undefined cover
undefined cover
Un médecin généraliste parle de votre coeur cover
Un médecin généraliste parle de votre coeur cover
"En Plein Coeur", par un cardiologue

Un médecin généraliste parle de votre coeur

Un médecin généraliste parle de votre coeur

1h24 |26/06/2024|

311

Play
undefined cover
undefined cover
Un médecin généraliste parle de votre coeur cover
Un médecin généraliste parle de votre coeur cover
"En Plein Coeur", par un cardiologue

Un médecin généraliste parle de votre coeur

Un médecin généraliste parle de votre coeur

1h24 |26/06/2024|

311

Play

Description

❤️ Bonjour,


Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir un collègue et ami de longue date, le Dr Gautier BAÏSSAS, Médecin généraliste près de Rouen 👨‍⚕️


Lors de cet entretien, nous parlerons de vous : de votre santé évidemment mais aussi de la place que vous avez dans le parcours de soin cardiologique 💊


Car, parlons vrai, si nous avons tous un médecin de famille, il est fort probable que vous rencontriez un jour un cardiologue : cet entretien est donc un temps dédié aux questions que vous pourriez vous poser en vous rendant chez votre médecin généraliste quand il s’agit d’aborder des problématiques cardiovasculaires. Dépistage, suivi et gestion des maladies cardiovasculaires : vos médecins sont sur tous les fronts ❤️


Notre conversation couvrira également les défis et les opportunités que cette collaboration interdisciplinaire peut offrir 🤝


Enfin, cet échange est l’occasion de nous livrer plus personnellement car derrière la blouse, il y a des êtres humains passionnés qui ont tout simplement, un coeur, comme vous 🤲


Cet épisode est fait grâce à vous et pour vous ! 😇


Aussi, si vous aimez l'émission, partagez moi votre plus beau commentaire et abonnez-vous, cela vous permettra de ne pas manquer les prochains épisodes ! 🌟


Bonne écoute et prenez soin de votre coeur ❤️


---------------------------------------------------


🎶 MUSIQUES


Titre:  What You Want

Auteur: LiQWYD and Luke Bergs

Source: https://soundcloud.com/liqwyd

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Shine

Auteur: Onycs

Source: https://soundcloud.com/onycsmusic

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Sleep

Auteur: Scott Buckley

Source: https://www.scottbuckley.com.au

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Daybreak feat Henk

Auteur: Jens East

Source: https://soundcloud.com/jenseast

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Relaxing In The Hammock

Auteur: Glaciære

Source: https://steviasphere.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Flourish

Auteur: Purrple Cat

Source: https://soundcloud.com/purrplecat

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Nostalgia

Auteur: Johny Grimes

Source: https://soundcloud.com/johny-grimes

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


---------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Grégoire Cauchois et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. À travers des conseils pratiques, des interviews de soignants ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir le docteur Gautier Baïssas, qui est médecin généraliste près de Rouen. Gautier, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Je t'en prie.

  • Speaker #0

    Gautier, tu es mon premier invité sur cette émission et c'est avec beaucoup de plaisir une certaine émission que je te reçois. Comme j'ai pu le dire avec beaucoup de fierté dans ce qu'on pourrait appeler une bande-annonce, j'avais envie de rendre ce podcast vivant en faisant intervenir, comme je les appelais, les roues du quotidien. Je cherche un peu à moduler les formats, c'est pas forcément commun dans l'univers du podcast, mais après tout, c'est un peu la liberté que je voulais m'autoriser et on verra comment les auditeurs prennent ça. J'ai une première question à te poser, est-ce que tu écoutes des podcasts ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, bonjour Grégoire, merci effectivement de me donner cette lourde responsabilité, c'est bien parce que c'est toi que j'ai accepté, parce que c'est un exercice qui n'est pas évident, dans lequel je suis tout à fait novice. Écoute, oui, les podcasts, j'en écoute de deux types, plutôt des trucs divertissement, émissions de discussion, plutôt détente, quand je fais des choses, je range tout ça. Et après, j'aime bien aussi tout ce qui est... Actualité, bourse, placement, les choses comme ça, pour suivre un petit peu et savoir gérer un peu les choses. Voilà, plutôt dans les trajets de voiture ou quand je range, quand je fais des choses. Donc pas toujours extrêmement attentif, mais voilà, ça m'est arrivé aussi un petit peu des... d'essayer de suivre des lectures, des choses comme ça, mais en fait, je ne suis jamais assez concentré.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que, tu vois, je regardais dans les statistiques de mes podcasts et j'étais assez surpris de voir que, globalement, la tranche d'âge des auditeurs, je m'attendais plutôt à ce qu'on appelle un peu la personne à auditeur, c'était... La personne, la trentaine, plutôt dans les grandes villes, c'est globalement ce qu'on dit des gens qui écoutent les podcasts. Mais en fait, je constate qu'il y a beaucoup de personnes assez jeunes, tu vois, 18-30 ans et au-delà, à peu près 60 ans. Mais j'ai aussi un peu cette impression qu'il y a des gens plus âgés. Et c'est vrai que la cardiologie, ça concerne quand même beaucoup à partir de 60-70 ans. Donc, c'est vrai que ton profil est assez cohérent sur le fait d'écouter des podcasts. Et puis, j'espère que ça rassemblera. Sur le domaine de la santé, plus d'auditeurs. Si on revient à la santé, alors on a vu que pendant la période Covid, les soignants ont été mis en lumière et c'est vrai que c'était un moment un peu particulier pour nous parce qu'on est passé justement pour des héros. Ce n'était pas facile pour nous tous parce qu'évidemment, dans les structures hospitalières, les gens ont été très sollicités. En ville, c'était un peu plus particulier, il y avait une sorte de permanence des soins. Mais j'ai un peu quand même cette impression que les choses ont changé depuis. Les relations se sont un peu tendues, je trouve, dans une ambiance où on manque de médecins, les recours aux soignants sont un peu plus compliqués. Est-ce que toi, c'est quelque chose aussi que tu as ressenti dans ton quotidien depuis qu'on est sorti de cette période difficile ?

  • Speaker #1

    Je pense que la période Covid était une période très particulière, effectivement, qui était inédite pour tout le monde. D'ailleurs, on a appris à nos dépens qu'on connaissait parfois bien peu de choses sur les petits virus et tout ça. Et du coup, cette période effectivement de grande reconnaissance, alors c'est vrai que nous en ville on a été beaucoup moins impactés, c'était beaucoup moins tendu que nos collègues hospitaliers, c'était particulier surtout. Je pense en fait surtout que cette période de reconnaissance, elle a été oubliée. Les gens sont passés à autre chose, sont revenus sur une période plus pratique, plus quotidienne. Je dirais que les gens sont reconnaissants des médecins et tout ça. Mais après, reste concret, quand ils ont du mal à trouver un rendez-vous, un truc et tout ça, ils ont beau être reconnaissants, ils ne sont pas contents et ils l'expriment à leur façon. Donc je pense que c'est un petit peu les deux choses comme ça. Après, la plupart des gens, ça se passe très très bien et voilà, mais le problème, c'est qu'on ne retient que les personnes avec qui il peut y avoir des difficultés.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait un biais.

  • Speaker #0

    Des trains qui arrivent en retard. C'est vrai. Je pense qu'on traverse en effet une crise qui est certainement amenée à se prolonger. Voilà, on essaye de faire au mieux. Je voulais avoir un peu ton avis là-dessus, parce qu'on est passé de héros du quotidien à peut-être une relation de service, parfois, que certains de mes collègues décrivent, qui n'est pas toujours facile à gérer. Mais justement, pour revenir sur le personnage du médecin et revenir à des choses un peu plus personnelles... C'est vrai que dans l'inconscient collectif, c'est vrai que le médecin, ça représente plus qu'un personnage. Et je ne sais pas toi, mais quand mes amis ou ma famille me demandent des conseils sur leur santé, j'ai souvent l'impression qu'ils voient le Grégoire avant le médecin. Et c'est vrai qu'on est assez loin du docteur Knoch, de Jules Romain, on nous demande si ça nous chatouille ou si ça nous gratouille. Est-ce que justement, toi, tu considères que dans notre métier de médecin, on jouit un peu de cette aura et de, certains diraient, de ce statut social ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours compliqué, je vais faire une réponse de normand, je vais dire oui et non, je vais dire on n'a clairement plus ce statut de notable dans la société, où c'était le médecin du coin, c'était le notable, c'était tout ça. Après les gens je pense restent très reconnaissants du travail, savent que ce sont des études difficiles, savent que c'est beaucoup de boulot et sont reconnaissants à ce niveau-là. Et puis après ça dépend aussi un petit peu de l'orientation de l'activité qu'on a aussi, c'est vrai que nous en médecine générale, Moi notamment, j'ai quand même un côté médecine de famille, où j'ai parfois trois, quatre générations de patients de la même famille, et donc ce côté-là est très agréable, et les gens le reconnaissent et sont contents, et c'est très agréable au quotidien. Et puis il y a quand même encore des gens, ça me fait toujours sourire, mais quand ils vont dire Monsieur ils vont se reprendre Oh non, docteur, pardon ! Et donc c'est rigolo, on leur dit Mais non, c'est pas grave, c'est pareil. Et puis après, c'est une question aussi de... de culture. En France, on n'a pas la culture du titre, appeler quelqu'un docteur, ça peut être mal perçu et tout ça, ce qui n'est pas du tout le cas dans d'autres pays, où si on est docteur en mathématiques, on est appelé docteur et c'est très très mal perçu si on ne le dit pas. Ça, c'est une question après de culture et de pays aussi.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose qui peut-être aide aussi les gens, c'est pour ça que je parlais de cette dichotomie entre le médecin et le... L'être humain qu'il y a dessous, je pense que ça nous bénéficie et à mon sens, peut-être que c'est des choses qui peuvent amener certains de nos collègues à un manque de reconnaissance parfois dans leur travail. Il peut y avoir une certaine défiance du statut, mais tu as raison, c'est vrai, dans notre culture, on est moins attaché au titre. Mais les gens sont quand même très respectueux de notre travail. Et dans ce climat un peu tendu, il ne faut pas se tromper de cible, en tout cas, sur le fait qu'on est là pour aider les gens.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Exactement. Voilà, sous ce masque, en tout cas, il y a des vrais êtres humains, comme nos auditeurs peuvent s'en rendre compte. Et voilà, je voulais aussi rendre un peu hommage à ces gens qui interviennent dans la santé en général. Mais parle-moi un peu de toi, Gauthier. Quelles sont tes passions ? Est-ce que tu as des hobbies ? Je sais que tu aimes la photographie. Et je sais d'ailleurs que tu es reconnu pour ça, parce que j'ai eu l'occasion de voir dans tes revues, certes médicales, que tu avais publié et fait une petite chronique sur une revue. Est-ce qu'il y a des choses qui, en dehors de la médecine, t'animent ?

  • Speaker #1

    T'as l'œil partout. Écoute, du coup, moi j'ai 38 ans, j'ai fait mes études à Rouen, je suis installé à Rouen, je vis à Rouen, j'ai pas été très très globetrotter. Écoute, en passion, je suis pas un homme passionné, comme certains peuvent l'être, qui vont aller lire des trucs, faire des choses à droite, à gauche, et voilà. Mais effectivement, la photo, ça, j'aime bien. J'en fais depuis longtemps, au final. J'aime bien passer du temps, surtout dans les moments du quotidien, avec des amis en voyage, des événements de famille, des choses comme ça. Je ne vais effectivement pas aller attendre trois heures le lever du soleil. Je n'ai pas cette passion. La con est passionnée, justement, au sens romantique du terme. Après, moi, je suis assez casanier aussi. J'ai deux filles. J'aime bien être à la maison avec eux. Avec ma famille, avoir des amis et tout ça, c'est des trucs sympathiques. Et puis après, j'aime bien tout ce qui est automobile, tout ce qui est moto, tout ce qui est sport mécanique, la Formule 1, tout ça, ça j'aime bien. Et donc, si on devait résumer les grandes lignes, je dirais ça.

  • Speaker #0

    Écoute, merci, c'est sympa de voir ton environnement, en tout cas personnel. En tout cas, c'était un choix tout particulier pour moi de te recevoir, parce qu'on se connaît depuis un sacré paquet d'années. On a fréquenté le même lycée sur Rouen, on a fait nos études ensemble à la faculté de médecine de Rouen, comme tu le disais, on est en fait des purs produits, des purs enfants de la belle Normandie. Et puis, il y a les études, ces longues années passées à l'hôpital, entre les gardes et les cours. Quand je te dis tout ça, qu'est-ce que ça t'évoque ?

  • Speaker #1

    Ben oui c'est rigolo, comme tu le disais, j'ai calculé avant de venir en me disant mais au final ça fait combien de temps qu'on se connaît parce qu'on a l'impression que la fac c'était hier et quand on calcule ça fait un peu de temps. Du coup, oui oui, lycée on se connaissait relativement assez peu mais on savait qui on était l'un et l'autre. Et puis c'est marrant parce qu'on n'a jamais été complètement dans des groupes d'amis les plus proches et tout ça, à traîner 24-24 ensemble et tout ça. Mais au final, on a toujours donné des nouvelles, on s'est vus de temps en temps et tout ça, et donc c'est ça qui est très agréable. Et comme je dis toujours, c'est là qu'on voit les amitiés sympas, c'est que quand on se voit, on a l'impression que c'était hier, et effectivement, quand on se recroise autre, on dit suite comme si c'était hier, et c'est tout à fait sympathique.

  • Speaker #0

    C'est vrai, je reconnais. Ça ne rajeunit pas, puisque je vais avoir bientôt 37 aussi, et ça fait un peu plus de 10 ans, presque, finalement, qu'on se reçoit. Alors... C'est vrai qu'on travaille aussi en relation soi, il y a un rapport professionnel aussi entre nous, mais c'est vrai que finalement, on sent que la confraternité est peut-être un lien qui nous unit pour beaucoup, mais c'est toujours sympa de voir qu'on a aussi des liens privilégiés, sinon des affinités. C'est toujours un petit peu nostalgie, émotion, et c'est sympa de voir qu'il y a des copains qui... qui reste sur la région, parce que la Normandie n'est peut-être pas la région la plus attractive, et c'est dommage en tout cas, parce que on a une belle région, on mange bien, et il y a beaucoup de belles choses. Voilà, j'avais envie de faire cette parenthèse sur nous. C'est peut-être une bonne chose aussi pour que les auditeurs connectent avec les personnes qui suivent. Je trouvais ça assez sympa. Parle-moi un peu plus de toi sur les études, justement. Est-ce que tu peux me dire un peu ce qui t'a amené à choisir la médecine générale quand on a passé le concours de l'internat ? Alors bon, ça ne s'appelait pas vraiment le concours de l'internat à l'époque, c'était nous l'examen national classant. Ça nous donnait accès à une ville. et à une spécialité. Maintenant, les choses ont un peu changé, c'est sous forme numérisée, ça change toujours un petit peu tout le temps, mais il y a quand même cette tendance à faire de nous des médecins spécialisés. La médecine générale en fait partie. Ça date quand même de 2011, donc c'est hier, je crois. Qu'est-ce qui t'a poussé à choisir la BG ?

  • Speaker #1

    Globalement, la médecine m'a toujours tenté. Il y avait un biais, mon papa était médecin généraliste, on avait quand même quelques prudels de santé dans la famille, donc je pense qu'il y a toujours un biais comme ça. Mais du coup, ça m'a toujours donné envie. Et quand en terminale, on doit faire les dossiers, les machins, en fait, avec la fac, c'était très pratique, il n'y avait pas de dossier à faire. Et donc du coup, je suis parti en médecine sans trop d'hésitation. Et puis au moment du concours national de classement, j'avais toujours dit que la médecine générale me tentait, j'avais toujours été inspiré par ça, c'était un mode d'exercice qui m'allait bien, avec une polyvalence qui m'allait bien. Je me suis toujours dit, ça m'embête de faire 10 ans d'études et de ne pas pouvoir m'occuper de la rhinopharyngite de mes enfants. Et du coup, cet éventail large m'a toujours tenté. Donc voilà, j'avais bossé mon internat du mieux possible en disant si au dernier moment je veux être cardiologue. à Paris ou à Nice, je l'ai ou je ne l'ai pas, mais voilà. Bon, je n'aurais pas fait Cardio à Nice de toute façon, je n'aurais pas pu. Il y a des gens bien plus brillants que moi. Mais du coup, en fait, le choix a été facile. J'ai pris médecine générale à Rouen, mais l'avantage, c'est que ça m'a permis d'être bien classé dans la promo, ce qui nous permet ensuite de choisir les stages en fonction des classements et donc d'avoir un panel de choix qui était plus confortable après. Mais en fait, je suis resté du coup fidèle à mon idée première.

  • Speaker #0

    C'est super parce que justement, il faut être passionné pour faire la médecine générale. C'est un métier qui est, pour un regard en tout cas, qui n'est pas novice. Je vois très bien comment vous travaillez et je vous tire mon chapeau parce que c'est pour moi certainement la spécialité la plus difficile. Il y a une dimension humaine qui est très importante, sociale aussi, parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont en difficulté et qu'il faut accompagner. C'est peut-être ce que certains, j'ai l'impression que mes collègues disent, ça crée une lourdeur administrative qui n'est pas toujours facile à gérer.

  • Speaker #1

    Et puis, le social n'est pas le cœur de notre métier qu'on apprend et tout ça. Donc, on est aussi un peu en défaut là-dessus. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai qu'on a besoin d'être aussi aiguillé, accompagné. Alors, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'intervenants. La Sécurité sociale nous met à disposition beaucoup d'outils. Les assistantes sociales, sur cette dimension-là.

  • Speaker #1

    Les assistantes sociales.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Ça c'est heureusement.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment difficile parce qu'en tant que spécialiste en cardio, on le voit assez peu. Alors on remplit des demandes, par exemple, pour des situations de handicap, pour appuyer des dossiers, etc. Mais ce n'est quand même pas le cœur de notre métier. Et voilà, je vous tire mon chapeau là-dessus parce qu'il y a une dimension très globale qui demande des compétences pas juste techniques, mais très... humaine très forte et justement quand on s'aventure dans cette spécialité là on s'en rend peut-être pas toujours compte tout de suite mais maintenant voilà on voit qu'il y a des jeunes qui font des stages en médecine générale t'es maître de stage justement ?

  • Speaker #1

    oui je suis maître de stage depuis actuellement ça doit être ma 8ème 10ème interne ça fait quelques années maintenant en fait moi j'étais passé lors de mon internat en médecine générale En stage en médecine générale, c'est un stage que j'avais apprécié, où vraiment c'était concret, ça permettait de se rendre compte si on aimait ou on n'aimait pas, parce que nous on ne passait pas avant étudiants en médecine générale, avant l'internat. Et donc je m'étais dit, le jour où je pourrais, je le ferais. Et puis c'est agréable parce que ça permet aussi de se mettre à jour avec des étudiants qui sortent de l'internat, qui sortent de l'hôpital. L'interne que j'avais avec moi, elle vient de faire 6 mois aux urgences du CHU. Il y a des choses qui évoluent, donc ça permet de se mettre à jour sans avoir le nez dans le bouquin, ce qui est plutôt agréable aussi. Après, maintenant, ils passent quand ils sont externes, donc étudiants en médecine entre la deuxième et la sixième année, ils passent pour la plupart en tout cas à Rouen en stage en médecine générale. Alors moi, je n'accueille pas d'externes, mais ils en font comme ça. Ça permet de se rendre compte parce que dans notre promo, je ne sais pas si tu te souviens, il y a une de nos collègues de promo qui fait son stage en médecine générale et elle a dit mais en fait, ça ne me plaît pas du tout. C'est ça. Et du coup, elle a pu faire son droit au mort, elle était très bien classée et donc on salue Mathilde, notre interniste préférée.

  • Speaker #0

    Exactement !

  • Speaker #1

    J'avais la référence.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains se lancent dans cette aventure et c'est toujours mieux d'avoir une expérience concrète. Je regrette en tout cas, tu vois, en médecine cardiologie de ville, parce que certains nous disent que des fois on est les généralistes du cœur, parce qu'on a une approche assez globale. Donc je m'identifie un peu parce que voilà dans mon activité je gère beaucoup de consultations, d'activités non-invasives, on a accès à un plateau technique mais en tout cas moi je ne gère pas directement. C'est vrai que j'aimerais avoir certainement plus souvent des étudiants. On a quelques internes qui demandent à passer, puisqu'en fait, on est quand même beaucoup en binôme, finalement, entre le médecin généraliste et le cardio de ville. Voilà, je trouve ça chouette qu'il y ait cette possibilité pour les jeunes de se rendre compte de ce qu'est la médecine générale. C'est aussi une façon de lui rendre hommage. Revenons un peu à la cardio. J'ai du coup le plaisir de suivre tes patients pour certains. Je note toujours la qualité de ton travail et ce n'est pas juste pour te mater, parce que c'est agréable de voir l'implication que tu y portes. Est-ce que tu peux m'expliquer un peu les profils de tes patients que tu adresses justement aux cardiologues ? Je vais dire plutôt aux cardiologues de vie, parce qu'en fait dans les structures hospitalières... Ils ont souvent une activité plus invasive, plus technique, mais sur le suivi en tant que tel, c'est vrai que souvent, on est quand même le premier recours. Voilà, quels sont les passions que généralement tu adresses et avec quelle structure tu as l'habitude de travailler ?

  • Speaker #1

    Les profils de patients, ça va être assez varié, mais on peut donner quelques lignes. On va avoir le patient pour lequel on va nous identifier un besoin de voir le cardiologue. Ça peut être une hypertension ancienne ou qu'on a du mal à équilibrer. Ça peut être un patient diabétique qui n'a jamais eu le cardiologue. Ça peut être un patient qui a eu une activité physique soutenue, qui n'a jamais eu de bilan cardiologique. Ça peut arriver. Il y a quelques années, un monsieur a randonné. 2-3 fois par semaine, 20 km, 70 ans, super forme et tout, je lui dis on n'a jamais fait. peut peut-être voir le coup et effectivement il a fini avec un petit ressort dans l'artère par nos amis cardiologues parce que on s'est rendu compte lors du bilan d'effort que à l'inverse c'est difficile parce que tout le monde ne peut pas nécessiter ne doit pas nécessiter des bilans et voilà et donc arriver à faire un peu de tri pour limiter aussi les délais et les demandes c'est pas toujours évident et puis après ça peut être aussi dans des dans des contextes familiaux ça peut être dans des dans des dans des contextes parfois plus fonctionnel on a besoin de rassurer aussi le patient et le docteur nous Les palpitations, le grand classique, je crois que je t'embêtais il n'y a pas longtemps pour ça d'ailleurs. Voilà, où globalement sans ton évaluation, nous même si on n'a pas de critères de gravité qui nous inquiètent, on ne peut pas se passer de ton avis et de ton avis. Et que même avec ton oeil et ton regard c'est compliqué. La médecine est pleine de surprises, de bonnes ou de mauvaises. On a toutes ces images de sportifs, de footballeurs qui passent des examens compliqués et qui font quand même un arrêt cardio-respiratoire sur le terrain.

  • Speaker #0

    On en voit. C'est vrai que, si je devais ressentir un peu ce que tu me disais, c'est qu'il y a beaucoup finalement quand même de prévention. Je vais me situer un peu à les termes techniques, mais on parle de prévention primaire et secondaire. Alors, prévention primaire, on est vraiment sur des gens qui sont en amont d'une maladie, qui n'ont pas de symptômes, et donc on va essayer de dépister une éventuelle anomalie. C'est pas toujours bien vécu par les gens parce qu'en fait beaucoup se disent se connaître. J'ai eu l'occasion de le dire dans une émission justement sur je sais comment je fonctionne, je vais très bien, pourquoi vous allez m'embêter alors que finalement en apparence voilà je suis sportif. Il y a parfois aussi un peu le culte de l'ego et notamment c'est mes patients qui me posent souvent le plus de difficultés, c'est le patient sportif parce qu'en fait... Tout va bien dans sa vie, il a une hygiène de vie, pas de traitement, tout va bien. Et puis du jour au lendemain, on arrive comme ça sur tous ces fondres. En fait, comme tu le disais, ton patient qui fait de la rondeau et qui n'a pas une bonne santé cardiovasculaire, il faut les accompagner. Et puis donc il y a la prévention secondaire, ça c'est justement ces patients qui ont déjà eu une maladie, donc qui sont en aval de la maladie, en tout cas établie, diagnostiquée, éventuellement avec des symptômes. Et puis j'imagine que ces patients-là, ça paraît... Peut-être plus évident qu'ils aient un suivi. De ton côté, ça représente, si on devait dire, un ratio entre prévention primaire et secondaire. Tu as l'impression qu'une grosse partie de tes patients peuvent bénéficier de ces bilans de dépistage, qu'on pourrait les appeler.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que les patients pour lesquels on a un vrai besoin, une vraie nécessité, les patients diabétiques, les choses comme ça,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    il faut anticiper parce qu'il y a des délais, mais dans ces cas-là, on leur dit, je vous fais un mot, prenez rendez-vous avec le cardiologue, il n'y a pas d'urgence. Si c'est dans neuf mois, prenez rendez-vous tranquillement, mais prenez-le maintenant. Parce qu'on a très souvent le patient qui dit, ah, j'ai rendez-vous avec le cardiologue que dans... Dans X mois, je lui dis Mais vous avez pris rendez-vous quand ? Je l'ai appelé la semaine dernière, ce chien que vous alliez me demander. Ben oui, mais je vous ai fait le courrier il y a un an. Ah ben oui ! Et donc du coup, on perd un an en fait. On le voit se Et parfois, le même patient après ne va pas être content parce que Ah ben c'est long, on peut mourir.

  • Speaker #0

    Oui. Si on ne boit pas déjà le courrier, tâchez de café et mangez par le chien comme ça arrive, pas si rarement. Donc je vois très bien de quoi tu parles. Et les gens sont quand même assez réceptifs, ils arrivent à comprendre les enjeux ou ils ont l'impression qu'en fait on les embête et laissez-fouter moi la paix ?

  • Speaker #1

    Ça dépend, tu auras toujours des patients qui ne veulent pas savoir parce qu'il y a une certaine peur des choses et que mettre de la poussière sous le tapis c'est bien. Il y a des patients par excès. qui vont vouloir aussi des bilans, des choses comme ça et voilà. Ou par inquiétude, ma voisine de palier, elle a les mêmes choses que moi, puis elle, elle a fait un infarctus, alors peut-être qu'il faudrait que je... Donc voilà, c'est toute la difficulté d'arriver à un petit peu avoir un regard médical et orienter les bonnes personnes au bon moment vers les bonnes choses.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tardard. Est-ce que tu pourrais me dire un peu justement les structures, comment tu fonctionnes en fait au quotidien ? Oui,

  • Speaker #1

    alors ça dépend déjà aussi des souhaits du patient. Alors c'est vrai qu'on a de la chance quand même, globalement où on est, on a quand même une offre de soins, même s'il y a beaucoup de délais, on a quand même pas mal de frottels de santé. On a quand même plusieurs structures de cliniques, on a l'hôpital, on a Elbeuf qui est pas loin aussi. Donc c'est vrai qu'on a un maillage qui est quand même pas inintéressant. Spontanément, pour de la cardiologie, pour en revenir là, effectivement, je vais plutôt m'adresser sur les cliniques qui sont à proximité de mon lieu d'exercice. Donc toi, par exemple, tes collègues qui sont un petit peu dans le même secteur. L'hôpital, parfois aussi, ça peut valoir le coup, notamment la dispense d'avance de frais, qui peut être intéressante pour certains patients, ou qui, parfois, ont déjà un suivi à l'hôpital pour une pathologie. Et donc, recentrer sur les mêmes structures, je trouve que c'est toujours intéressant. Aussi, après, c'est vrai que les cardiologues en libéral pure hors clinique, il y en a de moins en moins parce que votre spécialité, comme toute, se technifie. Donc, on a besoin d'être groupé. Donc, voilà. Donc, globalement, plutôt les cliniques. En plus, on a l'avantage aussi d'adresser à un praticien. Parfois, on flèche un peu les choses et donc c'est plus simple. Bah, toi, je te connais. Si j'ai un souci, une difficulté sur un patient, un traitement, de t'envoyer un message, de te contacter en disant dis donc, qu'est-ce que tu ferais pour monsieur un tel ? Donc c'est une facilité pour nous, c'est une facilité pour le patient, parce que comme ça on peut aider, et puis tu connais des interlocuteurs aussi, donc c'est plus simple aussi pour toi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, ça on voit assez souvent, c'est des choses qui ne sont pas forcément visibles des patients, et beaucoup s'imaginent que notre activité se cantonne à les consultations, mais il y a quand même beaucoup le... On travaille en amont et en aval, qui n'est pas visible, et qui concerne justement les contacts entre collègues, les courriers d'adressage, les situations qui nous posent problème et pour lesquelles on voudrait avoir un avis. Et c'est la même chose pour moi. C'est vrai que je travaille beaucoup avec mes collègues cardiologues en structure hospitalière, public, privé, pour essayer de les réfléchir, de coordonner. les soins, et ça prend du temps. Justement, en parlant de situation et de réseau, est-ce qu'il y a des situations que toi, justement, tu arrives à gérer seul, ou à l'inverse, le recours au cardiologue est dans certaines situations indispensable ?

  • Speaker #1

    Alors évidemment dans certaines situations il est indispensable sinon tu n'existerais pas. Oui il y a des choses qu'on va pouvoir faire seul ou en tout cas il y a des choses qu'il va falloir qu'on fasse avant qu'on sollicite tout simplement une hypertension. Si on n'essaie pas de l'équilibrer un minimum avant de te l'envoyer ça n'a absolument aucun intérêt pour que tu fasses la même chose que ce qu'on peut faire et sait faire. Ensuite, ça dépend aussi des médecins et il faut faire ce avec quoi on est à l'aise et ce qu'on sait faire. Moi, tu vois, les ECG, j'en fais plus depuis que je suis aux urgences. Je ne suis absolument pas à l'aise avec un ECG. Je n'ai pas d'appareil ECG chez moi parce que je vais mal faire et que je ne suis pas à l'aise. Et voilà, alors je pourrais effectivement me dire, allez, il faut que je me forme et tout ça. Mais c'est vrai qu'une douleur thoracique, il faut un ECG en urgence. Il faut un bilan. Donc, dans ces cas-là, je passe la main. Par contre, effectivement... un problème de cholestérol, on va essayer d'équilibrer, on va voir le traitement, la tolérance du traitement, et puis... À la fin de tout ça, ton évaluation du risque cardiovasculaire global avec un objectif de traitement peut être utile. Ensuite, il y a un autre intérêt aussi, c'est que tu es un grand docteur, et donc quand tu dis les choses, les patients parfois l'entendent mieux sur certaines observances de traitement et de choses comme ça. Je vois de quoi tu parles. Mais tant mieux si ça peut aider les gens à comprendre et à se motiver. Mais c'est vrai que parfois, on dit dix fois les choses, et le docteur de l'hôpital m'a dit qu'il fallait, alors je vais le faire. Mais bon... Ça fait plus sourire. Ça agace un peu, mais ça fait sourire. Et au final, bon.

