle était, ce qu'elle faisait, tout ça. Donc il y a eu beaucoup d'émotions là-dedans. Donc ça, ça restera pour moi un voyage et une expérience assez marquante avec elle.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Je partage. Alors l'idée de cet échange, c'est on va aussi parler de savoir-faire, on va parler de business model, mais j'avais envie de commencer aussi par les émotions. Parce qu'à travers le storytelling, quand on peut parler d'Afrique, c'est vrai que ce n'est pas toujours le côté positif qui est mis en avant. Et ici, aujourd'hui, l'idée de cet échange, c'est vraiment de vous donner l'opportunité de découvrir peut-être des histoires de success story africaines que vous n'auriez peut-être pas imaginées. Donc moi ce que j'ai envie de demander à chaque fois, je vais commencer par Nati, honneur aux dames, c'est qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné quand tu décides à créer une marque de maroquinerie, qu'est-ce qui fait que, si tu es en France, pourquoi est-ce que tu ne vas pas finalement en Italie, qui est connue en fait pour la maroquinerie et le savoir-faire, et puis tu fais ta marque et quelque part c'est peut-être plus simple Paris-Milan que Paris-Addis-Abeba. Donc qu'est-ce qui fait que toi tu te dis, Non, moi, je vais faire des sacs et puis je vais passer par l'Afrique.

  • Inaden

    C'est vraiment une super question, Amata. Parce qu'en fait, la réponse, elle est aussi simple que ça. En fait, je n'ai pas créé une marque de sacs. C'est-à-dire que oui, Inaden, c'est une marque de sacs. C'est une maroquinerie qui est fabriquée en Éthiopie. Mais moi, mon projet, c'est de faire du made in Africa. Donc, en fait... Aller fabriquer des sacs à Milan, pour moi, ça n'avait aucun intérêt, même si je conçois que c'est super, que c'est génial, qu'il y a des savoir-faire et qu'il y a des très belles marques qui font le choix de fabriquer là-bas. Mais moi, mon projet, c'était de faire du made in Africa. Je voulais, j'avais envie de raconter une autre histoire autour de l'Afrique, de valoriser les matières, les ressources qui sont là-bas. Et j'avais envie de relever le pari, tout simplement, de faire du beau là où personne ne s'y attend. Et c'est vrai que quand, il y a 11 ans... J'ai quitté mon job parce que moi je ne suis pas du tout issue de la mode, j'ai fait aucune école de mode, moi j'ai plutôt un background en gestion économique, j'étais consultante dans une entreprise chef de projet. Quand j'ai quitté mon poste pour dire voilà moi je vais aller fabriquer des sacs en Afrique, tout le monde s'est dit mais Nati t'as complètement perdu pied, ça va pas du tout, c'est quoi cette histoire ? Et en fait j'étais convaincue de mon fait. J'étais convaincue qu'il était possible de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources. Justement, la maroquinerie, c'est un produit luxueux par définition. J'ai fait le choix de partir sur des modèles qui n'ont pas de connotation ethnique. Et surtout, mon enjeu à moi, c'était d'avoir un impact durable. Et donc, j'ai fait le choix au départ de travailler avec énormément de multimarques, de concept stores. La marque a été référencée au musée du Quai Branly. On a eu vraiment des très, très beaux points de vente. Donc, si je devais résumer finalement le pourquoi je ne suis pas allée en Italie pour fabriquer mes sacs, ce serait simple, ce serait parce que je cherche de l'impact. Donc, l'idée, c'est d'avoir... un impact économique de favoriser l'empowerment du continent africain. Ça, c'est comment je le fais. Je source localement les matières premières, je les transforme sur place auprès d'ateliers, d'artisans en Afrique et ensuite, je dynamise, c'est revendu et donc on s'intègre vraiment dans une industrie qui est locale africaine. Le deuxième point, c'est ce que j'appelle l'aspect reset. C'est de changer la perception qu'on a de l'Afrique. Lorsque vous voyez les collections de la marque Inaden, on est vraiment dans un esprit qui est très frenchy, très parisien. Et c'est aussi le parti pris, c'est-à-dire que quand les personnes découvrent la marque, elles se disent Ah oui, ça c'est fabriqué en Afrique ! C'est possible de faire ça en Afrique. Et le troisième point, c'est vraiment lié à mon histoire, c'est que clairement si j'ai choisi de faire du Made in Africa, je pense que ça se voit sur moi. C'est parce que j'ai une histoire personnelle avec l'Afrique et j'avais envie de valoriser mon héritage. Donc voilà.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de te poser la question à toi. Non, je voulais poser... Mais si tu veux absolument répondre, Baptiste, il a comme la sauté sur le micro. Je te remercie. Je te remercie. Du coup, un peu pareil, dans le bassin méditerranéen, on sait qu'il y a des savoir-faire au niveau de la basket, de la chaussure. C'est vraiment connu pour ça. Et ça peut être... En tout cas, c'est un choix qui est fait par énormément de créateurs de marques sur la basket, en fait. Et toi, tu as choisi, que ce soit par le visuel, par le design, mais aussi dans certaines convictions, de vraiment ancrer l'histoire de ta marque en Afrique. Donc, j'aimerais bien que tu puisses nous raconter d'où vient un peu l'idée de départ qui fait que plus de dix ans plus tard, on parle aujourd'hui de Pan Africa.

  • Vulfran

    Oui, vaste question. Avec Inna Dance, tu as été très claire dans ce que tu as dit. Et c'est vrai que nos deux marques se connaissent bien. Et je pense qu'on a eu un peu les mêmes envies. Moi, je ne suis pas issu de la mode non plus. Au départ, je suis géographe et urbaniste. Et puis un beau matin, je me suis levé, j'avais envie de changer de métier parce que j'en avais un peu marre. Et j'avais un projet un peu fou, c'était de créer une paire de baskets alors que je n'y connaissais rien. Alors, je n'étais pas tout seul, on était deux avec mon associé, mais lui, il n'y connaissait rien non plus. Donc, ça ne nous faisait pas avancer beaucoup plus. Je suis un amoureux déjà du continent africain, je le dis parce que j'adore l'Afrique, j'y ai vécu plus jeune, mon associé aussi, j'y ai beaucoup voyagé. Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique parce que ça nous paraissait important. d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain. Parce qu'en fait, on en parle assez peu. Tout à l'heure, je parlais d'Esther sur le Batik, etc. Mais il se trouve qu'en Afrique, il y a beaucoup de coton, il y a beaucoup de savoir-faire, il y a beaucoup d'entrepreneurs, il y a beaucoup de gens qui ont envie d'avancer, qui ont envie de faire des choses, il y a beaucoup de créateurs. Et qu'on s'est dit qu'avec Panafrica, on pourrait valoriser tout ça. mettre en avant tout ça et se faire un peu les chefs d'orchestre pour créer une paire de baskets qui à la fois seraient confortables bien sûr mais valoriseraient aussi des gens du continent donc c'est un peu ça au début de l'histoire c'était un peu un rêve un peu fou quand on nous a dit c'est un peu comme toi Nati quand on a dit à nos parents à nos amis on va aller créer une paire de baskets en Afrique entre le Burkina Faso pour acheter notre coton etc on s'est pas simplifié la vie il faut le dire je pense qu'on y reviendra mais On a fait des choix qui sont parfois difficiles, parfois très complexes, qui font que parfois on doute aussi. Mais finalement, ce sont des choix dont on est fiers, parce que ce sont des choix qui ne sont pas simples. On se bat au quotidien. Nous, on continue à se battre au quotidien, par exemple, pour acheter notre coton au Burkina Faso, qui est l'un des premiers producteurs de coton en Afrique, mais qui a uniquement 2% du coton qui est transformé sur place localement. C'est la transformation locale du coton qui crée... de la richesse pour un pays, de l'emploi, etc. Il faut savoir que 98% du coût part en Asie ou en Turquie pour être transformé dans ces pays-là. Donc, en fait, nous, notre idée, c'était vraiment de remonter au niveau de la matière, de la transformer localement, de produire localement. et d'être un peu les chefs d'orchestre de tout ça, de mettre en lien des beaux projets sur le continent africain pour en faire une belle paire de baskets et que cette paire de baskets-là, elle véhicule des valeurs. Et je pense que c'est ce qui a apporté la marque Panafrica jusqu'à aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien. Baptiste, ça va être à ton tour maintenant. Alors toi, ton concept, il est différent puisqu'on est plutôt sur des boutiques solidaires. Donc ce qui serait intéressant, c'est que tu nous expliques quel est ce concept et ensuite, tu nous expliques pourquoi ces boutiques solitaires. Aujourd'hui, il y en a une à Cabo Verde et une autre à Congo Braza.

  • Baptiste

    il n'y en a pas à Paris et a priori il n'y en aura pas à Paris voilà un parcours un peu atypique on va dire qu'il a démarré simplement dans le sens où j'ai obtenu un Master 2 en France et ensuite j'ai tout de suite été dans le milieu de la mode contrairement à toi Vulfranche j'avais commencé à y mettre un pied en accompagnant justement des marques françaises dans leur développement pour leur apporter une visibilité et Et étrangement, en fait, ça ne se voit pas, mais j'ai connu l'Afrique très tard. J'ai connu l'Afrique à 23 ans alors que je suis originaire du Congo-Brazzaville. Mais c'est seulement à 23 ans, donc en 2016, que je mets les premiers pas en Afrique. Et en fait, lorsque j'arrive sur le continent, j'ai envie de faire bouger les choses. À la fois, je suis en train de faire des actions en France, mais je me dis que je pourrais peut-être relier les deux, aller la mode, mes origines, et en faire quelque chose d'assez vertueux et qui sert pour le continent africain. Et à ce moment-là, en 2019, c'est là d'où vient la première boutique solidaire. Et l'idée, le but premier, finalement, il était juste d'aider ma famille avec ce que j'avais. J'avais les marques avec moi, la mode, des amis qui aiment la mode, qui pouvaient m'aider. Et je connaissais un petit peu la culture, donc je me suis dit, comment avec ce que j'ai, je peux aider ma famille à pouvoir subvenir à leurs besoins. Et c'est en fait comme ça qu'est née l'idée de la première boutique solidaire en Afrique. C'était dans un but. d'aider tout simplement ma famille. Et c'est vrai que là, on est en 2025, donc six ans plus tard. Et finalement, ce projet qui était juste un projet d'aide familiale est devenu mon projet de vie.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Maintenant, j'ai envie de dire qu'on essaie de rentrer un peu dans le détail du business model parce qu'on sent là toute l'ambition et la dimension éthique de vos projets et le côté un peu, au départ, en tout cas dans ce que vous racontez, il n'y a pas une dimension business où on a envie de devenir un... Bernard Arnault de la mode, on n'est vraiment pas du tout dans une logique, on va dire, capitaliste. Mais en même temps, quand on crée une boîte, il y a quand même une ambition de la développer, de faire du chiffre d'affaires, de créer des emplois. Donc, comment est-ce que cet engagement-là, il se traduit aussi dans la partie business ? C'est-à-dire, cette ambition que vous êtes fixée de développer un business en Afrique, comment concrètement est-ce que ça se concrétise en fait ? C'est toujours Nati qui commence.

  • Inaden

    J'ai envie de dire que la première chose, moi j'ai mon idée, je dis à tout le monde que je vais aller fabriquer des sacs en Afrique. Dans mon esprit, c'est déjà très clair qu'on est sur une marque qui a une connotation très haut de gamme. Donc du coup, je pars sur le cuir. Du coup, le vrai challenge, c'est de se dire où est-ce que je vais fabriquer des sacs en Afrique subsaharienne. C'est vrai que pour moi, je ne voulais pas forcément aller au Maroc. Il y a déjà beaucoup, beaucoup d'ateliers, d'usines qui travaillent là-bas. Moi, je voulais vraiment aller vers... l'Afrique noire, c'était vraiment ça qui me motivait. Et finalement, mon premier challenge à moi, c'est de fabriquer mon premier sac, en fait. Donc, concrètement, comment je fais ? C'est ce que j'ai dit, je fais des recherches sur là où existe la matière, puisque l'idée, c'est de produire à partir de matières premières africaines. Et en faisant mes recherches, je découvre qu'en Éthiopie... en fait il y a ce savoir-faire, il y a cette industrie autour du cuir. L'Ethiopie c'est le premier producteur de cuir en Afrique, c'est le plus grand cheptel du continent africain et en fait pour moi c'est une vraie grosse découverte, c'est à dire que moi je connaissais pas du tout l'Ethiopie et je suis partie là bas. Donc d'un point de vue très stratégique, j'ai fait le choix d'aller sur place, de visiter des tanneries, de faire des premiers prototypes et finalement de construire vraiment un réseau. de fabrication sur place, d'identifier où se trouvaient les matières premières, de comprendre aussi toute la chaîne. Il faut vraiment aussi se dire, nous parfois on vient avec notre vision et on se dit oui, mais par exemple, le cuir, est-ce que c'est une bonne, une mauvaise matière, etc. En fait, en Éthiopie, 80% de la population est rurale, il y a beaucoup d'éleveurs, donc le bétail est là, personne ne se pose cette question. Donc les tanneries en fait elles récupèrent le cuir à partir de tout ce qui est abattoir en fait, c'est un rebut ultra industrie, c'est transformé. Et ensuite l'idée c'est de se dire ok j'ai les tanneries, il faut que je trouve l'atelier de production. Et là on part sur la visite d'atelier. On fait les premiers protos et en fait, tout le défi, c'est de se dire, il faut que je trouve un atelier qui soit suffisamment fiable pour travailler avec moi, pour comprendre mes attentes et mon exigence de qualité. Une fois qu'on a cet atelier, et je pense que peut-être on aura l'occasion d'en discuter, d'en parler aussi, mais c'est un vrai challenge de tenir sur la durée, c'est un vrai challenge d'éduquer les personnes, à leur dire, en fait, on a un cahier des charges. Et puis une fois qu'on a formé des personnes, qu'on leur a appris en fait ce qu'on attendait, ce qu'on voulait faire, passe à la partie commercialisation. Et donc là, il y a plusieurs façons de voir les choses. Moi, lorsque j'ai démarré, mon ambition, c'était que la marque soit reconnue comme une vraie marque. Et c'est vrai que l'idée, c'était de se dire, il faut que j'aille dans les boutiques. Et donc, je suis passée par des salons comme le Who's Next, par exemple. J'ai fait de la prospection commerciale et c'est comme ça que la marque s'est développée. en trouvant des revendeurs, des boutiques partenaires, des concept stores qui ont vraiment aussi fait ce travail de présenter la marque, de présenter le travail et de faire découvrir tous nos produits à nos premières clientes.

  • Ramata

    Du coup, comme tu parles de la stratégie de distribution, aujourd'hui, tes sacs, on peut les retrouver ou en dehors du site Internet, dont le lien est accessible via le QR code qui est ici.

  • Inaden

    Alors moi, j'ai encore des distributeurs. Il y a une page avec la liste des revendeurs, donc les personnes qui cherchent.

  • Ramata

    Du coup, c'est d'un point de vue géographique, il y en a en France,

  • Inaden

    en Suisse, en Belgique, à l'international. Après, il faut savoir qu'au niveau de tout ce qui est distribution, ça peut bouger aussi souvent parce que les boutiques, elles aiment bien renouveler leur collection. Donc, en fait, de saison en saison, elles peuvent avoir des propositions un peu moins. Donc, voilà. Mais oui, la marque, elle est présente en France et international.

  • Ramata

    Très bien. Toi, je voudrais que tu nous parles de la manière dont tu... Donc, toi, c'est un concept de... Boutique Solidaire, donc, ça va être des stocks d'invendus, notamment, qui, depuis l'Europe et particulièrement la France, vont aller vers Bras-à-Ville, vers Pointe-Noire. Donc, comment est-ce que tu organises tout ça, en fait ? Parce que du coup, c'est, je pense, facile à dire. Mais concrètement, depuis la collecte jusqu'à la distribution, je pense qu'il y a deux, trois places qui sont inexistantes, en fait, en plus. C'est pas comme si tu prenais un circuit qui existait et tu disais, bah oui, la navette... Paris Pointe-Noire,

  • Baptiste

    elle est là. Exactement. D'abord, je vais revenir sur pourquoi j'ai créé ce projet. En fait, c'est vrai que quand j'ai voulu mettre en place la mode européenne, tout a été co-construit avec les locaux. C'est-à-dire que moi, je suis plutôt situé... Donc là, on a l'Afrique de l'Ouest avec Vulfranc, on a l'Afrique de l'Est avec Nathie, et moi, je suis plutôt situé en Afrique centrale. Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors, on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix... accessibles et surtout des produits de qualité parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages et souvent c'est pas forcément des produits de qualité. Moi mon projet finalement le but c'est d'envoyer des produits sélectionnés donc un à un de qualité et les vendre à prix abordable pour toute la population et le projet a commencé par des dons de particuliers parce qu'en 2018 quand je parle de faire une boutique solidaire au Congo c'est vrai que c'est un projet qui en tout cas que je n'avais pas encore vu sur le continent africain. Et j'ai dû avoir la force de mes amis qui sont venus avec des sacs chez moi et j'ai dû récupérer des sacs dans toute l'île de France. Et c'est comme ça que démarre le projet par des dons de particuliers. Et puis par la suite, j'ai accroché avec des marques, donc Vulfran, dont Panafrica avec Vulfran. Merci encore pour avoir cru au projet depuis le début. Vulfran avec la marque Panafrica et d'autres marques. On fait partie des marques qui ont... qui ont créé le projet et qui m'ont fait confiance. Et l'idée, en fait, c'était de se dire, vous avez des prototypes, vous avez des produits peut-être non conformes au cahier des charges, mais qui sont en excellent état. Vous avez des produits qui ont servi à des shootings, vous avez des retours clients qui ne peuvent plus être mis sur le circuit de distribution. Moi, je vais vous proposer avec la mode européenne une solution justement pour revaloriser les stocks dormants, leur trouver un endroit où s'il y a une transparence, parce que c'est important souvent quand on envoie des produits en Afrique, Il faut savoir où ça va. La chance c'est que je suis en France, je suis en Afrique, donc finalement si vous voyagez, vous pouvez voir tout l'ensemble du projet, donc il y a une transparence aussi. Et surtout on cherchait à avoir un impact social en créant des emplois et par la suite finalement on permet à des vêtements qui n'ont plus d'utilité, des chaussures, des accessoires de mode, d'avoir une seconde vie.

  • Vulfran

    Donc le principe est simple, il y a une collecte qui se fait auprès des marques, en essayant d'identifier les produits qui sont adaptés pour chaque pays, aussi bien pour le Congo que pour le Cap-Vert, parce qu'entre le Congo et le Cap-Vert, c'est aussi deux réalités qui sont complètement différentes. Par la suite, on sélectionne un à un les produits. On a des transporteurs avec lesquels on travaille, qui sont des transporteurs qui voyagent comme nous, qui sont aussi en France et aussi dans les pays respectifs. Donc on en voit en fait sous forme de bidons. C'est des bidons de 200 litres qui eux-mêmes... ont une utilité sur place. Par exemple, dans la ville de Pointe-Noire, du jeudi au dimanche, il n'y a pas d'eau dans les parcelles, justement, là où j'habite. Et du coup, ces bidons font office de réserve d'eau pour se doucher, pour faire la vaisselle. Et là, on se situe dans les villes africaines. On n'est pas au village, on est dans des villes peuplées de millions d'habitants. Donc, en fait, même ce contenant dans lequel on envoie les vêtements est réutilisé par les populations sur place. Et donc, on envoie juste ce qu'il faut à raison de deux bidons par pays, deux bidons au Congo, deux bidons en caverne par mois, pour en emmener juste ce qu'il faut et pas se retrouver avec des tonnes de stocks dormants. Parce que finalement, quand on redonne une seconde vie à un vêtement et une chaussure, finalement, on allonge son cycle de vie. Et ensuite, il ne faut pas qu'on se retrouve sur des stocks dormants, post-invendus boutiques en Afrique. Et c'était aussi le but de bien calculer ce qu'on envoie par rapport... au rythme des ventes qu'on fait. Donc l'idée, c'est de vendre des produits après ensuite à bas prix, pour que toute la population puisse offrir un produit chez nous de qualité. Et l'addition de ces petites ventes permet de créer de l'emploi et de couvrir toutes les charges du projet. Donc on a un projet qui est autant financé par le don des marques et qui arrive du coup au Congo à créer 4 emplois et au Cap-Vert à créer 2 emplois permanents. Donc là, c'est vrai que je mets toujours en avant les vendeurs, les équipes de vente qui sont... en boutique, mais il y a aussi les gens du derrière. Par exemple, toutes les mamans qui lavent les vêtements, celles qui repassent. On a un jardinier, parce qu'on a des belles plantes dans les deux magasins, qui vient à chaque fois et qui, tous les jeudis, arrose les plantes et du coup, a son petit quelque chose. Et finalement, le projet, au-delà de ces six employés que je mets toujours en lumière, apporte des ressources financières à plus d'une quinzaine de personnes, tout le mois. Et on avait aussi un objectif avec la mode européenne, c'était de... pouvoir rémunérer les personnes au double du SMIC local. Dans les quartiers populaires dans lesquels on est implanté, il faut savoir que le SMIC local, c'est 70 000 francs CFA. C'est ce qui équivaut à 100 euros. Et en fait, nous, pour ceux qui sont du coup en temps plein, ils vont être payés 140 000 francs CFA, donc à presque plus de 200 euros sans compter les primes. Parce que le but, ce n'est pas de profiter d'une main d'œuvre à bas prix pour faire naître un projet et avoir toute la lumière, mais c'est aussi que le projet puisse leur servir et qu'on se dise, OK, il y a un projet qui est nouveau. par une personne qui vient de l'Europe, mais en fait, c'est un projet qui est vraiment en direction des populations, finalement, et qui sert aux populations.

  • Inaden

    Merci. Toi, Wulfran, je sais que ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est que maintenant, tu vis à la fois entre Abidjan et Paris et plus à Abidjan. Et ce déménagement-là, ça vient traduire une évolution dans l'histoire de Panafrica et la manière dont vous voulez développer l'entreprise. Est-ce que tu peux nous parler des nouveaux challenges que vous vous êtes fixés pour l'entreprise et aussi de l'impact que ça peut avoir vis-à-vis de différentes populations et d'emplois sur le continent ?

  • Baptiste

    Déjà, Baptiste, merci d'avoir remercié. C'est un super projet et c'était normal pour Panafrica d'y contribuer à son échelle. Panafrica est né en 2016. à un moment où personne n'y croyait, faire une basket made in Africa. Je le disais tout à l'heure, c'était un projet qui était un peu fou, assez difficile à mettre en place. On travaille dans quatre pays, du coup, je ne l'ai pas dit au début, mais on travaille au Maroc, au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso pour l'achat des matières premières, transformation des matières premières localement et production locale. On a un sous-traitant aujourd'hui qui est au Maroc, près de Casablanca, qui a un petit atelier qui faisait de la chaussure de sécurité. à qui on a dit tu fais de la chaussure de sécurité, on va t'apprendre à faire de la basket. Donc on a passé des mois avec lui à ses côtés pour apprendre à faire une paire de baskets. Ça nous donnait les premières armes pour construire la marque au début. Ça nous a aussi fait faire beaucoup d'erreurs. Nos premières productions, parce que Panafrica a grandi assez vite au début, on avait pré-vendu 2000 paires de chaussures. Sur les 2000, il y en avait 1000 à mettre à la poubelle parce que les semelles étaient mal collées, etc. Donc on a... un peu mordu la poussière au début. mais on avait cette fierté toujours de co-contrer des projets intelligents dont on était fier et du coup on se remet toujours de nos échecs et nos erreurs. On a appris comme ça petit à petit en montant notre projet sauf qu'on a eu la chance de connaître aussi le succès avec des premiers distributeurs, Galerie Lafayette, Grand Magasin, des magasins indépendants qui sont même là, qui sont en train de m'écouter. qui nous revendent. Aujourd'hui, on a 150 points de vente en France et à travers le monde, dont une cinquantaine sur le continent africain. On y reviendra peut-être, mais on est aussi pas mal distribués aujourd'hui en Afrique, notamment en Afrique de l'Est, Tanzanie, Ouganda, Ilmoris, etc. Et cette croissance, à la fois cette croissance et puis nous, notre vision qu'on a depuis le début. Nous oblige à repenser un peu la manière de faire. Je vis aujourd'hui à Abidjan parce qu'on est en train de monter un gros projet, puisqu'on est en train de financer et de construire une usine de production de baskets en Côte d'Ivoire, à Abidjan, qui va ouvrir ses portes en septembre prochain a priori. Je dis a priori parce que ça peut changer un petit peu, les calendriers sont parfois compliqués à tenir. Mais notre idée, c'était, comme je le disais au début, de faire de la mode un levier de transformation sociale sur le continent africain. On n'avait pas les moyens au départ, ni l'énergie d'avoir notre propre atelier. Aujourd'hui, on a un peu plus de moyens. On a l'énergie, on a des gens qui croient en nous et on a la croissance de marque qui nous permet de voir plus loin, de voir plus grand. Donc, notre idée, c'est de monter notre usine, d'embaucher des gens, de faire les choses bien. c'est-à-dire de former des gens, on va avoir une usine et un centre de formation qui sont en construction actuellement et on va embaucher à peu près 25 personnes dès septembre puis une cinquantaine sur l'année 2025 donc tout ça, c'est un gros projet qui nécessite d'être sur place de suivre donc on part avec mon associé tous les deux à temps plein à partir d'avril et on restera à Abidjan pour suivre ce projet-là et puis on a une équipe à Paris qui... qui suit les affaires courantes et puis moi je reviendrai pour les soirées du Who's Next ? Voilà le projet et donc voilà comment grandit la marque aussi parce qu'à un moment donné on va garder un peu de production au Maroc on va faire nos propres productions en Côte d'Ivoire l'idée étant de monter en cadence de production et demain notre idée un peu plus long terme c'est aussi de produire pour des marques africaines Pas de possibilité de production en Afrique subsaharienne. Il faut savoir que le continent africain est au final assez pauvre en industrie, un peu moins en Éthiopie, notamment sur la chaussure. Notre idée, c'est aussi de dire à des marques africaines qui n'ont pas la possibilité de produire des baskets en Afrique, qui sont obligées souvent de le faire en Asie, de dire qu'en fait, il existe une usine qui est une belle usine, qui emploie des gens en local. qui crée de la richesse, qui crée de la valeur localement. Et vous pouvez produire vos baskets chez nous. Et que derrière, on puisse créer tout un écosystème vertueux pour le continent, en créant de l'emploi, en créant de la distribution nouvelle, etc.

  • Inaden

    Et est-ce que ce dont tu nous parles là, en termes d'évolution de Panafrica, est-ce que c'est quelque chose que tu avais inscrit dans un business plan, genre il y a cinq ans ? Est-ce qu'il y avait vraiment une vision d'un jour, on aura notre usine en Afrique ? Ou est-ce que... ou est-ce que finalement c'est j'ai pas a priori je pense pas que ce soit venu comme ça un matin vous vous êtes dit de la même façon que vous vous êtes dit on va faire des chaussures en Afrique dix ans plus tard on va faire une usine en Afrique peut-être que c'était comme ça en fait au début je pense qu'on y pensait on y pensait secrètement on avait envie de le faire mais on avait pas la possibilité et puis et

  • Baptiste

    puis à un moment donné tu peux pas penser trop grand parce que sinon ton projet il prend jamais forme nous on est un peu pour le coup pragmatique mais il faut commencer par un petit quelque chose et tu te dis bon aujourd'hui on peut pas produire en Côte d'Ivoire c'est pas grave on va le faire ailleurs on va démarrer comme ça, on va apprendre on va apprendre sur le terrain et puis en fait plus ton projet prend forme plus les gens croient en toi, plus toi tu crois en toi même aussi et tu te dis finalement on a réussi déjà à faire ça donc on peut peut-être faire un peu plus et puis tu te prends au jeu aussi, je le dis souvent nous on a monté un projet en partant vraiment de zéro on avait et je mens pas quand je dis ça, on avait 5000 euros en poche quand on a lancé Panafrica... On a réussi à tout créer, à monter une marque qui fonctionne, qui emploie des gens. Et aujourd'hui, on se dit qu'on peut aller plus loin. On est arrivé à un moment où on peut se permettre de faire une levée de fonds pour monter cette usine. Il y a des gens qui croient en nous. On peut aller chercher des subventions parce qu'on a déjà un historique et une expérience qui fait que les gens nous écoutent et se disent que ce sont ces deux gars-là auxquels on ne croyait pas. Au début, ils ont quand même réussi en neuf ans à monter la marque Panafrica, donc ils vont bien réussir quelque chose d'autre. Et du coup, nous, aujourd'hui, on se dit que c'est possible et on sait qu'on va y arriver.

  • Inaden

    J'ai aucun doute, mais du coup je me dis dans dix ans qu'est-ce que vous allez faire ?

  • Baptiste

    Ça je sais pas, on verra.

  • Inaden

    On reviendra, on reviendra à la soirée de Who's Next, on pourra dire ça y est maintenant. Donc Mathie, maintenant la question à toi que j'ai envie de te poser, c'est toi dès le départ, c'est ce que tu évoquais au début, dans la création de tes sacs, c'était important pour toi qu'il y ait un côté frenchy, tu vois parisien, et que ce soit pas connoté en fait. Est-ce que tu peux revenir là-dessus en fait en termes de... Tu as de l'ADN et de storytelling. Pourquoi est-ce que c'était important pour toi ? Et qu'est-ce que ça veut dire pas ethnique en fait pour toi ?

  • Ramata

    Oui, c'est une super question et j'adore quand on me la pose, donc merci. Donc moi, j'ai un attachement, je suis métisse, mon papa vient d'Afrique et je voulais vraiment valoriser cette partie de moi. Et c'est vrai que souvent, quand on parle d'Afrique et quand on parle de mode, on pense wax, on pense tissus colorés, on pense des choses qui sont très marquées, très ethniques. Et je ne vais pas lancer le débat sur d'où vient le wax, mais il y a aussi cette idée de se dire, en Afrique, en tout cas à l'Afrique, les cultures africaines ne se limitent pas à deux, trois clichés qu'on a tous intégrés de manière inconsciente. Moi, j'adore le wax, je dis ça, mais j'adore le wax. Mais je voulais vraiment que ma marque raconte autre chose. Et donc, le parti pris sur lequel je suis partie dès le départ, c'est de me dire, je vais partir sur une marque de sacs que moi, j'aimerais porter, moi, Nathie, que j'aimerais porter tous les jours, avec lequel je serais à l'aise. Et ce n'est pas forcément un sac avec du wax, ce n'est pas forcément un sac avec une forme de carte d'Afrique, par exemple, typiquement sur ce genre de choses, de codes qu'on retrouve très souvent. J'avais plutôt envie de revendiquer le côté j'ai envie de dire qualitatif, raffiné, ce côté un peu intemporel de la parisienne que je suis. Moi, je suis née à Paris. J'adore les bains implantés, mais je suis une vraie parisienne. Et du coup, je suis vraiment partie sur mon premier modèle. C'est celui-ci, c'est un petit sac bourse qui a connu grand succès. C'est vraiment mon sac signature. J'ai énormément de boutiques qui l'ont vendu à tour de bras. Pourquoi ? Parce que c'est un sac que n'importe quelle femme, n'importe quelle citadine peut porter. C'est vraiment le petit sac de tous les jours.

  • Baptiste

    Et en fait,

  • Ramata

    ce qui était très important pour moi, c'était que sur ce sac, ce soit écrit Crafted in Africa Et c'est écrit sur tous nos sacs. Et finalement, là où je considère que j'ai gagné, c'est-à-dire que quelqu'un, une femme qui rentre dans une boutique, qui voit un sac comme celui-ci par exemple, et qui se dit Ah mais il est trop beau, il est canon, j'adore ! et qui dans sa tête a déjà finalement inconsciemment décidé que c'était fabriqué en Italie, quand elle retourne le sac et qu'elle voit que c'est écrit Crafted in Africa with love il se passe quelque chose dans sa tête. Moi c'est ce que je constate dans le regard de toutes les femmes qui discutent et qui me disent Ah oui, c'est fabriqué en Afrique et là on peut commencer à discuter. Là on peut commencer à expliquer que bah oui, il y a des talents en Afrique, que oui, il y a des ressources en Afrique et que oui, Un sac comme celui-ci, qui a un style plutôt parisien, plutôt à la française, il peut être fabriqué là-bas. Donc vraiment, le parti pris de ma marque, il est de venir un peu réaliser ce shift dans l'esprit des personnes, de dire que l'Afrique ne se résume pas au wax, l'Afrique ne se résume pas à une mode ethnique. Il y a des designers qui sont hyper talentueux, qui font des choses magnifiques, qui se retrouvent sur la scène internationale. Et je m'inscris vraiment dans cette vibe. C'est-à-dire que moi, je suis métisse. Il y a une part d'africanité chez moi et je l'adore, je la respecte, je l'honore. Mais je veux aussi honorer ce métissage qui fait que j'aime les choses qui sont plutôt intemporelles, qui sont à la française, qui sont raffinées, qui sont qualitatives. Et c'est vraiment ce que j'ai voulu incarner avec la marque et je pense qu'on a plutôt réussi.

