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Dino Sapiens - le podcast des organisations en mutation

Blanche de Richemont & Dino Sapiens: Transformation, la joie en ligne de mire

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18min |14/05/2025
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Description

đŸŽ™ïž Joie, transformation et nymphose — avec Blanche de Richemont


Dans cet épisode de Dino Sapiens, nous explorons la transformation des organisations à travers une perspective rare : celle de la joie, du silence, et de la sagesse intérieure.

Avec Blanche de Richemont — Ă©crivaine, philosophe du dĂ©sert, confĂ©renciĂšre — nous parlons de ces temps de pause indispensables dans toute conduite du changement, qu’elle appelle la nymphose. Car avant d’agir, il faut parfois s’arrĂȘter pour Ă©clore.


💡 Pourquoi toute transformation, individuelle ou collective, a besoin de lenteur, de luciditĂ© et de sens ?
đŸŒ± Quel rĂŽle peut jouer la joie comme boussole, dans un monde saturĂ© de vitesse, de crise, de digitalisation ?
🌀 Comment prĂ©server notre humanitĂ©, notre intelligence collective et une forme de leadership Ă©thique dans la tempĂȘte des transitions ?


Blanche Ă©voque aussi les dĂ©fis liĂ©s Ă  l’intelligence artificielle, au futur du travail, Ă  la perte de sens, Ă  l’épuisement intĂ©rieur
 Et partage des pistes trĂšs concrĂštes pour que la transformation serve vraiment la vie — celle des individus comme des organisations Ă  mission.


Un Ă©pisode profond, inspirant, pour tous les dirigeant·es, RH, managers, coachs ou consultant·es qui veulent transformer autrement : avec cƓur, avec Ă©coute, avec humanitĂ©.


⭐ Si l’épisode vous inspire, laissez un commentaire ou une note sur votre app de podcast prĂ©fĂ©rĂ©e — cela aide Ă©normĂ©ment Dino Sapiens Ă  se faire connaĂźtre.


🎧 Bonne Ă©coute — et, comme toujours, Ă©vitons l’extinction.


***** Blanche de Richemont propose des conférences sur les thÚmes de la Joie et du Courage : https://www.blanchederichemont.com/

📘 Bibliographie, sur la transformation, la joie et le courage:

  • Le souffle du MaĂźtre - Editions Presses de la Renaissance - 2015 : un rĂ©cit initiatique sur la transformation guidĂ©e par la joie.

  • Petit dictionnaire de la joie - Chanter l'instant - Editions Philippe Rey - 2017

  • Le sourire de l’aube - Editions Fayard - 2020

  • Allez, courage ! - Editions Les Presses de la CitĂ© - 2022

  • La Fille du dĂ©sert - Editions Les Presse de la CitĂ© - 2024



Faites-moi signe sur LinkedIn

et sur Instagram


En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose.

  • Speaker #1

    Planche de Richemont et de ces personnes qui, lorsqu'elles vous regardent en face, savent percer la surface pour aller droit Ă  l'essentiel. D'un bleu profond, son regard illuminĂ© de colle, une habitude qu'elle tient du dĂ©sert pour se protĂ©ger du soleil, vient vous parler directement au cƓur, avec une franchise et une authenticitĂ© rares. Le premier livre que j'ai lu de Blanche, c'est « Allez courage, petit traitĂ© de l'ardeur » . À un moment de ma vie oĂč je pouvais rĂ©inventer pas mal de choses. Sans paraphrase, mais sans brusquerie non plus, Les mots de Blanche m'ont cueilli. et emmener un peu plus loin. NĂ©e Ă  Paris en 1978, Blanche de Richemont a Ă©tudiĂ© la philosophie et la Sorbonne, consacrant son DEA au sublime, inspirĂ© par sa passion prĂ©coce pour le dĂ©sert. Depuis, elle parcourt les sables du Sahara, de la Libye au Mali, en quĂȘte d'absolu et de silence. Ses expĂ©riences nourrissent une Ɠuvre littĂ©raire singuliĂšre entre rĂ©cits de voyages, romans et essais spirituels. Parmi ses ouvrages notables, « Éloge du dĂ©sert » en 2004, « Le souffle du maĂźtre » en 2015, « Petit dictionnaire de la joie » en 2017 et plus rĂ©cemment « La fille du dĂ©sert, une vie avec Isabelle HĂ©berhardt » publiĂ© en 2024. Blanche anime Ă©galement des confĂ©rences et des marches initiatiques, partageant sa quĂȘte de joie et de courage. Son travail explore les liens entre intĂ©rioritĂ©, libertĂ© et engagement, offrant une voix poĂ©tique et profonde sur notre rapport. rapport au monde. Elle nous parle aujourd'hui de transformation et de joie avec la prĂ©cision d'une reine des mots et des questionnements qui mĂšnent Ă  la sagesse en passant par le sens.

  • Speaker #2

    Bonjour Blanche, merci de me recevoir chez toi à Paris pour ce nouvel épisode de Dino Sapiens. On se connaßt depuis peu, on a marché ensemble dans le désert sur le thÚme de la joie et c'était pour moi une expérience unique.

  • Speaker #0

    Bonjour BérangÚre.

  • Speaker #2

    Peux-tu nous donner d'abord une définition de la joie.

  • Speaker #0

    La joie, c'est une façon d'ĂȘtre au monde. La joie, c'est une flamme qu'on a Ă  l'intĂ©rieur de soi et qui ne nous quitte jamais. Elle est l'essence mĂȘme de notre ĂȘtre. Par contre, parfois elle est un peu voilĂ©e, ou cette lumiĂšre, cette flamme, elle est un peu enveilleuse, mais elle est toujours lĂ . Et donc, elle est toujours prĂȘte Ă  surgir, et n'importe quel Ă©vĂ©nement, un sourire, une fleur, un rayon de soleil, une Ă©treinte, une bonne nouvelle, n'importe quoi peut faire juste monter Ă  la surface cette lumiĂšre, cette flamme qu'on a en soi. Pour moi, la joie, elle est possible oĂč que l'on soit, quoi qu'il arrive. MĂȘme dans les moments les plus difficiles, la joie peut venir nous cueillir. J'ai la sensation que notre destin d'homme est de cultiver cette lumiĂšre intĂ©rieure, cette joie, pour qu'elle vienne nous cueillir le plus souvent possible.

  • Speaker #2

    Quelle est selon toi la place de la joie dans une transformation d'entreprise ou d'organisation plus généralement, quand souvent on associe à transformation un moment douloureux ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que le moment de la transformation est toujours un moment trĂšs inconfortable. On dit que la chenille, au moment oĂč elle va devenir papillon, oĂč tout craque, tout explose, oĂč elle sort de son cocon, c'est des moments trĂšs douloureux. Le moment oĂč l'enfant naĂźt, c'est aussi un moment trĂšs douloureux. Donc la transformation est quand mĂȘme Ă  chaque fois un moment assez douloureux, quand on est dedans. Ce qui aide Ă  le vivre, si on vit cette transformation comme un chemin initiatique. Alors on sait que la joie est en ligne de mire, et on a mĂȘme une joie peut-ĂȘtre Ă  souffrir. pour juste ĂȘtre dans une forme d'Ă©pure, de chemin, de prise de conscience. On sait que ce n'est pas facile, on sait que c'est inconfortable, mais on sait que c'est un chemin. Ce n'est pas une fatalitĂ©, ce n'est pas dĂ©finitif. Et surtout, ça nous mĂšne vers autre chose de plus grand, un peu comme un dĂ©mĂ©nagement. Le moment du dĂ©mĂ©nagement n'est pas toujours facile, mais on va peut-ĂȘtre vers un autre lieu qui va nous correspondre mieux. Ça, c'est dans l'idĂ©al. Donc, toute transformation n'est pas forcĂ©ment positive Ă©galement. La vraie question, c'est se poser la question, est-ce que cette transformation va me mener vers la joie ? Est-ce que ma joie est en ligne de mire ou pas ? Toute transformation peut nous mener aussi vers des moments plus difficiles. On peut les dĂ©mĂ©nager vers un lieu qui ne nous correspond pas du tout. Donc, je pense que pour que la joie prenne sa place dans la transformation, il faut savoir pourquoi on se transforme, Ă  quoi sert cette transformation, oĂč est-ce qu'elle va nous mener.

  • Speaker #2

    On a parlé en préparation de l'intelligence artificielle. C'est une transformation majeure de notre société et des entreprises qui nous attend. Quelle est ta vision ?

  • Speaker #0

    Je suis Ă©crivaine, je suis une spĂ©cialiste du Sahara, ça fait 25 ans que je traverse le dĂ©sert. Évidemment, par mon profil et ma quĂȘte de vie, je suis un peu Ă  l'Ă©cart de cette transformation qui est nĂ©e de l'intelligence artificielle Ă  plein d'Ă©gards. La premiĂšre, c'est que, Ă©videmment, moi aussi, je trouve ça trĂšs facile quand j'interroge mon ordinateur pour savoir oĂč se trouve telle rĂ©gion du Sahara. J'ai la rĂ©ponse tout de suite, donc ça, c'est formidable. Si l'intelligence artificielle reste au service de l'homme pour juste interroger ses connaissances, c'est bien. Mais la problĂ©matique de l'intelligence artificielle, elle pose une vraie question, c'est quelle est la mission de l'homme ? Si on estime que l'intelligence artificielle pense Ă  notre place, rĂ©flĂ©chit Ă  notre place, connaĂźt mieux notre place, qu'est-ce qu'on attend de l'homme ? Si cette transformation n'accompagne pas une Ă©volution de l'homme, en tant qu'ĂȘtre, Ă  quoi ça sert ? LĂ , pour moi, la rĂ©ponse reste entiĂšre, parce que quand je vois des... postes qui sautent parce que l'intelligence artificielle prend la place, quand je vois que l'intelligence artificielle va aussi prendre la place des hommes dans les combats armĂ©s, quand je vois que maintenant les enfants t'expliquent qu'ils n'ont plus besoin d'apprendre ni mĂȘme de lire parce qu'ils ont tout sur l'ordinateur, je me dis, si nous on n'Ă©volue pas, qu'est-ce qu'on fait ? Et qu'est-ce qu'on va faire de tout ce temps libre ? On se dit qu'on gagne du temps, mais on gagne du temps pour en faire quoi de ce temps-lĂ  ? Pour moi, je suis assez sceptique pour l'instant parce que je n'ai pas de rĂ©ponse qui me satisfasse. Donc, on n'arrĂȘte pas de dire que cette transformation est extraordinaire, que de toute façon, elle est fatale. Non, elle n'est pas fatale. L'homme peut se choisir. Il n'est pas obligĂ© d'entrer dans une course qui le diminue. Car on voit bien que le cerveau se diminue de plus en plus. Les connaissances se diminuent. La libido des jeunes diminue. Car Ă  force d'ĂȘtre devant les Ă©crans tout le temps, on n'est plus dans la vie. Je pense que les seules transformations qui valent vraiment le coup, ce sont celles qui soient au service de la vie, avec un V majuscule, au service de notre humanitĂ©. Et pour revenir aux entreprises, dans les entreprises, il faut que chaque transformation aille vers plus d'humanitĂ©, plus de cƓur, plus de vie, plus de grandeur ensemble. Alors lĂ , elle a un sens. Mais c'est vrai que maintenant, vous allez voir mĂȘme un mĂ©decin, il passe sa vie sur son ordinateur, il vous regarde Ă  peine parce qu'il a tellement d'informations Ă  rentrer dans le logiciel pendant qu'il vous parle, je ne sais pas si tu as remarquĂ©, que vous avez un mĂ©decin en face de vous qui se comporte comme un robot. Donc, si ce sont ça les transformations de notre Ă©poque, je ne les comprends pas. Et lĂ , pour moi, je ne vois pas oĂč est la joie. La joie est lĂ  que quand elle est au service de la vie.

  • Speaker #2

    Dans les étapes de la transformation, on dit souvent qu'il y a une phase qui est une phase de deuil, c'est-à-dire d'accepter que ce qui a été ne le sera plus. Comment tu places la joie dans cette phase-là ?

