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Africa Fashion Tour

Thierry Bernath, expert en relation presse, influence et partenariat

Thierry Bernath, expert en relation presse, influence et partenariat

1h31 |16/01/2025
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Thierry Bernath, expert en relation presse, influence et partenariat

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Description

Quelles sont les clés d'une stratégie de relations presse et d'influence réussie en Afrique ?


Thierry Bernath, expert en la matière et fin connaisseur du marché africain, partage son expertise dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De son expérience chez Amina à la création de son agence, il nous dévoile les rouages d'une communication efficace sur le continent.

Il insiste sur l'importance de comprendre les spécificités culturelles locales et d'adopter une approche authentique, en opposition aux stratégies "copier-coller" souvent inefficaces. Son analyse offre un éclairage précieux sur les enjeux et les opportunités pour les marques qui souhaitent rayonner en Afrique. Dans cet épisode, Thierry Bernath aborde également l'évolution du paysage médiatique, le rôle des agences de presse et les subtilités de l'influence marketing. Un entretien pour tous les professionnels de la communication et les acteurs des industries créatives africaines.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Thierry

    On dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qui ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années, on a une expertise. Mais après, l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait, plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique, c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire. C'est que je trouve que voilà, comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le top, mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses pour lesquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Thierry Bernat. Thierry est expert en relations presse, influence et partenariat à la tête de sa propre agence depuis plus de six ans. Il est également spécialiste de stratégie marketing en Afrique. Il a été directeur de la communication du média Amina pendant plus de douze ans. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse partager ses perspectives du marché des industries culturelles et créatives africaines. Bienvenue Thierry, comment vas-tu ?

  • Thierry

    Bonjour Amata, très bien. Bonne fête, on est en période de fête encore. Voilà, écoute, tout va bien. Je ne savais pas trop quoi te dire, en fait. Ravi que tu m'aies invité sur ton podcast. Ça nous permet aussi de faire connaissance, parce qu'on se connaît par les réseaux, par personnes interposées, et je suis ravi de pouvoir répondre à tes questions aujourd'hui et de pouvoir éclairer aussi un public. sur mes activités en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, c'est normal. Au début, quand je commence un petit peu les interviews, il y a toujours ce moment un peu de battement, de je ne sais pas quoi dire.

  • Thierry

    Tu vas coincer.

  • Ramata

    Donc, ça arrive à chaque fois. On se dit, mais finalement, alors que bon. Et après, c'est vrai qu'on n'est pas souvent confronté à cet exercice de devoir un peu se livrer, se raconter en général. Surtout, toi, tu es en RP. Tu es plutôt là pour promouvoir les autres, en fait, pour les mettre en avant. et finalement, toi, tu es plutôt parfois dans les coulisses.

  • Thierry

    On est souvent derrière, mais on est aussi tout le temps en contact avec les gens, ce qui est passionnant dans ce métier, mais qui peut aussi prendre beaucoup d'énergie. Après, c'est vrai qu'on essaye de ne pas trop prendre position, même si je pense qu'aujourd'hui, on a le droit aussi d'imposer ses idées, même si on travaille en tant qu'RP. Après, effectivement, l'idée, c'est de faire fonctionner une marque, de mettre en avant les représentants de cette marque et donc de travailler plutôt en sous-marin pour que tout fonctionne au mieux. Après, ça reste quand même un métier de contact. Donc, on est régulièrement en relation avec les gens. Les relations, ça s'entretient. On se rend régulièrement aussi à des événements, donc on a quand même l'habitude de se montrer finalement, même si on reste discret.

  • Ramata

    Très bien.

  • Thierry

    En tout cas, c'est mon point de vue, et je pense que c'est aussi comme ça que ça marche. Mais après, c'est vrai que l'idée, c'est de penser d'abord à son client avant de penser à soi.

  • Ramata

    Tu vas pouvoir en tout cas, pendant cette interview, nous expliquer en détail ce que c'est que le métier. des relations presse, et puis aussi comment est-ce que toi, tu l'envisages avec une perspective africaine. Donc, on va commencer cet échange par, je vais te demander, en fait, c'est la question un peu que je pose à tous mes invités, je vais te demander de te présenter.

  • Thierry

    Ok, donc moi c'est Thierry Bernat, j'ai 49 ans, donc j'ai déjà fait un petit bout de chemin. Je suis Suisse et Français, j'ai vécu en Afrique, j'ai une partie de ma famille qui est africaine, parce que mon père s'est marié plusieurs fois, s'est marié cinq fois. Il a eu deux femmes européennes et trois femmes africaines. J'ai fait des études de journalisme, donc moi en fait j'ai commencé comme journaliste, j'ai fait un master en journalisme à l'ULB à Bruxelles. Et puis, le journalisme, c'est bien, mais c'est vrai que ça répondait pas trop à mes attentes, dans le sens où le traitement n'était pas très bon par rapport à tout ce qu'on vous demande. On ne vous met pas toujours dans une situation très confortable, notamment au niveau matériel. Et donc, du coup, de fil en aiguille, en fait, je travaillais pour France Télévisions. Pas du tout sur l'Afrique, je voulais travailler sur l'Afrique. Puis j'ai répondu à une annonce qui cherchait des chefs de publicité pour l'Afrique, pour une régie publicitaire. Alors moi, ayant fait des études de journalisme, je ne m'avais jamais appris le fonctionnement d'un média en termes de recettes, de recettes publicitaires. Donc c'était nouveau, mais comme je connaissais bien l'Afrique, j'ai été pris et ça m'a permis d'avoir une nouvelle dimension des médias. C'est-à-dire que moi, j'avais la dimension journalistique, en ce temps que je trouvais que le métier de journalisme commençait malheureusement à être... être de moins en moins valorisé par rapport au temps et aux capacités qu'on te demande. Et bon, donc du coup, je me suis lancé dans l'aspect plus commercial des médias, à savoir comment on vend des espaces publicitaires pour renflouer les caisses d'un média et pour le faire vivre. Parce que finalement, un média aujourd'hui, c'est la diffusion, les recettes publicitaires et le contenu journalistique. Mais les trois sont liés. Donc, ça m'a permis d'avoir une vision 360 degrés d'un média. Et c'est comme ça, de fil en aiguille, que je me suis retrouvé chez Amina, à travailler pendant 12 ans, où je n'ai pas uniquement travaillé sur la direction de la publicité, mais également sur la direction de la communication, avec tout ce qui était partenariat, mise en place des thématiques, des dossiers, mise en place des shootings, des couvertures, proposition de personnes à mettre en couverture. Puisque, encore une fois, je le répète, un média, c'est un tout. Il y a un contenu, il y a une diffusion, mais il faut le vendre. Donc, il faut des sujets vendeurs, tout en respectant une charte journalistique. Donc, voilà comment, de fil en aiguille, j'ai fait mon chemin. Et puis, après, à un moment donné, j'ai décidé de me mettre à mon compte. Alors, c'est vrai que j'avais fait mon chemin, j'avais un bon carnet d'adresses. Pour moi, c'était un peu la condition sine qua non avant de me mettre à mon compte. Et j'ai décidé... de créer mon agence. Après, les RP, c'était pas... En fait, j'avais une expertise sur le marché de l'Afrique. Je connaissais les marques, je connaissais les événements importants en Afrique, je connaissais les acteurs, enfin une partie, mais je ne savais pas exactement où j'allais. Je voulais mettre à profit mon expertise. Et puis, en fait, j'ai eu des demandes assez rapides de RP, donc de relations presse, mais quand je dis... Les RP, ce n'est pas que les relations presse, c'est les relations publiques. C'est aussi tout ce qui peut être mis en contact avec des acteurs importants sur un marché pour une marque, pour sa notoriété. Et puis, quand j'ai monté mon agence, c'était en 2018. C'était vraiment le moment où l'influence digitale avait vraiment pris les devants sur le print. Parce que moi, je travaillais pour un magazine print. Et donc du coup, très vite aussi, j'ai été amené à faire de l'influence marketing, qui aujourd'hui est toujours en plein essor. Elle évolue très rapidement, parce que l'influence marketing, c'est très vaste, puisque contrairement à un média, aujourd'hui les créateurs de contenu sont des médias, puisqu'ils ont un public et on peut faire passer un message à travers eux, mais ça reste des individus. Un média, c'est une entité. Donc du coup, la... l'aspect subjectif prédomine, tout en sachant qu'il faut quand même faire passer un message assez généraliste. Donc c'est toute la subtilité de l'influence et c'est ce qui fait aussi qu'aujourd'hui, le monde des créateurs de contenus évolue très rapidement. Qui plus est, à une époque, on privilégiait certains réseaux sociaux comme Instagram qui reste, je pense, comme elle toujours aujourd'hui. un des réseaux qui prédomine dans le marketing. Mais aujourd'hui, on fait du Snapchat, on fait évidemment du TikTok, on fait du LinkedIn, un réseau professionnel qu'il ne faut absolument pas négliger, même dans l'influence. Donc, voilà. Alors, je ne sais pas si j'ai répondu à toutes tes questions parce que je suis arrivé à l'influence, mais tu vas pouvoir me reprendre peut-être un matin.

  • Ramata

    Alors, tout à fait, tu nous as fait une overview assez large de tes différentes expertises et compétences. Ce sur quoi j'aimerais un peu revenir, c'est que tu parles d'une évolution du métier de journaliste et tu parles aussi du business model des médias. J'aimerais que tu puisses revenir un petit peu là-dessus, parce que pour un public qui n'est pas sachant de ce secteur, c'est bien de remettre les choses en perspective sur quels sont les challenges que peut rencontrer un journaliste aujourd'hui par rapport à il y a plusieurs années. notamment avec l'impact des réseaux sociaux. Et puis, c'est quoi le business model du média ? Tu l'as évoqué un peu brièvement, mais du coup, qu'on est bien en tête. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, on dit qu'il y a une crise du média et que c'est de plus en plus difficile de vendre du print ? Est-ce que toi, tu peux nous éclairer sur ces questions-là ?

  • Thierry

    Oui, bien sûr. Je pense que c'est l'avènement d'Internet qui a mis vraiment mal le métier de journaliste, puisque c'est vrai qu'aujourd'hui, avec Internet, on peut recueillir plein d'informations sans qu'un journaliste aille sur le terrain. Après, ce n'est pas une bonne chose parce qu'une information de terrain reste la meilleure information. Mais c'est vrai qu'Internet a permis aussi aux médias de se dire qu'avec moins de moyens, on peut déjà avoir une information. On n'est pas obligé d'envoyer une personne physique sur le terrain, vérifier les choses. Ça prend plus de temps, ça coûte de l'argent parce qu'il y a des frais, surtout s'il part à l'étranger. Donc, il y a un monde. Donc voilà, moi c'est vrai que je voulais vraiment faire du journalisme, mais j'étais un peu candide, je voulais faire du vrai journalisme. Et le problème c'est que le vrai journalisme, il n'a plus beaucoup sa place aujourd'hui. C'est un peu la cerise sur le gâteau, parce que faire du vrai journalisme, ça demande beaucoup de moyens. Et les médias aujourd'hui, il y a très peu de médias qui peuvent payer des vrais journalistes. Pourquoi ? Parce que les recettes publicitaires ont diminué. Alors là, tu parlais du print. C'est vrai qu'aujourd'hui, avec le digital, on ne met plus autant d'argent sur le print. Donc ça, c'est une première chose. Et puis, quand je te parlais justement, quand tu voulais que je développe en fait le business model d'un média, on va parler en tout cas du média print, puisque c'est quand même celui que je connais le mieux à la base. Un média, pour qu'il se vende, il faut qu'il ait des bons journalistes, puisqu'il faut du bon contenu. Mais ensuite, s'il a du bon contenu, il faut de l'argent parce qu'il faut les payer, ces bons journalistes. Et pour les payer, il faut de bonnes recettes publicitaires. Et les recettes publicitaires vont avec une bonne diffusion du média. Si ton média est diffusé à un million d'exemplaires, tu pourras vendre ta page de publicité plus cher qu'un média qui est vendu à 100 000 exemplaires. Et donc, tu pourras mieux payer tes journalistes. C'est un cercle, en fait. C'est le business model des médias, mais qui aujourd'hui, malheureusement, ne fonctionne plus de la même manière. Pourquoi ? Parce que les gens achètent beaucoup moins de magazines papiers avec Internet. Et donc, du coup, ces médias-là souffrent. Alors, ils se sont développés différemment en faisant, en développant beaucoup plus le digital, en demandant également à leurs journalistes de devenir, en quelque sorte, des créateurs de contenu. Si tu prends par exemple la presse beauté, la plupart des jours, pas la plupart, mais beaucoup de journalistes en vue, sont également un peu créatrices de contenu et font la promotion du média. Et puis, il y a le côté événementiel. C'est qu'aujourd'hui, un média, pour qu'il vive, il faut qu'il soit présent sur des événements ou qu'il crée des événements. C'est-à-dire qu'un média print à part entière aujourd'hui ne se suffit plus. Et puis, c'est vrai que les gens se contentent beaucoup. de ce que tu as sur Internet, qui n'est pas une très bonne information, au final. C'est vrai que tu peux quand même récupérer, si tu es un peu averti, aguerri, tu peux quand même récupérer une bonne information sur Internet, mais quand tu achètes un magazine papier, tu ne vas pas lire l'information de la même manière, tu ne seras plus posé, les articles seront plus longs, parce qu'on peut faire faire des articles plus longs sur du papier que sur Internet, ça se lit plus facilement, et donc, du coup, on développe mieux les choses. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'avec la concurrence des réseaux sociaux, la concurrence même des sites Internet, il est difficile de placer le papier au même niveau que ces autres médias.

  • Ramata

    Très intéressant. Et toi, à un moment donné, tu évoques le fait que toi, tu voulais être un vrai journaliste. Qu'est-ce que tu entendais par là ? Quels étaient les critiques sur lesquelles toi, tu avais...

  • Thierry

    Je me rendais prétentieux, quoi. Non, mais ce que je voulais dire... Moi, j'étais un peu déçu parce que j'ai travaillé en télé. J'ai fait un stage en presse écrite, j'ai fait un autre stage chez BFM en radio, et après j'ai travaillé en télé, je sais pas en télévision, et en fait je me suis rendu compte que l'image primait. Et finalement, même si t'avais le bon message, t'avais la bonne information, si t'avais pas les images et que ça allait pas faire d'audimat, c'était pas intéressant. Alors ça c'est un peu le business model de la télé. Alors ouais, je peux le dire, c'était... Dans les années... C'était début 2000. Et je parle pourtant du service public. Mais on était quand même dans cette dynamique-là. Donc, imagine ce que c'est dans le service privé. Donc, du coup, c'est vrai que moi, ça, ça m'a beaucoup fait réfléchir. Et je me suis dit, c'est pas fait pour moi. Mais c'était le monde de la télé. Donc, le monde de la télé, c'est encore un peu particulier. Mais d'une manière générale, Je me suis rendu compte qu'en fait, un journaliste, s'il voulait prendre du temps, personne n'allait vraiment lui payer ce temps. Et quand on veut bien écrire, enfin quand je dis bien écrire, c'est une chose, mais avoir la bonne information, il faut prendre son temps. Et il y a malheureusement très peu de médias qui donnent ce type de traitement aujourd'hui aux journalistes. Ou alors à très peu de journalistes dans une équipe. Donc je dirais, moi je pense que ce que je voulais, c'était faire du journalisme d'investigation. Donc déjà, il y a très peu de postes. Et puis après, c'est vrai qu'avec l'évolution, moi, je suis arrivé à un moment... Enfin, moi, Internet, je crois que j'ai commencé à me mettre dessus à la fin de mes études, pour te dire. On commençait à nous sensibiliser à Internet, à tout ce qui était multimédia. Mais en fait, on ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire. Aujourd'hui, ça prend tout son sens. Mais il y a 30 ans, c'était encore quelque chose de très abstrait. Et donc, du coup, c'est vrai que le métier de journalisme, pour moi, tel que je l'entendais, je pense que j'étais encore sur une image presque romanesque, on va dire, du journaliste. Et en plus, avec tous les changements qui s'opéraient à ce moment-là, j'ai pu trouver ma place. Mais bon, par contre, tu vois, je me suis retrouvé à être toujours très proche des journalistes, à l'être toujours, en partie, parce que quand on fait des RP, on doit d'abord... comprendre le journalisme, je pense. En tout cas, pour moi, c'est primordial. Et donc, c'est ce que je fais. Et puis après, on est toujours proche des médias, on est dans la dynamique des médias. Il faut s'entendre, il faut avoir un bon rapport avec les journalistes et comprendre leur mode de fonctionnement et comprendre aussi comment fonctionnent aujourd'hui les médias, chaque média, chaque média a sa ligne éditoriale. et son mode de fonctionnement. Et donc, je dirais que finalement, c'était un mal pour un bien. Parce qu'aujourd'hui, avec le métier que je fais, le journalisme, je connais, puisque c'était mon premier métier.

  • Ramata

    Très bien. Là, j'ai envie que tu puisses nous parler un peu plus en détail, en fait, de tes fonctions chez Amina. Puisque là, ce qu'on comprend, en tout cas, par rapport à ton profil, c'est que tu as une bonne connaissance, en fait, de... du fonctionnement des médias, que ce soit print ou que ce soit télé en France. Et du coup, des médias plutôt qui s'adressent à une population francophone française, quand tu parlais de BFM ou de France TV.

  • Thierry

    Oui, c'était au début. C'est vraiment mon début. Mais c'est pour ça que j'ai changé, en fait, aussi. Quand j'ai lu cette annonce qui cherchait des chefs de publicité spécialisés sur l'Afrique, je me suis dit... je vais me mettre dessus, au moins je serai en lien avec l'Afrique. Parce que c'est vrai que, comme je le disais au début de l'interview, j'ai un lien assez fort avec l'Afrique. On peut peut-être en parler maintenant, je pense que c'est le bon moment. Parce que d'une part, j'y ai vécu, mais il ne suffit pas d'avoir vécu en Afrique. C'est déjà une très bonne chose pour y être attaché. Mais après, c'est vrai que moi, j'ai une famille métissée, si tu veux. En fait, on est dix enfants dans ma famille. Et avec cinq femmes différentes, il y a six métisses. Quatre métisses, moitié Suisse, moitié Ivoirien. Et deux, moitié Gabonais et moitié Suisse.

  • Ramata

    D'accord. Et du coup, tu as grandi dans une famille comme ça, très cosmopolite et très ancrée. J'imagine à la fois d'un côté au Gabon et d'un autre côté en Côte d'Ivoire ?

  • Thierry

    Oui. Alors le Gabon, c'était après. D'abord, c'était la Côte d'Ivoire, parce que moi, j'ai vécu en Côte d'Ivoire. Mais effectivement, j'ai été... En fait, je me suis retrouvé dans une famille métissée. Donc, du coup, c'était... Ce n'est pas toujours évident, honnêtement, parce que ça a commencé quand j'étais adolescent. En plus, mes parents se sont séparés en Afrique, c'était un peu compliqué. Et puis, les cultures sont différentes. Et donc, du coup, j'ai été confronté à la culture africaine dans ma famille. Donc, ce n'était pas si facile quand j'étais adolescent. Ça demandait quand même une grande ouverture d'esprit. Et puis, c'était des enfants un peu à droite et à gauche. Donc, il fallait avoir une bonne ouverture d'esprit. Et puis, il fallait remettre de l'ordre en soi, en fait, parce que c'était quand même un peu bordélique. Mais c'est vrai que c'est ça qui m'a donné cet amour. Et je pense aussi le fait, cette assurance de me dire, je peux faire quelque chose. avec l'Afrique. Moi, j'ai toujours aimé l'Afrique parce que ça a bercé mon enfance. Et puis, l'Afrique, on est proche de la nature, c'est des émotions que je trouve beaucoup plus fortes. Pour moi, on vit plus en Afrique. Donc, ça, j'ai déjà senti très jeune. Et puis, après, c'est vrai qu'ayant baigné dans cette culture-là, qui m'était un peu imposée, finalement, c'est pas moi qui l'avais choisie, c'est pas moi qui avais décidé de partir en Afrique. ou d'avoir une famille métissée. Du coup, je me suis posé pas mal de questions et puis j'ai essayé de comprendre les différences culturelles, comment on peut dialoguer ensemble, comment on peut avancer ensemble. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je mets... Ça, c'est mon histoire, mais c'est important que j'en parle. Mais c'est vrai que... Dans mon travail, au sein de mon agence, je mets mon expertise, je demande de cette connaissance du marché approfite pour toute marque qui cherche à communiquer en Afrique. Ça, c'est pour les marques qui sont basées en France. Par exemple, je suis l'agence pour les clientèles africaines des Galeries Lafayette et c'est vrai que je mets en place tant une approche RP que des activations en influence marketing, que des partenariats avec l'Afrique. Je pense qu'il est vraiment important de donner une dynamique à ce marché. La dynamique vient d'où ? Elle vient d'un bon fonctionnement des choses. Une équipe qui est dynamique, c'est une équipe où les différents membres de l'équipe s'entendent bien. C'est comme un moteur qui fonctionne bien, c'est parce que toutes les pièces du moteur fonctionnent. et communique entre elles. Et donc, pour moi, c'est vraiment important et c'est comme ça que je le vois aujourd'hui et c'est ce que je propose au sein de mon agence. Il est vraiment important de dynamiser ce marché par une optimisation de la communication. Et pour optimiser cette communication, il faut que chacun se comprenne. Et pour ça, il faut savoir écouter l'autre. Je ne dis pas parce que ça paraît évident, mais moi, ayant quand même pas mal travaillé sur le marché africain, depuis maintenant quand même, alors au-delà de ma connaissance, parce que finalement, je connais l'Afrique depuis plus de 40 ans, parce que je suis arrivé à l'âge de 5 ans, mais c'est vrai que j'ai vu beaucoup de marques essayer de se mettre sur le marché africain, mais qui finalement ne cherchaient pas vraiment. Alors, ce n'était pas leur faute, mais je pense qu'en fait, pour le comprendre, il faut baigner dans la culture. ou en tout cas s'y approcher d'une manière ou d'une autre. Donc voilà, c'est ma façon de voir les choses et c'est ce que je mets en place à travers l'agence Thierry Bernat-Herpé.

  • Ramata

    Ce que je trouve intéressant, en tout cas dans ce que tu dis, c'est cette approche de marques extérieures au continent africain qui vont pouvoir s'intéresser aux consommateurs africains, mais finalement ne pas forcément avoir une approche où elles vont chercher à le connaître, à le comprendre et à peut-être adapter. adapter leur stratégie de communication, il y a un petit peu une forme de je vais faire un copier-coller, je vais dupliquer ce que je fais déjà ailleurs. Et puis, si ça ne fonctionne pas, parfois, c'est un marché qui n'est pas assez mûr.

  • Thierry

    Et je me retire quand ça ne fonctionne pas. Je me retire. C'est ce qui arrive avec beaucoup de gros groupes.

  • Ramata

    C'est ça. Mais alors qu'en fait, le travail n'a peut-être pas... L'approche, en fait, de déploiement sur le continent africain n'a pas été faite avec une volonté vraiment de... On prend des experts sur le terrain, on fait vraiment un travail de... On change nos supports de communication. Moi, j'ai pu voir certains centres commerciaux où on va avoir des boutiques, la Halle par exemple, où... Toutes les photos, c'est des photos qu'on pourrait voir dans un laal en banlieue parisienne. Et finalement, on se dit, mais il y a... Alors, ça date un peu, ce dont je parle. Je ne sais pas si ça a évolué depuis, mais c'est vrai qu'il y a quand même... Quand on veut intégrer un territoire, il y a un travail à faire de connaissance des habitudes de consommation et de...

  • Thierry

    Complètement. Et puis, on ne peut pas imposer son modèle. C'est comme deux personnes qui cherchent à communiquer ensemble. Quand il y en a une qui impose sa façon de penser, ça va bloquer l'autre. Quand on ne se connaît pas, en règle générale, quand tu rencontres quelqu'un, et puis que la personne est trop imposante dans ses propos, en règle générale, ça va te bloquer. Tu n'as pas trop envie de continuer la discussion. Donc, c'est un peu la même chose. Après, il n'est pas facile à comprendre, le marché africain. Moi, je trouve qu'il y a beaucoup de spécificités. Parce que l'Afrique est très forte. Elle garde beaucoup d'elle-même, eu égard à tout ce qu'on peut dire, mais elle a des spécificités vraiment propres à elle. Et je pense que quand on veut travailler avec elle, il faut y mettre beaucoup de sien. Peut-être plus encore que sur d'autres marchés. Parce qu'elle est très authentique, l'Afrique.

  • Ramata

    Et alors moi, le parallèle parfois que je fais, c'est que je trouve qu'il y a des marques de luxe. En tout cas, moi, c'est vraiment un domaine... luxe mode que je connais bien, qui quand il s'agit du marché asiatique, Corée, Japon, Chine, il y a des efforts qui vont être faits parce que c'est des cultures qui sont totalement différentes de la culture occidentale et elles vont vraiment aller faire le travail de chercher à comprendre le consommateur chinois, on va chercher à comprendre cette population-là parce qu'on sait qu'elle a le pouvoir d'achat, qu'elle a les moyens et que ça peut être bénéfique pour nous. Et cet investissement-là, on est prêts à le faire. Et c'est vrai. par rapport à l'Afrique, il n'y a pas le même engagement, je trouve, de certaines marques. Alors, on commence à voir des choses, ça commence à bouger. Et notamment, je pense que ton agence, elle fait partie vraiment des leviers qui permettent à certaines marques de faire les choses bien. Mais je trouve que les marques, elles savent comment, finalement, pénétrer un nouveau marché. Elles ont le playbook. Mais c'est vrai que vis-à-vis de l'Afrique, il y a un peu… J'entends beaucoup ce que tu évoquais là, mais ce n'est pas facile, ce n'est pas évident, on ne sait pas comment faire. Déjà,

  • Thierry

    il y a très peu d'insights. Alors moi, je te dirais quand même, comme je travaille quand même avec des groupes qui, en règle générale, travaillent également sur l'Asie, l'Asie, il y a 20 ans, 30 ans, c'était à peu près la même chose. Tu prends la Chine, il n'y avait pas d'insight, on ne savait pas trop où on allait, on investissait un peu comme ça. Et finalement, après, ça s'est développé parce qu'il y a aussi une classe moyenne qui était plus importante et les gens ont mieux compris le marché. Donc, je pense que c'est une question de temps déjà parce que l'Asie en est à un autre stade de développement. Aujourd'hui, il faut quand même le dire. Mais tu prends le marché... d'Amérique latine. Moi, je discute, je suis en contact avec une agence qui travaille en Amérique latine pour le même client que moi. Moi, je travaille pour l'Afrique. Et en fait, il y a aussi beaucoup de similitudes. Sauf que l'Amérique latine aussi est quand même dans une phase de développement déjà plus... Ça fait un peu plus de temps, si tu veux, qu'elle se développe. Moi, je pense qu'il ne faut pas oublier que... L'Afrique, c'est ancestral, mais les indépendances, elles sont quand même encore très récentes. Et on demande beaucoup à l'Afrique. On demande beaucoup de choses, il faut laisser du temps. Et puis, l'Afrique ne fonctionne pas comme les autres, et je pense qu'elle n'a pas envie de fonctionner comme les autres. Et c'est là où je disais qu'elle est plus authentique. Moi, j'ai l'impression que l'Asie est plus docile. Je ne sais pas si on apprécie ce terme ou pas, mais plus docile dans la dynamique. internationales, on le voit dans le mode de production. Ils sont très suiveurs, ils ont l'habitude d'avoir... Ils fonctionnent un peu à la chaîne. Ils produisent, ils produisent, ils produisent. Après ça, c'est la pensée unique, c'est le modèle occidental. Mais moi, je ne suis pas certain que c'est le modèle que l'Afrique va développer. Elle le développera, mais à sa manière. Tu sais, je t'en ai parlé quand tu m'avais contacté. pour l'interview. J'ai été invité au Forum de la mode et du design de Bamako fin novembre. L'idée, c'était de réinventer la thématique, c'était réinventer une mode pure, responsable et durable en Afrique. Et on a eu beaucoup de discussions et moi, j'étais le seul venant d'Europe à ce forum. Enfin, le seul qui n'est pas d'Afrique, en fait. Même si en partie, je suis un peu africain. Je parlais quand même à un moment donné des possibilités, mais d'une manière très positive, de développer la mode en Afrique en jouant un peu sur les économies d'échelle. produisant plus. Et finalement, j'avais beaucoup... J'ai eu à un moment donné, d'ailleurs, une discussion très intéressante avec quelqu'un, une personne que j'ai beaucoup appréciée, qui m'a dit, mais Thierry, arrête de penser comme un blanc. Et elle n'avait pas tort, en fait. Et pourtant, pour te dire, je connais quand même l'Afrique. Et elle me dit, on ne fonctionne pas de la même manière sur beaucoup de points. Et c'est vrai que sur la mode, tu vois, j'en suis arrivé à me dire que finalement, ce n'était pas non plus la solution que de demander à l'Afrique de développer sa mode en produisant plus. Peut-être qu'il faut rester sur un marché plus artisanal, mais moderne, avec des créations uniques, et que c'est ça aussi la force de l'Afrique et de sa mode. Parce que c'est vrai que l'Afrique foisonne de stylistes, il y a énormément de créations, l'Africain est beaucoup plus dans l'irrationnel, c'est un artiste beaucoup plus que l'occidental, en tout cas selon moi, parce que justement, on lui met moins de bâtons dans les roues. il est dans un schéma où il y a encore toutes les portes ouvertes et je pense qu'il a tout intérêt à ne pas prendre le chemin de l'industrialisation tel que nous on l'a développé ici en Occident.

  • Ramata

    Je suis complètement alignée avec ça, d'autant qu'aujourd'hui on connaît les limites de l'industrialisation.

  • Thierry

    Absolument, on le voit chez nous, donc je pense qu'il nous regarde.

  • Ramata

    Donc on sait déjà comment le film se fait. on ne va pas dire se finit, mais en tout cas, on sait quelles sont les évolutions néfastes qu'il peut y avoir dans le secteur de la mode. Et je te rejoins complètement sur, que ce soit au niveau des créatifs, mais que ce soit même au niveau des consommateurs, il y a une uniformisation de la mode en Occident qui est on va produire en quantité le même pantalon noir, le même blazer noir, là où en Afrique, que ce soit à Dakar, à Lagos, à Accra, on est vraiment dans une dynamique où chaque créateur a une volonté de chaque collection. Il y a un certain nombre de bases de produits qui sont les mêmes, mais après, c'est l'opportunité de renouveler, de changer, d'apporter de la fraîcheur, et donc, on est vraiment dans une dynamique où on n'est pas dans cette logique de Pantone a sorti la couleur de l'année, qui est le choco, donc tout le monde va faire du choco Maintenant, en fait...

  • Thierry

    Il faut faire travailler les artisans en Afrique, c'est tellement important. Enfin, moi, j'étais au Mali, qui est vraiment le pays de l'artisanat, parce que le textile au Mali, mais toutes les femmes qui tissent, le tissu, tout ça, il faut surtout surtout pas les sortir de la chaîne aujourd'hui. Ce n'est pas comme ça qu'on va développer, on ne va pas les mettre au chômage. Tu vois ce que je veux dire en disant on fait une usine, ou est-ce qu'on l'a fait l'usine ? Donc du coup, je pense que voilà, en tout cas pour moi, ce n'est pas dans l'ADN de l'Afrique. Et plus je réfléchis, je dirais, et plus le temps passe, plus je me rends compte que l'Afrique a tout intérêt à ne pas se développer de cette manière-là. Aujourd'hui, il y a une vraie assurance. Les gens ont confiance en eux. Je pense qu'on est en bonne voie. Avant, il y avait un petit peu, on doit suivre les autres. Finalement, on se rend compte que nous, ce qu'on fait, ça peut plaire comme ça et c'est notre force.

  • Ramata

    On se rend compte aussi de notre propre valeur parce que les projecteurs sont tournés vers des créateurs africains et il y a une vraie volonté de les mettre en avant. Il y a des fashion week qui... sont à Dakar. La Fashion Week, elle a plus de 20 ans. Les Ghost Freakers, plus de 15 ans.

  • Thierry

    Et puis, il y a des nouvelles Fashion Week qui se créent. Donc, ça veut quand même dire quelque chose aussi. Tu vois, il y a de plus en plus d'événements mode en Afrique. Et puis, la mode, elle est...

  • Ramata

    Et des événements mode de qualité avec des créateurs qui proposent des collections qui sont tout à fait, comment dire, contemporaines. Parce qu'il y a aussi tous les clichés liés à l'Afrique où... Quand on parle de mode, d'industrie culturelle et créative, c'est parfois associé à un vocabulaire avec lequel moi, en tout cas contre lequel je me bats, mais qui est de l'ordre de, c'est du folklore, c'est de l'ethnique, c'est exotique. Du coup, c'est world music, par exemple. Et c'est catalogué, en fait, dans quelque chose qui est, ce n'est pas mainstream, en fait. Or, là, aujourd'hui...

  • Thierry

    Après, tu prends plein de créateurs aujourd'hui. Tu vois ceux que fait défiler Adama, la Dakar Fashion Week. Si tu ne sais pas qu'ils sont africains, quand tu vois les créations, pas toutes, mais certaines créations, tu n'as pas du tout l'impression que c'est africain. Ibrahim Fernandez aussi, j'étais à son défilé, lui il a fait un exemple aussi, parce qu'il a fait un défilé pour ses 10 ans. le 15 décembre à Abidjan, il montre qu'aujourd'hui aussi, la mode a beaucoup évolué en Afrique. Bon, lui, c'est vrai qu'il y a des créations qui ne sont pas, qui ne font pas du tout afriquettes, en fait. Si tu ne sais pas qui est derrière, certaines, oui, mais d'autres, non.

  • Ramata

    Moi, j'ai tendance à dire aujourd'hui qu'elles sont 100% africaines et aujourd'hui, c'est ça l'Afrique aussi, en fait. C'est que...

  • Thierry

    Oui, alors, je comprends ce que tu veux dire. Il faudrait... Oui, tu vois, là, tu me reprends, mais ça, c'est parce que, bon, moi, je suis le blanc. C'est pas du tout... Tu m'en as un rapport. J'ai toujours le prisme de...

  • Ramata

    Tu as un passé de journaliste, donc c'est pour ça que je me permets de te reprendre. C'est vraiment aussi de nous arriver à nous dire que la mode africaine,

  • Thierry

    ce n'est pas le wax. L'Afrique, ce n'est pas uniquement... Ce n'est pas le wax,

  • Ramata

    ce n'est pas... Ce n'est pas que ça, en fait. Et aujourd'hui, un créateur qui a 30 ans, qui est inspiré, qui vit à Dakar ou qui vit à Abidjan, il a accès à... toutes les influences du monde entier pour créer sa collection. Et du coup, ce qui va être intéressant, c'est qu'il va mélanger la tradition avec la modernité et ça va créer quelque chose de complètement nouveau qui est, moi, ce que je trouve intéressant, qui sort un peu du cadre du cabinet de tendance. Il a dit que la couleur du moment, c'était le burgundy. Donc, on va tous faire du burgundy.

  • Thierry

    Et puis vraiment, je dis, le fait qu'on soit quand même beaucoup plus dans l'irrationnel, qu'on mette moins de bâtons dans les roues en Afrique, automatiquement, la création est beaucoup plus intéressante.

  • Ramata

    C'est beaucoup plus libre, en fait. C'est bien encadré. Et du coup...

  • Thierry

    On peut faire de tout. C'est-à-dire qu'on peut faire du retour aux origines en reprenant, tu vois, des symboles très africains, un peu tribal. Et on peut très bien aussi faire de tout, en fait, qui n'est pas spécialement une mode propre à l'Afrique, mais une mode, tout simplement. Complètement. Et... Et ce qu'il faut quand même se dire aussi, c'est que, tu vois, l'Afrique qui se développe, avec l'avènement des réseaux sociaux, elle a énormément gagné. Parce que les gens sont passés, par exemple, les gens n'ont pas connu le téléphone fixe. Ils sont passés directement au téléphone portable, aux réseaux sociaux. Donc, en fait, ça va beaucoup plus vite chez eux. Et moi, je suis quand même basé en France, mais j'y suis très régulièrement. Il y a des pays que je fais tous les deux mois. Je prends par exemple une ville comme Abidjan. Après deux mois, j'y retourne et pour moi, il y a plein de choses qui ont évolué. Abidjan, ça évolue vite en ce moment, c'est vrai. Mais dans cette ville-là, tout va très vite.

  • Ramata

    Tu parles du téléphone portable,

  • Thierry

    on peut parler aussi de la banque

  • Ramata

    Orange Monnaie.

  • Thierry

    Oui, bien sûr, tout à fait. Mais c'est vrai que l'avènement des informations, le fait de voir ce qui se passe ailleurs, le fait de pouvoir communiquer. Parce que moi, je me rappelle encore à l'époque, quand je partais en Afrique, j'avais un roaming pas possible. Et c'est vrai qu'eux, quand WhatsApp est arrivé, ils ont pu communiquer avec le monde entier, sans plus rien payer. Alors qu'ils étaient encore, tu vois, il y en a qui n'ont même pas d'électricité encore. Si, ils en ont pour le portable, mais si tu veux, ça reste quand même assez... Ils sont dans des zones assez reculées.

  • Ramata

    Alors, si on en revient un petit peu à toi et ce que tu fais aujourd'hui. Moi, l'idée, c'est que tu as une très bonne connaissance de l'Afrique et du coup, ça rend ton profil, je pense, crédible,

  • Thierry

    légitime. Tu sais ce qu'on dit, on dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qu'il ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années on a une expertise, mais après l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute finalement. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire, c'est que je trouve que voilà... Oh... Comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le tas. Mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses auxquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent. C'est un peu ça, c'est surprenant l'Afrique. C'est un peu la surprise, l'imprévisible. Bon, après, non, mais tu as raison. Après, il y a quand même au bout de certaines années où tu travailles sur ce marché, avec le continent, oui, tu as une expertise.

  • Ramata

    Non, mais c'est surtout le fait d'être conscient de ce que tu dis là, d'être conscient de ce côté imprévisible. Quand on travaille avec toi, tu vas aussi sensibiliser les marques, tu vas sensibiliser tes partenaires.

  • Thierry

    Alors qu'il y en a qui arrivent en se disant,

  • Ramata

    c'est bon. J'ai mon idée de franchise, je vais la dupliquer dans toutes les capitales africaines. Et puis, bim, bam, boum, voilà. Je peux faire mon business plan sur les cinq prochaines années, ça va fonctionner. Et en fait, quelqu'un qui connaît le terrain va dire, écoute, attaque-toi déjà à Abidjan. Fais tes armes dans cette ville. Vois quels sont les challenges que tu peux rencontrer. Et petit à petit, tu vas en fait te déployer dans d'autres univers. Et du coup, d'avoir cette connaissance-là. Ça donne une certaine finesse à la manière dont tu travailles. Donc moi, j'aimerais bien que tu nous parles de, soit peut-être un peu la transition qui s'est faite entre tu travailles pour Amina en tant que directeur de communication et aussi sur la partie publicité. Et ensuite, tu montes en agence. On a parlé un peu brièvement tout à l'heure. Mais bon, j'aimerais bien en parler parce que ça reste quand même... Je pense qu'on a... En tout cas, j'ai eu des Amina à la maison étant petite. On va dire... toute famille africaine, il y a dû avoir sans forcément avoir pris un abonnement, en tout cas, on a tous feuilleté Amina ou plusieurs même. Je pense que c'est un magazine de référence et de ce fait-là, c'est intéressant que toi, tu puisses nous parler un petit peu de cette expérience et puis de c'est quoi l'enjeu de ce magazine-là, sachant qu'en fait, on aura beau dire, mais il n'y a pas tant que ça de magazine de porn.

  • Thierry

    Non, non, non.

