undefined cover
undefined cover
#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine cover
#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine cover
ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine

#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine

30min |24/09/2024|

110

Play
undefined cover
undefined cover
#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine cover
#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine cover
ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine

#03 - Olivier Passot - Revol Porcelaine

30min |24/09/2024|

110

Play

Description

Dans cet épisode, Stéphane interroge Olivier Passot, dirigeant de la manufacture drômoise Revol, fabricant de porcelaine pour les arts de la table, destinés principalement aux professionnels (France et international). Ensemble, ils évoquent les entrepreneurs engagés qui ont convaincu Olivier à participer la CEC, la prise de conscience des limites planétaires et des impacts générés sur les ressources, les leviers de la feuille de route pour transformer cette entreprise de plus de 250 ans.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vous écoutez ÉCHOS de Territoires, le podcast inspirant de la CEC Alpes et bassin lyonnais qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain en Rhône-Alpes.

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur ÉCHOS de Territoires, le podcast de la Convention des entreprises pour le climat du bassin lyonnais et des Alpes. Alors aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Olivier Passot, le dirigeant de la vénérable Maison Revol, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Olivier, bonjour.

  • OP

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    J'avais dit qu'on allait se tutoyer, parce que la CEC, c'est quand même la convivialité. Donc, si tu es d'accord, on se tutoie.

  • OP

    Bien entendu, bien sûr.

  • SG

    Dans la vraie vie, on se tutoie. Alors, comme je n'ai pas pu me déplacer dans la Drôme, on va mener cet entretien au téléphone. Ça s'entend un petit peu, mais logiquement, ça devrait bien le faire. Alors, avant de nous lancer quand même un petit rappel pédagogique sur la CEC, qui est une association d'intérêt général, dont la vocation est d'organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour les décideurs économiques. Alors dans le cadre de la CEC Bassin lyonnais 2023-2024, dont Olivier tu a fait partie, ce sont 70 dirigeants qui se sont retrouvés dans un parcours de 8 mois pour un gros travail, gros gros travail, soyons clairs, d'intelligence collective, afin qu'ils puissent repenser leur modèle économique pour faire basculer leur entreprise d'une économie extractive vers une économie régénérative avant 2030. Alors on va voir que... C'est facile à dire, ce n'est pas facile à faire. Alors, ce que je te propose, Olivier, pour démarrer, déjà, c'est de nous présenter, j'allais dire, la manufacture. Mais c'est comme ça, il me semble que sur votre site, vous l'a présentée, la Manufacture Revol, qui est une institution de la porcelaine made in France depuis 1768.

  • OP

    Et bien écoute, Stéphane tout à fait, je te confirme, Revol vient de fêter ses 256 ans d'existence au mois du juin. Donc voilà, l'entreprise a été créée en 1768 dans le nord de la Drôme. dans la vallée de la Galaure, même pour être plus précis, juste à côté de Tain-l'Hermitage. L'entreprise a été créée par mes aïeux et voilà, 9 générations plus tard, j'ai eu la chance de diriger cette vénérable institution, comme tu dis.

  • SG

    Alors, rappelle-nous un peu ce que vous faites quand même, ça nous intéresse dans le détail.

  • OP

    Donc, notre métier, c'est fabriquer de la porcelaine à destination, principalement des arts de la table. Donc nous, on fabrique tout basiquement, des assiettes, des tasses, des mugs. des pichets, des plats, de toutes sortes, à destination d'abord des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, en France et à l'étranger. On réalise 70 % de notre chiffre d'affaires à l'international, dans environ 80 pays. Donc on vend à des chefs, à des responsables d'hôtels, etc. Ça c'est une très grosse partie de notre activité, la plus grosse, la plus importante. Et puis après on fait aussi pas mal de sous-traitances pour le compte de marque. qui sont dans le monde des spiritueux, des cosmétiques, des parfums, des bougies ou des aires de la table. Et on fabrique des produits en sous-traitance pour leur compte. Et également, bien sûr, on vend aux consommateurs, aux particuliers, via les grands magasins parisiens, notamment sur Internet, un certain nombre de boutiques. Mais ce n'est pas le plus gros de notre activité, qui reste destinée d'abord aux professionnels de la restauration et de l'hôtellerie. D'accord. Et donc, vous avez un site de production. Vous êtes combien de collaborateurs ?

  • SG

    Donc, il y a actuellement 230 personnes qui produisent nuit et jour, 7 jours sur 7, puisque c'est ça dont il s'agit dans nos métiers. C'est un métier qui ne s'arrête jamais. Et donc, on produit de la porcelaine culinaire à Saint-Uze, dans la Drôme.

  • OP

    D'accord. Alors, j'imagine que toi, dans ton enfance, comme tout le monde, tu voulais devenir pompier ou gendarme, non ? Ou alors, c'était vraiment ta mission de reprendre le flambeau de tes ancêtres ?

  • SG

    Écoute, pompier ou gendarme, pas exactement, même si j'ai sûrement eu ma période c'est sûr à n'en pas douter chez nous il n'y avait pas le poids de la reprise d'entreprise à tout prix. C'est pas comme ça qu'on vit l'entreprise chez nous, l'entreprise familiale les gens m'interrogent très souvent à ce sujet : comment ça s'est passé, on t'a préparé dès ta plus tendre enfance, c'était prévu comme ça depuis longtemps et je dis non pas du tout au contraire... On a un leitmotif, c'est que c'est chacun sa vie et son parcours. Et si à un moment donné, il y a une rencontre, c'est tant mieux, mais il n'y a pas rien d'obligatoire. Parce que l'entreprise familiale, c'est aussi un sacerdoce. Si on y rentre, en général, on n'en sort plus, surtout si on a l'idée de la transmettre. Donc, il faut vraiment être très d'union entre deux générations. C'est difficile à un moment donné de naviguer entre les deux. Il essaie de ne pas mettre la pression. Je sais ce que je suis en train de faire. Tout doucement, je suis en train de préparer les générations d'après. Mais sans pression, ils font leur choix, en leur âme et conscience. Ils décident de ce qu'ils veulent faire comme études d'abord et puis comme métier ensuite puisque tout le monde... Je dois avoir travaillé avant de rejoindre l'entreprise, ce qui a été mon cas aussi. J'ai travaillé 5 ou 6 ans avant de rejoindre l'entreprise familiale. Voilà, et ça s'est fait un peu de manière fortuite, et voilà, sans aucune pression, sans menace, sans chantage, je sens rien. Et donc le jour où je suis rentré, j'étais prêt et assez mature pour le faire. Et voilà, à partir du moment où je suis rentré, je me suis éclaté, et ça fait 25 ans déjà, tu vois, le temps passe vite, mais aucun regret.

  • OP

    Bon, ok, bon. Et bien là, Olivier, on a fait le plus simple. parce que tu nous as parlé de Revol, maintenant on va parler du fameux régénératif. Alors je vais juste rappeler quand même ce qu'est l'économie régénérative. L'approche régénérative, en fait, elle propose aux entreprises d'établir un nouveau rapport à la société et à la nature. Donc la démarche régénérative, elle consiste à créer de la valeur avec toutes les parties prenantes de l'entreprise, dans les limites planétaires et à développer une nouvelle relation de coévolution avec le vivant. Et on verra que le vivant, c'est quelque chose qui n'est pas si simple que ça à appréhender. Et le régénératif, c'est aussi ce qui est intéressant, ne se fait pas seul, mais au sein d'un écosystème d'acteurs sur un territoire. Alors toi, le régénératif, tu t'en as entendu parler quand et qu'est-ce que tu en as pensé la première fois ?

  • SG

    Alors moi, je suis arrivé à la CEC sans savoir ce que c'était que le régénératif. On va être franc, je ne vais pas me prendre pour un savant que je ne suis pas. Moi, ce qui m'a interpellé, c'est d'abord des copains, confrères qui s'engageaient, qui m'ont alerté en me disant tiens il y a ce truc là parce que par contre Revol est engagé depuis un moment. Notre métier fait qu'on est dépendant des matières premières minérales donc de l'extraction, on est dépendant des énergies fossiles et on est très dépendant de l'eau aussi donc ces ingrédients plus notre conscience individuelle et personnelle la mienne notamment faisait qu'on avait quand même une certaine sensibilité à ces sujets mais pas suffisamment approfondie pour être des experts du régénératif et moi Clairement, je ne savais pas ce que c'était l'économie régénérative quand j'ai rejoint la CEC, mais j'étais quand même intéressé par tous les sujets qu'elle proposait. Donc j'ai assez vite sauté dans le train et j'ai débuté en 2023 mon parcours avec l'idée d'en savoir plus, justement d'apprendre et de comprendre ce que c'était cette fameuse économie régénérative.

  • OP

    Sachant que tu avais des convictions, comme tu nous l'as dit, mais c'était quoi ton engagement environnemental ? Parce que quand on sort de la CEC, logiquement, on a quand même pris un grand coup dans la tête.

  • SG

    Ah oui, oui, ça j'ai pris le coup dans la tête. Mais si ta question c'est quels étaient tes engagements environnementaux quand tu as rejoint la CEC, j'en avais surtout d'ordre professionnel, on ne va pas te mentir. C'était, voilà, on consomme de la matière, de l'eau, de l'énergie. Donc ça faisait un moment qu'on avait entrepris. Sous mon impulsion notamment, parce que forcément je suis à la tête d'une entreprise et j'impulse pas mal de choses, pas tout seul bien sûr, j'ai une super équipe aussi autour de moi. Nous tous, on avait envie de faire des choses, envie de réduire notre consommation d'énergie, envie de mieux récupérer la chaleur issue des fours pour chauffer, sécher, etc. On avait envie de réduire notre consommation d'eau, donc on avait déjà entrepris beaucoup de choses, notamment une chose... On s'était engagé dans la certification QSE, donc on était en plein milieu du parcours. On était déjà Ecovadis Bronze à ce moment-là. Et puis on avait surtout en 2020 lancé le premier produit d'art de la table, la première collection d'assiettes d'art de la table, 100% produite à partir d'effluents issus de la station de traitement de nos eaux de process. Je ne veux pas rentrer dans une chose trop compliquée mais voilà, comme toute industrie qui utilise de l'eau, à un moment donné il faut purifier l'eau avant de la retourner à la nature, rendre au moins aussi propre que celle qu'on a prise. Mais tout ça, ça génère des boues et ces boues jusque là, elles étaient perdues, elles partaient dans des esquimoteries notamment mais il fallait payer pour les déplacer, payer pour les recycler. Et là on s'est dit mais c'est trop dommage et si on essayait de faire quelque chose de ces effluents, de ces boues. au choix. Et voilà, en 2020, à force de travail, on a réussi à déposer un brevet, stabiliser un c'est bout pour en faire une vraie pâte de céramique recyclée, 100% recyclée, et à lancer une collection qu'on a appelée NoW, donc No Waste. Donc ça, c'était trois ans avant la CEC, on était engagé sur des démarches, mais plus des démarches de l'ordre qui avait vocation à limiter notre impact sur notre entreprise, etc. Moi, quand je suis arrivé à la CEC, Je suis arrivé assez, pas sûr de moi, mais assez confiant en me disant on a déjà entrepris des tas de choses, on limite déjà notre impact, on a des choses à dire, etc. Puis assez vite, je me suis aperçu que le sujet, ce n'était pas tout à fait ça, c'était le régénératif. Et là, il a bien fallu qu'on se penche sur la question. Et j'ai vu que ça allait un cran plus loin, mais ce n'est pas forcément ce que j'avais anticipé en arrivant à la CEC. Et c'est là le coup de poing qu'on le prend en ce moment-là, parce qu'il faut se pencher sur ce fameux sujet du régénératif.

  • OP

    Voilà, et donc le déclic ? finalement vas-y lâche un petit peu des noms alors qui c'est, quelles sont les entreprises ou les entrepreneurs qui t'ont fait faire ce déclic parce que tu dis c'est les copains, c'était qui les copains parce qu'il me semble que toi t'as emmené d'autres copains à toi dans la prochaine là, j'ai vu qu'il y avait Torillon.

  • SG

    Ouais Vincent Torillon notamment, j'en ai approché d'autres mais Vincent fait partie de ceux-là absolument écoute celui pour le nommer je le balance c'est Olivier Pain de chez Chartreuse qui est un copain puis quelqu'un qui ont... on fait des choses ensemble aussi, et qui m'a écrit, mais je crois, genre le 15 décembre, en me disant, écoute, j'embarque à la CEC à partir de janvier-février, je sais qu'il reste quelques places, tu devrais regarder ce truc-là, ça vous irait comme un gant, trois lignes, et un lien vers un site, et moi, je n'avais jamais entendu parler de la CEC, ni de la démarche, et bon, comme c'est Olivier, j'ai jeté un oeil, et d'un coup, je vois que, ouais, je regarde le parcours dans ces grandes lignes, je me dis, tiens, c'est sympa. C'est vraiment sympa et puis il y avait en dessous, le mail dans tout, c'était Caroline Ducharme qui avait écrit à Olivier. Et voilà, je me dis, ok, je renvoie dans la foulée, je ne sais pas ce qui me prend. Un excès de folie. Et j'ai écrit à Caroline, je veux bien qu'on prenne un moment pour échanger à ce sujet. Voilà, c'est ce qu'on a fait. Et voilà, elle a su me parler. Elle n'était pas là pour me convaincre, elle était là pour m'expliquer la démarche. Et j'avoue que ça m'a séduit. Je me souviens, j'étais dans la petite chambre d'hôtel. En train d'Italie, j'ai eu envie de basculer. Je me décide parce que c'était les deux ou trois dernières places qui restaient. Donc, j'ai décidé très vite, instantanément.

  • OP

    Tu es un vrai entrepreneur. Tu montes dans un train et après, tu vois, tu viens de la piscine, tu apprends à nager. C'est classique.

  • SG

    Et en même temps,

  • OP

    c'est assez symbolique. C'est vrai que c'est de la collaboration, c'est de la confiance. Finalement, on s'inspire aussi toujours des autres. Justement, on va parler de la feuille de route. Puisque l'idée, je vais rappeler que l'objectif au cours de ces huit mois et toutes les différentes étapes de la CEC, c'est rédiger une feuille de route à visée régénérative. Et c'est des feuilles de route qui illustrent, alors il y a une méthodologie assez bien imaginée par l'équipe pédagogique de ACEC, qui va illustrer les trajectoires de transition à horizon 2030, finalement, que souhaitent suivre les entreprises. Et chaque feuille de route, elle rend compte de façon assez personnelle la stratégie qui a été imaginée tout au long de ce parcours, par le dirigeant et par son planète champion, et puis après qu'il partage avec eux. avec l'ensemble des collaborateurs. C'est vrai que c'est beaucoup de jus de crâne, parce que moi, j'ai fait aussi une feuille de route. Alors, est-ce que tu peux nous en parler ? Tu peux nous donner les grandes lignes, le câble, le fameux sursaut, les leviers de ta feuille de route ?

  • SG

    Alors, je rebondis sur ce que tu dis, c'est beaucoup de jus de cerveau, c'est beaucoup de travail, il faut le dire, parce que d'abord, ça prend du temps, c'est prenant. Et après, bien sûr, il y a toutes les sessions en camp de base où il faut phosphorer, bosser. se challenger, etc. Et ça, c'est un vrai job. Et c'est passionnant dans ses ressources, c'est le cas de le dire, sans jeu de mots, pour aller chercher justement des pistes. On a passé beaucoup de temps à se taper la tête quand c'est bien, en disant où est-ce qu'on va trouver des axes, comment on va faire. Et puis voilà, toutes les conférences aussi, l'environnement, les échanges avec nos confrères qui deviennent des copains, c'est hyper stimulant. Et c'est ce qui, au bout d'un moment, permet d'entrevoir... des petites lumières justement et de commencer à pondre effectivement une feuille de route. Donc c'est sûr que nous, le sursaut ça a été comme beaucoup de gens je pense, les prises de conscience parce que tout est fait évidemment pour nous mettre dans un cadre, un contexte de prise de conscience des limites planétaires notamment et c'est quand même brutal, c'est bien fait, c'est qualitatif, les porteurs de ces sujets sont des experts et puis de renom et puis vraiment des connaisseurs. J'avoue que pour moi, j'ai pris quelques baffes successives qui ont bien allumé la lumière là où elle n'était pas. Voilà, donc ça donne envie de se mettre en route, ça donne envie de s'engager. Donc, je ne sais pas de décret tout le monde sur ce, mais ça a été la prise de conscience. Nous, on a mis le doigt sur nos limites à nous, c'est-à-dire la traction, la consommation de matière, avec tout ce que ça implique. Et puis... Et puis la partie internationale, c'est-à-dire l'export, mais aussi le sourcing dans certains cas. Comment limiter aussi notre... On a identifié un peu les limites de notre business model à nous, là où ça pêchait. On a commencé à partir à réfléchir sur ces bases-là et on a été créatifs. Et puis petit à petit, on a trouvé le chemin, mais ça met du temps.