  • Speaker #0

    Tout ce qui n'Ă©volue pas meurt. Encore une fois, je mets la joie parce que c'est vers la vie, cette transformation. J'avais rencontrĂ© une femme maĂźtre soufie. Le soufisme, c'est la tradition mystique de l'islam. C'Ă©tait la premiĂšre fois qu'une femme Ă©tait maĂźtre soufie dans une confrĂ©rie soufie extrĂȘmement puissante, extrĂȘmement importante. qui est dans la lignĂ©e de Rumi, la lignĂ©e des Dervish Turner. Et elle me dit, Blanche, tu vois cette derga, la derga c'est la communautĂ©, donc cette maison qui accueille la communautĂ©, cette derga, mon rĂȘve c'est de la raser pour en construire une autre nouvelle, plus belle, celle-lĂ  est trĂšs vieille, elle tombe en ruine. Est-ce que tu penses que je serais triste quand je verrais cette derga dans laquelle j'ai vĂ©cu, en ruine, enfin, par terre ? Alors moi je lui dis, bah oui, moi je serais dĂ©sespĂ©rĂ©e, le lieu oĂč j'ai vĂ©cu, qu'il soit complĂštement effondrĂ©, je dis bah oui, bien sĂ»r que vous serez triste. Elle m'a rĂ©pondu « Ben non » . car je sais que ce sera pour quelque chose de mieux encore. Donc, elle est lĂ , il faudra faire les deuils de sa maison, le deuil de son enfance. Évoluer, c'est faire le deuil. Donc, si c'est un deuil qui est le deuil de son cocon, le deuil de ses limites, le deuil de ce qui nous enferme, le deuil de ce qui tombe en ruine, alors c'est un deuil joyeux d'une certaine maniĂšre, parce que c'est un deuil nĂ©cessaire pour pouvoir passer Ă  autre chose. Le deuil, en fait, notre vie, on passe notre vie Ă  renaĂźtre. On passe notre vie Ă  vivre des petites morts et des renaissances. Donc, je pense qu'accepter que le deuil ne soit pas forcĂ©ment une chose nĂ©gative, c'est viser la joie, c'est le vivre profondĂ©ment et accepter d'ĂȘtre profondĂ©ment triste. MĂȘme si, moi par exemple, Ă  cette place, je serais vraiment triste de voir la maison un peu bouleversĂ©e, de voir la maison que j'ai aimĂ©e en ruine, mĂȘme si je sais qu'il y aurait une plus belle maison derriĂšre, mais je pense que c'est important, pour moi qui n'ai pas les veines ni la maturitĂ© d'un maĂźtre et Sophie, d'accepter que mĂȘme si c'est pour autre chose de mieux, pour l'instant, je suis triste. Et je pense que dans la phase de la transformation, si elle vise la joie, il faut accepter qu'on soit triste. On est dans une Ă©poque oĂč on n'a plus le droit d'ĂȘtre malheureux, d'ĂȘtre triste, car on a plein de clĂ©s de dĂ©veloppement personnel qui devraient nous aider Ă  ĂȘtre heureux quoi qu'il arrive. Non, il faut accepter que ça fasse mal et le vivre vraiment. Attention, pas y rester, pas s'enliser, mais accepter que ça fasse du mal. Accepter ce deuil, accepter que ces ruptures soient douloureuses et compliquĂ©es, accepter aussi que ça va mettre du temps. On a besoin de vivre ce temps-lĂ  de deuil qui est nĂ©cessaire pour pouvoir ne pas... passer Ă  autre chose et pas se traĂźner ce deuil dans le fond du cƓur Ă  longueur de temps pendant des annĂ©es.

  • Speaker #2

    Et pour revenir au concept dont tu parlais tout à l'heure, de la chenille qui se transforme en papillon, tu nous as parlé, quand on a marché ensemble dans le désert, de la nymphose. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce concept ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que la nymphose est un moment nĂ©cessaire dans tout processus de transformation. La nymphose, c'est l'Ă©tape par laquelle passe la chenille avant de devenir papillon. Elle passe par un Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale avant de gagner ses ailes. Ce moment-lĂ , oĂč elle est dans cet Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale, est appelĂ© nymphose. Donc, le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc, dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose, ce temps oĂč on arrĂȘte. Mais pas obligĂ© de prendre des annĂ©es. Peut-ĂȘtre mĂȘme ce temps de nymphose, il est pour moi nĂ©cessaire tous les jours. Cinq minutes de nymphose tous les jours. Pour qu'au cƓur du chaos, au cƓur de quoi qu'on vive, quoi qu'il se passe, il y a un moment oĂč on s'arrĂȘte. On laisse Ă©clore, on laisse germer, on laisse mouvoir les choses en soi. On laisse monter Ă  la surface tout ce qui est au creux de nous. On prend ce temps-lĂ  pour s'ajuster au cƓur mĂȘme des difficultĂ©s et du chaos qui accompagnent en gĂ©nĂ©ral les transformations.

  • Speaker #2

    Comment on fait pour faire une nymphose de cinq minutes ?

  • Speaker #0

    Alors, on Ă©teint son tĂ©lĂ©phone, on met un rĂ©veil, et puis on regarde par la fenĂȘtre, on se met en silence, sur sa chaise, on ne fait rien, absolument rien. Si on a des pensĂ©es, on les laisse passer, on ne les re-serre pas le thĂ©, on ne les juge pas, on accepte tout. On n'attend rien de la vie, la vie n'attend rien de nous, c'est un moment de gratuitĂ© totale. Vous pouvez ĂȘtre sĂ»r que si vous faites 5 minutes de nymphose, avant une rĂ©union, avant une prise de dĂ©cision difficile, avant de rentrer dans une journĂ©e trĂšs compliquĂ©e, vous l'aborderez diffĂ©remment, vous serez plus centrĂ©, vous serez plus apaisĂ©. Et donc, vous pouvez... Vous pourrez faire en sorte que ce qui arrive, ce qui se passe, soit vraiment l'Ă©cho de vous. Et ce sera une vĂ©ritable action et non pas une rĂ©action.

  • Speaker #2

    Alors, est-ce que pour faire une nymphose au niveau de l'individu ou d'une organisation ou d'une équipe, est-ce qu'ils font une vision claire, un objectif clair au départ ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r. Je pense que c'est trĂšs important d'avoir un objectif clair parce que quand on a un objectif clair, on a notre volontĂ©, la puissance du laser. En gĂ©nĂ©ral, le problĂšme avec notre volontĂ©, c'est qu'elle n'est jamais assez claire. En fait, on veut, mais toujours avec un mais. Je veux si je veux ça, mais il faudrait quand mĂȘme que ce soit. Je veux dĂ©mĂ©nager, mais dans ce quartier. Je veux qu'un homme m'aime, mais il faut qu'il soit comme ça. Je veux ce travail, mais je veux ces jours de congĂ©. Donc, il y a toujours un mais dans notre volontĂ©. Ce qui est important, c'est que la volontĂ© soit sans faille, soit sans mais. C'est ça qu'on veut et on accepte tout. Parce que c'est cette volontĂ©-lĂ , ce dĂ©sir-lĂ  qui prend la place. Et quand vous ĂȘtes animĂ© par une volontĂ© aussi puissante, alors tout change, parce qu'on vous sent moins faillible en face de vous, et donc votre action va aller beaucoup plus au cƓur, elle va avoir le tranchant de la flĂšche. C'est trĂšs important d'avoir cette volontĂ© claire, mais si vous vous regardez en face, et si vous regardez votre vie en face, vous vous rendez compte que c'est rare d'avoir une volontĂ© si claire.

  • Speaker #2

    Et justement, quand on n'a pas cette volonté si claire, quelle est ta vision ? Quel est ton conseil pour se forcer un peu, pour dépasser ce moment de brouhaha intérieur et d'incertitude ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai l'impression que ce brouhaha intĂ©rieur, l'incertitude, c'est notre lot Ă  tous au quotidien. Je pense, moi, qu'il faut passer par l'apaisement, par les lymphoses, par aller marcher aussi. La marche dans des endroits solitaires, ou Ă©videmment le dĂ©sert, qui pour moi est mon lieu de source. La forĂȘt, dans la rue. S'apaiser. S'apaiser, c'est la clĂ© d'abord. Et ensuite, interroger ses mets. Pourquoi est-ce qu'on met des mets tout le temps ? Pourquoi est-ce que notre volontĂ© est... Pourquoi est-ce qu'on n'est pas essayĂ© de se voir en face ? RenĂ© Char disait « La luciditĂ© est la blessure la plus proche du soleil. » Car la luciditĂ© est une blessure, mais elle est proche du soleil parce qu'elle nous mĂšne vers la lumiĂšre. Donc je pense qu'il est important de se voir en face, de voir pourquoi on encombre notre vie de tant de mets. C'est comme l'amour, on parle toujours, pour moi, l'amour c'est toujours aimer quand mĂȘme. Il y a un infini dans ce quand mĂȘme. VoilĂ . C'est ça, c'est un amour qui prend aussi le quand mĂȘme, qui prend aussi l'ombre, qui prend aussi l'aimer, qui les accepte et qui les englobe. Je pense qu'on commence vraiment Ă  aimer quand on est déçu aussi. Parce que voilĂ , il y a ça, mais c'est d'accord. On accepte l'ombre, on englobe l'ombre. Et quand on apprend Ă  vivre comme ça, comme une sorte de discipline intĂ©rieure, on se dit, est-ce que mon amour est assez fort pour accepter les quand mĂȘme ? Alors on clarifie sa pensĂ©e et sa volontĂ©.

  • Speaker #2

    Blanche, on arrive à la fin de cet épisode. Mais avant d'arriver à sa conclusion et ma derniÚre question, tu as écrit beaucoup de livres. Lequel tu nous conseillerais de lire aujourd'hui, qui reprend le thÚme de la joie dans la transformation ?

  • Speaker #0

    Je vous conseillerais Le souffle du maĂźtre, parce que je suis allĂ©e pendant trois ans auprĂšs d'un sage en Inde, qui est un maĂźtre qui a vĂ©cu 18 ans en silence en Himalaya. C'Ă©tait un rishi, un maĂźtre de l'humanitĂ©, le disciple de la grande sainte Mahananda Mai. Et moi, je suis allĂ©e le voir. Parce que je me disais, si je passe ma vie dans le dĂ©sert, oĂč je trouve une lumiĂšre et que quand je rentre, cette lumiĂšre me lĂąche, me quitte. Je suis tributaire des Ă©vĂ©nements, je suis tributaire du dĂ©sert, je suis esclave du dĂ©sert, donc je ne suis pas libre et je voulais trouver les moyens de garder cette lumiĂšre en moi quoi qu'il arrive. Et donc c'est comme ça que j'ai pu rencontrer ce sage et je raconte un peu toute la transformation que j'ai vĂ©cue auprĂšs de lui. Parce qu'Ă©videmment je m'Ă©tais dit je prends la belle parole du sage et puis je repars sur les routes. Et puis en fait je suis restĂ©e auprĂšs de lui et pendant trois ans j'ai fait des va-et-vient pour recevoir son enseignement. C'est un livre de transformation portĂ©, guidĂ© par un grand maĂźtre. Et Vijayananda, ça veut dire la victoire de la joie. Il Ă©tait le disciple de la grande sainte Manandamai, qui veut dire la mĂšre de la joie. Toutes les transformations visent la joie. Ce livre raconte ce chemin-lĂ .

  • Speaker #2

    Merci, un immense merci Blanche, de nous partager ta rĂ©flexion profonde et en mĂȘme temps trĂšs synthĂ©tique. Ça tient en peu de mots, mais oĂč chacun a sa place dans la phrase. Pour finir, est-ce que tu pourrais donner quelques conseils, trois suffisent, pour les personnes qui guident les transformations d'entreprise ? afin qu'elles arrivent Ă  intĂ©grer la joie dans leur programme, dans leur accompagnement et emmener les Ă©quipes ?

  • Speaker #0

    Alors d'abord, je pense que c'est important de commencer, quand on guide les transformations, de commencer par d'abord la nymphose, justement, un moment d'arrĂȘt, oĂč pousser, forcer les gens Ă  s'arrĂȘter, Ă  se laisser ĂȘtre, premiĂšrement. DeuxiĂšmement, Ă  se voir en face, ĂȘtre lucide, Ă  savoir les Ă©couter pour qu'eux puissent Ă©couter soi-mĂȘme. Et troisiĂšmement, et peut-ĂȘtre que ce troisiĂšmement pourrait ĂȘtre un premiĂšrement en fait, Ă  avoir de l'amour. Que les gens se sentent aimĂ©s. Parce que quand on se sent aimĂ©, quand on se sent considĂ©rĂ©, quand on se sent reconnu, on va loin. Et je pense que c'est important dans les moments difficiles oĂč on s'interroge, oĂč on doute, oĂč on ne sait plus, de sentir en face de soi quelqu'un qui a profondĂ©ment confiance en vous, qui croit en vous, qui vous porte, qui vous encourage. Et c'est ça l'amour. C'est de dire mĂȘme si lĂ  c'est le chaos, mĂȘme si lĂ  c'est la catastrophe, je crois en toi, je crois en toi. profondĂ©ment, je crois en toi. Et voilĂ , je pense que ça, c'est une clĂ© immense.

  • Speaker #2

    Merci Ă  un immense merci encore, Blanche.

  • Speaker #0

    Merci, BérangÚre. Au revoir.

  • Speaker #1

    Quel dĂ©but plus inspirant j'aurais pu trouver pour inaugurer la saison 3 de Dinosapiens, pour nous emmener Ă  l'intĂ©rieur de nous-mĂȘmes, pour vivre la transformation avec la joie en ligne de mire, pour nous questionner profondĂ©ment sur le sens des choses, pour nous poser en infose avant de se lancer en action. Si vous souhaitez... Souhaitez rencontrer Blanche de Richemont et l'entendre parler de la joie et du courage. Si vous souhaitez la questionner sur ses rĂ©flexions, sachez qu'elle propose des confĂ©rences en entreprise sur ces thĂ©matiques. Je vous mets, comme d'habitude dans les notes du podcast, les rĂ©fĂ©rences vers son site ainsi que sa bibliographie. N'oubliez pas de laisser Ă  DinoSapiens un commentaire sur Apple Podcast, des Ă©toiles sur les plateformes d'Ă©coute. A trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode et d'ici lĂ , Ă©vitons l'extinction !