  • Speaker #0

    Mais parce que justement, il y a peut-être plus d'affect, plus d'émotion, en fait. Et c'est pour ça que je faisais cette allusion au Dr. Knock, sur un médecin. Alors bon, le Dr. Knock, c'est différent pour le coup, parce que lui, c'est un escroc. Mais c'est juste de montrer un peu la dimension émotionnelle. Je pense qu'elle est beaucoup plus présente pour vous parce que les gens sont encadrés, entourés, suivis et sans être dans une relation patriarcale parce que je pense qu'elle n'est pas bénéfique en tout cas pour les patients, en tout cas pas tout à fait. On se positionne pour ma part en tant qu'adéloge en tant qu'expert d'un domaine et donc quand on donne une parole entre guillemets elle est... réputé en tout cas irréfutable. Et ce n'est pas forcément facile. Et je comprends la frustration que tu peux avoir des fois en disant Je vous l'avais dit, mais peut-être qu'il y a cette dimension émotion, raison qui revient et qui n'est pas toujours perçue. Ils avaient peut-être besoin de ce temps-là pour avancer dans les soins.

  • Speaker #1

    Et puis, il y a toujours une part d'incertitude dans toute décision. Et c'est vrai que l'évolution de la société fait aussi qu'on explique beaucoup plus aux gens cette part d'incertitude et qui, du coup, parfois, leur fait porter un poids du choix qui est compliqué aussi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parfois, c'est vous pouvez faire ça, on risque ça, mais si on fait ça, ça, qu'est-ce que vous voulez faire ?

  • Speaker #0

    Oui, on l'obtient beaucoup les gens.

  • Speaker #1

    Et parfois, il faut quand même qu'on se mouille parce que c'est la question qu'on pose. Est-ce qu'il faut opérer ? Oui ou non ? C'est le chirurgien qui dit peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Il faut quand même qu'il oriente un petit peu, certaines fois, et comme sur le traitement, on pourrait faire ça, on pourrait faire ça.

  • Speaker #0

    On a besoin d'être sûr de nous et d'avoir, en effet, de jouer en tout cas peut-être de cette image de médecin expert pour avancer. Parce qu'en effet, je le vois au quotidien, de plus en plus, on intègre les patients dans la décision. Alors, on parle même de tailored medicine, c'est-à-dire médecine sur mesure, parce que, pour donner un exemple concret, par exemple, sur la fibrillation atriale, sur le choix d'un traitement anticoagulant, on utilise un score qui s'appelle le score Charles Vasse, qui permet de dire si un patient doit bénéficier d'un traitement anticoagulant à vie ou pas. Donc les conséquences, c'est assez lourd à supporter. Mais quand le score est à 1, par exemple, pour un homme, on considère qu'il a faible risque et on implique le patient dans la décision. Il est à balancer avec le risque hémorragique, mais c'est pour dire que ce n'est pas toujours aussi tranché. Il y a beaucoup de zones grises en médecine, donc le recours au... Au médecin expert est nécessaire. Je rebondis sur ce que tu disais sur l'électrocardiogramme. De plus en plus, je vois des collègues qui personnellement me sollicitent sur une plateforme de téléexpertise. C'est vraiment dans l'air du temps de faire une sorte de maillage, en tout cas de réseau de soins. Un peu comme un cloud, si on peut dire ça comme ça, un maillage numérique de réseaux de soins. Alors la plateforme s'appelle Omnidoc, mais il y en a d'autres. Et voilà, me sollicite pour des électrocardiogrammes, pour savoir un peu comment on peut orienter la prise en charge. Est-ce que c'est quelque chose que toi tu utilises et qui peut t'aider dans le quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, Omnidoc, c'est absolument génial. Il faut reconnaître le boulot qu'ils ont fait. C'est une plateforme de télé-expertise, comme tu disais. C'est-à-dire que nous, on va pouvoir solliciter l'avis d'un confrère du secteur avec un courrier, des photos, des résultats d'examen, pour lui adresser cette demande-là à laquelle il va nous répondre. Ça permet parfois de savoir si... il faut orienter, pas orienter, adapter un traitement sur une prise en charge. Et en fait, ça va permettre d'avoir des réponses qui, nous, vont nous aider énormément et vont permettre parfois de ne pas avoir besoin d'une consultation au décroût. Ce qui libère du temps derrière, des créneaux de consultation et tout ça, sur des choses dont la consultation n'aurait pas forcément été utile. Donc oui, c'est très pratique pour le CG, effectivement, ça peut être une possibilité. Il y a des... Il y a des enregistrements avec des analyses à distance, des choses comme ça aussi, qui peuvent être possibles. Alors moi, j'ai uniquement acheté un petit appareil qui, par électrode, fait un D2 long pour juste les troubles du rythme, ce qui permet quand même de voir ça, mais qui n'est pas validé pour une douleur thoracique ou des choses comme ça. Donc voilà, petit à petit, ça évolue. Mais oui, les téléexpertises les demandent comme ça, c'est absolument génial. et c'est un mot je m'en sers quasiment tous les jours parfois pour me demander un avis ou pour voir un patient avec qui je suis embêté ou je ne me rends pas compte, est-ce que le délai effectivement il faut être vu dans la semaine dans 15 jours, ça vous permet aussi de trier les délais, les choses comme ça une question concrète, l'autre jour j'avais un patient qui avait été opéré d'un cancer de l'estomac il y a longtemps qui avait un médicament contre le reflux de l'estomac, et bien je ne savais pas s'il y avait une indication à le garder parce qu'il avait été opéré ou s'il l'a eu toute sa vie et qu'on aurait dû lui virer, et voilà, ou pas. Et donc, ben voilà, télé-expertise, question à un gastro-entérologue. pour savoir est-ce qu'il faut le garder ou pas. Ça ne nécessitait clairement pas une consultation, mais je n'avais pas cette réponse-là, et comme ça, j'ai eu une réponse de quelqu'un que je connais, en qui j'ai confiance, qui m'aura pris le temps de lire et de répondre. Et puis, je préfère mille fois ça à vous téléphoner. Vous êtes en consultation, vous êtes occupé, on n'a pas la tête à ça. Moi, je préfère beaucoup plus les demandes écrites quand j'ai des questions à poser à mes confrères. C'est plus clair, c'est plus propre, vous pouvez lire. je ne suis pas un adepte du coup de téléphone. Ou alors, c'est quand vraiment je suis dans la panade.

  • Speaker #0

    Voilà, dans des situations très particulières, où tu as besoin d'une réponse rapide. Mais c'est vrai qu'on peut se réjouir que là, on est dans une période où on parle de nouvelles conventions médicales, de valorisation de travail pour justement beaucoup la médecine générale. Et c'est important parce qu'elle a besoin d'être revalorisée, elle a besoin d'être attractive. Il y a de moins en moins de généralistes qui s'installent. Donc ça, je trouve ça aussi super d'avoir des outils, dire voilà, on n'est pas seul derrière son... son bureau avec le patient en face de nous qui nous regarde avec des grands yeux et on ne sait pas quoi faire. C'est vrai que j'apprécie beaucoup aussi travailler comme ça et c'est vrai que je tire aussi mon chapeau sur Vindox. C'est assez amusant des fois parce que on me sollicite pour un électrocardiogramme et il se trouve que je suis devant mon PC donc je réponds à la demande et des fois le patient est encore devant le médecin généraliste à dire mais attendez je ne comprends pas, vous avez sollicité un cardiologue et vous avez déjà un avis sur l'électrocardiogramme. Évidemment ça ne se substituera jamais à... Je pense que c'est important de le rappeler aussi, parce que pour les personnes qui nous écoutent, la télé-expertise est vraiment, comme son nom l'indique, une expertise sur un domaine particulier, pas dans la situation d'urgence, parce que en ce qui concerne les douleurs thoraciques et l'électrocardiogramme, en tout cas, il y a des réelles urgences vitales. Mais je le note dans mon activité quotidienne, c'est de plus en plus présent et comme tu le dis, ça évite des fois des consultations de cardiologie qui, pour par exemple le patient diabétique qui va bien, on recommande un électrocardiogramme annuel. c'est pas éviter la consultative cardiologie, mais c'est peut-être fluidifier les soins, et en tout cas c'est important de s'exprimer valorisé.

  • Speaker #1

    Et à ne pas confondre avec les cabines de téléconsultation, qui ça c'est un danger absolu, c'est quelque chose que je ne vais absolument pas recommander, où là il n'y a pas l'œil du médecin, son médecin en face c'est quand même extrêmement important, c'est une solution où dans des endroits où il n'y a plus de médecin, je comprends qu'elle se développe, mais je ne suis pas sûr qu'il faille l'encourager et la développer autant que ça peut être le cas. On parle des compérages, où on n'a pas le droit de faire certaines choses, et on voit des cabines de téléconsultation dans des lieux de soins, dans des pharmacies, ou même maintenant dans les supermarchés, dans les aéroports, dans les hauts SNCF. Bon, ça c'est un autre débat, mais à ne pas confondre en tout cas la téléexpertise et les cabines de téléconsultation.

  • Speaker #0

    Je vais en effet resituer exactement ce à quoi correspond la téléexpertise. En fait, c'est votre médecin généraliste ou spécialiste d'organe qui va en fait demander à un autre... Le médecin, via un réseau de soins numériques, une demande pour orienter une prise en charge. Donc en fait, il rédige un message. Il peut associer sur une des pièces jointes des éléments médicaux. Ça peut être en effet un électrocardiogramme, une photographie, par exemple, un tympan, un grain de beauté. Et puis l'envoyer sur cette plateforme pour solliciter un médecin qui va répondre et rendre un avis qui engage aussi la responsabilité. Donc voilà, c'est pas en effet, comme tu disais, un coup de fil et qui se glisse entre deux. dans le dossier du patient. Donc l'avis est rendu et il permet de raccourcir les délais. Et voilà, moi je ne peux que me réjouir de cette solution qui est mise en avant, c'est vrai qu'on en parle longuement. mais il n'était pas évident qu'elle soit dans le droit commun pérenne, et il y a peut-être une tendance à ce que ça soit quand même bien avant.

  • Speaker #1

    Mais ça se développe, maintenant tu as les podologues qui peuvent solliciter les dermatos, sur des brisions de pieds, des choses comme ça. Tu vas avoir les infirmières qui peuvent nous demander aussi, ça se développe pas mal.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment super. Merci pour cette petite parenthèse, en tout cas, sur la façon dont vous travaillez. C'est vrai qu'il y a l'activité de consultation, les patients sont face à face, ça y a un lien. privilégié et un contact en tout cas physique, puisqu'il y a l'examen clinique qu'on ne pourra jamais substituer justement dans une cabine, malheureusement manque de médecins, mais pour pallier en tout cas à cette situation particulière, on a la chance d'avoir ces outils-là pour aider les gens en fait, tout simplement. Je vais te parler un peu d'une situation que j'ai vécue, je me souviens un jour d'une petite digression, mais une anecdote que j'ai vécue avec une patiente pour resituer un peu plus personnellement la relation que je peux avoir avec les gens. J'ai une fois une dame de cinquantaine d'années qui s'est installée dans mon bureau et puis je la sens pas forcément très à l'aise. Alors je lui demande est-ce que tout va bien et là elle me dit écoutez oui ça va mais c'est juste que je m'attendais pas à avoir quelqu'un comme vous. Alors sur le coup je me dis je vais essayer de le prendre du bon côté de la chose parce que c'est un peu flou comme réponse. Et puis elle me dit en fait c'est juste que vous faites quand même très jeune. À l'époque, j'avais 30 ans, je venais de m'installer à la clinique Mathilde à Rouen, mais c'est vrai qu'on est quand même assez loin du père Fouras avec sa barbe grisonnante du vieux savant fou, en tout cas pleine de sagesse. Mais voilà, je pense quand même que, je dis ça parce qu'il y a beaucoup de mes collègues, et plus pour le coup les femmes malheureusement, c'est ancré. Je voyais dans les visites, quand il y avait le médecin femme et les étudiants hommes, les patients avaient plus tendance souvent à s'adresser. à l'étudiant homme qu'au médecin femme. Et voilà, c'est toujours surprenant, mais c'est encore un peu ancré quand même. Mais voilà, à cette époque-là, donc j'avais 30 ans, je pense qu'on est quand même assez légitime à soigner parce que j'étais quasiment un peu plus de bac plus 10 puisque j'ai fait mes études d'une traite. À l'époque, j'avais même deux ans de plus, puisque j'avais fait un poste internat de deux ans entre le CHU de Rouen et l'hôpital des Feux-Grais à Elbeuk. Donc voilà, je n'avais plus grand-chose à prouver. Mais toi aussi, tu fais quand même assez jeune. Et est-ce que c'est des choses qui t'avaient posé problème à l'époque, quand tu t'es installé ? Est-ce que ça t'a mis en difficulté ? Est-ce que ça t'a un peu éveillé, comme moi j'ai pu le ressentir même encore jusqu'à assez longtemps, un peu ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #1

    Alors je vois que tu veux me flatter, j'ai jamais fait trop trop jeune globalement, j'ai grisonné assez vite et tout ça, donc globalement j'ai pas de barres et ça. Non et ça, je suis à un rebours de la mode. Et j'ai jamais eu trop le problème de faire trop jeune, ça non, j'ai été rattrapé par mon âge maintenant, où je fais plus mon âge, j'ai jamais eu ce souci là. Ensuite, oui bien sûr, le fait d'être un homme, ça aide. Alors, moi je ne suis pas étonné, contrairement à toi, c'est normal. C'est qu'à l'époque, les docteurs, c'était majoritairement des hommes. Donc pour les gens qu'on a majoritairement en consultation, qui sont des personnes d'une génération ou deux précédentes, le docteur c'était un homme. Donc quand il y avait un mec, c'est le docteur et la fille c'est l'infirmière. Ça rend des folles masseurs et voilà, quand elle passait X temps à expliquer à un patient avant de l'opérer ce qu'elle allait faire et tout ça, et qu'à la fin il disait je vois quand le docteur Voilà, mais ça va changer. Actuellement, il y a une majorité de femmes en deuxième année, il y a une majorité de femmes dans les études, et donc on va avoir une majorité de femmes médecins. Et donc, quand nous, on sera des petits vieux, nous, on s'attendra à ce que le docteur, ce soit la femme, et que le garçon à côté, ce sera peut-être un infirmier, que ce sera peut-être quelqu'un d'autre, et voilà. Et je pense qu'en fait, c'est juste que ça évolue, et que c'est une histoire d'habitude, tout simplement. Voilà, moi ça ne m'étonne pas, ça me fait plus sourire. Oui, je suis d'accord. Donc voilà, après la jeunesse, alors moi j'ai remplacé là où je me suis installé, un médecin qui était de la génération de mon papa. Ce qui est plus difficile au-delà de l'âge, c'est les habitudes. Chaque médecin a des habitudes un peu différentes, des pratiques parfois un petit peu différentes, des façons d'expliquer un petit peu différentes. Et donc, c'est ça qui peut un peu perturber les habitudes d'un patient. On peut être moins souple sur certaines choses, peut-être plus sur d'autres. Et puis là aussi, les générations, elles évoluent. Et donc, du coup, l'activité n'est pas pareille, la gestion n'est pas pareille, l'organisation de la consultation n'est peut-être pas la même. Et donc, c'est peut-être plus ça où il faut arriver à... Mets-ça patte. à la faire accepter dans cette façon d'exercer. Quand les gens viennent pour un problème de peau, on ne prenne pas leur tension. Ce n'est pas une mauvaise prise en charge. Il y a une génération aussi où c'est comme ça. Donc, je dirais plus gagner ses galons et puis arriver à faire comme on souhaite le faire. Oui, dans des habitudes qui ont été prises avant.

  • Speaker #0

    Je vais te raconter une anecdote, parce que justement, ça m'a fait sourire quand tu dis ça. J'étais interne de cursus, donc j'avais 27 ans. Je vois une dame de 85 ans par là qui me dit, j'ai fait des malaises, on lui fait un électrocardiogramme. Il se trouve qu'elle avait des anomalies sur son électrocardiogramme qui justifiaient la pose d'un pacemaker. Donc je lui dis, voilà, écoutez madame, vous avez fait un malaise, votre électrocardiogramme n'est pas normal, il va falloir vous poser un pacemaker. Et puis, avec une certaine bonhomie, elle me dit, vous savez, écoutez, j'arrive à 85 ans. Il faut bien mourir de quelque chose. Voilà, j'ai fait ma vie. Je me dis, écoutez, c'est peut-être un peu dommage, parce que j'estime quand même que vous avez un bon état général, et c'est quelque chose d'assez peu invasif, un pacemaker. Et voilà, c'est une procédure qui prend peu de temps, finalement, qui est très bien rodée, et ça se passe bien. Elle me dit, écoutez, laissez-moi tranquille, je n'y pense pas. Ça m'embête, vous n'allez pas quand même décéder du fait d'un problème de conduction. Et je me dis, écoutez, est-ce que vous avez de la famille qui est là ? Donc elle me dit, oui, il y a mon fils, on était aux urgences. Elle me dit, oui, oui, il y a mon fils. Je dis, bon, écoutez, vous m'autorisez à lui parler. Donc je le reçois dans le box où elle était, avec son fils. Et puis, je m'étais évidemment présenté en tant qu'inter de cardiologie. Médecin, on va dire, mais pas titulaire thésé de cardiologie. Mais c'était quand même moi qui m'occupais d'elle. Et puis, le fils me dit, regarde sa mère, il dit, écoute maman. Tu vois là le monsieur, il est en train de t'expliquer que demain tu vas voir un vrai cardiologue qui te dit qu'il va poser un pacemaker. Et bon, là on serre un peu les dents, je dis que tu ne peux pas intervenir dans le spectacle là en train de faire semblant. Donc voilà, c'est des petites anecdotes mais qui font sourire. Et dans le flot, c'est vrai que j'avais souri. Voilà, c'est des petites choses qui agrémentent notre quotidien.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qu'on a tous vécu.

  • Speaker #0

    Oui, c'est assez amusant. Mais c'est vrai que quand on se positionne, je le vois avec les jeunes internes quand ils arrivent à faire des gardes, Ils sont des fois confrontés à des urgentistes, médecins urgentistes, qui ont 50 ans, 60 ans pour certains, et qui nous sollicitent alors qu'on a 25 ans. Et ce n'est pas facile pour nous toujours, parce qu'on est vraiment dans la posture de le cardiologue. Ça représente quand même quelque chose pour beaucoup des patients. Donc voilà, c'est des petites choses qui nous renforcent au quotidien. Mais c'est quand même toujours avec beaucoup de sympathie, je trouve. Il n'y a pas toujours de... ...de défiance.

  • Speaker #1

    C'est pas méchant, c'est une méconnaissance. Et à leur place, si on était... On aurait peut-être fait la même chose.

  • Speaker #0

    Ça fait d'accord. Pour revenir à tes passions, quand ils reviennent justement de leur rendez-vous de chez le Quintuple, est-ce que tu notes des choses qui reviennent assez souvent ? Ça m'intéresse parce que finalement, moi, je ne vois pas l'amour et l'aval des consultations. Est-ce que, par exemple, des fois, des choses que je peux noter, c'est genre, j'ai rien compris ou il ne m'a rien dit, il ne m'a rien expliqué. Est-ce que c'est dit ? parce qu'ils veulent avoir plus d'informations parce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils n'ont vraiment rien compris ? On passe du temps quand même à expliquer et ce n'est pas toujours facile.

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre, ça va dépendre des médecins et ça va dépendre des patients aussi. Après, c'est vrai qu'il y a deux choses. Alors, tu as les patients qui vont être plus facilement... accessibles à des explications par le praticien, qui vont mieux retenir. Les patients qui ont un petit peu de troubles cognitifs, de choses comme ça, un peu sourds, ça va être plus compliqué. Ils ne vont pas oser vous faire répéter, ils ne vont pas oser demander. Moi, quand je fais un courrier, déjà, j'essaie de faire l'effort d'avoir beaucoup de contexte, beaucoup de détails et d'avoir une question. Parfois, j'ai une question qui m'importe et donc j'essaie de la poser. Plus la question est mieux formulée. Plus tu pourras y répondre mieux et plus tu feras l'effort de mieux y répondre. Je n'ose pas imaginer le nombre de fois où tu as des courriers, bilan cardio, point. Je me suis toujours dit aux urgences, quand on reçoit des choses comme ça, je n'ai jamais dit que je ne ferais ça et donc je m'efforce toujours. Surtout que c'est l'avantage maintenant de l'informatique, c'est qu'on peut quand même avoir... Beaucoup d'informations à vous transmettre assez facilement. Ensuite, sur le retour, ça dépend. Les patients qui disent, bah oui, il m'a dit que ça allait bien, qu'il me faisait une échographie, ou alors, il me revoit dans un an, très bien, parfait. Tu vas avoir les patients qui vont dire, oh, bah, je sais pas trop, qui vont être un peu évasifs. Et tu vas avoir ceux qui vont dire, bah, il m'a pas parlé, mais il a parlé dans son truc, il va vous envoyer un compte rendu. Bon, dans ce cas-là, on attend le compte-rendu et on voit. Après, c'est vrai que c'est très agréable quand les patients y sortent et qu'ils ont compris. Voilà. Mais avec n'importe quel spécialiste, de toute façon, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Ça, oui, je le note. Ce qui n'est pas toujours facile, et je le vois, parce qu'au secrétariat, des fois, les gens sortent du rendez-vous et puis on leur explique pourquoi on fait des examens complémentaires. Et ça arrive que des fois, ils posent la question à nos secrétaires de dire Mais pourquoi il me fait cet examen-là ? En fait, les gens ont peur. Et l'émotion fait que ça brûle complètement le... Les schémas cognitifs qui les amènent à réaliser que peut-être il y a des examens, c'est grave, on a besoin d'éclaircir une situation. Et je voulais savoir comment toi, tes patients rejeudaient de ce rendez-vous-là. Donc oui, c'est évidemment dépendant du patient lui-même, du médecin.

  • Speaker #1

    Et puis on a parfois les patients qui disent, je lui ai dit que j'allais vous demander, il m'a dit qu'il fallait faire une échographie du cœur, mais qu'est-ce que vous en pensez ? Je dis, c'est une cardiologue dont c'est le métier de tous les jours et dit qu'il faut le faire. Je ne peux pas dire mieux que lui, vous savez, c'est très flatteur, c'est très gentil, mais...

  • Speaker #0

    Chacun son peu bête.

  • Speaker #1

    Oui, si on lui demande.

  • Speaker #0

    Je vois de plus en plus quand même un peu de défiance des patients envers la médecine. Alors, ça peut être sur les médicaments. C'est vrai qu'on a connu beaucoup de scandales sanitaires. Il y a eu le Mediator, les statines, on a beaucoup parlé de ça. Et je pense que ça fait beaucoup de tapage, malheureusement, puisque ça reste des super médicaments et je reviendrai dans d'autres émissions. Mais en tout cas, je note quand même que l'accès à l'information, les réseaux sociaux... Ça crée beaucoup de bruit, ça amplifie en fait ces phénomènes de peur. Je pense que ce n'est vraiment pas forcément de la défiance à mauvais escient de la part des gens, mais en tout cas, on remet beaucoup plus en question l'information. C'est vrai qu'on a tous le droit à cette information maintenant, l'Internet le permet, mais il y a quand même cette impression un peu se leurre de croire, parce qu'on a accès à l'information, en tout cas on a les moyens de maîtriser ce qu'on lit, est-ce que c'est quelque chose que toi tu notes dans ta pratique ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, dans nos pratiques déjà personnelles, l'accès à l'information, heureusement qu'il est là et c'est super. Plusieurs fois par jour, on va vérifier des choses, que ce soit sur les bases de données de médicaments, que ce soit sur des sites d'aide au diagnostic, ou à la décision médicale plutôt, les antibiotiques, on peut citer AntibioClic, qui est absolument génial et qui est une aide au quotidien pour avoir les bons traitements, les bonnes durées, les bonnes posologies. Donc ça, c'est extrêmement utile pour se mettre à jour sur certaines choses, sur certaines évolutions de calendriers vaccinaux, de choses comme ça. Récemment, il y a beaucoup de cas de rouge-jaune, donc on va revérifier, peut-être revacciner les adultes, ce qu'on ne faisait pas jusque-là. Donc toutes ces choses-là, elles sont essentielles pour aller plus vite. Ensuite, effectivement, elles peuvent être délétères. La qualité des informations, la source des informations, c'est le problème. Et puis, on veut un peu croire ce qu'on veut. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un biais de sélection.

  • Speaker #1

    C'est ça, on peut faire dire ce qu'on veut à n'importe quoi. On l'a beaucoup vu et beaucoup subi avec le Covid notamment, parfois pas aidé par d'anciens éminents docteurs qui sont un petit peu passés du côté médecin au côté du patient et qui ont fait beaucoup de mal dans la tête des gens, mais aussi parfois des émissions. Il y avait eu une émission sur les statines, t'en parlais, je crois que c'était Arte. Je t'avouerai que je l'ai... Je ne l'ai même pas revu. Mais j'ai eu plusieurs passions. Ah bah, je l'ai arrêté parce que j'ai vu que... Ou alors, ah bah, dis-le donc, j'ai vu ça. Qu'est-ce que vous en pensez ? Donc là, c'est déjà beaucoup plus constructif. Et il y a des gens qui sont absolument persuadés des choses et c'est impossible. Donc, nous, on les voit régulièrement. Donc, on leur dit régulièrement. Mais à un moment, je ne peux pas décider pour eux. Je ne peux pas les forcer. Donc, je leur dis, écoutez, je note. Et puis, si vous changez d'avis, on en reparle. vous pouvez changer d'avis quand vous voulez. Donc, oui, la source d'information, elle peut être bénéfique, comme elle peut être délétère, mais comme dans tous les domaines de toute façon.

  • Speaker #0

    Tout comme il n'y a pas plus sûr que celui qui ne veut pas entendre. On accompagne les gens, on est là pour les aider, les orienter, mais en tout cas, on est moins dans une transmission verticale de l'information où on faisait force de... C'était même plus de persuasion, mais d'autorité. Je pense que notre rôle, maintenant, il est beaucoup plus sur le... Justement, l'accompagnement et l'éducation des gens, après ils prennent leurs décisions, à bonnes ou à mauvaises échéances, mais il ne faut évidemment pas que ça soit délétère pour eux. Ce n'est pas évidemment toujours facile pour nous, puisque les statines, évidemment, c'est un médicament un peu un pilier en cardiologie, et je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, pourquoi on a tiré à boulet rouge sur ce médicament. Il a des effets indésirables. mais il aide aussi beaucoup de personnes. Et il n'y a pas de débat, comme je peux le voir pour certains, quand les gens ont eu un infarctus ou un AVC sur une cause athéromateuse, que ce soit une plaque qui se met au niveau des artères et qui bouche une artère, là, il n'y a pas de débat. Mais encore, assez régulièrement dans mon quotidien, je vois des gens qui remettent en cause ça. Et je pense que c'est donc... L'information, elle est toujours utile, mais quand elle est accompagnée, orientée. Donc voilà, tu partages un peu cette avis-là.

  • Speaker #1

    Je donne l'aide.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me... On va parler de l'observance. L'observance, c'est la propension des gens à suivre leur traitement. C'est une donnée de santé qui est en cardiologie catastrophique. Quand je dis catastrophique, c'est quand on regarde les gens qui ont de l'hypertension artérielle, le pourcentage de personnes qui suivent bien leurs médicaments et les règles indigènes de vie, il n'y a pas que le médicament dans l'hypertension artérielle, on se rend compte que les gens sont... sont assez peu à suivre ces mesures-là. Alors on sait qu'en cardio, on prescrit quand même très vite beaucoup de médicaments. C'est souvent mis dans l'urgence. Par exemple, dans la suite d'un infarctus, quand il est pris à temps, on peut espérer en tout cas à terme avoir que deux médicaments. Ça sera de l'aspirine pour la plupart du temps et une statine qui fait baisser le cholestérol et qui agit sur les plaques dont j'ai parlé au niveau des artères, notamment du cœur. Mais en tout cas, quand les choses vont moins bien, c'est tout de suite une rafale. Deux médicaments, huit, voire dix médicaments qui sont tous indépendants, qui ne se substituent pas, et c'est très dur à vivre pour les gens. Alors, quand toi tu les revois en post-infarctus, ou de l'insuffisance cardiaque par exemple, les gens ont été essoufflés et puis ils vont voir le cardiologue, et on leur dit votre cœur fonctionne mal, la pompe est défectueuse, et donc il va falloir l'aider à mieux fonctionner Et donc ça c'est au prix assez régulièrement de médicaments. Comment les gens vivent ça, toi, quand tu les revois en consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre un peu du contexte, effectivement. Le patient qui a eu une pathologie avec des symptômes, symptomatique, qui va avoir eu une coronarographie, un stent dans l'artère, qui va avoir une douleur dans la poitrine, partie en SAMU et tout ça, ce patient-là, ça l'embête, mais en général, sur le moment, il se rend bien compte qu'il est plutôt content d'avoir tout ça. Ça va être plutôt sur la durée, ou parfois ça va être un petit peu plus compliqué, et puis il y a effectivement passé de... il y a des gens, ils sont en pleine forme, ils font 20 km deux fois la semaine de course à pied, et puis boum, ils font un infar, ils ressortent avec des médicaments, et ils passent dans un monde qu'ils ne connaissent pas, et qui est sûrement extrêmement angoissant quand ça arrive. La plupart des gens, je pense, sont quand même observants, en tout cas moi j'ai l'impression, après peut-être aussi que les non-observants on les voit pas. Après, parfois, tu as toujours des patients qui viennent renouveler une ordonnance faite il y a six mois, qui était de trois mois, et qui te disent qu'ils prennent tous leurs médicaments. Donc, il y a un côté mathématique.