  • OP

    Dans tes leviers, c'est ce que je regardais, il y a la partie recyclage. Il y a la partie volume, parce que c'est comment on fait, s'il y a de stopper, alors vous avez mis dans votre feuille de roue, vous avez mis stopper notre stratégie volumique. Et il me semble que même vous avez indiqué un endroit, pas limiter l'export, mais réfléchir à l'export. Mais c'est quand même des mots qui sont assez forts.

  • SG

    Oui, je crois que les deux leviers les plus... Les plus significatifs qu'on ait pu relever, les plus challenging aussi pour nous, c'est effectivement cette approche volumique. C'est-à-dire, c'est évidemment une usine qui produit avec des hommes et des femmes dans un contexte économique tel qu'on le dit. On doit toujours faire plus, se développer, donc ça veut dire plus de produits, plus de production, plus d'export, donc plus d'extraction, etc. Et là, c'est aussi ce système de réflexion par itération qui nous a permis Entrevoir des pistes autour notamment d'un modèle plus serviciel, en se disant finalement, pourquoi on produit un définiment de la vaisselle ? Est-ce qu'on ne pourrait pas aussi la louer, par exemple ? Il y a des gens qui ont besoin de plus de vaisselle, par exemple, pour un événement qui attire plus de monde dans le restaurant. Plutôt que d'acheter plus de vaisselle, et si la louer, ou si on la prêtait, et si on la reprenait, etc. Il y a aussi tout le sujet du second choix, du défaut d'aspect, qui peut rentrer carrément dans cette démarche. Là, on a commencé à discuter de ça dans le cadre de la CEC, Christophe Samples notamment, qui a été, je trouve, qui nous a pas mal bousculé sur ces sujets-là. On a commencé à le partager en interne. J'ai partagé avec d'autres copains de la CEC, pour les cités Valrhona notamment. À un moment donné, on a décidé de créer une CEC Sprint pour nos équipes de direction. Et on s'est retrouvés, ça a été un moment extrêmement important, je le cite, parce que il y a eu tout le parcours de la CEC, mais on a créé ce moment avec nos équipes, les équipes de direction Valrhona, les équipes de direction Revol. À nous tous, on a pu faire venir Arthur Keller et Christophe Samples pour justement parler, l'histoire c'était limite planétaire, le lendemain c'était un modèle qui part sur le serviciel. Et ça a été extrêmement important parce qu'on a vraiment phosphoré ensemble, on s'est 15 autour de la table et on a... On a phosphoré autour de cette idée d'un modèle différent, plus serviciel. On a parlé de l'export aussi, de se recentrer sur nos métiers, marché domestique, France, Europe aussi, voir comment on pourrait pallier et réduire nos exportations tout en se concentrant sur ce qu'il n'y a pas des marchés avec des réserves de croissance plus localement. Voilà, je ne veux pas perdre notre auditoire dans des... trop de détails, mais ça a été extrêmement fondateur, ça a permis d'embarquer cette équipe.

  • OP

    C'est ça, ce que j'allais dire, c'est que comment on embarque les gens dans l'aventure, c'est ce que tu viens de nous expliquer quand même. C'est pas simple.

  • SG

    Ça a été un kick-off. On s'est énormément posé cette question, d'abord parce que on nous a interpellé à ce sujet, on nous a dit comment vous allez embarquer vos équipes, et on se grattait le crâne en disant comment on va faire, ça va pas être simple. On réfléchit, puis on a vu qu'on partageait un peu cette problématique avec d'autres, et franchement ces sprints, ça a été génial. Surtout qu'on a fait aussi... avec la fabuleuse cantine qui était totalement partie prenante ils nous accueillaient mais ils étaient là aussi pour y participer donc voilà, trois entreprises, trois équipes un lieu aspirant des conférenciers super impactants tout ça, ça nous a mis en marche et franchement ça a été pour nous avec Antoine, notre planète champion c'est extrêmement intéressant parce qu'on a vu que nous on cogitait dans le coin tous les deux d'ajouter du monde, même s'il n'y a pas le même niveau d'information ou de formation que nous ce groupe là d'un coup était hyper pertinent et ça a permis d'enrichir énormément notre feuille de route à un moment où on pédalait un peu dans la semoule il faut le dire il y a eu vraiment un moment de solitude et non seulement ça nous a aidé mais en plus ça les a embarqués et après on a poursuivi la démarche en interne maintenant on a créé un comité qui s'appelle Circul'R qui envole, Circul'R, et ils sont voilà on se... réunis à nouveau ensemble sur ces sujets. On a créé un comité élargi aussi, qui va travailler sur la vision à partir de l'automne. On va se faire accompagner, on va réécrire la vision sur la base de cette feuille de route, co-construite avec l'équipe. Enfin, nous, ça nous a... Ça a été dur, on a bavé, on a eu des moments où on s'est dit, on est venus pour deux jours pour rien, rien n'en est sorti. Puis il y a eu des moments où il y a eu des déclics aussi. Puis voilà, cette feuille de route, elle n'est pas simple. C'est un vrai défi pour nous. Mais là, il y a une vraie envie de l'équipe, des jeunes et des moins jeunes, de se mettre autour de la table pour écrire la nouvelle vision. construire une nouvelle vision autour de ces grands principes et puis essayer de concrétiser finalement ce qui sont pour l'instant des intuitions, des parties prises, des choix. Ils sont sur le papier, c'est bien joli d'écrire. Justement, je te coupe un peu, concrètement, qu'est-ce qu'il en est sorti ? C'est assez récent finalement la sortie de la CEC, est-ce qu'il y a déjà des choses concrètement qui sont sorties ?

  • OP

    Alors, ce qui est sorti, c'est qu'on a pris la décision de réécrire notre vision, ça c'est clair et c'est engagé. On a déjà monté notre comité de pilotage, on a fait les kick-off, donc on va poursuivre à l'automne avec le comité stratégique qu'on a monté à cet effet-là, qui est celui qui avait participé à la CEC Sprint, à la Fabuleuse Cantine, avec Valrhona. Donc ça fait engagé. On a monté un petit comité aussi, nous, on va dire des anciens de la CEC. On continue à se voir avec l'équipe de Valrhona, de Chartreuse et de Roset aussi, Ligne Roset pour... et également La Fabuleuse, pour échanger sur nos feuilles de route, sur les avancées, sur les difficultés, sur le local aussi, parce que clairement, dans nos feuilles de route respectives, le côté territorial est ressorti, et le côté coopératif aussi. Donc on a commencé à mener des marges de coopération avec La Fabuleuse, notamment, mais aussi Valrhona. Donc l'idée, c'est d'élargir ça et de continuer à échanger ensemble.

  • SG

    Alors justement, dans tes leviers 3 et 4, le 3, c'est créer une expérience locale. culturel pour préserver notre patrimoine. Et le levier 4, c'est consolider et partager une stratégie à impact dans notre écosystème. C'est ce que tu es en train d'indiquer. C'est-à-dire après, c'est comment finalement on irradie tout ça au plus grand nombre.

  • OP

    Exactement. Donc ça peut être des moments de rencontres, ça peut être des moments de rencontres et d'échanges. Comme on les mène, on a des rendez-vous maintenant trimestriels et on met à plat, on reparle de nos feuilles de route, on le met à jour et on explique où on en est. Ça permet de... Je vais dire s'encourager, je dirais, puis de voir quelles sont les difficultés traversées les uns et les autres, ou même les succès rencontrés, ou les démarches entreprises. C'est inspirant, en fait. C'est inspirant et ça donne des idées. Et puis, on a l'impression qu'on n'est pas en train de ramer tout seul dans notre coin. C'est aussi stimulant pour essayer de... Je crois que si on est ensemble, on sait qu'on a tous envie de... On croit tous au coopératif. Et par exemple, je suis allé visiter Ligne Roset. Ligne Roset, ce sont des gens qui mettent de la ouate dans leurs canapés et fauteuils, principalement pour le confort. On a vu qu'ils avaient des chutes. Clairement, en ce moment, on est en train de discuter de la manière dont on pourrait utiliser les chutes, donc des déchets, pour protéger nos produits dans nos emballages. Donc, ça n'a pas encore totalement abouti, mais c'est à l'étude de manière très sérieuse et très rythmée. On a une vraie envie, une vraie intention d'aboutir. On adorait pouvoir emballer nos produits demain dans les chutes de Ligne Roset, ça serait génial. Donc ça, ça fait partie de... Avec Valrhona, on a d'autres projets coopératifs aussi, sur d'autres aspects, plus autour du service, de la pâtisserie, etc. Enfin bon, il y a des tas de choses qui peuvent naître. J'ai parlé de la Fabuleuse juste avant. Et puis on a fait aussi tout un travail autour de la pâte recyclée avec Chartreuse, puisqu'ils ont lancé un contenant, avec notre pâte recyclée. 100% produites avec notre pâte recyclée, pour lancer une nouvelle bouteille d'élixir qui est vendue depuis cet hiver. Voilà, donc tout ça, ça donne des fruits aussi. C'est à la fois des échanges, de la convivialité, du courage, de la stimulation, et puis aussi des résultats. C'est super encourageant.

  • SG

    Alors justement, moi je me place comme un dirigeant, et le regard des autres dirigeants qui n'ont pas fait la CEC, ou qui ne sont pas dans cette perspective, c'est quoi leur regard ? Enfin, tu en croises certains, j'imagine.

  • OP

    Vincent Torillon qui est un bon copain, il m'a suffisamment écouté je lui ai suffisamment bourrer le mou, je savais qu'il pourrait être tenté qu'il trouverait son compte et puis connaissant le personnage, donc il y est allé je pense qu'il ne regrette pas même s'il souffre, ça j'ai compris qu'il souffrait aussi comme nous on a souffert. Moi je ne suis surtout pas être donneur de leçons ce qui m'intéresse c'est de partager mon expérience, sensibiliser être... ambassadeur à mon rythme et quand je peux de cette démarche. Je ne suis pas là pour dire aux autres Vous ne l'avez pas fait, vous êtes des nazes. Ce n'est pas du tout l'idée. Il y a des tapons de pratique dans des boîtes qui n'ont pas fait du tout cette démarche. Moi, c'est de partager. Franchement, je pense que c'est un bon ambassadeur parce que j'en parle autour de moi, je partage.

  • SG

    Quand on est sympa, ça joue beaucoup aussi. Quand on est enthousiaste. Justement, mais est-ce que ça peut aussi changer ton leadership ? Est-ce que ton leadership n'a pas changé après la CEC ?

  • OP

    Peut-être. Je suis peut-être devenu un patron ou un leader qui est plus sensibilisé à ces sujets, donc plus pétri de ces sujets. On avait une réunion de managers hier, on était 40. Clairement, le réunion a duré une heure et demie. Je pense qu'on a parlé 45 minutes de RSE. Ça devient un sujet central. Il y en a qui font des jokes avec ça d'ailleurs, mais on en parle beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il y a de la nouvelle génération qui est là aussi, qui est hypersensibilisée à ces sujets, qui est très moteur. Je trouve que ça devient un lien générationnel aussi, qui est plutôt que de cliver, je trouve que ça crée du lien. La nouvelle génération porte plus naturellement ces sujets. Mais je vois les générations précédentes qui sont heureuses de se sensibiliser à ça, de mieux comprendre et de voir qu'il y a des choses concrètes qu'on peut faire, que ce n'est pas que du blabla. Et moi, ça me donne beaucoup d'espoir pour la suite. Moi aussi, si tous les politiques pouvaient t'entendre. Enfin bref, on est dans l'économie et c'est un chef d'entreprise qui parle et c'est très agréable à entendre. Alors justement, comment tu pourrais convaincre un autre chef d'entreprise, au-delà de tes copains finalement, de faire la CEC ? Et finalement, pourquoi tu leur dirais, essayez vous aussi de vous lancer dans l'économie régénérative. Qu'est-ce que tu leur donnerais comme argument ? Qu'est-ce qui fait que ça marche aussi ?

  • SG

    Évidemment, comme tout le monde, je crois qu'on doute toujours que nous, individuellement ou collectivement, à l'échelle de nos entreprises, on doute toujours qu'on puisse agir vraiment avec... pour des résultats, parce qu'on est trop petit à l'échelle du monde, de la planète ou du problème. C'est toujours le premier réflexe. Je pense que j'ai passé les deux premières séances à me dire ça, en me disant, c'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce que je peux faire moi, à mon échelle ? Rien, je pèse que dalle. Donc, dire, mais vous ne laissez pas impressionner par ça. Ce qui donne la force, c'est le collectif, justement. C'est l'impression d'un coup de ne plus être tout seul, mais d'être plusieurs. Et d'un coup, quand on est plusieurs, on se dit... ça donne de l'énergie, ça donne de l'espoir. Le levier est bien plus grand. Même s'il n'est pas encore énorme à l'échelle du problème, il est nettement significatif. Je pense qu'à un moment donné, il faut aussi des moteurs. Il faut des leaders, il faut des moteurs, il faut des gens qui soient des pionniers aussi. Je pense que c'est toujours plus intéressant d'être du côté des pionniers que des suiveurs. Franchement, prenez un an pour votre planète parce que c'est notre planète aussi, on vit dessus. On constate tous, tous les jours, des dérèglements, ne serait-ce qu'en ce moment. Et on ne peut pas faire que se plaindre et ne jamais agir. Il y a un moment donné aussi, il y a un moment pour l'action, l'engagement. Et je pense que notre planète, elle le mérite, pour nous, mais aussi pour les générations qui arrivent et nos enfants. C'est un peu comme ça que je leur parle et que je continuerai à leur parler. Je ne suis pas sûr d'avoir les bons mots, mais en tout cas... On pourrait finir sur ces mots-là, ça fait une belle conclusion. On s'approche de la fin. Oui, ça nous donne envie, en tous les cas, de ce que tu es en train de dire. Alors, je vais couper toutes les questions que j'avais, puisque tu m'as fait tellement une belle envolée, que ce serait dommage de la couper. Juste, si tu avais une baguette magique, question piège, et si tu pouvais changer les règles du jeu économique, qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que je changerais ? C'est balèze, ça. C'est balèze. Non, je ferais la promotion du... Même si j'exporte beaucoup, je pense qu'il y a beaucoup à tirer de la relocalisation des métiers, des savoir-faire, de la production, de la consommation. Parce que c'est la globalisation qui quand même a beaucoup d'impact, et là surconsommation aussi, il ne faut pas se tordre. Mais je pense que quand les produits ne sont pas chers, on peut surconsommer, ce n'est pas un problème. Les exemples comme ça, on les connaît tous. Je trouve que si on reproduisait, on se disait, revenons au local. Mais vraiment, c'est pas que ce soit pas avec une posture politique, mais une vraie intention d'y mettre les moyens, y compris politiques et économiques. Je pense qu'on recréerait des filières, on recréerait la proximité, donc on recréerait une compréhension de ce que c'est que la production, un produit, un article, ce qui se cache derrière en termes de consommation de matière, d'extraction, d'énergie, et peut-être aussi on consommerait du coup plus intelligemment. Pour moi, c'est ça que j'aimerais, c'est ça vraiment qu'on arrive à... Ça n'empêcherait pas les entreprises d'être internationales, mais à ce moment-là, en produisant leur filière localement, en disant Ok, je veux vendre en Chine, je produis en Chine, je veux vendre aux États-Unis, je produis aux États-Unis peut-être. Et surtout, voilà, ça serait ça ma petite baguette. C'est local.

  • OP

    C'est clair, le local. Et du coup, dernière question, qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? Parce que quand on t'écoute, on te sent confiant.

  • SG

    Moi, c'est ma nature. Je ne peux malheureusement pas aller contre ma nature. Je ne suis pas illuminé, j'espère pas, parce que je suis chef d'entreprise, mais je ne conçois pas la projection, la vision, sans un minimum d'enthousiasme et d'envie et de foi en l'avenir. Moi, j'ai foi en l'avenir. De toute façon, on n'a pas le choix. Moi, je suis convaincu que l'avenir qui nous attend est meilleur. Sinon, je ne pourrais pas continuer à avancer. Mais je suis convaincu aussi que pour ça, il faut se relever les manches, il faut participer, il faut contribuer, il faut être créatif, il faut être inventif. Il faut des choses qu'on n'a encore pas inventées, qu'on va inventer. Moi, j'ai foi en l'homme, en l'humanité et en la Terre, tout simplement.

  • OP

    Pour que je y croie. Écoute Olivier, je te remercie. Ça fait du bien, cette bouffée d'oxygène, pour cette conversation qui a été franche, qui est pragmatique. Et je terminerai par une petite citation de Géronimo, le célèbre chef apache, qui a dit Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas. Eh bien, encore merci, Olivier. Et puis, à bientôt. Encore merci. Bien d'accord. Merci. Tant pis, Stéphane.