  • Ramata

    Voilà, donc on peut saluer la longévité d'Amina, en fait, par rapport à ça. Ben oui,

  • Thierry

    je pense quand même qu'il faut, là, j'aimerais remercier en fait le créateur du magazine et voilà, qu'on lui fasse un petit clin d'œil. Ça a été mon mentor, c'était Michel de Breteuil et qui est décédé malheureusement en 2018, mais qui est resté jusqu'à plus de 4 ans. 70 ans, au magazine, il venait de travailler tous les matins, et c'est lui qui a eu cette idée un peu de génie, enfin de génie, de créer à l'époque, c'était en 73, basé à Dakar, un magazine qui allait donner la parole aux femmes, quelle que soit leur origine sociale, donc ça pouvait être la vendeuse de beignets comme la première dame. Et c'est ce qui a fait la force d'Amina, c'est qu'en fait... Il y a eu tellement d'interviews, le magazine est passé partout. En fait, c'était hyper novateur à l'époque, en 1973, de faire un magazine pour les femmes en Afrique. Et c'est vrai qu'on le sait quand même, en Afrique plus qu'ailleurs, la femme décide de tout. En fait, elle est quand même partie prenante sur tout. C'était Angélique Hidjo, une fois, qui disait, lors d'une interview, ça m'avait marqué. que la femme était la colonne vertébrale de l'Afrique. Je trouve que c'est très vrai. Donc du coup, si tu veux, pour moi, mon expérience chez Amina était extrêmement enrichissante. Déjà, ce que j'ai appris par Michel de Breteuil, qui a été mon mentor et qui connaissait l'Afrique du bout des doigts, qui connaissait les différents pays, qui était quelqu'un qui recevait dans son bureau tout le monde. Tu ne prenais pas de rendez-vous, tout le monde venait. Le marabout, la femme de ménage, la première dame, une chef d'entreprise. Tout le monde y recevait, y recevait. T'avais une queue, des fois, devant. Les gens attendaient plusieurs chefs et puis rentraient. Chacun y donnait un peu. Et y recevait, comme ça, spontanément, tout le monde. Donc, il était comme on fait en Afrique, en fait. Tu vois, tu ne prenais pas rendez-vous. D'ailleurs, il y avait un truc qui me faisait toujours rire quand les gens l'appelaient. Il disait, on se voit quand ? Je lui dis, vous venez quand vous voulez. Un jour, il m'avait dit, je ne vais pas leur donner rendez-vous parce que sinon, on ne sait pas si on se verra. Et il avait raison, tu vois, il fonctionnait comme ça. Donc Abinash, ça a été ça pendant des années. Moi, je suis arrivé en 2005 pour remplacer l'ancienne directrice marketing qui partait à la retraite, qui est devenue une amie d'ailleurs. Et donc, ça a été une expérience extrêmement enrichissante pour moi. Déjà, j'étais vraiment à ma place et j'ai pu rencontrer plein de monde. Et j'ai pu aussi me rendre compte, alors ça rencontrait plein de monde, c'était au-delà des marques, mais tu vois, que ce soit à travers les partenariats, les journalistes, les personnes en vue ou pas en vue, mais parce qu'on recevait tout le monde en fait chez Amina, c'était pas le magazine des stars uniquement. loin de là, c'est le magazine de toutes les femmes. Donc du coup, ça m'a permis d'avoir une vision d'ensemble de la femme africaine. Et puis, il y avait quand même beaucoup d'hommes qui venaient aussi. Donc finalement, même si moi, j'avais déjà cette vision-là avec mon passé, mais dans mon univers professionnel, je pense qu'on ne pouvait pas arriver mieux. Et je suis resté là-bas jusqu'en 2018, donc un peu plus de 12 ans. Je voyageais beaucoup aussi en Afrique. Et puis, je me suis aussi rendu compte du marché, on va dire du marché marketing sur l'Afrique, puisque j'allais voir des marques comme Unilever, L'Oréal, Air France, Western Union, qui communiquaient plus facilement, parce qu'ils sont quand même très présents sur l'Afrique. Mais j'allais voir d'autres marques, des marques de luxe, de chez LVMH et tout, et j'essayais de les avoir en publicité. Et je me suis rendu compte du marché, qui n'était pas évident. finalement. Justement parce que les gens ont une méconnaissance de ce marché, ont un peu peur, ne le comprennent pas. Il y en a qui font un pas, puis après ça se passe mal. Du coup, ils ne reviennent pas. Moi, je me rappelle avoir eu un rendez-vous une fois, je ne vais pas la citer, c'était une marque de luxe, de cosmétiques, vraiment très haut de gamme, qui était intéressée à ce marché. Et puis, j'ai Je crois qu'il y avait Dior en couverture 4. Et puis en couverture 3, il y avait les cubes Jumbo. L'attachée de presse, la tête qu'elle a tirée quand elle a vu les cubes Jumbo à côté de la pub Dior. Mais c'était ça Amina, si tu veux. Voilà comment était le marché africain à l'époque. Bon, et puis donc du coup, pour revenir un petit peu à mon expérience. Mais bon, c'est important de te raconter un peu ces anecdotes parce que ça te permet de te rendre compte de l'évolution du marché. qui, je me suis rendu compte, je croyais qu'il allait évoluer plus vite, même au niveau marketing, que les marques en Europe allaient plus s'investir en Afrique. Et au final, tu avais l'impression qu'elles se mettaient dessus, mais en fait, c'était un pas en avant, deux pas en arrière, ou c'était juste un effet de mode. Et bon, finalement, les choses ont évolué. J'ai connu, on va dire, la fin de la super période de la publicité sur le print et des médias print. Et j'ai commencé à sentir le vent tourner. J'étais attaché à ce magazine, comme je te l'ai dit aussi, parce que Michel Debreuteuil était mon mentor. Et puis les choses ont évolué, Michel Debreuteuil est décédé, ça faisait un moment que je voulais me mettre à mon compte. Et puis les choses n'étant plus comme avant, et puis la presse n'étant plus ce qu'elle était, j'ai pris ma décision, je suis parti d'Alina. et j'ai créé... Au début, je me suis mis à mon compte et après, j'ai créé mon agence. Parce qu'au début, en fait, en me mettant à mon compte, comme je le disais au début de l'interview, j'ai voulu mettre à profit cette expertise que j'avais d'abord personnellement par mon histoire familiale et ensuite professionnellement avec... Parce qu'avant d'aller chez Amina, je travaillais déjà un peu sur l'Afrique. Comme je te l'avais dit, j'avais commencé à travailler pour cette régie publicitaire spécialisée sur l'Afrique. Après, j'ai travaillé pour un magazine qui s'appelait City Black, un petit magazine qu'on lançait. Donc, j'ai connu aussi Amina. C'était autre chose. Quand je suis arrivé chez Amina, c'était le numéro un sur le marché. Mais j'ai travaillé avant sur des magazines aussi où il y avait tout à faire. Donc, j'ai dû me battre pour aller voir des marques en leur disant, il faut communiquer sur cette presse-là. Mais tu avais des marques ici qui te regardaient en disant, moi, j'avais des marques de luxe. On sait qu'on a cette clientèle, mais ce n'est pas pour ça qu'on va se mettre dans un magazine pour les Africains. Voilà. Donc du coup, j'ai pu me rendre compte du marché, de son évolution qui était quand même très lente. Il évolue, le marché, mais beaucoup plus lent que ce qu'on pensait. Et souvent, les gens disaient Allez, cette fois-ci, c'est bon, ça va être… Les gens ont voulu comparer le marché français au marché communautaire africain, en tout cas, parce que je n'aime pas le terme ethnique qui n'est pas toujours très bien pris, même si en marketing, on se comprend. on va dire le marché de la communauté africaine en France à celui des États-Unis et ça n'a rien à voir. Et les gens disaient mais je ne comprends pas pourquoi dans un magazine comme Essence ou Ebony, il y a des pubs pour Land Rover avec une Africaine alors qu'ici non, c'est ce qu'il faut qu'on fasse. Mais les Noirs aux États-Unis, ils sont américains avant d'être africains, même s'ils ont des origines. Ici, ce n'est pas la même chose et le marché n'est pas le même. Moi, je travaille... Je m'occupe des RT de la marque Cantu, qui est une marque américaine. Les volumes qu'ils font en Afrique, ce ne sont pas les volumes qu'ils font en France. Donc, on ne peut pas comparer. Les marchés sont très différents. Voilà. En tout cas, du coup, si tu veux, ça m'a donné une bonne expérience. Et puis après, j'avais quand même un bon carnet d'adresses de marques. et puis de partenaires potentiels. Et donc, je me suis dit, tu peux te mettre à ton compte. Et puis, j'avais le côté commercial que j'avais beaucoup développé. Donc, si tu veux, j'étais pas mal dans la prospection puisque c'est ce que je faisais beaucoup chez Amina. C'est toujours aller trouver des nouveaux clients. Donc, du coup, quand tu sais rentrer les clients, c'est déjà quand même le nerf de la guerre parce que c'est l'argent. Ensuite, après, c'est sûr qu'il faut que tu leur proposes des choses qui leur conviennent. Mais j'avais cette expertise. Et même s'il y avait des choses un peu nouvelles, parce que c'est vrai que les RP, je t'avoue que... Moi, je n'ai pas fait d'études de RP, mais après, je ne sais pas si je vais faire des études de RP. Je pense qu'il faut avoir un bon sens du relationnel, bien comprendre les gens et être aussi commercial. Parce que je pense que pour être un bon RP, il faut être commercial, mais il ne faut pas être commercial rentre-dedans. Et il faut aimer les gens, il faut s'intéresser à eux et puis vouloir faire avancer les choses. Et donc, du coup, c'est comme ça qu'en fait, si tu veux, de fil en aiguille, c'est créer mon agence. Et c'est vrai que j'ai eu beaucoup de demandes RP. En sachant que si tu veux, les RP en Afrique, c'est quand même différent. Moi, j'en fais pour des marques sur le marché français, notamment dans la presse beauté. Mais si tu veux, moi, une journaliste beauté de Marie-Claire Dehael, si elle fait un sujet sur les cheveux bouclés et qu'il y a un produit qui lui plaît ou une brosse qui lui plaît par rapport à ce sujet-là, Que ce soit pour un sujet afro ou pas, elle va parler de ton produit. Elle est dans cette dynamique-là. En Afrique, on a peu de médias. Il y a quelques médias panafricains, mais il n'y en a pas beaucoup, tu le disais toi-même. Et après, les médias par pays, il n'y en a quasiment plus aujourd'hui, des médias papiers. Et puis, les journalistes en Afrique, en règle générale, ils ne font pas les choses gratuitement. Dans le sens où, comme je disais, une journaliste de chez Marie-Claire, Si elle a un papier à faire sur les brosses démêlantes flexibles, et moi j'ai une brosse démêlante flexible, et puis qu'elle te trouve sympa, elle va parler de ton papier parce que tu lui as donné l'information et qu'elle est en contact avec toi. Sur l'Afrique, c'est différent. Donc du coup, les RP en Afrique, c'est une autre approche. Alors moi, je sensibilise quand même les supports à parler de ces marques parce que... Ça rentre dans des sujets qui peuvent les intéresser. Mais en dynamisant les choses de manière différente, j'ai toujours gardé un peu le côté achat d'espace aussi. Donc quand je peux, comme ça a été quand même aussi mon cœur de métier, je vais négocier une page pour ces supports ou ces médias. Et puis, d'une manière générale, je travaille les RP. Mais ça, aujourd'hui, les RP, même en France, c'est plus comme avant. De manière... 360 si tu veux. C'est qu'aujourd'hui, tu n'appelles pas juste quelques amis journalistes pour qu'ils te fassent un papier sur ton produit, mais tu fais un peu de paid, tu peux faire de l'achat d'espace, tu organises des événements avec du sponsoring, tu fais de l'influence, qu'elle soit organique ou payante, enfin c'est un tout aujourd'hui. Il faut être un peu partout. Donc, c'est comme ça que je la développe sur l'Afrique. Mais sur l'Afrique, je dirais, de toute façon, vu qu'on a quand même peu de support, je parle de l'Afrique francophone, surtout, mais même sur l'Afrique francophone, alors oui, tu as un peu plus de magazines sur l'Afrique du Sud, mais c'est encore un autre marché. Mais, par exemple, en Côte d'Ivoire, aujourd'hui, en magazine papier, tu n'en as pas beaucoup. Tu as Elle, maintenant, qui est Elle Côte d'Ivoire, qui sort un magazine papier. Tu as Femmes d'Afrique. Amina, je crois qu'on ne le trouve plus parce qu'il y a un problème de distribution des magazines en Afrique avec les MLP voilà, t'as Milk mais c'est des magazines en plus qui ne sortent pas toujours régulièrement et qui ont besoin d'annonceurs ils ne s'en sortent pas seuls enfin seuls, je ne dis pas qu'ici ils s'en sortent seuls, mais ils sont rodés donc du coup, l'approche RP est différente, il faut leur donner un coup de main aussi, d'une manière ou d'une autre à ce métier Pas juste arriver en leur disant, voilà, moi j'ai une marque super intéressante, faites-moi un papier et je vous offre un déjeuner ou le dernier shampoing de telle marque. Ça, c'est vraiment une dimension à prendre en compte en Afrique. Et puis les journalistes aussi souvent sont très mal payés, voire pas payés. Donc ils attendent beaucoup en fait que les marques les payent, tu vois. Ce qui est un peu normal, ce qui n'est pas le cas ici. En tout cas, ici ça peut l'être. Mais c'est différent. C'est caché et puis ce n'est pas systématique en tout cas. Je ne sais pas si je peux bien exprimer sur le marché RP en Afrique. Non, non,

  • Ramata

    c'est très clair. La question que j'allais te poser, c'est du coup, toi, tu vas travailler avec des marques, de ce que j'ai compris, tu vas travailler avec des marques, comment dire, occidentales, on va dire, qui veulent s'implanter en Afrique, mais tu vas aussi travailler avec des marques...

  • Thierry

    Ou qui veulent communiquer vis-à-vis de l'Afrique. Des fois, il y en a qui ne s'implantent pas, mais elles veulent communiquer pour... Quand les Africains viennent en France, par exemple, ils pensent à eux, tu vois. Ça, ça peut aussi être le cas. Oui, excuse-moi, tu disais ?

  • Ramata

    Du coup, l'idée, c'est que qu'est-ce que tu mets en place justement pour une marque ? Alors, sans nous dévoiler tes secrets d'agence, mais sur les spécificités qu'il faut prendre en compte aujourd'hui quand on est une marque qui cherche à se faire connaître d'une, comment dire, d'une forme... Alors, je ne sais pas si c'est... une classe moyenne ou une élite africaine, mais en tout cas, la marque qui te sollicite et qui a envie de rencontrer son public, qu'est-ce que tu lui proposes ?

  • Thierry

    Plusieurs choses. Moi, je trouve que le sponsoring d'événements, c'est bien en organisant des side-events. Parce que ça permet... C'est ce que je fais pas mal avec les Galeries Lafayette. On a fait l'année dernière un side-event durant la Dakar Fashion Week. Ça permet aux clients d'être en contact avec des invités. Ce n'est pas juste un sponsoring, genre les Galeries Lafayette ou Western Union, les sponsors d'un événement, mais ça permet aussi à la marque d'entrer en contact. Parce que je pense que la première chose en Afrique, la communication, elle passe d'abord par le contact. On est beaucoup, c'est encore une culture de contact, de relationnel, et donc il faut aller vers les gens. Il faut établir une communication, un lien. Donc, je dirais, ma première étape, c'est le lien. Et le lien, il passe par un contact physique. Donc, si effectivement, soit on fait ce que je peux faire pour des marques, c'est organiser un voyage avec des acteurs, c'est-à-dire qu'on fixe des rendez-vous avec différents acteurs, ils me donnent un peu leur cahier des charges, qui veulent voir, ça peut être des journalistes, des influenceurs, une marque. tu vois de vêtements un styliste local un média ça peut être ça peut être par exemple visa mastercard ça me parle souvent aussi des marques qui se développent en afrique donc pour eux ça peut être intéressant d'échanger aussi avec eux donc ça c'est des choses que je fais ensuite donc ça c'est beaucoup plus une approche rp si tu veux relations publiques avec des leaders d'opinion pour que la marque puisse un petit peu peu s'imprégner et comprendre le marché et avoir déjà quelques contacts clés pour entrer sur ce marché-là. Après, effectivement, c'est se greffer à des événements locaux parce que pour moi, le plus important, c'est d'aller déjà sur ce qui se fait. D'abord parce que ce n'est pas facile d'organiser un événement quand on ne connaît pas le marché ou quand on a une nouvelle marque comme ça seule. Alors, autant se mettre sur un événement qui fonctionne et qui est carré. Alors, je fais beaucoup de sourcing parce qu'il faut trouver les événements qui... fonctionnent bien. Il y a beaucoup d'événements, mais après, il faut que ça corresponde aussi à certains cahiers des charges, suivant le client qu'on a. Et puis, après, ça peut être aussi, je le fais de plus en plus, organiser un événement avec des influenceurs. Ça peut être du paid ou du non paid. Quand je dis paid, c'est-à-dire soit on paye les influenceurs, on leur demande de faire un... un contenu spécifique, soit on organise une soirée ou un tea time, un cocktail, on les invite et puis après ils font des stories, mais ça reste de l'organique. Alors l'organique, c'est bien, c'est bien pour montrer qu'une marque s'intéresse au marché. Après, si une marque a un message à faire passer, c'est déjà un peu plus compliqué, parce qu'on ne va pas pouvoir imposer aux gens qui vont faire du contenu gratuitement de dire il faut parler de ça de cette manière plutôt que de cette manière-là. Donc... Beaucoup d'influence. Ça, je dirais, c'est le deuxième volet. Je t'ai parlé plus du volet d'abord rencontre, un voyage, organiser un voyage pour le marque. Après, il y a l'influence, mais c'est pareil. Ça, ça peut être greffé à un voyage que fait la marque. En général, on peut organiser aussi un événement. Et puis, oui, ce que j'ai dit, ça, c'est le troisième point, puisque le deuxième point, c'était le sponsoring d'événements. Enfin, le sponsoring d'événements, c'est-à-dire de faire un side event sur un événement déjà existant. Par exemple, on l'a fait cette année sur le marché du Congo Kinshasa avec les Galeries Lafayette, qui est un marché assez spécifique, la RDC. Et en fait, on s'est greffé aux Adicom, qui organisait leur première édition là-bas. Voilà. Après, tu vois, par exemple, là, j'ai organisé pour la marque Château Rouge un tea time à Abidjan dernièrement et pour la marque SVR. Mais là, c'est des marques qui sont implantées. C'est différent. Pour la marque SVR, un dîner en petit comité, c'était un choix de la marque. Ils voulaient inviter quelques influenceuses seulement avec cinq influenceuses vraiment en vue. de monnaie. En vue, c'est pareil, elles sont en vie, on les voit bien.

  • Ramata

    Tout à fait.

  • Thierry

    Et c'était très sympa aussi. Donc après, tous les formats sont possibles. En fait, ce que je dis toujours à mes clients le plus important, c'est pas évident, mais la plupart du temps, en fait, les clients, ils veulent faire quelque chose mais ils ne savent pas quoi. Et en fait, plus le cahier des charges est défini, donc moi je leur dis mais mettez-moi toutes vos idées. sur Patil dans un mail, même si c'est un peu comme ci, comme ça, en vrac, mais que je puisse avoir le plus d'informations possibles. Parce que comme on est quand même sur des marchés où il faut connaître, avec pas mal de spécificités, les gens, ils veulent faire, mais ils ne savent pas la plupart du temps quoi faire. Et alors là, ça devient un peu compliqué quand on a un client qui veut faire plein de choses, mais qui ne sait pas quoi finalement. Et on ne peut pas trop... Alors, je suis force de proposition, évidemment. Et puis, c'est vrai que beaucoup de marques avec qui je travaille, la plupart des marques avec qui je travaille, je les connais depuis longtemps. Donc, je connais l'historique, c'est assez important. Mais malgré tout, je leur demande un effort. Je sais que souvent, ils disent qu'on passe par une agence, il va nous faire tout le travail. Mais je leur dis, oui, mais qu'est-ce que vous voulez ? Quel est le message que vous voulez faire passer ? Tu vois, quand tu fais de l'influence, c'est bien, mais faire de l'influence, si tu n'as pas un message à faire passer précis, ça devient compliqué. Tu peux faire de tout et de rien. Tu peux travailler avec un super influenceur, mais tu vas le payer x, x, x euros ou CFA. Et au final, est-ce que tu vas atteindre ton but ? Je ne suis pas certain. Si tu n'as pas défini vraiment le message au départ, l'influenceur peut être de très bonne volonté, mais si tu le laisses trop libre, il ne va peut-être pas mettre en avant ta marque comme tu l'aurais voulu ou comme il faudrait la mettre, tout simplement, même si son contenu va être très sympa. Donc ça, c'est vraiment important. J'insiste sur le cahier des charges. C'est souvent... Enfin, c'est le plus difficile, mais si on a un bon... Enfin, un cahier des charges le plus précis possible au départ, en règle générale, l'opération, elle est réussie.

  • Ramata

    Et toi, tu travailles principalement avec des marques dans le secteur mode, beauté, ou est-ce que tu as un périmètre, en fait, assez large d'intervention ?

  • Thierry

    Alors, ça reste quand même large. Tu vois, je travaille... Alors là, c'est vrai qu'on a beaucoup parlé, mais parce que... Je pense que c'était important et c'est quand même aujourd'hui ma force parce que je suis quand même plus basé, enfin je suis basé en France, donc d'accompagner des marques basées ici en Afrique. Maintenant, je travaille avec des marques qui sont en Afrique. Par exemple, je travaille avec Visa qui est basé en Afrique, qui est basé à Abidjan pour tout le hub d'Afrique de l'Ouest. Je travaille avec Canal+, qui sont basés ici mais ils ont une entité à Abidjan, sur le digital à Dakar. Je travaille avec une ONG qui est basée à Dakar et qui, elle, je travaille avec elle, on fait de l'influence, qui s'occupe de faire passer des messages autour de la sexualité, autour du sport. Là, par exemple, on est sur une campagne au Sénégal sur le problème de l'avortement illégal. Peut-être que tu connais en fait cette ONG, c'est eux qui... produisent l'émission C'est la vie.

  • Ramata

    Oui, je vois.

  • Thierry

    Voilà. Et donc là, on est sur une campagne avec Alima Ghaji, que tu dois connaître, je pense, qui est l'actrice qui met le rôle principal de maîtresse d'un homme marié, dont je suis l'agent, d'ailleurs. Et on travaille justement toute une campagne pour faire passer les messages sur les thèses de grossesse et compagnie, en fait. Il y a une scène violente à un moment donné dans C'est la vie où il y a une jeune fille qui est... qui s'est fait violer. C'est un truc qui arrive, malheureusement, qui arrive souvent, et dans ces pays-là particulièrement, je pense. Elles ne peuvent absolument rien dire, et c'est peut-être pour ça que les gens se permettent aussi plus de choses. Et la fille demande un test de grossesse à la pharmacienne, et la pharmacienne la regarde parce que la fille a 14 ans. C'est une fiction, et à partir de là, on a fait tout un... toute une éducation pédagogique à travers du contenu sur les réseaux sociaux, la fille se fait jeter par la pharmacienne de la pharmacie en disant que la pharmacienne lui dit t'as pas l'âge pour avoir des rapports sexuels C'est une scène assez violente, c'est une fiction, mais c'est une réalité. Et donc, je travaille avec cette ONG sur ce type de thématique.

  • Ramata

    D'accord, donc tu interviens vraiment sur différentes thématiques.

  • Thierry

    Différentes thématiques. Après, je te dirais, mon fort, c'est quand même... Enfin, mon fort. Ça correspond aussi au budget sur le marché. C'est la mode, la cosmétique, beaucoup. Parce que finalement, sur le marché africain, c'est beaucoup la cosmétique. Mais je travaille avec les transferts d'argent. Je travaille avec Air France aussi. tu vois, donc voilà, avec qui je travaille d'autres, avec Uniwac, c'est la mode, je reste très ouvert, et je suis même content des fois de travailler, j'ai même travaillé avec un client à un moment donné qui fait des au Sénégal, qui est pour pur l'eau, en fait, pour rendre l'eau potable dans certaines zones, donc en fait, Voilà, je dirais que en tant qu'agence, on est quand même censé s'adapter à tout. Après, ma spécificité reste quand même le marché africain, même si je travaille un peu sur d'autres marchés. Je travaille sur le marché italien que je connais. Je reste ouvert. J'aime bien aussi ne pas cloisonner les choses parce que je suis contre. Avec ce petit chemin que j'ai fait, c'est qu'on avait tendance à vite te ghettoiser, notamment en France. La spécificité spécialisée sur un marché au diabalude et spécialisée sur ce marché, c'est tout. Et tu vois, par exemple, avec Cantu, qui est une marque destinée avant tout aux Afro-Caribéennes, le cahier des charges était de communiquer auprès de la presse mainstream, pas uniquement pour des sujets ou pour les filles qui avaient les cheveux à fond, mais pour toute personne ayant les cheveux texturés. Et j'aime beaucoup cette Ausha où on s'ouvre, en fait, si tu veux. J'ai eu des demandes aussi venant d'Afrique pour faire des RP. sur de la presse mainstream généraliste en Europe. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir une spécificité, c'est comme ça qu'on se fait connaître, mais après, il faut s'ouvrir. Et particulièrement en France, je trouve, où on a tendance à vite te mettre... C'est comme un écrivain, quand il est spécialisé, roman policier, on va le mettre dans une maison d'édition pour roman policier, puis il n'en sortira plus. Je dis ça, mais il y a un peu ce côté-là, en fait. On peut t'intégrer très vite. Et je trouve ça dommage. Et en plus, l'idée, c'est d'ouvrir le marché. Donc, pour l'ouvrir, il ne faut justement pas se retrouver dans une dynamique trop ghettoïsante. Ce n'est pas toi qui vas donner la dynamique ghettoïsante, mais il ne faudrait pas que l'extérieur te ghettoïse trop. Parce que sinon, tu vas rester spécialiste d'un marché. Mais, je veux dire, c'est seulement les personnes qui vont s'intéresser à ce marché qui vont te connaître. Alors, c'est intéressant que même les personnes qui ne travaillent pas sur ce marché connaissent ce type de travail.

  • Ramata

    Et toi, aujourd'hui, tu interviens surtout en Afrique francophone ou tu interviens aussi ?

  • Thierry

    Alors, je commence un peu sur le Nigeria parce que j'ai de plus en plus de demandes. Après, encore une fois, pour moi, l'Afrique, l'Afrique sud-saharienne, se travaille vraiment pays par pays. Évidemment qu'il y a des donateurs communs. Moi, quand je me retrouve dans un nouveau pays en Afrique, je n'ai pas l'impression d'être perdu parce que ça reste le continent africain. Il y a une certaine façon de vivre, un côté positif. Bon, voilà, il y a une liberté. Ça, c'est propre à l'Afrique subsaharienne, je trouve. Bon, même s'il y a des pays où c'est un peu compliqué en ce moment. Mais je trouve que même dans ces pays où c'est compliqué, déjà, par exemple, là, je suis allé au Mali. Malgré tout, on vit. Ce n'est pas si compliqué que ça dans la tête des gens, tu vois. Donc, ici, c'est un peu compliqué maintenant en Europe. dans la tête des gens, même beaucoup. Mais donc du coup, voilà, pour tout dire, l'Afrique, à part ce côté où il y a des dénominateurs communs, enfin, il y a un dénominateur commun, enfin, des dénominateurs communs, mais après, elle se travaille vraiment pays par pays. Le marché ivoirien, qui est celui que je connais le mieux, est un marché spécifique. Le marché sénégalais est un autre marché. Le marché du Congo-Brasaville n'est pas le même que le marché du Congo-Kinshasa non plus. qui sont aussi très différents de la Côte d'Ivoire et du Sénégal. Donc là, je commence à travailler le marché nigérian et je trouve ça super. Il y a beaucoup de demandes parce qu'aujourd'hui, c'est vrai que c'est un marché hyper fort, mais encore une fois, il faut y aller prudemment. Chaque pays est différent et ça prend du temps. Parce qu'il y a aussi une chose et je pense que c'est ça qui fait un peu peur aux marques aujourd'hui, c'est que... que l'Afrique, ça prend du temps. Non, mais justement, je peux le dire, non, tu es d'accord. Je pense. Mais ce n'est pas négatif.

  • Ramata

    Là, on a beaucoup dit l'Afrique, mais derrière, il y a 54 pays.

  • Thierry

    Mais bien sûr. Moi, je vois, par exemple, des fois, ils ont une agence pour un pays. Moi, je suis une agence pour un continent entier, mais chaque pays est différent. Oh, attends, c'est... Et puis, ce ne sont pas les mêmes acteurs. Et puis, ce n'est pas la même chose. Tu prends le marché de l'influence au Congo, Kinshasa, il n'a rien à voir avec le marché de l'influence en Côte d'Ivoire. C'est égal. Là, je parle du marché de l'influence. Et puis, la beauté...

  • Ramata

    Je pense qu'il y a un rappel qui fait que quand on dit l'Afrique, on a l'impression que c'est un tout homogène, alors qu'on est capable de se dire qu'en Europe, l'Espagne... C'est totalement différent. Donc, clairement, on va avoir une approche des pays qu'on va appeler méditerranéens, qui va être différente des pays plutôt nordiques. Et ça, on arrive à l'envisager pour l'Europe. Mais c'est vrai que...

  • Thierry

    Pour l'Afrique, on a de la peine.

  • Ramata

    Mais parce que je pense qu'il y a une forme de méconnaissance aussi.

  • Thierry

    On ne connaît pas bien les différents pays.

  • Ramata

    On ne connaît pas bien les subtilités qu'il peut y avoir d'un pays à l'autre. Et on dit comme ça, de manière assez généraliste, l'Afrique, la mode africaine. africaine, la musique africaine, alors que derrière, c'est facile, c'est un raccourci qui est facile pour échanger. Mais par contre, quand on veut rentrer dans le détail, on se rend compte que oui, quand on arrive à, comme tu le dis, sur la Côte d'Ivoire, quand on arrive à bien travailler une stratégie pour s'implanter ou en tout cas se faire connaître, ça prend du temps. Et une fois qu'on a fait ce travail-là à Abidjan, il ne faut pas se dire maintenant c'est bon. le Sénégal, ça va aller plus rapidement parce que je suis déjà bien implantée à Abidjan. Ah ben non, il faut recommencer en fait.

  • Thierry

    Pour recommencer, alors c'est sûr que si tu as acquis une expertise sur un des pays, tu auras quand même un peu plus de facilité. Mais quand tu vois comment on fonctionne au Sénégal et en Côte d'Ivoire, ce n'est pas du tout de la même manière. Et même d'un point de vue marketing, moi je me rappelle à l'époque, je vais les citer, mais c'était Darling pour les mèches. Les produits qu'ils vendaient au Sénégal, c'était le même produit, ils n'avaient pas le même nom. et pas le même mannequin. Alors, c'est un peu basique, mais j'aime bien sentir cet exemple. Mais eux, ils étaient très implantés sur les deux pays parce qu'effectivement, tu ne vas pas prendre une Ivoirienne pour parler de cosmétiques ou de cheveux au Sénégal. Et tu ne vas pas l'appeler, je ne sais pas moi, tu ne vas pas l'appeler, enfin bref, on a un nom qui correspond.

  • Ramata

    Or, c'est super intéressant cet exemple-là parce que... Quand on regarde les stratégies des marques de luxe, aujourd'hui, on va avoir une mannequin star, une Gigi Hadid, une Kendall Jenner, et en fait, elle va pouvoir défiler à la fois à New York, à Londres, à Paris, pour plein de marques différentes. Et ça ne choque pas qu'on ait ce mannequin qui représente tout le monde. Et on se dit, c'est ça, la représentation du luxe et de la mode. Et quand on rentre un peu dans le détail, on se rend compte que les consommateurs... Ils ont envie de quelque chose de plus authentique et qu'on leur serve finalement quelque chose qui est... Oui, c'est plus facile pour la marque d'avoir une égérie internationale qui est la même pour tout le monde. Mais à la fin, on se dit, est-ce que vous avez vraiment compris qui moi j'étais en tant que consommatrice ou consommateur ? Est-ce que vous vous intéressez vraiment à ce que je veux moi ? Et il y a des vraies attentes par rapport à ça aujourd'hui qui font que des marques qui historiquement avaient... Une notoriété qui a été installée, elle commence un peu à être challengée par des marques plus petites qui ont un discours avec de l'influence avec les réseaux sociaux, qui est beaucoup plus authentique et beaucoup plus proche du client réel, du client lambda, en fait.

  • Thierry

    Oui, et puis, tu vois, tu parlais de méconnaissance, de marché tout à l'heure. Je pense que c'est beaucoup ça. Et en fait, il y a un besoin de reconnaissance. Et sur ces marchés-là, quand tu arrives avec une marque étrangère, et puis tu arrives un peu avec tes gros sabots, si tu ne reconnais pas ta cible, ça va être compliqué. Et puis aujourd'hui, il y a quand même beaucoup d'informations, il y a beaucoup de marques, il y a beaucoup d'alternatives. Après, je pense quand même que quand tu as une star internationale, c'est un peu différent. À l'époque, quand Lancôme, tu sais, ils ont pris Lupita, J'ai l'impression que ça a quand même vachement bien marché en Afrique. Parce qu'en plus, elle était dans la mouvance. À l'époque, on parlait des nappies. Elle était pour Eben, tu vois, cheveux d'être.

  • Ramata

    Après, l'hôpital, c'est un très bon...

  • Thierry

    Mais bon, c'était un bon exemple.

  • Ramata

    C'est un profil. Moi, je suis pour les égéries internationales. On est d'accord. Mais c'est plus le côté... Ma critique, ce serait plus quand on prend la même et qu'elle fait la pub pour tout le monde. Et à la fin, on ne sait plus.

  • Thierry

    Oui, complètement. Non, mais ça, je suis tout à fait d'accord. Mais ce qu'il faut vraiment, c'est vraiment... C'est vrai que ça, c'est un truc qui revient régulièrement. Les gens, ils se disent l'Afrique, en fait, c'est un seul pays, l'Afrique noire. On est là, l'Afrique anglophone et l'Afrique anglophone, c'est déjà très différent. Mais alors après, chaque pays a vraiment ses spécificités. Mais en fait, souvent, moi, j'ai des amis journalistes en France, je leur dis, mais vous ne pouvez pas faire un effort à un moment donné. Mais alors... Ça encore une fois, les rédactions, les médias ne mettent pas les moyens, mais qu'est-ce qu'on donne comme image de l'Afrique ? Je ne veux pas rentrer dans le débat, mais quand même, c'est un truc qui... Moi, journaliste à la base, mais qu'est-ce qu'on explique ici de l'Afrique, à part les guerres et la maladie ? Moi, quand je pars en Afrique, dans les repas, les gens qui ne connaissent pas l'Afrique me disent Ah, mais ce n'est pas dangereux où tu vas. Ah, mais il y a la variole du singe. Ah, mais il y a la guerre. Ah, mais... Alors que bon, voilà. Ah oui, mais il va y avoir un coup d'État. C'est quand même malheureux, non ? Je ne dis pas il y a, mais enfin, il n'y a pas que ça. Il faut arrêter. Est-ce qu'on voit beaucoup de reportages sur la mode en Afrique ? Déjà, il n'y en a pas beaucoup. Je ne parle pas au JT, mais sur 7 à 8, je n'en ai jamais lu. Je ne dis pas que c'est là qu'il faut qu'il soit, mais... Si, je pense qu'à un moment donné, il y a des sujets qui devraient... Ça, c'est vraiment essayer un petit peu, d'ailleurs je peux le dire, c'est un peu aujourd'hui un de mes objectifs, c'est qu'on puisse arriver à ça. Parce que tant qu'on n'aura pas montré une image positive de l'Afrique, ça va être compliqué. Et pourtant, il y a plein de messages à montrer.

  • Ramata

    Ah non, mais c'est clair, mais après c'est...

  • Thierry

    Je ne veux pas être un peu dur là-dedans, parce que je pense que les gens ont quand même vu les choses différemment. On voit les Miss qui sont venues en Côte d'Ivoire. Ça montre quand même une ouverture. Mais je pense que les médias sont quand même très fautifs. Alors, est-ce que c'est pas... Des fois, les gens disent, oui, mais c'est voulu. Alors, moi, je ne vais pas rentrer là-dedans, dans ce débat-là. Mais le côté positif, on ne le montre pas beaucoup. Moi, je ne vois pas beaucoup de documentaires, même pas un documentaire, mais de reportages positifs, à part les gorilles au Rwanda. Et en plus, j'entends des... Non, mais tu vois ce que je veux dire. En fait,

  • Ramata

    ça va être très anecdotique. Tu as des outils qu'on va avoir. quelques reportages. Il y avait eu Wax in the City, il y avait eu African Style qui est sorti il y a un an, un peu plus d'un an. Mais du coup, ça peut être un très beau documentaire, un très beau 52 minutes qu'on va pouvoir voir. Mais c'est vrai que c'est très ponctuel et c'est des inédits.

  • Thierry

    Oui, c'est hyper ponctuel, mais dans le quotidien, on ne montre pas une image vraiment positive. On ne parle que de guerre.

  • Ramata

    Quand il y a les Fashion Week en Afrique, quand il y a la Dakar Fashion Week en Afrique ou quand il y a la Lagos Fashion Week, quand on est en France, il y a très peu... Enfin, moi, en tout cas, qui recherche l'information ?

  • Thierry

    Moi, je ne vois pas d'écho aujourd'hui de ces événements-là.

  • Ramata

    Tu ne cherches pas, si tu n'es pas dans une dynamique où tu recherches l'information, tu ne vas pas avoir un média mainstream qui, à un moment donné, va aller chercher l'info. Il commence à y avoir... Et quand il y en a, il commence à y avoir un British Vogue ou... Vogue Italie qui vont...

  • Thierry

    Oui, Vogue Italie, ils l'ont fait pour Adama, j'ai vu, mais tu vois, c'est plutôt des... C'est même pas en France.

  • Ramata

    Non, c'est pas la France. Donc, il y a des choses qui se passent, mais c'est souvent après, et donc c'est vraiment couverture de la Fashion Week, mais c'est très bien. Mais c'est vrai que c'est... C'est pas la France. Mais voilà, moi, je suis vraiment dans ce principe de, voilà, si vous n'êtes pas invité à la table, construisez votre propre table. L'idée de mon média Africa Fashion Tour, c'est vraiment aussi de se dire, à un moment donné, on déplore, on identifie qu'il y a un manque, qu'il y a un besoin.

  • Thierry

    Complètement, tout à fait.

  • Ramata

    De la même façon que toi, à un moment donné, tu t'es dit, cette agence RP, je vais l'orienter avec ce côté Afrique parce que je pense qu'il y a un besoin, il y a quelque chose à faire. Moi, l'idée du média, c'est ça, c'est qu'il y a plein de créateurs talentueux, il y a énormément de marques, il y a des créateurs de contenu talentueux, il y a des créateurs de mode talentueux. Mais finalement, le côté un média qui les met en avant, il y a Elle qui revient aujourd'hui, Elle Côte d'Ivoire, mais qui n'avait pas été là pendant plusieurs ans.

  • Thierry

    Avant, c'était juste en digital. Il y a, mais c'est vrai que ce n'est pas évident, parce que s'ils ne sont pas soutenus par des annonceurs, il y en a peu. Moi, ayant travaillé chez Amina, qui était quand même au cœur du marché, même si Amina, ce n'était pas beau comme Elle Côte d'Ivoire, elle est... Bon, c'était quand même le cœur du marché, donc j'ai quand même pu me rendre compte qui mettait de l'argent comme marque en Afrique, tu vois. Et t'en as pas tant. Ah non,

  • Ramata

    mais c'est clair. Mais c'est pour ça que quand on voit que les... Moi, je pense qu'à un moment donné...

  • Thierry

    Les créateurs de contenu aujourd'hui en Afrique, ils ne sont pas tant que ça sollicités en termes de marques internationales.

  • Ramata

    C'est clair qu'il y a un vrai sujet là-dessus pour moi à se dire. Comment réfléchir à d'autres business models ? Comment on fait en sorte que ces magazines-là puissent potentiellement être plus dans une logique de... Que ce soit des magazines dont une partie est payante et que donc... On est des consommateurs qui soient prêts à acheter, non pas dans une logique de soutenir, parce que le côté un peu charité, moi, ça me dérange un peu. On va aider, on va soutenir, on va donner. Mais c'est pour dynamiser. Complètement. Il y a vraiment des sujets là-dessus qui sont intéressants.

  • Thierry

    Un média, pour qu'il soit bon à un moment donné, il faut aussi qu'il ait des rentrées. Ça reprend mon propos du début. Mais si à un moment donné, c'est difficile, tu fais un super magazine, mais que derrière, tu n'as pas de financement, à un moment donné, tu t'essouffles. Tu fais comment ? Et puis, je pense que voilà, il faut que les marques doivent jouer le jeu. Mais je pense qu'en fait, ils ont besoin d'être rassurés. C'est ça. Mais c'est quand même dingue quand on y pense. En tout cas... C'est quand même un travail de... Je n'ai pas envie de dire de longue haleine, mais si,

  • Ramata

    quand même. Je pense qu'il y a vraiment ce côté, quand elles vont faire confiance à un créateur de contenu, elles vont voir quel est son engagement, quel est son nombre d'abonnés ou autre. Moi, mon média aujourd'hui, ce sur quoi je vais être challengée quand j'ai des conversations avec des sponsors éventuels, c'est le nombre de visites, sur quelle requête est-ce que je suis positionnée. À un moment donné, effectivement, il faut faire un travail pour pouvoir être suffisamment visible pour... pouvoir entamer une conversation avec un sponsor.

  • Thierry

    Alors ça, c'est vrai. Et tu vois, ce point-là, moi, c'est un point que j'essaie de travailler justement en RP avec les différents médias et qui n'est pas toujours évident. Parce que tu sais, en RP, tu dois rendre des comptes à ton client et donc tu as eu un article dans tel magazine, on va te dire, OK, mais donne-moi les KPIs. Donc, quelle est la valorisation de l'article ? Combien de personnes il a touchées ? Le site, il a combien de visiteurs unis ? Combien d'impressions ? et les médias, ils sont incapables de nous donner ça. Peut-être parce que ce n'est pas officiel et qu'ils ont peur, mais à un moment donné, ça, je ne veux pas pour ça.

  • Ramata

    Ce n'est pas forcément que ce n'est pas officiel ou que c'est de la peur, c'est que techniquement, si tu n'as pas comment dire, il y a une base technique dans la manière dont tu as construit ton média digital pour pouvoir que ces informations-là...

  • Thierry

    Les chiffres, tu les as de toute façon.

  • Ramata

    Normalement, oui, mais parfois, si tu n'as pas bien paramétré les choses, tu ne les as pas. Donc des fois, parfois, c'est des contraintes techniques.

  • Thierry

    Oui, oui. Et après, je pense qu'ils ne sont pas dans cette dynamique-là non plus.

  • Ramata

    Parce qu'il y a vraiment...

  • Thierry

    Mais moi, je leur dis, faites-le. Faites-le, communiquez-moi vos chiffres. Parce que plus j'aurai de chiffres, plus à un moment donné, on pourra vous proposer aussi à un annonceur pour qu'il mette un peu de budget ou pour qu'il vous reconnaisse, tu vois. Mais après, voilà, je ne sais pas. Si, pour moi, ça, c'est important.

  • Ramata

    C'est important, mais c'est vrai que l'approche, parfois, dans la manière d'aborder son média, c'est plus quelqu'un qui a une passion pour l'écriture, pour la photo ou autre. Mais la dimension business model dont tu as parlé au début, parce que toi, tu as été journaliste et ensuite, tu as eu le côté publicité, il n'y en a pas un qui compte pas cette...

  • Thierry

    Non, non, non. Moi, j'en ai dit le nombre de personnes. En plus, chez Amina... Je voyais passer plein de gens qui disaient, nous, on va créer un magazine, on veut être interviewé dans Amina, parce que tout le monde voulait être interviewé dans Amina. Mais le nombre de personnes qui m'ont contacté parce qu'ils créaient un magazine, ils cherchaient quelqu'un pour la pub et tout. Et en fait, ils venaient vers moi, ils avaient des super idées, mais ça ne tenait pas la route. Tu vois ce que je veux dire ? Il y avait plein d'idées, mais en fait, il n'y avait pas de business plan.

  • Ramata

    Business model.

  • Thierry

    Oui, en fait, ils disaient, oui, je vais faire un... Alors, ils avaient toujours de superbes idées, mais en fait, derrière, je me dis, comment ça va tenir ?

  • Ramata

    Après, en fait, on en revient à moi. Combien de fois j'ai entendu, il faut faire un Vogue Africa, il faut faire un Zara africain, il faut faire un... Et à un moment donné, je me dis, mais en fait, ces business models-là, quand vous regardez bien, Vogue, il est marié avec LVMH et Kering. Donc, du coup, à un moment donné... Qui sont les Kering et les LVMH qui vont pouvoir soutenir votre Vogue Africa ? Parce que pour que ça fonctionne, c'est ça. Bien sûr. Et donc, quand on n'a pas ces notions-là, pour moi, c'est même en mode. Pour moi, il y a vraiment ce sujet dans les grands succès des marques, dans les succès stories, vous avez un profil créatif et vous avez un profil business. Alors, soit vous avez une personne qui a les deux, soit vous avez deux personnes. Et donc, le profil business, il va aller s'assurer que Il y a une certaine structure dans le business et il va mettre des choses en place qui ne sont pas les choses les plus créatives mais qui sont les choses stratégiques. dont on a besoin pour construire quelque chose de solide. Et le créatif, il va s'éclater à faire la partie créa. Mais quand...

  • Thierry

    C'est vrai que ça, en Afrique, c'est vraiment le gros problème. C'est le sujet.

  • Ramata

    Et du coup, moi...

  • Thierry

    Je crée des super trucs, mais derrière, il n'y a rien.

  • Ramata

    Et parce qu'en plus, ces personnes-là, est-ce qu'elles existent ? Mais soit elles ne se rencontrent pas, ou elles sont où les profils les plus, on va dire, business ? avec un mindset business, ils vont vers de l'agro-business. Ils ne vont pas forcément vers les industries culturelles et créatives, ils vont vers la fintech. Et donc, c'est des gens qui peuvent côtoyer les mêmes univers, mais qui, à un moment donné, ne se rencontrent pas dans une logique de Oh, tu as une marque de mode, il y a du potentiel à développer l'industrie de la mode en Afrique. Moi, ce que je déplore aussi par rapport à la mode, c'est vraiment, je pense qu'il y a besoin de… Parce que l'industrie de la mode, il y a les RP, il y a les créateurs de contenu, il y a les médias, il y a l'usine. Et en fait, aujourd'hui, on a beaucoup de créateurs, de designers, de stylistes, mais finalement, agence RP, il n'y en a pas tant que ça. Créateurs de contenu aussi, il y en a beaucoup, mais finalement, si on n'a que les créateurs de contenu et que les designers, c'est très bien, mais si on n'a pas, à un moment donné, des usines ou des moyens pour valoriser les savoir-faire, et puis si on n'a pas des agences RP qui vont naître en avant. ces marques et ces créateurs de contenu, si on n'a pas non plus toute la partie distribution, des experts pour construire les gros magasins et s'assurer de la stratégie pour les dupliquer dans plusieurs pays différents. En fait, pour moi, c'est comme si on avait plusieurs wagons d'un train, mais qu'il en manquait certains pour que vraiment, on arrive à quelque chose qui fonctionne de manière beaucoup plus fluide.

  • Thierry

    Oui, mais c'est un peu le problème de l'artiste qui est centré sur le livre, qui peut créer, qui peut être le plus beau des poètes, mais si personne ne te montre, les gens ne vont pas venir vers toi. Surtout aujourd'hui, où il y a tellement d'informations, tellement de concurrence, c'est devenu primordial. Après, j'en ai parlé justement quand j'étais au Mali, il faut que les gens aussi se disent, et... Je ne dis pas d'avoir une stratégie où tu as passé trois mois dessus, mais une petite stratégie et tu te dis, voilà, j'ai un petit budget ou j'ai un plus gros budget. Et dans mon business plan, j'ai un poste, une enveloppe pour la communication métier dans le CILI. Moi, je n'en connais pas beaucoup.

  • Ramata

    En fait, il y a, mais ça va être Ibrahim Fernandez. C'est des gens qui sont installés déjà. Oui,

  • Thierry

    mais ils sont déjà installés. Ils se démarquent, mais ça commence, mais peu. Tu vois, il y en a un, Patéo, qui est quand même un doyen de la mode. Lui, il avait compris en ayant des boutiques un peu partout. Et tu vois, j'ai discuté avec lui dernièrement, il y a quelques semaines. Il me dit, oui, mais si je ne faisais pas ça, je mourrais. Et puis,

  • Ramata

    mine de rien, le coup de j'habille des personnes influentes et chaque fois qu'elles sont prises en photo quelque part, elles ont une de mes chemises. À un moment donné, Pathéo, c'est lui qui nous a appris l'influence le premier.

  • Thierry

    Ah mais lui, il était avant tout le monde. C'est pour ça que moi, je... Tu vois, par exemple, pour te dire, j'ai accompagné les galeries. directeur de l'international et le chargé de marché Afrique, je me suis dit, il faut qu'il rencontre Pateo. C'est le genre de choses que j'organise aussi au-delà des acteurs plus business, on va dire. Ce que j'aime mettre en place aussi, encore une fois, comme je disais, il faut que les gens communiquent. Après, il faut avoir ton client qui est ouvert aussi. Parce que s'il n'est pas ouvert, ça ne sert pas à grand-chose. Mais bon, en règle générale, si tu connais bien ton client, tu sais avec qui tu... tu peux le mettre et chacun va apprendre. Mais c'est vraiment primordial. C'est la base de la communication, de toute façon. Et il faut que les messages passent. Il faut vraiment faire dialoguer les cultures.

  • Ramata

    Je pense que ce sera le mot de la fin, cette histoire de faire dialoguer les cultures. Je pense que c'est effectivement le chemin que tu prends et la manière dont tu mènes ta marque dans cette volonté de... de promouvoir des industries culturelles et créatives et de créer des ponts entre des populations qui se connaissent.

  • Thierry

    pas forcément, ou qui se connaissent mal et qui ont des... Je pense que ta démarche, elle est super intéressante et je suis ravie d'avoir eu l'opportunité de pouvoir prendre ce moment pour échanger avec toi et en savoir plus sur ta manière de travailler, ton parcours et aussi, quelque part, ton engagement. Parce que ce que tu évoques là, quand tu dis, voilà, moi, je vais aussi organiser des entrevues entre... Voilà, des cadres de... grande boîte occidentale avec un créateur de renommée internationale, enfin un créateur en tout cas de renommée à forte notoriété en Afrique. Je pense que c'est ce genre de rencontre-là aussi qui marque les esprits de ces personnes-là et qui en fait vont faire bouger les choses parce que ce genre de rendez-vous-là, on s'en souvient en fait.

  • Ramata

    Absolument. Mais je pense que tu disais, c'est vrai que tu as raison, on se dit... Oui. des populations qui se connaissent mal, mais je pense qu'on va dire, plutôt, elles ont besoin de mieux se connaître, comme ça. Voilà, je pense que c'est ça, en fait. Et puis, mais bon, encore une fois, il faut prendre aussi son temps, tu vois. Et en Afrique, par exemple, si tu vas voir quelqu'un comme Patéo, si tu restes deux heures, tu restes deux heures, tu vois. Il ne faut pas non plus dire, ah, j'ai qu'une demi-heure. Ah oui, ben oui. Ah oui, non, non,

  • Thierry

    ça va clairement non plus.

  • Ramata

    Ouais. mais voilà écoute je te remercie beaucoup je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs j'espère en tout cas merci à toi Ramata d'avoir contacté je suis ravi écoute ravi également à très bientôt au revoir à bientôt salut merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à la mode africaine et son imprévisibilité

    00:54

  • Présentation de Thierry Bernat et de son parcours professionnel

    01:59

  • Les défis du journalisme et de la communication en Afrique

    04:59

  • L'impact d'Internet sur le journalisme et les médias en Afrique

    11:00

  • Stratégies de communication pour les marques en Afrique

    18:21

  • L'importance de la culture et des relations humaines dans le business

    39:51

  • Conclusion et réflexions sur l'avenir de la mode en Afrique

    01:19:53

Description

Quelles sont les clés d'une stratégie de relations presse et d'influence réussie en Afrique ?


