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Africa Fashion Tour

Youssouf Camara, directeur de la Maison de l'Afrique

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1h12 |15/05/2025
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Youssouf Camara, directeur de la Maison de l'Afrique

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1h12 |15/05/2025
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Description

Youssouf Camara est le directeur de la Maison de l'Afrique, une institution au statut unique puisque à la fois française et panafricaine, dont l'ambition est de contribuer à la structuration et au déploiement d'initiatives de développement.


De ses jeunes années en Côte d'Ivoire aux comités de direction de grandes entreprises françaises, son histoire est celle d'une ascension, d'une conquête, mais aussi d'un retour aux sources.


A travers son rôle de Directeur Général de la Maison de l'Afrique, il œuvre concrètement à


  • Mettre en lumière l'expertise et le talent africain, dans la mode, le design, l'art et bien d'autres secteurs clés.

  • Révéler les clés du succès dans la gestion des entreprises

  • Développer des projets d'expansion et de collaboration entre l'Afrique et le reste du monde, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de croissance.

  • Maitriser la chaîne de valeur de la promotion culturelle, en valorisant les savoir-faire locaux et en créant des plateformes d'envergure.

  • S'engager à transmettre son savoir-faire et à former la prochaine génération de leaders et d'entrepreneurs africains.


Cette interview est une véritable masterclass pour qui ambitionne de développer une initiative florissante sur le continent africain


Pour aller plus loin,

  • Porteurs de projet, cliquer ICI pour présenter vos projets à la Maison de l'Afrique

  • Projet Culture Pagne


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Youssouf

    Je répète avec beaucoup de tranquillité, beaucoup de tranquillité, je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvé pendant 35 ans, quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est une science exacte, vous ne pouvez pas échouer, c'est impossible.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Youssouf Kamara, le président de la Maison de l'Afrique. Il a occupé des postes de direction commerciale au sein de grandes entreprises françaises, telles que Decathlon, Kiabi, Intersport et Célio. Il a également évolué chez France Loisirs. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de sa carrière d'expert en gestion d'entreprise et de son rôle de président de la Maison de l'Afrique. Bienvenue Youssouf. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Youssouf

    Bonjour Amata, merci de me recevoir. Merci de ta chaîne, c'était un grand plaisir. Alors moi je suis Youssouf Kamara, je suis le directeur général de la Maison de l'Afrique actuellement. Je suis un afro-descendant, comme j'aime souvent me décrire, marié, père de quatre enfants, aujourd'hui dirigeant d'entreprise de la Maison de l'Afrique, mais également coach de dirigeants, j'ai une activité de coaching par ailleurs. et je suis administrateur indépendant de quelques entreprises en Europe.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, cette description, elle nous laisse présager une interview passionnante. Moi, j'ai envie de commencer par te demander quels ont été en fait ton parcours en termes d'études et ensuite tes premières expériences professionnelles.

  • Youssouf

    Alors, en termes d'études, je vais remonter jusqu'au bac, parce qu'avant, on va dire que tout ça se passait en Côte d'Ivoire. J'ai eu mon bac. dans une bonne ville qui s'appelle Dabou, qui est donc du côté de la Côte d'Ivoire. Et je suis venu en France pour faire des études de commerce, puisque j'étais orienté en sociologie et je n'avais pas envie de faire ces études-là. Donc je suis arrivé dans la bonne ville de Metz, où j'ai fait un DEC, à l'époque c'était des études en deux ans, d'administration économique et sociale. Et là, j'ai rencontré un ami qui était mentor. Je le cite pourquoi ? Parce que je pense que dans notre trajectoire, on a toujours des tiers privilégiés dont les conseils orientent notre vie. Et moi, tout au long de mon parcours, ça a été ça. Donc, Joseph, Joe, m'a dit, écoute, je pense que pour atteindre ton objectif d'être dans les affaires, tu ferais mieux de faire une école de commerce. Alors, je n'avais pas de grand moyen à l'époque. J'ai quand même bien moi réussi à rentrer à l'école de gestion de commerce qui appartenait au groupe ESC Reims à l'époque, où je suis sorti diplômé en 1989. Et donc, j'ai comme background, le moment où je rentre dans le monde professionnel, un baccalauréat et un diplôme d'école de commerce. Donc, je fais un stage de consultant junior à l'époque chargé d'études. et à l'issue de mon stage le cabinet Rosselle Consultants décide de me prendre un contrat. Donc je démarre mon premier contrat en France en 1989, quand je me chargeais l'étude de junior dans un cabinet d'études de marketing industriel du côté de la Marne, du côté de Reims, où j'avais resté trois années. Voilà en fait comment je rentre dans la vie professionnelle en France, sachant que quand j'y étais venu, mon objectif c'était après mes études de retourner en Afrique. Voilà, donc j'ai gardé toujours ce désir de retour en Afrique parce que je pense que quand on est afrodescendant, loin de son continent, on a toujours ce rêve-là. Il prend plusieurs formes. On a toujours le rêve de faire quelque chose avec, ou en tout cas sur le continent. J'y reviendrai un peu plus tard. Peut-être que c'est ce qui explique qu'aujourd'hui, je suis à la maison de l'Afrique. On ne sait pas. Voilà, donc je démarre comme consultant. Pendant trois ans, j'ai la chance d'avoir décroché au super travail. Il faut dire que je me suis donné pendant le stage. J'étais... pas le dernier à quitter le bureau et j'étais plutôt le premier à être là au bureau le matin. Mais je m'ennuyais un petit peu parce qu'à l'époque, après l'école de commerce, le métier de consultant faisait rêver énormément d'étudiants. Moi, je me suis ennuyé parce que ça ne me gênait pas assez pour moi. Et à ce moment-là, à un mariage, je rencontre un ami, il s'appelle Nuno Iberic. qui était directeur d'un magasin d'écatelons. Il me parle de son métier. Je lui dis, mais ce n'est pas possible. On ne peut pas parler de son métier avec autant de passion. On peut être éru comme ça dans un boulot. Et voilà, pour le moment, je décide de rentrer. Donc, on est en 1992, de rentrer dans la grande distribution spécialisée, puisque c'est comme ça qu'elle s'appelle, la Sremona, le retail. Et je rentre chez l'écatelons. Et là, on me dit... « Monsieur le camarade, c'est bien votre diplôme, c'est bien votre expérience de consultant. » Mais chez nous, Decathlon était une petite boîte à l'époque. Elle démarrait, elle était numéro 3 de sport en France à l'époque. On dit chez nous, tout le monde commence responsable de rayon. Je n'ai pas de problème. Donc, j'ai à peu près divisé mon salaire par deux. Et j'ai démarré responsable de rayon chez Decathlon, où j'ai passé quatre années formidables.

  • Ramata

    J'ai envie de revenir sur le début de cette présentation, où tu évoques le fait que tu voulais faire des affaires. D'où ça venait, cette volonté de faire des affaires ?

  • Youssouf

    Alors, moi je crois que je l'ai en moi. Alors, est-ce que c'est mon côté Bambara Djula ?

  • Ramata

    Merci. Je t'ai laissé le dire. J'allais dire, mais d'où ça vient ? Mais en fait, ça c'est dans le sang.

  • Youssouf

    Mais c'est un peu dans le sang, Ramatha. Je pense que c'est dans le sang, parce qu'effectivement, déjà jeune... Un Côte d'Ivoire, je faisais un peu comme au quartier. J'avais des petits business. Et puis, j'aime ce côté des affaires qui sont la création de richesses à partir, pas de rien, mais à partir d'une idée, à partir de rencontres, etc. Donc, j'avais un peu ça en moi. Donc, je ne me projetais pas dans ce que promettait une étude universitaire. C'est-à-dire, être dans un bureau, être fonctionnaire, ce n'était pas mon... Du coup, fort de mon expérience aujourd'hui, je me dis que quand tu arrives à savoir véritablement ce que tu aimes faire et que tu en fais ton activité, tu te donnes vraiment beaucoup de chances de réussir.

  • Ramata

    Vraiment. Donc, du coup, tu as une carrière et vraiment une solide carrière dans l'univers du retail pour des marques françaises. Donc, tu as commencé par Decathlon, je sais que tu es passé aussi chez Intasport, chez Kiabi, chez Cellio, il semble. Et je pense que toi, tu as connu les débuts de ces marques-là et les périodes faces de ces marques-là, où en termes de part de marché en France, c'était énorme. Et puis, en termes de possibilité de développement, expansion, tous les indicateurs étaient ouverts. Donc, est-ce que tu peux... Quel est ton souvenir de cette période ? Je ne vais pas dire que c'était les 30 glorieuses des marques de mode françaises, mais un peu quand même. Surtout que là, on est en 2025, et qu'on entend plutôt des redressements judiciaires de marques françaises. Qu'est-ce que tu as gardé comme souvenir de cette période-là ?

  • Youssouf

    On peut le dire comme ça parce qu'on vient après le film, mais quand on remet dans le contexte, moi je crois, en tout cas depuis que je travaille, qu'il n'y a aucun cycle facile pour les entreprises. Il n'y a absolument aucun cycle facile, tu l'as dit, j'ai travaillé chez Decathlon, j'ai travaillé chez Seyo, j'ai travaillé chez Intersport. J'ai travaillé aussi chez France Vizier, qui appartient au Berthelsmann. C'est l'entreprise qui est un groupe allemand. C'est l'entreprise où j'ai passé le plus de temps, puisque j'y ai passé 12 ans. Qu'est-ce qu'il y a de commun sur la période de création de valeur forte de ces entreprises-là ? Je pense que ce qu'il y a de commun, c'est un cap clair, un objectif très, très clair sur ce que les dirigeants de ces entreprises voulaient en faire. Et ensuite... C'est une discipline dans l'exécution du plan d'action qui était vraiment imparable. Je reviens au tout début sur Decathlon en 1992, quand Decathlon se fixe comme cap d'être le premier fabricant d'articles de sport au monde. et ensuite le premier distributeur d'articles de sport au monde. Je pense que l'écosystème et les clients n'entendent pas ça. Parce qu'à ce moment-là, Decathlon est plutôt un petit distributeur d'articles de sport. Je crois que c'est une entreprise qui, à partir de ce cap-là, s'est disciplinée pour devenir ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Et c'est aujourd'hui que les gens découvrent finalement, avec l'ensemble des marques, que Decathlon est le premier fabricant d'articles de sport au monde. Mais ils l'ont décidé. début des années 90. Et ça me permet d'ouvrir aussi ce champ du temps long. Je pense que c'est une croyance erronée de penser qu'on peut réussir rapidement. Trop souvent, dans les médias, la communication, on a toute l'impression que les succès entrepreneuriaux se font sur les temps courts. Moi, je n'y crois pas. Même les GAFAM. au moment où elles sont au maximum de leur rentabilité, elles ont des décennies derrière, mais qui ne sont pas racontées dans le storytelling. C'est le lieu, c'est pareil, quand moi j'arrive chez Cilio comme directeur régional, à l'époque une marque très très forte sur la région parisienne, et Paris m'est assez peu présente en province. Il y a du monde sur le marché de l'habillement de l'homme, et toutes ces marques-là se cherchent un petit peu. Et c'est lui à cette époque-là, À même temps, en termes de diversification, je me souviens d'une diversification qui s'est bien faite sur le marché de l'enfant qui était un marché très porteur à l'époque, Célio Kids, mais qui a fermé. Et à ce moment-là, les dirigeants se sont recentrés et c'est là où le slogan Célio, c'est l'homme a été produit. Donc on revient encore à un cas clair. Je veux être la marque référente des hommes. Je veux habiller les hommes partout. Donc, ça, c'est l'exemple de Célio, l'exemple de Kiabi. On peut le citer. C'est vrai qu'aujourd'hui, Kiabi est le leader français de l'habillement et numéro un contesté de l'enfant. Mais moi, quand je rejoins Kiabi en 2013, Kiabi sort d'une année difficile liée aux deux années précédentes sur la crise du coton, qui fait que c'est une entreprise qui est vraiment en déficit, puisqu'il y a même un plan social. Moi, j'ai eu la chance de... de faire partie de l'équipe qui a contribué par la mise en place d'un management libéré, de relancer cette entreprise qui est devenue aujourd'hui leader. Donc tu vois, c'est pour dire que quand on offre une entreprise en haut du podium de la performance, il faut regarder tout ce qu'il y a derrière. Et souvent ce qu'il y a derrière sont les ingrédients qui me font dire, souvent ça fait toujours sursauter mes interlocuteurs, que l'entreprise est une science exacte. À partir d'une vision claire, d'un cap clair, si vous êtes discipliné dans le plan d'action que vous exécutez, la probabilité d'échouer est très faible. Mais ce qui est difficile, c'est d'accepter de relancer à ce qui ne fait pas fonctionner l'entreprise. Et souvent, les bagarres internes sont des bagarres qui rendent les entreprises fragiles parce qu'on passe plus de temps à s'entredéchirer qu'à faire avancer. Je peux donner aussi l'exemple de France Loisirs. J'ai passé 12 ans dans... dans cette entreprise, qui était quand même, si on remet dans le contexte, dans les années 70, puisque ça a été créé en 72, dans les années 70, ce qui faisait l'actif principal de France Rezir, c'était son fichier client. Donc on était dans un modèle économique proche de ce qu'on trouve aujourd'hui dans les cafés. C'est-à-dire qu'à partir d'un fichier client, il y avait un écosystème de produits offerts. Le leader, c'est le désir au vie du livre. leader du développement de la photo en France, leader du voyage en France, crédit, etc. Et puis avec des virages ratés, comme dans beaucoup d'entreprises. Tout ça pour dire que je ne pense pas, alors moi je n'ai pas vécu les trembleurs en Europe, je ne pense pas que c'est un environnement stable qui permet aux entreprises de se développer. Je pense que dans... toute situation, il y a des crises, il y a des difficultés. Ce sont des dirigeants disciplinés et clairvoyants qui permettent aux entreprises d'être au top. J'en suis convaincu.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu partages cette vision, surtout que tu as ce background d'avoir travaillé dans plusieurs entreprises différentes et d'avoir pu connaître effectivement tant des périodes de crise que des périodes de prospérité. Donc, toi, tu as eu toute une partie de ta carrière où tu as été salarié. Et à un moment donné, tu te dis, voilà, tu as quand même un background, une envie en tout cas d'être dans les affaires. Et du coup, à quel moment est-ce que tu te dis, l'entrepreneuriat, monter ma propre boîte, est-ce qu'à un moment donné, il y a une petite voix qui te dit… C'est bien le salariat, mais bon, j'ai envie de monter mon entreprise.

  • Youssouf

    Cette petite voix, elle a toujours été là, en fait. Mais je ne l'ai pas écoutée. Je ne l'ai pas écoutée parce que je prenais énormément de plaisir dans l'entreprise. Mais j'avais en parallèle toujours des activités, surtout en Afrique, parce que j'ai construit l'essentiel de ma carrière ici en Europe. J'ai travaillé en France, en Belgique, en Suisse, au Canada. J'ai fait une pige à Shanghai. Mais j'avais toujours l'Afrique en moi et l'entreprenariat en Afrique. Parce que ça a toujours été un terrain où je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire. Et encore, c'est encore là aujourd'hui. Donc, dès 1995-96, j'ai commencé à avoir des petites affaires en Afrique. Encore aujourd'hui, avec le recul, j'ai encore des activités là-bas. Mais il est très difficile de piloter des activités à distance. Donc, c'est ça qui est un peu l'écueil. Donc, j'ai essayé de passer à l'entrepreneuriat à 100% à deux reprises. J'y suis revenu parce que finalement, je considère que le risque que je prenais par rapport à l'environnement dans lequel je voulais entreprendre versus la connaissance parfaite que j'ai de l'environnement occidental était trop grand. Donc à deux reprises, j'ai tenté de lancer un cabinet de conseil en Côte d'Ivoire dans les années 2010, ça n'a pas fonctionné. J'ai tenté une aventure dans l'entrepreneuriat immobilier, j'ai acquis des terrains, je voulais me lancer dans la promotion immobilière, ça n'a pas fonctionné. et l'enseignement que j'en tire, c'est que quand on a acquis une expérience dans l'entreprise et qu'on est dans une spirale de succès, c'est très difficile de basculer dans l'entreprenariat, en tout cas en ce qui me concerne. En revanche, l'expérience qu'on a acquise dans son entreprise peut servir à ce que moi j'appelle l'intraprenariat. Aujourd'hui, par exemple, je suis donc directeur général de la Maison de l'Afrique, mais j'ai une activité de coach professionnel à côté, donc je me laque. activité, tout ça est clairement établi dans mon contrat de travail, ce qui me permet d'être à la fois DG de la Maison de l'Afrique et entrepreneur en tant que coach de dirigeant. Et là, moi, j'ai trouvé mon équilibre. En fait, j'ai besoin des deux. J'ai besoin des deux, pourquoi ? Parce que avec beaucoup d'humilité, je ne veux surtout pas paraître prétentieux, mais quand on a dirigé des entreprises pendant 37 ans, je pense qu'on sait de quoi on parle. Je sais faire fonctionner une entreprise. Je sais véritablement amener une entreprise au succès. Ça, c'est vraiment quelque chose que je maîtrise. Mais à côté de ça, il y a du développement humain que j'ai envie de faire partager autrement. Donc, je me suis rendu compte de ça parce que j'ai beaucoup managé et que j'aime cette dimension managérielle. Donc, je me suis formé au coaching. Je suis coach certifié international. Et donc, j'ai monté mon cabinet de coaching que je mène en parallèle avec mon métier de directeur général. Donc, j'ai envie de dire que sur la question de l'entreprenariat, nous sommes tous différents. Et souvent, quand on traite cette question-là, il n'y a pas l'entrepreneur heureux qui serait l'entreprise individuelle, qui serait l'alpha ou l'oméga de la vie professionnelle épanouie, où on gagnerait beaucoup d'argent, où on aurait tout son temps pour… pour ça. Moi, je ne crois pas. Je crois qu'il y a ce qui correspond à chacun. Un bout de votre vie professionnelle ou toute votre vie professionnelle. Donc, voilà. Moi, je me résous à penser que l'expérience doit être d'abord faite, si possible, dans un environnement maîtrisé, parce que l'entreprenariat from scratch, quand on n'a pas de bagage en termes d'expérience, moi, je trouve ça un peu dangereux. Après, il y a des caractéristiques. qui sont plus indiqués pour être entrepreneur parce que c'est il faut faire preuve de résilience étant un entrepreneur et il m'arrive de rencontrer énormément ici à la maison de l'Afrique et le premier conseil que je leur donne c'est vraiment la patience quant aux résultats qu'ils attendent de l'activité qu'ils mènent donc voilà une dose de résilience forte qu'il faut avoir en tant si on a un peu d'expérience faite chez les autres parce qu'on a été salarié, moi je dis que c'est pas mal, il faut prendre. Parce qu'au final, quand on sort de l'école, on a appris à apprendre, mais on n'a pas appris à travailler. Et je pense que ça c'est une croyance. Donc quand on arrive avec un diplôme, On pense que tout de suite, on est plug and play, on peut exiger tel salaire, il faut nous payer parce que j'ai fait tel gros diplôme, etc. En fait, quand on arrive, on ne sait rien faire parce que chaque entreprise a sa spécificité, a son mode opératoire, a son mode de fonctionnement, chaque marché a ses difficultés, donc il faut apprendre un peu tout ça. En revanche, on gagne du temps sur celui qui n'a pas fait d'études parce que celui qui n'a pas fait d'études n'a pas appris à apprendre. Mais c'est une fois sur le terrain qu'on apprend à travailler véritablement.

  • Ramata

    Je te remercie de partager ce point parce que c'est vrai qu'on est dans une période où il y a une espèce de culte de l'entrepreneuriat et on invite un petit peu les jeunes générations et pas que les jeunes générations à vraiment trouver l'idée, monter sa start-up, faire une levée de fonds, apprendre à pitcher. et sans passer par la case que tu évoques ici, qui est un salarié pendant quelques années pour acquérir de l'expérience. Ça a l'air tout de suite... moins séduisant, moins sexy. Mais pour moi, c'est vraiment une question de storytelling en réalité. Donc, le partage que tu nous fais là, ça nous apporte aussi une autre vision qui est, à la fin de toi, ta best of both worlds, puisque tu fais les deux, en fait. Et donc, c'est à chacun de trouver ce qui lui correspond sans se dire, il y a une voie royale ici et de dénigrer les salariés qui travailleraient sous la coupe d'un manager et qui n'auraient pas la possibilité de prendre des initiatives. J'ai travaillé comme toi pour des marques françaises dans lesquelles j'ai été épanouie, j'ai été respectée, j'ai eu des promotions. Donc, il y a la possibilité de faire des carrières dans lesquelles on est épanouie. Et il n'y a pas d'un côté le burn-out des salariés et de l'autre, la best life de l'entrepreneur. Il y a des difficultés partout, mais c'est vrai qu'on a tendance parfois, à coup de storytelling, de raconter des histoires qui font rêver. Et parfois, il faut aussi apprendre aux personnes que l'on peut rencontrer, porteurs de projets ou jeunes générations qui se posent des questions, à un petit peu se dire la réalité du monde dans lequel on vit, c'est celle-là. Et l'expérience, ça reste quand même quelque chose que l'on va acquérir, non pas en étant seul entrepreneur, en montant une boîte avec d'autres jeunes comme nous qui n'ont pas davantage d'expérience, qui seraient la seule voie, apprendre auprès d'experts, c'est aussi un moyen de réussir. Je vais rebondir sur... Tu dis, voilà, toi, aujourd'hui, tu as une expertise qui, comment dire, te permet de... Tu as la recette du succès. Je ne sais pas si c'est comme ça que tu l'as dit, mais c'est ce que j'ai retenu. Donc, si tu peux nous la partager, parce que nous, ici, on veut tous marcher vers le succès. Donc, qu'est-ce que tu peux nous dire ? Qu'est-ce que tu veux dire par là, en fait ?

  • Youssouf

    Alors... Je n'ai pas tout à fait dit que je ferais la recette de succès. C'est moi mon straté. C'est comme ça que je revendrai cette histoire. Sinon, je la vendrais chère. Je coach des dirigeants que j'accompagne au succès, c'est vrai. Mais moi, je raconte toujours l'histoire du succès au regard des échecs. Parce que je fais beaucoup de méditation. Et dans la méditation asiatique, bouddhiste notamment, où on apprend que le... Le succès et l'échec creusent les mêmes sillons dans le conscient et l'inconscient de la personne, et surtout dans son inconscient. Et surtout que l'échec est le sillon d'apprentissage le plus fort que le succès, parce que le succès grise et il amène souvent à penser qu'on a réussi tout seul à faire ce qui fait qu'on dit qu'on est au succès. Alors qu'en réalité, on ne réussit pas seul. Absolument personne sur Terre n'arrive à réussir seul. Donc, je relativise cette notion de succès et d'échec. Je pense qu'il y a succès quand on a eu plusieurs échecs qui nous ont montré le chemin du succès. Moi, je pense que quand on a compris ça, on est déjà prêt pour commencer le voyage entrepreneurial. De toute façon, il y aurait des échecs. Il ne faut pas partir dans une démarche entrepreneuriale ou même dans l'entreprise en se disant... forcément tous les jours ça va être « youpi, oh là là, la fête » . Ce n'est pas vrai. C'est parce qu'il y aura des moments difficiles, c'est parce qu'il y aura des échecs, que vous allez tout d'un coup trouver le chemin du succès. Une fois que j'ai dit ça, ce qui marche bien dans une trajectoire de succès, c'est d'avoir un objectif clair. Ça paraît simple à dire, mais c'est extrêmement difficile. Je le vois à chaque fois que je demande un certain nombre de porteurs de projets de pitchers. Quelques minutes, pour ne pas dire quelques dizaines de minutes après, ils n'ont pas fini de m'expliquer ce à quoi ils réfléchissent depuis des années. Si je ne suis pas capable de comprendre en trois minutes ce que vous voulez faire, Votre marché, votre client qui lit, doit décider et acheter rapidement comment il fait. Ça ne marche pas. Donc, il faut que votre objectif soit suffisamment clair de ce que vous voulez proposer au marché. Et deuxièmement, ce que vous proposez au marché doit apporter quelque chose de nouveau sur le marché. Parce que si ça peut faire la même chose que Peter Campion, il vaut peut-être mieux faire avec lui ou faire pour lui. Pour moi, ça, c'est la deuxième clé. Un, je sais exactement où. où je vais. Deux, ce que je fais apporte quelque chose de nouveau, pas forcément différent, mais apporte un plus par rapport à l'environnement. Trois, est-ce que vous êtes prêts à avoir un plan stratégique qui va être séquencé en période pendant laquelle vous allez avoir des indicateurs de performance qui vont vous faire dire que vous êtes sur le bon chemin ou pas. Et ça, souvent, mesurer la performance sur les premières périodes, c'est quelque chose qu'on a véritablement du mal à faire. Parce qu'une fois que vous êtes dans une dynamique de mesure d'emploi stratégique sur six mois, trois mois, un an, deux ans, trois ans, vous pouvez vous permettre d'avoir un regard critique des actions que vous menez. Et là, on commence à toucher l'exécution. Et là, ça commence à être sympathique. Parce que là, tout d'un coup, vous voyez que, ah tiens, mais finalement, le marché ne m'attendait pas. Ah ben oui, vous n'attendez pas le marché. Il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, elle est prête à le trésorer. Donc, tout d'un coup, il y a un ensemble de ce qu'on peut considérer comme étant des obstacles, mais qui sont des étapes à passer pour réussir. C'est là où vous êtes sauvé quand vous êtes quelqu'un de discipliné dans l'action, de quelqu'un d'organisé, qui mesure ce qu'il fait et qui dose ses efforts pour que le temps que vous consacrez à faire les choses crée la richesse, c'est-à-dire fait que vous atteignez l'objectif que vous vous êtes fixé. Et c'est ces micro-objectifs atteints qui vont faire que 3 mois après, 6 mois après, 1 an après, 3 ans après, 10 ans après, 50 ans après, vous êtes encore là pour faire un but. Ça, c'est la recette. Une fois qu'on a la recette, on sait que deux cuisinières avec la même recette, ça ne fait pas le même plat. Une fois qu'on a la recette, on n'a pas tout. Alors moi, je dis souvent que l'entreprise est une science. Exact pourquoi ? Parce qu'à partir d'un objectif clair. À partir d'un plan stratégique clair, à partir d'une composition d'équipes qui met ensemble des hommes et des femmes qui savent de quoi ils parlent, qui ont la compétence, et des managements qui les amènent à donner le meilleur d'eux-mêmes pour atteindre ces objectifs-là, et qu'on mesure l'avancement étape par étape, il n'y a absolument aucune raison d'échouer. Mais aucune raison. Il n'y en a pas. Ça, j'en suis intimement convaincu. Et le cimetière des entreprises, quand on les analyse, est rempli de virages ratés. C'est des mauvaises décisions, c'est une mauvaise exécution, c'est des indicateurs de performance, des signaux faibles pas écoutés, c'est des problèmes d'égo, de relations interpersonnelles au sein de l'entreprise, etc. Donc souvent on dit que c'est le marché. Mais non, le marché, il est ce qu'il est. Ce n'est pas le marché qui fait une entreprise. Et l'entreprise est faite des hommes et des femmes qui y travaillent pour atteindre l'objectif qui se sont fixés avec la méthode la plus efficace possible. Ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Parce que c'est dans le même marché que certains sont numéro un et gagnent beaucoup d'argent. Et dans ce même marché, il y en a qui sont derniers et qui perdent de l'argent. Donc, ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Qu'est-ce qui fait la différence entre deux entreprises ? C'est ce que je viens de décliner tout à l'heure. Et je reviens à ta question de tout à l'heure sur le profit. Moi, je pense qu'il y a un échec d'emploi collectif dans le monde qui fait qu'aujourd'hui, on pousse depuis un certain nombre d'années l'entreprenariat comme étant la fin et l'oméga, la réponse à toutes les problématiques. Tout le monde n'est pas faible pour être entrepreneur. Et le monde n'a pas besoin qu'un entrepreneur. On a besoin d'infirmières, on a besoin de médecins, on a besoin de plombiers, on a besoin de boulangers. On a besoin de fonctionnaires, on a besoin de chacun de trouver la voie dans laquelle il est à sa place où il va s'épanouir. Moi, je crois à ça. Mais en revanche, c'est vrai que l'entreprenariat, quand ça fonctionne, en tout cas pour ma part, il n'y a pas plus de gratification. C'est comme un sportif de la région qui a la médaille d'or. Je pense que c'est votre entreprise et que vous l'avez fait. On est à un niveau de satisfaction de son ego qui est extrême. Mais on peut le toucher quand on est le numéro 9 d'une grande équipe de football et qu'on marque le but qui fait qu'on a gagné. On peut atteindre aussi cet excess là. Donc c'est dommage de s'enfermer dans des cases. Tout le monde ne peut pas être footballeur. Tout le monde ne peut pas être influenceur. Tout le monde ne peut pas être chef d'entreprise. Mais il y a de la place pour chacun. Il faut faire l'effort de réfléchir à ce pourquoi on est fait. Et ce qui nous fait vibrer. Et est-ce qu'on est prêt à travailler ? pour développer les aptitudes qui sont en nous, qui feront qu'on sera excellent, qu'on prendra plaisir dans ce qu'on fait. Parce que les capacités intéressantes ne suffisent pas. C'est le travail aussi qui est derrière, qui va permettre d'atteindre ces objectifs-là.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu cites le footballeur, le chef d'entreprise et l'influenceur, parce qu'en fait, ce sont ces profils-là qui sont le plus mis en avant. Donc forcément, les gens vont vouloir être soit influenciés en soi, soit footballeurs, soit chefs d'entreprise, parce que c'est que ces gens-là qu'on voit en fait. Quand il y a des interviews, quand on met des gens en avant, c'est souvent ces trois profils-là. Enfin, aujourd'hui, on est dans l'égalité des genres là-dessus. On va mettre en avant des boss lady, des entrepreneurs, on va mettre en avant des footballeurs, là c'est plutôt des profils masculins. Même si là, le football féminin commence vraiment à arriver sur le devant de la scène, mais on a vraiment ce truc de, c'est les trois profils dont on parle le plus en fait. Et du coup, c'est vrai que... Ça fait que forcément, on rêve de ce que l'on voit et on n'a pas peut-être assez de profils de restaurateurs, de gens qui tiennent une boutique, de choses peut-être plus simples, qui font moins rêver, mais qui peuvent avoir une dimension où on peut les admirer tout autant finalement que le footballeur, que le chef d'entreprise ou autre.

  • Youssouf

    Mais je crois que le système des médias mainstream nous a amené à penser que ces profils-là qu'on a choisis sont la quintessence du bonheur. Je ne veux pas opposer, mais personnellement, l'avis d'un influenceur n'est pas l'avis qui me fait rêver. Mais moi, vu de mon âge et de ma trajectoire, on va dire que tu n'es peut-être pas la cible. Ok. Mais ça, c'est l'effet médiatique. Les médias ont besoin d'étendards. Et ça, c'est normal. Maintenant, je pense que les esprits avertis, et c'est là où l'éducation joue un rôle important aussi, il faut quand même que l'environnement dans lequel on évolue, familial, amical, etc., éveille quand même en conscience chacun de regarder la trajectoire qui lui correspond. On ne peut pas avoir tout. tout un pays, tout un continent, toute une classe d'âge qui rêve d'une seule activité. Pour moi, c'est un non-sens absolu. On est au début de la manipulation. Oui, bien évidemment que de voir un joueur de basket africain qui a réussi à un NBA, etc., que ça fasse rêver, moi je trouve ça super chouette, mais souvent on reste dans l'image qui renvoie, l'image glamour qui renvoie, mais pour qu'il soit au top de l'NBA, il en a fait des heures et des heures d'entraînement, des heures et des heures de salle de musculation, des heures et des heures de placement tactique avec son équipe. Mais tout ça disparaît derrière l'image glamour, comme s'il était arrivé là par l'opération de cet esprit. Mais non, c'était un travail. Donc je pense que... Cette médiatisation de ce type de métier vient gommer ce que le travail a de noble à mon sens. Moi, je trouve que le travail, c'est la plus belle chose qui nous appartient. Quand tu as la chance de pouvoir travailler, c'est que tu as la chance de pouvoir te lever, tu as la chance de pouvoir être autonome, de faire ce que tu as envie de faire, chez toi, avec les tiens. Je pense qu'il n'y a pas plus grand bonheur que ça. Bien sûr que tu admires sur l'écran de ton smartphone telle ou telle célébrité, bien évidemment, mais on ne peut pas avoir comme seule quête pour des classes entières de générations de vouloir être dans des activités qui ne sont que des activités de paillettes et de lumière. Pour moi, il manque quelque chose, surtout quand on s'adresse à un continent comme l'Afrique. qui a la plus grande réserve de la jeunesse du monde, toutes les possibilités qu'offrent les activités humaines sur Terre. ne peuvent pas être passés sous silence pour qu'ils n'apparaissent que comme rêve pour eux, influenceurs, mannequins ou je ne sais encore quoi. C'est dommage. Avec tout le respect que j'ai pour tous les métiers qui existent, je pense que toutes les Africaines et tous les Africains ne peuvent pas rêver d'être juste des célébrités.

  • Ramata

    Je te rejoins sur ce point-là. Et je pense qu'effectivement, c'est intéressant qu'on puisse évoquer aussi le rôle des médias dans le fait de promouvoir des variétés de profils plus importantes, de mettre en avant aussi bien des scientifiques que des architectes, que des footballeurs et des créateurs de contenu, mais qu'ils aient finalement le même temps de parole. Comme ça, du coup, on est sûr qu'on va... avoir une jeunesse qui va avoir devant elle un champ des possibles beaucoup plus large que quelque chose de limité à footballeurs ou célébrités, qui sont presque les rêves que les générations passées avaient déjà. C'est comme si on ne renouvelait pas le rêve depuis. On veut tous être chanteurs, danser, être à la télé en fait.

  • Youssouf

    Ils ont l'air à la télé et ils jouent à roleplay. Je vais vous livrer une anecdote. Quand je prépare ma venue en France, L'année de mon bac, au Côte d'Ivoire, à l'époque, on déposait les dossiers à l'ambassade de France du pays et on devait choisir une université. Donc, ma mère me dit, moi je vais étudier en France, mais je ne veux pas que tu ailles à Paris, parce que tu vas devenir un bandit. Je ne veux pas que tu ailles à Marseille, parce que je n'ai pas de bonnes images de cette ville. Je veux que tu choisisses une petite ville. Une petite ville, mais moi je ne connaissais pas la France. Et je choisis la ville de Metz, comme je te l'ai dit tout à l'heure. Pourquoi je choisis la ville de Metz ? Parce que l'année de mon bac, la saison de football précédente, le meilleur buteur du championnat de France de football était un Africain sénégalais qui jouait à Metz. Donc voilà une influence. Donc je choisis cette ville parce que je suis fan de foot et parce que c'est Gilles Bocoté qui est le meilleur. le meilleur inviteur du championnat de la France de football. Donc l'influence, c'est ça. Mais elle peut être positive. Pour moi, elle a été positive. Donc ça Ausha toutes les cases. Ma mère, elle était contente. C'était une petite ville. Moi, je suis arrivé, j'ai raconté cette histoire à Jules que j'ai rencontré parce que les médias africains, à l'époque, sont très petits dans ces villes-là. Et puis je suis devenu très ami avec Bouba, qui était son cousin germain. J'ai passé de belles années à l'inverse avec Jules. C'est génial.