  • Speaker #0

    Je le fais régulièrement, ce constat-là.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un côté mathématique. Ensuite, moi, sur l'observance, ce que je dis à mes internes et ce que je fais, par exemple, sur un patient qui sort de la clinique où il y a eu beaucoup d'informations, beaucoup de choses, souvent, je reprends ligne par ligne, en fait, les médicaments, et je dis, est-ce que vous savez à quoi ça sert ? Et je leur dis à quoi ça sert. Et en fait quand tu leur dis ce médicament là il faut le prendre parce que ça évite de reboucher ou de décoller une plaque, de faire un AVC, une embolie ou un infarctus, et bah ça change tout de suite un petit peu la donne et ça motive un petit peu. Et ensuite il y a un truc qui quand même aide beaucoup, c'est toutes les formes combinées de médicaments où parfois on a deux molécules dans un seul comprimé. Donc le fait de limiter le nombre de comprimés, ça ça peut aider aussi mais parfois on n'a pas le choix, il y a beaucoup de médicaments effectivement mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Et oui, malheureusement, on fait du mieux qu'on peut. On est conscient qu'on ne met pas un médicament par plaisir aux gens. On est toujours à essayer d'alléger au plus. Et on sait que la polymédication, c'est-à-dire le fait de prendre beaucoup de traitements, peut être délétère. On parle même de iatrogénie, c'est-à-dire de maladie, si on pourrait dire ça comme ça, induite par les médicaments. Alors, ce n'est pas facile parce que les médicaments ont aussi des effets indésirables, mais ils ne doivent pas nuire. Et c'est toute cette fameuse médecine sur mesure qu'on essaye de mettre en place pour que les gens... En fait, le minimum de médicaments efficaces, c'est parfois du fait du terrain du patient, une insuffisance rénale, un patient qui va chuter, on pense qu'il est peut-être plus raisonnable de l'arrêter, même si l'arrêt de ce médicament peut être délétère dans la situation médicale du patient. Alors voilà, on est un peu au jour le jour, on fait qu'adapter. Et je voudrais rappeler l'intérêt comme ça, en tout cas pour les patients auditeurs qui m'écoutent, c'est que le renouvellement de traitement, ce n'est pas recopier une ordonnance de médicaments, c'est faire un point sur la situation globale du patient et se mettre dans... Aujourd'hui, vous avez ces médicaments-là. Est-ce qu'on le prolonge ? Est-ce qu'on le réévalue ? Est-ce qu'il est toujours utile ? Est-ce qu'il n'est pas à risque dans votre état ? Pour vous éviter des problèmes, en fait, parce que les médicaments en cardiologie sont très puissants. Et tous les jours, je me retrouve à arrêter des médicaments parce que... La personne, je pense que ça peut lui être très délétère. Je parle notamment de l'hypotension orthostatique, ce sont des baisses de tension quand les gens vont souvent se lever assez vite et qui sont potentialisées par les médicaments contre la tension. Alors évidemment, ce que je ne dis pas, c'est que les traitements sont nécessaires, mais parfois, quand les gens ont des symptômes, on sait qu'ils ont plus de risques, si on devait dire ça comme ça, de décéder d'une chute. que d'avoir une tension artérielle bien équilibrée. Et c'est très difficile pour nous en pratique. C'est très vrai en gériatrie, donc pour les personnes qui ont un certain âge. Donc écoute, merci pour ton regard sur l'observance. Je vois qu'on a les mêmes difficultés et en reprenant un par un les traitements, c'est vrai que ça les aide. Est-ce que tu peux me parler un peu de la réadaptation cardiaque ? C'est vrai que moi en tant que cardiologue, je prêche pour ça puisque je fais beaucoup d'activités non-invasives. Je suis toujours un peu surpris de voir qu'on est beaucoup dans le curatif. Et c'est vrai qu'il y a parfois ce réflexe presque simple de dire un diabète, un traitement, du cholestérol, un traitement, etc. A chaque problématique, son médicament, si on peut dire ça comme ça. Mais il y a une chose sur laquelle je suis persuadé et je le dis très ouvertement, sur laquelle on ne mise pas assez, c'est la... La réadaptation, puisqu'il y a une approche globale du patient sur son traitement, évidemment sa maladie, mais aussi le fameux réentraînement à l'effort qui est un peu décrié, les gens ont du mal à s'y mettre. De plus en plus, on parle de sport santé, de prescription d'activités physiques adaptées. Je presse jour et nuit pour ça, je pense qu'on n'a pas assez de moyens pour ça, alors que ça ferait vraiment, en termes de prévention et de politique de santé, ça serait génial. On manque de moyens, pas juste financiers, mais aussi techniques et humains. Est-ce que toi, c'est quelque chose que tu mets en place ? Comment c'est vu par tes patients ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    La réadaptation cardiaque, elle est clairement post-événement cardiovasculaire, donc elle est post-infarctus, elle est post-passage clinique, hôpital et tout ça, et donc elle est mise en place par les cardiologues qui vont avoir pris en charge le patient. Donc moi, je ne suis pas vraiment directement concerné, en tout cas, je ne vais pas l'instaurer. C'est effectivement quelque chose qu'on connaît, je pense, mal, nous aussi. Par contre, effectivement, le patient qui me dit Ah, le cardiologue, ils m'ont dit que ce serait bien de faire je leur dis Bah oui, bien évidemment. Faites, ça permet de renforcer, c'est un muscle, il faut le faire travailler. Pour éviter d'en être plus malade ou en tout cas d'en avoir plus de symptômes, je ne peux qu'encourager les patients qui me posent la question. Mais on n'est pas dans la chaîne décisionnaire, j'ai envie de dire. On arrive après.

  • Speaker #0

    Justement, c'est ça qui est assez troublant et c'est intéressant ce que tu me dis, parce qu'en fait, je constate quand même qu'au sein même des cardiologues, la prescription de réadaptation cardiaque n'est pas assez mise en avant. Les gens en suivent peu, mais je pense que tu vois, si les collègues généralistes étaient aussi plus sensibilisés à ça, vous pourriez tout autant le prescrire en fait. Pas forcément en prévention secondaire, aussi en prévention primaire, parce qu'une personne qui est en affection longue durée, c'est-à-dire que la sécurité sociale... L'État reconnaît une maladie chronique pour un patient et qui lui permet d'avoir une exonération de ses soins, en tout cas sur un tarif classique, opposable, et bien ils peuvent bénéficier de ces réadaptations cardiaques. Donc le patient diabétique, le patient qui a de l'insuffisance cardiaque, alors évidemment sur la prévention secondaire, si on peut dire ça comme ça, mais la maladie est un peu insidieuse, et on a toujours tendance à penser que la réadaptation concerne le post-infarctus. ou le post chirurgie cardiaque de pontage notamment au Deval. Et en fait, ce n'est pas assez prescrit. Alors voilà, on y pense beaucoup. On essaye de voir comment on peut aussi nous, à notre échelle, le mettre en place. Mais c'est très difficile et pourtant, je pense que c'est essentiel. Et voire même, je peux te dire, dans la revascularisation coronaire, on est beaucoup moins invasif pour la pose des stents. Et parfois même, c'est un. Le traitement, le seul traitement proposé chez des patients qui ne sont pas forcément revascularisables, où on n'a pas forcément envie d'aller mettre des stents, on leur dit vous avez le médicament d'un côté, mais on va vous faire faire de la réadaptation cardiaque, du réentraînement à l'effort, et vous verrez, c'est un traitement Ce n'est pas facile parce que ce n'est pas perçu comme une thérapeutique à part entière. On a l'impression que c'est comme les gens sortent de l'hôpital, ils vont faire leur convalescence. Et je pense qu'il faut débunker beaucoup de messages autour de ça. Peut-être, du coup, toi aussi, dans ton quotidien, le proposer aux gens, alors même que le cardiologue, peut-être, ne l'a pas proposé. Ce n'est pas une volonté ou un oubli, mais des fois, c'est vrai qu'on est pris dans le flot. Et moi, ça m'est déjà arrivé de me dire, tiens, c'est vrai, ce patient-là, il aurait pu en bénéficier, je ne lui ai même pas proposé. Je le reconnais humblement, mais c'est vrai que cette case réadaptation, elle n'est pas assez mise en avant, alors que les résultats sont incroyables. Et ça, je reviendrai dans d'autres émissions, parce que la réadaptation, c'est pour moi un peu le parent pauvre de la cardio, alors que c'est essentiel. Petite question, si on te donnait une baguette magique, alors on n'est pas sur des contes de fées, mais est-ce que tu changerais quelque chose dans le système de santé vis-à-vis de la prise en charge cardiologique ? Je ne vais pas te faire une approche globale de la santé en France, mais sur la cardio, est-ce qu'il y a quelque chose ? Si tu es une petite fée avec une baguette, est-ce que tu ferais quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors là, Grégoire voit mes grands yeux écarquillés. C'est compliqué, je veux dire, tout le monde s'y casse les dents. Il y a toujours des problèmes de toute façon. de moyens, de budgets, de choses comme ça, qui sont des... Des données bien compliquées, bien compliquées. Ensuite, je pense que globalement, que ce soit la cardiologie ou la médecine, globalement, c'est toujours ce problème d'attractivité. C'est l'administratif, c'est les charges, c'est toutes ces choses-là pour favoriser tout simplement les jeunes à s'installer, à travailler en ville, à faire du libéral et tout ça, qui est un domaine qui peut faire peur. Et donc, ça, ça peut. Et puis ensuite, après... C'est aussi qu'est-ce qu'on veut faire de notre système de santé. Il y a des choses sur lesquelles je suis beaucoup plus limitatif. On parle des infirmières en pratique avancée qui vont jouer au docteur, je vais avoir des hurlements. Je pense que les IPA ça peut être extrêmement bien et on le sait à l'hôpital peut-être ou en clinique et des choses comme ça. Mais la volonté de créer des choses comme ça en ville pour pallier un manque de médecins c'est... ...dans mon point de vue, quelque chose qui ne va pas être bénéfique aux patients. Ce n'est pas le même métier, ce n'est pas les mêmes choses, c'est de la rustine. Je suis persuadé qu'elles ont envie de bien faire, les dames qui font ça et les messieurs qui font hyper. Néanmoins, c'est un peu la cabine de téléconsultation humaine. Mais voilà, après je ne peux pas non plus... Jeter la pierre au fait que les pouvoirs publics essaient de trouver des solutions, même si ce n'est pas celle que j'aimerais entendre, mais ce n'est pas moi qui décide de toute façon.

  • Speaker #0

    Donc si j'essaie un peu de te comprendre, la baguette magique, ce serait plus de médecins en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement c'est ça. Ensuite, il y a l'évolution aussi de la société et tout ça, la féminisation de la médecine, le fait que globalement on travaille sûrement moins en... en nombre de jours et tout ça que la génération précédente. Et je veux dire, c'est pas un gros mot.

  • Speaker #0

    Et je pense que les générations A qui arrivent, la génération Z, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est pas un gros mot. Moi, je travaille beaucoup moins que travaillait mon papa. Il y a une féminisation de la médecine qui a aussi une volonté, les femmes médecins, de s'occuper peut-être plus des enfants que ne faisait le monsieur, il y a 40 ans, qui était le docteur. Et ainsi de suite, donc j'ai moi le premier, je prends du temps, j'aime aller une fois par semaine chercher mes enfants à l'école, pour être disponible s'il y a une activité à l'école ou des choses comme ça, pour accompagner, donc voilà, je m'inclus dans tout ça. Et puis il y a la surspécialisation, la modernisation de la médecine, avant t'avais un cardiologue qui faisait toute la cardiologie, maintenant t'as un cardio qui fait la cardio de ville, t'en as un qui fait de l'arithmo, t'en as un qui va faire... de l'interventionnel, tu en as un qui va te faire du rythme, de la conduction, j'ai vu qu'on pouvait distinguer les deux choses, comme tu l'as dit tout à l'heure, et ainsi de suite. Donc, il faut plus de médecins aussi pour faire la même chose qu'avant. Donc, mis bout à bout, c'est sûr que c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Ça, c'est vrai que c'est ce que tu... Je rebondis un peu, mais la sur-spécialisation en cardiologie, j'ai un patient, par exemple, qui est venu une fois, il avait des palpitations. Donc je lui fais un électrocardiogramme, on lui découvre de l'arythmie. Je l'envoie voir un rythmologue. Il se trouve que du fait de sa situation, son cœur fonctionnait mal, on lui fait une coronarographie. Il va voir un autre cardiologue qui s'occupe des artères. On lui pose un stent. Je le revois, je lui propose de la réadaptation cardiaque. Il voit un autre cardiologue. Et à la fin, il me dit, écoutez, je ne comprends pas, vous êtes cardiologue, mais j'en ai vu quatre. Tu ne dis pas oui ? En fait, on est sur-spécialisés et on est tous cardiologues, mais on a une activité des valences, on va dire, beaucoup plus particulière et ce n'est pas facile à suivre pour les gens. Je le reconnais. Il n'y a pas de compérage là-dedans. C'est une attitude tout à fait saine dans la relation de soins. Mais comme tu dis, je pense qu'en effet, on aspire de plus en plus à avoir aussi une vie personnelle. En fait, je fais une petite digression, mais on voit quand même, et si on prend les tendances actuelles, on considère que les jeunes installés, enfin les jeunes actifs plutôt, dans la vie du travail, la vie de tous les jours, vont changer plusieurs fois de métier. Et quand on est médecin, on peut changer de métier. On peut devenir médecin dans une structure administrative, dans une assurance, on peut être journaliste, on peut bosser pour un labo. Mais au final, on reste quand même médecin et on ne peut pas substituer nos études, comme tu le disais, pour les IPA. Je pense que c'est plutôt un travail en binôme. de partenariat, mais en tout cas, en effet, on ne remplacera jamais 10 années d'études. C'est comme ça. Mais en tout cas, on aspire aussi à avoir une vie épanouissante personnellement. Et on n'est plus... J'ai eu des patients qui m'ont dit, c'est pas comme avant. On pouvait prendre rendez-vous à 22h et le samedi. Eh ben non, ça n'existe plus en fait. Malheureusement, ça n'existe plus. Les plus jeunes médecins, et pas si jeunes que ça d'ailleurs, des fois les biomédecins m'ont dit Mais vous avez raison, je regrette d'avoir autant travaillé. Je suis passé aussi à côté de beaucoup de choses dans ma vie. On est dans un climat aussi beaucoup d'incertitudes économiques. géopolitique et la vie est courte finalement. Donc voilà, c'est une petite parenthèse pour resituer le rôle du médecin et sa vie personnelle.

  • Speaker #1

    T'as dit c'est comme ça, malheureusement. Donc je vois que tu veux rouvrir jusqu'à 22h le soir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je le dis parce qu'on manque de créneaux de consultation. Et je rebondis sur les lapins parce qu'en fait, aujourd'hui, beaucoup, beaucoup de consultations ne sont pas honorées. Alors, il y a eu un débat sur la fameuse taxe lapin. Certains m'ont dit vous faites ça pour l'argent. Je pense que c'est un non-débat. A mon sens, je pense que cette taxe-là, si on devait juste la considérer, elle devrait aller dans une enveloppe commune. Moi, je ne cherche pas à m'enrichir sur des patients qui ne viennent pas en récupérant une somme de 1, 2, 3, 4, 5 euros. J'ai déjà, au final, perdu suffisamment d'argent, puisqu'on est payé à l'acte. Donc, un patient qui ne vient pas, ça ne représente pas qu'une consultation qui n'est pas honorée. C'est aussi, finalement... Une partie de l'activité financière du médecin qui n'est pas honorée et en fait comme toute personne honorable travaille aussi pour un solde donc il faut pas non plus rougir et c'est pas tabou l'argent est un peu tabou en France mais je pense que cette fameuse taxe lapin elle a du sens et malheureusement il n'y a que à mon sens en touchant au portefeuille mais pas pour sanctionner mais pour responsabiliser les gens que les rendez-vous soient honorés alors on verra ce que ça donne mais voilà si on peut améliorer les choses de ce côté là C'est peut-être une bonne chose. Mais en tout cas, les médecins ont fait des carrières qui sont longues. Si on projette comme ça, on en a au moins pour 67 ans, donc plus de 35 ans d'activité de médecin, qui est une activité passionnante, très riche humainement, qui a son lot de routines, mais comme tout métier, mais il faut garder encore une envie. Et malheureusement, je vois beaucoup de mes collègues qui déboulonnent leur plaque et qui arrêtent la médecine générale à regret parce que... Il ne s'y retrouve plus dans les valeurs, dans le côté financier, on n'en parle pas assez, mais c'est une activité qui a moins d'actes techniques et donc moins rémunératrice. Mais voilà, je sais que les choses évoluent. On passe pour des nantis pour beaucoup de personnes, mais on a beaucoup de responsabilités et on a une expertise très particulière qui doit aussi être valorisée. Merci en tout cas de partager cet avis là-dessus, sur la vie personnelle aussi des médecins. Nous ne sommes pas des machines et on fait toujours du mieux qu'on peut. On est très dévoués pour nos patients. Je voudrais justement rappeler un peu le rôle central du généraliste, du médecin généraliste dans la prise en charge des patients pour le suivi en cardio. C'est vrai qu'on aime beaucoup parler de coordination. Mais parlons vrai, en tant que cardio, j'interviens, c'est pas ponctuellement, d'ailleurs on parle d'avis ponctuels de consultants, c'est une terme technique et aussi financée qu'on nous donne pour une consultation la plupart du temps. Donc voilà, dans la prise en charge, on pose un diagnostic, on oriente la prise en charge, ça va être un stent, un pacemaker, etc. Mais voilà, je trouve qu'on parle pas assez du rôle du médecin généraliste dans le suivi des maladies cardiaques, et je le dis d'autant plus avec certitude que j'ai des patients qui me disent non mais attendez, je comprends pas, j'ai pas l'intérêt d'aller voir un généraliste, ils vont me voyer une fois par an Qu'est-ce que tu me dis ? Qu'est-ce que ça fait écho à... ...Panthro ?

  • Speaker #1

    C'est très complémentaire de toute façon, et puis surtout le temps de consultation, d'un renouvellement du patient que nous on va avoir tous les trois mois et soit une fois l'année, ça va être surtout l'occasion de parler d'autres choses, de faire le point sur d'autres choses aussi. Alors on n'aime pas quand il y a une liste de questions de 25 choses différentes, mais profiter d'une consultation de renouvellement quand la personne va bien, pour faire une osculation cardiopulmonaire, voir qu'il n'y a pas un trouble du rythme. pour rappeler l'attention, insister pour parfois des auto-mesures à la maison, ça c'est extrêmement bénéfique, le fait que les appareils d'attention soient abordables désormais. Et donc ça va être un temps d'échange sur une santé plus globale, on parlait de vaccination, ça peut permettre de... de regarder le cutané, de pouvoir répondre à des questions et de prévoir les choses aussi. Tiens, vous renvoyez le cardiologue là, la dernière prise de sens et quand ? Tiens, on fait un bilan, est-ce qu'il nous en a prévu un ? Non ? Bah tenez, on va faire un bilan sanguin avant. Et voilà, si on a une question, on pourra reformuler une question avec un courrier en plus si jamais c'est nécessaire. Et voilà, je dirais que c'est simplement complémentaire.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je ne sais pas bien de quoi tu parles. Je rebondis là-dessus, sur l'éducation thérapeutique. Alors c'est un mot qui est un peu pompeux, c'est plutôt de l'information pour les patients, pour qu'ils comprennent les enjeux de leur maladie, des médicaments. Personnellement, je n'arrive pas à dégager assez de temps pour ça, et j'ai du coup l'aide, on parlait tout à l'heure des IPA, c'est vrai que c'est peut-être une activité qui peut être proposée, mise en avant pour accompagner les gens, coordonner, orienter, etc. J'ai la chance moi au cabinet d'avoir un infirmier très compétent en cardiologie, que je salue, qui s'appelle Florian. et qui est infirmier de cardiologie, il n'a pas la spécialité cardiologie, mais en tout cas, il a travaillé longtemps en cardiologie, qui est assistant médical. C'est un titre qui est maintenant reconnu auprès de l'assurance maladie et qui nous permet d'avoir un financement ancien. pour dégager en tout cas du temps pour les médecins. Et voilà, ça m'accompagne, ça m'aide au quotidien pour proposer un peu plus de temps médical pour les gens. Est-ce que toi, tu as justement quelqu'un qui t'aide à faire ça, cette éducation thérapeutique, cet accompagnement ? Non,

  • Speaker #1

    non, on n'en a pas. On profite de la consultation, en tout cas pour ma part, pour parler tabac, pour parler activité, pour parler tout ça. Donc, c'est plus des choses qui sont courtes et répétées. En fait, c'est des choses qu'on aborde régulièrement. Donc voilà, on n'a pas d'activité spécifique au cabinet, c'est des structures qui s'organisent pour avoir ça, sauf que la difficulté c'est que c'est des... Ce sont des structures qui sont validées par nos amis de l'Agence Régionale de Santé avec toute la complexité que ça a. Et clairement, je n'en ai absolument aucune envie. Ensuite, les assistants médicaux, avec les financements dont tu parles. Le problème, c'est que les règles du jeu, elles changent quand la Sécu, elle veut, comme elle veut. Et donc, du coup, oui, tu as une aide au financement, mais quand tu n'as plus de financement, et puis s'il y a un souci, puis machin, ça reste toi l'employeur. Et puis ensuite, la troisième raison, c'est qu'on n'a pas... Autant d'actes techniques que toi, on n'a pas autant de matériel que toi à manipuler. Et en fait, nous, le temps de consultation, moi c'est un quart d'heure la consultation, ça passe vite et je veux dire, si je rajoute un assistant médical qui va remplir le dossier, qui va prendre les informations, qui va me mettre le motif, voilà, et qu'en fait je viens juste pour mettre un coup de stéto, dire on fait ça, on fait ça, je m'en vais, c'est pas la vision de la médecine générale que j'ai et ce n'est pas celle que je veux donner.

  • Speaker #0

    Que beaucoup partagent, je l'entends.

  • Speaker #1

    C'est pas ça.

  • Speaker #0

    C'est généraliste. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui se fait dans certains pays, mais... on ne sait pas quel médecin on voit, on ne sait pas qui on voit et on n'explique pas bien ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord que sur des actes techniques, moi je m'y retrouve dans cette activité-là, parce que justement, quand il s'agit de faire un électrocardiogramme, une prise de tension, de poids, d'adapter parfois une tension, il y a des partages d'activités, des collaborations, on s'appelle la délégation de tâches, c'est vrai aussi pour l'échographie de plus en plus, on appelle ça des sonographeurs. Donc je suis d'accord qu'en médecine générale c'est peut-être aussi différent et on vous pousse à ça, alors qu'à mon sens je suis d'accord que ça ne s'y prête peut-être pas.

  • Speaker #1

    C'est une réponse politique à des questions des lecteurs.

  • Speaker #0

    Ça brille. Ça brille. C'est beau. J'entends très bien. Justement, je fais écho à ça avec le télésuivi. Tu en as peut-être entendu parler, le télésuivi de l'insuffisance cardiaque. Je fais une émission dédiée parce qu'en fait, on se rend compte que les gens qui ont de l'insuffisance cardiaque sont des patients à très haut risque d'hospitalisation et de décès. Pareil, je dirais dans d'autres émissions que ce à quoi correspond l'insuffisance cardiaque, mais il y a différentes plateformes qui sont mises en place. Personnellement, je travaille avec Satélia. J'espère les recevoir un jour pour essayer d'aborder ces problématiques-là. Comment tu vois ça de ton côté, le télésuivi de l'insurance cardiaque ? J'explique un petit peu. Il s'agit d'inclure des gens dans un réseau de soins par un prestataire de santé qui va mettre à disposition des patients un ou une infirmière et assurer une permanence des soins un petit peu dématérialisée pour voir un peu l'évolution de l'état de santé d'un patient et adapter des médicaments. Nous, en tant que cardiologues, on reçoit une alerte. Pour dire que ce patient-là manifestement ne va pas bien, il faudrait peut-être le revoir ou l'adapter, lui prescrire une prise de sang. J'ai eu un peu des retours négatifs de mes collègues généralistes parce qu'en fait c'est vu comme une substitution du suivi parfois. Comment toi tu le perçois ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas été beaucoup confronté, je réfléchis, mais dans ma pratique sur... Un télésuivi comme ça, moi spontanément je pense plutôt aux boîtiers de surveillance, aux choses comme ça.

  • Speaker #0

    Les pay-snickers, les subrisateurs qui font des alertes en effet.

  • Speaker #1

    Ou parfois, il y a quelque chose, je ne sais pas s'il marche, je ne sais pas s'il est branché, c'est ça. J'ai appuyé sur les boutons du bas, appelé le numéro qui est dessus, puis oui. Après, on sait qu'il y a les sorties accompagnées par les infirmiers, infirmières à domicile, post-insurance cardiaque, tout ça. J'ai parfois plus l'impression qu'il y a une lourdeur d'administration, de poids, de papier, de réponse, de machin, de truc, que d'efficient. Après, c'est ce que je te dis, je n'ai pas d'expérience particulière et donc je ne vais pas faire des cas particuliers.

  • Speaker #0

    Pas un avis de cause, c'est bien ou pas. Je n'ai pas d'avis. Tu as besoin aussi de l'expérimenter. C'est vrai que tu es dans ce table de plus en plus. Alors, il y a une participation, évidemment, de la sécurité sociale sur ces choses-là. Mais un petit mot, puisque ça m'intéresse forcément de près, puisque je suis confronté, c'est un des traitements maintenant du suivi d'un science cardiaque. Il y a même beaucoup de papiers qui ressortent sur une diminution de la mortalité et des hospitalisations. Entre guillemets, on pourrait dire que ne pas proposer cette solution aux patients, c'est une perte d'objet. Mais c'est vrai que ça rentre peut-être un peu dans les pratiques. Mais bon, encore une fois, j'y reviendrai. Justement, dans le prolongement de ça, un dernier sujet que j'aimerais aborder avec toi, sort peut-être un peu du cadre, c'est des projections sur l'avenir. On parle beaucoup de l'arrivée de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé. Est-ce que c'est quelque chose que tu attends ?

  • Speaker #1

    Alors, que j'attends ? Est-ce que je l'attends ? Je ne suis pas sûr que je l'attende parce que je pense que j'arrive à faire, j'espère correctement, mon travail sans. Après, elle va arriver et je pense qu'il faut qu'on l'attrape en vol. Il faut qu'on s'en serve parce qu'il faut qu'elle soit bénéfique. Après, de quelle façon ? Il va y avoir plein de choses différentes. Je pense que oui, c'est important et qu'il faut que ça nous aide. C'est un objet. On ne peut pas faire sans, enfin je veux dire, ce n'est pas possible. On parlait de photos, moi j'aime bien la photo. Dernière mise à jour du logiciel Lightroom, ils ont induit un petit peu d'IA pour retoucher certaines images, pour enlever des décors et tout ça, c'est bluffant. Pour enlever un poteau, un verre sur une table et tout ça, ça te reconstitue l'arrière-plan, c'est absolument bluffant. C'est mille fois plus facile que ce qu'il y avait avant. pour quelqu'un qui ne sait pas du tout me servir de logiciel, comme moi, par rapport à certains qui maîtrisent ça très bien. Mais donc oui, c'est bluffant. Ensuite, c'est comme tout, c'est bien, c'est pas bien, il y aura du bien, il y aura du pas bien. il y a des choses comme ça qui sont développées en IA, en médecine, où l'ordinateur écoute toute la consultation, retranscrit un compte-rendu.

  • Speaker #0

    Je pense à Nabla, désolé.

  • Speaker #1

    Je pense à Taina aussi, il y a ça.

  • Speaker #0

    Il y en a pas mal,

  • Speaker #1

    mais voilà. Ou effectivement, pourquoi pas. Après, moi, dans ma pratique, ce genre de choses, je pense que c'est moins utile. Parce que je tape vite, j'écris vite, et que j'ai mes petits raccourcis, et que globalement, je ne pense pas que ça puisse... Moi dans ma pratique, changer tout. Après, c'est sûr que ça doit pouvoir aider sur des consultations plus longues, des consultations d'annonces, des consultations où c'est bien, ou des médecins tout simplement qui ne sont pas à l'aise aussi avec leur clavier. Après, est-ce qu'ils seront à l'aise avec le logiciel d'intelligence artificielle, c'est un autre problème.

  • Speaker #0

    C'est vrai, une question de génération.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ensuite, je n'ai pas de cas concrets à l'IA. Ensuite, c'est toujours un problème de responsabilité derrière. C'est comme les trucs d'analyse de CG, des choses comme ça. Il faut voir, mais en tout cas, oui, je pense qu'il va falloir qu'on s'appuie dessus.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que de plus en plus, moi, je le vois comme un outil. En fait, je pense que ça peut nous aider. J'ai une grosse inquiétude là-dessus et peut-être j'essaierai de recevoir des personnes qui sont dans ce domaine-là de la santé. C'est la data. C'est moi ce qui me fait le plus peur. Comment gérer nos données ? À qui elles appartiennent ? On parle de serveurs, de cloud, etc. Elles appartiennent aux mains de gros groupes. On peut financiariser aussi ces données-là, on peut les trafiquer, on peut en faire un peu ce qu'on veut. Faute de support matériel, la donnée numérique va devenir la norme. Peut-être que ce sont des projections, c'est un peu plus philosophique. On n'aura plus les moyens de critiquer. J'en parlais avec des amis hier soir, de remettre en cause ce qui est vrai de ce qui est faux. Et peut-être quand tu regardes dans l'histoire, quand on voulait faire disparaître une information, on brûlait des livres, c'était les autodafés. Maintenant, les données peuvent être aussi falsifiées et elles sont réputées vraies. Donc dans la santé, ça peut être aussi très dangereux et c'est ma seule inquiétude de savoir comment on gérera ce virage. À mon sens, il faut le voir comme un outil, un peu comme l'agriculteur va utiliser sa... Ça n'a plus rien à voir, le métier d'agriculteur, où il binait son terrain, il plantait lui-même ses graines. Maintenant, c'est des monstres de ferraille qui vont travailler la terre, et pourtant, on en est assez content. Donc c'est vrai que l'IA doit être vue comme ça, mais elle ne doit pas substituer l'humain et nous isoler. J'ai peur de ça, des données de santé. Mais en tout cas, sur un plan purement de... En tout cas de la... De la cardiologie, je vois que l'interprétation de l'électrocardiogramme, c'est incroyable ce que c'est capable de faire. Dans l'imagerie aussi, le scanner coronaire, l'IRM cardiaque, l'échographie aussi, les analyses automatiques qui sont presque à l'époque, moi je voyais ça avec un sourire, avec un regard un peu de vieux maintenant, où c'était des... C'était du maquillage, c'était un peu du gadget. Là, ça apporte une vraie plus-value dans l'analyse des données. Donc, je suis curieux de voir, tout aussi curieux qu'inquié. Et à ton domaine, je pense qu'en effet, il faut le choper en plein vol. Sinon, pas pour être chauvin et corporatiste, mais n'oublions pas que les médecins sont quand même les gens qui veulent le bien de leurs patients. Et peut-être, voilà le conseil de l'ordre. J'espère que ça fera... tout ce qu'il peut pour être présent sur ce chantier-là. Écoute-vous là, on arrive à la fin de notre émission. En tout cas, je tiens du fond du cœur à te remercier pour le temps que tu m'as accordé et tes avis extrêmement intéressants et pointus sur le domaine de la carte du monde. Oui, oui, il faut le dire, c'est intéressant. Évidemment, je pense que cet échange-là, il ne prétend pas montrer une vérité, mais en tout cas une réalité de ce qui existe. Alors, je pense qu'il y aura des collègues qui auront une pratique très différente de ce qu'on a pu... évoqué, mais en fait, voilà, dans ces podcasts-là, je voulais aussi, c'est pas juste rendre hommage, mais c'est aussi montrer la réalité de ce qui se passe aujourd'hui en France en 2024, même en juin 2024, c'est le moment On enregistre cet épisode-là.

