- Speaker #0
Pour résumer, comment dire, une vie de l'Africa aujourd'hui, en fait, est le fruit d'un échec. L'échec premier, c'était d'avoir créé mon agence de voyage, parce que j'ai fini par la créer, cette agence de voyage, en 2014, avec vraiment déjà cette vision de diaspora, d'histoire diasporique, de vraiment faire connaître l'histoire de l'Afrique. pas que celle du continent, celle des diasporas parce que j'ai été connectée vraiment aux populations approdécentes à travers le monde, donc je tenais vraiment à trouver quelque chose qui connecte ça. Malheureusement, en France, le secteur du tourisme est très réglementé et notamment en termes de garantie financière qu'on vous demande pour avoir une agence de voyage. Et moi, à l'époque, à 22 ans, j'avais pas les moyens, quoi. Enfin, à 25 ans plutôt. Et c'est un projet que j'ai dû malheureusement et douloureusement abandonner. Et je ne voyais pas d'issue. Et il m'a fallu une autre pause, en fait, pour me dire, OK, il faut que je revoie mon projet d'agence de voyage. Peut-être que ce n'est pas aujourd'hui, mais je vais peut-être juste me focus sur Paris. Et c'est comme ça que Nelly, t'es l'Africain.
- Speaker #1
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan. Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramatha Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode. parisienne et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Jacqueline Gompi, la fondatrice de l'agence culturelle touristique Little Africa. Sur le site internet de Little Africa, on peut lire « Little Africa aide les particuliers, les institutions et les entreprises à se connecter au meilleur de la culture africaine depuis Paris et ailleurs dans le monde. » J'ai invité Jacqueline aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son travail au sein de son agence culturelle et touristique. Bienvenue Jacqueline, comment vas-tu ?
- Speaker #0
Merci Ramatha, écoute je vais très bien, j'espère que tu vas bien aussi.
- Speaker #1
Écoute ça va très bien, je suis ravie de te retrouver pour cette interview. Je suis déjà passée en fait à ce que j'appelais un concept store et du coup tu vas pouvoir nous expliquer, nous dire que c'est plus qu'un concept store Little Africa. En tout cas j'étais allée il y a quelques mois pour une exposition liée à la sortie d'un bouquin qui s'appelait Regards Noirs. J'avais beaucoup apprécié le moment et en fait... et l'exposition qui avait eu lieu. Donc, je m'étais gardée dans un coin de la tête que j'aimerais bien réaliser ton interview pour en savoir plus en fait sur ce que tu fais et comment tu organises les différentes activités liées à ton agence.
- Speaker #0
Bien entendu.
- Speaker #1
C'est l'occasion. Donc, on va commencer en fait, comme je le fais toujours pour les interviews, je vais te demander de te présenter.
- Speaker #0
Alors, me présenter, c'est toujours un exercice. compliqué pour moi parce que parfois j'ai peur d'en dire trop ou de ne pas dire assez, tu vois. Écoute, je suis donc Jacqueline, je suis d'origine cameroonaise. Je suis arrivée à Paris quand j'avais dix ans et depuis, voilà, je suis ici et donc je considère que Paris est vraiment mon terrain de jeu et je me considère comme parisienne. Et ça, c'est très important aussi dans le travail que je fais qui est vraiment très lié à la ville de Paris. Et donc je suis entrepreneur, fondatrice, dirigeante et directrice artistique de Little Africa, qui est mon agence d'ingénierie culturelle que j'ai créée il y a presque dix ans maintenant. Culturelle et touristique qui avait vraiment cette vision et qui est vraiment un projet d'abord personnel qui répond à mes interrogations et mes attentes. Et je suis également... je suis curatrice également et je suis maman de deux petites filles. Voilà.
- Speaker #1
Très bien, en tout cas je te rassure cette interview elle est faite pour toi, tu peux parler autant que tu veux donc ne te dis pas que tu en dis trop. Tu ne me diras jamais trop ici, ce moment est le tien.
- Speaker #0
D'accord, ok, très bien.
- Speaker #1
Alors Little Africa à 10 ans, c'est ce que tu disais, j'aimerais bien que tu parles un petit peu de la genèse en fait de ton idée de départ parce que finalement... Être à la tête d'une agence culturelle et touristique, ce n'est pas forcément un truc, quand on est petit, on se dit, parmi les métiers qu'on peut faire, ce n'est pas forcément quelque chose qui vient comme ça. Moi, j'ai l'impression que tu as créé ton métier. Donc, est-ce que tu peux nous dire un peu quelle a été l'idée première et comment ça s'est concrétisé en aventure entrepreneuriale ?
- Speaker #0
Non, mais c'est vraiment ça. Tu as vraiment dit le mot, j'ai créé mon métier. Alors, ce qui est assez dingue, c'est que moi, je n'ai jamais voulu être entrepreneur. Ça ne faisait pas partie de mes rêves. j'appartiens à une génération dont les parents immigrés en France avaient vraiment pour objectif pour leurs enfants, c'est-à-dire de réussir leurs études et de trouver un bon travail. Donc moi, j'ai été élevée dans ça. Voilà, tu fais des bonnes études, tu travailles bien, tu vas le plus loin possible, ensuite tu trouves un bon taf. Donc j'ai été formatée comme ça, mais mon caractère, qui fait qu'en fait, j'aime pas perdre mon temps en fait dans... Je dirais, dans un effort qui ne me rapporte rien, je n'aime pas perdre mon temps dans ça. Donc en fait, si tu veux, quand j'avais 21 ans et où je rentrais d'un séjour du Mexique où j'ai eu beaucoup d'autres expériences à côté, mais je vais revenir dessus, je reviens et j'ai toujours été en contact avec mes professeurs d'école. Moi, j'ai un parcours vraiment touristique. Je suis un pur produit d'individus. de l'industrie touristique avec une licence en chef de projet création d'entreprise touristique. Et en fait, quand je reviens, mon prof me dit « Oh là là, avec le parcours que tu as à l'étranger, tu vas qu'il y a les deux marquettes, tout le monde va vouloir s'arracher ton profil. » Et je me suis dirigée, en fait, j'étais intéressée par le milieu de l'hôtellerie de luxe et aussi des agences de voyage de luxe. Donc en fait, je commence à chercher du boulot, un peu Ausha droite, et j'ai mon profil play très rapidement. J'avais 21 ans à l'époque, j'avais déjà 5-6 ans d'expérience sur le marché du tourisme. Et j'avais quand même des expériences assez intéressantes, notamment au sein du groupe Nouvelles Frontières, donc TUI, qui appartient aujourd'hui au groupe TUI Travel. et au sein de différents hôtels à travers le monde, comme les Rio Palace, où j'avais été responsable animation à petite enfance. J'avais également travaillé pour une grande agence de voyage, j'avais travaillé à Disney World aux Etats-Unis et également étudié à Orlando. Donc en fait j'avais un profil assez atypique pour le duo de mes 21 ans, et assez expérimenté. Et j'y croyais, en fait. Franchement, j'y ai cru. J'y croyais à mon prof, notamment de l'époque, M. Chassillon, qui m'encouragait et qui me disait « Non, franchement, ça va le faire » . Et on m'appelait. On m'appelait très vite. Je passais des entretiens très rapidement. Mais ensuite, il n'y avait pas de suite. Tout simplement, il y avait vraiment « Ah non, c'est super, vous avez fait ça » . Et puis, au fur et à mesure, en fait, si tu veux, des entretiens, je comprends qu'en France, le fait d'avoir peut-être un peu… D'avoir beaucoup voyagé, d'avoir eu des expériences à l'étranger, c'est bien. Mais en fait, la lecture que les recruteurs faisaient, c'est que j'aime bouger. En gros, une fois, je me souviens, en entretien, on m'a dit « Oui, mais du coup, vous avez fait des destinations, vous avez travaillé à tel endroit, vous n'avez pas peur de vous sédentariser, vous savez ici, on ne voyage pas sur ce poste-là. » Je dis « Ben non, je suis à Paris, je suis revenue, donc en fait, je ne me pose pas la question, je ne suis pas là. » pour ça en fait. Donc ça revenait où parfois c'était mon manque d'expérience. Donc j'ai un peu vécu ce que vivent les expériences éternelles des jeunes, c'est-à-dire que il te faut de l'expérience pour faire de l'expérience mais en même temps, on t'en demande le truc qui signifie pas grand-chose. Donc au bout d'un moment en fait, je tournais en rond j'en avais vraiment marre et le dernier entretien que j'ai passé un patron, une jeune entreprise, une petite entreprise, on va dire. Et ce patron-là était vraiment très transparent avec moi. Il m'a dit, écoutez, franchement, votre parcours, il tue. Il est très bien. Cependant, je ne pense pas que vous ayez besoin d'un job, que vous ayez besoin d'un emploi au sein d'une petite agence de voyage. Il me dit, honnêtement, avec le parcours que vous