  • Ramata

    Génial, très belle anecdote. Merci de nous l'avoir partagée.

  • Youssouf

    C'est un plaisir.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de parler de la Maison de l'Afrique, qui vient un peu signer pour toi le côté plutôt entrepreneur, puisque tu reprends cette entreprise à une période difficile pour l'histoire de cette entreprise. J'aimerais que tu racontes déjà cette entreprise, et puis aussi que tu nous parles de la Maison de l'Afrique, puisque ce n'est pas une entreprise toute jeune. C'est plutôt une ancienne. Donc, je ne dirais pas vieille endormie, mais presque. Donc, du coup, parle-nous un petit peu de ce passage-là, de ce moment où tu te dis, voilà, je vais être à la tête d'une entreprise et pas un côté coach, mais vraiment diriger une activité. Et en même temps, je reprends finalement un patrimoine et je veux le préserver.

  • Youssouf

    C'est une belle aventure, c'est une belle rencontre. Je rencontre le chemin de la Maison de l'Afrique autour de l'année 2017 parce que je mène un projet à côté de mon activité professionnelle qui m'amène à m'investir dans la lutte contre le paludisme. Je suis très engagé dans le paludisme et j'accompagne une association qui s'appelle la Maison de l'Artémisia et on diffuse comme ça ce médicament, cette thérapie. naturelle à travers l'Afrique et on doit la développer en Afrique centrale et je connais personne en Afrique centrale. Donc je me rapproche de la Maison de l'Afrique, ça se trouve, et je découvre la Maison de l'Afrique qui m'aide à faire une belle opération là-bas. Et je reste connecté à la Maison de l'Afrique et j'apprends à la connaître. Juste que l'année 2021, qui fait suite à la crise de Covid-19, où la Maison de l'Afrique... sur sa principale source de revenus, se retrouve en difficulté puisque tout est fermé. Donc, elle a une grosse partie de ses actifs qui sont liés au monde des restaurants, etc. Donc, les restaurants sont fermés. Donc, elle a vraiment une grande difficulté financière. Et à ce moment-là, moi, je suis interrogé par le conseil d'administration que j'ai appris à connaître sur les possibilités de relance de la maison d'Afrique ou pas. Donc, ça rejoint ce que je disais tout à l'heure à l'introduction. J'ai développé une vraie expertise et de mon accompagnement. compagnies de non-cessaires, je suis vraiment expert en modélisation économique, donc je propose au Conseil d'administration de la Maison de l'Afrique de faire de la Maison de l'Afrique une agence d'intelligence stratégique. Parce qu'en fait, c'est quoi la Maison de l'Afrique ? Elle a été créée en 1974 sous l'impulsion de trois chefs d'État. Il est possible que c'est d'Arsengor, Félix Oufel-Bani et Georges Pompidou qui ont créé une société anonyme et qui ont fait représenter les 11 pays actionnaire de la Maison de l'Afrique, dans son conseil d'administration, par les présidents des chambres de commerce de ces pays africains-là, plus le président de la chambre de commerce de Paris-le-Deux-Francs, qui gérait comme actif un portefeuille de marques et de fonds de commerce, mais qui faisait beaucoup d'activités d'intermédiation, notamment des missions économiques entre la France et l'Afrique. C'était ça le modèle. Ça fonctionnait bien jusqu'à ce que effectivement se prenait le mur du Covid-19. Le changement de modèle économique, il est le suivant, c'est que quand j'en fais une agence d'intelligence stratégique, c'est que je la positionne, puisqu'elle appartient à des États africains, comme étant un cabinet de consultants apporteurs de réponses à des problèmes africains. Donc je fais de mes actionnaires mes clients. Donc dorénavant, je prête pour l'Afrique en amenant des solutions sur des problématiques de tout ordre, puisqu'on a un modèle économique hybride avec des consultants en mode projet. je peux traiter toutes sortes de questions. On accompagne une région sur la création de villes nouvelles, on accompagne un porteur de projet du côté de Montpellier pour monter un réseau de cliniques. On a créé en Côte d'Ivoire le premier salon de licence de marque, etc. Donc, la Maison de l'Afrique est devenue aujourd'hui la seule agence d'intelligence stratégique appartenant à 10 pays africains situés à Paris. qui est capable de répondre à peu près à toutes les questions d'impact économique, écologique, sociétal sur l'Afrique. Donc j'ai envie de dire que tous les porteurs de projets qui ont un projet, en tout cas vers l'Afrique, sont les bienvenus pour qu'on en discute. Quand on ne sait pas faire, on dit qu'on ne sait pas faire. Parce qu'il y a des champs d'activité sur lesquels il est plus intelligent d'aller rencontrer des organismes qui ont une expertise là-dedans. Mais on n'a pas parlé de la structuration des projets. On accompagne sur la levée de fonds, on accompagne sur le coaching du porteur de projet, parce que souvent dans le projet, c'est le profil du porteur de projet qu'il faut travailler. On fait des mises en relation, parce que malheureusement en Afrique, beaucoup de porteurs de projet sont plusieurs à porter le même projet. Et à la Maison de l'Afrique, moi ce que j'essaie de faire, c'est de dire, au lieu d'être 10 à vous battre, sur une miette, mettez-vous ensemble pour faire un beau gâteau et chacun aura une belle part. Je n'y arrive pas toujours. Donc, la Maison d'Afrique est devenue une agence d'intelligence stratégique, c'est-à-dire qu'on réfléchit à toutes les solutions techniques ou à toutes les offres qui sont sur le marché qui peuvent être une réponse à des problématiques en Afrique. Donc, soit on va les chercher et on les accompagne, soit ils viennent vers nous et on facilite leur implémentation en Afrique. Voilà ce qu'on fait à la maison.

  • Ramata

    Dans la manière dont vous accueillez les différents projets, est-ce qu'il y a une temporalité ? Est-ce que c'est la prospection d'un projet, premier trimestre et après, second trimestre, on va travailler ensemble ? Est-ce qu'il y a une temporalité dans la manière dont est organisée cette agence ?

  • Youssouf

    En fait, on l'a organisé de la façon suivante. J'ai une chef de projet, un chef qui est Mme Traoré, qui, elle, normalement dans un pitch court, doit être capable de qualifier votre projet. A quel niveau est votre projet ? Moi, je suis souvent interrogé personnellement, donc je ne comprends pas. Une fois qu'on a qualifié votre projet, on voit le niveau de maturité dans lequel il est. Et à partir de ce niveau de maturité, on va décider ensemble de l'accompagnement possible de la Maison de l'Afrique ou pas. C'est ça la clé de l'entrée. Il y a des projets qui sont matures, qui ont véritablement besoin que de fonds. Auquel cas, on a un écosystème de fonds, de banques, On va accompagner pour la levée de fonds. Il y a des projets qui malheureusement ne sont que des idées, qui ne sont pas encore au stade de projet. Donc malheureusement, on va y conduire le porteur du projet en lui demandant de travailler quand ce sera un projet de revenu vers nous. On peut aussi l'accompagner à passer de l'idée au projet, mais ça, ça se paye. Parce que c'est un travail d'accompagnement. Après, il y a des accompagnements à structuration. On a un écosystème d'incubateurs qui peut aussi acquérir des projets. et les accompagner pour les faire maturer avant d'aller vers la levée de fonds. J'ai envie de dire que tous les schémas existent. C'est vraiment du pitch et de la maturité du projet qu'on va décider si notre accompagnement est pertinent ou pas pertinent et avec qui on le fait ou pas. Et c'est vrai aussi pour des activités culturelles ou associatives. À la Maison de l'Afrique, on a beaucoup d'associations, notamment qui travaillent pour le bénéfice des diasporas africaines, région parisienne aussi, qui viennent nous voir, mais qu'on va accompagner. Des fois, pour donner plus de visibilité à leur événement, pour les mettre en relation avec ce qui peut accélérer le fonctionnement de leur événement, ou les aider parce qu'ils ont des matériels de blocage, de tellité d'aspect. Donc, voilà, j'ai envie de dire, on est un peu les médecins de la promotion économique, artistique et culturelle. À partir d'une consultation de 15 minutes, on est capable de tirer l'ordonnance. Sur le site internet, ce qu'on appelle « boostprojet » , on se rencontre. Et au bout d'un quart d'heure, normalement, on est capable de vous dire si on peut travailler ensemble ou pas et ce qu'on peut vous apporter.

  • Ramata

    Très bien. J'aime bien cette notion de médecin. C'est nous qui décidons quand on a besoin d'aller voir le médecin. Exactement. Donc, il n'y a pas de temporalité. C'est par rapport à nous, où on est. On a peine, on va, j'imagine qu'il y a à travers le site Internet la possibilité de poser, de déposer son projet, de prendre rendez-vous.

  • Youssouf

    Il y a la possibilité sur le site Internet, effectivement, de prendre rendez-vous, de s'inscrire. On a un onglet pour son projet sur lequel on peut poster son projet. Et même, on a un onglet global sur lequel on peut être protecté. Je pense que vraiment, le site Internet est le plus important. le passage le plus adapté parce qu'aujourd'hui, le temps, c'est de l'argent. Pendant longtemps, les gens sont déplacés pour venir à la maison de l'Afrique. C'est tout délicat parce qu'on ne peut pas recevoir sans rendez-vous. On est quand même assez sollicités. Donc, pour faire gagner du temps à tout le monde, autant se déplacer à la maison de l'Afrique quand on a rendez-vous.

  • Ramata

    Très bien. Et aujourd'hui, en tant que business model, en fait, ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est quand il y a besoin de structuration, d'accompagnement, c'est moyenne en finances pour un porteur de... projet, est-ce que tu peux expliquer quels sont les différents dispositifs qui existent et puis comment ça marche ? Parce que j'imagine qu'à la suite de cet épisode de podcast, les demandes vont affluer et qu'on sache quand même quelles sont les modalités.

  • Youssouf

    Alors, on va dire la modalité la plus classique. Vous entendez ce magnifique podcast. Le matin, vous vous dites, waouh, j'ai un super projet. Pour la Guinée, tiens, je vais consulter la Maison de l'Afrique. Donc, vous allez sur le site de la Maison de l'Afrique. Et là, vous nous envoyez un mail en disant, voilà, moi, j'ai un projet pour aller dans tel domaine d'activité en Guinée. Est-ce qu'on peut se rencontrer ? Donc, on va fixer d'abord un rendez-vous qui va être en visio. On va discuter un peu du projet. On va vous demander, vous envoyer un pitch projet. Donc là, on va… On va se retrouver, si vous passez ce cap-là, on va se retrouver pour parler du projet et pour bien identifier l'étape où est le projet. Et à ce moment-là, on va vous faire une proposition de l'accompagnement que l'on peut faire. Donc, si vous êtes au stade où on doit vous accompagner pour lever des fonds, je prends cet exemple-là parce que souvent, on est approché pour ça. On dit, mon projet ne se réalise pas parce que je n'ai pas des fonds. Je déçois beaucoup les gens parce que je dis que ce n'est pas l'argent le problème. Ce n'est pas l'argent le problème. On peut vous mettre en relation avec des banques, avec des fonds, etc. Mais ce n'est pas ça le problème. C'est la qualité de votre projet. C'est les objectifs visés par votre projet. C'est ce que votre projet apporte dans le marché que vous visez. C'est le profil de ceux qui portent le projet. Parce que ce n'est pas facile à entendre. Mais on ne prête de l'argent qu'à des gens en qui on a confiance. Souvent, j'entends dire qu'on prête de l'argent à ceux qui peuvent rembourser. Non, on prête de l'argent à ceux en qui on a confiance. Parce que cette confiance, elle se traduit par le fait qu'on pense qu'il mettra tout en œuvre pour réussir son projet, donc il nous remboursera. Parce qu'il y a des gens qui ont beaucoup d'argent, mais qui ont énormément de dettes, parce que c'est des mauvais payeurs. Donc, une fois qu'on a qualifié votre projet, on va se mettre d'accord sur l'accompagnement. Si on prend l'exemple d'un accompagnement à lever des fonds, on a ce qu'on appelle un retainer. C'est comme un frais de dossier par lequel on va commencer à les utiliser pour, moi, je vais aller chercher tel et tel consultant pour structurer votre projet. Parce qu'un projet doit être présenté. de telle et telle manière, notamment sur le business model et le business plan, en général, quand on est porteur de projet, on ne sait pas faire ça. Ça, c'est une expertise. Mais parce que j'aurai une qualité d'écriture de mon business model et de mon business plan, ça va faciliter ma levée de fonds. Et ça, ça se paye. Et souvent, là, on en perd déjà un certain nombre. Et ensuite, on va faire appel à notre écosystème de fonds, de banques, etc., qui disent, super, ce projet, j'y vais. Et après, il y a plusieurs formules, soit il vous faut un prêt, soit c'est une equity, rendre votre capital, etc. Tous les modèles sont possibles. Et puis, il y a d'autres projets sur lesquels, quand on sort de la première réunion, on se rend compte que finalement, le projet n'a pas besoin d'argent, il a besoin de temps et de maturation, parce que je dis souvent, les premiers revenus d'une activité, c'est le chiffre d'affaires qu'elle génère. On ne peut pas monter un projet pour aller demander un prêt. On monte un projet parce que ce qu'on propose dans son marché va générer du chiffre d'affaires qui va donner du résultat à l'activité. C'est ça la raison d'être dans le projet. Si c'est pour lever des fonds, il n'y aurait pas tant de fonds blancs en Afrique. Ce n'est pas l'argent qui règle le problème. Ce qui règle le problème, c'est tout ce dont on a parlé en entant de podcast sur lequel il faudrait presque des heures et des heures de cours pour le comprendre et l'entendre. Donc, une fois qu'on a bien discuté du projet, bien compris les teneurs aboutissants du projet, on va venir clarifier l'accompagnement possible ou pas de la Maison de l'Afrique et de son écosystème. Parce que tout ça, on ne le fait pas seul. On le fait avec des partenaires consultants, on le fait avec des institutions. Quand c'est en Afrique, puisque les actionnaires de la Maison de l'Afrique sont des chambres de commerce, si votre projet est dans un pays d'un de nos actionnaires, donc voilà un boulevard aussi. pour vous faire entrer à côté d'experts de chambre de commerce pour vous accompagner sur le projet. Donc souvent, je dis, l'accompagnement est presque plus important que les sous finalement que vous allez lever. Mais ce n'est pas toujours facile à entendre de prime abord, mais beaucoup des projets qu'on a accompagnés aujourd'hui sont successifs, pas tant par les fonds qu'on a levés, mais par l'écosystème qu'on a mis autour du projet.

  • Ramata

    Avec Maison de l'Afrique, ce que tu me disais, c'est que vous avez différentes initiatives et que vous pouvez intervenir sur différents secteurs d'activité. Moi, c'est vrai que mon focus, c'est les industries culturelles et créatives. Et je sais qu'il y a eu une initiative qui s'appelle Culture Pagne, sur laquelle la Maison de l'Afrique a été partenaire, voire même plus à l'initiative d'eux. Est-ce que tu peux m'en parler ?

  • Youssouf

    Oui, Ramata, c'est une belle histoire, cette histoire de culture Pâques. En fait, elle démarre comment ? La Maison de l'Afrique est partenaire d'un événement à Abidjan que je trouve extraordinaire, qui est le Festival Abidjan Pâques. Nous accompagnons depuis trois ans ce festival qui, pendant deux jours, célèbre le Pâques. Et dans cet accompagnement-là, il y a deux ans en arrière, la Maison de l'Afrique décide d'y amener des personnes qui comptent dans l'industrie de la mode et du Pâques. J'y amène Alpha D, que tout le monde connaît, premier couturier africain de classe internationale. Et j'amène Anne Grosfilet, qui est l'experte du pagne et des tissus dans le monde, anthropologue et docteur, chercheur en pagne. Et à la sortie de ce festival Culture Pagne, en écoutant Anne Grosfilet, je ne suis pas un expert de toutes ces questions-là, vu d'un côté scientifique, mais je découvre tout le bagage de liens entre le... la docteure scientifique de l'histoire du paille et des tissus, mais aussi liée à l'histoire africaine. Et en discutant avec Anne, je lui dis, mais ce que tu racontes là, comment on pourrait le rendre accessible au plus grand nombre ? Parce que finalement, on est peu à savoir à quel point le paille et le tissu est un titre de l'histoire africaine. De là naît l'idée de faire un programme vidéo. Donc, on décide de faire une série de 15 vidéos dont la Maison de l'Afrique est propriétaire et dont le contenu est propriété intellectuelle de Anne Grosfilet, qui avec son mari Claude Boli, qui lui est historien, écrit tout le storytelling. Donc, on a 15 épisodes qui sont écrits. La Maison de l'Afrique a financé les trois premiers épisodes qui sont visibles sur nos... sur nos réseaux sociaux. Et là, nous sommes en recherche de fonds pour financer les 12 autres programmes pour compléter les 15 vidéos courtes pendant lesquelles Anne Groffilé et Claude Boli viennent expliquer le lien entre le tissu et l'histoire de la construction africaine. Donc, on vient de découvrir, par exemple, quand arrivent tous ces tissus colorés en Afrique parce qu'à la base, finalement, en Afrique... qui est connu par des vêtements de couleurs flamboyantes. En réalité, l'histoire du textile africain est en blanc, en fait. Et ça, c'est absolument extraordinaire. On vient découvrir comment les outils de tissage ont été amenés plutôt par les religions, comme l'islam, par exemple, chose que moi, j'ignorais. Donc, c'est un programme absolument fabuleux qu'on a monté de toute façon. pièces, donc avec deux experts, et qu'aujourd'hui, nous cherchons à financer pour terminer le programme.

  • Ramata

    Très bien. Donc, ce que tu évoquais, c'est que les trois premières vidéos, en fait, d'Anne Groschilet et de son mari historien, M. Gauly, elles sont aujourd'hui accessibles sur YouTube. Donc, je mettrai en fait le lien en note de l'épisode du site internet de la Maison de l'Afrique et aussi de la chaîne YouTube, afin qu'on puisse découvrir ces trois premiers épisodes. Au niveau du financement que vous cherchez, c'est plutôt du financement entreprise ou des particuliers en fait ?

  • Youssouf

    Alors, on n'a pas fait de crowdfunding pour l'instant. Moi, je cherchais plutôt un mécène pour pouvoir associer une marque. Puisqu'on est dans le domaine du paille, du tissu, etc. Je pense que ça fait sens que ce soit une paille, que ce soit une marque. On cherche une marque, un mécène en tout cas, qui a envie de mettre à disposition 150 000 euros pour que ce soit financé ce programme-là au bénéfice de tout le monde. Ou ça peut être aussi une chaîne de télévision ou un média de diffusion. Ça pourrait être Canal, ça pourrait être Netflix, ça pourrait être France 2. Voilà un contenu éducatif qui, par le tissu et le pagne, vient d'ailleurs raconter l'histoire de l'Afrique. Moi, je trouve que c'est un sujet passionnant.

  • Ramata

    Tu prêches une connexion.

  • Youssouf

    Donc, les fonds peuvent venir de là. Pour l'instant, on n'a pas de retour successful, mais on ne désespère pas. On a des très très bons contacts. Après, on est aussi agile sur la modélisation de ce qu'on a fait dans les trois premiers épisodes. S'ils doivent évoluer, ça, c'est aussi possible. Toujours est-il qu'il y a une belle matière aujourd'hui à partager. Et ce programme-là est vraiment né de l'initiative de la Maison de l'Afrique de Havel.

  • Ramata

    Très bien. Et en plus, il y a quelque chose d'éducatif qui demande, presque donne envie à... Faire en sorte qu'ils soient accessibles dans des écoles. Parce que moi, pour travailler dans de nombreuses écoles de mode, moi, je pousse de plus en plus pour qu'il y ait des heures qui soient prévues pour qu'on parle d'autre chose que de la mode occidentale. Alors bon, moi, j'arrive en disant, je vous parle d'Afrique, mais on peut parler de Chine, on peut parler d'Amérique latine, on peut parler de plein de choses qui ne sont pas la mode occidentale pour éveiller les esprits. de profils créatifs qui ont besoin d'être nourris par autre chose que finalement je reste dans mon cercle et dans mon univers. Alors je fais toujours attention à ce qu'on... Ça me permet d'aborder aussi le sujet de l'appropriation culturelle, d'être dans les logiques de quand on ne sait pas et quand on n'a pas effectivement de films, de livres, de matières qui permettent de finalement raconter l'histoire et qui va permettre aussi de servir un peu de... de preuves, quand on n'a pas ça, c'est facile pour d'autres de venir s'accaparer. Et il n'y a personne qui peut dire « Ah bon, ça c'était à vous, mais comment ça ? » On ne sait pas, en fait. Donc on a besoin, effectivement, de contenu. Et effectivement, ça coûte de l'argent. Et ça, on n'en est pas forcément conscient. L'Occident, dans leur manière de s'auto-promouvoir, il dépense énormément d'argent. à promouvoir leur nourriture, leurs vêtements, leurs films, leur art. Et du coup, il y a une certaine hégémonie. Et parfois, je pense qu'on a du mal à le faire, mais ça commence à bouger au niveau des industries culturelles et créatives africaines. Parce que je peux entendre qu'il y ait d'autres sujets qui soient prioritaires, mais en même temps, ça fait quand même partie d'un soft power. et qui est important de mettre en avant. Et après, on s'interroge moins sur ces questions d'appropriation culturelle parce que nous, on a fait notre travail aussi de protéger notre savoir-faire. Moi,

  • Youssouf

    je suis moins intelligent que toi. Je n'entends pas qu'il y ait d'autres priorités que ça. Je ne vois pas qu'est-ce qui est plus prioritaire que de savoir qui on est. Il n'y a rien de plus prioritaire que ça. On doit que deux choses à ces enfants. Si on considère que les Africains sont les enfants de l'Afrique, moi en tout cas j'essaie de faire pour les biens dans l'éducation, c'est une conviction forte que j'ai. À ces enfants, la première chose qu'on doit, c'est des racines. Ils doivent savoir qui ils sont, d'où ils viennent, pourquoi ils sont là. Et la deuxième chose qu'on leur doit, ce sont des ailes. les plus grandes possibles pour qu'ils s'envolent, qu'ils s'en aillent le plus loin possible de nous, si possible. Alors qu'on fait l'inverse. On nie les racines, on ne parle pas, on ne dit rien, on ne sait rien de ce qu'on est. Personne n'est tombé du ciel, on est de quelque part. Et les ailes, surtout, on les coupe pour qu'ils restent à côté de nous et soient bien serviables. Donc, il n'y a rien de plus prioritaire qu'à travers un programme comme Culture Paine. Ça raconte 1000 ans d'histoire de l'Afrique. Qu'est-ce qui est plus précieux que ça ? Si on date un peu notre interview, on est au mois de mai de l'année 2025, actuellement à Paris, se tient, pour la première fois de l'histoire de la France, une exposition au Centre Georges Pompidou qui s'appelle le Paris noir. J'ai vu tout le monde aller le voir. C'est extraordinaire. 1930-2000, ce que les Africains, les afrodescendants, Les États-Unis, les Caraïbes, etc. Mais les racines, c'est fondamental. Apprendre, c'est fondamental. Donc, les industries créatives participent aussi à ça. Quand on découvre des artistes qui sont contemporains de Picasso, ce qu'ils ont fait en compétition de peinture avec lui, je ne suis pas là dans une classification, je suis là pour dire qu'il faut savoir qu'il y a eu des gens qui ont peint en même temps que le peintre le plus cher au monde et qui ont fait des choses. Après, chacun appréciera. Donc, moi je suis moins clément que toi, je pense que la première ligne d'investissement pour les Africains, c'est l'instruction et l'éducation. C'est rien d'autre. Tout le reste c'est de la prose. Sinon ça fait longtemps qu'on serait développé. Tout le reste c'est de la philo. Si vous avez un continent de gens instruits et éduqués, vous n'avez plus de problème sous développement.

  • Ramata

    pas beaucoup l'ont prouvé, notamment en Asie. Donc, après, on n'aime pas tout ce qu'ils ont fait, mais clairement, les investissements en éducation, il n'y a pas de... Donc,

  • Youssouf

    on fait la même chose pour la musique. On a un programme qui s'appelle Africa Proud, qu'on accompagne depuis deux ans maintenant. Didi Mogreen fait un concours où il donne accès à des chanteurs africains partout en Afrique. à la diffusion de leurs titres en digital sur les plateformes. La Maison d'Afrique, la propagne, on va re-signer avec lui pour faire la deuxième édition cette année. On a l'avisage de faire la même chose dans le livre. Pour l'instant, c'est un peu prématuré de l'annoncer, mais j'ai rencontré la dirigeante d'une des premières maisons d'édition africaine sur la place de Paris. On s'est parlé samedi, parce qu'elle partait à Dujan pour le sein du livre. de Côte d'Ivoire en train de réfléchir à ça. Le champ du possible sur les institutions créatives et culturelles est tellement vaste que pour moi, c'est la priorité. Et c'est vrai, dans plein de pays en Occident, on se souvient plus de l'impact de dirigeants d'institutions culturelles. que les dirigeants d'autres institutions, parce que la culture et l'éducation, c'est ça qui fait société, en fait. Tout simplement.

  • Ramata

    Et du coup, est-ce qu'on a accès à des projets qui ont été accompagnés par la Maison de l'Afrique, via le site, ou est-ce que vous communiquez du coup sur les...

  • Youssouf

    Non, on communique très mal sur nos succès. On ne peut pas avoir toutes les qualités.

  • Ramata

    Donc c'est là qu'Africa Fashion Tour va intervenir de manière mensuelle, mettre en avant la success story de la Maison de l'Afrique. Et puis chaque mois, parce que c'est ça aussi qui permet de consolider une vision et aussi de témoigner de ce projet-là. Il était à ce stade-là quand on l'a découvert. Voilà où est-ce qu'on en est en fait. Et c'est ça qu'on a besoin de voir avec toutes les explications que tu nous as partagées là. ne pas arriver en se disant, ceux qui arrivent en se disant, moi j'ai besoin de lever des fonds, ils vont voir des exemples concrets, ce ne sont peut-être pas les fonds en premier, il faut avoir la preuve du marché, et cette preuve-là on peut la voir sans forcément dépenser trop d'argent au départ.

  • Youssouf

    C'est vrai qu'on n'a pas une stratégie de communication proactive sur le succès, ça c'est un peu lié, on a des défauts de sa qualité, moi j'ai grandi dans un environnement où... M. Moutkato m'a appris à ne pas faire trop de bruit et à plutôt travailler. Donc, on est dans cette logique-là. Mais c'est vrai que notre écosystème au sein de la Maison de l'Afrique, lui, bénéficie de ça. Quand on fait des événements, nous avons créé la Maison de l'Afrique, par exemple, le CERC d'Affaires, qui s'appelle CERC, LMDM 1174, où nous avons des entreprises qui travaillent ensemble. Et à ces événements-là, je rencontre ici un networking. beaucoup de gens qui peuvent échanger sur les succès. Donc ça se fait dans l'écosystème de la Maison de l'Afrique. C'est vrai que je n'ai pas pris le parti d'avoir une communication extérieure qui peut parfois ressembler, mais ça c'est ma perception, ça peut être fausse, à cette cacophonie de la successfull racontée sur tous les réseaux médias du moins succès qui viendraient. peut-être cacher des choses qui ne vont pas, qui sèment le tout. Peut-être que j'ai cette croyance-là qui me limite dans la communication des succès de la Maison de l'Afrique. Mais je prends note. On a besoin d'exemples.

  • Ramata

    On a besoin d'exemples. C'est ça. Connaître la Maison de l'Afrique et aller sur le site, c'est une chose. Mais de voir que le petit frère, le cousin, le grand frère... Et passer par là, c'est aussi des moyens sans être dans... On ne va pas être dans une com qui est « on va vous montrer le footballeur qui a réussi à faire ce que le créateur de contenu » On va plutôt être dans comment l'entrepreneur doit travailler aujourd'hui parce qu'on a envie de donner des clés d'apprentissage, faire en sorte que si le plus grand nombre sait comment il faut faire...

  • Youssouf

    Nous, on veut la recette du succès. On a déjà parlé de la recette.

  • Ramata

    Moi,

  • Youssouf

    je veux la recette. Moi, je veux la recette. Mais moi, je veux la vendre. Je reste trop en train de faire. Donc, voilà. Voilà. Mais c'est évident qu'on a un devoir. On a un devoir de transmission. On a un devoir d'exemple. Et la Maison de l'Afrique, je le dis, c'est une entreprise qui appartient à 10 États africains et à la France. C'est un modèle unique. Une entreprise qui a 50 ans, qui est autonome par ses activités, qui est panafricaine par son actionnariat, c'est vraiment quelque chose qui doit inspirer et doit vraiment donner un élément de fierté à tous les Africains. Donc, c'est possible que l'Afrique s'unisse pour bâtir une activité pérenne pendant 50 ans. Oui, c'est possible.

  • Ramata

    Et ça, on a besoin d'en entendre parler, surtout par les temps qui courent.

  • Youssouf

    C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai. Donc, promis ! On tâchera d'être à la hauteur déjà à travers ton podcast régulier. Avec plaisir. Mais vraiment, on veut bien témoigner de ça.

  • Ramata

    Tu disais que tu as repris l'entreprise un peu après le Covid, où l'entreprise était en difficulté. Aujourd'hui, après quelques années d'activité et de reprise, et j'imagine de transformation, En fait, du modèle économique, quel bilan tu fais ? Donc, tu as transformé le business model. Et du coup, j'imagine que tu as challengé les actionnaires et tu as été aussi challengé, j'imagine. Donc, quel bilan tu fais de ces quelques années ? Ça fait 4 ans, en fait ?

  • Youssouf

    3 ans et demi. Le bilan Biparcours est très, très bon. Moi, je parle de la maison de l'Afrique. Le bilan est très très bon. Voilà une entreprise qui est aujourd'hui solide sur ses appuis. Donc on a sécurisé les actifs. La Maison de l'Afrique a sécurisé ses actifs. Je pense que les actifs, on les a multipliés au minimum par 5. On va faire une évaluation au niveau 6 des actifs de la Maison de l'Afrique. Donc ça, c'est une très très belle opération. La deuxième chose qui rassure sur le futur, c'est le modèle économique. d'intelligence stratégique qui fait le pont entre des technologies, des savoir-faire, des projets entre l'Europe, la France et l'Afrique, c'est pertinent. Parce qu'il y a une histoire de plus de six siècles avec la France pour des périphériques confins, ce qui fait que dans tous les cas, sur les questions économiques, artistiques et culturelles, la coopération entre la France et l'Afrique ne s'arrêtera jamais. Donc, d'avoir un modèle économique qui soutient ça, c'est très bien. Et comme il est adossé à un modèle d'organisation agile, c'est-à-dire qu'on travaille en mode projet, on a des consultants pour tous les sujets, je suis capable de tout adresser. Le projet le plus lourd qu'on met à la Maison de l'Afrique, c'est un projet à 15 ans pour bâtir une ville nouvelle. C'est un projet qui va chercher autour de 150 millions d'euros, ne serait-ce que pour l'implémentation. 15 On a un projet qu'on a instruit pour le Cameroun, c'était pour faire une clinique, mais avec les échanges, avec le fond, on s'est rendu compte qu'on pouvait plutôt faire un réseau de cliniques. Donc on allait chercher 1,25 millions d'euros, aujourd'hui on va chercher 50 millions d'euros pour faire en 5 ans un réseau de cliniques. Voilà la force d'un modèle économique celui-ci, mais ça vous le faites parce que vous avez mis un écosystème agile autour. Donc c'est les consultants autour qui nous ont challengés pour nous amener sur ce genre de projet-là. C'est solide aussi parce qu'on peut partir d'une feuille blanche pour créer des choses. Nous sommes partis d'une feuille blanche puisqu'en 2022, on s'est rendu compte qu'un des actifs importants de la Maison de l'Afrique, c'était les marques et les licences de marques. Nous avons créé Brands Africa, qui est un label qui est en train de valider à la Chambre de commerce du Bénin et des Côtes d'Ivoire. Un label qui va permettre aux marques africaines d'être identifiées, d'être accompagnées en protection et d'être promues. Et pour booster la promotion des marques africaines, nous avons créé un salon dont la première édition a lieu en Côte d'Ivoire à Pétion en octobre 2024, qui est le premier salon de licence de marque. Par ce salon-là, on ouvre une porte. aux entreprises africaines, aux marques africaines, aux territoires africains, au marché de la licence de marque. Le marché de la licence de marque dans le monde, c'est 350 milliards de dollars. L'Afrique fait zéro. Donc, j'arrête là les exemples parce qu'il y en aurait beaucoup. Donc, l'avenir, il est radieux. Les bases de gestion sont celles, l'organisation, elle est simple, les visibilités, elle est bonne, le modèle économique, il tient la route. Maintenant, il faut des hommes et des femmes qui nous amènent nos projets. vous mettre dans le carburateur et puis on avance.

  • Ramata

    Que de bonnes nouvelles. Décidément, cette recette du succès, tu vas pouvoir la vendre dans ton château.

  • Youssouf

    En tout cas, avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je répète. Je répète avec beaucoup de tranquillité. Beaucoup de tranquillité. Je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvée pendant 35 ans. Quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est aussi en secteur. Vous ne pouvez pas être coup. C'est impossible.

  • Ramata

    Ce sera le mot de la fin. On va rester là-dessus.

  • Youssouf

    Je te remercie.

  • Ramata

    Merci à toi. À très bientôt.

  • Youssouf

    À bientôt. En Afrique, ouais. Oui.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Youssouf Kamara

    00:00

  • Rencontre avec les créateurs africains et leurs parcours

    00:27

  • Parcours académique et professionnel de Youssouf Kamara

    01:28

  • Vision de l'entrepreneuriat en Afrique

    02:36

  • Les défis et succès dans le secteur du retail

    06:50

  • La recette du succès entrepreneurial selon Youssouf

    10:36

  • Transformation de la Maison de l'Afrique

    13:49

  • Initiatives culturelles et créatives en Afrique

    19:41

  • Importance de l'éducation et de la résilience

    25:21

  • Conclusion et réflexions finales

    29:15

Description

Youssouf Camara est le directeur de la Maison de l'Afrique, une institution au statut unique puisque à la fois française et panafricaine, dont l'ambition est de contribuer à la structuration et au déploiement d'initiatives de développement.