  • Speaker #1

    Les fesses levées tôt en dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, pourtant, c'est dur s'il est grâce à vous. C'est précieux et rare, mais voilà. Non, non, je suis très content de mettre levé tôt. La journée m'appartient maintenant, même s'il commence à être un peu tard. Mais voilà, je suis en tout cas super heureux de parler de la médecine générale pour ce premier interview parce qu'en fait, je parle le nom des cardiologues parce qu'on ne fera rien sans vous. On travaille en binôme, si on peut dire ça comme ça, main dans la main. et voilà la collaboration elle est pas que technique elle est aussi surtout humaine et c'est très riche donc voilà un grand merci Gauthier j'ai tant aimé passer ce moment avec toi pour finir la parole pour finir l'épisode je te donne la parole est-ce qu'il y a un sujet que t'aimerais que j'aborde pour un prochain épisode ? et bien celui que tu veux celui que tu veux ok et bien ça tombe bien parce que je je m'attendais pas à cette réponse mais tu vois je savais pas gérer la question non plus Je vais réfléchir, pour les interviews en tout cas.

  • Speaker #1

    On en parlait de connaissances en commun, on parlait de la cardiologie vétérinaire, ça peut être très rigolo effectivement.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai un copain qui est cardiologue vétérinaire, et je pense qu'il y a beaucoup de similitudes sur la santé animale, et des prises en charge pour voir un petit peu comment il fonctionne, des échographies, alors j'ai vu qu'il y a peu de temps il s'était occupé d'une poule. Donc voilà, c'est pas commun, mais je pense qu'on apprend beaucoup aussi des animaux. Donc voilà, la cardiologie est un pilier de la santé qui est évidemment central et très très important pour nous tous. Voilà, avec plaisir, en effet, je leur parlerai pour le recevoir et voir comment on peut échanger entre l'humain et l'animal.

  • Speaker #1

    Tu vas venir à la poule ?

  • Speaker #0

    Je ferai bien la poule. Écoute, j'ai une dernière petite chose à te demander. C'est quelque chose que j'aimerais instituer. Mettre un peu de poésie, un peu de littérature dans la fin de ces échanges, parce que j'aime beaucoup ça. Est-ce que tu accepterais de me donner une citation, une maxime sur le cœur, évidemment, qui permettrait à nos auditeurs de s'évader un peu le temps d'un instant ?

  • Speaker #1

    Alors, heureusement que celle-là, tu me l'avais donnée. J'ai pu réfléchir. Je suis sûrement beaucoup moins littéraire que toi. Non, mais t'aimes bien ça. Et du coup, tu vois, je réfléchis. Je dis, oh là là, qu'est-ce que je vais lui trouver à Grégoire ? Et en fait, j'ai eu un flash. Cette phrase, cette citation que tout le monde connaît. Donc, comme ça, je vais la piquer. Donc, tous ceux d'après, tu leur diras, ils ne peuvent pas. C'est celle de Pascal qu'on connaît tous. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Je vais m'éloigner du côté romantique et je vais la lire dans un autre sens. Ce qui est important, je pense, c'est d'accepter une part d'incertitude. On n'a pas toujours la raison, on ne comprend pas toujours, on ne sait pas toujours. Et ça, c'est un truc que je dis toujours à mes internes. Il faut savoir dire qu'on ne sait pas quand on ne sait pas. On ne peut pas tout savoir. Et moi, le nombre de fois dans une journée où je dis aux gens, écoutez, je ne sais pas, je me renseigne, je vais voir.

  • Speaker #0

    Et bien voilà,

  • Speaker #1

    la raison ne connaît pas.

  • Speaker #0

    exactement j'apprécie beaucoup bien cette citation je te remercie, elle est très riche de sens et voilà je vous laisse méditer, réfléchir à cette phrase et c'est vrai que l'émotion la raison c'est ce qui nous définit humain et nous n'oublions pas donc merci beaucoup Gauthier pour cette dernière phrase et aussi pour cet échange je me suis déflatté l'émission se termine merci à tous d'avoir écouté en plein coeur et j'aurais plaisir de vous retrouver sur d'autres émissions à la fois pour aborder des sujets peut-être plus techniques mais aussi des partages d'expérience et des interviews de personnes de la vie quotidienne qui nous unit tous merci, merci encore Gauthier Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, j'aurai le plaisir de vous parler de nos amis les animaux. Ce sont des confidents pour certains. de véritables membres de la famille pour d'autres. Ils savent nous faire rire comme des baleines, aussi bien que nous rendre chèvres. Mais au fond, les animaux sont de véritables alliés pour notre santé et j'aurai le plaisir de vous expliquer pourquoi et comment ils prennent aussi bien soin de votre cœur. Alors, je vous donne rendez-vous dans 15 jours et encore une fois, je vous remercie chaleureusement pour votre écoute. Je vous dis donc à très bientôt pour ce nouvel épisode. Thank

Description

❤️ Bonjour,


Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir un collègue et ami de longue date, le Dr Gautier BAÏSSAS, Médecin généraliste près de Rouen 👨‍⚕️


Lors de cet entretien, nous parlerons de vous : de votre santé évidemment mais aussi de la place que vous avez dans le parcours de soin cardiologique 💊


Car, parlons vrai, si nous avons tous un médecin de famille, il est fort probable que vous rencontriez un jour un cardiologue : cet entretien est donc un temps dédié aux questions que vous pourriez vous poser en vous rendant chez votre médecin généraliste quand il s’agit d’aborder des problématiques cardiovasculaires. Dépistage, suivi et gestion des maladies cardiovasculaires : vos médecins sont sur tous les fronts ❤️


Notre conversation couvrira également les défis et les opportunités que cette collaboration interdisciplinaire peut offrir 🤝


Enfin, cet échange est l’occasion de nous livrer plus personnellement car derrière la blouse, il y a des êtres humains passionnés qui ont tout simplement, un coeur, comme vous 🤲


Cet épisode est fait grâce à vous et pour vous ! 😇


Aussi, si vous aimez l'émission, partagez moi votre plus beau commentaire et abonnez-vous, cela vous permettra de ne pas manquer les prochains épisodes ! 🌟


Bonne écoute et prenez soin de votre coeur ❤️


---------------------------------------------------


🎶 MUSIQUES


Titre:  What You Want

Auteur: LiQWYD and Luke Bergs

Source: https://soundcloud.com/liqwyd

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Shine

Auteur: Onycs

Source: https://soundcloud.com/onycsmusic

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Sleep

Auteur: Scott Buckley

Source: https://www.scottbuckley.com.au

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Daybreak feat Henk

Auteur: Jens East

Source: https://soundcloud.com/jenseast

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Relaxing In The Hammock

Auteur: Glaciære

Source: https://steviasphere.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Flourish

Auteur: Purrple Cat

Source: https://soundcloud.com/purrplecat

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Nostalgia

Auteur: Johny Grimes

Source: https://soundcloud.com/johny-grimes

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


---------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Grégoire Cauchois et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. À travers des conseils pratiques, des interviews de soignants ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir le docteur Gautier Baïssas, qui est médecin généraliste près de Rouen. Gautier, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Je t'en prie.

  • Speaker #0

    Gautier, tu es mon premier invité sur cette émission et c'est avec beaucoup de plaisir une certaine émission que je te reçois. Comme j'ai pu le dire avec beaucoup de fierté dans ce qu'on pourrait appeler une bande-annonce, j'avais envie de rendre ce podcast vivant en faisant intervenir, comme je les appelais, les roues du quotidien. Je cherche un peu à moduler les formats, c'est pas forcément commun dans l'univers du podcast, mais après tout, c'est un peu la liberté que je voulais m'autoriser et on verra comment les auditeurs prennent ça. J'ai une première question à te poser, est-ce que tu écoutes des podcasts ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, bonjour Grégoire, merci effectivement de me donner cette lourde responsabilité, c'est bien parce que c'est toi que j'ai accepté, parce que c'est un exercice qui n'est pas évident, dans lequel je suis tout à fait novice. Écoute, oui, les podcasts, j'en écoute de deux types, plutôt des trucs divertissement, émissions de discussion, plutôt détente, quand je fais des choses, je range tout ça. Et après, j'aime bien aussi tout ce qui est... Actualité, bourse, placement, les choses comme ça, pour suivre un petit peu et savoir gérer un peu les choses. Voilà, plutôt dans les trajets de voiture ou quand je range, quand je fais des choses. Donc pas toujours extrêmement attentif, mais voilà, ça m'est arrivé aussi un petit peu des... d'essayer de suivre des lectures, des choses comme ça, mais en fait, je ne suis jamais assez concentré.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que, tu vois, je regardais dans les statistiques de mes podcasts et j'étais assez surpris de voir que, globalement, la tranche d'âge des auditeurs, je m'attendais plutôt à ce qu'on appelle un peu la personne à auditeur, c'était... La personne, la trentaine, plutôt dans les grandes villes, c'est globalement ce qu'on dit des gens qui écoutent les podcasts. Mais en fait, je constate qu'il y a beaucoup de personnes assez jeunes, tu vois, 18-30 ans et au-delà, à peu près 60 ans. Mais j'ai aussi un peu cette impression qu'il y a des gens plus âgés. Et c'est vrai que la cardiologie, ça concerne quand même beaucoup à partir de 60-70 ans. Donc, c'est vrai que ton profil est assez cohérent sur le fait d'écouter des podcasts. Et puis, j'espère que ça rassemblera. Sur le domaine de la santé, plus d'auditeurs. Si on revient à la santé, alors on a vu que pendant la période Covid, les soignants ont été mis en lumière et c'est vrai que c'était un moment un peu particulier pour nous parce qu'on est passé justement pour des héros. Ce n'était pas facile pour nous tous parce qu'évidemment, dans les structures hospitalières, les gens ont été très sollicités. En ville, c'était un peu plus particulier, il y avait une sorte de permanence des soins. Mais j'ai un peu quand même cette impression que les choses ont changé depuis. Les relations se sont un peu tendues, je trouve, dans une ambiance où on manque de médecins, les recours aux soignants sont un peu plus compliqués. Est-ce que toi, c'est quelque chose aussi que tu as ressenti dans ton quotidien depuis qu'on est sorti de cette période difficile ?

  • Speaker #1

    Je pense que la période Covid était une période très particulière, effectivement, qui était inédite pour tout le monde. D'ailleurs, on a appris à nos dépens qu'on connaissait parfois bien peu de choses sur les petits virus et tout ça. Et du coup, cette période effectivement de grande reconnaissance, alors c'est vrai que nous en ville on a été beaucoup moins impactés, c'était beaucoup moins tendu que nos collègues hospitaliers, c'était particulier surtout. Je pense en fait surtout que cette période de reconnaissance, elle a été oubliée. Les gens sont passés à autre chose, sont revenus sur une période plus pratique, plus quotidienne. Je dirais que les gens sont reconnaissants des médecins et tout ça. Mais après, reste concret, quand ils ont du mal à trouver un rendez-vous, un truc et tout ça, ils ont beau être reconnaissants, ils ne sont pas contents et ils l'expriment à leur façon. Donc je pense que c'est un petit peu les deux choses comme ça. Après, la plupart des gens, ça se passe très très bien et voilà, mais le problème, c'est qu'on ne retient que les personnes avec qui il peut y avoir des difficultés.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait un biais.

  • Speaker #0

    Des trains qui arrivent en retard. C'est vrai. Je pense qu'on traverse en effet une crise qui est certainement amenée à se prolonger. Voilà, on essaye de faire au mieux. Je voulais avoir un peu ton avis là-dessus, parce qu'on est passé de héros du quotidien à peut-être une relation de service, parfois, que certains de mes collègues décrivent, qui n'est pas toujours facile à gérer. Mais justement, pour revenir sur le personnage du médecin et revenir à des choses un peu plus personnelles... C'est vrai que dans l'inconscient collectif, c'est vrai que le médecin, ça représente plus qu'un personnage. Et je ne sais pas toi, mais quand mes amis ou ma famille me demandent des conseils sur leur santé, j'ai souvent l'impression qu'ils voient le Grégoire avant le médecin. Et c'est vrai qu'on est assez loin du docteur Knoch, de Jules Romain, on nous demande si ça nous chatouille ou si ça nous gratouille. Est-ce que justement, toi, tu considères que dans notre métier de médecin, on jouit un peu de cette aura et de, certains diraient, de ce statut social ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours compliqué, je vais faire une réponse de normand, je vais dire oui et non, je vais dire on n'a clairement plus ce statut de notable dans la société, où c'était le médecin du coin, c'était le notable, c'était tout ça. Après les gens je pense restent très reconnaissants du travail, savent que ce sont des études difficiles, savent que c'est beaucoup de boulot et sont reconnaissants à ce niveau-là. Et puis après ça dépend aussi un petit peu de l'orientation de l'activité qu'on a aussi, c'est vrai que nous en médecine générale, Moi notamment, j'ai quand même un côté médecine de famille, où j'ai parfois trois, quatre générations de patients de la même famille, et donc ce côté-là est très agréable, et les gens le reconnaissent et sont contents, et c'est très agréable au quotidien. Et puis il y a quand même encore des gens, ça me fait toujours sourire, mais quand ils vont dire Monsieur ils vont se reprendre Oh non, docteur, pardon ! Et donc c'est rigolo, on leur dit Mais non, c'est pas grave, c'est pareil. Et puis après, c'est une question aussi de... de culture. En France, on n'a pas la culture du titre, appeler quelqu'un docteur, ça peut être mal perçu et tout ça, ce qui n'est pas du tout le cas dans d'autres pays, où si on est docteur en mathématiques, on est appelé docteur et c'est très très mal perçu si on ne le dit pas. Ça, c'est une question après de culture et de pays aussi.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose qui peut-être aide aussi les gens, c'est pour ça que je parlais de cette dichotomie entre le médecin et le... L'être humain qu'il y a dessous, je pense que ça nous bénéficie et à mon sens, peut-être que c'est des choses qui peuvent amener certains de nos collègues à un manque de reconnaissance parfois dans leur travail. Il peut y avoir une certaine défiance du statut, mais tu as raison, c'est vrai, dans notre culture, on est moins attaché au titre. Mais les gens sont quand même très respectueux de notre travail. Et dans ce climat un peu tendu, il ne faut pas se tromper de cible, en tout cas, sur le fait qu'on est là pour aider les gens.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Exactement. Voilà, sous ce masque, en tout cas, il y a des vrais êtres humains, comme nos auditeurs peuvent s'en rendre compte. Et voilà, je voulais aussi rendre un peu hommage à ces gens qui interviennent dans la santé en général. Mais parle-moi un peu de toi, Gauthier. Quelles sont tes passions ? Est-ce que tu as des hobbies ? Je sais que tu aimes la photographie. Et je sais d'ailleurs que tu es reconnu pour ça, parce que j'ai eu l'occasion de voir dans tes revues, certes médicales, que tu avais publié et fait une petite chronique sur une revue. Est-ce qu'il y a des choses qui, en dehors de la médecine, t'animent ?

  • Speaker #1

    T'as l'œil partout. Écoute, du coup, moi j'ai 38 ans, j'ai fait mes études à Rouen, je suis installé à Rouen, je vis à Rouen, j'ai pas été très très globetrotter. Écoute, en passion, je suis pas un homme passionné, comme certains peuvent l'être, qui vont aller lire des trucs, faire des choses à droite, à gauche, et voilà. Mais effectivement, la photo, ça, j'aime bien. J'en fais depuis longtemps, au final. J'aime bien passer du temps, surtout dans les moments du quotidien, avec des amis en voyage, des événements de famille, des choses comme ça. Je ne vais effectivement pas aller attendre trois heures le lever du soleil. Je n'ai pas cette passion. La con est passionnée, justement, au sens romantique du terme. Après, moi, je suis assez casanier aussi. J'ai deux filles. J'aime bien être à la maison avec eux. Avec ma famille, avoir des amis et tout ça, c'est des trucs sympathiques. Et puis après, j'aime bien tout ce qui est automobile, tout ce qui est moto, tout ce qui est sport mécanique, la Formule 1, tout ça, ça j'aime bien. Et donc, si on devait résumer les grandes lignes, je dirais ça.

  • Speaker #0

    Écoute, merci, c'est sympa de voir ton environnement, en tout cas personnel. En tout cas, c'était un choix tout particulier pour moi de te recevoir, parce qu'on se connaît depuis un sacré paquet d'années. On a fréquenté le même lycée sur Rouen, on a fait nos études ensemble à la faculté de médecine de Rouen, comme tu le disais, on est en fait des purs produits, des purs enfants de la belle Normandie. Et puis, il y a les études, ces longues années passées à l'hôpital, entre les gardes et les cours. Quand je te dis tout ça, qu'est-ce que ça t'évoque ?

  • Speaker #1

    Ben oui c'est rigolo, comme tu le disais, j'ai calculé avant de venir en me disant mais au final ça fait combien de temps qu'on se connaît parce qu'on a l'impression que la fac c'était hier et quand on calcule ça fait un peu de temps. Du coup, oui oui, lycée on se connaissait relativement assez peu mais on savait qui on était l'un et l'autre. Et puis c'est marrant parce qu'on n'a jamais été complètement dans des groupes d'amis les plus proches et tout ça, à traîner 24-24 ensemble et tout ça. Mais au final, on a toujours donné des nouvelles, on s'est vus de temps en temps et tout ça, et donc c'est ça qui est très agréable. Et comme je dis toujours, c'est là qu'on voit les amitiés sympas, c'est que quand on se voit, on a l'impression que c'était hier, et effectivement, quand on se recroise autre, on dit suite comme si c'était hier, et c'est tout à fait sympathique.

  • Speaker #0

    C'est vrai, je reconnais. Ça ne rajeunit pas, puisque je vais avoir bientôt 37 aussi, et ça fait un peu plus de 10 ans, presque, finalement, qu'on se reçoit. Alors... C'est vrai qu'on travaille aussi en relation soi, il y a un rapport professionnel aussi entre nous, mais c'est vrai que finalement, on sent que la confraternité est peut-être un lien qui nous unit pour beaucoup, mais c'est toujours sympa de voir qu'on a aussi des liens privilégiés, sinon des affinités. C'est toujours un petit peu nostalgie, émotion, et c'est sympa de voir qu'il y a des copains qui... qui reste sur la région, parce que la Normandie n'est peut-être pas la région la plus attractive, et c'est dommage en tout cas, parce que on a une belle région, on mange bien, et il y a beaucoup de belles choses. Voilà, j'avais envie de faire cette parenthèse sur nous. C'est peut-être une bonne chose aussi pour que les auditeurs connectent avec les personnes qui suivent. Je trouvais ça assez sympa. Parle-moi un peu plus de toi sur les études, justement. Est-ce que tu peux me dire un peu ce qui t'a amené à choisir la médecine générale quand on a passé le concours de l'internat ? Alors bon, ça ne s'appelait pas vraiment le concours de l'internat à l'époque, c'était nous l'examen national classant. Ça nous donnait accès à une ville. et à une spécialité. Maintenant, les choses ont un peu changé, c'est sous forme numérisée, ça change toujours un petit peu tout le temps, mais il y a quand même cette tendance à faire de nous des médecins spécialisés. La médecine générale en fait partie. Ça date quand même de 2011, donc c'est hier, je crois. Qu'est-ce qui t'a poussé à choisir la BG ?

  • Speaker #1

    Globalement, la médecine m'a toujours tenté. Il y avait un biais, mon papa était médecin généraliste, on avait quand même quelques prudels de santé dans la famille, donc je pense qu'il y a toujours un biais comme ça. Mais du coup, ça m'a toujours donné envie. Et quand en terminale, on doit faire les dossiers, les machins, en fait, avec la fac, c'était très pratique, il n'y avait pas de dossier à faire. Et donc du coup, je suis parti en médecine sans trop d'hésitation. Et puis au moment du concours national de classement, j'avais toujours dit que la médecine générale me tentait, j'avais toujours été inspiré par ça, c'était un mode d'exercice qui m'allait bien, avec une polyvalence qui m'allait bien. Je me suis toujours dit, ça m'embête de faire 10 ans d'études et de ne pas pouvoir m'occuper de la rhinopharyngite de mes enfants. Et du coup, cet éventail large m'a toujours tenté. Donc voilà, j'avais bossé mon internat du mieux possible en disant si au dernier moment je veux être cardiologue. à Paris ou à Nice, je l'ai ou je ne l'ai pas, mais voilà. Bon, je n'aurais pas fait Cardio à Nice de toute façon, je n'aurais pas pu. Il y a des gens bien plus brillants que moi. Mais du coup, en fait, le choix a été facile. J'ai pris médecine générale à Rouen, mais l'avantage, c'est que ça m'a permis d'être bien classé dans la promo, ce qui nous permet ensuite de choisir les stages en fonction des classements et donc d'avoir un panel de choix qui était plus confortable après. Mais en fait, je suis resté du coup fidèle à mon idée première.

  • Speaker #0

    C'est super parce que justement, il faut être passionné pour faire la médecine générale. C'est un métier qui est, pour un regard en tout cas, qui n'est pas novice. Je vois très bien comment vous travaillez et je vous tire mon chapeau parce que c'est pour moi certainement la spécialité la plus difficile. Il y a une dimension humaine qui est très importante, sociale aussi, parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont en difficulté et qu'il faut accompagner. C'est peut-être ce que certains, j'ai l'impression que mes collègues disent, ça crée une lourdeur administrative qui n'est pas toujours facile à gérer.

  • Speaker #1

    Et puis, le social n'est pas le cœur de notre métier qu'on apprend et tout ça. Donc, on est aussi un peu en défaut là-dessus. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai qu'on a besoin d'être aussi aiguillé, accompagné. Alors, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'intervenants. La Sécurité sociale nous met à disposition beaucoup d'outils. Les assistantes sociales, sur cette dimension-là.

  • Speaker #1

    Les assistantes sociales.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Ça c'est heureusement.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment difficile parce qu'en tant que spécialiste en cardio, on le voit assez peu. Alors on remplit des demandes, par exemple, pour des situations de handicap, pour appuyer des dossiers, etc. Mais ce n'est quand même pas le cœur de notre métier. Et voilà, je vous tire mon chapeau là-dessus parce qu'il y a une dimension très globale qui demande des compétences pas juste techniques, mais très... humaine très forte et justement quand on s'aventure dans cette spécialité là on s'en rend peut-être pas toujours compte tout de suite mais maintenant voilà on voit qu'il y a des jeunes qui font des stages en médecine générale t'es maître de stage justement ?

  • Speaker #1

    oui je suis maître de stage depuis actuellement ça doit être ma 8ème 10ème interne ça fait quelques années maintenant en fait moi j'étais passé lors de mon internat en médecine générale En stage en médecine générale, c'est un stage que j'avais apprécié, où vraiment c'était concret, ça permettait de se rendre compte si on aimait ou on n'aimait pas, parce que nous on ne passait pas avant étudiants en médecine générale, avant l'internat. Et donc je m'étais dit, le jour où je pourrais, je le ferais. Et puis c'est agréable parce que ça permet aussi de se mettre à jour avec des étudiants qui sortent de l'internat, qui sortent de l'hôpital. L'interne que j'avais avec moi, elle vient de faire 6 mois aux urgences du CHU. Il y a des choses qui évoluent, donc ça permet de se mettre à jour sans avoir le nez dans le bouquin, ce qui est plutôt agréable aussi. Après, maintenant, ils passent quand ils sont externes, donc étudiants en médecine entre la deuxième et la sixième année, ils passent pour la plupart en tout cas à Rouen en stage en médecine générale. Alors moi, je n'accueille pas d'externes, mais ils en font comme ça. Ça permet de se rendre compte parce que dans notre promo, je ne sais pas si tu te souviens, il y a une de nos collègues de promo qui fait son stage en médecine générale et elle a dit mais en fait, ça ne me plaît pas du tout. C'est ça. Et du coup, elle a pu faire son droit au mort, elle était très bien classée et donc on salue Mathilde, notre interniste préférée.

  • Speaker #0

    Exactement !

  • Speaker #1

    J'avais la référence.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains se lancent dans cette aventure et c'est toujours mieux d'avoir une expérience concrète. Je regrette en tout cas, tu vois, en médecine cardiologie de ville, parce que certains nous disent que des fois on est les généralistes du cœur, parce qu'on a une approche assez globale. Donc je m'identifie un peu parce que voilà dans mon activité je gère beaucoup de consultations, d'activités non-invasives, on a accès à un plateau technique mais en tout cas moi je ne gère pas directement. C'est vrai que j'aimerais avoir certainement plus souvent des étudiants. On a quelques internes qui demandent à passer, puisqu'en fait, on est quand même beaucoup en binôme, finalement, entre le médecin généraliste et le cardio de ville. Voilà, je trouve ça chouette qu'il y ait cette possibilité pour les jeunes de se rendre compte de ce qu'est la médecine générale. C'est aussi une façon de lui rendre hommage. Revenons un peu à la cardio. J'ai du coup le plaisir de suivre tes patients pour certains. Je note toujours la qualité de ton travail et ce n'est pas juste pour te mater, parce que c'est agréable de voir l'implication que tu y portes. Est-ce que tu peux m'expliquer un peu les profils de tes patients que tu adresses justement aux cardiologues ? Je vais dire plutôt aux cardiologues de vie, parce qu'en fait dans les structures hospitalières... Ils ont souvent une activité plus invasive, plus technique, mais sur le suivi en tant que tel, c'est vrai que souvent, on est quand même le premier recours. Voilà, quels sont les passions que généralement tu adresses et avec quelle structure tu as l'habitude de travailler ?

  • Speaker #1

    Les profils de patients, ça va être assez varié, mais on peut donner quelques lignes. On va avoir le patient pour lequel on va nous identifier un besoin de voir le cardiologue. Ça peut être une hypertension ancienne ou qu'on a du mal à équilibrer. Ça peut être un patient diabétique qui n'a jamais eu le cardiologue. Ça peut être un patient qui a eu une activité physique soutenue, qui n'a jamais eu de bilan cardiologique. Ça peut arriver. Il y a quelques années, un monsieur a randonné. 2-3 fois par semaine, 20 km, 70 ans, super forme et tout, je lui dis on n'a jamais fait. peut peut-être voir le coup et effectivement il a fini avec un petit ressort dans l'artère par nos amis cardiologues parce que on s'est rendu compte lors du bilan d'effort que à l'inverse c'est difficile parce que tout le monde ne peut pas nécessiter ne doit pas nécessiter des bilans et voilà et donc arriver à faire un peu de tri pour limiter aussi les délais et les demandes c'est pas toujours évident et puis après ça peut être aussi dans des dans des contextes familiaux ça peut être dans des dans des dans des contextes parfois plus fonctionnel on a besoin de rassurer aussi le patient et le docteur nous Les palpitations, le grand classique, je crois que je t'embêtais il n'y a pas longtemps pour ça d'ailleurs. Voilà, où globalement sans ton évaluation, nous même si on n'a pas de critères de gravité qui nous inquiètent, on ne peut pas se passer de ton avis et de ton avis. Et que même avec ton oeil et ton regard c'est compliqué. La médecine est pleine de surprises, de bonnes ou de mauvaises. On a toutes ces images de sportifs, de footballeurs qui passent des examens compliqués et qui font quand même un arrêt cardio-respiratoire sur le terrain.

  • Speaker #0

    On en voit. C'est vrai que, si je devais ressentir un peu ce que tu me disais, c'est qu'il y a beaucoup finalement quand même de prévention. Je vais me situer un peu à les termes techniques, mais on parle de prévention primaire et secondaire. Alors, prévention primaire, on est vraiment sur des gens qui sont en amont d'une maladie, qui n'ont pas de symptômes, et donc on va essayer de dépister une éventuelle anomalie. C'est pas toujours bien vécu par les gens parce qu'en fait beaucoup se disent se connaître. J'ai eu l'occasion de le dire dans une émission justement sur je sais comment je fonctionne, je vais très bien, pourquoi vous allez m'embêter alors que finalement en apparence voilà je suis sportif. Il y a parfois aussi un peu le culte de l'ego et notamment c'est mes patients qui me posent souvent le plus de difficultés, c'est le patient sportif parce qu'en fait... Tout va bien dans sa vie, il a une hygiène de vie, pas de traitement, tout va bien. Et puis du jour au lendemain, on arrive comme ça sur tous ces fondres. En fait, comme tu le disais, ton patient qui fait de la rondeau et qui n'a pas une bonne santé cardiovasculaire, il faut les accompagner. Et puis donc il y a la prévention secondaire, ça c'est justement ces patients qui ont déjà eu une maladie, donc qui sont en aval de la maladie, en tout cas établie, diagnostiquée, éventuellement avec des symptômes. Et puis j'imagine que ces patients-là, ça paraît... Peut-être plus évident qu'ils aient un suivi. De ton côté, ça représente, si on devait dire, un ratio entre prévention primaire et secondaire. Tu as l'impression qu'une grosse partie de tes patients peuvent bénéficier de ces bilans de dépistage, qu'on pourrait les appeler.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que les patients pour lesquels on a un vrai besoin, une vraie nécessité, les patients diabétiques, les choses comme ça,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    il faut anticiper parce qu'il y a des délais, mais dans ces cas-là, on leur dit, je vous fais un mot, prenez rendez-vous avec le cardiologue, il n'y a pas d'urgence. Si c'est dans neuf mois, prenez rendez-vous tranquillement, mais prenez-le maintenant. Parce qu'on a très souvent le patient qui dit, ah, j'ai rendez-vous avec le cardiologue que dans... Dans X mois, je lui dis Mais vous avez pris rendez-vous quand ? Je l'ai appelé la semaine dernière, ce chien que vous alliez me demander. Ben oui, mais je vous ai fait le courrier il y a un an. Ah ben oui ! Et donc du coup, on perd un an en fait. On le voit se Et parfois, le même patient après ne va pas être content parce que Ah ben c'est long, on peut mourir.