Description

đŸŽ™ïž Joie, transformation et nymphose — avec Blanche de Richemont


Dans cet épisode de Dino Sapiens, nous explorons la transformation des organisations à travers une perspective rare : celle de la joie, du silence, et de la sagesse intérieure.

Avec Blanche de Richemont — Ă©crivaine, philosophe du dĂ©sert, confĂ©renciĂšre — nous parlons de ces temps de pause indispensables dans toute conduite du changement, qu’elle appelle la nymphose. Car avant d’agir, il faut parfois s’arrĂȘter pour Ă©clore.


💡 Pourquoi toute transformation, individuelle ou collective, a besoin de lenteur, de luciditĂ© et de sens ?
đŸŒ± Quel rĂŽle peut jouer la joie comme boussole, dans un monde saturĂ© de vitesse, de crise, de digitalisation ?
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Blanche Ă©voque aussi les dĂ©fis liĂ©s Ă  l’intelligence artificielle, au futur du travail, Ă  la perte de sens, Ă  l’épuisement intĂ©rieur
 Et partage des pistes trĂšs concrĂštes pour que la transformation serve vraiment la vie — celle des individus comme des organisations Ă  mission.


Un Ă©pisode profond, inspirant, pour tous les dirigeant·es, RH, managers, coachs ou consultant·es qui veulent transformer autrement : avec cƓur, avec Ă©coute, avec humanitĂ©.


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***** Blanche de Richemont propose des conférences sur les thÚmes de la Joie et du Courage : https://www.blanchederichemont.com/

📘 Bibliographie, sur la transformation, la joie et le courage:

  • Le souffle du MaĂźtre - Editions Presses de la Renaissance - 2015 : un rĂ©cit initiatique sur la transformation guidĂ©e par la joie.

  • Petit dictionnaire de la joie - Chanter l'instant - Editions Philippe Rey - 2017

  • Le sourire de l’aube - Editions Fayard - 2020

  • Allez, courage ! - Editions Les Presses de la CitĂ© - 2022

  • La Fille du dĂ©sert - Editions Les Presse de la CitĂ© - 2024



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Transcription

  • Speaker #0

    Donc le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose.

  • Speaker #1

    Planche de Richemont et de ces personnes qui, lorsqu'elles vous regardent en face, savent percer la surface pour aller droit Ă  l'essentiel. D'un bleu profond, son regard illuminĂ© de colle, une habitude qu'elle tient du dĂ©sert pour se protĂ©ger du soleil, vient vous parler directement au cƓur, avec une franchise et une authenticitĂ© rares. Le premier livre que j'ai lu de Blanche, c'est « Allez courage, petit traitĂ© de l'ardeur » . À un moment de ma vie oĂč je pouvais rĂ©inventer pas mal de choses. Sans paraphrase, mais sans brusquerie non plus, Les mots de Blanche m'ont cueilli. et emmener un peu plus loin. NĂ©e Ă  Paris en 1978, Blanche de Richemont a Ă©tudiĂ© la philosophie et la Sorbonne, consacrant son DEA au sublime, inspirĂ© par sa passion prĂ©coce pour le dĂ©sert. Depuis, elle parcourt les sables du Sahara, de la Libye au Mali, en quĂȘte d'absolu et de silence. Ses expĂ©riences nourrissent une Ɠuvre littĂ©raire singuliĂšre entre rĂ©cits de voyages, romans et essais spirituels. Parmi ses ouvrages notables, « Éloge du dĂ©sert » en 2004, « Le souffle du maĂźtre » en 2015, « Petit dictionnaire de la joie » en 2017 et plus rĂ©cemment « La fille du dĂ©sert, une vie avec Isabelle HĂ©berhardt » publiĂ© en 2024. Blanche anime Ă©galement des confĂ©rences et des marches initiatiques, partageant sa quĂȘte de joie et de courage. Son travail explore les liens entre intĂ©rioritĂ©, libertĂ© et engagement, offrant une voix poĂ©tique et profonde sur notre rapport. rapport au monde. Elle nous parle aujourd'hui de transformation et de joie avec la prĂ©cision d'une reine des mots et des questionnements qui mĂšnent Ă  la sagesse en passant par le sens.

  • Speaker #2

    Bonjour Blanche, merci de me recevoir chez toi à Paris pour ce nouvel épisode de Dino Sapiens. On se connaßt depuis peu, on a marché ensemble dans le désert sur le thÚme de la joie et c'était pour moi une expérience unique.

  • Speaker #0

    Bonjour BérangÚre.

  • Speaker #2

    Peux-tu nous donner d'abord une définition de la joie.

  • Speaker #0

    La joie, c'est une façon d'ĂȘtre au monde. La joie, c'est une flamme qu'on a Ă  l'intĂ©rieur de soi et qui ne nous quitte jamais. Elle est l'essence mĂȘme de notre ĂȘtre. Par contre, parfois elle est un peu voilĂ©e, ou cette lumiĂšre, cette flamme, elle est un peu enveilleuse, mais elle est toujours lĂ . Et donc, elle est toujours prĂȘte Ă  surgir, et n'importe quel Ă©vĂ©nement, un sourire, une fleur, un rayon de soleil, une Ă©treinte, une bonne nouvelle, n'importe quoi peut faire juste monter Ă  la surface cette lumiĂšre, cette flamme qu'on a en soi. Pour moi, la joie, elle est possible oĂč que l'on soit, quoi qu'il arrive. MĂȘme dans les moments les plus difficiles, la joie peut venir nous cueillir. J'ai la sensation que notre destin d'homme est de cultiver cette lumiĂšre intĂ©rieure, cette joie, pour qu'elle vienne nous cueillir le plus souvent possible.

  • Speaker #2

    Quelle est selon toi la place de la joie dans une transformation d'entreprise ou d'organisation plus généralement, quand souvent on associe à transformation un moment douloureux ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que le moment de la transformation est toujours un moment trĂšs inconfortable. On dit que la chenille, au moment oĂč elle va devenir papillon, oĂč tout craque, tout explose, oĂč elle sort de son cocon, c'est des moments trĂšs douloureux. Le moment oĂč l'enfant naĂźt, c'est aussi un moment trĂšs douloureux. Donc la transformation est quand mĂȘme Ă  chaque fois un moment assez douloureux, quand on est dedans. Ce qui aide Ă  le vivre, si on vit cette transformation comme un chemin initiatique. Alors on sait que la joie est en ligne de mire, et on a mĂȘme une joie peut-ĂȘtre Ă  souffrir. pour juste ĂȘtre dans une forme d'Ă©pure, de chemin, de prise de conscience. On sait que ce n'est pas facile, on sait que c'est inconfortable, mais on sait que c'est un chemin. Ce n'est pas une fatalitĂ©, ce n'est pas dĂ©finitif. Et surtout, ça nous mĂšne vers autre chose de plus grand, un peu comme un dĂ©mĂ©nagement. Le moment du dĂ©mĂ©nagement n'est pas toujours facile, mais on va peut-ĂȘtre vers un autre lieu qui va nous correspondre mieux. Ça, c'est dans l'idĂ©al. Donc, toute transformation n'est pas forcĂ©ment positive Ă©galement. La vraie question, c'est se poser la question, est-ce que cette transformation va me mener vers la joie ? Est-ce que ma joie est en ligne de mire ou pas ? Toute transformation peut nous mener aussi vers des moments plus difficiles. On peut les dĂ©mĂ©nager vers un lieu qui ne nous correspond pas du tout. Donc, je pense que pour que la joie prenne sa place dans la transformation, il faut savoir pourquoi on se transforme, Ă  quoi sert cette transformation, oĂč est-ce qu'elle va nous mener.

  • Speaker #2

    On a parlé en préparation de l'intelligence artificielle. C'est une transformation majeure de notre société et des entreprises qui nous attend. Quelle est ta vision ?

  • Speaker #0

    Je suis Ă©crivaine, je suis une spĂ©cialiste du Sahara, ça fait 25 ans que je traverse le dĂ©sert. Évidemment, par mon profil et ma quĂȘte de vie, je suis un peu Ă  l'Ă©cart de cette transformation qui est nĂ©e de l'intelligence artificielle Ă  plein d'Ă©gards. La premiĂšre, c'est que, Ă©videmment, moi aussi, je trouve ça trĂšs facile quand j'interroge mon ordinateur pour savoir oĂč se trouve telle rĂ©gion du Sahara. J'ai la rĂ©ponse tout de suite, donc ça, c'est formidable. Si l'intelligence artificielle reste au service de l'homme pour juste interroger ses connaissances, c'est bien. Mais la problĂ©matique de l'intelligence artificielle, elle pose une vraie question, c'est quelle est la mission de l'homme ? Si on estime que l'intelligence artificielle pense Ă  notre place, rĂ©flĂ©chit Ă  notre place, connaĂźt mieux notre place, qu'est-ce qu'on attend de l'homme ? Si cette transformation n'accompagne pas une Ă©volution de l'homme, en tant qu'ĂȘtre, Ă  quoi ça sert ? LĂ , pour moi, la rĂ©ponse reste entiĂšre, parce que quand je vois des... postes qui sautent parce que l'intelligence artificielle prend la place, quand je vois que l'intelligence artificielle va aussi prendre la place des hommes dans les combats armĂ©s, quand je vois que maintenant les enfants t'expliquent qu'ils n'ont plus besoin d'apprendre ni mĂȘme de lire parce qu'ils ont tout sur l'ordinateur, je me dis, si nous on n'Ă©volue pas, qu'est-ce qu'on fait ? Et qu'est-ce qu'on va faire de tout ce temps libre ? On se dit qu'on gagne du temps, mais on gagne du temps pour en faire quoi de ce temps-lĂ  ? Pour moi, je suis assez sceptique pour l'instant parce que je n'ai pas de rĂ©ponse qui me satisfasse. Donc, on n'arrĂȘte pas de dire que cette transformation est extraordinaire, que de toute façon, elle est fatale. Non, elle n'est pas fatale. L'homme peut se choisir. Il n'est pas obligĂ© d'entrer dans une course qui le diminue. Car on voit bien que le cerveau se diminue de plus en plus. Les connaissances se diminuent. La libido des jeunes diminue. Car Ă  force d'ĂȘtre devant les Ă©crans tout le temps, on n'est plus dans la vie. Je pense que les seules transformations qui valent vraiment le coup, ce sont celles qui soient au service de la vie, avec un V majuscule, au service de notre humanitĂ©. Et pour revenir aux entreprises, dans les entreprises, il faut que chaque transformation aille vers plus d'humanitĂ©, plus de cƓur, plus de vie, plus de grandeur ensemble. Alors lĂ , elle a un sens. Mais c'est vrai que maintenant, vous allez voir mĂȘme un mĂ©decin, il passe sa vie sur son ordinateur, il vous regarde Ă  peine parce qu'il a tellement d'informations Ă  rentrer dans le logiciel pendant qu'il vous parle, je ne sais pas si tu as remarquĂ©, que vous avez un mĂ©decin en face de vous qui se comporte comme un robot. Donc, si ce sont ça les transformations de notre Ă©poque, je ne les comprends pas. Et lĂ , pour moi, je ne vois pas oĂč est la joie. La joie est lĂ  que quand elle est au service de la vie.

  • Speaker #2

    Dans les étapes de la transformation, on dit souvent qu'il y a une phase qui est une phase de deuil, c'est-à-dire d'accepter que ce qui a été ne le sera plus. Comment tu places la joie dans cette phase-là ?