  • SG

    Merci à toi. Salut.

Description

Dans cet épisode, Stéphane interroge Olivier Passot, dirigeant de la manufacture drômoise Revol, fabricant de porcelaine pour les arts de la table, destinés principalement aux professionnels (France et international). Ensemble, ils évoquent les entrepreneurs engagés qui ont convaincu Olivier à participer la CEC, la prise de conscience des limites planétaires et des impacts générés sur les ressources, les leviers de la feuille de route pour transformer cette entreprise de plus de 250 ans.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vous écoutez ÉCHOS de Territoires, le podcast inspirant de la CEC Alpes et bassin lyonnais qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain en Rhône-Alpes.

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur ÉCHOS de Territoires, le podcast de la Convention des entreprises pour le climat du bassin lyonnais et des Alpes. Alors aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Olivier Passot, le dirigeant de la vénérable Maison Revol, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Olivier, bonjour.

  • OP

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    J'avais dit qu'on allait se tutoyer, parce que la CEC, c'est quand même la convivialité. Donc, si tu es d'accord, on se tutoie.

  • OP

    Bien entendu, bien sûr.

  • SG

    Dans la vraie vie, on se tutoie. Alors, comme je n'ai pas pu me déplacer dans la Drôme, on va mener cet entretien au téléphone. Ça s'entend un petit peu, mais logiquement, ça devrait bien le faire. Alors, avant de nous lancer quand même un petit rappel pédagogique sur la CEC, qui est une association d'intérêt général, dont la vocation est d'organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour les décideurs économiques. Alors dans le cadre de la CEC Bassin lyonnais 2023-2024, dont Olivier tu a fait partie, ce sont 70 dirigeants qui se sont retrouvés dans un parcours de 8 mois pour un gros travail, gros gros travail, soyons clairs, d'intelligence collective, afin qu'ils puissent repenser leur modèle économique pour faire basculer leur entreprise d'une économie extractive vers une économie régénérative avant 2030. Alors on va voir que... C'est facile à dire, ce n'est pas facile à faire. Alors, ce que je te propose, Olivier, pour démarrer, déjà, c'est de nous présenter, j'allais dire, la manufacture. Mais c'est comme ça, il me semble que sur votre site, vous l'a présentée, la Manufacture Revol, qui est une institution de la porcelaine made in France depuis 1768.

  • OP

    Et bien écoute, Stéphane tout à fait, je te confirme, Revol vient de fêter ses 256 ans d'existence au mois du juin. Donc voilà, l'entreprise a été créée en 1768 dans le nord de la Drôme. dans la vallée de la Galaure, même pour être plus précis, juste à côté de Tain-l'Hermitage. L'entreprise a été créée par mes aïeux et voilà, 9 générations plus tard, j'ai eu la chance de diriger cette vénérable institution, comme tu dis.

  • SG

    Alors, rappelle-nous un peu ce que vous faites quand même, ça nous intéresse dans le détail.

  • OP

    Donc, notre métier, c'est fabriquer de la porcelaine à destination, principalement des arts de la table. Donc nous, on fabrique tout basiquement, des assiettes, des tasses, des mugs. des pichets, des plats, de toutes sortes, à destination d'abord des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, en France et à l'étranger. On réalise 70 % de notre chiffre d'affaires à l'international, dans environ 80 pays. Donc on vend à des chefs, à des responsables d'hôtels, etc. Ça c'est une très grosse partie de notre activité, la plus grosse, la plus importante. Et puis après on fait aussi pas mal de sous-traitances pour le compte de marque. qui sont dans le monde des spiritueux, des cosmétiques, des parfums, des bougies ou des aires de la table. Et on fabrique des produits en sous-traitance pour leur compte. Et également, bien sûr, on vend aux consommateurs, aux particuliers, via les grands magasins parisiens, notamment sur Internet, un certain nombre de boutiques. Mais ce n'est pas le plus gros de notre activité, qui reste destinée d'abord aux professionnels de la restauration et de l'hôtellerie. D'accord. Et donc, vous avez un site de production. Vous êtes combien de collaborateurs ?

  • SG

    Donc, il y a actuellement 230 personnes qui produisent nuit et jour, 7 jours sur 7, puisque c'est ça dont il s'agit dans nos métiers. C'est un métier qui ne s'arrête jamais. Et donc, on produit de la porcelaine culinaire à Saint-Uze, dans la Drôme.

  • OP

    D'accord. Alors, j'imagine que toi, dans ton enfance, comme tout le monde, tu voulais devenir pompier ou gendarme, non ? Ou alors, c'était vraiment ta mission de reprendre le flambeau de tes ancêtres ?

  • SG

    Écoute, pompier ou gendarme, pas exactement, même si j'ai sûrement eu ma période c'est sûr à n'en pas douter chez nous il n'y avait pas le poids de la reprise d'entreprise à tout prix. C'est pas comme ça qu'on vit l'entreprise chez nous, l'entreprise familiale les gens m'interrogent très souvent à ce sujet : comment ça s'est passé, on t'a préparé dès ta plus tendre enfance, c'était prévu comme ça depuis longtemps et je dis non pas du tout au contraire... On a un leitmotif, c'est que c'est chacun sa vie et son parcours. Et si à un moment donné, il y a une rencontre, c'est tant mieux, mais il n'y a pas rien d'obligatoire. Parce que l'entreprise familiale, c'est aussi un sacerdoce. Si on y rentre, en général, on n'en sort plus, surtout si on a l'idée de la transmettre. Donc, il faut vraiment être très d'union entre deux générations. C'est difficile à un moment donné de naviguer entre les deux. Il essaie de ne pas mettre la pression. Je sais ce que je suis en train de faire. Tout doucement, je suis en train de préparer les générations d'après. Mais sans pression, ils font leur choix, en leur âme et conscience. Ils décident de ce qu'ils veulent faire comme études d'abord et puis comme métier ensuite puisque tout le monde... Je dois avoir travaillé avant de rejoindre l'entreprise, ce qui a été mon cas aussi. J'ai travaillé 5 ou 6 ans avant de rejoindre l'entreprise familiale. Voilà, et ça s'est fait un peu de manière fortuite, et voilà, sans aucune pression, sans menace, sans chantage, je sens rien. Et donc le jour où je suis rentré, j'étais prêt et assez mature pour le faire. Et voilà, à partir du moment où je suis rentré, je me suis éclaté, et ça fait 25 ans déjà, tu vois, le temps passe vite, mais aucun regret.

  • OP

    Bon, ok, bon. Et bien là, Olivier, on a fait le plus simple. parce que tu nous as parlé de Revol, maintenant on va parler du fameux régénératif. Alors je vais juste rappeler quand même ce qu'est l'économie régénérative. L'approche régénérative, en fait, elle propose aux entreprises d'établir un nouveau rapport à la société et à la nature. Donc la démarche régénérative, elle consiste à créer de la valeur avec toutes les parties prenantes de l'entreprise, dans les limites planétaires et à développer une nouvelle relation de coévolution avec le vivant. Et on verra que le vivant, c'est quelque chose qui n'est pas si simple que ça à appréhender. Et le régénératif, c'est aussi ce qui est intéressant, ne se fait pas seul, mais au sein d'un écosystème d'acteurs sur un territoire. Alors toi, le régénératif, tu t'en as entendu parler quand et qu'est-ce que tu en as pensé la première fois ?

  • SG

    Alors moi, je suis arrivé à la CEC sans savoir ce que c'était que le régénératif. On va être franc, je ne vais pas me prendre pour un savant que je ne suis pas. Moi, ce qui m'a interpellé, c'est d'abord des copains, confrères qui s'engageaient, qui m'ont alerté en me disant tiens il y a ce truc là parce que par contre Revol est engagé depuis un moment. Notre métier fait qu'on est dépendant des matières premières minérales donc de l'extraction, on est dépendant des énergies fossiles et on est très dépendant de l'eau aussi donc ces ingrédients plus notre conscience individuelle et personnelle la mienne notamment faisait qu'on avait quand même une certaine sensibilité à ces sujets mais pas suffisamment approfondie pour être des experts du régénératif et moi Clairement, je ne savais pas ce que c'était l'économie régénérative quand j'ai rejoint la CEC, mais j'étais quand même intéressé par tous les sujets qu'elle proposait. Donc j'ai assez vite sauté dans le train et j'ai débuté en 2023 mon parcours avec l'idée d'en savoir plus, justement d'apprendre et de comprendre ce que c'était cette fameuse économie régénérative.

  • OP

    Sachant que tu avais des convictions, comme tu nous l'as dit, mais c'était quoi ton engagement environnemental ? Parce que quand on sort de la CEC, logiquement, on a quand même pris un grand coup dans la tête.

  • SG

    Ah oui, oui, ça j'ai pris le coup dans la tête. Mais si ta question c'est quels étaient tes engagements environnementaux quand tu as rejoint la CEC, j'en avais surtout d'ordre professionnel, on ne va pas te mentir. C'était, voilà, on consomme de la matière, de l'eau, de l'énergie. Donc ça faisait un moment qu'on avait entrepris. Sous mon impulsion notamment, parce que forcément je suis à la tête d'une entreprise et j'impulse pas mal de choses, pas tout seul bien sûr, j'ai une super équipe aussi autour de moi. Nous tous, on avait envie de faire des choses, envie de réduire notre consommation d'énergie, envie de mieux récupérer la chaleur issue des fours pour chauffer, sécher, etc. On avait envie de réduire notre consommation d'eau, donc on avait déjà entrepris beaucoup de choses, notamment une chose... On s'était engagé dans la certification QSE, donc on était en plein milieu du parcours. On était déjà Ecovadis Bronze à ce moment-là. Et puis on avait surtout en 2020 lancé le premier produit d'art de la table, la première collection d'assiettes d'art de la table, 100% produite à partir d'effluents issus de la station de traitement de nos eaux de process. Je ne veux pas rentrer dans une chose trop compliquée mais voilà, comme toute industrie qui utilise de l'eau, à un moment donné il faut purifier l'eau avant de la retourner à la nature, rendre au moins aussi propre que celle qu'on a prise. Mais tout ça, ça génère des boues et ces boues jusque là, elles étaient perdues, elles partaient dans des esquimoteries notamment mais il fallait payer pour les déplacer, payer pour les recycler. Et là on s'est dit mais c'est trop dommage et si on essayait de faire quelque chose de ces effluents, de ces boues. au choix. Et voilà, en 2020, à force de travail, on a réussi à déposer un brevet, stabiliser un c'est bout pour en faire une vraie pâte de céramique recyclée, 100% recyclée, et à lancer une collection qu'on a appelée NoW, donc No Waste. Donc ça, c'était trois ans avant la CEC, on était engagé sur des démarches, mais plus des démarches de l'ordre qui avait vocation à limiter notre impact sur notre entreprise, etc. Moi, quand je suis arrivé à la CEC, Je suis arrivé assez, pas sûr de moi, mais assez confiant en me disant on a déjà entrepris des tas de choses, on limite déjà notre impact, on a des choses à dire, etc. Puis assez vite, je me suis aperçu que le sujet, ce n'était pas tout à fait ça, c'était le régénératif. Et là, il a bien fallu qu'on se penche sur la question. Et j'ai vu que ça allait un cran plus loin, mais ce n'est pas forcément ce que j'avais anticipé en arrivant à la CEC. Et c'est là le coup de poing qu'on le prend en ce moment-là, parce qu'il faut se pencher sur ce fameux sujet du régénératif.

  • OP

    Voilà, et donc le déclic ? finalement vas-y lâche un petit peu des noms alors qui c'est, quelles sont les entreprises ou les entrepreneurs qui t'ont fait faire ce déclic parce que tu dis c'est les copains, c'était qui les copains parce qu'il me semble que toi t'as emmené d'autres copains à toi dans la prochaine là, j'ai vu qu'il y avait Torillon.

  • SG

    Ouais Vincent Torillon notamment, j'en ai approché d'autres mais Vincent fait partie de ceux-là absolument écoute celui pour le nommer je le balance c'est Olivier Pain de chez Chartreuse qui est un copain puis quelqu'un qui ont... on fait des choses ensemble aussi, et qui m'a écrit, mais je crois, genre le 15 décembre, en me disant, écoute, j'embarque à la CEC à partir de janvier-février, je sais qu'il reste quelques places, tu devrais regarder ce truc-là, ça vous irait comme un gant, trois lignes, et un lien vers un site, et moi, je n'avais jamais entendu parler de la CEC, ni de la démarche, et bon, comme c'est Olivier, j'ai jeté un oeil, et d'un coup, je vois que, ouais, je regarde le parcours dans ces grandes lignes, je me dis, tiens, c'est sympa. C'est vraiment sympa et puis il y avait en dessous, le mail dans tout, c'était Caroline Ducharme qui avait écrit à Olivier. Et voilà, je me dis, ok, je renvoie dans la foulée, je ne sais pas ce qui me prend. Un excès de folie. Et j'ai écrit à Caroline, je veux bien qu'on prenne un moment pour échanger à ce sujet. Voilà, c'est ce qu'on a fait. Et voilà, elle a su me parler. Elle n'était pas là pour me convaincre, elle était là pour m'expliquer la démarche. Et j'avoue que ça m'a séduit. Je me souviens, j'étais dans la petite chambre d'hôtel. En train d'Italie, j'ai eu envie de basculer. Je me décide parce que c'était les deux ou trois dernières places qui restaient. Donc, j'ai décidé très vite, instantanément.

  • OP

    Tu es un vrai entrepreneur. Tu montes dans un train et après, tu vois, tu viens de la piscine, tu apprends à nager. C'est classique.

  • SG

    Et en même temps,

  • OP

    c'est assez symbolique. C'est vrai que c'est de la collaboration, c'est de la confiance. Finalement, on s'inspire aussi toujours des autres. Justement, on va parler de la feuille de route. Puisque l'idée, je vais rappeler que l'objectif au cours de ces huit mois et toutes les différentes étapes de la CEC, c'est rédiger une feuille de route à visée régénérative. Et c'est des feuilles de route qui illustrent, alors il y a une méthodologie assez bien imaginée par l'équipe pédagogique de ACEC, qui va illustrer les trajectoires de transition à horizon 2030, finalement, que souhaitent suivre les entreprises. Et chaque feuille de route, elle rend compte de façon assez personnelle la stratégie qui a été imaginée tout au long de ce parcours, par le dirigeant et par son planète champion, et puis après qu'il partage avec eux. avec l'ensemble des collaborateurs. C'est vrai que c'est beaucoup de jus de crâne, parce que moi, j'ai fait aussi une feuille de route. Alors, est-ce que tu peux nous en parler ? Tu peux nous donner les grandes lignes, le câble, le fameux sursaut, les leviers de ta feuille de route ?

  • SG

    Alors, je rebondis sur ce que tu dis, c'est beaucoup de jus de cerveau, c'est beaucoup de travail, il faut le dire, parce que d'abord, ça prend du temps, c'est prenant. Et après, bien sûr, il y a toutes les sessions en camp de base où il faut phosphorer, bosser. se challenger, etc. Et ça, c'est un vrai job. Et c'est passionnant dans ses ressources, c'est le cas de le dire, sans jeu de mots, pour aller chercher justement des pistes. On a passé beaucoup de temps à se taper la tête quand c'est bien, en disant où est-ce qu'on va trouver des axes, comment on va faire. Et puis voilà, toutes les conférences aussi, l'environnement, les échanges avec nos confrères qui deviennent des copains, c'est hyper stimulant. Et c'est ce qui, au bout d'un moment, permet d'entrevoir... des petites lumières justement et de commencer à pondre effectivement une feuille de route. Donc c'est sûr que nous, le sursaut ça a été comme beaucoup de gens je pense, les prises de conscience parce que tout est fait évidemment pour nous mettre dans un cadre, un contexte de prise de conscience des limites planétaires notamment et c'est quand même brutal, c'est bien fait, c'est qualitatif, les porteurs de ces sujets sont des experts et puis de renom et puis vraiment des connaisseurs. J'avoue que pour moi, j'ai pris quelques baffes successives qui ont bien allumé la lumière là où elle n'était pas. Voilà, donc ça donne envie de se mettre en route, ça donne envie de s'engager. Donc, je ne sais pas de décret tout le monde sur ce, mais ça a été la prise de conscience. Nous, on a mis le doigt sur nos limites à nous, c'est-à-dire la traction, la consommation de matière, avec tout ce que ça implique. Et puis... Et puis la partie internationale, c'est-à-dire l'export, mais aussi le sourcing dans certains cas. Comment limiter aussi notre... On a identifié un peu les limites de notre business model à nous, là où ça pêchait. On a commencé à partir à réfléchir sur ces bases-là et on a été créatifs. Et puis petit à petit, on a trouvé le chemin, mais ça met du temps.