avez. Moi, je pense que vous devriez vous lancer vous-même. Et moi, à l'époque, ce n'était même pas dans mes projets ou même envisageables. Je me disais, mais pourquoi il me dit ça ? Moi, je suis là pour vingt ans. Et je pars très dessus de ce rendez-vous. Je garde ces mots en tête. Et je me dis, c'est bon, j'arrête. J'arrête, j'en ai marre, je ne cherche plus du boulot. Et à l'époque, j'ai mon prof qui me dit, écoute, peut-être que c'est une question de revaloriser ton parcours. Parcours professionnel pour le marché français. Donc, en fait, je reprends des études en cours du soir. Je reprends ma licence en cours du soir au CNAM. Parce que pour moi, en fait, il était hors de question que je reparte dans un parcours académique à plein temps. Sachant que j'avais vraiment une expérience professionnelle déjà bien fournie. Et les cours du soir au CNAM me convenaient très bien deux fois par semaine. Et le reste du temps, j'étais libre pour pouvoir avoir un job. Donc, ce que j'ai fait, j'ai suivi une licence de deux ans. Je travaillais en même temps à côté, toujours dans le tourisme. Et en fait, en sortant de là, cette licence était très bien. Je me suis dit, OK, je vais me lancer, en fait, pour créer mon taf, en fait, un taf qui me ressemble, c'est-à-dire qui combine vraiment toutes mes passions, toute mon expérience. J'ai fait... Par contre, ce n'était pas évident. J'ai apprécié que... Quand on sort de 5-6 ans de salariat, de différentes expériences, ce n'était pas évident pour moi de savoir ce que j'allais créer. J'ai dû prendre au moins quasiment 8 à 10 mois pour vraiment me décider sur ce que j'allais faire. Faire des analyses, j'ai dû vraiment poser sur papy, coucher sur papy mon expérience. pour que l'évidence se montre, à savoir être dans le tourisme. Donc, pour résumer, comme on dit, Little Africa aujourd'hui est le fruit d'un échec. L'échec premier, c'était d'avoir créé mon agence de voyage, parce que j'ai fini par la créer, cette agence de voyage, en 2014. avec vraiment déjà cette vision de diaspora, d'histoire diasporique, de vraiment faire connaître l'histoire de l'Afrique, mais pas que celle du continent, celle des diasporas, parce que j'ai été connectée vraiment aux populations approdécentes à travers le monde. Donc je tenais vraiment à créer quelque chose qui connecte ça. Malheureusement, en France, le secteur du tourisme est très réglementé, et notamment en termes de garantie financière qu'on vous demande. pour avoir une agence de voyage. Et moi, à l'époque, c'était à 22 ans, je n'avais pas les moyens, enfin à 25 ans plutôt. Et c'est un projet que j'ai dû malheureusement et douloureusement abandonner. Et je ne voyais pas d'issue. Et il m'a fallu une autre pause, en fait, pour me dire, OK, il faut que je revoie mon projet d'agence de voyage. Peut-être que ce n'est pas aujourd'hui, mais je vais peut-être juste me focus sur Paris. Et c'est comme ça que Nelly, c'est l'Africa. Voilà.
- Speaker #1
Très bien. Écoute, merci beaucoup d'avoir pris le temps de remonter comme ça jusqu'aux prémices de ce qu'elle était l'Africa aujourd'hui. Et puis de parler finalement des difficultés que tu as pu rencontrer. Parce que c'est vrai, quand on regarde le parcours de quelqu'un qui a une agence installée, on a envie de se dire peut-être que tout va bien. Mais en tout cas, on se dit bon, ça a dû se faire de manière... On n'imagine pas les embûches en fait sur le chemin. Et on n'imagine pas non plus, j'aime beaucoup la phrase quand tu dis voilà, c'est né d'un échec, c'est-à-dire que finalement, ça n'a pas été parcours tout tracé. Je fais ces études-là, j'ai ce job-là et ça va naturellement. De l'agence de voyage, je vous explique qu'en fait, concrètement, il y avait des contraintes en fait à la création d'une agence, en plus en solo, parce qu'en général, aujourd'hui, les agences, c'est un peu comme… les banques ou autres, tu vas avoir comme une franchise peut-être, en fait, tu appartiens à un groupe, donc toi, toute seule, te lancer en individuel, effectivement, on peut comprendre que ce soit compliqué. Comment est-ce que tu passes à cette idée de proposer des expériences touristiques et culturelles à Paris ? Comment se fait cette transition ? Alors, je pose déjà cette première question. Tu sauras que j'ai tendance à poser trois questions en une. Je vois ça. C'était un gros problème, mais je vais m'arrêter là. D'abord, comment est-ce que tu fais cette transition-là ? Ce que tu dis, c'est que tu as fait une deuxième pause. Donc, comment ça se passe en fait ?
- Speaker #0
Il faut peut-être que je le raconte. Donc en fait, moi, j'ai commencé à travailler à 16 ans. Moi, j'ai commencé à travailler à 16 ans parce que j'ai passé mon BAFA. Donc à 16 ans, le BAFA, pour traduire, c'est un brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur. Donc, Et c'est un petit diplôme qui m'a permis de mettre vraiment un pied dans l'international, puisque c'est ce qui m'a permis d'être recrutée par Nouvelles Frontières au sein de ces hôtels. Donc en fait, moi, j'ai voyagé très tôt. Donc dès mes 18 ans, j'étais en Grèce, j'étais en Espagne, j'étais en Tunisie, j'étais au Maroc. Et ensuite, je me suis retrouvée au Mexique. C'était ma dernière expérience, notamment en tant qu'animatrice en club. Et en fait, j'ai toujours eu cette vision et cette passion pour apprendre des langues et pour apprendre des autres cultures. Donc ça, c'est déjà hyper important. Et ensuite, comment je me retrouve au Mexique ? C'était ma dernière expérience où je décide de partir. Après mon BTS, je fais Disney. Je fais le programme de Disney. Ils ont un programme qui s'appelle... class member program. Et en fait, je suis prise parmi d'autres candidats pour un programme de six mois qui permet d'étudier dans une université américaine et en même temps de travailler dans les parcs Disney. Donc moi, super, premier voyage aux Etats-Unis, ça va permettre de perfectionner mon anglais parce que je serais à dire que comme on l'apprend en France, en fait, les langues, ça ne sert pas à grand-chose en fait. Il faut vraiment pouvoir s'immerger dans un pays. pour pouvoir vraiment mettre en pratique ce qu'on a appris. Donc moi, j'y vais principalement pour ça. Mais je dois dire que ça m'a quand même marqué parce que Disney, aujourd'hui, c'est un modèle pour moi. Mais à l'époque, c'était un peu l'enfer. Franchement, ça a été... C'est quoi en fait cette mentalité américaine, ce marketing, c'est quoi ce brainwashing ? C'était vraiment, pendant les trois premiers mois, c'était dur. C'était très dur. Et puis, une fois que l'adaptation est passée, on commence à apprécier les bons petits points, on commence à voir le management à l'américaine. En fait, tout ça pour dire que j'ai été, malgré moi, de façon inconsciente, j'ai été imprégnée d'un certain savoir-faire, on va dire du divertissement, de l'entertainment à l'américaine sans le savoir. Et je rentre avec ça. Et après Orlando, je bascule au Mexique un an. mais genre ça s'est fait un mois d'intervalle je bascule au Mexique où là-bas en fait il se passe quelque chose ce qui se passe c'est qu'on me prend on est très surpris de me voir donc je parle espagnol aussi en plus de l'anglais on est très surpris de me voir de voir une petite française noire parler espagnol et qui se retrouve au Mexique donc j'étais un peu un ovni on est en 2000 2010 quoi par là 2009-2010 et moi je comprends pas en fait et on me dit mais en fait mais qu'est-ce que tu fous là et j'explique en fait ce que je fais là que pour moi c'est un taf comme un autre et je rencontre des Cubains je rencontre des Costa Ricains je rencontre des je contemple pas mal d'Afro-Latino des Colombiens aussi et qu'ils me disent mais en fait tu ressembles j'aurais jamais dit que déjà il y a des Noirs en France euh Je ne savais pas, mais tu ressembles à une fille banale de chez elle. Je dis, ah bon ? Et je me rends compte aussi de mon ignorance, notamment d'y suivre à l'école. Je me dis, mais comment ça se fait que je ne sais pas qu'il y a des Noirs en Colombie, qu'une bonne partie de l'Amérique latine, quand même, est composée de beaucoup d'afro-descendants. Et en fait, même Cuba, en fait. Cuba, principalement. Enfin, la plupart, quand on regarde ce qui nous... l'imagerie de l'Amérique latine qui nous est présentée à travers les télé-novellas et autres, on ne voit très plus d'afro-descendants. En tout cas, à l'époque, on ne voyait qu'un et à chaque fois, c'était le servant ou la servante. Et je me rends compte de mon ignorance et je discute vachement avec eux. On discute vachement. J'ai dit, mais en France, pour moi, c'est normal. En fait, on est beaucoup en France, il y a des nuances. L'histoire