Thierry Bernath, expert en la matière et fin connaisseur du marché africain, partage son expertise dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De son expérience chez Amina à la création de son agence, il nous dévoile les rouages d'une communication efficace sur le continent.

Il insiste sur l'importance de comprendre les spécificités culturelles locales et d'adopter une approche authentique, en opposition aux stratégies "copier-coller" souvent inefficaces. Son analyse offre un éclairage précieux sur les enjeux et les opportunités pour les marques qui souhaitent rayonner en Afrique. Dans cet épisode, Thierry Bernath aborde également l'évolution du paysage médiatique, le rôle des agences de presse et les subtilités de l'influence marketing. Un entretien pour tous les professionnels de la communication et les acteurs des industries créatives africaines.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Thierry

    On dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qui ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années, on a une expertise. Mais après, l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait, plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique, c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire. C'est que je trouve que voilà, comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le top, mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses pour lesquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Thierry Bernat. Thierry est expert en relations presse, influence et partenariat à la tête de sa propre agence depuis plus de six ans. Il est également spécialiste de stratégie marketing en Afrique. Il a été directeur de la communication du média Amina pendant plus de douze ans. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse partager ses perspectives du marché des industries culturelles et créatives africaines. Bienvenue Thierry, comment vas-tu ?

  • Thierry

    Bonjour Amata, très bien. Bonne fête, on est en période de fête encore. Voilà, écoute, tout va bien. Je ne savais pas trop quoi te dire, en fait. Ravi que tu m'aies invité sur ton podcast. Ça nous permet aussi de faire connaissance, parce qu'on se connaît par les réseaux, par personnes interposées, et je suis ravi de pouvoir répondre à tes questions aujourd'hui et de pouvoir éclairer aussi un public. sur mes activités en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, c'est normal. Au début, quand je commence un petit peu les interviews, il y a toujours ce moment un peu de battement, de je ne sais pas quoi dire.

  • Thierry

    Tu vas coincer.

  • Ramata

    Donc, ça arrive à chaque fois. On se dit, mais finalement, alors que bon. Et après, c'est vrai qu'on n'est pas souvent confronté à cet exercice de devoir un peu se livrer, se raconter en général. Surtout, toi, tu es en RP. Tu es plutôt là pour promouvoir les autres, en fait, pour les mettre en avant. et finalement, toi, tu es plutôt parfois dans les coulisses.

  • Thierry

    On est souvent derrière, mais on est aussi tout le temps en contact avec les gens, ce qui est passionnant dans ce métier, mais qui peut aussi prendre beaucoup d'énergie. Après, c'est vrai qu'on essaye de ne pas trop prendre position, même si je pense qu'aujourd'hui, on a le droit aussi d'imposer ses idées, même si on travaille en tant qu'RP. Après, effectivement, l'idée, c'est de faire fonctionner une marque, de mettre en avant les représentants de cette marque et donc de travailler plutôt en sous-marin pour que tout fonctionne au mieux. Après, ça reste quand même un métier de contact. Donc, on est régulièrement en relation avec les gens. Les relations, ça s'entretient. On se rend régulièrement aussi à des événements, donc on a quand même l'habitude de se montrer finalement, même si on reste discret.

  • Ramata

    Très bien.

  • Thierry

    En tout cas, c'est mon point de vue, et je pense que c'est aussi comme ça que ça marche. Mais après, c'est vrai que l'idée, c'est de penser d'abord à son client avant de penser à soi.

  • Ramata

    Tu vas pouvoir en tout cas, pendant cette interview, nous expliquer en détail ce que c'est que le métier. des relations presse, et puis aussi comment est-ce que toi, tu l'envisages avec une perspective africaine. Donc, on va commencer cet échange par, je vais te demander, en fait, c'est la question un peu que je pose à tous mes invités, je vais te demander de te présenter.

  • Thierry

    Ok, donc moi c'est Thierry Bernat, j'ai 49 ans, donc j'ai déjà fait un petit bout de chemin. Je suis Suisse et Français, j'ai vécu en Afrique, j'ai une partie de ma famille qui est africaine, parce que mon père s'est marié plusieurs fois, s'est marié cinq fois. Il a eu deux femmes européennes et trois femmes africaines. J'ai fait des études de journalisme, donc moi en fait j'ai commencé comme journaliste, j'ai fait un master en journalisme à l'ULB à Bruxelles. Et puis, le journalisme, c'est bien, mais c'est vrai que ça répondait pas trop à mes attentes, dans le sens où le traitement n'était pas très bon par rapport à tout ce qu'on vous demande. On ne vous met pas toujours dans une situation très confortable, notamment au niveau matériel. Et donc, du coup, de fil en aiguille, en fait, je travaillais pour France Télévisions. Pas du tout sur l'Afrique, je voulais travailler sur l'Afrique. Puis j'ai répondu à une annonce qui cherchait des chefs de publicité pour l'Afrique, pour une régie publicitaire. Alors moi, ayant fait des études de journalisme, je ne m'avais jamais appris le fonctionnement d'un média en termes de recettes, de recettes publicitaires. Donc c'était nouveau, mais comme je connaissais bien l'Afrique, j'ai été pris et ça m'a permis d'avoir une nouvelle dimension des médias. C'est-à-dire que moi, j'avais la dimension journalistique, en ce temps que je trouvais que le métier de journalisme commençait malheureusement à être... être de moins en moins valorisé par rapport au temps et aux capacités qu'on te demande. Et bon, donc du coup, je me suis lancé dans l'aspect plus commercial des médias, à savoir comment on vend des espaces publicitaires pour renflouer les caisses d'un média et pour le faire vivre. Parce que finalement, un média aujourd'hui, c'est la diffusion, les recettes publicitaires et le contenu journalistique. Mais les trois sont liés. Donc, ça m'a permis d'avoir une vision 360 degrés d'un média. Et c'est comme ça, de fil en aiguille, que je me suis retrouvé chez Amina, à travailler pendant 12 ans, où je n'ai pas uniquement travaillé sur la direction de la publicité, mais également sur la direction de la communication, avec tout ce qui était partenariat, mise en place des thématiques, des dossiers, mise en place des shootings, des couvertures, proposition de personnes à mettre en couverture. Puisque, encore une fois, je le répète, un média, c'est un tout. Il y a un contenu, il y a une diffusion, mais il faut le vendre. Donc, il faut des sujets vendeurs, tout en respectant une charte journalistique. Donc, voilà comment, de fil en aiguille, j'ai fait mon chemin. Et puis, après, à un moment donné, j'ai décidé de me mettre à mon compte. Alors, c'est vrai que j'avais fait mon chemin, j'avais un bon carnet d'adresses. Pour moi, c'était un peu la condition sine qua non avant de me mettre à mon compte. Et j'ai décidé... de créer mon agence. Après, les RP, c'était pas... En fait, j'avais une expertise sur le marché de l'Afrique. Je connaissais les marques, je connaissais les événements importants en Afrique, je connaissais les acteurs, enfin une partie, mais je ne savais pas exactement où j'allais. Je voulais mettre à profit mon expertise. Et puis, en fait, j'ai eu des demandes assez rapides de RP, donc de relations presse, mais quand je dis... Les RP, ce n'est pas que les relations presse, c'est les relations publiques. C'est aussi tout ce qui peut être mis en contact avec des acteurs importants sur un marché pour une marque, pour sa notoriété. Et puis, quand j'ai monté mon agence, c'était en 2018. C'était vraiment le moment où l'influence digitale avait vraiment pris les devants sur le print. Parce que moi, je travaillais pour un magazine print. Et donc du coup, très vite aussi, j'ai été amené à faire de l'influence marketing, qui aujourd'hui est toujours en plein essor. Elle évolue très rapidement, parce que l'influence marketing, c'est très vaste, puisque contrairement à un média, aujourd'hui les créateurs de contenu sont des médias, puisqu'ils ont un public et on peut faire passer un message à travers eux, mais ça reste des individus. Un média, c'est une entité. Donc du coup, la... l'aspect subjectif prédomine, tout en sachant qu'il faut quand même faire passer un message assez généraliste. Donc c'est toute la subtilité de l'influence et c'est ce qui fait aussi qu'aujourd'hui, le monde des créateurs de contenus évolue très rapidement. Qui plus est, à une époque, on privilégiait certains réseaux sociaux comme Instagram qui reste, je pense, comme elle toujours aujourd'hui. un des réseaux qui prédomine dans le marketing. Mais aujourd'hui, on fait du Snapchat, on fait évidemment du TikTok, on fait du LinkedIn, un réseau professionnel qu'il ne faut absolument pas négliger, même dans l'influence. Donc, voilà. Alors, je ne sais pas si j'ai répondu à toutes tes questions parce que je suis arrivé à l'influence, mais tu vas pouvoir me reprendre peut-être un matin.

  • Ramata

    Alors, tout à fait, tu nous as fait une overview assez large de tes différentes expertises et compétences. Ce sur quoi j'aimerais un peu revenir, c'est que tu parles d'une évolution du métier de journaliste et tu parles aussi du business model des médias. J'aimerais que tu puisses revenir un petit peu là-dessus, parce que pour un public qui n'est pas sachant de ce secteur, c'est bien de remettre les choses en perspective sur quels sont les challenges que peut rencontrer un journaliste aujourd'hui par rapport à il y a plusieurs années. notamment avec l'impact des réseaux sociaux. Et puis, c'est quoi le business model du média ? Tu l'as évoqué un peu brièvement, mais du coup, qu'on est bien en tête. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, on dit qu'il y a une crise du média et que c'est de plus en plus difficile de vendre du print ? Est-ce que toi, tu peux nous éclairer sur ces questions-là ?

  • Thierry

    Oui, bien sûr. Je pense que c'est l'avènement d'Internet qui a mis vraiment mal le métier de journaliste, puisque c'est vrai qu'aujourd'hui, avec Internet, on peut recueillir plein d'informations sans qu'un journaliste aille sur le terrain. Après, ce n'est pas une bonne chose parce qu'une information de terrain reste la meilleure information. Mais c'est vrai qu'Internet a permis aussi aux médias de se dire qu'avec moins de moyens, on peut déjà avoir une information. On n'est pas obligé d'envoyer une personne physique sur le terrain, vérifier les choses. Ça prend plus de temps, ça coûte de l'argent parce qu'il y a des frais, surtout s'il part à l'étranger. Donc, il y a un monde. Donc voilà, moi c'est vrai que je voulais vraiment faire du journalisme, mais j'étais un peu candide, je voulais faire du vrai journalisme. Et le problème c'est que le vrai journalisme, il n'a plus beaucoup sa place aujourd'hui. C'est un peu la cerise sur le gâteau, parce que faire du vrai journalisme, ça demande beaucoup de moyens. Et les médias aujourd'hui, il y a très peu de médias qui peuvent payer des vrais journalistes. Pourquoi ? Parce que les recettes publicitaires ont diminué. Alors là, tu parlais du print. C'est vrai qu'aujourd'hui, avec le digital, on ne met plus autant d'argent sur le print. Donc ça, c'est une première chose. Et puis, quand je te parlais justement, quand tu voulais que je développe en fait le business model d'un média, on va parler en tout cas du média print, puisque c'est quand même celui que je connais le mieux à la base. Un média, pour qu'il se vende, il faut qu'il ait des bons journalistes, puisqu'il faut du bon contenu. Mais ensuite, s'il a du bon contenu, il faut de l'argent parce qu'il faut les payer, ces bons journalistes. Et pour les payer, il faut de bonnes recettes publicitaires. Et les recettes publicitaires vont avec une bonne diffusion du média. Si ton média est diffusé à un million d'exemplaires, tu pourras vendre ta page de publicité plus cher qu'un média qui est vendu à 100 000 exemplaires. Et donc, tu pourras mieux payer tes journalistes. C'est un cercle, en fait. C'est le business model des médias, mais qui aujourd'hui, malheureusement, ne fonctionne plus de la même manière. Pourquoi ? Parce que les gens achètent beaucoup moins de magazines papiers avec Internet. Et donc, du coup, ces médias-là souffrent. Alors, ils se sont développés différemment en faisant, en développant beaucoup plus le digital, en demandant également à leurs journalistes de devenir, en quelque sorte, des créateurs de contenu. Si tu prends par exemple la presse beauté, la plupart des jours, pas la plupart, mais beaucoup de journalistes en vue, sont également un peu créatrices de contenu et font la promotion du média. Et puis, il y a le côté événementiel. C'est qu'aujourd'hui, un média, pour qu'il vive, il faut qu'il soit présent sur des événements ou qu'il crée des événements. C'est-à-dire qu'un média print à part entière aujourd'hui ne se suffit plus. Et puis, c'est vrai que les gens se contentent beaucoup. de ce que tu as sur Internet, qui n'est pas une très bonne information, au final. C'est vrai que tu peux quand même récupérer, si tu es un peu averti, aguerri, tu peux quand même récupérer une bonne information sur Internet, mais quand tu achètes un magazine papier, tu ne vas pas lire l'information de la même manière, tu ne seras plus posé, les articles seront plus longs, parce qu'on peut faire faire des articles plus longs sur du papier que sur Internet, ça se lit plus facilement, et donc, du coup, on développe mieux les choses. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'avec la concurrence des réseaux sociaux, la concurrence même des sites Internet, il est difficile de placer le papier au même niveau que ces autres médias.

  • Ramata

    Très intéressant. Et toi, à un moment donné, tu évoques le fait que toi, tu voulais être un vrai journaliste. Qu'est-ce que tu entendais par là ? Quels étaient les critiques sur lesquelles toi, tu avais...

  • Thierry

    Je me rendais prétentieux, quoi. Non, mais ce que je voulais dire... Moi, j'étais un peu déçu parce que j'ai travaillé en télé. J'ai fait un stage en presse écrite, j'ai fait un autre stage chez BFM en radio, et après j'ai travaillé en télé, je sais pas en télévision, et en fait je me suis rendu compte que l'image primait. Et finalement, même si t'avais le bon message, t'avais la bonne information, si t'avais pas les images et que ça allait pas faire d'audimat, c'était pas intéressant. Alors ça c'est un peu le business model de la télé. Alors ouais, je peux le dire, c'était... Dans les années... C'était début 2000. Et je parle pourtant du service public. Mais on était quand même dans cette dynamique-là. Donc, imagine ce que c'est dans le service privé. Donc, du coup, c'est vrai que moi, ça, ça m'a beaucoup fait réfléchir. Et je me suis dit, c'est pas fait pour moi. Mais c'était le monde de la télé. Donc, le monde de la télé, c'est encore un peu particulier. Mais d'une manière générale, Je me suis rendu compte qu'en fait, un journaliste, s'il voulait prendre du temps, personne n'allait vraiment lui payer ce temps. Et quand on veut bien écrire, enfin quand je dis bien écrire, c'est une chose, mais avoir la bonne information, il faut prendre son temps. Et il y a malheureusement très peu de médias qui donnent ce type de traitement aujourd'hui aux journalistes. Ou alors à très peu de journalistes dans une équipe. Donc je dirais, moi je pense que ce que je voulais, c'était faire du journalisme d'investigation. Donc déjà, il y a très peu de postes. Et puis après, c'est vrai qu'avec l'évolution, moi, je suis arrivé à un moment... Enfin, moi, Internet, je crois que j'ai commencé à me mettre dessus à la fin de mes études, pour te dire. On commençait à nous sensibiliser à Internet, à tout ce qui était multimédia. Mais en fait, on ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire. Aujourd'hui, ça prend tout son sens. Mais il y a 30 ans, c'était encore quelque chose de très abstrait. Et donc, du coup, c'est vrai que le métier de journalisme, pour moi, tel que je l'entendais, je pense que j'étais encore sur une image presque romanesque, on va dire, du journaliste. Et en plus, avec tous les changements qui s'opéraient à ce moment-là, j'ai pu trouver ma place. Mais bon, par contre, tu vois, je me suis retrouvé à être toujours très proche des journalistes, à l'être toujours, en partie, parce que quand on fait des RP, on doit d'abord... comprendre le journalisme, je pense. En tout cas, pour moi, c'est primordial. Et donc, c'est ce que je fais. Et puis après, on est toujours proche des médias, on est dans la dynamique des médias. Il faut s'entendre, il faut avoir un bon rapport avec les journalistes et comprendre leur mode de fonctionnement et comprendre aussi comment fonctionnent aujourd'hui les médias, chaque média, chaque média a sa ligne éditoriale. et son mode de fonctionnement. Et donc, je dirais que finalement, c'était un mal pour un bien. Parce qu'aujourd'hui, avec le métier que je fais, le journalisme, je connais, puisque c'était mon premier métier.

  • Ramata

    Très bien. Là, j'ai envie que tu puisses nous parler un peu plus en détail, en fait, de tes fonctions chez Amina. Puisque là, ce qu'on comprend, en tout cas, par rapport à ton profil, c'est que tu as une bonne connaissance, en fait, de... du fonctionnement des médias, que ce soit print ou que ce soit télé en France. Et du coup, des médias plutôt qui s'adressent à une population francophone française, quand tu parlais de BFM ou de France TV.

  • Thierry

    Oui, c'était au début. C'est vraiment mon début. Mais c'est pour ça que j'ai changé, en fait, aussi. Quand j'ai lu cette annonce qui cherchait des chefs de publicité spécialisés sur l'Afrique, je me suis dit... je vais me mettre dessus, au moins je serai en lien avec l'Afrique. Parce que c'est vrai que, comme je le disais au début de l'interview, j'ai un lien assez fort avec l'Afrique. On peut peut-être en parler maintenant, je pense que c'est le bon moment. Parce que d'une part, j'y ai vécu, mais il ne suffit pas d'avoir vécu en Afrique. C'est déjà une très bonne chose pour y être attaché. Mais après, c'est vrai que moi, j'ai une famille métissée, si tu veux. En fait, on est dix enfants dans ma famille. Et avec cinq femmes différentes, il y a six métisses. Quatre métisses, moitié Suisse, moitié Ivoirien. Et deux, moitié Gabonais et moitié Suisse.

  • Ramata

    D'accord. Et du coup, tu as grandi dans une famille comme ça, très cosmopolite et très ancrée. J'imagine à la fois d'un côté au Gabon et d'un autre côté en Côte d'Ivoire ?

  • Thierry

    Oui. Alors le Gabon, c'était après. D'abord, c'était la Côte d'Ivoire, parce que moi, j'ai vécu en Côte d'Ivoire. Mais effectivement, j'ai été... En fait, je me suis retrouvé dans une famille métissée. Donc, du coup, c'était... Ce n'est pas toujours évident, honnêtement, parce que ça a commencé quand j'étais adolescent. En plus, mes parents se sont séparés en Afrique, c'était un peu compliqué. Et puis, les cultures sont différentes. Et donc, du coup, j'ai été confronté à la culture africaine dans ma famille. Donc, ce n'était pas si facile quand j'étais adolescent. Ça demandait quand même une grande ouverture d'esprit. Et puis, c'était des enfants un peu à droite et à gauche. Donc, il fallait avoir une bonne ouverture d'esprit. Et puis, il fallait remettre de l'ordre en soi, en fait, parce que c'était quand même un peu bordélique. Mais c'est vrai que c'est ça qui m'a donné cet amour. Et je pense aussi le fait, cette assurance de me dire, je peux faire quelque chose. avec l'Afrique. Moi, j'ai toujours aimé l'Afrique parce que ça a bercé mon enfance. Et puis, l'Afrique, on est proche de la nature, c'est des émotions que je trouve beaucoup plus fortes. Pour moi, on vit plus en Afrique. Donc, ça, j'ai déjà senti très jeune. Et puis, après, c'est vrai qu'ayant baigné dans cette culture-là, qui m'était un peu imposée, finalement, c'est pas moi qui l'avais choisie, c'est pas moi qui avais décidé de partir en Afrique. ou d'avoir une famille métissée. Du coup, je me suis posé pas mal de questions et puis j'ai essayé de comprendre les différences culturelles, comment on peut dialoguer ensemble, comment on peut avancer ensemble. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je mets... Ça, c'est mon histoire, mais c'est important que j'en parle. Mais c'est vrai que... Dans mon travail, au sein de mon agence, je mets mon expertise, je demande de cette connaissance du marché approfite pour toute marque qui cherche à communiquer en Afrique. Ça, c'est pour les marques qui sont basées en France. Par exemple, je suis l'agence pour les clientèles africaines des Galeries Lafayette et c'est vrai que je mets en place tant une approche RP que des activations en influence marketing, que des partenariats avec l'Afrique. Je pense qu'il est vraiment important de donner une dynamique à ce marché. La dynamique vient d'où ? Elle vient d'un bon fonctionnement des choses. Une équipe qui est dynamique, c'est une équipe où les différents membres de l'équipe s'entendent bien. C'est comme un moteur qui fonctionne bien, c'est parce que toutes les pièces du moteur fonctionnent. et communique entre elles. Et donc, pour moi, c'est vraiment important et c'est comme ça que je le vois aujourd'hui et c'est ce que je propose au sein de mon agence. Il est vraiment important de dynamiser ce marché par une optimisation de la communication. Et pour optimiser cette communication, il faut que chacun se comprenne. Et pour ça, il faut savoir écouter l'autre. Je ne dis pas parce que ça paraît évident, mais moi, ayant quand même pas mal travaillé sur le marché africain, depuis maintenant quand même, alors au-delà de ma connaissance, parce que finalement, je connais l'Afrique depuis plus de 40 ans, parce que je suis arrivé à l'âge de 5 ans, mais c'est vrai que j'ai vu beaucoup de marques essayer de se mettre sur le marché africain, mais qui finalement ne cherchaient pas vraiment. Alors, ce n'était pas leur faute, mais je pense qu'en fait, pour le comprendre, il faut baigner dans la culture. ou en tout cas s'y approcher d'une manière ou d'une autre. Donc voilà, c'est ma façon de voir les choses et c'est ce que je mets en place à travers l'agence Thierry Bernat-Herpé.

  • Ramata

    Ce que je trouve intéressant, en tout cas dans ce que tu dis, c'est cette approche de marques extérieures au continent africain qui vont pouvoir s'intéresser aux consommateurs africains, mais finalement ne pas forcément avoir une approche où elles vont chercher à le connaître, à le comprendre et à peut-être adapter. adapter leur stratégie de communication, il y a un petit peu une forme de je vais faire un copier-coller, je vais dupliquer ce que je fais déjà ailleurs. Et puis, si ça ne fonctionne pas, parfois, c'est un marché qui n'est pas assez mûr.

  • Thierry

    Et je me retire quand ça ne fonctionne pas. Je me retire. C'est ce qui arrive avec beaucoup de gros groupes.

  • Ramata

    C'est ça. Mais alors qu'en fait, le travail n'a peut-être pas... L'approche, en fait, de déploiement sur le continent africain n'a pas été faite avec une volonté vraiment de... On prend des experts sur le terrain, on fait vraiment un travail de... On change nos supports de communication. Moi, j'ai pu voir certains centres commerciaux où on va avoir des boutiques, la Halle par exemple, où... Toutes les photos, c'est des photos qu'on pourrait voir dans un laal en banlieue parisienne. Et finalement, on se dit, mais il y a... Alors, ça date un peu, ce dont je parle. Je ne sais pas si ça a évolué depuis, mais c'est vrai qu'il y a quand même... Quand on veut intégrer un territoire, il y a un travail à faire de connaissance des habitudes de consommation et de...

  • Thierry

    Complètement. Et puis, on ne peut pas imposer son modèle. C'est comme deux personnes qui cherchent à communiquer ensemble. Quand il y en a une qui impose sa façon de penser, ça va bloquer l'autre. Quand on ne se connaît pas, en règle générale, quand tu rencontres quelqu'un, et puis que la personne est trop imposante dans ses propos, en règle générale, ça va te bloquer. Tu n'as pas trop envie de continuer la discussion. Donc, c'est un peu la même chose. Après, il n'est pas facile à comprendre, le marché africain. Moi, je trouve qu'il y a beaucoup de spécificités. Parce que l'Afrique est très forte. Elle garde beaucoup d'elle-même, eu égard à tout ce qu'on peut dire, mais elle a des spécificités vraiment propres à elle. Et je pense que quand on veut travailler avec elle, il faut y mettre beaucoup de sien. Peut-être plus encore que sur d'autres marchés. Parce qu'elle est très authentique, l'Afrique.

  • Ramata

    Et alors moi, le parallèle parfois que je fais, c'est que je trouve qu'il y a des marques de luxe. En tout cas, moi, c'est vraiment un domaine... luxe mode que je connais bien, qui quand il s'agit du marché asiatique, Corée, Japon, Chine, il y a des efforts qui vont être faits parce que c'est des cultures qui sont totalement différentes de la culture occidentale et elles vont vraiment aller faire le travail de chercher à comprendre le consommateur chinois, on va chercher à comprendre cette population-là parce qu'on sait qu'elle a le pouvoir d'achat, qu'elle a les moyens et que ça peut être bénéfique pour nous. Et cet investissement-là, on est prêts à le faire. Et c'est vrai. par rapport à l'Afrique, il n'y a pas le même engagement, je trouve, de certaines marques. Alors, on commence à voir des choses, ça commence à bouger. Et notamment, je pense que ton agence, elle fait partie vraiment des leviers qui permettent à certaines marques de faire les choses bien. Mais je trouve que les marques, elles savent comment, finalement, pénétrer un nouveau marché. Elles ont le playbook. Mais c'est vrai que vis-à-vis de l'Afrique, il y a un peu… J'entends beaucoup ce que tu évoquais là, mais ce n'est pas facile, ce n'est pas évident, on ne sait pas comment faire. Déjà,

  • Thierry

    il y a très peu d'insights. Alors moi, je te dirais quand même, comme je travaille quand même avec des groupes qui, en règle générale, travaillent également sur l'Asie, l'Asie, il y a 20 ans, 30 ans, c'était à peu près la même chose. Tu prends la Chine, il n'y avait pas d'insight, on ne savait pas trop où on allait, on investissait un peu comme ça. Et finalement, après, ça s'est développé parce qu'il y a aussi une classe moyenne qui était plus importante et les gens ont mieux compris le marché. Donc, je pense que c'est une question de temps déjà parce que l'Asie en est à un autre stade de développement. Aujourd'hui, il faut quand même le dire. Mais tu prends le marché... d'Amérique latine. Moi, je discute, je suis en contact avec une agence qui travaille en Amérique latine pour le même client que moi. Moi, je travaille pour l'Afrique. Et en fait, il y a aussi beaucoup de similitudes. Sauf que l'Amérique latine aussi est quand même dans une phase de développement déjà plus... Ça fait un peu plus de temps, si tu veux, qu'elle se développe. Moi, je pense qu'il ne faut pas oublier que... L'Afrique, c'est ancestral, mais les indépendances, elles sont quand même encore très récentes. Et on demande beaucoup à l'Afrique. On demande beaucoup de choses, il faut laisser du temps. Et puis, l'Afrique ne fonctionne pas comme les autres, et je pense qu'elle n'a pas envie de fonctionner comme les autres. Et c'est là où je disais qu'elle est plus authentique. Moi, j'ai l'impression que l'Asie est plus docile. Je ne sais pas si on apprécie ce terme ou pas, mais plus docile dans la dynamique. internationales, on le voit dans le mode de production. Ils sont très suiveurs, ils ont l'habitude d'avoir... Ils fonctionnent un peu à la chaîne. Ils produisent, ils produisent, ils produisent. Après ça, c'est la pensée unique, c'est le modèle occidental. Mais moi, je ne suis pas certain que c'est le modèle que l'Afrique va développer. Elle le développera, mais à sa manière. Tu sais, je t'en ai parlé quand tu m'avais contacté. pour l'interview. J'ai été invité au Forum de la mode et du design de Bamako fin novembre. L'idée, c'était de réinventer la thématique, c'était réinventer une mode pure, responsable et durable en Afrique. Et on a eu beaucoup de discussions et moi, j'étais le seul venant d'Europe à ce forum. Enfin, le seul qui n'est pas d'Afrique, en fait. Même si en partie, je suis un peu africain. Je parlais quand même à un moment donné des possibilités, mais d'une manière très positive, de développer la mode en Afrique en jouant un peu sur les économies d'échelle. produisant plus. Et finalement, j'avais beaucoup... J'ai eu à un moment donné, d'ailleurs, une discussion très intéressante avec quelqu'un, une personne que j'ai beaucoup appréciée, qui m'a dit, mais Thierry, arrête de penser comme un blanc. Et elle n'avait pas tort, en fait. Et pourtant, pour te dire, je connais quand même l'Afrique. Et elle me dit, on ne fonctionne pas de la même manière sur beaucoup de points. Et c'est vrai que sur la mode, tu vois, j'en suis arrivé à me dire que finalement, ce n'était pas non plus la solution que de demander à l'Afrique de développer sa mode en produisant plus. Peut-être qu'il faut rester sur un marché plus artisanal, mais moderne, avec des créations uniques, et que c'est ça aussi la force de l'Afrique et de sa mode. Parce que c'est vrai que l'Afrique foisonne de stylistes, il y a énormément de créations, l'Africain est beaucoup plus dans l'irrationnel, c'est un artiste beaucoup plus que l'occidental, en tout cas selon moi, parce que justement, on lui met moins de bâtons dans les roues. il est dans un schéma où il y a encore toutes les portes ouvertes et je pense qu'il a tout intérêt à ne pas prendre le chemin de l'industrialisation tel que nous on l'a développé ici en Occident.

  • Ramata

    Je suis complètement alignée avec ça, d'autant qu'aujourd'hui on connaît les limites de l'industrialisation.

  • Thierry

    Absolument, on le voit chez nous, donc je pense qu'il nous regarde.

  • Ramata

    Donc on sait déjà comment le film se fait. on ne va pas dire se finit, mais en tout cas, on sait quelles sont les évolutions néfastes qu'il peut y avoir dans le secteur de la mode. Et je te rejoins complètement sur, que ce soit au niveau des créatifs, mais que ce soit même au niveau des consommateurs, il y a une uniformisation de la mode en Occident qui est on va produire en quantité le même pantalon noir, le même blazer noir, là où en Afrique, que ce soit à Dakar, à Lagos, à Accra, on est vraiment dans une dynamique où chaque créateur a une volonté de chaque collection. Il y a un certain nombre de bases de produits qui sont les mêmes, mais après, c'est l'opportunité de renouveler, de changer, d'apporter de la fraîcheur, et donc, on est vraiment dans une dynamique où on n'est pas dans cette logique de Pantone a sorti la couleur de l'année, qui est le choco, donc tout le monde va faire du choco Maintenant, en fait...

  • Thierry

    Il faut faire travailler les artisans en Afrique, c'est tellement important. Enfin, moi, j'étais au Mali, qui est vraiment le pays de l'artisanat, parce que le textile au Mali, mais toutes les femmes qui tissent, le tissu, tout ça, il faut surtout surtout pas les sortir de la chaîne aujourd'hui. Ce n'est pas comme ça qu'on va développer, on ne va pas les mettre au chômage. Tu vois ce que je veux dire en disant on fait une usine, ou est-ce qu'on l'a fait l'usine ? Donc du coup, je pense que voilà, en tout cas pour moi, ce n'est pas dans l'ADN de l'Afrique. Et plus je réfléchis, je dirais, et plus le temps passe, plus je me rends compte que l'Afrique a tout intérêt à ne pas se développer de cette manière-là. Aujourd'hui, il y a une vraie assurance. Les gens ont confiance en eux. Je pense qu'on est en bonne voie. Avant, il y avait un petit peu, on doit suivre les autres. Finalement, on se rend compte que nous, ce qu'on fait, ça peut plaire comme ça et c'est notre force.

  • Ramata

    On se rend compte aussi de notre propre valeur parce que les projecteurs sont tournés vers des créateurs africains et il y a une vraie volonté de les mettre en avant. Il y a des fashion week qui... sont à Dakar. La Fashion Week, elle a plus de 20 ans. Les Ghost Freakers, plus de 15 ans.

  • Thierry

    Et puis, il y a des nouvelles Fashion Week qui se créent. Donc, ça veut quand même dire quelque chose aussi. Tu vois, il y a de plus en plus d'événements mode en Afrique. Et puis, la mode, elle est...

  • Ramata

    Et des événements mode de qualité avec des créateurs qui proposent des collections qui sont tout à fait, comment dire, contemporaines. Parce qu'il y a aussi tous les clichés liés à l'Afrique où... Quand on parle de mode, d'industrie culturelle et créative, c'est parfois associé à un vocabulaire avec lequel moi, en tout cas contre lequel je me bats, mais qui est de l'ordre de, c'est du folklore, c'est de l'ethnique, c'est exotique. Du coup, c'est world music, par exemple. Et c'est catalogué, en fait, dans quelque chose qui est, ce n'est pas mainstream, en fait. Or, là, aujourd'hui...

  • Thierry

    Après, tu prends plein de créateurs aujourd'hui. Tu vois ceux que fait défiler Adama, la Dakar Fashion Week. Si tu ne sais pas qu'ils sont africains, quand tu vois les créations, pas toutes, mais certaines créations, tu n'as pas du tout l'impression que c'est africain. Ibrahim Fernandez aussi, j'étais à son défilé, lui il a fait un exemple aussi, parce qu'il a fait un défilé pour ses 10 ans. le 15 décembre à Abidjan, il montre qu'aujourd'hui aussi, la mode a beaucoup évolué en Afrique. Bon, lui, c'est vrai qu'il y a des créations qui ne sont pas, qui ne font pas du tout afriquettes, en fait. Si tu ne sais pas qui est derrière, certaines, oui, mais d'autres, non.

  • Ramata

    Moi, j'ai tendance à dire aujourd'hui qu'elles sont 100% africaines et aujourd'hui, c'est ça l'Afrique aussi, en fait. C'est que...

  • Thierry

    Oui, alors, je comprends ce que tu veux dire. Il faudrait... Oui, tu vois, là, tu me reprends, mais ça, c'est parce que, bon, moi, je suis le blanc. C'est pas du tout... Tu m'en as un rapport. J'ai toujours le prisme de...

  • Ramata

    Tu as un passé de journaliste, donc c'est pour ça que je me permets de te reprendre. C'est vraiment aussi de nous arriver à nous dire que la mode africaine,

  • Thierry

    ce n'est pas le wax. L'Afrique, ce n'est pas uniquement... Ce n'est pas le wax,

  • Ramata

    ce n'est pas... Ce n'est pas que ça, en fait. Et aujourd'hui, un créateur qui a 30 ans, qui est inspiré, qui vit à Dakar ou qui vit à Abidjan, il a accès à... toutes les influences du monde entier pour créer sa collection. Et du coup, ce qui va être intéressant, c'est qu'il va mélanger la tradition avec la modernité et ça va créer quelque chose de complètement nouveau qui est, moi, ce que je trouve intéressant, qui sort un peu du cadre du cabinet de tendance. Il a dit que la couleur du moment, c'était le burgundy. Donc, on va tous faire du burgundy.

  • Thierry

    Et puis vraiment, je dis, le fait qu'on soit quand même beaucoup plus dans l'irrationnel, qu'on mette moins de bâtons dans les roues en Afrique, automatiquement, la création est beaucoup plus intéressante.

  • Ramata

    C'est beaucoup plus libre, en fait. C'est bien encadré. Et du coup...

  • Thierry

    On peut faire de tout. C'est-à-dire qu'on peut faire du retour aux origines en reprenant, tu vois, des symboles très africains, un peu tribal. Et on peut très bien aussi faire de tout, en fait, qui n'est pas spécialement une mode propre à l'Afrique, mais une mode, tout simplement. Complètement. Et... Et ce qu'il faut quand même se dire aussi, c'est que, tu vois, l'Afrique qui se développe, avec l'avènement des réseaux sociaux, elle a énormément gagné. Parce que les gens sont passés, par exemple, les gens n'ont pas connu le téléphone fixe. Ils sont passés directement au téléphone portable, aux réseaux sociaux. Donc, en fait, ça va beaucoup plus vite chez eux. Et moi, je suis quand même basé en France, mais j'y suis très régulièrement. Il y a des pays que je fais tous les deux mois. Je prends par exemple une ville comme Abidjan. Après deux mois, j'y retourne et pour moi, il y a plein de choses qui ont évolué. Abidjan, ça évolue vite en ce moment, c'est vrai. Mais dans cette ville-là, tout va très vite.

  • Ramata

    Tu parles du téléphone portable,

  • Thierry

    on peut parler aussi de la banque

  • Ramata

    Orange Monnaie.

  • Thierry

    Oui, bien sûr, tout à fait. Mais c'est vrai que l'avènement des informations, le fait de voir ce qui se passe ailleurs, le fait de pouvoir communiquer. Parce que moi, je me rappelle encore à l'époque, quand je partais en Afrique, j'avais un roaming pas possible. Et c'est vrai qu'eux, quand WhatsApp est arrivé, ils ont pu communiquer avec le monde entier, sans plus rien payer. Alors qu'ils étaient encore, tu vois, il y en a qui n'ont même pas d'électricité encore. Si, ils en ont pour le portable, mais si tu veux, ça reste quand même assez... Ils sont dans des zones assez reculées.

  • Ramata

    Alors, si on en revient un petit peu à toi et ce que tu fais aujourd'hui. Moi, l'idée, c'est que tu as une très bonne connaissance de l'Afrique et du coup, ça rend ton profil, je pense, crédible,

  • Thierry

    légitime. Tu sais ce qu'on dit, on dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qu'il ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années on a une expertise, mais après l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute finalement. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire, c'est que je trouve que voilà... Oh... Comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le tas. Mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses auxquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent. C'est un peu ça, c'est surprenant l'Afrique. C'est un peu la surprise, l'imprévisible. Bon, après, non, mais tu as raison. Après, il y a quand même au bout de certaines années où tu travailles sur ce marché, avec le continent, oui, tu as une expertise.

  • Ramata

    Non, mais c'est surtout le fait d'être conscient de ce que tu dis là, d'être conscient de ce côté imprévisible. Quand on travaille avec toi, tu vas aussi sensibiliser les marques, tu vas sensibiliser tes partenaires.

  • Thierry

    Alors qu'il y en a qui arrivent en se disant,

  • Ramata

    c'est bon. J'ai mon idée de franchise, je vais la dupliquer dans toutes les capitales africaines. Et puis, bim, bam, boum, voilà. Je peux faire mon business plan sur les cinq prochaines années, ça va fonctionner. Et en fait, quelqu'un qui connaît le terrain va dire, écoute, attaque-toi déjà à Abidjan. Fais tes armes dans cette ville. Vois quels sont les challenges que tu peux rencontrer. Et petit à petit, tu vas en fait te déployer dans d'autres univers. Et du coup, d'avoir cette connaissance-là. Ça donne une certaine finesse à la manière dont tu travailles. Donc moi, j'aimerais bien que tu nous parles de, soit peut-être un peu la transition qui s'est faite entre tu travailles pour Amina en tant que directeur de communication et aussi sur la partie publicité. Et ensuite, tu montes en agence. On a parlé un peu brièvement tout à l'heure. Mais bon, j'aimerais bien en parler parce que ça reste quand même... Je pense qu'on a... En tout cas, j'ai eu des Amina à la maison étant petite. On va dire... toute famille africaine, il y a dû avoir sans forcément avoir pris un abonnement, en tout cas, on a tous feuilleté Amina ou plusieurs même. Je pense que c'est un magazine de référence et de ce fait-là, c'est intéressant que toi, tu puisses nous parler un petit peu de cette expérience et puis de c'est quoi l'enjeu de ce magazine-là, sachant qu'en fait, on aura beau dire, mais il n'y a pas tant que ça de magazine de porn.

  • Thierry

    Non, non, non.