  • OP

    Dans tes leviers, c'est ce que je regardais, il y a la partie recyclage. Il y a la partie volume, parce que c'est comment on fait, s'il y a de stopper, alors vous avez mis dans votre feuille de roue, vous avez mis stopper notre stratégie volumique. Et il me semble que même vous avez indiqué un endroit, pas limiter l'export, mais réfléchir à l'export. Mais c'est quand même des mots qui sont assez forts.

  • SG

    Oui, je crois que les deux leviers les plus... Les plus significatifs qu'on ait pu relever, les plus challenging aussi pour nous, c'est effectivement cette approche volumique. C'est-à-dire, c'est évidemment une usine qui produit avec des hommes et des femmes dans un contexte économique tel qu'on le dit. On doit toujours faire plus, se développer, donc ça veut dire plus de produits, plus de production, plus d'export, donc plus d'extraction, etc. Et là, c'est aussi ce système de réflexion par itération qui nous a permis Entrevoir des pistes autour notamment d'un modèle plus serviciel, en se disant finalement, pourquoi on produit un définiment de la vaisselle ? Est-ce qu'on ne pourrait pas aussi la louer, par exemple ? Il y a des gens qui ont besoin de plus de vaisselle, par exemple, pour un événement qui attire plus de monde dans le restaurant. Plutôt que d'acheter plus de vaisselle, et si la louer, ou si on la prêtait, et si on la reprenait, etc. Il y a aussi tout le sujet du second choix, du défaut d'aspect, qui peut rentrer carrément dans cette démarche. Là, on a commencé à discuter de ça dans le cadre de la CEC, Christophe Samples notamment, qui a été, je trouve, qui nous a pas mal bousculé sur ces sujets-là. On a commencé à le partager en interne. J'ai partagé avec d'autres copains de la CEC, pour les cités Valrhona notamment. À un moment donné, on a décidé de créer une CEC Sprint pour nos équipes de direction. Et on s'est retrouvés, ça a été un moment extrêmement important, je le cite, parce que il y a eu tout le parcours de la CEC, mais on a créé ce moment avec nos équipes, les équipes de direction Valrhona, les équipes de direction Revol. À nous tous, on a pu faire venir Arthur Keller et Christophe Samples pour justement parler, l'histoire c'était limite planétaire, le lendemain c'était un modèle qui part sur le serviciel. Et ça a été extrêmement important parce qu'on a vraiment phosphoré ensemble, on s'est 15 autour de la table et on a... On a phosphoré autour de cette idée d'un modèle différent, plus serviciel. On a parlé de l'export aussi, de se recentrer sur nos métiers, marché domestique, France, Europe aussi, voir comment on pourrait pallier et réduire nos exportations tout en se concentrant sur ce qu'il n'y a pas des marchés avec des réserves de croissance plus localement. Voilà, je ne veux pas perdre notre auditoire dans des... trop de détails, mais ça a été extrêmement fondateur, ça a permis d'embarquer cette équipe.

  • OP

    C'est ça, ce que j'allais dire, c'est que comment on embarque les gens dans l'aventure, c'est ce que tu viens de nous expliquer quand même. C'est pas simple.

  • SG

    Ça a été un kick-off. On s'est énormément posé cette question, d'abord parce que on nous a interpellé à ce sujet, on nous a dit comment vous allez embarquer vos équipes, et on se grattait le crâne en disant comment on va faire, ça va pas être simple. On réfléchit, puis on a vu qu'on partageait un peu cette problématique avec d'autres, et franchement ces sprints, ça a été génial. Surtout qu'on a fait aussi... avec la fabuleuse cantine qui était totalement partie prenante ils nous accueillaient mais ils étaient là aussi pour y participer donc voilà, trois entreprises, trois équipes un lieu aspirant des conférenciers super impactants tout ça, ça nous a mis en marche et franchement ça a été pour nous avec Antoine, notre planète champion c'est extrêmement intéressant parce qu'on a vu que nous on cogitait dans le coin tous les deux d'ajouter du monde, même s'il n'y a pas le même niveau d'information ou de formation que nous ce groupe là d'un coup était hyper pertinent et ça a permis d'enrichir énormément notre feuille de route à un moment où on pédalait un peu dans la semoule il faut le dire il y a eu vraiment un moment de solitude et non seulement ça nous a aidé mais en plus ça les a embarqués et après on a poursuivi la démarche en interne maintenant on a créé un comité qui s'appelle Circul'R qui envole, Circul'R, et ils sont voilà on se... réunis à nouveau ensemble sur ces sujets. On a créé un comité élargi aussi, qui va travailler sur la vision à partir de l'automne. On va se faire accompagner, on va réécrire la vision sur la base de cette feuille de route, co-construite avec l'équipe. Enfin, nous, ça nous a... Ça a été dur, on a bavé, on a eu des moments où on s'est dit, on est venus pour deux jours pour rien, rien n'en est sorti. Puis il y a eu des moments où il y a eu des déclics aussi. Puis voilà, cette feuille de route, elle n'est pas simple. C'est un vrai défi pour nous. Mais là, il y a une vraie envie de l'équipe, des jeunes et des moins jeunes, de se mettre autour de la table pour écrire la nouvelle vision. construire une nouvelle vision autour de ces grands principes et puis essayer de concrétiser finalement ce qui sont pour l'instant des intuitions, des parties prises, des choix. Ils sont sur le papier, c'est bien joli d'écrire. Justement, je te coupe un peu, concrètement, qu'est-ce qu'il en est sorti ? C'est assez récent finalement la sortie de la CEC, est-ce qu'il y a déjà des choses concrètement qui sont sorties ?

  • OP

    Alors, ce qui est sorti, c'est qu'on a pris la décision de réécrire notre vision, ça c'est clair et c'est engagé. On a déjà monté notre comité de pilotage, on a fait les kick-off, donc on va poursuivre à l'automne avec le comité stratégique qu'on a monté à cet effet-là, qui est celui qui avait participé à la CEC Sprint, à la Fabuleuse Cantine, avec Valrhona. Donc ça fait engagé. On a monté un petit comité aussi, nous, on va dire des anciens de la CEC. On continue à se voir avec l'équipe de Valrhona, de Chartreuse et de Roset aussi, Ligne Roset pour... et également La Fabuleuse, pour échanger sur nos feuilles de route, sur les avancées, sur les difficultés, sur le local aussi, parce que clairement, dans nos feuilles de route respectives, le côté territorial est ressorti, et le côté coopératif aussi. Donc on a commencé à mener des marges de coopération avec La Fabuleuse, notamment, mais aussi Valrhona. Donc l'idée, c'est d'élargir ça et de continuer à échanger ensemble.

  • SG

    Alors justement, dans tes leviers 3 et 4, le 3, c'est créer une expérience locale. culturel pour préserver notre patrimoine. Et le levier 4, c'est consolider et partager une stratégie à impact dans notre écosystème. C'est ce que tu es en train d'indiquer. C'est-à-dire après, c'est comment finalement on irradie tout ça au plus grand nombre.

  • OP

    Exactement. Donc ça peut être des moments de rencontres, ça peut être des moments de rencontres et d'échanges. Comme on les mène, on a des rendez-vous maintenant trimestriels et on met à plat, on reparle de nos feuilles de route, on le met à jour et on explique où on en est. Ça permet de... Je vais dire s'encourager, je dirais, puis de voir quelles sont les difficultés traversées les uns et les autres, ou même les succès rencontrés, ou les démarches entreprises. C'est inspirant, en fait. C'est inspirant et ça donne des idées. Et puis, on a l'impression qu'on n'est pas en train de ramer tout seul dans notre coin. C'est aussi stimulant pour essayer de... Je crois que si on est ensemble, on sait qu'on a tous envie de... On croit tous au coopératif. Et par exemple, je suis allé visiter Ligne Roset. Ligne Roset, ce sont des gens qui mettent de la ouate dans leurs canapés et fauteuils, principalement pour le confort. On a vu qu'ils avaient des chutes. Clairement, en ce moment, on est en train de discuter de la manière dont on pourrait utiliser les chutes, donc des déchets, pour protéger nos produits dans nos emballages. Donc, ça n'a pas encore totalement abouti, mais c'est à l'étude de manière très sérieuse et très rythmée. On a une vraie envie, une vraie intention d'aboutir. On adorait pouvoir emballer nos produits demain dans les chutes de Ligne Roset, ça serait génial. Donc ça, ça fait partie de... Avec Valrhona, on a d'autres projets coopératifs aussi, sur d'autres aspects, plus autour du service, de la pâtisserie, etc. Enfin bon, il y a des tas de choses qui peuvent naître. J'ai parlé de la Fabuleuse juste avant. Et puis on a fait aussi tout un travail autour de la pâte recyclée avec Chartreuse, puisqu'ils ont lancé un contenant, avec notre pâte recyclée. 100% produites avec notre pâte recyclée, pour lancer une nouvelle bouteille d'élixir qui est vendue depuis cet hiver. Voilà, donc tout ça, ça donne des fruits aussi. C'est à la fois des échanges, de la convivialité, du courage, de la stimulation, et puis aussi des résultats. C'est super encourageant.

  • SG

    Alors justement, moi je me place comme un dirigeant, et le regard des autres dirigeants qui n'ont pas fait la CEC, ou qui ne sont pas dans cette perspective, c'est quoi leur regard ? Enfin, tu en croises certains, j'imagine.

  • OP

    Vincent Torillon qui est un bon copain, il m'a suffisamment écouté je lui ai suffisamment bourrer le mou, je savais qu'il pourrait être tenté qu'il trouverait son compte et puis connaissant le personnage, donc il y est allé je pense qu'il ne regrette pas même s'il souffre, ça j'ai compris qu'il souffrait aussi comme nous on a souffert. Moi je ne suis surtout pas être donneur de leçons ce qui m'intéresse c'est de partager mon expérience, sensibiliser être... ambassadeur à mon rythme et quand je peux de cette démarche. Je ne suis pas là pour dire aux autres Vous ne l'avez pas fait, vous êtes des nazes. Ce n'est pas du tout l'idée. Il y a des tapons de pratique dans des boîtes qui n'ont pas fait du tout cette démarche. Moi, c'est de partager. Franchement, je pense que c'est un bon ambassadeur parce que j'en parle autour de moi, je partage.

  • SG

    Quand on est sympa, ça joue beaucoup aussi. Quand on est enthousiaste. Justement, mais est-ce que ça peut aussi changer ton leadership ? Est-ce que ton leadership n'a pas changé après la CEC ?

  • OP

    Peut-être. Je suis peut-être devenu un patron ou un leader qui est plus sensibilisé à ces sujets, donc plus pétri de ces sujets. On avait une réunion de managers hier, on était 40. Clairement, le réunion a duré une heure et demie. Je pense qu'on a parlé 45 minutes de RSE. Ça devient un sujet central. Il y en a qui font des jokes avec ça d'ailleurs, mais on en parle beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il y a de la nouvelle génération qui est là aussi, qui est hypersensibilisée à ces sujets, qui est très moteur. Je trouve que ça devient un lien générationnel aussi, qui est plutôt que de cliver, je trouve que ça crée du lien. La nouvelle génération porte plus naturellement ces sujets. Mais je vois les générations précédentes qui sont heureuses de se sensibiliser à ça, de mieux comprendre et de voir qu'il y a des choses concrètes qu'on peut faire, que ce n'est pas que du blabla. Et moi, ça me donne beaucoup d'espoir pour la suite. Moi aussi, si tous les politiques pouvaient t'entendre. Enfin bref, on est dans l'économie et c'est un chef d'entreprise qui parle et c'est très agréable à entendre. Alors justement, comment tu pourrais convaincre un autre chef d'entreprise, au-delà de tes copains finalement, de faire la CEC ? Et finalement, pourquoi tu leur dirais, essayez vous aussi de vous lancer dans l'économie régénérative. Qu'est-ce que tu leur donnerais comme argument ? Qu'est-ce qui fait que ça marche aussi ?

  • SG

    Évidemment, comme tout le monde, je crois qu'on doute toujours que nous, individuellement ou collectivement, à l'échelle de nos entreprises, on doute toujours qu'on puisse agir vraiment avec... pour des résultats, parce qu'on est trop petit à l'échelle du monde, de la planète ou du problème. C'est toujours le premier réflexe. Je pense que j'ai passé les deux premières séances à me dire ça, en me disant, c'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce que je peux faire moi, à mon échelle ? Rien, je pèse que dalle. Donc, dire, mais vous ne laissez pas impressionner par ça. Ce qui donne la force, c'est le collectif, justement. C'est l'impression d'un coup de ne plus être tout seul, mais d'être plusieurs. Et d'un coup, quand on est plusieurs, on se dit... ça donne de l'énergie, ça donne de l'espoir. Le levier est bien plus grand. Même s'il n'est pas encore énorme à l'échelle du problème, il est nettement significatif. Je pense qu'à un moment donné, il faut aussi des moteurs. Il faut des leaders, il faut des moteurs, il faut des gens qui soient des pionniers aussi. Je pense que c'est toujours plus intéressant d'être du côté des pionniers que des suiveurs. Franchement, prenez un an pour votre planète parce que c'est notre planète aussi, on vit dessus. On constate tous, tous les jours, des dérèglements, ne serait-ce qu'en ce moment. Et on ne peut pas faire que se plaindre et ne jamais agir. Il y a un moment donné aussi, il y a un moment pour l'action, l'engagement. Et je pense que notre planète, elle le mérite, pour nous, mais aussi pour les générations qui arrivent et nos enfants. C'est un peu comme ça que je leur parle et que je continuerai à leur parler. Je ne suis pas sûr d'avoir les bons mots, mais en tout cas... On pourrait finir sur ces mots-là, ça fait une belle conclusion. On s'approche de la fin. Oui, ça nous donne envie, en tous les cas, de ce que tu es en train de dire. Alors, je vais couper toutes les questions que j'avais, puisque tu m'as fait tellement une belle envolée, que ce serait dommage de la couper. Juste, si tu avais une baguette magique, question piège, et si tu pouvais changer les règles du jeu économique, qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que je changerais ? C'est balèze, ça. C'est balèze. Non, je ferais la promotion du... Même si j'exporte beaucoup, je pense qu'il y a beaucoup à tirer de la relocalisation des métiers, des savoir-faire, de la production, de la consommation. Parce que c'est la globalisation qui quand même a beaucoup d'impact, et là surconsommation aussi, il ne faut pas se tordre. Mais je pense que quand les produits ne sont pas chers, on peut surconsommer, ce n'est pas un problème. Les exemples comme ça, on les connaît tous. Je trouve que si on reproduisait, on se disait, revenons au local. Mais vraiment, c'est pas que ce soit pas avec une posture politique, mais une vraie intention d'y mettre les moyens, y compris politiques et économiques. Je pense qu'on recréerait des filières, on recréerait la proximité, donc on recréerait une compréhension de ce que c'est que la production, un produit, un article, ce qui se cache derrière en termes de consommation de matière, d'extraction, d'énergie, et peut-être aussi on consommerait du coup plus intelligemment. Pour moi, c'est ça que j'aimerais, c'est ça vraiment qu'on arrive à... Ça n'empêcherait pas les entreprises d'être internationales, mais à ce moment-là, en produisant leur filière localement, en disant Ok, je veux vendre en Chine, je produis en Chine, je veux vendre aux États-Unis, je produis aux États-Unis peut-être. Et surtout, voilà, ça serait ça ma petite baguette. C'est local.

  • OP

    C'est clair, le local. Et du coup, dernière question, qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? Parce que quand on t'écoute, on te sent confiant.

  • SG

    Moi, c'est ma nature. Je ne peux malheureusement pas aller contre ma nature. Je ne suis pas illuminé, j'espère pas, parce que je suis chef d'entreprise, mais je ne conçois pas la projection, la vision, sans un minimum d'enthousiasme et d'envie et de foi en l'avenir. Moi, j'ai foi en l'avenir. De toute façon, on n'a pas le choix. Moi, je suis convaincu que l'avenir qui nous attend est meilleur. Sinon, je ne pourrais pas continuer à avancer. Mais je suis convaincu aussi que pour ça, il faut se relever les manches, il faut participer, il faut contribuer, il faut être créatif, il faut être inventif. Il faut des choses qu'on n'a encore pas inventées, qu'on va inventer. Moi, j'ai foi en l'homme, en l'humanité et en la Terre, tout simplement.

  • OP

    Pour que je y croie. Écoute Olivier, je te remercie. Ça fait du bien, cette bouffée d'oxygène, pour cette conversation qui a été franche, qui est pragmatique. Et je terminerai par une petite citation de Géronimo, le célèbre chef apache, qui a dit Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas. Eh bien, encore merci, Olivier. Et puis, à bientôt. Encore merci. Bien d'accord. Merci. Tant pis, Stéphane.