  • Speaker #0

    Tout ce qui n'Ă©volue pas meurt. Encore une fois, je mets la joie parce que c'est vers la vie, cette transformation. J'avais rencontrĂ© une femme maĂźtre soufie. Le soufisme, c'est la tradition mystique de l'islam. C'Ă©tait la premiĂšre fois qu'une femme Ă©tait maĂźtre soufie dans une confrĂ©rie soufie extrĂȘmement puissante, extrĂȘmement importante. qui est dans la lignĂ©e de Rumi, la lignĂ©e des Dervish Turner. Et elle me dit, Blanche, tu vois cette derga, la derga c'est la communautĂ©, donc cette maison qui accueille la communautĂ©, cette derga, mon rĂȘve c'est de la raser pour en construire une autre nouvelle, plus belle, celle-lĂ  est trĂšs vieille, elle tombe en ruine. Est-ce que tu penses que je serais triste quand je verrais cette derga dans laquelle j'ai vĂ©cu, en ruine, enfin, par terre ? Alors moi je lui dis, bah oui, moi je serais dĂ©sespĂ©rĂ©e, le lieu oĂč j'ai vĂ©cu, qu'il soit complĂštement effondrĂ©, je dis bah oui, bien sĂ»r que vous serez triste. Elle m'a rĂ©pondu « Ben non » . car je sais que ce sera pour quelque chose de mieux encore. Donc, elle est lĂ , il faudra faire les deuils de sa maison, le deuil de son enfance. Évoluer, c'est faire le deuil. Donc, si c'est un deuil qui est le deuil de son cocon, le deuil de ses limites, le deuil de ce qui nous enferme, le deuil de ce qui tombe en ruine, alors c'est un deuil joyeux d'une certaine maniĂšre, parce que c'est un deuil nĂ©cessaire pour pouvoir passer Ă  autre chose. Le deuil, en fait, notre vie, on passe notre vie Ă  renaĂźtre. On passe notre vie Ă  vivre des petites morts et des renaissances. Donc, je pense qu'accepter que le deuil ne soit pas forcĂ©ment une chose nĂ©gative, c'est viser la joie, c'est le vivre profondĂ©ment et accepter d'ĂȘtre profondĂ©ment triste. MĂȘme si, moi par exemple, Ă  cette place, je serais vraiment triste de voir la maison un peu bouleversĂ©e, de voir la maison que j'ai aimĂ©e en ruine, mĂȘme si je sais qu'il y aurait une plus belle maison derriĂšre, mais je pense que c'est important, pour moi qui n'ai pas les veines ni la maturitĂ© d'un maĂźtre et Sophie, d'accepter que mĂȘme si c'est pour autre chose de mieux, pour l'instant, je suis triste. Et je pense que dans la phase de la transformation, si elle vise la joie, il faut accepter qu'on soit triste. On est dans une Ă©poque oĂč on n'a plus le droit d'ĂȘtre malheureux, d'ĂȘtre triste, car on a plein de clĂ©s de dĂ©veloppement personnel qui devraient nous aider Ă  ĂȘtre heureux quoi qu'il arrive. Non, il faut accepter que ça fasse mal et le vivre vraiment. Attention, pas y rester, pas s'enliser, mais accepter que ça fasse du mal. Accepter ce deuil, accepter que ces ruptures soient douloureuses et compliquĂ©es, accepter aussi que ça va mettre du temps. On a besoin de vivre ce temps-lĂ  de deuil qui est nĂ©cessaire pour pouvoir ne pas... passer Ă  autre chose et pas se traĂźner ce deuil dans le fond du cƓur Ă  longueur de temps pendant des annĂ©es.

  • Speaker #2

    Et pour revenir au concept dont tu parlais tout à l'heure, de la chenille qui se transforme en papillon, tu nous as parlé, quand on a marché ensemble dans le désert, de la nymphose. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce concept ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que la nymphose est un moment nĂ©cessaire dans tout processus de transformation. La nymphose, c'est l'Ă©tape par laquelle passe la chenille avant de devenir papillon. Elle passe par un Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale avant de gagner ses ailes. Ce moment-lĂ , oĂč elle est dans cet Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale, est appelĂ© nymphose. Donc, le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc, dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose, ce temps oĂč on arrĂȘte. Mais pas obligĂ© de prendre des annĂ©es. Peut-ĂȘtre mĂȘme ce temps de nymphose, il est pour moi nĂ©cessaire tous les jours. Cinq minutes de nymphose tous les jours. Pour qu'au cƓur du chaos, au cƓur de quoi qu'on vive, quoi qu'il se passe, il y a un moment oĂč on s'arrĂȘte. On laisse Ă©clore, on laisse germer, on laisse mouvoir les choses en soi. On laisse monter Ă  la surface tout ce qui est au creux de nous. On prend ce temps-lĂ  pour s'ajuster au cƓur mĂȘme des difficultĂ©s et du chaos qui accompagnent en gĂ©nĂ©ral les transformations.

  • Speaker #2

    Comment on fait pour faire une nymphose de cinq minutes ?

  • Speaker #0

    Alors, on Ă©teint son tĂ©lĂ©phone, on met un rĂ©veil, et puis on regarde par la fenĂȘtre, on se met en silence, sur sa chaise, on ne fait rien, absolument rien. Si on a des pensĂ©es, on les laisse passer, on ne les re-serre pas le thĂ©, on ne les juge pas, on accepte tout. On n'attend rien de la vie, la vie n'attend rien de nous, c'est un moment de gratuitĂ© totale. Vous pouvez ĂȘtre sĂ»r que si vous faites 5 minutes de nymphose, avant une rĂ©union, avant une prise de dĂ©cision difficile, avant de rentrer dans une journĂ©e trĂšs compliquĂ©e, vous l'aborderez diffĂ©remment, vous serez plus centrĂ©, vous serez plus apaisĂ©. Et donc, vous pouvez... Vous pourrez faire en sorte que ce qui arrive, ce qui se passe, soit vraiment l'Ă©cho de vous. Et ce sera une vĂ©ritable action et non pas une rĂ©action.

  • Speaker #2

    Alors, est-ce que pour faire une nymphose au niveau de l'individu ou d'une organisation ou d'une équipe, est-ce qu'ils font une vision claire, un objectif clair au départ ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r. Je pense que c'est trĂšs important d'avoir un objectif clair parce que quand on a un objectif clair, on a notre volontĂ©, la puissance du laser. En gĂ©nĂ©ral, le problĂšme avec notre volontĂ©, c'est qu'elle n'est jamais assez claire. En fait, on veut, mais toujours avec un mais. Je veux si je veux ça, mais il faudrait quand mĂȘme que ce soit. Je veux dĂ©mĂ©nager, mais dans ce quartier. Je veux qu'un homme m'aime, mais il faut qu'il soit comme ça. Je veux ce travail, mais je veux ces jours de congĂ©. Donc, il y a toujours un mais dans notre volontĂ©. Ce qui est important, c'est que la volontĂ© soit sans faille, soit sans mais. C'est ça qu'on veut et on accepte tout. Parce que c'est cette volontĂ©-lĂ , ce dĂ©sir-lĂ  qui prend la place. Et quand vous ĂȘtes animĂ© par une volontĂ© aussi puissante, alors tout change, parce qu'on vous sent moins faillible en face de vous, et donc votre action va aller beaucoup plus au cƓur, elle va avoir le tranchant de la flĂšche. C'est trĂšs important d'avoir cette volontĂ© claire, mais si vous vous regardez en face, et si vous regardez votre vie en face, vous vous rendez compte que c'est rare d'avoir une volontĂ© si claire.

  • Speaker #2

    Et justement, quand on n'a pas cette volonté si claire, quelle est ta vision ? Quel est ton conseil pour se forcer un peu, pour dépasser ce moment de brouhaha intérieur et d'incertitude ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai l'impression que ce brouhaha intĂ©rieur, l'incertitude, c'est notre lot Ă  tous au quotidien. Je pense, moi, qu'il faut passer par l'apaisement, par les lymphoses, par aller marcher aussi. La marche dans des endroits solitaires, ou Ă©videmment le dĂ©sert, qui pour moi est mon lieu de source. La forĂȘt, dans la rue. S'apaiser. S'apaiser, c'est la clĂ© d'abord. Et ensuite, interroger ses mets. Pourquoi est-ce qu'on met des mets tout le temps ? Pourquoi est-ce que notre volontĂ© est... Pourquoi est-ce qu'on n'est pas essayĂ© de se voir en face ? RenĂ© Char disait « La luciditĂ© est la blessure la plus proche du soleil. » Car la luciditĂ© est une blessure, mais elle est proche du soleil parce qu'elle nous mĂšne vers la lumiĂšre. Donc je pense qu'il est important de se voir en face, de voir pourquoi on encombre notre vie de tant de mets. C'est comme l'amour, on parle toujours, pour moi, l'amour c'est toujours aimer quand mĂȘme. Il y a un infini dans ce quand mĂȘme. VoilĂ . C'est ça, c'est un amour qui prend aussi le quand mĂȘme, qui prend aussi l'ombre, qui prend aussi l'aimer, qui les accepte et qui les englobe. Je pense qu'on commence vraiment Ă  aimer quand on est déçu aussi. Parce que voilĂ , il y a ça, mais c'est d'accord. On accepte l'ombre, on englobe l'ombre. Et quand on apprend Ă  vivre comme ça, comme une sorte de discipline intĂ©rieure, on se dit, est-ce que mon amour est assez fort pour accepter les quand mĂȘme ? Alors on clarifie sa pensĂ©e et sa volontĂ©.

  • Speaker #2

    Blanche, on arrive à la fin de cet épisode. Mais avant d'arriver à sa conclusion et ma derniÚre question, tu as écrit beaucoup de livres. Lequel tu nous conseillerais de lire aujourd'hui, qui reprend le thÚme de la joie dans la transformation ?

  • Speaker #0

    Je vous conseillerais Le souffle du maĂźtre, parce que je suis allĂ©e pendant trois ans auprĂšs d'un sage en Inde, qui est un maĂźtre qui a vĂ©cu 18 ans en silence en Himalaya. C'Ă©tait un rishi, un maĂźtre de l'humanitĂ©, le disciple de la grande sainte Mahananda Mai. Et moi, je suis allĂ©e le voir. Parce que je me disais, si je passe ma vie dans le dĂ©sert, oĂč je trouve une lumiĂšre et que quand je rentre, cette lumiĂšre me lĂąche, me quitte. Je suis tributaire des Ă©vĂ©nements, je suis tributaire du dĂ©sert, je suis esclave du dĂ©sert, donc je ne suis pas libre et je voulais trouver les moyens de garder cette lumiĂšre en moi quoi qu'il arrive. Et donc c'est comme ça que j'ai pu rencontrer ce sage et je raconte un peu toute la transformation que j'ai vĂ©cue auprĂšs de lui. Parce qu'Ă©videmment je m'Ă©tais dit je prends la belle parole du sage et puis je repars sur les routes. Et puis en fait je suis restĂ©e auprĂšs de lui et pendant trois ans j'ai fait des va-et-vient pour recevoir son enseignement. C'est un livre de transformation portĂ©, guidĂ© par un grand maĂźtre. Et Vijayananda, ça veut dire la victoire de la joie. Il Ă©tait le disciple de la grande sainte Manandamai, qui veut dire la mĂšre de la joie. Toutes les transformations visent la joie. Ce livre raconte ce chemin-lĂ .

  • Speaker #2

    Merci, un immense merci Blanche, de nous partager ta rĂ©flexion profonde et en mĂȘme temps trĂšs synthĂ©tique. Ça tient en peu de mots, mais oĂč chacun a sa place dans la phrase. Pour finir, est-ce que tu pourrais donner quelques conseils, trois suffisent, pour les personnes qui guident les transformations d'entreprise ? afin qu'elles arrivent Ă  intĂ©grer la joie dans leur programme, dans leur accompagnement et emmener les Ă©quipes ?

  • Speaker #0

    Alors d'abord, je pense que c'est important de commencer, quand on guide les transformations, de commencer par d'abord la nymphose, justement, un moment d'arrĂȘt, oĂč pousser, forcer les gens Ă  s'arrĂȘter, Ă  se laisser ĂȘtre, premiĂšrement. DeuxiĂšmement, Ă  se voir en face, ĂȘtre lucide, Ă  savoir les Ă©couter pour qu'eux puissent Ă©couter soi-mĂȘme. Et troisiĂšmement, et peut-ĂȘtre que ce troisiĂšmement pourrait ĂȘtre un premiĂšrement en fait, Ă  avoir de l'amour. Que les gens se sentent aimĂ©s. Parce que quand on se sent aimĂ©, quand on se sent considĂ©rĂ©, quand on se sent reconnu, on va loin. Et je pense que c'est important dans les moments difficiles oĂč on s'interroge, oĂč on doute, oĂč on ne sait plus, de sentir en face de soi quelqu'un qui a profondĂ©ment confiance en vous, qui croit en vous, qui vous porte, qui vous encourage. Et c'est ça l'amour. C'est de dire mĂȘme si lĂ  c'est le chaos, mĂȘme si lĂ  c'est la catastrophe, je crois en toi, je crois en toi. profondĂ©ment, je crois en toi. Et voilĂ , je pense que ça, c'est une clĂ© immense.

  • Speaker #2

    Merci Ă  un immense merci encore, Blanche.

  • Speaker #0

    Merci, BérangÚre. Au revoir.

  • Speaker #1

    Quel dĂ©but plus inspirant j'aurais pu trouver pour inaugurer la saison 3 de Dinosapiens, pour nous emmener Ă  l'intĂ©rieur de nous-mĂȘmes, pour vivre la transformation avec la joie en ligne de mire, pour nous questionner profondĂ©ment sur le sens des choses, pour nous poser en infose avant de se lancer en action. Si vous souhaitez... Souhaitez rencontrer Blanche de Richemont et l'entendre parler de la joie et du courage. Si vous souhaitez la questionner sur ses rĂ©flexions, sachez qu'elle propose des confĂ©rences en entreprise sur ces thĂ©matiques. Je vous mets, comme d'habitude dans les notes du podcast, les rĂ©fĂ©rences vers son site ainsi que sa bibliographie. N'oubliez pas de laisser Ă  DinoSapiens un commentaire sur Apple Podcast, des Ă©toiles sur les plateformes d'Ă©coute. A trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode et d'ici lĂ , Ă©vitons l'extinction !

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Description

đŸŽ™ïž Joie, transformation et nymphose — avec Blanche de Richemont


Dans cet épisode de Dino Sapiens, nous explorons la transformation des organisations à travers une perspective rare : celle de la joie, du silence, et de la sagesse intérieure.

Avec Blanche de Richemont — Ă©crivaine, philosophe du dĂ©sert, confĂ©renciĂšre — nous parlons de ces temps de pause indispensables dans toute conduite du changement, qu’elle appelle la nymphose. Car avant d’agir, il faut parfois s’arrĂȘter pour Ă©clore.