  • Ramata

    Voilà, donc on peut saluer la longévité d'Amina, en fait, par rapport à ça. Ben oui,

  • Thierry

    je pense quand même qu'il faut, là, j'aimerais remercier en fait le créateur du magazine et voilà, qu'on lui fasse un petit clin d'œil. Ça a été mon mentor, c'était Michel de Breteuil et qui est décédé malheureusement en 2018, mais qui est resté jusqu'à plus de 4 ans. 70 ans, au magazine, il venait de travailler tous les matins, et c'est lui qui a eu cette idée un peu de génie, enfin de génie, de créer à l'époque, c'était en 73, basé à Dakar, un magazine qui allait donner la parole aux femmes, quelle que soit leur origine sociale, donc ça pouvait être la vendeuse de beignets comme la première dame. Et c'est ce qui a fait la force d'Amina, c'est qu'en fait... Il y a eu tellement d'interviews, le magazine est passé partout. En fait, c'était hyper novateur à l'époque, en 1973, de faire un magazine pour les femmes en Afrique. Et c'est vrai qu'on le sait quand même, en Afrique plus qu'ailleurs, la femme décide de tout. En fait, elle est quand même partie prenante sur tout. C'était Angélique Hidjo, une fois, qui disait, lors d'une interview, ça m'avait marqué. que la femme était la colonne vertébrale de l'Afrique. Je trouve que c'est très vrai. Donc du coup, si tu veux, pour moi, mon expérience chez Amina était extrêmement enrichissante. Déjà, ce que j'ai appris par Michel de Breteuil, qui a été mon mentor et qui connaissait l'Afrique du bout des doigts, qui connaissait les différents pays, qui était quelqu'un qui recevait dans son bureau tout le monde. Tu ne prenais pas de rendez-vous, tout le monde venait. Le marabout, la femme de ménage, la première dame, une chef d'entreprise. Tout le monde y recevait, y recevait. T'avais une queue, des fois, devant. Les gens attendaient plusieurs chefs et puis rentraient. Chacun y donnait un peu. Et y recevait, comme ça, spontanément, tout le monde. Donc, il était comme on fait en Afrique, en fait. Tu vois, tu ne prenais pas rendez-vous. D'ailleurs, il y avait un truc qui me faisait toujours rire quand les gens l'appelaient. Il disait, on se voit quand ? Je lui dis, vous venez quand vous voulez. Un jour, il m'avait dit, je ne vais pas leur donner rendez-vous parce que sinon, on ne sait pas si on se verra. Et il avait raison, tu vois, il fonctionnait comme ça. Donc Abinash, ça a été ça pendant des années. Moi, je suis arrivé en 2005 pour remplacer l'ancienne directrice marketing qui partait à la retraite, qui est devenue une amie d'ailleurs. Et donc, ça a été une expérience extrêmement enrichissante pour moi. Déjà, j'étais vraiment à ma place et j'ai pu rencontrer plein de monde. Et j'ai pu aussi me rendre compte, alors ça rencontrait plein de monde, c'était au-delà des marques, mais tu vois, que ce soit à travers les partenariats, les journalistes, les personnes en vue ou pas en vue, mais parce qu'on recevait tout le monde en fait chez Amina, c'était pas le magazine des stars uniquement. loin de là, c'est le magazine de toutes les femmes. Donc du coup, ça m'a permis d'avoir une vision d'ensemble de la femme africaine. Et puis, il y avait quand même beaucoup d'hommes qui venaient aussi. Donc finalement, même si moi, j'avais déjà cette vision-là avec mon passé, mais dans mon univers professionnel, je pense qu'on ne pouvait pas arriver mieux. Et je suis resté là-bas jusqu'en 2018, donc un peu plus de 12 ans. Je voyageais beaucoup aussi en Afrique. Et puis, je me suis aussi rendu compte du marché, on va dire du marché marketing sur l'Afrique, puisque j'allais voir des marques comme Unilever, L'Oréal, Air France, Western Union, qui communiquaient plus facilement, parce qu'ils sont quand même très présents sur l'Afrique. Mais j'allais voir d'autres marques, des marques de luxe, de chez LVMH et tout, et j'essayais de les avoir en publicité. Et je me suis rendu compte du marché, qui n'était pas évident. finalement. Justement parce que les gens ont une méconnaissance de ce marché, ont un peu peur, ne le comprennent pas. Il y en a qui font un pas, puis après ça se passe mal. Du coup, ils ne reviennent pas. Moi, je me rappelle avoir eu un rendez-vous une fois, je ne vais pas la citer, c'était une marque de luxe, de cosmétiques, vraiment très haut de gamme, qui était intéressée à ce marché. Et puis, j'ai Je crois qu'il y avait Dior en couverture 4. Et puis en couverture 3, il y avait les cubes Jumbo. L'attachée de presse, la tête qu'elle a tirée quand elle a vu les cubes Jumbo à côté de la pub Dior. Mais c'était ça Amina, si tu veux. Voilà comment était le marché africain à l'époque. Bon, et puis donc du coup, pour revenir un petit peu à mon expérience. Mais bon, c'est important de te raconter un peu ces anecdotes parce que ça te permet de te rendre compte de l'évolution du marché. qui, je me suis rendu compte, je croyais qu'il allait évoluer plus vite, même au niveau marketing, que les marques en Europe allaient plus s'investir en Afrique. Et au final, tu avais l'impression qu'elles se mettaient dessus, mais en fait, c'était un pas en avant, deux pas en arrière, ou c'était juste un effet de mode. Et bon, finalement, les choses ont évolué. J'ai connu, on va dire, la fin de la super période de la publicité sur le print et des médias print. Et j'ai commencé à sentir le vent tourner. J'étais attaché à ce magazine, comme je te l'ai dit aussi, parce que Michel Debreuteuil était mon mentor. Et puis les choses ont évolué, Michel Debreuteuil est décédé, ça faisait un moment que je voulais me mettre à mon compte. Et puis les choses n'étant plus comme avant, et puis la presse n'étant plus ce qu'elle était, j'ai pris ma décision, je suis parti d'Alina. et j'ai créé... Au début, je me suis mis à mon compte et après, j'ai créé mon agence. Parce qu'au début, en fait, en me mettant à mon compte, comme je le disais au début de l'interview, j'ai voulu mettre à profit cette expertise que j'avais d'abord personnellement par mon histoire familiale et ensuite professionnellement avec... Parce qu'avant d'aller chez Amina, je travaillais déjà un peu sur l'Afrique. Comme je te l'avais dit, j'avais commencé à travailler pour cette régie publicitaire spécialisée sur l'Afrique. Après, j'ai travaillé pour un magazine qui s'appelait City Black, un petit magazine qu'on lançait. Donc, j'ai connu aussi Amina. C'était autre chose. Quand je suis arrivé chez Amina, c'était le numéro un sur le marché. Mais j'ai travaillé avant sur des magazines aussi où il y avait tout à faire. Donc, j'ai dû me battre pour aller voir des marques en leur disant, il faut communiquer sur cette presse-là. Mais tu avais des marques ici qui te regardaient en disant, moi, j'avais des marques de luxe. On sait qu'on a cette clientèle, mais ce n'est pas pour ça qu'on va se mettre dans un magazine pour les Africains. Voilà. Donc du coup, j'ai pu me rendre compte du marché, de son évolution qui était quand même très lente. Il évolue, le marché, mais beaucoup plus lent que ce qu'on pensait. Et souvent, les gens disaient Allez, cette fois-ci, c'est bon, ça va être… Les gens ont voulu comparer le marché français au marché communautaire africain, en tout cas, parce que je n'aime pas le terme ethnique qui n'est pas toujours très bien pris, même si en marketing, on se comprend. on va dire le marché de la communauté africaine en France à celui des États-Unis et ça n'a rien à voir. Et les gens disaient mais je ne comprends pas pourquoi dans un magazine comme Essence ou Ebony, il y a des pubs pour Land Rover avec une Africaine alors qu'ici non, c'est ce qu'il faut qu'on fasse. Mais les Noirs aux États-Unis, ils sont américains avant d'être africains, même s'ils ont des origines. Ici, ce n'est pas la même chose et le marché n'est pas le même. Moi, je travaille... Je m'occupe des RT de la marque Cantu, qui est une marque américaine. Les volumes qu'ils font en Afrique, ce ne sont pas les volumes qu'ils font en France. Donc, on ne peut pas comparer. Les marchés sont très différents. Voilà. En tout cas, du coup, si tu veux, ça m'a donné une bonne expérience. Et puis après, j'avais quand même un bon carnet d'adresses de marques. et puis de partenaires potentiels. Et donc, je me suis dit, tu peux te mettre à ton compte. Et puis, j'avais le côté commercial que j'avais beaucoup développé. Donc, si tu veux, j'étais pas mal dans la prospection puisque c'est ce que je faisais beaucoup chez Amina. C'est toujours aller trouver des nouveaux clients. Donc, du coup, quand tu sais rentrer les clients, c'est déjà quand même le nerf de la guerre parce que c'est l'argent. Ensuite, après, c'est sûr qu'il faut que tu leur proposes des choses qui leur conviennent. Mais j'avais cette expertise. Et même s'il y avait des choses un peu nouvelles, parce que c'est vrai que les RP, je t'avoue que... Moi, je n'ai pas fait d'études de RP, mais après, je ne sais pas si je vais faire des études de RP. Je pense qu'il faut avoir un bon sens du relationnel, bien comprendre les gens et être aussi commercial. Parce que je pense que pour être un bon RP, il faut être commercial, mais il ne faut pas être commercial rentre-dedans. Et il faut aimer les gens, il faut s'intéresser à eux et puis vouloir faire avancer les choses. Et donc, du coup, c'est comme ça qu'en fait, si tu veux, de fil en aiguille, c'est créer mon agence. Et c'est vrai que j'ai eu beaucoup de demandes RP. En sachant que si tu veux, les RP en Afrique, c'est quand même différent. Moi, j'en fais pour des marques sur le marché français, notamment dans la presse beauté. Mais si tu veux, moi, une journaliste beauté de Marie-Claire Dehael, si elle fait un sujet sur les cheveux bouclés et qu'il y a un produit qui lui plaît ou une brosse qui lui plaît par rapport à ce sujet-là, Que ce soit pour un sujet afro ou pas, elle va parler de ton produit. Elle est dans cette dynamique-là. En Afrique, on a peu de médias. Il y a quelques médias panafricains, mais il n'y en a pas beaucoup, tu le disais toi-même. Et après, les médias par pays, il n'y en a quasiment plus aujourd'hui, des médias papiers. Et puis, les journalistes en Afrique, en règle générale, ils ne font pas les choses gratuitement. Dans le sens où, comme je disais, une journaliste de chez Marie-Claire, Si elle a un papier à faire sur les brosses démêlantes flexibles, et moi j'ai une brosse démêlante flexible, et puis qu'elle te trouve sympa, elle va parler de ton papier parce que tu lui as donné l'information et qu'elle est en contact avec toi. Sur l'Afrique, c'est différent. Donc du coup, les RP en Afrique, c'est une autre approche. Alors moi, je sensibilise quand même les supports à parler de ces marques parce que... Ça rentre dans des sujets qui peuvent les intéresser. Mais en dynamisant les choses de manière différente, j'ai toujours gardé un peu le côté achat d'espace aussi. Donc quand je peux, comme ça a été quand même aussi mon cœur de métier, je vais négocier une page pour ces supports ou ces médias. Et puis, d'une manière générale, je travaille les RP. Mais ça, aujourd'hui, les RP, même en France, c'est plus comme avant. De manière... 360 si tu veux. C'est qu'aujourd'hui, tu n'appelles pas juste quelques amis journalistes pour qu'ils te fassent un papier sur ton produit, mais tu fais un peu de paid, tu peux faire de l'achat d'espace, tu organises des événements avec du sponsoring, tu fais de l'influence, qu'elle soit organique ou payante, enfin c'est un tout aujourd'hui. Il faut être un peu partout. Donc, c'est comme ça que je la développe sur l'Afrique. Mais sur l'Afrique, je dirais, de toute façon, vu qu'on a quand même peu de support, je parle de l'Afrique francophone, surtout, mais même sur l'Afrique francophone, alors oui, tu as un peu plus de magazines sur l'Afrique du Sud, mais c'est encore un autre marché. Mais, par exemple, en Côte d'Ivoire, aujourd'hui, en magazine papier, tu n'en as pas beaucoup. Tu as Elle, maintenant, qui est Elle Côte d'Ivoire, qui sort un magazine papier. Tu as Femmes d'Afrique. Amina, je crois qu'on ne le trouve plus parce qu'il y a un problème de distribution des magazines en Afrique avec les MLP voilà, t'as Milk mais c'est des magazines en plus qui ne sortent pas toujours régulièrement et qui ont besoin d'annonceurs ils ne s'en sortent pas seuls enfin seuls, je ne dis pas qu'ici ils s'en sortent seuls, mais ils sont rodés donc du coup, l'approche RP est différente, il faut leur donner un coup de main aussi, d'une manière ou d'une autre à ce métier Pas juste arriver en leur disant, voilà, moi j'ai une marque super intéressante, faites-moi un papier et je vous offre un déjeuner ou le dernier shampoing de telle marque. Ça, c'est vraiment une dimension à prendre en compte en Afrique. Et puis les journalistes aussi souvent sont très mal payés, voire pas payés. Donc ils attendent beaucoup en fait que les marques les payent, tu vois. Ce qui est un peu normal, ce qui n'est pas le cas ici. En tout cas, ici ça peut l'être. Mais c'est différent. C'est caché et puis ce n'est pas systématique en tout cas. Je ne sais pas si je peux bien exprimer sur le marché RP en Afrique. Non, non,

  • Ramata

    c'est très clair. La question que j'allais te poser, c'est du coup, toi, tu vas travailler avec des marques, de ce que j'ai compris, tu vas travailler avec des marques, comment dire, occidentales, on va dire, qui veulent s'implanter en Afrique, mais tu vas aussi travailler avec des marques...

  • Thierry

    Ou qui veulent communiquer vis-à-vis de l'Afrique. Des fois, il y en a qui ne s'implantent pas, mais elles veulent communiquer pour... Quand les Africains viennent en France, par exemple, ils pensent à eux, tu vois. Ça, ça peut aussi être le cas. Oui, excuse-moi, tu disais ?

  • Ramata

    Du coup, l'idée, c'est que qu'est-ce que tu mets en place justement pour une marque ? Alors, sans nous dévoiler tes secrets d'agence, mais sur les spécificités qu'il faut prendre en compte aujourd'hui quand on est une marque qui cherche à se faire connaître d'une, comment dire, d'une forme... Alors, je ne sais pas si c'est... une classe moyenne ou une élite africaine, mais en tout cas, la marque qui te sollicite et qui a envie de rencontrer son public, qu'est-ce que tu lui proposes ?

  • Thierry

    Plusieurs choses. Moi, je trouve que le sponsoring d'événements, c'est bien en organisant des side-events. Parce que ça permet... C'est ce que je fais pas mal avec les Galeries Lafayette. On a fait l'année dernière un side-event durant la Dakar Fashion Week. Ça permet aux clients d'être en contact avec des invités. Ce n'est pas juste un sponsoring, genre les Galeries Lafayette ou Western Union, les sponsors d'un événement, mais ça permet aussi à la marque d'entrer en contact. Parce que je pense que la première chose en Afrique, la communication, elle passe d'abord par le contact. On est beaucoup, c'est encore une culture de contact, de relationnel, et donc il faut aller vers les gens. Il faut établir une communication, un lien. Donc, je dirais, ma première étape, c'est le lien. Et le lien, il passe par un contact physique. Donc, si effectivement, soit on fait ce que je peux faire pour des marques, c'est organiser un voyage avec des acteurs, c'est-à-dire qu'on fixe des rendez-vous avec différents acteurs, ils me donnent un peu leur cahier des charges, qui veulent voir, ça peut être des journalistes, des influenceurs, une marque. tu vois de vêtements un styliste local un média ça peut être ça peut être par exemple visa mastercard ça me parle souvent aussi des marques qui se développent en afrique donc pour eux ça peut être intéressant d'échanger aussi avec eux donc ça c'est des choses que je fais ensuite donc ça c'est beaucoup plus une approche rp si tu veux relations publiques avec des leaders d'opinion pour que la marque puisse un petit peu peu s'imprégner et comprendre le marché et avoir déjà quelques contacts clés pour entrer sur ce marché-là. Après, effectivement, c'est se greffer à des événements locaux parce que pour moi, le plus important, c'est d'aller déjà sur ce qui se fait. D'abord parce que ce n'est pas facile d'organiser un événement quand on ne connaît pas le marché ou quand on a une nouvelle marque comme ça seule. Alors, autant se mettre sur un événement qui fonctionne et qui est carré. Alors, je fais beaucoup de sourcing parce qu'il faut trouver les événements qui... fonctionnent bien. Il y a beaucoup d'événements, mais après, il faut que ça corresponde aussi à certains cahiers des charges, suivant le client qu'on a. Et puis, après, ça peut être aussi, je le fais de plus en plus, organiser un événement avec des influenceurs. Ça peut être du paid ou du non paid. Quand je dis paid, c'est-à-dire soit on paye les influenceurs, on leur demande de faire un... un contenu spécifique, soit on organise une soirée ou un tea time, un cocktail, on les invite et puis après ils font des stories, mais ça reste de l'organique. Alors l'organique, c'est bien, c'est bien pour montrer qu'une marque s'intéresse au marché. Après, si une marque a un message à faire passer, c'est déjà un peu plus compliqué, parce qu'on ne va pas pouvoir imposer aux gens qui vont faire du contenu gratuitement de dire il faut parler de ça de cette manière plutôt que de cette manière-là. Donc... Beaucoup d'influence. Ça, je dirais, c'est le deuxième volet. Je t'ai parlé plus du volet d'abord rencontre, un voyage, organiser un voyage pour le marque. Après, il y a l'influence, mais c'est pareil. Ça, ça peut être greffé à un voyage que fait la marque. En général, on peut organiser aussi un événement. Et puis, oui, ce que j'ai dit, ça, c'est le troisième point, puisque le deuxième point, c'était le sponsoring d'événements. Enfin, le sponsoring d'événements, c'est-à-dire de faire un side event sur un événement déjà existant. Par exemple, on l'a fait cette année sur le marché du Congo Kinshasa avec les Galeries Lafayette, qui est un marché assez spécifique, la RDC. Et en fait, on s'est greffé aux Adicom, qui organisait leur première édition là-bas. Voilà. Après, tu vois, par exemple, là, j'ai organisé pour la marque Château Rouge un tea time à Abidjan dernièrement et pour la marque SVR. Mais là, c'est des marques qui sont implantées. C'est différent. Pour la marque SVR, un dîner en petit comité, c'était un choix de la marque. Ils voulaient inviter quelques influenceuses seulement avec cinq influenceuses vraiment en vue. de monnaie. En vue, c'est pareil, elles sont en vie, on les voit bien.

  • Ramata

    Tout à fait.

  • Thierry

    Et c'était très sympa aussi. Donc après, tous les formats sont possibles. En fait, ce que je dis toujours à mes clients le plus important, c'est pas évident, mais la plupart du temps, en fait, les clients, ils veulent faire quelque chose mais ils ne savent pas quoi. Et en fait, plus le cahier des charges est défini, donc moi je leur dis mais mettez-moi toutes vos idées. sur Patil dans un mail, même si c'est un peu comme ci, comme ça, en vrac, mais que je puisse avoir le plus d'informations possibles. Parce que comme on est quand même sur des marchés où il faut connaître, avec pas mal de spécificités, les gens, ils veulent faire, mais ils ne savent pas la plupart du temps quoi faire. Et alors là, ça devient un peu compliqué quand on a un client qui veut faire plein de choses, mais qui ne sait pas quoi finalement. Et on ne peut pas trop... Alors, je suis force de proposition, évidemment. Et puis, c'est vrai que beaucoup de marques avec qui je travaille, la plupart des marques avec qui je travaille, je les connais depuis longtemps. Donc, je connais l'historique, c'est assez important. Mais malgré tout, je leur demande un effort. Je sais que souvent, ils disent qu'on passe par une agence, il va nous faire tout le travail. Mais je leur dis, oui, mais qu'est-ce que vous voulez ? Quel est le message que vous voulez faire passer ? Tu vois, quand tu fais de l'influence, c'est bien, mais faire de l'influence, si tu n'as pas un message à faire passer précis, ça devient compliqué. Tu peux faire de tout et de rien. Tu peux travailler avec un super influenceur, mais tu vas le payer x, x, x euros ou CFA. Et au final, est-ce que tu vas atteindre ton but ? Je ne suis pas certain. Si tu n'as pas défini vraiment le message au départ, l'influenceur peut être de très bonne volonté, mais si tu le laisses trop libre, il ne va peut-être pas mettre en avant ta marque comme tu l'aurais voulu ou comme il faudrait la mettre, tout simplement, même si son contenu va être très sympa. Donc ça, c'est vraiment important. J'insiste sur le cahier des charges. C'est souvent... Enfin, c'est le plus difficile, mais si on a un bon... Enfin, un cahier des charges le plus précis possible au départ, en règle générale, l'opération, elle est réussie.

  • Ramata

    Et toi, tu travailles principalement avec des marques dans le secteur mode, beauté, ou est-ce que tu as un périmètre, en fait, assez large d'intervention ?

  • Thierry

    Alors, ça reste quand même large. Tu vois, je travaille... Alors là, c'est vrai qu'on a beaucoup parlé, mais parce que... Je pense que c'était important et c'est quand même aujourd'hui ma force parce que je suis quand même plus basé, enfin je suis basé en France, donc d'accompagner des marques basées ici en Afrique. Maintenant, je travaille avec des marques qui sont en Afrique. Par exemple, je travaille avec Visa qui est basé en Afrique, qui est basé à Abidjan pour tout le hub d'Afrique de l'Ouest. Je travaille avec Canal+, qui sont basés ici mais ils ont une entité à Abidjan, sur le digital à Dakar. Je travaille avec une ONG qui est basée à Dakar et qui, elle, je travaille avec elle, on fait de l'influence, qui s'occupe de faire passer des messages autour de la sexualité, autour du sport. Là, par exemple, on est sur une campagne au Sénégal sur le problème de l'avortement illégal. Peut-être que tu connais en fait cette ONG, c'est eux qui... produisent l'émission C'est la vie.

  • Ramata

    Oui, je vois.

  • Thierry

    Voilà. Et donc là, on est sur une campagne avec Alima Ghaji, que tu dois connaître, je pense, qui est l'actrice qui met le rôle principal de maîtresse d'un homme marié, dont je suis l'agent, d'ailleurs. Et on travaille justement toute une campagne pour faire passer les messages sur les thèses de grossesse et compagnie, en fait. Il y a une scène violente à un moment donné dans C'est la vie où il y a une jeune fille qui est... qui s'est fait violer. C'est un truc qui arrive, malheureusement, qui arrive souvent, et dans ces pays-là particulièrement, je pense. Elles ne peuvent absolument rien dire, et c'est peut-être pour ça que les gens se permettent aussi plus de choses. Et la fille demande un test de grossesse à la pharmacienne, et la pharmacienne la regarde parce que la fille a 14 ans. C'est une fiction, et à partir de là, on a fait tout un... toute une éducation pédagogique à travers du contenu sur les réseaux sociaux, la fille se fait jeter par la pharmacienne de la pharmacie en disant que la pharmacienne lui dit t'as pas l'âge pour avoir des rapports sexuels C'est une scène assez violente, c'est une fiction, mais c'est une réalité. Et donc, je travaille avec cette ONG sur ce type de thématique.

  • Ramata

    D'accord, donc tu interviens vraiment sur différentes thématiques.

  • Thierry

    Différentes thématiques. Après, je te dirais, mon fort, c'est quand même... Enfin, mon fort. Ça correspond aussi au budget sur le marché. C'est la mode, la cosmétique, beaucoup. Parce que finalement, sur le marché africain, c'est beaucoup la cosmétique. Mais je travaille avec les transferts d'argent. Je travaille avec Air France aussi. tu vois, donc voilà, avec qui je travaille d'autres, avec Uniwac, c'est la mode, je reste très ouvert, et je suis même content des fois de travailler, j'ai même travaillé avec un client à un moment donné qui fait des au Sénégal, qui est pour pur l'eau, en fait, pour rendre l'eau potable dans certaines zones, donc en fait, Voilà, je dirais que en tant qu'agence, on est quand même censé s'adapter à tout. Après, ma spécificité reste quand même le marché africain, même si je travaille un peu sur d'autres marchés. Je travaille sur le marché italien que je connais. Je reste ouvert. J'aime bien aussi ne pas cloisonner les choses parce que je suis contre. Avec ce petit chemin que j'ai fait, c'est qu'on avait tendance à vite te ghettoiser, notamment en France. La spécificité spécialisée sur un marché au diabalude et spécialisée sur ce marché, c'est tout. Et tu vois, par exemple, avec Cantu, qui est une marque destinée avant tout aux Afro-Caribéennes, le cahier des charges était de communiquer auprès de la presse mainstream, pas uniquement pour des sujets ou pour les filles qui avaient les cheveux à fond, mais pour toute personne ayant les cheveux texturés. Et j'aime beaucoup cette Ausha où on s'ouvre, en fait, si tu veux. J'ai eu des demandes aussi venant d'Afrique pour faire des RP. sur de la presse mainstream généraliste en Europe. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir une spécificité, c'est comme ça qu'on se fait connaître, mais après, il faut s'ouvrir. Et particulièrement en France, je trouve, où on a tendance à vite te mettre... C'est comme un écrivain, quand il est spécialisé, roman policier, on va le mettre dans une maison d'édition pour roman policier, puis il n'en sortira plus. Je dis ça, mais il y a un peu ce côté-là, en fait. On peut t'intégrer très vite. Et je trouve ça dommage. Et en plus, l'idée, c'est d'ouvrir le marché. Donc, pour l'ouvrir, il ne faut justement pas se retrouver dans une dynamique trop ghettoïsante. Ce n'est pas toi qui vas donner la dynamique ghettoïsante, mais il ne faudrait pas que l'extérieur te ghettoïse trop. Parce que sinon, tu vas rester spécialiste d'un marché. Mais, je veux dire, c'est seulement les personnes qui vont s'intéresser à ce marché qui vont te connaître. Alors, c'est intéressant que même les personnes qui ne travaillent pas sur ce marché connaissent ce type de travail.

  • Ramata

    Et toi, aujourd'hui, tu interviens surtout en Afrique francophone ou tu interviens aussi ?

  • Thierry

    Alors, je commence un peu sur le Nigeria parce que j'ai de plus en plus de demandes. Après, encore une fois, pour moi, l'Afrique, l'Afrique sud-saharienne, se travaille vraiment pays par pays. Évidemment qu'il y a des donateurs communs. Moi, quand je me retrouve dans un nouveau pays en Afrique, je n'ai pas l'impression d'être perdu parce que ça reste le continent africain. Il y a une certaine façon de vivre, un côté positif. Bon, voilà, il y a une liberté. Ça, c'est propre à l'Afrique subsaharienne, je trouve. Bon, même s'il y a des pays où c'est un peu compliqué en ce moment. Mais je trouve que même dans ces pays où c'est compliqué, déjà, par exemple, là, je suis allé au Mali. Malgré tout, on vit. Ce n'est pas si compliqué que ça dans la tête des gens, tu vois. Donc, ici, c'est un peu compliqué maintenant en Europe. dans la tête des gens, même beaucoup. Mais donc du coup, voilà, pour tout dire, l'Afrique, à part ce côté où il y a des dénominateurs communs, enfin, il y a un dénominateur commun, enfin, des dénominateurs communs, mais après, elle se travaille vraiment pays par pays. Le marché ivoirien, qui est celui que je connais le mieux, est un marché spécifique. Le marché sénégalais est un autre marché. Le marché du Congo-Brasaville n'est pas le même que le marché du Congo-Kinshasa non plus. qui sont aussi très différents de la Côte d'Ivoire et du Sénégal. Donc là, je commence à travailler le marché nigérian et je trouve ça super. Il y a beaucoup de demandes parce qu'aujourd'hui, c'est vrai que c'est un marché hyper fort, mais encore une fois, il faut y aller prudemment. Chaque pays est différent et ça prend du temps. Parce qu'il y a aussi une chose et je pense que c'est ça qui fait un peu peur aux marques aujourd'hui, c'est que... que l'Afrique, ça prend du temps. Non, mais justement, je peux le dire, non, tu es d'accord. Je pense. Mais ce n'est pas négatif.

  • Ramata

    Là, on a beaucoup dit l'Afrique, mais derrière, il y a 54 pays.

  • Thierry

    Mais bien sûr. Moi, je vois, par exemple, des fois, ils ont une agence pour un pays. Moi, je suis une agence pour un continent entier, mais chaque pays est différent. Oh, attends, c'est... Et puis, ce ne sont pas les mêmes acteurs. Et puis, ce n'est pas la même chose. Tu prends le marché de l'influence au Congo, Kinshasa, il n'a rien à voir avec le marché de l'influence en Côte d'Ivoire. C'est égal. Là, je parle du marché de l'influence. Et puis, la beauté...

  • Ramata

    Je pense qu'il y a un rappel qui fait que quand on dit l'Afrique, on a l'impression que c'est un tout homogène, alors qu'on est capable de se dire qu'en Europe, l'Espagne... C'est totalement différent. Donc, clairement, on va avoir une approche des pays qu'on va appeler méditerranéens, qui va être différente des pays plutôt nordiques. Et ça, on arrive à l'envisager pour l'Europe. Mais c'est vrai que...

  • Thierry

    Pour l'Afrique, on a de la peine.

  • Ramata

    Mais parce que je pense qu'il y a une forme de méconnaissance aussi.

  • Thierry

    On ne connaît pas bien les différents pays.

  • Ramata

    On ne connaît pas bien les subtilités qu'il peut y avoir d'un pays à l'autre. Et on dit comme ça, de manière assez généraliste, l'Afrique, la mode africaine. africaine, la musique africaine, alors que derrière, c'est facile, c'est un raccourci qui est facile pour échanger. Mais par contre, quand on veut rentrer dans le détail, on se rend compte que oui, quand on arrive à, comme tu le dis, sur la Côte d'Ivoire, quand on arrive à bien travailler une stratégie pour s'implanter ou en tout cas se faire connaître, ça prend du temps. Et une fois qu'on a fait ce travail-là à Abidjan, il ne faut pas se dire maintenant c'est bon. le Sénégal, ça va aller plus rapidement parce que je suis déjà bien implantée à Abidjan. Ah ben non, il faut recommencer en fait.

  • Thierry

    Pour recommencer, alors c'est sûr que si tu as acquis une expertise sur un des pays, tu auras quand même un peu plus de facilité. Mais quand tu vois comment on fonctionne au Sénégal et en Côte d'Ivoire, ce n'est pas du tout de la même manière. Et même d'un point de vue marketing, moi je me rappelle à l'époque, je vais les citer, mais c'était Darling pour les mèches. Les produits qu'ils vendaient au Sénégal, c'était le même produit, ils n'avaient pas le même nom. et pas le même mannequin. Alors, c'est un peu basique, mais j'aime bien sentir cet exemple. Mais eux, ils étaient très implantés sur les deux pays parce qu'effectivement, tu ne vas pas prendre une Ivoirienne pour parler de cosmétiques ou de cheveux au Sénégal. Et tu ne vas pas l'appeler, je ne sais pas moi, tu ne vas pas l'appeler, enfin bref, on a un nom qui correspond.

  • Ramata

    Or, c'est super intéressant cet exemple-là parce que... Quand on regarde les stratégies des marques de luxe, aujourd'hui, on va avoir une mannequin star, une Gigi Hadid, une Kendall Jenner, et en fait, elle va pouvoir défiler à la fois à New York, à Londres, à Paris, pour plein de marques différentes. Et ça ne choque pas qu'on ait ce mannequin qui représente tout le monde. Et on se dit, c'est ça, la représentation du luxe et de la mode. Et quand on rentre un peu dans le détail, on se rend compte que les consommateurs... Ils ont envie de quelque chose de plus authentique et qu'on leur serve finalement quelque chose qui est... Oui, c'est plus facile pour la marque d'avoir une égérie internationale qui est la même pour tout le monde. Mais à la fin, on se dit, est-ce que vous avez vraiment compris qui moi j'étais en tant que consommatrice ou consommateur ? Est-ce que vous vous intéressez vraiment à ce que je veux moi ? Et il y a des vraies attentes par rapport à ça aujourd'hui qui font que des marques qui historiquement avaient... Une notoriété qui a été installée, elle commence un peu à être challengée par des marques plus petites qui ont un discours avec de l'influence avec les réseaux sociaux, qui est beaucoup plus authentique et beaucoup plus proche du client réel, du client lambda, en fait.

  • Thierry

    Oui, et puis, tu vois, tu parlais de méconnaissance, de marché tout à l'heure. Je pense que c'est beaucoup ça. Et en fait, il y a un besoin de reconnaissance. Et sur ces marchés-là, quand tu arrives avec une marque étrangère, et puis tu arrives un peu avec tes gros sabots, si tu ne reconnais pas ta cible, ça va être compliqué. Et puis aujourd'hui, il y a quand même beaucoup d'informations, il y a beaucoup de marques, il y a beaucoup d'alternatives. Après, je pense quand même que quand tu as une star internationale, c'est un peu différent. À l'époque, quand Lancôme, tu sais, ils ont pris Lupita, J'ai l'impression que ça a quand même vachement bien marché en Afrique. Parce qu'en plus, elle était dans la mouvance. À l'époque, on parlait des nappies. Elle était pour Eben, tu vois, cheveux d'être.

  • Ramata

    Après, l'hôpital, c'est un très bon...

  • Thierry

    Mais bon, c'était un bon exemple.

  • Ramata

    C'est un profil. Moi, je suis pour les égéries internationales. On est d'accord. Mais c'est plus le côté... Ma critique, ce serait plus quand on prend la même et qu'elle fait la pub pour tout le monde. Et à la fin, on ne sait plus.

  • Thierry

    Oui, complètement. Non, mais ça, je suis tout à fait d'accord. Mais ce qu'il faut vraiment, c'est vraiment... C'est vrai que ça, c'est un truc qui revient régulièrement. Les gens, ils se disent l'Afrique, en fait, c'est un seul pays, l'Afrique noire. On est là, l'Afrique anglophone et l'Afrique anglophone, c'est déjà très différent. Mais alors après, chaque pays a vraiment ses spécificités. Mais en fait, souvent, moi, j'ai des amis journalistes en France, je leur dis, mais vous ne pouvez pas faire un effort à un moment donné. Mais alors... Ça encore une fois, les rédactions, les médias ne mettent pas les moyens, mais qu'est-ce qu'on donne comme image de l'Afrique ? Je ne veux pas rentrer dans le débat, mais quand même, c'est un truc qui... Moi, journaliste à la base, mais qu'est-ce qu'on explique ici de l'Afrique, à part les guerres et la maladie ? Moi, quand je pars en Afrique, dans les repas, les gens qui ne connaissent pas l'Afrique me disent Ah, mais ce n'est pas dangereux où tu vas. Ah, mais il y a la variole du singe. Ah, mais il y a la guerre. Ah, mais... Alors que bon, voilà. Ah oui, mais il va y avoir un coup d'État. C'est quand même malheureux, non ? Je ne dis pas il y a, mais enfin, il n'y a pas que ça. Il faut arrêter. Est-ce qu'on voit beaucoup de reportages sur la mode en Afrique ? Déjà, il n'y en a pas beaucoup. Je ne parle pas au JT, mais sur 7 à 8, je n'en ai jamais lu. Je ne dis pas que c'est là qu'il faut qu'il soit, mais... Si, je pense qu'à un moment donné, il y a des sujets qui devraient... Ça, c'est vraiment essayer un petit peu, d'ailleurs je peux le dire, c'est un peu aujourd'hui un de mes objectifs, c'est qu'on puisse arriver à ça. Parce que tant qu'on n'aura pas montré une image positive de l'Afrique, ça va être compliqué. Et pourtant, il y a plein de messages à montrer.

  • Ramata

    Ah non, mais c'est clair, mais après c'est...

  • Thierry

    Je ne veux pas être un peu dur là-dedans, parce que je pense que les gens ont quand même vu les choses différemment. On voit les Miss qui sont venues en Côte d'Ivoire. Ça montre quand même une ouverture. Mais je pense que les médias sont quand même très fautifs. Alors, est-ce que c'est pas... Des fois, les gens disent, oui, mais c'est voulu. Alors, moi, je ne vais pas rentrer là-dedans, dans ce débat-là. Mais le côté positif, on ne le montre pas beaucoup. Moi, je ne vois pas beaucoup de documentaires, même pas un documentaire, mais de reportages positifs, à part les gorilles au Rwanda. Et en plus, j'entends des... Non, mais tu vois ce que je veux dire. En fait,

  • Ramata

    ça va être très anecdotique. Tu as des outils qu'on va avoir. quelques reportages. Il y avait eu Wax in the City, il y avait eu African Style qui est sorti il y a un an, un peu plus d'un an. Mais du coup, ça peut être un très beau documentaire, un très beau 52 minutes qu'on va pouvoir voir. Mais c'est vrai que c'est très ponctuel et c'est des inédits.

  • Thierry

    Oui, c'est hyper ponctuel, mais dans le quotidien, on ne montre pas une image vraiment positive. On ne parle que de guerre.

  • Ramata

    Quand il y a les Fashion Week en Afrique, quand il y a la Dakar Fashion Week en Afrique ou quand il y a la Lagos Fashion Week, quand on est en France, il y a très peu... Enfin, moi, en tout cas, qui recherche l'information ?

  • Thierry

    Moi, je ne vois pas d'écho aujourd'hui de ces événements-là.

  • Ramata

    Tu ne cherches pas, si tu n'es pas dans une dynamique où tu recherches l'information, tu ne vas pas avoir un média mainstream qui, à un moment donné, va aller chercher l'info. Il commence à y avoir... Et quand il y en a, il commence à y avoir un British Vogue ou... Vogue Italie qui vont...

  • Thierry

    Oui, Vogue Italie, ils l'ont fait pour Adama, j'ai vu, mais tu vois, c'est plutôt des... C'est même pas en France.

  • Ramata

    Non, c'est pas la France. Donc, il y a des choses qui se passent, mais c'est souvent après, et donc c'est vraiment couverture de la Fashion Week, mais c'est très bien. Mais c'est vrai que c'est... C'est pas la France. Mais voilà, moi, je suis vraiment dans ce principe de, voilà, si vous n'êtes pas invité à la table, construisez votre propre table. L'idée de mon média Africa Fashion Tour, c'est vraiment aussi de se dire, à un moment donné, on déplore, on identifie qu'il y a un manque, qu'il y a un besoin.

  • Thierry

    Complètement, tout à fait.

  • Ramata

    De la même façon que toi, à un moment donné, tu t'es dit, cette agence RP, je vais l'orienter avec ce côté Afrique parce que je pense qu'il y a un besoin, il y a quelque chose à faire. Moi, l'idée du média, c'est ça, c'est qu'il y a plein de créateurs talentueux, il y a énormément de marques, il y a des créateurs de contenu talentueux, il y a des créateurs de mode talentueux. Mais finalement, le côté un média qui les met en avant, il y a Elle qui revient aujourd'hui, Elle Côte d'Ivoire, mais qui n'avait pas été là pendant plusieurs ans.

  • Thierry

    Avant, c'était juste en digital. Il y a, mais c'est vrai que ce n'est pas évident, parce que s'ils ne sont pas soutenus par des annonceurs, il y en a peu. Moi, ayant travaillé chez Amina, qui était quand même au cœur du marché, même si Amina, ce n'était pas beau comme Elle Côte d'Ivoire, elle est... Bon, c'était quand même le cœur du marché, donc j'ai quand même pu me rendre compte qui mettait de l'argent comme marque en Afrique, tu vois. Et t'en as pas tant. Ah non,

  • Ramata

    mais c'est clair. Mais c'est pour ça que quand on voit que les... Moi, je pense qu'à un moment donné...

  • Thierry

    Les créateurs de contenu aujourd'hui en Afrique, ils ne sont pas tant que ça sollicités en termes de marques internationales.

  • Ramata

    C'est clair qu'il y a un vrai sujet là-dessus pour moi à se dire. Comment réfléchir à d'autres business models ? Comment on fait en sorte que ces magazines-là puissent potentiellement être plus dans une logique de... Que ce soit des magazines dont une partie est payante et que donc... On est des consommateurs qui soient prêts à acheter, non pas dans une logique de soutenir, parce que le côté un peu charité, moi, ça me dérange un peu. On va aider, on va soutenir, on va donner. Mais c'est pour dynamiser. Complètement. Il y a vraiment des sujets là-dessus qui sont intéressants.

  • Thierry

    Un média, pour qu'il soit bon à un moment donné, il faut aussi qu'il ait des rentrées. Ça reprend mon propos du début. Mais si à un moment donné, c'est difficile, tu fais un super magazine, mais que derrière, tu n'as pas de financement, à un moment donné, tu t'essouffles. Tu fais comment ? Et puis, je pense que voilà, il faut que les marques doivent jouer le jeu. Mais je pense qu'en fait, ils ont besoin d'être rassurés. C'est ça. Mais c'est quand même dingue quand on y pense. En tout cas... C'est quand même un travail de... Je n'ai pas envie de dire de longue haleine, mais si,

  • Ramata

    quand même. Je pense qu'il y a vraiment ce côté, quand elles vont faire confiance à un créateur de contenu, elles vont voir quel est son engagement, quel est son nombre d'abonnés ou autre. Moi, mon média aujourd'hui, ce sur quoi je vais être challengée quand j'ai des conversations avec des sponsors éventuels, c'est le nombre de visites, sur quelle requête est-ce que je suis positionnée. À un moment donné, effectivement, il faut faire un travail pour pouvoir être suffisamment visible pour... pouvoir entamer une conversation avec un sponsor.

  • Thierry

    Alors ça, c'est vrai. Et tu vois, ce point-là, moi, c'est un point que j'essaie de travailler justement en RP avec les différents médias et qui n'est pas toujours évident. Parce que tu sais, en RP, tu dois rendre des comptes à ton client et donc tu as eu un article dans tel magazine, on va te dire, OK, mais donne-moi les KPIs. Donc, quelle est la valorisation de l'article ? Combien de personnes il a touchées ? Le site, il a combien de visiteurs unis ? Combien d'impressions ? et les médias, ils sont incapables de nous donner ça. Peut-être parce que ce n'est pas officiel et qu'ils ont peur, mais à un moment donné, ça, je ne veux pas pour ça.

  • Ramata

    Ce n'est pas forcément que ce n'est pas officiel ou que c'est de la peur, c'est que techniquement, si tu n'as pas comment dire, il y a une base technique dans la manière dont tu as construit ton média digital pour pouvoir que ces informations-là...

  • Thierry

    Les chiffres, tu les as de toute façon.

  • Ramata

    Normalement, oui, mais parfois, si tu n'as pas bien paramétré les choses, tu ne les as pas. Donc des fois, parfois, c'est des contraintes techniques.

  • Thierry

    Oui, oui. Et après, je pense qu'ils ne sont pas dans cette dynamique-là non plus.

  • Ramata

    Parce qu'il y a vraiment...

  • Thierry

    Mais moi, je leur dis, faites-le. Faites-le, communiquez-moi vos chiffres. Parce que plus j'aurai de chiffres, plus à un moment donné, on pourra vous proposer aussi à un annonceur pour qu'il mette un peu de budget ou pour qu'il vous reconnaisse, tu vois. Mais après, voilà, je ne sais pas. Si, pour moi, ça, c'est important.

  • Ramata

    C'est important, mais c'est vrai que l'approche, parfois, dans la manière d'aborder son média, c'est plus quelqu'un qui a une passion pour l'écriture, pour la photo ou autre. Mais la dimension business model dont tu as parlé au début, parce que toi, tu as été journaliste et ensuite, tu as eu le côté publicité, il n'y en a pas un qui compte pas cette...

  • Thierry

    Non, non, non. Moi, j'en ai dit le nombre de personnes. En plus, chez Amina... Je voyais passer plein de gens qui disaient, nous, on va créer un magazine, on veut être interviewé dans Amina, parce que tout le monde voulait être interviewé dans Amina. Mais le nombre de personnes qui m'ont contacté parce qu'ils créaient un magazine, ils cherchaient quelqu'un pour la pub et tout. Et en fait, ils venaient vers moi, ils avaient des super idées, mais ça ne tenait pas la route. Tu vois ce que je veux dire ? Il y avait plein d'idées, mais en fait, il n'y avait pas de business plan.

  • Ramata

    Business model.

  • Thierry

    Oui, en fait, ils disaient, oui, je vais faire un... Alors, ils avaient toujours de superbes idées, mais en fait, derrière, je me dis, comment ça va tenir ?

  • Ramata

    Après, en fait, on en revient à moi. Combien de fois j'ai entendu, il faut faire un Vogue Africa, il faut faire un Zara africain, il faut faire un... Et à un moment donné, je me dis, mais en fait, ces business models-là, quand vous regardez bien, Vogue, il est marié avec LVMH et Kering. Donc, du coup, à un moment donné... Qui sont les Kering et les LVMH qui vont pouvoir soutenir votre Vogue Africa ? Parce que pour que ça fonctionne, c'est ça. Bien sûr. Et donc, quand on n'a pas ces notions-là, pour moi, c'est même en mode. Pour moi, il y a vraiment ce sujet dans les grands succès des marques, dans les succès stories, vous avez un profil créatif et vous avez un profil business. Alors, soit vous avez une personne qui a les deux, soit vous avez deux personnes. Et donc, le profil business, il va aller s'assurer que Il y a une certaine structure dans le business et il va mettre des choses en place qui ne sont pas les choses les plus créatives mais qui sont les choses stratégiques. dont on a besoin pour construire quelque chose de solide. Et le créatif, il va s'éclater à faire la partie créa. Mais quand...

  • Thierry

    C'est vrai que ça, en Afrique, c'est vraiment le gros problème. C'est le sujet.

  • Ramata

    Et du coup, moi...

  • Thierry

    Je crée des super trucs, mais derrière, il n'y a rien.

  • Ramata

    Et parce qu'en plus, ces personnes-là, est-ce qu'elles existent ? Mais soit elles ne se rencontrent pas, ou elles sont où les profils les plus, on va dire, business ? avec un mindset business, ils vont vers de l'agro-business. Ils ne vont pas forcément vers les industries culturelles et créatives, ils vont vers la fintech. Et donc, c'est des gens qui peuvent côtoyer les mêmes univers, mais qui, à un moment donné, ne se rencontrent pas dans une logique de Oh, tu as une marque de mode, il y a du potentiel à développer l'industrie de la mode en Afrique. Moi, ce que je déplore aussi par rapport à la mode, c'est vraiment, je pense qu'il y a besoin de… Parce que l'industrie de la mode, il y a les RP, il y a les créateurs de contenu, il y a les médias, il y a l'usine. Et en fait, aujourd'hui, on a beaucoup de créateurs, de designers, de stylistes, mais finalement, agence RP, il n'y en a pas tant que ça. Créateurs de contenu aussi, il y en a beaucoup, mais finalement, si on n'a que les créateurs de contenu et que les designers, c'est très bien, mais si on n'a pas, à un moment donné, des usines ou des moyens pour valoriser les savoir-faire, et puis si on n'a pas des agences RP qui vont naître en avant. ces marques et ces créateurs de contenu, si on n'a pas non plus toute la partie distribution, des experts pour construire les gros magasins et s'assurer de la stratégie pour les dupliquer dans plusieurs pays différents. En fait, pour moi, c'est comme si on avait plusieurs wagons d'un train, mais qu'il en manquait certains pour que vraiment, on arrive à quelque chose qui fonctionne de manière beaucoup plus fluide.

  • Thierry

    Oui, mais c'est un peu le problème de l'artiste qui est centré sur le livre, qui peut créer, qui peut être le plus beau des poètes, mais si personne ne te montre, les gens ne vont pas venir vers toi. Surtout aujourd'hui, où il y a tellement d'informations, tellement de concurrence, c'est devenu primordial. Après, j'en ai parlé justement quand j'étais au Mali, il faut que les gens aussi se disent, et... Je ne dis pas d'avoir une stratégie où tu as passé trois mois dessus, mais une petite stratégie et tu te dis, voilà, j'ai un petit budget ou j'ai un plus gros budget. Et dans mon business plan, j'ai un poste, une enveloppe pour la communication métier dans le CILI. Moi, je n'en connais pas beaucoup.

  • Ramata

    En fait, il y a, mais ça va être Ibrahim Fernandez. C'est des gens qui sont installés déjà. Oui,

  • Thierry

    mais ils sont déjà installés. Ils se démarquent, mais ça commence, mais peu. Tu vois, il y en a un, Patéo, qui est quand même un doyen de la mode. Lui, il avait compris en ayant des boutiques un peu partout. Et tu vois, j'ai discuté avec lui dernièrement, il y a quelques semaines. Il me dit, oui, mais si je ne faisais pas ça, je mourrais. Et puis,

  • Ramata

    mine de rien, le coup de j'habille des personnes influentes et chaque fois qu'elles sont prises en photo quelque part, elles ont une de mes chemises. À un moment donné, Pathéo, c'est lui qui nous a appris l'influence le premier.

  • Thierry

    Ah mais lui, il était avant tout le monde. C'est pour ça que moi, je... Tu vois, par exemple, pour te dire, j'ai accompagné les galeries. directeur de l'international et le chargé de marché Afrique, je me suis dit, il faut qu'il rencontre Pateo. C'est le genre de choses que j'organise aussi au-delà des acteurs plus business, on va dire. Ce que j'aime mettre en place aussi, encore une fois, comme je disais, il faut que les gens communiquent. Après, il faut avoir ton client qui est ouvert aussi. Parce que s'il n'est pas ouvert, ça ne sert pas à grand-chose. Mais bon, en règle générale, si tu connais bien ton client, tu sais avec qui tu... tu peux le mettre et chacun va apprendre. Mais c'est vraiment primordial. C'est la base de la communication, de toute façon. Et il faut que les messages passent. Il faut vraiment faire dialoguer les cultures.

  • Ramata

    Je pense que ce sera le mot de la fin, cette histoire de faire dialoguer les cultures. Je pense que c'est effectivement le chemin que tu prends et la manière dont tu mènes ta marque dans cette volonté de... de promouvoir des industries culturelles et créatives et de créer des ponts entre des populations qui se connaissent.

  • Thierry

    pas forcément, ou qui se connaissent mal et qui ont des... Je pense que ta démarche, elle est super intéressante et je suis ravie d'avoir eu l'opportunité de pouvoir prendre ce moment pour échanger avec toi et en savoir plus sur ta manière de travailler, ton parcours et aussi, quelque part, ton engagement. Parce que ce que tu évoques là, quand tu dis, voilà, moi, je vais aussi organiser des entrevues entre... Voilà, des cadres de... grande boîte occidentale avec un créateur de renommée internationale, enfin un créateur en tout cas de renommée à forte notoriété en Afrique. Je pense que c'est ce genre de rencontre-là aussi qui marque les esprits de ces personnes-là et qui en fait vont faire bouger les choses parce que ce genre de rendez-vous-là, on s'en souvient en fait.

  • Ramata

    Absolument. Mais je pense que tu disais, c'est vrai que tu as raison, on se dit... Oui. des populations qui se connaissent mal, mais je pense qu'on va dire, plutôt, elles ont besoin de mieux se connaître, comme ça. Voilà, je pense que c'est ça, en fait. Et puis, mais bon, encore une fois, il faut prendre aussi son temps, tu vois. Et en Afrique, par exemple, si tu vas voir quelqu'un comme Patéo, si tu restes deux heures, tu restes deux heures, tu vois. Il ne faut pas non plus dire, ah, j'ai qu'une demi-heure. Ah oui, ben oui. Ah oui, non, non,

  • Thierry

    ça va clairement non plus.

  • Ramata

    Ouais. mais voilà écoute je te remercie beaucoup je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs j'espère en tout cas merci à toi Ramata d'avoir contacté je suis ravi écoute ravi également à très bientôt au revoir à bientôt salut merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à la mode africaine et son imprévisibilité

    00:54

  • Présentation de Thierry Bernat et de son parcours professionnel

    01:59

  • Les défis du journalisme et de la communication en Afrique

    04:59

  • L'impact d'Internet sur le journalisme et les médias en Afrique

    11:00

  • Stratégies de communication pour les marques en Afrique

    18:21

  • L'importance de la culture et des relations humaines dans le business

    39:51

  • Conclusion et réflexions sur l'avenir de la mode en Afrique

    01:19:53

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Description

Quelles sont les clés d'une stratégie de relations presse et d'influence réussie en Afrique ?


Thierry Bernath, expert en la matière et fin connaisseur du marché africain, partage son expertise dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De son expérience chez Amina à la création de son agence, il nous dévoile les rouages d'une communication efficace sur le continent.