  • SG

    Merci à toi. Salut.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode, Stéphane interroge Olivier Passot, dirigeant de la manufacture drômoise Revol, fabricant de porcelaine pour les arts de la table, destinés principalement aux professionnels (France et international). Ensemble, ils évoquent les entrepreneurs engagés qui ont convaincu Olivier à participer la CEC, la prise de conscience des limites planétaires et des impacts générés sur les ressources, les leviers de la feuille de route pour transformer cette entreprise de plus de 250 ans.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vous écoutez ÉCHOS de Territoires, le podcast inspirant de la CEC Alpes et bassin lyonnais qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain en Rhône-Alpes.

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur ÉCHOS de Territoires, le podcast de la Convention des entreprises pour le climat du bassin lyonnais et des Alpes. Alors aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Olivier Passot, le dirigeant de la vénérable Maison Revol, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Olivier, bonjour.

  • OP

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    J'avais dit qu'on allait se tutoyer, parce que la CEC, c'est quand même la convivialité. Donc, si tu es d'accord, on se tutoie.

  • OP

    Bien entendu, bien sûr.

  • SG

    Dans la vraie vie, on se tutoie. Alors, comme je n'ai pas pu me déplacer dans la Drôme, on va mener cet entretien au téléphone. Ça s'entend un petit peu, mais logiquement, ça devrait bien le faire. Alors, avant de nous lancer quand même un petit rappel pédagogique sur la CEC, qui est une association d'intérêt général, dont la vocation est d'organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour les décideurs économiques. Alors dans le cadre de la CEC Bassin lyonnais 2023-2024, dont Olivier tu a fait partie, ce sont 70 dirigeants qui se sont retrouvés dans un parcours de 8 mois pour un gros travail, gros gros travail, soyons clairs, d'intelligence collective, afin qu'ils puissent repenser leur modèle économique pour faire basculer leur entreprise d'une économie extractive vers une économie régénérative avant 2030. Alors on va voir que... C'est facile à dire, ce n'est pas facile à faire. Alors, ce que je te propose, Olivier, pour démarrer, déjà, c'est de nous présenter, j'allais dire, la manufacture. Mais c'est comme ça, il me semble que sur votre site, vous l'a présentée, la Manufacture Revol, qui est une institution de la porcelaine made in France depuis 1768.

  • OP

    Et bien écoute, Stéphane tout à fait, je te confirme, Revol vient de fêter ses 256 ans d'existence au mois du juin. Donc voilà, l'entreprise a été créée en 1768 dans le nord de la Drôme. dans la vallée de la Galaure, même pour être plus précis, juste à côté de Tain-l'Hermitage. L'entreprise a été créée par mes aïeux et voilà, 9 générations plus tard, j'ai eu la chance de diriger cette vénérable institution, comme tu dis.

  • SG

    Alors, rappelle-nous un peu ce que vous faites quand même, ça nous intéresse dans le détail.

  • OP

    Donc, notre métier, c'est fabriquer de la porcelaine à destination, principalement des arts de la table. Donc nous, on fabrique tout basiquement, des assiettes, des tasses, des mugs. des pichets, des plats, de toutes sortes, à destination d'abord des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, en France et à l'étranger. On réalise 70 % de notre chiffre d'affaires à l'international, dans environ 80 pays. Donc on vend à des chefs, à des responsables d'hôtels, etc. Ça c'est une très grosse partie de notre activité, la plus grosse, la plus importante. Et puis après on fait aussi pas mal de sous-traitances pour le compte de marque. qui sont dans le monde des spiritueux, des cosmétiques, des parfums, des bougies ou des aires de la table. Et on fabrique des produits en sous-traitance pour leur compte. Et également, bien sûr, on vend aux consommateurs, aux particuliers, via les grands magasins parisiens, notamment sur Internet, un certain nombre de boutiques. Mais ce n'est pas le plus gros de notre activité, qui reste destinée d'abord aux professionnels de la restauration et de l'hôtellerie. D'accord. Et donc, vous avez un site de production. Vous êtes combien de collaborateurs ?

  • SG

    Donc, il y a actuellement 230 personnes qui produisent nuit et jour, 7 jours sur 7, puisque c'est ça dont il s'agit dans nos métiers. C'est un métier qui ne s'arrête jamais. Et donc, on produit de la porcelaine culinaire à Saint-Uze, dans la Drôme.

  • OP

    D'accord. Alors, j'imagine que toi, dans ton enfance, comme tout le monde, tu voulais devenir pompier ou gendarme, non ? Ou alors, c'était vraiment ta mission de reprendre le flambeau de tes ancêtres ?

  • SG

    Écoute, pompier ou gendarme, pas exactement, même si j'ai sûrement eu ma période c'est sûr à n'en pas douter chez nous il n'y avait pas le poids de la reprise d'entreprise à tout prix. C'est pas comme ça qu'on vit l'entreprise chez nous, l'entreprise familiale les gens m'interrogent très souvent à ce sujet : comment ça s'est passé, on t'a préparé dès ta plus tendre enfance, c'était prévu comme ça depuis longtemps et je dis non pas du tout au contraire... On a un leitmotif, c'est que c'est chacun sa vie et son parcours. Et si à un moment donné, il y a une rencontre, c'est tant mieux, mais il n'y a pas rien d'obligatoire. Parce que l'entreprise familiale, c'est aussi un sacerdoce. Si on y rentre, en général, on n'en sort plus, surtout si on a l'idée de la transmettre. Donc, il faut vraiment être très d'union entre deux générations. C'est difficile à un moment donné de naviguer entre les deux. Il essaie de ne pas mettre la pression. Je sais ce que je suis en train de faire. Tout doucement, je suis en train de préparer les générations d'après. Mais sans pression, ils font leur choix, en leur âme et conscience. Ils décident de ce qu'ils veulent faire comme études d'abord et puis comme métier ensuite puisque tout le monde... Je dois avoir travaillé avant de rejoindre l'entreprise, ce qui a été mon cas aussi. J'ai travaillé 5 ou 6 ans avant de rejoindre l'entreprise familiale. Voilà, et ça s'est fait un peu de manière fortuite, et voilà, sans aucune pression, sans menace, sans chantage, je sens rien. Et donc le jour où je suis rentré, j'étais prêt et assez mature pour le faire. Et voilà, à partir du moment où je suis rentré, je me suis éclaté, et ça fait 25 ans déjà, tu vois, le temps passe vite, mais aucun regret.

  • OP

    Bon, ok, bon. Et bien là, Olivier, on a fait le plus simple. parce que tu nous as parlé de Revol, maintenant on va parler du fameux régénératif. Alors je vais juste rappeler quand même ce qu'est l'économie régénérative. L'approche régénérative, en fait, elle propose aux entreprises d'établir un nouveau rapport à la société et à la nature. Donc la démarche régénérative, elle consiste à créer de la valeur avec toutes les parties prenantes de l'entreprise, dans les limites planétaires et à développer une nouvelle relation de coévolution avec le vivant. Et on verra que le vivant, c'est quelque chose qui n'est pas si simple que ça à appréhender. Et le régénératif, c'est aussi ce qui est intéressant, ne se fait pas seul, mais au sein d'un écosystème d'acteurs sur un territoire. Alors toi, le régénératif, tu t'en as entendu parler quand et qu'est-ce que tu en as pensé la première fois ?

  • SG

    Alors moi, je suis arrivé à la CEC sans savoir ce que c'était que le régénératif. On va être franc, je ne vais pas me prendre pour un savant que je ne suis pas. Moi, ce qui m'a interpellé, c'est d'abord des copains, confrères qui s'engageaient, qui m'ont alerté en me disant tiens il y a ce truc là parce que par contre Revol est engagé depuis un moment. Notre métier fait qu'on est dépendant des matières premières minérales donc de l'extraction, on est dépendant des énergies fossiles et on est très dépendant de l'eau aussi donc ces ingrédients plus notre conscience individuelle et personnelle la mienne notamment faisait qu'on avait quand même une certaine sensibilité à ces sujets mais pas suffisamment approfondie pour être des experts du régénératif et moi Clairement, je ne savais pas ce que c'était l'économie régénérative quand j'ai rejoint la CEC, mais j'étais quand même intéressé par tous les sujets qu'elle proposait. Donc j'ai assez vite sauté dans le train et j'ai débuté en 2023 mon parcours avec l'idée d'en savoir plus, justement d'apprendre et de comprendre ce que c'était cette fameuse économie régénérative.

  • OP

    Sachant que tu avais des convictions, comme tu nous l'as dit, mais c'était quoi ton engagement environnemental ? Parce que quand on sort de la CEC, logiquement, on a quand même pris un grand coup dans la tête.

  • SG

    Ah oui, oui, ça j'ai pris le coup dans la tête. Mais si ta question c'est quels étaient tes engagements environnementaux quand tu as rejoint la CEC, j'en avais surtout d'ordre professionnel, on ne va pas te mentir. C'était, voilà, on consomme de la matière, de l'eau, de l'énergie. Donc ça faisait un moment qu'on avait entrepris. Sous mon impulsion notamment, parce que forcément je suis à la tête d'une entreprise et j'impulse pas mal de choses, pas tout seul bien sûr, j'ai une super équipe aussi autour de moi. Nous tous, on avait envie de faire des choses, envie de réduire notre consommation d'énergie, envie de mieux récupérer la chaleur issue des fours pour chauffer, sécher, etc. On avait envie de réduire notre consommation d'eau, donc on avait déjà entrepris beaucoup de choses, notamment une chose... On s'était engagé dans la certification QSE, donc on était en plein milieu du parcours. On était déjà Ecovadis Bronze à ce moment-là. Et puis on avait surtout en 2020 lancé le premier produit d'art de la table, la première collection d'assiettes d'art de la table, 100% produite à partir d'effluents issus de la station de traitement de nos eaux de process. Je ne veux pas rentrer dans une chose trop compliquée mais voilà, comme toute industrie qui utilise de l'eau, à un moment donné il faut purifier l'eau avant de la retourner à la nature, rendre au moins aussi propre que celle qu'on a prise. Mais tout ça, ça génère des boues et ces boues jusque là, elles étaient perdues, elles partaient dans des esquimoteries notamment mais il fallait payer pour les déplacer, payer pour les recycler. Et là on s'est dit mais c'est trop dommage et si on essayait de faire quelque chose de ces effluents, de ces boues. au choix. Et voilà, en 2020, à force de travail, on a réussi à déposer un brevet, stabiliser un c'est bout pour en faire une vraie pâte de céramique recyclée, 100% recyclée, et à lancer une collection qu'on a appelée NoW, donc No Waste. Donc ça, c'était trois ans avant la CEC, on était engagé sur des démarches, mais plus des démarches de l'ordre qui avait vocation à limiter notre impact sur notre entreprise, etc. Moi, quand je suis arrivé à la CEC, Je suis arrivé assez, pas sûr de moi, mais assez confiant en me disant on a déjà entrepris des tas de choses, on limite déjà notre impact, on a des choses à dire, etc. Puis assez vite, je me suis aperçu que le sujet, ce n'était pas tout à fait ça, c'était le régénératif. Et là, il a bien fallu qu'on se penche sur la question. Et j'ai vu que ça allait un cran plus loin, mais ce n'est pas forcément ce que j'avais anticipé en arrivant à la CEC. Et c'est là le coup de poing qu'on le prend en ce moment-là, parce qu'il faut se pencher sur ce fameux sujet du régénératif.

  • OP

    Voilà, et donc le déclic ? finalement vas-y lâche un petit peu des noms alors qui c'est, quelles sont les entreprises ou les entrepreneurs qui t'ont fait faire ce déclic parce que tu dis c'est les copains, c'était qui les copains parce qu'il me semble que toi t'as emmené d'autres copains à toi dans la prochaine là, j'ai vu qu'il y avait Torillon.

  • SG

    Ouais Vincent Torillon notamment, j'en ai approché d'autres mais Vincent fait partie de ceux-là absolument écoute celui pour le nommer je le balance c'est Olivier Pain de chez Chartreuse qui est un copain puis quelqu'un qui ont... on fait des choses ensemble aussi, et qui m'a écrit, mais je crois, genre le 15 décembre, en me disant, écoute, j'embarque à la CEC à partir de janvier-février, je sais qu'il reste quelques places, tu devrais regarder ce truc-là, ça vous irait comme un gant, trois lignes, et un lien vers un site, et moi, je n'avais jamais entendu parler de la CEC, ni de la démarche, et bon, comme c'est Olivier, j'ai jeté un oeil, et d'un coup, je vois que, ouais, je regarde le parcours dans ces grandes lignes, je me dis, tiens, c'est sympa. C'est vraiment sympa et puis il y avait en dessous, le mail dans tout, c'était Caroline Ducharme qui avait écrit à Olivier. Et voilà, je me dis, ok, je renvoie dans la foulée, je ne sais pas ce qui me prend. Un excès de folie. Et j'ai écrit à Caroline, je veux bien qu'on prenne un moment pour échanger à ce sujet. Voilà, c'est ce qu'on a fait. Et voilà, elle a su me parler. Elle n'était pas là pour me convaincre, elle était là pour m'expliquer la démarche. Et j'avoue que ça m'a séduit. Je me souviens, j'étais dans la petite chambre d'hôtel. En train d'Italie, j'ai eu envie de basculer. Je me décide parce que c'était les deux ou trois dernières places qui restaient. Donc, j'ai décidé très vite, instantanément.

  • OP

    Tu es un vrai entrepreneur. Tu montes dans un train et après, tu vois, tu viens de la piscine, tu apprends à nager. C'est classique.

  • SG

    Et en même temps,

  • OP

    c'est assez symbolique. C'est vrai que c'est de la collaboration, c'est de la confiance. Finalement, on s'inspire aussi toujours des autres. Justement, on va parler de la feuille de route. Puisque l'idée, je vais rappeler que l'objectif au cours de ces huit mois et toutes les différentes étapes de la CEC, c'est rédiger une feuille de route à visée régénérative. Et c'est des feuilles de route qui illustrent, alors il y a une méthodologie assez bien imaginée par l'équipe pédagogique de ACEC, qui va illustrer les trajectoires de transition à horizon 2030, finalement, que souhaitent suivre les entreprises. Et chaque feuille de route, elle rend compte de façon assez personnelle la stratégie qui a été imaginée tout au long de ce parcours, par le dirigeant et par son planète champion, et puis après qu'il partage avec eux. avec l'ensemble des collaborateurs. C'est vrai que c'est beaucoup de jus de crâne, parce que moi, j'ai fait aussi une feuille de route. Alors, est-ce que tu peux nous en parler ? Tu peux nous donner les grandes lignes, le câble, le fameux sursaut, les leviers de ta feuille de route ?

  • SG

    Alors, je rebondis sur ce que tu dis, c'est beaucoup de jus de cerveau, c'est beaucoup de travail, il faut le dire, parce que d'abord, ça prend du temps, c'est prenant. Et après, bien sûr, il y a toutes les sessions en camp de base où il faut phosphorer, bosser. se challenger, etc. Et ça, c'est un vrai job. Et c'est passionnant dans ses ressources, c'est le cas de le dire, sans jeu de mots, pour aller chercher justement des pistes. On a passé beaucoup de temps à se taper la tête quand c'est bien, en disant où est-ce qu'on va trouver des axes, comment on va faire. Et puis voilà, toutes les conférences aussi, l'environnement, les échanges avec nos confrères qui deviennent des copains, c'est hyper stimulant. Et c'est ce qui, au bout d'un moment, permet d'entrevoir... des petites lumières justement et de commencer à pondre effectivement une feuille de route. Donc c'est sûr que nous, le sursaut ça a été comme beaucoup de gens je pense, les prises de conscience parce que tout est fait évidemment pour nous mettre dans un cadre, un contexte de prise de conscience des limites planétaires notamment et c'est quand même brutal, c'est bien fait, c'est qualitatif, les porteurs de ces sujets sont des experts et puis de renom et puis vraiment des connaisseurs. J'avoue que pour moi, j'ai pris quelques baffes successives qui ont bien allumé la lumière là où elle n'était pas. Voilà, donc ça donne envie de se mettre en route, ça donne envie de s'engager. Donc, je ne sais pas de décret tout le monde sur ce, mais ça a été la prise de conscience. Nous, on a mis le doigt sur nos limites à nous, c'est-à-dire la traction, la consommation de matière, avec tout ce que ça implique. Et puis... Et puis la partie internationale, c'est-à-dire l'export, mais aussi le sourcing dans certains cas. Comment limiter aussi notre... On a identifié un peu les limites de notre business model à nous, là où ça pêchait. On a commencé à partir à réfléchir sur ces bases-là et on a été créatifs. Et puis petit à petit, on a trouvé le chemin, mais ça met du temps.