De ses jeunes années en Côte d'Ivoire aux comités de direction de grandes entreprises françaises, son histoire est celle d'une ascension, d'une conquête, mais aussi d'un retour aux sources.


A travers son rôle de Directeur Général de la Maison de l'Afrique, il œuvre concrètement à


  • Mettre en lumière l'expertise et le talent africain, dans la mode, le design, l'art et bien d'autres secteurs clés.

  • Révéler les clés du succès dans la gestion des entreprises

  • Développer des projets d'expansion et de collaboration entre l'Afrique et le reste du monde, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de croissance.

  • Maitriser la chaîne de valeur de la promotion culturelle, en valorisant les savoir-faire locaux et en créant des plateformes d'envergure.

  • S'engager à transmettre son savoir-faire et à former la prochaine génération de leaders et d'entrepreneurs africains.


Cette interview est une véritable masterclass pour qui ambitionne de développer une initiative florissante sur le continent africain


Pour aller plus loin,

  • Porteurs de projet, cliquer ICI pour présenter vos projets à la Maison de l'Afrique

  • Projet Culture Pagne


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Youssouf

    Je répète avec beaucoup de tranquillité, beaucoup de tranquillité, je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvé pendant 35 ans, quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est une science exacte, vous ne pouvez pas échouer, c'est impossible.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Youssouf Kamara, le président de la Maison de l'Afrique. Il a occupé des postes de direction commerciale au sein de grandes entreprises françaises, telles que Decathlon, Kiabi, Intersport et Célio. Il a également évolué chez France Loisirs. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de sa carrière d'expert en gestion d'entreprise et de son rôle de président de la Maison de l'Afrique. Bienvenue Youssouf. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Youssouf

    Bonjour Amata, merci de me recevoir. Merci de ta chaîne, c'était un grand plaisir. Alors moi je suis Youssouf Kamara, je suis le directeur général de la Maison de l'Afrique actuellement. Je suis un afro-descendant, comme j'aime souvent me décrire, marié, père de quatre enfants, aujourd'hui dirigeant d'entreprise de la Maison de l'Afrique, mais également coach de dirigeants, j'ai une activité de coaching par ailleurs. et je suis administrateur indépendant de quelques entreprises en Europe.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, cette description, elle nous laisse présager une interview passionnante. Moi, j'ai envie de commencer par te demander quels ont été en fait ton parcours en termes d'études et ensuite tes premières expériences professionnelles.

  • Youssouf

    Alors, en termes d'études, je vais remonter jusqu'au bac, parce qu'avant, on va dire que tout ça se passait en Côte d'Ivoire. J'ai eu mon bac. dans une bonne ville qui s'appelle Dabou, qui est donc du côté de la Côte d'Ivoire. Et je suis venu en France pour faire des études de commerce, puisque j'étais orienté en sociologie et je n'avais pas envie de faire ces études-là. Donc je suis arrivé dans la bonne ville de Metz, où j'ai fait un DEC, à l'époque c'était des études en deux ans, d'administration économique et sociale. Et là, j'ai rencontré un ami qui était mentor. Je le cite pourquoi ? Parce que je pense que dans notre trajectoire, on a toujours des tiers privilégiés dont les conseils orientent notre vie. Et moi, tout au long de mon parcours, ça a été ça. Donc, Joseph, Joe, m'a dit, écoute, je pense que pour atteindre ton objectif d'être dans les affaires, tu ferais mieux de faire une école de commerce. Alors, je n'avais pas de grand moyen à l'époque. J'ai quand même bien moi réussi à rentrer à l'école de gestion de commerce qui appartenait au groupe ESC Reims à l'époque, où je suis sorti diplômé en 1989. Et donc, j'ai comme background, le moment où je rentre dans le monde professionnel, un baccalauréat et un diplôme d'école de commerce. Donc, je fais un stage de consultant junior à l'époque chargé d'études. et à l'issue de mon stage le cabinet Rosselle Consultants décide de me prendre un contrat. Donc je démarre mon premier contrat en France en 1989, quand je me chargeais l'étude de junior dans un cabinet d'études de marketing industriel du côté de la Marne, du côté de Reims, où j'avais resté trois années. Voilà en fait comment je rentre dans la vie professionnelle en France, sachant que quand j'y étais venu, mon objectif c'était après mes études de retourner en Afrique. Voilà, donc j'ai gardé toujours ce désir de retour en Afrique parce que je pense que quand on est afrodescendant, loin de son continent, on a toujours ce rêve-là. Il prend plusieurs formes. On a toujours le rêve de faire quelque chose avec, ou en tout cas sur le continent. J'y reviendrai un peu plus tard. Peut-être que c'est ce qui explique qu'aujourd'hui, je suis à la maison de l'Afrique. On ne sait pas. Voilà, donc je démarre comme consultant. Pendant trois ans, j'ai la chance d'avoir décroché au super travail. Il faut dire que je me suis donné pendant le stage. J'étais... pas le dernier à quitter le bureau et j'étais plutôt le premier à être là au bureau le matin. Mais je m'ennuyais un petit peu parce qu'à l'époque, après l'école de commerce, le métier de consultant faisait rêver énormément d'étudiants. Moi, je me suis ennuyé parce que ça ne me gênait pas assez pour moi. Et à ce moment-là, à un mariage, je rencontre un ami, il s'appelle Nuno Iberic. qui était directeur d'un magasin d'écatelons. Il me parle de son métier. Je lui dis, mais ce n'est pas possible. On ne peut pas parler de son métier avec autant de passion. On peut être éru comme ça dans un boulot. Et voilà, pour le moment, je décide de rentrer. Donc, on est en 1992, de rentrer dans la grande distribution spécialisée, puisque c'est comme ça qu'elle s'appelle, la Sremona, le retail. Et je rentre chez l'écatelons. Et là, on me dit... « Monsieur le camarade, c'est bien votre diplôme, c'est bien votre expérience de consultant. » Mais chez nous, Decathlon était une petite boîte à l'époque. Elle démarrait, elle était numéro 3 de sport en France à l'époque. On dit chez nous, tout le monde commence responsable de rayon. Je n'ai pas de problème. Donc, j'ai à peu près divisé mon salaire par deux. Et j'ai démarré responsable de rayon chez Decathlon, où j'ai passé quatre années formidables.

  • Ramata

    J'ai envie de revenir sur le début de cette présentation, où tu évoques le fait que tu voulais faire des affaires. D'où ça venait, cette volonté de faire des affaires ?

  • Youssouf

    Alors, moi je crois que je l'ai en moi. Alors, est-ce que c'est mon côté Bambara Djula ?

  • Ramata

    Merci. Je t'ai laissé le dire. J'allais dire, mais d'où ça vient ? Mais en fait, ça c'est dans le sang.

  • Youssouf

    Mais c'est un peu dans le sang, Ramatha. Je pense que c'est dans le sang, parce qu'effectivement, déjà jeune... Un Côte d'Ivoire, je faisais un peu comme au quartier. J'avais des petits business. Et puis, j'aime ce côté des affaires qui sont la création de richesses à partir, pas de rien, mais à partir d'une idée, à partir de rencontres, etc. Donc, j'avais un peu ça en moi. Donc, je ne me projetais pas dans ce que promettait une étude universitaire. C'est-à-dire, être dans un bureau, être fonctionnaire, ce n'était pas mon... Du coup, fort de mon expérience aujourd'hui, je me dis que quand tu arrives à savoir véritablement ce que tu aimes faire et que tu en fais ton activité, tu te donnes vraiment beaucoup de chances de réussir.

  • Ramata

    Vraiment. Donc, du coup, tu as une carrière et vraiment une solide carrière dans l'univers du retail pour des marques françaises. Donc, tu as commencé par Decathlon, je sais que tu es passé aussi chez Intasport, chez Kiabi, chez Cellio, il semble. Et je pense que toi, tu as connu les débuts de ces marques-là et les périodes faces de ces marques-là, où en termes de part de marché en France, c'était énorme. Et puis, en termes de possibilité de développement, expansion, tous les indicateurs étaient ouverts. Donc, est-ce que tu peux... Quel est ton souvenir de cette période ? Je ne vais pas dire que c'était les 30 glorieuses des marques de mode françaises, mais un peu quand même. Surtout que là, on est en 2025, et qu'on entend plutôt des redressements judiciaires de marques françaises. Qu'est-ce que tu as gardé comme souvenir de cette période-là ?

  • Youssouf

    On peut le dire comme ça parce qu'on vient après le film, mais quand on remet dans le contexte, moi je crois, en tout cas depuis que je travaille, qu'il n'y a aucun cycle facile pour les entreprises. Il n'y a absolument aucun cycle facile, tu l'as dit, j'ai travaillé chez Decathlon, j'ai travaillé chez Seyo, j'ai travaillé chez Intersport. J'ai travaillé aussi chez France Vizier, qui appartient au Berthelsmann. C'est l'entreprise qui est un groupe allemand. C'est l'entreprise où j'ai passé le plus de temps, puisque j'y ai passé 12 ans. Qu'est-ce qu'il y a de commun sur la période de création de valeur forte de ces entreprises-là ? Je pense que ce qu'il y a de commun, c'est un cap clair, un objectif très, très clair sur ce que les dirigeants de ces entreprises voulaient en faire. Et ensuite... C'est une discipline dans l'exécution du plan d'action qui était vraiment imparable. Je reviens au tout début sur Decathlon en 1992, quand Decathlon se fixe comme cap d'être le premier fabricant d'articles de sport au monde. et ensuite le premier distributeur d'articles de sport au monde. Je pense que l'écosystème et les clients n'entendent pas ça. Parce qu'à ce moment-là, Decathlon est plutôt un petit distributeur d'articles de sport. Je crois que c'est une entreprise qui, à partir de ce cap-là, s'est disciplinée pour devenir ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Et c'est aujourd'hui que les gens découvrent finalement, avec l'ensemble des marques, que Decathlon est le premier fabricant d'articles de sport au monde. Mais ils l'ont décidé. début des années 90. Et ça me permet d'ouvrir aussi ce champ du temps long. Je pense que c'est une croyance erronée de penser qu'on peut réussir rapidement. Trop souvent, dans les médias, la communication, on a toute l'impression que les succès entrepreneuriaux se font sur les temps courts. Moi, je n'y crois pas. Même les GAFAM. au moment où elles sont au maximum de leur rentabilité, elles ont des décennies derrière, mais qui ne sont pas racontées dans le storytelling. C'est le lieu, c'est pareil, quand moi j'arrive chez Cilio comme directeur régional, à l'époque une marque très très forte sur la région parisienne, et Paris m'est assez peu présente en province. Il y a du monde sur le marché de l'habillement de l'homme, et toutes ces marques-là se cherchent un petit peu. Et c'est lui à cette époque-là, À même temps, en termes de diversification, je me souviens d'une diversification qui s'est bien faite sur le marché de l'enfant qui était un marché très porteur à l'époque, Célio Kids, mais qui a fermé. Et à ce moment-là, les dirigeants se sont recentrés et c'est là où le slogan Célio, c'est l'homme a été produit. Donc on revient encore à un cas clair. Je veux être la marque référente des hommes. Je veux habiller les hommes partout. Donc, ça, c'est l'exemple de Célio, l'exemple de Kiabi. On peut le citer. C'est vrai qu'aujourd'hui, Kiabi est le leader français de l'habillement et numéro un contesté de l'enfant. Mais moi, quand je rejoins Kiabi en 2013, Kiabi sort d'une année difficile liée aux deux années précédentes sur la crise du coton, qui fait que c'est une entreprise qui est vraiment en déficit, puisqu'il y a même un plan social. Moi, j'ai eu la chance de... de faire partie de l'équipe qui a contribué par la mise en place d'un management libéré, de relancer cette entreprise qui est devenue aujourd'hui leader. Donc tu vois, c'est pour dire que quand on offre une entreprise en haut du podium de la performance, il faut regarder tout ce qu'il y a derrière. Et souvent ce qu'il y a derrière sont les ingrédients qui me font dire, souvent ça fait toujours sursauter mes interlocuteurs, que l'entreprise est une science exacte. À partir d'une vision claire, d'un cap clair, si vous êtes discipliné dans le plan d'action que vous exécutez, la probabilité d'échouer est très faible. Mais ce qui est difficile, c'est d'accepter de relancer à ce qui ne fait pas fonctionner l'entreprise. Et souvent, les bagarres internes sont des bagarres qui rendent les entreprises fragiles parce qu'on passe plus de temps à s'entredéchirer qu'à faire avancer. Je peux donner aussi l'exemple de France Loisirs. J'ai passé 12 ans dans... dans cette entreprise, qui était quand même, si on remet dans le contexte, dans les années 70, puisque ça a été créé en 72, dans les années 70, ce qui faisait l'actif principal de France Rezir, c'était son fichier client. Donc on était dans un modèle économique proche de ce qu'on trouve aujourd'hui dans les cafés. C'est-à-dire qu'à partir d'un fichier client, il y avait un écosystème de produits offerts. Le leader, c'est le désir au vie du livre. leader du développement de la photo en France, leader du voyage en France, crédit, etc. Et puis avec des virages ratés, comme dans beaucoup d'entreprises. Tout ça pour dire que je ne pense pas, alors moi je n'ai pas vécu les trembleurs en Europe, je ne pense pas que c'est un environnement stable qui permet aux entreprises de se développer. Je pense que dans... toute situation, il y a des crises, il y a des difficultés. Ce sont des dirigeants disciplinés et clairvoyants qui permettent aux entreprises d'être au top. J'en suis convaincu.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu partages cette vision, surtout que tu as ce background d'avoir travaillé dans plusieurs entreprises différentes et d'avoir pu connaître effectivement tant des périodes de crise que des périodes de prospérité. Donc, toi, tu as eu toute une partie de ta carrière où tu as été salarié. Et à un moment donné, tu te dis, voilà, tu as quand même un background, une envie en tout cas d'être dans les affaires. Et du coup, à quel moment est-ce que tu te dis, l'entrepreneuriat, monter ma propre boîte, est-ce qu'à un moment donné, il y a une petite voix qui te dit… C'est bien le salariat, mais bon, j'ai envie de monter mon entreprise.

  • Youssouf

    Cette petite voix, elle a toujours été là, en fait. Mais je ne l'ai pas écoutée. Je ne l'ai pas écoutée parce que je prenais énormément de plaisir dans l'entreprise. Mais j'avais en parallèle toujours des activités, surtout en Afrique, parce que j'ai construit l'essentiel de ma carrière ici en Europe. J'ai travaillé en France, en Belgique, en Suisse, au Canada. J'ai fait une pige à Shanghai. Mais j'avais toujours l'Afrique en moi et l'entreprenariat en Afrique. Parce que ça a toujours été un terrain où je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire. Et encore, c'est encore là aujourd'hui. Donc, dès 1995-96, j'ai commencé à avoir des petites affaires en Afrique. Encore aujourd'hui, avec le recul, j'ai encore des activités là-bas. Mais il est très difficile de piloter des activités à distance. Donc, c'est ça qui est un peu l'écueil. Donc, j'ai essayé de passer à l'entrepreneuriat à 100% à deux reprises. J'y suis revenu parce que finalement, je considère que le risque que je prenais par rapport à l'environnement dans lequel je voulais entreprendre versus la connaissance parfaite que j'ai de l'environnement occidental était trop grand. Donc à deux reprises, j'ai tenté de lancer un cabinet de conseil en Côte d'Ivoire dans les années 2010, ça n'a pas fonctionné. J'ai tenté une aventure dans l'entrepreneuriat immobilier, j'ai acquis des terrains, je voulais me lancer dans la promotion immobilière, ça n'a pas fonctionné. et l'enseignement que j'en tire, c'est que quand on a acquis une expérience dans l'entreprise et qu'on est dans une spirale de succès, c'est très difficile de basculer dans l'entreprenariat, en tout cas en ce qui me concerne. En revanche, l'expérience qu'on a acquise dans son entreprise peut servir à ce que moi j'appelle l'intraprenariat. Aujourd'hui, par exemple, je suis donc directeur général de la Maison de l'Afrique, mais j'ai une activité de coach professionnel à côté, donc je me laque. activité, tout ça est clairement établi dans mon contrat de travail, ce qui me permet d'être à la fois DG de la Maison de l'Afrique et entrepreneur en tant que coach de dirigeant. Et là, moi, j'ai trouvé mon équilibre. En fait, j'ai besoin des deux. J'ai besoin des deux, pourquoi ? Parce que avec beaucoup d'humilité, je ne veux surtout pas paraître prétentieux, mais quand on a dirigé des entreprises pendant 37 ans, je pense qu'on sait de quoi on parle. Je sais faire fonctionner une entreprise. Je sais véritablement amener une entreprise au succès. Ça, c'est vraiment quelque chose que je maîtrise. Mais à côté de ça, il y a du développement humain que j'ai envie de faire partager autrement. Donc, je me suis rendu compte de ça parce que j'ai beaucoup managé et que j'aime cette dimension managérielle. Donc, je me suis formé au coaching. Je suis coach certifié international. Et donc, j'ai monté mon cabinet de coaching que je mène en parallèle avec mon métier de directeur général. Donc, j'ai envie de dire que sur la question de l'entreprenariat, nous sommes tous différents. Et souvent, quand on traite cette question-là, il n'y a pas l'entrepreneur heureux qui serait l'entreprise individuelle, qui serait l'alpha ou l'oméga de la vie professionnelle épanouie, où on gagnerait beaucoup d'argent, où on aurait tout son temps pour… pour ça. Moi, je ne crois pas. Je crois qu'il y a ce qui correspond à chacun. Un bout de votre vie professionnelle ou toute votre vie professionnelle. Donc, voilà. Moi, je me résous à penser que l'expérience doit être d'abord faite, si possible, dans un environnement maîtrisé, parce que l'entreprenariat from scratch, quand on n'a pas de bagage en termes d'expérience, moi, je trouve ça un peu dangereux. Après, il y a des caractéristiques. qui sont plus indiqués pour être entrepreneur parce que c'est il faut faire preuve de résilience étant un entrepreneur et il m'arrive de rencontrer énormément ici à la maison de l'Afrique et le premier conseil que je leur donne c'est vraiment la patience quant aux résultats qu'ils attendent de l'activité qu'ils mènent donc voilà une dose de résilience forte qu'il faut avoir en tant si on a un peu d'expérience faite chez les autres parce qu'on a été salarié, moi je dis que c'est pas mal, il faut prendre. Parce qu'au final, quand on sort de l'école, on a appris à apprendre, mais on n'a pas appris à travailler. Et je pense que ça c'est une croyance. Donc quand on arrive avec un diplôme, On pense que tout de suite, on est plug and play, on peut exiger tel salaire, il faut nous payer parce que j'ai fait tel gros diplôme, etc. En fait, quand on arrive, on ne sait rien faire parce que chaque entreprise a sa spécificité, a son mode opératoire, a son mode de fonctionnement, chaque marché a ses difficultés, donc il faut apprendre un peu tout ça. En revanche, on gagne du temps sur celui qui n'a pas fait d'études parce que celui qui n'a pas fait d'études n'a pas appris à apprendre. Mais c'est une fois sur le terrain qu'on apprend à travailler véritablement.

  • Ramata

    Je te remercie de partager ce point parce que c'est vrai qu'on est dans une période où il y a une espèce de culte de l'entrepreneuriat et on invite un petit peu les jeunes générations et pas que les jeunes générations à vraiment trouver l'idée, monter sa start-up, faire une levée de fonds, apprendre à pitcher. et sans passer par la case que tu évoques ici, qui est un salarié pendant quelques années pour acquérir de l'expérience. Ça a l'air tout de suite... moins séduisant, moins sexy. Mais pour moi, c'est vraiment une question de storytelling en réalité. Donc, le partage que tu nous fais là, ça nous apporte aussi une autre vision qui est, à la fin de toi, ta best of both worlds, puisque tu fais les deux, en fait. Et donc, c'est à chacun de trouver ce qui lui correspond sans se dire, il y a une voie royale ici et de dénigrer les salariés qui travailleraient sous la coupe d'un manager et qui n'auraient pas la possibilité de prendre des initiatives. J'ai travaillé comme toi pour des marques françaises dans lesquelles j'ai été épanouie, j'ai été respectée, j'ai eu des promotions. Donc, il y a la possibilité de faire des carrières dans lesquelles on est épanouie. Et il n'y a pas d'un côté le burn-out des salariés et de l'autre, la best life de l'entrepreneur. Il y a des difficultés partout, mais c'est vrai qu'on a tendance parfois, à coup de storytelling, de raconter des histoires qui font rêver. Et parfois, il faut aussi apprendre aux personnes que l'on peut rencontrer, porteurs de projets ou jeunes générations qui se posent des questions, à un petit peu se dire la réalité du monde dans lequel on vit, c'est celle-là. Et l'expérience, ça reste quand même quelque chose que l'on va acquérir, non pas en étant seul entrepreneur, en montant une boîte avec d'autres jeunes comme nous qui n'ont pas davantage d'expérience, qui seraient la seule voie, apprendre auprès d'experts, c'est aussi un moyen de réussir. Je vais rebondir sur... Tu dis, voilà, toi, aujourd'hui, tu as une expertise qui, comment dire, te permet de... Tu as la recette du succès. Je ne sais pas si c'est comme ça que tu l'as dit, mais c'est ce que j'ai retenu. Donc, si tu peux nous la partager, parce que nous, ici, on veut tous marcher vers le succès. Donc, qu'est-ce que tu peux nous dire ? Qu'est-ce que tu veux dire par là, en fait ?

  • Youssouf

    Alors... Je n'ai pas tout à fait dit que je ferais la recette de succès. C'est moi mon straté. C'est comme ça que je revendrai cette histoire. Sinon, je la vendrais chère. Je coach des dirigeants que j'accompagne au succès, c'est vrai. Mais moi, je raconte toujours l'histoire du succès au regard des échecs. Parce que je fais beaucoup de méditation. Et dans la méditation asiatique, bouddhiste notamment, où on apprend que le... Le succès et l'échec creusent les mêmes sillons dans le conscient et l'inconscient de la personne, et surtout dans son inconscient. Et surtout que l'échec est le sillon d'apprentissage le plus fort que le succès, parce que le succès grise et il amène souvent à penser qu'on a réussi tout seul à faire ce qui fait qu'on dit qu'on est au succès. Alors qu'en réalité, on ne réussit pas seul. Absolument personne sur Terre n'arrive à réussir seul. Donc, je relativise cette notion de succès et d'échec. Je pense qu'il y a succès quand on a eu plusieurs échecs qui nous ont montré le chemin du succès. Moi, je pense que quand on a compris ça, on est déjà prêt pour commencer le voyage entrepreneurial. De toute façon, il y aurait des échecs. Il ne faut pas partir dans une démarche entrepreneuriale ou même dans l'entreprise en se disant... forcément tous les jours ça va être « youpi, oh là là, la fête » . Ce n'est pas vrai. C'est parce qu'il y aura des moments difficiles, c'est parce qu'il y aura des échecs, que vous allez tout d'un coup trouver le chemin du succès. Une fois que j'ai dit ça, ce qui marche bien dans une trajectoire de succès, c'est d'avoir un objectif clair. Ça paraît simple à dire, mais c'est extrêmement difficile. Je le vois à chaque fois que je demande un certain nombre de porteurs de projets de pitchers. Quelques minutes, pour ne pas dire quelques dizaines de minutes après, ils n'ont pas fini de m'expliquer ce à quoi ils réfléchissent depuis des années. Si je ne suis pas capable de comprendre en trois minutes ce que vous voulez faire, Votre marché, votre client qui lit, doit décider et acheter rapidement comment il fait. Ça ne marche pas. Donc, il faut que votre objectif soit suffisamment clair de ce que vous voulez proposer au marché. Et deuxièmement, ce que vous proposez au marché doit apporter quelque chose de nouveau sur le marché. Parce que si ça peut faire la même chose que Peter Campion, il vaut peut-être mieux faire avec lui ou faire pour lui. Pour moi, ça, c'est la deuxième clé. Un, je sais exactement où. où je vais. Deux, ce que je fais apporte quelque chose de nouveau, pas forcément différent, mais apporte un plus par rapport à l'environnement. Trois, est-ce que vous êtes prêts à avoir un plan stratégique qui va être séquencé en période pendant laquelle vous allez avoir des indicateurs de performance qui vont vous faire dire que vous êtes sur le bon chemin ou pas. Et ça, souvent, mesurer la performance sur les premières périodes, c'est quelque chose qu'on a véritablement du mal à faire. Parce qu'une fois que vous êtes dans une dynamique de mesure d'emploi stratégique sur six mois, trois mois, un an, deux ans, trois ans, vous pouvez vous permettre d'avoir un regard critique des actions que vous menez. Et là, on commence à toucher l'exécution. Et là, ça commence à être sympathique. Parce que là, tout d'un coup, vous voyez que, ah tiens, mais finalement, le marché ne m'attendait pas. Ah ben oui, vous n'attendez pas le marché. Il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, elle est prête à le trésorer. Donc, tout d'un coup, il y a un ensemble de ce qu'on peut considérer comme étant des obstacles, mais qui sont des étapes à passer pour réussir. C'est là où vous êtes sauvé quand vous êtes quelqu'un de discipliné dans l'action, de quelqu'un d'organisé, qui mesure ce qu'il fait et qui dose ses efforts pour que le temps que vous consacrez à faire les choses crée la richesse, c'est-à-dire fait que vous atteignez l'objectif que vous vous êtes fixé. Et c'est ces micro-objectifs atteints qui vont faire que 3 mois après, 6 mois après, 1 an après, 3 ans après, 10 ans après, 50 ans après, vous êtes encore là pour faire un but. Ça, c'est la recette. Une fois qu'on a la recette, on sait que deux cuisinières avec la même recette, ça ne fait pas le même plat. Une fois qu'on a la recette, on n'a pas tout. Alors moi, je dis souvent que l'entreprise est une science. Exact pourquoi ? Parce qu'à partir d'un objectif clair. À partir d'un plan stratégique clair, à partir d'une composition d'équipes qui met ensemble des hommes et des femmes qui savent de quoi ils parlent, qui ont la compétence, et des managements qui les amènent à donner le meilleur d'eux-mêmes pour atteindre ces objectifs-là, et qu'on mesure l'avancement étape par étape, il n'y a absolument aucune raison d'échouer. Mais aucune raison. Il n'y en a pas. Ça, j'en suis intimement convaincu. Et le cimetière des entreprises, quand on les analyse, est rempli de virages ratés. C'est des mauvaises décisions, c'est une mauvaise exécution, c'est des indicateurs de performance, des signaux faibles pas écoutés, c'est des problèmes d'égo, de relations interpersonnelles au sein de l'entreprise, etc. Donc souvent on dit que c'est le marché. Mais non, le marché, il est ce qu'il est. Ce n'est pas le marché qui fait une entreprise. Et l'entreprise est faite des hommes et des femmes qui y travaillent pour atteindre l'objectif qui se sont fixés avec la méthode la plus efficace possible. Ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Parce que c'est dans le même marché que certains sont numéro un et gagnent beaucoup d'argent. Et dans ce même marché, il y en a qui sont derniers et qui perdent de l'argent. Donc, ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Qu'est-ce qui fait la différence entre deux entreprises ? C'est ce que je viens de décliner tout à l'heure. Et je reviens à ta question de tout à l'heure sur le profit. Moi, je pense qu'il y a un échec d'emploi collectif dans le monde qui fait qu'aujourd'hui, on pousse depuis un certain nombre d'années l'entreprenariat comme étant la fin et l'oméga, la réponse à toutes les problématiques. Tout le monde n'est pas faible pour être entrepreneur. Et le monde n'a pas besoin qu'un entrepreneur. On a besoin d'infirmières, on a besoin de médecins, on a besoin de plombiers, on a besoin de boulangers. On a besoin de fonctionnaires, on a besoin de chacun de trouver la voie dans laquelle il est à sa place où il va s'épanouir. Moi, je crois à ça. Mais en revanche, c'est vrai que l'entreprenariat, quand ça fonctionne, en tout cas pour ma part, il n'y a pas plus de gratification. C'est comme un sportif de la région qui a la médaille d'or. Je pense que c'est votre entreprise et que vous l'avez fait. On est à un niveau de satisfaction de son ego qui est extrême. Mais on peut le toucher quand on est le numéro 9 d'une grande équipe de football et qu'on marque le but qui fait qu'on a gagné. On peut atteindre aussi cet excess là. Donc c'est dommage de s'enfermer dans des cases. Tout le monde ne peut pas être footballeur. Tout le monde ne peut pas être influenceur. Tout le monde ne peut pas être chef d'entreprise. Mais il y a de la place pour chacun. Il faut faire l'effort de réfléchir à ce pourquoi on est fait. Et ce qui nous fait vibrer. Et est-ce qu'on est prêt à travailler ? pour développer les aptitudes qui sont en nous, qui feront qu'on sera excellent, qu'on prendra plaisir dans ce qu'on fait. Parce que les capacités intéressantes ne suffisent pas. C'est le travail aussi qui est derrière, qui va permettre d'atteindre ces objectifs-là.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu cites le footballeur, le chef d'entreprise et l'influenceur, parce qu'en fait, ce sont ces profils-là qui sont le plus mis en avant. Donc forcément, les gens vont vouloir être soit influenciés en soi, soit footballeurs, soit chefs d'entreprise, parce que c'est que ces gens-là qu'on voit en fait. Quand il y a des interviews, quand on met des gens en avant, c'est souvent ces trois profils-là. Enfin, aujourd'hui, on est dans l'égalité des genres là-dessus. On va mettre en avant des boss lady, des entrepreneurs, on va mettre en avant des footballeurs, là c'est plutôt des profils masculins. Même si là, le football féminin commence vraiment à arriver sur le devant de la scène, mais on a vraiment ce truc de, c'est les trois profils dont on parle le plus en fait. Et du coup, c'est vrai que... Ça fait que forcément, on rêve de ce que l'on voit et on n'a pas peut-être assez de profils de restaurateurs, de gens qui tiennent une boutique, de choses peut-être plus simples, qui font moins rêver, mais qui peuvent avoir une dimension où on peut les admirer tout autant finalement que le footballeur, que le chef d'entreprise ou autre.

  • Youssouf

    Mais je crois que le système des médias mainstream nous a amené à penser que ces profils-là qu'on a choisis sont la quintessence du bonheur. Je ne veux pas opposer, mais personnellement, l'avis d'un influenceur n'est pas l'avis qui me fait rêver. Mais moi, vu de mon âge et de ma trajectoire, on va dire que tu n'es peut-être pas la cible. Ok. Mais ça, c'est l'effet médiatique. Les médias ont besoin d'étendards. Et ça, c'est normal. Maintenant, je pense que les esprits avertis, et c'est là où l'éducation joue un rôle important aussi, il faut quand même que l'environnement dans lequel on évolue, familial, amical, etc., éveille quand même en conscience chacun de regarder la trajectoire qui lui correspond. On ne peut pas avoir tout. tout un pays, tout un continent, toute une classe d'âge qui rêve d'une seule activité. Pour moi, c'est un non-sens absolu. On est au début de la manipulation. Oui, bien évidemment que de voir un joueur de basket africain qui a réussi à un NBA, etc., que ça fasse rêver, moi je trouve ça super chouette, mais souvent on reste dans l'image qui renvoie, l'image glamour qui renvoie, mais pour qu'il soit au top de l'NBA, il en a fait des heures et des heures d'entraînement, des heures et des heures de salle de musculation, des heures et des heures de placement tactique avec son équipe. Mais tout ça disparaît derrière l'image glamour, comme s'il était arrivé là par l'opération de cet esprit. Mais non, c'était un travail. Donc je pense que... Cette médiatisation de ce type de métier vient gommer ce que le travail a de noble à mon sens. Moi, je trouve que le travail, c'est la plus belle chose qui nous appartient. Quand tu as la chance de pouvoir travailler, c'est que tu as la chance de pouvoir te lever, tu as la chance de pouvoir être autonome, de faire ce que tu as envie de faire, chez toi, avec les tiens. Je pense qu'il n'y a pas plus grand bonheur que ça. Bien sûr que tu admires sur l'écran de ton smartphone telle ou telle célébrité, bien évidemment, mais on ne peut pas avoir comme seule quête pour des classes entières de générations de vouloir être dans des activités qui ne sont que des activités de paillettes et de lumière. Pour moi, il manque quelque chose, surtout quand on s'adresse à un continent comme l'Afrique. qui a la plus grande réserve de la jeunesse du monde, toutes les possibilités qu'offrent les activités humaines sur Terre. ne peuvent pas être passés sous silence pour qu'ils n'apparaissent que comme rêve pour eux, influenceurs, mannequins ou je ne sais encore quoi. C'est dommage. Avec tout le respect que j'ai pour tous les métiers qui existent, je pense que toutes les Africaines et tous les Africains ne peuvent pas rêver d'être juste des célébrités.

  • Ramata

    Je te rejoins sur ce point-là. Et je pense qu'effectivement, c'est intéressant qu'on puisse évoquer aussi le rôle des médias dans le fait de promouvoir des variétés de profils plus importantes, de mettre en avant aussi bien des scientifiques que des architectes, que des footballeurs et des créateurs de contenu, mais qu'ils aient finalement le même temps de parole. Comme ça, du coup, on est sûr qu'on va... avoir une jeunesse qui va avoir devant elle un champ des possibles beaucoup plus large que quelque chose de limité à footballeurs ou célébrités, qui sont presque les rêves que les générations passées avaient déjà. C'est comme si on ne renouvelait pas le rêve depuis. On veut tous être chanteurs, danser, être à la télé en fait.

  • Youssouf

    Ils ont l'air à la télé et ils jouent à roleplay. Je vais vous livrer une anecdote. Quand je prépare ma venue en France, L'année de mon bac, au Côte d'Ivoire, à l'époque, on déposait les dossiers à l'ambassade de France du pays et on devait choisir une université. Donc, ma mère me dit, moi je vais étudier en France, mais je ne veux pas que tu ailles à Paris, parce que tu vas devenir un bandit. Je ne veux pas que tu ailles à Marseille, parce que je n'ai pas de bonnes images de cette ville. Je veux que tu choisisses une petite ville. Une petite ville, mais moi je ne connaissais pas la France. Et je choisis la ville de Metz, comme je te l'ai dit tout à l'heure. Pourquoi je choisis la ville de Metz ? Parce que l'année de mon bac, la saison de football précédente, le meilleur buteur du championnat de France de football était un Africain sénégalais qui jouait à Metz. Donc voilà une influence. Donc je choisis cette ville parce que je suis fan de foot et parce que c'est Gilles Bocoté qui est le meilleur. le meilleur inviteur du championnat de la France de football. Donc l'influence, c'est ça. Mais elle peut être positive. Pour moi, elle a été positive. Donc ça Ausha toutes les cases. Ma mère, elle était contente. C'était une petite ville. Moi, je suis arrivé, j'ai raconté cette histoire à Jules que j'ai rencontré parce que les médias africains, à l'époque, sont très petits dans ces villes-là. Et puis je suis devenu très ami avec Bouba, qui était son cousin germain. J'ai passé de belles années à l'inverse avec Jules. C'est génial.