Il insiste sur l'importance de comprendre les spécificités culturelles locales et d'adopter une approche authentique, en opposition aux stratégies "copier-coller" souvent inefficaces. Son analyse offre un éclairage précieux sur les enjeux et les opportunités pour les marques qui souhaitent rayonner en Afrique. Dans cet épisode, Thierry Bernath aborde également l'évolution du paysage médiatique, le rôle des agences de presse et les subtilités de l'influence marketing. Un entretien pour tous les professionnels de la communication et les acteurs des industries créatives africaines.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Thierry

    On dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qui ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années, on a une expertise. Mais après, l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait, plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique, c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire. C'est que je trouve que voilà, comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le top, mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses pour lesquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Thierry Bernat. Thierry est expert en relations presse, influence et partenariat à la tête de sa propre agence depuis plus de six ans. Il est également spécialiste de stratégie marketing en Afrique. Il a été directeur de la communication du média Amina pendant plus de douze ans. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse partager ses perspectives du marché des industries culturelles et créatives africaines. Bienvenue Thierry, comment vas-tu ?

  • Thierry

    Bonjour Amata, très bien. Bonne fête, on est en période de fête encore. Voilà, écoute, tout va bien. Je ne savais pas trop quoi te dire, en fait. Ravi que tu m'aies invité sur ton podcast. Ça nous permet aussi de faire connaissance, parce qu'on se connaît par les réseaux, par personnes interposées, et je suis ravi de pouvoir répondre à tes questions aujourd'hui et de pouvoir éclairer aussi un public. sur mes activités en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, c'est normal. Au début, quand je commence un petit peu les interviews, il y a toujours ce moment un peu de battement, de je ne sais pas quoi dire.

  • Thierry

    Tu vas coincer.

  • Ramata

    Donc, ça arrive à chaque fois. On se dit, mais finalement, alors que bon. Et après, c'est vrai qu'on n'est pas souvent confronté à cet exercice de devoir un peu se livrer, se raconter en général. Surtout, toi, tu es en RP. Tu es plutôt là pour promouvoir les autres, en fait, pour les mettre en avant. et finalement, toi, tu es plutôt parfois dans les coulisses.

  • Thierry

    On est souvent derrière, mais on est aussi tout le temps en contact avec les gens, ce qui est passionnant dans ce métier, mais qui peut aussi prendre beaucoup d'énergie. Après, c'est vrai qu'on essaye de ne pas trop prendre position, même si je pense qu'aujourd'hui, on a le droit aussi d'imposer ses idées, même si on travaille en tant qu'RP. Après, effectivement, l'idée, c'est de faire fonctionner une marque, de mettre en avant les représentants de cette marque et donc de travailler plutôt en sous-marin pour que tout fonctionne au mieux. Après, ça reste quand même un métier de contact. Donc, on est régulièrement en relation avec les gens. Les relations, ça s'entretient. On se rend régulièrement aussi à des événements, donc on a quand même l'habitude de se montrer finalement, même si on reste discret.

  • Ramata

    Très bien.

  • Thierry

    En tout cas, c'est mon point de vue, et je pense que c'est aussi comme ça que ça marche. Mais après, c'est vrai que l'idée, c'est de penser d'abord à son client avant de penser à soi.

  • Ramata

    Tu vas pouvoir en tout cas, pendant cette interview, nous expliquer en détail ce que c'est que le métier. des relations presse, et puis aussi comment est-ce que toi, tu l'envisages avec une perspective africaine. Donc, on va commencer cet échange par, je vais te demander, en fait, c'est la question un peu que je pose à tous mes invités, je vais te demander de te présenter.

  • Thierry

    Ok, donc moi c'est Thierry Bernat, j'ai 49 ans, donc j'ai déjà fait un petit bout de chemin. Je suis Suisse et Français, j'ai vécu en Afrique, j'ai une partie de ma famille qui est africaine, parce que mon père s'est marié plusieurs fois, s'est marié cinq fois. Il a eu deux femmes européennes et trois femmes africaines. J'ai fait des études de journalisme, donc moi en fait j'ai commencé comme journaliste, j'ai fait un master en journalisme à l'ULB à Bruxelles. Et puis, le journalisme, c'est bien, mais c'est vrai que ça répondait pas trop à mes attentes, dans le sens où le traitement n'était pas très bon par rapport à tout ce qu'on vous demande. On ne vous met pas toujours dans une situation très confortable, notamment au niveau matériel. Et donc, du coup, de fil en aiguille, en fait, je travaillais pour France Télévisions. Pas du tout sur l'Afrique, je voulais travailler sur l'Afrique. Puis j'ai répondu à une annonce qui cherchait des chefs de publicité pour l'Afrique, pour une régie publicitaire. Alors moi, ayant fait des études de journalisme, je ne m'avais jamais appris le fonctionnement d'un média en termes de recettes, de recettes publicitaires. Donc c'était nouveau, mais comme je connaissais bien l'Afrique, j'ai été pris et ça m'a permis d'avoir une nouvelle dimension des médias. C'est-à-dire que moi, j'avais la dimension journalistique, en ce temps que je trouvais que le métier de journalisme commençait malheureusement à être... être de moins en moins valorisé par rapport au temps et aux capacités qu'on te demande. Et bon, donc du coup, je me suis lancé dans l'aspect plus commercial des médias, à savoir comment on vend des espaces publicitaires pour renflouer les caisses d'un média et pour le faire vivre. Parce que finalement, un média aujourd'hui, c'est la diffusion, les recettes publicitaires et le contenu journalistique. Mais les trois sont liés. Donc, ça m'a permis d'avoir une vision 360 degrés d'un média. Et c'est comme ça, de fil en aiguille, que je me suis retrouvé chez Amina, à travailler pendant 12 ans, où je n'ai pas uniquement travaillé sur la direction de la publicité, mais également sur la direction de la communication, avec tout ce qui était partenariat, mise en place des thématiques, des dossiers, mise en place des shootings, des couvertures, proposition de personnes à mettre en couverture. Puisque, encore une fois, je le répète, un média, c'est un tout. Il y a un contenu, il y a une diffusion, mais il faut le vendre. Donc, il faut des sujets vendeurs, tout en respectant une charte journalistique. Donc, voilà comment, de fil en aiguille, j'ai fait mon chemin. Et puis, après, à un moment donné, j'ai décidé de me mettre à mon compte. Alors, c'est vrai que j'avais fait mon chemin, j'avais un bon carnet d'adresses. Pour moi, c'était un peu la condition sine qua non avant de me mettre à mon compte. Et j'ai décidé... de créer mon agence. Après, les RP, c'était pas... En fait, j'avais une expertise sur le marché de l'Afrique. Je connaissais les marques, je connaissais les événements importants en Afrique, je connaissais les acteurs, enfin une partie, mais je ne savais pas exactement où j'allais. Je voulais mettre à profit mon expertise. Et puis, en fait, j'ai eu des demandes assez rapides de RP, donc de relations presse, mais quand je dis... Les RP, ce n'est pas que les relations presse, c'est les relations publiques. C'est aussi tout ce qui peut être mis en contact avec des acteurs importants sur un marché pour une marque, pour sa notoriété. Et puis, quand j'ai monté mon agence, c'était en 2018. C'était vraiment le moment où l'influence digitale avait vraiment pris les devants sur le print. Parce que moi, je travaillais pour un magazine print. Et donc du coup, très vite aussi, j'ai été amené à faire de l'influence marketing, qui aujourd'hui est toujours en plein essor. Elle évolue très rapidement, parce que l'influence marketing, c'est très vaste, puisque contrairement à un média, aujourd'hui les créateurs de contenu sont des médias, puisqu'ils ont un public et on peut faire passer un message à travers eux, mais ça reste des individus. Un média, c'est une entité. Donc du coup, la... l'aspect subjectif prédomine, tout en sachant qu'il faut quand même faire passer un message assez généraliste. Donc c'est toute la subtilité de l'influence et c'est ce qui fait aussi qu'aujourd'hui, le monde des créateurs de contenus évolue très rapidement. Qui plus est, à une époque, on privilégiait certains réseaux sociaux comme Instagram qui reste, je pense, comme elle toujours aujourd'hui. un des réseaux qui prédomine dans le marketing. Mais aujourd'hui, on fait du Snapchat, on fait évidemment du TikTok, on fait du LinkedIn, un réseau professionnel qu'il ne faut absolument pas négliger, même dans l'influence. Donc, voilà. Alors, je ne sais pas si j'ai répondu à toutes tes questions parce que je suis arrivé à l'influence, mais tu vas pouvoir me reprendre peut-être un matin.

  • Ramata

    Alors, tout à fait, tu nous as fait une overview assez large de tes différentes expertises et compétences. Ce sur quoi j'aimerais un peu revenir, c'est que tu parles d'une évolution du métier de journaliste et tu parles aussi du business model des médias. J'aimerais que tu puisses revenir un petit peu là-dessus, parce que pour un public qui n'est pas sachant de ce secteur, c'est bien de remettre les choses en perspective sur quels sont les challenges que peut rencontrer un journaliste aujourd'hui par rapport à il y a plusieurs années. notamment avec l'impact des réseaux sociaux. Et puis, c'est quoi le business model du média ? Tu l'as évoqué un peu brièvement, mais du coup, qu'on est bien en tête. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, on dit qu'il y a une crise du média et que c'est de plus en plus difficile de vendre du print ? Est-ce que toi, tu peux nous éclairer sur ces questions-là ?

  • Thierry

    Oui, bien sûr. Je pense que c'est l'avènement d'Internet qui a mis vraiment mal le métier de journaliste, puisque c'est vrai qu'aujourd'hui, avec Internet, on peut recueillir plein d'informations sans qu'un journaliste aille sur le terrain. Après, ce n'est pas une bonne chose parce qu'une information de terrain reste la meilleure information. Mais c'est vrai qu'Internet a permis aussi aux médias de se dire qu'avec moins de moyens, on peut déjà avoir une information. On n'est pas obligé d'envoyer une personne physique sur le terrain, vérifier les choses. Ça prend plus de temps, ça coûte de l'argent parce qu'il y a des frais, surtout s'il part à l'étranger. Donc, il y a un monde. Donc voilà, moi c'est vrai que je voulais vraiment faire du journalisme, mais j'étais un peu candide, je voulais faire du vrai journalisme. Et le problème c'est que le vrai journalisme, il n'a plus beaucoup sa place aujourd'hui. C'est un peu la cerise sur le gâteau, parce que faire du vrai journalisme, ça demande beaucoup de moyens. Et les médias aujourd'hui, il y a très peu de médias qui peuvent payer des vrais journalistes. Pourquoi ? Parce que les recettes publicitaires ont diminué. Alors là, tu parlais du print. C'est vrai qu'aujourd'hui, avec le digital, on ne met plus autant d'argent sur le print. Donc ça, c'est une première chose. Et puis, quand je te parlais justement, quand tu voulais que je développe en fait le business model d'un média, on va parler en tout cas du média print, puisque c'est quand même celui que je connais le mieux à la base. Un média, pour qu'il se vende, il faut qu'il ait des bons journalistes, puisqu'il faut du bon contenu. Mais ensuite, s'il a du bon contenu, il faut de l'argent parce qu'il faut les payer, ces bons journalistes. Et pour les payer, il faut de bonnes recettes publicitaires. Et les recettes publicitaires vont avec une bonne diffusion du média. Si ton média est diffusé à un million d'exemplaires, tu pourras vendre ta page de publicité plus cher qu'un média qui est vendu à 100 000 exemplaires. Et donc, tu pourras mieux payer tes journalistes. C'est un cercle, en fait. C'est le business model des médias, mais qui aujourd'hui, malheureusement, ne fonctionne plus de la même manière. Pourquoi ? Parce que les gens achètent beaucoup moins de magazines papiers avec Internet. Et donc, du coup, ces médias-là souffrent. Alors, ils se sont développés différemment en faisant, en développant beaucoup plus le digital, en demandant également à leurs journalistes de devenir, en quelque sorte, des créateurs de contenu. Si tu prends par exemple la presse beauté, la plupart des jours, pas la plupart, mais beaucoup de journalistes en vue, sont également un peu créatrices de contenu et font la promotion du média. Et puis, il y a le côté événementiel. C'est qu'aujourd'hui, un média, pour qu'il vive, il faut qu'il soit présent sur des événements ou qu'il crée des événements. C'est-à-dire qu'un média print à part entière aujourd'hui ne se suffit plus. Et puis, c'est vrai que les gens se contentent beaucoup. de ce que tu as sur Internet, qui n'est pas une très bonne information, au final. C'est vrai que tu peux quand même récupérer, si tu es un peu averti, aguerri, tu peux quand même récupérer une bonne information sur Internet, mais quand tu achètes un magazine papier, tu ne vas pas lire l'information de la même manière, tu ne seras plus posé, les articles seront plus longs, parce qu'on peut faire faire des articles plus longs sur du papier que sur Internet, ça se lit plus facilement, et donc, du coup, on développe mieux les choses. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'avec la concurrence des réseaux sociaux, la concurrence même des sites Internet, il est difficile de placer le papier au même niveau que ces autres médias.

  • Ramata

    Très intéressant. Et toi, à un moment donné, tu évoques le fait que toi, tu voulais être un vrai journaliste. Qu'est-ce que tu entendais par là ? Quels étaient les critiques sur lesquelles toi, tu avais...

  • Thierry

    Je me rendais prétentieux, quoi. Non, mais ce que je voulais dire... Moi, j'étais un peu déçu parce que j'ai travaillé en télé. J'ai fait un stage en presse écrite, j'ai fait un autre stage chez BFM en radio, et après j'ai travaillé en télé, je sais pas en télévision, et en fait je me suis rendu compte que l'image primait. Et finalement, même si t'avais le bon message, t'avais la bonne information, si t'avais pas les images et que ça allait pas faire d'audimat, c'était pas intéressant. Alors ça c'est un peu le business model de la télé. Alors ouais, je peux le dire, c'était... Dans les années... C'était début 2000. Et je parle pourtant du service public. Mais on était quand même dans cette dynamique-là. Donc, imagine ce que c'est dans le service privé. Donc, du coup, c'est vrai que moi, ça, ça m'a beaucoup fait réfléchir. Et je me suis dit, c'est pas fait pour moi. Mais c'était le monde de la télé. Donc, le monde de la télé, c'est encore un peu particulier. Mais d'une manière générale, Je me suis rendu compte qu'en fait, un journaliste, s'il voulait prendre du temps, personne n'allait vraiment lui payer ce temps. Et quand on veut bien écrire, enfin quand je dis bien écrire, c'est une chose, mais avoir la bonne information, il faut prendre son temps. Et il y a malheureusement très peu de médias qui donnent ce type de traitement aujourd'hui aux journalistes. Ou alors à très peu de journalistes dans une équipe. Donc je dirais, moi je pense que ce que je voulais, c'était faire du journalisme d'investigation. Donc déjà, il y a très peu de postes. Et puis après, c'est vrai qu'avec l'évolution, moi, je suis arrivé à un moment... Enfin, moi, Internet, je crois que j'ai commencé à me mettre dessus à la fin de mes études, pour te dire. On commençait à nous sensibiliser à Internet, à tout ce qui était multimédia. Mais en fait, on ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire. Aujourd'hui, ça prend tout son sens. Mais il y a 30 ans, c'était encore quelque chose de très abstrait. Et donc, du coup, c'est vrai que le métier de journalisme, pour moi, tel que je l'entendais, je pense que j'étais encore sur une image presque romanesque, on va dire, du journaliste. Et en plus, avec tous les changements qui s'opéraient à ce moment-là, j'ai pu trouver ma place. Mais bon, par contre, tu vois, je me suis retrouvé à être toujours très proche des journalistes, à l'être toujours, en partie, parce que quand on fait des RP, on doit d'abord... comprendre le journalisme, je pense. En tout cas, pour moi, c'est primordial. Et donc, c'est ce que je fais. Et puis après, on est toujours proche des médias, on est dans la dynamique des médias. Il faut s'entendre, il faut avoir un bon rapport avec les journalistes et comprendre leur mode de fonctionnement et comprendre aussi comment fonctionnent aujourd'hui les médias, chaque média, chaque média a sa ligne éditoriale. et son mode de fonctionnement. Et donc, je dirais que finalement, c'était un mal pour un bien. Parce qu'aujourd'hui, avec le métier que je fais, le journalisme, je connais, puisque c'était mon premier métier.

  • Ramata

    Très bien. Là, j'ai envie que tu puisses nous parler un peu plus en détail, en fait, de tes fonctions chez Amina. Puisque là, ce qu'on comprend, en tout cas, par rapport à ton profil, c'est que tu as une bonne connaissance, en fait, de... du fonctionnement des médias, que ce soit print ou que ce soit télé en France. Et du coup, des médias plutôt qui s'adressent à une population francophone française, quand tu parlais de BFM ou de France TV.

  • Thierry

    Oui, c'était au début. C'est vraiment mon début. Mais c'est pour ça que j'ai changé, en fait, aussi. Quand j'ai lu cette annonce qui cherchait des chefs de publicité spécialisés sur l'Afrique, je me suis dit... je vais me mettre dessus, au moins je serai en lien avec l'Afrique. Parce que c'est vrai que, comme je le disais au début de l'interview, j'ai un lien assez fort avec l'Afrique. On peut peut-être en parler maintenant, je pense que c'est le bon moment. Parce que d'une part, j'y ai vécu, mais il ne suffit pas d'avoir vécu en Afrique. C'est déjà une très bonne chose pour y être attaché. Mais après, c'est vrai que moi, j'ai une famille métissée, si tu veux. En fait, on est dix enfants dans ma famille. Et avec cinq femmes différentes, il y a six métisses. Quatre métisses, moitié Suisse, moitié Ivoirien. Et deux, moitié Gabonais et moitié Suisse.

  • Ramata

    D'accord. Et du coup, tu as grandi dans une famille comme ça, très cosmopolite et très ancrée. J'imagine à la fois d'un côté au Gabon et d'un autre côté en Côte d'Ivoire ?

  • Thierry

    Oui. Alors le Gabon, c'était après. D'abord, c'était la Côte d'Ivoire, parce que moi, j'ai vécu en Côte d'Ivoire. Mais effectivement, j'ai été... En fait, je me suis retrouvé dans une famille métissée. Donc, du coup, c'était... Ce n'est pas toujours évident, honnêtement, parce que ça a commencé quand j'étais adolescent. En plus, mes parents se sont séparés en Afrique, c'était un peu compliqué. Et puis, les cultures sont différentes. Et donc, du coup, j'ai été confronté à la culture africaine dans ma famille. Donc, ce n'était pas si facile quand j'étais adolescent. Ça demandait quand même une grande ouverture d'esprit. Et puis, c'était des enfants un peu à droite et à gauche. Donc, il fallait avoir une bonne ouverture d'esprit. Et puis, il fallait remettre de l'ordre en soi, en fait, parce que c'était quand même un peu bordélique. Mais c'est vrai que c'est ça qui m'a donné cet amour. Et je pense aussi le fait, cette assurance de me dire, je peux faire quelque chose. avec l'Afrique. Moi, j'ai toujours aimé l'Afrique parce que ça a bercé mon enfance. Et puis, l'Afrique, on est proche de la nature, c'est des émotions que je trouve beaucoup plus fortes. Pour moi, on vit plus en Afrique. Donc, ça, j'ai déjà senti très jeune. Et puis, après, c'est vrai qu'ayant baigné dans cette culture-là, qui m'était un peu imposée, finalement, c'est pas moi qui l'avais choisie, c'est pas moi qui avais décidé de partir en Afrique. ou d'avoir une famille métissée. Du coup, je me suis posé pas mal de questions et puis j'ai essayé de comprendre les différences culturelles, comment on peut dialoguer ensemble, comment on peut avancer ensemble. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je mets... Ça, c'est mon histoire, mais c'est important que j'en parle. Mais c'est vrai que... Dans mon travail, au sein de mon agence, je mets mon expertise, je demande de cette connaissance du marché approfite pour toute marque qui cherche à communiquer en Afrique. Ça, c'est pour les marques qui sont basées en France. Par exemple, je suis l'agence pour les clientèles africaines des Galeries Lafayette et c'est vrai que je mets en place tant une approche RP que des activations en influence marketing, que des partenariats avec l'Afrique. Je pense qu'il est vraiment important de donner une dynamique à ce marché. La dynamique vient d'où ? Elle vient d'un bon fonctionnement des choses. Une équipe qui est dynamique, c'est une équipe où les différents membres de l'équipe s'entendent bien. C'est comme un moteur qui fonctionne bien, c'est parce que toutes les pièces du moteur fonctionnent. et communique entre elles. Et donc, pour moi, c'est vraiment important et c'est comme ça que je le vois aujourd'hui et c'est ce que je propose au sein de mon agence. Il est vraiment important de dynamiser ce marché par une optimisation de la communication. Et pour optimiser cette communication, il faut que chacun se comprenne. Et pour ça, il faut savoir écouter l'autre. Je ne dis pas parce que ça paraît évident, mais moi, ayant quand même pas mal travaillé sur le marché africain, depuis maintenant quand même, alors au-delà de ma connaissance, parce que finalement, je connais l'Afrique depuis plus de 40 ans, parce que je suis arrivé à l'âge de 5 ans, mais c'est vrai que j'ai vu beaucoup de marques essayer de se mettre sur le marché africain, mais qui finalement ne cherchaient pas vraiment. Alors, ce n'était pas leur faute, mais je pense qu'en fait, pour le comprendre, il faut baigner dans la culture. ou en tout cas s'y approcher d'une manière ou d'une autre. Donc voilà, c'est ma façon de voir les choses et c'est ce que je mets en place à travers l'agence Thierry Bernat-Herpé.

  • Ramata

    Ce que je trouve intéressant, en tout cas dans ce que tu dis, c'est cette approche de marques extérieures au continent africain qui vont pouvoir s'intéresser aux consommateurs africains, mais finalement ne pas forcément avoir une approche où elles vont chercher à le connaître, à le comprendre et à peut-être adapter. adapter leur stratégie de communication, il y a un petit peu une forme de je vais faire un copier-coller, je vais dupliquer ce que je fais déjà ailleurs. Et puis, si ça ne fonctionne pas, parfois, c'est un marché qui n'est pas assez mûr.

  • Thierry

    Et je me retire quand ça ne fonctionne pas. Je me retire. C'est ce qui arrive avec beaucoup de gros groupes.

  • Ramata

    C'est ça. Mais alors qu'en fait, le travail n'a peut-être pas... L'approche, en fait, de déploiement sur le continent africain n'a pas été faite avec une volonté vraiment de... On prend des experts sur le terrain, on fait vraiment un travail de... On change nos supports de communication. Moi, j'ai pu voir certains centres commerciaux où on va avoir des boutiques, la Halle par exemple, où... Toutes les photos, c'est des photos qu'on pourrait voir dans un laal en banlieue parisienne. Et finalement, on se dit, mais il y a... Alors, ça date un peu, ce dont je parle. Je ne sais pas si ça a évolué depuis, mais c'est vrai qu'il y a quand même... Quand on veut intégrer un territoire, il y a un travail à faire de connaissance des habitudes de consommation et de...

  • Thierry

    Complètement. Et puis, on ne peut pas imposer son modèle. C'est comme deux personnes qui cherchent à communiquer ensemble. Quand il y en a une qui impose sa façon de penser, ça va bloquer l'autre. Quand on ne se connaît pas, en règle générale, quand tu rencontres quelqu'un, et puis que la personne est trop imposante dans ses propos, en règle générale, ça va te bloquer. Tu n'as pas trop envie de continuer la discussion. Donc, c'est un peu la même chose. Après, il n'est pas facile à comprendre, le marché africain. Moi, je trouve qu'il y a beaucoup de spécificités. Parce que l'Afrique est très forte. Elle garde beaucoup d'elle-même, eu égard à tout ce qu'on peut dire, mais elle a des spécificités vraiment propres à elle. Et je pense que quand on veut travailler avec elle, il faut y mettre beaucoup de sien. Peut-être plus encore que sur d'autres marchés. Parce qu'elle est très authentique, l'Afrique.

  • Ramata

    Et alors moi, le parallèle parfois que je fais, c'est que je trouve qu'il y a des marques de luxe. En tout cas, moi, c'est vraiment un domaine... luxe mode que je connais bien, qui quand il s'agit du marché asiatique, Corée, Japon, Chine, il y a des efforts qui vont être faits parce que c'est des cultures qui sont totalement différentes de la culture occidentale et elles vont vraiment aller faire le travail de chercher à comprendre le consommateur chinois, on va chercher à comprendre cette population-là parce qu'on sait qu'elle a le pouvoir d'achat, qu'elle a les moyens et que ça peut être bénéfique pour nous. Et cet investissement-là, on est prêts à le faire. Et c'est vrai. par rapport à l'Afrique, il n'y a pas le même engagement, je trouve, de certaines marques. Alors, on commence à voir des choses, ça commence à bouger. Et notamment, je pense que ton agence, elle fait partie vraiment des leviers qui permettent à certaines marques de faire les choses bien. Mais je trouve que les marques, elles savent comment, finalement, pénétrer un nouveau marché. Elles ont le playbook. Mais c'est vrai que vis-à-vis de l'Afrique, il y a un peu… J'entends beaucoup ce que tu évoquais là, mais ce n'est pas facile, ce n'est pas évident, on ne sait pas comment faire. Déjà,

  • Thierry

    il y a très peu d'insights. Alors moi, je te dirais quand même, comme je travaille quand même avec des groupes qui, en règle générale, travaillent également sur l'Asie, l'Asie, il y a 20 ans, 30 ans, c'était à peu près la même chose. Tu prends la Chine, il n'y avait pas d'insight, on ne savait pas trop où on allait, on investissait un peu comme ça. Et finalement, après, ça s'est développé parce qu'il y a aussi une classe moyenne qui était plus importante et les gens ont mieux compris le marché. Donc, je pense que c'est une question de temps déjà parce que l'Asie en est à un autre stade de développement. Aujourd'hui, il faut quand même le dire. Mais tu prends le marché... d'Amérique latine. Moi, je discute, je suis en contact avec une agence qui travaille en Amérique latine pour le même client que moi. Moi, je travaille pour l'Afrique. Et en fait, il y a aussi beaucoup de similitudes. Sauf que l'Amérique latine aussi est quand même dans une phase de développement déjà plus... Ça fait un peu plus de temps, si tu veux, qu'elle se développe. Moi, je pense qu'il ne faut pas oublier que... L'Afrique, c'est ancestral, mais les indépendances, elles sont quand même encore très récentes. Et on demande beaucoup à l'Afrique. On demande beaucoup de choses, il faut laisser du temps. Et puis, l'Afrique ne fonctionne pas comme les autres, et je pense qu'elle n'a pas envie de fonctionner comme les autres. Et c'est là où je disais qu'elle est plus authentique. Moi, j'ai l'impression que l'Asie est plus docile. Je ne sais pas si on apprécie ce terme ou pas, mais plus docile dans la dynamique. internationales, on le voit dans le mode de production. Ils sont très suiveurs, ils ont l'habitude d'avoir... Ils fonctionnent un peu à la chaîne. Ils produisent, ils produisent, ils produisent. Après ça, c'est la pensée unique, c'est le modèle occidental. Mais moi, je ne suis pas certain que c'est le modèle que l'Afrique va développer. Elle le développera, mais à sa manière. Tu sais, je t'en ai parlé quand tu m'avais contacté. pour l'interview. J'ai été invité au Forum de la mode et du design de Bamako fin novembre. L'idée, c'était de réinventer la thématique, c'était réinventer une mode pure, responsable et durable en Afrique. Et on a eu beaucoup de discussions et moi, j'étais le seul venant d'Europe à ce forum. Enfin, le seul qui n'est pas d'Afrique, en fait. Même si en partie, je suis un peu africain. Je parlais quand même à un moment donné des possibilités, mais d'une manière très positive, de développer la mode en Afrique en jouant un peu sur les économies d'échelle. produisant plus. Et finalement, j'avais beaucoup... J'ai eu à un moment donné, d'ailleurs, une discussion très intéressante avec quelqu'un, une personne que j'ai beaucoup appréciée, qui m'a dit, mais Thierry, arrête de penser comme un blanc. Et elle n'avait pas tort, en fait. Et pourtant, pour te dire, je connais quand même l'Afrique. Et elle me dit, on ne fonctionne pas de la même manière sur beaucoup de points. Et c'est vrai que sur la mode, tu vois, j'en suis arrivé à me dire que finalement, ce n'était pas non plus la solution que de demander à l'Afrique de développer sa mode en produisant plus. Peut-être qu'il faut rester sur un marché plus artisanal, mais moderne, avec des créations uniques, et que c'est ça aussi la force de l'Afrique et de sa mode. Parce que c'est vrai que l'Afrique foisonne de stylistes, il y a énormément de créations, l'Africain est beaucoup plus dans l'irrationnel, c'est un artiste beaucoup plus que l'occidental, en tout cas selon moi, parce que justement, on lui met moins de bâtons dans les roues. il est dans un schéma où il y a encore toutes les portes ouvertes et je pense qu'il a tout intérêt à ne pas prendre le chemin de l'industrialisation tel que nous on l'a développé ici en Occident.

  • Ramata

    Je suis complètement alignée avec ça, d'autant qu'aujourd'hui on connaît les limites de l'industrialisation.

  • Thierry

    Absolument, on le voit chez nous, donc je pense qu'il nous regarde.

  • Ramata

    Donc on sait déjà comment le film se fait. on ne va pas dire se finit, mais en tout cas, on sait quelles sont les évolutions néfastes qu'il peut y avoir dans le secteur de la mode. Et je te rejoins complètement sur, que ce soit au niveau des créatifs, mais que ce soit même au niveau des consommateurs, il y a une uniformisation de la mode en Occident qui est on va produire en quantité le même pantalon noir, le même blazer noir, là où en Afrique, que ce soit à Dakar, à Lagos, à Accra, on est vraiment dans une dynamique où chaque créateur a une volonté de chaque collection. Il y a un certain nombre de bases de produits qui sont les mêmes, mais après, c'est l'opportunité de renouveler, de changer, d'apporter de la fraîcheur, et donc, on est vraiment dans une dynamique où on n'est pas dans cette logique de Pantone a sorti la couleur de l'année, qui est le choco, donc tout le monde va faire du choco Maintenant, en fait...

  • Thierry

    Il faut faire travailler les artisans en Afrique, c'est tellement important. Enfin, moi, j'étais au Mali, qui est vraiment le pays de l'artisanat, parce que le textile au Mali, mais toutes les femmes qui tissent, le tissu, tout ça, il faut surtout surtout pas les sortir de la chaîne aujourd'hui. Ce n'est pas comme ça qu'on va développer, on ne va pas les mettre au chômage. Tu vois ce que je veux dire en disant on fait une usine, ou est-ce qu'on l'a fait l'usine ? Donc du coup, je pense que voilà, en tout cas pour moi, ce n'est pas dans l'ADN de l'Afrique. Et plus je réfléchis, je dirais, et plus le temps passe, plus je me rends compte que l'Afrique a tout intérêt à ne pas se développer de cette manière-là. Aujourd'hui, il y a une vraie assurance. Les gens ont confiance en eux. Je pense qu'on est en bonne voie. Avant, il y avait un petit peu, on doit suivre les autres. Finalement, on se rend compte que nous, ce qu'on fait, ça peut plaire comme ça et c'est notre force.

  • Ramata

    On se rend compte aussi de notre propre valeur parce que les projecteurs sont tournés vers des créateurs africains et il y a une vraie volonté de les mettre en avant. Il y a des fashion week qui... sont à Dakar. La Fashion Week, elle a plus de 20 ans. Les Ghost Freakers, plus de 15 ans.

  • Thierry

    Et puis, il y a des nouvelles Fashion Week qui se créent. Donc, ça veut quand même dire quelque chose aussi. Tu vois, il y a de plus en plus d'événements mode en Afrique. Et puis, la mode, elle est...

  • Ramata

    Et des événements mode de qualité avec des créateurs qui proposent des collections qui sont tout à fait, comment dire, contemporaines. Parce qu'il y a aussi tous les clichés liés à l'Afrique où... Quand on parle de mode, d'industrie culturelle et créative, c'est parfois associé à un vocabulaire avec lequel moi, en tout cas contre lequel je me bats, mais qui est de l'ordre de, c'est du folklore, c'est de l'ethnique, c'est exotique. Du coup, c'est world music, par exemple. Et c'est catalogué, en fait, dans quelque chose qui est, ce n'est pas mainstream, en fait. Or, là, aujourd'hui...

  • Thierry

    Après, tu prends plein de créateurs aujourd'hui. Tu vois ceux que fait défiler Adama, la Dakar Fashion Week. Si tu ne sais pas qu'ils sont africains, quand tu vois les créations, pas toutes, mais certaines créations, tu n'as pas du tout l'impression que c'est africain. Ibrahim Fernandez aussi, j'étais à son défilé, lui il a fait un exemple aussi, parce qu'il a fait un défilé pour ses 10 ans. le 15 décembre à Abidjan, il montre qu'aujourd'hui aussi, la mode a beaucoup évolué en Afrique. Bon, lui, c'est vrai qu'il y a des créations qui ne sont pas, qui ne font pas du tout afriquettes, en fait. Si tu ne sais pas qui est derrière, certaines, oui, mais d'autres, non.

  • Ramata

    Moi, j'ai tendance à dire aujourd'hui qu'elles sont 100% africaines et aujourd'hui, c'est ça l'Afrique aussi, en fait. C'est que...

  • Thierry

    Oui, alors, je comprends ce que tu veux dire. Il faudrait... Oui, tu vois, là, tu me reprends, mais ça, c'est parce que, bon, moi, je suis le blanc. C'est pas du tout... Tu m'en as un rapport. J'ai toujours le prisme de...

  • Ramata

    Tu as un passé de journaliste, donc c'est pour ça que je me permets de te reprendre. C'est vraiment aussi de nous arriver à nous dire que la mode africaine,

  • Thierry

    ce n'est pas le wax. L'Afrique, ce n'est pas uniquement... Ce n'est pas le wax,

  • Ramata

    ce n'est pas... Ce n'est pas que ça, en fait. Et aujourd'hui, un créateur qui a 30 ans, qui est inspiré, qui vit à Dakar ou qui vit à Abidjan, il a accès à... toutes les influences du monde entier pour créer sa collection. Et du coup, ce qui va être intéressant, c'est qu'il va mélanger la tradition avec la modernité et ça va créer quelque chose de complètement nouveau qui est, moi, ce que je trouve intéressant, qui sort un peu du cadre du cabinet de tendance. Il a dit que la couleur du moment, c'était le burgundy. Donc, on va tous faire du burgundy.

  • Thierry

    Et puis vraiment, je dis, le fait qu'on soit quand même beaucoup plus dans l'irrationnel, qu'on mette moins de bâtons dans les roues en Afrique, automatiquement, la création est beaucoup plus intéressante.

  • Ramata

    C'est beaucoup plus libre, en fait. C'est bien encadré. Et du coup...

  • Thierry

    On peut faire de tout. C'est-à-dire qu'on peut faire du retour aux origines en reprenant, tu vois, des symboles très africains, un peu tribal. Et on peut très bien aussi faire de tout, en fait, qui n'est pas spécialement une mode propre à l'Afrique, mais une mode, tout simplement. Complètement. Et... Et ce qu'il faut quand même se dire aussi, c'est que, tu vois, l'Afrique qui se développe, avec l'avènement des réseaux sociaux, elle a énormément gagné. Parce que les gens sont passés, par exemple, les gens n'ont pas connu le téléphone fixe. Ils sont passés directement au téléphone portable, aux réseaux sociaux. Donc, en fait, ça va beaucoup plus vite chez eux. Et moi, je suis quand même basé en France, mais j'y suis très régulièrement. Il y a des pays que je fais tous les deux mois. Je prends par exemple une ville comme Abidjan. Après deux mois, j'y retourne et pour moi, il y a plein de choses qui ont évolué. Abidjan, ça évolue vite en ce moment, c'est vrai. Mais dans cette ville-là, tout va très vite.

  • Ramata

    Tu parles du téléphone portable,

  • Thierry

    on peut parler aussi de la banque

  • Ramata

    Orange Monnaie.

  • Thierry

    Oui, bien sûr, tout à fait. Mais c'est vrai que l'avènement des informations, le fait de voir ce qui se passe ailleurs, le fait de pouvoir communiquer. Parce que moi, je me rappelle encore à l'époque, quand je partais en Afrique, j'avais un roaming pas possible. Et c'est vrai qu'eux, quand WhatsApp est arrivé, ils ont pu communiquer avec le monde entier, sans plus rien payer. Alors qu'ils étaient encore, tu vois, il y en a qui n'ont même pas d'électricité encore. Si, ils en ont pour le portable, mais si tu veux, ça reste quand même assez... Ils sont dans des zones assez reculées.

  • Ramata

    Alors, si on en revient un petit peu à toi et ce que tu fais aujourd'hui. Moi, l'idée, c'est que tu as une très bonne connaissance de l'Afrique et du coup, ça rend ton profil, je pense, crédible,

  • Thierry

    légitime. Tu sais ce qu'on dit, on dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qu'il ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années on a une expertise, mais après l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute finalement. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire, c'est que je trouve que voilà... Oh... Comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le tas. Mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses auxquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent. C'est un peu ça, c'est surprenant l'Afrique. C'est un peu la surprise, l'imprévisible. Bon, après, non, mais tu as raison. Après, il y a quand même au bout de certaines années où tu travailles sur ce marché, avec le continent, oui, tu as une expertise.

  • Ramata

    Non, mais c'est surtout le fait d'être conscient de ce que tu dis là, d'être conscient de ce côté imprévisible. Quand on travaille avec toi, tu vas aussi sensibiliser les marques, tu vas sensibiliser tes partenaires.

  • Thierry

    Alors qu'il y en a qui arrivent en se disant,

  • Ramata

    c'est bon. J'ai mon idée de franchise, je vais la dupliquer dans toutes les capitales africaines. Et puis, bim, bam, boum, voilà. Je peux faire mon business plan sur les cinq prochaines années, ça va fonctionner. Et en fait, quelqu'un qui connaît le terrain va dire, écoute, attaque-toi déjà à Abidjan. Fais tes armes dans cette ville. Vois quels sont les challenges que tu peux rencontrer. Et petit à petit, tu vas en fait te déployer dans d'autres univers. Et du coup, d'avoir cette connaissance-là. Ça donne une certaine finesse à la manière dont tu travailles. Donc moi, j'aimerais bien que tu nous parles de, soit peut-être un peu la transition qui s'est faite entre tu travailles pour Amina en tant que directeur de communication et aussi sur la partie publicité. Et ensuite, tu montes en agence. On a parlé un peu brièvement tout à l'heure. Mais bon, j'aimerais bien en parler parce que ça reste quand même... Je pense qu'on a... En tout cas, j'ai eu des Amina à la maison étant petite. On va dire... toute famille africaine, il y a dû avoir sans forcément avoir pris un abonnement, en tout cas, on a tous feuilleté Amina ou plusieurs même. Je pense que c'est un magazine de référence et de ce fait-là, c'est intéressant que toi, tu puisses nous parler un petit peu de cette expérience et puis de c'est quoi l'enjeu de ce magazine-là, sachant qu'en fait, on aura beau dire, mais il n'y a pas tant que ça de magazine de porn.

  • Thierry

    Non, non, non.

  • Ramata

    Voilà, donc on peut saluer la longévité d'Amina, en fait, par rapport à ça. Ben oui,

  • Thierry

    je pense quand même qu'il faut, là, j'aimerais remercier en fait le créateur du magazine et voilà, qu'on lui fasse un petit clin d'œil. Ça a été mon mentor, c'était Michel de Breteuil et qui est décédé malheureusement en 2018, mais qui est resté jusqu'à plus de 4 ans. 70 ans, au magazine, il venait de travailler tous les matins, et c'est lui qui a eu cette idée un peu de génie, enfin de génie, de créer à l'époque, c'était en 73, basé à Dakar, un magazine qui allait donner la parole aux femmes, quelle que soit leur origine sociale, donc ça pouvait être la vendeuse de beignets comme la première dame. Et c'est ce qui a fait la force d'Amina, c'est qu'en fait... Il y a eu tellement d'interviews, le magazine est passé partout. En fait, c'était hyper novateur à l'époque, en 1973, de faire un magazine pour les femmes en Afrique. Et c'est vrai qu'on le sait quand même, en Afrique plus qu'ailleurs, la femme décide de tout. En fait, elle est quand même partie prenante sur tout. C'était Angélique Hidjo, une fois, qui disait, lors d'une interview, ça m'avait marqué. que la femme était la colonne vertébrale de l'Afrique. Je trouve que c'est très vrai. Donc du coup, si tu veux, pour moi, mon expérience chez Amina était extrêmement enrichissante. Déjà, ce que j'ai appris par Michel de Breteuil, qui a été mon mentor et qui connaissait l'Afrique du bout des doigts, qui connaissait les différents pays, qui était quelqu'un qui recevait dans son bureau tout le monde. Tu ne prenais pas de rendez-vous, tout le monde venait. Le marabout, la femme de ménage, la première dame, une chef d'entreprise. Tout le monde y recevait, y recevait. T'avais une queue, des fois, devant. Les gens attendaient plusieurs chefs et puis rentraient. Chacun y donnait un peu. Et y recevait, comme ça, spontanément, tout le monde. Donc, il était comme on fait en Afrique, en fait. Tu vois, tu ne prenais pas rendez-vous. D'ailleurs, il y avait un truc qui me faisait toujours rire quand les gens l'appelaient. Il disait, on se voit quand ? Je lui dis, vous venez quand vous voulez. Un jour, il m'avait dit, je ne vais pas leur donner rendez-vous parce que sinon, on ne sait pas si on se verra. Et il avait raison, tu vois, il fonctionnait comme ça. Donc Abinash, ça a été ça pendant des années. Moi, je suis arrivé en 2005 pour remplacer l'ancienne directrice marketing qui partait à la retraite, qui est devenue une amie d'ailleurs. Et donc, ça a été une expérience extrêmement enrichissante pour moi. Déjà, j'étais vraiment à ma place et j'ai pu rencontrer plein de monde. Et j'ai pu aussi me rendre compte, alors ça rencontrait plein de monde, c'était au-delà des marques, mais tu vois, que ce soit à travers les partenariats, les journalistes, les personnes en vue ou pas en vue, mais parce qu'on recevait tout le monde en fait chez Amina, c'était pas le magazine des stars uniquement. loin de là, c'est le magazine de toutes les femmes. Donc du coup, ça m'a permis d'avoir une vision d'ensemble de la femme africaine. Et puis, il y avait quand même beaucoup d'hommes qui venaient aussi. Donc finalement, même si moi, j'avais déjà cette vision-là avec mon passé, mais dans mon univers professionnel, je pense qu'on ne pouvait pas arriver mieux. Et je suis resté là-bas jusqu'en 2018, donc un peu plus de 12 ans. Je voyageais beaucoup aussi en Afrique. Et puis, je me suis aussi rendu compte du marché, on va dire du marché marketing sur l'Afrique, puisque j'allais voir des marques comme Unilever, L'Oréal, Air France, Western Union, qui communiquaient plus facilement, parce qu'ils sont quand même très présents sur l'Afrique. Mais j'allais voir d'autres marques, des marques de luxe, de chez LVMH et tout, et j'essayais de les avoir en publicité. Et je me suis rendu compte du marché, qui n'était pas évident. finalement. Justement parce que les gens ont une méconnaissance de ce marché, ont un peu peur, ne le comprennent pas. Il y en a qui font un pas, puis après ça se passe mal. Du coup, ils ne reviennent pas. Moi, je me rappelle avoir eu un rendez-vous une fois, je ne vais pas la citer, c'était une marque de luxe, de cosmétiques, vraiment très haut de gamme, qui était intéressée à ce marché. Et puis, j'ai Je crois qu'il y avait Dior en couverture 4. Et puis en couverture 3, il y avait les cubes Jumbo. L'attachée de presse, la tête qu'elle a tirée quand elle a vu les cubes Jumbo à côté de la pub Dior. Mais c'était ça Amina, si tu veux. Voilà comment était le marché africain à l'époque. Bon, et puis donc du coup, pour revenir un petit peu à mon expérience. Mais bon, c'est important de te raconter un peu ces anecdotes parce que ça te permet de te rendre compte de l'évolution du marché. qui, je me suis rendu compte, je croyais qu'il allait évoluer plus vite, même au niveau marketing, que les marques en Europe allaient plus s'investir en Afrique. Et au final, tu avais l'impression qu'elles se mettaient dessus, mais en fait, c'était un pas en avant, deux pas en arrière, ou c'était juste un effet de mode. Et bon, finalement, les choses ont évolué. J'ai connu, on va dire, la fin de la super période de la publicité sur le print et des médias print. Et j'ai commencé à sentir le vent tourner. J'étais attaché à ce magazine, comme je te l'ai dit aussi, parce que Michel Debreuteuil était mon mentor. Et puis les choses ont évolué, Michel Debreuteuil est décédé, ça faisait un moment que je voulais me mettre à mon compte. Et puis les choses n'étant plus comme avant, et puis la presse n'étant plus ce qu'elle était, j'ai pris ma décision, je suis parti d'Alina. et j'ai créé... Au début, je me suis mis à mon compte et après, j'ai créé mon agence. Parce qu'au début, en fait, en me mettant à mon compte, comme je le disais au début de l'interview, j'ai voulu mettre à profit cette expertise que j'avais d'abord personnellement par mon histoire familiale et ensuite professionnellement avec... Parce qu'avant d'aller chez Amina, je travaillais déjà un peu sur l'Afrique. Comme je te l'avais dit, j'avais commencé à travailler pour cette régie publicitaire spécialisée sur l'Afrique. Après, j'ai travaillé pour un magazine qui s'appelait City Black, un petit magazine qu'on lançait. Donc, j'ai connu aussi Amina. C'était autre chose. Quand je suis arrivé chez Amina, c'était le numéro un sur le marché. Mais j'ai travaillé avant sur des magazines aussi où il y avait tout à faire. Donc, j'ai dû me battre pour aller voir des marques en leur disant, il faut communiquer sur cette presse-là. Mais tu avais des marques ici qui te regardaient en disant, moi, j'avais des marques de luxe. On sait qu'on a cette clientèle, mais ce n'est pas pour ça qu'on va se mettre dans un magazine pour les Africains. Voilà. Donc du coup, j'ai pu me rendre compte du marché, de son évolution qui était quand même très lente. Il évolue, le marché, mais beaucoup plus lent que ce qu'on pensait. Et souvent, les gens disaient Allez, cette fois-ci, c'est bon, ça va être… Les gens ont voulu comparer le marché français au marché communautaire africain, en tout cas, parce que je n'aime pas le terme ethnique qui n'est pas toujours très bien pris, même si en marketing, on se comprend. on va dire le marché de la communauté africaine en France à celui des États-Unis et ça n'a rien à voir. Et les gens disaient mais je ne comprends pas pourquoi dans un magazine comme Essence ou Ebony, il y a des pubs pour Land Rover avec une Africaine alors qu'ici non, c'est ce qu'il faut qu'on fasse. Mais les Noirs aux États-Unis, ils sont américains avant d'être africains, même s'ils ont des origines. Ici, ce n'est pas la même chose et le marché n'est pas le même. Moi, je travaille... Je m'occupe des RT de la marque Cantu, qui est une marque américaine. Les volumes qu'ils font en Afrique, ce ne sont pas les volumes qu'ils font en France. Donc, on ne peut pas comparer. Les marchés sont très différents. Voilà. En tout cas, du coup, si tu veux, ça m'a donné une bonne expérience. Et puis après, j'avais quand même un bon carnet d'adresses de marques. et puis de partenaires potentiels. Et donc, je me suis dit, tu peux te mettre à ton compte. Et puis, j'avais le côté commercial que j'avais beaucoup développé. Donc, si tu veux, j'étais pas mal dans la prospection puisque c'est ce que je faisais beaucoup chez Amina. C'est toujours aller trouver des nouveaux clients. Donc, du coup, quand tu sais rentrer les clients, c'est déjà quand même le nerf de la guerre parce que c'est l'argent. Ensuite, après, c'est sûr qu'il faut que tu leur proposes des choses qui leur conviennent. Mais j'avais cette expertise. Et même s'il y avait des choses un peu nouvelles, parce que c'est vrai que les RP, je t'avoue que... Moi, je n'ai pas fait d'études de RP, mais après, je ne sais pas si je vais faire des études de RP. Je pense qu'il faut avoir un bon sens du relationnel, bien comprendre les gens et être aussi commercial. Parce que je pense que pour être un bon RP, il faut être commercial, mais il ne faut pas être commercial rentre-dedans. Et il faut aimer les gens, il faut s'intéresser à eux et puis vouloir faire avancer les choses. Et donc, du coup, c'est comme ça qu'en fait, si tu veux, de fil en aiguille, c'est créer mon agence. Et c'est vrai que j'ai eu beaucoup de demandes RP. En sachant que si tu veux, les RP en Afrique, c'est quand même différent. Moi, j'en fais pour des marques sur le marché français, notamment dans la presse beauté. Mais si tu veux, moi, une journaliste beauté de Marie-Claire Dehael, si elle fait un sujet sur les cheveux bouclés et qu'il y a un produit qui lui plaît ou une brosse qui lui plaît par rapport à ce sujet-là, Que ce soit pour un sujet afro ou pas, elle va parler de ton produit. Elle est dans cette dynamique-là. En Afrique, on a peu de médias. Il y a quelques médias panafricains, mais il n'y en a pas beaucoup, tu le disais toi-même. Et après, les médias par pays, il n'y en a quasiment plus aujourd'hui, des médias papiers. Et puis, les journalistes en Afrique, en règle générale, ils ne font pas les choses gratuitement. Dans le sens où, comme je disais, une journaliste de chez Marie-Claire, Si elle a un papier à faire sur les brosses démêlantes flexibles, et moi j'ai une brosse démêlante flexible, et puis qu'elle te trouve sympa, elle va parler de ton papier parce que tu lui as donné l'information et qu'elle est en contact avec toi. Sur l'Afrique, c'est différent. Donc du coup, les RP en Afrique, c'est une autre approche. Alors moi, je sensibilise quand même les supports à parler de ces marques parce que... Ça rentre dans des sujets qui peuvent les intéresser. Mais en dynamisant les choses de manière différente, j'ai toujours gardé un peu le côté achat d'espace aussi. Donc quand je peux, comme ça a été quand même aussi mon cœur de métier, je vais négocier une page pour ces supports ou ces médias. Et puis, d'une manière générale, je travaille les RP. Mais ça, aujourd'hui, les RP, même en France, c'est plus comme avant. De manière... 360 si tu veux. C'est qu'aujourd'hui, tu n'appelles pas juste quelques amis journalistes pour qu'ils te fassent un papier sur ton produit, mais tu fais un peu de paid, tu peux faire de l'achat d'espace, tu organises des événements avec du sponsoring, tu fais de l'influence, qu'elle soit organique ou payante, enfin c'est un tout aujourd'hui. Il faut être un peu partout. Donc, c'est comme ça que je la développe sur l'Afrique. Mais sur l'Afrique, je dirais, de toute façon, vu qu'on a quand même peu de support, je parle de l'Afrique francophone, surtout, mais même sur l'Afrique francophone, alors oui, tu as un peu plus de magazines sur l'Afrique du Sud, mais c'est encore un autre marché. Mais, par exemple, en Côte d'Ivoire, aujourd'hui, en magazine papier, tu n'en as pas beaucoup. Tu as Elle, maintenant, qui est Elle Côte d'Ivoire, qui sort un magazine papier. Tu as Femmes d'Afrique. Amina, je crois qu'on ne le trouve plus parce qu'il y a un problème de distribution des magazines en Afrique avec les MLP voilà, t'as Milk mais c'est des magazines en plus qui ne sortent pas toujours régulièrement et qui ont besoin d'annonceurs ils ne s'en sortent pas seuls enfin seuls, je ne dis pas qu'ici ils s'en sortent seuls, mais ils sont rodés donc du coup, l'approche RP est différente, il faut leur donner un coup de main aussi, d'une manière ou d'une autre à ce métier Pas juste arriver en leur disant, voilà, moi j'ai une marque super intéressante, faites-moi un papier et je vous offre un déjeuner ou le dernier shampoing de telle marque. Ça, c'est vraiment une dimension à prendre en compte en Afrique. Et puis les journalistes aussi souvent sont très mal payés, voire pas payés. Donc ils attendent beaucoup en fait que les marques les payent, tu vois. Ce qui est un peu normal, ce qui n'est pas le cas ici. En tout cas, ici ça peut l'être. Mais c'est différent. C'est caché et puis ce n'est pas systématique en tout cas. Je ne sais pas si je peux bien exprimer sur le marché RP en Afrique. Non, non,

  • Ramata

    c'est très clair. La question que j'allais te poser, c'est du coup, toi, tu vas travailler avec des marques, de ce que j'ai compris, tu vas travailler avec des marques, comment dire, occidentales, on va dire, qui veulent s'implanter en Afrique, mais tu vas aussi travailler avec des marques...