  • OP

    Dans tes leviers, c'est ce que je regardais, il y a la partie recyclage. Il y a la partie volume, parce que c'est comment on fait, s'il y a de stopper, alors vous avez mis dans votre feuille de roue, vous avez mis stopper notre stratégie volumique. Et il me semble que même vous avez indiqué un endroit, pas limiter l'export, mais réfléchir à l'export. Mais c'est quand même des mots qui sont assez forts.

  • SG

    Oui, je crois que les deux leviers les plus... Les plus significatifs qu'on ait pu relever, les plus challenging aussi pour nous, c'est effectivement cette approche volumique. C'est-à-dire, c'est évidemment une usine qui produit avec des hommes et des femmes dans un contexte économique tel qu'on le dit. On doit toujours faire plus, se développer, donc ça veut dire plus de produits, plus de production, plus d'export, donc plus d'extraction, etc. Et là, c'est aussi ce système de réflexion par itération qui nous a permis Entrevoir des pistes autour notamment d'un modèle plus serviciel, en se disant finalement, pourquoi on produit un définiment de la vaisselle ? Est-ce qu'on ne pourrait pas aussi la louer, par exemple ? Il y a des gens qui ont besoin de plus de vaisselle, par exemple, pour un événement qui attire plus de monde dans le restaurant. Plutôt que d'acheter plus de vaisselle, et si la louer, ou si on la prêtait, et si on la reprenait, etc. Il y a aussi tout le sujet du second choix, du défaut d'aspect, qui peut rentrer carrément dans cette démarche. Là, on a commencé à discuter de ça dans le cadre de la CEC, Christophe Samples notamment, qui a été, je trouve, qui nous a pas mal bousculé sur ces sujets-là. On a commencé à le partager en interne. J'ai partagé avec d'autres copains de la CEC, pour les cités Valrhona notamment. À un moment donné, on a décidé de créer une CEC Sprint pour nos équipes de direction. Et on s'est retrouvés, ça a été un moment extrêmement important, je le cite, parce que il y a eu tout le parcours de la CEC, mais on a créé ce moment avec nos équipes, les équipes de direction Valrhona, les équipes de direction Revol. À nous tous, on a pu faire venir Arthur Keller et Christophe Samples pour justement parler, l'histoire c'était limite planétaire, le lendemain c'était un modèle qui part sur le serviciel. Et ça a été extrêmement important parce qu'on a vraiment phosphoré ensemble, on s'est 15 autour de la table et on a... On a phosphoré autour de cette idée d'un modèle différent, plus serviciel. On a parlé de l'export aussi, de se recentrer sur nos métiers, marché domestique, France, Europe aussi, voir comment on pourrait pallier et réduire nos exportations tout en se concentrant sur ce qu'il n'y a pas des marchés avec des réserves de croissance plus localement. Voilà, je ne veux pas perdre notre auditoire dans des... trop de détails, mais ça a été extrêmement fondateur, ça a permis d'embarquer cette équipe.

  • OP

    C'est ça, ce que j'allais dire, c'est que comment on embarque les gens dans l'aventure, c'est ce que tu viens de nous expliquer quand même. C'est pas simple.

  • SG

    Ça a été un kick-off. On s'est énormément posé cette question, d'abord parce que on nous a interpellé à ce sujet, on nous a dit comment vous allez embarquer vos équipes, et on se grattait le crâne en disant comment on va faire, ça va pas être simple. On réfléchit, puis on a vu qu'on partageait un peu cette problématique avec d'autres, et franchement ces sprints, ça a été génial. Surtout qu'on a fait aussi... avec la fabuleuse cantine qui était totalement partie prenante ils nous accueillaient mais ils étaient là aussi pour y participer donc voilà, trois entreprises, trois équipes un lieu aspirant des conférenciers super impactants tout ça, ça nous a mis en marche et franchement ça a été pour nous avec Antoine, notre planète champion c'est extrêmement intéressant parce qu'on a vu que nous on cogitait dans le coin tous les deux d'ajouter du monde, même s'il n'y a pas le même niveau d'information ou de formation que nous ce groupe là d'un coup était hyper pertinent et ça a permis d'enrichir énormément notre feuille de route à un moment où on pédalait un peu dans la semoule il faut le dire il y a eu vraiment un moment de solitude et non seulement ça nous a aidé mais en plus ça les a embarqués et après on a poursuivi la démarche en interne maintenant on a créé un comité qui s'appelle Circul'R qui envole, Circul'R, et ils sont voilà on se... réunis à nouveau ensemble sur ces sujets. On a créé un comité élargi aussi, qui va travailler sur la vision à partir de l'automne. On va se faire accompagner, on va réécrire la vision sur la base de cette feuille de route, co-construite avec l'équipe. Enfin, nous, ça nous a... Ça a été dur, on a bavé, on a eu des moments où on s'est dit, on est venus pour deux jours pour rien, rien n'en est sorti. Puis il y a eu des moments où il y a eu des déclics aussi. Puis voilà, cette feuille de route, elle n'est pas simple. C'est un vrai défi pour nous. Mais là, il y a une vraie envie de l'équipe, des jeunes et des moins jeunes, de se mettre autour de la table pour écrire la nouvelle vision. construire une nouvelle vision autour de ces grands principes et puis essayer de concrétiser finalement ce qui sont pour l'instant des intuitions, des parties prises, des choix. Ils sont sur le papier, c'est bien joli d'écrire. Justement, je te coupe un peu, concrètement, qu'est-ce qu'il en est sorti ? C'est assez récent finalement la sortie de la CEC, est-ce qu'il y a déjà des choses concrètement qui sont sorties ?

  • OP

    Alors, ce qui est sorti, c'est qu'on a pris la décision de réécrire notre vision, ça c'est clair et c'est engagé. On a déjà monté notre comité de pilotage, on a fait les kick-off, donc on va poursuivre à l'automne avec le comité stratégique qu'on a monté à cet effet-là, qui est celui qui avait participé à la CEC Sprint, à la Fabuleuse Cantine, avec Valrhona. Donc ça fait engagé. On a monté un petit comité aussi, nous, on va dire des anciens de la CEC. On continue à se voir avec l'équipe de Valrhona, de Chartreuse et de Roset aussi, Ligne Roset pour... et également La Fabuleuse, pour échanger sur nos feuilles de route, sur les avancées, sur les difficultés, sur le local aussi, parce que clairement, dans nos feuilles de route respectives, le côté territorial est ressorti, et le côté coopératif aussi. Donc on a commencé à mener des marges de coopération avec La Fabuleuse, notamment, mais aussi Valrhona. Donc l'idée, c'est d'élargir ça et de continuer à échanger ensemble.

  • SG

    Alors justement, dans tes leviers 3 et 4, le 3, c'est créer une expérience locale. culturel pour préserver notre patrimoine. Et le levier 4, c'est consolider et partager une stratégie à impact dans notre écosystème. C'est ce que tu es en train d'indiquer. C'est-à-dire après, c'est comment finalement on irradie tout ça au plus grand nombre.

  • OP

    Exactement. Donc ça peut être des moments de rencontres, ça peut être des moments de rencontres et d'échanges. Comme on les mène, on a des rendez-vous maintenant trimestriels et on met à plat, on reparle de nos feuilles de route, on le met à jour et on explique où on en est. Ça permet de... Je vais dire s'encourager, je dirais, puis de voir quelles sont les difficultés traversées les uns et les autres, ou même les succès rencontrés, ou les démarches entreprises. C'est inspirant, en fait. C'est inspirant et ça donne des idées. Et puis, on a l'impression qu'on n'est pas en train de ramer tout seul dans notre coin. C'est aussi stimulant pour essayer de... Je crois que si on est ensemble, on sait qu'on a tous envie de... On croit tous au coopératif. Et par exemple, je suis allé visiter Ligne Roset. Ligne Roset, ce sont des gens qui mettent de la ouate dans leurs canapés et fauteuils, principalement pour le confort. On a vu qu'ils avaient des chutes. Clairement, en ce moment, on est en train de discuter de la manière dont on pourrait utiliser les chutes, donc des déchets, pour protéger nos produits dans nos emballages. Donc, ça n'a pas encore totalement abouti, mais c'est à l'étude de manière très sérieuse et très rythmée. On a une vraie envie, une vraie intention d'aboutir. On adorait pouvoir emballer nos produits demain dans les chutes de Ligne Roset, ça serait génial. Donc ça, ça fait partie de... Avec Valrhona, on a d'autres projets coopératifs aussi, sur d'autres aspects, plus autour du service, de la pâtisserie, etc. Enfin bon, il y a des tas de choses qui peuvent naître. J'ai parlé de la Fabuleuse juste avant. Et puis on a fait aussi tout un travail autour de la pâte recyclée avec Chartreuse, puisqu'ils ont lancé un contenant, avec notre pâte recyclée. 100% produites avec notre pâte recyclée, pour lancer une nouvelle bouteille d'élixir qui est vendue depuis cet hiver. Voilà, donc tout ça, ça donne des fruits aussi. C'est à la fois des échanges, de la convivialité, du courage, de la stimulation, et puis aussi des résultats. C'est super encourageant.

  • SG

    Alors justement, moi je me place comme un dirigeant, et le regard des autres dirigeants qui n'ont pas fait la CEC, ou qui ne sont pas dans cette perspective, c'est quoi leur regard ? Enfin, tu en croises certains, j'imagine.

  • OP

    Vincent Torillon qui est un bon copain, il m'a suffisamment écouté je lui ai suffisamment bourrer le mou, je savais qu'il pourrait être tenté qu'il trouverait son compte et puis connaissant le personnage, donc il y est allé je pense qu'il ne regrette pas même s'il souffre, ça j'ai compris qu'il souffrait aussi comme nous on a souffert. Moi je ne suis surtout pas être donneur de leçons ce qui m'intéresse c'est de partager mon expérience, sensibiliser être... ambassadeur à mon rythme et quand je peux de cette démarche. Je ne suis pas là pour dire aux autres Vous ne l'avez pas fait, vous êtes des nazes. Ce n'est pas du tout l'idée. Il y a des tapons de pratique dans des boîtes qui n'ont pas fait du tout cette démarche. Moi, c'est de partager. Franchement, je pense que c'est un bon ambassadeur parce que j'en parle autour de moi, je partage.

  • SG

    Quand on est sympa, ça joue beaucoup aussi. Quand on est enthousiaste. Justement, mais est-ce que ça peut aussi changer ton leadership ? Est-ce que ton leadership n'a pas changé après la CEC ?

  • OP

    Peut-être. Je suis peut-être devenu un patron ou un leader qui est plus sensibilisé à ces sujets, donc plus pétri de ces sujets. On avait une réunion de managers hier, on était 40. Clairement, le réunion a duré une heure et demie. Je pense qu'on a parlé 45 minutes de RSE. Ça devient un sujet central. Il y en a qui font des jokes avec ça d'ailleurs, mais on en parle beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il y a de la nouvelle génération qui est là aussi, qui est hypersensibilisée à ces sujets, qui est très moteur. Je trouve que ça devient un lien générationnel aussi, qui est plutôt que de cliver, je trouve que ça crée du lien. La nouvelle génération porte plus naturellement ces sujets. Mais je vois les générations précédentes qui sont heureuses de se sensibiliser à ça, de mieux comprendre et de voir qu'il y a des choses concrètes qu'on peut faire, que ce n'est pas que du blabla. Et moi, ça me donne beaucoup d'espoir pour la suite. Moi aussi, si tous les politiques pouvaient t'entendre. Enfin bref, on est dans l'économie et c'est un chef d'entreprise qui parle et c'est très agréable à entendre. Alors justement, comment tu pourrais convaincre un autre chef d'entreprise, au-delà de tes copains finalement, de faire la CEC ? Et finalement, pourquoi tu leur dirais, essayez vous aussi de vous lancer dans l'économie régénérative. Qu'est-ce que tu leur donnerais comme argument ? Qu'est-ce qui fait que ça marche aussi ?

  • SG

    Évidemment, comme tout le monde, je crois qu'on doute toujours que nous, individuellement ou collectivement, à l'échelle de nos entreprises, on doute toujours qu'on puisse agir vraiment avec... pour des résultats, parce qu'on est trop petit à l'échelle du monde, de la planète ou du problème. C'est toujours le premier réflexe. Je pense que j'ai passé les deux premières séances à me dire ça, en me disant, c'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce que je peux faire moi, à mon échelle ? Rien, je pèse que dalle. Donc, dire, mais vous ne laissez pas impressionner par ça. Ce qui donne la force, c'est le collectif, justement. C'est l'impression d'un coup de ne plus être tout seul, mais d'être plusieurs. Et d'un coup, quand on est plusieurs, on se dit... ça donne de l'énergie, ça donne de l'espoir. Le levier est bien plus grand. Même s'il n'est pas encore énorme à l'échelle du problème, il est nettement significatif. Je pense qu'à un moment donné, il faut aussi des moteurs. Il faut des leaders, il faut des moteurs, il faut des gens qui soient des pionniers aussi. Je pense que c'est toujours plus intéressant d'être du côté des pionniers que des suiveurs. Franchement, prenez un an pour votre planète parce que c'est notre planète aussi, on vit dessus. On constate tous, tous les jours, des dérèglements, ne serait-ce qu'en ce moment. Et on ne peut pas faire que se plaindre et ne jamais agir. Il y a un moment donné aussi, il y a un moment pour l'action, l'engagement. Et je pense que notre planète, elle le mérite, pour nous, mais aussi pour les générations qui arrivent et nos enfants. C'est un peu comme ça que je leur parle et que je continuerai à leur parler. Je ne suis pas sûr d'avoir les bons mots, mais en tout cas... On pourrait finir sur ces mots-là, ça fait une belle conclusion. On s'approche de la fin. Oui, ça nous donne envie, en tous les cas, de ce que tu es en train de dire. Alors, je vais couper toutes les questions que j'avais, puisque tu m'as fait tellement une belle envolée, que ce serait dommage de la couper. Juste, si tu avais une baguette magique, question piège, et si tu pouvais changer les règles du jeu économique, qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que je changerais ? C'est balèze, ça. C'est balèze. Non, je ferais la promotion du... Même si j'exporte beaucoup, je pense qu'il y a beaucoup à tirer de la relocalisation des métiers, des savoir-faire, de la production, de la consommation. Parce que c'est la globalisation qui quand même a beaucoup d'impact, et là surconsommation aussi, il ne faut pas se tordre. Mais je pense que quand les produits ne sont pas chers, on peut surconsommer, ce n'est pas un problème. Les exemples comme ça, on les connaît tous. Je trouve que si on reproduisait, on se disait, revenons au local. Mais vraiment, c'est pas que ce soit pas avec une posture politique, mais une vraie intention d'y mettre les moyens, y compris politiques et économiques. Je pense qu'on recréerait des filières, on recréerait la proximité, donc on recréerait une compréhension de ce que c'est que la production, un produit, un article, ce qui se cache derrière en termes de consommation de matière, d'extraction, d'énergie, et peut-être aussi on consommerait du coup plus intelligemment. Pour moi, c'est ça que j'aimerais, c'est ça vraiment qu'on arrive à... Ça n'empêcherait pas les entreprises d'être internationales, mais à ce moment-là, en produisant leur filière localement, en disant Ok, je veux vendre en Chine, je produis en Chine, je veux vendre aux États-Unis, je produis aux États-Unis peut-être. Et surtout, voilà, ça serait ça ma petite baguette. C'est local.

  • OP

    C'est clair, le local. Et du coup, dernière question, qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? Parce que quand on t'écoute, on te sent confiant.

  • SG

    Moi, c'est ma nature. Je ne peux malheureusement pas aller contre ma nature. Je ne suis pas illuminé, j'espère pas, parce que je suis chef d'entreprise, mais je ne conçois pas la projection, la vision, sans un minimum d'enthousiasme et d'envie et de foi en l'avenir. Moi, j'ai foi en l'avenir. De toute façon, on n'a pas le choix. Moi, je suis convaincu que l'avenir qui nous attend est meilleur. Sinon, je ne pourrais pas continuer à avancer. Mais je suis convaincu aussi que pour ça, il faut se relever les manches, il faut participer, il faut contribuer, il faut être créatif, il faut être inventif. Il faut des choses qu'on n'a encore pas inventées, qu'on va inventer. Moi, j'ai foi en l'homme, en l'humanité et en la Terre, tout simplement.

  • OP

    Pour que je y croie. Écoute Olivier, je te remercie. Ça fait du bien, cette bouffée d'oxygène, pour cette conversation qui a été franche, qui est pragmatique. Et je terminerai par une petite citation de Géronimo, le célèbre chef apache, qui a dit Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas. Eh bien, encore merci, Olivier. Et puis, à bientôt. Encore merci. Bien d'accord. Merci. Tant pis, Stéphane.

  • SG

    Merci à toi. Salut.