  • Inaden

    Je crois aussi. Du coup, ça me donne une bonne transition pour toi, Baptiste. Cette fois-ci, tu ne t'es pas jeté sur le micro. Je sais qu'au départ, dans les boutiques au Cap-Vert et à Braza, l'idée, c'était vraiment de proposer des stocks d'un vendu et de les proposer à prix accessible. Donc, quand tu parlais des prix tout à l'heure, j'ai envie de revenir sur le fait que tu as regardé le marché local pour proposer des niveaux de prix qui soient cohérents pour les populations locales. Et là, ce que tu as commencé à intégrer aussi, c'est des produits. qui sont fabriqués par des créateurs africains. Est-ce que tu peux nous parler de cette évolution-là dans la proposition au sein de tes boutiques ?

  • Vulfran

    Exactement. Je vais revenir sur ce que je disais tout à l'heure en début de propos. C'est vrai qu'en Afrique centrale, la mentalité est un petit peu différente. En Afrique centrale, il n'y a pas cette mise en avant du savoir-faire congolais ou du savoir-faire caméronais ou du savoir-faire gabonais, alors qu'il y a des artisans qui font de très belles choses. Et c'est vrai que dans l'esprit, lorsque j'ai posé les questions, voire dans la boutique, on m'a à chaque fois dit des produits de là-bas. des produits de l'Europe. Mais dans ma tête, j'avais envie quand même de faire découvrir, tant bien que mal, des produits aussi faits en Afrique. Mais je devais passer par une transition assez douce. En Afrique centrale, je devais vraiment prendre le temps d'y arriver. Donc, j'ai commencé par les invendus des marques, la seconde main. Ensuite, les invendus des marques. Par la suite, j'ai fait rentrer des créateurs africains. Au Congo, il y a quatre créateurs dans la boutique, donc deux créateurs qui viennent du Congo, un béninois et un ivoirien, qui proposent leur collection dans la boutique de la mode européenne, moyennant juste un loyer symbolique. Et c'est une révolution parce qu'en fait, je rejoins un petit peu ce que tu dis, justement, il y a un créateur ivoirien qui fait des chemises type façonnable. Et c'est vrai que les Congolais, quand ils rentrent dans la boutique, ils veulent les chemises... raflorene, façonnable, et là je leur dis il y a des arrivages, essayez de voir un petit peu. Et donc en fait ils retournent et ils ne voient pas un nom Europe. Donc au départ ils ont un peu peur, ils ne font pas confiance, et je leur dis mais si, si, si, en fait ce sont juste des chemises fabriquées en Côte d'Ivoire, mais la qualité est incroyable, essayez-le. Il faut savoir qu'au Congo, quand quelqu'un achète un vêtement, il peut passer une heure à l'essayer, à se tirer dans tous les sens, pour juste voir si la qualité est là, et moi ça me fait toujours rire, parce que même... Si le produit coûte 5 euros, 6 euros, ils vont passer une heure à vérifier couture par couture pour voir si ça va tenir la route. Et en fait, j'ai introduit ces produits et finalement, ils m'ont dit mais en fait, c'est encore mieux que façonnable. Je ne suis pas là pour vous dire que vous devez consommer africain, vous devez consommer des marques européennes. Juste, essayez d'ouvrir votre esprit. Vous dire que vous êtes au Congo, on vous propose des marques européennes, mais il y a aussi des créateurs sur le continent africain qui font de très belles choses, et vous pouvez même mixer les deux. Comme on le voit en Corée, souvent on a des Coréens qui peuvent porter des jeunes créateurs, des marques de luxe, c'est aussi l'idée de mixer un petit peu tous les genres. Et au final, c'est un créateur qui a cartonné. On a fait sold out sur toutes les chemises qu'il a proposées à la boutique, et il nous en redemande encore, on veut le créateur, il va en avoir. Donc maintenant... Ils ont compris, en tout cas dans le quartier où je suis, qu'il y a aussi des belles choses qui vont être faites en Afrique. Et je reviens avec une exclue aussi, c'est que dans cette transition douce, je prévois pour 2016 de créer une marque de la mode européenne, constituée de stocks dormants européens avec le génie créatif congolais. Donc en fait, l'idée, c'est de travailler, retravailler des pièces, donc mettre en avant l'upcycling congolais. à travers des produits de stock dormant que je vais ramener au Congo. Donc ça, c'est l'ambition du projet La Mode Européenne, donc la continuité pour cette transition douce.

  • Inaden

    Très bien. Merci beaucoup. Du coup, tu as devancé ma prochaine question qui était vraiment liée à vos next steps, en fait, c'est-à-dire demain, ou est-ce que vous allez, en tout cas, l'année 2025, comment elle se profile pour vous ? On est au début de l'année, c'est en général... à un moment où on s'établit le programme de quelles vont être les principales nouveautés, nouvelles collections ou autres. Donc, c'était l'idée que chacun d'entre vous nous partageait ça. Donc, toi, tu as déjà parlé.

  • Vulfran

    J'ai une autre... En fait, hier, j'étais avec...

  • Inaden

    C'est un truc qui date d'hier.

  • Vulfran

    Ouais, c'est ça. En fait, il y a une boutique au Congo et il y a une boutique au Cap-Vert. Et en fait, il y a un ami d'enfance qui nous a accompagnés dans tout le début du projet, qui est d'origine du Camerounais. Donc en fait, la boutique avait été créée administrativement au Cameroun depuis 2021. Il s'avère qu'avec cet ami-là, il a changé de direction, on a mis le projet en stand-by et en fait, hier, on s'est revus, on se voit souvent. Et il m'a dit qu'il allait au Cameroun là en février. Donc je vais aller au Cameroun avec lui pour justement préparer le terrain pour la troisième boutique solidaire au Cameroun qui va arriver en 2026. Voilà, c'est l'exclu de la mode européenne.

  • Inaden

    Merci beaucoup, super, on a eu trop d'exclus de l'aveu d'Auréthène ce soir. Du coup, Nathie et Luc-Franc, vous avez des exclus ou pas ?

  • Ramata

    Moi, je n'ai pas d'exclus qui datent d'hier, du coup là, ça va être difficile de faire mieux. Non, je n'ai pas spécialement d'exclusivité, par contre, je pense qu'on est quand même dans un tournant en termes de consommation. Je pense que les personnes, en tout cas, de plus en plus de personnes s'intéressent aux marques, cherchent à... à acheter des pièces qui ont des histoires, qui sont de qualité. Et c'est vrai que moi, ça fait quand même quelques temps que je réfléchis à ça. La marque, elle a beaucoup, en tout cas sur les premières années, elle s'est beaucoup appuyée sur ses revendeurs. On a eu jusqu'à 150 points de vente, France et international. Il y a eu un repli avec le Covid. Le Covid a quand même fait beaucoup de mal au secteur du retail. Moi, ça m'a amenée quand même à me questionner aussi sur comment je tire profit de cette situation, cet impact. Et ça fait quand même un certain temps que je teste tout ce qui est précommande. Et c'est vrai que c'est un modèle que j'aime beaucoup, qui offre de la liberté en termes de création aussi, qui permet de co-créer, de fidéliser. Moi, j'ai la chance d'avoir des clientes qui connaissent la marque depuis des années ou même celles qui sont plus récentes, qui vraiment adhèrent au projet. Elles n'achètent pas juste un sac quand elles viennent chez Inaden, il y a cette envie de participer, à raconter une autre histoire, à participer à cet empowerment du continent, de cette Afrique qu'on aime. Et vraiment, moi je m'inscris, en tout cas l'année 2025 va s'inscrire dans comment je peux vraiment m'approprier ce modèle de précommande et impulser cette dynamique au sein de la marque. Donc c'est vrai que j'avais un fonctionnement très traditionnel auparavant où on fonctionnait... saison par saison, collection par collection, donc c'est un vrai gros rythme. Moi, je suis plutôt dans une démarche de faire ce qu'on appelle du slow business, de me dire, OK, on va plutôt essayer de sortir un ou deux modèles par an, mais de le faire de manière intelligente, d'être dans de la co-création, de vraiment faire les choses bien, peut-être pourquoi pas de monter encore le curseur en termes de qualité, de ce qu'on a à offrir, mais de produire peut-être moins. Voilà, moi vraiment, c'est plutôt vers ça que je m'inscris. Et je trouve que ça a beaucoup de sens par rapport à la façon dont on consomme aujourd'hui. Mon objectif, c'est d'avoir le moins d'invendus possible, par exemple. Parce que quand on est une marque, mais vu le front, tu connais ça aussi, on a des minimums de production, on a aussi des fois des pièces qui ont des défauts, qui ne sont pas vendables, on se retrouve avec du stock. Et le stock, c'est de l'argent qui dort, en fait, tout simplement. Et l'idée, c'est de se dire comment on réduit ça et on reste dans l'éthique, dans la démarche qu'on défend depuis le début et qui aussi répond aux besoins des personnes sur le marché. Et je pense que les personnes aujourd'hui, elles sont prêtes à attendre, elles sont prêtes à patienter et elles sont prêtes aussi à financer des produits, des marques qu'elles aiment parce que ça a du sens pour elles. Et donc, clairement, 2025, pour moi, c'est un peu cette année charnière où on va rentrer dans une phase un peu slow, mais où on va essayer de faire les choses de manière plus intelligente, plus qualitative et d'être encore plus en phase avec nos valeurs.

  • Baptiste

    Du coup, vous l'avez compris, changement de vie pour nous, puisqu'on part en Côte d'Ivoire définitivement. On ouvre une usine sur place.

  • Inaden

    Et tu nous invites ?

  • Baptiste

    Je vous inviterai quand tout sera mis en place. En tout cas, l'an prochain, c'est les 10 ans de Panafrica. Donc, je trouvais que c'était bien pour les 10 ans d'ouvrir notre usine. On verra ce qu'on fera pour les 20 ans. Mais en tout cas, gros challenge à venir. Je le redis, c'est dans un pays qui n'a pas d'industrie de la chaussure. Donc, en fait, au-delà d'ouvrir une usine, c'est comment on forme les gens. Donc, nous-mêmes, on est en train de se former en ce moment en France pour comprendre comment doit tourner une usine, comment fonctionnent les machines, comment former des gens, etc. Donc, après, il y a toute une partie... Sur la formation, il y a un challenge pour nous qui est aussi forcément de gérer une marque comme PanAfrica à distance en étant en Côte d'Ivoire avec des équipes en France. Donc avec toute la restructuration de la marque que ça nécessite pour vivre les choses sereinement et être un petit peu à la fois sur la partie industrielle et en même temps sur la partie commerciale de la marque. Et puis nous, après, pas d'exclus non plus. Incroyable, mais on est aujourd'hui. On a fini une année avec 40% de croissance, dans un moment où beaucoup de marques souffrent.

  • Inaden

    Ça, c'est Vulfranc quand il dit qu'il n'y a pas d'exclus incroyables. On a fait du double digit en croissance de chiffre d'affaires.

  • Baptiste

    Donc, là où beaucoup de marques souffrent, non mais j'en parle parce qu'on parle du Made in Africa, mais le Made in Africa aussi, il faut le savoir. Parfois, l'Afrique, effectivement, ne fait pas rêver. Tu en parlais au début, on apporte beaucoup de négatifs quand on parle de l'Afrique, etc. Mais en fait, on prouve, je pense, à travers... nos différents projets, que l'Afrique est un continent incroyable d'opportunités, de savoir-faire. Et qu'en fait, aujourd'hui, je trouve que les choses sont quand même en train de changer dans le regard des gens aussi, que les gens peuvent porter sur des produits made in Africa. Et qu'en plus, ça apporte un petit côté, une histoire, un marketing forcément sur lequel on travaille, mais qui permet de porter la marque au-delà d'une simple marque commerciale. Nous on n'a pas fait les choses pour faire de l'argent au début, tu l'as dit, même si une marque doit faire de l'argent, si on voulait faire de l'argent on irait faire nos baskets en Asie, on irait acheter notre coton en Asie et on ferait tout en Asie. Ça nous coûterait beaucoup moins cher, ça serait... Beaucoup moins de stress, mais il y a aussi beaucoup moins d'histoire. Et je pense que cette histoire-là, elle a fait grandir Panafrica, elle a fait grandir Inaden, elle a du fier. Et nos clients, les consommateurs, aujourd'hui, quand beaucoup de marques souffrent, finalement, des marques comme Panafrica arrivent un peu à tirer leur épingle du jeu parce qu'on offre autre chose qu'une paire de baskets. On offre une philosophie, on offre des valeurs, on offre une histoire, un imaginaire, des projets. Et je pense que du coup, ça donne vraiment un souffle nouveau dans le domaine de la mode. Et c'est pour ça qu'on s'en sort, qu'on est encore vendu dans des magasins qui prennent de moins en moins de risques. C'est parce qu'en fait, Panafrica raconte une autre histoire. Et là, on est en ce moment, je fais concurrence à Woosnext, mais on expose à Maisons et Objets. Et on a fait des super journées depuis hier parce qu'en fait, il y a... Beaucoup de concept stores qui viennent nous chercher parce qu'ils ont besoin d'histoires différentes, de produits différents, de compléments d'offres qui racontent autre chose. Et c'est grâce à ça qu'on est encore là aujourd'hui et donc je le mentionne. Donc pour l'an prochain, on compte grandir. On a 150 points de vente, on en vise 300 d'ici deux ans. Donc ça nécessite encore pas mal de travail.

  • Ramata

    Très bien.

  • Inaden

    On arrive à la fin de cet échange. Est-ce que vous avez des questions ?

  • Ramata

    Merci pour vos partages d'expérience. Je trouve que vos projets portent de très belles valeurs. La question que j'aimerais vous poser, c'est est-ce qu'aujourd'hui dans vos business models, vous arrivez à intégrer des questions environnementales ? Notamment quand on sait qu'il y a des pays, quand on regarde les modèles bangladais et chinois, où on voit qu'il y a beaucoup de pollution. Est-ce que c'est des questions que vous arrivez à intégrer aujourd'hui ? Et aussi notamment peut-être au niveau des ressources ? Le coton, on sait que ça utilise beaucoup d'eau et l'Afrique et notamment au Burkina sont soumis à énormément de contraintes environnementales, de sécheresse, potentiellement de tensions sur l'eau. Est-ce que c'est des choses que vous arrivez à intégrer aujourd'hui dans votre business model ?

  • Baptiste

    Je vais commencer par répondre assez rapidement, je t'aurai peut-être des choses à dire aussi. En tout cas, nous, sur la partie environnementale, forcément, c'est un des enjeux. Même si au départ, Panafrica a été créé, je l'ai dit au début, nous, on avait vraiment envie d'avoir un impact social avant tout. Deux, après, sont très liés. Pour répondre rapidement sur le coton, le Burkina Faso offre un coton d'extrêmement grande qualité, qui est un coton fair trade biologique, qui ne nécessite pas d'eau. au-delà de la pluviométrie du pays où c'est produit, et qui est un coton qu'on utilise, qui est tissé sur un métier à tisser, qui n'excite pas d'électricité. Donc sur ces sujets-là, on essaye de faire les choses bien. Je pense qu'il y a toujours, moi je le dis toujours, on n'est pas les meilleurs, je pense qu'on peut progresser, après nous on utilise énormément de matière pour le coup, recycler, donc... Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que ce n'est pas forcément intéressant pour tout le monde, mais vous pourrez me poser vos questions après ou regarder sur notre site internet. Par exemple, tous nos intérieurs doublures de baskets sont en polyester recyclé. On n'utilise que du coton biologique et fair trade. On a des semelles en partie qui sont composées à 30% de caoutchouc recyclé. Donc il y a des choses qui sont intégrées dans les process de production pour avoir un impact environnemental moins important qu'une basket classique. Après, nous, dans notre domaine, ça reste encore, et je le dis, le meilleur moyen de ne pas polluer, c'est de ne pas acheter ou d'acheter des produits de seconde main ou de ne pas produire, mais en tout cas acheter des produits de seconde main, etc. Après, moi, ce que je mets en avant, c'est qu'une basket de Panafrica, elle est faite pour durer. C'est que les clients restent avec leur basket, sont contents de les porter. qui puisse les porter plusieurs années d'affilée. Et ça c'est notre plus grande réussite. On a des clients aujourd'hui qui ont des baskets, parfois même moi, je les porte beaucoup. Je dis pas ça pour faire ma pub, mais il y a des paires, ça fait trois ans que je les ai.

  • Inaden

    Un peu quand même.

  • Baptiste

    Je les porte énormément. Après, bien sûr, je fais ma pub. Si vous voulez acheter une paire de baskets, n'achetez pas d'Africa plutôt qu'une autre marque. Mais voilà, je pense qu'après, c'est aussi sur comment tu crées ton produit pour que ton produit soit durable.

  • Vulfran

    Est-ce que je peux compléter ma question peut-être ? Oui. Du coup, ça veut dire, est-ce que vous arrivez aussi à prendre en compte la fin de vie de vos produits ? C'est-à-dire, est-ce que vous arrivez à dire à vos clients, quand vous achetez une paire de Pan Africa, c'est pour la vie ? Est-ce qu'ils la jettent derrière ? Et s'ils la jettent, comment c'est recyclé ? Est-ce que c'est recyclable ? Toutes ces questions-là. Parce que la question que je me pose, je me dis... Le secteur de la mode se développe, en même temps dans le monde aujourd'hui c'est quand même 140 milliards de vêtements qui sont produits à l'échelle mondiale, c'est 10 milliards de vêtements par personne, c'est beaucoup. Et en fait du coup ces vêtements-là, si on continue à en produire, qu'est-ce qu'on en fait en fait ?

  • Inaden

    Je vais répondre rapidement pour ne pas me monopoliser à parole sur la partie environnementale. En tout cas, ta question elle est centrale, c'est la question de la fin de vie d'un produit quand tu as une marque de mode. Et de toute manière aujourd'hui, c'est une obligation légale en fait quand tu as une marque de penser la fin de vie de ton produit. PanAfrica, nous on a mis en place un système de récupération des paires usagées. Pour moi le principal sujet c'est vraiment durabilité, donc c'est éco-conception. C'est comment tu penses un produit au départ pour qu'il soit le plus durable possible dans le temps, ça c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est de te dire, est-ce que mon produit est réparable ? Parce que recyclable, c'est toujours un petit peu, il faut faire attention à ça, parce que recyclable, c'est pour récupérer les paires, les broyer au Portugal, renvoyer... Au final, l'impact environnemental est plus fort, limite, que si on produisait une paire neuve. Donc il y a aussi beaucoup de ringwashing sur ces questions-là. Moi, ce que je pense, c'est que la paire doit être éco-conçue, et derrière, elle doit être facilement réparable. Après, aujourd'hui, dans le domaine de la basket, ça reste un sujet assez complexe et qui coûte cher. Donc voilà pour ma réponse. On essaie de le faire, mais on n'y arrive pas toujours.

  • Baptiste

    Je peux apporter aussi mon point de vue pour répondre à ta question, parce que je pense que la question des matières, de l'environnement, quand on est une marque de mode, aujourd'hui, on ne peut pas faire l'impasse. Moi, j'ai une marque de maroquinerie. en cuir véritable, puisque je sais qu'aujourd'hui il y a la tendance à la maroquinerie vegan. Moi je suis un peu comme Wulfranc, je n'ai pas créé une marque pour créer une marque, l'idée pour moi c'est d'avoir un impact, un impact économique en Afrique. Et donc typiquement quand aujourd'hui par exemple des personnes viennent me voir pour me dire mais tu te dis marque éthique, en tout cas tu dis que tes produits sont éthiques, mais tu fais appel à du cuir, c'est pas du tout éthique, il y a le vegan, etc. Il y a deux choses. La première chose, c'est qu'il faut savoir que l'Ethiopie est quand même l'un des pays précurseurs par rapport aux questions environnementales sur tout ce qui est tannage. C'est-à-dire qu'il y a eu un nombre incalculable de tanneries qui ont été fermées parce qu'il y a eu une réglementation locale qui a été vraiment durcie. Il y a eu énormément de contrôles. Donc moi, quand j'ai démarré mon projet il y a à peu près 11 ans, il y a eu une hécatombe au niveau des tanneries de la filière qui était déjà existante et qui existait depuis... des années et qui se portaient très bien. Mais justement, pour protéger l'environnement, pour éviter qu'il y ait des dérives, il y a une réglementation locale. Aujourd'hui, je travaille principalement avec des tanneries qui sont certifiées ISO environnement. Il y a quand même cet engagement que le processus de fabrication soit respectueux de l'environnement et aussi des travailleurs, puisque ça touche aussi à tout ce qui est composition. Pour faire du cuir, il faut... Il faut quand même des composés chimiques. Il y a aussi cet impact avec les personnes qui sont au contact des matières pendant leur transformation. Ça, c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est que moi, dans ma vision, en tout cas par rapport à ce que je vois pour Inaden et ce qu'on sera demain, c'est qu'on restera sur le cuir. Je n'irai pas sur la tendance vegan tant qu'il n'y a pas de matières, je dirais, vegan à proprement parler, qui sont produites en Afrique. Ça n'a aucun sens pour moi d'aller importer... en Afrique, sur mon lieu de production, des matières qui seraient fabriquées ailleurs, alors qu'on a une ressource qui est issue elle-même de l'upcycling, puisque le cuir c'est quand même le premier acte d'upcycling de l'humanité. Je veux dire, si on s'habille aujourd'hui, c'est parce qu'à un moment donné, un jour, il y a des hommes des cavernes qui ont chassé, qui ont cherché à transformer les peaux en vêtements. Donc l'upcycling, le cuir, c'est vraiment le premier acte d'upcycling de l'humanité. Donc moi, les cuirs que j'utilise, ils sont issus d'une filière de revalorisation, de rebut, de pot. Et donc finalement, c'est parfaitement logique dans mon esprit, dans la démarche de la marque, d'utiliser des cuirs qui sont issus d'une industrie locale africaine et de les transformer sur place. Donc dans ce cheminement-là, dans cette réflexion-là, pour moi, ça a du sens de continuer à proposer du cuir. Et en plus, ceux-ci sont issus de tanneries qui sont certifiées. Donc vraiment, il y a cette conscience qui est là. Et là où je rejoins Wulfranc... C'est que pour moi, en tout cas dans la mode, c'est vrai que si on ne veut pas polluer, si on a cette éthique, on ne consomme pas de mode tout simplement, on va vers la deuxième main, etc. Mais le plus important, c'est quand on conçoit le produit et s'il est réparable. Et effectivement, moi, je fais le choix quand j'imagine les collections, quand on les fabrique, de se dire, ok, est-ce qu'il y a de la complexité sur le produit qui fait qu'il est difficilement réparable ? Moi, dans quasiment 98% de ma collection, par exemple, n'est pas doublé. Ça veut dire que... demain vous avez une couture qui lâche, ça peut arriver après des années où le sac est porté, manipulé, vous allez chez le cordonnier, il fait trois points de couture, votre sac vous repartez avec. Le cuir est une matière par définition qui est très résistante. Donc oui, elle peut se patiner, etc. Mais il existe des soins, il existe des solutions pour redonner une nouvelle vie au produit. Donc là où je rejoins parfaitement la logique, le point de Vulfranc, c'est de se dire finalement ce qui est important, c'est pas tant comment on va... On va recycler le produit, mais c'est comment on fait pour que ce produit vive le plus longtemps possible et dans quelle mesure il est réparable.

  • Ramata

    Merci beaucoup. On arrive à la fin de cet échange. Je vous remercie beaucoup pour votre attention. Vous pouvez bien sûr, je pense qu'ils vont rester un petit peu avec nous, même si ce n'est pas dans l'espace, pour pouvoir répondre à d'éventuelles questions. En tout cas, ça fait un plaisir de partager ce moment avec vous. L'intégralité de l'échange sera disponible sur le podcast Africa Fashion Tour. Donc, pas demain. Mais en tout cas, je récupère la bande, je fais un petit montage et vous pourrez avoir accès à l'audio et le partager. Merci beaucoup, à très bientôt. En Afrique ou ailleurs. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation des invités

    00:00

  • L'importance du Made in Africa dans la mode

    00:11

  • Les défis et opportunités de la production locale

    00:28

  • Conversations sur les expériences de voyage en Afrique

    01:39

  • Le lien entre mode et transformation sociale en Afrique

    02:14

  • Les projets et ambitions des entrepreneurs en 2025

    02:49

  • Conclusion et réflexions finales sur l'avenir de la mode en Afrique

    04:50

Description

Comment bâtir des success stories en Afrique ?


Je vous propose de (re)découvrir les marques Panafrica, Inaden et La Mode Européenne à travers un épisode de podcast inédit. Pour la première fois, le podcast a été enregistré en live dans le cadre du Forum Impact du salon WSN.

 

Une occasion unique pour échanger avec Natty Ngoy, Vulfran De Richoufftz et Baptiste Lingoungou comprendre comment ils ont relevé le défi de créer des entreprises prospères et engagées entre la France et  l’Afrique.


Chacun d’entre-eux a transformé un projet auquel peu de gens croyaient au départ en réalité. Ils sont parvenus à créer des entreprises à impact positif, tout en valorisant le savoir-faire local et en s'engageant pour un développement durable.


Cet épisode est une véritable masterclasse  pour tous les entrepreneurs qui souhaitent s'inspirer de ces modèles de réussite et contribuer au développement de l'Afrique.


Durant cette conférence que j’ai eu plaisir à modérer, ils ont partagé les défis et les solutions qu'ils ont trouvés pour atteindre leurs objectifs. Ils ont aussi dévoilés quelques grandes annonces en exclusivité.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vulfran

    Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France, qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique, parce que ça nous paraissait important, d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain.

  • Inaden

    J'étais convaincue qu'il était possible, de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du Made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources.

  • Baptiste

    Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix accessible et surtout des produits de qualité, parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages. Et souvent, ce n'est pas forcément des produits de qualité. Moi, mon projet, finalement, le but, c'est d'envoyer des produits sélectionnés, donc un à un, de qualité, et les vendre à prix abordable pour toute la population.

  • Ramata

    Bienvenue dans cette édition inédite du podcast Africa Fashion Tour. Cet épisode a été enregistré en live lors du salon Who's Next de janvier 2025. Pour la première fois, l'épisode réunit. trois entrepreneurs pour une véritable masterclass sur les business models vertueux en Afrique. Je vous laisse découvrir les histoires des marques Inaden, Anafrica et la mode européenne et j'en profite pour remercier les invités et les équipes de Yousnext. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.

  • Aujourd'hui, on va se déplacer de Porte de Versailles à Abidjan, Addis Ababa. On va aller au Congo, on va aller à Cabo Verde, on va voyager. Et donc, j'ai trois personnes de choix avec moi pour pouvoir faire ce voyage avec vous. Il faut vraiment oublier Porte de Versailles, il faut vraiment se dire Abidjan. Il est dit que Abidjan est le plus doux au monde. Est-ce que vous vous rendez compte ? On dit de cette ville... Abidjan est le plus doux au monde. Donc on va essayer pendant une heure de voyager, d'aller à Abidjan. Donc avec moi, aujourd'hui, je suis en compagnie de trois entrepreneurs qui ont fait le choix ambitieux de développer leur marque entre la France et l'Afrique. L'idée, c'est que moi ce que j'aimerais, c'est qu'on commence vraiment par cette idée de voyage. Donc chacun nous raconte un peu. C'était quand leur dernier voyage en Afrique et s'ils ont une anecdote un petit peu intéressante à nous raconter. Donc, on va commencer par Nathie, puisque honneur aux dames. Donc, est-ce que tu peux nous parler de ton dernier voyage ? Et puis, qu'est-ce qu'il y a eu d'intéressant que tu pourrais partager avec nous ?

  • Inaden

    Oui, bien sûr. Bonjour à tous, je suis ravie d'être là. Donc, moi, je vais régulièrement à Addis Abeba en Éthiopie, puisque j'ai ma marque qui est fabriquée là-bas, ma marque de sac. Donc, ça fait maintenant 11 ans que je fais régulièrement des allers-retours. Mon dernier voyage date de l'année dernière, parce qu'entre temps je suis devenue maman, donc j'en fais moins des voyages. Mais si je devais partager un souvenir par rapport à Addis Abeba... Ce serait plutôt au niveau de mon premier voyage. La première fois que je suis arrivée là-bas, j'ai débarqué un samedi matin, je connaissais mes personnes. Je suis partie là-bas toute seule. Et en fait, ce que j'ai découvert là-bas, c'est la gentillesse des personnes sur place. Il faut savoir qu'en Afrique, il n'y a pas forcément de numéro de rue, ce n'est pas forcément hyper évident de se retrouver, de se localiser. Et Addis Ababa, c'est vraiment une énorme, énorme ville. C'est hyper dense, il y a beaucoup de construction partout. Et ça, c'était il y a... il y a déjà plus de dix ans. Et ce qui est hyper chouette, quand on arrive là-bas et qu'on cherche un endroit, on peut demander à n'importe qui, voilà, j'aimerais aller à tel endroit. Et ce qui m'a le plus frappée, en tout cas la première fois, c'est que j'étais complètement perdue, je n'osais pas demander. Et quand j'ai posé la question, on m'a carrément prise par la main. C'est-à-dire qu'il faut imaginer, les personnes ne me connaissent pas, je suis un peu perdue, je n'ose pas trop dire je dois aller à tel endroit. Et là, il y a un Éthiopien, hyper gentil, le sourire aux lèvres, il m'a dit viens, come with me il a pris ma main, alors il faut imaginer moi je suis parisienne, ça n'arriverait jamais à Paris il a pris la main, on a fait je sais pas combien de tours de pâtés de maison et tout, je me suis dit mais où est-ce qu'il m'emmène ? et en fait non, il m'a emmené vraiment à mon rendez-vous c'était juste incroyable et c'est vrai que ce que je retiens, parce que l'Ethiopie c'est très beau il y a beaucoup de très beaux pays en Afrique mais vraiment c'est la gentillesse des personnes et ça vraiment c'est quelque chose... Il faut le vivre, il faut l'expérimenter. Et en tout cas, moi, j'ai la chance, à chaque fois que je suis allée, et je ne sais pas que j'y vais, de retrouver vraiment cet accueil. Vraiment cet accueil.

  • Ramata

    Merci beaucoup pour ce premier partage, Nathie. Maintenant, on va demander à Baptiste de nous faire un petit partage d'expérience. Alors, il ne faut pas rebondir sur la gentillesse, on a compris. On sait que les Africains sont gentils.

  • Baptiste

    Je vais innover.

  • Donc, je te remercie. Quand tu sais déjà que tu ne devras pas répéter ce que Nathie et Baptiste ont dit.

  • Baptiste

    Alors moi c'est Baptiste Ligungu, je suis fondateur de La Mode Européenne, on crée des boutiques solidaires en Afrique. Alors donc moi la dernière fois que je suis allé en Afrique c'était en... j'en reviens en fait, c'était en novembre 2024 mais mon souvenir que j'aimerais vous partager aujourd'hui c'est un souvenir qui date de mon voyage en 2023 avec mon association La Mode Européenne donc on crée des boutiques solidaires mais on a aussi des actions... humanitaire et notamment on est d'un foyer donc un orphelinat au Congo Brazzaville plus précisément à Pointe-Noire. A un moment donné on fait du coup une distribution, il y a toute une journée qui est organisée et là en fait on se rend compte que les orphelins ont aussi une surprise pour nous et en fait la surprise c'était qu'ils voulaient nous faire nous partager leurs talents donc il y avait des danseurs, il y avait des chanteurs aussi et là il y a un jeune de 14 ans qui arrive et qui propose du slam, du rap. Et surtout, il dit une phrase très importante qui m'a marqué. Il m'a dit, il y a beaucoup de gens qui viennent à l'orphelinat, qui viennent nous aider, qui nous donnent des choses. Mais personne, en fait, nous demande quels sont nos rêves, qu'est-ce qu'on veut devenir et comment, justement, comment je peux vous aider dans ce rêve. Et il s'avère qu'il était hyper talentueux. Mais moi, j'ai... totalement, il m'a ambiancé, j'étais vraiment dans une belle ambiance avec lui et en rentrant à Paris, j'en parle avec un pote à moi qui est dans la musique, je lui fais écouter des sons et il accroche totalement et il me dit il faut l'aider en fait, il faut pouvoir faire en sorte qu'il puisse accomplir ses rêves et donc cet ami à moi qui n'est pas du tout africain est venu avec moi du coup de septembre à novembre pour le projet du petit Bissane il s'appelle... pour produire justement l'artiste en studio, etc. Et il s'avère que de par cette phrase qui m'a touché, de par cette action en premier de don, finalement, de par cette phrase aussi, on a un petit jeune de Pointe-Noire qui est en train d'accomplir son rêve grâce à un ami à moi qui est dans la musique et qui est en train de le propulser. Donc voilà, c'est un petit peu l'anecdote que j'avais racontée.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Ça va être à ton tour maintenant, Vulfranc. Tu vas nous parler d'Abidjan. Merci.