  • Ramata

    Génial, très belle anecdote. Merci de nous l'avoir partagée.

  • Youssouf

    C'est un plaisir.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de parler de la Maison de l'Afrique, qui vient un peu signer pour toi le côté plutôt entrepreneur, puisque tu reprends cette entreprise à une période difficile pour l'histoire de cette entreprise. J'aimerais que tu racontes déjà cette entreprise, et puis aussi que tu nous parles de la Maison de l'Afrique, puisque ce n'est pas une entreprise toute jeune. C'est plutôt une ancienne. Donc, je ne dirais pas vieille endormie, mais presque. Donc, du coup, parle-nous un petit peu de ce passage-là, de ce moment où tu te dis, voilà, je vais être à la tête d'une entreprise et pas un côté coach, mais vraiment diriger une activité. Et en même temps, je reprends finalement un patrimoine et je veux le préserver.

  • Youssouf

    C'est une belle aventure, c'est une belle rencontre. Je rencontre le chemin de la Maison de l'Afrique autour de l'année 2017 parce que je mène un projet à côté de mon activité professionnelle qui m'amène à m'investir dans la lutte contre le paludisme. Je suis très engagé dans le paludisme et j'accompagne une association qui s'appelle la Maison de l'Artémisia et on diffuse comme ça ce médicament, cette thérapie. naturelle à travers l'Afrique et on doit la développer en Afrique centrale et je connais personne en Afrique centrale. Donc je me rapproche de la Maison de l'Afrique, ça se trouve, et je découvre la Maison de l'Afrique qui m'aide à faire une belle opération là-bas. Et je reste connecté à la Maison de l'Afrique et j'apprends à la connaître. Juste que l'année 2021, qui fait suite à la crise de Covid-19, où la Maison de l'Afrique... sur sa principale source de revenus, se retrouve en difficulté puisque tout est fermé. Donc, elle a une grosse partie de ses actifs qui sont liés au monde des restaurants, etc. Donc, les restaurants sont fermés. Donc, elle a vraiment une grande difficulté financière. Et à ce moment-là, moi, je suis interrogé par le conseil d'administration que j'ai appris à connaître sur les possibilités de relance de la maison d'Afrique ou pas. Donc, ça rejoint ce que je disais tout à l'heure à l'introduction. J'ai développé une vraie expertise et de mon accompagnement. compagnies de non-cessaires, je suis vraiment expert en modélisation économique, donc je propose au Conseil d'administration de la Maison de l'Afrique de faire de la Maison de l'Afrique une agence d'intelligence stratégique. Parce qu'en fait, c'est quoi la Maison de l'Afrique ? Elle a été créée en 1974 sous l'impulsion de trois chefs d'État. Il est possible que c'est d'Arsengor, Félix Oufel-Bani et Georges Pompidou qui ont créé une société anonyme et qui ont fait représenter les 11 pays actionnaire de la Maison de l'Afrique, dans son conseil d'administration, par les présidents des chambres de commerce de ces pays africains-là, plus le président de la chambre de commerce de Paris-le-Deux-Francs, qui gérait comme actif un portefeuille de marques et de fonds de commerce, mais qui faisait beaucoup d'activités d'intermédiation, notamment des missions économiques entre la France et l'Afrique. C'était ça le modèle. Ça fonctionnait bien jusqu'à ce que effectivement se prenait le mur du Covid-19. Le changement de modèle économique, il est le suivant, c'est que quand j'en fais une agence d'intelligence stratégique, c'est que je la positionne, puisqu'elle appartient à des États africains, comme étant un cabinet de consultants apporteurs de réponses à des problèmes africains. Donc je fais de mes actionnaires mes clients. Donc dorénavant, je prête pour l'Afrique en amenant des solutions sur des problématiques de tout ordre, puisqu'on a un modèle économique hybride avec des consultants en mode projet. je peux traiter toutes sortes de questions. On accompagne une région sur la création de villes nouvelles, on accompagne un porteur de projet du côté de Montpellier pour monter un réseau de cliniques. On a créé en Côte d'Ivoire le premier salon de licence de marque, etc. Donc, la Maison de l'Afrique est devenue aujourd'hui la seule agence d'intelligence stratégique appartenant à 10 pays africains situés à Paris. qui est capable de répondre à peu près à toutes les questions d'impact économique, écologique, sociétal sur l'Afrique. Donc j'ai envie de dire que tous les porteurs de projets qui ont un projet, en tout cas vers l'Afrique, sont les bienvenus pour qu'on en discute. Quand on ne sait pas faire, on dit qu'on ne sait pas faire. Parce qu'il y a des champs d'activité sur lesquels il est plus intelligent d'aller rencontrer des organismes qui ont une expertise là-dedans. Mais on n'a pas parlé de la structuration des projets. On accompagne sur la levée de fonds, on accompagne sur le coaching du porteur de projet, parce que souvent dans le projet, c'est le profil du porteur de projet qu'il faut travailler. On fait des mises en relation, parce que malheureusement en Afrique, beaucoup de porteurs de projet sont plusieurs à porter le même projet. Et à la Maison de l'Afrique, moi ce que j'essaie de faire, c'est de dire, au lieu d'être 10 à vous battre, sur une miette, mettez-vous ensemble pour faire un beau gâteau et chacun aura une belle part. Je n'y arrive pas toujours. Donc, la Maison d'Afrique est devenue une agence d'intelligence stratégique, c'est-à-dire qu'on réfléchit à toutes les solutions techniques ou à toutes les offres qui sont sur le marché qui peuvent être une réponse à des problématiques en Afrique. Donc, soit on va les chercher et on les accompagne, soit ils viennent vers nous et on facilite leur implémentation en Afrique. Voilà ce qu'on fait à la maison.

  • Ramata

    Dans la manière dont vous accueillez les différents projets, est-ce qu'il y a une temporalité ? Est-ce que c'est la prospection d'un projet, premier trimestre et après, second trimestre, on va travailler ensemble ? Est-ce qu'il y a une temporalité dans la manière dont est organisée cette agence ?

  • Youssouf

    En fait, on l'a organisé de la façon suivante. J'ai une chef de projet, un chef qui est Mme Traoré, qui, elle, normalement dans un pitch court, doit être capable de qualifier votre projet. A quel niveau est votre projet ? Moi, je suis souvent interrogé personnellement, donc je ne comprends pas. Une fois qu'on a qualifié votre projet, on voit le niveau de maturité dans lequel il est. Et à partir de ce niveau de maturité, on va décider ensemble de l'accompagnement possible de la Maison de l'Afrique ou pas. C'est ça la clé de l'entrée. Il y a des projets qui sont matures, qui ont véritablement besoin que de fonds. Auquel cas, on a un écosystème de fonds, de banques, On va accompagner pour la levée de fonds. Il y a des projets qui malheureusement ne sont que des idées, qui ne sont pas encore au stade de projet. Donc malheureusement, on va y conduire le porteur du projet en lui demandant de travailler quand ce sera un projet de revenu vers nous. On peut aussi l'accompagner à passer de l'idée au projet, mais ça, ça se paye. Parce que c'est un travail d'accompagnement. Après, il y a des accompagnements à structuration. On a un écosystème d'incubateurs qui peut aussi acquérir des projets. et les accompagner pour les faire maturer avant d'aller vers la levée de fonds. J'ai envie de dire que tous les schémas existent. C'est vraiment du pitch et de la maturité du projet qu'on va décider si notre accompagnement est pertinent ou pas pertinent et avec qui on le fait ou pas. Et c'est vrai aussi pour des activités culturelles ou associatives. À la Maison de l'Afrique, on a beaucoup d'associations, notamment qui travaillent pour le bénéfice des diasporas africaines, région parisienne aussi, qui viennent nous voir, mais qu'on va accompagner. Des fois, pour donner plus de visibilité à leur événement, pour les mettre en relation avec ce qui peut accélérer le fonctionnement de leur événement, ou les aider parce qu'ils ont des matériels de blocage, de tellité d'aspect. Donc, voilà, j'ai envie de dire, on est un peu les médecins de la promotion économique, artistique et culturelle. À partir d'une consultation de 15 minutes, on est capable de tirer l'ordonnance. Sur le site internet, ce qu'on appelle « boostprojet » , on se rencontre. Et au bout d'un quart d'heure, normalement, on est capable de vous dire si on peut travailler ensemble ou pas et ce qu'on peut vous apporter.

  • Ramata

    Très bien. J'aime bien cette notion de médecin. C'est nous qui décidons quand on a besoin d'aller voir le médecin. Exactement. Donc, il n'y a pas de temporalité. C'est par rapport à nous, où on est. On a peine, on va, j'imagine qu'il y a à travers le site Internet la possibilité de poser, de déposer son projet, de prendre rendez-vous.

  • Youssouf

    Il y a la possibilité sur le site Internet, effectivement, de prendre rendez-vous, de s'inscrire. On a un onglet pour son projet sur lequel on peut poster son projet. Et même, on a un onglet global sur lequel on peut être protecté. Je pense que vraiment, le site Internet est le plus important. le passage le plus adapté parce qu'aujourd'hui, le temps, c'est de l'argent. Pendant longtemps, les gens sont déplacés pour venir à la maison de l'Afrique. C'est tout délicat parce qu'on ne peut pas recevoir sans rendez-vous. On est quand même assez sollicités. Donc, pour faire gagner du temps à tout le monde, autant se déplacer à la maison de l'Afrique quand on a rendez-vous.

  • Ramata

    Très bien. Et aujourd'hui, en tant que business model, en fait, ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est quand il y a besoin de structuration, d'accompagnement, c'est moyenne en finances pour un porteur de... projet, est-ce que tu peux expliquer quels sont les différents dispositifs qui existent et puis comment ça marche ? Parce que j'imagine qu'à la suite de cet épisode de podcast, les demandes vont affluer et qu'on sache quand même quelles sont les modalités.

  • Youssouf

    Alors, on va dire la modalité la plus classique. Vous entendez ce magnifique podcast. Le matin, vous vous dites, waouh, j'ai un super projet. Pour la Guinée, tiens, je vais consulter la Maison de l'Afrique. Donc, vous allez sur le site de la Maison de l'Afrique. Et là, vous nous envoyez un mail en disant, voilà, moi, j'ai un projet pour aller dans tel domaine d'activité en Guinée. Est-ce qu'on peut se rencontrer ? Donc, on va fixer d'abord un rendez-vous qui va être en visio. On va discuter un peu du projet. On va vous demander, vous envoyer un pitch projet. Donc là, on va… On va se retrouver, si vous passez ce cap-là, on va se retrouver pour parler du projet et pour bien identifier l'étape où est le projet. Et à ce moment-là, on va vous faire une proposition de l'accompagnement que l'on peut faire. Donc, si vous êtes au stade où on doit vous accompagner pour lever des fonds, je prends cet exemple-là parce que souvent, on est approché pour ça. On dit, mon projet ne se réalise pas parce que je n'ai pas des fonds. Je déçois beaucoup les gens parce que je dis que ce n'est pas l'argent le problème. Ce n'est pas l'argent le problème. On peut vous mettre en relation avec des banques, avec des fonds, etc. Mais ce n'est pas ça le problème. C'est la qualité de votre projet. C'est les objectifs visés par votre projet. C'est ce que votre projet apporte dans le marché que vous visez. C'est le profil de ceux qui portent le projet. Parce que ce n'est pas facile à entendre. Mais on ne prête de l'argent qu'à des gens en qui on a confiance. Souvent, j'entends dire qu'on prête de l'argent à ceux qui peuvent rembourser. Non, on prête de l'argent à ceux en qui on a confiance. Parce que cette confiance, elle se traduit par le fait qu'on pense qu'il mettra tout en œuvre pour réussir son projet, donc il nous remboursera. Parce qu'il y a des gens qui ont beaucoup d'argent, mais qui ont énormément de dettes, parce que c'est des mauvais payeurs. Donc, une fois qu'on a qualifié votre projet, on va se mettre d'accord sur l'accompagnement. Si on prend l'exemple d'un accompagnement à lever des fonds, on a ce qu'on appelle un retainer. C'est comme un frais de dossier par lequel on va commencer à les utiliser pour, moi, je vais aller chercher tel et tel consultant pour structurer votre projet. Parce qu'un projet doit être présenté. de telle et telle manière, notamment sur le business model et le business plan, en général, quand on est porteur de projet, on ne sait pas faire ça. Ça, c'est une expertise. Mais parce que j'aurai une qualité d'écriture de mon business model et de mon business plan, ça va faciliter ma levée de fonds. Et ça, ça se paye. Et souvent, là, on en perd déjà un certain nombre. Et ensuite, on va faire appel à notre écosystème de fonds, de banques, etc., qui disent, super, ce projet, j'y vais. Et après, il y a plusieurs formules, soit il vous faut un prêt, soit c'est une equity, rendre votre capital, etc. Tous les modèles sont possibles. Et puis, il y a d'autres projets sur lesquels, quand on sort de la première réunion, on se rend compte que finalement, le projet n'a pas besoin d'argent, il a besoin de temps et de maturation, parce que je dis souvent, les premiers revenus d'une activité, c'est le chiffre d'affaires qu'elle génère. On ne peut pas monter un projet pour aller demander un prêt. On monte un projet parce que ce qu'on propose dans son marché va générer du chiffre d'affaires qui va donner du résultat à l'activité. C'est ça la raison d'être dans le projet. Si c'est pour lever des fonds, il n'y aurait pas tant de fonds blancs en Afrique. Ce n'est pas l'argent qui règle le problème. Ce qui règle le problème, c'est tout ce dont on a parlé en entant de podcast sur lequel il faudrait presque des heures et des heures de cours pour le comprendre et l'entendre. Donc, une fois qu'on a bien discuté du projet, bien compris les teneurs aboutissants du projet, on va venir clarifier l'accompagnement possible ou pas de la Maison de l'Afrique et de son écosystème. Parce que tout ça, on ne le fait pas seul. On le fait avec des partenaires consultants, on le fait avec des institutions. Quand c'est en Afrique, puisque les actionnaires de la Maison de l'Afrique sont des chambres de commerce, si votre projet est dans un pays d'un de nos actionnaires, donc voilà un boulevard aussi. pour vous faire entrer à côté d'experts de chambre de commerce pour vous accompagner sur le projet. Donc souvent, je dis, l'accompagnement est presque plus important que les sous finalement que vous allez lever. Mais ce n'est pas toujours facile à entendre de prime abord, mais beaucoup des projets qu'on a accompagnés aujourd'hui sont successifs, pas tant par les fonds qu'on a levés, mais par l'écosystème qu'on a mis autour du projet.

  • Ramata

    Avec Maison de l'Afrique, ce que tu me disais, c'est que vous avez différentes initiatives et que vous pouvez intervenir sur différents secteurs d'activité. Moi, c'est vrai que mon focus, c'est les industries culturelles et créatives. Et je sais qu'il y a eu une initiative qui s'appelle Culture Pagne, sur laquelle la Maison de l'Afrique a été partenaire, voire même plus à l'initiative d'eux. Est-ce que tu peux m'en parler ?

  • Youssouf

    Oui, Ramata, c'est une belle histoire, cette histoire de culture Pâques. En fait, elle démarre comment ? La Maison de l'Afrique est partenaire d'un événement à Abidjan que je trouve extraordinaire, qui est le Festival Abidjan Pâques. Nous accompagnons depuis trois ans ce festival qui, pendant deux jours, célèbre le Pâques. Et dans cet accompagnement-là, il y a deux ans en arrière, la Maison de l'Afrique décide d'y amener des personnes qui comptent dans l'industrie de la mode et du Pâques. J'y amène Alpha D, que tout le monde connaît, premier couturier africain de classe internationale. Et j'amène Anne Grosfilet, qui est l'experte du pagne et des tissus dans le monde, anthropologue et docteur, chercheur en pagne. Et à la sortie de ce festival Culture Pagne, en écoutant Anne Grosfilet, je ne suis pas un expert de toutes ces questions-là, vu d'un côté scientifique, mais je découvre tout le bagage de liens entre le... la docteure scientifique de l'histoire du paille et des tissus, mais aussi liée à l'histoire africaine. Et en discutant avec Anne, je lui dis, mais ce que tu racontes là, comment on pourrait le rendre accessible au plus grand nombre ? Parce que finalement, on est peu à savoir à quel point le paille et le tissu est un titre de l'histoire africaine. De là naît l'idée de faire un programme vidéo. Donc, on décide de faire une série de 15 vidéos dont la Maison de l'Afrique est propriétaire et dont le contenu est propriété intellectuelle de Anne Grosfilet, qui avec son mari Claude Boli, qui lui est historien, écrit tout le storytelling. Donc, on a 15 épisodes qui sont écrits. La Maison de l'Afrique a financé les trois premiers épisodes qui sont visibles sur nos... sur nos réseaux sociaux. Et là, nous sommes en recherche de fonds pour financer les 12 autres programmes pour compléter les 15 vidéos courtes pendant lesquelles Anne Groffilé et Claude Boli viennent expliquer le lien entre le tissu et l'histoire de la construction africaine. Donc, on vient de découvrir, par exemple, quand arrivent tous ces tissus colorés en Afrique parce qu'à la base, finalement, en Afrique... qui est connu par des vêtements de couleurs flamboyantes. En réalité, l'histoire du textile africain est en blanc, en fait. Et ça, c'est absolument extraordinaire. On vient découvrir comment les outils de tissage ont été amenés plutôt par les religions, comme l'islam, par exemple, chose que moi, j'ignorais. Donc, c'est un programme absolument fabuleux qu'on a monté de toute façon. pièces, donc avec deux experts, et qu'aujourd'hui, nous cherchons à financer pour terminer le programme.

  • Ramata

    Très bien. Donc, ce que tu évoquais, c'est que les trois premières vidéos, en fait, d'Anne Groschilet et de son mari historien, M. Gauly, elles sont aujourd'hui accessibles sur YouTube. Donc, je mettrai en fait le lien en note de l'épisode du site internet de la Maison de l'Afrique et aussi de la chaîne YouTube, afin qu'on puisse découvrir ces trois premiers épisodes. Au niveau du financement que vous cherchez, c'est plutôt du financement entreprise ou des particuliers en fait ?

  • Youssouf

    Alors, on n'a pas fait de crowdfunding pour l'instant. Moi, je cherchais plutôt un mécène pour pouvoir associer une marque. Puisqu'on est dans le domaine du paille, du tissu, etc. Je pense que ça fait sens que ce soit une paille, que ce soit une marque. On cherche une marque, un mécène en tout cas, qui a envie de mettre à disposition 150 000 euros pour que ce soit financé ce programme-là au bénéfice de tout le monde. Ou ça peut être aussi une chaîne de télévision ou un média de diffusion. Ça pourrait être Canal, ça pourrait être Netflix, ça pourrait être France 2. Voilà un contenu éducatif qui, par le tissu et le pagne, vient d'ailleurs raconter l'histoire de l'Afrique. Moi, je trouve que c'est un sujet passionnant.

  • Ramata

    Tu prêches une connexion.

  • Youssouf

    Donc, les fonds peuvent venir de là. Pour l'instant, on n'a pas de retour successful, mais on ne désespère pas. On a des très très bons contacts. Après, on est aussi agile sur la modélisation de ce qu'on a fait dans les trois premiers épisodes. S'ils doivent évoluer, ça, c'est aussi possible. Toujours est-il qu'il y a une belle matière aujourd'hui à partager. Et ce programme-là est vraiment né de l'initiative de la Maison de l'Afrique de Havel.

  • Ramata

    Très bien. Et en plus, il y a quelque chose d'éducatif qui demande, presque donne envie à... Faire en sorte qu'ils soient accessibles dans des écoles. Parce que moi, pour travailler dans de nombreuses écoles de mode, moi, je pousse de plus en plus pour qu'il y ait des heures qui soient prévues pour qu'on parle d'autre chose que de la mode occidentale. Alors bon, moi, j'arrive en disant, je vous parle d'Afrique, mais on peut parler de Chine, on peut parler d'Amérique latine, on peut parler de plein de choses qui ne sont pas la mode occidentale pour éveiller les esprits. de profils créatifs qui ont besoin d'être nourris par autre chose que finalement je reste dans mon cercle et dans mon univers. Alors je fais toujours attention à ce qu'on... Ça me permet d'aborder aussi le sujet de l'appropriation culturelle, d'être dans les logiques de quand on ne sait pas et quand on n'a pas effectivement de films, de livres, de matières qui permettent de finalement raconter l'histoire et qui va permettre aussi de servir un peu de... de preuves, quand on n'a pas ça, c'est facile pour d'autres de venir s'accaparer. Et il n'y a personne qui peut dire « Ah bon, ça c'était à vous, mais comment ça ? » On ne sait pas, en fait. Donc on a besoin, effectivement, de contenu. Et effectivement, ça coûte de l'argent. Et ça, on n'en est pas forcément conscient. L'Occident, dans leur manière de s'auto-promouvoir, il dépense énormément d'argent. à promouvoir leur nourriture, leurs vêtements, leurs films, leur art. Et du coup, il y a une certaine hégémonie. Et parfois, je pense qu'on a du mal à le faire, mais ça commence à bouger au niveau des industries culturelles et créatives africaines. Parce que je peux entendre qu'il y ait d'autres sujets qui soient prioritaires, mais en même temps, ça fait quand même partie d'un soft power. et qui est important de mettre en avant. Et après, on s'interroge moins sur ces questions d'appropriation culturelle parce que nous, on a fait notre travail aussi de protéger notre savoir-faire. Moi,

  • Youssouf

    je suis moins intelligent que toi. Je n'entends pas qu'il y ait d'autres priorités que ça. Je ne vois pas qu'est-ce qui est plus prioritaire que de savoir qui on est. Il n'y a rien de plus prioritaire que ça. On doit que deux choses à ces enfants. Si on considère que les Africains sont les enfants de l'Afrique, moi en tout cas j'essaie de faire pour les biens dans l'éducation, c'est une conviction forte que j'ai. À ces enfants, la première chose qu'on doit, c'est des racines. Ils doivent savoir qui ils sont, d'où ils viennent, pourquoi ils sont là. Et la deuxième chose qu'on leur doit, ce sont des ailes. les plus grandes possibles pour qu'ils s'envolent, qu'ils s'en aillent le plus loin possible de nous, si possible. Alors qu'on fait l'inverse. On nie les racines, on ne parle pas, on ne dit rien, on ne sait rien de ce qu'on est. Personne n'est tombé du ciel, on est de quelque part. Et les ailes, surtout, on les coupe pour qu'ils restent à côté de nous et soient bien serviables. Donc, il n'y a rien de plus prioritaire qu'à travers un programme comme Culture Paine. Ça raconte 1000 ans d'histoire de l'Afrique. Qu'est-ce qui est plus précieux que ça ? Si on date un peu notre interview, on est au mois de mai de l'année 2025, actuellement à Paris, se tient, pour la première fois de l'histoire de la France, une exposition au Centre Georges Pompidou qui s'appelle le Paris noir. J'ai vu tout le monde aller le voir. C'est extraordinaire. 1930-2000, ce que les Africains, les afrodescendants, Les États-Unis, les Caraïbes, etc. Mais les racines, c'est fondamental. Apprendre, c'est fondamental. Donc, les industries créatives participent aussi à ça. Quand on découvre des artistes qui sont contemporains de Picasso, ce qu'ils ont fait en compétition de peinture avec lui, je ne suis pas là dans une classification, je suis là pour dire qu'il faut savoir qu'il y a eu des gens qui ont peint en même temps que le peintre le plus cher au monde et qui ont fait des choses. Après, chacun appréciera. Donc, moi je suis moins clément que toi, je pense que la première ligne d'investissement pour les Africains, c'est l'instruction et l'éducation. C'est rien d'autre. Tout le reste c'est de la prose. Sinon ça fait longtemps qu'on serait développé. Tout le reste c'est de la philo. Si vous avez un continent de gens instruits et éduqués, vous n'avez plus de problème sous développement.

  • Ramata

    pas beaucoup l'ont prouvé, notamment en Asie. Donc, après, on n'aime pas tout ce qu'ils ont fait, mais clairement, les investissements en éducation, il n'y a pas de... Donc,

  • Youssouf

    on fait la même chose pour la musique. On a un programme qui s'appelle Africa Proud, qu'on accompagne depuis deux ans maintenant. Didi Mogreen fait un concours où il donne accès à des chanteurs africains partout en Afrique. à la diffusion de leurs titres en digital sur les plateformes. La Maison d'Afrique, la propagne, on va re-signer avec lui pour faire la deuxième édition cette année. On a l'avisage de faire la même chose dans le livre. Pour l'instant, c'est un peu prématuré de l'annoncer, mais j'ai rencontré la dirigeante d'une des premières maisons d'édition africaine sur la place de Paris. On s'est parlé samedi, parce qu'elle partait à Dujan pour le sein du livre. de Côte d'Ivoire en train de réfléchir à ça. Le champ du possible sur les institutions créatives et culturelles est tellement vaste que pour moi, c'est la priorité. Et c'est vrai, dans plein de pays en Occident, on se souvient plus de l'impact de dirigeants d'institutions culturelles. que les dirigeants d'autres institutions, parce que la culture et l'éducation, c'est ça qui fait société, en fait. Tout simplement.

  • Ramata

    Et du coup, est-ce qu'on a accès à des projets qui ont été accompagnés par la Maison de l'Afrique, via le site, ou est-ce que vous communiquez du coup sur les...

  • Youssouf

    Non, on communique très mal sur nos succès. On ne peut pas avoir toutes les qualités.

  • Ramata

    Donc c'est là qu'Africa Fashion Tour va intervenir de manière mensuelle, mettre en avant la success story de la Maison de l'Afrique. Et puis chaque mois, parce que c'est ça aussi qui permet de consolider une vision et aussi de témoigner de ce projet-là. Il était à ce stade-là quand on l'a découvert. Voilà où est-ce qu'on en est en fait. Et c'est ça qu'on a besoin de voir avec toutes les explications que tu nous as partagées là. ne pas arriver en se disant, ceux qui arrivent en se disant, moi j'ai besoin de lever des fonds, ils vont voir des exemples concrets, ce ne sont peut-être pas les fonds en premier, il faut avoir la preuve du marché, et cette preuve-là on peut la voir sans forcément dépenser trop d'argent au départ.

  • Youssouf

    C'est vrai qu'on n'a pas une stratégie de communication proactive sur le succès, ça c'est un peu lié, on a des défauts de sa qualité, moi j'ai grandi dans un environnement où... M. Moutkato m'a appris à ne pas faire trop de bruit et à plutôt travailler. Donc, on est dans cette logique-là. Mais c'est vrai que notre écosystème au sein de la Maison de l'Afrique, lui, bénéficie de ça. Quand on fait des événements, nous avons créé la Maison de l'Afrique, par exemple, le CERC d'Affaires, qui s'appelle CERC, LMDM 1174, où nous avons des entreprises qui travaillent ensemble. Et à ces événements-là, je rencontre ici un networking. beaucoup de gens qui peuvent échanger sur les succès. Donc ça se fait dans l'écosystème de la Maison de l'Afrique. C'est vrai que je n'ai pas pris le parti d'avoir une communication extérieure qui peut parfois ressembler, mais ça c'est ma perception, ça peut être fausse, à cette cacophonie de la successfull racontée sur tous les réseaux médias du moins succès qui viendraient. peut-être cacher des choses qui ne vont pas, qui sèment le tout. Peut-être que j'ai cette croyance-là qui me limite dans la communication des succès de la Maison de l'Afrique. Mais je prends note. On a besoin d'exemples.

  • Ramata

    On a besoin d'exemples. C'est ça. Connaître la Maison de l'Afrique et aller sur le site, c'est une chose. Mais de voir que le petit frère, le cousin, le grand frère... Et passer par là, c'est aussi des moyens sans être dans... On ne va pas être dans une com qui est « on va vous montrer le footballeur qui a réussi à faire ce que le créateur de contenu » On va plutôt être dans comment l'entrepreneur doit travailler aujourd'hui parce qu'on a envie de donner des clés d'apprentissage, faire en sorte que si le plus grand nombre sait comment il faut faire...

  • Youssouf

    Nous, on veut la recette du succès. On a déjà parlé de la recette.

  • Ramata

    Moi,

  • Youssouf

    je veux la recette. Moi, je veux la recette. Mais moi, je veux la vendre. Je reste trop en train de faire. Donc, voilà. Voilà. Mais c'est évident qu'on a un devoir. On a un devoir de transmission. On a un devoir d'exemple. Et la Maison de l'Afrique, je le dis, c'est une entreprise qui appartient à 10 États africains et à la France. C'est un modèle unique. Une entreprise qui a 50 ans, qui est autonome par ses activités, qui est panafricaine par son actionnariat, c'est vraiment quelque chose qui doit inspirer et doit vraiment donner un élément de fierté à tous les Africains. Donc, c'est possible que l'Afrique s'unisse pour bâtir une activité pérenne pendant 50 ans. Oui, c'est possible.

  • Ramata

    Et ça, on a besoin d'en entendre parler, surtout par les temps qui courent.

  • Youssouf

    C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai. Donc, promis ! On tâchera d'être à la hauteur déjà à travers ton podcast régulier. Avec plaisir. Mais vraiment, on veut bien témoigner de ça.

  • Ramata

    Tu disais que tu as repris l'entreprise un peu après le Covid, où l'entreprise était en difficulté. Aujourd'hui, après quelques années d'activité et de reprise, et j'imagine de transformation, En fait, du modèle économique, quel bilan tu fais ? Donc, tu as transformé le business model. Et du coup, j'imagine que tu as challengé les actionnaires et tu as été aussi challengé, j'imagine. Donc, quel bilan tu fais de ces quelques années ? Ça fait 4 ans, en fait ?

  • Youssouf

    3 ans et demi. Le bilan Biparcours est très, très bon. Moi, je parle de la maison de l'Afrique. Le bilan est très très bon. Voilà une entreprise qui est aujourd'hui solide sur ses appuis. Donc on a sécurisé les actifs. La Maison de l'Afrique a sécurisé ses actifs. Je pense que les actifs, on les a multipliés au minimum par 5. On va faire une évaluation au niveau 6 des actifs de la Maison de l'Afrique. Donc ça, c'est une très très belle opération. La deuxième chose qui rassure sur le futur, c'est le modèle économique. d'intelligence stratégique qui fait le pont entre des technologies, des savoir-faire, des projets entre l'Europe, la France et l'Afrique, c'est pertinent. Parce qu'il y a une histoire de plus de six siècles avec la France pour des périphériques confins, ce qui fait que dans tous les cas, sur les questions économiques, artistiques et culturelles, la coopération entre la France et l'Afrique ne s'arrêtera jamais. Donc, d'avoir un modèle économique qui soutient ça, c'est très bien. Et comme il est adossé à un modèle d'organisation agile, c'est-à-dire qu'on travaille en mode projet, on a des consultants pour tous les sujets, je suis capable de tout adresser. Le projet le plus lourd qu'on met à la Maison de l'Afrique, c'est un projet à 15 ans pour bâtir une ville nouvelle. C'est un projet qui va chercher autour de 150 millions d'euros, ne serait-ce que pour l'implémentation. 15 On a un projet qu'on a instruit pour le Cameroun, c'était pour faire une clinique, mais avec les échanges, avec le fond, on s'est rendu compte qu'on pouvait plutôt faire un réseau de cliniques. Donc on allait chercher 1,25 millions d'euros, aujourd'hui on va chercher 50 millions d'euros pour faire en 5 ans un réseau de cliniques. Voilà la force d'un modèle économique celui-ci, mais ça vous le faites parce que vous avez mis un écosystème agile autour. Donc c'est les consultants autour qui nous ont challengés pour nous amener sur ce genre de projet-là. C'est solide aussi parce qu'on peut partir d'une feuille blanche pour créer des choses. Nous sommes partis d'une feuille blanche puisqu'en 2022, on s'est rendu compte qu'un des actifs importants de la Maison de l'Afrique, c'était les marques et les licences de marques. Nous avons créé Brands Africa, qui est un label qui est en train de valider à la Chambre de commerce du Bénin et des Côtes d'Ivoire. Un label qui va permettre aux marques africaines d'être identifiées, d'être accompagnées en protection et d'être promues. Et pour booster la promotion des marques africaines, nous avons créé un salon dont la première édition a lieu en Côte d'Ivoire à Pétion en octobre 2024, qui est le premier salon de licence de marque. Par ce salon-là, on ouvre une porte. aux entreprises africaines, aux marques africaines, aux territoires africains, au marché de la licence de marque. Le marché de la licence de marque dans le monde, c'est 350 milliards de dollars. L'Afrique fait zéro. Donc, j'arrête là les exemples parce qu'il y en aurait beaucoup. Donc, l'avenir, il est radieux. Les bases de gestion sont celles, l'organisation, elle est simple, les visibilités, elle est bonne, le modèle économique, il tient la route. Maintenant, il faut des hommes et des femmes qui nous amènent nos projets. vous mettre dans le carburateur et puis on avance.

  • Ramata

    Que de bonnes nouvelles. Décidément, cette recette du succès, tu vas pouvoir la vendre dans ton château.

  • Youssouf

    En tout cas, avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je répète. Je répète avec beaucoup de tranquillité. Beaucoup de tranquillité. Je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvée pendant 35 ans. Quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est aussi en secteur. Vous ne pouvez pas être coup. C'est impossible.

  • Ramata

    Ce sera le mot de la fin. On va rester là-dessus.

  • Youssouf

    Je te remercie.

  • Ramata

    Merci à toi. À très bientôt.

  • Youssouf

    À bientôt. En Afrique, ouais. Oui.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Youssouf Kamara

    00:00

  • Rencontre avec les créateurs africains et leurs parcours

    00:27

  • Parcours académique et professionnel de Youssouf Kamara

    01:28

  • Vision de l'entrepreneuriat en Afrique

    02:36

  • Les défis et succès dans le secteur du retail

    06:50

  • La recette du succès entrepreneurial selon Youssouf

    10:36

  • Transformation de la Maison de l'Afrique

    13:49

  • Initiatives culturelles et créatives en Afrique

    19:41

  • Importance de l'éducation et de la résilience

    25:21

  • Conclusion et réflexions finales

    29:15

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Description

Youssouf Camara est le directeur de la Maison de l'Afrique, une institution au statut unique puisque à la fois française et panafricaine, dont l'ambition est de contribuer à la structuration et au déploiement d'initiatives de développement.