  • Speaker #0

    Oui. Si on ne boit pas déjà le courrier, tâchez de café et mangez par le chien comme ça arrive, pas si rarement. Donc je vois très bien de quoi tu parles. Et les gens sont quand même assez réceptifs, ils arrivent à comprendre les enjeux ou ils ont l'impression qu'en fait on les embête et laissez-fouter moi la paix ?

  • Speaker #1

    Ça dépend, tu auras toujours des patients qui ne veulent pas savoir parce qu'il y a une certaine peur des choses et que mettre de la poussière sous le tapis c'est bien. Il y a des patients par excès. qui vont vouloir aussi des bilans, des choses comme ça et voilà. Ou par inquiétude, ma voisine de palier, elle a les mêmes choses que moi, puis elle, elle a fait un infarctus, alors peut-être qu'il faudrait que je... Donc voilà, c'est toute la difficulté d'arriver à un petit peu avoir un regard médical et orienter les bonnes personnes au bon moment vers les bonnes choses.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tardard. Est-ce que tu pourrais me dire un peu justement les structures, comment tu fonctionnes en fait au quotidien ? Oui,

  • Speaker #1

    alors ça dépend déjà aussi des souhaits du patient. Alors c'est vrai qu'on a de la chance quand même, globalement où on est, on a quand même une offre de soins, même s'il y a beaucoup de délais, on a quand même pas mal de frottels de santé. On a quand même plusieurs structures de cliniques, on a l'hôpital, on a Elbeuf qui est pas loin aussi. Donc c'est vrai qu'on a un maillage qui est quand même pas inintéressant. Spontanément, pour de la cardiologie, pour en revenir là, effectivement, je vais plutôt m'adresser sur les cliniques qui sont à proximité de mon lieu d'exercice. Donc toi, par exemple, tes collègues qui sont un petit peu dans le même secteur. L'hôpital, parfois aussi, ça peut valoir le coup, notamment la dispense d'avance de frais, qui peut être intéressante pour certains patients, ou qui, parfois, ont déjà un suivi à l'hôpital pour une pathologie. Et donc, recentrer sur les mêmes structures, je trouve que c'est toujours intéressant. Aussi, après, c'est vrai que les cardiologues en libéral pure hors clinique, il y en a de moins en moins parce que votre spécialité, comme toute, se technifie. Donc, on a besoin d'être groupé. Donc, voilà. Donc, globalement, plutôt les cliniques. En plus, on a l'avantage aussi d'adresser à un praticien. Parfois, on flèche un peu les choses et donc c'est plus simple. Bah, toi, je te connais. Si j'ai un souci, une difficulté sur un patient, un traitement, de t'envoyer un message, de te contacter en disant dis donc, qu'est-ce que tu ferais pour monsieur un tel ? Donc c'est une facilité pour nous, c'est une facilité pour le patient, parce que comme ça on peut aider, et puis tu connais des interlocuteurs aussi, donc c'est plus simple aussi pour toi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, ça on voit assez souvent, c'est des choses qui ne sont pas forcément visibles des patients, et beaucoup s'imaginent que notre activité se cantonne à les consultations, mais il y a quand même beaucoup le... On travaille en amont et en aval, qui n'est pas visible, et qui concerne justement les contacts entre collègues, les courriers d'adressage, les situations qui nous posent problème et pour lesquelles on voudrait avoir un avis. Et c'est la même chose pour moi. C'est vrai que je travaille beaucoup avec mes collègues cardiologues en structure hospitalière, public, privé, pour essayer de les réfléchir, de coordonner. les soins, et ça prend du temps. Justement, en parlant de situation et de réseau, est-ce qu'il y a des situations que toi, justement, tu arrives à gérer seul, ou à l'inverse, le recours au cardiologue est dans certaines situations indispensable ?

  • Speaker #1

    Alors évidemment dans certaines situations il est indispensable sinon tu n'existerais pas. Oui il y a des choses qu'on va pouvoir faire seul ou en tout cas il y a des choses qu'il va falloir qu'on fasse avant qu'on sollicite tout simplement une hypertension. Si on n'essaie pas de l'équilibrer un minimum avant de te l'envoyer ça n'a absolument aucun intérêt pour que tu fasses la même chose que ce qu'on peut faire et sait faire. Ensuite, ça dépend aussi des médecins et il faut faire ce avec quoi on est à l'aise et ce qu'on sait faire. Moi, tu vois, les ECG, j'en fais plus depuis que je suis aux urgences. Je ne suis absolument pas à l'aise avec un ECG. Je n'ai pas d'appareil ECG chez moi parce que je vais mal faire et que je ne suis pas à l'aise. Et voilà, alors je pourrais effectivement me dire, allez, il faut que je me forme et tout ça. Mais c'est vrai qu'une douleur thoracique, il faut un ECG en urgence. Il faut un bilan. Donc, dans ces cas-là, je passe la main. Par contre, effectivement... un problème de cholestérol, on va essayer d'équilibrer, on va voir le traitement, la tolérance du traitement, et puis... À la fin de tout ça, ton évaluation du risque cardiovasculaire global avec un objectif de traitement peut être utile. Ensuite, il y a un autre intérêt aussi, c'est que tu es un grand docteur, et donc quand tu dis les choses, les patients parfois l'entendent mieux sur certaines observances de traitement et de choses comme ça. Je vois de quoi tu parles. Mais tant mieux si ça peut aider les gens à comprendre et à se motiver. Mais c'est vrai que parfois, on dit dix fois les choses, et le docteur de l'hôpital m'a dit qu'il fallait, alors je vais le faire. Mais bon... Ça fait plus sourire. Ça agace un peu, mais ça fait sourire. Et au final, bon.

  • Speaker #0

    Mais parce que justement, il y a peut-être plus d'affect, plus d'émotion, en fait. Et c'est pour ça que je faisais cette allusion au Dr. Knock, sur un médecin. Alors bon, le Dr. Knock, c'est différent pour le coup, parce que lui, c'est un escroc. Mais c'est juste de montrer un peu la dimension émotionnelle. Je pense qu'elle est beaucoup plus présente pour vous parce que les gens sont encadrés, entourés, suivis et sans être dans une relation patriarcale parce que je pense qu'elle n'est pas bénéfique en tout cas pour les patients, en tout cas pas tout à fait. On se positionne pour ma part en tant qu'adéloge en tant qu'expert d'un domaine et donc quand on donne une parole entre guillemets elle est... réputé en tout cas irréfutable. Et ce n'est pas forcément facile. Et je comprends la frustration que tu peux avoir des fois en disant Je vous l'avais dit, mais peut-être qu'il y a cette dimension émotion, raison qui revient et qui n'est pas toujours perçue. Ils avaient peut-être besoin de ce temps-là pour avancer dans les soins.

  • Speaker #1

    Et puis, il y a toujours une part d'incertitude dans toute décision. Et c'est vrai que l'évolution de la société fait aussi qu'on explique beaucoup plus aux gens cette part d'incertitude et qui, du coup, parfois, leur fait porter un poids du choix qui est compliqué aussi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parfois, c'est vous pouvez faire ça, on risque ça, mais si on fait ça, ça, qu'est-ce que vous voulez faire ?

  • Speaker #0

    Oui, on l'obtient beaucoup les gens.

  • Speaker #1

    Et parfois, il faut quand même qu'on se mouille parce que c'est la question qu'on pose. Est-ce qu'il faut opérer ? Oui ou non ? C'est le chirurgien qui dit peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Il faut quand même qu'il oriente un petit peu, certaines fois, et comme sur le traitement, on pourrait faire ça, on pourrait faire ça.

  • Speaker #0

    On a besoin d'être sûr de nous et d'avoir, en effet, de jouer en tout cas peut-être de cette image de médecin expert pour avancer. Parce qu'en effet, je le vois au quotidien, de plus en plus, on intègre les patients dans la décision. Alors, on parle même de tailored medicine, c'est-à-dire médecine sur mesure, parce que, pour donner un exemple concret, par exemple, sur la fibrillation atriale, sur le choix d'un traitement anticoagulant, on utilise un score qui s'appelle le score Charles Vasse, qui permet de dire si un patient doit bénéficier d'un traitement anticoagulant à vie ou pas. Donc les conséquences, c'est assez lourd à supporter. Mais quand le score est à 1, par exemple, pour un homme, on considère qu'il a faible risque et on implique le patient dans la décision. Il est à balancer avec le risque hémorragique, mais c'est pour dire que ce n'est pas toujours aussi tranché. Il y a beaucoup de zones grises en médecine, donc le recours au... Au médecin expert est nécessaire. Je rebondis sur ce que tu disais sur l'électrocardiogramme. De plus en plus, je vois des collègues qui personnellement me sollicitent sur une plateforme de téléexpertise. C'est vraiment dans l'air du temps de faire une sorte de maillage, en tout cas de réseau de soins. Un peu comme un cloud, si on peut dire ça comme ça, un maillage numérique de réseaux de soins. Alors la plateforme s'appelle Omnidoc, mais il y en a d'autres. Et voilà, me sollicite pour des électrocardiogrammes, pour savoir un peu comment on peut orienter la prise en charge. Est-ce que c'est quelque chose que toi tu utilises et qui peut t'aider dans le quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, Omnidoc, c'est absolument génial. Il faut reconnaître le boulot qu'ils ont fait. C'est une plateforme de télé-expertise, comme tu disais. C'est-à-dire que nous, on va pouvoir solliciter l'avis d'un confrère du secteur avec un courrier, des photos, des résultats d'examen, pour lui adresser cette demande-là à laquelle il va nous répondre. Ça permet parfois de savoir si... il faut orienter, pas orienter, adapter un traitement sur une prise en charge. Et en fait, ça va permettre d'avoir des réponses qui, nous, vont nous aider énormément et vont permettre parfois de ne pas avoir besoin d'une consultation au décroût. Ce qui libère du temps derrière, des créneaux de consultation et tout ça, sur des choses dont la consultation n'aurait pas forcément été utile. Donc oui, c'est très pratique pour le CG, effectivement, ça peut être une possibilité. Il y a des... Il y a des enregistrements avec des analyses à distance, des choses comme ça aussi, qui peuvent être possibles. Alors moi, j'ai uniquement acheté un petit appareil qui, par électrode, fait un D2 long pour juste les troubles du rythme, ce qui permet quand même de voir ça, mais qui n'est pas validé pour une douleur thoracique ou des choses comme ça. Donc voilà, petit à petit, ça évolue. Mais oui, les téléexpertises les demandent comme ça, c'est absolument génial. et c'est un mot je m'en sers quasiment tous les jours parfois pour me demander un avis ou pour voir un patient avec qui je suis embêté ou je ne me rends pas compte, est-ce que le délai effectivement il faut être vu dans la semaine dans 15 jours, ça vous permet aussi de trier les délais, les choses comme ça une question concrète, l'autre jour j'avais un patient qui avait été opéré d'un cancer de l'estomac il y a longtemps qui avait un médicament contre le reflux de l'estomac, et bien je ne savais pas s'il y avait une indication à le garder parce qu'il avait été opéré ou s'il l'a eu toute sa vie et qu'on aurait dû lui virer, et voilà, ou pas. Et donc, ben voilà, télé-expertise, question à un gastro-entérologue. pour savoir est-ce qu'il faut le garder ou pas. Ça ne nécessitait clairement pas une consultation, mais je n'avais pas cette réponse-là, et comme ça, j'ai eu une réponse de quelqu'un que je connais, en qui j'ai confiance, qui m'aura pris le temps de lire et de répondre. Et puis, je préfère mille fois ça à vous téléphoner. Vous êtes en consultation, vous êtes occupé, on n'a pas la tête à ça. Moi, je préfère beaucoup plus les demandes écrites quand j'ai des questions à poser à mes confrères. C'est plus clair, c'est plus propre, vous pouvez lire. je ne suis pas un adepte du coup de téléphone. Ou alors, c'est quand vraiment je suis dans la panade.

  • Speaker #0

    Voilà, dans des situations très particulières, où tu as besoin d'une réponse rapide. Mais c'est vrai qu'on peut se réjouir que là, on est dans une période où on parle de nouvelles conventions médicales, de valorisation de travail pour justement beaucoup la médecine générale. Et c'est important parce qu'elle a besoin d'être revalorisée, elle a besoin d'être attractive. Il y a de moins en moins de généralistes qui s'installent. Donc ça, je trouve ça aussi super d'avoir des outils, dire voilà, on n'est pas seul derrière son... son bureau avec le patient en face de nous qui nous regarde avec des grands yeux et on ne sait pas quoi faire. C'est vrai que j'apprécie beaucoup aussi travailler comme ça et c'est vrai que je tire aussi mon chapeau sur Vindox. C'est assez amusant des fois parce que on me sollicite pour un électrocardiogramme et il se trouve que je suis devant mon PC donc je réponds à la demande et des fois le patient est encore devant le médecin généraliste à dire mais attendez je ne comprends pas, vous avez sollicité un cardiologue et vous avez déjà un avis sur l'électrocardiogramme. Évidemment ça ne se substituera jamais à... Je pense que c'est important de le rappeler aussi, parce que pour les personnes qui nous écoutent, la télé-expertise est vraiment, comme son nom l'indique, une expertise sur un domaine particulier, pas dans la situation d'urgence, parce que en ce qui concerne les douleurs thoraciques et l'électrocardiogramme, en tout cas, il y a des réelles urgences vitales. Mais je le note dans mon activité quotidienne, c'est de plus en plus présent et comme tu le dis, ça évite des fois des consultations de cardiologie qui, pour par exemple le patient diabétique qui va bien, on recommande un électrocardiogramme annuel. c'est pas éviter la consultative cardiologie, mais c'est peut-être fluidifier les soins, et en tout cas c'est important de s'exprimer valorisé.

  • Speaker #1

    Et à ne pas confondre avec les cabines de téléconsultation, qui ça c'est un danger absolu, c'est quelque chose que je ne vais absolument pas recommander, où là il n'y a pas l'œil du médecin, son médecin en face c'est quand même extrêmement important, c'est une solution où dans des endroits où il n'y a plus de médecin, je comprends qu'elle se développe, mais je ne suis pas sûr qu'il faille l'encourager et la développer autant que ça peut être le cas. On parle des compérages, où on n'a pas le droit de faire certaines choses, et on voit des cabines de téléconsultation dans des lieux de soins, dans des pharmacies, ou même maintenant dans les supermarchés, dans les aéroports, dans les hauts SNCF. Bon, ça c'est un autre débat, mais à ne pas confondre en tout cas la téléexpertise et les cabines de téléconsultation.

  • Speaker #0

    Je vais en effet resituer exactement ce à quoi correspond la téléexpertise. En fait, c'est votre médecin généraliste ou spécialiste d'organe qui va en fait demander à un autre... Le médecin, via un réseau de soins numériques, une demande pour orienter une prise en charge. Donc en fait, il rédige un message. Il peut associer sur une des pièces jointes des éléments médicaux. Ça peut être en effet un électrocardiogramme, une photographie, par exemple, un tympan, un grain de beauté. Et puis l'envoyer sur cette plateforme pour solliciter un médecin qui va répondre et rendre un avis qui engage aussi la responsabilité. Donc voilà, c'est pas en effet, comme tu disais, un coup de fil et qui se glisse entre deux. dans le dossier du patient. Donc l'avis est rendu et il permet de raccourcir les délais. Et voilà, moi je ne peux que me réjouir de cette solution qui est mise en avant, c'est vrai qu'on en parle longuement. mais il n'était pas évident qu'elle soit dans le droit commun pérenne, et il y a peut-être une tendance à ce que ça soit quand même bien avant.

  • Speaker #1

    Mais ça se développe, maintenant tu as les podologues qui peuvent solliciter les dermatos, sur des brisions de pieds, des choses comme ça. Tu vas avoir les infirmières qui peuvent nous demander aussi, ça se développe pas mal.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment super. Merci pour cette petite parenthèse, en tout cas, sur la façon dont vous travaillez. C'est vrai qu'il y a l'activité de consultation, les patients sont face à face, ça y a un lien. privilégié et un contact en tout cas physique, puisqu'il y a l'examen clinique qu'on ne pourra jamais substituer justement dans une cabine, malheureusement manque de médecins, mais pour pallier en tout cas à cette situation particulière, on a la chance d'avoir ces outils-là pour aider les gens en fait, tout simplement. Je vais te parler un peu d'une situation que j'ai vécue, je me souviens un jour d'une petite digression, mais une anecdote que j'ai vécue avec une patiente pour resituer un peu plus personnellement la relation que je peux avoir avec les gens. J'ai une fois une dame de cinquantaine d'années qui s'est installée dans mon bureau et puis je la sens pas forcément très à l'aise. Alors je lui demande est-ce que tout va bien et là elle me dit écoutez oui ça va mais c'est juste que je m'attendais pas à avoir quelqu'un comme vous. Alors sur le coup je me dis je vais essayer de le prendre du bon côté de la chose parce que c'est un peu flou comme réponse. Et puis elle me dit en fait c'est juste que vous faites quand même très jeune. À l'époque, j'avais 30 ans, je venais de m'installer à la clinique Mathilde à Rouen, mais c'est vrai qu'on est quand même assez loin du père Fouras avec sa barbe grisonnante du vieux savant fou, en tout cas pleine de sagesse. Mais voilà, je pense quand même que, je dis ça parce qu'il y a beaucoup de mes collègues, et plus pour le coup les femmes malheureusement, c'est ancré. Je voyais dans les visites, quand il y avait le médecin femme et les étudiants hommes, les patients avaient plus tendance souvent à s'adresser. à l'étudiant homme qu'au médecin femme. Et voilà, c'est toujours surprenant, mais c'est encore un peu ancré quand même. Mais voilà, à cette époque-là, donc j'avais 30 ans, je pense qu'on est quand même assez légitime à soigner parce que j'étais quasiment un peu plus de bac plus 10 puisque j'ai fait mes études d'une traite. À l'époque, j'avais même deux ans de plus, puisque j'avais fait un poste internat de deux ans entre le CHU de Rouen et l'hôpital des Feux-Grais à Elbeuk. Donc voilà, je n'avais plus grand-chose à prouver. Mais toi aussi, tu fais quand même assez jeune. Et est-ce que c'est des choses qui t'avaient posé problème à l'époque, quand tu t'es installé ? Est-ce que ça t'a mis en difficulté ? Est-ce que ça t'a un peu éveillé, comme moi j'ai pu le ressentir même encore jusqu'à assez longtemps, un peu ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #1

    Alors je vois que tu veux me flatter, j'ai jamais fait trop trop jeune globalement, j'ai grisonné assez vite et tout ça, donc globalement j'ai pas de barres et ça. Non et ça, je suis à un rebours de la mode. Et j'ai jamais eu trop le problème de faire trop jeune, ça non, j'ai été rattrapé par mon âge maintenant, où je fais plus mon âge, j'ai jamais eu ce souci là. Ensuite, oui bien sûr, le fait d'être un homme, ça aide. Alors, moi je ne suis pas étonné, contrairement à toi, c'est normal. C'est qu'à l'époque, les docteurs, c'était majoritairement des hommes. Donc pour les gens qu'on a majoritairement en consultation, qui sont des personnes d'une génération ou deux précédentes, le docteur c'était un homme. Donc quand il y avait un mec, c'est le docteur et la fille c'est l'infirmière. Ça rend des folles masseurs et voilà, quand elle passait X temps à expliquer à un patient avant de l'opérer ce qu'elle allait faire et tout ça, et qu'à la fin il disait je vois quand le docteur Voilà, mais ça va changer. Actuellement, il y a une majorité de femmes en deuxième année, il y a une majorité de femmes dans les études, et donc on va avoir une majorité de femmes médecins. Et donc, quand nous, on sera des petits vieux, nous, on s'attendra à ce que le docteur, ce soit la femme, et que le garçon à côté, ce sera peut-être un infirmier, que ce sera peut-être quelqu'un d'autre, et voilà. Et je pense qu'en fait, c'est juste que ça évolue, et que c'est une histoire d'habitude, tout simplement. Voilà, moi ça ne m'étonne pas, ça me fait plus sourire. Oui, je suis d'accord. Donc voilà, après la jeunesse, alors moi j'ai remplacé là où je me suis installé, un médecin qui était de la génération de mon papa. Ce qui est plus difficile au-delà de l'âge, c'est les habitudes. Chaque médecin a des habitudes un peu différentes, des pratiques parfois un petit peu différentes, des façons d'expliquer un petit peu différentes. Et donc, c'est ça qui peut un peu perturber les habitudes d'un patient. On peut être moins souple sur certaines choses, peut-être plus sur d'autres. Et puis là aussi, les générations, elles évoluent. Et donc, du coup, l'activité n'est pas pareille, la gestion n'est pas pareille, l'organisation de la consultation n'est peut-être pas la même. Et donc, c'est peut-être plus ça où il faut arriver à... Mets-ça patte. à la faire accepter dans cette façon d'exercer. Quand les gens viennent pour un problème de peau, on ne prenne pas leur tension. Ce n'est pas une mauvaise prise en charge. Il y a une génération aussi où c'est comme ça. Donc, je dirais plus gagner ses galons et puis arriver à faire comme on souhaite le faire. Oui, dans des habitudes qui ont été prises avant.

  • Speaker #0

    Je vais te raconter une anecdote, parce que justement, ça m'a fait sourire quand tu dis ça. J'étais interne de cursus, donc j'avais 27 ans. Je vois une dame de 85 ans par là qui me dit, j'ai fait des malaises, on lui fait un électrocardiogramme. Il se trouve qu'elle avait des anomalies sur son électrocardiogramme qui justifiaient la pose d'un pacemaker. Donc je lui dis, voilà, écoutez madame, vous avez fait un malaise, votre électrocardiogramme n'est pas normal, il va falloir vous poser un pacemaker. Et puis, avec une certaine bonhomie, elle me dit, vous savez, écoutez, j'arrive à 85 ans. Il faut bien mourir de quelque chose. Voilà, j'ai fait ma vie. Je me dis, écoutez, c'est peut-être un peu dommage, parce que j'estime quand même que vous avez un bon état général, et c'est quelque chose d'assez peu invasif, un pacemaker. Et voilà, c'est une procédure qui prend peu de temps, finalement, qui est très bien rodée, et ça se passe bien. Elle me dit, écoutez, laissez-moi tranquille, je n'y pense pas. Ça m'embête, vous n'allez pas quand même décéder du fait d'un problème de conduction. Et je me dis, écoutez, est-ce que vous avez de la famille qui est là ? Donc elle me dit, oui, il y a mon fils, on était aux urgences. Elle me dit, oui, oui, il y a mon fils. Je dis, bon, écoutez, vous m'autorisez à lui parler. Donc je le reçois dans le box où elle était, avec son fils. Et puis, je m'étais évidemment présenté en tant qu'inter de cardiologie. Médecin, on va dire, mais pas titulaire thésé de cardiologie. Mais c'était quand même moi qui m'occupais d'elle. Et puis, le fils me dit, regarde sa mère, il dit, écoute maman. Tu vois là le monsieur, il est en train de t'expliquer que demain tu vas voir un vrai cardiologue qui te dit qu'il va poser un pacemaker. Et bon, là on serre un peu les dents, je dis que tu ne peux pas intervenir dans le spectacle là en train de faire semblant. Donc voilà, c'est des petites anecdotes mais qui font sourire. Et dans le flot, c'est vrai que j'avais souri. Voilà, c'est des petites choses qui agrémentent notre quotidien.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qu'on a tous vécu.

  • Speaker #0

    Oui, c'est assez amusant. Mais c'est vrai que quand on se positionne, je le vois avec les jeunes internes quand ils arrivent à faire des gardes, Ils sont des fois confrontés à des urgentistes, médecins urgentistes, qui ont 50 ans, 60 ans pour certains, et qui nous sollicitent alors qu'on a 25 ans. Et ce n'est pas facile pour nous toujours, parce qu'on est vraiment dans la posture de le cardiologue. Ça représente quand même quelque chose pour beaucoup des patients. Donc voilà, c'est des petites choses qui nous renforcent au quotidien. Mais c'est quand même toujours avec beaucoup de sympathie, je trouve. Il n'y a pas toujours de... ...de défiance.

  • Speaker #1

    C'est pas méchant, c'est une méconnaissance. Et à leur place, si on était... On aurait peut-être fait la même chose.

  • Speaker #0

    Ça fait d'accord. Pour revenir à tes passions, quand ils reviennent justement de leur rendez-vous de chez le Quintuple, est-ce que tu notes des choses qui reviennent assez souvent ? Ça m'intéresse parce que finalement, moi, je ne vois pas l'amour et l'aval des consultations. Est-ce que, par exemple, des fois, des choses que je peux noter, c'est genre, j'ai rien compris ou il ne m'a rien dit, il ne m'a rien expliqué. Est-ce que c'est dit ? parce qu'ils veulent avoir plus d'informations parce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils n'ont vraiment rien compris ? On passe du temps quand même à expliquer et ce n'est pas toujours facile.

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre, ça va dépendre des médecins et ça va dépendre des patients aussi. Après, c'est vrai qu'il y a deux choses. Alors, tu as les patients qui vont être plus facilement... accessibles à des explications par le praticien, qui vont mieux retenir. Les patients qui ont un petit peu de troubles cognitifs, de choses comme ça, un peu sourds, ça va être plus compliqué. Ils ne vont pas oser vous faire répéter, ils ne vont pas oser demander. Moi, quand je fais un courrier, déjà, j'essaie de faire l'effort d'avoir beaucoup de contexte, beaucoup de détails et d'avoir une question. Parfois, j'ai une question qui m'importe et donc j'essaie de la poser. Plus la question est mieux formulée. Plus tu pourras y répondre mieux et plus tu feras l'effort de mieux y répondre. Je n'ose pas imaginer le nombre de fois où tu as des courriers, bilan cardio, point. Je me suis toujours dit aux urgences, quand on reçoit des choses comme ça, je n'ai jamais dit que je ne ferais ça et donc je m'efforce toujours. Surtout que c'est l'avantage maintenant de l'informatique, c'est qu'on peut quand même avoir... Beaucoup d'informations à vous transmettre assez facilement. Ensuite, sur le retour, ça dépend. Les patients qui disent, bah oui, il m'a dit que ça allait bien, qu'il me faisait une échographie, ou alors, il me revoit dans un an, très bien, parfait. Tu vas avoir les patients qui vont dire, oh, bah, je sais pas trop, qui vont être un peu évasifs. Et tu vas avoir ceux qui vont dire, bah, il m'a pas parlé, mais il a parlé dans son truc, il va vous envoyer un compte rendu. Bon, dans ce cas-là, on attend le compte-rendu et on voit. Après, c'est vrai que c'est très agréable quand les patients y sortent et qu'ils ont compris. Voilà. Mais avec n'importe quel spécialiste, de toute façon, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Ça, oui, je le note. Ce qui n'est pas toujours facile, et je le vois, parce qu'au secrétariat, des fois, les gens sortent du rendez-vous et puis on leur explique pourquoi on fait des examens complémentaires. Et ça arrive que des fois, ils posent la question à nos secrétaires de dire Mais pourquoi il me fait cet examen-là ? En fait, les gens ont peur. Et l'émotion fait que ça brûle complètement le... Les schémas cognitifs qui les amènent à réaliser que peut-être il y a des examens, c'est grave, on a besoin d'éclaircir une situation. Et je voulais savoir comment toi, tes patients rejeudaient de ce rendez-vous-là. Donc oui, c'est évidemment dépendant du patient lui-même, du médecin.

  • Speaker #1

    Et puis on a parfois les patients qui disent, je lui ai dit que j'allais vous demander, il m'a dit qu'il fallait faire une échographie du cœur, mais qu'est-ce que vous en pensez ? Je dis, c'est une cardiologue dont c'est le métier de tous les jours et dit qu'il faut le faire. Je ne peux pas dire mieux que lui, vous savez, c'est très flatteur, c'est très gentil, mais...

  • Speaker #0

    Chacun son peu bête.

  • Speaker #1

    Oui, si on lui demande.

  • Speaker #0

    Je vois de plus en plus quand même un peu de défiance des patients envers la médecine. Alors, ça peut être sur les médicaments. C'est vrai qu'on a connu beaucoup de scandales sanitaires. Il y a eu le Mediator, les statines, on a beaucoup parlé de ça. Et je pense que ça fait beaucoup de tapage, malheureusement, puisque ça reste des super médicaments et je reviendrai dans d'autres émissions. Mais en tout cas, je note quand même que l'accès à l'information, les réseaux sociaux... Ça crée beaucoup de bruit, ça amplifie en fait ces phénomènes de peur. Je pense que ce n'est vraiment pas forcément de la défiance à mauvais escient de la part des gens, mais en tout cas, on remet beaucoup plus en question l'information. C'est vrai qu'on a tous le droit à cette information maintenant, l'Internet le permet, mais il y a quand même cette impression un peu se leurre de croire, parce qu'on a accès à l'information, en tout cas on a les moyens de maîtriser ce qu'on lit, est-ce que c'est quelque chose que toi tu notes dans ta pratique ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, dans nos pratiques déjà personnelles, l'accès à l'information, heureusement qu'il est là et c'est super. Plusieurs fois par jour, on va vérifier des choses, que ce soit sur les bases de données de médicaments, que ce soit sur des sites d'aide au diagnostic, ou à la décision médicale plutôt, les antibiotiques, on peut citer AntibioClic, qui est absolument génial et qui est une aide au quotidien pour avoir les bons traitements, les bonnes durées, les bonnes posologies. Donc ça, c'est extrêmement utile pour se mettre à jour sur certaines choses, sur certaines évolutions de calendriers vaccinaux, de choses comme ça. Récemment, il y a beaucoup de cas de rouge-jaune, donc on va revérifier, peut-être revacciner les adultes, ce qu'on ne faisait pas jusque-là. Donc toutes ces choses-là, elles sont essentielles pour aller plus vite. Ensuite, effectivement, elles peuvent être délétères. La qualité des informations, la source des informations, c'est le problème. Et puis, on veut un peu croire ce qu'on veut. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un biais de sélection.

  • Speaker #1

    C'est ça, on peut faire dire ce qu'on veut à n'importe quoi. On l'a beaucoup vu et beaucoup subi avec le Covid notamment, parfois pas aidé par d'anciens éminents docteurs qui sont un petit peu passés du côté médecin au côté du patient et qui ont fait beaucoup de mal dans la tête des gens, mais aussi parfois des émissions. Il y avait eu une émission sur les statines, t'en parlais, je crois que c'était Arte. Je t'avouerai que je l'ai... Je ne l'ai même pas revu. Mais j'ai eu plusieurs passions. Ah bah, je l'ai arrêté parce que j'ai vu que... Ou alors, ah bah, dis-le donc, j'ai vu ça. Qu'est-ce que vous en pensez ? Donc là, c'est déjà beaucoup plus constructif. Et il y a des gens qui sont absolument persuadés des choses et c'est impossible. Donc, nous, on les voit régulièrement. Donc, on leur dit régulièrement. Mais à un moment, je ne peux pas décider pour eux. Je ne peux pas les forcer. Donc, je leur dis, écoutez, je note. Et puis, si vous changez d'avis, on en reparle. vous pouvez changer d'avis quand vous voulez. Donc, oui, la source d'information, elle peut être bénéfique, comme elle peut être délétère, mais comme dans tous les domaines de toute façon.