  • Vulfran

    Je ne sais pas si je vais parler d'Abidjan. En tout cas, merci. Je suis Wulfran, rapidement fondateur de la marque de basket Panafrica. Marque de basket qui a la particularité d'être fabriquée en Afrique, sur le continent africain, à travers différents pays. Donc, pour répondre à ta première question, forcément, je voyage beaucoup sur le continent africain, dans différents pays. Là, ça me donne envie de visiter les pays où vous produisez, où vous vendez, etc. Que je connais moins, mais moi, je suis beaucoup en Afrique de l'Ouest. Et... Peut-être un des voyages qui m'a le plus marqué, c'est un voyage qui s'est plutôt passé au... Alors pour la petite histoire, moi j'habite en Côte d'Ivoire du coup, et un petit peu à Paris, mais plutôt en Côte d'Ivoire. Mais un voyage qui m'a marqué, c'est un voyage au Ghana, il y a quelques années, parce qu'on partait avec mon associé du coup, pour trouver un atelier de fabrication de batik. Donc le batik, c'est une technique ancestrale, qui est une impression à la cire sur tissu, donc vraiment de l'artisanat en Afrique qui est au Ghana. On cherchait quelqu'un qui faisait du batik, donc on est tombé sur une femme qui s'appelle Esther, qui est devenue au fil du temps, ça fait 5-6 ans maintenant qu'on la connaît, qui est devenue une amie de la marque et qu'on voit toutes les années. Et en fait, on a commencé à travailler avec elle et un beau jour, il y a Agnès B, une grande marque française que vous connaissez peut-être, qui est venue nous chercher pour faire une collaboration avec Panafrica et qui voulait utiliser du batik. Donc on est allé voir Esther, on a dit Esther, voilà, elle travaillait dans son garage avec sa fille, et puis il y avait deux employés, donc c'était un tout petit atelier, près d'Akra, et on dit à Esther, il y a Agnès B, mais elle ne savait pas qui était Agnès B, on dit il y a Agnès B qui veut faire deux paires de Panafrica Agnès B, avec du batik, propose-nous des choses, donc on a vraiment cherché à co-construire quelque chose avec Esther, qui tout d'un coup passait de l'ombre à la lumière, on a envoyé, elle a proposé ses motifs, etc. Et on a proposé ça. Finalement, je fais un petit peu vite, mais finalement, la collaboration est sortie. Les paires étaient revendues, ont défilé sur les podiums pendant la Fashion Week, ont été revendues à New York, Hong Kong, Tokyo, Paris, etc. Et quand je suis retourné voir Esther, qui ne comprenait pas bien ce qui se passait parce qu'elle n'avait pas forcément, concrètement, elle ne savait pas qui était Agnès B. et que je suis allé lui montrer les photos du défilé, des paires en boutique, etc. Esther a versé sa petite larme en se disant Oh là là, c'est merveilleux ! et surtout qu'on avait fait tout un petit texte pour parler d'Esther, justement pour la mettre en avant et expliquer qui elle était, ce qu'elle faisait, tout ça. Donc il y a eu beaucoup d'émotions là-dedans. Donc ça, ça restera pour moi un voyage et une expérience assez marquante avec elle.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Je partage. Alors l'idée de cet échange, c'est on va aussi parler de savoir-faire, on va parler de business model, mais j'avais envie de commencer aussi par les émotions. Parce qu'à travers le storytelling, quand on peut parler d'Afrique, c'est vrai que ce n'est pas toujours le côté positif qui est mis en avant. Et ici, aujourd'hui, l'idée de cet échange, c'est vraiment de vous donner l'opportunité de découvrir peut-être des histoires de success story africaines que vous n'auriez peut-être pas imaginées. Donc moi ce que j'ai envie de demander à chaque fois, je vais commencer par Nati, honneur aux dames, c'est qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné quand tu décides à créer une marque de maroquinerie, qu'est-ce qui fait que, si tu es en France, pourquoi est-ce que tu ne vas pas finalement en Italie, qui est connue en fait pour la maroquinerie et le savoir-faire, et puis tu fais ta marque et quelque part c'est peut-être plus simple Paris-Milan que Paris-Addis-Abeba. Donc qu'est-ce qui fait que toi tu te dis, Non, moi, je vais faire des sacs et puis je vais passer par l'Afrique.

  • Inaden

    C'est vraiment une super question, Amata. Parce qu'en fait, la réponse, elle est aussi simple que ça. En fait, je n'ai pas créé une marque de sacs. C'est-à-dire que oui, Inaden, c'est une marque de sacs. C'est une maroquinerie qui est fabriquée en Éthiopie. Mais moi, mon projet, c'est de faire du made in Africa. Donc, en fait... Aller fabriquer des sacs à Milan, pour moi, ça n'avait aucun intérêt, même si je conçois que c'est super, que c'est génial, qu'il y a des savoir-faire et qu'il y a des très belles marques qui font le choix de fabriquer là-bas. Mais moi, mon projet, c'était de faire du made in Africa. Je voulais, j'avais envie de raconter une autre histoire autour de l'Afrique, de valoriser les matières, les ressources qui sont là-bas. Et j'avais envie de relever le pari, tout simplement, de faire du beau là où personne ne s'y attend. Et c'est vrai que quand, il y a 11 ans... J'ai quitté mon job parce que moi je ne suis pas du tout issue de la mode, j'ai fait aucune école de mode, moi j'ai plutôt un background en gestion économique, j'étais consultante dans une entreprise chef de projet. Quand j'ai quitté mon poste pour dire voilà moi je vais aller fabriquer des sacs en Afrique, tout le monde s'est dit mais Nati t'as complètement perdu pied, ça va pas du tout, c'est quoi cette histoire ? Et en fait j'étais convaincue de mon fait. J'étais convaincue qu'il était possible de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources. Justement, la maroquinerie, c'est un produit luxueux par définition. J'ai fait le choix de partir sur des modèles qui n'ont pas de connotation ethnique. Et surtout, mon enjeu à moi, c'était d'avoir un impact durable. Et donc, j'ai fait le choix au départ de travailler avec énormément de multimarques, de concept stores. La marque a été référencée au musée du Quai Branly. On a eu vraiment des très, très beaux points de vente. Donc, si je devais résumer finalement le pourquoi je ne suis pas allée en Italie pour fabriquer mes sacs, ce serait simple, ce serait parce que je cherche de l'impact. Donc, l'idée, c'est d'avoir... un impact économique de favoriser l'empowerment du continent africain. Ça, c'est comment je le fais. Je source localement les matières premières, je les transforme sur place auprès d'ateliers, d'artisans en Afrique et ensuite, je dynamise, c'est revendu et donc on s'intègre vraiment dans une industrie qui est locale africaine. Le deuxième point, c'est ce que j'appelle l'aspect reset. C'est de changer la perception qu'on a de l'Afrique. Lorsque vous voyez les collections de la marque Inaden, on est vraiment dans un esprit qui est très frenchy, très parisien. Et c'est aussi le parti pris, c'est-à-dire que quand les personnes découvrent la marque, elles se disent Ah oui, ça c'est fabriqué en Afrique ! C'est possible de faire ça en Afrique. Et le troisième point, c'est vraiment lié à mon histoire, c'est que clairement si j'ai choisi de faire du Made in Africa, je pense que ça se voit sur moi. C'est parce que j'ai une histoire personnelle avec l'Afrique et j'avais envie de valoriser mon héritage. Donc voilà.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de te poser la question à toi. Non, je voulais poser... Mais si tu veux absolument répondre, Baptiste, il a comme la sauté sur le micro. Je te remercie. Je te remercie. Du coup, un peu pareil, dans le bassin méditerranéen, on sait qu'il y a des savoir-faire au niveau de la basket, de la chaussure. C'est vraiment connu pour ça. Et ça peut être... En tout cas, c'est un choix qui est fait par énormément de créateurs de marques sur la basket, en fait. Et toi, tu as choisi, que ce soit par le visuel, par le design, mais aussi dans certaines convictions, de vraiment ancrer l'histoire de ta marque en Afrique. Donc, j'aimerais bien que tu puisses nous raconter d'où vient un peu l'idée de départ qui fait que plus de dix ans plus tard, on parle aujourd'hui de Pan Africa.

  • Vulfran

    Oui, vaste question. Avec Inna Dance, tu as été très claire dans ce que tu as dit. Et c'est vrai que nos deux marques se connaissent bien. Et je pense qu'on a eu un peu les mêmes envies. Moi, je ne suis pas issu de la mode non plus. Au départ, je suis géographe et urbaniste. Et puis un beau matin, je me suis levé, j'avais envie de changer de métier parce que j'en avais un peu marre. Et j'avais un projet un peu fou, c'était de créer une paire de baskets alors que je n'y connaissais rien. Alors, je n'étais pas tout seul, on était deux avec mon associé, mais lui, il n'y connaissait rien non plus. Donc, ça ne nous faisait pas avancer beaucoup plus. Je suis un amoureux déjà du continent africain, je le dis parce que j'adore l'Afrique, j'y ai vécu plus jeune, mon associé aussi, j'y ai beaucoup voyagé. Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique parce que ça nous paraissait important. d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain. Parce qu'en fait, on en parle assez peu. Tout à l'heure, je parlais d'Esther sur le Batik, etc. Mais il se trouve qu'en Afrique, il y a beaucoup de coton, il y a beaucoup de savoir-faire, il y a beaucoup d'entrepreneurs, il y a beaucoup de gens qui ont envie d'avancer, qui ont envie de faire des choses, il y a beaucoup de créateurs. Et qu'on s'est dit qu'avec Panafrica, on pourrait valoriser tout ça. mettre en avant tout ça et se faire un peu les chefs d'orchestre pour créer une paire de baskets qui à la fois seraient confortables bien sûr mais valoriseraient aussi des gens du continent donc c'est un peu ça au début de l'histoire c'était un peu un rêve un peu fou quand on nous a dit c'est un peu comme toi Nati quand on a dit à nos parents à nos amis on va aller créer une paire de baskets en Afrique entre le Burkina Faso pour acheter notre coton etc on s'est pas simplifié la vie il faut le dire je pense qu'on y reviendra mais On a fait des choix qui sont parfois difficiles, parfois très complexes, qui font que parfois on doute aussi. Mais finalement, ce sont des choix dont on est fiers, parce que ce sont des choix qui ne sont pas simples. On se bat au quotidien. Nous, on continue à se battre au quotidien, par exemple, pour acheter notre coton au Burkina Faso, qui est l'un des premiers producteurs de coton en Afrique, mais qui a uniquement 2% du coton qui est transformé sur place localement. C'est la transformation locale du coton qui crée... de la richesse pour un pays, de l'emploi, etc. Il faut savoir que 98% du coût part en Asie ou en Turquie pour être transformé dans ces pays-là. Donc, en fait, nous, notre idée, c'était vraiment de remonter au niveau de la matière, de la transformer localement, de produire localement. et d'être un peu les chefs d'orchestre de tout ça, de mettre en lien des beaux projets sur le continent africain pour en faire une belle paire de baskets et que cette paire de baskets-là, elle véhicule des valeurs. Et je pense que c'est ce qui a apporté la marque Panafrica jusqu'à aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien. Baptiste, ça va être à ton tour maintenant. Alors toi, ton concept, il est différent puisqu'on est plutôt sur des boutiques solidaires. Donc ce qui serait intéressant, c'est que tu nous expliques quel est ce concept et ensuite, tu nous expliques pourquoi ces boutiques solitaires. Aujourd'hui, il y en a une à Cabo Verde et une autre à Congo Braza.

  • Baptiste

    il n'y en a pas à Paris et a priori il n'y en aura pas à Paris voilà un parcours un peu atypique on va dire qu'il a démarré simplement dans le sens où j'ai obtenu un Master 2 en France et ensuite j'ai tout de suite été dans le milieu de la mode contrairement à toi Vulfranche j'avais commencé à y mettre un pied en accompagnant justement des marques françaises dans leur développement pour leur apporter une visibilité et Et étrangement, en fait, ça ne se voit pas, mais j'ai connu l'Afrique très tard. J'ai connu l'Afrique à 23 ans alors que je suis originaire du Congo-Brazzaville. Mais c'est seulement à 23 ans, donc en 2016, que je mets les premiers pas en Afrique. Et en fait, lorsque j'arrive sur le continent, j'ai envie de faire bouger les choses. À la fois, je suis en train de faire des actions en France, mais je me dis que je pourrais peut-être relier les deux, aller la mode, mes origines, et en faire quelque chose d'assez vertueux et qui sert pour le continent africain. Et à ce moment-là, en 2019, c'est là d'où vient la première boutique solidaire. Et l'idée, le but premier, finalement, il était juste d'aider ma famille avec ce que j'avais. J'avais les marques avec moi, la mode, des amis qui aiment la mode, qui pouvaient m'aider. Et je connaissais un petit peu la culture, donc je me suis dit, comment avec ce que j'ai, je peux aider ma famille à pouvoir subvenir à leurs besoins. Et c'est en fait comme ça qu'est née l'idée de la première boutique solidaire en Afrique. C'était dans un but. d'aider tout simplement ma famille. Et c'est vrai que là, on est en 2025, donc six ans plus tard. Et finalement, ce projet qui était juste un projet d'aide familiale est devenu mon projet de vie.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Maintenant, j'ai envie de dire qu'on essaie de rentrer un peu dans le détail du business model parce qu'on sent là toute l'ambition et la dimension éthique de vos projets et le côté un peu, au départ, en tout cas dans ce que vous racontez, il n'y a pas une dimension business où on a envie de devenir un... Bernard Arnault de la mode, on n'est vraiment pas du tout dans une logique, on va dire, capitaliste. Mais en même temps, quand on crée une boîte, il y a quand même une ambition de la développer, de faire du chiffre d'affaires, de créer des emplois. Donc, comment est-ce que cet engagement-là, il se traduit aussi dans la partie business ? C'est-à-dire, cette ambition que vous êtes fixée de développer un business en Afrique, comment concrètement est-ce que ça se concrétise en fait ? C'est toujours Nati qui commence.

  • Inaden

    J'ai envie de dire que la première chose, moi j'ai mon idée, je dis à tout le monde que je vais aller fabriquer des sacs en Afrique. Dans mon esprit, c'est déjà très clair qu'on est sur une marque qui a une connotation très haut de gamme. Donc du coup, je pars sur le cuir. Du coup, le vrai challenge, c'est de se dire où est-ce que je vais fabriquer des sacs en Afrique subsaharienne. C'est vrai que pour moi, je ne voulais pas forcément aller au Maroc. Il y a déjà beaucoup, beaucoup d'ateliers, d'usines qui travaillent là-bas. Moi, je voulais vraiment aller vers... l'Afrique noire, c'était vraiment ça qui me motivait. Et finalement, mon premier challenge à moi, c'est de fabriquer mon premier sac, en fait. Donc, concrètement, comment je fais ? C'est ce que j'ai dit, je fais des recherches sur là où existe la matière, puisque l'idée, c'est de produire à partir de matières premières africaines. Et en faisant mes recherches, je découvre qu'en Éthiopie... en fait il y a ce savoir-faire, il y a cette industrie autour du cuir. L'Ethiopie c'est le premier producteur de cuir en Afrique, c'est le plus grand cheptel du continent africain et en fait pour moi c'est une vraie grosse découverte, c'est à dire que moi je connaissais pas du tout l'Ethiopie et je suis partie là bas. Donc d'un point de vue très stratégique, j'ai fait le choix d'aller sur place, de visiter des tanneries, de faire des premiers prototypes et finalement de construire vraiment un réseau. de fabrication sur place, d'identifier où se trouvaient les matières premières, de comprendre aussi toute la chaîne. Il faut vraiment aussi se dire, nous parfois on vient avec notre vision et on se dit oui, mais par exemple, le cuir, est-ce que c'est une bonne, une mauvaise matière, etc. En fait, en Éthiopie, 80% de la population est rurale, il y a beaucoup d'éleveurs, donc le bétail est là, personne ne se pose cette question. Donc les tanneries en fait elles récupèrent le cuir à partir de tout ce qui est abattoir en fait, c'est un rebut ultra industrie, c'est transformé. Et ensuite l'idée c'est de se dire ok j'ai les tanneries, il faut que je trouve l'atelier de production. Et là on part sur la visite d'atelier. On fait les premiers protos et en fait, tout le défi, c'est de se dire, il faut que je trouve un atelier qui soit suffisamment fiable pour travailler avec moi, pour comprendre mes attentes et mon exigence de qualité. Une fois qu'on a cet atelier, et je pense que peut-être on aura l'occasion d'en discuter, d'en parler aussi, mais c'est un vrai challenge de tenir sur la durée, c'est un vrai challenge d'éduquer les personnes, à leur dire, en fait, on a un cahier des charges. Et puis une fois qu'on a formé des personnes, qu'on leur a appris en fait ce qu'on attendait, ce qu'on voulait faire, passe à la partie commercialisation. Et donc là, il y a plusieurs façons de voir les choses. Moi, lorsque j'ai démarré, mon ambition, c'était que la marque soit reconnue comme une vraie marque. Et c'est vrai que l'idée, c'était de se dire, il faut que j'aille dans les boutiques. Et donc, je suis passée par des salons comme le Who's Next, par exemple. J'ai fait de la prospection commerciale et c'est comme ça que la marque s'est développée. en trouvant des revendeurs, des boutiques partenaires, des concept stores qui ont vraiment aussi fait ce travail de présenter la marque, de présenter le travail et de faire découvrir tous nos produits à nos premières clientes.

  • Ramata

    Du coup, comme tu parles de la stratégie de distribution, aujourd'hui, tes sacs, on peut les retrouver ou en dehors du site Internet, dont le lien est accessible via le QR code qui est ici.

  • Inaden

    Alors moi, j'ai encore des distributeurs. Il y a une page avec la liste des revendeurs, donc les personnes qui cherchent.

  • Ramata

    Du coup, c'est d'un point de vue géographique, il y en a en France,

  • Inaden

    en Suisse, en Belgique, à l'international. Après, il faut savoir qu'au niveau de tout ce qui est distribution, ça peut bouger aussi souvent parce que les boutiques, elles aiment bien renouveler leur collection. Donc, en fait, de saison en saison, elles peuvent avoir des propositions un peu moins. Donc, voilà. Mais oui, la marque, elle est présente en France et international.

  • Ramata

    Très bien. Toi, je voudrais que tu nous parles de la manière dont tu... Donc, toi, c'est un concept de... Boutique Solidaire, donc, ça va être des stocks d'invendus, notamment, qui, depuis l'Europe et particulièrement la France, vont aller vers Bras-à-Ville, vers Pointe-Noire. Donc, comment est-ce que tu organises tout ça, en fait ? Parce que du coup, c'est, je pense, facile à dire. Mais concrètement, depuis la collecte jusqu'à la distribution, je pense qu'il y a deux, trois places qui sont inexistantes, en fait, en plus. C'est pas comme si tu prenais un circuit qui existait et tu disais, bah oui, la navette... Paris Pointe-Noire,

  • Baptiste

    elle est là. Exactement. D'abord, je vais revenir sur pourquoi j'ai créé ce projet. En fait, c'est vrai que quand j'ai voulu mettre en place la mode européenne, tout a été co-construit avec les locaux. C'est-à-dire que moi, je suis plutôt situé... Donc là, on a l'Afrique de l'Ouest avec Vulfranc, on a l'Afrique de l'Est avec Nathie, et moi, je suis plutôt situé en Afrique centrale. Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors, on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix... accessibles et surtout des produits de qualité parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages et souvent c'est pas forcément des produits de qualité. Moi mon projet finalement le but c'est d'envoyer des produits sélectionnés donc un à un de qualité et les vendre à prix abordable pour toute la population et le projet a commencé par des dons de particuliers parce qu'en 2018 quand je parle de faire une boutique solidaire au Congo c'est vrai que c'est un projet qui en tout cas que je n'avais pas encore vu sur le continent africain. Et j'ai dû avoir la force de mes amis qui sont venus avec des sacs chez moi et j'ai dû récupérer des sacs dans toute l'île de France. Et c'est comme ça que démarre le projet par des dons de particuliers. Et puis par la suite, j'ai accroché avec des marques, donc Vulfran, dont Panafrica avec Vulfran. Merci encore pour avoir cru au projet depuis le début. Vulfran avec la marque Panafrica et d'autres marques. On fait partie des marques qui ont... qui ont créé le projet et qui m'ont fait confiance. Et l'idée, en fait, c'était de se dire, vous avez des prototypes, vous avez des produits peut-être non conformes au cahier des charges, mais qui sont en excellent état. Vous avez des produits qui ont servi à des shootings, vous avez des retours clients qui ne peuvent plus être mis sur le circuit de distribution. Moi, je vais vous proposer avec la mode européenne une solution justement pour revaloriser les stocks dormants, leur trouver un endroit où s'il y a une transparence, parce que c'est important souvent quand on envoie des produits en Afrique, Il faut savoir où ça va. La chance c'est que je suis en France, je suis en Afrique, donc finalement si vous voyagez, vous pouvez voir tout l'ensemble du projet, donc il y a une transparence aussi. Et surtout on cherchait à avoir un impact social en créant des emplois et par la suite finalement on permet à des vêtements qui n'ont plus d'utilité, des chaussures, des accessoires de mode, d'avoir une seconde vie.

  • Vulfran

    Donc le principe est simple, il y a une collecte qui se fait auprès des marques, en essayant d'identifier les produits qui sont adaptés pour chaque pays, aussi bien pour le Congo que pour le Cap-Vert, parce qu'entre le Congo et le Cap-Vert, c'est aussi deux réalités qui sont complètement différentes. Par la suite, on sélectionne un à un les produits. On a des transporteurs avec lesquels on travaille, qui sont des transporteurs qui voyagent comme nous, qui sont aussi en France et aussi dans les pays respectifs. Donc on en voit en fait sous forme de bidons. C'est des bidons de 200 litres qui eux-mêmes... ont une utilité sur place. Par exemple, dans la ville de Pointe-Noire, du jeudi au dimanche, il n'y a pas d'eau dans les parcelles, justement, là où j'habite. Et du coup, ces bidons font office de réserve d'eau pour se doucher, pour faire la vaisselle. Et là, on se situe dans les villes africaines. On n'est pas au village, on est dans des villes peuplées de millions d'habitants. Donc, en fait, même ce contenant dans lequel on envoie les vêtements est réutilisé par les populations sur place. Et donc, on envoie juste ce qu'il faut à raison de deux bidons par pays, deux bidons au Congo, deux bidons en caverne par mois, pour en emmener juste ce qu'il faut et pas se retrouver avec des tonnes de stocks dormants. Parce que finalement, quand on redonne une seconde vie à un vêtement et une chaussure, finalement, on allonge son cycle de vie. Et ensuite, il ne faut pas qu'on se retrouve sur des stocks dormants, post-invendus boutiques en Afrique. Et c'était aussi le but de bien calculer ce qu'on envoie par rapport... au rythme des ventes qu'on fait. Donc l'idée, c'est de vendre des produits après ensuite à bas prix, pour que toute la population puisse offrir un produit chez nous de qualité. Et l'addition de ces petites ventes permet de créer de l'emploi et de couvrir toutes les charges du projet. Donc on a un projet qui est autant financé par le don des marques et qui arrive du coup au Congo à créer 4 emplois et au Cap-Vert à créer 2 emplois permanents. Donc là, c'est vrai que je mets toujours en avant les vendeurs, les équipes de vente qui sont... en boutique, mais il y a aussi les gens du derrière. Par exemple, toutes les mamans qui lavent les vêtements, celles qui repassent. On a un jardinier, parce qu'on a des belles plantes dans les deux magasins, qui vient à chaque fois et qui, tous les jeudis, arrose les plantes et du coup, a son petit quelque chose. Et finalement, le projet, au-delà de ces six employés que je mets toujours en lumière, apporte des ressources financières à plus d'une quinzaine de personnes, tout le mois. Et on avait aussi un objectif avec la mode européenne, c'était de... pouvoir rémunérer les personnes au double du SMIC local. Dans les quartiers populaires dans lesquels on est implanté, il faut savoir que le SMIC local, c'est 70 000 francs CFA. C'est ce qui équivaut à 100 euros. Et en fait, nous, pour ceux qui sont du coup en temps plein, ils vont être payés 140 000 francs CFA, donc à presque plus de 200 euros sans compter les primes. Parce que le but, ce n'est pas de profiter d'une main d'œuvre à bas prix pour faire naître un projet et avoir toute la lumière, mais c'est aussi que le projet puisse leur servir et qu'on se dise, OK, il y a un projet qui est nouveau. par une personne qui vient de l'Europe, mais en fait, c'est un projet qui est vraiment en direction des populations, finalement, et qui sert aux populations.

  • Inaden

    Merci. Toi, Wulfran, je sais que ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est que maintenant, tu vis à la fois entre Abidjan et Paris et plus à Abidjan. Et ce déménagement-là, ça vient traduire une évolution dans l'histoire de Panafrica et la manière dont vous voulez développer l'entreprise. Est-ce que tu peux nous parler des nouveaux challenges que vous vous êtes fixés pour l'entreprise et aussi de l'impact que ça peut avoir vis-à-vis de différentes populations et d'emplois sur le continent ?

  • Baptiste

    Déjà, Baptiste, merci d'avoir remercié. C'est un super projet et c'était normal pour Panafrica d'y contribuer à son échelle. Panafrica est né en 2016. à un moment où personne n'y croyait, faire une basket made in Africa. Je le disais tout à l'heure, c'était un projet qui était un peu fou, assez difficile à mettre en place. On travaille dans quatre pays, du coup, je ne l'ai pas dit au début, mais on travaille au Maroc, au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso pour l'achat des matières premières, transformation des matières premières localement et production locale. On a un sous-traitant aujourd'hui qui est au Maroc, près de Casablanca, qui a un petit atelier qui faisait de la chaussure de sécurité. à qui on a dit tu fais de la chaussure de sécurité, on va t'apprendre à faire de la basket. Donc on a passé des mois avec lui à ses côtés pour apprendre à faire une paire de baskets. Ça nous donnait les premières armes pour construire la marque au début. Ça nous a aussi fait faire beaucoup d'erreurs. Nos premières productions, parce que Panafrica a grandi assez vite au début, on avait pré-vendu 2000 paires de chaussures. Sur les 2000, il y en avait 1000 à mettre à la poubelle parce que les semelles étaient mal collées, etc. Donc on a... un peu mordu la poussière au début. mais on avait cette fierté toujours de co-contrer des projets intelligents dont on était fier et du coup on se remet toujours de nos échecs et nos erreurs. On a appris comme ça petit à petit en montant notre projet sauf qu'on a eu la chance de connaître aussi le succès avec des premiers distributeurs, Galerie Lafayette, Grand Magasin, des magasins indépendants qui sont même là, qui sont en train de m'écouter. qui nous revendent. Aujourd'hui, on a 150 points de vente en France et à travers le monde, dont une cinquantaine sur le continent africain. On y reviendra peut-être, mais on est aussi pas mal distribués aujourd'hui en Afrique, notamment en Afrique de l'Est, Tanzanie, Ouganda, Ilmoris, etc. Et cette croissance, à la fois cette croissance et puis nous, notre vision qu'on a depuis le début. Nous oblige à repenser un peu la manière de faire. Je vis aujourd'hui à Abidjan parce qu'on est en train de monter un gros projet, puisqu'on est en train de financer et de construire une usine de production de baskets en Côte d'Ivoire, à Abidjan, qui va ouvrir ses portes en septembre prochain a priori. Je dis a priori parce que ça peut changer un petit peu, les calendriers sont parfois compliqués à tenir. Mais notre idée, c'était, comme je le disais au début, de faire de la mode un levier de transformation sociale sur le continent africain. On n'avait pas les moyens au départ, ni l'énergie d'avoir notre propre atelier. Aujourd'hui, on a un peu plus de moyens. On a l'énergie, on a des gens qui croient en nous et on a la croissance de marque qui nous permet de voir plus loin, de voir plus grand. Donc, notre idée, c'est de monter notre usine, d'embaucher des gens, de faire les choses bien. c'est-à-dire de former des gens, on va avoir une usine et un centre de formation qui sont en construction actuellement et on va embaucher à peu près 25 personnes dès septembre puis une cinquantaine sur l'année 2025 donc tout ça, c'est un gros projet qui nécessite d'être sur place de suivre donc on part avec mon associé tous les deux à temps plein à partir d'avril et on restera à Abidjan pour suivre ce projet-là et puis on a une équipe à Paris qui... qui suit les affaires courantes et puis moi je reviendrai pour les soirées du Who's Next ? Voilà le projet et donc voilà comment grandit la marque aussi parce qu'à un moment donné on va garder un peu de production au Maroc on va faire nos propres productions en Côte d'Ivoire l'idée étant de monter en cadence de production et demain notre idée un peu plus long terme c'est aussi de produire pour des marques africaines Pas de possibilité de production en Afrique subsaharienne. Il faut savoir que le continent africain est au final assez pauvre en industrie, un peu moins en Éthiopie, notamment sur la chaussure. Notre idée, c'est aussi de dire à des marques africaines qui n'ont pas la possibilité de produire des baskets en Afrique, qui sont obligées souvent de le faire en Asie, de dire qu'en fait, il existe une usine qui est une belle usine, qui emploie des gens en local. qui crée de la richesse, qui crée de la valeur localement. Et vous pouvez produire vos baskets chez nous. Et que derrière, on puisse créer tout un écosystème vertueux pour le continent, en créant de l'emploi, en créant de la distribution nouvelle, etc.

  • Inaden

    Et est-ce que ce dont tu nous parles là, en termes d'évolution de Panafrica, est-ce que c'est quelque chose que tu avais inscrit dans un business plan, genre il y a cinq ans ? Est-ce qu'il y avait vraiment une vision d'un jour, on aura notre usine en Afrique ? Ou est-ce que... ou est-ce que finalement c'est j'ai pas a priori je pense pas que ce soit venu comme ça un matin vous vous êtes dit de la même façon que vous vous êtes dit on va faire des chaussures en Afrique dix ans plus tard on va faire une usine en Afrique peut-être que c'était comme ça en fait au début je pense qu'on y pensait on y pensait secrètement on avait envie de le faire mais on avait pas la possibilité et puis et

  • Baptiste

    puis à un moment donné tu peux pas penser trop grand parce que sinon ton projet il prend jamais forme nous on est un peu pour le coup pragmatique mais il faut commencer par un petit quelque chose et tu te dis bon aujourd'hui on peut pas produire en Côte d'Ivoire c'est pas grave on va le faire ailleurs on va démarrer comme ça, on va apprendre on va apprendre sur le terrain et puis en fait plus ton projet prend forme plus les gens croient en toi, plus toi tu crois en toi même aussi et tu te dis finalement on a réussi déjà à faire ça donc on peut peut-être faire un peu plus et puis tu te prends au jeu aussi, je le dis souvent nous on a monté un projet en partant vraiment de zéro on avait et je mens pas quand je dis ça, on avait 5000 euros en poche quand on a lancé Panafrica... On a réussi à tout créer, à monter une marque qui fonctionne, qui emploie des gens. Et aujourd'hui, on se dit qu'on peut aller plus loin. On est arrivé à un moment où on peut se permettre de faire une levée de fonds pour monter cette usine. Il y a des gens qui croient en nous. On peut aller chercher des subventions parce qu'on a déjà un historique et une expérience qui fait que les gens nous écoutent et se disent que ce sont ces deux gars-là auxquels on ne croyait pas. Au début, ils ont quand même réussi en neuf ans à monter la marque Panafrica, donc ils vont bien réussir quelque chose d'autre. Et du coup, nous, aujourd'hui, on se dit que c'est possible et on sait qu'on va y arriver.

  • Inaden

    J'ai aucun doute, mais du coup je me dis dans dix ans qu'est-ce que vous allez faire ?

  • Baptiste

    Ça je sais pas, on verra.

  • Inaden

    On reviendra, on reviendra à la soirée de Who's Next, on pourra dire ça y est maintenant. Donc Mathie, maintenant la question à toi que j'ai envie de te poser, c'est toi dès le départ, c'est ce que tu évoquais au début, dans la création de tes sacs, c'était important pour toi qu'il y ait un côté frenchy, tu vois parisien, et que ce soit pas connoté en fait. Est-ce que tu peux revenir là-dessus en fait en termes de... Tu as de l'ADN et de storytelling. Pourquoi est-ce que c'était important pour toi ? Et qu'est-ce que ça veut dire pas ethnique en fait pour toi ?

  • Ramata

    Oui, c'est une super question et j'adore quand on me la pose, donc merci. Donc moi, j'ai un attachement, je suis métisse, mon papa vient d'Afrique et je voulais vraiment valoriser cette partie de moi. Et c'est vrai que souvent, quand on parle d'Afrique et quand on parle de mode, on pense wax, on pense tissus colorés, on pense des choses qui sont très marquées, très ethniques. Et je ne vais pas lancer le débat sur d'où vient le wax, mais il y a aussi cette idée de se dire, en Afrique, en tout cas à l'Afrique, les cultures africaines ne se limitent pas à deux, trois clichés qu'on a tous intégrés de manière inconsciente. Moi, j'adore le wax, je dis ça, mais j'adore le wax. Mais je voulais vraiment que ma marque raconte autre chose. Et donc, le parti pris sur lequel je suis partie dès le départ, c'est de me dire, je vais partir sur une marque de sacs que moi, j'aimerais porter, moi, Nathie, que j'aimerais porter tous les jours, avec lequel je serais à l'aise. Et ce n'est pas forcément un sac avec du wax, ce n'est pas forcément un sac avec une forme de carte d'Afrique, par exemple, typiquement sur ce genre de choses, de codes qu'on retrouve très souvent. J'avais plutôt envie de revendiquer le côté j'ai envie de dire qualitatif, raffiné, ce côté un peu intemporel de la parisienne que je suis. Moi, je suis née à Paris. J'adore les bains implantés, mais je suis une vraie parisienne. Et du coup, je suis vraiment partie sur mon premier modèle. C'est celui-ci, c'est un petit sac bourse qui a connu grand succès. C'est vraiment mon sac signature. J'ai énormément de boutiques qui l'ont vendu à tour de bras. Pourquoi ? Parce que c'est un sac que n'importe quelle femme, n'importe quelle citadine peut porter. C'est vraiment le petit sac de tous les jours.