  • Thierry

    Ou qui veulent communiquer vis-à-vis de l'Afrique. Des fois, il y en a qui ne s'implantent pas, mais elles veulent communiquer pour... Quand les Africains viennent en France, par exemple, ils pensent à eux, tu vois. Ça, ça peut aussi être le cas. Oui, excuse-moi, tu disais ?

  • Ramata

    Du coup, l'idée, c'est que qu'est-ce que tu mets en place justement pour une marque ? Alors, sans nous dévoiler tes secrets d'agence, mais sur les spécificités qu'il faut prendre en compte aujourd'hui quand on est une marque qui cherche à se faire connaître d'une, comment dire, d'une forme... Alors, je ne sais pas si c'est... une classe moyenne ou une élite africaine, mais en tout cas, la marque qui te sollicite et qui a envie de rencontrer son public, qu'est-ce que tu lui proposes ?

  • Thierry

    Plusieurs choses. Moi, je trouve que le sponsoring d'événements, c'est bien en organisant des side-events. Parce que ça permet... C'est ce que je fais pas mal avec les Galeries Lafayette. On a fait l'année dernière un side-event durant la Dakar Fashion Week. Ça permet aux clients d'être en contact avec des invités. Ce n'est pas juste un sponsoring, genre les Galeries Lafayette ou Western Union, les sponsors d'un événement, mais ça permet aussi à la marque d'entrer en contact. Parce que je pense que la première chose en Afrique, la communication, elle passe d'abord par le contact. On est beaucoup, c'est encore une culture de contact, de relationnel, et donc il faut aller vers les gens. Il faut établir une communication, un lien. Donc, je dirais, ma première étape, c'est le lien. Et le lien, il passe par un contact physique. Donc, si effectivement, soit on fait ce que je peux faire pour des marques, c'est organiser un voyage avec des acteurs, c'est-à-dire qu'on fixe des rendez-vous avec différents acteurs, ils me donnent un peu leur cahier des charges, qui veulent voir, ça peut être des journalistes, des influenceurs, une marque. tu vois de vêtements un styliste local un média ça peut être ça peut être par exemple visa mastercard ça me parle souvent aussi des marques qui se développent en afrique donc pour eux ça peut être intéressant d'échanger aussi avec eux donc ça c'est des choses que je fais ensuite donc ça c'est beaucoup plus une approche rp si tu veux relations publiques avec des leaders d'opinion pour que la marque puisse un petit peu peu s'imprégner et comprendre le marché et avoir déjà quelques contacts clés pour entrer sur ce marché-là. Après, effectivement, c'est se greffer à des événements locaux parce que pour moi, le plus important, c'est d'aller déjà sur ce qui se fait. D'abord parce que ce n'est pas facile d'organiser un événement quand on ne connaît pas le marché ou quand on a une nouvelle marque comme ça seule. Alors, autant se mettre sur un événement qui fonctionne et qui est carré. Alors, je fais beaucoup de sourcing parce qu'il faut trouver les événements qui... fonctionnent bien. Il y a beaucoup d'événements, mais après, il faut que ça corresponde aussi à certains cahiers des charges, suivant le client qu'on a. Et puis, après, ça peut être aussi, je le fais de plus en plus, organiser un événement avec des influenceurs. Ça peut être du paid ou du non paid. Quand je dis paid, c'est-à-dire soit on paye les influenceurs, on leur demande de faire un... un contenu spécifique, soit on organise une soirée ou un tea time, un cocktail, on les invite et puis après ils font des stories, mais ça reste de l'organique. Alors l'organique, c'est bien, c'est bien pour montrer qu'une marque s'intéresse au marché. Après, si une marque a un message à faire passer, c'est déjà un peu plus compliqué, parce qu'on ne va pas pouvoir imposer aux gens qui vont faire du contenu gratuitement de dire il faut parler de ça de cette manière plutôt que de cette manière-là. Donc... Beaucoup d'influence. Ça, je dirais, c'est le deuxième volet. Je t'ai parlé plus du volet d'abord rencontre, un voyage, organiser un voyage pour le marque. Après, il y a l'influence, mais c'est pareil. Ça, ça peut être greffé à un voyage que fait la marque. En général, on peut organiser aussi un événement. Et puis, oui, ce que j'ai dit, ça, c'est le troisième point, puisque le deuxième point, c'était le sponsoring d'événements. Enfin, le sponsoring d'événements, c'est-à-dire de faire un side event sur un événement déjà existant. Par exemple, on l'a fait cette année sur le marché du Congo Kinshasa avec les Galeries Lafayette, qui est un marché assez spécifique, la RDC. Et en fait, on s'est greffé aux Adicom, qui organisait leur première édition là-bas. Voilà. Après, tu vois, par exemple, là, j'ai organisé pour la marque Château Rouge un tea time à Abidjan dernièrement et pour la marque SVR. Mais là, c'est des marques qui sont implantées. C'est différent. Pour la marque SVR, un dîner en petit comité, c'était un choix de la marque. Ils voulaient inviter quelques influenceuses seulement avec cinq influenceuses vraiment en vue. de monnaie. En vue, c'est pareil, elles sont en vie, on les voit bien.

  • Ramata

    Tout à fait.

  • Thierry

    Et c'était très sympa aussi. Donc après, tous les formats sont possibles. En fait, ce que je dis toujours à mes clients le plus important, c'est pas évident, mais la plupart du temps, en fait, les clients, ils veulent faire quelque chose mais ils ne savent pas quoi. Et en fait, plus le cahier des charges est défini, donc moi je leur dis mais mettez-moi toutes vos idées. sur Patil dans un mail, même si c'est un peu comme ci, comme ça, en vrac, mais que je puisse avoir le plus d'informations possibles. Parce que comme on est quand même sur des marchés où il faut connaître, avec pas mal de spécificités, les gens, ils veulent faire, mais ils ne savent pas la plupart du temps quoi faire. Et alors là, ça devient un peu compliqué quand on a un client qui veut faire plein de choses, mais qui ne sait pas quoi finalement. Et on ne peut pas trop... Alors, je suis force de proposition, évidemment. Et puis, c'est vrai que beaucoup de marques avec qui je travaille, la plupart des marques avec qui je travaille, je les connais depuis longtemps. Donc, je connais l'historique, c'est assez important. Mais malgré tout, je leur demande un effort. Je sais que souvent, ils disent qu'on passe par une agence, il va nous faire tout le travail. Mais je leur dis, oui, mais qu'est-ce que vous voulez ? Quel est le message que vous voulez faire passer ? Tu vois, quand tu fais de l'influence, c'est bien, mais faire de l'influence, si tu n'as pas un message à faire passer précis, ça devient compliqué. Tu peux faire de tout et de rien. Tu peux travailler avec un super influenceur, mais tu vas le payer x, x, x euros ou CFA. Et au final, est-ce que tu vas atteindre ton but ? Je ne suis pas certain. Si tu n'as pas défini vraiment le message au départ, l'influenceur peut être de très bonne volonté, mais si tu le laisses trop libre, il ne va peut-être pas mettre en avant ta marque comme tu l'aurais voulu ou comme il faudrait la mettre, tout simplement, même si son contenu va être très sympa. Donc ça, c'est vraiment important. J'insiste sur le cahier des charges. C'est souvent... Enfin, c'est le plus difficile, mais si on a un bon... Enfin, un cahier des charges le plus précis possible au départ, en règle générale, l'opération, elle est réussie.

  • Ramata

    Et toi, tu travailles principalement avec des marques dans le secteur mode, beauté, ou est-ce que tu as un périmètre, en fait, assez large d'intervention ?

  • Thierry

    Alors, ça reste quand même large. Tu vois, je travaille... Alors là, c'est vrai qu'on a beaucoup parlé, mais parce que... Je pense que c'était important et c'est quand même aujourd'hui ma force parce que je suis quand même plus basé, enfin je suis basé en France, donc d'accompagner des marques basées ici en Afrique. Maintenant, je travaille avec des marques qui sont en Afrique. Par exemple, je travaille avec Visa qui est basé en Afrique, qui est basé à Abidjan pour tout le hub d'Afrique de l'Ouest. Je travaille avec Canal+, qui sont basés ici mais ils ont une entité à Abidjan, sur le digital à Dakar. Je travaille avec une ONG qui est basée à Dakar et qui, elle, je travaille avec elle, on fait de l'influence, qui s'occupe de faire passer des messages autour de la sexualité, autour du sport. Là, par exemple, on est sur une campagne au Sénégal sur le problème de l'avortement illégal. Peut-être que tu connais en fait cette ONG, c'est eux qui... produisent l'émission C'est la vie.

  • Ramata

    Oui, je vois.

  • Thierry

    Voilà. Et donc là, on est sur une campagne avec Alima Ghaji, que tu dois connaître, je pense, qui est l'actrice qui met le rôle principal de maîtresse d'un homme marié, dont je suis l'agent, d'ailleurs. Et on travaille justement toute une campagne pour faire passer les messages sur les thèses de grossesse et compagnie, en fait. Il y a une scène violente à un moment donné dans C'est la vie où il y a une jeune fille qui est... qui s'est fait violer. C'est un truc qui arrive, malheureusement, qui arrive souvent, et dans ces pays-là particulièrement, je pense. Elles ne peuvent absolument rien dire, et c'est peut-être pour ça que les gens se permettent aussi plus de choses. Et la fille demande un test de grossesse à la pharmacienne, et la pharmacienne la regarde parce que la fille a 14 ans. C'est une fiction, et à partir de là, on a fait tout un... toute une éducation pédagogique à travers du contenu sur les réseaux sociaux, la fille se fait jeter par la pharmacienne de la pharmacie en disant que la pharmacienne lui dit t'as pas l'âge pour avoir des rapports sexuels C'est une scène assez violente, c'est une fiction, mais c'est une réalité. Et donc, je travaille avec cette ONG sur ce type de thématique.

  • Ramata

    D'accord, donc tu interviens vraiment sur différentes thématiques.

  • Thierry

    Différentes thématiques. Après, je te dirais, mon fort, c'est quand même... Enfin, mon fort. Ça correspond aussi au budget sur le marché. C'est la mode, la cosmétique, beaucoup. Parce que finalement, sur le marché africain, c'est beaucoup la cosmétique. Mais je travaille avec les transferts d'argent. Je travaille avec Air France aussi. tu vois, donc voilà, avec qui je travaille d'autres, avec Uniwac, c'est la mode, je reste très ouvert, et je suis même content des fois de travailler, j'ai même travaillé avec un client à un moment donné qui fait des au Sénégal, qui est pour pur l'eau, en fait, pour rendre l'eau potable dans certaines zones, donc en fait, Voilà, je dirais que en tant qu'agence, on est quand même censé s'adapter à tout. Après, ma spécificité reste quand même le marché africain, même si je travaille un peu sur d'autres marchés. Je travaille sur le marché italien que je connais. Je reste ouvert. J'aime bien aussi ne pas cloisonner les choses parce que je suis contre. Avec ce petit chemin que j'ai fait, c'est qu'on avait tendance à vite te ghettoiser, notamment en France. La spécificité spécialisée sur un marché au diabalude et spécialisée sur ce marché, c'est tout. Et tu vois, par exemple, avec Cantu, qui est une marque destinée avant tout aux Afro-Caribéennes, le cahier des charges était de communiquer auprès de la presse mainstream, pas uniquement pour des sujets ou pour les filles qui avaient les cheveux à fond, mais pour toute personne ayant les cheveux texturés. Et j'aime beaucoup cette Ausha où on s'ouvre, en fait, si tu veux. J'ai eu des demandes aussi venant d'Afrique pour faire des RP. sur de la presse mainstream généraliste en Europe. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir une spécificité, c'est comme ça qu'on se fait connaître, mais après, il faut s'ouvrir. Et particulièrement en France, je trouve, où on a tendance à vite te mettre... C'est comme un écrivain, quand il est spécialisé, roman policier, on va le mettre dans une maison d'édition pour roman policier, puis il n'en sortira plus. Je dis ça, mais il y a un peu ce côté-là, en fait. On peut t'intégrer très vite. Et je trouve ça dommage. Et en plus, l'idée, c'est d'ouvrir le marché. Donc, pour l'ouvrir, il ne faut justement pas se retrouver dans une dynamique trop ghettoïsante. Ce n'est pas toi qui vas donner la dynamique ghettoïsante, mais il ne faudrait pas que l'extérieur te ghettoïse trop. Parce que sinon, tu vas rester spécialiste d'un marché. Mais, je veux dire, c'est seulement les personnes qui vont s'intéresser à ce marché qui vont te connaître. Alors, c'est intéressant que même les personnes qui ne travaillent pas sur ce marché connaissent ce type de travail.

  • Ramata

    Et toi, aujourd'hui, tu interviens surtout en Afrique francophone ou tu interviens aussi ?

  • Thierry

    Alors, je commence un peu sur le Nigeria parce que j'ai de plus en plus de demandes. Après, encore une fois, pour moi, l'Afrique, l'Afrique sud-saharienne, se travaille vraiment pays par pays. Évidemment qu'il y a des donateurs communs. Moi, quand je me retrouve dans un nouveau pays en Afrique, je n'ai pas l'impression d'être perdu parce que ça reste le continent africain. Il y a une certaine façon de vivre, un côté positif. Bon, voilà, il y a une liberté. Ça, c'est propre à l'Afrique subsaharienne, je trouve. Bon, même s'il y a des pays où c'est un peu compliqué en ce moment. Mais je trouve que même dans ces pays où c'est compliqué, déjà, par exemple, là, je suis allé au Mali. Malgré tout, on vit. Ce n'est pas si compliqué que ça dans la tête des gens, tu vois. Donc, ici, c'est un peu compliqué maintenant en Europe. dans la tête des gens, même beaucoup. Mais donc du coup, voilà, pour tout dire, l'Afrique, à part ce côté où il y a des dénominateurs communs, enfin, il y a un dénominateur commun, enfin, des dénominateurs communs, mais après, elle se travaille vraiment pays par pays. Le marché ivoirien, qui est celui que je connais le mieux, est un marché spécifique. Le marché sénégalais est un autre marché. Le marché du Congo-Brasaville n'est pas le même que le marché du Congo-Kinshasa non plus. qui sont aussi très différents de la Côte d'Ivoire et du Sénégal. Donc là, je commence à travailler le marché nigérian et je trouve ça super. Il y a beaucoup de demandes parce qu'aujourd'hui, c'est vrai que c'est un marché hyper fort, mais encore une fois, il faut y aller prudemment. Chaque pays est différent et ça prend du temps. Parce qu'il y a aussi une chose et je pense que c'est ça qui fait un peu peur aux marques aujourd'hui, c'est que... que l'Afrique, ça prend du temps. Non, mais justement, je peux le dire, non, tu es d'accord. Je pense. Mais ce n'est pas négatif.

  • Ramata

    Là, on a beaucoup dit l'Afrique, mais derrière, il y a 54 pays.

  • Thierry

    Mais bien sûr. Moi, je vois, par exemple, des fois, ils ont une agence pour un pays. Moi, je suis une agence pour un continent entier, mais chaque pays est différent. Oh, attends, c'est... Et puis, ce ne sont pas les mêmes acteurs. Et puis, ce n'est pas la même chose. Tu prends le marché de l'influence au Congo, Kinshasa, il n'a rien à voir avec le marché de l'influence en Côte d'Ivoire. C'est égal. Là, je parle du marché de l'influence. Et puis, la beauté...

  • Ramata

    Je pense qu'il y a un rappel qui fait que quand on dit l'Afrique, on a l'impression que c'est un tout homogène, alors qu'on est capable de se dire qu'en Europe, l'Espagne... C'est totalement différent. Donc, clairement, on va avoir une approche des pays qu'on va appeler méditerranéens, qui va être différente des pays plutôt nordiques. Et ça, on arrive à l'envisager pour l'Europe. Mais c'est vrai que...

  • Thierry

    Pour l'Afrique, on a de la peine.

  • Ramata

    Mais parce que je pense qu'il y a une forme de méconnaissance aussi.

  • Thierry

    On ne connaît pas bien les différents pays.

  • Ramata

    On ne connaît pas bien les subtilités qu'il peut y avoir d'un pays à l'autre. Et on dit comme ça, de manière assez généraliste, l'Afrique, la mode africaine. africaine, la musique africaine, alors que derrière, c'est facile, c'est un raccourci qui est facile pour échanger. Mais par contre, quand on veut rentrer dans le détail, on se rend compte que oui, quand on arrive à, comme tu le dis, sur la Côte d'Ivoire, quand on arrive à bien travailler une stratégie pour s'implanter ou en tout cas se faire connaître, ça prend du temps. Et une fois qu'on a fait ce travail-là à Abidjan, il ne faut pas se dire maintenant c'est bon. le Sénégal, ça va aller plus rapidement parce que je suis déjà bien implantée à Abidjan. Ah ben non, il faut recommencer en fait.

  • Thierry

    Pour recommencer, alors c'est sûr que si tu as acquis une expertise sur un des pays, tu auras quand même un peu plus de facilité. Mais quand tu vois comment on fonctionne au Sénégal et en Côte d'Ivoire, ce n'est pas du tout de la même manière. Et même d'un point de vue marketing, moi je me rappelle à l'époque, je vais les citer, mais c'était Darling pour les mèches. Les produits qu'ils vendaient au Sénégal, c'était le même produit, ils n'avaient pas le même nom. et pas le même mannequin. Alors, c'est un peu basique, mais j'aime bien sentir cet exemple. Mais eux, ils étaient très implantés sur les deux pays parce qu'effectivement, tu ne vas pas prendre une Ivoirienne pour parler de cosmétiques ou de cheveux au Sénégal. Et tu ne vas pas l'appeler, je ne sais pas moi, tu ne vas pas l'appeler, enfin bref, on a un nom qui correspond.

  • Ramata

    Or, c'est super intéressant cet exemple-là parce que... Quand on regarde les stratégies des marques de luxe, aujourd'hui, on va avoir une mannequin star, une Gigi Hadid, une Kendall Jenner, et en fait, elle va pouvoir défiler à la fois à New York, à Londres, à Paris, pour plein de marques différentes. Et ça ne choque pas qu'on ait ce mannequin qui représente tout le monde. Et on se dit, c'est ça, la représentation du luxe et de la mode. Et quand on rentre un peu dans le détail, on se rend compte que les consommateurs... Ils ont envie de quelque chose de plus authentique et qu'on leur serve finalement quelque chose qui est... Oui, c'est plus facile pour la marque d'avoir une égérie internationale qui est la même pour tout le monde. Mais à la fin, on se dit, est-ce que vous avez vraiment compris qui moi j'étais en tant que consommatrice ou consommateur ? Est-ce que vous vous intéressez vraiment à ce que je veux moi ? Et il y a des vraies attentes par rapport à ça aujourd'hui qui font que des marques qui historiquement avaient... Une notoriété qui a été installée, elle commence un peu à être challengée par des marques plus petites qui ont un discours avec de l'influence avec les réseaux sociaux, qui est beaucoup plus authentique et beaucoup plus proche du client réel, du client lambda, en fait.

  • Thierry

    Oui, et puis, tu vois, tu parlais de méconnaissance, de marché tout à l'heure. Je pense que c'est beaucoup ça. Et en fait, il y a un besoin de reconnaissance. Et sur ces marchés-là, quand tu arrives avec une marque étrangère, et puis tu arrives un peu avec tes gros sabots, si tu ne reconnais pas ta cible, ça va être compliqué. Et puis aujourd'hui, il y a quand même beaucoup d'informations, il y a beaucoup de marques, il y a beaucoup d'alternatives. Après, je pense quand même que quand tu as une star internationale, c'est un peu différent. À l'époque, quand Lancôme, tu sais, ils ont pris Lupita, J'ai l'impression que ça a quand même vachement bien marché en Afrique. Parce qu'en plus, elle était dans la mouvance. À l'époque, on parlait des nappies. Elle était pour Eben, tu vois, cheveux d'être.

  • Ramata

    Après, l'hôpital, c'est un très bon...

  • Thierry

    Mais bon, c'était un bon exemple.

  • Ramata

    C'est un profil. Moi, je suis pour les égéries internationales. On est d'accord. Mais c'est plus le côté... Ma critique, ce serait plus quand on prend la même et qu'elle fait la pub pour tout le monde. Et à la fin, on ne sait plus.

  • Thierry

    Oui, complètement. Non, mais ça, je suis tout à fait d'accord. Mais ce qu'il faut vraiment, c'est vraiment... C'est vrai que ça, c'est un truc qui revient régulièrement. Les gens, ils se disent l'Afrique, en fait, c'est un seul pays, l'Afrique noire. On est là, l'Afrique anglophone et l'Afrique anglophone, c'est déjà très différent. Mais alors après, chaque pays a vraiment ses spécificités. Mais en fait, souvent, moi, j'ai des amis journalistes en France, je leur dis, mais vous ne pouvez pas faire un effort à un moment donné. Mais alors... Ça encore une fois, les rédactions, les médias ne mettent pas les moyens, mais qu'est-ce qu'on donne comme image de l'Afrique ? Je ne veux pas rentrer dans le débat, mais quand même, c'est un truc qui... Moi, journaliste à la base, mais qu'est-ce qu'on explique ici de l'Afrique, à part les guerres et la maladie ? Moi, quand je pars en Afrique, dans les repas, les gens qui ne connaissent pas l'Afrique me disent Ah, mais ce n'est pas dangereux où tu vas. Ah, mais il y a la variole du singe. Ah, mais il y a la guerre. Ah, mais... Alors que bon, voilà. Ah oui, mais il va y avoir un coup d'État. C'est quand même malheureux, non ? Je ne dis pas il y a, mais enfin, il n'y a pas que ça. Il faut arrêter. Est-ce qu'on voit beaucoup de reportages sur la mode en Afrique ? Déjà, il n'y en a pas beaucoup. Je ne parle pas au JT, mais sur 7 à 8, je n'en ai jamais lu. Je ne dis pas que c'est là qu'il faut qu'il soit, mais... Si, je pense qu'à un moment donné, il y a des sujets qui devraient... Ça, c'est vraiment essayer un petit peu, d'ailleurs je peux le dire, c'est un peu aujourd'hui un de mes objectifs, c'est qu'on puisse arriver à ça. Parce que tant qu'on n'aura pas montré une image positive de l'Afrique, ça va être compliqué. Et pourtant, il y a plein de messages à montrer.

  • Ramata

    Ah non, mais c'est clair, mais après c'est...

  • Thierry

    Je ne veux pas être un peu dur là-dedans, parce que je pense que les gens ont quand même vu les choses différemment. On voit les Miss qui sont venues en Côte d'Ivoire. Ça montre quand même une ouverture. Mais je pense que les médias sont quand même très fautifs. Alors, est-ce que c'est pas... Des fois, les gens disent, oui, mais c'est voulu. Alors, moi, je ne vais pas rentrer là-dedans, dans ce débat-là. Mais le côté positif, on ne le montre pas beaucoup. Moi, je ne vois pas beaucoup de documentaires, même pas un documentaire, mais de reportages positifs, à part les gorilles au Rwanda. Et en plus, j'entends des... Non, mais tu vois ce que je veux dire. En fait,

  • Ramata

    ça va être très anecdotique. Tu as des outils qu'on va avoir. quelques reportages. Il y avait eu Wax in the City, il y avait eu African Style qui est sorti il y a un an, un peu plus d'un an. Mais du coup, ça peut être un très beau documentaire, un très beau 52 minutes qu'on va pouvoir voir. Mais c'est vrai que c'est très ponctuel et c'est des inédits.

  • Thierry

    Oui, c'est hyper ponctuel, mais dans le quotidien, on ne montre pas une image vraiment positive. On ne parle que de guerre.

  • Ramata

    Quand il y a les Fashion Week en Afrique, quand il y a la Dakar Fashion Week en Afrique ou quand il y a la Lagos Fashion Week, quand on est en France, il y a très peu... Enfin, moi, en tout cas, qui recherche l'information ?

  • Thierry

    Moi, je ne vois pas d'écho aujourd'hui de ces événements-là.

  • Ramata

    Tu ne cherches pas, si tu n'es pas dans une dynamique où tu recherches l'information, tu ne vas pas avoir un média mainstream qui, à un moment donné, va aller chercher l'info. Il commence à y avoir... Et quand il y en a, il commence à y avoir un British Vogue ou... Vogue Italie qui vont...

  • Thierry

    Oui, Vogue Italie, ils l'ont fait pour Adama, j'ai vu, mais tu vois, c'est plutôt des... C'est même pas en France.

  • Ramata

    Non, c'est pas la France. Donc, il y a des choses qui se passent, mais c'est souvent après, et donc c'est vraiment couverture de la Fashion Week, mais c'est très bien. Mais c'est vrai que c'est... C'est pas la France. Mais voilà, moi, je suis vraiment dans ce principe de, voilà, si vous n'êtes pas invité à la table, construisez votre propre table. L'idée de mon média Africa Fashion Tour, c'est vraiment aussi de se dire, à un moment donné, on déplore, on identifie qu'il y a un manque, qu'il y a un besoin.

  • Thierry

    Complètement, tout à fait.

  • Ramata

    De la même façon que toi, à un moment donné, tu t'es dit, cette agence RP, je vais l'orienter avec ce côté Afrique parce que je pense qu'il y a un besoin, il y a quelque chose à faire. Moi, l'idée du média, c'est ça, c'est qu'il y a plein de créateurs talentueux, il y a énormément de marques, il y a des créateurs de contenu talentueux, il y a des créateurs de mode talentueux. Mais finalement, le côté un média qui les met en avant, il y a Elle qui revient aujourd'hui, Elle Côte d'Ivoire, mais qui n'avait pas été là pendant plusieurs ans.

  • Thierry

    Avant, c'était juste en digital. Il y a, mais c'est vrai que ce n'est pas évident, parce que s'ils ne sont pas soutenus par des annonceurs, il y en a peu. Moi, ayant travaillé chez Amina, qui était quand même au cœur du marché, même si Amina, ce n'était pas beau comme Elle Côte d'Ivoire, elle est... Bon, c'était quand même le cœur du marché, donc j'ai quand même pu me rendre compte qui mettait de l'argent comme marque en Afrique, tu vois. Et t'en as pas tant. Ah non,

  • Ramata

    mais c'est clair. Mais c'est pour ça que quand on voit que les... Moi, je pense qu'à un moment donné...

  • Thierry

    Les créateurs de contenu aujourd'hui en Afrique, ils ne sont pas tant que ça sollicités en termes de marques internationales.

  • Ramata

    C'est clair qu'il y a un vrai sujet là-dessus pour moi à se dire. Comment réfléchir à d'autres business models ? Comment on fait en sorte que ces magazines-là puissent potentiellement être plus dans une logique de... Que ce soit des magazines dont une partie est payante et que donc... On est des consommateurs qui soient prêts à acheter, non pas dans une logique de soutenir, parce que le côté un peu charité, moi, ça me dérange un peu. On va aider, on va soutenir, on va donner. Mais c'est pour dynamiser. Complètement. Il y a vraiment des sujets là-dessus qui sont intéressants.

  • Thierry

    Un média, pour qu'il soit bon à un moment donné, il faut aussi qu'il ait des rentrées. Ça reprend mon propos du début. Mais si à un moment donné, c'est difficile, tu fais un super magazine, mais que derrière, tu n'as pas de financement, à un moment donné, tu t'essouffles. Tu fais comment ? Et puis, je pense que voilà, il faut que les marques doivent jouer le jeu. Mais je pense qu'en fait, ils ont besoin d'être rassurés. C'est ça. Mais c'est quand même dingue quand on y pense. En tout cas... C'est quand même un travail de... Je n'ai pas envie de dire de longue haleine, mais si,

  • Ramata

    quand même. Je pense qu'il y a vraiment ce côté, quand elles vont faire confiance à un créateur de contenu, elles vont voir quel est son engagement, quel est son nombre d'abonnés ou autre. Moi, mon média aujourd'hui, ce sur quoi je vais être challengée quand j'ai des conversations avec des sponsors éventuels, c'est le nombre de visites, sur quelle requête est-ce que je suis positionnée. À un moment donné, effectivement, il faut faire un travail pour pouvoir être suffisamment visible pour... pouvoir entamer une conversation avec un sponsor.

  • Thierry

    Alors ça, c'est vrai. Et tu vois, ce point-là, moi, c'est un point que j'essaie de travailler justement en RP avec les différents médias et qui n'est pas toujours évident. Parce que tu sais, en RP, tu dois rendre des comptes à ton client et donc tu as eu un article dans tel magazine, on va te dire, OK, mais donne-moi les KPIs. Donc, quelle est la valorisation de l'article ? Combien de personnes il a touchées ? Le site, il a combien de visiteurs unis ? Combien d'impressions ? et les médias, ils sont incapables de nous donner ça. Peut-être parce que ce n'est pas officiel et qu'ils ont peur, mais à un moment donné, ça, je ne veux pas pour ça.

  • Ramata

    Ce n'est pas forcément que ce n'est pas officiel ou que c'est de la peur, c'est que techniquement, si tu n'as pas comment dire, il y a une base technique dans la manière dont tu as construit ton média digital pour pouvoir que ces informations-là...

  • Thierry

    Les chiffres, tu les as de toute façon.

  • Ramata

    Normalement, oui, mais parfois, si tu n'as pas bien paramétré les choses, tu ne les as pas. Donc des fois, parfois, c'est des contraintes techniques.

  • Thierry

    Oui, oui. Et après, je pense qu'ils ne sont pas dans cette dynamique-là non plus.

  • Ramata

    Parce qu'il y a vraiment...

  • Thierry

    Mais moi, je leur dis, faites-le. Faites-le, communiquez-moi vos chiffres. Parce que plus j'aurai de chiffres, plus à un moment donné, on pourra vous proposer aussi à un annonceur pour qu'il mette un peu de budget ou pour qu'il vous reconnaisse, tu vois. Mais après, voilà, je ne sais pas. Si, pour moi, ça, c'est important.

  • Ramata

    C'est important, mais c'est vrai que l'approche, parfois, dans la manière d'aborder son média, c'est plus quelqu'un qui a une passion pour l'écriture, pour la photo ou autre. Mais la dimension business model dont tu as parlé au début, parce que toi, tu as été journaliste et ensuite, tu as eu le côté publicité, il n'y en a pas un qui compte pas cette...

  • Thierry

    Non, non, non. Moi, j'en ai dit le nombre de personnes. En plus, chez Amina... Je voyais passer plein de gens qui disaient, nous, on va créer un magazine, on veut être interviewé dans Amina, parce que tout le monde voulait être interviewé dans Amina. Mais le nombre de personnes qui m'ont contacté parce qu'ils créaient un magazine, ils cherchaient quelqu'un pour la pub et tout. Et en fait, ils venaient vers moi, ils avaient des super idées, mais ça ne tenait pas la route. Tu vois ce que je veux dire ? Il y avait plein d'idées, mais en fait, il n'y avait pas de business plan.

  • Ramata

    Business model.

  • Thierry

    Oui, en fait, ils disaient, oui, je vais faire un... Alors, ils avaient toujours de superbes idées, mais en fait, derrière, je me dis, comment ça va tenir ?

  • Ramata

    Après, en fait, on en revient à moi. Combien de fois j'ai entendu, il faut faire un Vogue Africa, il faut faire un Zara africain, il faut faire un... Et à un moment donné, je me dis, mais en fait, ces business models-là, quand vous regardez bien, Vogue, il est marié avec LVMH et Kering. Donc, du coup, à un moment donné... Qui sont les Kering et les LVMH qui vont pouvoir soutenir votre Vogue Africa ? Parce que pour que ça fonctionne, c'est ça. Bien sûr. Et donc, quand on n'a pas ces notions-là, pour moi, c'est même en mode. Pour moi, il y a vraiment ce sujet dans les grands succès des marques, dans les succès stories, vous avez un profil créatif et vous avez un profil business. Alors, soit vous avez une personne qui a les deux, soit vous avez deux personnes. Et donc, le profil business, il va aller s'assurer que Il y a une certaine structure dans le business et il va mettre des choses en place qui ne sont pas les choses les plus créatives mais qui sont les choses stratégiques. dont on a besoin pour construire quelque chose de solide. Et le créatif, il va s'éclater à faire la partie créa. Mais quand...

  • Thierry

    C'est vrai que ça, en Afrique, c'est vraiment le gros problème. C'est le sujet.

  • Ramata

    Et du coup, moi...

  • Thierry

    Je crée des super trucs, mais derrière, il n'y a rien.

  • Ramata

    Et parce qu'en plus, ces personnes-là, est-ce qu'elles existent ? Mais soit elles ne se rencontrent pas, ou elles sont où les profils les plus, on va dire, business ? avec un mindset business, ils vont vers de l'agro-business. Ils ne vont pas forcément vers les industries culturelles et créatives, ils vont vers la fintech. Et donc, c'est des gens qui peuvent côtoyer les mêmes univers, mais qui, à un moment donné, ne se rencontrent pas dans une logique de Oh, tu as une marque de mode, il y a du potentiel à développer l'industrie de la mode en Afrique. Moi, ce que je déplore aussi par rapport à la mode, c'est vraiment, je pense qu'il y a besoin de… Parce que l'industrie de la mode, il y a les RP, il y a les créateurs de contenu, il y a les médias, il y a l'usine. Et en fait, aujourd'hui, on a beaucoup de créateurs, de designers, de stylistes, mais finalement, agence RP, il n'y en a pas tant que ça. Créateurs de contenu aussi, il y en a beaucoup, mais finalement, si on n'a que les créateurs de contenu et que les designers, c'est très bien, mais si on n'a pas, à un moment donné, des usines ou des moyens pour valoriser les savoir-faire, et puis si on n'a pas des agences RP qui vont naître en avant. ces marques et ces créateurs de contenu, si on n'a pas non plus toute la partie distribution, des experts pour construire les gros magasins et s'assurer de la stratégie pour les dupliquer dans plusieurs pays différents. En fait, pour moi, c'est comme si on avait plusieurs wagons d'un train, mais qu'il en manquait certains pour que vraiment, on arrive à quelque chose qui fonctionne de manière beaucoup plus fluide.

  • Thierry

    Oui, mais c'est un peu le problème de l'artiste qui est centré sur le livre, qui peut créer, qui peut être le plus beau des poètes, mais si personne ne te montre, les gens ne vont pas venir vers toi. Surtout aujourd'hui, où il y a tellement d'informations, tellement de concurrence, c'est devenu primordial. Après, j'en ai parlé justement quand j'étais au Mali, il faut que les gens aussi se disent, et... Je ne dis pas d'avoir une stratégie où tu as passé trois mois dessus, mais une petite stratégie et tu te dis, voilà, j'ai un petit budget ou j'ai un plus gros budget. Et dans mon business plan, j'ai un poste, une enveloppe pour la communication métier dans le CILI. Moi, je n'en connais pas beaucoup.

  • Ramata

    En fait, il y a, mais ça va être Ibrahim Fernandez. C'est des gens qui sont installés déjà. Oui,

  • Thierry

    mais ils sont déjà installés. Ils se démarquent, mais ça commence, mais peu. Tu vois, il y en a un, Patéo, qui est quand même un doyen de la mode. Lui, il avait compris en ayant des boutiques un peu partout. Et tu vois, j'ai discuté avec lui dernièrement, il y a quelques semaines. Il me dit, oui, mais si je ne faisais pas ça, je mourrais. Et puis,

  • Ramata

    mine de rien, le coup de j'habille des personnes influentes et chaque fois qu'elles sont prises en photo quelque part, elles ont une de mes chemises. À un moment donné, Pathéo, c'est lui qui nous a appris l'influence le premier.

  • Thierry

    Ah mais lui, il était avant tout le monde. C'est pour ça que moi, je... Tu vois, par exemple, pour te dire, j'ai accompagné les galeries. directeur de l'international et le chargé de marché Afrique, je me suis dit, il faut qu'il rencontre Pateo. C'est le genre de choses que j'organise aussi au-delà des acteurs plus business, on va dire. Ce que j'aime mettre en place aussi, encore une fois, comme je disais, il faut que les gens communiquent. Après, il faut avoir ton client qui est ouvert aussi. Parce que s'il n'est pas ouvert, ça ne sert pas à grand-chose. Mais bon, en règle générale, si tu connais bien ton client, tu sais avec qui tu... tu peux le mettre et chacun va apprendre. Mais c'est vraiment primordial. C'est la base de la communication, de toute façon. Et il faut que les messages passent. Il faut vraiment faire dialoguer les cultures.

  • Ramata

    Je pense que ce sera le mot de la fin, cette histoire de faire dialoguer les cultures. Je pense que c'est effectivement le chemin que tu prends et la manière dont tu mènes ta marque dans cette volonté de... de promouvoir des industries culturelles et créatives et de créer des ponts entre des populations qui se connaissent.

  • Thierry

    pas forcément, ou qui se connaissent mal et qui ont des... Je pense que ta démarche, elle est super intéressante et je suis ravie d'avoir eu l'opportunité de pouvoir prendre ce moment pour échanger avec toi et en savoir plus sur ta manière de travailler, ton parcours et aussi, quelque part, ton engagement. Parce que ce que tu évoques là, quand tu dis, voilà, moi, je vais aussi organiser des entrevues entre... Voilà, des cadres de... grande boîte occidentale avec un créateur de renommée internationale, enfin un créateur en tout cas de renommée à forte notoriété en Afrique. Je pense que c'est ce genre de rencontre-là aussi qui marque les esprits de ces personnes-là et qui en fait vont faire bouger les choses parce que ce genre de rendez-vous-là, on s'en souvient en fait.

  • Ramata

    Absolument. Mais je pense que tu disais, c'est vrai que tu as raison, on se dit... Oui. des populations qui se connaissent mal, mais je pense qu'on va dire, plutôt, elles ont besoin de mieux se connaître, comme ça. Voilà, je pense que c'est ça, en fait. Et puis, mais bon, encore une fois, il faut prendre aussi son temps, tu vois. Et en Afrique, par exemple, si tu vas voir quelqu'un comme Patéo, si tu restes deux heures, tu restes deux heures, tu vois. Il ne faut pas non plus dire, ah, j'ai qu'une demi-heure. Ah oui, ben oui. Ah oui, non, non,

  • Thierry

    ça va clairement non plus.

  • Ramata

    Ouais. mais voilà écoute je te remercie beaucoup je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs j'espère en tout cas merci à toi Ramata d'avoir contacté je suis ravi écoute ravi également à très bientôt au revoir à bientôt salut merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à la mode africaine et son imprévisibilité

    00:54

  • Présentation de Thierry Bernat et de son parcours professionnel

    01:59

  • Les défis du journalisme et de la communication en Afrique

    04:59

  • L'impact d'Internet sur le journalisme et les médias en Afrique

    11:00

  • Stratégies de communication pour les marques en Afrique

    18:21

  • L'importance de la culture et des relations humaines dans le business

    39:51

  • Conclusion et réflexions sur l'avenir de la mode en Afrique

    01:19:53

Description

Quelles sont les clés d'une stratégie de relations presse et d'influence réussie en Afrique ?


Thierry Bernath, expert en la matière et fin connaisseur du marché africain, partage son expertise dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De son expérience chez Amina à la création de son agence, il nous dévoile les rouages d'une communication efficace sur le continent.