fait qu'eux, ils me disent, chez nous, tout le monde est noir. Et je me dis, wow. waouh waouh waouh, il y a un truc qui ne va pas en fait. Et donc moi je rentre de vraiment, et aux États-Unis, l'expérience que j'ai eue c'est pareil, l'étonnement de voir une Noire française, et beaucoup de gens étaient étonnés de savoir qu'il y avait des Noirs. Moi je leur dis mais comment ça se fait que vous ne savez pas ? Puis aux États-Unis il y a ce truc un peu waouh, Paris, French, oh my god. Je leur disais ouais, ok. Mais oui, il y a des Noirs en France. Et donc, je rentre, moi, avec tout ça. Je passe ma licence, tout ça, machin. Au moment où je décide de crier, je te la fiche. L'agence ne se fait pas l'agence de voyage, mais quand je décide de me focaliser sur Paris, j'ai tout ça en moi en fait. Donc j'ai à la fois le désir de me dire que je veux que le monde, en tout cas les voyageurs qui viennent à Paris, sachent qu'il y a des Noirs en France, mais qu'ils le sachent de la bonne façon, pas à travers ce que les documentaires montrent à la télé. J'ai envie que non seulement ils le sachent, mais qu'ils puissent comprendre également cette présence africaine, cette présence noire, ce qu'elle signifie historiquement et de façon contemporaine. Donc ça, c'est la première des choses. Je crée aussi quelque chose qui, moi, me permettait de pouvoir aussi me connecter au continent. Parce que quand on est issu de la diaspora... parfois on peut se dire que tiens quand on est afro-descendant notamment nous qui sommes directement d'origine africaine basée en Europe avec des parents qui viennent de là-bas pour des afro-descendants de l'autre côté de l'Atlantique il y a cet imaginaire de se dire t'es plus proche de tes racines que nous par exemple eux ils ne savent pas souvent aussi qu'il y a ce déracinement aussi qui s'est fait et qu'on n'a pas l'occasion parfois même ... jamais pour certains, de mettre le pied dans le village, dans le pays de nos parents ou de nos grands-parents. Et donc forcément, ça veut dire qu'on n'est pas aussi connecté à cette culture africaine que quelqu'un d'autre. Et donc, de découvrir qu'en France, de par les liens historiques qui existent, il y a énormément de ressources qui sont liées à l'Afrique, donc déjà il y a la population, mais il y a également énormément de ressources culturelles. Et donc il y avait aussi pour moi... un côté de découverte, un peu d'exploration. Et je savais que d'autres comme moi, afro-descendants en France, avaient besoin de cette reconnexion à défaut de ne pas pouvoir être régulièrement sur le continent. Donc je crée vraiment Little Africa avec ces deux, on va dire, ces deux besoins, personnels mais également, on va dire, professionnels. Et l'idée, c'est vraiment de se dire, j'ai commencé avec la plateforme. En me disant, je vais mettre en avant les ressources que je trouve, que ce soit non seulement à Paris, mais aussi ailleurs, puisque j'avais pas mal voyagé. Juste voir si... Déjà, juste partager aux gens, en fait, moi, ce qui m'intéresse. C'est-à-dire d'explorer, en fait, les empreintes africaines, en fait, qu'il y a à travers Paris, à travers la France, à travers le monde, et voir si ça intéresse peut-être d'autres. On verra. Et puis, j'avais immédiatement et tout de suite l'idée de créer des parcours de visite parce que... À l'époque, 2009-2010, je créais moi ma plateforme en 2014, on était vraiment encore au balucinement d'Internet. C'est-à-dire que, enfin, pas d'Internet, c'est pas ça que j'ai envie de dire, mais en tout cas dans le secteur du tourisme et de la culture, il n'y avait pas énormément de choses et des choses de très bonne qualité, en fait, sur le net. Donc, moi, j'ai tout appris de façon autodidacte, en fait. Et... Pour moi, il était hors de question que ce que j'ai envie de proposer aux gens reste du virtuel. Moi, je suis une nana du terrain. Comme je l'ai dit, j'ai été animatrice. J'ai fait pas mal de choses sur le terrain. Donc, pour moi, ce n'était pas du tout une question d'être sur le digital. Pour moi, c'était important de créer quelque chose que les gens vont retenir toute leur vie, de créer des souvenirs, de vraiment créer de la mémoire. Et donc, immédiatement, j'ai lancé des parcours de visite dans Paris. Avec l'idée de se dire, venez, je vous montre sur le terrain quelle est cette présence, comment est-ce qu'elle se définit, comment est-ce que vous pouvez la regarder de façon contemporaine, de façon positive. Et puis après est venu le city guide, et puis après sont venus les expériences, blablabla. Voilà, est-ce que tu as un peu suivi ? Est-ce que j'ai été assez claire ?
- Speaker #1
Tout à fait clair. Et c'est bien parce que tu prends le temps de raconter les différentes étapes qui t'ont mené à créer ce qu'est l'agence aujourd'hui. Et ce qu'on comprend, c'est que c'est plusieurs pierres qui se sont ajoutées à ton édifice au fur et à mesure, avec des convictions fortes au départ. Mais au départ, il y a eu « je fais depuis Paris ce qui me paraît intéressant à faire » et avec, j'imagine, une vision sur le long terme qui donne ce qu'est Little Africa aujourd'hui. Oui. Donc on comprend bien en tout cas que dès le départ, il y avait... Un côté mission qui a été très fort, en fait. Presque plus qu'un côté businesswoman. Je définis un potentiel de chiffre d'affaires. Je vais faire une licorne avec mon business. C'est plus...
- Speaker #0
Par contre, c'était le cas pour mon agence de voyage. C'est-à-dire que l'agence de voyage, j'ai été une très bonne élève. J'ai fait mon étude de marché. Je me suis formée. J'ai tout fait. Et en fait, quand ça a été un échec, au moment où je pense à l'idée de Little Africa, où je décide de me concentrer, de créer Little Africa, je me souviens à l'époque, j'appelle mon mentor, qui est un ami et mentor jusqu'à aujourd'hui, et je lui dis, écoute, j'ai cette idée-là pour rebasculer un peu mon projet, un peu le revamp, un peu. Par contre, j'ai la flemme de tout refaire, d'études de marché, d'être la bonne élève qu'il faut. Est-ce que je ne peux pas juste me lancer comme ça, en fait ? Parce que là, franchement, je n'ai pas la force. Je me dis, écoute... Aujourd'hui, sur le marché de l'entrepreneuriat, en fait, il y a de tout. Il y a effectivement les bons élèves, mais il y a aussi plein d'idées, plein d'entreprises qui se sont lancées simplement comme ça. Tu vois, donc, il m'a dit, vas-y, si tu sens que tu peux le faire, fais-le. Et depuis, en fait, c'est vraiment, on va dire, je ne sais pas comment je pourrais appeler ça, mais quelque chose que j'ai vraiment, je construis Little Africa, en fait, vraiment au fur et à mesure. Et sur la base, alors le départ, autant le départ. c'est vraiment moi, mes besoins, c'est-à-dire la plateforme, les visites guidées. Mais je n'avais pas vraiment de business model. On va dire que le business model, au départ, je me disais, éventuellement, je peux faire, comment on appelait ça à l'époque, des articles sponsorisés. Je me disais peut-être que je vais développer de l'audience et puis faire de la pub. Et puis sur les visites guidées, là, tu factures, on va dire, one-to-one. Mais ce n'était pas non plus où. Et le reste, par contre ? tout ce qui est venu après, ça c'est des choses que j'ai créées vraiment sur la base de mes clients. C'est-à-dire que ce que est Little Africa aujourd'hui ne faisait absolument pas partie de mes projets quand j'ai démarré en fait. Et demain je ne sais pas non plus ce que ça... Bon, si quand même. Maintenant j'ai une idée quand même aussi claire de ce que j'ai envie de proposer demain. Mais il se peut qu'il y ait aussi des surprises. Voilà, mais c'est vrai qu'aujourd'hui ce que je fais répond à... principalement aussi à des besoins et les besoins de mes clients. Donc, je suis vraiment beaucoup à l'écoute de mes clients. Et jusqu'à maintenant, à chaque fois que j'écris quelque chose, le marché a répondu présent. Et je pense que c'est parce que j'avais détecté un besoin qui était là. Donc, voilà.
- Speaker #1
Très bien. Là, pour le coup, ce que tu évoques, c'est ce côté entrepreneurial où je sonde mon marché, en fait, et je vais chercher à proposer une offre qui va être en adéquation avec ce que le marché peut attendre. Et donc, du coup, il y a une correspondance qui se fait bien. Mais on reste quand même sur une idée au départ originale où on ne peut pas dire que… En fait, parce que parfois, quand on se lance dans l'entreprenariat, on va dire bon, il y a… telle entreprise similaire qui existe aux Etats-Unis, je vais faire la version française. Ou il y a telle franchise qui existe, je vais faire la même chose. Mais toi, on ne peut pas dire qu'il y a un modèle en fait.