  • Baptiste

    Et en fait,

  • Ramata

    ce qui était très important pour moi, c'était que sur ce sac, ce soit écrit Crafted in Africa Et c'est écrit sur tous nos sacs. Et finalement, là où je considère que j'ai gagné, c'est-à-dire que quelqu'un, une femme qui rentre dans une boutique, qui voit un sac comme celui-ci par exemple, et qui se dit Ah mais il est trop beau, il est canon, j'adore ! et qui dans sa tête a déjà finalement inconsciemment décidé que c'était fabriqué en Italie, quand elle retourne le sac et qu'elle voit que c'est écrit Crafted in Africa with love il se passe quelque chose dans sa tête. Moi c'est ce que je constate dans le regard de toutes les femmes qui discutent et qui me disent Ah oui, c'est fabriqué en Afrique et là on peut commencer à discuter. Là on peut commencer à expliquer que bah oui, il y a des talents en Afrique, que oui, il y a des ressources en Afrique et que oui, Un sac comme celui-ci, qui a un style plutôt parisien, plutôt à la française, il peut être fabriqué là-bas. Donc vraiment, le parti pris de ma marque, il est de venir un peu réaliser ce shift dans l'esprit des personnes, de dire que l'Afrique ne se résume pas au wax, l'Afrique ne se résume pas à une mode ethnique. Il y a des designers qui sont hyper talentueux, qui font des choses magnifiques, qui se retrouvent sur la scène internationale. Et je m'inscris vraiment dans cette vibe. C'est-à-dire que moi, je suis métisse. Il y a une part d'africanité chez moi et je l'adore, je la respecte, je l'honore. Mais je veux aussi honorer ce métissage qui fait que j'aime les choses qui sont plutôt intemporelles, qui sont à la française, qui sont raffinées, qui sont qualitatives. Et c'est vraiment ce que j'ai voulu incarner avec la marque et je pense qu'on a plutôt réussi.

  • Inaden

    Je crois aussi. Du coup, ça me donne une bonne transition pour toi, Baptiste. Cette fois-ci, tu ne t'es pas jeté sur le micro. Je sais qu'au départ, dans les boutiques au Cap-Vert et à Braza, l'idée, c'était vraiment de proposer des stocks d'un vendu et de les proposer à prix accessible. Donc, quand tu parlais des prix tout à l'heure, j'ai envie de revenir sur le fait que tu as regardé le marché local pour proposer des niveaux de prix qui soient cohérents pour les populations locales. Et là, ce que tu as commencé à intégrer aussi, c'est des produits. qui sont fabriqués par des créateurs africains. Est-ce que tu peux nous parler de cette évolution-là dans la proposition au sein de tes boutiques ?

  • Vulfran

    Exactement. Je vais revenir sur ce que je disais tout à l'heure en début de propos. C'est vrai qu'en Afrique centrale, la mentalité est un petit peu différente. En Afrique centrale, il n'y a pas cette mise en avant du savoir-faire congolais ou du savoir-faire caméronais ou du savoir-faire gabonais, alors qu'il y a des artisans qui font de très belles choses. Et c'est vrai que dans l'esprit, lorsque j'ai posé les questions, voire dans la boutique, on m'a à chaque fois dit des produits de là-bas. des produits de l'Europe. Mais dans ma tête, j'avais envie quand même de faire découvrir, tant bien que mal, des produits aussi faits en Afrique. Mais je devais passer par une transition assez douce. En Afrique centrale, je devais vraiment prendre le temps d'y arriver. Donc, j'ai commencé par les invendus des marques, la seconde main. Ensuite, les invendus des marques. Par la suite, j'ai fait rentrer des créateurs africains. Au Congo, il y a quatre créateurs dans la boutique, donc deux créateurs qui viennent du Congo, un béninois et un ivoirien, qui proposent leur collection dans la boutique de la mode européenne, moyennant juste un loyer symbolique. Et c'est une révolution parce qu'en fait, je rejoins un petit peu ce que tu dis, justement, il y a un créateur ivoirien qui fait des chemises type façonnable. Et c'est vrai que les Congolais, quand ils rentrent dans la boutique, ils veulent les chemises... raflorene, façonnable, et là je leur dis il y a des arrivages, essayez de voir un petit peu. Et donc en fait ils retournent et ils ne voient pas un nom Europe. Donc au départ ils ont un peu peur, ils ne font pas confiance, et je leur dis mais si, si, si, en fait ce sont juste des chemises fabriquées en Côte d'Ivoire, mais la qualité est incroyable, essayez-le. Il faut savoir qu'au Congo, quand quelqu'un achète un vêtement, il peut passer une heure à l'essayer, à se tirer dans tous les sens, pour juste voir si la qualité est là, et moi ça me fait toujours rire, parce que même... Si le produit coûte 5 euros, 6 euros, ils vont passer une heure à vérifier couture par couture pour voir si ça va tenir la route. Et en fait, j'ai introduit ces produits et finalement, ils m'ont dit mais en fait, c'est encore mieux que façonnable. Je ne suis pas là pour vous dire que vous devez consommer africain, vous devez consommer des marques européennes. Juste, essayez d'ouvrir votre esprit. Vous dire que vous êtes au Congo, on vous propose des marques européennes, mais il y a aussi des créateurs sur le continent africain qui font de très belles choses, et vous pouvez même mixer les deux. Comme on le voit en Corée, souvent on a des Coréens qui peuvent porter des jeunes créateurs, des marques de luxe, c'est aussi l'idée de mixer un petit peu tous les genres. Et au final, c'est un créateur qui a cartonné. On a fait sold out sur toutes les chemises qu'il a proposées à la boutique, et il nous en redemande encore, on veut le créateur, il va en avoir. Donc maintenant... Ils ont compris, en tout cas dans le quartier où je suis, qu'il y a aussi des belles choses qui vont être faites en Afrique. Et je reviens avec une exclue aussi, c'est que dans cette transition douce, je prévois pour 2016 de créer une marque de la mode européenne, constituée de stocks dormants européens avec le génie créatif congolais. Donc en fait, l'idée, c'est de travailler, retravailler des pièces, donc mettre en avant l'upcycling congolais. à travers des produits de stock dormant que je vais ramener au Congo. Donc ça, c'est l'ambition du projet La Mode Européenne, donc la continuité pour cette transition douce.

  • Inaden

    Très bien. Merci beaucoup. Du coup, tu as devancé ma prochaine question qui était vraiment liée à vos next steps, en fait, c'est-à-dire demain, ou est-ce que vous allez, en tout cas, l'année 2025, comment elle se profile pour vous ? On est au début de l'année, c'est en général... à un moment où on s'établit le programme de quelles vont être les principales nouveautés, nouvelles collections ou autres. Donc, c'était l'idée que chacun d'entre vous nous partageait ça. Donc, toi, tu as déjà parlé.

  • Vulfran

    J'ai une autre... En fait, hier, j'étais avec...

  • Inaden

    C'est un truc qui date d'hier.

  • Vulfran

    Ouais, c'est ça. En fait, il y a une boutique au Congo et il y a une boutique au Cap-Vert. Et en fait, il y a un ami d'enfance qui nous a accompagnés dans tout le début du projet, qui est d'origine du Camerounais. Donc en fait, la boutique avait été créée administrativement au Cameroun depuis 2021. Il s'avère qu'avec cet ami-là, il a changé de direction, on a mis le projet en stand-by et en fait, hier, on s'est revus, on se voit souvent. Et il m'a dit qu'il allait au Cameroun là en février. Donc je vais aller au Cameroun avec lui pour justement préparer le terrain pour la troisième boutique solidaire au Cameroun qui va arriver en 2026. Voilà, c'est l'exclu de la mode européenne.

  • Inaden

    Merci beaucoup, super, on a eu trop d'exclus de l'aveu d'Auréthène ce soir. Du coup, Nathie et Luc-Franc, vous avez des exclus ou pas ?

  • Ramata

    Moi, je n'ai pas d'exclus qui datent d'hier, du coup là, ça va être difficile de faire mieux. Non, je n'ai pas spécialement d'exclusivité, par contre, je pense qu'on est quand même dans un tournant en termes de consommation. Je pense que les personnes, en tout cas, de plus en plus de personnes s'intéressent aux marques, cherchent à... à acheter des pièces qui ont des histoires, qui sont de qualité. Et c'est vrai que moi, ça fait quand même quelques temps que je réfléchis à ça. La marque, elle a beaucoup, en tout cas sur les premières années, elle s'est beaucoup appuyée sur ses revendeurs. On a eu jusqu'à 150 points de vente, France et international. Il y a eu un repli avec le Covid. Le Covid a quand même fait beaucoup de mal au secteur du retail. Moi, ça m'a amenée quand même à me questionner aussi sur comment je tire profit de cette situation, cet impact. Et ça fait quand même un certain temps que je teste tout ce qui est précommande. Et c'est vrai que c'est un modèle que j'aime beaucoup, qui offre de la liberté en termes de création aussi, qui permet de co-créer, de fidéliser. Moi, j'ai la chance d'avoir des clientes qui connaissent la marque depuis des années ou même celles qui sont plus récentes, qui vraiment adhèrent au projet. Elles n'achètent pas juste un sac quand elles viennent chez Inaden, il y a cette envie de participer, à raconter une autre histoire, à participer à cet empowerment du continent, de cette Afrique qu'on aime. Et vraiment, moi je m'inscris, en tout cas l'année 2025 va s'inscrire dans comment je peux vraiment m'approprier ce modèle de précommande et impulser cette dynamique au sein de la marque. Donc c'est vrai que j'avais un fonctionnement très traditionnel auparavant où on fonctionnait... saison par saison, collection par collection, donc c'est un vrai gros rythme. Moi, je suis plutôt dans une démarche de faire ce qu'on appelle du slow business, de me dire, OK, on va plutôt essayer de sortir un ou deux modèles par an, mais de le faire de manière intelligente, d'être dans de la co-création, de vraiment faire les choses bien, peut-être pourquoi pas de monter encore le curseur en termes de qualité, de ce qu'on a à offrir, mais de produire peut-être moins. Voilà, moi vraiment, c'est plutôt vers ça que je m'inscris. Et je trouve que ça a beaucoup de sens par rapport à la façon dont on consomme aujourd'hui. Mon objectif, c'est d'avoir le moins d'invendus possible, par exemple. Parce que quand on est une marque, mais vu le front, tu connais ça aussi, on a des minimums de production, on a aussi des fois des pièces qui ont des défauts, qui ne sont pas vendables, on se retrouve avec du stock. Et le stock, c'est de l'argent qui dort, en fait, tout simplement. Et l'idée, c'est de se dire comment on réduit ça et on reste dans l'éthique, dans la démarche qu'on défend depuis le début et qui aussi répond aux besoins des personnes sur le marché. Et je pense que les personnes aujourd'hui, elles sont prêtes à attendre, elles sont prêtes à patienter et elles sont prêtes aussi à financer des produits, des marques qu'elles aiment parce que ça a du sens pour elles. Et donc, clairement, 2025, pour moi, c'est un peu cette année charnière où on va rentrer dans une phase un peu slow, mais où on va essayer de faire les choses de manière plus intelligente, plus qualitative et d'être encore plus en phase avec nos valeurs.

  • Baptiste

    Du coup, vous l'avez compris, changement de vie pour nous, puisqu'on part en Côte d'Ivoire définitivement. On ouvre une usine sur place.

  • Inaden

    Et tu nous invites ?

  • Baptiste

    Je vous inviterai quand tout sera mis en place. En tout cas, l'an prochain, c'est les 10 ans de Panafrica. Donc, je trouvais que c'était bien pour les 10 ans d'ouvrir notre usine. On verra ce qu'on fera pour les 20 ans. Mais en tout cas, gros challenge à venir. Je le redis, c'est dans un pays qui n'a pas d'industrie de la chaussure. Donc, en fait, au-delà d'ouvrir une usine, c'est comment on forme les gens. Donc, nous-mêmes, on est en train de se former en ce moment en France pour comprendre comment doit tourner une usine, comment fonctionnent les machines, comment former des gens, etc. Donc, après, il y a toute une partie... Sur la formation, il y a un challenge pour nous qui est aussi forcément de gérer une marque comme PanAfrica à distance en étant en Côte d'Ivoire avec des équipes en France. Donc avec toute la restructuration de la marque que ça nécessite pour vivre les choses sereinement et être un petit peu à la fois sur la partie industrielle et en même temps sur la partie commerciale de la marque. Et puis nous, après, pas d'exclus non plus. Incroyable, mais on est aujourd'hui. On a fini une année avec 40% de croissance, dans un moment où beaucoup de marques souffrent.

  • Inaden

    Ça, c'est Vulfranc quand il dit qu'il n'y a pas d'exclus incroyables. On a fait du double digit en croissance de chiffre d'affaires.

  • Baptiste

    Donc, là où beaucoup de marques souffrent, non mais j'en parle parce qu'on parle du Made in Africa, mais le Made in Africa aussi, il faut le savoir. Parfois, l'Afrique, effectivement, ne fait pas rêver. Tu en parlais au début, on apporte beaucoup de négatifs quand on parle de l'Afrique, etc. Mais en fait, on prouve, je pense, à travers... nos différents projets, que l'Afrique est un continent incroyable d'opportunités, de savoir-faire. Et qu'en fait, aujourd'hui, je trouve que les choses sont quand même en train de changer dans le regard des gens aussi, que les gens peuvent porter sur des produits made in Africa. Et qu'en plus, ça apporte un petit côté, une histoire, un marketing forcément sur lequel on travaille, mais qui permet de porter la marque au-delà d'une simple marque commerciale. Nous on n'a pas fait les choses pour faire de l'argent au début, tu l'as dit, même si une marque doit faire de l'argent, si on voulait faire de l'argent on irait faire nos baskets en Asie, on irait acheter notre coton en Asie et on ferait tout en Asie. Ça nous coûterait beaucoup moins cher, ça serait... Beaucoup moins de stress, mais il y a aussi beaucoup moins d'histoire. Et je pense que cette histoire-là, elle a fait grandir Panafrica, elle a fait grandir Inaden, elle a du fier. Et nos clients, les consommateurs, aujourd'hui, quand beaucoup de marques souffrent, finalement, des marques comme Panafrica arrivent un peu à tirer leur épingle du jeu parce qu'on offre autre chose qu'une paire de baskets. On offre une philosophie, on offre des valeurs, on offre une histoire, un imaginaire, des projets. Et je pense que du coup, ça donne vraiment un souffle nouveau dans le domaine de la mode. Et c'est pour ça qu'on s'en sort, qu'on est encore vendu dans des magasins qui prennent de moins en moins de risques. C'est parce qu'en fait, Panafrica raconte une autre histoire. Et là, on est en ce moment, je fais concurrence à Woosnext, mais on expose à Maisons et Objets. Et on a fait des super journées depuis hier parce qu'en fait, il y a... Beaucoup de concept stores qui viennent nous chercher parce qu'ils ont besoin d'histoires différentes, de produits différents, de compléments d'offres qui racontent autre chose. Et c'est grâce à ça qu'on est encore là aujourd'hui et donc je le mentionne. Donc pour l'an prochain, on compte grandir. On a 150 points de vente, on en vise 300 d'ici deux ans. Donc ça nécessite encore pas mal de travail.

  • Ramata

    Très bien.

  • Inaden

    On arrive à la fin de cet échange. Est-ce que vous avez des questions ?

  • Ramata

    Merci pour vos partages d'expérience. Je trouve que vos projets portent de très belles valeurs. La question que j'aimerais vous poser, c'est est-ce qu'aujourd'hui dans vos business models, vous arrivez à intégrer des questions environnementales ? Notamment quand on sait qu'il y a des pays, quand on regarde les modèles bangladais et chinois, où on voit qu'il y a beaucoup de pollution. Est-ce que c'est des questions que vous arrivez à intégrer aujourd'hui ? Et aussi notamment peut-être au niveau des ressources ? Le coton, on sait que ça utilise beaucoup d'eau et l'Afrique et notamment au Burkina sont soumis à énormément de contraintes environnementales, de sécheresse, potentiellement de tensions sur l'eau. Est-ce que c'est des choses que vous arrivez à intégrer aujourd'hui dans votre business model ?

  • Baptiste

    Je vais commencer par répondre assez rapidement, je t'aurai peut-être des choses à dire aussi. En tout cas, nous, sur la partie environnementale, forcément, c'est un des enjeux. Même si au départ, Panafrica a été créé, je l'ai dit au début, nous, on avait vraiment envie d'avoir un impact social avant tout. Deux, après, sont très liés. Pour répondre rapidement sur le coton, le Burkina Faso offre un coton d'extrêmement grande qualité, qui est un coton fair trade biologique, qui ne nécessite pas d'eau. au-delà de la pluviométrie du pays où c'est produit, et qui est un coton qu'on utilise, qui est tissé sur un métier à tisser, qui n'excite pas d'électricité. Donc sur ces sujets-là, on essaye de faire les choses bien. Je pense qu'il y a toujours, moi je le dis toujours, on n'est pas les meilleurs, je pense qu'on peut progresser, après nous on utilise énormément de matière pour le coup, recycler, donc... Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que ce n'est pas forcément intéressant pour tout le monde, mais vous pourrez me poser vos questions après ou regarder sur notre site internet. Par exemple, tous nos intérieurs doublures de baskets sont en polyester recyclé. On n'utilise que du coton biologique et fair trade. On a des semelles en partie qui sont composées à 30% de caoutchouc recyclé. Donc il y a des choses qui sont intégrées dans les process de production pour avoir un impact environnemental moins important qu'une basket classique. Après, nous, dans notre domaine, ça reste encore, et je le dis, le meilleur moyen de ne pas polluer, c'est de ne pas acheter ou d'acheter des produits de seconde main ou de ne pas produire, mais en tout cas acheter des produits de seconde main, etc. Après, moi, ce que je mets en avant, c'est qu'une basket de Panafrica, elle est faite pour durer. C'est que les clients restent avec leur basket, sont contents de les porter. qui puisse les porter plusieurs années d'affilée. Et ça c'est notre plus grande réussite. On a des clients aujourd'hui qui ont des baskets, parfois même moi, je les porte beaucoup. Je dis pas ça pour faire ma pub, mais il y a des paires, ça fait trois ans que je les ai.

  • Inaden

    Un peu quand même.

  • Baptiste

    Je les porte énormément. Après, bien sûr, je fais ma pub. Si vous voulez acheter une paire de baskets, n'achetez pas d'Africa plutôt qu'une autre marque. Mais voilà, je pense qu'après, c'est aussi sur comment tu crées ton produit pour que ton produit soit durable.

  • Vulfran

    Est-ce que je peux compléter ma question peut-être ? Oui. Du coup, ça veut dire, est-ce que vous arrivez aussi à prendre en compte la fin de vie de vos produits ? C'est-à-dire, est-ce que vous arrivez à dire à vos clients, quand vous achetez une paire de Pan Africa, c'est pour la vie ? Est-ce qu'ils la jettent derrière ? Et s'ils la jettent, comment c'est recyclé ? Est-ce que c'est recyclable ? Toutes ces questions-là. Parce que la question que je me pose, je me dis... Le secteur de la mode se développe, en même temps dans le monde aujourd'hui c'est quand même 140 milliards de vêtements qui sont produits à l'échelle mondiale, c'est 10 milliards de vêtements par personne, c'est beaucoup. Et en fait du coup ces vêtements-là, si on continue à en produire, qu'est-ce qu'on en fait en fait ?

  • Inaden

    Je vais répondre rapidement pour ne pas me monopoliser à parole sur la partie environnementale. En tout cas, ta question elle est centrale, c'est la question de la fin de vie d'un produit quand tu as une marque de mode. Et de toute manière aujourd'hui, c'est une obligation légale en fait quand tu as une marque de penser la fin de vie de ton produit. PanAfrica, nous on a mis en place un système de récupération des paires usagées. Pour moi le principal sujet c'est vraiment durabilité, donc c'est éco-conception. C'est comment tu penses un produit au départ pour qu'il soit le plus durable possible dans le temps, ça c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est de te dire, est-ce que mon produit est réparable ? Parce que recyclable, c'est toujours un petit peu, il faut faire attention à ça, parce que recyclable, c'est pour récupérer les paires, les broyer au Portugal, renvoyer... Au final, l'impact environnemental est plus fort, limite, que si on produisait une paire neuve. Donc il y a aussi beaucoup de ringwashing sur ces questions-là. Moi, ce que je pense, c'est que la paire doit être éco-conçue, et derrière, elle doit être facilement réparable. Après, aujourd'hui, dans le domaine de la basket, ça reste un sujet assez complexe et qui coûte cher. Donc voilà pour ma réponse. On essaie de le faire, mais on n'y arrive pas toujours.

  • Baptiste

    Je peux apporter aussi mon point de vue pour répondre à ta question, parce que je pense que la question des matières, de l'environnement, quand on est une marque de mode, aujourd'hui, on ne peut pas faire l'impasse. Moi, j'ai une marque de maroquinerie. en cuir véritable, puisque je sais qu'aujourd'hui il y a la tendance à la maroquinerie vegan. Moi je suis un peu comme Wulfranc, je n'ai pas créé une marque pour créer une marque, l'idée pour moi c'est d'avoir un impact, un impact économique en Afrique. Et donc typiquement quand aujourd'hui par exemple des personnes viennent me voir pour me dire mais tu te dis marque éthique, en tout cas tu dis que tes produits sont éthiques, mais tu fais appel à du cuir, c'est pas du tout éthique, il y a le vegan, etc. Il y a deux choses. La première chose, c'est qu'il faut savoir que l'Ethiopie est quand même l'un des pays précurseurs par rapport aux questions environnementales sur tout ce qui est tannage. C'est-à-dire qu'il y a eu un nombre incalculable de tanneries qui ont été fermées parce qu'il y a eu une réglementation locale qui a été vraiment durcie. Il y a eu énormément de contrôles. Donc moi, quand j'ai démarré mon projet il y a à peu près 11 ans, il y a eu une hécatombe au niveau des tanneries de la filière qui était déjà existante et qui existait depuis... des années et qui se portaient très bien. Mais justement, pour protéger l'environnement, pour éviter qu'il y ait des dérives, il y a une réglementation locale. Aujourd'hui, je travaille principalement avec des tanneries qui sont certifiées ISO environnement. Il y a quand même cet engagement que le processus de fabrication soit respectueux de l'environnement et aussi des travailleurs, puisque ça touche aussi à tout ce qui est composition. Pour faire du cuir, il faut... Il faut quand même des composés chimiques. Il y a aussi cet impact avec les personnes qui sont au contact des matières pendant leur transformation. Ça, c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est que moi, dans ma vision, en tout cas par rapport à ce que je vois pour Inaden et ce qu'on sera demain, c'est qu'on restera sur le cuir. Je n'irai pas sur la tendance vegan tant qu'il n'y a pas de matières, je dirais, vegan à proprement parler, qui sont produites en Afrique. Ça n'a aucun sens pour moi d'aller importer... en Afrique, sur mon lieu de production, des matières qui seraient fabriquées ailleurs, alors qu'on a une ressource qui est issue elle-même de l'upcycling, puisque le cuir c'est quand même le premier acte d'upcycling de l'humanité. Je veux dire, si on s'habille aujourd'hui, c'est parce qu'à un moment donné, un jour, il y a des hommes des cavernes qui ont chassé, qui ont cherché à transformer les peaux en vêtements. Donc l'upcycling, le cuir, c'est vraiment le premier acte d'upcycling de l'humanité. Donc moi, les cuirs que j'utilise, ils sont issus d'une filière de revalorisation, de rebut, de pot. Et donc finalement, c'est parfaitement logique dans mon esprit, dans la démarche de la marque, d'utiliser des cuirs qui sont issus d'une industrie locale africaine et de les transformer sur place. Donc dans ce cheminement-là, dans cette réflexion-là, pour moi, ça a du sens de continuer à proposer du cuir. Et en plus, ceux-ci sont issus de tanneries qui sont certifiées. Donc vraiment, il y a cette conscience qui est là. Et là où je rejoins Wulfranc... C'est que pour moi, en tout cas dans la mode, c'est vrai que si on ne veut pas polluer, si on a cette éthique, on ne consomme pas de mode tout simplement, on va vers la deuxième main, etc. Mais le plus important, c'est quand on conçoit le produit et s'il est réparable. Et effectivement, moi, je fais le choix quand j'imagine les collections, quand on les fabrique, de se dire, ok, est-ce qu'il y a de la complexité sur le produit qui fait qu'il est difficilement réparable ? Moi, dans quasiment 98% de ma collection, par exemple, n'est pas doublé. Ça veut dire que... demain vous avez une couture qui lâche, ça peut arriver après des années où le sac est porté, manipulé, vous allez chez le cordonnier, il fait trois points de couture, votre sac vous repartez avec. Le cuir est une matière par définition qui est très résistante. Donc oui, elle peut se patiner, etc. Mais il existe des soins, il existe des solutions pour redonner une nouvelle vie au produit. Donc là où je rejoins parfaitement la logique, le point de Vulfranc, c'est de se dire finalement ce qui est important, c'est pas tant comment on va... On va recycler le produit, mais c'est comment on fait pour que ce produit vive le plus longtemps possible et dans quelle mesure il est réparable.

  • Ramata

    Merci beaucoup. On arrive à la fin de cet échange. Je vous remercie beaucoup pour votre attention. Vous pouvez bien sûr, je pense qu'ils vont rester un petit peu avec nous, même si ce n'est pas dans l'espace, pour pouvoir répondre à d'éventuelles questions. En tout cas, ça fait un plaisir de partager ce moment avec vous. L'intégralité de l'échange sera disponible sur le podcast Africa Fashion Tour. Donc, pas demain. Mais en tout cas, je récupère la bande, je fais un petit montage et vous pourrez avoir accès à l'audio et le partager. Merci beaucoup, à très bientôt. En Afrique ou ailleurs. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation des invités

    00:00

  • L'importance du Made in Africa dans la mode

    00:11

  • Les défis et opportunités de la production locale

    00:28

  • Conversations sur les expériences de voyage en Afrique

    01:39

  • Le lien entre mode et transformation sociale en Afrique

    02:14

  • Les projets et ambitions des entrepreneurs en 2025

    02:49

  • Conclusion et réflexions finales sur l'avenir de la mode en Afrique

    04:50

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Description

Comment bâtir des success stories en Afrique ?


Je vous propose de (re)découvrir les marques Panafrica, Inaden et La Mode Européenne à travers un épisode de podcast inédit. Pour la première fois, le podcast a été enregistré en live dans le cadre du Forum Impact du salon WSN.

 

Une occasion unique pour échanger avec Natty Ngoy, Vulfran De Richoufftz et Baptiste Lingoungou comprendre comment ils ont relevé le défi de créer des entreprises prospères et engagées entre la France et  l’Afrique.


Chacun d’entre-eux a transformé un projet auquel peu de gens croyaient au départ en réalité. Ils sont parvenus à créer des entreprises à impact positif, tout en valorisant le savoir-faire local et en s'engageant pour un développement durable.


Cet épisode est une véritable masterclasse  pour tous les entrepreneurs qui souhaitent s'inspirer de ces modèles de réussite et contribuer au développement de l'Afrique.


Durant cette conférence que j’ai eu plaisir à modérer, ils ont partagé les défis et les solutions qu'ils ont trouvés pour atteindre leurs objectifs. Ils ont aussi dévoilés quelques grandes annonces en exclusivité.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vulfran

    Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France, qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique, parce que ça nous paraissait important, d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain.

  • Inaden

    J'étais convaincue qu'il était possible, de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du Made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources.

  • Baptiste

    Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix accessible et surtout des produits de qualité, parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages. Et souvent, ce n'est pas forcément des produits de qualité. Moi, mon projet, finalement, le but, c'est d'envoyer des produits sélectionnés, donc un à un, de qualité, et les vendre à prix abordable pour toute la population.

  • Ramata

    Bienvenue dans cette édition inédite du podcast Africa Fashion Tour. Cet épisode a été enregistré en live lors du salon Who's Next de janvier 2025. Pour la première fois, l'épisode réunit. trois entrepreneurs pour une véritable masterclass sur les business models vertueux en Afrique. Je vous laisse découvrir les histoires des marques Inaden, Anafrica et la mode européenne et j'en profite pour remercier les invités et les équipes de Yousnext. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.

  • Aujourd'hui, on va se déplacer de Porte de Versailles à Abidjan, Addis Ababa. On va aller au Congo, on va aller à Cabo Verde, on va voyager. Et donc, j'ai trois personnes de choix avec moi pour pouvoir faire ce voyage avec vous. Il faut vraiment oublier Porte de Versailles, il faut vraiment se dire Abidjan. Il est dit que Abidjan est le plus doux au monde. Est-ce que vous vous rendez compte ? On dit de cette ville... Abidjan est le plus doux au monde. Donc on va essayer pendant une heure de voyager, d'aller à Abidjan. Donc avec moi, aujourd'hui, je suis en compagnie de trois entrepreneurs qui ont fait le choix ambitieux de développer leur marque entre la France et l'Afrique. L'idée, c'est que moi ce que j'aimerais, c'est qu'on commence vraiment par cette idée de voyage. Donc chacun nous raconte un peu. C'était quand leur dernier voyage en Afrique et s'ils ont une anecdote un petit peu intéressante à nous raconter. Donc, on va commencer par Nathie, puisque honneur aux dames. Donc, est-ce que tu peux nous parler de ton dernier voyage ? Et puis, qu'est-ce qu'il y a eu d'intéressant que tu pourrais partager avec nous ?

  • Inaden

    Oui, bien sûr. Bonjour à tous, je suis ravie d'être là. Donc, moi, je vais régulièrement à Addis Abeba en Éthiopie, puisque j'ai ma marque qui est fabriquée là-bas, ma marque de sac. Donc, ça fait maintenant 11 ans que je fais régulièrement des allers-retours. Mon dernier voyage date de l'année dernière, parce qu'entre temps je suis devenue maman, donc j'en fais moins des voyages. Mais si je devais partager un souvenir par rapport à Addis Abeba... Ce serait plutôt au niveau de mon premier voyage. La première fois que je suis arrivée là-bas, j'ai débarqué un samedi matin, je connaissais mes personnes. Je suis partie là-bas toute seule. Et en fait, ce que j'ai découvert là-bas, c'est la gentillesse des personnes sur place. Il faut savoir qu'en Afrique, il n'y a pas forcément de numéro de rue, ce n'est pas forcément hyper évident de se retrouver, de se localiser. Et Addis Ababa, c'est vraiment une énorme, énorme ville. C'est hyper dense, il y a beaucoup de construction partout. Et ça, c'était il y a... il y a déjà plus de dix ans. Et ce qui est hyper chouette, quand on arrive là-bas et qu'on cherche un endroit, on peut demander à n'importe qui, voilà, j'aimerais aller à tel endroit. Et ce qui m'a le plus frappée, en tout cas la première fois, c'est que j'étais complètement perdue, je n'osais pas demander. Et quand j'ai posé la question, on m'a carrément prise par la main. C'est-à-dire qu'il faut imaginer, les personnes ne me connaissent pas, je suis un peu perdue, je n'ose pas trop dire je dois aller à tel endroit. Et là, il y a un Éthiopien, hyper gentil, le sourire aux lèvres, il m'a dit viens, come with me il a pris ma main, alors il faut imaginer moi je suis parisienne, ça n'arriverait jamais à Paris il a pris la main, on a fait je sais pas combien de tours de pâtés de maison et tout, je me suis dit mais où est-ce qu'il m'emmène ? et en fait non, il m'a emmené vraiment à mon rendez-vous c'était juste incroyable et c'est vrai que ce que je retiens, parce que l'Ethiopie c'est très beau il y a beaucoup de très beaux pays en Afrique mais vraiment c'est la gentillesse des personnes et ça vraiment c'est quelque chose... Il faut le vivre, il faut l'expérimenter. Et en tout cas, moi, j'ai la chance, à chaque fois que je suis allée, et je ne sais pas que j'y vais, de retrouver vraiment cet accueil. Vraiment cet accueil.

  • Ramata

    Merci beaucoup pour ce premier partage, Nathie. Maintenant, on va demander à Baptiste de nous faire un petit partage d'expérience. Alors, il ne faut pas rebondir sur la gentillesse, on a compris. On sait que les Africains sont gentils.

  • Baptiste

    Je vais innover.

  • Donc, je te remercie. Quand tu sais déjà que tu ne devras pas répéter ce que Nathie et Baptiste ont dit.