Il insiste sur l'importance de comprendre les spécificités culturelles locales et d'adopter une approche authentique, en opposition aux stratégies "copier-coller" souvent inefficaces. Son analyse offre un éclairage précieux sur les enjeux et les opportunités pour les marques qui souhaitent rayonner en Afrique. Dans cet épisode, Thierry Bernath aborde également l'évolution du paysage médiatique, le rôle des agences de presse et les subtilités de l'influence marketing. Un entretien pour tous les professionnels de la communication et les acteurs des industries créatives africaines.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Thierry

    On dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qui ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années, on a une expertise. Mais après, l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait, plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique, c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire. C'est que je trouve que voilà, comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le top, mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses pour lesquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Thierry Bernat. Thierry est expert en relations presse, influence et partenariat à la tête de sa propre agence depuis plus de six ans. Il est également spécialiste de stratégie marketing en Afrique. Il a été directeur de la communication du média Amina pendant plus de douze ans. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse partager ses perspectives du marché des industries culturelles et créatives africaines. Bienvenue Thierry, comment vas-tu ?

  • Thierry

    Bonjour Amata, très bien. Bonne fête, on est en période de fête encore. Voilà, écoute, tout va bien. Je ne savais pas trop quoi te dire, en fait. Ravi que tu m'aies invité sur ton podcast. Ça nous permet aussi de faire connaissance, parce qu'on se connaît par les réseaux, par personnes interposées, et je suis ravi de pouvoir répondre à tes questions aujourd'hui et de pouvoir éclairer aussi un public. sur mes activités en Afrique.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, c'est normal. Au début, quand je commence un petit peu les interviews, il y a toujours ce moment un peu de battement, de je ne sais pas quoi dire.

  • Thierry

    Tu vas coincer.

  • Ramata

    Donc, ça arrive à chaque fois. On se dit, mais finalement, alors que bon. Et après, c'est vrai qu'on n'est pas souvent confronté à cet exercice de devoir un peu se livrer, se raconter en général. Surtout, toi, tu es en RP. Tu es plutôt là pour promouvoir les autres, en fait, pour les mettre en avant. et finalement, toi, tu es plutôt parfois dans les coulisses.

  • Thierry

    On est souvent derrière, mais on est aussi tout le temps en contact avec les gens, ce qui est passionnant dans ce métier, mais qui peut aussi prendre beaucoup d'énergie. Après, c'est vrai qu'on essaye de ne pas trop prendre position, même si je pense qu'aujourd'hui, on a le droit aussi d'imposer ses idées, même si on travaille en tant qu'RP. Après, effectivement, l'idée, c'est de faire fonctionner une marque, de mettre en avant les représentants de cette marque et donc de travailler plutôt en sous-marin pour que tout fonctionne au mieux. Après, ça reste quand même un métier de contact. Donc, on est régulièrement en relation avec les gens. Les relations, ça s'entretient. On se rend régulièrement aussi à des événements, donc on a quand même l'habitude de se montrer finalement, même si on reste discret.

  • Ramata

    Très bien.

  • Thierry

    En tout cas, c'est mon point de vue, et je pense que c'est aussi comme ça que ça marche. Mais après, c'est vrai que l'idée, c'est de penser d'abord à son client avant de penser à soi.

  • Ramata

    Tu vas pouvoir en tout cas, pendant cette interview, nous expliquer en détail ce que c'est que le métier. des relations presse, et puis aussi comment est-ce que toi, tu l'envisages avec une perspective africaine. Donc, on va commencer cet échange par, je vais te demander, en fait, c'est la question un peu que je pose à tous mes invités, je vais te demander de te présenter.

  • Thierry

    Ok, donc moi c'est Thierry Bernat, j'ai 49 ans, donc j'ai déjà fait un petit bout de chemin. Je suis Suisse et Français, j'ai vécu en Afrique, j'ai une partie de ma famille qui est africaine, parce que mon père s'est marié plusieurs fois, s'est marié cinq fois. Il a eu deux femmes européennes et trois femmes africaines. J'ai fait des études de journalisme, donc moi en fait j'ai commencé comme journaliste, j'ai fait un master en journalisme à l'ULB à Bruxelles. Et puis, le journalisme, c'est bien, mais c'est vrai que ça répondait pas trop à mes attentes, dans le sens où le traitement n'était pas très bon par rapport à tout ce qu'on vous demande. On ne vous met pas toujours dans une situation très confortable, notamment au niveau matériel. Et donc, du coup, de fil en aiguille, en fait, je travaillais pour France Télévisions. Pas du tout sur l'Afrique, je voulais travailler sur l'Afrique. Puis j'ai répondu à une annonce qui cherchait des chefs de publicité pour l'Afrique, pour une régie publicitaire. Alors moi, ayant fait des études de journalisme, je ne m'avais jamais appris le fonctionnement d'un média en termes de recettes, de recettes publicitaires. Donc c'était nouveau, mais comme je connaissais bien l'Afrique, j'ai été pris et ça m'a permis d'avoir une nouvelle dimension des médias. C'est-à-dire que moi, j'avais la dimension journalistique, en ce temps que je trouvais que le métier de journalisme commençait malheureusement à être... être de moins en moins valorisé par rapport au temps et aux capacités qu'on te demande. Et bon, donc du coup, je me suis lancé dans l'aspect plus commercial des médias, à savoir comment on vend des espaces publicitaires pour renflouer les caisses d'un média et pour le faire vivre. Parce que finalement, un média aujourd'hui, c'est la diffusion, les recettes publicitaires et le contenu journalistique. Mais les trois sont liés. Donc, ça m'a permis d'avoir une vision 360 degrés d'un média. Et c'est comme ça, de fil en aiguille, que je me suis retrouvé chez Amina, à travailler pendant 12 ans, où je n'ai pas uniquement travaillé sur la direction de la publicité, mais également sur la direction de la communication, avec tout ce qui était partenariat, mise en place des thématiques, des dossiers, mise en place des shootings, des couvertures, proposition de personnes à mettre en couverture. Puisque, encore une fois, je le répète, un média, c'est un tout. Il y a un contenu, il y a une diffusion, mais il faut le vendre. Donc, il faut des sujets vendeurs, tout en respectant une charte journalistique. Donc, voilà comment, de fil en aiguille, j'ai fait mon chemin. Et puis, après, à un moment donné, j'ai décidé de me mettre à mon compte. Alors, c'est vrai que j'avais fait mon chemin, j'avais un bon carnet d'adresses. Pour moi, c'était un peu la condition sine qua non avant de me mettre à mon compte. Et j'ai décidé... de créer mon agence. Après, les RP, c'était pas... En fait, j'avais une expertise sur le marché de l'Afrique. Je connaissais les marques, je connaissais les événements importants en Afrique, je connaissais les acteurs, enfin une partie, mais je ne savais pas exactement où j'allais. Je voulais mettre à profit mon expertise. Et puis, en fait, j'ai eu des demandes assez rapides de RP, donc de relations presse, mais quand je dis... Les RP, ce n'est pas que les relations presse, c'est les relations publiques. C'est aussi tout ce qui peut être mis en contact avec des acteurs importants sur un marché pour une marque, pour sa notoriété. Et puis, quand j'ai monté mon agence, c'était en 2018. C'était vraiment le moment où l'influence digitale avait vraiment pris les devants sur le print. Parce que moi, je travaillais pour un magazine print. Et donc du coup, très vite aussi, j'ai été amené à faire de l'influence marketing, qui aujourd'hui est toujours en plein essor. Elle évolue très rapidement, parce que l'influence marketing, c'est très vaste, puisque contrairement à un média, aujourd'hui les créateurs de contenu sont des médias, puisqu'ils ont un public et on peut faire passer un message à travers eux, mais ça reste des individus. Un média, c'est une entité. Donc du coup, la... l'aspect subjectif prédomine, tout en sachant qu'il faut quand même faire passer un message assez généraliste. Donc c'est toute la subtilité de l'influence et c'est ce qui fait aussi qu'aujourd'hui, le monde des créateurs de contenus évolue très rapidement. Qui plus est, à une époque, on privilégiait certains réseaux sociaux comme Instagram qui reste, je pense, comme elle toujours aujourd'hui. un des réseaux qui prédomine dans le marketing. Mais aujourd'hui, on fait du Snapchat, on fait évidemment du TikTok, on fait du LinkedIn, un réseau professionnel qu'il ne faut absolument pas négliger, même dans l'influence. Donc, voilà. Alors, je ne sais pas si j'ai répondu à toutes tes questions parce que je suis arrivé à l'influence, mais tu vas pouvoir me reprendre peut-être un matin.

  • Ramata

    Alors, tout à fait, tu nous as fait une overview assez large de tes différentes expertises et compétences. Ce sur quoi j'aimerais un peu revenir, c'est que tu parles d'une évolution du métier de journaliste et tu parles aussi du business model des médias. J'aimerais que tu puisses revenir un petit peu là-dessus, parce que pour un public qui n'est pas sachant de ce secteur, c'est bien de remettre les choses en perspective sur quels sont les challenges que peut rencontrer un journaliste aujourd'hui par rapport à il y a plusieurs années. notamment avec l'impact des réseaux sociaux. Et puis, c'est quoi le business model du média ? Tu l'as évoqué un peu brièvement, mais du coup, qu'on est bien en tête. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, on dit qu'il y a une crise du média et que c'est de plus en plus difficile de vendre du print ? Est-ce que toi, tu peux nous éclairer sur ces questions-là ?

  • Thierry

    Oui, bien sûr. Je pense que c'est l'avènement d'Internet qui a mis vraiment mal le métier de journaliste, puisque c'est vrai qu'aujourd'hui, avec Internet, on peut recueillir plein d'informations sans qu'un journaliste aille sur le terrain. Après, ce n'est pas une bonne chose parce qu'une information de terrain reste la meilleure information. Mais c'est vrai qu'Internet a permis aussi aux médias de se dire qu'avec moins de moyens, on peut déjà avoir une information. On n'est pas obligé d'envoyer une personne physique sur le terrain, vérifier les choses. Ça prend plus de temps, ça coûte de l'argent parce qu'il y a des frais, surtout s'il part à l'étranger. Donc, il y a un monde. Donc voilà, moi c'est vrai que je voulais vraiment faire du journalisme, mais j'étais un peu candide, je voulais faire du vrai journalisme. Et le problème c'est que le vrai journalisme, il n'a plus beaucoup sa place aujourd'hui. C'est un peu la cerise sur le gâteau, parce que faire du vrai journalisme, ça demande beaucoup de moyens. Et les médias aujourd'hui, il y a très peu de médias qui peuvent payer des vrais journalistes. Pourquoi ? Parce que les recettes publicitaires ont diminué. Alors là, tu parlais du print. C'est vrai qu'aujourd'hui, avec le digital, on ne met plus autant d'argent sur le print. Donc ça, c'est une première chose. Et puis, quand je te parlais justement, quand tu voulais que je développe en fait le business model d'un média, on va parler en tout cas du média print, puisque c'est quand même celui que je connais le mieux à la base. Un média, pour qu'il se vende, il faut qu'il ait des bons journalistes, puisqu'il faut du bon contenu. Mais ensuite, s'il a du bon contenu, il faut de l'argent parce qu'il faut les payer, ces bons journalistes. Et pour les payer, il faut de bonnes recettes publicitaires. Et les recettes publicitaires vont avec une bonne diffusion du média. Si ton média est diffusé à un million d'exemplaires, tu pourras vendre ta page de publicité plus cher qu'un média qui est vendu à 100 000 exemplaires. Et donc, tu pourras mieux payer tes journalistes. C'est un cercle, en fait. C'est le business model des médias, mais qui aujourd'hui, malheureusement, ne fonctionne plus de la même manière. Pourquoi ? Parce que les gens achètent beaucoup moins de magazines papiers avec Internet. Et donc, du coup, ces médias-là souffrent. Alors, ils se sont développés différemment en faisant, en développant beaucoup plus le digital, en demandant également à leurs journalistes de devenir, en quelque sorte, des créateurs de contenu. Si tu prends par exemple la presse beauté, la plupart des jours, pas la plupart, mais beaucoup de journalistes en vue, sont également un peu créatrices de contenu et font la promotion du média. Et puis, il y a le côté événementiel. C'est qu'aujourd'hui, un média, pour qu'il vive, il faut qu'il soit présent sur des événements ou qu'il crée des événements. C'est-à-dire qu'un média print à part entière aujourd'hui ne se suffit plus. Et puis, c'est vrai que les gens se contentent beaucoup. de ce que tu as sur Internet, qui n'est pas une très bonne information, au final. C'est vrai que tu peux quand même récupérer, si tu es un peu averti, aguerri, tu peux quand même récupérer une bonne information sur Internet, mais quand tu achètes un magazine papier, tu ne vas pas lire l'information de la même manière, tu ne seras plus posé, les articles seront plus longs, parce qu'on peut faire faire des articles plus longs sur du papier que sur Internet, ça se lit plus facilement, et donc, du coup, on développe mieux les choses. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'avec la concurrence des réseaux sociaux, la concurrence même des sites Internet, il est difficile de placer le papier au même niveau que ces autres médias.

  • Ramata

    Très intéressant. Et toi, à un moment donné, tu évoques le fait que toi, tu voulais être un vrai journaliste. Qu'est-ce que tu entendais par là ? Quels étaient les critiques sur lesquelles toi, tu avais...

  • Thierry

    Je me rendais prétentieux, quoi. Non, mais ce que je voulais dire... Moi, j'étais un peu déçu parce que j'ai travaillé en télé. J'ai fait un stage en presse écrite, j'ai fait un autre stage chez BFM en radio, et après j'ai travaillé en télé, je sais pas en télévision, et en fait je me suis rendu compte que l'image primait. Et finalement, même si t'avais le bon message, t'avais la bonne information, si t'avais pas les images et que ça allait pas faire d'audimat, c'était pas intéressant. Alors ça c'est un peu le business model de la télé. Alors ouais, je peux le dire, c'était... Dans les années... C'était début 2000. Et je parle pourtant du service public. Mais on était quand même dans cette dynamique-là. Donc, imagine ce que c'est dans le service privé. Donc, du coup, c'est vrai que moi, ça, ça m'a beaucoup fait réfléchir. Et je me suis dit, c'est pas fait pour moi. Mais c'était le monde de la télé. Donc, le monde de la télé, c'est encore un peu particulier. Mais d'une manière générale, Je me suis rendu compte qu'en fait, un journaliste, s'il voulait prendre du temps, personne n'allait vraiment lui payer ce temps. Et quand on veut bien écrire, enfin quand je dis bien écrire, c'est une chose, mais avoir la bonne information, il faut prendre son temps. Et il y a malheureusement très peu de médias qui donnent ce type de traitement aujourd'hui aux journalistes. Ou alors à très peu de journalistes dans une équipe. Donc je dirais, moi je pense que ce que je voulais, c'était faire du journalisme d'investigation. Donc déjà, il y a très peu de postes. Et puis après, c'est vrai qu'avec l'évolution, moi, je suis arrivé à un moment... Enfin, moi, Internet, je crois que j'ai commencé à me mettre dessus à la fin de mes études, pour te dire. On commençait à nous sensibiliser à Internet, à tout ce qui était multimédia. Mais en fait, on ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire. Aujourd'hui, ça prend tout son sens. Mais il y a 30 ans, c'était encore quelque chose de très abstrait. Et donc, du coup, c'est vrai que le métier de journalisme, pour moi, tel que je l'entendais, je pense que j'étais encore sur une image presque romanesque, on va dire, du journaliste. Et en plus, avec tous les changements qui s'opéraient à ce moment-là, j'ai pu trouver ma place. Mais bon, par contre, tu vois, je me suis retrouvé à être toujours très proche des journalistes, à l'être toujours, en partie, parce que quand on fait des RP, on doit d'abord... comprendre le journalisme, je pense. En tout cas, pour moi, c'est primordial. Et donc, c'est ce que je fais. Et puis après, on est toujours proche des médias, on est dans la dynamique des médias. Il faut s'entendre, il faut avoir un bon rapport avec les journalistes et comprendre leur mode de fonctionnement et comprendre aussi comment fonctionnent aujourd'hui les médias, chaque média, chaque média a sa ligne éditoriale. et son mode de fonctionnement. Et donc, je dirais que finalement, c'était un mal pour un bien. Parce qu'aujourd'hui, avec le métier que je fais, le journalisme, je connais, puisque c'était mon premier métier.

  • Ramata

    Très bien. Là, j'ai envie que tu puisses nous parler un peu plus en détail, en fait, de tes fonctions chez Amina. Puisque là, ce qu'on comprend, en tout cas, par rapport à ton profil, c'est que tu as une bonne connaissance, en fait, de... du fonctionnement des médias, que ce soit print ou que ce soit télé en France. Et du coup, des médias plutôt qui s'adressent à une population francophone française, quand tu parlais de BFM ou de France TV.

  • Thierry

    Oui, c'était au début. C'est vraiment mon début. Mais c'est pour ça que j'ai changé, en fait, aussi. Quand j'ai lu cette annonce qui cherchait des chefs de publicité spécialisés sur l'Afrique, je me suis dit... je vais me mettre dessus, au moins je serai en lien avec l'Afrique. Parce que c'est vrai que, comme je le disais au début de l'interview, j'ai un lien assez fort avec l'Afrique. On peut peut-être en parler maintenant, je pense que c'est le bon moment. Parce que d'une part, j'y ai vécu, mais il ne suffit pas d'avoir vécu en Afrique. C'est déjà une très bonne chose pour y être attaché. Mais après, c'est vrai que moi, j'ai une famille métissée, si tu veux. En fait, on est dix enfants dans ma famille. Et avec cinq femmes différentes, il y a six métisses. Quatre métisses, moitié Suisse, moitié Ivoirien. Et deux, moitié Gabonais et moitié Suisse.

  • Ramata

    D'accord. Et du coup, tu as grandi dans une famille comme ça, très cosmopolite et très ancrée. J'imagine à la fois d'un côté au Gabon et d'un autre côté en Côte d'Ivoire ?

  • Thierry

    Oui. Alors le Gabon, c'était après. D'abord, c'était la Côte d'Ivoire, parce que moi, j'ai vécu en Côte d'Ivoire. Mais effectivement, j'ai été... En fait, je me suis retrouvé dans une famille métissée. Donc, du coup, c'était... Ce n'est pas toujours évident, honnêtement, parce que ça a commencé quand j'étais adolescent. En plus, mes parents se sont séparés en Afrique, c'était un peu compliqué. Et puis, les cultures sont différentes. Et donc, du coup, j'ai été confronté à la culture africaine dans ma famille. Donc, ce n'était pas si facile quand j'étais adolescent. Ça demandait quand même une grande ouverture d'esprit. Et puis, c'était des enfants un peu à droite et à gauche. Donc, il fallait avoir une bonne ouverture d'esprit. Et puis, il fallait remettre de l'ordre en soi, en fait, parce que c'était quand même un peu bordélique. Mais c'est vrai que c'est ça qui m'a donné cet amour. Et je pense aussi le fait, cette assurance de me dire, je peux faire quelque chose. avec l'Afrique. Moi, j'ai toujours aimé l'Afrique parce que ça a bercé mon enfance. Et puis, l'Afrique, on est proche de la nature, c'est des émotions que je trouve beaucoup plus fortes. Pour moi, on vit plus en Afrique. Donc, ça, j'ai déjà senti très jeune. Et puis, après, c'est vrai qu'ayant baigné dans cette culture-là, qui m'était un peu imposée, finalement, c'est pas moi qui l'avais choisie, c'est pas moi qui avais décidé de partir en Afrique. ou d'avoir une famille métissée. Du coup, je me suis posé pas mal de questions et puis j'ai essayé de comprendre les différences culturelles, comment on peut dialoguer ensemble, comment on peut avancer ensemble. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je mets... Ça, c'est mon histoire, mais c'est important que j'en parle. Mais c'est vrai que... Dans mon travail, au sein de mon agence, je mets mon expertise, je demande de cette connaissance du marché approfite pour toute marque qui cherche à communiquer en Afrique. Ça, c'est pour les marques qui sont basées en France. Par exemple, je suis l'agence pour les clientèles africaines des Galeries Lafayette et c'est vrai que je mets en place tant une approche RP que des activations en influence marketing, que des partenariats avec l'Afrique. Je pense qu'il est vraiment important de donner une dynamique à ce marché. La dynamique vient d'où ? Elle vient d'un bon fonctionnement des choses. Une équipe qui est dynamique, c'est une équipe où les différents membres de l'équipe s'entendent bien. C'est comme un moteur qui fonctionne bien, c'est parce que toutes les pièces du moteur fonctionnent. et communique entre elles. Et donc, pour moi, c'est vraiment important et c'est comme ça que je le vois aujourd'hui et c'est ce que je propose au sein de mon agence. Il est vraiment important de dynamiser ce marché par une optimisation de la communication. Et pour optimiser cette communication, il faut que chacun se comprenne. Et pour ça, il faut savoir écouter l'autre. Je ne dis pas parce que ça paraît évident, mais moi, ayant quand même pas mal travaillé sur le marché africain, depuis maintenant quand même, alors au-delà de ma connaissance, parce que finalement, je connais l'Afrique depuis plus de 40 ans, parce que je suis arrivé à l'âge de 5 ans, mais c'est vrai que j'ai vu beaucoup de marques essayer de se mettre sur le marché africain, mais qui finalement ne cherchaient pas vraiment. Alors, ce n'était pas leur faute, mais je pense qu'en fait, pour le comprendre, il faut baigner dans la culture. ou en tout cas s'y approcher d'une manière ou d'une autre. Donc voilà, c'est ma façon de voir les choses et c'est ce que je mets en place à travers l'agence Thierry Bernat-Herpé.

  • Ramata

    Ce que je trouve intéressant, en tout cas dans ce que tu dis, c'est cette approche de marques extérieures au continent africain qui vont pouvoir s'intéresser aux consommateurs africains, mais finalement ne pas forcément avoir une approche où elles vont chercher à le connaître, à le comprendre et à peut-être adapter. adapter leur stratégie de communication, il y a un petit peu une forme de je vais faire un copier-coller, je vais dupliquer ce que je fais déjà ailleurs. Et puis, si ça ne fonctionne pas, parfois, c'est un marché qui n'est pas assez mûr.

  • Thierry

    Et je me retire quand ça ne fonctionne pas. Je me retire. C'est ce qui arrive avec beaucoup de gros groupes.

  • Ramata

    C'est ça. Mais alors qu'en fait, le travail n'a peut-être pas... L'approche, en fait, de déploiement sur le continent africain n'a pas été faite avec une volonté vraiment de... On prend des experts sur le terrain, on fait vraiment un travail de... On change nos supports de communication. Moi, j'ai pu voir certains centres commerciaux où on va avoir des boutiques, la Halle par exemple, où... Toutes les photos, c'est des photos qu'on pourrait voir dans un laal en banlieue parisienne. Et finalement, on se dit, mais il y a... Alors, ça date un peu, ce dont je parle. Je ne sais pas si ça a évolué depuis, mais c'est vrai qu'il y a quand même... Quand on veut intégrer un territoire, il y a un travail à faire de connaissance des habitudes de consommation et de...

  • Thierry

    Complètement. Et puis, on ne peut pas imposer son modèle. C'est comme deux personnes qui cherchent à communiquer ensemble. Quand il y en a une qui impose sa façon de penser, ça va bloquer l'autre. Quand on ne se connaît pas, en règle générale, quand tu rencontres quelqu'un, et puis que la personne est trop imposante dans ses propos, en règle générale, ça va te bloquer. Tu n'as pas trop envie de continuer la discussion. Donc, c'est un peu la même chose. Après, il n'est pas facile à comprendre, le marché africain. Moi, je trouve qu'il y a beaucoup de spécificités. Parce que l'Afrique est très forte. Elle garde beaucoup d'elle-même, eu égard à tout ce qu'on peut dire, mais elle a des spécificités vraiment propres à elle. Et je pense que quand on veut travailler avec elle, il faut y mettre beaucoup de sien. Peut-être plus encore que sur d'autres marchés. Parce qu'elle est très authentique, l'Afrique.

  • Ramata

    Et alors moi, le parallèle parfois que je fais, c'est que je trouve qu'il y a des marques de luxe. En tout cas, moi, c'est vraiment un domaine... luxe mode que je connais bien, qui quand il s'agit du marché asiatique, Corée, Japon, Chine, il y a des efforts qui vont être faits parce que c'est des cultures qui sont totalement différentes de la culture occidentale et elles vont vraiment aller faire le travail de chercher à comprendre le consommateur chinois, on va chercher à comprendre cette population-là parce qu'on sait qu'elle a le pouvoir d'achat, qu'elle a les moyens et que ça peut être bénéfique pour nous. Et cet investissement-là, on est prêts à le faire. Et c'est vrai. par rapport à l'Afrique, il n'y a pas le même engagement, je trouve, de certaines marques. Alors, on commence à voir des choses, ça commence à bouger. Et notamment, je pense que ton agence, elle fait partie vraiment des leviers qui permettent à certaines marques de faire les choses bien. Mais je trouve que les marques, elles savent comment, finalement, pénétrer un nouveau marché. Elles ont le playbook. Mais c'est vrai que vis-à-vis de l'Afrique, il y a un peu… J'entends beaucoup ce que tu évoquais là, mais ce n'est pas facile, ce n'est pas évident, on ne sait pas comment faire. Déjà,

  • Thierry

    il y a très peu d'insights. Alors moi, je te dirais quand même, comme je travaille quand même avec des groupes qui, en règle générale, travaillent également sur l'Asie, l'Asie, il y a 20 ans, 30 ans, c'était à peu près la même chose. Tu prends la Chine, il n'y avait pas d'insight, on ne savait pas trop où on allait, on investissait un peu comme ça. Et finalement, après, ça s'est développé parce qu'il y a aussi une classe moyenne qui était plus importante et les gens ont mieux compris le marché. Donc, je pense que c'est une question de temps déjà parce que l'Asie en est à un autre stade de développement. Aujourd'hui, il faut quand même le dire. Mais tu prends le marché... d'Amérique latine. Moi, je discute, je suis en contact avec une agence qui travaille en Amérique latine pour le même client que moi. Moi, je travaille pour l'Afrique. Et en fait, il y a aussi beaucoup de similitudes. Sauf que l'Amérique latine aussi est quand même dans une phase de développement déjà plus... Ça fait un peu plus de temps, si tu veux, qu'elle se développe. Moi, je pense qu'il ne faut pas oublier que... L'Afrique, c'est ancestral, mais les indépendances, elles sont quand même encore très récentes. Et on demande beaucoup à l'Afrique. On demande beaucoup de choses, il faut laisser du temps. Et puis, l'Afrique ne fonctionne pas comme les autres, et je pense qu'elle n'a pas envie de fonctionner comme les autres. Et c'est là où je disais qu'elle est plus authentique. Moi, j'ai l'impression que l'Asie est plus docile. Je ne sais pas si on apprécie ce terme ou pas, mais plus docile dans la dynamique. internationales, on le voit dans le mode de production. Ils sont très suiveurs, ils ont l'habitude d'avoir... Ils fonctionnent un peu à la chaîne. Ils produisent, ils produisent, ils produisent. Après ça, c'est la pensée unique, c'est le modèle occidental. Mais moi, je ne suis pas certain que c'est le modèle que l'Afrique va développer. Elle le développera, mais à sa manière. Tu sais, je t'en ai parlé quand tu m'avais contacté. pour l'interview. J'ai été invité au Forum de la mode et du design de Bamako fin novembre. L'idée, c'était de réinventer la thématique, c'était réinventer une mode pure, responsable et durable en Afrique. Et on a eu beaucoup de discussions et moi, j'étais le seul venant d'Europe à ce forum. Enfin, le seul qui n'est pas d'Afrique, en fait. Même si en partie, je suis un peu africain. Je parlais quand même à un moment donné des possibilités, mais d'une manière très positive, de développer la mode en Afrique en jouant un peu sur les économies d'échelle. produisant plus. Et finalement, j'avais beaucoup... J'ai eu à un moment donné, d'ailleurs, une discussion très intéressante avec quelqu'un, une personne que j'ai beaucoup appréciée, qui m'a dit, mais Thierry, arrête de penser comme un blanc. Et elle n'avait pas tort, en fait. Et pourtant, pour te dire, je connais quand même l'Afrique. Et elle me dit, on ne fonctionne pas de la même manière sur beaucoup de points. Et c'est vrai que sur la mode, tu vois, j'en suis arrivé à me dire que finalement, ce n'était pas non plus la solution que de demander à l'Afrique de développer sa mode en produisant plus. Peut-être qu'il faut rester sur un marché plus artisanal, mais moderne, avec des créations uniques, et que c'est ça aussi la force de l'Afrique et de sa mode. Parce que c'est vrai que l'Afrique foisonne de stylistes, il y a énormément de créations, l'Africain est beaucoup plus dans l'irrationnel, c'est un artiste beaucoup plus que l'occidental, en tout cas selon moi, parce que justement, on lui met moins de bâtons dans les roues. il est dans un schéma où il y a encore toutes les portes ouvertes et je pense qu'il a tout intérêt à ne pas prendre le chemin de l'industrialisation tel que nous on l'a développé ici en Occident.

  • Ramata

    Je suis complètement alignée avec ça, d'autant qu'aujourd'hui on connaît les limites de l'industrialisation.

  • Thierry

    Absolument, on le voit chez nous, donc je pense qu'il nous regarde.

  • Ramata

    Donc on sait déjà comment le film se fait. on ne va pas dire se finit, mais en tout cas, on sait quelles sont les évolutions néfastes qu'il peut y avoir dans le secteur de la mode. Et je te rejoins complètement sur, que ce soit au niveau des créatifs, mais que ce soit même au niveau des consommateurs, il y a une uniformisation de la mode en Occident qui est on va produire en quantité le même pantalon noir, le même blazer noir, là où en Afrique, que ce soit à Dakar, à Lagos, à Accra, on est vraiment dans une dynamique où chaque créateur a une volonté de chaque collection. Il y a un certain nombre de bases de produits qui sont les mêmes, mais après, c'est l'opportunité de renouveler, de changer, d'apporter de la fraîcheur, et donc, on est vraiment dans une dynamique où on n'est pas dans cette logique de Pantone a sorti la couleur de l'année, qui est le choco, donc tout le monde va faire du choco Maintenant, en fait...

  • Thierry

    Il faut faire travailler les artisans en Afrique, c'est tellement important. Enfin, moi, j'étais au Mali, qui est vraiment le pays de l'artisanat, parce que le textile au Mali, mais toutes les femmes qui tissent, le tissu, tout ça, il faut surtout surtout pas les sortir de la chaîne aujourd'hui. Ce n'est pas comme ça qu'on va développer, on ne va pas les mettre au chômage. Tu vois ce que je veux dire en disant on fait une usine, ou est-ce qu'on l'a fait l'usine ? Donc du coup, je pense que voilà, en tout cas pour moi, ce n'est pas dans l'ADN de l'Afrique. Et plus je réfléchis, je dirais, et plus le temps passe, plus je me rends compte que l'Afrique a tout intérêt à ne pas se développer de cette manière-là. Aujourd'hui, il y a une vraie assurance. Les gens ont confiance en eux. Je pense qu'on est en bonne voie. Avant, il y avait un petit peu, on doit suivre les autres. Finalement, on se rend compte que nous, ce qu'on fait, ça peut plaire comme ça et c'est notre force.

  • Ramata

    On se rend compte aussi de notre propre valeur parce que les projecteurs sont tournés vers des créateurs africains et il y a une vraie volonté de les mettre en avant. Il y a des fashion week qui... sont à Dakar. La Fashion Week, elle a plus de 20 ans. Les Ghost Freakers, plus de 15 ans.

  • Thierry

    Et puis, il y a des nouvelles Fashion Week qui se créent. Donc, ça veut quand même dire quelque chose aussi. Tu vois, il y a de plus en plus d'événements mode en Afrique. Et puis, la mode, elle est...

  • Ramata

    Et des événements mode de qualité avec des créateurs qui proposent des collections qui sont tout à fait, comment dire, contemporaines. Parce qu'il y a aussi tous les clichés liés à l'Afrique où... Quand on parle de mode, d'industrie culturelle et créative, c'est parfois associé à un vocabulaire avec lequel moi, en tout cas contre lequel je me bats, mais qui est de l'ordre de, c'est du folklore, c'est de l'ethnique, c'est exotique. Du coup, c'est world music, par exemple. Et c'est catalogué, en fait, dans quelque chose qui est, ce n'est pas mainstream, en fait. Or, là, aujourd'hui...

  • Thierry

    Après, tu prends plein de créateurs aujourd'hui. Tu vois ceux que fait défiler Adama, la Dakar Fashion Week. Si tu ne sais pas qu'ils sont africains, quand tu vois les créations, pas toutes, mais certaines créations, tu n'as pas du tout l'impression que c'est africain. Ibrahim Fernandez aussi, j'étais à son défilé, lui il a fait un exemple aussi, parce qu'il a fait un défilé pour ses 10 ans. le 15 décembre à Abidjan, il montre qu'aujourd'hui aussi, la mode a beaucoup évolué en Afrique. Bon, lui, c'est vrai qu'il y a des créations qui ne sont pas, qui ne font pas du tout afriquettes, en fait. Si tu ne sais pas qui est derrière, certaines, oui, mais d'autres, non.

  • Ramata

    Moi, j'ai tendance à dire aujourd'hui qu'elles sont 100% africaines et aujourd'hui, c'est ça l'Afrique aussi, en fait. C'est que...

  • Thierry

    Oui, alors, je comprends ce que tu veux dire. Il faudrait... Oui, tu vois, là, tu me reprends, mais ça, c'est parce que, bon, moi, je suis le blanc. C'est pas du tout... Tu m'en as un rapport. J'ai toujours le prisme de...

  • Ramata

    Tu as un passé de journaliste, donc c'est pour ça que je me permets de te reprendre. C'est vraiment aussi de nous arriver à nous dire que la mode africaine,

  • Thierry

    ce n'est pas le wax. L'Afrique, ce n'est pas uniquement... Ce n'est pas le wax,

  • Ramata

    ce n'est pas... Ce n'est pas que ça, en fait. Et aujourd'hui, un créateur qui a 30 ans, qui est inspiré, qui vit à Dakar ou qui vit à Abidjan, il a accès à... toutes les influences du monde entier pour créer sa collection. Et du coup, ce qui va être intéressant, c'est qu'il va mélanger la tradition avec la modernité et ça va créer quelque chose de complètement nouveau qui est, moi, ce que je trouve intéressant, qui sort un peu du cadre du cabinet de tendance. Il a dit que la couleur du moment, c'était le burgundy. Donc, on va tous faire du burgundy.

  • Thierry

    Et puis vraiment, je dis, le fait qu'on soit quand même beaucoup plus dans l'irrationnel, qu'on mette moins de bâtons dans les roues en Afrique, automatiquement, la création est beaucoup plus intéressante.

  • Ramata

    C'est beaucoup plus libre, en fait. C'est bien encadré. Et du coup...

  • Thierry

    On peut faire de tout. C'est-à-dire qu'on peut faire du retour aux origines en reprenant, tu vois, des symboles très africains, un peu tribal. Et on peut très bien aussi faire de tout, en fait, qui n'est pas spécialement une mode propre à l'Afrique, mais une mode, tout simplement. Complètement. Et... Et ce qu'il faut quand même se dire aussi, c'est que, tu vois, l'Afrique qui se développe, avec l'avènement des réseaux sociaux, elle a énormément gagné. Parce que les gens sont passés, par exemple, les gens n'ont pas connu le téléphone fixe. Ils sont passés directement au téléphone portable, aux réseaux sociaux. Donc, en fait, ça va beaucoup plus vite chez eux. Et moi, je suis quand même basé en France, mais j'y suis très régulièrement. Il y a des pays que je fais tous les deux mois. Je prends par exemple une ville comme Abidjan. Après deux mois, j'y retourne et pour moi, il y a plein de choses qui ont évolué. Abidjan, ça évolue vite en ce moment, c'est vrai. Mais dans cette ville-là, tout va très vite.

  • Ramata

    Tu parles du téléphone portable,

  • Thierry

    on peut parler aussi de la banque

  • Ramata

    Orange Monnaie.

  • Thierry

    Oui, bien sûr, tout à fait. Mais c'est vrai que l'avènement des informations, le fait de voir ce qui se passe ailleurs, le fait de pouvoir communiquer. Parce que moi, je me rappelle encore à l'époque, quand je partais en Afrique, j'avais un roaming pas possible. Et c'est vrai qu'eux, quand WhatsApp est arrivé, ils ont pu communiquer avec le monde entier, sans plus rien payer. Alors qu'ils étaient encore, tu vois, il y en a qui n'ont même pas d'électricité encore. Si, ils en ont pour le portable, mais si tu veux, ça reste quand même assez... Ils sont dans des zones assez reculées.

  • Ramata

    Alors, si on en revient un petit peu à toi et ce que tu fais aujourd'hui. Moi, l'idée, c'est que tu as une très bonne connaissance de l'Afrique et du coup, ça rend ton profil, je pense, crédible,

  • Thierry

    légitime. Tu sais ce qu'on dit, on dit que celui qui connaît l'Afrique, c'est qu'il ne la connaît pas vraiment. Parce que l'Afrique, c'est l'imprévisible. On a une connaissance de l'Afrique, au bout de certaines années on a une expertise, mais après l'Afrique surprend toujours. On croit connaître des choses et en fait plus on creuse, plus on se rend compte, plus on doute finalement. C'est un peu partout pareil. Mais je trouve que l'Afrique c'est quand même beaucoup l'imprévisible. Je me suis permis de te couper là parce que c'est quand même quelque chose que j'aime bien dire, c'est que je trouve que voilà... Oh... Comme il n'y a pas beaucoup d'insights sur ce marché, des fois on se dit qu'on comprend le marché au bout d'un moment parce qu'on se fait sa propre idée, on va sur le tas. Mais au final, on se rend compte que plus on creuse, plus il y a de choses auxquelles on ne s'attendait pas du tout et qui nous surprennent. C'est un peu ça, c'est surprenant l'Afrique. C'est un peu la surprise, l'imprévisible. Bon, après, non, mais tu as raison. Après, il y a quand même au bout de certaines années où tu travailles sur ce marché, avec le continent, oui, tu as une expertise.

  • Ramata

    Non, mais c'est surtout le fait d'être conscient de ce que tu dis là, d'être conscient de ce côté imprévisible. Quand on travaille avec toi, tu vas aussi sensibiliser les marques, tu vas sensibiliser tes partenaires.

  • Thierry

    Alors qu'il y en a qui arrivent en se disant,

  • Ramata

    c'est bon. J'ai mon idée de franchise, je vais la dupliquer dans toutes les capitales africaines. Et puis, bim, bam, boum, voilà. Je peux faire mon business plan sur les cinq prochaines années, ça va fonctionner. Et en fait, quelqu'un qui connaît le terrain va dire, écoute, attaque-toi déjà à Abidjan. Fais tes armes dans cette ville. Vois quels sont les challenges que tu peux rencontrer. Et petit à petit, tu vas en fait te déployer dans d'autres univers. Et du coup, d'avoir cette connaissance-là. Ça donne une certaine finesse à la manière dont tu travailles. Donc moi, j'aimerais bien que tu nous parles de, soit peut-être un peu la transition qui s'est faite entre tu travailles pour Amina en tant que directeur de communication et aussi sur la partie publicité. Et ensuite, tu montes en agence. On a parlé un peu brièvement tout à l'heure. Mais bon, j'aimerais bien en parler parce que ça reste quand même... Je pense qu'on a... En tout cas, j'ai eu des Amina à la maison étant petite. On va dire... toute famille africaine, il y a dû avoir sans forcément avoir pris un abonnement, en tout cas, on a tous feuilleté Amina ou plusieurs même. Je pense que c'est un magazine de référence et de ce fait-là, c'est intéressant que toi, tu puisses nous parler un petit peu de cette expérience et puis de c'est quoi l'enjeu de ce magazine-là, sachant qu'en fait, on aura beau dire, mais il n'y a pas tant que ça de magazine de porn.

  • Thierry

    Non, non, non.