- Speaker #0
Non, il n'y a pas de modèle. Alors le modèle aujourd'hui, et ça c'est, je te remercie vraiment de dire ça parce que pendant longtemps, ça a été problématique pour moi de pouvoir, tu sais quand tu fais les parcours, je ne sais pas moi, que tu essaies peut-être de postuler un pitch. pitch, comment dire, session de pitch, les trucs de start-up, les concours, en fait, de faire partie de cet écosystème. Parce que vraiment, quand j'ai démarré, j'étais vraiment dans l'écosystème start-up. On appelait tous les projets start-up. Et donc, tu te présentes et c'est vrai qu'en termes de d'études, moi, je n'avais pas de modèle, en fait. Et c'était problématique et souvent, on me disait, ben, tu n'as pas fait assez de recherches. Ce n'est pas normal. Enfin, ce n'est pas possible. Et surtout, j'ai un modèle, un business model hybride qu'aujourd'hui, le marché, notamment dans la culture, commence de plus en plus à s'adapter à ce modèle-là. Mais à l'époque, c'était vraiment... Franchement, on ne comprend rien. En fait, tu as les tentacules, ton projet est un peu tentaculaire, un peu partout. Il n'y avait pas d'exemple, il n'y avait pas de modèle. Donc, c'était extrêmement dur pour moi d'expliquer. Et à un moment donné, j'ai lâché, j'ai drop the ball. J'ai dit, vas-y, je n'ai plus envie de perdre mon temps à expliquer ce que je fais. Mais aujourd'hui, le modèle le plus proche... pour lequel je peux vraiment m'identifier aujourd'hui, finalement, c'est Disney. Parce que Disney, aujourd'hui, fait énormément de choses, dont parfois on n'est même pas au courant, avec un cœur de métier qui reste le cinéma. une grosse société de production, mais également avec une grosse activité dans l'entertainment. Et dans cet entertainment-là, au-delà des parcs, il y a de l'hôtellerie, il y a de la restauration, il y a du merchandising, il y a du spectacle, il y a du voyage, il y a des croisières. Enfin, c'est big. Alors, je ne serais pas et je n'ambitionne pas d'être aussi big. Mais ça reste pour moi quelque chose qui finalement reste le plus proche, en fait. pour réellement pouvoir, au cas où je peux m'identifier. Parce que finalement, à la fin d'un journée, l'essentiel, c'est de faire vivre une expérience au client. Et c'est ce que Little Africa essaye de faire.
- Speaker #1
Très bien. En tout cas, c'est intéressant de souligner ce côté. C'est vrai que quand on est dans l'écosystème startup, en général, quand on pitch, on essaye de dire, moi, je suis le... voilà, moi j'ai un média sur la mode africaine, je suis de Vogue Africa j'ai un podcast, je suis de Business of Fashion version africaine, enfin, il faut tout parce que ça facilite la compréhension pour mais quand tu arrives à quelque chose de complètement nouveau tu n'as pas de modèle et c'est vrai que parfois les personnes qui te rencontrent elles vont te dire, effectivement c'est que tu n'as pas cherché, mais alors qu'en fait Il y a des sujets qui ne sont pas encore explorés et heureusement qu'il y a des gens qui innovent et qui proposent une autre lecture, qui proposent une autre manière d'aborder les choses. Donc aujourd'hui, on comprend bien comment tout ça finalement s'est façonné et comment aujourd'hui, ce que j'entends, c'est que tu fais preuve de jeu de jambes. C'est-à-dire que oui, aujourd'hui, tu as un socle et une base qui est claire et qui existe, mais au gré de clients, de rencontres. rencontre, tu peux rajouter, créer une nouvelle expérience spécifique par rapport à un client donné en fait. Est-ce que tu peux nous dire aujourd'hui, Little Africa, finalement, quand on vient voir l'agence culturelle et touristique Little Africa, quels sont les différents services que tu proposes aujourd'hui à date ?
- Speaker #0
Alors aujourd'hui, c'est une bonne question. Alors aujourd'hui, Little Africa, comme tu l'as bien souligné, est Il y a vraiment déjà au cœur de l'agence l'ingénierie culturelle. C'est vraiment cette capacité à penser, proposer, organiser, on va dire, un projet culturel tout simplement. Donc, que ce soit en fait, on va dire, un simple dîner ou imaginer des produits dérivés ou organiser un événement tel qu'un festival. Ça, c'est des choses auxquelles on va pouvoir répondre ou bien curater une exposition. à la demande du client. Donc, principalement des clients qui travaillent autour du sujet de l'Afrique, mais vraiment avec moi, ma spécialité, qui va être vraiment la culture, avec un grand C. Et dedans, voilà, on inclut un peu de tout. Donc ça, ça reste vraiment un cœur de métier. C'est vrai qu'il y a quelque chose sur lequel on va être sur des clients très spécifiques qui vont vraiment chercher. et comprendre à travers tout ce qu'ils vont lire que Little Africa est en mesure, comment on appelle ça, d'être un project manager. Pour le reste, on va dire qu'aujourd'hui, depuis trois ans, on a également un cœur d'activité, un gros cœur d'activité quand même, qui est devenu notre retail store. Donc, le Little Africa Village, qui se trouve dans le 18e arrondissement de Paris. et qui propose une expérience shopping, culturelle, événementielle au sein du quartier de la Goupe d'Or et toujours avec une proposition afrodescendante, je dirais, puisque le concept store réunit des créatifs afrodescendants à travers le monde, européens principalement, mais également caribéens, américains, latino-américains. Et puis, bien sûr, des créatifs du continent. Donc ça, c'est le deuxième pôle, en fait, on va dire, de service. Sachant que c'est un espace qu'on peut mettre en location, organiser également des privatisations. On peut également organiser des choses dans cet espace pour des clients. En troisième volet, on a le volet touristique. Donc voilà, ça fait dix ans que j'organise des parcours de visite à Paris. principalement dans le quartier de la Goutte d'Or, mais pas que. Ça m'arrive d'organiser des séjours sur mesure, des parcours sur mesure d'expérience pour des groupes ou des particuliers à travers Paris, mais ça va être toujours autour du thème de l'Afrique. Et puis en dernière activité et service, on est une maison d'édition qui édite ses propres produits, mais qui peut être également amenée à faire du sur-mesure pour un client. Donc voilà à peu près les quatre volets aujourd'hui principaux, sachant que le village en lui-même, donc notre espace physique, réunit aujourd'hui. C'est pour ça que c'était important de... d'avoir un espace physique, parce que l'espace physique, finalement, permet aujourd'hui, en un clin d'œil, en un instant, aux gens, finalement, de comprendre un petit peu la machine de l'Afrique. Ce qui, avant, n'était pas forcément le cas, parce qu'avant, on nous connaissait soit à travers les visites guides. « Ah, vous êtes l'agence qui fait des visites africains à Paris ? » Je disais « Ok, oui. » « Ah, vous êtes l'agence qui avait écrit le City Guide Afrique à Paris ? » « Oui. » Et puis « Ah, c'est vous qui avez organisé tel événement ? » Mais de là à faire une connexion, ce n'était pas toujours évident avant.
- Speaker #1
Très bien. Du coup, ça me fait une transition sur... Moi, je voulais te poser la question justement de l'ouverture du lieu, puisqu'il y a eu vraiment toute une période où tu as développé le business Little Africa avant d'avoir un lieu physique. Et il me semble que l'ouverture du lieu, ça a été l'objet d'une campagne de financement participatif. Est-ce que tu peux expliquer un peu à quel moment tu t'es dit « Non, mais en fait, j'ai besoin d'un lieu, je veux un lieu. » Et puis, comment est-ce que ça s'est concrétisé ?