  • Baptiste

    Alors moi c'est Baptiste Ligungu, je suis fondateur de La Mode Européenne, on crée des boutiques solidaires en Afrique. Alors donc moi la dernière fois que je suis allé en Afrique c'était en... j'en reviens en fait, c'était en novembre 2024 mais mon souvenir que j'aimerais vous partager aujourd'hui c'est un souvenir qui date de mon voyage en 2023 avec mon association La Mode Européenne donc on crée des boutiques solidaires mais on a aussi des actions... humanitaire et notamment on est d'un foyer donc un orphelinat au Congo Brazzaville plus précisément à Pointe-Noire. A un moment donné on fait du coup une distribution, il y a toute une journée qui est organisée et là en fait on se rend compte que les orphelins ont aussi une surprise pour nous et en fait la surprise c'était qu'ils voulaient nous faire nous partager leurs talents donc il y avait des danseurs, il y avait des chanteurs aussi et là il y a un jeune de 14 ans qui arrive et qui propose du slam, du rap. Et surtout, il dit une phrase très importante qui m'a marqué. Il m'a dit, il y a beaucoup de gens qui viennent à l'orphelinat, qui viennent nous aider, qui nous donnent des choses. Mais personne, en fait, nous demande quels sont nos rêves, qu'est-ce qu'on veut devenir et comment, justement, comment je peux vous aider dans ce rêve. Et il s'avère qu'il était hyper talentueux. Mais moi, j'ai... totalement, il m'a ambiancé, j'étais vraiment dans une belle ambiance avec lui et en rentrant à Paris, j'en parle avec un pote à moi qui est dans la musique, je lui fais écouter des sons et il accroche totalement et il me dit il faut l'aider en fait, il faut pouvoir faire en sorte qu'il puisse accomplir ses rêves et donc cet ami à moi qui n'est pas du tout africain est venu avec moi du coup de septembre à novembre pour le projet du petit Bissane il s'appelle... pour produire justement l'artiste en studio, etc. Et il s'avère que de par cette phrase qui m'a touché, de par cette action en premier de don, finalement, de par cette phrase aussi, on a un petit jeune de Pointe-Noire qui est en train d'accomplir son rêve grâce à un ami à moi qui est dans la musique et qui est en train de le propulser. Donc voilà, c'est un petit peu l'anecdote que j'avais racontée.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Ça va être à ton tour maintenant, Vulfranc. Tu vas nous parler d'Abidjan. Merci.

  • Vulfran

    Je ne sais pas si je vais parler d'Abidjan. En tout cas, merci. Je suis Wulfran, rapidement fondateur de la marque de basket Panafrica. Marque de basket qui a la particularité d'être fabriquée en Afrique, sur le continent africain, à travers différents pays. Donc, pour répondre à ta première question, forcément, je voyage beaucoup sur le continent africain, dans différents pays. Là, ça me donne envie de visiter les pays où vous produisez, où vous vendez, etc. Que je connais moins, mais moi, je suis beaucoup en Afrique de l'Ouest. Et... Peut-être un des voyages qui m'a le plus marqué, c'est un voyage qui s'est plutôt passé au... Alors pour la petite histoire, moi j'habite en Côte d'Ivoire du coup, et un petit peu à Paris, mais plutôt en Côte d'Ivoire. Mais un voyage qui m'a marqué, c'est un voyage au Ghana, il y a quelques années, parce qu'on partait avec mon associé du coup, pour trouver un atelier de fabrication de batik. Donc le batik, c'est une technique ancestrale, qui est une impression à la cire sur tissu, donc vraiment de l'artisanat en Afrique qui est au Ghana. On cherchait quelqu'un qui faisait du batik, donc on est tombé sur une femme qui s'appelle Esther, qui est devenue au fil du temps, ça fait 5-6 ans maintenant qu'on la connaît, qui est devenue une amie de la marque et qu'on voit toutes les années. Et en fait, on a commencé à travailler avec elle et un beau jour, il y a Agnès B, une grande marque française que vous connaissez peut-être, qui est venue nous chercher pour faire une collaboration avec Panafrica et qui voulait utiliser du batik. Donc on est allé voir Esther, on a dit Esther, voilà, elle travaillait dans son garage avec sa fille, et puis il y avait deux employés, donc c'était un tout petit atelier, près d'Akra, et on dit à Esther, il y a Agnès B, mais elle ne savait pas qui était Agnès B, on dit il y a Agnès B qui veut faire deux paires de Panafrica Agnès B, avec du batik, propose-nous des choses, donc on a vraiment cherché à co-construire quelque chose avec Esther, qui tout d'un coup passait de l'ombre à la lumière, on a envoyé, elle a proposé ses motifs, etc. Et on a proposé ça. Finalement, je fais un petit peu vite, mais finalement, la collaboration est sortie. Les paires étaient revendues, ont défilé sur les podiums pendant la Fashion Week, ont été revendues à New York, Hong Kong, Tokyo, Paris, etc. Et quand je suis retourné voir Esther, qui ne comprenait pas bien ce qui se passait parce qu'elle n'avait pas forcément, concrètement, elle ne savait pas qui était Agnès B. et que je suis allé lui montrer les photos du défilé, des paires en boutique, etc. Esther a versé sa petite larme en se disant Oh là là, c'est merveilleux ! et surtout qu'on avait fait tout un petit texte pour parler d'Esther, justement pour la mettre en avant et expliquer qui elle était, ce qu'elle faisait, tout ça. Donc il y a eu beaucoup d'émotions là-dedans. Donc ça, ça restera pour moi un voyage et une expérience assez marquante avec elle.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Je partage. Alors l'idée de cet échange, c'est on va aussi parler de savoir-faire, on va parler de business model, mais j'avais envie de commencer aussi par les émotions. Parce qu'à travers le storytelling, quand on peut parler d'Afrique, c'est vrai que ce n'est pas toujours le côté positif qui est mis en avant. Et ici, aujourd'hui, l'idée de cet échange, c'est vraiment de vous donner l'opportunité de découvrir peut-être des histoires de success story africaines que vous n'auriez peut-être pas imaginées. Donc moi ce que j'ai envie de demander à chaque fois, je vais commencer par Nati, honneur aux dames, c'est qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné quand tu décides à créer une marque de maroquinerie, qu'est-ce qui fait que, si tu es en France, pourquoi est-ce que tu ne vas pas finalement en Italie, qui est connue en fait pour la maroquinerie et le savoir-faire, et puis tu fais ta marque et quelque part c'est peut-être plus simple Paris-Milan que Paris-Addis-Abeba. Donc qu'est-ce qui fait que toi tu te dis, Non, moi, je vais faire des sacs et puis je vais passer par l'Afrique.

  • Inaden

    C'est vraiment une super question, Amata. Parce qu'en fait, la réponse, elle est aussi simple que ça. En fait, je n'ai pas créé une marque de sacs. C'est-à-dire que oui, Inaden, c'est une marque de sacs. C'est une maroquinerie qui est fabriquée en Éthiopie. Mais moi, mon projet, c'est de faire du made in Africa. Donc, en fait... Aller fabriquer des sacs à Milan, pour moi, ça n'avait aucun intérêt, même si je conçois que c'est super, que c'est génial, qu'il y a des savoir-faire et qu'il y a des très belles marques qui font le choix de fabriquer là-bas. Mais moi, mon projet, c'était de faire du made in Africa. Je voulais, j'avais envie de raconter une autre histoire autour de l'Afrique, de valoriser les matières, les ressources qui sont là-bas. Et j'avais envie de relever le pari, tout simplement, de faire du beau là où personne ne s'y attend. Et c'est vrai que quand, il y a 11 ans... J'ai quitté mon job parce que moi je ne suis pas du tout issue de la mode, j'ai fait aucune école de mode, moi j'ai plutôt un background en gestion économique, j'étais consultante dans une entreprise chef de projet. Quand j'ai quitté mon poste pour dire voilà moi je vais aller fabriquer des sacs en Afrique, tout le monde s'est dit mais Nati t'as complètement perdu pied, ça va pas du tout, c'est quoi cette histoire ? Et en fait j'étais convaincue de mon fait. J'étais convaincue qu'il était possible de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources. Justement, la maroquinerie, c'est un produit luxueux par définition. J'ai fait le choix de partir sur des modèles qui n'ont pas de connotation ethnique. Et surtout, mon enjeu à moi, c'était d'avoir un impact durable. Et donc, j'ai fait le choix au départ de travailler avec énormément de multimarques, de concept stores. La marque a été référencée au musée du Quai Branly. On a eu vraiment des très, très beaux points de vente. Donc, si je devais résumer finalement le pourquoi je ne suis pas allée en Italie pour fabriquer mes sacs, ce serait simple, ce serait parce que je cherche de l'impact. Donc, l'idée, c'est d'avoir... un impact économique de favoriser l'empowerment du continent africain. Ça, c'est comment je le fais. Je source localement les matières premières, je les transforme sur place auprès d'ateliers, d'artisans en Afrique et ensuite, je dynamise, c'est revendu et donc on s'intègre vraiment dans une industrie qui est locale africaine. Le deuxième point, c'est ce que j'appelle l'aspect reset. C'est de changer la perception qu'on a de l'Afrique. Lorsque vous voyez les collections de la marque Inaden, on est vraiment dans un esprit qui est très frenchy, très parisien. Et c'est aussi le parti pris, c'est-à-dire que quand les personnes découvrent la marque, elles se disent Ah oui, ça c'est fabriqué en Afrique ! C'est possible de faire ça en Afrique. Et le troisième point, c'est vraiment lié à mon histoire, c'est que clairement si j'ai choisi de faire du Made in Africa, je pense que ça se voit sur moi. C'est parce que j'ai une histoire personnelle avec l'Afrique et j'avais envie de valoriser mon héritage. Donc voilà.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de te poser la question à toi. Non, je voulais poser... Mais si tu veux absolument répondre, Baptiste, il a comme la sauté sur le micro. Je te remercie. Je te remercie. Du coup, un peu pareil, dans le bassin méditerranéen, on sait qu'il y a des savoir-faire au niveau de la basket, de la chaussure. C'est vraiment connu pour ça. Et ça peut être... En tout cas, c'est un choix qui est fait par énormément de créateurs de marques sur la basket, en fait. Et toi, tu as choisi, que ce soit par le visuel, par le design, mais aussi dans certaines convictions, de vraiment ancrer l'histoire de ta marque en Afrique. Donc, j'aimerais bien que tu puisses nous raconter d'où vient un peu l'idée de départ qui fait que plus de dix ans plus tard, on parle aujourd'hui de Pan Africa.

  • Vulfran

    Oui, vaste question. Avec Inna Dance, tu as été très claire dans ce que tu as dit. Et c'est vrai que nos deux marques se connaissent bien. Et je pense qu'on a eu un peu les mêmes envies. Moi, je ne suis pas issu de la mode non plus. Au départ, je suis géographe et urbaniste. Et puis un beau matin, je me suis levé, j'avais envie de changer de métier parce que j'en avais un peu marre. Et j'avais un projet un peu fou, c'était de créer une paire de baskets alors que je n'y connaissais rien. Alors, je n'étais pas tout seul, on était deux avec mon associé, mais lui, il n'y connaissait rien non plus. Donc, ça ne nous faisait pas avancer beaucoup plus. Je suis un amoureux déjà du continent africain, je le dis parce que j'adore l'Afrique, j'y ai vécu plus jeune, mon associé aussi, j'y ai beaucoup voyagé. Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique parce que ça nous paraissait important. d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain. Parce qu'en fait, on en parle assez peu. Tout à l'heure, je parlais d'Esther sur le Batik, etc. Mais il se trouve qu'en Afrique, il y a beaucoup de coton, il y a beaucoup de savoir-faire, il y a beaucoup d'entrepreneurs, il y a beaucoup de gens qui ont envie d'avancer, qui ont envie de faire des choses, il y a beaucoup de créateurs. Et qu'on s'est dit qu'avec Panafrica, on pourrait valoriser tout ça. mettre en avant tout ça et se faire un peu les chefs d'orchestre pour créer une paire de baskets qui à la fois seraient confortables bien sûr mais valoriseraient aussi des gens du continent donc c'est un peu ça au début de l'histoire c'était un peu un rêve un peu fou quand on nous a dit c'est un peu comme toi Nati quand on a dit à nos parents à nos amis on va aller créer une paire de baskets en Afrique entre le Burkina Faso pour acheter notre coton etc on s'est pas simplifié la vie il faut le dire je pense qu'on y reviendra mais On a fait des choix qui sont parfois difficiles, parfois très complexes, qui font que parfois on doute aussi. Mais finalement, ce sont des choix dont on est fiers, parce que ce sont des choix qui ne sont pas simples. On se bat au quotidien. Nous, on continue à se battre au quotidien, par exemple, pour acheter notre coton au Burkina Faso, qui est l'un des premiers producteurs de coton en Afrique, mais qui a uniquement 2% du coton qui est transformé sur place localement. C'est la transformation locale du coton qui crée... de la richesse pour un pays, de l'emploi, etc. Il faut savoir que 98% du coût part en Asie ou en Turquie pour être transformé dans ces pays-là. Donc, en fait, nous, notre idée, c'était vraiment de remonter au niveau de la matière, de la transformer localement, de produire localement. et d'être un peu les chefs d'orchestre de tout ça, de mettre en lien des beaux projets sur le continent africain pour en faire une belle paire de baskets et que cette paire de baskets-là, elle véhicule des valeurs. Et je pense que c'est ce qui a apporté la marque Panafrica jusqu'à aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien. Baptiste, ça va être à ton tour maintenant. Alors toi, ton concept, il est différent puisqu'on est plutôt sur des boutiques solidaires. Donc ce qui serait intéressant, c'est que tu nous expliques quel est ce concept et ensuite, tu nous expliques pourquoi ces boutiques solitaires. Aujourd'hui, il y en a une à Cabo Verde et une autre à Congo Braza.

  • Baptiste

    il n'y en a pas à Paris et a priori il n'y en aura pas à Paris voilà un parcours un peu atypique on va dire qu'il a démarré simplement dans le sens où j'ai obtenu un Master 2 en France et ensuite j'ai tout de suite été dans le milieu de la mode contrairement à toi Vulfranche j'avais commencé à y mettre un pied en accompagnant justement des marques françaises dans leur développement pour leur apporter une visibilité et Et étrangement, en fait, ça ne se voit pas, mais j'ai connu l'Afrique très tard. J'ai connu l'Afrique à 23 ans alors que je suis originaire du Congo-Brazzaville. Mais c'est seulement à 23 ans, donc en 2016, que je mets les premiers pas en Afrique. Et en fait, lorsque j'arrive sur le continent, j'ai envie de faire bouger les choses. À la fois, je suis en train de faire des actions en France, mais je me dis que je pourrais peut-être relier les deux, aller la mode, mes origines, et en faire quelque chose d'assez vertueux et qui sert pour le continent africain. Et à ce moment-là, en 2019, c'est là d'où vient la première boutique solidaire. Et l'idée, le but premier, finalement, il était juste d'aider ma famille avec ce que j'avais. J'avais les marques avec moi, la mode, des amis qui aiment la mode, qui pouvaient m'aider. Et je connaissais un petit peu la culture, donc je me suis dit, comment avec ce que j'ai, je peux aider ma famille à pouvoir subvenir à leurs besoins. Et c'est en fait comme ça qu'est née l'idée de la première boutique solidaire en Afrique. C'était dans un but. d'aider tout simplement ma famille. Et c'est vrai que là, on est en 2025, donc six ans plus tard. Et finalement, ce projet qui était juste un projet d'aide familiale est devenu mon projet de vie.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Maintenant, j'ai envie de dire qu'on essaie de rentrer un peu dans le détail du business model parce qu'on sent là toute l'ambition et la dimension éthique de vos projets et le côté un peu, au départ, en tout cas dans ce que vous racontez, il n'y a pas une dimension business où on a envie de devenir un... Bernard Arnault de la mode, on n'est vraiment pas du tout dans une logique, on va dire, capitaliste. Mais en même temps, quand on crée une boîte, il y a quand même une ambition de la développer, de faire du chiffre d'affaires, de créer des emplois. Donc, comment est-ce que cet engagement-là, il se traduit aussi dans la partie business ? C'est-à-dire, cette ambition que vous êtes fixée de développer un business en Afrique, comment concrètement est-ce que ça se concrétise en fait ? C'est toujours Nati qui commence.

  • Inaden

    J'ai envie de dire que la première chose, moi j'ai mon idée, je dis à tout le monde que je vais aller fabriquer des sacs en Afrique. Dans mon esprit, c'est déjà très clair qu'on est sur une marque qui a une connotation très haut de gamme. Donc du coup, je pars sur le cuir. Du coup, le vrai challenge, c'est de se dire où est-ce que je vais fabriquer des sacs en Afrique subsaharienne. C'est vrai que pour moi, je ne voulais pas forcément aller au Maroc. Il y a déjà beaucoup, beaucoup d'ateliers, d'usines qui travaillent là-bas. Moi, je voulais vraiment aller vers... l'Afrique noire, c'était vraiment ça qui me motivait. Et finalement, mon premier challenge à moi, c'est de fabriquer mon premier sac, en fait. Donc, concrètement, comment je fais ? C'est ce que j'ai dit, je fais des recherches sur là où existe la matière, puisque l'idée, c'est de produire à partir de matières premières africaines. Et en faisant mes recherches, je découvre qu'en Éthiopie... en fait il y a ce savoir-faire, il y a cette industrie autour du cuir. L'Ethiopie c'est le premier producteur de cuir en Afrique, c'est le plus grand cheptel du continent africain et en fait pour moi c'est une vraie grosse découverte, c'est à dire que moi je connaissais pas du tout l'Ethiopie et je suis partie là bas. Donc d'un point de vue très stratégique, j'ai fait le choix d'aller sur place, de visiter des tanneries, de faire des premiers prototypes et finalement de construire vraiment un réseau. de fabrication sur place, d'identifier où se trouvaient les matières premières, de comprendre aussi toute la chaîne. Il faut vraiment aussi se dire, nous parfois on vient avec notre vision et on se dit oui, mais par exemple, le cuir, est-ce que c'est une bonne, une mauvaise matière, etc. En fait, en Éthiopie, 80% de la population est rurale, il y a beaucoup d'éleveurs, donc le bétail est là, personne ne se pose cette question. Donc les tanneries en fait elles récupèrent le cuir à partir de tout ce qui est abattoir en fait, c'est un rebut ultra industrie, c'est transformé. Et ensuite l'idée c'est de se dire ok j'ai les tanneries, il faut que je trouve l'atelier de production. Et là on part sur la visite d'atelier. On fait les premiers protos et en fait, tout le défi, c'est de se dire, il faut que je trouve un atelier qui soit suffisamment fiable pour travailler avec moi, pour comprendre mes attentes et mon exigence de qualité. Une fois qu'on a cet atelier, et je pense que peut-être on aura l'occasion d'en discuter, d'en parler aussi, mais c'est un vrai challenge de tenir sur la durée, c'est un vrai challenge d'éduquer les personnes, à leur dire, en fait, on a un cahier des charges. Et puis une fois qu'on a formé des personnes, qu'on leur a appris en fait ce qu'on attendait, ce qu'on voulait faire, passe à la partie commercialisation. Et donc là, il y a plusieurs façons de voir les choses. Moi, lorsque j'ai démarré, mon ambition, c'était que la marque soit reconnue comme une vraie marque. Et c'est vrai que l'idée, c'était de se dire, il faut que j'aille dans les boutiques. Et donc, je suis passée par des salons comme le Who's Next, par exemple. J'ai fait de la prospection commerciale et c'est comme ça que la marque s'est développée. en trouvant des revendeurs, des boutiques partenaires, des concept stores qui ont vraiment aussi fait ce travail de présenter la marque, de présenter le travail et de faire découvrir tous nos produits à nos premières clientes.

  • Ramata

    Du coup, comme tu parles de la stratégie de distribution, aujourd'hui, tes sacs, on peut les retrouver ou en dehors du site Internet, dont le lien est accessible via le QR code qui est ici.

  • Inaden

    Alors moi, j'ai encore des distributeurs. Il y a une page avec la liste des revendeurs, donc les personnes qui cherchent.

  • Ramata

    Du coup, c'est d'un point de vue géographique, il y en a en France,

  • Inaden

    en Suisse, en Belgique, à l'international. Après, il faut savoir qu'au niveau de tout ce qui est distribution, ça peut bouger aussi souvent parce que les boutiques, elles aiment bien renouveler leur collection. Donc, en fait, de saison en saison, elles peuvent avoir des propositions un peu moins. Donc, voilà. Mais oui, la marque, elle est présente en France et international.

  • Ramata

    Très bien. Toi, je voudrais que tu nous parles de la manière dont tu... Donc, toi, c'est un concept de... Boutique Solidaire, donc, ça va être des stocks d'invendus, notamment, qui, depuis l'Europe et particulièrement la France, vont aller vers Bras-à-Ville, vers Pointe-Noire. Donc, comment est-ce que tu organises tout ça, en fait ? Parce que du coup, c'est, je pense, facile à dire. Mais concrètement, depuis la collecte jusqu'à la distribution, je pense qu'il y a deux, trois places qui sont inexistantes, en fait, en plus. C'est pas comme si tu prenais un circuit qui existait et tu disais, bah oui, la navette... Paris Pointe-Noire,

  • Baptiste

    elle est là. Exactement. D'abord, je vais revenir sur pourquoi j'ai créé ce projet. En fait, c'est vrai que quand j'ai voulu mettre en place la mode européenne, tout a été co-construit avec les locaux. C'est-à-dire que moi, je suis plutôt situé... Donc là, on a l'Afrique de l'Ouest avec Vulfranc, on a l'Afrique de l'Est avec Nathie, et moi, je suis plutôt situé en Afrique centrale. Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors, on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix... accessibles et surtout des produits de qualité parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages et souvent c'est pas forcément des produits de qualité. Moi mon projet finalement le but c'est d'envoyer des produits sélectionnés donc un à un de qualité et les vendre à prix abordable pour toute la population et le projet a commencé par des dons de particuliers parce qu'en 2018 quand je parle de faire une boutique solidaire au Congo c'est vrai que c'est un projet qui en tout cas que je n'avais pas encore vu sur le continent africain. Et j'ai dû avoir la force de mes amis qui sont venus avec des sacs chez moi et j'ai dû récupérer des sacs dans toute l'île de France. Et c'est comme ça que démarre le projet par des dons de particuliers. Et puis par la suite, j'ai accroché avec des marques, donc Vulfran, dont Panafrica avec Vulfran. Merci encore pour avoir cru au projet depuis le début. Vulfran avec la marque Panafrica et d'autres marques. On fait partie des marques qui ont... qui ont créé le projet et qui m'ont fait confiance. Et l'idée, en fait, c'était de se dire, vous avez des prototypes, vous avez des produits peut-être non conformes au cahier des charges, mais qui sont en excellent état. Vous avez des produits qui ont servi à des shootings, vous avez des retours clients qui ne peuvent plus être mis sur le circuit de distribution. Moi, je vais vous proposer avec la mode européenne une solution justement pour revaloriser les stocks dormants, leur trouver un endroit où s'il y a une transparence, parce que c'est important souvent quand on envoie des produits en Afrique, Il faut savoir où ça va. La chance c'est que je suis en France, je suis en Afrique, donc finalement si vous voyagez, vous pouvez voir tout l'ensemble du projet, donc il y a une transparence aussi. Et surtout on cherchait à avoir un impact social en créant des emplois et par la suite finalement on permet à des vêtements qui n'ont plus d'utilité, des chaussures, des accessoires de mode, d'avoir une seconde vie.

  • Vulfran

    Donc le principe est simple, il y a une collecte qui se fait auprès des marques, en essayant d'identifier les produits qui sont adaptés pour chaque pays, aussi bien pour le Congo que pour le Cap-Vert, parce qu'entre le Congo et le Cap-Vert, c'est aussi deux réalités qui sont complètement différentes. Par la suite, on sélectionne un à un les produits. On a des transporteurs avec lesquels on travaille, qui sont des transporteurs qui voyagent comme nous, qui sont aussi en France et aussi dans les pays respectifs. Donc on en voit en fait sous forme de bidons. C'est des bidons de 200 litres qui eux-mêmes... ont une utilité sur place. Par exemple, dans la ville de Pointe-Noire, du jeudi au dimanche, il n'y a pas d'eau dans les parcelles, justement, là où j'habite. Et du coup, ces bidons font office de réserve d'eau pour se doucher, pour faire la vaisselle. Et là, on se situe dans les villes africaines. On n'est pas au village, on est dans des villes peuplées de millions d'habitants. Donc, en fait, même ce contenant dans lequel on envoie les vêtements est réutilisé par les populations sur place. Et donc, on envoie juste ce qu'il faut à raison de deux bidons par pays, deux bidons au Congo, deux bidons en caverne par mois, pour en emmener juste ce qu'il faut et pas se retrouver avec des tonnes de stocks dormants. Parce que finalement, quand on redonne une seconde vie à un vêtement et une chaussure, finalement, on allonge son cycle de vie. Et ensuite, il ne faut pas qu'on se retrouve sur des stocks dormants, post-invendus boutiques en Afrique. Et c'était aussi le but de bien calculer ce qu'on envoie par rapport... au rythme des ventes qu'on fait. Donc l'idée, c'est de vendre des produits après ensuite à bas prix, pour que toute la population puisse offrir un produit chez nous de qualité. Et l'addition de ces petites ventes permet de créer de l'emploi et de couvrir toutes les charges du projet. Donc on a un projet qui est autant financé par le don des marques et qui arrive du coup au Congo à créer 4 emplois et au Cap-Vert à créer 2 emplois permanents. Donc là, c'est vrai que je mets toujours en avant les vendeurs, les équipes de vente qui sont... en boutique, mais il y a aussi les gens du derrière. Par exemple, toutes les mamans qui lavent les vêtements, celles qui repassent. On a un jardinier, parce qu'on a des belles plantes dans les deux magasins, qui vient à chaque fois et qui, tous les jeudis, arrose les plantes et du coup, a son petit quelque chose. Et finalement, le projet, au-delà de ces six employés que je mets toujours en lumière, apporte des ressources financières à plus d'une quinzaine de personnes, tout le mois. Et on avait aussi un objectif avec la mode européenne, c'était de... pouvoir rémunérer les personnes au double du SMIC local. Dans les quartiers populaires dans lesquels on est implanté, il faut savoir que le SMIC local, c'est 70 000 francs CFA. C'est ce qui équivaut à 100 euros. Et en fait, nous, pour ceux qui sont du coup en temps plein, ils vont être payés 140 000 francs CFA, donc à presque plus de 200 euros sans compter les primes. Parce que le but, ce n'est pas de profiter d'une main d'œuvre à bas prix pour faire naître un projet et avoir toute la lumière, mais c'est aussi que le projet puisse leur servir et qu'on se dise, OK, il y a un projet qui est nouveau. par une personne qui vient de l'Europe, mais en fait, c'est un projet qui est vraiment en direction des populations, finalement, et qui sert aux populations.

  • Inaden

    Merci. Toi, Wulfran, je sais que ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est que maintenant, tu vis à la fois entre Abidjan et Paris et plus à Abidjan. Et ce déménagement-là, ça vient traduire une évolution dans l'histoire de Panafrica et la manière dont vous voulez développer l'entreprise. Est-ce que tu peux nous parler des nouveaux challenges que vous vous êtes fixés pour l'entreprise et aussi de l'impact que ça peut avoir vis-à-vis de différentes populations et d'emplois sur le continent ?

  • Baptiste

    Déjà, Baptiste, merci d'avoir remercié. C'est un super projet et c'était normal pour Panafrica d'y contribuer à son échelle. Panafrica est né en 2016. à un moment où personne n'y croyait, faire une basket made in Africa. Je le disais tout à l'heure, c'était un projet qui était un peu fou, assez difficile à mettre en place. On travaille dans quatre pays, du coup, je ne l'ai pas dit au début, mais on travaille au Maroc, au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso pour l'achat des matières premières, transformation des matières premières localement et production locale. On a un sous-traitant aujourd'hui qui est au Maroc, près de Casablanca, qui a un petit atelier qui faisait de la chaussure de sécurité. à qui on a dit tu fais de la chaussure de sécurité, on va t'apprendre à faire de la basket. Donc on a passé des mois avec lui à ses côtés pour apprendre à faire une paire de baskets. Ça nous donnait les premières armes pour construire la marque au début. Ça nous a aussi fait faire beaucoup d'erreurs. Nos premières productions, parce que Panafrica a grandi assez vite au début, on avait pré-vendu 2000 paires de chaussures. Sur les 2000, il y en avait 1000 à mettre à la poubelle parce que les semelles étaient mal collées, etc. Donc on a... un peu mordu la poussière au début. mais on avait cette fierté toujours de co-contrer des projets intelligents dont on était fier et du coup on se remet toujours de nos échecs et nos erreurs. On a appris comme ça petit à petit en montant notre projet sauf qu'on a eu la chance de connaître aussi le succès avec des premiers distributeurs, Galerie Lafayette, Grand Magasin, des magasins indépendants qui sont même là, qui sont en train de m'écouter. qui nous revendent. Aujourd'hui, on a 150 points de vente en France et à travers le monde, dont une cinquantaine sur le continent africain. On y reviendra peut-être, mais on est aussi pas mal distribués aujourd'hui en Afrique, notamment en Afrique de l'Est, Tanzanie, Ouganda, Ilmoris, etc. Et cette croissance, à la fois cette croissance et puis nous, notre vision qu'on a depuis le début. Nous oblige à repenser un peu la manière de faire. Je vis aujourd'hui à Abidjan parce qu'on est en train de monter un gros projet, puisqu'on est en train de financer et de construire une usine de production de baskets en Côte d'Ivoire, à Abidjan, qui va ouvrir ses portes en septembre prochain a priori. Je dis a priori parce que ça peut changer un petit peu, les calendriers sont parfois compliqués à tenir. Mais notre idée, c'était, comme je le disais au début, de faire de la mode un levier de transformation sociale sur le continent africain. On n'avait pas les moyens au départ, ni l'énergie d'avoir notre propre atelier. Aujourd'hui, on a un peu plus de moyens. On a l'énergie, on a des gens qui croient en nous et on a la croissance de marque qui nous permet de voir plus loin, de voir plus grand. Donc, notre idée, c'est de monter notre usine, d'embaucher des gens, de faire les choses bien. c'est-à-dire de former des gens, on va avoir une usine et un centre de formation qui sont en construction actuellement et on va embaucher à peu près 25 personnes dès septembre puis une cinquantaine sur l'année 2025 donc tout ça, c'est un gros projet qui nécessite d'être sur place de suivre donc on part avec mon associé tous les deux à temps plein à partir d'avril et on restera à Abidjan pour suivre ce projet-là et puis on a une équipe à Paris qui... qui suit les affaires courantes et puis moi je reviendrai pour les soirées du Who's Next ? Voilà le projet et donc voilà comment grandit la marque aussi parce qu'à un moment donné on va garder un peu de production au Maroc on va faire nos propres productions en Côte d'Ivoire l'idée étant de monter en cadence de production et demain notre idée un peu plus long terme c'est aussi de produire pour des marques africaines Pas de possibilité de production en Afrique subsaharienne. Il faut savoir que le continent africain est au final assez pauvre en industrie, un peu moins en Éthiopie, notamment sur la chaussure. Notre idée, c'est aussi de dire à des marques africaines qui n'ont pas la possibilité de produire des baskets en Afrique, qui sont obligées souvent de le faire en Asie, de dire qu'en fait, il existe une usine qui est une belle usine, qui emploie des gens en local. qui crée de la richesse, qui crée de la valeur localement. Et vous pouvez produire vos baskets chez nous. Et que derrière, on puisse créer tout un écosystème vertueux pour le continent, en créant de l'emploi, en créant de la distribution nouvelle, etc.

  • Inaden

    Et est-ce que ce dont tu nous parles là, en termes d'évolution de Panafrica, est-ce que c'est quelque chose que tu avais inscrit dans un business plan, genre il y a cinq ans ? Est-ce qu'il y avait vraiment une vision d'un jour, on aura notre usine en Afrique ? Ou est-ce que... ou est-ce que finalement c'est j'ai pas a priori je pense pas que ce soit venu comme ça un matin vous vous êtes dit de la même façon que vous vous êtes dit on va faire des chaussures en Afrique dix ans plus tard on va faire une usine en Afrique peut-être que c'était comme ça en fait au début je pense qu'on y pensait on y pensait secrètement on avait envie de le faire mais on avait pas la possibilité et puis et

  • Baptiste

    puis à un moment donné tu peux pas penser trop grand parce que sinon ton projet il prend jamais forme nous on est un peu pour le coup pragmatique mais il faut commencer par un petit quelque chose et tu te dis bon aujourd'hui on peut pas produire en Côte d'Ivoire c'est pas grave on va le faire ailleurs on va démarrer comme ça, on va apprendre on va apprendre sur le terrain et puis en fait plus ton projet prend forme plus les gens croient en toi, plus toi tu crois en toi même aussi et tu te dis finalement on a réussi déjà à faire ça donc on peut peut-être faire un peu plus et puis tu te prends au jeu aussi, je le dis souvent nous on a monté un projet en partant vraiment de zéro on avait et je mens pas quand je dis ça, on avait 5000 euros en poche quand on a lancé Panafrica... On a réussi à tout créer, à monter une marque qui fonctionne, qui emploie des gens. Et aujourd'hui, on se dit qu'on peut aller plus loin. On est arrivé à un moment où on peut se permettre de faire une levée de fonds pour monter cette usine. Il y a des gens qui croient en nous. On peut aller chercher des subventions parce qu'on a déjà un historique et une expérience qui fait que les gens nous écoutent et se disent que ce sont ces deux gars-là auxquels on ne croyait pas. Au début, ils ont quand même réussi en neuf ans à monter la marque Panafrica, donc ils vont bien réussir quelque chose d'autre. Et du coup, nous, aujourd'hui, on se dit que c'est possible et on sait qu'on va y arriver.