💡 Pourquoi toute transformation, individuelle ou collective, a besoin de lenteur, de luciditĂ© et de sens ?
đŸŒ± Quel rĂŽle peut jouer la joie comme boussole, dans un monde saturĂ© de vitesse, de crise, de digitalisation ?
🌀 Comment prĂ©server notre humanitĂ©, notre intelligence collective et une forme de leadership Ă©thique dans la tempĂȘte des transitions ?


Blanche Ă©voque aussi les dĂ©fis liĂ©s Ă  l’intelligence artificielle, au futur du travail, Ă  la perte de sens, Ă  l’épuisement intĂ©rieur
 Et partage des pistes trĂšs concrĂštes pour que la transformation serve vraiment la vie — celle des individus comme des organisations Ă  mission.


Un Ă©pisode profond, inspirant, pour tous les dirigeant·es, RH, managers, coachs ou consultant·es qui veulent transformer autrement : avec cƓur, avec Ă©coute, avec humanitĂ©.


⭐ Si l’épisode vous inspire, laissez un commentaire ou une note sur votre app de podcast prĂ©fĂ©rĂ©e — cela aide Ă©normĂ©ment Dino Sapiens Ă  se faire connaĂźtre.


🎧 Bonne Ă©coute — et, comme toujours, Ă©vitons l’extinction.


***** Blanche de Richemont propose des conférences sur les thÚmes de la Joie et du Courage : https://www.blanchederichemont.com/

📘 Bibliographie, sur la transformation, la joie et le courage:

  • Le souffle du MaĂźtre - Editions Presses de la Renaissance - 2015 : un rĂ©cit initiatique sur la transformation guidĂ©e par la joie.

  • Petit dictionnaire de la joie - Chanter l'instant - Editions Philippe Rey - 2017

  • Le sourire de l’aube - Editions Fayard - 2020

  • Allez, courage ! - Editions Les Presses de la CitĂ© - 2022

  • La Fille du dĂ©sert - Editions Les Presse de la CitĂ© - 2024



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En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








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  • Speaker #0

    Donc le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose.

  • Speaker #1

    Planche de Richemont et de ces personnes qui, lorsqu'elles vous regardent en face, savent percer la surface pour aller droit Ă  l'essentiel. D'un bleu profond, son regard illuminĂ© de colle, une habitude qu'elle tient du dĂ©sert pour se protĂ©ger du soleil, vient vous parler directement au cƓur, avec une franchise et une authenticitĂ© rares. Le premier livre que j'ai lu de Blanche, c'est « Allez courage, petit traitĂ© de l'ardeur » . À un moment de ma vie oĂč je pouvais rĂ©inventer pas mal de choses. Sans paraphrase, mais sans brusquerie non plus, Les mots de Blanche m'ont cueilli. et emmener un peu plus loin. NĂ©e Ă  Paris en 1978, Blanche de Richemont a Ă©tudiĂ© la philosophie et la Sorbonne, consacrant son DEA au sublime, inspirĂ© par sa passion prĂ©coce pour le dĂ©sert. Depuis, elle parcourt les sables du Sahara, de la Libye au Mali, en quĂȘte d'absolu et de silence. Ses expĂ©riences nourrissent une Ɠuvre littĂ©raire singuliĂšre entre rĂ©cits de voyages, romans et essais spirituels. Parmi ses ouvrages notables, « Éloge du dĂ©sert » en 2004, « Le souffle du maĂźtre » en 2015, « Petit dictionnaire de la joie » en 2017 et plus rĂ©cemment « La fille du dĂ©sert, une vie avec Isabelle HĂ©berhardt » publiĂ© en 2024. Blanche anime Ă©galement des confĂ©rences et des marches initiatiques, partageant sa quĂȘte de joie et de courage. Son travail explore les liens entre intĂ©rioritĂ©, libertĂ© et engagement, offrant une voix poĂ©tique et profonde sur notre rapport. rapport au monde. Elle nous parle aujourd'hui de transformation et de joie avec la prĂ©cision d'une reine des mots et des questionnements qui mĂšnent Ă  la sagesse en passant par le sens.

  • Speaker #2

    Bonjour Blanche, merci de me recevoir chez toi à Paris pour ce nouvel épisode de Dino Sapiens. On se connaßt depuis peu, on a marché ensemble dans le désert sur le thÚme de la joie et c'était pour moi une expérience unique.

  • Speaker #0

    Bonjour BérangÚre.

  • Speaker #2

    Peux-tu nous donner d'abord une définition de la joie.

  • Speaker #0

    La joie, c'est une façon d'ĂȘtre au monde. La joie, c'est une flamme qu'on a Ă  l'intĂ©rieur de soi et qui ne nous quitte jamais. Elle est l'essence mĂȘme de notre ĂȘtre. Par contre, parfois elle est un peu voilĂ©e, ou cette lumiĂšre, cette flamme, elle est un peu enveilleuse, mais elle est toujours lĂ . Et donc, elle est toujours prĂȘte Ă  surgir, et n'importe quel Ă©vĂ©nement, un sourire, une fleur, un rayon de soleil, une Ă©treinte, une bonne nouvelle, n'importe quoi peut faire juste monter Ă  la surface cette lumiĂšre, cette flamme qu'on a en soi. Pour moi, la joie, elle est possible oĂč que l'on soit, quoi qu'il arrive. MĂȘme dans les moments les plus difficiles, la joie peut venir nous cueillir. J'ai la sensation que notre destin d'homme est de cultiver cette lumiĂšre intĂ©rieure, cette joie, pour qu'elle vienne nous cueillir le plus souvent possible.

  • Speaker #2

    Quelle est selon toi la place de la joie dans une transformation d'entreprise ou d'organisation plus généralement, quand souvent on associe à transformation un moment douloureux ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que le moment de la transformation est toujours un moment trĂšs inconfortable. On dit que la chenille, au moment oĂč elle va devenir papillon, oĂč tout craque, tout explose, oĂč elle sort de son cocon, c'est des moments trĂšs douloureux. Le moment oĂč l'enfant naĂźt, c'est aussi un moment trĂšs douloureux. Donc la transformation est quand mĂȘme Ă  chaque fois un moment assez douloureux, quand on est dedans. Ce qui aide Ă  le vivre, si on vit cette transformation comme un chemin initiatique. Alors on sait que la joie est en ligne de mire, et on a mĂȘme une joie peut-ĂȘtre Ă  souffrir. pour juste ĂȘtre dans une forme d'Ă©pure, de chemin, de prise de conscience. On sait que ce n'est pas facile, on sait que c'est inconfortable, mais on sait que c'est un chemin. Ce n'est pas une fatalitĂ©, ce n'est pas dĂ©finitif. Et surtout, ça nous mĂšne vers autre chose de plus grand, un peu comme un dĂ©mĂ©nagement. Le moment du dĂ©mĂ©nagement n'est pas toujours facile, mais on va peut-ĂȘtre vers un autre lieu qui va nous correspondre mieux. Ça, c'est dans l'idĂ©al. Donc, toute transformation n'est pas forcĂ©ment positive Ă©galement. La vraie question, c'est se poser la question, est-ce que cette transformation va me mener vers la joie ? Est-ce que ma joie est en ligne de mire ou pas ? Toute transformation peut nous mener aussi vers des moments plus difficiles. On peut les dĂ©mĂ©nager vers un lieu qui ne nous correspond pas du tout. Donc, je pense que pour que la joie prenne sa place dans la transformation, il faut savoir pourquoi on se transforme, Ă  quoi sert cette transformation, oĂč est-ce qu'elle va nous mener.

  • Speaker #2

    On a parlé en préparation de l'intelligence artificielle. C'est une transformation majeure de notre société et des entreprises qui nous attend. Quelle est ta vision ?

  • Speaker #0

    Je suis Ă©crivaine, je suis une spĂ©cialiste du Sahara, ça fait 25 ans que je traverse le dĂ©sert. Évidemment, par mon profil et ma quĂȘte de vie, je suis un peu Ă  l'Ă©cart de cette transformation qui est nĂ©e de l'intelligence artificielle Ă  plein d'Ă©gards. La premiĂšre, c'est que, Ă©videmment, moi aussi, je trouve ça trĂšs facile quand j'interroge mon ordinateur pour savoir oĂč se trouve telle rĂ©gion du Sahara. J'ai la rĂ©ponse tout de suite, donc ça, c'est formidable. Si l'intelligence artificielle reste au service de l'homme pour juste interroger ses connaissances, c'est bien. Mais la problĂ©matique de l'intelligence artificielle, elle pose une vraie question, c'est quelle est la mission de l'homme ? Si on estime que l'intelligence artificielle pense Ă  notre place, rĂ©flĂ©chit Ă  notre place, connaĂźt mieux notre place, qu'est-ce qu'on attend de l'homme ? Si cette transformation n'accompagne pas une Ă©volution de l'homme, en tant qu'ĂȘtre, Ă  quoi ça sert ? LĂ , pour moi, la rĂ©ponse reste entiĂšre, parce que quand je vois des... postes qui sautent parce que l'intelligence artificielle prend la place, quand je vois que l'intelligence artificielle va aussi prendre la place des hommes dans les combats armĂ©s, quand je vois que maintenant les enfants t'expliquent qu'ils n'ont plus besoin d'apprendre ni mĂȘme de lire parce qu'ils ont tout sur l'ordinateur, je me dis, si nous on n'Ă©volue pas, qu'est-ce qu'on fait ? Et qu'est-ce qu'on va faire de tout ce temps libre ? On se dit qu'on gagne du temps, mais on gagne du temps pour en faire quoi de ce temps-lĂ  ? Pour moi, je suis assez sceptique pour l'instant parce que je n'ai pas de rĂ©ponse qui me satisfasse. Donc, on n'arrĂȘte pas de dire que cette transformation est extraordinaire, que de toute façon, elle est fatale. Non, elle n'est pas fatale. L'homme peut se choisir. Il n'est pas obligĂ© d'entrer dans une course qui le diminue. Car on voit bien que le cerveau se diminue de plus en plus. Les connaissances se diminuent. La libido des jeunes diminue. Car Ă  force d'ĂȘtre devant les Ă©crans tout le temps, on n'est plus dans la vie. Je pense que les seules transformations qui valent vraiment le coup, ce sont celles qui soient au service de la vie, avec un V majuscule, au service de notre humanitĂ©. Et pour revenir aux entreprises, dans les entreprises, il faut que chaque transformation aille vers plus d'humanitĂ©, plus de cƓur, plus de vie, plus de grandeur ensemble. Alors lĂ , elle a un sens. Mais c'est vrai que maintenant, vous allez voir mĂȘme un mĂ©decin, il passe sa vie sur son ordinateur, il vous regarde Ă  peine parce qu'il a tellement d'informations Ă  rentrer dans le logiciel pendant qu'il vous parle, je ne sais pas si tu as remarquĂ©, que vous avez un mĂ©decin en face de vous qui se comporte comme un robot. Donc, si ce sont ça les transformations de notre Ă©poque, je ne les comprends pas. Et lĂ , pour moi, je ne vois pas oĂč est la joie. La joie est lĂ  que quand elle est au service de la vie.

  • Speaker #2

    Dans les étapes de la transformation, on dit souvent qu'il y a une phase qui est une phase de deuil, c'est-à-dire d'accepter que ce qui a été ne le sera plus. Comment tu places la joie dans cette phase-là ?

  • Speaker #0

    Tout ce qui n'Ă©volue pas meurt. Encore une fois, je mets la joie parce que c'est vers la vie, cette transformation. J'avais rencontrĂ© une femme maĂźtre soufie. Le soufisme, c'est la tradition mystique de l'islam. C'Ă©tait la premiĂšre fois qu'une femme Ă©tait maĂźtre soufie dans une confrĂ©rie soufie extrĂȘmement puissante, extrĂȘmement importante. qui est dans la lignĂ©e de Rumi, la lignĂ©e des Dervish Turner. Et elle me dit, Blanche, tu vois cette derga, la derga c'est la communautĂ©, donc cette maison qui accueille la communautĂ©, cette derga, mon rĂȘve c'est de la raser pour en construire une autre nouvelle, plus belle, celle-lĂ  est trĂšs vieille, elle tombe en ruine. Est-ce que tu penses que je serais triste quand je verrais cette derga dans laquelle j'ai vĂ©cu, en ruine, enfin, par terre ? Alors moi je lui dis, bah oui, moi je serais dĂ©sespĂ©rĂ©e, le lieu oĂč j'ai vĂ©cu, qu'il soit complĂštement effondrĂ©, je dis bah oui, bien sĂ»r que vous serez triste. Elle m'a rĂ©pondu « Ben non » . car je sais que ce sera pour quelque chose de mieux encore. Donc, elle est lĂ , il faudra faire les deuils de sa maison, le deuil de son enfance. Évoluer, c'est faire le deuil. Donc, si c'est un deuil qui est le deuil de son cocon, le deuil de ses limites, le deuil de ce qui nous enferme, le deuil de ce qui tombe en ruine, alors c'est un deuil joyeux d'une certaine maniĂšre, parce que c'est un deuil nĂ©cessaire pour pouvoir passer Ă  autre chose. Le deuil, en fait, notre vie, on passe notre vie Ă  renaĂźtre. On passe notre vie Ă  vivre des petites morts et des renaissances. Donc, je pense qu'accepter que le deuil ne soit pas forcĂ©ment une chose nĂ©gative, c'est viser la joie, c'est le vivre profondĂ©ment et accepter d'ĂȘtre profondĂ©ment triste. MĂȘme si, moi par exemple, Ă  cette place, je serais vraiment triste de voir la maison un peu bouleversĂ©e, de voir la maison que j'ai aimĂ©e en ruine, mĂȘme si je sais qu'il y aurait une plus belle maison derriĂšre, mais je pense que c'est important, pour moi qui n'ai pas les veines ni la maturitĂ© d'un maĂźtre et Sophie, d'accepter que mĂȘme si c'est pour autre chose de mieux, pour l'instant, je suis triste. Et je pense que dans la phase de la transformation, si elle vise la joie, il faut accepter qu'on soit triste. On est dans une Ă©poque oĂč on n'a plus le droit d'ĂȘtre malheureux, d'ĂȘtre triste, car on a plein de clĂ©s de dĂ©veloppement personnel qui devraient nous aider Ă  ĂȘtre heureux quoi qu'il arrive. Non, il faut accepter que ça fasse mal et le vivre vraiment. Attention, pas y rester, pas s'enliser, mais accepter que ça fasse du mal. Accepter ce deuil, accepter que ces ruptures soient douloureuses et compliquĂ©es, accepter aussi que ça va mettre du temps. On a besoin de vivre ce temps-lĂ  de deuil qui est nĂ©cessaire pour pouvoir ne pas... passer Ă  autre chose et pas se traĂźner ce deuil dans le fond du cƓur Ă  longueur de temps pendant des annĂ©es.