- Speaker #0
Oui, bien entendu. Alors, tout commence à partir de 2018. Moi, j'avais des bureaux pendant longtemps, en fait, rue Miroménie dans le 8e. Je suis restée très longtemps là-bas, plus de six ans. Et en fait, c'était un bureau. On était en rez-de-chaussée et tout ça. Et il se trouve que j'avais déjà ma Google page business, où je référençais tout simplement le siège finalement de l'Ital-Africa. Donc ce qui fait que tu tapais l'Ital-Africa, tu voyais le Google page qui s'ouvrait automatiquement sur le côté avec l'adresse. Et petit à petit, j'ai commencé à voir des gens se pointer à mon bureau. en pensant qu'on était en fait des gens pensent qu'on était une boutique ou une galerie d'art en fait donc à chaque fois j'avais des gens qui venaient qui sonnaient et j'ouvrais à ce que c'est ici les tol africa est ce que c'est ici jacqueline est ce qu'elle est là à ce que je suis venu acheter mon guide je suis venu acheter mon notebook je suis venu rencontrer jacqueline pour lui présenter des produits enfin c'était un peu devenu ça donc ça a été comme ça beaucoup en 2018 Et au bout d'un moment, je commençais à m'arrêter à attendre l'oreille. Et puis un jour, il y avait carrément un groupe de touristes. Et c'est arrivé, je crois, deux fois dans le mois, qui cherchaient, en fait, qui se baladaient dans la rue où on était. J'entendais parler. Une fois je sors, j'entends parler. Je les vois suivre sur le téléphone et tout ça. Et j'entends quelqu'un dire, prononcer Little Africa. Et je sais que je leur parle, je leur dis, mais vous cherchez l'Ital-Africa et tout, l'agence ou le quartier ? Parce qu'il faut savoir que l'Ital-Africa aussi, pour beaucoup de touristes, l'Ital-Africa, c'est le quartier également de la Goutte d'Or. Donc, Château-Rouge-Parbès. Je leur dis, c'est le quartier que vous cherchez ? Ils disent, non, non, non, on cherche, regardez, c'est l'agence. Je dis, ah, ok, je dis, ben, ok, c'est moi. Mais en fait, vous cherchez, vous avez rendez-vous ? Non, non, non, vous venez voir, on voulait acheter notre guide et puis on voulait voir, quoi. Je leur dis, mais en fait, on n'est pas un lieu, en fait. Et là, ça fait tilt, en fait, et je me dis, mais c'est quand même dingue, quoi, qu'on nous prenne pour un espace, que la lecture de ce que les gens font ou de la lecture qu'ils ont de qui on est soit un lieu. Et je me suis dit, ça mérite quand même réflexion de se demander pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, on n'aurait pas un lieu, en fait. Et c'est une idée qui a fait beaucoup débat au sein de mon, on va dire, de mon board of directors, direction. parce que la réponse était non, on n'en a pas besoin. Ça, c'était le retour que j'ai eu, c'était non. Un lieu, c'est chiant, c'est chronophage, ça prend énormément d'énergie financièrement. Et eux, ils ne voyaient pas moi ce que je voyais. Et comme dans tout, et là, je suis vraiment business talk, comme dans tout, à un moment donné, il faut faire confiance à son sixième sens et il faut y aller. Je veux dire, quand tu fais confiance à ton sixième sens, ça veut dire que tu vas à contre-courant. Donc, je suis à la contre-courant. Moi, j'ai commencé à faire mes recherches, malgré qu'ils n'étaient pas d'accord. J'ai commencé à faire mes recherches de lieu. Je me suis dit, tiens, moi, je sens le truc. Je sens. qu'il nous faut un espace. Parce que même à un moment donné, je voyais aussi les clients ou les gens que je recevais en rendez-vous dans mon espace finissaient en fait le panier moyen. On va dire que le produit physique qu'on vendait depuis 2016, c'était le City Guide. Et ensuite, à partir de 2017, il y avait une gamme de papeterie qui a suivi. Et qui nous a permis aussi d'avoir une nouvelle clientèle, ce sont les musées, donc les boutiques de musées. et les concept stores. Donc, vraiment de rentrer dans différents lieux. Et bien, le panier moyen, en fait, de quelqu'un qui achetait un livre à 20 euros, il était multiplié par 5, en fait, quand les gens venaient dans notre bureau. Puisque finalement, ils voyaient la diversité de nos produits. Ils disaient, ah, mais je ne savais pas que vous aviez ça aussi. Je ne savais pas que vous aviez ça aussi. Donc, de 20 euros, on sortait avec un panier moyen à 90 euros, en moyenne. Et là, je me dis, non, mais il n'y a pas photo, quand même. Ça, on... Il nous faut un espace. Donc, je commence à chercher. Et c'était, pour moi, évident et primordial d'être à la Goutte d'Or. Je me suis dit, je ne peux pas être ailleurs que là-bas. Donc, ici, je suis dans le 8e. Je pilote mon entreprise et tout ça. Et en même temps, je vais faire mes visites dans le 18e à la Goutte d'Or. Où, certes, j'ai développé un petit réseau. une petite communauté de commerçants, notamment où je m'arrête, où j'emmène des touristes il y a plusieurs années maintenant. Donc, on me connaissait à la Gouda. On me connaissait, je travaillais avec quelques institutions basées à la Gouda. Donc, je me sentais un peu à la maison. Et puis, en tant qu'Africaine, on a tous grandi en venant à la Gouda. Donc, pour moi, ça faisait sens d'être ancrée là-bas parce que je me suis dit, mais non, en fait, je ne peux pas ouvrir ailleurs. Je pourrais ouvrir dans un quartier, j'aurais pu me dire, je vais dans un quartier très touristique. ou un quartier, ou de rester dans le huitième. Mais en fait, le concept qui est Little Africa, sachant que j'avais été dans le huitième et sachant comment je vois les quartiers touristiques, je me disais, on ne pourra pas, on va perdre notre substance, en fait, en étant dans ces quartiers-là. Et parce que l'entertainment, en fait, Little Africa est vraiment à l'image et le fruit, en fait, de mes expériences et notamment beaucoup dans l'entertainment. Il y a des boutiques dans plein de quartiers touristiques, il y en a dans le huitième. Mais elle ne propose pas en fait. Elle propose très peu en fait ce que l'Ital-Afrique a fait. Et j'avais besoin de beaucoup d'espace. Je me suis dit, si je cible un autre quartier, je vais certes ouvrir un lieu, mais je vais ouvrir un lieu où soit on va être qu'une boutique et je vais devoir garder un bureau et faire l'aller-retour, ce qui ne va pas être très pratique. Soit on va simplement avoir à peine de l'espace pour être une boutique et un bureau. Or, Little Africa faisait déjà de l'événementiel. Little Africa avait des produits. Little Africa faisait déjà, en fait, de la privatisation. Et du coup, il fallait vraiment un lieu qui réponde à nos besoins. Donc, il me fallait beaucoup d'espace. Et à la Goudor, j'avais déjà repéré deux, trois choses. Pas forcément à la Goudor, mais aux alentours. Et du coup, j'ai commencé à chercher là-bas. Et il se trouve que l'endroit où je suis aujourd'hui... L'espace était vide pendant deux ans. Je passais dessus sans même poser la question de me dire est-ce que je peux être dans cette rue, en fait. Et une fois que les dots se sont connectés, je me suis dit, mais oui, ça fait sens. En plus, c'est la rue où j'ai commencé, quand j'ai créé la visite, Made in Dord, l'histoire de la mode et du design à la Gouda. J'ai commencé dans cette rue, en fait, et je connaissais tous les commerçants de la rue. Je me suis dit, mais Jacqueline, pourquoi tu as perdu autant de temps ? Et donc, je cherche les informations du bailleur et tout ça. Et j'envoie en fait ma candidature avant le Covid. Parce que tout ça s'est passé, je crois que j'ai déposé la veille du... J'ai déposé en février, tout simplement. Nous ne sachons pas ce qu'il y a à l'arrivée après. Donc voilà comment ça s'est passé en fait, ce lieu-là. Et donc, c'était tout de suite... Il y avait cette vision de se dire, je me souviens avoir mis en avant le fait qu'on allait être un lieu vraiment hybride, c'est-à-dire certes un commerce, mais également un lieu événementiel, également un lieu de curation, mais également un lieu entouré de ce qu'on appelle des points d'information touristiques. Donc, idéalement, j'aurais même eu plus d'espace, j'aurais vraiment fait un office de tourisme aussi. Parce qu'il y a un vrai, aujourd'hui, moi à l'époque, quand je démarre Little Africa, je connais déjà le concept de Black Travel, de Black Business. Mais en France, c'est très peu connu. Les gens ne savent pas encore ce que c'est. Donc, j'avais également envie, en vivant qu'il faut que ce lieu aussi serve de point d'information. Pourquoi ? Parce que, quoi qu'il arrive, le fait d'avoir écrit un guide sur l'Afrique à Paris, on est une référence sur quoi faire. Quoi faire en termes d'activité afro ou aller en termes d'activité afro à Paris ? Donc, beaucoup de gens viennent aussi nous voir pour ça. En tout cas, nos clients, même une fois qu'ils ont fini, on va dire, d'acheter un truc, ils vont nous demander où aller manger, quoi faire après, où aller à fait, quoi voir, qu'est-ce qu'il y a en ce moment. Donc, on sert en fait de tout ça. Donc, le lieu est vraiment, sert à tout ça.
- Speaker #1
Très bien, super intéressant.
- Speaker #0
Comme toujours,
- Speaker #1
j'ai plusieurs questions qui me viennent, mais je vais me concentrer. Tu as parlé de ton comité. Quand tu as parlé du lieu, tu as échangé avec un comité que tu n'as pas écouté et tu as bien fait. Maintenant, j'imagine qu'il te remercie. Est-ce que tu peux parler un petit peu justement de ton équipe, en fait, qui sont les personnes avec lesquelles tu travailles et parler un petit peu de ce comité, comment il a été constitué ?