  • Speaker #0

    Tout comme il n'y a pas plus sûr que celui qui ne veut pas entendre. On accompagne les gens, on est là pour les aider, les orienter, mais en tout cas, on est moins dans une transmission verticale de l'information où on faisait force de... C'était même plus de persuasion, mais d'autorité. Je pense que notre rôle, maintenant, il est beaucoup plus sur le... Justement, l'accompagnement et l'éducation des gens, après ils prennent leurs décisions, à bonnes ou à mauvaises échéances, mais il ne faut évidemment pas que ça soit délétère pour eux. Ce n'est pas évidemment toujours facile pour nous, puisque les statines, évidemment, c'est un médicament un peu un pilier en cardiologie, et je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, pourquoi on a tiré à boulet rouge sur ce médicament. Il a des effets indésirables. mais il aide aussi beaucoup de personnes. Et il n'y a pas de débat, comme je peux le voir pour certains, quand les gens ont eu un infarctus ou un AVC sur une cause athéromateuse, que ce soit une plaque qui se met au niveau des artères et qui bouche une artère, là, il n'y a pas de débat. Mais encore, assez régulièrement dans mon quotidien, je vois des gens qui remettent en cause ça. Et je pense que c'est donc... L'information, elle est toujours utile, mais quand elle est accompagnée, orientée. Donc voilà, tu partages un peu cette avis-là.

  • Speaker #1

    Je donne l'aide.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me... On va parler de l'observance. L'observance, c'est la propension des gens à suivre leur traitement. C'est une donnée de santé qui est en cardiologie catastrophique. Quand je dis catastrophique, c'est quand on regarde les gens qui ont de l'hypertension artérielle, le pourcentage de personnes qui suivent bien leurs médicaments et les règles indigènes de vie, il n'y a pas que le médicament dans l'hypertension artérielle, on se rend compte que les gens sont... sont assez peu à suivre ces mesures-là. Alors on sait qu'en cardio, on prescrit quand même très vite beaucoup de médicaments. C'est souvent mis dans l'urgence. Par exemple, dans la suite d'un infarctus, quand il est pris à temps, on peut espérer en tout cas à terme avoir que deux médicaments. Ça sera de l'aspirine pour la plupart du temps et une statine qui fait baisser le cholestérol et qui agit sur les plaques dont j'ai parlé au niveau des artères, notamment du cœur. Mais en tout cas, quand les choses vont moins bien, c'est tout de suite une rafale. Deux médicaments, huit, voire dix médicaments qui sont tous indépendants, qui ne se substituent pas, et c'est très dur à vivre pour les gens. Alors, quand toi tu les revois en post-infarctus, ou de l'insuffisance cardiaque par exemple, les gens ont été essoufflés et puis ils vont voir le cardiologue, et on leur dit votre cœur fonctionne mal, la pompe est défectueuse, et donc il va falloir l'aider à mieux fonctionner Et donc ça c'est au prix assez régulièrement de médicaments. Comment les gens vivent ça, toi, quand tu les revois en consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre un peu du contexte, effectivement. Le patient qui a eu une pathologie avec des symptômes, symptomatique, qui va avoir eu une coronarographie, un stent dans l'artère, qui va avoir une douleur dans la poitrine, partie en SAMU et tout ça, ce patient-là, ça l'embête, mais en général, sur le moment, il se rend bien compte qu'il est plutôt content d'avoir tout ça. Ça va être plutôt sur la durée, ou parfois ça va être un petit peu plus compliqué, et puis il y a effectivement passé de... il y a des gens, ils sont en pleine forme, ils font 20 km deux fois la semaine de course à pied, et puis boum, ils font un infar, ils ressortent avec des médicaments, et ils passent dans un monde qu'ils ne connaissent pas, et qui est sûrement extrêmement angoissant quand ça arrive. La plupart des gens, je pense, sont quand même observants, en tout cas moi j'ai l'impression, après peut-être aussi que les non-observants on les voit pas. Après, parfois, tu as toujours des patients qui viennent renouveler une ordonnance faite il y a six mois, qui était de trois mois, et qui te disent qu'ils prennent tous leurs médicaments. Donc, il y a un côté mathématique.

  • Speaker #0

    Je le fais régulièrement, ce constat-là.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un côté mathématique. Ensuite, moi, sur l'observance, ce que je dis à mes internes et ce que je fais, par exemple, sur un patient qui sort de la clinique où il y a eu beaucoup d'informations, beaucoup de choses, souvent, je reprends ligne par ligne, en fait, les médicaments, et je dis, est-ce que vous savez à quoi ça sert ? Et je leur dis à quoi ça sert. Et en fait quand tu leur dis ce médicament là il faut le prendre parce que ça évite de reboucher ou de décoller une plaque, de faire un AVC, une embolie ou un infarctus, et bah ça change tout de suite un petit peu la donne et ça motive un petit peu. Et ensuite il y a un truc qui quand même aide beaucoup, c'est toutes les formes combinées de médicaments où parfois on a deux molécules dans un seul comprimé. Donc le fait de limiter le nombre de comprimés, ça ça peut aider aussi mais parfois on n'a pas le choix, il y a beaucoup de médicaments effectivement mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Et oui, malheureusement, on fait du mieux qu'on peut. On est conscient qu'on ne met pas un médicament par plaisir aux gens. On est toujours à essayer d'alléger au plus. Et on sait que la polymédication, c'est-à-dire le fait de prendre beaucoup de traitements, peut être délétère. On parle même de iatrogénie, c'est-à-dire de maladie, si on pourrait dire ça comme ça, induite par les médicaments. Alors, ce n'est pas facile parce que les médicaments ont aussi des effets indésirables, mais ils ne doivent pas nuire. Et c'est toute cette fameuse médecine sur mesure qu'on essaye de mettre en place pour que les gens... En fait, le minimum de médicaments efficaces, c'est parfois du fait du terrain du patient, une insuffisance rénale, un patient qui va chuter, on pense qu'il est peut-être plus raisonnable de l'arrêter, même si l'arrêt de ce médicament peut être délétère dans la situation médicale du patient. Alors voilà, on est un peu au jour le jour, on fait qu'adapter. Et je voudrais rappeler l'intérêt comme ça, en tout cas pour les patients auditeurs qui m'écoutent, c'est que le renouvellement de traitement, ce n'est pas recopier une ordonnance de médicaments, c'est faire un point sur la situation globale du patient et se mettre dans... Aujourd'hui, vous avez ces médicaments-là. Est-ce qu'on le prolonge ? Est-ce qu'on le réévalue ? Est-ce qu'il est toujours utile ? Est-ce qu'il n'est pas à risque dans votre état ? Pour vous éviter des problèmes, en fait, parce que les médicaments en cardiologie sont très puissants. Et tous les jours, je me retrouve à arrêter des médicaments parce que... La personne, je pense que ça peut lui être très délétère. Je parle notamment de l'hypotension orthostatique, ce sont des baisses de tension quand les gens vont souvent se lever assez vite et qui sont potentialisées par les médicaments contre la tension. Alors évidemment, ce que je ne dis pas, c'est que les traitements sont nécessaires, mais parfois, quand les gens ont des symptômes, on sait qu'ils ont plus de risques, si on devait dire ça comme ça, de décéder d'une chute. que d'avoir une tension artérielle bien équilibrée. Et c'est très difficile pour nous en pratique. C'est très vrai en gériatrie, donc pour les personnes qui ont un certain âge. Donc écoute, merci pour ton regard sur l'observance. Je vois qu'on a les mêmes difficultés et en reprenant un par un les traitements, c'est vrai que ça les aide. Est-ce que tu peux me parler un peu de la réadaptation cardiaque ? C'est vrai que moi en tant que cardiologue, je prêche pour ça puisque je fais beaucoup d'activités non-invasives. Je suis toujours un peu surpris de voir qu'on est beaucoup dans le curatif. Et c'est vrai qu'il y a parfois ce réflexe presque simple de dire un diabète, un traitement, du cholestérol, un traitement, etc. A chaque problématique, son médicament, si on peut dire ça comme ça. Mais il y a une chose sur laquelle je suis persuadé et je le dis très ouvertement, sur laquelle on ne mise pas assez, c'est la... La réadaptation, puisqu'il y a une approche globale du patient sur son traitement, évidemment sa maladie, mais aussi le fameux réentraînement à l'effort qui est un peu décrié, les gens ont du mal à s'y mettre. De plus en plus, on parle de sport santé, de prescription d'activités physiques adaptées. Je presse jour et nuit pour ça, je pense qu'on n'a pas assez de moyens pour ça, alors que ça ferait vraiment, en termes de prévention et de politique de santé, ça serait génial. On manque de moyens, pas juste financiers, mais aussi techniques et humains. Est-ce que toi, c'est quelque chose que tu mets en place ? Comment c'est vu par tes patients ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    La réadaptation cardiaque, elle est clairement post-événement cardiovasculaire, donc elle est post-infarctus, elle est post-passage clinique, hôpital et tout ça, et donc elle est mise en place par les cardiologues qui vont avoir pris en charge le patient. Donc moi, je ne suis pas vraiment directement concerné, en tout cas, je ne vais pas l'instaurer. C'est effectivement quelque chose qu'on connaît, je pense, mal, nous aussi. Par contre, effectivement, le patient qui me dit Ah, le cardiologue, ils m'ont dit que ce serait bien de faire je leur dis Bah oui, bien évidemment. Faites, ça permet de renforcer, c'est un muscle, il faut le faire travailler. Pour éviter d'en être plus malade ou en tout cas d'en avoir plus de symptômes, je ne peux qu'encourager les patients qui me posent la question. Mais on n'est pas dans la chaîne décisionnaire, j'ai envie de dire. On arrive après.

  • Speaker #0

    Justement, c'est ça qui est assez troublant et c'est intéressant ce que tu me dis, parce qu'en fait, je constate quand même qu'au sein même des cardiologues, la prescription de réadaptation cardiaque n'est pas assez mise en avant. Les gens en suivent peu, mais je pense que tu vois, si les collègues généralistes étaient aussi plus sensibilisés à ça, vous pourriez tout autant le prescrire en fait. Pas forcément en prévention secondaire, aussi en prévention primaire, parce qu'une personne qui est en affection longue durée, c'est-à-dire que la sécurité sociale... L'État reconnaît une maladie chronique pour un patient et qui lui permet d'avoir une exonération de ses soins, en tout cas sur un tarif classique, opposable, et bien ils peuvent bénéficier de ces réadaptations cardiaques. Donc le patient diabétique, le patient qui a de l'insuffisance cardiaque, alors évidemment sur la prévention secondaire, si on peut dire ça comme ça, mais la maladie est un peu insidieuse, et on a toujours tendance à penser que la réadaptation concerne le post-infarctus. ou le post chirurgie cardiaque de pontage notamment au Deval. Et en fait, ce n'est pas assez prescrit. Alors voilà, on y pense beaucoup. On essaye de voir comment on peut aussi nous, à notre échelle, le mettre en place. Mais c'est très difficile et pourtant, je pense que c'est essentiel. Et voire même, je peux te dire, dans la revascularisation coronaire, on est beaucoup moins invasif pour la pose des stents. Et parfois même, c'est un. Le traitement, le seul traitement proposé chez des patients qui ne sont pas forcément revascularisables, où on n'a pas forcément envie d'aller mettre des stents, on leur dit vous avez le médicament d'un côté, mais on va vous faire faire de la réadaptation cardiaque, du réentraînement à l'effort, et vous verrez, c'est un traitement Ce n'est pas facile parce que ce n'est pas perçu comme une thérapeutique à part entière. On a l'impression que c'est comme les gens sortent de l'hôpital, ils vont faire leur convalescence. Et je pense qu'il faut débunker beaucoup de messages autour de ça. Peut-être, du coup, toi aussi, dans ton quotidien, le proposer aux gens, alors même que le cardiologue, peut-être, ne l'a pas proposé. Ce n'est pas une volonté ou un oubli, mais des fois, c'est vrai qu'on est pris dans le flot. Et moi, ça m'est déjà arrivé de me dire, tiens, c'est vrai, ce patient-là, il aurait pu en bénéficier, je ne lui ai même pas proposé. Je le reconnais humblement, mais c'est vrai que cette case réadaptation, elle n'est pas assez mise en avant, alors que les résultats sont incroyables. Et ça, je reviendrai dans d'autres émissions, parce que la réadaptation, c'est pour moi un peu le parent pauvre de la cardio, alors que c'est essentiel. Petite question, si on te donnait une baguette magique, alors on n'est pas sur des contes de fées, mais est-ce que tu changerais quelque chose dans le système de santé vis-à-vis de la prise en charge cardiologique ? Je ne vais pas te faire une approche globale de la santé en France, mais sur la cardio, est-ce qu'il y a quelque chose ? Si tu es une petite fée avec une baguette, est-ce que tu ferais quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors là, Grégoire voit mes grands yeux écarquillés. C'est compliqué, je veux dire, tout le monde s'y casse les dents. Il y a toujours des problèmes de toute façon. de moyens, de budgets, de choses comme ça, qui sont des... Des données bien compliquées, bien compliquées. Ensuite, je pense que globalement, que ce soit la cardiologie ou la médecine, globalement, c'est toujours ce problème d'attractivité. C'est l'administratif, c'est les charges, c'est toutes ces choses-là pour favoriser tout simplement les jeunes à s'installer, à travailler en ville, à faire du libéral et tout ça, qui est un domaine qui peut faire peur. Et donc, ça, ça peut. Et puis ensuite, après... C'est aussi qu'est-ce qu'on veut faire de notre système de santé. Il y a des choses sur lesquelles je suis beaucoup plus limitatif. On parle des infirmières en pratique avancée qui vont jouer au docteur, je vais avoir des hurlements. Je pense que les IPA ça peut être extrêmement bien et on le sait à l'hôpital peut-être ou en clinique et des choses comme ça. Mais la volonté de créer des choses comme ça en ville pour pallier un manque de médecins c'est... ...dans mon point de vue, quelque chose qui ne va pas être bénéfique aux patients. Ce n'est pas le même métier, ce n'est pas les mêmes choses, c'est de la rustine. Je suis persuadé qu'elles ont envie de bien faire, les dames qui font ça et les messieurs qui font hyper. Néanmoins, c'est un peu la cabine de téléconsultation humaine. Mais voilà, après je ne peux pas non plus... Jeter la pierre au fait que les pouvoirs publics essaient de trouver des solutions, même si ce n'est pas celle que j'aimerais entendre, mais ce n'est pas moi qui décide de toute façon.

  • Speaker #0

    Donc si j'essaie un peu de te comprendre, la baguette magique, ce serait plus de médecins en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement c'est ça. Ensuite, il y a l'évolution aussi de la société et tout ça, la féminisation de la médecine, le fait que globalement on travaille sûrement moins en... en nombre de jours et tout ça que la génération précédente. Et je veux dire, c'est pas un gros mot.

  • Speaker #0

    Et je pense que les générations A qui arrivent, la génération Z, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est pas un gros mot. Moi, je travaille beaucoup moins que travaillait mon papa. Il y a une féminisation de la médecine qui a aussi une volonté, les femmes médecins, de s'occuper peut-être plus des enfants que ne faisait le monsieur, il y a 40 ans, qui était le docteur. Et ainsi de suite, donc j'ai moi le premier, je prends du temps, j'aime aller une fois par semaine chercher mes enfants à l'école, pour être disponible s'il y a une activité à l'école ou des choses comme ça, pour accompagner, donc voilà, je m'inclus dans tout ça. Et puis il y a la surspécialisation, la modernisation de la médecine, avant t'avais un cardiologue qui faisait toute la cardiologie, maintenant t'as un cardio qui fait la cardio de ville, t'en as un qui fait de l'arithmo, t'en as un qui va faire... de l'interventionnel, tu en as un qui va te faire du rythme, de la conduction, j'ai vu qu'on pouvait distinguer les deux choses, comme tu l'as dit tout à l'heure, et ainsi de suite. Donc, il faut plus de médecins aussi pour faire la même chose qu'avant. Donc, mis bout à bout, c'est sûr que c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Ça, c'est vrai que c'est ce que tu... Je rebondis un peu, mais la sur-spécialisation en cardiologie, j'ai un patient, par exemple, qui est venu une fois, il avait des palpitations. Donc je lui fais un électrocardiogramme, on lui découvre de l'arythmie. Je l'envoie voir un rythmologue. Il se trouve que du fait de sa situation, son cœur fonctionnait mal, on lui fait une coronarographie. Il va voir un autre cardiologue qui s'occupe des artères. On lui pose un stent. Je le revois, je lui propose de la réadaptation cardiaque. Il voit un autre cardiologue. Et à la fin, il me dit, écoutez, je ne comprends pas, vous êtes cardiologue, mais j'en ai vu quatre. Tu ne dis pas oui ? En fait, on est sur-spécialisés et on est tous cardiologues, mais on a une activité des valences, on va dire, beaucoup plus particulière et ce n'est pas facile à suivre pour les gens. Je le reconnais. Il n'y a pas de compérage là-dedans. C'est une attitude tout à fait saine dans la relation de soins. Mais comme tu dis, je pense qu'en effet, on aspire de plus en plus à avoir aussi une vie personnelle. En fait, je fais une petite digression, mais on voit quand même, et si on prend les tendances actuelles, on considère que les jeunes installés, enfin les jeunes actifs plutôt, dans la vie du travail, la vie de tous les jours, vont changer plusieurs fois de métier. Et quand on est médecin, on peut changer de métier. On peut devenir médecin dans une structure administrative, dans une assurance, on peut être journaliste, on peut bosser pour un labo. Mais au final, on reste quand même médecin et on ne peut pas substituer nos études, comme tu le disais, pour les IPA. Je pense que c'est plutôt un travail en binôme. de partenariat, mais en tout cas, en effet, on ne remplacera jamais 10 années d'études. C'est comme ça. Mais en tout cas, on aspire aussi à avoir une vie épanouissante personnellement. Et on n'est plus... J'ai eu des patients qui m'ont dit, c'est pas comme avant. On pouvait prendre rendez-vous à 22h et le samedi. Eh ben non, ça n'existe plus en fait. Malheureusement, ça n'existe plus. Les plus jeunes médecins, et pas si jeunes que ça d'ailleurs, des fois les biomédecins m'ont dit Mais vous avez raison, je regrette d'avoir autant travaillé. Je suis passé aussi à côté de beaucoup de choses dans ma vie. On est dans un climat aussi beaucoup d'incertitudes économiques. géopolitique et la vie est courte finalement. Donc voilà, c'est une petite parenthèse pour resituer le rôle du médecin et sa vie personnelle.

  • Speaker #1

    T'as dit c'est comme ça, malheureusement. Donc je vois que tu veux rouvrir jusqu'à 22h le soir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je le dis parce qu'on manque de créneaux de consultation. Et je rebondis sur les lapins parce qu'en fait, aujourd'hui, beaucoup, beaucoup de consultations ne sont pas honorées. Alors, il y a eu un débat sur la fameuse taxe lapin. Certains m'ont dit vous faites ça pour l'argent. Je pense que c'est un non-débat. A mon sens, je pense que cette taxe-là, si on devait juste la considérer, elle devrait aller dans une enveloppe commune. Moi, je ne cherche pas à m'enrichir sur des patients qui ne viennent pas en récupérant une somme de 1, 2, 3, 4, 5 euros. J'ai déjà, au final, perdu suffisamment d'argent, puisqu'on est payé à l'acte. Donc, un patient qui ne vient pas, ça ne représente pas qu'une consultation qui n'est pas honorée. C'est aussi, finalement... Une partie de l'activité financière du médecin qui n'est pas honorée et en fait comme toute personne honorable travaille aussi pour un solde donc il faut pas non plus rougir et c'est pas tabou l'argent est un peu tabou en France mais je pense que cette fameuse taxe lapin elle a du sens et malheureusement il n'y a que à mon sens en touchant au portefeuille mais pas pour sanctionner mais pour responsabiliser les gens que les rendez-vous soient honorés alors on verra ce que ça donne mais voilà si on peut améliorer les choses de ce côté là C'est peut-être une bonne chose. Mais en tout cas, les médecins ont fait des carrières qui sont longues. Si on projette comme ça, on en a au moins pour 67 ans, donc plus de 35 ans d'activité de médecin, qui est une activité passionnante, très riche humainement, qui a son lot de routines, mais comme tout métier, mais il faut garder encore une envie. Et malheureusement, je vois beaucoup de mes collègues qui déboulonnent leur plaque et qui arrêtent la médecine générale à regret parce que... Il ne s'y retrouve plus dans les valeurs, dans le côté financier, on n'en parle pas assez, mais c'est une activité qui a moins d'actes techniques et donc moins rémunératrice. Mais voilà, je sais que les choses évoluent. On passe pour des nantis pour beaucoup de personnes, mais on a beaucoup de responsabilités et on a une expertise très particulière qui doit aussi être valorisée. Merci en tout cas de partager cet avis là-dessus, sur la vie personnelle aussi des médecins. Nous ne sommes pas des machines et on fait toujours du mieux qu'on peut. On est très dévoués pour nos patients. Je voudrais justement rappeler un peu le rôle central du généraliste, du médecin généraliste dans la prise en charge des patients pour le suivi en cardio. C'est vrai qu'on aime beaucoup parler de coordination. Mais parlons vrai, en tant que cardio, j'interviens, c'est pas ponctuellement, d'ailleurs on parle d'avis ponctuels de consultants, c'est une terme technique et aussi financée qu'on nous donne pour une consultation la plupart du temps. Donc voilà, dans la prise en charge, on pose un diagnostic, on oriente la prise en charge, ça va être un stent, un pacemaker, etc. Mais voilà, je trouve qu'on parle pas assez du rôle du médecin généraliste dans le suivi des maladies cardiaques, et je le dis d'autant plus avec certitude que j'ai des patients qui me disent non mais attendez, je comprends pas, j'ai pas l'intérêt d'aller voir un généraliste, ils vont me voyer une fois par an Qu'est-ce que tu me dis ? Qu'est-ce que ça fait écho à... ...Panthro ?

  • Speaker #1

    C'est très complémentaire de toute façon, et puis surtout le temps de consultation, d'un renouvellement du patient que nous on va avoir tous les trois mois et soit une fois l'année, ça va être surtout l'occasion de parler d'autres choses, de faire le point sur d'autres choses aussi. Alors on n'aime pas quand il y a une liste de questions de 25 choses différentes, mais profiter d'une consultation de renouvellement quand la personne va bien, pour faire une osculation cardiopulmonaire, voir qu'il n'y a pas un trouble du rythme. pour rappeler l'attention, insister pour parfois des auto-mesures à la maison, ça c'est extrêmement bénéfique, le fait que les appareils d'attention soient abordables désormais. Et donc ça va être un temps d'échange sur une santé plus globale, on parlait de vaccination, ça peut permettre de... de regarder le cutané, de pouvoir répondre à des questions et de prévoir les choses aussi. Tiens, vous renvoyez le cardiologue là, la dernière prise de sens et quand ? Tiens, on fait un bilan, est-ce qu'il nous en a prévu un ? Non ? Bah tenez, on va faire un bilan sanguin avant. Et voilà, si on a une question, on pourra reformuler une question avec un courrier en plus si jamais c'est nécessaire. Et voilà, je dirais que c'est simplement complémentaire.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je ne sais pas bien de quoi tu parles. Je rebondis là-dessus, sur l'éducation thérapeutique. Alors c'est un mot qui est un peu pompeux, c'est plutôt de l'information pour les patients, pour qu'ils comprennent les enjeux de leur maladie, des médicaments. Personnellement, je n'arrive pas à dégager assez de temps pour ça, et j'ai du coup l'aide, on parlait tout à l'heure des IPA, c'est vrai que c'est peut-être une activité qui peut être proposée, mise en avant pour accompagner les gens, coordonner, orienter, etc. J'ai la chance moi au cabinet d'avoir un infirmier très compétent en cardiologie, que je salue, qui s'appelle Florian. et qui est infirmier de cardiologie, il n'a pas la spécialité cardiologie, mais en tout cas, il a travaillé longtemps en cardiologie, qui est assistant médical. C'est un titre qui est maintenant reconnu auprès de l'assurance maladie et qui nous permet d'avoir un financement ancien. pour dégager en tout cas du temps pour les médecins. Et voilà, ça m'accompagne, ça m'aide au quotidien pour proposer un peu plus de temps médical pour les gens. Est-ce que toi, tu as justement quelqu'un qui t'aide à faire ça, cette éducation thérapeutique, cet accompagnement ? Non,

  • Speaker #1

    non, on n'en a pas. On profite de la consultation, en tout cas pour ma part, pour parler tabac, pour parler activité, pour parler tout ça. Donc, c'est plus des choses qui sont courtes et répétées. En fait, c'est des choses qu'on aborde régulièrement. Donc voilà, on n'a pas d'activité spécifique au cabinet, c'est des structures qui s'organisent pour avoir ça, sauf que la difficulté c'est que c'est des... Ce sont des structures qui sont validées par nos amis de l'Agence Régionale de Santé avec toute la complexité que ça a. Et clairement, je n'en ai absolument aucune envie. Ensuite, les assistants médicaux, avec les financements dont tu parles. Le problème, c'est que les règles du jeu, elles changent quand la Sécu, elle veut, comme elle veut. Et donc, du coup, oui, tu as une aide au financement, mais quand tu n'as plus de financement, et puis s'il y a un souci, puis machin, ça reste toi l'employeur. Et puis ensuite, la troisième raison, c'est qu'on n'a pas... Autant d'actes techniques que toi, on n'a pas autant de matériel que toi à manipuler. Et en fait, nous, le temps de consultation, moi c'est un quart d'heure la consultation, ça passe vite et je veux dire, si je rajoute un assistant médical qui va remplir le dossier, qui va prendre les informations, qui va me mettre le motif, voilà, et qu'en fait je viens juste pour mettre un coup de stéto, dire on fait ça, on fait ça, je m'en vais, c'est pas la vision de la médecine générale que j'ai et ce n'est pas celle que je veux donner.

  • Speaker #0

    Que beaucoup partagent, je l'entends.

  • Speaker #1

    C'est pas ça.

  • Speaker #0

    C'est généraliste. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui se fait dans certains pays, mais... on ne sait pas quel médecin on voit, on ne sait pas qui on voit et on n'explique pas bien ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord que sur des actes techniques, moi je m'y retrouve dans cette activité-là, parce que justement, quand il s'agit de faire un électrocardiogramme, une prise de tension, de poids, d'adapter parfois une tension, il y a des partages d'activités, des collaborations, on s'appelle la délégation de tâches, c'est vrai aussi pour l'échographie de plus en plus, on appelle ça des sonographeurs. Donc je suis d'accord qu'en médecine générale c'est peut-être aussi différent et on vous pousse à ça, alors qu'à mon sens je suis d'accord que ça ne s'y prête peut-être pas.

  • Speaker #1

    C'est une réponse politique à des questions des lecteurs.

  • Speaker #0

    Ça brille. Ça brille. C'est beau. J'entends très bien. Justement, je fais écho à ça avec le télésuivi. Tu en as peut-être entendu parler, le télésuivi de l'insuffisance cardiaque. Je fais une émission dédiée parce qu'en fait, on se rend compte que les gens qui ont de l'insuffisance cardiaque sont des patients à très haut risque d'hospitalisation et de décès. Pareil, je dirais dans d'autres émissions que ce à quoi correspond l'insuffisance cardiaque, mais il y a différentes plateformes qui sont mises en place. Personnellement, je travaille avec Satélia. J'espère les recevoir un jour pour essayer d'aborder ces problématiques-là. Comment tu vois ça de ton côté, le télésuivi de l'insurance cardiaque ? J'explique un petit peu. Il s'agit d'inclure des gens dans un réseau de soins par un prestataire de santé qui va mettre à disposition des patients un ou une infirmière et assurer une permanence des soins un petit peu dématérialisée pour voir un peu l'évolution de l'état de santé d'un patient et adapter des médicaments. Nous, en tant que cardiologues, on reçoit une alerte. Pour dire que ce patient-là manifestement ne va pas bien, il faudrait peut-être le revoir ou l'adapter, lui prescrire une prise de sang. J'ai eu un peu des retours négatifs de mes collègues généralistes parce qu'en fait c'est vu comme une substitution du suivi parfois. Comment toi tu le perçois ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas été beaucoup confronté, je réfléchis, mais dans ma pratique sur... Un télésuivi comme ça, moi spontanément je pense plutôt aux boîtiers de surveillance, aux choses comme ça.

  • Speaker #0

    Les pay-snickers, les subrisateurs qui font des alertes en effet.

  • Speaker #1

    Ou parfois, il y a quelque chose, je ne sais pas s'il marche, je ne sais pas s'il est branché, c'est ça. J'ai appuyé sur les boutons du bas, appelé le numéro qui est dessus, puis oui. Après, on sait qu'il y a les sorties accompagnées par les infirmiers, infirmières à domicile, post-insurance cardiaque, tout ça. J'ai parfois plus l'impression qu'il y a une lourdeur d'administration, de poids, de papier, de réponse, de machin, de truc, que d'efficient. Après, c'est ce que je te dis, je n'ai pas d'expérience particulière et donc je ne vais pas faire des cas particuliers.

  • Speaker #0

    Pas un avis de cause, c'est bien ou pas. Je n'ai pas d'avis. Tu as besoin aussi de l'expérimenter. C'est vrai que tu es dans ce table de plus en plus. Alors, il y a une participation, évidemment, de la sécurité sociale sur ces choses-là. Mais un petit mot, puisque ça m'intéresse forcément de près, puisque je suis confronté, c'est un des traitements maintenant du suivi d'un science cardiaque. Il y a même beaucoup de papiers qui ressortent sur une diminution de la mortalité et des hospitalisations. Entre guillemets, on pourrait dire que ne pas proposer cette solution aux patients, c'est une perte d'objet. Mais c'est vrai que ça rentre peut-être un peu dans les pratiques. Mais bon, encore une fois, j'y reviendrai. Justement, dans le prolongement de ça, un dernier sujet que j'aimerais aborder avec toi, sort peut-être un peu du cadre, c'est des projections sur l'avenir. On parle beaucoup de l'arrivée de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé. Est-ce que c'est quelque chose que tu attends ?