De ses jeunes années en Côte d'Ivoire aux comités de direction de grandes entreprises françaises, son histoire est celle d'une ascension, d'une conquête, mais aussi d'un retour aux sources.


A travers son rôle de Directeur Général de la Maison de l'Afrique, il œuvre concrètement à


  • Mettre en lumière l'expertise et le talent africain, dans la mode, le design, l'art et bien d'autres secteurs clés.

  • Révéler les clés du succès dans la gestion des entreprises

  • Développer des projets d'expansion et de collaboration entre l'Afrique et le reste du monde, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de croissance.

  • Maitriser la chaîne de valeur de la promotion culturelle, en valorisant les savoir-faire locaux et en créant des plateformes d'envergure.

  • S'engager à transmettre son savoir-faire et à former la prochaine génération de leaders et d'entrepreneurs africains.


Cette interview est une véritable masterclass pour qui ambitionne de développer une initiative florissante sur le continent africain


Pour aller plus loin,

  • Porteurs de projet, cliquer ICI pour présenter vos projets à la Maison de l'Afrique

  • Projet Culture Pagne


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Youssouf

    Je répète avec beaucoup de tranquillité, beaucoup de tranquillité, je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvé pendant 35 ans, quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est une science exacte, vous ne pouvez pas échouer, c'est impossible.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Youssouf Kamara, le président de la Maison de l'Afrique. Il a occupé des postes de direction commerciale au sein de grandes entreprises françaises, telles que Decathlon, Kiabi, Intersport et Célio. Il a également évolué chez France Loisirs. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de sa carrière d'expert en gestion d'entreprise et de son rôle de président de la Maison de l'Afrique. Bienvenue Youssouf. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Youssouf

    Bonjour Amata, merci de me recevoir. Merci de ta chaîne, c'était un grand plaisir. Alors moi je suis Youssouf Kamara, je suis le directeur général de la Maison de l'Afrique actuellement. Je suis un afro-descendant, comme j'aime souvent me décrire, marié, père de quatre enfants, aujourd'hui dirigeant d'entreprise de la Maison de l'Afrique, mais également coach de dirigeants, j'ai une activité de coaching par ailleurs. et je suis administrateur indépendant de quelques entreprises en Europe.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, cette description, elle nous laisse présager une interview passionnante. Moi, j'ai envie de commencer par te demander quels ont été en fait ton parcours en termes d'études et ensuite tes premières expériences professionnelles.

  • Youssouf

    Alors, en termes d'études, je vais remonter jusqu'au bac, parce qu'avant, on va dire que tout ça se passait en Côte d'Ivoire. J'ai eu mon bac. dans une bonne ville qui s'appelle Dabou, qui est donc du côté de la Côte d'Ivoire. Et je suis venu en France pour faire des études de commerce, puisque j'étais orienté en sociologie et je n'avais pas envie de faire ces études-là. Donc je suis arrivé dans la bonne ville de Metz, où j'ai fait un DEC, à l'époque c'était des études en deux ans, d'administration économique et sociale. Et là, j'ai rencontré un ami qui était mentor. Je le cite pourquoi ? Parce que je pense que dans notre trajectoire, on a toujours des tiers privilégiés dont les conseils orientent notre vie. Et moi, tout au long de mon parcours, ça a été ça. Donc, Joseph, Joe, m'a dit, écoute, je pense que pour atteindre ton objectif d'être dans les affaires, tu ferais mieux de faire une école de commerce. Alors, je n'avais pas de grand moyen à l'époque. J'ai quand même bien moi réussi à rentrer à l'école de gestion de commerce qui appartenait au groupe ESC Reims à l'époque, où je suis sorti diplômé en 1989. Et donc, j'ai comme background, le moment où je rentre dans le monde professionnel, un baccalauréat et un diplôme d'école de commerce. Donc, je fais un stage de consultant junior à l'époque chargé d'études. et à l'issue de mon stage le cabinet Rosselle Consultants décide de me prendre un contrat. Donc je démarre mon premier contrat en France en 1989, quand je me chargeais l'étude de junior dans un cabinet d'études de marketing industriel du côté de la Marne, du côté de Reims, où j'avais resté trois années. Voilà en fait comment je rentre dans la vie professionnelle en France, sachant que quand j'y étais venu, mon objectif c'était après mes études de retourner en Afrique. Voilà, donc j'ai gardé toujours ce désir de retour en Afrique parce que je pense que quand on est afrodescendant, loin de son continent, on a toujours ce rêve-là. Il prend plusieurs formes. On a toujours le rêve de faire quelque chose avec, ou en tout cas sur le continent. J'y reviendrai un peu plus tard. Peut-être que c'est ce qui explique qu'aujourd'hui, je suis à la maison de l'Afrique. On ne sait pas. Voilà, donc je démarre comme consultant. Pendant trois ans, j'ai la chance d'avoir décroché au super travail. Il faut dire que je me suis donné pendant le stage. J'étais... pas le dernier à quitter le bureau et j'étais plutôt le premier à être là au bureau le matin. Mais je m'ennuyais un petit peu parce qu'à l'époque, après l'école de commerce, le métier de consultant faisait rêver énormément d'étudiants. Moi, je me suis ennuyé parce que ça ne me gênait pas assez pour moi. Et à ce moment-là, à un mariage, je rencontre un ami, il s'appelle Nuno Iberic. qui était directeur d'un magasin d'écatelons. Il me parle de son métier. Je lui dis, mais ce n'est pas possible. On ne peut pas parler de son métier avec autant de passion. On peut être éru comme ça dans un boulot. Et voilà, pour le moment, je décide de rentrer. Donc, on est en 1992, de rentrer dans la grande distribution spécialisée, puisque c'est comme ça qu'elle s'appelle, la Sremona, le retail. Et je rentre chez l'écatelons. Et là, on me dit... « Monsieur le camarade, c'est bien votre diplôme, c'est bien votre expérience de consultant. » Mais chez nous, Decathlon était une petite boîte à l'époque. Elle démarrait, elle était numéro 3 de sport en France à l'époque. On dit chez nous, tout le monde commence responsable de rayon. Je n'ai pas de problème. Donc, j'ai à peu près divisé mon salaire par deux. Et j'ai démarré responsable de rayon chez Decathlon, où j'ai passé quatre années formidables.

  • Ramata

    J'ai envie de revenir sur le début de cette présentation, où tu évoques le fait que tu voulais faire des affaires. D'où ça venait, cette volonté de faire des affaires ?

  • Youssouf

    Alors, moi je crois que je l'ai en moi. Alors, est-ce que c'est mon côté Bambara Djula ?

  • Ramata

    Merci. Je t'ai laissé le dire. J'allais dire, mais d'où ça vient ? Mais en fait, ça c'est dans le sang.

  • Youssouf

    Mais c'est un peu dans le sang, Ramatha. Je pense que c'est dans le sang, parce qu'effectivement, déjà jeune... Un Côte d'Ivoire, je faisais un peu comme au quartier. J'avais des petits business. Et puis, j'aime ce côté des affaires qui sont la création de richesses à partir, pas de rien, mais à partir d'une idée, à partir de rencontres, etc. Donc, j'avais un peu ça en moi. Donc, je ne me projetais pas dans ce que promettait une étude universitaire. C'est-à-dire, être dans un bureau, être fonctionnaire, ce n'était pas mon... Du coup, fort de mon expérience aujourd'hui, je me dis que quand tu arrives à savoir véritablement ce que tu aimes faire et que tu en fais ton activité, tu te donnes vraiment beaucoup de chances de réussir.

  • Ramata

    Vraiment. Donc, du coup, tu as une carrière et vraiment une solide carrière dans l'univers du retail pour des marques françaises. Donc, tu as commencé par Decathlon, je sais que tu es passé aussi chez Intasport, chez Kiabi, chez Cellio, il semble. Et je pense que toi, tu as connu les débuts de ces marques-là et les périodes faces de ces marques-là, où en termes de part de marché en France, c'était énorme. Et puis, en termes de possibilité de développement, expansion, tous les indicateurs étaient ouverts. Donc, est-ce que tu peux... Quel est ton souvenir de cette période ? Je ne vais pas dire que c'était les 30 glorieuses des marques de mode françaises, mais un peu quand même. Surtout que là, on est en 2025, et qu'on entend plutôt des redressements judiciaires de marques françaises. Qu'est-ce que tu as gardé comme souvenir de cette période-là ?

  • Youssouf

    On peut le dire comme ça parce qu'on vient après le film, mais quand on remet dans le contexte, moi je crois, en tout cas depuis que je travaille, qu'il n'y a aucun cycle facile pour les entreprises. Il n'y a absolument aucun cycle facile, tu l'as dit, j'ai travaillé chez Decathlon, j'ai travaillé chez Seyo, j'ai travaillé chez Intersport. J'ai travaillé aussi chez France Vizier, qui appartient au Berthelsmann. C'est l'entreprise qui est un groupe allemand. C'est l'entreprise où j'ai passé le plus de temps, puisque j'y ai passé 12 ans. Qu'est-ce qu'il y a de commun sur la période de création de valeur forte de ces entreprises-là ? Je pense que ce qu'il y a de commun, c'est un cap clair, un objectif très, très clair sur ce que les dirigeants de ces entreprises voulaient en faire. Et ensuite... C'est une discipline dans l'exécution du plan d'action qui était vraiment imparable. Je reviens au tout début sur Decathlon en 1992, quand Decathlon se fixe comme cap d'être le premier fabricant d'articles de sport au monde. et ensuite le premier distributeur d'articles de sport au monde. Je pense que l'écosystème et les clients n'entendent pas ça. Parce qu'à ce moment-là, Decathlon est plutôt un petit distributeur d'articles de sport. Je crois que c'est une entreprise qui, à partir de ce cap-là, s'est disciplinée pour devenir ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Et c'est aujourd'hui que les gens découvrent finalement, avec l'ensemble des marques, que Decathlon est le premier fabricant d'articles de sport au monde. Mais ils l'ont décidé. début des années 90. Et ça me permet d'ouvrir aussi ce champ du temps long. Je pense que c'est une croyance erronée de penser qu'on peut réussir rapidement. Trop souvent, dans les médias, la communication, on a toute l'impression que les succès entrepreneuriaux se font sur les temps courts. Moi, je n'y crois pas. Même les GAFAM. au moment où elles sont au maximum de leur rentabilité, elles ont des décennies derrière, mais qui ne sont pas racontées dans le storytelling. C'est le lieu, c'est pareil, quand moi j'arrive chez Cilio comme directeur régional, à l'époque une marque très très forte sur la région parisienne, et Paris m'est assez peu présente en province. Il y a du monde sur le marché de l'habillement de l'homme, et toutes ces marques-là se cherchent un petit peu. Et c'est lui à cette époque-là, À même temps, en termes de diversification, je me souviens d'une diversification qui s'est bien faite sur le marché de l'enfant qui était un marché très porteur à l'époque, Célio Kids, mais qui a fermé. Et à ce moment-là, les dirigeants se sont recentrés et c'est là où le slogan Célio, c'est l'homme a été produit. Donc on revient encore à un cas clair. Je veux être la marque référente des hommes. Je veux habiller les hommes partout. Donc, ça, c'est l'exemple de Célio, l'exemple de Kiabi. On peut le citer. C'est vrai qu'aujourd'hui, Kiabi est le leader français de l'habillement et numéro un contesté de l'enfant. Mais moi, quand je rejoins Kiabi en 2013, Kiabi sort d'une année difficile liée aux deux années précédentes sur la crise du coton, qui fait que c'est une entreprise qui est vraiment en déficit, puisqu'il y a même un plan social. Moi, j'ai eu la chance de... de faire partie de l'équipe qui a contribué par la mise en place d'un management libéré, de relancer cette entreprise qui est devenue aujourd'hui leader. Donc tu vois, c'est pour dire que quand on offre une entreprise en haut du podium de la performance, il faut regarder tout ce qu'il y a derrière. Et souvent ce qu'il y a derrière sont les ingrédients qui me font dire, souvent ça fait toujours sursauter mes interlocuteurs, que l'entreprise est une science exacte. À partir d'une vision claire, d'un cap clair, si vous êtes discipliné dans le plan d'action que vous exécutez, la probabilité d'échouer est très faible. Mais ce qui est difficile, c'est d'accepter de relancer à ce qui ne fait pas fonctionner l'entreprise. Et souvent, les bagarres internes sont des bagarres qui rendent les entreprises fragiles parce qu'on passe plus de temps à s'entredéchirer qu'à faire avancer. Je peux donner aussi l'exemple de France Loisirs. J'ai passé 12 ans dans... dans cette entreprise, qui était quand même, si on remet dans le contexte, dans les années 70, puisque ça a été créé en 72, dans les années 70, ce qui faisait l'actif principal de France Rezir, c'était son fichier client. Donc on était dans un modèle économique proche de ce qu'on trouve aujourd'hui dans les cafés. C'est-à-dire qu'à partir d'un fichier client, il y avait un écosystème de produits offerts. Le leader, c'est le désir au vie du livre. leader du développement de la photo en France, leader du voyage en France, crédit, etc. Et puis avec des virages ratés, comme dans beaucoup d'entreprises. Tout ça pour dire que je ne pense pas, alors moi je n'ai pas vécu les trembleurs en Europe, je ne pense pas que c'est un environnement stable qui permet aux entreprises de se développer. Je pense que dans... toute situation, il y a des crises, il y a des difficultés. Ce sont des dirigeants disciplinés et clairvoyants qui permettent aux entreprises d'être au top. J'en suis convaincu.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu partages cette vision, surtout que tu as ce background d'avoir travaillé dans plusieurs entreprises différentes et d'avoir pu connaître effectivement tant des périodes de crise que des périodes de prospérité. Donc, toi, tu as eu toute une partie de ta carrière où tu as été salarié. Et à un moment donné, tu te dis, voilà, tu as quand même un background, une envie en tout cas d'être dans les affaires. Et du coup, à quel moment est-ce que tu te dis, l'entrepreneuriat, monter ma propre boîte, est-ce qu'à un moment donné, il y a une petite voix qui te dit… C'est bien le salariat, mais bon, j'ai envie de monter mon entreprise.

  • Youssouf

    Cette petite voix, elle a toujours été là, en fait. Mais je ne l'ai pas écoutée. Je ne l'ai pas écoutée parce que je prenais énormément de plaisir dans l'entreprise. Mais j'avais en parallèle toujours des activités, surtout en Afrique, parce que j'ai construit l'essentiel de ma carrière ici en Europe. J'ai travaillé en France, en Belgique, en Suisse, au Canada. J'ai fait une pige à Shanghai. Mais j'avais toujours l'Afrique en moi et l'entreprenariat en Afrique. Parce que ça a toujours été un terrain où je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire. Et encore, c'est encore là aujourd'hui. Donc, dès 1995-96, j'ai commencé à avoir des petites affaires en Afrique. Encore aujourd'hui, avec le recul, j'ai encore des activités là-bas. Mais il est très difficile de piloter des activités à distance. Donc, c'est ça qui est un peu l'écueil. Donc, j'ai essayé de passer à l'entrepreneuriat à 100% à deux reprises. J'y suis revenu parce que finalement, je considère que le risque que je prenais par rapport à l'environnement dans lequel je voulais entreprendre versus la connaissance parfaite que j'ai de l'environnement occidental était trop grand. Donc à deux reprises, j'ai tenté de lancer un cabinet de conseil en Côte d'Ivoire dans les années 2010, ça n'a pas fonctionné. J'ai tenté une aventure dans l'entrepreneuriat immobilier, j'ai acquis des terrains, je voulais me lancer dans la promotion immobilière, ça n'a pas fonctionné. et l'enseignement que j'en tire, c'est que quand on a acquis une expérience dans l'entreprise et qu'on est dans une spirale de succès, c'est très difficile de basculer dans l'entreprenariat, en tout cas en ce qui me concerne. En revanche, l'expérience qu'on a acquise dans son entreprise peut servir à ce que moi j'appelle l'intraprenariat. Aujourd'hui, par exemple, je suis donc directeur général de la Maison de l'Afrique, mais j'ai une activité de coach professionnel à côté, donc je me laque. activité, tout ça est clairement établi dans mon contrat de travail, ce qui me permet d'être à la fois DG de la Maison de l'Afrique et entrepreneur en tant que coach de dirigeant. Et là, moi, j'ai trouvé mon équilibre. En fait, j'ai besoin des deux. J'ai besoin des deux, pourquoi ? Parce que avec beaucoup d'humilité, je ne veux surtout pas paraître prétentieux, mais quand on a dirigé des entreprises pendant 37 ans, je pense qu'on sait de quoi on parle. Je sais faire fonctionner une entreprise. Je sais véritablement amener une entreprise au succès. Ça, c'est vraiment quelque chose que je maîtrise. Mais à côté de ça, il y a du développement humain que j'ai envie de faire partager autrement. Donc, je me suis rendu compte de ça parce que j'ai beaucoup managé et que j'aime cette dimension managérielle. Donc, je me suis formé au coaching. Je suis coach certifié international. Et donc, j'ai monté mon cabinet de coaching que je mène en parallèle avec mon métier de directeur général. Donc, j'ai envie de dire que sur la question de l'entreprenariat, nous sommes tous différents. Et souvent, quand on traite cette question-là, il n'y a pas l'entrepreneur heureux qui serait l'entreprise individuelle, qui serait l'alpha ou l'oméga de la vie professionnelle épanouie, où on gagnerait beaucoup d'argent, où on aurait tout son temps pour… pour ça. Moi, je ne crois pas. Je crois qu'il y a ce qui correspond à chacun. Un bout de votre vie professionnelle ou toute votre vie professionnelle. Donc, voilà. Moi, je me résous à penser que l'expérience doit être d'abord faite, si possible, dans un environnement maîtrisé, parce que l'entreprenariat from scratch, quand on n'a pas de bagage en termes d'expérience, moi, je trouve ça un peu dangereux. Après, il y a des caractéristiques. qui sont plus indiqués pour être entrepreneur parce que c'est il faut faire preuve de résilience étant un entrepreneur et il m'arrive de rencontrer énormément ici à la maison de l'Afrique et le premier conseil que je leur donne c'est vraiment la patience quant aux résultats qu'ils attendent de l'activité qu'ils mènent donc voilà une dose de résilience forte qu'il faut avoir en tant si on a un peu d'expérience faite chez les autres parce qu'on a été salarié, moi je dis que c'est pas mal, il faut prendre. Parce qu'au final, quand on sort de l'école, on a appris à apprendre, mais on n'a pas appris à travailler. Et je pense que ça c'est une croyance. Donc quand on arrive avec un diplôme, On pense que tout de suite, on est plug and play, on peut exiger tel salaire, il faut nous payer parce que j'ai fait tel gros diplôme, etc. En fait, quand on arrive, on ne sait rien faire parce que chaque entreprise a sa spécificité, a son mode opératoire, a son mode de fonctionnement, chaque marché a ses difficultés, donc il faut apprendre un peu tout ça. En revanche, on gagne du temps sur celui qui n'a pas fait d'études parce que celui qui n'a pas fait d'études n'a pas appris à apprendre. Mais c'est une fois sur le terrain qu'on apprend à travailler véritablement.

  • Ramata

    Je te remercie de partager ce point parce que c'est vrai qu'on est dans une période où il y a une espèce de culte de l'entrepreneuriat et on invite un petit peu les jeunes générations et pas que les jeunes générations à vraiment trouver l'idée, monter sa start-up, faire une levée de fonds, apprendre à pitcher. et sans passer par la case que tu évoques ici, qui est un salarié pendant quelques années pour acquérir de l'expérience. Ça a l'air tout de suite... moins séduisant, moins sexy. Mais pour moi, c'est vraiment une question de storytelling en réalité. Donc, le partage que tu nous fais là, ça nous apporte aussi une autre vision qui est, à la fin de toi, ta best of both worlds, puisque tu fais les deux, en fait. Et donc, c'est à chacun de trouver ce qui lui correspond sans se dire, il y a une voie royale ici et de dénigrer les salariés qui travailleraient sous la coupe d'un manager et qui n'auraient pas la possibilité de prendre des initiatives. J'ai travaillé comme toi pour des marques françaises dans lesquelles j'ai été épanouie, j'ai été respectée, j'ai eu des promotions. Donc, il y a la possibilité de faire des carrières dans lesquelles on est épanouie. Et il n'y a pas d'un côté le burn-out des salariés et de l'autre, la best life de l'entrepreneur. Il y a des difficultés partout, mais c'est vrai qu'on a tendance parfois, à coup de storytelling, de raconter des histoires qui font rêver. Et parfois, il faut aussi apprendre aux personnes que l'on peut rencontrer, porteurs de projets ou jeunes générations qui se posent des questions, à un petit peu se dire la réalité du monde dans lequel on vit, c'est celle-là. Et l'expérience, ça reste quand même quelque chose que l'on va acquérir, non pas en étant seul entrepreneur, en montant une boîte avec d'autres jeunes comme nous qui n'ont pas davantage d'expérience, qui seraient la seule voie, apprendre auprès d'experts, c'est aussi un moyen de réussir. Je vais rebondir sur... Tu dis, voilà, toi, aujourd'hui, tu as une expertise qui, comment dire, te permet de... Tu as la recette du succès. Je ne sais pas si c'est comme ça que tu l'as dit, mais c'est ce que j'ai retenu. Donc, si tu peux nous la partager, parce que nous, ici, on veut tous marcher vers le succès. Donc, qu'est-ce que tu peux nous dire ? Qu'est-ce que tu veux dire par là, en fait ?

  • Youssouf

    Alors... Je n'ai pas tout à fait dit que je ferais la recette de succès. C'est moi mon straté. C'est comme ça que je revendrai cette histoire. Sinon, je la vendrais chère. Je coach des dirigeants que j'accompagne au succès, c'est vrai. Mais moi, je raconte toujours l'histoire du succès au regard des échecs. Parce que je fais beaucoup de méditation. Et dans la méditation asiatique, bouddhiste notamment, où on apprend que le... Le succès et l'échec creusent les mêmes sillons dans le conscient et l'inconscient de la personne, et surtout dans son inconscient. Et surtout que l'échec est le sillon d'apprentissage le plus fort que le succès, parce que le succès grise et il amène souvent à penser qu'on a réussi tout seul à faire ce qui fait qu'on dit qu'on est au succès. Alors qu'en réalité, on ne réussit pas seul. Absolument personne sur Terre n'arrive à réussir seul. Donc, je relativise cette notion de succès et d'échec. Je pense qu'il y a succès quand on a eu plusieurs échecs qui nous ont montré le chemin du succès. Moi, je pense que quand on a compris ça, on est déjà prêt pour commencer le voyage entrepreneurial. De toute façon, il y aurait des échecs. Il ne faut pas partir dans une démarche entrepreneuriale ou même dans l'entreprise en se disant... forcément tous les jours ça va être « youpi, oh là là, la fête » . Ce n'est pas vrai. C'est parce qu'il y aura des moments difficiles, c'est parce qu'il y aura des échecs, que vous allez tout d'un coup trouver le chemin du succès. Une fois que j'ai dit ça, ce qui marche bien dans une trajectoire de succès, c'est d'avoir un objectif clair. Ça paraît simple à dire, mais c'est extrêmement difficile. Je le vois à chaque fois que je demande un certain nombre de porteurs de projets de pitchers. Quelques minutes, pour ne pas dire quelques dizaines de minutes après, ils n'ont pas fini de m'expliquer ce à quoi ils réfléchissent depuis des années. Si je ne suis pas capable de comprendre en trois minutes ce que vous voulez faire, Votre marché, votre client qui lit, doit décider et acheter rapidement comment il fait. Ça ne marche pas. Donc, il faut que votre objectif soit suffisamment clair de ce que vous voulez proposer au marché. Et deuxièmement, ce que vous proposez au marché doit apporter quelque chose de nouveau sur le marché. Parce que si ça peut faire la même chose que Peter Campion, il vaut peut-être mieux faire avec lui ou faire pour lui. Pour moi, ça, c'est la deuxième clé. Un, je sais exactement où. où je vais. Deux, ce que je fais apporte quelque chose de nouveau, pas forcément différent, mais apporte un plus par rapport à l'environnement. Trois, est-ce que vous êtes prêts à avoir un plan stratégique qui va être séquencé en période pendant laquelle vous allez avoir des indicateurs de performance qui vont vous faire dire que vous êtes sur le bon chemin ou pas. Et ça, souvent, mesurer la performance sur les premières périodes, c'est quelque chose qu'on a véritablement du mal à faire. Parce qu'une fois que vous êtes dans une dynamique de mesure d'emploi stratégique sur six mois, trois mois, un an, deux ans, trois ans, vous pouvez vous permettre d'avoir un regard critique des actions que vous menez. Et là, on commence à toucher l'exécution. Et là, ça commence à être sympathique. Parce que là, tout d'un coup, vous voyez que, ah tiens, mais finalement, le marché ne m'attendait pas. Ah ben oui, vous n'attendez pas le marché. Il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, elle est prête à le trésorer. Donc, tout d'un coup, il y a un ensemble de ce qu'on peut considérer comme étant des obstacles, mais qui sont des étapes à passer pour réussir. C'est là où vous êtes sauvé quand vous êtes quelqu'un de discipliné dans l'action, de quelqu'un d'organisé, qui mesure ce qu'il fait et qui dose ses efforts pour que le temps que vous consacrez à faire les choses crée la richesse, c'est-à-dire fait que vous atteignez l'objectif que vous vous êtes fixé. Et c'est ces micro-objectifs atteints qui vont faire que 3 mois après, 6 mois après, 1 an après, 3 ans après, 10 ans après, 50 ans après, vous êtes encore là pour faire un but. Ça, c'est la recette. Une fois qu'on a la recette, on sait que deux cuisinières avec la même recette, ça ne fait pas le même plat. Une fois qu'on a la recette, on n'a pas tout. Alors moi, je dis souvent que l'entreprise est une science. Exact pourquoi ? Parce qu'à partir d'un objectif clair. À partir d'un plan stratégique clair, à partir d'une composition d'équipes qui met ensemble des hommes et des femmes qui savent de quoi ils parlent, qui ont la compétence, et des managements qui les amènent à donner le meilleur d'eux-mêmes pour atteindre ces objectifs-là, et qu'on mesure l'avancement étape par étape, il n'y a absolument aucune raison d'échouer. Mais aucune raison. Il n'y en a pas. Ça, j'en suis intimement convaincu. Et le cimetière des entreprises, quand on les analyse, est rempli de virages ratés. C'est des mauvaises décisions, c'est une mauvaise exécution, c'est des indicateurs de performance, des signaux faibles pas écoutés, c'est des problèmes d'égo, de relations interpersonnelles au sein de l'entreprise, etc. Donc souvent on dit que c'est le marché. Mais non, le marché, il est ce qu'il est. Ce n'est pas le marché qui fait une entreprise. Et l'entreprise est faite des hommes et des femmes qui y travaillent pour atteindre l'objectif qui se sont fixés avec la méthode la plus efficace possible. Ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Parce que c'est dans le même marché que certains sont numéro un et gagnent beaucoup d'argent. Et dans ce même marché, il y en a qui sont derniers et qui perdent de l'argent. Donc, ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Qu'est-ce qui fait la différence entre deux entreprises ? C'est ce que je viens de décliner tout à l'heure. Et je reviens à ta question de tout à l'heure sur le profit. Moi, je pense qu'il y a un échec d'emploi collectif dans le monde qui fait qu'aujourd'hui, on pousse depuis un certain nombre d'années l'entreprenariat comme étant la fin et l'oméga, la réponse à toutes les problématiques. Tout le monde n'est pas faible pour être entrepreneur. Et le monde n'a pas besoin qu'un entrepreneur. On a besoin d'infirmières, on a besoin de médecins, on a besoin de plombiers, on a besoin de boulangers. On a besoin de fonctionnaires, on a besoin de chacun de trouver la voie dans laquelle il est à sa place où il va s'épanouir. Moi, je crois à ça. Mais en revanche, c'est vrai que l'entreprenariat, quand ça fonctionne, en tout cas pour ma part, il n'y a pas plus de gratification. C'est comme un sportif de la région qui a la médaille d'or. Je pense que c'est votre entreprise et que vous l'avez fait. On est à un niveau de satisfaction de son ego qui est extrême. Mais on peut le toucher quand on est le numéro 9 d'une grande équipe de football et qu'on marque le but qui fait qu'on a gagné. On peut atteindre aussi cet excess là. Donc c'est dommage de s'enfermer dans des cases. Tout le monde ne peut pas être footballeur. Tout le monde ne peut pas être influenceur. Tout le monde ne peut pas être chef d'entreprise. Mais il y a de la place pour chacun. Il faut faire l'effort de réfléchir à ce pourquoi on est fait. Et ce qui nous fait vibrer. Et est-ce qu'on est prêt à travailler ? pour développer les aptitudes qui sont en nous, qui feront qu'on sera excellent, qu'on prendra plaisir dans ce qu'on fait. Parce que les capacités intéressantes ne suffisent pas. C'est le travail aussi qui est derrière, qui va permettre d'atteindre ces objectifs-là.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu cites le footballeur, le chef d'entreprise et l'influenceur, parce qu'en fait, ce sont ces profils-là qui sont le plus mis en avant. Donc forcément, les gens vont vouloir être soit influenciés en soi, soit footballeurs, soit chefs d'entreprise, parce que c'est que ces gens-là qu'on voit en fait. Quand il y a des interviews, quand on met des gens en avant, c'est souvent ces trois profils-là. Enfin, aujourd'hui, on est dans l'égalité des genres là-dessus. On va mettre en avant des boss lady, des entrepreneurs, on va mettre en avant des footballeurs, là c'est plutôt des profils masculins. Même si là, le football féminin commence vraiment à arriver sur le devant de la scène, mais on a vraiment ce truc de, c'est les trois profils dont on parle le plus en fait. Et du coup, c'est vrai que... Ça fait que forcément, on rêve de ce que l'on voit et on n'a pas peut-être assez de profils de restaurateurs, de gens qui tiennent une boutique, de choses peut-être plus simples, qui font moins rêver, mais qui peuvent avoir une dimension où on peut les admirer tout autant finalement que le footballeur, que le chef d'entreprise ou autre.

  • Youssouf

    Mais je crois que le système des médias mainstream nous a amené à penser que ces profils-là qu'on a choisis sont la quintessence du bonheur. Je ne veux pas opposer, mais personnellement, l'avis d'un influenceur n'est pas l'avis qui me fait rêver. Mais moi, vu de mon âge et de ma trajectoire, on va dire que tu n'es peut-être pas la cible. Ok. Mais ça, c'est l'effet médiatique. Les médias ont besoin d'étendards. Et ça, c'est normal. Maintenant, je pense que les esprits avertis, et c'est là où l'éducation joue un rôle important aussi, il faut quand même que l'environnement dans lequel on évolue, familial, amical, etc., éveille quand même en conscience chacun de regarder la trajectoire qui lui correspond. On ne peut pas avoir tout. tout un pays, tout un continent, toute une classe d'âge qui rêve d'une seule activité. Pour moi, c'est un non-sens absolu. On est au début de la manipulation. Oui, bien évidemment que de voir un joueur de basket africain qui a réussi à un NBA, etc., que ça fasse rêver, moi je trouve ça super chouette, mais souvent on reste dans l'image qui renvoie, l'image glamour qui renvoie, mais pour qu'il soit au top de l'NBA, il en a fait des heures et des heures d'entraînement, des heures et des heures de salle de musculation, des heures et des heures de placement tactique avec son équipe. Mais tout ça disparaît derrière l'image glamour, comme s'il était arrivé là par l'opération de cet esprit. Mais non, c'était un travail. Donc je pense que... Cette médiatisation de ce type de métier vient gommer ce que le travail a de noble à mon sens. Moi, je trouve que le travail, c'est la plus belle chose qui nous appartient. Quand tu as la chance de pouvoir travailler, c'est que tu as la chance de pouvoir te lever, tu as la chance de pouvoir être autonome, de faire ce que tu as envie de faire, chez toi, avec les tiens. Je pense qu'il n'y a pas plus grand bonheur que ça. Bien sûr que tu admires sur l'écran de ton smartphone telle ou telle célébrité, bien évidemment, mais on ne peut pas avoir comme seule quête pour des classes entières de générations de vouloir être dans des activités qui ne sont que des activités de paillettes et de lumière. Pour moi, il manque quelque chose, surtout quand on s'adresse à un continent comme l'Afrique. qui a la plus grande réserve de la jeunesse du monde, toutes les possibilités qu'offrent les activités humaines sur Terre. ne peuvent pas être passés sous silence pour qu'ils n'apparaissent que comme rêve pour eux, influenceurs, mannequins ou je ne sais encore quoi. C'est dommage. Avec tout le respect que j'ai pour tous les métiers qui existent, je pense que toutes les Africaines et tous les Africains ne peuvent pas rêver d'être juste des célébrités.

  • Ramata

    Je te rejoins sur ce point-là. Et je pense qu'effectivement, c'est intéressant qu'on puisse évoquer aussi le rôle des médias dans le fait de promouvoir des variétés de profils plus importantes, de mettre en avant aussi bien des scientifiques que des architectes, que des footballeurs et des créateurs de contenu, mais qu'ils aient finalement le même temps de parole. Comme ça, du coup, on est sûr qu'on va... avoir une jeunesse qui va avoir devant elle un champ des possibles beaucoup plus large que quelque chose de limité à footballeurs ou célébrités, qui sont presque les rêves que les générations passées avaient déjà. C'est comme si on ne renouvelait pas le rêve depuis. On veut tous être chanteurs, danser, être à la télé en fait.

  • Youssouf

    Ils ont l'air à la télé et ils jouent à roleplay. Je vais vous livrer une anecdote. Quand je prépare ma venue en France, L'année de mon bac, au Côte d'Ivoire, à l'époque, on déposait les dossiers à l'ambassade de France du pays et on devait choisir une université. Donc, ma mère me dit, moi je vais étudier en France, mais je ne veux pas que tu ailles à Paris, parce que tu vas devenir un bandit. Je ne veux pas que tu ailles à Marseille, parce que je n'ai pas de bonnes images de cette ville. Je veux que tu choisisses une petite ville. Une petite ville, mais moi je ne connaissais pas la France. Et je choisis la ville de Metz, comme je te l'ai dit tout à l'heure. Pourquoi je choisis la ville de Metz ? Parce que l'année de mon bac, la saison de football précédente, le meilleur buteur du championnat de France de football était un Africain sénégalais qui jouait à Metz. Donc voilà une influence. Donc je choisis cette ville parce que je suis fan de foot et parce que c'est Gilles Bocoté qui est le meilleur. le meilleur inviteur du championnat de la France de football. Donc l'influence, c'est ça. Mais elle peut être positive. Pour moi, elle a été positive. Donc ça Ausha toutes les cases. Ma mère, elle était contente. C'était une petite ville. Moi, je suis arrivé, j'ai raconté cette histoire à Jules que j'ai rencontré parce que les médias africains, à l'époque, sont très petits dans ces villes-là. Et puis je suis devenu très ami avec Bouba, qui était son cousin germain. J'ai passé de belles années à l'inverse avec Jules. C'est génial.