- Speaker #0
Oui, alors après, alors moi, le mot comité, je crois que j'ai mis un nom vraiment dessus en 2020. Parce que 2020, avec le Covid, en fait, m'a permis vraiment de me poser, de faire une pause, en fait, une première dans mon activité. Et c'est vrai que le fait d'avoir fait un... Je suis mentor, mentee d'un programme, en fait, où j'ai été coachée. En fait, en tant que femme entrepreneur, j'ai aussi eu les termes techniques pour appeler quelque chose qui m'accompagnait déjà depuis des années. Donc, j'ai simplement formalisé en appelant ça un comité. Donc, on va dire déjà interne. J'ai à peu près deux personnes qui m'accompagnaient. Donc, il y a mon mentor depuis des années qui est un ancien entrepreneur. Et j'ai également, on va dire, quelqu'un qui est aussi un... profil en business development. On va dire des gens qui ont vraiment été là pour m'accompagner aussi dans l'opérationnel, mais aussi m'accompagner vraiment dans la réflexion et le développement et la mise en place d'outils de pilotage, notamment dans l'entreprise. Donc ça, c'est une première partie, mais à côté de ça, j'ai aussi d'autres personnes un peu en dehors de mon business, dans différents secteurs, avec qui le mentoring s'est fait de façon naturelle. Et eux, ils ne font pas partie vraiment de mon board de direction, mais ce sont des mentors. Donc, on va dire qu'ils font partie un peu de mon advisory board. Pareil que j'ai formalisé, mais que j'ai dû arrêter le pilotage avec le développement du retail et par mon deux temps, parce que je suis devenue maman aussi entre temps, mais ça, on va en parler plus tard. Mais j'ai eu à un moment donné, oui, un advisory board avec des personnes vraiment de différents secteurs, qui sont des personnes... qui ont toujours encouragé mes activités, mais de loin. C'est-à-dire qu'en fait, tu sais, tu as ton projet dans la vie et puis tu as des gens peut-être que tu as rencontrés qui sont des clients ou qui sont des gens avec qui tu as eu à travailler de façon très bève, mais ce sont des gens qui te repèrent et qui voient en toi la force et tes capacités et qui vont te faire sentir que, d'une manière ou d'une autre, si tu as besoin d'eux, n'hésite surtout pas. Et puis, tu vas le faire une fois, tu vas le faire deux fois et puis tu vas te rendre compte que non, c'est vraiment des personnes qui te disent, utilise-moi. Je suis là, en fait, pour toi, n'hésite pas. Et donc, j'ai eu ça et j'ai toujours la chance d'avoir un peu ces personnes-là comme ça qui me conseillent de façon clé, on va dire peut-être deux ou trois fois par an. C'est aussi des personnes dont il ne faut pas abuser non plus. Un advisory board, je veux dire, ce n'est pas aussi formalisé que ça. Par rapport aux États-Unis, c'est vraiment parfois des missions qui sont rémunérées, soit de façon pécuniaire, soit à travers des parts qu'ils ont dans la société. En France, ce n'est pas assez formalisé. Donc, en fait, il faut vraiment le garder de façon, on va dire, cordiale. Donc, on va dire que ce sont des personnes que je vais voir, peut-être certaines deux ou trois fois par an, mais qui vont me donner de leur temps, de leur réseau, de leur énergie, de leur réflexion. vont me permettre d'avancer sur des points clés. Donc voilà à peu près les gens, on va dire, vraiment dans le board de direction qui m'accompagne. Dans l'opérationnel au quotidien, j'ai réduit les effectifs, vraiment. J'ai réduit les effectifs depuis cette année parce que ça aussi, je vais dire, j'ai atteint mes limites l'année dernière où j'ai eu un recrutement, je me suis rendu compte de... du management, de la masse salariale que ça représente, très honnêtement, parce que je dirais qu'en soi, le management est difficile, mais je dirais que quand on voit aussi ce que ça coûte de diriger une équipe financièrement et en temps pour une entreprise, notamment une petite entreprise, je me suis dit non, ça ne vaut pas le coup aujourd'hui. Puis on est dans des dynamiques assez particulières post-Covid, où les aspirations, on va dire, ou les investissements, à mettre en fait dans une entreprise, on est sur d'autres data aujourd'hui qui ne sont pas les mêmes qu'il y a 6 ou 7 ans. Donc en fait, j'ai vraiment réduit beaucoup les effectifs aujourd'hui qui vont m'emmener aussi certainement à concentrer mes activités.
- Speaker #1
Très bien, quand tu dis réduire les effectifs, du coup, c'est comment dire ?
- Speaker #0
Euh,
- Speaker #1
ça... Oui, concrètement, ça veut dire quoi ? Est-ce que tu es dans une dynamique aussi où plutôt, peut-être, en fonction d'un client et de son besoin, tu vas peut-être faire appel ponctuellement à des freelances plutôt que d'avoir quelqu'un salarié temps plein ? Tu vas plutôt peut-être travailler sur une organisation plus agile ?
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Je vais vraiment être agile dans ce sens-là. En fait, moi, pendant longtemps, mon objectif quand j'ai créé ma boîte, pendant très longtemps, c'était vraiment, pour moi, le signe de réussite pour une entreprise, c'était de te dire ton impact. C'est quand tu crées de l'emploi. Et c'était vraiment ça, pendant longtemps, j'ai couru après ça, de me dire, il faut que je crée de l'emploi. Je l'ai fait. Donc, moi, à un moment donné, il y a des fois, tu pouvais arriver dans mon bureau, tu as trouvé 3, 4, 5 personnes, certains en alternance, d'autres en stage, et puis des freelances aussi avec qui je bosse. Là, effectivement, quand je dis réduire, c'est effectivement en fonction du client, en fonction du projet. Bien entendu, je vais faire appel à des freelances pour pouvoir m'accompagner. sur ce projet-là. Mais je vais dire en interne même, ce que l'entreprise va devoir supporter. Aujourd'hui, j'ai réduit les effectifs. J'ai réduit, voilà, je bosse avec des freelances quand j'en ai besoin. Même les stages, on va dire, à une époque, je pouvais en prendre deux ou même trois en même temps. Aujourd'hui, j'ai réduit un, voilà, c'est déjà beaucoup. Voilà ce que ça veut dire. Donc, j'essaye d'être plus agile. Puis, ça correspond aussi, aujourd'hui, en fait, ma... ma patience a été éprouvée dans le sens où je suis devenue maman il y a trois ans. Et on va dire qu'en fait, mon temps et donc ma patience aujourd'hui, il y a des limites, il y a des choses que je n'ai plus le luxe d'attendre ou d'être patiente. Voilà, pour être concrète.
- Speaker #1
Ok, très bien, je comprends. Et puis de toute façon, qui dit équipe dit management et finalement quand tu fais du management, tu passes peut-être moins de temps à être au cœur de ton métier, mais plus à manager une équipe et parfois tu perds la saveur de ce qui t'avait amené vers ce job-là au départ.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
tu retrouves à gérer de l'humain et pas à faire ce que tu aimes faire en réalité.
- Speaker #0
Et de l'humain qui est devenu… Très complexe, je trouve, post-Covid. C'est-à-dire qu'en fait, aujourd'hui, c'est très compliqué. Je veux dire, avant, je ne sais pas après si c'est une impression personnelle, mais avant, je trouvais que les gens avaient, que ce soit des stagiaires ou même des gens qui cherchaient un emploi, les aspirations étaient claires. Je cherche un job parce que j'ai envie peut-être de faire go. J'ai envie d'avoir une carrière. J'ai envie de gagner en compétences. J'ai envie... d'apprendre quelque chose. J'ai envie demain de... Je cible tel entre... Aujourd'hui, ce n'est plus le cas pour moi. Je trouve que t'es brouillée. Je trouve qu'aujourd'hui, voilà, les gens peuvent vous dire que ouais, en fait, ça, c'est une expérience. Mais demain, en fait, je peux me lancer dans six mois en tant qu'entrepreneur. Et il n'y a plus d'aspiration forcément à une carrière. C'est ça que je veux dire. Et donc, ça devient très compliqué de dessiner vraiment en quoi est-ce que... de prendre en charge, parce qu'on oublie ça beaucoup en France, mais en France, vraiment prendre quelqu'un dans sa team, recruter quelqu'un, c'est le prendre en charge et c'est un énorme investissement. C'est un énorme investissement. Oui, en face, il y a un apport de compétences, mais de l'autre côté, c'est un putain d'investissement pour une entreprise. Donc, en fait, ne plus trop savoir les aspirations ou comment est-ce qu'on peut aider. une personne à gagner en compétence ? Quelles sont ses réelles aspirations ou ses attentes latentes qui sont devenues très floues aujourd'hui ? Ça est devenu même à la limite un peu dangereux même pour des petites entreprises comme nous parce qu'on se retrouve parfois, moi je ne sais plus le nombre de collègues que je veux avoir où on a les mêmes configurations à se retrouver, à avoir peut-être des personnes que ce soit ex-stagiaires, ex-employés qui ont trouvé peut-être qu'on a été abusif. Aujourd'hui, il y a des termes. Enfin, il y a des termes aujourd'hui qui... Enfin, non. C'est devenu trop compliqué. Trop compliqué, Ramata, franchement. Ça donne mal à la tête. Je sais qu'à l'époque, moi, j'ai géré des équipes. J'en ai géré dans mes jobs d'avant. J'en ai géré à l'Hôtel Africa. Mais je trouve que depuis le Covid, c'est devenu trop complexe. Ça donne mal à la tête.