  • Inaden

    J'ai aucun doute, mais du coup je me dis dans dix ans qu'est-ce que vous allez faire ?

  • Baptiste

    Ça je sais pas, on verra.

  • Inaden

    On reviendra, on reviendra à la soirée de Who's Next, on pourra dire ça y est maintenant. Donc Mathie, maintenant la question à toi que j'ai envie de te poser, c'est toi dès le départ, c'est ce que tu évoquais au début, dans la création de tes sacs, c'était important pour toi qu'il y ait un côté frenchy, tu vois parisien, et que ce soit pas connoté en fait. Est-ce que tu peux revenir là-dessus en fait en termes de... Tu as de l'ADN et de storytelling. Pourquoi est-ce que c'était important pour toi ? Et qu'est-ce que ça veut dire pas ethnique en fait pour toi ?

  • Ramata

    Oui, c'est une super question et j'adore quand on me la pose, donc merci. Donc moi, j'ai un attachement, je suis métisse, mon papa vient d'Afrique et je voulais vraiment valoriser cette partie de moi. Et c'est vrai que souvent, quand on parle d'Afrique et quand on parle de mode, on pense wax, on pense tissus colorés, on pense des choses qui sont très marquées, très ethniques. Et je ne vais pas lancer le débat sur d'où vient le wax, mais il y a aussi cette idée de se dire, en Afrique, en tout cas à l'Afrique, les cultures africaines ne se limitent pas à deux, trois clichés qu'on a tous intégrés de manière inconsciente. Moi, j'adore le wax, je dis ça, mais j'adore le wax. Mais je voulais vraiment que ma marque raconte autre chose. Et donc, le parti pris sur lequel je suis partie dès le départ, c'est de me dire, je vais partir sur une marque de sacs que moi, j'aimerais porter, moi, Nathie, que j'aimerais porter tous les jours, avec lequel je serais à l'aise. Et ce n'est pas forcément un sac avec du wax, ce n'est pas forcément un sac avec une forme de carte d'Afrique, par exemple, typiquement sur ce genre de choses, de codes qu'on retrouve très souvent. J'avais plutôt envie de revendiquer le côté j'ai envie de dire qualitatif, raffiné, ce côté un peu intemporel de la parisienne que je suis. Moi, je suis née à Paris. J'adore les bains implantés, mais je suis une vraie parisienne. Et du coup, je suis vraiment partie sur mon premier modèle. C'est celui-ci, c'est un petit sac bourse qui a connu grand succès. C'est vraiment mon sac signature. J'ai énormément de boutiques qui l'ont vendu à tour de bras. Pourquoi ? Parce que c'est un sac que n'importe quelle femme, n'importe quelle citadine peut porter. C'est vraiment le petit sac de tous les jours.

  • Baptiste

    Et en fait,

  • Ramata

    ce qui était très important pour moi, c'était que sur ce sac, ce soit écrit Crafted in Africa Et c'est écrit sur tous nos sacs. Et finalement, là où je considère que j'ai gagné, c'est-à-dire que quelqu'un, une femme qui rentre dans une boutique, qui voit un sac comme celui-ci par exemple, et qui se dit Ah mais il est trop beau, il est canon, j'adore ! et qui dans sa tête a déjà finalement inconsciemment décidé que c'était fabriqué en Italie, quand elle retourne le sac et qu'elle voit que c'est écrit Crafted in Africa with love il se passe quelque chose dans sa tête. Moi c'est ce que je constate dans le regard de toutes les femmes qui discutent et qui me disent Ah oui, c'est fabriqué en Afrique et là on peut commencer à discuter. Là on peut commencer à expliquer que bah oui, il y a des talents en Afrique, que oui, il y a des ressources en Afrique et que oui, Un sac comme celui-ci, qui a un style plutôt parisien, plutôt à la française, il peut être fabriqué là-bas. Donc vraiment, le parti pris de ma marque, il est de venir un peu réaliser ce shift dans l'esprit des personnes, de dire que l'Afrique ne se résume pas au wax, l'Afrique ne se résume pas à une mode ethnique. Il y a des designers qui sont hyper talentueux, qui font des choses magnifiques, qui se retrouvent sur la scène internationale. Et je m'inscris vraiment dans cette vibe. C'est-à-dire que moi, je suis métisse. Il y a une part d'africanité chez moi et je l'adore, je la respecte, je l'honore. Mais je veux aussi honorer ce métissage qui fait que j'aime les choses qui sont plutôt intemporelles, qui sont à la française, qui sont raffinées, qui sont qualitatives. Et c'est vraiment ce que j'ai voulu incarner avec la marque et je pense qu'on a plutôt réussi.

  • Inaden

    Je crois aussi. Du coup, ça me donne une bonne transition pour toi, Baptiste. Cette fois-ci, tu ne t'es pas jeté sur le micro. Je sais qu'au départ, dans les boutiques au Cap-Vert et à Braza, l'idée, c'était vraiment de proposer des stocks d'un vendu et de les proposer à prix accessible. Donc, quand tu parlais des prix tout à l'heure, j'ai envie de revenir sur le fait que tu as regardé le marché local pour proposer des niveaux de prix qui soient cohérents pour les populations locales. Et là, ce que tu as commencé à intégrer aussi, c'est des produits. qui sont fabriqués par des créateurs africains. Est-ce que tu peux nous parler de cette évolution-là dans la proposition au sein de tes boutiques ?

  • Vulfran

    Exactement. Je vais revenir sur ce que je disais tout à l'heure en début de propos. C'est vrai qu'en Afrique centrale, la mentalité est un petit peu différente. En Afrique centrale, il n'y a pas cette mise en avant du savoir-faire congolais ou du savoir-faire caméronais ou du savoir-faire gabonais, alors qu'il y a des artisans qui font de très belles choses. Et c'est vrai que dans l'esprit, lorsque j'ai posé les questions, voire dans la boutique, on m'a à chaque fois dit des produits de là-bas. des produits de l'Europe. Mais dans ma tête, j'avais envie quand même de faire découvrir, tant bien que mal, des produits aussi faits en Afrique. Mais je devais passer par une transition assez douce. En Afrique centrale, je devais vraiment prendre le temps d'y arriver. Donc, j'ai commencé par les invendus des marques, la seconde main. Ensuite, les invendus des marques. Par la suite, j'ai fait rentrer des créateurs africains. Au Congo, il y a quatre créateurs dans la boutique, donc deux créateurs qui viennent du Congo, un béninois et un ivoirien, qui proposent leur collection dans la boutique de la mode européenne, moyennant juste un loyer symbolique. Et c'est une révolution parce qu'en fait, je rejoins un petit peu ce que tu dis, justement, il y a un créateur ivoirien qui fait des chemises type façonnable. Et c'est vrai que les Congolais, quand ils rentrent dans la boutique, ils veulent les chemises... raflorene, façonnable, et là je leur dis il y a des arrivages, essayez de voir un petit peu. Et donc en fait ils retournent et ils ne voient pas un nom Europe. Donc au départ ils ont un peu peur, ils ne font pas confiance, et je leur dis mais si, si, si, en fait ce sont juste des chemises fabriquées en Côte d'Ivoire, mais la qualité est incroyable, essayez-le. Il faut savoir qu'au Congo, quand quelqu'un achète un vêtement, il peut passer une heure à l'essayer, à se tirer dans tous les sens, pour juste voir si la qualité est là, et moi ça me fait toujours rire, parce que même... Si le produit coûte 5 euros, 6 euros, ils vont passer une heure à vérifier couture par couture pour voir si ça va tenir la route. Et en fait, j'ai introduit ces produits et finalement, ils m'ont dit mais en fait, c'est encore mieux que façonnable. Je ne suis pas là pour vous dire que vous devez consommer africain, vous devez consommer des marques européennes. Juste, essayez d'ouvrir votre esprit. Vous dire que vous êtes au Congo, on vous propose des marques européennes, mais il y a aussi des créateurs sur le continent africain qui font de très belles choses, et vous pouvez même mixer les deux. Comme on le voit en Corée, souvent on a des Coréens qui peuvent porter des jeunes créateurs, des marques de luxe, c'est aussi l'idée de mixer un petit peu tous les genres. Et au final, c'est un créateur qui a cartonné. On a fait sold out sur toutes les chemises qu'il a proposées à la boutique, et il nous en redemande encore, on veut le créateur, il va en avoir. Donc maintenant... Ils ont compris, en tout cas dans le quartier où je suis, qu'il y a aussi des belles choses qui vont être faites en Afrique. Et je reviens avec une exclue aussi, c'est que dans cette transition douce, je prévois pour 2016 de créer une marque de la mode européenne, constituée de stocks dormants européens avec le génie créatif congolais. Donc en fait, l'idée, c'est de travailler, retravailler des pièces, donc mettre en avant l'upcycling congolais. à travers des produits de stock dormant que je vais ramener au Congo. Donc ça, c'est l'ambition du projet La Mode Européenne, donc la continuité pour cette transition douce.

  • Inaden

    Très bien. Merci beaucoup. Du coup, tu as devancé ma prochaine question qui était vraiment liée à vos next steps, en fait, c'est-à-dire demain, ou est-ce que vous allez, en tout cas, l'année 2025, comment elle se profile pour vous ? On est au début de l'année, c'est en général... à un moment où on s'établit le programme de quelles vont être les principales nouveautés, nouvelles collections ou autres. Donc, c'était l'idée que chacun d'entre vous nous partageait ça. Donc, toi, tu as déjà parlé.

  • Vulfran

    J'ai une autre... En fait, hier, j'étais avec...

  • Inaden

    C'est un truc qui date d'hier.

  • Vulfran

    Ouais, c'est ça. En fait, il y a une boutique au Congo et il y a une boutique au Cap-Vert. Et en fait, il y a un ami d'enfance qui nous a accompagnés dans tout le début du projet, qui est d'origine du Camerounais. Donc en fait, la boutique avait été créée administrativement au Cameroun depuis 2021. Il s'avère qu'avec cet ami-là, il a changé de direction, on a mis le projet en stand-by et en fait, hier, on s'est revus, on se voit souvent. Et il m'a dit qu'il allait au Cameroun là en février. Donc je vais aller au Cameroun avec lui pour justement préparer le terrain pour la troisième boutique solidaire au Cameroun qui va arriver en 2026. Voilà, c'est l'exclu de la mode européenne.

  • Inaden

    Merci beaucoup, super, on a eu trop d'exclus de l'aveu d'Auréthène ce soir. Du coup, Nathie et Luc-Franc, vous avez des exclus ou pas ?

  • Ramata

    Moi, je n'ai pas d'exclus qui datent d'hier, du coup là, ça va être difficile de faire mieux. Non, je n'ai pas spécialement d'exclusivité, par contre, je pense qu'on est quand même dans un tournant en termes de consommation. Je pense que les personnes, en tout cas, de plus en plus de personnes s'intéressent aux marques, cherchent à... à acheter des pièces qui ont des histoires, qui sont de qualité. Et c'est vrai que moi, ça fait quand même quelques temps que je réfléchis à ça. La marque, elle a beaucoup, en tout cas sur les premières années, elle s'est beaucoup appuyée sur ses revendeurs. On a eu jusqu'à 150 points de vente, France et international. Il y a eu un repli avec le Covid. Le Covid a quand même fait beaucoup de mal au secteur du retail. Moi, ça m'a amenée quand même à me questionner aussi sur comment je tire profit de cette situation, cet impact. Et ça fait quand même un certain temps que je teste tout ce qui est précommande. Et c'est vrai que c'est un modèle que j'aime beaucoup, qui offre de la liberté en termes de création aussi, qui permet de co-créer, de fidéliser. Moi, j'ai la chance d'avoir des clientes qui connaissent la marque depuis des années ou même celles qui sont plus récentes, qui vraiment adhèrent au projet. Elles n'achètent pas juste un sac quand elles viennent chez Inaden, il y a cette envie de participer, à raconter une autre histoire, à participer à cet empowerment du continent, de cette Afrique qu'on aime. Et vraiment, moi je m'inscris, en tout cas l'année 2025 va s'inscrire dans comment je peux vraiment m'approprier ce modèle de précommande et impulser cette dynamique au sein de la marque. Donc c'est vrai que j'avais un fonctionnement très traditionnel auparavant où on fonctionnait... saison par saison, collection par collection, donc c'est un vrai gros rythme. Moi, je suis plutôt dans une démarche de faire ce qu'on appelle du slow business, de me dire, OK, on va plutôt essayer de sortir un ou deux modèles par an, mais de le faire de manière intelligente, d'être dans de la co-création, de vraiment faire les choses bien, peut-être pourquoi pas de monter encore le curseur en termes de qualité, de ce qu'on a à offrir, mais de produire peut-être moins. Voilà, moi vraiment, c'est plutôt vers ça que je m'inscris. Et je trouve que ça a beaucoup de sens par rapport à la façon dont on consomme aujourd'hui. Mon objectif, c'est d'avoir le moins d'invendus possible, par exemple. Parce que quand on est une marque, mais vu le front, tu connais ça aussi, on a des minimums de production, on a aussi des fois des pièces qui ont des défauts, qui ne sont pas vendables, on se retrouve avec du stock. Et le stock, c'est de l'argent qui dort, en fait, tout simplement. Et l'idée, c'est de se dire comment on réduit ça et on reste dans l'éthique, dans la démarche qu'on défend depuis le début et qui aussi répond aux besoins des personnes sur le marché. Et je pense que les personnes aujourd'hui, elles sont prêtes à attendre, elles sont prêtes à patienter et elles sont prêtes aussi à financer des produits, des marques qu'elles aiment parce que ça a du sens pour elles. Et donc, clairement, 2025, pour moi, c'est un peu cette année charnière où on va rentrer dans une phase un peu slow, mais où on va essayer de faire les choses de manière plus intelligente, plus qualitative et d'être encore plus en phase avec nos valeurs.

  • Baptiste

    Du coup, vous l'avez compris, changement de vie pour nous, puisqu'on part en Côte d'Ivoire définitivement. On ouvre une usine sur place.

  • Inaden

    Et tu nous invites ?

  • Baptiste

    Je vous inviterai quand tout sera mis en place. En tout cas, l'an prochain, c'est les 10 ans de Panafrica. Donc, je trouvais que c'était bien pour les 10 ans d'ouvrir notre usine. On verra ce qu'on fera pour les 20 ans. Mais en tout cas, gros challenge à venir. Je le redis, c'est dans un pays qui n'a pas d'industrie de la chaussure. Donc, en fait, au-delà d'ouvrir une usine, c'est comment on forme les gens. Donc, nous-mêmes, on est en train de se former en ce moment en France pour comprendre comment doit tourner une usine, comment fonctionnent les machines, comment former des gens, etc. Donc, après, il y a toute une partie... Sur la formation, il y a un challenge pour nous qui est aussi forcément de gérer une marque comme PanAfrica à distance en étant en Côte d'Ivoire avec des équipes en France. Donc avec toute la restructuration de la marque que ça nécessite pour vivre les choses sereinement et être un petit peu à la fois sur la partie industrielle et en même temps sur la partie commerciale de la marque. Et puis nous, après, pas d'exclus non plus. Incroyable, mais on est aujourd'hui. On a fini une année avec 40% de croissance, dans un moment où beaucoup de marques souffrent.

  • Inaden

    Ça, c'est Vulfranc quand il dit qu'il n'y a pas d'exclus incroyables. On a fait du double digit en croissance de chiffre d'affaires.

  • Baptiste

    Donc, là où beaucoup de marques souffrent, non mais j'en parle parce qu'on parle du Made in Africa, mais le Made in Africa aussi, il faut le savoir. Parfois, l'Afrique, effectivement, ne fait pas rêver. Tu en parlais au début, on apporte beaucoup de négatifs quand on parle de l'Afrique, etc. Mais en fait, on prouve, je pense, à travers... nos différents projets, que l'Afrique est un continent incroyable d'opportunités, de savoir-faire. Et qu'en fait, aujourd'hui, je trouve que les choses sont quand même en train de changer dans le regard des gens aussi, que les gens peuvent porter sur des produits made in Africa. Et qu'en plus, ça apporte un petit côté, une histoire, un marketing forcément sur lequel on travaille, mais qui permet de porter la marque au-delà d'une simple marque commerciale. Nous on n'a pas fait les choses pour faire de l'argent au début, tu l'as dit, même si une marque doit faire de l'argent, si on voulait faire de l'argent on irait faire nos baskets en Asie, on irait acheter notre coton en Asie et on ferait tout en Asie. Ça nous coûterait beaucoup moins cher, ça serait... Beaucoup moins de stress, mais il y a aussi beaucoup moins d'histoire. Et je pense que cette histoire-là, elle a fait grandir Panafrica, elle a fait grandir Inaden, elle a du fier. Et nos clients, les consommateurs, aujourd'hui, quand beaucoup de marques souffrent, finalement, des marques comme Panafrica arrivent un peu à tirer leur épingle du jeu parce qu'on offre autre chose qu'une paire de baskets. On offre une philosophie, on offre des valeurs, on offre une histoire, un imaginaire, des projets. Et je pense que du coup, ça donne vraiment un souffle nouveau dans le domaine de la mode. Et c'est pour ça qu'on s'en sort, qu'on est encore vendu dans des magasins qui prennent de moins en moins de risques. C'est parce qu'en fait, Panafrica raconte une autre histoire. Et là, on est en ce moment, je fais concurrence à Woosnext, mais on expose à Maisons et Objets. Et on a fait des super journées depuis hier parce qu'en fait, il y a... Beaucoup de concept stores qui viennent nous chercher parce qu'ils ont besoin d'histoires différentes, de produits différents, de compléments d'offres qui racontent autre chose. Et c'est grâce à ça qu'on est encore là aujourd'hui et donc je le mentionne. Donc pour l'an prochain, on compte grandir. On a 150 points de vente, on en vise 300 d'ici deux ans. Donc ça nécessite encore pas mal de travail.

  • Ramata

    Très bien.

  • Inaden

    On arrive à la fin de cet échange. Est-ce que vous avez des questions ?

  • Ramata

    Merci pour vos partages d'expérience. Je trouve que vos projets portent de très belles valeurs. La question que j'aimerais vous poser, c'est est-ce qu'aujourd'hui dans vos business models, vous arrivez à intégrer des questions environnementales ? Notamment quand on sait qu'il y a des pays, quand on regarde les modèles bangladais et chinois, où on voit qu'il y a beaucoup de pollution. Est-ce que c'est des questions que vous arrivez à intégrer aujourd'hui ? Et aussi notamment peut-être au niveau des ressources ? Le coton, on sait que ça utilise beaucoup d'eau et l'Afrique et notamment au Burkina sont soumis à énormément de contraintes environnementales, de sécheresse, potentiellement de tensions sur l'eau. Est-ce que c'est des choses que vous arrivez à intégrer aujourd'hui dans votre business model ?

  • Baptiste

    Je vais commencer par répondre assez rapidement, je t'aurai peut-être des choses à dire aussi. En tout cas, nous, sur la partie environnementale, forcément, c'est un des enjeux. Même si au départ, Panafrica a été créé, je l'ai dit au début, nous, on avait vraiment envie d'avoir un impact social avant tout. Deux, après, sont très liés. Pour répondre rapidement sur le coton, le Burkina Faso offre un coton d'extrêmement grande qualité, qui est un coton fair trade biologique, qui ne nécessite pas d'eau. au-delà de la pluviométrie du pays où c'est produit, et qui est un coton qu'on utilise, qui est tissé sur un métier à tisser, qui n'excite pas d'électricité. Donc sur ces sujets-là, on essaye de faire les choses bien. Je pense qu'il y a toujours, moi je le dis toujours, on n'est pas les meilleurs, je pense qu'on peut progresser, après nous on utilise énormément de matière pour le coup, recycler, donc... Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que ce n'est pas forcément intéressant pour tout le monde, mais vous pourrez me poser vos questions après ou regarder sur notre site internet. Par exemple, tous nos intérieurs doublures de baskets sont en polyester recyclé. On n'utilise que du coton biologique et fair trade. On a des semelles en partie qui sont composées à 30% de caoutchouc recyclé. Donc il y a des choses qui sont intégrées dans les process de production pour avoir un impact environnemental moins important qu'une basket classique. Après, nous, dans notre domaine, ça reste encore, et je le dis, le meilleur moyen de ne pas polluer, c'est de ne pas acheter ou d'acheter des produits de seconde main ou de ne pas produire, mais en tout cas acheter des produits de seconde main, etc. Après, moi, ce que je mets en avant, c'est qu'une basket de Panafrica, elle est faite pour durer. C'est que les clients restent avec leur basket, sont contents de les porter. qui puisse les porter plusieurs années d'affilée. Et ça c'est notre plus grande réussite. On a des clients aujourd'hui qui ont des baskets, parfois même moi, je les porte beaucoup. Je dis pas ça pour faire ma pub, mais il y a des paires, ça fait trois ans que je les ai.

  • Inaden

    Un peu quand même.

  • Baptiste

    Je les porte énormément. Après, bien sûr, je fais ma pub. Si vous voulez acheter une paire de baskets, n'achetez pas d'Africa plutôt qu'une autre marque. Mais voilà, je pense qu'après, c'est aussi sur comment tu crées ton produit pour que ton produit soit durable.

  • Vulfran

    Est-ce que je peux compléter ma question peut-être ? Oui. Du coup, ça veut dire, est-ce que vous arrivez aussi à prendre en compte la fin de vie de vos produits ? C'est-à-dire, est-ce que vous arrivez à dire à vos clients, quand vous achetez une paire de Pan Africa, c'est pour la vie ? Est-ce qu'ils la jettent derrière ? Et s'ils la jettent, comment c'est recyclé ? Est-ce que c'est recyclable ? Toutes ces questions-là. Parce que la question que je me pose, je me dis... Le secteur de la mode se développe, en même temps dans le monde aujourd'hui c'est quand même 140 milliards de vêtements qui sont produits à l'échelle mondiale, c'est 10 milliards de vêtements par personne, c'est beaucoup. Et en fait du coup ces vêtements-là, si on continue à en produire, qu'est-ce qu'on en fait en fait ?

  • Inaden

    Je vais répondre rapidement pour ne pas me monopoliser à parole sur la partie environnementale. En tout cas, ta question elle est centrale, c'est la question de la fin de vie d'un produit quand tu as une marque de mode. Et de toute manière aujourd'hui, c'est une obligation légale en fait quand tu as une marque de penser la fin de vie de ton produit. PanAfrica, nous on a mis en place un système de récupération des paires usagées. Pour moi le principal sujet c'est vraiment durabilité, donc c'est éco-conception. C'est comment tu penses un produit au départ pour qu'il soit le plus durable possible dans le temps, ça c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est de te dire, est-ce que mon produit est réparable ? Parce que recyclable, c'est toujours un petit peu, il faut faire attention à ça, parce que recyclable, c'est pour récupérer les paires, les broyer au Portugal, renvoyer... Au final, l'impact environnemental est plus fort, limite, que si on produisait une paire neuve. Donc il y a aussi beaucoup de ringwashing sur ces questions-là. Moi, ce que je pense, c'est que la paire doit être éco-conçue, et derrière, elle doit être facilement réparable. Après, aujourd'hui, dans le domaine de la basket, ça reste un sujet assez complexe et qui coûte cher. Donc voilà pour ma réponse. On essaie de le faire, mais on n'y arrive pas toujours.

  • Baptiste

    Je peux apporter aussi mon point de vue pour répondre à ta question, parce que je pense que la question des matières, de l'environnement, quand on est une marque de mode, aujourd'hui, on ne peut pas faire l'impasse. Moi, j'ai une marque de maroquinerie. en cuir véritable, puisque je sais qu'aujourd'hui il y a la tendance à la maroquinerie vegan. Moi je suis un peu comme Wulfranc, je n'ai pas créé une marque pour créer une marque, l'idée pour moi c'est d'avoir un impact, un impact économique en Afrique. Et donc typiquement quand aujourd'hui par exemple des personnes viennent me voir pour me dire mais tu te dis marque éthique, en tout cas tu dis que tes produits sont éthiques, mais tu fais appel à du cuir, c'est pas du tout éthique, il y a le vegan, etc. Il y a deux choses. La première chose, c'est qu'il faut savoir que l'Ethiopie est quand même l'un des pays précurseurs par rapport aux questions environnementales sur tout ce qui est tannage. C'est-à-dire qu'il y a eu un nombre incalculable de tanneries qui ont été fermées parce qu'il y a eu une réglementation locale qui a été vraiment durcie. Il y a eu énormément de contrôles. Donc moi, quand j'ai démarré mon projet il y a à peu près 11 ans, il y a eu une hécatombe au niveau des tanneries de la filière qui était déjà existante et qui existait depuis... des années et qui se portaient très bien. Mais justement, pour protéger l'environnement, pour éviter qu'il y ait des dérives, il y a une réglementation locale. Aujourd'hui, je travaille principalement avec des tanneries qui sont certifiées ISO environnement. Il y a quand même cet engagement que le processus de fabrication soit respectueux de l'environnement et aussi des travailleurs, puisque ça touche aussi à tout ce qui est composition. Pour faire du cuir, il faut... Il faut quand même des composés chimiques. Il y a aussi cet impact avec les personnes qui sont au contact des matières pendant leur transformation. Ça, c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est que moi, dans ma vision, en tout cas par rapport à ce que je vois pour Inaden et ce qu'on sera demain, c'est qu'on restera sur le cuir. Je n'irai pas sur la tendance vegan tant qu'il n'y a pas de matières, je dirais, vegan à proprement parler, qui sont produites en Afrique. Ça n'a aucun sens pour moi d'aller importer... en Afrique, sur mon lieu de production, des matières qui seraient fabriquées ailleurs, alors qu'on a une ressource qui est issue elle-même de l'upcycling, puisque le cuir c'est quand même le premier acte d'upcycling de l'humanité. Je veux dire, si on s'habille aujourd'hui, c'est parce qu'à un moment donné, un jour, il y a des hommes des cavernes qui ont chassé, qui ont cherché à transformer les peaux en vêtements. Donc l'upcycling, le cuir, c'est vraiment le premier acte d'upcycling de l'humanité. Donc moi, les cuirs que j'utilise, ils sont issus d'une filière de revalorisation, de rebut, de pot. Et donc finalement, c'est parfaitement logique dans mon esprit, dans la démarche de la marque, d'utiliser des cuirs qui sont issus d'une industrie locale africaine et de les transformer sur place. Donc dans ce cheminement-là, dans cette réflexion-là, pour moi, ça a du sens de continuer à proposer du cuir. Et en plus, ceux-ci sont issus de tanneries qui sont certifiées. Donc vraiment, il y a cette conscience qui est là. Et là où je rejoins Wulfranc... C'est que pour moi, en tout cas dans la mode, c'est vrai que si on ne veut pas polluer, si on a cette éthique, on ne consomme pas de mode tout simplement, on va vers la deuxième main, etc. Mais le plus important, c'est quand on conçoit le produit et s'il est réparable. Et effectivement, moi, je fais le choix quand j'imagine les collections, quand on les fabrique, de se dire, ok, est-ce qu'il y a de la complexité sur le produit qui fait qu'il est difficilement réparable ? Moi, dans quasiment 98% de ma collection, par exemple, n'est pas doublé. Ça veut dire que... demain vous avez une couture qui lâche, ça peut arriver après des années où le sac est porté, manipulé, vous allez chez le cordonnier, il fait trois points de couture, votre sac vous repartez avec. Le cuir est une matière par définition qui est très résistante. Donc oui, elle peut se patiner, etc. Mais il existe des soins, il existe des solutions pour redonner une nouvelle vie au produit. Donc là où je rejoins parfaitement la logique, le point de Vulfranc, c'est de se dire finalement ce qui est important, c'est pas tant comment on va... On va recycler le produit, mais c'est comment on fait pour que ce produit vive le plus longtemps possible et dans quelle mesure il est réparable.

  • Ramata

    Merci beaucoup. On arrive à la fin de cet échange. Je vous remercie beaucoup pour votre attention. Vous pouvez bien sûr, je pense qu'ils vont rester un petit peu avec nous, même si ce n'est pas dans l'espace, pour pouvoir répondre à d'éventuelles questions. En tout cas, ça fait un plaisir de partager ce moment avec vous. L'intégralité de l'échange sera disponible sur le podcast Africa Fashion Tour. Donc, pas demain. Mais en tout cas, je récupère la bande, je fais un petit montage et vous pourrez avoir accès à l'audio et le partager. Merci beaucoup, à très bientôt. En Afrique ou ailleurs. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation des invités

    00:00

  • L'importance du Made in Africa dans la mode

    00:11

  • Les défis et opportunités de la production locale

    00:28

  • Conversations sur les expériences de voyage en Afrique

    01:39

  • Le lien entre mode et transformation sociale en Afrique

    02:14

  • Les projets et ambitions des entrepreneurs en 2025

    02:49

  • Conclusion et réflexions finales sur l'avenir de la mode en Afrique

    04:50

Description

Comment bâtir des success stories en Afrique ?


Je vous propose de (re)découvrir les marques Panafrica, Inaden et La Mode Européenne à travers un épisode de podcast inédit. Pour la première fois, le podcast a été enregistré en live dans le cadre du Forum Impact du salon WSN.

 

Une occasion unique pour échanger avec Natty Ngoy, Vulfran De Richoufftz et Baptiste Lingoungou comprendre comment ils ont relevé le défi de créer des entreprises prospères et engagées entre la France et  l’Afrique.


Chacun d’entre-eux a transformé un projet auquel peu de gens croyaient au départ en réalité. Ils sont parvenus à créer des entreprises à impact positif, tout en valorisant le savoir-faire local et en s'engageant pour un développement durable.


Cet épisode est une véritable masterclasse  pour tous les entrepreneurs qui souhaitent s'inspirer de ces modèles de réussite et contribuer au développement de l'Afrique.


Durant cette conférence que j’ai eu plaisir à modérer, ils ont partagé les défis et les solutions qu'ils ont trouvés pour atteindre leurs objectifs. Ils ont aussi dévoilés quelques grandes annonces en exclusivité.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vulfran

    Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France, qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique, parce que ça nous paraissait important, d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain.

  • Inaden

    J'étais convaincue qu'il était possible, de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du Made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources.

  • Baptiste

    Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix accessible et surtout des produits de qualité, parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages. Et souvent, ce n'est pas forcément des produits de qualité. Moi, mon projet, finalement, le but, c'est d'envoyer des produits sélectionnés, donc un à un, de qualité, et les vendre à prix abordable pour toute la population.

  • Ramata

    Bienvenue dans cette édition inédite du podcast Africa Fashion Tour. Cet épisode a été enregistré en live lors du salon Who's Next de janvier 2025. Pour la première fois, l'épisode réunit. trois entrepreneurs pour une véritable masterclass sur les business models vertueux en Afrique. Je vous laisse découvrir les histoires des marques Inaden, Anafrica et la mode européenne et j'en profite pour remercier les invités et les équipes de Yousnext. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine.

  • Aujourd'hui, on va se déplacer de Porte de Versailles à Abidjan, Addis Ababa. On va aller au Congo, on va aller à Cabo Verde, on va voyager. Et donc, j'ai trois personnes de choix avec moi pour pouvoir faire ce voyage avec vous. Il faut vraiment oublier Porte de Versailles, il faut vraiment se dire Abidjan. Il est dit que Abidjan est le plus doux au monde. Est-ce que vous vous rendez compte ? On dit de cette ville... Abidjan est le plus doux au monde. Donc on va essayer pendant une heure de voyager, d'aller à Abidjan. Donc avec moi, aujourd'hui, je suis en compagnie de trois entrepreneurs qui ont fait le choix ambitieux de développer leur marque entre la France et l'Afrique. L'idée, c'est que moi ce que j'aimerais, c'est qu'on commence vraiment par cette idée de voyage. Donc chacun nous raconte un peu. C'était quand leur dernier voyage en Afrique et s'ils ont une anecdote un petit peu intéressante à nous raconter. Donc, on va commencer par Nathie, puisque honneur aux dames. Donc, est-ce que tu peux nous parler de ton dernier voyage ? Et puis, qu'est-ce qu'il y a eu d'intéressant que tu pourrais partager avec nous ?