  • Speaker #1

    Alors, que j'attends ? Est-ce que je l'attends ? Je ne suis pas sûr que je l'attende parce que je pense que j'arrive à faire, j'espère correctement, mon travail sans. Après, elle va arriver et je pense qu'il faut qu'on l'attrape en vol. Il faut qu'on s'en serve parce qu'il faut qu'elle soit bénéfique. Après, de quelle façon ? Il va y avoir plein de choses différentes. Je pense que oui, c'est important et qu'il faut que ça nous aide. C'est un objet. On ne peut pas faire sans, enfin je veux dire, ce n'est pas possible. On parlait de photos, moi j'aime bien la photo. Dernière mise à jour du logiciel Lightroom, ils ont induit un petit peu d'IA pour retoucher certaines images, pour enlever des décors et tout ça, c'est bluffant. Pour enlever un poteau, un verre sur une table et tout ça, ça te reconstitue l'arrière-plan, c'est absolument bluffant. C'est mille fois plus facile que ce qu'il y avait avant. pour quelqu'un qui ne sait pas du tout me servir de logiciel, comme moi, par rapport à certains qui maîtrisent ça très bien. Mais donc oui, c'est bluffant. Ensuite, c'est comme tout, c'est bien, c'est pas bien, il y aura du bien, il y aura du pas bien. il y a des choses comme ça qui sont développées en IA, en médecine, où l'ordinateur écoute toute la consultation, retranscrit un compte-rendu.

  • Speaker #0

    Je pense à Nabla, désolé.

  • Speaker #1

    Je pense à Taina aussi, il y a ça.

  • Speaker #0

    Il y en a pas mal,

  • Speaker #1

    mais voilà. Ou effectivement, pourquoi pas. Après, moi, dans ma pratique, ce genre de choses, je pense que c'est moins utile. Parce que je tape vite, j'écris vite, et que j'ai mes petits raccourcis, et que globalement, je ne pense pas que ça puisse... Moi dans ma pratique, changer tout. Après, c'est sûr que ça doit pouvoir aider sur des consultations plus longues, des consultations d'annonces, des consultations où c'est bien, ou des médecins tout simplement qui ne sont pas à l'aise aussi avec leur clavier. Après, est-ce qu'ils seront à l'aise avec le logiciel d'intelligence artificielle, c'est un autre problème.

  • Speaker #0

    C'est vrai, une question de génération.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ensuite, je n'ai pas de cas concrets à l'IA. Ensuite, c'est toujours un problème de responsabilité derrière. C'est comme les trucs d'analyse de CG, des choses comme ça. Il faut voir, mais en tout cas, oui, je pense qu'il va falloir qu'on s'appuie dessus.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que de plus en plus, moi, je le vois comme un outil. En fait, je pense que ça peut nous aider. J'ai une grosse inquiétude là-dessus et peut-être j'essaierai de recevoir des personnes qui sont dans ce domaine-là de la santé. C'est la data. C'est moi ce qui me fait le plus peur. Comment gérer nos données ? À qui elles appartiennent ? On parle de serveurs, de cloud, etc. Elles appartiennent aux mains de gros groupes. On peut financiariser aussi ces données-là, on peut les trafiquer, on peut en faire un peu ce qu'on veut. Faute de support matériel, la donnée numérique va devenir la norme. Peut-être que ce sont des projections, c'est un peu plus philosophique. On n'aura plus les moyens de critiquer. J'en parlais avec des amis hier soir, de remettre en cause ce qui est vrai de ce qui est faux. Et peut-être quand tu regardes dans l'histoire, quand on voulait faire disparaître une information, on brûlait des livres, c'était les autodafés. Maintenant, les données peuvent être aussi falsifiées et elles sont réputées vraies. Donc dans la santé, ça peut être aussi très dangereux et c'est ma seule inquiétude de savoir comment on gérera ce virage. À mon sens, il faut le voir comme un outil, un peu comme l'agriculteur va utiliser sa... Ça n'a plus rien à voir, le métier d'agriculteur, où il binait son terrain, il plantait lui-même ses graines. Maintenant, c'est des monstres de ferraille qui vont travailler la terre, et pourtant, on en est assez content. Donc c'est vrai que l'IA doit être vue comme ça, mais elle ne doit pas substituer l'humain et nous isoler. J'ai peur de ça, des données de santé. Mais en tout cas, sur un plan purement de... En tout cas de la... De la cardiologie, je vois que l'interprétation de l'électrocardiogramme, c'est incroyable ce que c'est capable de faire. Dans l'imagerie aussi, le scanner coronaire, l'IRM cardiaque, l'échographie aussi, les analyses automatiques qui sont presque à l'époque, moi je voyais ça avec un sourire, avec un regard un peu de vieux maintenant, où c'était des... C'était du maquillage, c'était un peu du gadget. Là, ça apporte une vraie plus-value dans l'analyse des données. Donc, je suis curieux de voir, tout aussi curieux qu'inquié. Et à ton domaine, je pense qu'en effet, il faut le choper en plein vol. Sinon, pas pour être chauvin et corporatiste, mais n'oublions pas que les médecins sont quand même les gens qui veulent le bien de leurs patients. Et peut-être, voilà le conseil de l'ordre. J'espère que ça fera... tout ce qu'il peut pour être présent sur ce chantier-là. Écoute-vous là, on arrive à la fin de notre émission. En tout cas, je tiens du fond du cœur à te remercier pour le temps que tu m'as accordé et tes avis extrêmement intéressants et pointus sur le domaine de la carte du monde. Oui, oui, il faut le dire, c'est intéressant. Évidemment, je pense que cet échange-là, il ne prétend pas montrer une vérité, mais en tout cas une réalité de ce qui existe. Alors, je pense qu'il y aura des collègues qui auront une pratique très différente de ce qu'on a pu... évoqué, mais en fait, voilà, dans ces podcasts-là, je voulais aussi, c'est pas juste rendre hommage, mais c'est aussi montrer la réalité de ce qui se passe aujourd'hui en France en 2024, même en juin 2024, c'est le moment On enregistre cet épisode-là.

  • Speaker #1

    Les fesses levées tôt en dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, pourtant, c'est dur s'il est grâce à vous. C'est précieux et rare, mais voilà. Non, non, je suis très content de mettre levé tôt. La journée m'appartient maintenant, même s'il commence à être un peu tard. Mais voilà, je suis en tout cas super heureux de parler de la médecine générale pour ce premier interview parce qu'en fait, je parle le nom des cardiologues parce qu'on ne fera rien sans vous. On travaille en binôme, si on peut dire ça comme ça, main dans la main. et voilà la collaboration elle est pas que technique elle est aussi surtout humaine et c'est très riche donc voilà un grand merci Gauthier j'ai tant aimé passer ce moment avec toi pour finir la parole pour finir l'épisode je te donne la parole est-ce qu'il y a un sujet que t'aimerais que j'aborde pour un prochain épisode ? et bien celui que tu veux celui que tu veux ok et bien ça tombe bien parce que je je m'attendais pas à cette réponse mais tu vois je savais pas gérer la question non plus Je vais réfléchir, pour les interviews en tout cas.

  • Speaker #1

    On en parlait de connaissances en commun, on parlait de la cardiologie vétérinaire, ça peut être très rigolo effectivement.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai un copain qui est cardiologue vétérinaire, et je pense qu'il y a beaucoup de similitudes sur la santé animale, et des prises en charge pour voir un petit peu comment il fonctionne, des échographies, alors j'ai vu qu'il y a peu de temps il s'était occupé d'une poule. Donc voilà, c'est pas commun, mais je pense qu'on apprend beaucoup aussi des animaux. Donc voilà, la cardiologie est un pilier de la santé qui est évidemment central et très très important pour nous tous. Voilà, avec plaisir, en effet, je leur parlerai pour le recevoir et voir comment on peut échanger entre l'humain et l'animal.

  • Speaker #1

    Tu vas venir à la poule ?

  • Speaker #0

    Je ferai bien la poule. Écoute, j'ai une dernière petite chose à te demander. C'est quelque chose que j'aimerais instituer. Mettre un peu de poésie, un peu de littérature dans la fin de ces échanges, parce que j'aime beaucoup ça. Est-ce que tu accepterais de me donner une citation, une maxime sur le cœur, évidemment, qui permettrait à nos auditeurs de s'évader un peu le temps d'un instant ?

  • Speaker #1

    Alors, heureusement que celle-là, tu me l'avais donnée. J'ai pu réfléchir. Je suis sûrement beaucoup moins littéraire que toi. Non, mais t'aimes bien ça. Et du coup, tu vois, je réfléchis. Je dis, oh là là, qu'est-ce que je vais lui trouver à Grégoire ? Et en fait, j'ai eu un flash. Cette phrase, cette citation que tout le monde connaît. Donc, comme ça, je vais la piquer. Donc, tous ceux d'après, tu leur diras, ils ne peuvent pas. C'est celle de Pascal qu'on connaît tous. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Je vais m'éloigner du côté romantique et je vais la lire dans un autre sens. Ce qui est important, je pense, c'est d'accepter une part d'incertitude. On n'a pas toujours la raison, on ne comprend pas toujours, on ne sait pas toujours. Et ça, c'est un truc que je dis toujours à mes internes. Il faut savoir dire qu'on ne sait pas quand on ne sait pas. On ne peut pas tout savoir. Et moi, le nombre de fois dans une journée où je dis aux gens, écoutez, je ne sais pas, je me renseigne, je vais voir.

  • Speaker #0

    Et bien voilà,

  • Speaker #1

    la raison ne connaît pas.

  • Speaker #0

    exactement j'apprécie beaucoup bien cette citation je te remercie, elle est très riche de sens et voilà je vous laisse méditer, réfléchir à cette phrase et c'est vrai que l'émotion la raison c'est ce qui nous définit humain et nous n'oublions pas donc merci beaucoup Gauthier pour cette dernière phrase et aussi pour cet échange je me suis déflatté l'émission se termine merci à tous d'avoir écouté en plein coeur et j'aurais plaisir de vous retrouver sur d'autres émissions à la fois pour aborder des sujets peut-être plus techniques mais aussi des partages d'expérience et des interviews de personnes de la vie quotidienne qui nous unit tous merci, merci encore Gauthier Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, j'aurai le plaisir de vous parler de nos amis les animaux. Ce sont des confidents pour certains. de véritables membres de la famille pour d'autres. Ils savent nous faire rire comme des baleines, aussi bien que nous rendre chèvres. Mais au fond, les animaux sont de véritables alliés pour notre santé et j'aurai le plaisir de vous expliquer pourquoi et comment ils prennent aussi bien soin de votre cœur. Alors, je vous donne rendez-vous dans 15 jours et encore une fois, je vous remercie chaleureusement pour votre écoute. Je vous dis donc à très bientôt pour ce nouvel épisode. Thank

Share

Embed

You may also like

Description

❤️ Bonjour,


Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir un collègue et ami de longue date, le Dr Gautier BAÏSSAS, Médecin généraliste près de Rouen 👨‍⚕️


Lors de cet entretien, nous parlerons de vous : de votre santé évidemment mais aussi de la place que vous avez dans le parcours de soin cardiologique 💊


Car, parlons vrai, si nous avons tous un médecin de famille, il est fort probable que vous rencontriez un jour un cardiologue : cet entretien est donc un temps dédié aux questions que vous pourriez vous poser en vous rendant chez votre médecin généraliste quand il s’agit d’aborder des problématiques cardiovasculaires. Dépistage, suivi et gestion des maladies cardiovasculaires : vos médecins sont sur tous les fronts ❤️


Notre conversation couvrira également les défis et les opportunités que cette collaboration interdisciplinaire peut offrir 🤝


Enfin, cet échange est l’occasion de nous livrer plus personnellement car derrière la blouse, il y a des êtres humains passionnés qui ont tout simplement, un coeur, comme vous 🤲


Cet épisode est fait grâce à vous et pour vous ! 😇


Aussi, si vous aimez l'émission, partagez moi votre plus beau commentaire et abonnez-vous, cela vous permettra de ne pas manquer les prochains épisodes ! 🌟


Bonne écoute et prenez soin de votre coeur ❤️


---------------------------------------------------


🎶 MUSIQUES


Titre:  What You Want

Auteur: LiQWYD and Luke Bergs

Source: https://soundcloud.com/liqwyd

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Shine

Auteur: Onycs

Source: https://soundcloud.com/onycsmusic

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Sleep

Auteur: Scott Buckley

Source: https://www.scottbuckley.com.au

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Daybreak feat Henk

Auteur: Jens East

Source: https://soundcloud.com/jenseast

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Relaxing In The Hammock

Auteur: Glaciære

Source: https://steviasphere.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Flourish

Auteur: Purrple Cat

Source: https://soundcloud.com/purrplecat

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Nostalgia

Auteur: Johny Grimes

Source: https://soundcloud.com/johny-grimes

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


---------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Grégoire Cauchois et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. À travers des conseils pratiques, des interviews de soignants ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir le docteur Gautier Baïssas, qui est médecin généraliste près de Rouen. Gautier, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Je t'en prie.

  • Speaker #0

    Gautier, tu es mon premier invité sur cette émission et c'est avec beaucoup de plaisir une certaine émission que je te reçois. Comme j'ai pu le dire avec beaucoup de fierté dans ce qu'on pourrait appeler une bande-annonce, j'avais envie de rendre ce podcast vivant en faisant intervenir, comme je les appelais, les roues du quotidien. Je cherche un peu à moduler les formats, c'est pas forcément commun dans l'univers du podcast, mais après tout, c'est un peu la liberté que je voulais m'autoriser et on verra comment les auditeurs prennent ça. J'ai une première question à te poser, est-ce que tu écoutes des podcasts ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, bonjour Grégoire, merci effectivement de me donner cette lourde responsabilité, c'est bien parce que c'est toi que j'ai accepté, parce que c'est un exercice qui n'est pas évident, dans lequel je suis tout à fait novice. Écoute, oui, les podcasts, j'en écoute de deux types, plutôt des trucs divertissement, émissions de discussion, plutôt détente, quand je fais des choses, je range tout ça. Et après, j'aime bien aussi tout ce qui est... Actualité, bourse, placement, les choses comme ça, pour suivre un petit peu et savoir gérer un peu les choses. Voilà, plutôt dans les trajets de voiture ou quand je range, quand je fais des choses. Donc pas toujours extrêmement attentif, mais voilà, ça m'est arrivé aussi un petit peu des... d'essayer de suivre des lectures, des choses comme ça, mais en fait, je ne suis jamais assez concentré.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que, tu vois, je regardais dans les statistiques de mes podcasts et j'étais assez surpris de voir que, globalement, la tranche d'âge des auditeurs, je m'attendais plutôt à ce qu'on appelle un peu la personne à auditeur, c'était... La personne, la trentaine, plutôt dans les grandes villes, c'est globalement ce qu'on dit des gens qui écoutent les podcasts. Mais en fait, je constate qu'il y a beaucoup de personnes assez jeunes, tu vois, 18-30 ans et au-delà, à peu près 60 ans. Mais j'ai aussi un peu cette impression qu'il y a des gens plus âgés. Et c'est vrai que la cardiologie, ça concerne quand même beaucoup à partir de 60-70 ans. Donc, c'est vrai que ton profil est assez cohérent sur le fait d'écouter des podcasts. Et puis, j'espère que ça rassemblera. Sur le domaine de la santé, plus d'auditeurs. Si on revient à la santé, alors on a vu que pendant la période Covid, les soignants ont été mis en lumière et c'est vrai que c'était un moment un peu particulier pour nous parce qu'on est passé justement pour des héros. Ce n'était pas facile pour nous tous parce qu'évidemment, dans les structures hospitalières, les gens ont été très sollicités. En ville, c'était un peu plus particulier, il y avait une sorte de permanence des soins. Mais j'ai un peu quand même cette impression que les choses ont changé depuis. Les relations se sont un peu tendues, je trouve, dans une ambiance où on manque de médecins, les recours aux soignants sont un peu plus compliqués. Est-ce que toi, c'est quelque chose aussi que tu as ressenti dans ton quotidien depuis qu'on est sorti de cette période difficile ?

  • Speaker #1

    Je pense que la période Covid était une période très particulière, effectivement, qui était inédite pour tout le monde. D'ailleurs, on a appris à nos dépens qu'on connaissait parfois bien peu de choses sur les petits virus et tout ça. Et du coup, cette période effectivement de grande reconnaissance, alors c'est vrai que nous en ville on a été beaucoup moins impactés, c'était beaucoup moins tendu que nos collègues hospitaliers, c'était particulier surtout. Je pense en fait surtout que cette période de reconnaissance, elle a été oubliée. Les gens sont passés à autre chose, sont revenus sur une période plus pratique, plus quotidienne. Je dirais que les gens sont reconnaissants des médecins et tout ça. Mais après, reste concret, quand ils ont du mal à trouver un rendez-vous, un truc et tout ça, ils ont beau être reconnaissants, ils ne sont pas contents et ils l'expriment à leur façon. Donc je pense que c'est un petit peu les deux choses comme ça. Après, la plupart des gens, ça se passe très très bien et voilà, mais le problème, c'est qu'on ne retient que les personnes avec qui il peut y avoir des difficultés.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait un biais.

  • Speaker #0

    Des trains qui arrivent en retard. C'est vrai. Je pense qu'on traverse en effet une crise qui est certainement amenée à se prolonger. Voilà, on essaye de faire au mieux. Je voulais avoir un peu ton avis là-dessus, parce qu'on est passé de héros du quotidien à peut-être une relation de service, parfois, que certains de mes collègues décrivent, qui n'est pas toujours facile à gérer. Mais justement, pour revenir sur le personnage du médecin et revenir à des choses un peu plus personnelles... C'est vrai que dans l'inconscient collectif, c'est vrai que le médecin, ça représente plus qu'un personnage. Et je ne sais pas toi, mais quand mes amis ou ma famille me demandent des conseils sur leur santé, j'ai souvent l'impression qu'ils voient le Grégoire avant le médecin. Et c'est vrai qu'on est assez loin du docteur Knoch, de Jules Romain, on nous demande si ça nous chatouille ou si ça nous gratouille. Est-ce que justement, toi, tu considères que dans notre métier de médecin, on jouit un peu de cette aura et de, certains diraient, de ce statut social ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours compliqué, je vais faire une réponse de normand, je vais dire oui et non, je vais dire on n'a clairement plus ce statut de notable dans la société, où c'était le médecin du coin, c'était le notable, c'était tout ça. Après les gens je pense restent très reconnaissants du travail, savent que ce sont des études difficiles, savent que c'est beaucoup de boulot et sont reconnaissants à ce niveau-là. Et puis après ça dépend aussi un petit peu de l'orientation de l'activité qu'on a aussi, c'est vrai que nous en médecine générale, Moi notamment, j'ai quand même un côté médecine de famille, où j'ai parfois trois, quatre générations de patients de la même famille, et donc ce côté-là est très agréable, et les gens le reconnaissent et sont contents, et c'est très agréable au quotidien. Et puis il y a quand même encore des gens, ça me fait toujours sourire, mais quand ils vont dire Monsieur ils vont se reprendre Oh non, docteur, pardon ! Et donc c'est rigolo, on leur dit Mais non, c'est pas grave, c'est pareil. Et puis après, c'est une question aussi de... de culture. En France, on n'a pas la culture du titre, appeler quelqu'un docteur, ça peut être mal perçu et tout ça, ce qui n'est pas du tout le cas dans d'autres pays, où si on est docteur en mathématiques, on est appelé docteur et c'est très très mal perçu si on ne le dit pas. Ça, c'est une question après de culture et de pays aussi.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose qui peut-être aide aussi les gens, c'est pour ça que je parlais de cette dichotomie entre le médecin et le... L'être humain qu'il y a dessous, je pense que ça nous bénéficie et à mon sens, peut-être que c'est des choses qui peuvent amener certains de nos collègues à un manque de reconnaissance parfois dans leur travail. Il peut y avoir une certaine défiance du statut, mais tu as raison, c'est vrai, dans notre culture, on est moins attaché au titre. Mais les gens sont quand même très respectueux de notre travail. Et dans ce climat un peu tendu, il ne faut pas se tromper de cible, en tout cas, sur le fait qu'on est là pour aider les gens.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Exactement. Voilà, sous ce masque, en tout cas, il y a des vrais êtres humains, comme nos auditeurs peuvent s'en rendre compte. Et voilà, je voulais aussi rendre un peu hommage à ces gens qui interviennent dans la santé en général. Mais parle-moi un peu de toi, Gauthier. Quelles sont tes passions ? Est-ce que tu as des hobbies ? Je sais que tu aimes la photographie. Et je sais d'ailleurs que tu es reconnu pour ça, parce que j'ai eu l'occasion de voir dans tes revues, certes médicales, que tu avais publié et fait une petite chronique sur une revue. Est-ce qu'il y a des choses qui, en dehors de la médecine, t'animent ?

  • Speaker #1

    T'as l'œil partout. Écoute, du coup, moi j'ai 38 ans, j'ai fait mes études à Rouen, je suis installé à Rouen, je vis à Rouen, j'ai pas été très très globetrotter. Écoute, en passion, je suis pas un homme passionné, comme certains peuvent l'être, qui vont aller lire des trucs, faire des choses à droite, à gauche, et voilà. Mais effectivement, la photo, ça, j'aime bien. J'en fais depuis longtemps, au final. J'aime bien passer du temps, surtout dans les moments du quotidien, avec des amis en voyage, des événements de famille, des choses comme ça. Je ne vais effectivement pas aller attendre trois heures le lever du soleil. Je n'ai pas cette passion. La con est passionnée, justement, au sens romantique du terme. Après, moi, je suis assez casanier aussi. J'ai deux filles. J'aime bien être à la maison avec eux. Avec ma famille, avoir des amis et tout ça, c'est des trucs sympathiques. Et puis après, j'aime bien tout ce qui est automobile, tout ce qui est moto, tout ce qui est sport mécanique, la Formule 1, tout ça, ça j'aime bien. Et donc, si on devait résumer les grandes lignes, je dirais ça.

  • Speaker #0

    Écoute, merci, c'est sympa de voir ton environnement, en tout cas personnel. En tout cas, c'était un choix tout particulier pour moi de te recevoir, parce qu'on se connaît depuis un sacré paquet d'années. On a fréquenté le même lycée sur Rouen, on a fait nos études ensemble à la faculté de médecine de Rouen, comme tu le disais, on est en fait des purs produits, des purs enfants de la belle Normandie. Et puis, il y a les études, ces longues années passées à l'hôpital, entre les gardes et les cours. Quand je te dis tout ça, qu'est-ce que ça t'évoque ?

  • Speaker #1

    Ben oui c'est rigolo, comme tu le disais, j'ai calculé avant de venir en me disant mais au final ça fait combien de temps qu'on se connaît parce qu'on a l'impression que la fac c'était hier et quand on calcule ça fait un peu de temps. Du coup, oui oui, lycée on se connaissait relativement assez peu mais on savait qui on était l'un et l'autre. Et puis c'est marrant parce qu'on n'a jamais été complètement dans des groupes d'amis les plus proches et tout ça, à traîner 24-24 ensemble et tout ça. Mais au final, on a toujours donné des nouvelles, on s'est vus de temps en temps et tout ça, et donc c'est ça qui est très agréable. Et comme je dis toujours, c'est là qu'on voit les amitiés sympas, c'est que quand on se voit, on a l'impression que c'était hier, et effectivement, quand on se recroise autre, on dit suite comme si c'était hier, et c'est tout à fait sympathique.

  • Speaker #0

    C'est vrai, je reconnais. Ça ne rajeunit pas, puisque je vais avoir bientôt 37 aussi, et ça fait un peu plus de 10 ans, presque, finalement, qu'on se reçoit. Alors... C'est vrai qu'on travaille aussi en relation soi, il y a un rapport professionnel aussi entre nous, mais c'est vrai que finalement, on sent que la confraternité est peut-être un lien qui nous unit pour beaucoup, mais c'est toujours sympa de voir qu'on a aussi des liens privilégiés, sinon des affinités. C'est toujours un petit peu nostalgie, émotion, et c'est sympa de voir qu'il y a des copains qui... qui reste sur la région, parce que la Normandie n'est peut-être pas la région la plus attractive, et c'est dommage en tout cas, parce que on a une belle région, on mange bien, et il y a beaucoup de belles choses. Voilà, j'avais envie de faire cette parenthèse sur nous. C'est peut-être une bonne chose aussi pour que les auditeurs connectent avec les personnes qui suivent. Je trouvais ça assez sympa. Parle-moi un peu plus de toi sur les études, justement. Est-ce que tu peux me dire un peu ce qui t'a amené à choisir la médecine générale quand on a passé le concours de l'internat ? Alors bon, ça ne s'appelait pas vraiment le concours de l'internat à l'époque, c'était nous l'examen national classant. Ça nous donnait accès à une ville. et à une spécialité. Maintenant, les choses ont un peu changé, c'est sous forme numérisée, ça change toujours un petit peu tout le temps, mais il y a quand même cette tendance à faire de nous des médecins spécialisés. La médecine générale en fait partie. Ça date quand même de 2011, donc c'est hier, je crois. Qu'est-ce qui t'a poussé à choisir la BG ?

  • Speaker #1

    Globalement, la médecine m'a toujours tenté. Il y avait un biais, mon papa était médecin généraliste, on avait quand même quelques prudels de santé dans la famille, donc je pense qu'il y a toujours un biais comme ça. Mais du coup, ça m'a toujours donné envie. Et quand en terminale, on doit faire les dossiers, les machins, en fait, avec la fac, c'était très pratique, il n'y avait pas de dossier à faire. Et donc du coup, je suis parti en médecine sans trop d'hésitation. Et puis au moment du concours national de classement, j'avais toujours dit que la médecine générale me tentait, j'avais toujours été inspiré par ça, c'était un mode d'exercice qui m'allait bien, avec une polyvalence qui m'allait bien. Je me suis toujours dit, ça m'embête de faire 10 ans d'études et de ne pas pouvoir m'occuper de la rhinopharyngite de mes enfants. Et du coup, cet éventail large m'a toujours tenté. Donc voilà, j'avais bossé mon internat du mieux possible en disant si au dernier moment je veux être cardiologue. à Paris ou à Nice, je l'ai ou je ne l'ai pas, mais voilà. Bon, je n'aurais pas fait Cardio à Nice de toute façon, je n'aurais pas pu. Il y a des gens bien plus brillants que moi. Mais du coup, en fait, le choix a été facile. J'ai pris médecine générale à Rouen, mais l'avantage, c'est que ça m'a permis d'être bien classé dans la promo, ce qui nous permet ensuite de choisir les stages en fonction des classements et donc d'avoir un panel de choix qui était plus confortable après. Mais en fait, je suis resté du coup fidèle à mon idée première.

  • Speaker #0

    C'est super parce que justement, il faut être passionné pour faire la médecine générale. C'est un métier qui est, pour un regard en tout cas, qui n'est pas novice. Je vois très bien comment vous travaillez et je vous tire mon chapeau parce que c'est pour moi certainement la spécialité la plus difficile. Il y a une dimension humaine qui est très importante, sociale aussi, parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont en difficulté et qu'il faut accompagner. C'est peut-être ce que certains, j'ai l'impression que mes collègues disent, ça crée une lourdeur administrative qui n'est pas toujours facile à gérer.

  • Speaker #1

    Et puis, le social n'est pas le cœur de notre métier qu'on apprend et tout ça. Donc, on est aussi un peu en défaut là-dessus. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai qu'on a besoin d'être aussi aiguillé, accompagné. Alors, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'intervenants. La Sécurité sociale nous met à disposition beaucoup d'outils. Les assistantes sociales, sur cette dimension-là.

  • Speaker #1

    Les assistantes sociales.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Ça c'est heureusement.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment difficile parce qu'en tant que spécialiste en cardio, on le voit assez peu. Alors on remplit des demandes, par exemple, pour des situations de handicap, pour appuyer des dossiers, etc. Mais ce n'est quand même pas le cœur de notre métier. Et voilà, je vous tire mon chapeau là-dessus parce qu'il y a une dimension très globale qui demande des compétences pas juste techniques, mais très... humaine très forte et justement quand on s'aventure dans cette spécialité là on s'en rend peut-être pas toujours compte tout de suite mais maintenant voilà on voit qu'il y a des jeunes qui font des stages en médecine générale t'es maître de stage justement ?

  • Speaker #1

    oui je suis maître de stage depuis actuellement ça doit être ma 8ème 10ème interne ça fait quelques années maintenant en fait moi j'étais passé lors de mon internat en médecine générale En stage en médecine générale, c'est un stage que j'avais apprécié, où vraiment c'était concret, ça permettait de se rendre compte si on aimait ou on n'aimait pas, parce que nous on ne passait pas avant étudiants en médecine générale, avant l'internat. Et donc je m'étais dit, le jour où je pourrais, je le ferais. Et puis c'est agréable parce que ça permet aussi de se mettre à jour avec des étudiants qui sortent de l'internat, qui sortent de l'hôpital. L'interne que j'avais avec moi, elle vient de faire 6 mois aux urgences du CHU. Il y a des choses qui évoluent, donc ça permet de se mettre à jour sans avoir le nez dans le bouquin, ce qui est plutôt agréable aussi. Après, maintenant, ils passent quand ils sont externes, donc étudiants en médecine entre la deuxième et la sixième année, ils passent pour la plupart en tout cas à Rouen en stage en médecine générale. Alors moi, je n'accueille pas d'externes, mais ils en font comme ça. Ça permet de se rendre compte parce que dans notre promo, je ne sais pas si tu te souviens, il y a une de nos collègues de promo qui fait son stage en médecine générale et elle a dit mais en fait, ça ne me plaît pas du tout. C'est ça. Et du coup, elle a pu faire son droit au mort, elle était très bien classée et donc on salue Mathilde, notre interniste préférée.

  • Speaker #0

    Exactement !