  • Ramata

    Voilà, donc on peut saluer la longévité d'Amina, en fait, par rapport à ça. Ben oui,

  • Thierry

    je pense quand même qu'il faut, là, j'aimerais remercier en fait le créateur du magazine et voilà, qu'on lui fasse un petit clin d'œil. Ça a été mon mentor, c'était Michel de Breteuil et qui est décédé malheureusement en 2018, mais qui est resté jusqu'à plus de 4 ans. 70 ans, au magazine, il venait de travailler tous les matins, et c'est lui qui a eu cette idée un peu de génie, enfin de génie, de créer à l'époque, c'était en 73, basé à Dakar, un magazine qui allait donner la parole aux femmes, quelle que soit leur origine sociale, donc ça pouvait être la vendeuse de beignets comme la première dame. Et c'est ce qui a fait la force d'Amina, c'est qu'en fait... Il y a eu tellement d'interviews, le magazine est passé partout. En fait, c'était hyper novateur à l'époque, en 1973, de faire un magazine pour les femmes en Afrique. Et c'est vrai qu'on le sait quand même, en Afrique plus qu'ailleurs, la femme décide de tout. En fait, elle est quand même partie prenante sur tout. C'était Angélique Hidjo, une fois, qui disait, lors d'une interview, ça m'avait marqué. que la femme était la colonne vertébrale de l'Afrique. Je trouve que c'est très vrai. Donc du coup, si tu veux, pour moi, mon expérience chez Amina était extrêmement enrichissante. Déjà, ce que j'ai appris par Michel de Breteuil, qui a été mon mentor et qui connaissait l'Afrique du bout des doigts, qui connaissait les différents pays, qui était quelqu'un qui recevait dans son bureau tout le monde. Tu ne prenais pas de rendez-vous, tout le monde venait. Le marabout, la femme de ménage, la première dame, une chef d'entreprise. Tout le monde y recevait, y recevait. T'avais une queue, des fois, devant. Les gens attendaient plusieurs chefs et puis rentraient. Chacun y donnait un peu. Et y recevait, comme ça, spontanément, tout le monde. Donc, il était comme on fait en Afrique, en fait. Tu vois, tu ne prenais pas rendez-vous. D'ailleurs, il y avait un truc qui me faisait toujours rire quand les gens l'appelaient. Il disait, on se voit quand ? Je lui dis, vous venez quand vous voulez. Un jour, il m'avait dit, je ne vais pas leur donner rendez-vous parce que sinon, on ne sait pas si on se verra. Et il avait raison, tu vois, il fonctionnait comme ça. Donc Abinash, ça a été ça pendant des années. Moi, je suis arrivé en 2005 pour remplacer l'ancienne directrice marketing qui partait à la retraite, qui est devenue une amie d'ailleurs. Et donc, ça a été une expérience extrêmement enrichissante pour moi. Déjà, j'étais vraiment à ma place et j'ai pu rencontrer plein de monde. Et j'ai pu aussi me rendre compte, alors ça rencontrait plein de monde, c'était au-delà des marques, mais tu vois, que ce soit à travers les partenariats, les journalistes, les personnes en vue ou pas en vue, mais parce qu'on recevait tout le monde en fait chez Amina, c'était pas le magazine des stars uniquement. loin de là, c'est le magazine de toutes les femmes. Donc du coup, ça m'a permis d'avoir une vision d'ensemble de la femme africaine. Et puis, il y avait quand même beaucoup d'hommes qui venaient aussi. Donc finalement, même si moi, j'avais déjà cette vision-là avec mon passé, mais dans mon univers professionnel, je pense qu'on ne pouvait pas arriver mieux. Et je suis resté là-bas jusqu'en 2018, donc un peu plus de 12 ans. Je voyageais beaucoup aussi en Afrique. Et puis, je me suis aussi rendu compte du marché, on va dire du marché marketing sur l'Afrique, puisque j'allais voir des marques comme Unilever, L'Oréal, Air France, Western Union, qui communiquaient plus facilement, parce qu'ils sont quand même très présents sur l'Afrique. Mais j'allais voir d'autres marques, des marques de luxe, de chez LVMH et tout, et j'essayais de les avoir en publicité. Et je me suis rendu compte du marché, qui n'était pas évident. finalement. Justement parce que les gens ont une méconnaissance de ce marché, ont un peu peur, ne le comprennent pas. Il y en a qui font un pas, puis après ça se passe mal. Du coup, ils ne reviennent pas. Moi, je me rappelle avoir eu un rendez-vous une fois, je ne vais pas la citer, c'était une marque de luxe, de cosmétiques, vraiment très haut de gamme, qui était intéressée à ce marché. Et puis, j'ai Je crois qu'il y avait Dior en couverture 4. Et puis en couverture 3, il y avait les cubes Jumbo. L'attachée de presse, la tête qu'elle a tirée quand elle a vu les cubes Jumbo à côté de la pub Dior. Mais c'était ça Amina, si tu veux. Voilà comment était le marché africain à l'époque. Bon, et puis donc du coup, pour revenir un petit peu à mon expérience. Mais bon, c'est important de te raconter un peu ces anecdotes parce que ça te permet de te rendre compte de l'évolution du marché. qui, je me suis rendu compte, je croyais qu'il allait évoluer plus vite, même au niveau marketing, que les marques en Europe allaient plus s'investir en Afrique. Et au final, tu avais l'impression qu'elles se mettaient dessus, mais en fait, c'était un pas en avant, deux pas en arrière, ou c'était juste un effet de mode. Et bon, finalement, les choses ont évolué. J'ai connu, on va dire, la fin de la super période de la publicité sur le print et des médias print. Et j'ai commencé à sentir le vent tourner. J'étais attaché à ce magazine, comme je te l'ai dit aussi, parce que Michel Debreuteuil était mon mentor. Et puis les choses ont évolué, Michel Debreuteuil est décédé, ça faisait un moment que je voulais me mettre à mon compte. Et puis les choses n'étant plus comme avant, et puis la presse n'étant plus ce qu'elle était, j'ai pris ma décision, je suis parti d'Alina. et j'ai créé... Au début, je me suis mis à mon compte et après, j'ai créé mon agence. Parce qu'au début, en fait, en me mettant à mon compte, comme je le disais au début de l'interview, j'ai voulu mettre à profit cette expertise que j'avais d'abord personnellement par mon histoire familiale et ensuite professionnellement avec... Parce qu'avant d'aller chez Amina, je travaillais déjà un peu sur l'Afrique. Comme je te l'avais dit, j'avais commencé à travailler pour cette régie publicitaire spécialisée sur l'Afrique. Après, j'ai travaillé pour un magazine qui s'appelait City Black, un petit magazine qu'on lançait. Donc, j'ai connu aussi Amina. C'était autre chose. Quand je suis arrivé chez Amina, c'était le numéro un sur le marché. Mais j'ai travaillé avant sur des magazines aussi où il y avait tout à faire. Donc, j'ai dû me battre pour aller voir des marques en leur disant, il faut communiquer sur cette presse-là. Mais tu avais des marques ici qui te regardaient en disant, moi, j'avais des marques de luxe. On sait qu'on a cette clientèle, mais ce n'est pas pour ça qu'on va se mettre dans un magazine pour les Africains. Voilà. Donc du coup, j'ai pu me rendre compte du marché, de son évolution qui était quand même très lente. Il évolue, le marché, mais beaucoup plus lent que ce qu'on pensait. Et souvent, les gens disaient Allez, cette fois-ci, c'est bon, ça va être… Les gens ont voulu comparer le marché français au marché communautaire africain, en tout cas, parce que je n'aime pas le terme ethnique qui n'est pas toujours très bien pris, même si en marketing, on se comprend. on va dire le marché de la communauté africaine en France à celui des États-Unis et ça n'a rien à voir. Et les gens disaient mais je ne comprends pas pourquoi dans un magazine comme Essence ou Ebony, il y a des pubs pour Land Rover avec une Africaine alors qu'ici non, c'est ce qu'il faut qu'on fasse. Mais les Noirs aux États-Unis, ils sont américains avant d'être africains, même s'ils ont des origines. Ici, ce n'est pas la même chose et le marché n'est pas le même. Moi, je travaille... Je m'occupe des RT de la marque Cantu, qui est une marque américaine. Les volumes qu'ils font en Afrique, ce ne sont pas les volumes qu'ils font en France. Donc, on ne peut pas comparer. Les marchés sont très différents. Voilà. En tout cas, du coup, si tu veux, ça m'a donné une bonne expérience. Et puis après, j'avais quand même un bon carnet d'adresses de marques. et puis de partenaires potentiels. Et donc, je me suis dit, tu peux te mettre à ton compte. Et puis, j'avais le côté commercial que j'avais beaucoup développé. Donc, si tu veux, j'étais pas mal dans la prospection puisque c'est ce que je faisais beaucoup chez Amina. C'est toujours aller trouver des nouveaux clients. Donc, du coup, quand tu sais rentrer les clients, c'est déjà quand même le nerf de la guerre parce que c'est l'argent. Ensuite, après, c'est sûr qu'il faut que tu leur proposes des choses qui leur conviennent. Mais j'avais cette expertise. Et même s'il y avait des choses un peu nouvelles, parce que c'est vrai que les RP, je t'avoue que... Moi, je n'ai pas fait d'études de RP, mais après, je ne sais pas si je vais faire des études de RP. Je pense qu'il faut avoir un bon sens du relationnel, bien comprendre les gens et être aussi commercial. Parce que je pense que pour être un bon RP, il faut être commercial, mais il ne faut pas être commercial rentre-dedans. Et il faut aimer les gens, il faut s'intéresser à eux et puis vouloir faire avancer les choses. Et donc, du coup, c'est comme ça qu'en fait, si tu veux, de fil en aiguille, c'est créer mon agence. Et c'est vrai que j'ai eu beaucoup de demandes RP. En sachant que si tu veux, les RP en Afrique, c'est quand même différent. Moi, j'en fais pour des marques sur le marché français, notamment dans la presse beauté. Mais si tu veux, moi, une journaliste beauté de Marie-Claire Dehael, si elle fait un sujet sur les cheveux bouclés et qu'il y a un produit qui lui plaît ou une brosse qui lui plaît par rapport à ce sujet-là, Que ce soit pour un sujet afro ou pas, elle va parler de ton produit. Elle est dans cette dynamique-là. En Afrique, on a peu de médias. Il y a quelques médias panafricains, mais il n'y en a pas beaucoup, tu le disais toi-même. Et après, les médias par pays, il n'y en a quasiment plus aujourd'hui, des médias papiers. Et puis, les journalistes en Afrique, en règle générale, ils ne font pas les choses gratuitement. Dans le sens où, comme je disais, une journaliste de chez Marie-Claire, Si elle a un papier à faire sur les brosses démêlantes flexibles, et moi j'ai une brosse démêlante flexible, et puis qu'elle te trouve sympa, elle va parler de ton papier parce que tu lui as donné l'information et qu'elle est en contact avec toi. Sur l'Afrique, c'est différent. Donc du coup, les RP en Afrique, c'est une autre approche. Alors moi, je sensibilise quand même les supports à parler de ces marques parce que... Ça rentre dans des sujets qui peuvent les intéresser. Mais en dynamisant les choses de manière différente, j'ai toujours gardé un peu le côté achat d'espace aussi. Donc quand je peux, comme ça a été quand même aussi mon cœur de métier, je vais négocier une page pour ces supports ou ces médias. Et puis, d'une manière générale, je travaille les RP. Mais ça, aujourd'hui, les RP, même en France, c'est plus comme avant. De manière... 360 si tu veux. C'est qu'aujourd'hui, tu n'appelles pas juste quelques amis journalistes pour qu'ils te fassent un papier sur ton produit, mais tu fais un peu de paid, tu peux faire de l'achat d'espace, tu organises des événements avec du sponsoring, tu fais de l'influence, qu'elle soit organique ou payante, enfin c'est un tout aujourd'hui. Il faut être un peu partout. Donc, c'est comme ça que je la développe sur l'Afrique. Mais sur l'Afrique, je dirais, de toute façon, vu qu'on a quand même peu de support, je parle de l'Afrique francophone, surtout, mais même sur l'Afrique francophone, alors oui, tu as un peu plus de magazines sur l'Afrique du Sud, mais c'est encore un autre marché. Mais, par exemple, en Côte d'Ivoire, aujourd'hui, en magazine papier, tu n'en as pas beaucoup. Tu as Elle, maintenant, qui est Elle Côte d'Ivoire, qui sort un magazine papier. Tu as Femmes d'Afrique. Amina, je crois qu'on ne le trouve plus parce qu'il y a un problème de distribution des magazines en Afrique avec les MLP voilà, t'as Milk mais c'est des magazines en plus qui ne sortent pas toujours régulièrement et qui ont besoin d'annonceurs ils ne s'en sortent pas seuls enfin seuls, je ne dis pas qu'ici ils s'en sortent seuls, mais ils sont rodés donc du coup, l'approche RP est différente, il faut leur donner un coup de main aussi, d'une manière ou d'une autre à ce métier Pas juste arriver en leur disant, voilà, moi j'ai une marque super intéressante, faites-moi un papier et je vous offre un déjeuner ou le dernier shampoing de telle marque. Ça, c'est vraiment une dimension à prendre en compte en Afrique. Et puis les journalistes aussi souvent sont très mal payés, voire pas payés. Donc ils attendent beaucoup en fait que les marques les payent, tu vois. Ce qui est un peu normal, ce qui n'est pas le cas ici. En tout cas, ici ça peut l'être. Mais c'est différent. C'est caché et puis ce n'est pas systématique en tout cas. Je ne sais pas si je peux bien exprimer sur le marché RP en Afrique. Non, non,

  • Ramata

    c'est très clair. La question que j'allais te poser, c'est du coup, toi, tu vas travailler avec des marques, de ce que j'ai compris, tu vas travailler avec des marques, comment dire, occidentales, on va dire, qui veulent s'implanter en Afrique, mais tu vas aussi travailler avec des marques...

  • Thierry

    Ou qui veulent communiquer vis-à-vis de l'Afrique. Des fois, il y en a qui ne s'implantent pas, mais elles veulent communiquer pour... Quand les Africains viennent en France, par exemple, ils pensent à eux, tu vois. Ça, ça peut aussi être le cas. Oui, excuse-moi, tu disais ?

  • Ramata

    Du coup, l'idée, c'est que qu'est-ce que tu mets en place justement pour une marque ? Alors, sans nous dévoiler tes secrets d'agence, mais sur les spécificités qu'il faut prendre en compte aujourd'hui quand on est une marque qui cherche à se faire connaître d'une, comment dire, d'une forme... Alors, je ne sais pas si c'est... une classe moyenne ou une élite africaine, mais en tout cas, la marque qui te sollicite et qui a envie de rencontrer son public, qu'est-ce que tu lui proposes ?

  • Thierry

    Plusieurs choses. Moi, je trouve que le sponsoring d'événements, c'est bien en organisant des side-events. Parce que ça permet... C'est ce que je fais pas mal avec les Galeries Lafayette. On a fait l'année dernière un side-event durant la Dakar Fashion Week. Ça permet aux clients d'être en contact avec des invités. Ce n'est pas juste un sponsoring, genre les Galeries Lafayette ou Western Union, les sponsors d'un événement, mais ça permet aussi à la marque d'entrer en contact. Parce que je pense que la première chose en Afrique, la communication, elle passe d'abord par le contact. On est beaucoup, c'est encore une culture de contact, de relationnel, et donc il faut aller vers les gens. Il faut établir une communication, un lien. Donc, je dirais, ma première étape, c'est le lien. Et le lien, il passe par un contact physique. Donc, si effectivement, soit on fait ce que je peux faire pour des marques, c'est organiser un voyage avec des acteurs, c'est-à-dire qu'on fixe des rendez-vous avec différents acteurs, ils me donnent un peu leur cahier des charges, qui veulent voir, ça peut être des journalistes, des influenceurs, une marque. tu vois de vêtements un styliste local un média ça peut être ça peut être par exemple visa mastercard ça me parle souvent aussi des marques qui se développent en afrique donc pour eux ça peut être intéressant d'échanger aussi avec eux donc ça c'est des choses que je fais ensuite donc ça c'est beaucoup plus une approche rp si tu veux relations publiques avec des leaders d'opinion pour que la marque puisse un petit peu peu s'imprégner et comprendre le marché et avoir déjà quelques contacts clés pour entrer sur ce marché-là. Après, effectivement, c'est se greffer à des événements locaux parce que pour moi, le plus important, c'est d'aller déjà sur ce qui se fait. D'abord parce que ce n'est pas facile d'organiser un événement quand on ne connaît pas le marché ou quand on a une nouvelle marque comme ça seule. Alors, autant se mettre sur un événement qui fonctionne et qui est carré. Alors, je fais beaucoup de sourcing parce qu'il faut trouver les événements qui... fonctionnent bien. Il y a beaucoup d'événements, mais après, il faut que ça corresponde aussi à certains cahiers des charges, suivant le client qu'on a. Et puis, après, ça peut être aussi, je le fais de plus en plus, organiser un événement avec des influenceurs. Ça peut être du paid ou du non paid. Quand je dis paid, c'est-à-dire soit on paye les influenceurs, on leur demande de faire un... un contenu spécifique, soit on organise une soirée ou un tea time, un cocktail, on les invite et puis après ils font des stories, mais ça reste de l'organique. Alors l'organique, c'est bien, c'est bien pour montrer qu'une marque s'intéresse au marché. Après, si une marque a un message à faire passer, c'est déjà un peu plus compliqué, parce qu'on ne va pas pouvoir imposer aux gens qui vont faire du contenu gratuitement de dire il faut parler de ça de cette manière plutôt que de cette manière-là. Donc... Beaucoup d'influence. Ça, je dirais, c'est le deuxième volet. Je t'ai parlé plus du volet d'abord rencontre, un voyage, organiser un voyage pour le marque. Après, il y a l'influence, mais c'est pareil. Ça, ça peut être greffé à un voyage que fait la marque. En général, on peut organiser aussi un événement. Et puis, oui, ce que j'ai dit, ça, c'est le troisième point, puisque le deuxième point, c'était le sponsoring d'événements. Enfin, le sponsoring d'événements, c'est-à-dire de faire un side event sur un événement déjà existant. Par exemple, on l'a fait cette année sur le marché du Congo Kinshasa avec les Galeries Lafayette, qui est un marché assez spécifique, la RDC. Et en fait, on s'est greffé aux Adicom, qui organisait leur première édition là-bas. Voilà. Après, tu vois, par exemple, là, j'ai organisé pour la marque Château Rouge un tea time à Abidjan dernièrement et pour la marque SVR. Mais là, c'est des marques qui sont implantées. C'est différent. Pour la marque SVR, un dîner en petit comité, c'était un choix de la marque. Ils voulaient inviter quelques influenceuses seulement avec cinq influenceuses vraiment en vue. de monnaie. En vue, c'est pareil, elles sont en vie, on les voit bien.

  • Ramata

    Tout à fait.

  • Thierry

    Et c'était très sympa aussi. Donc après, tous les formats sont possibles. En fait, ce que je dis toujours à mes clients le plus important, c'est pas évident, mais la plupart du temps, en fait, les clients, ils veulent faire quelque chose mais ils ne savent pas quoi. Et en fait, plus le cahier des charges est défini, donc moi je leur dis mais mettez-moi toutes vos idées. sur Patil dans un mail, même si c'est un peu comme ci, comme ça, en vrac, mais que je puisse avoir le plus d'informations possibles. Parce que comme on est quand même sur des marchés où il faut connaître, avec pas mal de spécificités, les gens, ils veulent faire, mais ils ne savent pas la plupart du temps quoi faire. Et alors là, ça devient un peu compliqué quand on a un client qui veut faire plein de choses, mais qui ne sait pas quoi finalement. Et on ne peut pas trop... Alors, je suis force de proposition, évidemment. Et puis, c'est vrai que beaucoup de marques avec qui je travaille, la plupart des marques avec qui je travaille, je les connais depuis longtemps. Donc, je connais l'historique, c'est assez important. Mais malgré tout, je leur demande un effort. Je sais que souvent, ils disent qu'on passe par une agence, il va nous faire tout le travail. Mais je leur dis, oui, mais qu'est-ce que vous voulez ? Quel est le message que vous voulez faire passer ? Tu vois, quand tu fais de l'influence, c'est bien, mais faire de l'influence, si tu n'as pas un message à faire passer précis, ça devient compliqué. Tu peux faire de tout et de rien. Tu peux travailler avec un super influenceur, mais tu vas le payer x, x, x euros ou CFA. Et au final, est-ce que tu vas atteindre ton but ? Je ne suis pas certain. Si tu n'as pas défini vraiment le message au départ, l'influenceur peut être de très bonne volonté, mais si tu le laisses trop libre, il ne va peut-être pas mettre en avant ta marque comme tu l'aurais voulu ou comme il faudrait la mettre, tout simplement, même si son contenu va être très sympa. Donc ça, c'est vraiment important. J'insiste sur le cahier des charges. C'est souvent... Enfin, c'est le plus difficile, mais si on a un bon... Enfin, un cahier des charges le plus précis possible au départ, en règle générale, l'opération, elle est réussie.

  • Ramata

    Et toi, tu travailles principalement avec des marques dans le secteur mode, beauté, ou est-ce que tu as un périmètre, en fait, assez large d'intervention ?

  • Thierry

    Alors, ça reste quand même large. Tu vois, je travaille... Alors là, c'est vrai qu'on a beaucoup parlé, mais parce que... Je pense que c'était important et c'est quand même aujourd'hui ma force parce que je suis quand même plus basé, enfin je suis basé en France, donc d'accompagner des marques basées ici en Afrique. Maintenant, je travaille avec des marques qui sont en Afrique. Par exemple, je travaille avec Visa qui est basé en Afrique, qui est basé à Abidjan pour tout le hub d'Afrique de l'Ouest. Je travaille avec Canal+, qui sont basés ici mais ils ont une entité à Abidjan, sur le digital à Dakar. Je travaille avec une ONG qui est basée à Dakar et qui, elle, je travaille avec elle, on fait de l'influence, qui s'occupe de faire passer des messages autour de la sexualité, autour du sport. Là, par exemple, on est sur une campagne au Sénégal sur le problème de l'avortement illégal. Peut-être que tu connais en fait cette ONG, c'est eux qui... produisent l'émission C'est la vie.

  • Ramata

    Oui, je vois.

  • Thierry

    Voilà. Et donc là, on est sur une campagne avec Alima Ghaji, que tu dois connaître, je pense, qui est l'actrice qui met le rôle principal de maîtresse d'un homme marié, dont je suis l'agent, d'ailleurs. Et on travaille justement toute une campagne pour faire passer les messages sur les thèses de grossesse et compagnie, en fait. Il y a une scène violente à un moment donné dans C'est la vie où il y a une jeune fille qui est... qui s'est fait violer. C'est un truc qui arrive, malheureusement, qui arrive souvent, et dans ces pays-là particulièrement, je pense. Elles ne peuvent absolument rien dire, et c'est peut-être pour ça que les gens se permettent aussi plus de choses. Et la fille demande un test de grossesse à la pharmacienne, et la pharmacienne la regarde parce que la fille a 14 ans. C'est une fiction, et à partir de là, on a fait tout un... toute une éducation pédagogique à travers du contenu sur les réseaux sociaux, la fille se fait jeter par la pharmacienne de la pharmacie en disant que la pharmacienne lui dit t'as pas l'âge pour avoir des rapports sexuels C'est une scène assez violente, c'est une fiction, mais c'est une réalité. Et donc, je travaille avec cette ONG sur ce type de thématique.

  • Ramata

    D'accord, donc tu interviens vraiment sur différentes thématiques.

  • Thierry

    Différentes thématiques. Après, je te dirais, mon fort, c'est quand même... Enfin, mon fort. Ça correspond aussi au budget sur le marché. C'est la mode, la cosmétique, beaucoup. Parce que finalement, sur le marché africain, c'est beaucoup la cosmétique. Mais je travaille avec les transferts d'argent. Je travaille avec Air France aussi. tu vois, donc voilà, avec qui je travaille d'autres, avec Uniwac, c'est la mode, je reste très ouvert, et je suis même content des fois de travailler, j'ai même travaillé avec un client à un moment donné qui fait des au Sénégal, qui est pour pur l'eau, en fait, pour rendre l'eau potable dans certaines zones, donc en fait, Voilà, je dirais que en tant qu'agence, on est quand même censé s'adapter à tout. Après, ma spécificité reste quand même le marché africain, même si je travaille un peu sur d'autres marchés. Je travaille sur le marché italien que je connais. Je reste ouvert. J'aime bien aussi ne pas cloisonner les choses parce que je suis contre. Avec ce petit chemin que j'ai fait, c'est qu'on avait tendance à vite te ghettoiser, notamment en France. La spécificité spécialisée sur un marché au diabalude et spécialisée sur ce marché, c'est tout. Et tu vois, par exemple, avec Cantu, qui est une marque destinée avant tout aux Afro-Caribéennes, le cahier des charges était de communiquer auprès de la presse mainstream, pas uniquement pour des sujets ou pour les filles qui avaient les cheveux à fond, mais pour toute personne ayant les cheveux texturés. Et j'aime beaucoup cette Ausha où on s'ouvre, en fait, si tu veux. J'ai eu des demandes aussi venant d'Afrique pour faire des RP. sur de la presse mainstream généraliste en Europe. Je trouve que c'est toujours bien d'avoir une spécificité, c'est comme ça qu'on se fait connaître, mais après, il faut s'ouvrir. Et particulièrement en France, je trouve, où on a tendance à vite te mettre... C'est comme un écrivain, quand il est spécialisé, roman policier, on va le mettre dans une maison d'édition pour roman policier, puis il n'en sortira plus. Je dis ça, mais il y a un peu ce côté-là, en fait. On peut t'intégrer très vite. Et je trouve ça dommage. Et en plus, l'idée, c'est d'ouvrir le marché. Donc, pour l'ouvrir, il ne faut justement pas se retrouver dans une dynamique trop ghettoïsante. Ce n'est pas toi qui vas donner la dynamique ghettoïsante, mais il ne faudrait pas que l'extérieur te ghettoïse trop. Parce que sinon, tu vas rester spécialiste d'un marché. Mais, je veux dire, c'est seulement les personnes qui vont s'intéresser à ce marché qui vont te connaître. Alors, c'est intéressant que même les personnes qui ne travaillent pas sur ce marché connaissent ce type de travail.

  • Ramata

    Et toi, aujourd'hui, tu interviens surtout en Afrique francophone ou tu interviens aussi ?

  • Thierry

    Alors, je commence un peu sur le Nigeria parce que j'ai de plus en plus de demandes. Après, encore une fois, pour moi, l'Afrique, l'Afrique sud-saharienne, se travaille vraiment pays par pays. Évidemment qu'il y a des donateurs communs. Moi, quand je me retrouve dans un nouveau pays en Afrique, je n'ai pas l'impression d'être perdu parce que ça reste le continent africain. Il y a une certaine façon de vivre, un côté positif. Bon, voilà, il y a une liberté. Ça, c'est propre à l'Afrique subsaharienne, je trouve. Bon, même s'il y a des pays où c'est un peu compliqué en ce moment. Mais je trouve que même dans ces pays où c'est compliqué, déjà, par exemple, là, je suis allé au Mali. Malgré tout, on vit. Ce n'est pas si compliqué que ça dans la tête des gens, tu vois. Donc, ici, c'est un peu compliqué maintenant en Europe. dans la tête des gens, même beaucoup. Mais donc du coup, voilà, pour tout dire, l'Afrique, à part ce côté où il y a des dénominateurs communs, enfin, il y a un dénominateur commun, enfin, des dénominateurs communs, mais après, elle se travaille vraiment pays par pays. Le marché ivoirien, qui est celui que je connais le mieux, est un marché spécifique. Le marché sénégalais est un autre marché. Le marché du Congo-Brasaville n'est pas le même que le marché du Congo-Kinshasa non plus. qui sont aussi très différents de la Côte d'Ivoire et du Sénégal. Donc là, je commence à travailler le marché nigérian et je trouve ça super. Il y a beaucoup de demandes parce qu'aujourd'hui, c'est vrai que c'est un marché hyper fort, mais encore une fois, il faut y aller prudemment. Chaque pays est différent et ça prend du temps. Parce qu'il y a aussi une chose et je pense que c'est ça qui fait un peu peur aux marques aujourd'hui, c'est que... que l'Afrique, ça prend du temps. Non, mais justement, je peux le dire, non, tu es d'accord. Je pense. Mais ce n'est pas négatif.

  • Ramata

    Là, on a beaucoup dit l'Afrique, mais derrière, il y a 54 pays.

  • Thierry

    Mais bien sûr. Moi, je vois, par exemple, des fois, ils ont une agence pour un pays. Moi, je suis une agence pour un continent entier, mais chaque pays est différent. Oh, attends, c'est... Et puis, ce ne sont pas les mêmes acteurs. Et puis, ce n'est pas la même chose. Tu prends le marché de l'influence au Congo, Kinshasa, il n'a rien à voir avec le marché de l'influence en Côte d'Ivoire. C'est égal. Là, je parle du marché de l'influence. Et puis, la beauté...

  • Ramata

    Je pense qu'il y a un rappel qui fait que quand on dit l'Afrique, on a l'impression que c'est un tout homogène, alors qu'on est capable de se dire qu'en Europe, l'Espagne... C'est totalement différent. Donc, clairement, on va avoir une approche des pays qu'on va appeler méditerranéens, qui va être différente des pays plutôt nordiques. Et ça, on arrive à l'envisager pour l'Europe. Mais c'est vrai que...

  • Thierry

    Pour l'Afrique, on a de la peine.

  • Ramata

    Mais parce que je pense qu'il y a une forme de méconnaissance aussi.

  • Thierry

    On ne connaît pas bien les différents pays.

  • Ramata

    On ne connaît pas bien les subtilités qu'il peut y avoir d'un pays à l'autre. Et on dit comme ça, de manière assez généraliste, l'Afrique, la mode africaine. africaine, la musique africaine, alors que derrière, c'est facile, c'est un raccourci qui est facile pour échanger. Mais par contre, quand on veut rentrer dans le détail, on se rend compte que oui, quand on arrive à, comme tu le dis, sur la Côte d'Ivoire, quand on arrive à bien travailler une stratégie pour s'implanter ou en tout cas se faire connaître, ça prend du temps. Et une fois qu'on a fait ce travail-là à Abidjan, il ne faut pas se dire maintenant c'est bon. le Sénégal, ça va aller plus rapidement parce que je suis déjà bien implantée à Abidjan. Ah ben non, il faut recommencer en fait.

  • Thierry

    Pour recommencer, alors c'est sûr que si tu as acquis une expertise sur un des pays, tu auras quand même un peu plus de facilité. Mais quand tu vois comment on fonctionne au Sénégal et en Côte d'Ivoire, ce n'est pas du tout de la même manière. Et même d'un point de vue marketing, moi je me rappelle à l'époque, je vais les citer, mais c'était Darling pour les mèches. Les produits qu'ils vendaient au Sénégal, c'était le même produit, ils n'avaient pas le même nom. et pas le même mannequin. Alors, c'est un peu basique, mais j'aime bien sentir cet exemple. Mais eux, ils étaient très implantés sur les deux pays parce qu'effectivement, tu ne vas pas prendre une Ivoirienne pour parler de cosmétiques ou de cheveux au Sénégal. Et tu ne vas pas l'appeler, je ne sais pas moi, tu ne vas pas l'appeler, enfin bref, on a un nom qui correspond.

  • Ramata

    Or, c'est super intéressant cet exemple-là parce que... Quand on regarde les stratégies des marques de luxe, aujourd'hui, on va avoir une mannequin star, une Gigi Hadid, une Kendall Jenner, et en fait, elle va pouvoir défiler à la fois à New York, à Londres, à Paris, pour plein de marques différentes. Et ça ne choque pas qu'on ait ce mannequin qui représente tout le monde. Et on se dit, c'est ça, la représentation du luxe et de la mode. Et quand on rentre un peu dans le détail, on se rend compte que les consommateurs... Ils ont envie de quelque chose de plus authentique et qu'on leur serve finalement quelque chose qui est... Oui, c'est plus facile pour la marque d'avoir une égérie internationale qui est la même pour tout le monde. Mais à la fin, on se dit, est-ce que vous avez vraiment compris qui moi j'étais en tant que consommatrice ou consommateur ? Est-ce que vous vous intéressez vraiment à ce que je veux moi ? Et il y a des vraies attentes par rapport à ça aujourd'hui qui font que des marques qui historiquement avaient... Une notoriété qui a été installée, elle commence un peu à être challengée par des marques plus petites qui ont un discours avec de l'influence avec les réseaux sociaux, qui est beaucoup plus authentique et beaucoup plus proche du client réel, du client lambda, en fait.

  • Thierry

    Oui, et puis, tu vois, tu parlais de méconnaissance, de marché tout à l'heure. Je pense que c'est beaucoup ça. Et en fait, il y a un besoin de reconnaissance. Et sur ces marchés-là, quand tu arrives avec une marque étrangère, et puis tu arrives un peu avec tes gros sabots, si tu ne reconnais pas ta cible, ça va être compliqué. Et puis aujourd'hui, il y a quand même beaucoup d'informations, il y a beaucoup de marques, il y a beaucoup d'alternatives. Après, je pense quand même que quand tu as une star internationale, c'est un peu différent. À l'époque, quand Lancôme, tu sais, ils ont pris Lupita, J'ai l'impression que ça a quand même vachement bien marché en Afrique. Parce qu'en plus, elle était dans la mouvance. À l'époque, on parlait des nappies. Elle était pour Eben, tu vois, cheveux d'être.

  • Ramata

    Après, l'hôpital, c'est un très bon...

  • Thierry

    Mais bon, c'était un bon exemple.

  • Ramata

    C'est un profil. Moi, je suis pour les égéries internationales. On est d'accord. Mais c'est plus le côté... Ma critique, ce serait plus quand on prend la même et qu'elle fait la pub pour tout le monde. Et à la fin, on ne sait plus.

  • Thierry

    Oui, complètement. Non, mais ça, je suis tout à fait d'accord. Mais ce qu'il faut vraiment, c'est vraiment... C'est vrai que ça, c'est un truc qui revient régulièrement. Les gens, ils se disent l'Afrique, en fait, c'est un seul pays, l'Afrique noire. On est là, l'Afrique anglophone et l'Afrique anglophone, c'est déjà très différent. Mais alors après, chaque pays a vraiment ses spécificités. Mais en fait, souvent, moi, j'ai des amis journalistes en France, je leur dis, mais vous ne pouvez pas faire un effort à un moment donné. Mais alors... Ça encore une fois, les rédactions, les médias ne mettent pas les moyens, mais qu'est-ce qu'on donne comme image de l'Afrique ? Je ne veux pas rentrer dans le débat, mais quand même, c'est un truc qui... Moi, journaliste à la base, mais qu'est-ce qu'on explique ici de l'Afrique, à part les guerres et la maladie ? Moi, quand je pars en Afrique, dans les repas, les gens qui ne connaissent pas l'Afrique me disent Ah, mais ce n'est pas dangereux où tu vas. Ah, mais il y a la variole du singe. Ah, mais il y a la guerre. Ah, mais... Alors que bon, voilà. Ah oui, mais il va y avoir un coup d'État. C'est quand même malheureux, non ? Je ne dis pas il y a, mais enfin, il n'y a pas que ça. Il faut arrêter. Est-ce qu'on voit beaucoup de reportages sur la mode en Afrique ? Déjà, il n'y en a pas beaucoup. Je ne parle pas au JT, mais sur 7 à 8, je n'en ai jamais lu. Je ne dis pas que c'est là qu'il faut qu'il soit, mais... Si, je pense qu'à un moment donné, il y a des sujets qui devraient... Ça, c'est vraiment essayer un petit peu, d'ailleurs je peux le dire, c'est un peu aujourd'hui un de mes objectifs, c'est qu'on puisse arriver à ça. Parce que tant qu'on n'aura pas montré une image positive de l'Afrique, ça va être compliqué. Et pourtant, il y a plein de messages à montrer.

  • Ramata

    Ah non, mais c'est clair, mais après c'est...

  • Thierry

    Je ne veux pas être un peu dur là-dedans, parce que je pense que les gens ont quand même vu les choses différemment. On voit les Miss qui sont venues en Côte d'Ivoire. Ça montre quand même une ouverture. Mais je pense que les médias sont quand même très fautifs. Alors, est-ce que c'est pas... Des fois, les gens disent, oui, mais c'est voulu. Alors, moi, je ne vais pas rentrer là-dedans, dans ce débat-là. Mais le côté positif, on ne le montre pas beaucoup. Moi, je ne vois pas beaucoup de documentaires, même pas un documentaire, mais de reportages positifs, à part les gorilles au Rwanda. Et en plus, j'entends des... Non, mais tu vois ce que je veux dire. En fait,

  • Ramata

    ça va être très anecdotique. Tu as des outils qu'on va avoir. quelques reportages. Il y avait eu Wax in the City, il y avait eu African Style qui est sorti il y a un an, un peu plus d'un an. Mais du coup, ça peut être un très beau documentaire, un très beau 52 minutes qu'on va pouvoir voir. Mais c'est vrai que c'est très ponctuel et c'est des inédits.

  • Thierry

    Oui, c'est hyper ponctuel, mais dans le quotidien, on ne montre pas une image vraiment positive. On ne parle que de guerre.

  • Ramata

    Quand il y a les Fashion Week en Afrique, quand il y a la Dakar Fashion Week en Afrique ou quand il y a la Lagos Fashion Week, quand on est en France, il y a très peu... Enfin, moi, en tout cas, qui recherche l'information ?

  • Thierry

    Moi, je ne vois pas d'écho aujourd'hui de ces événements-là.

  • Ramata

    Tu ne cherches pas, si tu n'es pas dans une dynamique où tu recherches l'information, tu ne vas pas avoir un média mainstream qui, à un moment donné, va aller chercher l'info. Il commence à y avoir... Et quand il y en a, il commence à y avoir un British Vogue ou... Vogue Italie qui vont...

  • Thierry

    Oui, Vogue Italie, ils l'ont fait pour Adama, j'ai vu, mais tu vois, c'est plutôt des... C'est même pas en France.

  • Ramata

    Non, c'est pas la France. Donc, il y a des choses qui se passent, mais c'est souvent après, et donc c'est vraiment couverture de la Fashion Week, mais c'est très bien. Mais c'est vrai que c'est... C'est pas la France. Mais voilà, moi, je suis vraiment dans ce principe de, voilà, si vous n'êtes pas invité à la table, construisez votre propre table. L'idée de mon média Africa Fashion Tour, c'est vraiment aussi de se dire, à un moment donné, on déplore, on identifie qu'il y a un manque, qu'il y a un besoin.

  • Thierry

    Complètement, tout à fait.

  • Ramata

    De la même façon que toi, à un moment donné, tu t'es dit, cette agence RP, je vais l'orienter avec ce côté Afrique parce que je pense qu'il y a un besoin, il y a quelque chose à faire. Moi, l'idée du média, c'est ça, c'est qu'il y a plein de créateurs talentueux, il y a énormément de marques, il y a des créateurs de contenu talentueux, il y a des créateurs de mode talentueux. Mais finalement, le côté un média qui les met en avant, il y a Elle qui revient aujourd'hui, Elle Côte d'Ivoire, mais qui n'avait pas été là pendant plusieurs ans.

  • Thierry

    Avant, c'était juste en digital. Il y a, mais c'est vrai que ce n'est pas évident, parce que s'ils ne sont pas soutenus par des annonceurs, il y en a peu. Moi, ayant travaillé chez Amina, qui était quand même au cœur du marché, même si Amina, ce n'était pas beau comme Elle Côte d'Ivoire, elle est... Bon, c'était quand même le cœur du marché, donc j'ai quand même pu me rendre compte qui mettait de l'argent comme marque en Afrique, tu vois. Et t'en as pas tant. Ah non,

  • Ramata

    mais c'est clair. Mais c'est pour ça que quand on voit que les... Moi, je pense qu'à un moment donné...

  • Thierry

    Les créateurs de contenu aujourd'hui en Afrique, ils ne sont pas tant que ça sollicités en termes de marques internationales.

  • Ramata

    C'est clair qu'il y a un vrai sujet là-dessus pour moi à se dire. Comment réfléchir à d'autres business models ? Comment on fait en sorte que ces magazines-là puissent potentiellement être plus dans une logique de... Que ce soit des magazines dont une partie est payante et que donc... On est des consommateurs qui soient prêts à acheter, non pas dans une logique de soutenir, parce que le côté un peu charité, moi, ça me dérange un peu. On va aider, on va soutenir, on va donner. Mais c'est pour dynamiser. Complètement. Il y a vraiment des sujets là-dessus qui sont intéressants.

  • Thierry

    Un média, pour qu'il soit bon à un moment donné, il faut aussi qu'il ait des rentrées. Ça reprend mon propos du début. Mais si à un moment donné, c'est difficile, tu fais un super magazine, mais que derrière, tu n'as pas de financement, à un moment donné, tu t'essouffles. Tu fais comment ? Et puis, je pense que voilà, il faut que les marques doivent jouer le jeu. Mais je pense qu'en fait, ils ont besoin d'être rassurés. C'est ça. Mais c'est quand même dingue quand on y pense. En tout cas... C'est quand même un travail de... Je n'ai pas envie de dire de longue haleine, mais si,

  • Ramata

    quand même. Je pense qu'il y a vraiment ce côté, quand elles vont faire confiance à un créateur de contenu, elles vont voir quel est son engagement, quel est son nombre d'abonnés ou autre. Moi, mon média aujourd'hui, ce sur quoi je vais être challengée quand j'ai des conversations avec des sponsors éventuels, c'est le nombre de visites, sur quelle requête est-ce que je suis positionnée. À un moment donné, effectivement, il faut faire un travail pour pouvoir être suffisamment visible pour... pouvoir entamer une conversation avec un sponsor.

  • Thierry

    Alors ça, c'est vrai. Et tu vois, ce point-là, moi, c'est un point que j'essaie de travailler justement en RP avec les différents médias et qui n'est pas toujours évident. Parce que tu sais, en RP, tu dois rendre des comptes à ton client et donc tu as eu un article dans tel magazine, on va te dire, OK, mais donne-moi les KPIs. Donc, quelle est la valorisation de l'article ? Combien de personnes il a touchées ? Le site, il a combien de visiteurs unis ? Combien d'impressions ? et les médias, ils sont incapables de nous donner ça. Peut-être parce que ce n'est pas officiel et qu'ils ont peur, mais à un moment donné, ça, je ne veux pas pour ça.

  • Ramata

    Ce n'est pas forcément que ce n'est pas officiel ou que c'est de la peur, c'est que techniquement, si tu n'as pas comment dire, il y a une base technique dans la manière dont tu as construit ton média digital pour pouvoir que ces informations-là...

  • Thierry

    Les chiffres, tu les as de toute façon.

  • Ramata

    Normalement, oui, mais parfois, si tu n'as pas bien paramétré les choses, tu ne les as pas. Donc des fois, parfois, c'est des contraintes techniques.

  • Thierry

    Oui, oui. Et après, je pense qu'ils ne sont pas dans cette dynamique-là non plus.

  • Ramata

    Parce qu'il y a vraiment...

  • Thierry

    Mais moi, je leur dis, faites-le. Faites-le, communiquez-moi vos chiffres. Parce que plus j'aurai de chiffres, plus à un moment donné, on pourra vous proposer aussi à un annonceur pour qu'il mette un peu de budget ou pour qu'il vous reconnaisse, tu vois. Mais après, voilà, je ne sais pas. Si, pour moi, ça, c'est important.

  • Ramata

    C'est important, mais c'est vrai que l'approche, parfois, dans la manière d'aborder son média, c'est plus quelqu'un qui a une passion pour l'écriture, pour la photo ou autre. Mais la dimension business model dont tu as parlé au début, parce que toi, tu as été journaliste et ensuite, tu as eu le côté publicité, il n'y en a pas un qui compte pas cette...

  • Thierry

    Non, non, non. Moi, j'en ai dit le nombre de personnes. En plus, chez Amina... Je voyais passer plein de gens qui disaient, nous, on va créer un magazine, on veut être interviewé dans Amina, parce que tout le monde voulait être interviewé dans Amina. Mais le nombre de personnes qui m'ont contacté parce qu'ils créaient un magazine, ils cherchaient quelqu'un pour la pub et tout. Et en fait, ils venaient vers moi, ils avaient des super idées, mais ça ne tenait pas la route. Tu vois ce que je veux dire ? Il y avait plein d'idées, mais en fait, il n'y avait pas de business plan.

  • Ramata

    Business model.

  • Thierry

    Oui, en fait, ils disaient, oui, je vais faire un... Alors, ils avaient toujours de superbes idées, mais en fait, derrière, je me dis, comment ça va tenir ?

  • Ramata

    Après, en fait, on en revient à moi. Combien de fois j'ai entendu, il faut faire un Vogue Africa, il faut faire un Zara africain, il faut faire un... Et à un moment donné, je me dis, mais en fait, ces business models-là, quand vous regardez bien, Vogue, il est marié avec LVMH et Kering. Donc, du coup, à un moment donné... Qui sont les Kering et les LVMH qui vont pouvoir soutenir votre Vogue Africa ? Parce que pour que ça fonctionne, c'est ça. Bien sûr. Et donc, quand on n'a pas ces notions-là, pour moi, c'est même en mode. Pour moi, il y a vraiment ce sujet dans les grands succès des marques, dans les succès stories, vous avez un profil créatif et vous avez un profil business. Alors, soit vous avez une personne qui a les deux, soit vous avez deux personnes. Et donc, le profil business, il va aller s'assurer que Il y a une certaine structure dans le business et il va mettre des choses en place qui ne sont pas les choses les plus créatives mais qui sont les choses stratégiques. dont on a besoin pour construire quelque chose de solide. Et le créatif, il va s'éclater à faire la partie créa. Mais quand...

  • Thierry

    C'est vrai que ça, en Afrique, c'est vraiment le gros problème. C'est le sujet.

  • Ramata

    Et du coup, moi...

  • Thierry

    Je crée des super trucs, mais derrière, il n'y a rien.

  • Ramata

    Et parce qu'en plus, ces personnes-là, est-ce qu'elles existent ? Mais soit elles ne se rencontrent pas, ou elles sont où les profils les plus, on va dire, business ? avec un mindset business, ils vont vers de l'agro-business. Ils ne vont pas forcément vers les industries culturelles et créatives, ils vont vers la fintech. Et donc, c'est des gens qui peuvent côtoyer les mêmes univers, mais qui, à un moment donné, ne se rencontrent pas dans une logique de Oh, tu as une marque de mode, il y a du potentiel à développer l'industrie de la mode en Afrique. Moi, ce que je déplore aussi par rapport à la mode, c'est vraiment, je pense qu'il y a besoin de… Parce que l'industrie de la mode, il y a les RP, il y a les créateurs de contenu, il y a les médias, il y a l'usine. Et en fait, aujourd'hui, on a beaucoup de créateurs, de designers, de stylistes, mais finalement, agence RP, il n'y en a pas tant que ça. Créateurs de contenu aussi, il y en a beaucoup, mais finalement, si on n'a que les créateurs de contenu et que les designers, c'est très bien, mais si on n'a pas, à un moment donné, des usines ou des moyens pour valoriser les savoir-faire, et puis si on n'a pas des agences RP qui vont naître en avant. ces marques et ces créateurs de contenu, si on n'a pas non plus toute la partie distribution, des experts pour construire les gros magasins et s'assurer de la stratégie pour les dupliquer dans plusieurs pays différents. En fait, pour moi, c'est comme si on avait plusieurs wagons d'un train, mais qu'il en manquait certains pour que vraiment, on arrive à quelque chose qui fonctionne de manière beaucoup plus fluide.

  • Thierry

    Oui, mais c'est un peu le problème de l'artiste qui est centré sur le livre, qui peut créer, qui peut être le plus beau des poètes, mais si personne ne te montre, les gens ne vont pas venir vers toi. Surtout aujourd'hui, où il y a tellement d'informations, tellement de concurrence, c'est devenu primordial. Après, j'en ai parlé justement quand j'étais au Mali, il faut que les gens aussi se disent, et... Je ne dis pas d'avoir une stratégie où tu as passé trois mois dessus, mais une petite stratégie et tu te dis, voilà, j'ai un petit budget ou j'ai un plus gros budget. Et dans mon business plan, j'ai un poste, une enveloppe pour la communication métier dans le CILI. Moi, je n'en connais pas beaucoup.

  • Ramata

    En fait, il y a, mais ça va être Ibrahim Fernandez. C'est des gens qui sont installés déjà. Oui,

  • Thierry

    mais ils sont déjà installés. Ils se démarquent, mais ça commence, mais peu. Tu vois, il y en a un, Patéo, qui est quand même un doyen de la mode. Lui, il avait compris en ayant des boutiques un peu partout. Et tu vois, j'ai discuté avec lui dernièrement, il y a quelques semaines. Il me dit, oui, mais si je ne faisais pas ça, je mourrais. Et puis,

  • Ramata

    mine de rien, le coup de j'habille des personnes influentes et chaque fois qu'elles sont prises en photo quelque part, elles ont une de mes chemises. À un moment donné, Pathéo, c'est lui qui nous a appris l'influence le premier.

  • Thierry

    Ah mais lui, il était avant tout le monde. C'est pour ça que moi, je... Tu vois, par exemple, pour te dire, j'ai accompagné les galeries. directeur de l'international et le chargé de marché Afrique, je me suis dit, il faut qu'il rencontre Pateo. C'est le genre de choses que j'organise aussi au-delà des acteurs plus business, on va dire. Ce que j'aime mettre en place aussi, encore une fois, comme je disais, il faut que les gens communiquent. Après, il faut avoir ton client qui est ouvert aussi. Parce que s'il n'est pas ouvert, ça ne sert pas à grand-chose. Mais bon, en règle générale, si tu connais bien ton client, tu sais avec qui tu... tu peux le mettre et chacun va apprendre. Mais c'est vraiment primordial. C'est la base de la communication, de toute façon. Et il faut que les messages passent. Il faut vraiment faire dialoguer les cultures.

  • Ramata

    Je pense que ce sera le mot de la fin, cette histoire de faire dialoguer les cultures. Je pense que c'est effectivement le chemin que tu prends et la manière dont tu mènes ta marque dans cette volonté de... de promouvoir des industries culturelles et créatives et de créer des ponts entre des populations qui se connaissent.

  • Thierry

    pas forcément, ou qui se connaissent mal et qui ont des... Je pense que ta démarche, elle est super intéressante et je suis ravie d'avoir eu l'opportunité de pouvoir prendre ce moment pour échanger avec toi et en savoir plus sur ta manière de travailler, ton parcours et aussi, quelque part, ton engagement. Parce que ce que tu évoques là, quand tu dis, voilà, moi, je vais aussi organiser des entrevues entre... Voilà, des cadres de... grande boîte occidentale avec un créateur de renommée internationale, enfin un créateur en tout cas de renommée à forte notoriété en Afrique. Je pense que c'est ce genre de rencontre-là aussi qui marque les esprits de ces personnes-là et qui en fait vont faire bouger les choses parce que ce genre de rendez-vous-là, on s'en souvient en fait.

  • Ramata

    Absolument. Mais je pense que tu disais, c'est vrai que tu as raison, on se dit... Oui. des populations qui se connaissent mal, mais je pense qu'on va dire, plutôt, elles ont besoin de mieux se connaître, comme ça. Voilà, je pense que c'est ça, en fait. Et puis, mais bon, encore une fois, il faut prendre aussi son temps, tu vois. Et en Afrique, par exemple, si tu vas voir quelqu'un comme Patéo, si tu restes deux heures, tu restes deux heures, tu vois. Il ne faut pas non plus dire, ah, j'ai qu'une demi-heure. Ah oui, ben oui. Ah oui, non, non,

  • Thierry

    ça va clairement non plus.

  • Ramata

    Ouais. mais voilà écoute je te remercie beaucoup je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs j'espère en tout cas merci à toi Ramata d'avoir contacté je suis ravi écoute ravi également à très bientôt au revoir à bientôt salut merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à la mode africaine et son imprévisibilité

    00:54

  • Présentation de Thierry Bernat et de son parcours professionnel

    01:59

  • Les défis du journalisme et de la communication en Afrique

    04:59

  • L'impact d'Internet sur le journalisme et les médias en Afrique

    11:00

  • Stratégies de communication pour les marques en Afrique

    18:21

  • L'importance de la culture et des relations humaines dans le business

    39:51

  • Conclusion et réflexions sur l'avenir de la mode en Afrique

    01:19:53

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