Description

Dans cet épisode, Stéphane interroge Olivier Passot, dirigeant de la manufacture drômoise Revol, fabricant de porcelaine pour les arts de la table, destinés principalement aux professionnels (France et international). Ensemble, ils évoquent les entrepreneurs engagés qui ont convaincu Olivier à participer la CEC, la prise de conscience des limites planétaires et des impacts générés sur les ressources, les leviers de la feuille de route pour transformer cette entreprise de plus de 250 ans.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vous écoutez ÉCHOS de Territoires, le podcast inspirant de la CEC Alpes et bassin lyonnais qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain en Rhône-Alpes.

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur ÉCHOS de Territoires, le podcast de la Convention des entreprises pour le climat du bassin lyonnais et des Alpes. Alors aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Olivier Passot, le dirigeant de la vénérable Maison Revol, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Olivier, bonjour.

  • OP

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    J'avais dit qu'on allait se tutoyer, parce que la CEC, c'est quand même la convivialité. Donc, si tu es d'accord, on se tutoie.

  • OP

    Bien entendu, bien sûr.

  • SG

    Dans la vraie vie, on se tutoie. Alors, comme je n'ai pas pu me déplacer dans la Drôme, on va mener cet entretien au téléphone. Ça s'entend un petit peu, mais logiquement, ça devrait bien le faire. Alors, avant de nous lancer quand même un petit rappel pédagogique sur la CEC, qui est une association d'intérêt général, dont la vocation est d'organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour les décideurs économiques. Alors dans le cadre de la CEC Bassin lyonnais 2023-2024, dont Olivier tu a fait partie, ce sont 70 dirigeants qui se sont retrouvés dans un parcours de 8 mois pour un gros travail, gros gros travail, soyons clairs, d'intelligence collective, afin qu'ils puissent repenser leur modèle économique pour faire basculer leur entreprise d'une économie extractive vers une économie régénérative avant 2030. Alors on va voir que... C'est facile à dire, ce n'est pas facile à faire. Alors, ce que je te propose, Olivier, pour démarrer, déjà, c'est de nous présenter, j'allais dire, la manufacture. Mais c'est comme ça, il me semble que sur votre site, vous l'a présentée, la Manufacture Revol, qui est une institution de la porcelaine made in France depuis 1768.

  • OP

    Et bien écoute, Stéphane tout à fait, je te confirme, Revol vient de fêter ses 256 ans d'existence au mois du juin. Donc voilà, l'entreprise a été créée en 1768 dans le nord de la Drôme. dans la vallée de la Galaure, même pour être plus précis, juste à côté de Tain-l'Hermitage. L'entreprise a été créée par mes aïeux et voilà, 9 générations plus tard, j'ai eu la chance de diriger cette vénérable institution, comme tu dis.

  • SG

    Alors, rappelle-nous un peu ce que vous faites quand même, ça nous intéresse dans le détail.

  • OP

    Donc, notre métier, c'est fabriquer de la porcelaine à destination, principalement des arts de la table. Donc nous, on fabrique tout basiquement, des assiettes, des tasses, des mugs. des pichets, des plats, de toutes sortes, à destination d'abord des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, en France et à l'étranger. On réalise 70 % de notre chiffre d'affaires à l'international, dans environ 80 pays. Donc on vend à des chefs, à des responsables d'hôtels, etc. Ça c'est une très grosse partie de notre activité, la plus grosse, la plus importante. Et puis après on fait aussi pas mal de sous-traitances pour le compte de marque. qui sont dans le monde des spiritueux, des cosmétiques, des parfums, des bougies ou des aires de la table. Et on fabrique des produits en sous-traitance pour leur compte. Et également, bien sûr, on vend aux consommateurs, aux particuliers, via les grands magasins parisiens, notamment sur Internet, un certain nombre de boutiques. Mais ce n'est pas le plus gros de notre activité, qui reste destinée d'abord aux professionnels de la restauration et de l'hôtellerie. D'accord. Et donc, vous avez un site de production. Vous êtes combien de collaborateurs ?

  • SG

    Donc, il y a actuellement 230 personnes qui produisent nuit et jour, 7 jours sur 7, puisque c'est ça dont il s'agit dans nos métiers. C'est un métier qui ne s'arrête jamais. Et donc, on produit de la porcelaine culinaire à Saint-Uze, dans la Drôme.

  • OP

    D'accord. Alors, j'imagine que toi, dans ton enfance, comme tout le monde, tu voulais devenir pompier ou gendarme, non ? Ou alors, c'était vraiment ta mission de reprendre le flambeau de tes ancêtres ?

  • SG

    Écoute, pompier ou gendarme, pas exactement, même si j'ai sûrement eu ma période c'est sûr à n'en pas douter chez nous il n'y avait pas le poids de la reprise d'entreprise à tout prix. C'est pas comme ça qu'on vit l'entreprise chez nous, l'entreprise familiale les gens m'interrogent très souvent à ce sujet : comment ça s'est passé, on t'a préparé dès ta plus tendre enfance, c'était prévu comme ça depuis longtemps et je dis non pas du tout au contraire... On a un leitmotif, c'est que c'est chacun sa vie et son parcours. Et si à un moment donné, il y a une rencontre, c'est tant mieux, mais il n'y a pas rien d'obligatoire. Parce que l'entreprise familiale, c'est aussi un sacerdoce. Si on y rentre, en général, on n'en sort plus, surtout si on a l'idée de la transmettre. Donc, il faut vraiment être très d'union entre deux générations. C'est difficile à un moment donné de naviguer entre les deux. Il essaie de ne pas mettre la pression. Je sais ce que je suis en train de faire. Tout doucement, je suis en train de préparer les générations d'après. Mais sans pression, ils font leur choix, en leur âme et conscience. Ils décident de ce qu'ils veulent faire comme études d'abord et puis comme métier ensuite puisque tout le monde... Je dois avoir travaillé avant de rejoindre l'entreprise, ce qui a été mon cas aussi. J'ai travaillé 5 ou 6 ans avant de rejoindre l'entreprise familiale. Voilà, et ça s'est fait un peu de manière fortuite, et voilà, sans aucune pression, sans menace, sans chantage, je sens rien. Et donc le jour où je suis rentré, j'étais prêt et assez mature pour le faire. Et voilà, à partir du moment où je suis rentré, je me suis éclaté, et ça fait 25 ans déjà, tu vois, le temps passe vite, mais aucun regret.

  • OP

    Bon, ok, bon. Et bien là, Olivier, on a fait le plus simple. parce que tu nous as parlé de Revol, maintenant on va parler du fameux régénératif. Alors je vais juste rappeler quand même ce qu'est l'économie régénérative. L'approche régénérative, en fait, elle propose aux entreprises d'établir un nouveau rapport à la société et à la nature. Donc la démarche régénérative, elle consiste à créer de la valeur avec toutes les parties prenantes de l'entreprise, dans les limites planétaires et à développer une nouvelle relation de coévolution avec le vivant. Et on verra que le vivant, c'est quelque chose qui n'est pas si simple que ça à appréhender. Et le régénératif, c'est aussi ce qui est intéressant, ne se fait pas seul, mais au sein d'un écosystème d'acteurs sur un territoire. Alors toi, le régénératif, tu t'en as entendu parler quand et qu'est-ce que tu en as pensé la première fois ?

  • SG

    Alors moi, je suis arrivé à la CEC sans savoir ce que c'était que le régénératif. On va être franc, je ne vais pas me prendre pour un savant que je ne suis pas. Moi, ce qui m'a interpellé, c'est d'abord des copains, confrères qui s'engageaient, qui m'ont alerté en me disant tiens il y a ce truc là parce que par contre Revol est engagé depuis un moment. Notre métier fait qu'on est dépendant des matières premières minérales donc de l'extraction, on est dépendant des énergies fossiles et on est très dépendant de l'eau aussi donc ces ingrédients plus notre conscience individuelle et personnelle la mienne notamment faisait qu'on avait quand même une certaine sensibilité à ces sujets mais pas suffisamment approfondie pour être des experts du régénératif et moi Clairement, je ne savais pas ce que c'était l'économie régénérative quand j'ai rejoint la CEC, mais j'étais quand même intéressé par tous les sujets qu'elle proposait. Donc j'ai assez vite sauté dans le train et j'ai débuté en 2023 mon parcours avec l'idée d'en savoir plus, justement d'apprendre et de comprendre ce que c'était cette fameuse économie régénérative.

  • OP

    Sachant que tu avais des convictions, comme tu nous l'as dit, mais c'était quoi ton engagement environnemental ? Parce que quand on sort de la CEC, logiquement, on a quand même pris un grand coup dans la tête.

  • SG

    Ah oui, oui, ça j'ai pris le coup dans la tête. Mais si ta question c'est quels étaient tes engagements environnementaux quand tu as rejoint la CEC, j'en avais surtout d'ordre professionnel, on ne va pas te mentir. C'était, voilà, on consomme de la matière, de l'eau, de l'énergie. Donc ça faisait un moment qu'on avait entrepris. Sous mon impulsion notamment, parce que forcément je suis à la tête d'une entreprise et j'impulse pas mal de choses, pas tout seul bien sûr, j'ai une super équipe aussi autour de moi. Nous tous, on avait envie de faire des choses, envie de réduire notre consommation d'énergie, envie de mieux récupérer la chaleur issue des fours pour chauffer, sécher, etc. On avait envie de réduire notre consommation d'eau, donc on avait déjà entrepris beaucoup de choses, notamment une chose... On s'était engagé dans la certification QSE, donc on était en plein milieu du parcours. On était déjà Ecovadis Bronze à ce moment-là. Et puis on avait surtout en 2020 lancé le premier produit d'art de la table, la première collection d'assiettes d'art de la table, 100% produite à partir d'effluents issus de la station de traitement de nos eaux de process. Je ne veux pas rentrer dans une chose trop compliquée mais voilà, comme toute industrie qui utilise de l'eau, à un moment donné il faut purifier l'eau avant de la retourner à la nature, rendre au moins aussi propre que celle qu'on a prise. Mais tout ça, ça génère des boues et ces boues jusque là, elles étaient perdues, elles partaient dans des esquimoteries notamment mais il fallait payer pour les déplacer, payer pour les recycler. Et là on s'est dit mais c'est trop dommage et si on essayait de faire quelque chose de ces effluents, de ces boues. au choix. Et voilà, en 2020, à force de travail, on a réussi à déposer un brevet, stabiliser un c'est bout pour en faire une vraie pâte de céramique recyclée, 100% recyclée, et à lancer une collection qu'on a appelée NoW, donc No Waste. Donc ça, c'était trois ans avant la CEC, on était engagé sur des démarches, mais plus des démarches de l'ordre qui avait vocation à limiter notre impact sur notre entreprise, etc. Moi, quand je suis arrivé à la CEC, Je suis arrivé assez, pas sûr de moi, mais assez confiant en me disant on a déjà entrepris des tas de choses, on limite déjà notre impact, on a des choses à dire, etc. Puis assez vite, je me suis aperçu que le sujet, ce n'était pas tout à fait ça, c'était le régénératif. Et là, il a bien fallu qu'on se penche sur la question. Et j'ai vu que ça allait un cran plus loin, mais ce n'est pas forcément ce que j'avais anticipé en arrivant à la CEC. Et c'est là le coup de poing qu'on le prend en ce moment-là, parce qu'il faut se pencher sur ce fameux sujet du régénératif.

  • OP

    Voilà, et donc le déclic ? finalement vas-y lâche un petit peu des noms alors qui c'est, quelles sont les entreprises ou les entrepreneurs qui t'ont fait faire ce déclic parce que tu dis c'est les copains, c'était qui les copains parce qu'il me semble que toi t'as emmené d'autres copains à toi dans la prochaine là, j'ai vu qu'il y avait Torillon.

  • SG

    Ouais Vincent Torillon notamment, j'en ai approché d'autres mais Vincent fait partie de ceux-là absolument écoute celui pour le nommer je le balance c'est Olivier Pain de chez Chartreuse qui est un copain puis quelqu'un qui ont... on fait des choses ensemble aussi, et qui m'a écrit, mais je crois, genre le 15 décembre, en me disant, écoute, j'embarque à la CEC à partir de janvier-février, je sais qu'il reste quelques places, tu devrais regarder ce truc-là, ça vous irait comme un gant, trois lignes, et un lien vers un site, et moi, je n'avais jamais entendu parler de la CEC, ni de la démarche, et bon, comme c'est Olivier, j'ai jeté un oeil, et d'un coup, je vois que, ouais, je regarde le parcours dans ces grandes lignes, je me dis, tiens, c'est sympa. C'est vraiment sympa et puis il y avait en dessous, le mail dans tout, c'était Caroline Ducharme qui avait écrit à Olivier. Et voilà, je me dis, ok, je renvoie dans la foulée, je ne sais pas ce qui me prend. Un excès de folie. Et j'ai écrit à Caroline, je veux bien qu'on prenne un moment pour échanger à ce sujet. Voilà, c'est ce qu'on a fait. Et voilà, elle a su me parler. Elle n'était pas là pour me convaincre, elle était là pour m'expliquer la démarche. Et j'avoue que ça m'a séduit. Je me souviens, j'étais dans la petite chambre d'hôtel. En train d'Italie, j'ai eu envie de basculer. Je me décide parce que c'était les deux ou trois dernières places qui restaient. Donc, j'ai décidé très vite, instantanément.

  • OP

    Tu es un vrai entrepreneur. Tu montes dans un train et après, tu vois, tu viens de la piscine, tu apprends à nager. C'est classique.

  • SG

    Et en même temps,

  • OP

    c'est assez symbolique. C'est vrai que c'est de la collaboration, c'est de la confiance. Finalement, on s'inspire aussi toujours des autres. Justement, on va parler de la feuille de route. Puisque l'idée, je vais rappeler que l'objectif au cours de ces huit mois et toutes les différentes étapes de la CEC, c'est rédiger une feuille de route à visée régénérative. Et c'est des feuilles de route qui illustrent, alors il y a une méthodologie assez bien imaginée par l'équipe pédagogique de ACEC, qui va illustrer les trajectoires de transition à horizon 2030, finalement, que souhaitent suivre les entreprises. Et chaque feuille de route, elle rend compte de façon assez personnelle la stratégie qui a été imaginée tout au long de ce parcours, par le dirigeant et par son planète champion, et puis après qu'il partage avec eux. avec l'ensemble des collaborateurs. C'est vrai que c'est beaucoup de jus de crâne, parce que moi, j'ai fait aussi une feuille de route. Alors, est-ce que tu peux nous en parler ? Tu peux nous donner les grandes lignes, le câble, le fameux sursaut, les leviers de ta feuille de route ?

  • SG

    Alors, je rebondis sur ce que tu dis, c'est beaucoup de jus de cerveau, c'est beaucoup de travail, il faut le dire, parce que d'abord, ça prend du temps, c'est prenant. Et après, bien sûr, il y a toutes les sessions en camp de base où il faut phosphorer, bosser. se challenger, etc. Et ça, c'est un vrai job. Et c'est passionnant dans ses ressources, c'est le cas de le dire, sans jeu de mots, pour aller chercher justement des pistes. On a passé beaucoup de temps à se taper la tête quand c'est bien, en disant où est-ce qu'on va trouver des axes, comment on va faire. Et puis voilà, toutes les conférences aussi, l'environnement, les échanges avec nos confrères qui deviennent des copains, c'est hyper stimulant. Et c'est ce qui, au bout d'un moment, permet d'entrevoir... des petites lumières justement et de commencer à pondre effectivement une feuille de route. Donc c'est sûr que nous, le sursaut ça a été comme beaucoup de gens je pense, les prises de conscience parce que tout est fait évidemment pour nous mettre dans un cadre, un contexte de prise de conscience des limites planétaires notamment et c'est quand même brutal, c'est bien fait, c'est qualitatif, les porteurs de ces sujets sont des experts et puis de renom et puis vraiment des connaisseurs. J'avoue que pour moi, j'ai pris quelques baffes successives qui ont bien allumé la lumière là où elle n'était pas. Voilà, donc ça donne envie de se mettre en route, ça donne envie de s'engager. Donc, je ne sais pas de décret tout le monde sur ce, mais ça a été la prise de conscience. Nous, on a mis le doigt sur nos limites à nous, c'est-à-dire la traction, la consommation de matière, avec tout ce que ça implique. Et puis... Et puis la partie internationale, c'est-à-dire l'export, mais aussi le sourcing dans certains cas. Comment limiter aussi notre... On a identifié un peu les limites de notre business model à nous, là où ça pêchait. On a commencé à partir à réfléchir sur ces bases-là et on a été créatifs. Et puis petit à petit, on a trouvé le chemin, mais ça met du temps.