  • Ramata

    Génial, très belle anecdote. Merci de nous l'avoir partagée.

  • Youssouf

    C'est un plaisir.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de parler de la Maison de l'Afrique, qui vient un peu signer pour toi le côté plutôt entrepreneur, puisque tu reprends cette entreprise à une période difficile pour l'histoire de cette entreprise. J'aimerais que tu racontes déjà cette entreprise, et puis aussi que tu nous parles de la Maison de l'Afrique, puisque ce n'est pas une entreprise toute jeune. C'est plutôt une ancienne. Donc, je ne dirais pas vieille endormie, mais presque. Donc, du coup, parle-nous un petit peu de ce passage-là, de ce moment où tu te dis, voilà, je vais être à la tête d'une entreprise et pas un côté coach, mais vraiment diriger une activité. Et en même temps, je reprends finalement un patrimoine et je veux le préserver.

  • Youssouf

    C'est une belle aventure, c'est une belle rencontre. Je rencontre le chemin de la Maison de l'Afrique autour de l'année 2017 parce que je mène un projet à côté de mon activité professionnelle qui m'amène à m'investir dans la lutte contre le paludisme. Je suis très engagé dans le paludisme et j'accompagne une association qui s'appelle la Maison de l'Artémisia et on diffuse comme ça ce médicament, cette thérapie. naturelle à travers l'Afrique et on doit la développer en Afrique centrale et je connais personne en Afrique centrale. Donc je me rapproche de la Maison de l'Afrique, ça se trouve, et je découvre la Maison de l'Afrique qui m'aide à faire une belle opération là-bas. Et je reste connecté à la Maison de l'Afrique et j'apprends à la connaître. Juste que l'année 2021, qui fait suite à la crise de Covid-19, où la Maison de l'Afrique... sur sa principale source de revenus, se retrouve en difficulté puisque tout est fermé. Donc, elle a une grosse partie de ses actifs qui sont liés au monde des restaurants, etc. Donc, les restaurants sont fermés. Donc, elle a vraiment une grande difficulté financière. Et à ce moment-là, moi, je suis interrogé par le conseil d'administration que j'ai appris à connaître sur les possibilités de relance de la maison d'Afrique ou pas. Donc, ça rejoint ce que je disais tout à l'heure à l'introduction. J'ai développé une vraie expertise et de mon accompagnement. compagnies de non-cessaires, je suis vraiment expert en modélisation économique, donc je propose au Conseil d'administration de la Maison de l'Afrique de faire de la Maison de l'Afrique une agence d'intelligence stratégique. Parce qu'en fait, c'est quoi la Maison de l'Afrique ? Elle a été créée en 1974 sous l'impulsion de trois chefs d'État. Il est possible que c'est d'Arsengor, Félix Oufel-Bani et Georges Pompidou qui ont créé une société anonyme et qui ont fait représenter les 11 pays actionnaire de la Maison de l'Afrique, dans son conseil d'administration, par les présidents des chambres de commerce de ces pays africains-là, plus le président de la chambre de commerce de Paris-le-Deux-Francs, qui gérait comme actif un portefeuille de marques et de fonds de commerce, mais qui faisait beaucoup d'activités d'intermédiation, notamment des missions économiques entre la France et l'Afrique. C'était ça le modèle. Ça fonctionnait bien jusqu'à ce que effectivement se prenait le mur du Covid-19. Le changement de modèle économique, il est le suivant, c'est que quand j'en fais une agence d'intelligence stratégique, c'est que je la positionne, puisqu'elle appartient à des États africains, comme étant un cabinet de consultants apporteurs de réponses à des problèmes africains. Donc je fais de mes actionnaires mes clients. Donc dorénavant, je prête pour l'Afrique en amenant des solutions sur des problématiques de tout ordre, puisqu'on a un modèle économique hybride avec des consultants en mode projet. je peux traiter toutes sortes de questions. On accompagne une région sur la création de villes nouvelles, on accompagne un porteur de projet du côté de Montpellier pour monter un réseau de cliniques. On a créé en Côte d'Ivoire le premier salon de licence de marque, etc. Donc, la Maison de l'Afrique est devenue aujourd'hui la seule agence d'intelligence stratégique appartenant à 10 pays africains situés à Paris. qui est capable de répondre à peu près à toutes les questions d'impact économique, écologique, sociétal sur l'Afrique. Donc j'ai envie de dire que tous les porteurs de projets qui ont un projet, en tout cas vers l'Afrique, sont les bienvenus pour qu'on en discute. Quand on ne sait pas faire, on dit qu'on ne sait pas faire. Parce qu'il y a des champs d'activité sur lesquels il est plus intelligent d'aller rencontrer des organismes qui ont une expertise là-dedans. Mais on n'a pas parlé de la structuration des projets. On accompagne sur la levée de fonds, on accompagne sur le coaching du porteur de projet, parce que souvent dans le projet, c'est le profil du porteur de projet qu'il faut travailler. On fait des mises en relation, parce que malheureusement en Afrique, beaucoup de porteurs de projet sont plusieurs à porter le même projet. Et à la Maison de l'Afrique, moi ce que j'essaie de faire, c'est de dire, au lieu d'être 10 à vous battre, sur une miette, mettez-vous ensemble pour faire un beau gâteau et chacun aura une belle part. Je n'y arrive pas toujours. Donc, la Maison d'Afrique est devenue une agence d'intelligence stratégique, c'est-à-dire qu'on réfléchit à toutes les solutions techniques ou à toutes les offres qui sont sur le marché qui peuvent être une réponse à des problématiques en Afrique. Donc, soit on va les chercher et on les accompagne, soit ils viennent vers nous et on facilite leur implémentation en Afrique. Voilà ce qu'on fait à la maison.

  • Ramata

    Dans la manière dont vous accueillez les différents projets, est-ce qu'il y a une temporalité ? Est-ce que c'est la prospection d'un projet, premier trimestre et après, second trimestre, on va travailler ensemble ? Est-ce qu'il y a une temporalité dans la manière dont est organisée cette agence ?

  • Youssouf

    En fait, on l'a organisé de la façon suivante. J'ai une chef de projet, un chef qui est Mme Traoré, qui, elle, normalement dans un pitch court, doit être capable de qualifier votre projet. A quel niveau est votre projet ? Moi, je suis souvent interrogé personnellement, donc je ne comprends pas. Une fois qu'on a qualifié votre projet, on voit le niveau de maturité dans lequel il est. Et à partir de ce niveau de maturité, on va décider ensemble de l'accompagnement possible de la Maison de l'Afrique ou pas. C'est ça la clé de l'entrée. Il y a des projets qui sont matures, qui ont véritablement besoin que de fonds. Auquel cas, on a un écosystème de fonds, de banques, On va accompagner pour la levée de fonds. Il y a des projets qui malheureusement ne sont que des idées, qui ne sont pas encore au stade de projet. Donc malheureusement, on va y conduire le porteur du projet en lui demandant de travailler quand ce sera un projet de revenu vers nous. On peut aussi l'accompagner à passer de l'idée au projet, mais ça, ça se paye. Parce que c'est un travail d'accompagnement. Après, il y a des accompagnements à structuration. On a un écosystème d'incubateurs qui peut aussi acquérir des projets. et les accompagner pour les faire maturer avant d'aller vers la levée de fonds. J'ai envie de dire que tous les schémas existent. C'est vraiment du pitch et de la maturité du projet qu'on va décider si notre accompagnement est pertinent ou pas pertinent et avec qui on le fait ou pas. Et c'est vrai aussi pour des activités culturelles ou associatives. À la Maison de l'Afrique, on a beaucoup d'associations, notamment qui travaillent pour le bénéfice des diasporas africaines, région parisienne aussi, qui viennent nous voir, mais qu'on va accompagner. Des fois, pour donner plus de visibilité à leur événement, pour les mettre en relation avec ce qui peut accélérer le fonctionnement de leur événement, ou les aider parce qu'ils ont des matériels de blocage, de tellité d'aspect. Donc, voilà, j'ai envie de dire, on est un peu les médecins de la promotion économique, artistique et culturelle. À partir d'une consultation de 15 minutes, on est capable de tirer l'ordonnance. Sur le site internet, ce qu'on appelle « boostprojet » , on se rencontre. Et au bout d'un quart d'heure, normalement, on est capable de vous dire si on peut travailler ensemble ou pas et ce qu'on peut vous apporter.

  • Ramata

    Très bien. J'aime bien cette notion de médecin. C'est nous qui décidons quand on a besoin d'aller voir le médecin. Exactement. Donc, il n'y a pas de temporalité. C'est par rapport à nous, où on est. On a peine, on va, j'imagine qu'il y a à travers le site Internet la possibilité de poser, de déposer son projet, de prendre rendez-vous.

  • Youssouf

    Il y a la possibilité sur le site Internet, effectivement, de prendre rendez-vous, de s'inscrire. On a un onglet pour son projet sur lequel on peut poster son projet. Et même, on a un onglet global sur lequel on peut être protecté. Je pense que vraiment, le site Internet est le plus important. le passage le plus adapté parce qu'aujourd'hui, le temps, c'est de l'argent. Pendant longtemps, les gens sont déplacés pour venir à la maison de l'Afrique. C'est tout délicat parce qu'on ne peut pas recevoir sans rendez-vous. On est quand même assez sollicités. Donc, pour faire gagner du temps à tout le monde, autant se déplacer à la maison de l'Afrique quand on a rendez-vous.

  • Ramata

    Très bien. Et aujourd'hui, en tant que business model, en fait, ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est quand il y a besoin de structuration, d'accompagnement, c'est moyenne en finances pour un porteur de... projet, est-ce que tu peux expliquer quels sont les différents dispositifs qui existent et puis comment ça marche ? Parce que j'imagine qu'à la suite de cet épisode de podcast, les demandes vont affluer et qu'on sache quand même quelles sont les modalités.

  • Youssouf

    Alors, on va dire la modalité la plus classique. Vous entendez ce magnifique podcast. Le matin, vous vous dites, waouh, j'ai un super projet. Pour la Guinée, tiens, je vais consulter la Maison de l'Afrique. Donc, vous allez sur le site de la Maison de l'Afrique. Et là, vous nous envoyez un mail en disant, voilà, moi, j'ai un projet pour aller dans tel domaine d'activité en Guinée. Est-ce qu'on peut se rencontrer ? Donc, on va fixer d'abord un rendez-vous qui va être en visio. On va discuter un peu du projet. On va vous demander, vous envoyer un pitch projet. Donc là, on va… On va se retrouver, si vous passez ce cap-là, on va se retrouver pour parler du projet et pour bien identifier l'étape où est le projet. Et à ce moment-là, on va vous faire une proposition de l'accompagnement que l'on peut faire. Donc, si vous êtes au stade où on doit vous accompagner pour lever des fonds, je prends cet exemple-là parce que souvent, on est approché pour ça. On dit, mon projet ne se réalise pas parce que je n'ai pas des fonds. Je déçois beaucoup les gens parce que je dis que ce n'est pas l'argent le problème. Ce n'est pas l'argent le problème. On peut vous mettre en relation avec des banques, avec des fonds, etc. Mais ce n'est pas ça le problème. C'est la qualité de votre projet. C'est les objectifs visés par votre projet. C'est ce que votre projet apporte dans le marché que vous visez. C'est le profil de ceux qui portent le projet. Parce que ce n'est pas facile à entendre. Mais on ne prête de l'argent qu'à des gens en qui on a confiance. Souvent, j'entends dire qu'on prête de l'argent à ceux qui peuvent rembourser. Non, on prête de l'argent à ceux en qui on a confiance. Parce que cette confiance, elle se traduit par le fait qu'on pense qu'il mettra tout en œuvre pour réussir son projet, donc il nous remboursera. Parce qu'il y a des gens qui ont beaucoup d'argent, mais qui ont énormément de dettes, parce que c'est des mauvais payeurs. Donc, une fois qu'on a qualifié votre projet, on va se mettre d'accord sur l'accompagnement. Si on prend l'exemple d'un accompagnement à lever des fonds, on a ce qu'on appelle un retainer. C'est comme un frais de dossier par lequel on va commencer à les utiliser pour, moi, je vais aller chercher tel et tel consultant pour structurer votre projet. Parce qu'un projet doit être présenté. de telle et telle manière, notamment sur le business model et le business plan, en général, quand on est porteur de projet, on ne sait pas faire ça. Ça, c'est une expertise. Mais parce que j'aurai une qualité d'écriture de mon business model et de mon business plan, ça va faciliter ma levée de fonds. Et ça, ça se paye. Et souvent, là, on en perd déjà un certain nombre. Et ensuite, on va faire appel à notre écosystème de fonds, de banques, etc., qui disent, super, ce projet, j'y vais. Et après, il y a plusieurs formules, soit il vous faut un prêt, soit c'est une equity, rendre votre capital, etc. Tous les modèles sont possibles. Et puis, il y a d'autres projets sur lesquels, quand on sort de la première réunion, on se rend compte que finalement, le projet n'a pas besoin d'argent, il a besoin de temps et de maturation, parce que je dis souvent, les premiers revenus d'une activité, c'est le chiffre d'affaires qu'elle génère. On ne peut pas monter un projet pour aller demander un prêt. On monte un projet parce que ce qu'on propose dans son marché va générer du chiffre d'affaires qui va donner du résultat à l'activité. C'est ça la raison d'être dans le projet. Si c'est pour lever des fonds, il n'y aurait pas tant de fonds blancs en Afrique. Ce n'est pas l'argent qui règle le problème. Ce qui règle le problème, c'est tout ce dont on a parlé en entant de podcast sur lequel il faudrait presque des heures et des heures de cours pour le comprendre et l'entendre. Donc, une fois qu'on a bien discuté du projet, bien compris les teneurs aboutissants du projet, on va venir clarifier l'accompagnement possible ou pas de la Maison de l'Afrique et de son écosystème. Parce que tout ça, on ne le fait pas seul. On le fait avec des partenaires consultants, on le fait avec des institutions. Quand c'est en Afrique, puisque les actionnaires de la Maison de l'Afrique sont des chambres de commerce, si votre projet est dans un pays d'un de nos actionnaires, donc voilà un boulevard aussi. pour vous faire entrer à côté d'experts de chambre de commerce pour vous accompagner sur le projet. Donc souvent, je dis, l'accompagnement est presque plus important que les sous finalement que vous allez lever. Mais ce n'est pas toujours facile à entendre de prime abord, mais beaucoup des projets qu'on a accompagnés aujourd'hui sont successifs, pas tant par les fonds qu'on a levés, mais par l'écosystème qu'on a mis autour du projet.

  • Ramata

    Avec Maison de l'Afrique, ce que tu me disais, c'est que vous avez différentes initiatives et que vous pouvez intervenir sur différents secteurs d'activité. Moi, c'est vrai que mon focus, c'est les industries culturelles et créatives. Et je sais qu'il y a eu une initiative qui s'appelle Culture Pagne, sur laquelle la Maison de l'Afrique a été partenaire, voire même plus à l'initiative d'eux. Est-ce que tu peux m'en parler ?

  • Youssouf

    Oui, Ramata, c'est une belle histoire, cette histoire de culture Pâques. En fait, elle démarre comment ? La Maison de l'Afrique est partenaire d'un événement à Abidjan que je trouve extraordinaire, qui est le Festival Abidjan Pâques. Nous accompagnons depuis trois ans ce festival qui, pendant deux jours, célèbre le Pâques. Et dans cet accompagnement-là, il y a deux ans en arrière, la Maison de l'Afrique décide d'y amener des personnes qui comptent dans l'industrie de la mode et du Pâques. J'y amène Alpha D, que tout le monde connaît, premier couturier africain de classe internationale. Et j'amène Anne Grosfilet, qui est l'experte du pagne et des tissus dans le monde, anthropologue et docteur, chercheur en pagne. Et à la sortie de ce festival Culture Pagne, en écoutant Anne Grosfilet, je ne suis pas un expert de toutes ces questions-là, vu d'un côté scientifique, mais je découvre tout le bagage de liens entre le... la docteure scientifique de l'histoire du paille et des tissus, mais aussi liée à l'histoire africaine. Et en discutant avec Anne, je lui dis, mais ce que tu racontes là, comment on pourrait le rendre accessible au plus grand nombre ? Parce que finalement, on est peu à savoir à quel point le paille et le tissu est un titre de l'histoire africaine. De là naît l'idée de faire un programme vidéo. Donc, on décide de faire une série de 15 vidéos dont la Maison de l'Afrique est propriétaire et dont le contenu est propriété intellectuelle de Anne Grosfilet, qui avec son mari Claude Boli, qui lui est historien, écrit tout le storytelling. Donc, on a 15 épisodes qui sont écrits. La Maison de l'Afrique a financé les trois premiers épisodes qui sont visibles sur nos... sur nos réseaux sociaux. Et là, nous sommes en recherche de fonds pour financer les 12 autres programmes pour compléter les 15 vidéos courtes pendant lesquelles Anne Groffilé et Claude Boli viennent expliquer le lien entre le tissu et l'histoire de la construction africaine. Donc, on vient de découvrir, par exemple, quand arrivent tous ces tissus colorés en Afrique parce qu'à la base, finalement, en Afrique... qui est connu par des vêtements de couleurs flamboyantes. En réalité, l'histoire du textile africain est en blanc, en fait. Et ça, c'est absolument extraordinaire. On vient découvrir comment les outils de tissage ont été amenés plutôt par les religions, comme l'islam, par exemple, chose que moi, j'ignorais. Donc, c'est un programme absolument fabuleux qu'on a monté de toute façon. pièces, donc avec deux experts, et qu'aujourd'hui, nous cherchons à financer pour terminer le programme.

  • Ramata

    Très bien. Donc, ce que tu évoquais, c'est que les trois premières vidéos, en fait, d'Anne Groschilet et de son mari historien, M. Gauly, elles sont aujourd'hui accessibles sur YouTube. Donc, je mettrai en fait le lien en note de l'épisode du site internet de la Maison de l'Afrique et aussi de la chaîne YouTube, afin qu'on puisse découvrir ces trois premiers épisodes. Au niveau du financement que vous cherchez, c'est plutôt du financement entreprise ou des particuliers en fait ?

  • Youssouf

    Alors, on n'a pas fait de crowdfunding pour l'instant. Moi, je cherchais plutôt un mécène pour pouvoir associer une marque. Puisqu'on est dans le domaine du paille, du tissu, etc. Je pense que ça fait sens que ce soit une paille, que ce soit une marque. On cherche une marque, un mécène en tout cas, qui a envie de mettre à disposition 150 000 euros pour que ce soit financé ce programme-là au bénéfice de tout le monde. Ou ça peut être aussi une chaîne de télévision ou un média de diffusion. Ça pourrait être Canal, ça pourrait être Netflix, ça pourrait être France 2. Voilà un contenu éducatif qui, par le tissu et le pagne, vient d'ailleurs raconter l'histoire de l'Afrique. Moi, je trouve que c'est un sujet passionnant.

  • Ramata

    Tu prêches une connexion.

  • Youssouf

    Donc, les fonds peuvent venir de là. Pour l'instant, on n'a pas de retour successful, mais on ne désespère pas. On a des très très bons contacts. Après, on est aussi agile sur la modélisation de ce qu'on a fait dans les trois premiers épisodes. S'ils doivent évoluer, ça, c'est aussi possible. Toujours est-il qu'il y a une belle matière aujourd'hui à partager. Et ce programme-là est vraiment né de l'initiative de la Maison de l'Afrique de Havel.

  • Ramata

    Très bien. Et en plus, il y a quelque chose d'éducatif qui demande, presque donne envie à... Faire en sorte qu'ils soient accessibles dans des écoles. Parce que moi, pour travailler dans de nombreuses écoles de mode, moi, je pousse de plus en plus pour qu'il y ait des heures qui soient prévues pour qu'on parle d'autre chose que de la mode occidentale. Alors bon, moi, j'arrive en disant, je vous parle d'Afrique, mais on peut parler de Chine, on peut parler d'Amérique latine, on peut parler de plein de choses qui ne sont pas la mode occidentale pour éveiller les esprits. de profils créatifs qui ont besoin d'être nourris par autre chose que finalement je reste dans mon cercle et dans mon univers. Alors je fais toujours attention à ce qu'on... Ça me permet d'aborder aussi le sujet de l'appropriation culturelle, d'être dans les logiques de quand on ne sait pas et quand on n'a pas effectivement de films, de livres, de matières qui permettent de finalement raconter l'histoire et qui va permettre aussi de servir un peu de... de preuves, quand on n'a pas ça, c'est facile pour d'autres de venir s'accaparer. Et il n'y a personne qui peut dire « Ah bon, ça c'était à vous, mais comment ça ? » On ne sait pas, en fait. Donc on a besoin, effectivement, de contenu. Et effectivement, ça coûte de l'argent. Et ça, on n'en est pas forcément conscient. L'Occident, dans leur manière de s'auto-promouvoir, il dépense énormément d'argent. à promouvoir leur nourriture, leurs vêtements, leurs films, leur art. Et du coup, il y a une certaine hégémonie. Et parfois, je pense qu'on a du mal à le faire, mais ça commence à bouger au niveau des industries culturelles et créatives africaines. Parce que je peux entendre qu'il y ait d'autres sujets qui soient prioritaires, mais en même temps, ça fait quand même partie d'un soft power. et qui est important de mettre en avant. Et après, on s'interroge moins sur ces questions d'appropriation culturelle parce que nous, on a fait notre travail aussi de protéger notre savoir-faire. Moi,

  • Youssouf

    je suis moins intelligent que toi. Je n'entends pas qu'il y ait d'autres priorités que ça. Je ne vois pas qu'est-ce qui est plus prioritaire que de savoir qui on est. Il n'y a rien de plus prioritaire que ça. On doit que deux choses à ces enfants. Si on considère que les Africains sont les enfants de l'Afrique, moi en tout cas j'essaie de faire pour les biens dans l'éducation, c'est une conviction forte que j'ai. À ces enfants, la première chose qu'on doit, c'est des racines. Ils doivent savoir qui ils sont, d'où ils viennent, pourquoi ils sont là. Et la deuxième chose qu'on leur doit, ce sont des ailes. les plus grandes possibles pour qu'ils s'envolent, qu'ils s'en aillent le plus loin possible de nous, si possible. Alors qu'on fait l'inverse. On nie les racines, on ne parle pas, on ne dit rien, on ne sait rien de ce qu'on est. Personne n'est tombé du ciel, on est de quelque part. Et les ailes, surtout, on les coupe pour qu'ils restent à côté de nous et soient bien serviables. Donc, il n'y a rien de plus prioritaire qu'à travers un programme comme Culture Paine. Ça raconte 1000 ans d'histoire de l'Afrique. Qu'est-ce qui est plus précieux que ça ? Si on date un peu notre interview, on est au mois de mai de l'année 2025, actuellement à Paris, se tient, pour la première fois de l'histoire de la France, une exposition au Centre Georges Pompidou qui s'appelle le Paris noir. J'ai vu tout le monde aller le voir. C'est extraordinaire. 1930-2000, ce que les Africains, les afrodescendants, Les États-Unis, les Caraïbes, etc. Mais les racines, c'est fondamental. Apprendre, c'est fondamental. Donc, les industries créatives participent aussi à ça. Quand on découvre des artistes qui sont contemporains de Picasso, ce qu'ils ont fait en compétition de peinture avec lui, je ne suis pas là dans une classification, je suis là pour dire qu'il faut savoir qu'il y a eu des gens qui ont peint en même temps que le peintre le plus cher au monde et qui ont fait des choses. Après, chacun appréciera. Donc, moi je suis moins clément que toi, je pense que la première ligne d'investissement pour les Africains, c'est l'instruction et l'éducation. C'est rien d'autre. Tout le reste c'est de la prose. Sinon ça fait longtemps qu'on serait développé. Tout le reste c'est de la philo. Si vous avez un continent de gens instruits et éduqués, vous n'avez plus de problème sous développement.

  • Ramata

    pas beaucoup l'ont prouvé, notamment en Asie. Donc, après, on n'aime pas tout ce qu'ils ont fait, mais clairement, les investissements en éducation, il n'y a pas de... Donc,

  • Youssouf

    on fait la même chose pour la musique. On a un programme qui s'appelle Africa Proud, qu'on accompagne depuis deux ans maintenant. Didi Mogreen fait un concours où il donne accès à des chanteurs africains partout en Afrique. à la diffusion de leurs titres en digital sur les plateformes. La Maison d'Afrique, la propagne, on va re-signer avec lui pour faire la deuxième édition cette année. On a l'avisage de faire la même chose dans le livre. Pour l'instant, c'est un peu prématuré de l'annoncer, mais j'ai rencontré la dirigeante d'une des premières maisons d'édition africaine sur la place de Paris. On s'est parlé samedi, parce qu'elle partait à Dujan pour le sein du livre. de Côte d'Ivoire en train de réfléchir à ça. Le champ du possible sur les institutions créatives et culturelles est tellement vaste que pour moi, c'est la priorité. Et c'est vrai, dans plein de pays en Occident, on se souvient plus de l'impact de dirigeants d'institutions culturelles. que les dirigeants d'autres institutions, parce que la culture et l'éducation, c'est ça qui fait société, en fait. Tout simplement.

  • Ramata

    Et du coup, est-ce qu'on a accès à des projets qui ont été accompagnés par la Maison de l'Afrique, via le site, ou est-ce que vous communiquez du coup sur les...

  • Youssouf

    Non, on communique très mal sur nos succès. On ne peut pas avoir toutes les qualités.

  • Ramata

    Donc c'est là qu'Africa Fashion Tour va intervenir de manière mensuelle, mettre en avant la success story de la Maison de l'Afrique. Et puis chaque mois, parce que c'est ça aussi qui permet de consolider une vision et aussi de témoigner de ce projet-là. Il était à ce stade-là quand on l'a découvert. Voilà où est-ce qu'on en est en fait. Et c'est ça qu'on a besoin de voir avec toutes les explications que tu nous as partagées là. ne pas arriver en se disant, ceux qui arrivent en se disant, moi j'ai besoin de lever des fonds, ils vont voir des exemples concrets, ce ne sont peut-être pas les fonds en premier, il faut avoir la preuve du marché, et cette preuve-là on peut la voir sans forcément dépenser trop d'argent au départ.

  • Youssouf

    C'est vrai qu'on n'a pas une stratégie de communication proactive sur le succès, ça c'est un peu lié, on a des défauts de sa qualité, moi j'ai grandi dans un environnement où... M. Moutkato m'a appris à ne pas faire trop de bruit et à plutôt travailler. Donc, on est dans cette logique-là. Mais c'est vrai que notre écosystème au sein de la Maison de l'Afrique, lui, bénéficie de ça. Quand on fait des événements, nous avons créé la Maison de l'Afrique, par exemple, le CERC d'Affaires, qui s'appelle CERC, LMDM 1174, où nous avons des entreprises qui travaillent ensemble. Et à ces événements-là, je rencontre ici un networking. beaucoup de gens qui peuvent échanger sur les succès. Donc ça se fait dans l'écosystème de la Maison de l'Afrique. C'est vrai que je n'ai pas pris le parti d'avoir une communication extérieure qui peut parfois ressembler, mais ça c'est ma perception, ça peut être fausse, à cette cacophonie de la successfull racontée sur tous les réseaux médias du moins succès qui viendraient. peut-être cacher des choses qui ne vont pas, qui sèment le tout. Peut-être que j'ai cette croyance-là qui me limite dans la communication des succès de la Maison de l'Afrique. Mais je prends note. On a besoin d'exemples.

  • Ramata

    On a besoin d'exemples. C'est ça. Connaître la Maison de l'Afrique et aller sur le site, c'est une chose. Mais de voir que le petit frère, le cousin, le grand frère... Et passer par là, c'est aussi des moyens sans être dans... On ne va pas être dans une com qui est « on va vous montrer le footballeur qui a réussi à faire ce que le créateur de contenu » On va plutôt être dans comment l'entrepreneur doit travailler aujourd'hui parce qu'on a envie de donner des clés d'apprentissage, faire en sorte que si le plus grand nombre sait comment il faut faire...

  • Youssouf

    Nous, on veut la recette du succès. On a déjà parlé de la recette.

  • Ramata

    Moi,

  • Youssouf

    je veux la recette. Moi, je veux la recette. Mais moi, je veux la vendre. Je reste trop en train de faire. Donc, voilà. Voilà. Mais c'est évident qu'on a un devoir. On a un devoir de transmission. On a un devoir d'exemple. Et la Maison de l'Afrique, je le dis, c'est une entreprise qui appartient à 10 États africains et à la France. C'est un modèle unique. Une entreprise qui a 50 ans, qui est autonome par ses activités, qui est panafricaine par son actionnariat, c'est vraiment quelque chose qui doit inspirer et doit vraiment donner un élément de fierté à tous les Africains. Donc, c'est possible que l'Afrique s'unisse pour bâtir une activité pérenne pendant 50 ans. Oui, c'est possible.

  • Ramata

    Et ça, on a besoin d'en entendre parler, surtout par les temps qui courent.

  • Youssouf

    C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai. Donc, promis ! On tâchera d'être à la hauteur déjà à travers ton podcast régulier. Avec plaisir. Mais vraiment, on veut bien témoigner de ça.

  • Ramata

    Tu disais que tu as repris l'entreprise un peu après le Covid, où l'entreprise était en difficulté. Aujourd'hui, après quelques années d'activité et de reprise, et j'imagine de transformation, En fait, du modèle économique, quel bilan tu fais ? Donc, tu as transformé le business model. Et du coup, j'imagine que tu as challengé les actionnaires et tu as été aussi challengé, j'imagine. Donc, quel bilan tu fais de ces quelques années ? Ça fait 4 ans, en fait ?

  • Youssouf

    3 ans et demi. Le bilan Biparcours est très, très bon. Moi, je parle de la maison de l'Afrique. Le bilan est très très bon. Voilà une entreprise qui est aujourd'hui solide sur ses appuis. Donc on a sécurisé les actifs. La Maison de l'Afrique a sécurisé ses actifs. Je pense que les actifs, on les a multipliés au minimum par 5. On va faire une évaluation au niveau 6 des actifs de la Maison de l'Afrique. Donc ça, c'est une très très belle opération. La deuxième chose qui rassure sur le futur, c'est le modèle économique. d'intelligence stratégique qui fait le pont entre des technologies, des savoir-faire, des projets entre l'Europe, la France et l'Afrique, c'est pertinent. Parce qu'il y a une histoire de plus de six siècles avec la France pour des périphériques confins, ce qui fait que dans tous les cas, sur les questions économiques, artistiques et culturelles, la coopération entre la France et l'Afrique ne s'arrêtera jamais. Donc, d'avoir un modèle économique qui soutient ça, c'est très bien. Et comme il est adossé à un modèle d'organisation agile, c'est-à-dire qu'on travaille en mode projet, on a des consultants pour tous les sujets, je suis capable de tout adresser. Le projet le plus lourd qu'on met à la Maison de l'Afrique, c'est un projet à 15 ans pour bâtir une ville nouvelle. C'est un projet qui va chercher autour de 150 millions d'euros, ne serait-ce que pour l'implémentation. 15 On a un projet qu'on a instruit pour le Cameroun, c'était pour faire une clinique, mais avec les échanges, avec le fond, on s'est rendu compte qu'on pouvait plutôt faire un réseau de cliniques. Donc on allait chercher 1,25 millions d'euros, aujourd'hui on va chercher 50 millions d'euros pour faire en 5 ans un réseau de cliniques. Voilà la force d'un modèle économique celui-ci, mais ça vous le faites parce que vous avez mis un écosystème agile autour. Donc c'est les consultants autour qui nous ont challengés pour nous amener sur ce genre de projet-là. C'est solide aussi parce qu'on peut partir d'une feuille blanche pour créer des choses. Nous sommes partis d'une feuille blanche puisqu'en 2022, on s'est rendu compte qu'un des actifs importants de la Maison de l'Afrique, c'était les marques et les licences de marques. Nous avons créé Brands Africa, qui est un label qui est en train de valider à la Chambre de commerce du Bénin et des Côtes d'Ivoire. Un label qui va permettre aux marques africaines d'être identifiées, d'être accompagnées en protection et d'être promues. Et pour booster la promotion des marques africaines, nous avons créé un salon dont la première édition a lieu en Côte d'Ivoire à Pétion en octobre 2024, qui est le premier salon de licence de marque. Par ce salon-là, on ouvre une porte. aux entreprises africaines, aux marques africaines, aux territoires africains, au marché de la licence de marque. Le marché de la licence de marque dans le monde, c'est 350 milliards de dollars. L'Afrique fait zéro. Donc, j'arrête là les exemples parce qu'il y en aurait beaucoup. Donc, l'avenir, il est radieux. Les bases de gestion sont celles, l'organisation, elle est simple, les visibilités, elle est bonne, le modèle économique, il tient la route. Maintenant, il faut des hommes et des femmes qui nous amènent nos projets. vous mettre dans le carburateur et puis on avance.

  • Ramata

    Que de bonnes nouvelles. Décidément, cette recette du succès, tu vas pouvoir la vendre dans ton château.

  • Youssouf

    En tout cas, avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je répète. Je répète avec beaucoup de tranquillité. Beaucoup de tranquillité. Je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvée pendant 35 ans. Quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est aussi en secteur. Vous ne pouvez pas être coup. C'est impossible.

  • Ramata

    Ce sera le mot de la fin. On va rester là-dessus.

  • Youssouf

    Je te remercie.

  • Ramata

    Merci à toi. À très bientôt.

  • Youssouf

    À bientôt. En Afrique, ouais. Oui.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Youssouf Kamara

    00:00

  • Rencontre avec les créateurs africains et leurs parcours

    00:27

  • Parcours académique et professionnel de Youssouf Kamara

    01:28

  • Vision de l'entrepreneuriat en Afrique

    02:36

  • Les défis et succès dans le secteur du retail

    06:50

  • La recette du succès entrepreneurial selon Youssouf

    10:36

  • Transformation de la Maison de l'Afrique

    13:49

  • Initiatives culturelles et créatives en Afrique

    19:41

  • Importance de l'éducation et de la résilience

    25:21

  • Conclusion et réflexions finales

    29:15

Description

Youssouf Camara est le directeur de la Maison de l'Afrique, une institution au statut unique puisque à la fois française et panafricaine, dont l'ambition est de contribuer à la structuration et au déploiement d'initiatives de développement.