  • Speaker #2

    Et pour revenir au concept dont tu parlais tout à l'heure, de la chenille qui se transforme en papillon, tu nous as parlé, quand on a marché ensemble dans le désert, de la nymphose. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce concept ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que la nymphose est un moment nĂ©cessaire dans tout processus de transformation. La nymphose, c'est l'Ă©tape par laquelle passe la chenille avant de devenir papillon. Elle passe par un Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale avant de gagner ses ailes. Ce moment-lĂ , oĂč elle est dans cet Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale, est appelĂ© nymphose. Donc, le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc, dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose, ce temps oĂč on arrĂȘte. Mais pas obligĂ© de prendre des annĂ©es. Peut-ĂȘtre mĂȘme ce temps de nymphose, il est pour moi nĂ©cessaire tous les jours. Cinq minutes de nymphose tous les jours. Pour qu'au cƓur du chaos, au cƓur de quoi qu'on vive, quoi qu'il se passe, il y a un moment oĂč on s'arrĂȘte. On laisse Ă©clore, on laisse germer, on laisse mouvoir les choses en soi. On laisse monter Ă  la surface tout ce qui est au creux de nous. On prend ce temps-lĂ  pour s'ajuster au cƓur mĂȘme des difficultĂ©s et du chaos qui accompagnent en gĂ©nĂ©ral les transformations.

  • Speaker #2

    Comment on fait pour faire une nymphose de cinq minutes ?

  • Speaker #0

    Alors, on Ă©teint son tĂ©lĂ©phone, on met un rĂ©veil, et puis on regarde par la fenĂȘtre, on se met en silence, sur sa chaise, on ne fait rien, absolument rien. Si on a des pensĂ©es, on les laisse passer, on ne les re-serre pas le thĂ©, on ne les juge pas, on accepte tout. On n'attend rien de la vie, la vie n'attend rien de nous, c'est un moment de gratuitĂ© totale. Vous pouvez ĂȘtre sĂ»r que si vous faites 5 minutes de nymphose, avant une rĂ©union, avant une prise de dĂ©cision difficile, avant de rentrer dans une journĂ©e trĂšs compliquĂ©e, vous l'aborderez diffĂ©remment, vous serez plus centrĂ©, vous serez plus apaisĂ©. Et donc, vous pouvez... Vous pourrez faire en sorte que ce qui arrive, ce qui se passe, soit vraiment l'Ă©cho de vous. Et ce sera une vĂ©ritable action et non pas une rĂ©action.

  • Speaker #2

    Alors, est-ce que pour faire une nymphose au niveau de l'individu ou d'une organisation ou d'une équipe, est-ce qu'ils font une vision claire, un objectif clair au départ ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r. Je pense que c'est trĂšs important d'avoir un objectif clair parce que quand on a un objectif clair, on a notre volontĂ©, la puissance du laser. En gĂ©nĂ©ral, le problĂšme avec notre volontĂ©, c'est qu'elle n'est jamais assez claire. En fait, on veut, mais toujours avec un mais. Je veux si je veux ça, mais il faudrait quand mĂȘme que ce soit. Je veux dĂ©mĂ©nager, mais dans ce quartier. Je veux qu'un homme m'aime, mais il faut qu'il soit comme ça. Je veux ce travail, mais je veux ces jours de congĂ©. Donc, il y a toujours un mais dans notre volontĂ©. Ce qui est important, c'est que la volontĂ© soit sans faille, soit sans mais. C'est ça qu'on veut et on accepte tout. Parce que c'est cette volontĂ©-lĂ , ce dĂ©sir-lĂ  qui prend la place. Et quand vous ĂȘtes animĂ© par une volontĂ© aussi puissante, alors tout change, parce qu'on vous sent moins faillible en face de vous, et donc votre action va aller beaucoup plus au cƓur, elle va avoir le tranchant de la flĂšche. C'est trĂšs important d'avoir cette volontĂ© claire, mais si vous vous regardez en face, et si vous regardez votre vie en face, vous vous rendez compte que c'est rare d'avoir une volontĂ© si claire.

  • Speaker #2

    Et justement, quand on n'a pas cette volonté si claire, quelle est ta vision ? Quel est ton conseil pour se forcer un peu, pour dépasser ce moment de brouhaha intérieur et d'incertitude ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai l'impression que ce brouhaha intĂ©rieur, l'incertitude, c'est notre lot Ă  tous au quotidien. Je pense, moi, qu'il faut passer par l'apaisement, par les lymphoses, par aller marcher aussi. La marche dans des endroits solitaires, ou Ă©videmment le dĂ©sert, qui pour moi est mon lieu de source. La forĂȘt, dans la rue. S'apaiser. S'apaiser, c'est la clĂ© d'abord. Et ensuite, interroger ses mets. Pourquoi est-ce qu'on met des mets tout le temps ? Pourquoi est-ce que notre volontĂ© est... Pourquoi est-ce qu'on n'est pas essayĂ© de se voir en face ? RenĂ© Char disait « La luciditĂ© est la blessure la plus proche du soleil. » Car la luciditĂ© est une blessure, mais elle est proche du soleil parce qu'elle nous mĂšne vers la lumiĂšre. Donc je pense qu'il est important de se voir en face, de voir pourquoi on encombre notre vie de tant de mets. C'est comme l'amour, on parle toujours, pour moi, l'amour c'est toujours aimer quand mĂȘme. Il y a un infini dans ce quand mĂȘme. VoilĂ . C'est ça, c'est un amour qui prend aussi le quand mĂȘme, qui prend aussi l'ombre, qui prend aussi l'aimer, qui les accepte et qui les englobe. Je pense qu'on commence vraiment Ă  aimer quand on est déçu aussi. Parce que voilĂ , il y a ça, mais c'est d'accord. On accepte l'ombre, on englobe l'ombre. Et quand on apprend Ă  vivre comme ça, comme une sorte de discipline intĂ©rieure, on se dit, est-ce que mon amour est assez fort pour accepter les quand mĂȘme ? Alors on clarifie sa pensĂ©e et sa volontĂ©.

  • Speaker #2

    Blanche, on arrive à la fin de cet épisode. Mais avant d'arriver à sa conclusion et ma derniÚre question, tu as écrit beaucoup de livres. Lequel tu nous conseillerais de lire aujourd'hui, qui reprend le thÚme de la joie dans la transformation ?

  • Speaker #0

    Je vous conseillerais Le souffle du maĂźtre, parce que je suis allĂ©e pendant trois ans auprĂšs d'un sage en Inde, qui est un maĂźtre qui a vĂ©cu 18 ans en silence en Himalaya. C'Ă©tait un rishi, un maĂźtre de l'humanitĂ©, le disciple de la grande sainte Mahananda Mai. Et moi, je suis allĂ©e le voir. Parce que je me disais, si je passe ma vie dans le dĂ©sert, oĂč je trouve une lumiĂšre et que quand je rentre, cette lumiĂšre me lĂąche, me quitte. Je suis tributaire des Ă©vĂ©nements, je suis tributaire du dĂ©sert, je suis esclave du dĂ©sert, donc je ne suis pas libre et je voulais trouver les moyens de garder cette lumiĂšre en moi quoi qu'il arrive. Et donc c'est comme ça que j'ai pu rencontrer ce sage et je raconte un peu toute la transformation que j'ai vĂ©cue auprĂšs de lui. Parce qu'Ă©videmment je m'Ă©tais dit je prends la belle parole du sage et puis je repars sur les routes. Et puis en fait je suis restĂ©e auprĂšs de lui et pendant trois ans j'ai fait des va-et-vient pour recevoir son enseignement. C'est un livre de transformation portĂ©, guidĂ© par un grand maĂźtre. Et Vijayananda, ça veut dire la victoire de la joie. Il Ă©tait le disciple de la grande sainte Manandamai, qui veut dire la mĂšre de la joie. Toutes les transformations visent la joie. Ce livre raconte ce chemin-lĂ .

  • Speaker #2

    Merci, un immense merci Blanche, de nous partager ta rĂ©flexion profonde et en mĂȘme temps trĂšs synthĂ©tique. Ça tient en peu de mots, mais oĂč chacun a sa place dans la phrase. Pour finir, est-ce que tu pourrais donner quelques conseils, trois suffisent, pour les personnes qui guident les transformations d'entreprise ? afin qu'elles arrivent Ă  intĂ©grer la joie dans leur programme, dans leur accompagnement et emmener les Ă©quipes ?

  • Speaker #0

    Alors d'abord, je pense que c'est important de commencer, quand on guide les transformations, de commencer par d'abord la nymphose, justement, un moment d'arrĂȘt, oĂč pousser, forcer les gens Ă  s'arrĂȘter, Ă  se laisser ĂȘtre, premiĂšrement. DeuxiĂšmement, Ă  se voir en face, ĂȘtre lucide, Ă  savoir les Ă©couter pour qu'eux puissent Ă©couter soi-mĂȘme. Et troisiĂšmement, et peut-ĂȘtre que ce troisiĂšmement pourrait ĂȘtre un premiĂšrement en fait, Ă  avoir de l'amour. Que les gens se sentent aimĂ©s. Parce que quand on se sent aimĂ©, quand on se sent considĂ©rĂ©, quand on se sent reconnu, on va loin. Et je pense que c'est important dans les moments difficiles oĂč on s'interroge, oĂč on doute, oĂč on ne sait plus, de sentir en face de soi quelqu'un qui a profondĂ©ment confiance en vous, qui croit en vous, qui vous porte, qui vous encourage. Et c'est ça l'amour. C'est de dire mĂȘme si lĂ  c'est le chaos, mĂȘme si lĂ  c'est la catastrophe, je crois en toi, je crois en toi. profondĂ©ment, je crois en toi. Et voilĂ , je pense que ça, c'est une clĂ© immense.

  • Speaker #2

    Merci Ă  un immense merci encore, Blanche.

  • Speaker #0

    Merci, BérangÚre. Au revoir.

  • Speaker #1

    Quel dĂ©but plus inspirant j'aurais pu trouver pour inaugurer la saison 3 de Dinosapiens, pour nous emmener Ă  l'intĂ©rieur de nous-mĂȘmes, pour vivre la transformation avec la joie en ligne de mire, pour nous questionner profondĂ©ment sur le sens des choses, pour nous poser en infose avant de se lancer en action. Si vous souhaitez... Souhaitez rencontrer Blanche de Richemont et l'entendre parler de la joie et du courage. Si vous souhaitez la questionner sur ses rĂ©flexions, sachez qu'elle propose des confĂ©rences en entreprise sur ces thĂ©matiques. Je vous mets, comme d'habitude dans les notes du podcast, les rĂ©fĂ©rences vers son site ainsi que sa bibliographie. N'oubliez pas de laisser Ă  DinoSapiens un commentaire sur Apple Podcast, des Ă©toiles sur les plateformes d'Ă©coute. A trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode et d'ici lĂ , Ă©vitons l'extinction !

Description

đŸŽ™ïž Joie, transformation et nymphose — avec Blanche de Richemont


Dans cet épisode de Dino Sapiens, nous explorons la transformation des organisations à travers une perspective rare : celle de la joie, du silence, et de la sagesse intérieure.

Avec Blanche de Richemont — Ă©crivaine, philosophe du dĂ©sert, confĂ©renciĂšre — nous parlons de ces temps de pause indispensables dans toute conduite du changement, qu’elle appelle la nymphose. Car avant d’agir, il faut parfois s’arrĂȘter pour Ă©clore.