- Speaker #1
J'entends, j'entends. C'est très compliqué de trouver les bonnes personnes, la bonne team, la bonne organisation. Et effectivement, s'il y a trop de mots de tête, à un moment donné, on va aller travailler plutôt avec ponctuellement un freelance qui connaît son job, qui c'est une mission de courte durée. On est efficace, on termine la mission et puis après, on se retrouve plus tard si on a besoin, mais on n'est pas... Tout à fait. On n'est pas sur des structures de long terme. Je comprends tout à fait cette logique-là. Maintenant, je voulais que tu parles un petit peu du profil de tes clients et tu reviennes sur ce que tu évoquais comme le business travel ou black business. Donc, tu as choisi d'être dans le 18e, pas très loin de Châteaurouge, du côté de la Goutte d'Or. Donc, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de qui sont les clients qui viennent ? jusqu'à Little Africa et comment est-ce qu'ils te trouvent ? Puisque j'imagine qu'il y a des touristes, en fait.
- Speaker #0
Oui, alors en fait, le choix stratégique aussi d'être à la Godor, c'est que j'avais développé le côté vraiment aussi ingénierie culturelle où j'ai pu vraiment accompagner, on va dire, des entreprises, des maisons d'édition, des... des publications. J'ai vraiment travaillé à valoriser aussi la Goutte d'Or. C'était important pour moi aussi à un moment donné. Je savais que j'allais pouvoir capitaliser dessus puisque je travaillais déjà précédemment à valoriser ce quartier à travers la presse, à travers les différentes actions, la vie d'idée, etc. Donc, naturellement, quand j'ouvre, je peux déjà compter sur ça, sur cette base-là de gens. qui ont lu sur la Goutte d'Or un article, une interview sur moi sur la Goutte d'Or, sachant que j'en ai donné beaucoup. Donc, ils se disent que, ah tiens, maintenant, la fille qui parlait de la Goutte d'Or, maintenant, elle est installée dans la Goutte d'Or, avec sa structure. C'est l'occasion d'aller la voir. Donc, il y a énormément, effectivement, de touristes à l'international, beaucoup d'Américains. Ce qu'il faut savoir, c'est que quand je crée mes parcours de visite, à la Goutte d'Or ou même mon premier, c'était à Saint-Germain-des-Prés, mais toujours autour de l'Afrique. Beaucoup de mes premiers touristes internationaux sont américains. Ce sont vraiment les premiers, sans que je n'ai eu à faire une quelconque action, qui vont immédiatement tomber sur mon produit et baillent en fait mon offre. J'ai eu la chance en 2016 d'être repérée quand Airbnb lance ses expériences, d'être repérée. parmi les hosts qui ont été tout de suite sollicités. Moi, Airbnb vient me voir parce qu'Airbnb venait de racheter une plateforme sur laquelle je vendais mon expérience en me disant « on vous veut parmi nos host stars parce que ce que vous représentez est tellement unique » . Airbnb va me permettre aussi de revoir un petit peu ma proposition de tour, de tourner. upgrade aussi ma valeur, mon offre, en fait, de prix. Je pense, à l'époque, j'étais à 35 euros et je passe à 65 euros parce que je rajoute un peu des choses. Et Airbnb va drastiquement m'amener une grosse clientèle américaine aussi, via les tours. Et en fait, c'est ces expériences-là que je faisais à la Goutte d'Or, déjà depuis 2016, avec Airbnb. Donc, on joue, naturellement, en fait, ça continue. Donc, j'ai un vivier de clients qui m'avaient vu. à qui j'avais fait des visites 2016, 2017, 2018, toutes ces années-là, en fait, qu'ils viennent. Quand ils voient que j'ouvre, ils viennent. Ils supportent la campagne, ils viennent, etc. de crowdfunding. Donc, j'ai une grosse clientèle américaine qui vient bouche à oreille, presse, recommandations, en s'incliant. Mais pas que. J'ai une clientèle européenne, j'ai une clientèle asiatique. Donc, c'est vraiment un peu de tout. qu'est-ce que je voulais dire par là ? Comment il me trouve, comme je disais, la presse, énormément de presse qui a été écrite sur l'État d'Africa, les différentes activités, les tours. J'ai quand même eu pas mal de publications dans le New York Times, LA Times, CNN, BBC. J'ai eu vraiment... Reuters a fait... Reuters, alors pour le coup, a fait que j'ai eu de la presse jusqu'en Chine, Travel Noir, enfin... J'ai eu vraiment tout. A Finiton Spot, Vogue. Vogue France, Vogue Espagne. Donc, j'ai vraiment eu énormément de presse. Donc, à un moment donné, quand tu arrives sur l'Ital Africa, tu tapes l'Ital Africa Google ou tu tombes sur un article, Google va te suggérer automatiquement... la page business et tu vas voir qu'on a un lieu et qu'on a un espace. Donc, on va dire que les gens nous trouvent vraiment, on a un trafic aujourd'hui qui est vraiment... beaucoup organiques, et via la presse. Voilà, principalement. Il faut savoir que j'ai même essayé de travailler avec une agence de presse, ça ne s'est pas fait. Donc c'est vraiment principalement du bouche à oreille, organique, les retombes de presse qu'on a eues par le passé. Et puis, je ne sais pas si je réponds assez à ta question, dans ce sens-là, j'ai peut-être oublié une partie, mais on en trouve. Alors, qu'est-ce qui les emmène là ? à part le fait qu'ils ont lu sur nous. En fait, moi, j'ai vraiment misé sur le fait que, depuis le début, en fait, la Gouda, on n'a rien à envier à d'autres quartiers comme Brooklyn ou Harlem, en fait. Et j'ai misé toujours très tôt sur le fait que si, quand on va à New York, on est intéressé pour aller à Harlem ou à Brooklyn, eh bien, on va être intéressé pour venir à la Gouda. Parce que la Gouda présente les mêmes caractéristiques que ces deux quartiers. La seule différence, c'est que... On a d'un côté un pays, une ville, qui a décidé de marketer sur l'image, entre guillemets, ghetto de ces quartiers, puisque ce sont des quartiers qui sont aujourd'hui célèbres parce qu'il y a eu une diffusion à travers le 7e art, qui est le cinéma, mais aussi à travers la musique. La Goutte d'Or, d'un autre côté, quand on ouvre les ghettos aussi, c'est plus le cas aujourd'hui, mais quand on ouvre les parcours de guides, des agences, c'est plutôt quelque chose qu'on avait envie de cacher. on n'a pas trop envie qu'on sache qu'un quartier comme ça existe. Moi, j'ai misé sur le fait que non, il y a des gens qui vont trouver ça intéressant parce qu'il n'y a pas de raison. Surtout qu'on a quand même la chance d'être dans un pays où il n'y a pas de port d'armes. On peut dire qu'une balade, ok, c'est un quartier un peu, on va dire, c'est un quartier urbain, c'est un quartier populaire, mais de là à dire qu'il est dangereux, non. Donc, j'ai beaucoup misé dessus. Et bien, ça paye parce qu'une fois qu'on a vu la tour Eiffel et 100 fois les Champs-Élysées, l'Arc de Triomphe, le Café des Deux Magots à Saint-Germain, qu'on a vu la tour Montparnasse, qu'on a fait tout ça, c'est bien beau. Et bien, à un moment donné, on a envie de nouveauté. Donc, il y a beaucoup, les gens viennent aussi beaucoup dans l'idée de se dire, en arrivant là-bas, j'ai également la possibilité de finalement... découvrir ce quartier dont j'ai tellement entendu parler et dont je ne sais pas pourquoi je n'y suis jamais allée ou pourquoi personne ne m'en a jamais parlé. Voilà.
- Speaker #1
Super intéressant comment tu expliques effectivement comment la presse en fait parle de toi. À un moment donné, tu évoques le fait que tu as travaillé avec une agence de presse et finalement, tu as arrêté. Tous ces articles que tu as pu avoir, donc il y a eu, j'imagine, effectivement, le partenariat avec Airbnb qui a été inobène, mais toi aussi, j'imagine, tu as donné ton temps pour faire des interviews et ce genre de choses. C'est les gens qui sont venus à toi ou c'est toi qui faisais une action avec une agence RP ou pas ? Toi, tu envoyais un communiqué de presse, tu allais vers les médias ou c'est vraiment les médias qui sont venus vers toi ?