  • OP

    Dans tes leviers, c'est ce que je regardais, il y a la partie recyclage. Il y a la partie volume, parce que c'est comment on fait, s'il y a de stopper, alors vous avez mis dans votre feuille de roue, vous avez mis stopper notre stratégie volumique. Et il me semble que même vous avez indiqué un endroit, pas limiter l'export, mais réfléchir à l'export. Mais c'est quand même des mots qui sont assez forts.

  • SG

    Oui, je crois que les deux leviers les plus... Les plus significatifs qu'on ait pu relever, les plus challenging aussi pour nous, c'est effectivement cette approche volumique. C'est-à-dire, c'est évidemment une usine qui produit avec des hommes et des femmes dans un contexte économique tel qu'on le dit. On doit toujours faire plus, se développer, donc ça veut dire plus de produits, plus de production, plus d'export, donc plus d'extraction, etc. Et là, c'est aussi ce système de réflexion par itération qui nous a permis Entrevoir des pistes autour notamment d'un modèle plus serviciel, en se disant finalement, pourquoi on produit un définiment de la vaisselle ? Est-ce qu'on ne pourrait pas aussi la louer, par exemple ? Il y a des gens qui ont besoin de plus de vaisselle, par exemple, pour un événement qui attire plus de monde dans le restaurant. Plutôt que d'acheter plus de vaisselle, et si la louer, ou si on la prêtait, et si on la reprenait, etc. Il y a aussi tout le sujet du second choix, du défaut d'aspect, qui peut rentrer carrément dans cette démarche. Là, on a commencé à discuter de ça dans le cadre de la CEC, Christophe Samples notamment, qui a été, je trouve, qui nous a pas mal bousculé sur ces sujets-là. On a commencé à le partager en interne. J'ai partagé avec d'autres copains de la CEC, pour les cités Valrhona notamment. À un moment donné, on a décidé de créer une CEC Sprint pour nos équipes de direction. Et on s'est retrouvés, ça a été un moment extrêmement important, je le cite, parce que il y a eu tout le parcours de la CEC, mais on a créé ce moment avec nos équipes, les équipes de direction Valrhona, les équipes de direction Revol. À nous tous, on a pu faire venir Arthur Keller et Christophe Samples pour justement parler, l'histoire c'était limite planétaire, le lendemain c'était un modèle qui part sur le serviciel. Et ça a été extrêmement important parce qu'on a vraiment phosphoré ensemble, on s'est 15 autour de la table et on a... On a phosphoré autour de cette idée d'un modèle différent, plus serviciel. On a parlé de l'export aussi, de se recentrer sur nos métiers, marché domestique, France, Europe aussi, voir comment on pourrait pallier et réduire nos exportations tout en se concentrant sur ce qu'il n'y a pas des marchés avec des réserves de croissance plus localement. Voilà, je ne veux pas perdre notre auditoire dans des... trop de détails, mais ça a été extrêmement fondateur, ça a permis d'embarquer cette équipe.

  • OP

    C'est ça, ce que j'allais dire, c'est que comment on embarque les gens dans l'aventure, c'est ce que tu viens de nous expliquer quand même. C'est pas simple.

  • SG

    Ça a été un kick-off. On s'est énormément posé cette question, d'abord parce que on nous a interpellé à ce sujet, on nous a dit comment vous allez embarquer vos équipes, et on se grattait le crâne en disant comment on va faire, ça va pas être simple. On réfléchit, puis on a vu qu'on partageait un peu cette problématique avec d'autres, et franchement ces sprints, ça a été génial. Surtout qu'on a fait aussi... avec la fabuleuse cantine qui était totalement partie prenante ils nous accueillaient mais ils étaient là aussi pour y participer donc voilà, trois entreprises, trois équipes un lieu aspirant des conférenciers super impactants tout ça, ça nous a mis en marche et franchement ça a été pour nous avec Antoine, notre planète champion c'est extrêmement intéressant parce qu'on a vu que nous on cogitait dans le coin tous les deux d'ajouter du monde, même s'il n'y a pas le même niveau d'information ou de formation que nous ce groupe là d'un coup était hyper pertinent et ça a permis d'enrichir énormément notre feuille de route à un moment où on pédalait un peu dans la semoule il faut le dire il y a eu vraiment un moment de solitude et non seulement ça nous a aidé mais en plus ça les a embarqués et après on a poursuivi la démarche en interne maintenant on a créé un comité qui s'appelle Circul'R qui envole, Circul'R, et ils sont voilà on se... réunis à nouveau ensemble sur ces sujets. On a créé un comité élargi aussi, qui va travailler sur la vision à partir de l'automne. On va se faire accompagner, on va réécrire la vision sur la base de cette feuille de route, co-construite avec l'équipe. Enfin, nous, ça nous a... Ça a été dur, on a bavé, on a eu des moments où on s'est dit, on est venus pour deux jours pour rien, rien n'en est sorti. Puis il y a eu des moments où il y a eu des déclics aussi. Puis voilà, cette feuille de route, elle n'est pas simple. C'est un vrai défi pour nous. Mais là, il y a une vraie envie de l'équipe, des jeunes et des moins jeunes, de se mettre autour de la table pour écrire la nouvelle vision. construire une nouvelle vision autour de ces grands principes et puis essayer de concrétiser finalement ce qui sont pour l'instant des intuitions, des parties prises, des choix. Ils sont sur le papier, c'est bien joli d'écrire. Justement, je te coupe un peu, concrètement, qu'est-ce qu'il en est sorti ? C'est assez récent finalement la sortie de la CEC, est-ce qu'il y a déjà des choses concrètement qui sont sorties ?

  • OP

    Alors, ce qui est sorti, c'est qu'on a pris la décision de réécrire notre vision, ça c'est clair et c'est engagé. On a déjà monté notre comité de pilotage, on a fait les kick-off, donc on va poursuivre à l'automne avec le comité stratégique qu'on a monté à cet effet-là, qui est celui qui avait participé à la CEC Sprint, à la Fabuleuse Cantine, avec Valrhona. Donc ça fait engagé. On a monté un petit comité aussi, nous, on va dire des anciens de la CEC. On continue à se voir avec l'équipe de Valrhona, de Chartreuse et de Roset aussi, Ligne Roset pour... et également La Fabuleuse, pour échanger sur nos feuilles de route, sur les avancées, sur les difficultés, sur le local aussi, parce que clairement, dans nos feuilles de route respectives, le côté territorial est ressorti, et le côté coopératif aussi. Donc on a commencé à mener des marges de coopération avec La Fabuleuse, notamment, mais aussi Valrhona. Donc l'idée, c'est d'élargir ça et de continuer à échanger ensemble.

  • SG

    Alors justement, dans tes leviers 3 et 4, le 3, c'est créer une expérience locale. culturel pour préserver notre patrimoine. Et le levier 4, c'est consolider et partager une stratégie à impact dans notre écosystème. C'est ce que tu es en train d'indiquer. C'est-à-dire après, c'est comment finalement on irradie tout ça au plus grand nombre.

  • OP

    Exactement. Donc ça peut être des moments de rencontres, ça peut être des moments de rencontres et d'échanges. Comme on les mène, on a des rendez-vous maintenant trimestriels et on met à plat, on reparle de nos feuilles de route, on le met à jour et on explique où on en est. Ça permet de... Je vais dire s'encourager, je dirais, puis de voir quelles sont les difficultés traversées les uns et les autres, ou même les succès rencontrés, ou les démarches entreprises. C'est inspirant, en fait. C'est inspirant et ça donne des idées. Et puis, on a l'impression qu'on n'est pas en train de ramer tout seul dans notre coin. C'est aussi stimulant pour essayer de... Je crois que si on est ensemble, on sait qu'on a tous envie de... On croit tous au coopératif. Et par exemple, je suis allé visiter Ligne Roset. Ligne Roset, ce sont des gens qui mettent de la ouate dans leurs canapés et fauteuils, principalement pour le confort. On a vu qu'ils avaient des chutes. Clairement, en ce moment, on est en train de discuter de la manière dont on pourrait utiliser les chutes, donc des déchets, pour protéger nos produits dans nos emballages. Donc, ça n'a pas encore totalement abouti, mais c'est à l'étude de manière très sérieuse et très rythmée. On a une vraie envie, une vraie intention d'aboutir. On adorait pouvoir emballer nos produits demain dans les chutes de Ligne Roset, ça serait génial. Donc ça, ça fait partie de... Avec Valrhona, on a d'autres projets coopératifs aussi, sur d'autres aspects, plus autour du service, de la pâtisserie, etc. Enfin bon, il y a des tas de choses qui peuvent naître. J'ai parlé de la Fabuleuse juste avant. Et puis on a fait aussi tout un travail autour de la pâte recyclée avec Chartreuse, puisqu'ils ont lancé un contenant, avec notre pâte recyclée. 100% produites avec notre pâte recyclée, pour lancer une nouvelle bouteille d'élixir qui est vendue depuis cet hiver. Voilà, donc tout ça, ça donne des fruits aussi. C'est à la fois des échanges, de la convivialité, du courage, de la stimulation, et puis aussi des résultats. C'est super encourageant.

  • SG

    Alors justement, moi je me place comme un dirigeant, et le regard des autres dirigeants qui n'ont pas fait la CEC, ou qui ne sont pas dans cette perspective, c'est quoi leur regard ? Enfin, tu en croises certains, j'imagine.

  • OP

    Vincent Torillon qui est un bon copain, il m'a suffisamment écouté je lui ai suffisamment bourrer le mou, je savais qu'il pourrait être tenté qu'il trouverait son compte et puis connaissant le personnage, donc il y est allé je pense qu'il ne regrette pas même s'il souffre, ça j'ai compris qu'il souffrait aussi comme nous on a souffert. Moi je ne suis surtout pas être donneur de leçons ce qui m'intéresse c'est de partager mon expérience, sensibiliser être... ambassadeur à mon rythme et quand je peux de cette démarche. Je ne suis pas là pour dire aux autres Vous ne l'avez pas fait, vous êtes des nazes. Ce n'est pas du tout l'idée. Il y a des tapons de pratique dans des boîtes qui n'ont pas fait du tout cette démarche. Moi, c'est de partager. Franchement, je pense que c'est un bon ambassadeur parce que j'en parle autour de moi, je partage.

  • SG

    Quand on est sympa, ça joue beaucoup aussi. Quand on est enthousiaste. Justement, mais est-ce que ça peut aussi changer ton leadership ? Est-ce que ton leadership n'a pas changé après la CEC ?

  • OP

    Peut-être. Je suis peut-être devenu un patron ou un leader qui est plus sensibilisé à ces sujets, donc plus pétri de ces sujets. On avait une réunion de managers hier, on était 40. Clairement, le réunion a duré une heure et demie. Je pense qu'on a parlé 45 minutes de RSE. Ça devient un sujet central. Il y en a qui font des jokes avec ça d'ailleurs, mais on en parle beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il y a de la nouvelle génération qui est là aussi, qui est hypersensibilisée à ces sujets, qui est très moteur. Je trouve que ça devient un lien générationnel aussi, qui est plutôt que de cliver, je trouve que ça crée du lien. La nouvelle génération porte plus naturellement ces sujets. Mais je vois les générations précédentes qui sont heureuses de se sensibiliser à ça, de mieux comprendre et de voir qu'il y a des choses concrètes qu'on peut faire, que ce n'est pas que du blabla. Et moi, ça me donne beaucoup d'espoir pour la suite. Moi aussi, si tous les politiques pouvaient t'entendre. Enfin bref, on est dans l'économie et c'est un chef d'entreprise qui parle et c'est très agréable à entendre. Alors justement, comment tu pourrais convaincre un autre chef d'entreprise, au-delà de tes copains finalement, de faire la CEC ? Et finalement, pourquoi tu leur dirais, essayez vous aussi de vous lancer dans l'économie régénérative. Qu'est-ce que tu leur donnerais comme argument ? Qu'est-ce qui fait que ça marche aussi ?

  • SG

    Évidemment, comme tout le monde, je crois qu'on doute toujours que nous, individuellement ou collectivement, à l'échelle de nos entreprises, on doute toujours qu'on puisse agir vraiment avec... pour des résultats, parce qu'on est trop petit à l'échelle du monde, de la planète ou du problème. C'est toujours le premier réflexe. Je pense que j'ai passé les deux premières séances à me dire ça, en me disant, c'est bien beau tout ça, mais qu'est-ce que je peux faire moi, à mon échelle ? Rien, je pèse que dalle. Donc, dire, mais vous ne laissez pas impressionner par ça. Ce qui donne la force, c'est le collectif, justement. C'est l'impression d'un coup de ne plus être tout seul, mais d'être plusieurs. Et d'un coup, quand on est plusieurs, on se dit... ça donne de l'énergie, ça donne de l'espoir. Le levier est bien plus grand. Même s'il n'est pas encore énorme à l'échelle du problème, il est nettement significatif. Je pense qu'à un moment donné, il faut aussi des moteurs. Il faut des leaders, il faut des moteurs, il faut des gens qui soient des pionniers aussi. Je pense que c'est toujours plus intéressant d'être du côté des pionniers que des suiveurs. Franchement, prenez un an pour votre planète parce que c'est notre planète aussi, on vit dessus. On constate tous, tous les jours, des dérèglements, ne serait-ce qu'en ce moment. Et on ne peut pas faire que se plaindre et ne jamais agir. Il y a un moment donné aussi, il y a un moment pour l'action, l'engagement. Et je pense que notre planète, elle le mérite, pour nous, mais aussi pour les générations qui arrivent et nos enfants. C'est un peu comme ça que je leur parle et que je continuerai à leur parler. Je ne suis pas sûr d'avoir les bons mots, mais en tout cas... On pourrait finir sur ces mots-là, ça fait une belle conclusion. On s'approche de la fin. Oui, ça nous donne envie, en tous les cas, de ce que tu es en train de dire. Alors, je vais couper toutes les questions que j'avais, puisque tu m'as fait tellement une belle envolée, que ce serait dommage de la couper. Juste, si tu avais une baguette magique, question piège, et si tu pouvais changer les règles du jeu économique, qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que je changerais ? C'est balèze, ça. C'est balèze. Non, je ferais la promotion du... Même si j'exporte beaucoup, je pense qu'il y a beaucoup à tirer de la relocalisation des métiers, des savoir-faire, de la production, de la consommation. Parce que c'est la globalisation qui quand même a beaucoup d'impact, et là surconsommation aussi, il ne faut pas se tordre. Mais je pense que quand les produits ne sont pas chers, on peut surconsommer, ce n'est pas un problème. Les exemples comme ça, on les connaît tous. Je trouve que si on reproduisait, on se disait, revenons au local. Mais vraiment, c'est pas que ce soit pas avec une posture politique, mais une vraie intention d'y mettre les moyens, y compris politiques et économiques. Je pense qu'on recréerait des filières, on recréerait la proximité, donc on recréerait une compréhension de ce que c'est que la production, un produit, un article, ce qui se cache derrière en termes de consommation de matière, d'extraction, d'énergie, et peut-être aussi on consommerait du coup plus intelligemment. Pour moi, c'est ça que j'aimerais, c'est ça vraiment qu'on arrive à... Ça n'empêcherait pas les entreprises d'être internationales, mais à ce moment-là, en produisant leur filière localement, en disant Ok, je veux vendre en Chine, je produis en Chine, je veux vendre aux États-Unis, je produis aux États-Unis peut-être. Et surtout, voilà, ça serait ça ma petite baguette. C'est local.

  • OP

    C'est clair, le local. Et du coup, dernière question, qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? Parce que quand on t'écoute, on te sent confiant.

  • SG

    Moi, c'est ma nature. Je ne peux malheureusement pas aller contre ma nature. Je ne suis pas illuminé, j'espère pas, parce que je suis chef d'entreprise, mais je ne conçois pas la projection, la vision, sans un minimum d'enthousiasme et d'envie et de foi en l'avenir. Moi, j'ai foi en l'avenir. De toute façon, on n'a pas le choix. Moi, je suis convaincu que l'avenir qui nous attend est meilleur. Sinon, je ne pourrais pas continuer à avancer. Mais je suis convaincu aussi que pour ça, il faut se relever les manches, il faut participer, il faut contribuer, il faut être créatif, il faut être inventif. Il faut des choses qu'on n'a encore pas inventées, qu'on va inventer. Moi, j'ai foi en l'homme, en l'humanité et en la Terre, tout simplement.

  • OP

    Pour que je y croie. Écoute Olivier, je te remercie. Ça fait du bien, cette bouffée d'oxygène, pour cette conversation qui a été franche, qui est pragmatique. Et je terminerai par une petite citation de Géronimo, le célèbre chef apache, qui a dit Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l'argent ne se mange pas. Eh bien, encore merci, Olivier. Et puis, à bientôt. Encore merci. Bien d'accord. Merci. Tant pis, Stéphane.

  • SG

    Merci à toi. Salut.

Share

Embed

You may also like

undefined cover
undefined cover