De ses jeunes années en Côte d'Ivoire aux comités de direction de grandes entreprises françaises, son histoire est celle d'une ascension, d'une conquête, mais aussi d'un retour aux sources.


A travers son rôle de Directeur Général de la Maison de l'Afrique, il œuvre concrètement à


  • Mettre en lumière l'expertise et le talent africain, dans la mode, le design, l'art et bien d'autres secteurs clés.

  • Révéler les clés du succès dans la gestion des entreprises

  • Développer des projets d'expansion et de collaboration entre l'Afrique et le reste du monde, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de croissance.

  • Maitriser la chaîne de valeur de la promotion culturelle, en valorisant les savoir-faire locaux et en créant des plateformes d'envergure.

  • S'engager à transmettre son savoir-faire et à former la prochaine génération de leaders et d'entrepreneurs africains.


Cette interview est une véritable masterclass pour qui ambitionne de développer une initiative florissante sur le continent africain


Pour aller plus loin,

  • Porteurs de projet, cliquer ICI pour présenter vos projets à la Maison de l'Afrique

  • Projet Culture Pagne


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Youssouf

    Je répète avec beaucoup de tranquillité, beaucoup de tranquillité, je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvé pendant 35 ans, quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est une science exacte, vous ne pouvez pas échouer, c'est impossible.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Youssouf Kamara, le président de la Maison de l'Afrique. Il a occupé des postes de direction commerciale au sein de grandes entreprises françaises, telles que Decathlon, Kiabi, Intersport et Célio. Il a également évolué chez France Loisirs. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de sa carrière d'expert en gestion d'entreprise et de son rôle de président de la Maison de l'Afrique. Bienvenue Youssouf. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours. Je vais te demander de te présenter.

  • Youssouf

    Bonjour Amata, merci de me recevoir. Merci de ta chaîne, c'était un grand plaisir. Alors moi je suis Youssouf Kamara, je suis le directeur général de la Maison de l'Afrique actuellement. Je suis un afro-descendant, comme j'aime souvent me décrire, marié, père de quatre enfants, aujourd'hui dirigeant d'entreprise de la Maison de l'Afrique, mais également coach de dirigeants, j'ai une activité de coaching par ailleurs. et je suis administrateur indépendant de quelques entreprises en Europe.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, cette description, elle nous laisse présager une interview passionnante. Moi, j'ai envie de commencer par te demander quels ont été en fait ton parcours en termes d'études et ensuite tes premières expériences professionnelles.

  • Youssouf

    Alors, en termes d'études, je vais remonter jusqu'au bac, parce qu'avant, on va dire que tout ça se passait en Côte d'Ivoire. J'ai eu mon bac. dans une bonne ville qui s'appelle Dabou, qui est donc du côté de la Côte d'Ivoire. Et je suis venu en France pour faire des études de commerce, puisque j'étais orienté en sociologie et je n'avais pas envie de faire ces études-là. Donc je suis arrivé dans la bonne ville de Metz, où j'ai fait un DEC, à l'époque c'était des études en deux ans, d'administration économique et sociale. Et là, j'ai rencontré un ami qui était mentor. Je le cite pourquoi ? Parce que je pense que dans notre trajectoire, on a toujours des tiers privilégiés dont les conseils orientent notre vie. Et moi, tout au long de mon parcours, ça a été ça. Donc, Joseph, Joe, m'a dit, écoute, je pense que pour atteindre ton objectif d'être dans les affaires, tu ferais mieux de faire une école de commerce. Alors, je n'avais pas de grand moyen à l'époque. J'ai quand même bien moi réussi à rentrer à l'école de gestion de commerce qui appartenait au groupe ESC Reims à l'époque, où je suis sorti diplômé en 1989. Et donc, j'ai comme background, le moment où je rentre dans le monde professionnel, un baccalauréat et un diplôme d'école de commerce. Donc, je fais un stage de consultant junior à l'époque chargé d'études. et à l'issue de mon stage le cabinet Rosselle Consultants décide de me prendre un contrat. Donc je démarre mon premier contrat en France en 1989, quand je me chargeais l'étude de junior dans un cabinet d'études de marketing industriel du côté de la Marne, du côté de Reims, où j'avais resté trois années. Voilà en fait comment je rentre dans la vie professionnelle en France, sachant que quand j'y étais venu, mon objectif c'était après mes études de retourner en Afrique. Voilà, donc j'ai gardé toujours ce désir de retour en Afrique parce que je pense que quand on est afrodescendant, loin de son continent, on a toujours ce rêve-là. Il prend plusieurs formes. On a toujours le rêve de faire quelque chose avec, ou en tout cas sur le continent. J'y reviendrai un peu plus tard. Peut-être que c'est ce qui explique qu'aujourd'hui, je suis à la maison de l'Afrique. On ne sait pas. Voilà, donc je démarre comme consultant. Pendant trois ans, j'ai la chance d'avoir décroché au super travail. Il faut dire que je me suis donné pendant le stage. J'étais... pas le dernier à quitter le bureau et j'étais plutôt le premier à être là au bureau le matin. Mais je m'ennuyais un petit peu parce qu'à l'époque, après l'école de commerce, le métier de consultant faisait rêver énormément d'étudiants. Moi, je me suis ennuyé parce que ça ne me gênait pas assez pour moi. Et à ce moment-là, à un mariage, je rencontre un ami, il s'appelle Nuno Iberic. qui était directeur d'un magasin d'écatelons. Il me parle de son métier. Je lui dis, mais ce n'est pas possible. On ne peut pas parler de son métier avec autant de passion. On peut être éru comme ça dans un boulot. Et voilà, pour le moment, je décide de rentrer. Donc, on est en 1992, de rentrer dans la grande distribution spécialisée, puisque c'est comme ça qu'elle s'appelle, la Sremona, le retail. Et je rentre chez l'écatelons. Et là, on me dit... « Monsieur le camarade, c'est bien votre diplôme, c'est bien votre expérience de consultant. » Mais chez nous, Decathlon était une petite boîte à l'époque. Elle démarrait, elle était numéro 3 de sport en France à l'époque. On dit chez nous, tout le monde commence responsable de rayon. Je n'ai pas de problème. Donc, j'ai à peu près divisé mon salaire par deux. Et j'ai démarré responsable de rayon chez Decathlon, où j'ai passé quatre années formidables.

  • Ramata

    J'ai envie de revenir sur le début de cette présentation, où tu évoques le fait que tu voulais faire des affaires. D'où ça venait, cette volonté de faire des affaires ?

  • Youssouf

    Alors, moi je crois que je l'ai en moi. Alors, est-ce que c'est mon côté Bambara Djula ?

  • Ramata

    Merci. Je t'ai laissé le dire. J'allais dire, mais d'où ça vient ? Mais en fait, ça c'est dans le sang.

  • Youssouf

    Mais c'est un peu dans le sang, Ramatha. Je pense que c'est dans le sang, parce qu'effectivement, déjà jeune... Un Côte d'Ivoire, je faisais un peu comme au quartier. J'avais des petits business. Et puis, j'aime ce côté des affaires qui sont la création de richesses à partir, pas de rien, mais à partir d'une idée, à partir de rencontres, etc. Donc, j'avais un peu ça en moi. Donc, je ne me projetais pas dans ce que promettait une étude universitaire. C'est-à-dire, être dans un bureau, être fonctionnaire, ce n'était pas mon... Du coup, fort de mon expérience aujourd'hui, je me dis que quand tu arrives à savoir véritablement ce que tu aimes faire et que tu en fais ton activité, tu te donnes vraiment beaucoup de chances de réussir.

  • Ramata

    Vraiment. Donc, du coup, tu as une carrière et vraiment une solide carrière dans l'univers du retail pour des marques françaises. Donc, tu as commencé par Decathlon, je sais que tu es passé aussi chez Intasport, chez Kiabi, chez Cellio, il semble. Et je pense que toi, tu as connu les débuts de ces marques-là et les périodes faces de ces marques-là, où en termes de part de marché en France, c'était énorme. Et puis, en termes de possibilité de développement, expansion, tous les indicateurs étaient ouverts. Donc, est-ce que tu peux... Quel est ton souvenir de cette période ? Je ne vais pas dire que c'était les 30 glorieuses des marques de mode françaises, mais un peu quand même. Surtout que là, on est en 2025, et qu'on entend plutôt des redressements judiciaires de marques françaises. Qu'est-ce que tu as gardé comme souvenir de cette période-là ?

  • Youssouf

    On peut le dire comme ça parce qu'on vient après le film, mais quand on remet dans le contexte, moi je crois, en tout cas depuis que je travaille, qu'il n'y a aucun cycle facile pour les entreprises. Il n'y a absolument aucun cycle facile, tu l'as dit, j'ai travaillé chez Decathlon, j'ai travaillé chez Seyo, j'ai travaillé chez Intersport. J'ai travaillé aussi chez France Vizier, qui appartient au Berthelsmann. C'est l'entreprise qui est un groupe allemand. C'est l'entreprise où j'ai passé le plus de temps, puisque j'y ai passé 12 ans. Qu'est-ce qu'il y a de commun sur la période de création de valeur forte de ces entreprises-là ? Je pense que ce qu'il y a de commun, c'est un cap clair, un objectif très, très clair sur ce que les dirigeants de ces entreprises voulaient en faire. Et ensuite... C'est une discipline dans l'exécution du plan d'action qui était vraiment imparable. Je reviens au tout début sur Decathlon en 1992, quand Decathlon se fixe comme cap d'être le premier fabricant d'articles de sport au monde. et ensuite le premier distributeur d'articles de sport au monde. Je pense que l'écosystème et les clients n'entendent pas ça. Parce qu'à ce moment-là, Decathlon est plutôt un petit distributeur d'articles de sport. Je crois que c'est une entreprise qui, à partir de ce cap-là, s'est disciplinée pour devenir ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Et c'est aujourd'hui que les gens découvrent finalement, avec l'ensemble des marques, que Decathlon est le premier fabricant d'articles de sport au monde. Mais ils l'ont décidé. début des années 90. Et ça me permet d'ouvrir aussi ce champ du temps long. Je pense que c'est une croyance erronée de penser qu'on peut réussir rapidement. Trop souvent, dans les médias, la communication, on a toute l'impression que les succès entrepreneuriaux se font sur les temps courts. Moi, je n'y crois pas. Même les GAFAM. au moment où elles sont au maximum de leur rentabilité, elles ont des décennies derrière, mais qui ne sont pas racontées dans le storytelling. C'est le lieu, c'est pareil, quand moi j'arrive chez Cilio comme directeur régional, à l'époque une marque très très forte sur la région parisienne, et Paris m'est assez peu présente en province. Il y a du monde sur le marché de l'habillement de l'homme, et toutes ces marques-là se cherchent un petit peu. Et c'est lui à cette époque-là, À même temps, en termes de diversification, je me souviens d'une diversification qui s'est bien faite sur le marché de l'enfant qui était un marché très porteur à l'époque, Célio Kids, mais qui a fermé. Et à ce moment-là, les dirigeants se sont recentrés et c'est là où le slogan Célio, c'est l'homme a été produit. Donc on revient encore à un cas clair. Je veux être la marque référente des hommes. Je veux habiller les hommes partout. Donc, ça, c'est l'exemple de Célio, l'exemple de Kiabi. On peut le citer. C'est vrai qu'aujourd'hui, Kiabi est le leader français de l'habillement et numéro un contesté de l'enfant. Mais moi, quand je rejoins Kiabi en 2013, Kiabi sort d'une année difficile liée aux deux années précédentes sur la crise du coton, qui fait que c'est une entreprise qui est vraiment en déficit, puisqu'il y a même un plan social. Moi, j'ai eu la chance de... de faire partie de l'équipe qui a contribué par la mise en place d'un management libéré, de relancer cette entreprise qui est devenue aujourd'hui leader. Donc tu vois, c'est pour dire que quand on offre une entreprise en haut du podium de la performance, il faut regarder tout ce qu'il y a derrière. Et souvent ce qu'il y a derrière sont les ingrédients qui me font dire, souvent ça fait toujours sursauter mes interlocuteurs, que l'entreprise est une science exacte. À partir d'une vision claire, d'un cap clair, si vous êtes discipliné dans le plan d'action que vous exécutez, la probabilité d'échouer est très faible. Mais ce qui est difficile, c'est d'accepter de relancer à ce qui ne fait pas fonctionner l'entreprise. Et souvent, les bagarres internes sont des bagarres qui rendent les entreprises fragiles parce qu'on passe plus de temps à s'entredéchirer qu'à faire avancer. Je peux donner aussi l'exemple de France Loisirs. J'ai passé 12 ans dans... dans cette entreprise, qui était quand même, si on remet dans le contexte, dans les années 70, puisque ça a été créé en 72, dans les années 70, ce qui faisait l'actif principal de France Rezir, c'était son fichier client. Donc on était dans un modèle économique proche de ce qu'on trouve aujourd'hui dans les cafés. C'est-à-dire qu'à partir d'un fichier client, il y avait un écosystème de produits offerts. Le leader, c'est le désir au vie du livre. leader du développement de la photo en France, leader du voyage en France, crédit, etc. Et puis avec des virages ratés, comme dans beaucoup d'entreprises. Tout ça pour dire que je ne pense pas, alors moi je n'ai pas vécu les trembleurs en Europe, je ne pense pas que c'est un environnement stable qui permet aux entreprises de se développer. Je pense que dans... toute situation, il y a des crises, il y a des difficultés. Ce sont des dirigeants disciplinés et clairvoyants qui permettent aux entreprises d'être au top. J'en suis convaincu.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu partages cette vision, surtout que tu as ce background d'avoir travaillé dans plusieurs entreprises différentes et d'avoir pu connaître effectivement tant des périodes de crise que des périodes de prospérité. Donc, toi, tu as eu toute une partie de ta carrière où tu as été salarié. Et à un moment donné, tu te dis, voilà, tu as quand même un background, une envie en tout cas d'être dans les affaires. Et du coup, à quel moment est-ce que tu te dis, l'entrepreneuriat, monter ma propre boîte, est-ce qu'à un moment donné, il y a une petite voix qui te dit… C'est bien le salariat, mais bon, j'ai envie de monter mon entreprise.

  • Youssouf

    Cette petite voix, elle a toujours été là, en fait. Mais je ne l'ai pas écoutée. Je ne l'ai pas écoutée parce que je prenais énormément de plaisir dans l'entreprise. Mais j'avais en parallèle toujours des activités, surtout en Afrique, parce que j'ai construit l'essentiel de ma carrière ici en Europe. J'ai travaillé en France, en Belgique, en Suisse, au Canada. J'ai fait une pige à Shanghai. Mais j'avais toujours l'Afrique en moi et l'entreprenariat en Afrique. Parce que ça a toujours été un terrain où je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire. Et encore, c'est encore là aujourd'hui. Donc, dès 1995-96, j'ai commencé à avoir des petites affaires en Afrique. Encore aujourd'hui, avec le recul, j'ai encore des activités là-bas. Mais il est très difficile de piloter des activités à distance. Donc, c'est ça qui est un peu l'écueil. Donc, j'ai essayé de passer à l'entrepreneuriat à 100% à deux reprises. J'y suis revenu parce que finalement, je considère que le risque que je prenais par rapport à l'environnement dans lequel je voulais entreprendre versus la connaissance parfaite que j'ai de l'environnement occidental était trop grand. Donc à deux reprises, j'ai tenté de lancer un cabinet de conseil en Côte d'Ivoire dans les années 2010, ça n'a pas fonctionné. J'ai tenté une aventure dans l'entrepreneuriat immobilier, j'ai acquis des terrains, je voulais me lancer dans la promotion immobilière, ça n'a pas fonctionné. et l'enseignement que j'en tire, c'est que quand on a acquis une expérience dans l'entreprise et qu'on est dans une spirale de succès, c'est très difficile de basculer dans l'entreprenariat, en tout cas en ce qui me concerne. En revanche, l'expérience qu'on a acquise dans son entreprise peut servir à ce que moi j'appelle l'intraprenariat. Aujourd'hui, par exemple, je suis donc directeur général de la Maison de l'Afrique, mais j'ai une activité de coach professionnel à côté, donc je me laque. activité, tout ça est clairement établi dans mon contrat de travail, ce qui me permet d'être à la fois DG de la Maison de l'Afrique et entrepreneur en tant que coach de dirigeant. Et là, moi, j'ai trouvé mon équilibre. En fait, j'ai besoin des deux. J'ai besoin des deux, pourquoi ? Parce que avec beaucoup d'humilité, je ne veux surtout pas paraître prétentieux, mais quand on a dirigé des entreprises pendant 37 ans, je pense qu'on sait de quoi on parle. Je sais faire fonctionner une entreprise. Je sais véritablement amener une entreprise au succès. Ça, c'est vraiment quelque chose que je maîtrise. Mais à côté de ça, il y a du développement humain que j'ai envie de faire partager autrement. Donc, je me suis rendu compte de ça parce que j'ai beaucoup managé et que j'aime cette dimension managérielle. Donc, je me suis formé au coaching. Je suis coach certifié international. Et donc, j'ai monté mon cabinet de coaching que je mène en parallèle avec mon métier de directeur général. Donc, j'ai envie de dire que sur la question de l'entreprenariat, nous sommes tous différents. Et souvent, quand on traite cette question-là, il n'y a pas l'entrepreneur heureux qui serait l'entreprise individuelle, qui serait l'alpha ou l'oméga de la vie professionnelle épanouie, où on gagnerait beaucoup d'argent, où on aurait tout son temps pour… pour ça. Moi, je ne crois pas. Je crois qu'il y a ce qui correspond à chacun. Un bout de votre vie professionnelle ou toute votre vie professionnelle. Donc, voilà. Moi, je me résous à penser que l'expérience doit être d'abord faite, si possible, dans un environnement maîtrisé, parce que l'entreprenariat from scratch, quand on n'a pas de bagage en termes d'expérience, moi, je trouve ça un peu dangereux. Après, il y a des caractéristiques. qui sont plus indiqués pour être entrepreneur parce que c'est il faut faire preuve de résilience étant un entrepreneur et il m'arrive de rencontrer énormément ici à la maison de l'Afrique et le premier conseil que je leur donne c'est vraiment la patience quant aux résultats qu'ils attendent de l'activité qu'ils mènent donc voilà une dose de résilience forte qu'il faut avoir en tant si on a un peu d'expérience faite chez les autres parce qu'on a été salarié, moi je dis que c'est pas mal, il faut prendre. Parce qu'au final, quand on sort de l'école, on a appris à apprendre, mais on n'a pas appris à travailler. Et je pense que ça c'est une croyance. Donc quand on arrive avec un diplôme, On pense que tout de suite, on est plug and play, on peut exiger tel salaire, il faut nous payer parce que j'ai fait tel gros diplôme, etc. En fait, quand on arrive, on ne sait rien faire parce que chaque entreprise a sa spécificité, a son mode opératoire, a son mode de fonctionnement, chaque marché a ses difficultés, donc il faut apprendre un peu tout ça. En revanche, on gagne du temps sur celui qui n'a pas fait d'études parce que celui qui n'a pas fait d'études n'a pas appris à apprendre. Mais c'est une fois sur le terrain qu'on apprend à travailler véritablement.

  • Ramata

    Je te remercie de partager ce point parce que c'est vrai qu'on est dans une période où il y a une espèce de culte de l'entrepreneuriat et on invite un petit peu les jeunes générations et pas que les jeunes générations à vraiment trouver l'idée, monter sa start-up, faire une levée de fonds, apprendre à pitcher. et sans passer par la case que tu évoques ici, qui est un salarié pendant quelques années pour acquérir de l'expérience. Ça a l'air tout de suite... moins séduisant, moins sexy. Mais pour moi, c'est vraiment une question de storytelling en réalité. Donc, le partage que tu nous fais là, ça nous apporte aussi une autre vision qui est, à la fin de toi, ta best of both worlds, puisque tu fais les deux, en fait. Et donc, c'est à chacun de trouver ce qui lui correspond sans se dire, il y a une voie royale ici et de dénigrer les salariés qui travailleraient sous la coupe d'un manager et qui n'auraient pas la possibilité de prendre des initiatives. J'ai travaillé comme toi pour des marques françaises dans lesquelles j'ai été épanouie, j'ai été respectée, j'ai eu des promotions. Donc, il y a la possibilité de faire des carrières dans lesquelles on est épanouie. Et il n'y a pas d'un côté le burn-out des salariés et de l'autre, la best life de l'entrepreneur. Il y a des difficultés partout, mais c'est vrai qu'on a tendance parfois, à coup de storytelling, de raconter des histoires qui font rêver. Et parfois, il faut aussi apprendre aux personnes que l'on peut rencontrer, porteurs de projets ou jeunes générations qui se posent des questions, à un petit peu se dire la réalité du monde dans lequel on vit, c'est celle-là. Et l'expérience, ça reste quand même quelque chose que l'on va acquérir, non pas en étant seul entrepreneur, en montant une boîte avec d'autres jeunes comme nous qui n'ont pas davantage d'expérience, qui seraient la seule voie, apprendre auprès d'experts, c'est aussi un moyen de réussir. Je vais rebondir sur... Tu dis, voilà, toi, aujourd'hui, tu as une expertise qui, comment dire, te permet de... Tu as la recette du succès. Je ne sais pas si c'est comme ça que tu l'as dit, mais c'est ce que j'ai retenu. Donc, si tu peux nous la partager, parce que nous, ici, on veut tous marcher vers le succès. Donc, qu'est-ce que tu peux nous dire ? Qu'est-ce que tu veux dire par là, en fait ?

  • Youssouf

    Alors... Je n'ai pas tout à fait dit que je ferais la recette de succès. C'est moi mon straté. C'est comme ça que je revendrai cette histoire. Sinon, je la vendrais chère. Je coach des dirigeants que j'accompagne au succès, c'est vrai. Mais moi, je raconte toujours l'histoire du succès au regard des échecs. Parce que je fais beaucoup de méditation. Et dans la méditation asiatique, bouddhiste notamment, où on apprend que le... Le succès et l'échec creusent les mêmes sillons dans le conscient et l'inconscient de la personne, et surtout dans son inconscient. Et surtout que l'échec est le sillon d'apprentissage le plus fort que le succès, parce que le succès grise et il amène souvent à penser qu'on a réussi tout seul à faire ce qui fait qu'on dit qu'on est au succès. Alors qu'en réalité, on ne réussit pas seul. Absolument personne sur Terre n'arrive à réussir seul. Donc, je relativise cette notion de succès et d'échec. Je pense qu'il y a succès quand on a eu plusieurs échecs qui nous ont montré le chemin du succès. Moi, je pense que quand on a compris ça, on est déjà prêt pour commencer le voyage entrepreneurial. De toute façon, il y aurait des échecs. Il ne faut pas partir dans une démarche entrepreneuriale ou même dans l'entreprise en se disant... forcément tous les jours ça va être « youpi, oh là là, la fête » . Ce n'est pas vrai. C'est parce qu'il y aura des moments difficiles, c'est parce qu'il y aura des échecs, que vous allez tout d'un coup trouver le chemin du succès. Une fois que j'ai dit ça, ce qui marche bien dans une trajectoire de succès, c'est d'avoir un objectif clair. Ça paraît simple à dire, mais c'est extrêmement difficile. Je le vois à chaque fois que je demande un certain nombre de porteurs de projets de pitchers. Quelques minutes, pour ne pas dire quelques dizaines de minutes après, ils n'ont pas fini de m'expliquer ce à quoi ils réfléchissent depuis des années. Si je ne suis pas capable de comprendre en trois minutes ce que vous voulez faire, Votre marché, votre client qui lit, doit décider et acheter rapidement comment il fait. Ça ne marche pas. Donc, il faut que votre objectif soit suffisamment clair de ce que vous voulez proposer au marché. Et deuxièmement, ce que vous proposez au marché doit apporter quelque chose de nouveau sur le marché. Parce que si ça peut faire la même chose que Peter Campion, il vaut peut-être mieux faire avec lui ou faire pour lui. Pour moi, ça, c'est la deuxième clé. Un, je sais exactement où. où je vais. Deux, ce que je fais apporte quelque chose de nouveau, pas forcément différent, mais apporte un plus par rapport à l'environnement. Trois, est-ce que vous êtes prêts à avoir un plan stratégique qui va être séquencé en période pendant laquelle vous allez avoir des indicateurs de performance qui vont vous faire dire que vous êtes sur le bon chemin ou pas. Et ça, souvent, mesurer la performance sur les premières périodes, c'est quelque chose qu'on a véritablement du mal à faire. Parce qu'une fois que vous êtes dans une dynamique de mesure d'emploi stratégique sur six mois, trois mois, un an, deux ans, trois ans, vous pouvez vous permettre d'avoir un regard critique des actions que vous menez. Et là, on commence à toucher l'exécution. Et là, ça commence à être sympathique. Parce que là, tout d'un coup, vous voyez que, ah tiens, mais finalement, le marché ne m'attendait pas. Ah ben oui, vous n'attendez pas le marché. Il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des concurrents qui sont là. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, il y a des difficultés administratives. Ah oui, elle est prête à le trésorer. Donc, tout d'un coup, il y a un ensemble de ce qu'on peut considérer comme étant des obstacles, mais qui sont des étapes à passer pour réussir. C'est là où vous êtes sauvé quand vous êtes quelqu'un de discipliné dans l'action, de quelqu'un d'organisé, qui mesure ce qu'il fait et qui dose ses efforts pour que le temps que vous consacrez à faire les choses crée la richesse, c'est-à-dire fait que vous atteignez l'objectif que vous vous êtes fixé. Et c'est ces micro-objectifs atteints qui vont faire que 3 mois après, 6 mois après, 1 an après, 3 ans après, 10 ans après, 50 ans après, vous êtes encore là pour faire un but. Ça, c'est la recette. Une fois qu'on a la recette, on sait que deux cuisinières avec la même recette, ça ne fait pas le même plat. Une fois qu'on a la recette, on n'a pas tout. Alors moi, je dis souvent que l'entreprise est une science. Exact pourquoi ? Parce qu'à partir d'un objectif clair. À partir d'un plan stratégique clair, à partir d'une composition d'équipes qui met ensemble des hommes et des femmes qui savent de quoi ils parlent, qui ont la compétence, et des managements qui les amènent à donner le meilleur d'eux-mêmes pour atteindre ces objectifs-là, et qu'on mesure l'avancement étape par étape, il n'y a absolument aucune raison d'échouer. Mais aucune raison. Il n'y en a pas. Ça, j'en suis intimement convaincu. Et le cimetière des entreprises, quand on les analyse, est rempli de virages ratés. C'est des mauvaises décisions, c'est une mauvaise exécution, c'est des indicateurs de performance, des signaux faibles pas écoutés, c'est des problèmes d'égo, de relations interpersonnelles au sein de l'entreprise, etc. Donc souvent on dit que c'est le marché. Mais non, le marché, il est ce qu'il est. Ce n'est pas le marché qui fait une entreprise. Et l'entreprise est faite des hommes et des femmes qui y travaillent pour atteindre l'objectif qui se sont fixés avec la méthode la plus efficace possible. Ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Parce que c'est dans le même marché que certains sont numéro un et gagnent beaucoup d'argent. Et dans ce même marché, il y en a qui sont derniers et qui perdent de l'argent. Donc, ce n'est pas le marché qui fait l'entreprise. Qu'est-ce qui fait la différence entre deux entreprises ? C'est ce que je viens de décliner tout à l'heure. Et je reviens à ta question de tout à l'heure sur le profit. Moi, je pense qu'il y a un échec d'emploi collectif dans le monde qui fait qu'aujourd'hui, on pousse depuis un certain nombre d'années l'entreprenariat comme étant la fin et l'oméga, la réponse à toutes les problématiques. Tout le monde n'est pas faible pour être entrepreneur. Et le monde n'a pas besoin qu'un entrepreneur. On a besoin d'infirmières, on a besoin de médecins, on a besoin de plombiers, on a besoin de boulangers. On a besoin de fonctionnaires, on a besoin de chacun de trouver la voie dans laquelle il est à sa place où il va s'épanouir. Moi, je crois à ça. Mais en revanche, c'est vrai que l'entreprenariat, quand ça fonctionne, en tout cas pour ma part, il n'y a pas plus de gratification. C'est comme un sportif de la région qui a la médaille d'or. Je pense que c'est votre entreprise et que vous l'avez fait. On est à un niveau de satisfaction de son ego qui est extrême. Mais on peut le toucher quand on est le numéro 9 d'une grande équipe de football et qu'on marque le but qui fait qu'on a gagné. On peut atteindre aussi cet excess là. Donc c'est dommage de s'enfermer dans des cases. Tout le monde ne peut pas être footballeur. Tout le monde ne peut pas être influenceur. Tout le monde ne peut pas être chef d'entreprise. Mais il y a de la place pour chacun. Il faut faire l'effort de réfléchir à ce pourquoi on est fait. Et ce qui nous fait vibrer. Et est-ce qu'on est prêt à travailler ? pour développer les aptitudes qui sont en nous, qui feront qu'on sera excellent, qu'on prendra plaisir dans ce qu'on fait. Parce que les capacités intéressantes ne suffisent pas. C'est le travail aussi qui est derrière, qui va permettre d'atteindre ces objectifs-là.

  • Ramata

    C'est intéressant que tu cites le footballeur, le chef d'entreprise et l'influenceur, parce qu'en fait, ce sont ces profils-là qui sont le plus mis en avant. Donc forcément, les gens vont vouloir être soit influenciés en soi, soit footballeurs, soit chefs d'entreprise, parce que c'est que ces gens-là qu'on voit en fait. Quand il y a des interviews, quand on met des gens en avant, c'est souvent ces trois profils-là. Enfin, aujourd'hui, on est dans l'égalité des genres là-dessus. On va mettre en avant des boss lady, des entrepreneurs, on va mettre en avant des footballeurs, là c'est plutôt des profils masculins. Même si là, le football féminin commence vraiment à arriver sur le devant de la scène, mais on a vraiment ce truc de, c'est les trois profils dont on parle le plus en fait. Et du coup, c'est vrai que... Ça fait que forcément, on rêve de ce que l'on voit et on n'a pas peut-être assez de profils de restaurateurs, de gens qui tiennent une boutique, de choses peut-être plus simples, qui font moins rêver, mais qui peuvent avoir une dimension où on peut les admirer tout autant finalement que le footballeur, que le chef d'entreprise ou autre.

  • Youssouf

    Mais je crois que le système des médias mainstream nous a amené à penser que ces profils-là qu'on a choisis sont la quintessence du bonheur. Je ne veux pas opposer, mais personnellement, l'avis d'un influenceur n'est pas l'avis qui me fait rêver. Mais moi, vu de mon âge et de ma trajectoire, on va dire que tu n'es peut-être pas la cible. Ok. Mais ça, c'est l'effet médiatique. Les médias ont besoin d'étendards. Et ça, c'est normal. Maintenant, je pense que les esprits avertis, et c'est là où l'éducation joue un rôle important aussi, il faut quand même que l'environnement dans lequel on évolue, familial, amical, etc., éveille quand même en conscience chacun de regarder la trajectoire qui lui correspond. On ne peut pas avoir tout. tout un pays, tout un continent, toute une classe d'âge qui rêve d'une seule activité. Pour moi, c'est un non-sens absolu. On est au début de la manipulation. Oui, bien évidemment que de voir un joueur de basket africain qui a réussi à un NBA, etc., que ça fasse rêver, moi je trouve ça super chouette, mais souvent on reste dans l'image qui renvoie, l'image glamour qui renvoie, mais pour qu'il soit au top de l'NBA, il en a fait des heures et des heures d'entraînement, des heures et des heures de salle de musculation, des heures et des heures de placement tactique avec son équipe. Mais tout ça disparaît derrière l'image glamour, comme s'il était arrivé là par l'opération de cet esprit. Mais non, c'était un travail. Donc je pense que... Cette médiatisation de ce type de métier vient gommer ce que le travail a de noble à mon sens. Moi, je trouve que le travail, c'est la plus belle chose qui nous appartient. Quand tu as la chance de pouvoir travailler, c'est que tu as la chance de pouvoir te lever, tu as la chance de pouvoir être autonome, de faire ce que tu as envie de faire, chez toi, avec les tiens. Je pense qu'il n'y a pas plus grand bonheur que ça. Bien sûr que tu admires sur l'écran de ton smartphone telle ou telle célébrité, bien évidemment, mais on ne peut pas avoir comme seule quête pour des classes entières de générations de vouloir être dans des activités qui ne sont que des activités de paillettes et de lumière. Pour moi, il manque quelque chose, surtout quand on s'adresse à un continent comme l'Afrique. qui a la plus grande réserve de la jeunesse du monde, toutes les possibilités qu'offrent les activités humaines sur Terre. ne peuvent pas être passés sous silence pour qu'ils n'apparaissent que comme rêve pour eux, influenceurs, mannequins ou je ne sais encore quoi. C'est dommage. Avec tout le respect que j'ai pour tous les métiers qui existent, je pense que toutes les Africaines et tous les Africains ne peuvent pas rêver d'être juste des célébrités.

  • Ramata

    Je te rejoins sur ce point-là. Et je pense qu'effectivement, c'est intéressant qu'on puisse évoquer aussi le rôle des médias dans le fait de promouvoir des variétés de profils plus importantes, de mettre en avant aussi bien des scientifiques que des architectes, que des footballeurs et des créateurs de contenu, mais qu'ils aient finalement le même temps de parole. Comme ça, du coup, on est sûr qu'on va... avoir une jeunesse qui va avoir devant elle un champ des possibles beaucoup plus large que quelque chose de limité à footballeurs ou célébrités, qui sont presque les rêves que les générations passées avaient déjà. C'est comme si on ne renouvelait pas le rêve depuis. On veut tous être chanteurs, danser, être à la télé en fait.

  • Youssouf

    Ils ont l'air à la télé et ils jouent à roleplay. Je vais vous livrer une anecdote. Quand je prépare ma venue en France, L'année de mon bac, au Côte d'Ivoire, à l'époque, on déposait les dossiers à l'ambassade de France du pays et on devait choisir une université. Donc, ma mère me dit, moi je vais étudier en France, mais je ne veux pas que tu ailles à Paris, parce que tu vas devenir un bandit. Je ne veux pas que tu ailles à Marseille, parce que je n'ai pas de bonnes images de cette ville. Je veux que tu choisisses une petite ville. Une petite ville, mais moi je ne connaissais pas la France. Et je choisis la ville de Metz, comme je te l'ai dit tout à l'heure. Pourquoi je choisis la ville de Metz ? Parce que l'année de mon bac, la saison de football précédente, le meilleur buteur du championnat de France de football était un Africain sénégalais qui jouait à Metz. Donc voilà une influence. Donc je choisis cette ville parce que je suis fan de foot et parce que c'est Gilles Bocoté qui est le meilleur. le meilleur inviteur du championnat de la France de football. Donc l'influence, c'est ça. Mais elle peut être positive. Pour moi, elle a été positive. Donc ça Ausha toutes les cases. Ma mère, elle était contente. C'était une petite ville. Moi, je suis arrivé, j'ai raconté cette histoire à Jules que j'ai rencontré parce que les médias africains, à l'époque, sont très petits dans ces villes-là. Et puis je suis devenu très ami avec Bouba, qui était son cousin germain. J'ai passé de belles années à l'inverse avec Jules. C'est génial.