- Speaker #0
Oui, alors il y a un peu des deux. Alors, juste pour recorriger une petite chose, Je n'ai jamais travaillé avec une agence de presse. D'accord. J'ai essayé, ça ne s'est pas fait. Juste dans la prise de contact, en fait, on va dire. Mais je n'ai jamais travaillé avec une agence de presse. Et c'est d'ailleurs en ouvrant le concept store que je me suis dit, peut-être c'est un nouveau secteur, je ne connais pas trop, retail et tout, il me faut une agence de RP. Je n'avais pas les moyens, pour être totalement transparent. Donc, je n'ai jamais eu ça. Donc, en fait, par contre, oui, j'ai toujours quand même eu des actions, à savoir communiquer de presse. en voie quand même à une cible de journalistes identifiés en France. Maintenant, les gros covers qu'on a pu avoir, la presse est venue à nous. La presse est venue à nous. L'un des derniers, c'est Ethiopian Airlines dans le magazine de SELAMTA, le magazine qu'ils ont en ligne. C'est la presse qui est venue à nous. Donc, la presse vient beaucoup à nous parce que finalement, On propose autre chose que simplement, on n'est pas simplement une boutique. Tu vois ce que je veux dire ? On n'est pas simplement... Alors le guide, lui en lui-même, nous a emmené, je dirais, la majorité de la presse parce que le guide a été tellement unique. Le fait d'écrire un guide sur l'Afrique à Paris, c'était vraiment un ovni en fait. Et c'est toujours un ovni aujourd'hui parce que je me souviens à l'époque, c'était mais qu'est-ce que cette nana a à nous raconter à part ce qu'il y a à Châteaurouge en fait. C'était vraiment ça la réflexion que j'avais à l'époque. et de voir que j'ai conduit un livre de 200 pages plus. Ah ouais, d'accord, donc il y a autant de choses, elle est en train de nous dire qu'il y a autant de choses à voir à Paris. Oui, il y a autant de choses à voir à Paris, autour de l'Afrique. Et ne serait-ce que cette réflexion-là, ça intéressait déjà naturellement énormément de journalistes. Énormément de journalistes qui voulaient écrire sur autre chose. vraiment des personnes qui avaient envie de valoriser autre chose. Et en fait, il y a beaucoup de substances déjà, à travers ne serait-ce que le fait d'avoir un City Guide sur l'Afrique à Paris. Et maintenant, de savoir qu'il y a une extension, puisque finalement aujourd'hui, dans l'espace retail Little Africa Village, on retrouve différents acteurs qui sont dans le guide, que ce soit à travers des produits ou que ce soit à travers des événements. Donc c'est vraiment la continuité. Donc, naturellement, ça se rejoint. Mais aujourd'hui, pour le retail, je dirais même que c'est pour le retail pour lequel j'ai eu le moins d'action. Je ne sais pas, on va y communiquer, en fait, depuis qu'on a ouvert, parce que tout s'est tellement vite enchaîné. Mais le fait qu'il y avait quand même un passif assez intéressant, en fait, automatiquement, à un moment donné, on nous repère, ce qu'on lit sur le site, et puis on lit ailleurs, et puis on voit qu'il y a un lieu, et puis blablabla, ça se fait. J'ai beaucoup de sollicitations pour la presse, c'est même moi qui n'ai pas le temps de répondre à toutes.
- Speaker #1
Très bien, super. C'est intéressant aussi de signaler ça pour éventuellement des porteurs de projets qui écoutent un petit peu ton parcours. C'est vrai qu'il y a la question parfois de, quand on voit en tout cas toutes les parutions de presse, parce qu'effectivement tu as une belle couverture médiatique, on pourrait supposer que c'est le fait d'une agence presse. Donc c'est important de souligner que ce ne soit pas le cas et que... À un moment donné, quand tu as un produit singulier, un peu un ovni, finalement, les médias, comme tu l'as dit, ont besoin aussi de matières nouvelles, différentes. Et donc, ils vont assez naturellement venir vers toi parce que ça leur permet d'alimenter leurs besoins en news un peu différentes. Du coup... Alors on arrive au bout de cette interview. Moi, ce que je voulais évoquer un petit peu avec toi, c'est cette question de, je te parlais tout à l'heure de black travel, black business et aussi j'ai envie d'évoquer le point de représentation d'une certaine culture africaine, une culture noire. Toi, aujourd'hui, si tu devais un petit peu définir en fait… une idée de la culture africaine. Comment est-ce que tu le... Quels sont les mots que tu mets, en fait, derrière ça ? Et est-ce que tu as envie de parler, tu vas te mettre un chapeau comme ça, culture africaine ? Comment ces termes-là, en fait, comment tu les appréhendes ?
- Speaker #0
Ouais, bon, culture africaine avec un S, je pense que c'est déjà important de pouvoir souligner ça, parce que moi, qui pour le coup travaille vraiment sur les diasporas, et c'est rare que je dise diaspora au sein de l'UE africaine parce qu'il y a vraiment différentes diasporas et différentes cultures africaines à travers le monde. Donc je dirais vraiment, pour moi, c'est vraiment le mot diaspora que je mettrais dessus parce que la culture africaine s'est diffusée via l'esclavage à travers le monde en fait. Et elle reste vivante de façon très forte. à travers d'autres communautés qui sont donc des diasporas à travers le monde. Donc, pour moi, c'est vraiment ce que je... le mot, s'il y a un mot à retenir, c'est diaspora.
- Speaker #1
Très bien. Donc, je t'invite à rappeler l'adresse de l'État d'Africa, même si on a beaucoup dit que c'était dans le 18e. Je pense que c'est important de rappeler l'adresse exacte.
- Speaker #0
Non, c'est important. Je vais juste rajouter un peu parce que je sens que ma réponse n'était peut-être pas assez claire. Mais juste pour dire que quand on parle d'Afrique, c'est important également de parler des diasporas. Voilà, comme ça, le message est clair. C'est important parce que souvent, on met les diasporas de côté. Et ça, c'est beaucoup le cas en France. Quand on parle du sujet Afrique, on est concentré sur parler de ce qui se passe sur le continent. Éventuellement, depuis ces dernières années, on parle maintenant un petit peu plus de ce qui se passe en France, puisqu'il y a quand même une reconnaissance de la diaspora africaine avec le président Macron qui a... qui nous a tous convoqués et a convoqué différents acteurs. Il y a une antenne maintenant qui était censée parler à la diaspora française, mais ça c'était vraiment nouveau. Pendant longtemps, on oublie les diasporas. Or, les diasporas, on parle quand même, l'Union africaine parle quand même du... Comment on appelle ça ? Du cinquième continent. Donc c'est pas quelque chose à négliger, c'est vraiment une manne qui a quelque chose à porter aussi dans le discours. Africains, entre guillemets, s'il y a un discours africain. Fermons la parenthèse. Donc, le lieu pour avoir ces conversations-là, on vient d'avoir un peu épicé là, même plus prolongé, l'adresse, le Little Africa Village se trouve au 6 10. rue des Gardes, dans le 18e arrondissement de Paris. Voilà. Métro Barbès. Voilà.
- Speaker #1
Château Rouge aussi n'est pas loin. Métro Barbès, Château Rouge,
- Speaker #0
tout à fait, n'est pas loin, effectivement.
- Speaker #1
Écoute, j'apprécie bien ton point sur cette notion de la diaspora. Après, je pense que ça dépend qui parle aussi quand on parle d'Afrique. Parce qu'il y a de plus en plus de diaspos qui... parlent d'Afrique et qui donc du coup revendiquent leur identité à la fois française et africaine. Et donc on sent qu'il y a un lien qui se fait de plus en plus. Et je trouve que ça prend de plus en plus de poids cette notion de diaspora, parce qu'il y a des diasporas qui prennent la parole en fait pour renforcer les liens avec l'Afrique, ce qui était peut-être moins le cas par le passé. Parfois, on pouvait même supposer qu'il y avait... des tensions ou une mésentente ou une difficulté de se rapprocher entre les enfants d'Afrique qui sont en dehors du continent et ceux qui sont sur le continent. Mais j'ai l'impression qu'il y a une vraie fraternité qui est en train de se développer.
- Speaker #0
Oui, tout à fait.
- Speaker #1
Écoute, on se retrouve très bientôt à Little Africa pour des expériences touristiques et culturelles autour de l'Afrique. Je suis ravie d'avoir pu... partager ce moment avec toi et d'avoir pu comprendre en profondeur comment est-ce que tu avais créé cette agence culturelle et touristique et comment tu avais... Ah, il y a une question que je ne t'ai pas posée, c'est est-ce qu'il va y avoir d'autres Little Africa ?
- Speaker #0
Oh là là ! Jusqu'à l'année dernière, je t'aurais dit oui ! Je te disais oui parce que c'était mon rêve. J'ai même un plan, enfin laisse tomber, j'ai un plan que j'avais développé. Jusqu'à l'année dernière, c'était mon rêve. Aujourd'hui, c'est un rêve que je dois suspendre. C'est une ambition que je vais mettre en pause pour l'instant parce que j'ai eu à faire face à des challenges personnels, notamment celui de devenir maman et entrepreneur. Et il est bien évidemment certain que développer une autre entité ou une autre structure dans un autre pays va demander de l'effort physique. et que je ne suis pas du tout dans cette configuration-là d'étanger de maman. Mais oui, oui, oui, ce serait une... J'adorerais, j'adorerais. Voilà.
- Speaker #1
On lance un appel à l'univers. Un truc de ça qu'il ne faut pas faire seul. Il faut pouvoir trouver les bons partenaires pour voir comment on peut étendre cette initiative-là.
- Speaker #0
Tout à fait, tout à fait.
- Speaker #1
Je pense que je n'ai plus de questions. Et si j'en ai d'autres, on refera un autre. podcast ou un événement live chez toi à Little Africa. Ça marche.
- Speaker #0
Avec plaisir, Amata. Merci beaucoup. Écoute, pour cette magnifique plateforme que tu as créée, on se dit à très bientôt.
- Speaker #1
À très bientôt chez Little Africa.
- Speaker #0
Ça marche. Merci, au revoir.
- Speaker #1
Merci, au revoir.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort. pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.