  • Inaden

    Oui, bien sûr. Bonjour à tous, je suis ravie d'être là. Donc, moi, je vais régulièrement à Addis Abeba en Éthiopie, puisque j'ai ma marque qui est fabriquée là-bas, ma marque de sac. Donc, ça fait maintenant 11 ans que je fais régulièrement des allers-retours. Mon dernier voyage date de l'année dernière, parce qu'entre temps je suis devenue maman, donc j'en fais moins des voyages. Mais si je devais partager un souvenir par rapport à Addis Abeba... Ce serait plutôt au niveau de mon premier voyage. La première fois que je suis arrivée là-bas, j'ai débarqué un samedi matin, je connaissais mes personnes. Je suis partie là-bas toute seule. Et en fait, ce que j'ai découvert là-bas, c'est la gentillesse des personnes sur place. Il faut savoir qu'en Afrique, il n'y a pas forcément de numéro de rue, ce n'est pas forcément hyper évident de se retrouver, de se localiser. Et Addis Ababa, c'est vraiment une énorme, énorme ville. C'est hyper dense, il y a beaucoup de construction partout. Et ça, c'était il y a... il y a déjà plus de dix ans. Et ce qui est hyper chouette, quand on arrive là-bas et qu'on cherche un endroit, on peut demander à n'importe qui, voilà, j'aimerais aller à tel endroit. Et ce qui m'a le plus frappée, en tout cas la première fois, c'est que j'étais complètement perdue, je n'osais pas demander. Et quand j'ai posé la question, on m'a carrément prise par la main. C'est-à-dire qu'il faut imaginer, les personnes ne me connaissent pas, je suis un peu perdue, je n'ose pas trop dire je dois aller à tel endroit. Et là, il y a un Éthiopien, hyper gentil, le sourire aux lèvres, il m'a dit viens, come with me il a pris ma main, alors il faut imaginer moi je suis parisienne, ça n'arriverait jamais à Paris il a pris la main, on a fait je sais pas combien de tours de pâtés de maison et tout, je me suis dit mais où est-ce qu'il m'emmène ? et en fait non, il m'a emmené vraiment à mon rendez-vous c'était juste incroyable et c'est vrai que ce que je retiens, parce que l'Ethiopie c'est très beau il y a beaucoup de très beaux pays en Afrique mais vraiment c'est la gentillesse des personnes et ça vraiment c'est quelque chose... Il faut le vivre, il faut l'expérimenter. Et en tout cas, moi, j'ai la chance, à chaque fois que je suis allée, et je ne sais pas que j'y vais, de retrouver vraiment cet accueil. Vraiment cet accueil.

  • Ramata

    Merci beaucoup pour ce premier partage, Nathie. Maintenant, on va demander à Baptiste de nous faire un petit partage d'expérience. Alors, il ne faut pas rebondir sur la gentillesse, on a compris. On sait que les Africains sont gentils.

  • Baptiste

    Je vais innover.

  • Donc, je te remercie. Quand tu sais déjà que tu ne devras pas répéter ce que Nathie et Baptiste ont dit.

  • Baptiste

    Alors moi c'est Baptiste Ligungu, je suis fondateur de La Mode Européenne, on crée des boutiques solidaires en Afrique. Alors donc moi la dernière fois que je suis allé en Afrique c'était en... j'en reviens en fait, c'était en novembre 2024 mais mon souvenir que j'aimerais vous partager aujourd'hui c'est un souvenir qui date de mon voyage en 2023 avec mon association La Mode Européenne donc on crée des boutiques solidaires mais on a aussi des actions... humanitaire et notamment on est d'un foyer donc un orphelinat au Congo Brazzaville plus précisément à Pointe-Noire. A un moment donné on fait du coup une distribution, il y a toute une journée qui est organisée et là en fait on se rend compte que les orphelins ont aussi une surprise pour nous et en fait la surprise c'était qu'ils voulaient nous faire nous partager leurs talents donc il y avait des danseurs, il y avait des chanteurs aussi et là il y a un jeune de 14 ans qui arrive et qui propose du slam, du rap. Et surtout, il dit une phrase très importante qui m'a marqué. Il m'a dit, il y a beaucoup de gens qui viennent à l'orphelinat, qui viennent nous aider, qui nous donnent des choses. Mais personne, en fait, nous demande quels sont nos rêves, qu'est-ce qu'on veut devenir et comment, justement, comment je peux vous aider dans ce rêve. Et il s'avère qu'il était hyper talentueux. Mais moi, j'ai... totalement, il m'a ambiancé, j'étais vraiment dans une belle ambiance avec lui et en rentrant à Paris, j'en parle avec un pote à moi qui est dans la musique, je lui fais écouter des sons et il accroche totalement et il me dit il faut l'aider en fait, il faut pouvoir faire en sorte qu'il puisse accomplir ses rêves et donc cet ami à moi qui n'est pas du tout africain est venu avec moi du coup de septembre à novembre pour le projet du petit Bissane il s'appelle... pour produire justement l'artiste en studio, etc. Et il s'avère que de par cette phrase qui m'a touché, de par cette action en premier de don, finalement, de par cette phrase aussi, on a un petit jeune de Pointe-Noire qui est en train d'accomplir son rêve grâce à un ami à moi qui est dans la musique et qui est en train de le propulser. Donc voilà, c'est un petit peu l'anecdote que j'avais racontée.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Ça va être à ton tour maintenant, Vulfranc. Tu vas nous parler d'Abidjan. Merci.

  • Vulfran

    Je ne sais pas si je vais parler d'Abidjan. En tout cas, merci. Je suis Wulfran, rapidement fondateur de la marque de basket Panafrica. Marque de basket qui a la particularité d'être fabriquée en Afrique, sur le continent africain, à travers différents pays. Donc, pour répondre à ta première question, forcément, je voyage beaucoup sur le continent africain, dans différents pays. Là, ça me donne envie de visiter les pays où vous produisez, où vous vendez, etc. Que je connais moins, mais moi, je suis beaucoup en Afrique de l'Ouest. Et... Peut-être un des voyages qui m'a le plus marqué, c'est un voyage qui s'est plutôt passé au... Alors pour la petite histoire, moi j'habite en Côte d'Ivoire du coup, et un petit peu à Paris, mais plutôt en Côte d'Ivoire. Mais un voyage qui m'a marqué, c'est un voyage au Ghana, il y a quelques années, parce qu'on partait avec mon associé du coup, pour trouver un atelier de fabrication de batik. Donc le batik, c'est une technique ancestrale, qui est une impression à la cire sur tissu, donc vraiment de l'artisanat en Afrique qui est au Ghana. On cherchait quelqu'un qui faisait du batik, donc on est tombé sur une femme qui s'appelle Esther, qui est devenue au fil du temps, ça fait 5-6 ans maintenant qu'on la connaît, qui est devenue une amie de la marque et qu'on voit toutes les années. Et en fait, on a commencé à travailler avec elle et un beau jour, il y a Agnès B, une grande marque française que vous connaissez peut-être, qui est venue nous chercher pour faire une collaboration avec Panafrica et qui voulait utiliser du batik. Donc on est allé voir Esther, on a dit Esther, voilà, elle travaillait dans son garage avec sa fille, et puis il y avait deux employés, donc c'était un tout petit atelier, près d'Akra, et on dit à Esther, il y a Agnès B, mais elle ne savait pas qui était Agnès B, on dit il y a Agnès B qui veut faire deux paires de Panafrica Agnès B, avec du batik, propose-nous des choses, donc on a vraiment cherché à co-construire quelque chose avec Esther, qui tout d'un coup passait de l'ombre à la lumière, on a envoyé, elle a proposé ses motifs, etc. Et on a proposé ça. Finalement, je fais un petit peu vite, mais finalement, la collaboration est sortie. Les paires étaient revendues, ont défilé sur les podiums pendant la Fashion Week, ont été revendues à New York, Hong Kong, Tokyo, Paris, etc. Et quand je suis retourné voir Esther, qui ne comprenait pas bien ce qui se passait parce qu'elle n'avait pas forcément, concrètement, elle ne savait pas qui était Agnès B. et que je suis allé lui montrer les photos du défilé, des paires en boutique, etc. Esther a versé sa petite larme en se disant Oh là là, c'est merveilleux ! et surtout qu'on avait fait tout un petit texte pour parler d'Esther, justement pour la mettre en avant et expliquer qui elle était, ce qu'elle faisait, tout ça. Donc il y a eu beaucoup d'émotions là-dedans. Donc ça, ça restera pour moi un voyage et une expérience assez marquante avec elle.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Je partage. Alors l'idée de cet échange, c'est on va aussi parler de savoir-faire, on va parler de business model, mais j'avais envie de commencer aussi par les émotions. Parce qu'à travers le storytelling, quand on peut parler d'Afrique, c'est vrai que ce n'est pas toujours le côté positif qui est mis en avant. Et ici, aujourd'hui, l'idée de cet échange, c'est vraiment de vous donner l'opportunité de découvrir peut-être des histoires de success story africaines que vous n'auriez peut-être pas imaginées. Donc moi ce que j'ai envie de demander à chaque fois, je vais commencer par Nati, honneur aux dames, c'est qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné quand tu décides à créer une marque de maroquinerie, qu'est-ce qui fait que, si tu es en France, pourquoi est-ce que tu ne vas pas finalement en Italie, qui est connue en fait pour la maroquinerie et le savoir-faire, et puis tu fais ta marque et quelque part c'est peut-être plus simple Paris-Milan que Paris-Addis-Abeba. Donc qu'est-ce qui fait que toi tu te dis, Non, moi, je vais faire des sacs et puis je vais passer par l'Afrique.

  • Inaden

    C'est vraiment une super question, Amata. Parce qu'en fait, la réponse, elle est aussi simple que ça. En fait, je n'ai pas créé une marque de sacs. C'est-à-dire que oui, Inaden, c'est une marque de sacs. C'est une maroquinerie qui est fabriquée en Éthiopie. Mais moi, mon projet, c'est de faire du made in Africa. Donc, en fait... Aller fabriquer des sacs à Milan, pour moi, ça n'avait aucun intérêt, même si je conçois que c'est super, que c'est génial, qu'il y a des savoir-faire et qu'il y a des très belles marques qui font le choix de fabriquer là-bas. Mais moi, mon projet, c'était de faire du made in Africa. Je voulais, j'avais envie de raconter une autre histoire autour de l'Afrique, de valoriser les matières, les ressources qui sont là-bas. Et j'avais envie de relever le pari, tout simplement, de faire du beau là où personne ne s'y attend. Et c'est vrai que quand, il y a 11 ans... J'ai quitté mon job parce que moi je ne suis pas du tout issue de la mode, j'ai fait aucune école de mode, moi j'ai plutôt un background en gestion économique, j'étais consultante dans une entreprise chef de projet. Quand j'ai quitté mon poste pour dire voilà moi je vais aller fabriquer des sacs en Afrique, tout le monde s'est dit mais Nati t'as complètement perdu pied, ça va pas du tout, c'est quoi cette histoire ? Et en fait j'étais convaincue de mon fait. J'étais convaincue qu'il était possible de fabriquer là-bas. Et à l'époque, l'idée, c'était de me dire, le challenge, c'est de faire du made in Africa et d'avoir un impact local, donc de trouver des ressources. Justement, la maroquinerie, c'est un produit luxueux par définition. J'ai fait le choix de partir sur des modèles qui n'ont pas de connotation ethnique. Et surtout, mon enjeu à moi, c'était d'avoir un impact durable. Et donc, j'ai fait le choix au départ de travailler avec énormément de multimarques, de concept stores. La marque a été référencée au musée du Quai Branly. On a eu vraiment des très, très beaux points de vente. Donc, si je devais résumer finalement le pourquoi je ne suis pas allée en Italie pour fabriquer mes sacs, ce serait simple, ce serait parce que je cherche de l'impact. Donc, l'idée, c'est d'avoir... un impact économique de favoriser l'empowerment du continent africain. Ça, c'est comment je le fais. Je source localement les matières premières, je les transforme sur place auprès d'ateliers, d'artisans en Afrique et ensuite, je dynamise, c'est revendu et donc on s'intègre vraiment dans une industrie qui est locale africaine. Le deuxième point, c'est ce que j'appelle l'aspect reset. C'est de changer la perception qu'on a de l'Afrique. Lorsque vous voyez les collections de la marque Inaden, on est vraiment dans un esprit qui est très frenchy, très parisien. Et c'est aussi le parti pris, c'est-à-dire que quand les personnes découvrent la marque, elles se disent Ah oui, ça c'est fabriqué en Afrique ! C'est possible de faire ça en Afrique. Et le troisième point, c'est vraiment lié à mon histoire, c'est que clairement si j'ai choisi de faire du Made in Africa, je pense que ça se voit sur moi. C'est parce que j'ai une histoire personnelle avec l'Afrique et j'avais envie de valoriser mon héritage. Donc voilà.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de te poser la question à toi. Non, je voulais poser... Mais si tu veux absolument répondre, Baptiste, il a comme la sauté sur le micro. Je te remercie. Je te remercie. Du coup, un peu pareil, dans le bassin méditerranéen, on sait qu'il y a des savoir-faire au niveau de la basket, de la chaussure. C'est vraiment connu pour ça. Et ça peut être... En tout cas, c'est un choix qui est fait par énormément de créateurs de marques sur la basket, en fait. Et toi, tu as choisi, que ce soit par le visuel, par le design, mais aussi dans certaines convictions, de vraiment ancrer l'histoire de ta marque en Afrique. Donc, j'aimerais bien que tu puisses nous raconter d'où vient un peu l'idée de départ qui fait que plus de dix ans plus tard, on parle aujourd'hui de Pan Africa.

  • Vulfran

    Oui, vaste question. Avec Inna Dance, tu as été très claire dans ce que tu as dit. Et c'est vrai que nos deux marques se connaissent bien. Et je pense qu'on a eu un peu les mêmes envies. Moi, je ne suis pas issu de la mode non plus. Au départ, je suis géographe et urbaniste. Et puis un beau matin, je me suis levé, j'avais envie de changer de métier parce que j'en avais un peu marre. Et j'avais un projet un peu fou, c'était de créer une paire de baskets alors que je n'y connaissais rien. Alors, je n'étais pas tout seul, on était deux avec mon associé, mais lui, il n'y connaissait rien non plus. Donc, ça ne nous faisait pas avancer beaucoup plus. Je suis un amoureux déjà du continent africain, je le dis parce que j'adore l'Afrique, j'y ai vécu plus jeune, mon associé aussi, j'y ai beaucoup voyagé. Et quand on s'est dit on va créer une paire de baskets, on avait envie de créer un lien entre le continent africain et la France qui est plutôt aujourd'hui notre pays de distribution. On avait envie de faire de la mode un levier de transformation sociale en Afrique parce que ça nous paraissait important. d'arriver à créer des emplois sur le continent africain et à utiliser des matières premières du continent africain et de valoriser des savoir-faire du continent africain. Parce qu'en fait, on en parle assez peu. Tout à l'heure, je parlais d'Esther sur le Batik, etc. Mais il se trouve qu'en Afrique, il y a beaucoup de coton, il y a beaucoup de savoir-faire, il y a beaucoup d'entrepreneurs, il y a beaucoup de gens qui ont envie d'avancer, qui ont envie de faire des choses, il y a beaucoup de créateurs. Et qu'on s'est dit qu'avec Panafrica, on pourrait valoriser tout ça. mettre en avant tout ça et se faire un peu les chefs d'orchestre pour créer une paire de baskets qui à la fois seraient confortables bien sûr mais valoriseraient aussi des gens du continent donc c'est un peu ça au début de l'histoire c'était un peu un rêve un peu fou quand on nous a dit c'est un peu comme toi Nati quand on a dit à nos parents à nos amis on va aller créer une paire de baskets en Afrique entre le Burkina Faso pour acheter notre coton etc on s'est pas simplifié la vie il faut le dire je pense qu'on y reviendra mais On a fait des choix qui sont parfois difficiles, parfois très complexes, qui font que parfois on doute aussi. Mais finalement, ce sont des choix dont on est fiers, parce que ce sont des choix qui ne sont pas simples. On se bat au quotidien. Nous, on continue à se battre au quotidien, par exemple, pour acheter notre coton au Burkina Faso, qui est l'un des premiers producteurs de coton en Afrique, mais qui a uniquement 2% du coton qui est transformé sur place localement. C'est la transformation locale du coton qui crée... de la richesse pour un pays, de l'emploi, etc. Il faut savoir que 98% du coût part en Asie ou en Turquie pour être transformé dans ces pays-là. Donc, en fait, nous, notre idée, c'était vraiment de remonter au niveau de la matière, de la transformer localement, de produire localement. et d'être un peu les chefs d'orchestre de tout ça, de mettre en lien des beaux projets sur le continent africain pour en faire une belle paire de baskets et que cette paire de baskets-là, elle véhicule des valeurs. Et je pense que c'est ce qui a apporté la marque Panafrica jusqu'à aujourd'hui.

  • Ramata

    Très bien. Baptiste, ça va être à ton tour maintenant. Alors toi, ton concept, il est différent puisqu'on est plutôt sur des boutiques solidaires. Donc ce qui serait intéressant, c'est que tu nous expliques quel est ce concept et ensuite, tu nous expliques pourquoi ces boutiques solitaires. Aujourd'hui, il y en a une à Cabo Verde et une autre à Congo Braza.

  • Baptiste

    il n'y en a pas à Paris et a priori il n'y en aura pas à Paris voilà un parcours un peu atypique on va dire qu'il a démarré simplement dans le sens où j'ai obtenu un Master 2 en France et ensuite j'ai tout de suite été dans le milieu de la mode contrairement à toi Vulfranche j'avais commencé à y mettre un pied en accompagnant justement des marques françaises dans leur développement pour leur apporter une visibilité et Et étrangement, en fait, ça ne se voit pas, mais j'ai connu l'Afrique très tard. J'ai connu l'Afrique à 23 ans alors que je suis originaire du Congo-Brazzaville. Mais c'est seulement à 23 ans, donc en 2016, que je mets les premiers pas en Afrique. Et en fait, lorsque j'arrive sur le continent, j'ai envie de faire bouger les choses. À la fois, je suis en train de faire des actions en France, mais je me dis que je pourrais peut-être relier les deux, aller la mode, mes origines, et en faire quelque chose d'assez vertueux et qui sert pour le continent africain. Et à ce moment-là, en 2019, c'est là d'où vient la première boutique solidaire. Et l'idée, le but premier, finalement, il était juste d'aider ma famille avec ce que j'avais. J'avais les marques avec moi, la mode, des amis qui aiment la mode, qui pouvaient m'aider. Et je connaissais un petit peu la culture, donc je me suis dit, comment avec ce que j'ai, je peux aider ma famille à pouvoir subvenir à leurs besoins. Et c'est en fait comme ça qu'est née l'idée de la première boutique solidaire en Afrique. C'était dans un but. d'aider tout simplement ma famille. Et c'est vrai que là, on est en 2025, donc six ans plus tard. Et finalement, ce projet qui était juste un projet d'aide familiale est devenu mon projet de vie.

  • Ramata

    Merci beaucoup. Maintenant, j'ai envie de dire qu'on essaie de rentrer un peu dans le détail du business model parce qu'on sent là toute l'ambition et la dimension éthique de vos projets et le côté un peu, au départ, en tout cas dans ce que vous racontez, il n'y a pas une dimension business où on a envie de devenir un... Bernard Arnault de la mode, on n'est vraiment pas du tout dans une logique, on va dire, capitaliste. Mais en même temps, quand on crée une boîte, il y a quand même une ambition de la développer, de faire du chiffre d'affaires, de créer des emplois. Donc, comment est-ce que cet engagement-là, il se traduit aussi dans la partie business ? C'est-à-dire, cette ambition que vous êtes fixée de développer un business en Afrique, comment concrètement est-ce que ça se concrétise en fait ? C'est toujours Nati qui commence.

  • Inaden

    J'ai envie de dire que la première chose, moi j'ai mon idée, je dis à tout le monde que je vais aller fabriquer des sacs en Afrique. Dans mon esprit, c'est déjà très clair qu'on est sur une marque qui a une connotation très haut de gamme. Donc du coup, je pars sur le cuir. Du coup, le vrai challenge, c'est de se dire où est-ce que je vais fabriquer des sacs en Afrique subsaharienne. C'est vrai que pour moi, je ne voulais pas forcément aller au Maroc. Il y a déjà beaucoup, beaucoup d'ateliers, d'usines qui travaillent là-bas. Moi, je voulais vraiment aller vers... l'Afrique noire, c'était vraiment ça qui me motivait. Et finalement, mon premier challenge à moi, c'est de fabriquer mon premier sac, en fait. Donc, concrètement, comment je fais ? C'est ce que j'ai dit, je fais des recherches sur là où existe la matière, puisque l'idée, c'est de produire à partir de matières premières africaines. Et en faisant mes recherches, je découvre qu'en Éthiopie... en fait il y a ce savoir-faire, il y a cette industrie autour du cuir. L'Ethiopie c'est le premier producteur de cuir en Afrique, c'est le plus grand cheptel du continent africain et en fait pour moi c'est une vraie grosse découverte, c'est à dire que moi je connaissais pas du tout l'Ethiopie et je suis partie là bas. Donc d'un point de vue très stratégique, j'ai fait le choix d'aller sur place, de visiter des tanneries, de faire des premiers prototypes et finalement de construire vraiment un réseau. de fabrication sur place, d'identifier où se trouvaient les matières premières, de comprendre aussi toute la chaîne. Il faut vraiment aussi se dire, nous parfois on vient avec notre vision et on se dit oui, mais par exemple, le cuir, est-ce que c'est une bonne, une mauvaise matière, etc. En fait, en Éthiopie, 80% de la population est rurale, il y a beaucoup d'éleveurs, donc le bétail est là, personne ne se pose cette question. Donc les tanneries en fait elles récupèrent le cuir à partir de tout ce qui est abattoir en fait, c'est un rebut ultra industrie, c'est transformé. Et ensuite l'idée c'est de se dire ok j'ai les tanneries, il faut que je trouve l'atelier de production. Et là on part sur la visite d'atelier. On fait les premiers protos et en fait, tout le défi, c'est de se dire, il faut que je trouve un atelier qui soit suffisamment fiable pour travailler avec moi, pour comprendre mes attentes et mon exigence de qualité. Une fois qu'on a cet atelier, et je pense que peut-être on aura l'occasion d'en discuter, d'en parler aussi, mais c'est un vrai challenge de tenir sur la durée, c'est un vrai challenge d'éduquer les personnes, à leur dire, en fait, on a un cahier des charges. Et puis une fois qu'on a formé des personnes, qu'on leur a appris en fait ce qu'on attendait, ce qu'on voulait faire, passe à la partie commercialisation. Et donc là, il y a plusieurs façons de voir les choses. Moi, lorsque j'ai démarré, mon ambition, c'était que la marque soit reconnue comme une vraie marque. Et c'est vrai que l'idée, c'était de se dire, il faut que j'aille dans les boutiques. Et donc, je suis passée par des salons comme le Who's Next, par exemple. J'ai fait de la prospection commerciale et c'est comme ça que la marque s'est développée. en trouvant des revendeurs, des boutiques partenaires, des concept stores qui ont vraiment aussi fait ce travail de présenter la marque, de présenter le travail et de faire découvrir tous nos produits à nos premières clientes.

  • Ramata

    Du coup, comme tu parles de la stratégie de distribution, aujourd'hui, tes sacs, on peut les retrouver ou en dehors du site Internet, dont le lien est accessible via le QR code qui est ici.

  • Inaden

    Alors moi, j'ai encore des distributeurs. Il y a une page avec la liste des revendeurs, donc les personnes qui cherchent.

  • Ramata

    Du coup, c'est d'un point de vue géographique, il y en a en France,

  • Inaden

    en Suisse, en Belgique, à l'international. Après, il faut savoir qu'au niveau de tout ce qui est distribution, ça peut bouger aussi souvent parce que les boutiques, elles aiment bien renouveler leur collection. Donc, en fait, de saison en saison, elles peuvent avoir des propositions un peu moins. Donc, voilà. Mais oui, la marque, elle est présente en France et international.

  • Ramata

    Très bien. Toi, je voudrais que tu nous parles de la manière dont tu... Donc, toi, c'est un concept de... Boutique Solidaire, donc, ça va être des stocks d'invendus, notamment, qui, depuis l'Europe et particulièrement la France, vont aller vers Bras-à-Ville, vers Pointe-Noire. Donc, comment est-ce que tu organises tout ça, en fait ? Parce que du coup, c'est, je pense, facile à dire. Mais concrètement, depuis la collecte jusqu'à la distribution, je pense qu'il y a deux, trois places qui sont inexistantes, en fait, en plus. C'est pas comme si tu prenais un circuit qui existait et tu disais, bah oui, la navette... Paris Pointe-Noire,

  • Baptiste

    elle est là. Exactement. D'abord, je vais revenir sur pourquoi j'ai créé ce projet. En fait, c'est vrai que quand j'ai voulu mettre en place la mode européenne, tout a été co-construit avec les locaux. C'est-à-dire que moi, je suis plutôt situé... Donc là, on a l'Afrique de l'Ouest avec Vulfranc, on a l'Afrique de l'Est avec Nathie, et moi, je suis plutôt situé en Afrique centrale. Il faut savoir que suivant là où on se situe sur le continent africain, les mentalités sont assez différentes. Alors, on retrouve cette joie de vivre, cet effet assez chaleureux, cette générosité. Mais parfois, on a des petites différences en termes de culture. Et moi, en fait, ce projet, je l'ai co-construit et j'ai fait asseoir tous mes cousins, toute ma famille en leur demandant qu'est-ce qu'il vous faut, quels sont les besoins. Et en fait, il s'avère qu'en Afrique centrale, ce qu'ils voulaient, c'est accéder à la mode européenne à un prix accessible. Le style européen à un prix... accessibles et surtout des produits de qualité parce qu'on entend beaucoup parler de ce qui est envoyé au Ghana, sur les plages et souvent c'est pas forcément des produits de qualité. Moi mon projet finalement le but c'est d'envoyer des produits sélectionnés donc un à un de qualité et les vendre à prix abordable pour toute la population et le projet a commencé par des dons de particuliers parce qu'en 2018 quand je parle de faire une boutique solidaire au Congo c'est vrai que c'est un projet qui en tout cas que je n'avais pas encore vu sur le continent africain. Et j'ai dû avoir la force de mes amis qui sont venus avec des sacs chez moi et j'ai dû récupérer des sacs dans toute l'île de France. Et c'est comme ça que démarre le projet par des dons de particuliers. Et puis par la suite, j'ai accroché avec des marques, donc Vulfran, dont Panafrica avec Vulfran. Merci encore pour avoir cru au projet depuis le début. Vulfran avec la marque Panafrica et d'autres marques. On fait partie des marques qui ont... qui ont créé le projet et qui m'ont fait confiance. Et l'idée, en fait, c'était de se dire, vous avez des prototypes, vous avez des produits peut-être non conformes au cahier des charges, mais qui sont en excellent état. Vous avez des produits qui ont servi à des shootings, vous avez des retours clients qui ne peuvent plus être mis sur le circuit de distribution. Moi, je vais vous proposer avec la mode européenne une solution justement pour revaloriser les stocks dormants, leur trouver un endroit où s'il y a une transparence, parce que c'est important souvent quand on envoie des produits en Afrique, Il faut savoir où ça va. La chance c'est que je suis en France, je suis en Afrique, donc finalement si vous voyagez, vous pouvez voir tout l'ensemble du projet, donc il y a une transparence aussi. Et surtout on cherchait à avoir un impact social en créant des emplois et par la suite finalement on permet à des vêtements qui n'ont plus d'utilité, des chaussures, des accessoires de mode, d'avoir une seconde vie.

  • Vulfran

    Donc le principe est simple, il y a une collecte qui se fait auprès des marques, en essayant d'identifier les produits qui sont adaptés pour chaque pays, aussi bien pour le Congo que pour le Cap-Vert, parce qu'entre le Congo et le Cap-Vert, c'est aussi deux réalités qui sont complètement différentes. Par la suite, on sélectionne un à un les produits. On a des transporteurs avec lesquels on travaille, qui sont des transporteurs qui voyagent comme nous, qui sont aussi en France et aussi dans les pays respectifs. Donc on en voit en fait sous forme de bidons. C'est des bidons de 200 litres qui eux-mêmes... ont une utilité sur place. Par exemple, dans la ville de Pointe-Noire, du jeudi au dimanche, il n'y a pas d'eau dans les parcelles, justement, là où j'habite. Et du coup, ces bidons font office de réserve d'eau pour se doucher, pour faire la vaisselle. Et là, on se situe dans les villes africaines. On n'est pas au village, on est dans des villes peuplées de millions d'habitants. Donc, en fait, même ce contenant dans lequel on envoie les vêtements est réutilisé par les populations sur place. Et donc, on envoie juste ce qu'il faut à raison de deux bidons par pays, deux bidons au Congo, deux bidons en caverne par mois, pour en emmener juste ce qu'il faut et pas se retrouver avec des tonnes de stocks dormants. Parce que finalement, quand on redonne une seconde vie à un vêtement et une chaussure, finalement, on allonge son cycle de vie. Et ensuite, il ne faut pas qu'on se retrouve sur des stocks dormants, post-invendus boutiques en Afrique. Et c'était aussi le but de bien calculer ce qu'on envoie par rapport... au rythme des ventes qu'on fait. Donc l'idée, c'est de vendre des produits après ensuite à bas prix, pour que toute la population puisse offrir un produit chez nous de qualité. Et l'addition de ces petites ventes permet de créer de l'emploi et de couvrir toutes les charges du projet. Donc on a un projet qui est autant financé par le don des marques et qui arrive du coup au Congo à créer 4 emplois et au Cap-Vert à créer 2 emplois permanents. Donc là, c'est vrai que je mets toujours en avant les vendeurs, les équipes de vente qui sont... en boutique, mais il y a aussi les gens du derrière. Par exemple, toutes les mamans qui lavent les vêtements, celles qui repassent. On a un jardinier, parce qu'on a des belles plantes dans les deux magasins, qui vient à chaque fois et qui, tous les jeudis, arrose les plantes et du coup, a son petit quelque chose. Et finalement, le projet, au-delà de ces six employés que je mets toujours en lumière, apporte des ressources financières à plus d'une quinzaine de personnes, tout le mois. Et on avait aussi un objectif avec la mode européenne, c'était de... pouvoir rémunérer les personnes au double du SMIC local. Dans les quartiers populaires dans lesquels on est implanté, il faut savoir que le SMIC local, c'est 70 000 francs CFA. C'est ce qui équivaut à 100 euros. Et en fait, nous, pour ceux qui sont du coup en temps plein, ils vont être payés 140 000 francs CFA, donc à presque plus de 200 euros sans compter les primes. Parce que le but, ce n'est pas de profiter d'une main d'œuvre à bas prix pour faire naître un projet et avoir toute la lumière, mais c'est aussi que le projet puisse leur servir et qu'on se dise, OK, il y a un projet qui est nouveau. par une personne qui vient de l'Europe, mais en fait, c'est un projet qui est vraiment en direction des populations, finalement, et qui sert aux populations.

  • Inaden

    Merci. Toi, Wulfran, je sais que ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est que maintenant, tu vis à la fois entre Abidjan et Paris et plus à Abidjan. Et ce déménagement-là, ça vient traduire une évolution dans l'histoire de Panafrica et la manière dont vous voulez développer l'entreprise. Est-ce que tu peux nous parler des nouveaux challenges que vous vous êtes fixés pour l'entreprise et aussi de l'impact que ça peut avoir vis-à-vis de différentes populations et d'emplois sur le continent ?