💡 Pourquoi toute transformation, individuelle ou collective, a besoin de lenteur, de luciditĂ© et de sens ?
đŸŒ± Quel rĂŽle peut jouer la joie comme boussole, dans un monde saturĂ© de vitesse, de crise, de digitalisation ?
🌀 Comment prĂ©server notre humanitĂ©, notre intelligence collective et une forme de leadership Ă©thique dans la tempĂȘte des transitions ?


Blanche Ă©voque aussi les dĂ©fis liĂ©s Ă  l’intelligence artificielle, au futur du travail, Ă  la perte de sens, Ă  l’épuisement intĂ©rieur
 Et partage des pistes trĂšs concrĂštes pour que la transformation serve vraiment la vie — celle des individus comme des organisations Ă  mission.


Un Ă©pisode profond, inspirant, pour tous les dirigeant·es, RH, managers, coachs ou consultant·es qui veulent transformer autrement : avec cƓur, avec Ă©coute, avec humanitĂ©.


⭐ Si l’épisode vous inspire, laissez un commentaire ou une note sur votre app de podcast prĂ©fĂ©rĂ©e — cela aide Ă©normĂ©ment Dino Sapiens Ă  se faire connaĂźtre.


🎧 Bonne Ă©coute — et, comme toujours, Ă©vitons l’extinction.


***** Blanche de Richemont propose des conférences sur les thÚmes de la Joie et du Courage : https://www.blanchederichemont.com/

📘 Bibliographie, sur la transformation, la joie et le courage:

  • Le souffle du MaĂźtre - Editions Presses de la Renaissance - 2015 : un rĂ©cit initiatique sur la transformation guidĂ©e par la joie.

  • Petit dictionnaire de la joie - Chanter l'instant - Editions Philippe Rey - 2017

  • Le sourire de l’aube - Editions Fayard - 2020

  • Allez, courage ! - Editions Les Presses de la CitĂ© - 2022

  • La Fille du dĂ©sert - Editions Les Presse de la CitĂ© - 2024



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En collaboration avec Anne Tilloy, Responsable Editoriale et Journaliste

Générique : Clean Success by Boomer.








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Transcription

  • Speaker #0

    Donc le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose.

  • Speaker #1

    Planche de Richemont et de ces personnes qui, lorsqu'elles vous regardent en face, savent percer la surface pour aller droit Ă  l'essentiel. D'un bleu profond, son regard illuminĂ© de colle, une habitude qu'elle tient du dĂ©sert pour se protĂ©ger du soleil, vient vous parler directement au cƓur, avec une franchise et une authenticitĂ© rares. Le premier livre que j'ai lu de Blanche, c'est « Allez courage, petit traitĂ© de l'ardeur » . À un moment de ma vie oĂč je pouvais rĂ©inventer pas mal de choses. Sans paraphrase, mais sans brusquerie non plus, Les mots de Blanche m'ont cueilli. et emmener un peu plus loin. NĂ©e Ă  Paris en 1978, Blanche de Richemont a Ă©tudiĂ© la philosophie et la Sorbonne, consacrant son DEA au sublime, inspirĂ© par sa passion prĂ©coce pour le dĂ©sert. Depuis, elle parcourt les sables du Sahara, de la Libye au Mali, en quĂȘte d'absolu et de silence. Ses expĂ©riences nourrissent une Ɠuvre littĂ©raire singuliĂšre entre rĂ©cits de voyages, romans et essais spirituels. Parmi ses ouvrages notables, « Éloge du dĂ©sert » en 2004, « Le souffle du maĂźtre » en 2015, « Petit dictionnaire de la joie » en 2017 et plus rĂ©cemment « La fille du dĂ©sert, une vie avec Isabelle HĂ©berhardt » publiĂ© en 2024. Blanche anime Ă©galement des confĂ©rences et des marches initiatiques, partageant sa quĂȘte de joie et de courage. Son travail explore les liens entre intĂ©rioritĂ©, libertĂ© et engagement, offrant une voix poĂ©tique et profonde sur notre rapport. rapport au monde. Elle nous parle aujourd'hui de transformation et de joie avec la prĂ©cision d'une reine des mots et des questionnements qui mĂšnent Ă  la sagesse en passant par le sens.

  • Speaker #2

    Bonjour Blanche, merci de me recevoir chez toi à Paris pour ce nouvel épisode de Dino Sapiens. On se connaßt depuis peu, on a marché ensemble dans le désert sur le thÚme de la joie et c'était pour moi une expérience unique.

  • Speaker #0

    Bonjour BérangÚre.

  • Speaker #2

    Peux-tu nous donner d'abord une définition de la joie.

  • Speaker #0

    La joie, c'est une façon d'ĂȘtre au monde. La joie, c'est une flamme qu'on a Ă  l'intĂ©rieur de soi et qui ne nous quitte jamais. Elle est l'essence mĂȘme de notre ĂȘtre. Par contre, parfois elle est un peu voilĂ©e, ou cette lumiĂšre, cette flamme, elle est un peu enveilleuse, mais elle est toujours lĂ . Et donc, elle est toujours prĂȘte Ă  surgir, et n'importe quel Ă©vĂ©nement, un sourire, une fleur, un rayon de soleil, une Ă©treinte, une bonne nouvelle, n'importe quoi peut faire juste monter Ă  la surface cette lumiĂšre, cette flamme qu'on a en soi. Pour moi, la joie, elle est possible oĂč que l'on soit, quoi qu'il arrive. MĂȘme dans les moments les plus difficiles, la joie peut venir nous cueillir. J'ai la sensation que notre destin d'homme est de cultiver cette lumiĂšre intĂ©rieure, cette joie, pour qu'elle vienne nous cueillir le plus souvent possible.

  • Speaker #2

    Quelle est selon toi la place de la joie dans une transformation d'entreprise ou d'organisation plus généralement, quand souvent on associe à transformation un moment douloureux ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que le moment de la transformation est toujours un moment trĂšs inconfortable. On dit que la chenille, au moment oĂč elle va devenir papillon, oĂč tout craque, tout explose, oĂč elle sort de son cocon, c'est des moments trĂšs douloureux. Le moment oĂč l'enfant naĂźt, c'est aussi un moment trĂšs douloureux. Donc la transformation est quand mĂȘme Ă  chaque fois un moment assez douloureux, quand on est dedans. Ce qui aide Ă  le vivre, si on vit cette transformation comme un chemin initiatique. Alors on sait que la joie est en ligne de mire, et on a mĂȘme une joie peut-ĂȘtre Ă  souffrir. pour juste ĂȘtre dans une forme d'Ă©pure, de chemin, de prise de conscience. On sait que ce n'est pas facile, on sait que c'est inconfortable, mais on sait que c'est un chemin. Ce n'est pas une fatalitĂ©, ce n'est pas dĂ©finitif. Et surtout, ça nous mĂšne vers autre chose de plus grand, un peu comme un dĂ©mĂ©nagement. Le moment du dĂ©mĂ©nagement n'est pas toujours facile, mais on va peut-ĂȘtre vers un autre lieu qui va nous correspondre mieux. Ça, c'est dans l'idĂ©al. Donc, toute transformation n'est pas forcĂ©ment positive Ă©galement. La vraie question, c'est se poser la question, est-ce que cette transformation va me mener vers la joie ? Est-ce que ma joie est en ligne de mire ou pas ? Toute transformation peut nous mener aussi vers des moments plus difficiles. On peut les dĂ©mĂ©nager vers un lieu qui ne nous correspond pas du tout. Donc, je pense que pour que la joie prenne sa place dans la transformation, il faut savoir pourquoi on se transforme, Ă  quoi sert cette transformation, oĂč est-ce qu'elle va nous mener.

  • Speaker #2

    On a parlé en préparation de l'intelligence artificielle. C'est une transformation majeure de notre société et des entreprises qui nous attend. Quelle est ta vision ?

  • Speaker #0

    Je suis Ă©crivaine, je suis une spĂ©cialiste du Sahara, ça fait 25 ans que je traverse le dĂ©sert. Évidemment, par mon profil et ma quĂȘte de vie, je suis un peu Ă  l'Ă©cart de cette transformation qui est nĂ©e de l'intelligence artificielle Ă  plein d'Ă©gards. La premiĂšre, c'est que, Ă©videmment, moi aussi, je trouve ça trĂšs facile quand j'interroge mon ordinateur pour savoir oĂč se trouve telle rĂ©gion du Sahara. J'ai la rĂ©ponse tout de suite, donc ça, c'est formidable. Si l'intelligence artificielle reste au service de l'homme pour juste interroger ses connaissances, c'est bien. Mais la problĂ©matique de l'intelligence artificielle, elle pose une vraie question, c'est quelle est la mission de l'homme ? Si on estime que l'intelligence artificielle pense Ă  notre place, rĂ©flĂ©chit Ă  notre place, connaĂźt mieux notre place, qu'est-ce qu'on attend de l'homme ? Si cette transformation n'accompagne pas une Ă©volution de l'homme, en tant qu'ĂȘtre, Ă  quoi ça sert ? LĂ , pour moi, la rĂ©ponse reste entiĂšre, parce que quand je vois des... postes qui sautent parce que l'intelligence artificielle prend la place, quand je vois que l'intelligence artificielle va aussi prendre la place des hommes dans les combats armĂ©s, quand je vois que maintenant les enfants t'expliquent qu'ils n'ont plus besoin d'apprendre ni mĂȘme de lire parce qu'ils ont tout sur l'ordinateur, je me dis, si nous on n'Ă©volue pas, qu'est-ce qu'on fait ? Et qu'est-ce qu'on va faire de tout ce temps libre ? On se dit qu'on gagne du temps, mais on gagne du temps pour en faire quoi de ce temps-lĂ  ? Pour moi, je suis assez sceptique pour l'instant parce que je n'ai pas de rĂ©ponse qui me satisfasse. Donc, on n'arrĂȘte pas de dire que cette transformation est extraordinaire, que de toute façon, elle est fatale. Non, elle n'est pas fatale. L'homme peut se choisir. Il n'est pas obligĂ© d'entrer dans une course qui le diminue. Car on voit bien que le cerveau se diminue de plus en plus. Les connaissances se diminuent. La libido des jeunes diminue. Car Ă  force d'ĂȘtre devant les Ă©crans tout le temps, on n'est plus dans la vie. Je pense que les seules transformations qui valent vraiment le coup, ce sont celles qui soient au service de la vie, avec un V majuscule, au service de notre humanitĂ©. Et pour revenir aux entreprises, dans les entreprises, il faut que chaque transformation aille vers plus d'humanitĂ©, plus de cƓur, plus de vie, plus de grandeur ensemble. Alors lĂ , elle a un sens. Mais c'est vrai que maintenant, vous allez voir mĂȘme un mĂ©decin, il passe sa vie sur son ordinateur, il vous regarde Ă  peine parce qu'il a tellement d'informations Ă  rentrer dans le logiciel pendant qu'il vous parle, je ne sais pas si tu as remarquĂ©, que vous avez un mĂ©decin en face de vous qui se comporte comme un robot. Donc, si ce sont ça les transformations de notre Ă©poque, je ne les comprends pas. Et lĂ , pour moi, je ne vois pas oĂč est la joie. La joie est lĂ  que quand elle est au service de la vie.

  • Speaker #2

    Dans les étapes de la transformation, on dit souvent qu'il y a une phase qui est une phase de deuil, c'est-à-dire d'accepter que ce qui a été ne le sera plus. Comment tu places la joie dans cette phase-là ?

  • Speaker #0

    Tout ce qui n'Ă©volue pas meurt. Encore une fois, je mets la joie parce que c'est vers la vie, cette transformation. J'avais rencontrĂ© une femme maĂźtre soufie. Le soufisme, c'est la tradition mystique de l'islam. C'Ă©tait la premiĂšre fois qu'une femme Ă©tait maĂźtre soufie dans une confrĂ©rie soufie extrĂȘmement puissante, extrĂȘmement importante. qui est dans la lignĂ©e de Rumi, la lignĂ©e des Dervish Turner. Et elle me dit, Blanche, tu vois cette derga, la derga c'est la communautĂ©, donc cette maison qui accueille la communautĂ©, cette derga, mon rĂȘve c'est de la raser pour en construire une autre nouvelle, plus belle, celle-lĂ  est trĂšs vieille, elle tombe en ruine. Est-ce que tu penses que je serais triste quand je verrais cette derga dans laquelle j'ai vĂ©cu, en ruine, enfin, par terre ? Alors moi je lui dis, bah oui, moi je serais dĂ©sespĂ©rĂ©e, le lieu oĂč j'ai vĂ©cu, qu'il soit complĂštement effondrĂ©, je dis bah oui, bien sĂ»r que vous serez triste. Elle m'a rĂ©pondu « Ben non » . car je sais que ce sera pour quelque chose de mieux encore. Donc, elle est lĂ , il faudra faire les deuils de sa maison, le deuil de son enfance. Évoluer, c'est faire le deuil. Donc, si c'est un deuil qui est le deuil de son cocon, le deuil de ses limites, le deuil de ce qui nous enferme, le deuil de ce qui tombe en ruine, alors c'est un deuil joyeux d'une certaine maniĂšre, parce que c'est un deuil nĂ©cessaire pour pouvoir passer Ă  autre chose. Le deuil, en fait, notre vie, on passe notre vie Ă  renaĂźtre. On passe notre vie Ă  vivre des petites morts et des renaissances. Donc, je pense qu'accepter que le deuil ne soit pas forcĂ©ment une chose nĂ©gative, c'est viser la joie, c'est le vivre profondĂ©ment et accepter d'ĂȘtre profondĂ©ment triste. MĂȘme si, moi par exemple, Ă  cette place, je serais vraiment triste de voir la maison un peu bouleversĂ©e, de voir la maison que j'ai aimĂ©e en ruine, mĂȘme si je sais qu'il y aurait une plus belle maison derriĂšre, mais je pense que c'est important, pour moi qui n'ai pas les veines ni la maturitĂ© d'un maĂźtre et Sophie, d'accepter que mĂȘme si c'est pour autre chose de mieux, pour l'instant, je suis triste. Et je pense que dans la phase de la transformation, si elle vise la joie, il faut accepter qu'on soit triste. On est dans une Ă©poque oĂč on n'a plus le droit d'ĂȘtre malheureux, d'ĂȘtre triste, car on a plein de clĂ©s de dĂ©veloppement personnel qui devraient nous aider Ă  ĂȘtre heureux quoi qu'il arrive. Non, il faut accepter que ça fasse mal et le vivre vraiment. Attention, pas y rester, pas s'enliser, mais accepter que ça fasse du mal. Accepter ce deuil, accepter que ces ruptures soient douloureuses et compliquĂ©es, accepter aussi que ça va mettre du temps. On a besoin de vivre ce temps-lĂ  de deuil qui est nĂ©cessaire pour pouvoir ne pas... passer Ă  autre chose et pas se traĂźner ce deuil dans le fond du cƓur Ă  longueur de temps pendant des annĂ©es.