  • Ramata

    Génial, très belle anecdote. Merci de nous l'avoir partagée.

  • Youssouf

    C'est un plaisir.

  • Ramata

    Maintenant, j'ai envie de parler de la Maison de l'Afrique, qui vient un peu signer pour toi le côté plutôt entrepreneur, puisque tu reprends cette entreprise à une période difficile pour l'histoire de cette entreprise. J'aimerais que tu racontes déjà cette entreprise, et puis aussi que tu nous parles de la Maison de l'Afrique, puisque ce n'est pas une entreprise toute jeune. C'est plutôt une ancienne. Donc, je ne dirais pas vieille endormie, mais presque. Donc, du coup, parle-nous un petit peu de ce passage-là, de ce moment où tu te dis, voilà, je vais être à la tête d'une entreprise et pas un côté coach, mais vraiment diriger une activité. Et en même temps, je reprends finalement un patrimoine et je veux le préserver.

  • Youssouf

    C'est une belle aventure, c'est une belle rencontre. Je rencontre le chemin de la Maison de l'Afrique autour de l'année 2017 parce que je mène un projet à côté de mon activité professionnelle qui m'amène à m'investir dans la lutte contre le paludisme. Je suis très engagé dans le paludisme et j'accompagne une association qui s'appelle la Maison de l'Artémisia et on diffuse comme ça ce médicament, cette thérapie. naturelle à travers l'Afrique et on doit la développer en Afrique centrale et je connais personne en Afrique centrale. Donc je me rapproche de la Maison de l'Afrique, ça se trouve, et je découvre la Maison de l'Afrique qui m'aide à faire une belle opération là-bas. Et je reste connecté à la Maison de l'Afrique et j'apprends à la connaître. Juste que l'année 2021, qui fait suite à la crise de Covid-19, où la Maison de l'Afrique... sur sa principale source de revenus, se retrouve en difficulté puisque tout est fermé. Donc, elle a une grosse partie de ses actifs qui sont liés au monde des restaurants, etc. Donc, les restaurants sont fermés. Donc, elle a vraiment une grande difficulté financière. Et à ce moment-là, moi, je suis interrogé par le conseil d'administration que j'ai appris à connaître sur les possibilités de relance de la maison d'Afrique ou pas. Donc, ça rejoint ce que je disais tout à l'heure à l'introduction. J'ai développé une vraie expertise et de mon accompagnement. compagnies de non-cessaires, je suis vraiment expert en modélisation économique, donc je propose au Conseil d'administration de la Maison de l'Afrique de faire de la Maison de l'Afrique une agence d'intelligence stratégique. Parce qu'en fait, c'est quoi la Maison de l'Afrique ? Elle a été créée en 1974 sous l'impulsion de trois chefs d'État. Il est possible que c'est d'Arsengor, Félix Oufel-Bani et Georges Pompidou qui ont créé une société anonyme et qui ont fait représenter les 11 pays actionnaire de la Maison de l'Afrique, dans son conseil d'administration, par les présidents des chambres de commerce de ces pays africains-là, plus le président de la chambre de commerce de Paris-le-Deux-Francs, qui gérait comme actif un portefeuille de marques et de fonds de commerce, mais qui faisait beaucoup d'activités d'intermédiation, notamment des missions économiques entre la France et l'Afrique. C'était ça le modèle. Ça fonctionnait bien jusqu'à ce que effectivement se prenait le mur du Covid-19. Le changement de modèle économique, il est le suivant, c'est que quand j'en fais une agence d'intelligence stratégique, c'est que je la positionne, puisqu'elle appartient à des États africains, comme étant un cabinet de consultants apporteurs de réponses à des problèmes africains. Donc je fais de mes actionnaires mes clients. Donc dorénavant, je prête pour l'Afrique en amenant des solutions sur des problématiques de tout ordre, puisqu'on a un modèle économique hybride avec des consultants en mode projet. je peux traiter toutes sortes de questions. On accompagne une région sur la création de villes nouvelles, on accompagne un porteur de projet du côté de Montpellier pour monter un réseau de cliniques. On a créé en Côte d'Ivoire le premier salon de licence de marque, etc. Donc, la Maison de l'Afrique est devenue aujourd'hui la seule agence d'intelligence stratégique appartenant à 10 pays africains situés à Paris. qui est capable de répondre à peu près à toutes les questions d'impact économique, écologique, sociétal sur l'Afrique. Donc j'ai envie de dire que tous les porteurs de projets qui ont un projet, en tout cas vers l'Afrique, sont les bienvenus pour qu'on en discute. Quand on ne sait pas faire, on dit qu'on ne sait pas faire. Parce qu'il y a des champs d'activité sur lesquels il est plus intelligent d'aller rencontrer des organismes qui ont une expertise là-dedans. Mais on n'a pas parlé de la structuration des projets. On accompagne sur la levée de fonds, on accompagne sur le coaching du porteur de projet, parce que souvent dans le projet, c'est le profil du porteur de projet qu'il faut travailler. On fait des mises en relation, parce que malheureusement en Afrique, beaucoup de porteurs de projet sont plusieurs à porter le même projet. Et à la Maison de l'Afrique, moi ce que j'essaie de faire, c'est de dire, au lieu d'être 10 à vous battre, sur une miette, mettez-vous ensemble pour faire un beau gâteau et chacun aura une belle part. Je n'y arrive pas toujours. Donc, la Maison d'Afrique est devenue une agence d'intelligence stratégique, c'est-à-dire qu'on réfléchit à toutes les solutions techniques ou à toutes les offres qui sont sur le marché qui peuvent être une réponse à des problématiques en Afrique. Donc, soit on va les chercher et on les accompagne, soit ils viennent vers nous et on facilite leur implémentation en Afrique. Voilà ce qu'on fait à la maison.

  • Ramata

    Dans la manière dont vous accueillez les différents projets, est-ce qu'il y a une temporalité ? Est-ce que c'est la prospection d'un projet, premier trimestre et après, second trimestre, on va travailler ensemble ? Est-ce qu'il y a une temporalité dans la manière dont est organisée cette agence ?

  • Youssouf

    En fait, on l'a organisé de la façon suivante. J'ai une chef de projet, un chef qui est Mme Traoré, qui, elle, normalement dans un pitch court, doit être capable de qualifier votre projet. A quel niveau est votre projet ? Moi, je suis souvent interrogé personnellement, donc je ne comprends pas. Une fois qu'on a qualifié votre projet, on voit le niveau de maturité dans lequel il est. Et à partir de ce niveau de maturité, on va décider ensemble de l'accompagnement possible de la Maison de l'Afrique ou pas. C'est ça la clé de l'entrée. Il y a des projets qui sont matures, qui ont véritablement besoin que de fonds. Auquel cas, on a un écosystème de fonds, de banques, On va accompagner pour la levée de fonds. Il y a des projets qui malheureusement ne sont que des idées, qui ne sont pas encore au stade de projet. Donc malheureusement, on va y conduire le porteur du projet en lui demandant de travailler quand ce sera un projet de revenu vers nous. On peut aussi l'accompagner à passer de l'idée au projet, mais ça, ça se paye. Parce que c'est un travail d'accompagnement. Après, il y a des accompagnements à structuration. On a un écosystème d'incubateurs qui peut aussi acquérir des projets. et les accompagner pour les faire maturer avant d'aller vers la levée de fonds. J'ai envie de dire que tous les schémas existent. C'est vraiment du pitch et de la maturité du projet qu'on va décider si notre accompagnement est pertinent ou pas pertinent et avec qui on le fait ou pas. Et c'est vrai aussi pour des activités culturelles ou associatives. À la Maison de l'Afrique, on a beaucoup d'associations, notamment qui travaillent pour le bénéfice des diasporas africaines, région parisienne aussi, qui viennent nous voir, mais qu'on va accompagner. Des fois, pour donner plus de visibilité à leur événement, pour les mettre en relation avec ce qui peut accélérer le fonctionnement de leur événement, ou les aider parce qu'ils ont des matériels de blocage, de tellité d'aspect. Donc, voilà, j'ai envie de dire, on est un peu les médecins de la promotion économique, artistique et culturelle. À partir d'une consultation de 15 minutes, on est capable de tirer l'ordonnance. Sur le site internet, ce qu'on appelle « boostprojet » , on se rencontre. Et au bout d'un quart d'heure, normalement, on est capable de vous dire si on peut travailler ensemble ou pas et ce qu'on peut vous apporter.

  • Ramata

    Très bien. J'aime bien cette notion de médecin. C'est nous qui décidons quand on a besoin d'aller voir le médecin. Exactement. Donc, il n'y a pas de temporalité. C'est par rapport à nous, où on est. On a peine, on va, j'imagine qu'il y a à travers le site Internet la possibilité de poser, de déposer son projet, de prendre rendez-vous.

  • Youssouf

    Il y a la possibilité sur le site Internet, effectivement, de prendre rendez-vous, de s'inscrire. On a un onglet pour son projet sur lequel on peut poster son projet. Et même, on a un onglet global sur lequel on peut être protecté. Je pense que vraiment, le site Internet est le plus important. le passage le plus adapté parce qu'aujourd'hui, le temps, c'est de l'argent. Pendant longtemps, les gens sont déplacés pour venir à la maison de l'Afrique. C'est tout délicat parce qu'on ne peut pas recevoir sans rendez-vous. On est quand même assez sollicités. Donc, pour faire gagner du temps à tout le monde, autant se déplacer à la maison de l'Afrique quand on a rendez-vous.

  • Ramata

    Très bien. Et aujourd'hui, en tant que business model, en fait, ce que tu évoquais tout à l'heure, c'est quand il y a besoin de structuration, d'accompagnement, c'est moyenne en finances pour un porteur de... projet, est-ce que tu peux expliquer quels sont les différents dispositifs qui existent et puis comment ça marche ? Parce que j'imagine qu'à la suite de cet épisode de podcast, les demandes vont affluer et qu'on sache quand même quelles sont les modalités.

  • Youssouf

    Alors, on va dire la modalité la plus classique. Vous entendez ce magnifique podcast. Le matin, vous vous dites, waouh, j'ai un super projet. Pour la Guinée, tiens, je vais consulter la Maison de l'Afrique. Donc, vous allez sur le site de la Maison de l'Afrique. Et là, vous nous envoyez un mail en disant, voilà, moi, j'ai un projet pour aller dans tel domaine d'activité en Guinée. Est-ce qu'on peut se rencontrer ? Donc, on va fixer d'abord un rendez-vous qui va être en visio. On va discuter un peu du projet. On va vous demander, vous envoyer un pitch projet. Donc là, on va… On va se retrouver, si vous passez ce cap-là, on va se retrouver pour parler du projet et pour bien identifier l'étape où est le projet. Et à ce moment-là, on va vous faire une proposition de l'accompagnement que l'on peut faire. Donc, si vous êtes au stade où on doit vous accompagner pour lever des fonds, je prends cet exemple-là parce que souvent, on est approché pour ça. On dit, mon projet ne se réalise pas parce que je n'ai pas des fonds. Je déçois beaucoup les gens parce que je dis que ce n'est pas l'argent le problème. Ce n'est pas l'argent le problème. On peut vous mettre en relation avec des banques, avec des fonds, etc. Mais ce n'est pas ça le problème. C'est la qualité de votre projet. C'est les objectifs visés par votre projet. C'est ce que votre projet apporte dans le marché que vous visez. C'est le profil de ceux qui portent le projet. Parce que ce n'est pas facile à entendre. Mais on ne prête de l'argent qu'à des gens en qui on a confiance. Souvent, j'entends dire qu'on prête de l'argent à ceux qui peuvent rembourser. Non, on prête de l'argent à ceux en qui on a confiance. Parce que cette confiance, elle se traduit par le fait qu'on pense qu'il mettra tout en œuvre pour réussir son projet, donc il nous remboursera. Parce qu'il y a des gens qui ont beaucoup d'argent, mais qui ont énormément de dettes, parce que c'est des mauvais payeurs. Donc, une fois qu'on a qualifié votre projet, on va se mettre d'accord sur l'accompagnement. Si on prend l'exemple d'un accompagnement à lever des fonds, on a ce qu'on appelle un retainer. C'est comme un frais de dossier par lequel on va commencer à les utiliser pour, moi, je vais aller chercher tel et tel consultant pour structurer votre projet. Parce qu'un projet doit être présenté. de telle et telle manière, notamment sur le business model et le business plan, en général, quand on est porteur de projet, on ne sait pas faire ça. Ça, c'est une expertise. Mais parce que j'aurai une qualité d'écriture de mon business model et de mon business plan, ça va faciliter ma levée de fonds. Et ça, ça se paye. Et souvent, là, on en perd déjà un certain nombre. Et ensuite, on va faire appel à notre écosystème de fonds, de banques, etc., qui disent, super, ce projet, j'y vais. Et après, il y a plusieurs formules, soit il vous faut un prêt, soit c'est une equity, rendre votre capital, etc. Tous les modèles sont possibles. Et puis, il y a d'autres projets sur lesquels, quand on sort de la première réunion, on se rend compte que finalement, le projet n'a pas besoin d'argent, il a besoin de temps et de maturation, parce que je dis souvent, les premiers revenus d'une activité, c'est le chiffre d'affaires qu'elle génère. On ne peut pas monter un projet pour aller demander un prêt. On monte un projet parce que ce qu'on propose dans son marché va générer du chiffre d'affaires qui va donner du résultat à l'activité. C'est ça la raison d'être dans le projet. Si c'est pour lever des fonds, il n'y aurait pas tant de fonds blancs en Afrique. Ce n'est pas l'argent qui règle le problème. Ce qui règle le problème, c'est tout ce dont on a parlé en entant de podcast sur lequel il faudrait presque des heures et des heures de cours pour le comprendre et l'entendre. Donc, une fois qu'on a bien discuté du projet, bien compris les teneurs aboutissants du projet, on va venir clarifier l'accompagnement possible ou pas de la Maison de l'Afrique et de son écosystème. Parce que tout ça, on ne le fait pas seul. On le fait avec des partenaires consultants, on le fait avec des institutions. Quand c'est en Afrique, puisque les actionnaires de la Maison de l'Afrique sont des chambres de commerce, si votre projet est dans un pays d'un de nos actionnaires, donc voilà un boulevard aussi. pour vous faire entrer à côté d'experts de chambre de commerce pour vous accompagner sur le projet. Donc souvent, je dis, l'accompagnement est presque plus important que les sous finalement que vous allez lever. Mais ce n'est pas toujours facile à entendre de prime abord, mais beaucoup des projets qu'on a accompagnés aujourd'hui sont successifs, pas tant par les fonds qu'on a levés, mais par l'écosystème qu'on a mis autour du projet.

  • Ramata

    Avec Maison de l'Afrique, ce que tu me disais, c'est que vous avez différentes initiatives et que vous pouvez intervenir sur différents secteurs d'activité. Moi, c'est vrai que mon focus, c'est les industries culturelles et créatives. Et je sais qu'il y a eu une initiative qui s'appelle Culture Pagne, sur laquelle la Maison de l'Afrique a été partenaire, voire même plus à l'initiative d'eux. Est-ce que tu peux m'en parler ?

  • Youssouf

    Oui, Ramata, c'est une belle histoire, cette histoire de culture Pâques. En fait, elle démarre comment ? La Maison de l'Afrique est partenaire d'un événement à Abidjan que je trouve extraordinaire, qui est le Festival Abidjan Pâques. Nous accompagnons depuis trois ans ce festival qui, pendant deux jours, célèbre le Pâques. Et dans cet accompagnement-là, il y a deux ans en arrière, la Maison de l'Afrique décide d'y amener des personnes qui comptent dans l'industrie de la mode et du Pâques. J'y amène Alpha D, que tout le monde connaît, premier couturier africain de classe internationale. Et j'amène Anne Grosfilet, qui est l'experte du pagne et des tissus dans le monde, anthropologue et docteur, chercheur en pagne. Et à la sortie de ce festival Culture Pagne, en écoutant Anne Grosfilet, je ne suis pas un expert de toutes ces questions-là, vu d'un côté scientifique, mais je découvre tout le bagage de liens entre le... la docteure scientifique de l'histoire du paille et des tissus, mais aussi liée à l'histoire africaine. Et en discutant avec Anne, je lui dis, mais ce que tu racontes là, comment on pourrait le rendre accessible au plus grand nombre ? Parce que finalement, on est peu à savoir à quel point le paille et le tissu est un titre de l'histoire africaine. De là naît l'idée de faire un programme vidéo. Donc, on décide de faire une série de 15 vidéos dont la Maison de l'Afrique est propriétaire et dont le contenu est propriété intellectuelle de Anne Grosfilet, qui avec son mari Claude Boli, qui lui est historien, écrit tout le storytelling. Donc, on a 15 épisodes qui sont écrits. La Maison de l'Afrique a financé les trois premiers épisodes qui sont visibles sur nos... sur nos réseaux sociaux. Et là, nous sommes en recherche de fonds pour financer les 12 autres programmes pour compléter les 15 vidéos courtes pendant lesquelles Anne Groffilé et Claude Boli viennent expliquer le lien entre le tissu et l'histoire de la construction africaine. Donc, on vient de découvrir, par exemple, quand arrivent tous ces tissus colorés en Afrique parce qu'à la base, finalement, en Afrique... qui est connu par des vêtements de couleurs flamboyantes. En réalité, l'histoire du textile africain est en blanc, en fait. Et ça, c'est absolument extraordinaire. On vient découvrir comment les outils de tissage ont été amenés plutôt par les religions, comme l'islam, par exemple, chose que moi, j'ignorais. Donc, c'est un programme absolument fabuleux qu'on a monté de toute façon. pièces, donc avec deux experts, et qu'aujourd'hui, nous cherchons à financer pour terminer le programme.

  • Ramata

    Très bien. Donc, ce que tu évoquais, c'est que les trois premières vidéos, en fait, d'Anne Groschilet et de son mari historien, M. Gauly, elles sont aujourd'hui accessibles sur YouTube. Donc, je mettrai en fait le lien en note de l'épisode du site internet de la Maison de l'Afrique et aussi de la chaîne YouTube, afin qu'on puisse découvrir ces trois premiers épisodes. Au niveau du financement que vous cherchez, c'est plutôt du financement entreprise ou des particuliers en fait ?

  • Youssouf

    Alors, on n'a pas fait de crowdfunding pour l'instant. Moi, je cherchais plutôt un mécène pour pouvoir associer une marque. Puisqu'on est dans le domaine du paille, du tissu, etc. Je pense que ça fait sens que ce soit une paille, que ce soit une marque. On cherche une marque, un mécène en tout cas, qui a envie de mettre à disposition 150 000 euros pour que ce soit financé ce programme-là au bénéfice de tout le monde. Ou ça peut être aussi une chaîne de télévision ou un média de diffusion. Ça pourrait être Canal, ça pourrait être Netflix, ça pourrait être France 2. Voilà un contenu éducatif qui, par le tissu et le pagne, vient d'ailleurs raconter l'histoire de l'Afrique. Moi, je trouve que c'est un sujet passionnant.

  • Ramata

    Tu prêches une connexion.

  • Youssouf

    Donc, les fonds peuvent venir de là. Pour l'instant, on n'a pas de retour successful, mais on ne désespère pas. On a des très très bons contacts. Après, on est aussi agile sur la modélisation de ce qu'on a fait dans les trois premiers épisodes. S'ils doivent évoluer, ça, c'est aussi possible. Toujours est-il qu'il y a une belle matière aujourd'hui à partager. Et ce programme-là est vraiment né de l'initiative de la Maison de l'Afrique de Havel.

  • Ramata

    Très bien. Et en plus, il y a quelque chose d'éducatif qui demande, presque donne envie à... Faire en sorte qu'ils soient accessibles dans des écoles. Parce que moi, pour travailler dans de nombreuses écoles de mode, moi, je pousse de plus en plus pour qu'il y ait des heures qui soient prévues pour qu'on parle d'autre chose que de la mode occidentale. Alors bon, moi, j'arrive en disant, je vous parle d'Afrique, mais on peut parler de Chine, on peut parler d'Amérique latine, on peut parler de plein de choses qui ne sont pas la mode occidentale pour éveiller les esprits. de profils créatifs qui ont besoin d'être nourris par autre chose que finalement je reste dans mon cercle et dans mon univers. Alors je fais toujours attention à ce qu'on... Ça me permet d'aborder aussi le sujet de l'appropriation culturelle, d'être dans les logiques de quand on ne sait pas et quand on n'a pas effectivement de films, de livres, de matières qui permettent de finalement raconter l'histoire et qui va permettre aussi de servir un peu de... de preuves, quand on n'a pas ça, c'est facile pour d'autres de venir s'accaparer. Et il n'y a personne qui peut dire « Ah bon, ça c'était à vous, mais comment ça ? » On ne sait pas, en fait. Donc on a besoin, effectivement, de contenu. Et effectivement, ça coûte de l'argent. Et ça, on n'en est pas forcément conscient. L'Occident, dans leur manière de s'auto-promouvoir, il dépense énormément d'argent. à promouvoir leur nourriture, leurs vêtements, leurs films, leur art. Et du coup, il y a une certaine hégémonie. Et parfois, je pense qu'on a du mal à le faire, mais ça commence à bouger au niveau des industries culturelles et créatives africaines. Parce que je peux entendre qu'il y ait d'autres sujets qui soient prioritaires, mais en même temps, ça fait quand même partie d'un soft power. et qui est important de mettre en avant. Et après, on s'interroge moins sur ces questions d'appropriation culturelle parce que nous, on a fait notre travail aussi de protéger notre savoir-faire. Moi,

  • Youssouf

    je suis moins intelligent que toi. Je n'entends pas qu'il y ait d'autres priorités que ça. Je ne vois pas qu'est-ce qui est plus prioritaire que de savoir qui on est. Il n'y a rien de plus prioritaire que ça. On doit que deux choses à ces enfants. Si on considère que les Africains sont les enfants de l'Afrique, moi en tout cas j'essaie de faire pour les biens dans l'éducation, c'est une conviction forte que j'ai. À ces enfants, la première chose qu'on doit, c'est des racines. Ils doivent savoir qui ils sont, d'où ils viennent, pourquoi ils sont là. Et la deuxième chose qu'on leur doit, ce sont des ailes. les plus grandes possibles pour qu'ils s'envolent, qu'ils s'en aillent le plus loin possible de nous, si possible. Alors qu'on fait l'inverse. On nie les racines, on ne parle pas, on ne dit rien, on ne sait rien de ce qu'on est. Personne n'est tombé du ciel, on est de quelque part. Et les ailes, surtout, on les coupe pour qu'ils restent à côté de nous et soient bien serviables. Donc, il n'y a rien de plus prioritaire qu'à travers un programme comme Culture Paine. Ça raconte 1000 ans d'histoire de l'Afrique. Qu'est-ce qui est plus précieux que ça ? Si on date un peu notre interview, on est au mois de mai de l'année 2025, actuellement à Paris, se tient, pour la première fois de l'histoire de la France, une exposition au Centre Georges Pompidou qui s'appelle le Paris noir. J'ai vu tout le monde aller le voir. C'est extraordinaire. 1930-2000, ce que les Africains, les afrodescendants, Les États-Unis, les Caraïbes, etc. Mais les racines, c'est fondamental. Apprendre, c'est fondamental. Donc, les industries créatives participent aussi à ça. Quand on découvre des artistes qui sont contemporains de Picasso, ce qu'ils ont fait en compétition de peinture avec lui, je ne suis pas là dans une classification, je suis là pour dire qu'il faut savoir qu'il y a eu des gens qui ont peint en même temps que le peintre le plus cher au monde et qui ont fait des choses. Après, chacun appréciera. Donc, moi je suis moins clément que toi, je pense que la première ligne d'investissement pour les Africains, c'est l'instruction et l'éducation. C'est rien d'autre. Tout le reste c'est de la prose. Sinon ça fait longtemps qu'on serait développé. Tout le reste c'est de la philo. Si vous avez un continent de gens instruits et éduqués, vous n'avez plus de problème sous développement.

  • Ramata

    pas beaucoup l'ont prouvé, notamment en Asie. Donc, après, on n'aime pas tout ce qu'ils ont fait, mais clairement, les investissements en éducation, il n'y a pas de... Donc,

  • Youssouf

    on fait la même chose pour la musique. On a un programme qui s'appelle Africa Proud, qu'on accompagne depuis deux ans maintenant. Didi Mogreen fait un concours où il donne accès à des chanteurs africains partout en Afrique. à la diffusion de leurs titres en digital sur les plateformes. La Maison d'Afrique, la propagne, on va re-signer avec lui pour faire la deuxième édition cette année. On a l'avisage de faire la même chose dans le livre. Pour l'instant, c'est un peu prématuré de l'annoncer, mais j'ai rencontré la dirigeante d'une des premières maisons d'édition africaine sur la place de Paris. On s'est parlé samedi, parce qu'elle partait à Dujan pour le sein du livre. de Côte d'Ivoire en train de réfléchir à ça. Le champ du possible sur les institutions créatives et culturelles est tellement vaste que pour moi, c'est la priorité. Et c'est vrai, dans plein de pays en Occident, on se souvient plus de l'impact de dirigeants d'institutions culturelles. que les dirigeants d'autres institutions, parce que la culture et l'éducation, c'est ça qui fait société, en fait. Tout simplement.

  • Ramata

    Et du coup, est-ce qu'on a accès à des projets qui ont été accompagnés par la Maison de l'Afrique, via le site, ou est-ce que vous communiquez du coup sur les...

  • Youssouf

    Non, on communique très mal sur nos succès. On ne peut pas avoir toutes les qualités.

  • Ramata

    Donc c'est là qu'Africa Fashion Tour va intervenir de manière mensuelle, mettre en avant la success story de la Maison de l'Afrique. Et puis chaque mois, parce que c'est ça aussi qui permet de consolider une vision et aussi de témoigner de ce projet-là. Il était à ce stade-là quand on l'a découvert. Voilà où est-ce qu'on en est en fait. Et c'est ça qu'on a besoin de voir avec toutes les explications que tu nous as partagées là. ne pas arriver en se disant, ceux qui arrivent en se disant, moi j'ai besoin de lever des fonds, ils vont voir des exemples concrets, ce ne sont peut-être pas les fonds en premier, il faut avoir la preuve du marché, et cette preuve-là on peut la voir sans forcément dépenser trop d'argent au départ.

  • Youssouf

    C'est vrai qu'on n'a pas une stratégie de communication proactive sur le succès, ça c'est un peu lié, on a des défauts de sa qualité, moi j'ai grandi dans un environnement où... M. Moutkato m'a appris à ne pas faire trop de bruit et à plutôt travailler. Donc, on est dans cette logique-là. Mais c'est vrai que notre écosystème au sein de la Maison de l'Afrique, lui, bénéficie de ça. Quand on fait des événements, nous avons créé la Maison de l'Afrique, par exemple, le CERC d'Affaires, qui s'appelle CERC, LMDM 1174, où nous avons des entreprises qui travaillent ensemble. Et à ces événements-là, je rencontre ici un networking. beaucoup de gens qui peuvent échanger sur les succès. Donc ça se fait dans l'écosystème de la Maison de l'Afrique. C'est vrai que je n'ai pas pris le parti d'avoir une communication extérieure qui peut parfois ressembler, mais ça c'est ma perception, ça peut être fausse, à cette cacophonie de la successfull racontée sur tous les réseaux médias du moins succès qui viendraient. peut-être cacher des choses qui ne vont pas, qui sèment le tout. Peut-être que j'ai cette croyance-là qui me limite dans la communication des succès de la Maison de l'Afrique. Mais je prends note. On a besoin d'exemples.

  • Ramata

    On a besoin d'exemples. C'est ça. Connaître la Maison de l'Afrique et aller sur le site, c'est une chose. Mais de voir que le petit frère, le cousin, le grand frère... Et passer par là, c'est aussi des moyens sans être dans... On ne va pas être dans une com qui est « on va vous montrer le footballeur qui a réussi à faire ce que le créateur de contenu » On va plutôt être dans comment l'entrepreneur doit travailler aujourd'hui parce qu'on a envie de donner des clés d'apprentissage, faire en sorte que si le plus grand nombre sait comment il faut faire...

  • Youssouf

    Nous, on veut la recette du succès. On a déjà parlé de la recette.

  • Ramata

    Moi,

  • Youssouf

    je veux la recette. Moi, je veux la recette. Mais moi, je veux la vendre. Je reste trop en train de faire. Donc, voilà. Voilà. Mais c'est évident qu'on a un devoir. On a un devoir de transmission. On a un devoir d'exemple. Et la Maison de l'Afrique, je le dis, c'est une entreprise qui appartient à 10 États africains et à la France. C'est un modèle unique. Une entreprise qui a 50 ans, qui est autonome par ses activités, qui est panafricaine par son actionnariat, c'est vraiment quelque chose qui doit inspirer et doit vraiment donner un élément de fierté à tous les Africains. Donc, c'est possible que l'Afrique s'unisse pour bâtir une activité pérenne pendant 50 ans. Oui, c'est possible.

  • Ramata

    Et ça, on a besoin d'en entendre parler, surtout par les temps qui courent.

  • Youssouf

    C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai. Donc, promis ! On tâchera d'être à la hauteur déjà à travers ton podcast régulier. Avec plaisir. Mais vraiment, on veut bien témoigner de ça.

  • Ramata

    Tu disais que tu as repris l'entreprise un peu après le Covid, où l'entreprise était en difficulté. Aujourd'hui, après quelques années d'activité et de reprise, et j'imagine de transformation, En fait, du modèle économique, quel bilan tu fais ? Donc, tu as transformé le business model. Et du coup, j'imagine que tu as challengé les actionnaires et tu as été aussi challengé, j'imagine. Donc, quel bilan tu fais de ces quelques années ? Ça fait 4 ans, en fait ?

  • Youssouf

    3 ans et demi. Le bilan Biparcours est très, très bon. Moi, je parle de la maison de l'Afrique. Le bilan est très très bon. Voilà une entreprise qui est aujourd'hui solide sur ses appuis. Donc on a sécurisé les actifs. La Maison de l'Afrique a sécurisé ses actifs. Je pense que les actifs, on les a multipliés au minimum par 5. On va faire une évaluation au niveau 6 des actifs de la Maison de l'Afrique. Donc ça, c'est une très très belle opération. La deuxième chose qui rassure sur le futur, c'est le modèle économique. d'intelligence stratégique qui fait le pont entre des technologies, des savoir-faire, des projets entre l'Europe, la France et l'Afrique, c'est pertinent. Parce qu'il y a une histoire de plus de six siècles avec la France pour des périphériques confins, ce qui fait que dans tous les cas, sur les questions économiques, artistiques et culturelles, la coopération entre la France et l'Afrique ne s'arrêtera jamais. Donc, d'avoir un modèle économique qui soutient ça, c'est très bien. Et comme il est adossé à un modèle d'organisation agile, c'est-à-dire qu'on travaille en mode projet, on a des consultants pour tous les sujets, je suis capable de tout adresser. Le projet le plus lourd qu'on met à la Maison de l'Afrique, c'est un projet à 15 ans pour bâtir une ville nouvelle. C'est un projet qui va chercher autour de 150 millions d'euros, ne serait-ce que pour l'implémentation. 15 On a un projet qu'on a instruit pour le Cameroun, c'était pour faire une clinique, mais avec les échanges, avec le fond, on s'est rendu compte qu'on pouvait plutôt faire un réseau de cliniques. Donc on allait chercher 1,25 millions d'euros, aujourd'hui on va chercher 50 millions d'euros pour faire en 5 ans un réseau de cliniques. Voilà la force d'un modèle économique celui-ci, mais ça vous le faites parce que vous avez mis un écosystème agile autour. Donc c'est les consultants autour qui nous ont challengés pour nous amener sur ce genre de projet-là. C'est solide aussi parce qu'on peut partir d'une feuille blanche pour créer des choses. Nous sommes partis d'une feuille blanche puisqu'en 2022, on s'est rendu compte qu'un des actifs importants de la Maison de l'Afrique, c'était les marques et les licences de marques. Nous avons créé Brands Africa, qui est un label qui est en train de valider à la Chambre de commerce du Bénin et des Côtes d'Ivoire. Un label qui va permettre aux marques africaines d'être identifiées, d'être accompagnées en protection et d'être promues. Et pour booster la promotion des marques africaines, nous avons créé un salon dont la première édition a lieu en Côte d'Ivoire à Pétion en octobre 2024, qui est le premier salon de licence de marque. Par ce salon-là, on ouvre une porte. aux entreprises africaines, aux marques africaines, aux territoires africains, au marché de la licence de marque. Le marché de la licence de marque dans le monde, c'est 350 milliards de dollars. L'Afrique fait zéro. Donc, j'arrête là les exemples parce qu'il y en aurait beaucoup. Donc, l'avenir, il est radieux. Les bases de gestion sont celles, l'organisation, elle est simple, les visibilités, elle est bonne, le modèle économique, il tient la route. Maintenant, il faut des hommes et des femmes qui nous amènent nos projets. vous mettre dans le carburateur et puis on avance.

  • Ramata

    Que de bonnes nouvelles. Décidément, cette recette du succès, tu vas pouvoir la vendre dans ton château.

  • Youssouf

    En tout cas, avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je répète. Je répète avec beaucoup de tranquillité. Beaucoup de tranquillité. Je suis intimement convaincu pour l'avoir éprouvée pendant 35 ans. Quand vous appliquez des bonnes recettes de gestion, de vision, d'organisation et de management, l'entreprise est aussi en secteur. Vous ne pouvez pas être coup. C'est impossible.

  • Ramata

    Ce sera le mot de la fin. On va rester là-dessus.

  • Youssouf

    Je te remercie.

  • Ramata

    Merci à toi. À très bientôt.

  • Youssouf

    À bientôt. En Afrique, ouais. Oui.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Youssouf Kamara

    00:00

  • Rencontre avec les créateurs africains et leurs parcours

    00:27

  • Parcours académique et professionnel de Youssouf Kamara

    01:28

  • Vision de l'entrepreneuriat en Afrique

    02:36

  • Les défis et succès dans le secteur du retail

    06:50

  • La recette du succès entrepreneurial selon Youssouf

    10:36

  • Transformation de la Maison de l'Afrique

    13:49

  • Initiatives culturelles et créatives en Afrique

    19:41

  • Importance de l'éducation et de la résilience

    25:21

  • Conclusion et réflexions finales

    29:15

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