  • Baptiste

    Déjà, Baptiste, merci d'avoir remercié. C'est un super projet et c'était normal pour Panafrica d'y contribuer à son échelle. Panafrica est né en 2016. à un moment où personne n'y croyait, faire une basket made in Africa. Je le disais tout à l'heure, c'était un projet qui était un peu fou, assez difficile à mettre en place. On travaille dans quatre pays, du coup, je ne l'ai pas dit au début, mais on travaille au Maroc, au Ghana, en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso pour l'achat des matières premières, transformation des matières premières localement et production locale. On a un sous-traitant aujourd'hui qui est au Maroc, près de Casablanca, qui a un petit atelier qui faisait de la chaussure de sécurité. à qui on a dit tu fais de la chaussure de sécurité, on va t'apprendre à faire de la basket. Donc on a passé des mois avec lui à ses côtés pour apprendre à faire une paire de baskets. Ça nous donnait les premières armes pour construire la marque au début. Ça nous a aussi fait faire beaucoup d'erreurs. Nos premières productions, parce que Panafrica a grandi assez vite au début, on avait pré-vendu 2000 paires de chaussures. Sur les 2000, il y en avait 1000 à mettre à la poubelle parce que les semelles étaient mal collées, etc. Donc on a... un peu mordu la poussière au début. mais on avait cette fierté toujours de co-contrer des projets intelligents dont on était fier et du coup on se remet toujours de nos échecs et nos erreurs. On a appris comme ça petit à petit en montant notre projet sauf qu'on a eu la chance de connaître aussi le succès avec des premiers distributeurs, Galerie Lafayette, Grand Magasin, des magasins indépendants qui sont même là, qui sont en train de m'écouter. qui nous revendent. Aujourd'hui, on a 150 points de vente en France et à travers le monde, dont une cinquantaine sur le continent africain. On y reviendra peut-être, mais on est aussi pas mal distribués aujourd'hui en Afrique, notamment en Afrique de l'Est, Tanzanie, Ouganda, Ilmoris, etc. Et cette croissance, à la fois cette croissance et puis nous, notre vision qu'on a depuis le début. Nous oblige à repenser un peu la manière de faire. Je vis aujourd'hui à Abidjan parce qu'on est en train de monter un gros projet, puisqu'on est en train de financer et de construire une usine de production de baskets en Côte d'Ivoire, à Abidjan, qui va ouvrir ses portes en septembre prochain a priori. Je dis a priori parce que ça peut changer un petit peu, les calendriers sont parfois compliqués à tenir. Mais notre idée, c'était, comme je le disais au début, de faire de la mode un levier de transformation sociale sur le continent africain. On n'avait pas les moyens au départ, ni l'énergie d'avoir notre propre atelier. Aujourd'hui, on a un peu plus de moyens. On a l'énergie, on a des gens qui croient en nous et on a la croissance de marque qui nous permet de voir plus loin, de voir plus grand. Donc, notre idée, c'est de monter notre usine, d'embaucher des gens, de faire les choses bien. c'est-à-dire de former des gens, on va avoir une usine et un centre de formation qui sont en construction actuellement et on va embaucher à peu près 25 personnes dès septembre puis une cinquantaine sur l'année 2025 donc tout ça, c'est un gros projet qui nécessite d'être sur place de suivre donc on part avec mon associé tous les deux à temps plein à partir d'avril et on restera à Abidjan pour suivre ce projet-là et puis on a une équipe à Paris qui... qui suit les affaires courantes et puis moi je reviendrai pour les soirées du Who's Next ? Voilà le projet et donc voilà comment grandit la marque aussi parce qu'à un moment donné on va garder un peu de production au Maroc on va faire nos propres productions en Côte d'Ivoire l'idée étant de monter en cadence de production et demain notre idée un peu plus long terme c'est aussi de produire pour des marques africaines Pas de possibilité de production en Afrique subsaharienne. Il faut savoir que le continent africain est au final assez pauvre en industrie, un peu moins en Éthiopie, notamment sur la chaussure. Notre idée, c'est aussi de dire à des marques africaines qui n'ont pas la possibilité de produire des baskets en Afrique, qui sont obligées souvent de le faire en Asie, de dire qu'en fait, il existe une usine qui est une belle usine, qui emploie des gens en local. qui crée de la richesse, qui crée de la valeur localement. Et vous pouvez produire vos baskets chez nous. Et que derrière, on puisse créer tout un écosystème vertueux pour le continent, en créant de l'emploi, en créant de la distribution nouvelle, etc.

  • Inaden

    Et est-ce que ce dont tu nous parles là, en termes d'évolution de Panafrica, est-ce que c'est quelque chose que tu avais inscrit dans un business plan, genre il y a cinq ans ? Est-ce qu'il y avait vraiment une vision d'un jour, on aura notre usine en Afrique ? Ou est-ce que... ou est-ce que finalement c'est j'ai pas a priori je pense pas que ce soit venu comme ça un matin vous vous êtes dit de la même façon que vous vous êtes dit on va faire des chaussures en Afrique dix ans plus tard on va faire une usine en Afrique peut-être que c'était comme ça en fait au début je pense qu'on y pensait on y pensait secrètement on avait envie de le faire mais on avait pas la possibilité et puis et

  • Baptiste

    puis à un moment donné tu peux pas penser trop grand parce que sinon ton projet il prend jamais forme nous on est un peu pour le coup pragmatique mais il faut commencer par un petit quelque chose et tu te dis bon aujourd'hui on peut pas produire en Côte d'Ivoire c'est pas grave on va le faire ailleurs on va démarrer comme ça, on va apprendre on va apprendre sur le terrain et puis en fait plus ton projet prend forme plus les gens croient en toi, plus toi tu crois en toi même aussi et tu te dis finalement on a réussi déjà à faire ça donc on peut peut-être faire un peu plus et puis tu te prends au jeu aussi, je le dis souvent nous on a monté un projet en partant vraiment de zéro on avait et je mens pas quand je dis ça, on avait 5000 euros en poche quand on a lancé Panafrica... On a réussi à tout créer, à monter une marque qui fonctionne, qui emploie des gens. Et aujourd'hui, on se dit qu'on peut aller plus loin. On est arrivé à un moment où on peut se permettre de faire une levée de fonds pour monter cette usine. Il y a des gens qui croient en nous. On peut aller chercher des subventions parce qu'on a déjà un historique et une expérience qui fait que les gens nous écoutent et se disent que ce sont ces deux gars-là auxquels on ne croyait pas. Au début, ils ont quand même réussi en neuf ans à monter la marque Panafrica, donc ils vont bien réussir quelque chose d'autre. Et du coup, nous, aujourd'hui, on se dit que c'est possible et on sait qu'on va y arriver.

  • Inaden

    J'ai aucun doute, mais du coup je me dis dans dix ans qu'est-ce que vous allez faire ?

  • Baptiste

    Ça je sais pas, on verra.

  • Inaden

    On reviendra, on reviendra à la soirée de Who's Next, on pourra dire ça y est maintenant. Donc Mathie, maintenant la question à toi que j'ai envie de te poser, c'est toi dès le départ, c'est ce que tu évoquais au début, dans la création de tes sacs, c'était important pour toi qu'il y ait un côté frenchy, tu vois parisien, et que ce soit pas connoté en fait. Est-ce que tu peux revenir là-dessus en fait en termes de... Tu as de l'ADN et de storytelling. Pourquoi est-ce que c'était important pour toi ? Et qu'est-ce que ça veut dire pas ethnique en fait pour toi ?

  • Ramata

    Oui, c'est une super question et j'adore quand on me la pose, donc merci. Donc moi, j'ai un attachement, je suis métisse, mon papa vient d'Afrique et je voulais vraiment valoriser cette partie de moi. Et c'est vrai que souvent, quand on parle d'Afrique et quand on parle de mode, on pense wax, on pense tissus colorés, on pense des choses qui sont très marquées, très ethniques. Et je ne vais pas lancer le débat sur d'où vient le wax, mais il y a aussi cette idée de se dire, en Afrique, en tout cas à l'Afrique, les cultures africaines ne se limitent pas à deux, trois clichés qu'on a tous intégrés de manière inconsciente. Moi, j'adore le wax, je dis ça, mais j'adore le wax. Mais je voulais vraiment que ma marque raconte autre chose. Et donc, le parti pris sur lequel je suis partie dès le départ, c'est de me dire, je vais partir sur une marque de sacs que moi, j'aimerais porter, moi, Nathie, que j'aimerais porter tous les jours, avec lequel je serais à l'aise. Et ce n'est pas forcément un sac avec du wax, ce n'est pas forcément un sac avec une forme de carte d'Afrique, par exemple, typiquement sur ce genre de choses, de codes qu'on retrouve très souvent. J'avais plutôt envie de revendiquer le côté j'ai envie de dire qualitatif, raffiné, ce côté un peu intemporel de la parisienne que je suis. Moi, je suis née à Paris. J'adore les bains implantés, mais je suis une vraie parisienne. Et du coup, je suis vraiment partie sur mon premier modèle. C'est celui-ci, c'est un petit sac bourse qui a connu grand succès. C'est vraiment mon sac signature. J'ai énormément de boutiques qui l'ont vendu à tour de bras. Pourquoi ? Parce que c'est un sac que n'importe quelle femme, n'importe quelle citadine peut porter. C'est vraiment le petit sac de tous les jours.

  • Baptiste

    Et en fait,

  • Ramata

    ce qui était très important pour moi, c'était que sur ce sac, ce soit écrit Crafted in Africa Et c'est écrit sur tous nos sacs. Et finalement, là où je considère que j'ai gagné, c'est-à-dire que quelqu'un, une femme qui rentre dans une boutique, qui voit un sac comme celui-ci par exemple, et qui se dit Ah mais il est trop beau, il est canon, j'adore ! et qui dans sa tête a déjà finalement inconsciemment décidé que c'était fabriqué en Italie, quand elle retourne le sac et qu'elle voit que c'est écrit Crafted in Africa with love il se passe quelque chose dans sa tête. Moi c'est ce que je constate dans le regard de toutes les femmes qui discutent et qui me disent Ah oui, c'est fabriqué en Afrique et là on peut commencer à discuter. Là on peut commencer à expliquer que bah oui, il y a des talents en Afrique, que oui, il y a des ressources en Afrique et que oui, Un sac comme celui-ci, qui a un style plutôt parisien, plutôt à la française, il peut être fabriqué là-bas. Donc vraiment, le parti pris de ma marque, il est de venir un peu réaliser ce shift dans l'esprit des personnes, de dire que l'Afrique ne se résume pas au wax, l'Afrique ne se résume pas à une mode ethnique. Il y a des designers qui sont hyper talentueux, qui font des choses magnifiques, qui se retrouvent sur la scène internationale. Et je m'inscris vraiment dans cette vibe. C'est-à-dire que moi, je suis métisse. Il y a une part d'africanité chez moi et je l'adore, je la respecte, je l'honore. Mais je veux aussi honorer ce métissage qui fait que j'aime les choses qui sont plutôt intemporelles, qui sont à la française, qui sont raffinées, qui sont qualitatives. Et c'est vraiment ce que j'ai voulu incarner avec la marque et je pense qu'on a plutôt réussi.

  • Inaden

    Je crois aussi. Du coup, ça me donne une bonne transition pour toi, Baptiste. Cette fois-ci, tu ne t'es pas jeté sur le micro. Je sais qu'au départ, dans les boutiques au Cap-Vert et à Braza, l'idée, c'était vraiment de proposer des stocks d'un vendu et de les proposer à prix accessible. Donc, quand tu parlais des prix tout à l'heure, j'ai envie de revenir sur le fait que tu as regardé le marché local pour proposer des niveaux de prix qui soient cohérents pour les populations locales. Et là, ce que tu as commencé à intégrer aussi, c'est des produits. qui sont fabriqués par des créateurs africains. Est-ce que tu peux nous parler de cette évolution-là dans la proposition au sein de tes boutiques ?

  • Vulfran

    Exactement. Je vais revenir sur ce que je disais tout à l'heure en début de propos. C'est vrai qu'en Afrique centrale, la mentalité est un petit peu différente. En Afrique centrale, il n'y a pas cette mise en avant du savoir-faire congolais ou du savoir-faire caméronais ou du savoir-faire gabonais, alors qu'il y a des artisans qui font de très belles choses. Et c'est vrai que dans l'esprit, lorsque j'ai posé les questions, voire dans la boutique, on m'a à chaque fois dit des produits de là-bas. des produits de l'Europe. Mais dans ma tête, j'avais envie quand même de faire découvrir, tant bien que mal, des produits aussi faits en Afrique. Mais je devais passer par une transition assez douce. En Afrique centrale, je devais vraiment prendre le temps d'y arriver. Donc, j'ai commencé par les invendus des marques, la seconde main. Ensuite, les invendus des marques. Par la suite, j'ai fait rentrer des créateurs africains. Au Congo, il y a quatre créateurs dans la boutique, donc deux créateurs qui viennent du Congo, un béninois et un ivoirien, qui proposent leur collection dans la boutique de la mode européenne, moyennant juste un loyer symbolique. Et c'est une révolution parce qu'en fait, je rejoins un petit peu ce que tu dis, justement, il y a un créateur ivoirien qui fait des chemises type façonnable. Et c'est vrai que les Congolais, quand ils rentrent dans la boutique, ils veulent les chemises... raflorene, façonnable, et là je leur dis il y a des arrivages, essayez de voir un petit peu. Et donc en fait ils retournent et ils ne voient pas un nom Europe. Donc au départ ils ont un peu peur, ils ne font pas confiance, et je leur dis mais si, si, si, en fait ce sont juste des chemises fabriquées en Côte d'Ivoire, mais la qualité est incroyable, essayez-le. Il faut savoir qu'au Congo, quand quelqu'un achète un vêtement, il peut passer une heure à l'essayer, à se tirer dans tous les sens, pour juste voir si la qualité est là, et moi ça me fait toujours rire, parce que même... Si le produit coûte 5 euros, 6 euros, ils vont passer une heure à vérifier couture par couture pour voir si ça va tenir la route. Et en fait, j'ai introduit ces produits et finalement, ils m'ont dit mais en fait, c'est encore mieux que façonnable. Je ne suis pas là pour vous dire que vous devez consommer africain, vous devez consommer des marques européennes. Juste, essayez d'ouvrir votre esprit. Vous dire que vous êtes au Congo, on vous propose des marques européennes, mais il y a aussi des créateurs sur le continent africain qui font de très belles choses, et vous pouvez même mixer les deux. Comme on le voit en Corée, souvent on a des Coréens qui peuvent porter des jeunes créateurs, des marques de luxe, c'est aussi l'idée de mixer un petit peu tous les genres. Et au final, c'est un créateur qui a cartonné. On a fait sold out sur toutes les chemises qu'il a proposées à la boutique, et il nous en redemande encore, on veut le créateur, il va en avoir. Donc maintenant... Ils ont compris, en tout cas dans le quartier où je suis, qu'il y a aussi des belles choses qui vont être faites en Afrique. Et je reviens avec une exclue aussi, c'est que dans cette transition douce, je prévois pour 2016 de créer une marque de la mode européenne, constituée de stocks dormants européens avec le génie créatif congolais. Donc en fait, l'idée, c'est de travailler, retravailler des pièces, donc mettre en avant l'upcycling congolais. à travers des produits de stock dormant que je vais ramener au Congo. Donc ça, c'est l'ambition du projet La Mode Européenne, donc la continuité pour cette transition douce.

  • Inaden

    Très bien. Merci beaucoup. Du coup, tu as devancé ma prochaine question qui était vraiment liée à vos next steps, en fait, c'est-à-dire demain, ou est-ce que vous allez, en tout cas, l'année 2025, comment elle se profile pour vous ? On est au début de l'année, c'est en général... à un moment où on s'établit le programme de quelles vont être les principales nouveautés, nouvelles collections ou autres. Donc, c'était l'idée que chacun d'entre vous nous partageait ça. Donc, toi, tu as déjà parlé.

  • Vulfran

    J'ai une autre... En fait, hier, j'étais avec...

  • Inaden

    C'est un truc qui date d'hier.

  • Vulfran

    Ouais, c'est ça. En fait, il y a une boutique au Congo et il y a une boutique au Cap-Vert. Et en fait, il y a un ami d'enfance qui nous a accompagnés dans tout le début du projet, qui est d'origine du Camerounais. Donc en fait, la boutique avait été créée administrativement au Cameroun depuis 2021. Il s'avère qu'avec cet ami-là, il a changé de direction, on a mis le projet en stand-by et en fait, hier, on s'est revus, on se voit souvent. Et il m'a dit qu'il allait au Cameroun là en février. Donc je vais aller au Cameroun avec lui pour justement préparer le terrain pour la troisième boutique solidaire au Cameroun qui va arriver en 2026. Voilà, c'est l'exclu de la mode européenne.

  • Inaden

    Merci beaucoup, super, on a eu trop d'exclus de l'aveu d'Auréthène ce soir. Du coup, Nathie et Luc-Franc, vous avez des exclus ou pas ?

  • Ramata

    Moi, je n'ai pas d'exclus qui datent d'hier, du coup là, ça va être difficile de faire mieux. Non, je n'ai pas spécialement d'exclusivité, par contre, je pense qu'on est quand même dans un tournant en termes de consommation. Je pense que les personnes, en tout cas, de plus en plus de personnes s'intéressent aux marques, cherchent à... à acheter des pièces qui ont des histoires, qui sont de qualité. Et c'est vrai que moi, ça fait quand même quelques temps que je réfléchis à ça. La marque, elle a beaucoup, en tout cas sur les premières années, elle s'est beaucoup appuyée sur ses revendeurs. On a eu jusqu'à 150 points de vente, France et international. Il y a eu un repli avec le Covid. Le Covid a quand même fait beaucoup de mal au secteur du retail. Moi, ça m'a amenée quand même à me questionner aussi sur comment je tire profit de cette situation, cet impact. Et ça fait quand même un certain temps que je teste tout ce qui est précommande. Et c'est vrai que c'est un modèle que j'aime beaucoup, qui offre de la liberté en termes de création aussi, qui permet de co-créer, de fidéliser. Moi, j'ai la chance d'avoir des clientes qui connaissent la marque depuis des années ou même celles qui sont plus récentes, qui vraiment adhèrent au projet. Elles n'achètent pas juste un sac quand elles viennent chez Inaden, il y a cette envie de participer, à raconter une autre histoire, à participer à cet empowerment du continent, de cette Afrique qu'on aime. Et vraiment, moi je m'inscris, en tout cas l'année 2025 va s'inscrire dans comment je peux vraiment m'approprier ce modèle de précommande et impulser cette dynamique au sein de la marque. Donc c'est vrai que j'avais un fonctionnement très traditionnel auparavant où on fonctionnait... saison par saison, collection par collection, donc c'est un vrai gros rythme. Moi, je suis plutôt dans une démarche de faire ce qu'on appelle du slow business, de me dire, OK, on va plutôt essayer de sortir un ou deux modèles par an, mais de le faire de manière intelligente, d'être dans de la co-création, de vraiment faire les choses bien, peut-être pourquoi pas de monter encore le curseur en termes de qualité, de ce qu'on a à offrir, mais de produire peut-être moins. Voilà, moi vraiment, c'est plutôt vers ça que je m'inscris. Et je trouve que ça a beaucoup de sens par rapport à la façon dont on consomme aujourd'hui. Mon objectif, c'est d'avoir le moins d'invendus possible, par exemple. Parce que quand on est une marque, mais vu le front, tu connais ça aussi, on a des minimums de production, on a aussi des fois des pièces qui ont des défauts, qui ne sont pas vendables, on se retrouve avec du stock. Et le stock, c'est de l'argent qui dort, en fait, tout simplement. Et l'idée, c'est de se dire comment on réduit ça et on reste dans l'éthique, dans la démarche qu'on défend depuis le début et qui aussi répond aux besoins des personnes sur le marché. Et je pense que les personnes aujourd'hui, elles sont prêtes à attendre, elles sont prêtes à patienter et elles sont prêtes aussi à financer des produits, des marques qu'elles aiment parce que ça a du sens pour elles. Et donc, clairement, 2025, pour moi, c'est un peu cette année charnière où on va rentrer dans une phase un peu slow, mais où on va essayer de faire les choses de manière plus intelligente, plus qualitative et d'être encore plus en phase avec nos valeurs.

  • Baptiste

    Du coup, vous l'avez compris, changement de vie pour nous, puisqu'on part en Côte d'Ivoire définitivement. On ouvre une usine sur place.

  • Inaden

    Et tu nous invites ?

  • Baptiste

    Je vous inviterai quand tout sera mis en place. En tout cas, l'an prochain, c'est les 10 ans de Panafrica. Donc, je trouvais que c'était bien pour les 10 ans d'ouvrir notre usine. On verra ce qu'on fera pour les 20 ans. Mais en tout cas, gros challenge à venir. Je le redis, c'est dans un pays qui n'a pas d'industrie de la chaussure. Donc, en fait, au-delà d'ouvrir une usine, c'est comment on forme les gens. Donc, nous-mêmes, on est en train de se former en ce moment en France pour comprendre comment doit tourner une usine, comment fonctionnent les machines, comment former des gens, etc. Donc, après, il y a toute une partie... Sur la formation, il y a un challenge pour nous qui est aussi forcément de gérer une marque comme PanAfrica à distance en étant en Côte d'Ivoire avec des équipes en France. Donc avec toute la restructuration de la marque que ça nécessite pour vivre les choses sereinement et être un petit peu à la fois sur la partie industrielle et en même temps sur la partie commerciale de la marque. Et puis nous, après, pas d'exclus non plus. Incroyable, mais on est aujourd'hui. On a fini une année avec 40% de croissance, dans un moment où beaucoup de marques souffrent.

  • Inaden

    Ça, c'est Vulfranc quand il dit qu'il n'y a pas d'exclus incroyables. On a fait du double digit en croissance de chiffre d'affaires.

  • Baptiste

    Donc, là où beaucoup de marques souffrent, non mais j'en parle parce qu'on parle du Made in Africa, mais le Made in Africa aussi, il faut le savoir. Parfois, l'Afrique, effectivement, ne fait pas rêver. Tu en parlais au début, on apporte beaucoup de négatifs quand on parle de l'Afrique, etc. Mais en fait, on prouve, je pense, à travers... nos différents projets, que l'Afrique est un continent incroyable d'opportunités, de savoir-faire. Et qu'en fait, aujourd'hui, je trouve que les choses sont quand même en train de changer dans le regard des gens aussi, que les gens peuvent porter sur des produits made in Africa. Et qu'en plus, ça apporte un petit côté, une histoire, un marketing forcément sur lequel on travaille, mais qui permet de porter la marque au-delà d'une simple marque commerciale. Nous on n'a pas fait les choses pour faire de l'argent au début, tu l'as dit, même si une marque doit faire de l'argent, si on voulait faire de l'argent on irait faire nos baskets en Asie, on irait acheter notre coton en Asie et on ferait tout en Asie. Ça nous coûterait beaucoup moins cher, ça serait... Beaucoup moins de stress, mais il y a aussi beaucoup moins d'histoire. Et je pense que cette histoire-là, elle a fait grandir Panafrica, elle a fait grandir Inaden, elle a du fier. Et nos clients, les consommateurs, aujourd'hui, quand beaucoup de marques souffrent, finalement, des marques comme Panafrica arrivent un peu à tirer leur épingle du jeu parce qu'on offre autre chose qu'une paire de baskets. On offre une philosophie, on offre des valeurs, on offre une histoire, un imaginaire, des projets. Et je pense que du coup, ça donne vraiment un souffle nouveau dans le domaine de la mode. Et c'est pour ça qu'on s'en sort, qu'on est encore vendu dans des magasins qui prennent de moins en moins de risques. C'est parce qu'en fait, Panafrica raconte une autre histoire. Et là, on est en ce moment, je fais concurrence à Woosnext, mais on expose à Maisons et Objets. Et on a fait des super journées depuis hier parce qu'en fait, il y a... Beaucoup de concept stores qui viennent nous chercher parce qu'ils ont besoin d'histoires différentes, de produits différents, de compléments d'offres qui racontent autre chose. Et c'est grâce à ça qu'on est encore là aujourd'hui et donc je le mentionne. Donc pour l'an prochain, on compte grandir. On a 150 points de vente, on en vise 300 d'ici deux ans. Donc ça nécessite encore pas mal de travail.

  • Ramata

    Très bien.

  • Inaden

    On arrive à la fin de cet échange. Est-ce que vous avez des questions ?

  • Ramata

    Merci pour vos partages d'expérience. Je trouve que vos projets portent de très belles valeurs. La question que j'aimerais vous poser, c'est est-ce qu'aujourd'hui dans vos business models, vous arrivez à intégrer des questions environnementales ? Notamment quand on sait qu'il y a des pays, quand on regarde les modèles bangladais et chinois, où on voit qu'il y a beaucoup de pollution. Est-ce que c'est des questions que vous arrivez à intégrer aujourd'hui ? Et aussi notamment peut-être au niveau des ressources ? Le coton, on sait que ça utilise beaucoup d'eau et l'Afrique et notamment au Burkina sont soumis à énormément de contraintes environnementales, de sécheresse, potentiellement de tensions sur l'eau. Est-ce que c'est des choses que vous arrivez à intégrer aujourd'hui dans votre business model ?

  • Baptiste

    Je vais commencer par répondre assez rapidement, je t'aurai peut-être des choses à dire aussi. En tout cas, nous, sur la partie environnementale, forcément, c'est un des enjeux. Même si au départ, Panafrica a été créé, je l'ai dit au début, nous, on avait vraiment envie d'avoir un impact social avant tout. Deux, après, sont très liés. Pour répondre rapidement sur le coton, le Burkina Faso offre un coton d'extrêmement grande qualité, qui est un coton fair trade biologique, qui ne nécessite pas d'eau. au-delà de la pluviométrie du pays où c'est produit, et qui est un coton qu'on utilise, qui est tissé sur un métier à tisser, qui n'excite pas d'électricité. Donc sur ces sujets-là, on essaye de faire les choses bien. Je pense qu'il y a toujours, moi je le dis toujours, on n'est pas les meilleurs, je pense qu'on peut progresser, après nous on utilise énormément de matière pour le coup, recycler, donc... Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que ce n'est pas forcément intéressant pour tout le monde, mais vous pourrez me poser vos questions après ou regarder sur notre site internet. Par exemple, tous nos intérieurs doublures de baskets sont en polyester recyclé. On n'utilise que du coton biologique et fair trade. On a des semelles en partie qui sont composées à 30% de caoutchouc recyclé. Donc il y a des choses qui sont intégrées dans les process de production pour avoir un impact environnemental moins important qu'une basket classique. Après, nous, dans notre domaine, ça reste encore, et je le dis, le meilleur moyen de ne pas polluer, c'est de ne pas acheter ou d'acheter des produits de seconde main ou de ne pas produire, mais en tout cas acheter des produits de seconde main, etc. Après, moi, ce que je mets en avant, c'est qu'une basket de Panafrica, elle est faite pour durer. C'est que les clients restent avec leur basket, sont contents de les porter. qui puisse les porter plusieurs années d'affilée. Et ça c'est notre plus grande réussite. On a des clients aujourd'hui qui ont des baskets, parfois même moi, je les porte beaucoup. Je dis pas ça pour faire ma pub, mais il y a des paires, ça fait trois ans que je les ai.

  • Inaden

    Un peu quand même.

  • Baptiste

    Je les porte énormément. Après, bien sûr, je fais ma pub. Si vous voulez acheter une paire de baskets, n'achetez pas d'Africa plutôt qu'une autre marque. Mais voilà, je pense qu'après, c'est aussi sur comment tu crées ton produit pour que ton produit soit durable.

  • Vulfran

    Est-ce que je peux compléter ma question peut-être ? Oui. Du coup, ça veut dire, est-ce que vous arrivez aussi à prendre en compte la fin de vie de vos produits ? C'est-à-dire, est-ce que vous arrivez à dire à vos clients, quand vous achetez une paire de Pan Africa, c'est pour la vie ? Est-ce qu'ils la jettent derrière ? Et s'ils la jettent, comment c'est recyclé ? Est-ce que c'est recyclable ? Toutes ces questions-là. Parce que la question que je me pose, je me dis... Le secteur de la mode se développe, en même temps dans le monde aujourd'hui c'est quand même 140 milliards de vêtements qui sont produits à l'échelle mondiale, c'est 10 milliards de vêtements par personne, c'est beaucoup. Et en fait du coup ces vêtements-là, si on continue à en produire, qu'est-ce qu'on en fait en fait ?

  • Inaden

    Je vais répondre rapidement pour ne pas me monopoliser à parole sur la partie environnementale. En tout cas, ta question elle est centrale, c'est la question de la fin de vie d'un produit quand tu as une marque de mode. Et de toute manière aujourd'hui, c'est une obligation légale en fait quand tu as une marque de penser la fin de vie de ton produit. PanAfrica, nous on a mis en place un système de récupération des paires usagées. Pour moi le principal sujet c'est vraiment durabilité, donc c'est éco-conception. C'est comment tu penses un produit au départ pour qu'il soit le plus durable possible dans le temps, ça c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est de te dire, est-ce que mon produit est réparable ? Parce que recyclable, c'est toujours un petit peu, il faut faire attention à ça, parce que recyclable, c'est pour récupérer les paires, les broyer au Portugal, renvoyer... Au final, l'impact environnemental est plus fort, limite, que si on produisait une paire neuve. Donc il y a aussi beaucoup de ringwashing sur ces questions-là. Moi, ce que je pense, c'est que la paire doit être éco-conçue, et derrière, elle doit être facilement réparable. Après, aujourd'hui, dans le domaine de la basket, ça reste un sujet assez complexe et qui coûte cher. Donc voilà pour ma réponse. On essaie de le faire, mais on n'y arrive pas toujours.

  • Baptiste

    Je peux apporter aussi mon point de vue pour répondre à ta question, parce que je pense que la question des matières, de l'environnement, quand on est une marque de mode, aujourd'hui, on ne peut pas faire l'impasse. Moi, j'ai une marque de maroquinerie. en cuir véritable, puisque je sais qu'aujourd'hui il y a la tendance à la maroquinerie vegan. Moi je suis un peu comme Wulfranc, je n'ai pas créé une marque pour créer une marque, l'idée pour moi c'est d'avoir un impact, un impact économique en Afrique. Et donc typiquement quand aujourd'hui par exemple des personnes viennent me voir pour me dire mais tu te dis marque éthique, en tout cas tu dis que tes produits sont éthiques, mais tu fais appel à du cuir, c'est pas du tout éthique, il y a le vegan, etc. Il y a deux choses. La première chose, c'est qu'il faut savoir que l'Ethiopie est quand même l'un des pays précurseurs par rapport aux questions environnementales sur tout ce qui est tannage. C'est-à-dire qu'il y a eu un nombre incalculable de tanneries qui ont été fermées parce qu'il y a eu une réglementation locale qui a été vraiment durcie. Il y a eu énormément de contrôles. Donc moi, quand j'ai démarré mon projet il y a à peu près 11 ans, il y a eu une hécatombe au niveau des tanneries de la filière qui était déjà existante et qui existait depuis... des années et qui se portaient très bien. Mais justement, pour protéger l'environnement, pour éviter qu'il y ait des dérives, il y a une réglementation locale. Aujourd'hui, je travaille principalement avec des tanneries qui sont certifiées ISO environnement. Il y a quand même cet engagement que le processus de fabrication soit respectueux de l'environnement et aussi des travailleurs, puisque ça touche aussi à tout ce qui est composition. Pour faire du cuir, il faut... Il faut quand même des composés chimiques. Il y a aussi cet impact avec les personnes qui sont au contact des matières pendant leur transformation. Ça, c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est que moi, dans ma vision, en tout cas par rapport à ce que je vois pour Inaden et ce qu'on sera demain, c'est qu'on restera sur le cuir. Je n'irai pas sur la tendance vegan tant qu'il n'y a pas de matières, je dirais, vegan à proprement parler, qui sont produites en Afrique. Ça n'a aucun sens pour moi d'aller importer... en Afrique, sur mon lieu de production, des matières qui seraient fabriquées ailleurs, alors qu'on a une ressource qui est issue elle-même de l'upcycling, puisque le cuir c'est quand même le premier acte d'upcycling de l'humanité. Je veux dire, si on s'habille aujourd'hui, c'est parce qu'à un moment donné, un jour, il y a des hommes des cavernes qui ont chassé, qui ont cherché à transformer les peaux en vêtements. Donc l'upcycling, le cuir, c'est vraiment le premier acte d'upcycling de l'humanité. Donc moi, les cuirs que j'utilise, ils sont issus d'une filière de revalorisation, de rebut, de pot. Et donc finalement, c'est parfaitement logique dans mon esprit, dans la démarche de la marque, d'utiliser des cuirs qui sont issus d'une industrie locale africaine et de les transformer sur place. Donc dans ce cheminement-là, dans cette réflexion-là, pour moi, ça a du sens de continuer à proposer du cuir. Et en plus, ceux-ci sont issus de tanneries qui sont certifiées. Donc vraiment, il y a cette conscience qui est là. Et là où je rejoins Wulfranc... C'est que pour moi, en tout cas dans la mode, c'est vrai que si on ne veut pas polluer, si on a cette éthique, on ne consomme pas de mode tout simplement, on va vers la deuxième main, etc. Mais le plus important, c'est quand on conçoit le produit et s'il est réparable. Et effectivement, moi, je fais le choix quand j'imagine les collections, quand on les fabrique, de se dire, ok, est-ce qu'il y a de la complexité sur le produit qui fait qu'il est difficilement réparable ? Moi, dans quasiment 98% de ma collection, par exemple, n'est pas doublé. Ça veut dire que... demain vous avez une couture qui lâche, ça peut arriver après des années où le sac est porté, manipulé, vous allez chez le cordonnier, il fait trois points de couture, votre sac vous repartez avec. Le cuir est une matière par définition qui est très résistante. Donc oui, elle peut se patiner, etc. Mais il existe des soins, il existe des solutions pour redonner une nouvelle vie au produit. Donc là où je rejoins parfaitement la logique, le point de Vulfranc, c'est de se dire finalement ce qui est important, c'est pas tant comment on va... On va recycler le produit, mais c'est comment on fait pour que ce produit vive le plus longtemps possible et dans quelle mesure il est réparable.

  • Ramata

    Merci beaucoup. On arrive à la fin de cet échange. Je vous remercie beaucoup pour votre attention. Vous pouvez bien sûr, je pense qu'ils vont rester un petit peu avec nous, même si ce n'est pas dans l'espace, pour pouvoir répondre à d'éventuelles questions. En tout cas, ça fait un plaisir de partager ce moment avec vous. L'intégralité de l'échange sera disponible sur le podcast Africa Fashion Tour. Donc, pas demain. Mais en tout cas, je récupère la bande, je fais un petit montage et vous pourrez avoir accès à l'audio et le partager. Merci beaucoup, à très bientôt. En Afrique ou ailleurs. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'épisode et présentation des invités

    00:00

  • L'importance du Made in Africa dans la mode

    00:11

  • Les défis et opportunités de la production locale

    00:28

  • Conversations sur les expériences de voyage en Afrique

    01:39

  • Le lien entre mode et transformation sociale en Afrique

    02:14

  • Les projets et ambitions des entrepreneurs en 2025

    02:49

  • Conclusion et réflexions finales sur l'avenir de la mode en Afrique

    04:50

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