  • Speaker #2

    Et pour revenir au concept dont tu parlais tout à l'heure, de la chenille qui se transforme en papillon, tu nous as parlé, quand on a marché ensemble dans le désert, de la nymphose. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce concept ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que la nymphose est un moment nĂ©cessaire dans tout processus de transformation. La nymphose, c'est l'Ă©tape par laquelle passe la chenille avant de devenir papillon. Elle passe par un Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale avant de gagner ses ailes. Ce moment-lĂ , oĂč elle est dans cet Ă©tat vĂ©gĂ©tatif d'immobilitĂ© totale, est appelĂ© nymphose. Donc, le moment vĂ©gĂ©tatif, le moment d'arrĂȘt, le moment d'apaisement, le moment oĂč on arrĂȘte tout, c'est un moment nĂ©cessaire pour gagner ses ailes, pour Ă©clore, pour gagner sa dimension, pour se rĂ©vĂ©ler, pour se donner au monde. Or, ça c'est la loi de la nature. C'est aussi la loi de notre nature en tant qu'ĂȘtre humain, c'est la loi de la Terre aussi. La Terre se met en jachĂšre, elle se met en hiver pour exploser au printemps. Donc, dans tout processus de transformation, il est important de prendre ce temps de nymphose, ce temps oĂč on arrĂȘte. Mais pas obligĂ© de prendre des annĂ©es. Peut-ĂȘtre mĂȘme ce temps de nymphose, il est pour moi nĂ©cessaire tous les jours. Cinq minutes de nymphose tous les jours. Pour qu'au cƓur du chaos, au cƓur de quoi qu'on vive, quoi qu'il se passe, il y a un moment oĂč on s'arrĂȘte. On laisse Ă©clore, on laisse germer, on laisse mouvoir les choses en soi. On laisse monter Ă  la surface tout ce qui est au creux de nous. On prend ce temps-lĂ  pour s'ajuster au cƓur mĂȘme des difficultĂ©s et du chaos qui accompagnent en gĂ©nĂ©ral les transformations.

  • Speaker #2

    Comment on fait pour faire une nymphose de cinq minutes ?

  • Speaker #0

    Alors, on Ă©teint son tĂ©lĂ©phone, on met un rĂ©veil, et puis on regarde par la fenĂȘtre, on se met en silence, sur sa chaise, on ne fait rien, absolument rien. Si on a des pensĂ©es, on les laisse passer, on ne les re-serre pas le thĂ©, on ne les juge pas, on accepte tout. On n'attend rien de la vie, la vie n'attend rien de nous, c'est un moment de gratuitĂ© totale. Vous pouvez ĂȘtre sĂ»r que si vous faites 5 minutes de nymphose, avant une rĂ©union, avant une prise de dĂ©cision difficile, avant de rentrer dans une journĂ©e trĂšs compliquĂ©e, vous l'aborderez diffĂ©remment, vous serez plus centrĂ©, vous serez plus apaisĂ©. Et donc, vous pouvez... Vous pourrez faire en sorte que ce qui arrive, ce qui se passe, soit vraiment l'Ă©cho de vous. Et ce sera une vĂ©ritable action et non pas une rĂ©action.

  • Speaker #2

    Alors, est-ce que pour faire une nymphose au niveau de l'individu ou d'une organisation ou d'une équipe, est-ce qu'ils font une vision claire, un objectif clair au départ ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sĂ»r. Je pense que c'est trĂšs important d'avoir un objectif clair parce que quand on a un objectif clair, on a notre volontĂ©, la puissance du laser. En gĂ©nĂ©ral, le problĂšme avec notre volontĂ©, c'est qu'elle n'est jamais assez claire. En fait, on veut, mais toujours avec un mais. Je veux si je veux ça, mais il faudrait quand mĂȘme que ce soit. Je veux dĂ©mĂ©nager, mais dans ce quartier. Je veux qu'un homme m'aime, mais il faut qu'il soit comme ça. Je veux ce travail, mais je veux ces jours de congĂ©. Donc, il y a toujours un mais dans notre volontĂ©. Ce qui est important, c'est que la volontĂ© soit sans faille, soit sans mais. C'est ça qu'on veut et on accepte tout. Parce que c'est cette volontĂ©-lĂ , ce dĂ©sir-lĂ  qui prend la place. Et quand vous ĂȘtes animĂ© par une volontĂ© aussi puissante, alors tout change, parce qu'on vous sent moins faillible en face de vous, et donc votre action va aller beaucoup plus au cƓur, elle va avoir le tranchant de la flĂšche. C'est trĂšs important d'avoir cette volontĂ© claire, mais si vous vous regardez en face, et si vous regardez votre vie en face, vous vous rendez compte que c'est rare d'avoir une volontĂ© si claire.

  • Speaker #2

    Et justement, quand on n'a pas cette volonté si claire, quelle est ta vision ? Quel est ton conseil pour se forcer un peu, pour dépasser ce moment de brouhaha intérieur et d'incertitude ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai l'impression que ce brouhaha intĂ©rieur, l'incertitude, c'est notre lot Ă  tous au quotidien. Je pense, moi, qu'il faut passer par l'apaisement, par les lymphoses, par aller marcher aussi. La marche dans des endroits solitaires, ou Ă©videmment le dĂ©sert, qui pour moi est mon lieu de source. La forĂȘt, dans la rue. S'apaiser. S'apaiser, c'est la clĂ© d'abord. Et ensuite, interroger ses mets. Pourquoi est-ce qu'on met des mets tout le temps ? Pourquoi est-ce que notre volontĂ© est... Pourquoi est-ce qu'on n'est pas essayĂ© de se voir en face ? RenĂ© Char disait « La luciditĂ© est la blessure la plus proche du soleil. » Car la luciditĂ© est une blessure, mais elle est proche du soleil parce qu'elle nous mĂšne vers la lumiĂšre. Donc je pense qu'il est important de se voir en face, de voir pourquoi on encombre notre vie de tant de mets. C'est comme l'amour, on parle toujours, pour moi, l'amour c'est toujours aimer quand mĂȘme. Il y a un infini dans ce quand mĂȘme. VoilĂ . C'est ça, c'est un amour qui prend aussi le quand mĂȘme, qui prend aussi l'ombre, qui prend aussi l'aimer, qui les accepte et qui les englobe. Je pense qu'on commence vraiment Ă  aimer quand on est déçu aussi. Parce que voilĂ , il y a ça, mais c'est d'accord. On accepte l'ombre, on englobe l'ombre. Et quand on apprend Ă  vivre comme ça, comme une sorte de discipline intĂ©rieure, on se dit, est-ce que mon amour est assez fort pour accepter les quand mĂȘme ? Alors on clarifie sa pensĂ©e et sa volontĂ©.

  • Speaker #2

    Blanche, on arrive à la fin de cet épisode. Mais avant d'arriver à sa conclusion et ma derniÚre question, tu as écrit beaucoup de livres. Lequel tu nous conseillerais de lire aujourd'hui, qui reprend le thÚme de la joie dans la transformation ?

  • Speaker #0

    Je vous conseillerais Le souffle du maĂźtre, parce que je suis allĂ©e pendant trois ans auprĂšs d'un sage en Inde, qui est un maĂźtre qui a vĂ©cu 18 ans en silence en Himalaya. C'Ă©tait un rishi, un maĂźtre de l'humanitĂ©, le disciple de la grande sainte Mahananda Mai. Et moi, je suis allĂ©e le voir. Parce que je me disais, si je passe ma vie dans le dĂ©sert, oĂč je trouve une lumiĂšre et que quand je rentre, cette lumiĂšre me lĂąche, me quitte. Je suis tributaire des Ă©vĂ©nements, je suis tributaire du dĂ©sert, je suis esclave du dĂ©sert, donc je ne suis pas libre et je voulais trouver les moyens de garder cette lumiĂšre en moi quoi qu'il arrive. Et donc c'est comme ça que j'ai pu rencontrer ce sage et je raconte un peu toute la transformation que j'ai vĂ©cue auprĂšs de lui. Parce qu'Ă©videmment je m'Ă©tais dit je prends la belle parole du sage et puis je repars sur les routes. Et puis en fait je suis restĂ©e auprĂšs de lui et pendant trois ans j'ai fait des va-et-vient pour recevoir son enseignement. C'est un livre de transformation portĂ©, guidĂ© par un grand maĂźtre. Et Vijayananda, ça veut dire la victoire de la joie. Il Ă©tait le disciple de la grande sainte Manandamai, qui veut dire la mĂšre de la joie. Toutes les transformations visent la joie. Ce livre raconte ce chemin-lĂ .

  • Speaker #2

    Merci, un immense merci Blanche, de nous partager ta rĂ©flexion profonde et en mĂȘme temps trĂšs synthĂ©tique. Ça tient en peu de mots, mais oĂč chacun a sa place dans la phrase. Pour finir, est-ce que tu pourrais donner quelques conseils, trois suffisent, pour les personnes qui guident les transformations d'entreprise ? afin qu'elles arrivent Ă  intĂ©grer la joie dans leur programme, dans leur accompagnement et emmener les Ă©quipes ?

  • Speaker #0

    Alors d'abord, je pense que c'est important de commencer, quand on guide les transformations, de commencer par d'abord la nymphose, justement, un moment d'arrĂȘt, oĂč pousser, forcer les gens Ă  s'arrĂȘter, Ă  se laisser ĂȘtre, premiĂšrement. DeuxiĂšmement, Ă  se voir en face, ĂȘtre lucide, Ă  savoir les Ă©couter pour qu'eux puissent Ă©couter soi-mĂȘme. Et troisiĂšmement, et peut-ĂȘtre que ce troisiĂšmement pourrait ĂȘtre un premiĂšrement en fait, Ă  avoir de l'amour. Que les gens se sentent aimĂ©s. Parce que quand on se sent aimĂ©, quand on se sent considĂ©rĂ©, quand on se sent reconnu, on va loin. Et je pense que c'est important dans les moments difficiles oĂč on s'interroge, oĂč on doute, oĂč on ne sait plus, de sentir en face de soi quelqu'un qui a profondĂ©ment confiance en vous, qui croit en vous, qui vous porte, qui vous encourage. Et c'est ça l'amour. C'est de dire mĂȘme si lĂ  c'est le chaos, mĂȘme si lĂ  c'est la catastrophe, je crois en toi, je crois en toi. profondĂ©ment, je crois en toi. Et voilĂ , je pense que ça, c'est une clĂ© immense.

  • Speaker #2

    Merci Ă  un immense merci encore, Blanche.

  • Speaker #0

    Merci, BérangÚre. Au revoir.

  • Speaker #1

    Quel dĂ©but plus inspirant j'aurais pu trouver pour inaugurer la saison 3 de Dinosapiens, pour nous emmener Ă  l'intĂ©rieur de nous-mĂȘmes, pour vivre la transformation avec la joie en ligne de mire, pour nous questionner profondĂ©ment sur le sens des choses, pour nous poser en infose avant de se lancer en action. Si vous souhaitez... Souhaitez rencontrer Blanche de Richemont et l'entendre parler de la joie et du courage. Si vous souhaitez la questionner sur ses rĂ©flexions, sachez qu'elle propose des confĂ©rences en entreprise sur ces thĂ©matiques. Je vous mets, comme d'habitude dans les notes du podcast, les rĂ©fĂ©rences vers son site ainsi que sa bibliographie. N'oubliez pas de laisser Ă  DinoSapiens un commentaire sur Apple Podcast, des Ă©toiles sur les plateformes d'Ă©coute. A trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode et d'ici lĂ , Ă©vitons l'extinction !

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