  • Speaker #1

    J'avais la référence.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains se lancent dans cette aventure et c'est toujours mieux d'avoir une expérience concrète. Je regrette en tout cas, tu vois, en médecine cardiologie de ville, parce que certains nous disent que des fois on est les généralistes du cœur, parce qu'on a une approche assez globale. Donc je m'identifie un peu parce que voilà dans mon activité je gère beaucoup de consultations, d'activités non-invasives, on a accès à un plateau technique mais en tout cas moi je ne gère pas directement. C'est vrai que j'aimerais avoir certainement plus souvent des étudiants. On a quelques internes qui demandent à passer, puisqu'en fait, on est quand même beaucoup en binôme, finalement, entre le médecin généraliste et le cardio de ville. Voilà, je trouve ça chouette qu'il y ait cette possibilité pour les jeunes de se rendre compte de ce qu'est la médecine générale. C'est aussi une façon de lui rendre hommage. Revenons un peu à la cardio. J'ai du coup le plaisir de suivre tes patients pour certains. Je note toujours la qualité de ton travail et ce n'est pas juste pour te mater, parce que c'est agréable de voir l'implication que tu y portes. Est-ce que tu peux m'expliquer un peu les profils de tes patients que tu adresses justement aux cardiologues ? Je vais dire plutôt aux cardiologues de vie, parce qu'en fait dans les structures hospitalières... Ils ont souvent une activité plus invasive, plus technique, mais sur le suivi en tant que tel, c'est vrai que souvent, on est quand même le premier recours. Voilà, quels sont les passions que généralement tu adresses et avec quelle structure tu as l'habitude de travailler ?

  • Speaker #1

    Les profils de patients, ça va être assez varié, mais on peut donner quelques lignes. On va avoir le patient pour lequel on va nous identifier un besoin de voir le cardiologue. Ça peut être une hypertension ancienne ou qu'on a du mal à équilibrer. Ça peut être un patient diabétique qui n'a jamais eu le cardiologue. Ça peut être un patient qui a eu une activité physique soutenue, qui n'a jamais eu de bilan cardiologique. Ça peut arriver. Il y a quelques années, un monsieur a randonné. 2-3 fois par semaine, 20 km, 70 ans, super forme et tout, je lui dis on n'a jamais fait. peut peut-être voir le coup et effectivement il a fini avec un petit ressort dans l'artère par nos amis cardiologues parce que on s'est rendu compte lors du bilan d'effort que à l'inverse c'est difficile parce que tout le monde ne peut pas nécessiter ne doit pas nécessiter des bilans et voilà et donc arriver à faire un peu de tri pour limiter aussi les délais et les demandes c'est pas toujours évident et puis après ça peut être aussi dans des dans des contextes familiaux ça peut être dans des dans des dans des contextes parfois plus fonctionnel on a besoin de rassurer aussi le patient et le docteur nous Les palpitations, le grand classique, je crois que je t'embêtais il n'y a pas longtemps pour ça d'ailleurs. Voilà, où globalement sans ton évaluation, nous même si on n'a pas de critères de gravité qui nous inquiètent, on ne peut pas se passer de ton avis et de ton avis. Et que même avec ton oeil et ton regard c'est compliqué. La médecine est pleine de surprises, de bonnes ou de mauvaises. On a toutes ces images de sportifs, de footballeurs qui passent des examens compliqués et qui font quand même un arrêt cardio-respiratoire sur le terrain.

  • Speaker #0

    On en voit. C'est vrai que, si je devais ressentir un peu ce que tu me disais, c'est qu'il y a beaucoup finalement quand même de prévention. Je vais me situer un peu à les termes techniques, mais on parle de prévention primaire et secondaire. Alors, prévention primaire, on est vraiment sur des gens qui sont en amont d'une maladie, qui n'ont pas de symptômes, et donc on va essayer de dépister une éventuelle anomalie. C'est pas toujours bien vécu par les gens parce qu'en fait beaucoup se disent se connaître. J'ai eu l'occasion de le dire dans une émission justement sur je sais comment je fonctionne, je vais très bien, pourquoi vous allez m'embêter alors que finalement en apparence voilà je suis sportif. Il y a parfois aussi un peu le culte de l'ego et notamment c'est mes patients qui me posent souvent le plus de difficultés, c'est le patient sportif parce qu'en fait... Tout va bien dans sa vie, il a une hygiène de vie, pas de traitement, tout va bien. Et puis du jour au lendemain, on arrive comme ça sur tous ces fondres. En fait, comme tu le disais, ton patient qui fait de la rondeau et qui n'a pas une bonne santé cardiovasculaire, il faut les accompagner. Et puis donc il y a la prévention secondaire, ça c'est justement ces patients qui ont déjà eu une maladie, donc qui sont en aval de la maladie, en tout cas établie, diagnostiquée, éventuellement avec des symptômes. Et puis j'imagine que ces patients-là, ça paraît... Peut-être plus évident qu'ils aient un suivi. De ton côté, ça représente, si on devait dire, un ratio entre prévention primaire et secondaire. Tu as l'impression qu'une grosse partie de tes patients peuvent bénéficier de ces bilans de dépistage, qu'on pourrait les appeler.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que les patients pour lesquels on a un vrai besoin, une vraie nécessité, les patients diabétiques, les choses comme ça,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    il faut anticiper parce qu'il y a des délais, mais dans ces cas-là, on leur dit, je vous fais un mot, prenez rendez-vous avec le cardiologue, il n'y a pas d'urgence. Si c'est dans neuf mois, prenez rendez-vous tranquillement, mais prenez-le maintenant. Parce qu'on a très souvent le patient qui dit, ah, j'ai rendez-vous avec le cardiologue que dans... Dans X mois, je lui dis Mais vous avez pris rendez-vous quand ? Je l'ai appelé la semaine dernière, ce chien que vous alliez me demander. Ben oui, mais je vous ai fait le courrier il y a un an. Ah ben oui ! Et donc du coup, on perd un an en fait. On le voit se Et parfois, le même patient après ne va pas être content parce que Ah ben c'est long, on peut mourir.

  • Speaker #0

    Oui. Si on ne boit pas déjà le courrier, tâchez de café et mangez par le chien comme ça arrive, pas si rarement. Donc je vois très bien de quoi tu parles. Et les gens sont quand même assez réceptifs, ils arrivent à comprendre les enjeux ou ils ont l'impression qu'en fait on les embête et laissez-fouter moi la paix ?

  • Speaker #1

    Ça dépend, tu auras toujours des patients qui ne veulent pas savoir parce qu'il y a une certaine peur des choses et que mettre de la poussière sous le tapis c'est bien. Il y a des patients par excès. qui vont vouloir aussi des bilans, des choses comme ça et voilà. Ou par inquiétude, ma voisine de palier, elle a les mêmes choses que moi, puis elle, elle a fait un infarctus, alors peut-être qu'il faudrait que je... Donc voilà, c'est toute la difficulté d'arriver à un petit peu avoir un regard médical et orienter les bonnes personnes au bon moment vers les bonnes choses.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tardard. Est-ce que tu pourrais me dire un peu justement les structures, comment tu fonctionnes en fait au quotidien ? Oui,

  • Speaker #1

    alors ça dépend déjà aussi des souhaits du patient. Alors c'est vrai qu'on a de la chance quand même, globalement où on est, on a quand même une offre de soins, même s'il y a beaucoup de délais, on a quand même pas mal de frottels de santé. On a quand même plusieurs structures de cliniques, on a l'hôpital, on a Elbeuf qui est pas loin aussi. Donc c'est vrai qu'on a un maillage qui est quand même pas inintéressant. Spontanément, pour de la cardiologie, pour en revenir là, effectivement, je vais plutôt m'adresser sur les cliniques qui sont à proximité de mon lieu d'exercice. Donc toi, par exemple, tes collègues qui sont un petit peu dans le même secteur. L'hôpital, parfois aussi, ça peut valoir le coup, notamment la dispense d'avance de frais, qui peut être intéressante pour certains patients, ou qui, parfois, ont déjà un suivi à l'hôpital pour une pathologie. Et donc, recentrer sur les mêmes structures, je trouve que c'est toujours intéressant. Aussi, après, c'est vrai que les cardiologues en libéral pure hors clinique, il y en a de moins en moins parce que votre spécialité, comme toute, se technifie. Donc, on a besoin d'être groupé. Donc, voilà. Donc, globalement, plutôt les cliniques. En plus, on a l'avantage aussi d'adresser à un praticien. Parfois, on flèche un peu les choses et donc c'est plus simple. Bah, toi, je te connais. Si j'ai un souci, une difficulté sur un patient, un traitement, de t'envoyer un message, de te contacter en disant dis donc, qu'est-ce que tu ferais pour monsieur un tel ? Donc c'est une facilité pour nous, c'est une facilité pour le patient, parce que comme ça on peut aider, et puis tu connais des interlocuteurs aussi, donc c'est plus simple aussi pour toi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, ça on voit assez souvent, c'est des choses qui ne sont pas forcément visibles des patients, et beaucoup s'imaginent que notre activité se cantonne à les consultations, mais il y a quand même beaucoup le... On travaille en amont et en aval, qui n'est pas visible, et qui concerne justement les contacts entre collègues, les courriers d'adressage, les situations qui nous posent problème et pour lesquelles on voudrait avoir un avis. Et c'est la même chose pour moi. C'est vrai que je travaille beaucoup avec mes collègues cardiologues en structure hospitalière, public, privé, pour essayer de les réfléchir, de coordonner. les soins, et ça prend du temps. Justement, en parlant de situation et de réseau, est-ce qu'il y a des situations que toi, justement, tu arrives à gérer seul, ou à l'inverse, le recours au cardiologue est dans certaines situations indispensable ?

  • Speaker #1

    Alors évidemment dans certaines situations il est indispensable sinon tu n'existerais pas. Oui il y a des choses qu'on va pouvoir faire seul ou en tout cas il y a des choses qu'il va falloir qu'on fasse avant qu'on sollicite tout simplement une hypertension. Si on n'essaie pas de l'équilibrer un minimum avant de te l'envoyer ça n'a absolument aucun intérêt pour que tu fasses la même chose que ce qu'on peut faire et sait faire. Ensuite, ça dépend aussi des médecins et il faut faire ce avec quoi on est à l'aise et ce qu'on sait faire. Moi, tu vois, les ECG, j'en fais plus depuis que je suis aux urgences. Je ne suis absolument pas à l'aise avec un ECG. Je n'ai pas d'appareil ECG chez moi parce que je vais mal faire et que je ne suis pas à l'aise. Et voilà, alors je pourrais effectivement me dire, allez, il faut que je me forme et tout ça. Mais c'est vrai qu'une douleur thoracique, il faut un ECG en urgence. Il faut un bilan. Donc, dans ces cas-là, je passe la main. Par contre, effectivement... un problème de cholestérol, on va essayer d'équilibrer, on va voir le traitement, la tolérance du traitement, et puis... À la fin de tout ça, ton évaluation du risque cardiovasculaire global avec un objectif de traitement peut être utile. Ensuite, il y a un autre intérêt aussi, c'est que tu es un grand docteur, et donc quand tu dis les choses, les patients parfois l'entendent mieux sur certaines observances de traitement et de choses comme ça. Je vois de quoi tu parles. Mais tant mieux si ça peut aider les gens à comprendre et à se motiver. Mais c'est vrai que parfois, on dit dix fois les choses, et le docteur de l'hôpital m'a dit qu'il fallait, alors je vais le faire. Mais bon... Ça fait plus sourire. Ça agace un peu, mais ça fait sourire. Et au final, bon.

  • Speaker #0

    Mais parce que justement, il y a peut-être plus d'affect, plus d'émotion, en fait. Et c'est pour ça que je faisais cette allusion au Dr. Knock, sur un médecin. Alors bon, le Dr. Knock, c'est différent pour le coup, parce que lui, c'est un escroc. Mais c'est juste de montrer un peu la dimension émotionnelle. Je pense qu'elle est beaucoup plus présente pour vous parce que les gens sont encadrés, entourés, suivis et sans être dans une relation patriarcale parce que je pense qu'elle n'est pas bénéfique en tout cas pour les patients, en tout cas pas tout à fait. On se positionne pour ma part en tant qu'adéloge en tant qu'expert d'un domaine et donc quand on donne une parole entre guillemets elle est... réputé en tout cas irréfutable. Et ce n'est pas forcément facile. Et je comprends la frustration que tu peux avoir des fois en disant Je vous l'avais dit, mais peut-être qu'il y a cette dimension émotion, raison qui revient et qui n'est pas toujours perçue. Ils avaient peut-être besoin de ce temps-là pour avancer dans les soins.

  • Speaker #1

    Et puis, il y a toujours une part d'incertitude dans toute décision. Et c'est vrai que l'évolution de la société fait aussi qu'on explique beaucoup plus aux gens cette part d'incertitude et qui, du coup, parfois, leur fait porter un poids du choix qui est compliqué aussi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parfois, c'est vous pouvez faire ça, on risque ça, mais si on fait ça, ça, qu'est-ce que vous voulez faire ?

  • Speaker #0

    Oui, on l'obtient beaucoup les gens.

  • Speaker #1

    Et parfois, il faut quand même qu'on se mouille parce que c'est la question qu'on pose. Est-ce qu'il faut opérer ? Oui ou non ? C'est le chirurgien qui dit peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Il faut quand même qu'il oriente un petit peu, certaines fois, et comme sur le traitement, on pourrait faire ça, on pourrait faire ça.

  • Speaker #0

    On a besoin d'être sûr de nous et d'avoir, en effet, de jouer en tout cas peut-être de cette image de médecin expert pour avancer. Parce qu'en effet, je le vois au quotidien, de plus en plus, on intègre les patients dans la décision. Alors, on parle même de tailored medicine, c'est-à-dire médecine sur mesure, parce que, pour donner un exemple concret, par exemple, sur la fibrillation atriale, sur le choix d'un traitement anticoagulant, on utilise un score qui s'appelle le score Charles Vasse, qui permet de dire si un patient doit bénéficier d'un traitement anticoagulant à vie ou pas. Donc les conséquences, c'est assez lourd à supporter. Mais quand le score est à 1, par exemple, pour un homme, on considère qu'il a faible risque et on implique le patient dans la décision. Il est à balancer avec le risque hémorragique, mais c'est pour dire que ce n'est pas toujours aussi tranché. Il y a beaucoup de zones grises en médecine, donc le recours au... Au médecin expert est nécessaire. Je rebondis sur ce que tu disais sur l'électrocardiogramme. De plus en plus, je vois des collègues qui personnellement me sollicitent sur une plateforme de téléexpertise. C'est vraiment dans l'air du temps de faire une sorte de maillage, en tout cas de réseau de soins. Un peu comme un cloud, si on peut dire ça comme ça, un maillage numérique de réseaux de soins. Alors la plateforme s'appelle Omnidoc, mais il y en a d'autres. Et voilà, me sollicite pour des électrocardiogrammes, pour savoir un peu comment on peut orienter la prise en charge. Est-ce que c'est quelque chose que toi tu utilises et qui peut t'aider dans le quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, Omnidoc, c'est absolument génial. Il faut reconnaître le boulot qu'ils ont fait. C'est une plateforme de télé-expertise, comme tu disais. C'est-à-dire que nous, on va pouvoir solliciter l'avis d'un confrère du secteur avec un courrier, des photos, des résultats d'examen, pour lui adresser cette demande-là à laquelle il va nous répondre. Ça permet parfois de savoir si... il faut orienter, pas orienter, adapter un traitement sur une prise en charge. Et en fait, ça va permettre d'avoir des réponses qui, nous, vont nous aider énormément et vont permettre parfois de ne pas avoir besoin d'une consultation au décroût. Ce qui libère du temps derrière, des créneaux de consultation et tout ça, sur des choses dont la consultation n'aurait pas forcément été utile. Donc oui, c'est très pratique pour le CG, effectivement, ça peut être une possibilité. Il y a des... Il y a des enregistrements avec des analyses à distance, des choses comme ça aussi, qui peuvent être possibles. Alors moi, j'ai uniquement acheté un petit appareil qui, par électrode, fait un D2 long pour juste les troubles du rythme, ce qui permet quand même de voir ça, mais qui n'est pas validé pour une douleur thoracique ou des choses comme ça. Donc voilà, petit à petit, ça évolue. Mais oui, les téléexpertises les demandent comme ça, c'est absolument génial. et c'est un mot je m'en sers quasiment tous les jours parfois pour me demander un avis ou pour voir un patient avec qui je suis embêté ou je ne me rends pas compte, est-ce que le délai effectivement il faut être vu dans la semaine dans 15 jours, ça vous permet aussi de trier les délais, les choses comme ça une question concrète, l'autre jour j'avais un patient qui avait été opéré d'un cancer de l'estomac il y a longtemps qui avait un médicament contre le reflux de l'estomac, et bien je ne savais pas s'il y avait une indication à le garder parce qu'il avait été opéré ou s'il l'a eu toute sa vie et qu'on aurait dû lui virer, et voilà, ou pas. Et donc, ben voilà, télé-expertise, question à un gastro-entérologue. pour savoir est-ce qu'il faut le garder ou pas. Ça ne nécessitait clairement pas une consultation, mais je n'avais pas cette réponse-là, et comme ça, j'ai eu une réponse de quelqu'un que je connais, en qui j'ai confiance, qui m'aura pris le temps de lire et de répondre. Et puis, je préfère mille fois ça à vous téléphoner. Vous êtes en consultation, vous êtes occupé, on n'a pas la tête à ça. Moi, je préfère beaucoup plus les demandes écrites quand j'ai des questions à poser à mes confrères. C'est plus clair, c'est plus propre, vous pouvez lire. je ne suis pas un adepte du coup de téléphone. Ou alors, c'est quand vraiment je suis dans la panade.

  • Speaker #0

    Voilà, dans des situations très particulières, où tu as besoin d'une réponse rapide. Mais c'est vrai qu'on peut se réjouir que là, on est dans une période où on parle de nouvelles conventions médicales, de valorisation de travail pour justement beaucoup la médecine générale. Et c'est important parce qu'elle a besoin d'être revalorisée, elle a besoin d'être attractive. Il y a de moins en moins de généralistes qui s'installent. Donc ça, je trouve ça aussi super d'avoir des outils, dire voilà, on n'est pas seul derrière son... son bureau avec le patient en face de nous qui nous regarde avec des grands yeux et on ne sait pas quoi faire. C'est vrai que j'apprécie beaucoup aussi travailler comme ça et c'est vrai que je tire aussi mon chapeau sur Vindox. C'est assez amusant des fois parce que on me sollicite pour un électrocardiogramme et il se trouve que je suis devant mon PC donc je réponds à la demande et des fois le patient est encore devant le médecin généraliste à dire mais attendez je ne comprends pas, vous avez sollicité un cardiologue et vous avez déjà un avis sur l'électrocardiogramme. Évidemment ça ne se substituera jamais à... Je pense que c'est important de le rappeler aussi, parce que pour les personnes qui nous écoutent, la télé-expertise est vraiment, comme son nom l'indique, une expertise sur un domaine particulier, pas dans la situation d'urgence, parce que en ce qui concerne les douleurs thoraciques et l'électrocardiogramme, en tout cas, il y a des réelles urgences vitales. Mais je le note dans mon activité quotidienne, c'est de plus en plus présent et comme tu le dis, ça évite des fois des consultations de cardiologie qui, pour par exemple le patient diabétique qui va bien, on recommande un électrocardiogramme annuel. c'est pas éviter la consultative cardiologie, mais c'est peut-être fluidifier les soins, et en tout cas c'est important de s'exprimer valorisé.

  • Speaker #1

    Et à ne pas confondre avec les cabines de téléconsultation, qui ça c'est un danger absolu, c'est quelque chose que je ne vais absolument pas recommander, où là il n'y a pas l'œil du médecin, son médecin en face c'est quand même extrêmement important, c'est une solution où dans des endroits où il n'y a plus de médecin, je comprends qu'elle se développe, mais je ne suis pas sûr qu'il faille l'encourager et la développer autant que ça peut être le cas. On parle des compérages, où on n'a pas le droit de faire certaines choses, et on voit des cabines de téléconsultation dans des lieux de soins, dans des pharmacies, ou même maintenant dans les supermarchés, dans les aéroports, dans les hauts SNCF. Bon, ça c'est un autre débat, mais à ne pas confondre en tout cas la téléexpertise et les cabines de téléconsultation.

  • Speaker #0

    Je vais en effet resituer exactement ce à quoi correspond la téléexpertise. En fait, c'est votre médecin généraliste ou spécialiste d'organe qui va en fait demander à un autre... Le médecin, via un réseau de soins numériques, une demande pour orienter une prise en charge. Donc en fait, il rédige un message. Il peut associer sur une des pièces jointes des éléments médicaux. Ça peut être en effet un électrocardiogramme, une photographie, par exemple, un tympan, un grain de beauté. Et puis l'envoyer sur cette plateforme pour solliciter un médecin qui va répondre et rendre un avis qui engage aussi la responsabilité. Donc voilà, c'est pas en effet, comme tu disais, un coup de fil et qui se glisse entre deux. dans le dossier du patient. Donc l'avis est rendu et il permet de raccourcir les délais. Et voilà, moi je ne peux que me réjouir de cette solution qui est mise en avant, c'est vrai qu'on en parle longuement. mais il n'était pas évident qu'elle soit dans le droit commun pérenne, et il y a peut-être une tendance à ce que ça soit quand même bien avant.

  • Speaker #1

    Mais ça se développe, maintenant tu as les podologues qui peuvent solliciter les dermatos, sur des brisions de pieds, des choses comme ça. Tu vas avoir les infirmières qui peuvent nous demander aussi, ça se développe pas mal.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment super. Merci pour cette petite parenthèse, en tout cas, sur la façon dont vous travaillez. C'est vrai qu'il y a l'activité de consultation, les patients sont face à face, ça y a un lien. privilégié et un contact en tout cas physique, puisqu'il y a l'examen clinique qu'on ne pourra jamais substituer justement dans une cabine, malheureusement manque de médecins, mais pour pallier en tout cas à cette situation particulière, on a la chance d'avoir ces outils-là pour aider les gens en fait, tout simplement. Je vais te parler un peu d'une situation que j'ai vécue, je me souviens un jour d'une petite digression, mais une anecdote que j'ai vécue avec une patiente pour resituer un peu plus personnellement la relation que je peux avoir avec les gens. J'ai une fois une dame de cinquantaine d'années qui s'est installée dans mon bureau et puis je la sens pas forcément très à l'aise. Alors je lui demande est-ce que tout va bien et là elle me dit écoutez oui ça va mais c'est juste que je m'attendais pas à avoir quelqu'un comme vous. Alors sur le coup je me dis je vais essayer de le prendre du bon côté de la chose parce que c'est un peu flou comme réponse. Et puis elle me dit en fait c'est juste que vous faites quand même très jeune. À l'époque, j'avais 30 ans, je venais de m'installer à la clinique Mathilde à Rouen, mais c'est vrai qu'on est quand même assez loin du père Fouras avec sa barbe grisonnante du vieux savant fou, en tout cas pleine de sagesse. Mais voilà, je pense quand même que, je dis ça parce qu'il y a beaucoup de mes collègues, et plus pour le coup les femmes malheureusement, c'est ancré. Je voyais dans les visites, quand il y avait le médecin femme et les étudiants hommes, les patients avaient plus tendance souvent à s'adresser. à l'étudiant homme qu'au médecin femme. Et voilà, c'est toujours surprenant, mais c'est encore un peu ancré quand même. Mais voilà, à cette époque-là, donc j'avais 30 ans, je pense qu'on est quand même assez légitime à soigner parce que j'étais quasiment un peu plus de bac plus 10 puisque j'ai fait mes études d'une traite. À l'époque, j'avais même deux ans de plus, puisque j'avais fait un poste internat de deux ans entre le CHU de Rouen et l'hôpital des Feux-Grais à Elbeuk. Donc voilà, je n'avais plus grand-chose à prouver. Mais toi aussi, tu fais quand même assez jeune. Et est-ce que c'est des choses qui t'avaient posé problème à l'époque, quand tu t'es installé ? Est-ce que ça t'a mis en difficulté ? Est-ce que ça t'a un peu éveillé, comme moi j'ai pu le ressentir même encore jusqu'à assez longtemps, un peu ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #1

    Alors je vois que tu veux me flatter, j'ai jamais fait trop trop jeune globalement, j'ai grisonné assez vite et tout ça, donc globalement j'ai pas de barres et ça. Non et ça, je suis à un rebours de la mode. Et j'ai jamais eu trop le problème de faire trop jeune, ça non, j'ai été rattrapé par mon âge maintenant, où je fais plus mon âge, j'ai jamais eu ce souci là. Ensuite, oui bien sûr, le fait d'être un homme, ça aide. Alors, moi je ne suis pas étonné, contrairement à toi, c'est normal. C'est qu'à l'époque, les docteurs, c'était majoritairement des hommes. Donc pour les gens qu'on a majoritairement en consultation, qui sont des personnes d'une génération ou deux précédentes, le docteur c'était un homme. Donc quand il y avait un mec, c'est le docteur et la fille c'est l'infirmière. Ça rend des folles masseurs et voilà, quand elle passait X temps à expliquer à un patient avant de l'opérer ce qu'elle allait faire et tout ça, et qu'à la fin il disait je vois quand le docteur Voilà, mais ça va changer. Actuellement, il y a une majorité de femmes en deuxième année, il y a une majorité de femmes dans les études, et donc on va avoir une majorité de femmes médecins. Et donc, quand nous, on sera des petits vieux, nous, on s'attendra à ce que le docteur, ce soit la femme, et que le garçon à côté, ce sera peut-être un infirmier, que ce sera peut-être quelqu'un d'autre, et voilà. Et je pense qu'en fait, c'est juste que ça évolue, et que c'est une histoire d'habitude, tout simplement. Voilà, moi ça ne m'étonne pas, ça me fait plus sourire. Oui, je suis d'accord. Donc voilà, après la jeunesse, alors moi j'ai remplacé là où je me suis installé, un médecin qui était de la génération de mon papa. Ce qui est plus difficile au-delà de l'âge, c'est les habitudes. Chaque médecin a des habitudes un peu différentes, des pratiques parfois un petit peu différentes, des façons d'expliquer un petit peu différentes. Et donc, c'est ça qui peut un peu perturber les habitudes d'un patient. On peut être moins souple sur certaines choses, peut-être plus sur d'autres. Et puis là aussi, les générations, elles évoluent. Et donc, du coup, l'activité n'est pas pareille, la gestion n'est pas pareille, l'organisation de la consultation n'est peut-être pas la même. Et donc, c'est peut-être plus ça où il faut arriver à... Mets-ça patte. à la faire accepter dans cette façon d'exercer. Quand les gens viennent pour un problème de peau, on ne prenne pas leur tension. Ce n'est pas une mauvaise prise en charge. Il y a une génération aussi où c'est comme ça. Donc, je dirais plus gagner ses galons et puis arriver à faire comme on souhaite le faire. Oui, dans des habitudes qui ont été prises avant.

  • Speaker #0

    Je vais te raconter une anecdote, parce que justement, ça m'a fait sourire quand tu dis ça. J'étais interne de cursus, donc j'avais 27 ans. Je vois une dame de 85 ans par là qui me dit, j'ai fait des malaises, on lui fait un électrocardiogramme. Il se trouve qu'elle avait des anomalies sur son électrocardiogramme qui justifiaient la pose d'un pacemaker. Donc je lui dis, voilà, écoutez madame, vous avez fait un malaise, votre électrocardiogramme n'est pas normal, il va falloir vous poser un pacemaker. Et puis, avec une certaine bonhomie, elle me dit, vous savez, écoutez, j'arrive à 85 ans. Il faut bien mourir de quelque chose. Voilà, j'ai fait ma vie. Je me dis, écoutez, c'est peut-être un peu dommage, parce que j'estime quand même que vous avez un bon état général, et c'est quelque chose d'assez peu invasif, un pacemaker. Et voilà, c'est une procédure qui prend peu de temps, finalement, qui est très bien rodée, et ça se passe bien. Elle me dit, écoutez, laissez-moi tranquille, je n'y pense pas. Ça m'embête, vous n'allez pas quand même décéder du fait d'un problème de conduction. Et je me dis, écoutez, est-ce que vous avez de la famille qui est là ? Donc elle me dit, oui, il y a mon fils, on était aux urgences. Elle me dit, oui, oui, il y a mon fils. Je dis, bon, écoutez, vous m'autorisez à lui parler. Donc je le reçois dans le box où elle était, avec son fils. Et puis, je m'étais évidemment présenté en tant qu'inter de cardiologie. Médecin, on va dire, mais pas titulaire thésé de cardiologie. Mais c'était quand même moi qui m'occupais d'elle. Et puis, le fils me dit, regarde sa mère, il dit, écoute maman. Tu vois là le monsieur, il est en train de t'expliquer que demain tu vas voir un vrai cardiologue qui te dit qu'il va poser un pacemaker. Et bon, là on serre un peu les dents, je dis que tu ne peux pas intervenir dans le spectacle là en train de faire semblant. Donc voilà, c'est des petites anecdotes mais qui font sourire. Et dans le flot, c'est vrai que j'avais souri. Voilà, c'est des petites choses qui agrémentent notre quotidien.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qu'on a tous vécu.

  • Speaker #0

    Oui, c'est assez amusant. Mais c'est vrai que quand on se positionne, je le vois avec les jeunes internes quand ils arrivent à faire des gardes, Ils sont des fois confrontés à des urgentistes, médecins urgentistes, qui ont 50 ans, 60 ans pour certains, et qui nous sollicitent alors qu'on a 25 ans. Et ce n'est pas facile pour nous toujours, parce qu'on est vraiment dans la posture de le cardiologue. Ça représente quand même quelque chose pour beaucoup des patients. Donc voilà, c'est des petites choses qui nous renforcent au quotidien. Mais c'est quand même toujours avec beaucoup de sympathie, je trouve. Il n'y a pas toujours de... ...de défiance.

  • Speaker #1

    C'est pas méchant, c'est une méconnaissance. Et à leur place, si on était... On aurait peut-être fait la même chose.

  • Speaker #0

    Ça fait d'accord. Pour revenir à tes passions, quand ils reviennent justement de leur rendez-vous de chez le Quintuple, est-ce que tu notes des choses qui reviennent assez souvent ? Ça m'intéresse parce que finalement, moi, je ne vois pas l'amour et l'aval des consultations. Est-ce que, par exemple, des fois, des choses que je peux noter, c'est genre, j'ai rien compris ou il ne m'a rien dit, il ne m'a rien expliqué. Est-ce que c'est dit ? parce qu'ils veulent avoir plus d'informations parce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils n'ont vraiment rien compris ? On passe du temps quand même à expliquer et ce n'est pas toujours facile.

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre, ça va dépendre des médecins et ça va dépendre des patients aussi. Après, c'est vrai qu'il y a deux choses. Alors, tu as les patients qui vont être plus facilement... accessibles à des explications par le praticien, qui vont mieux retenir. Les patients qui ont un petit peu de troubles cognitifs, de choses comme ça, un peu sourds, ça va être plus compliqué. Ils ne vont pas oser vous faire répéter, ils ne vont pas oser demander. Moi, quand je fais un courrier, déjà, j'essaie de faire l'effort d'avoir beaucoup de contexte, beaucoup de détails et d'avoir une question. Parfois, j'ai une question qui m'importe et donc j'essaie de la poser. Plus la question est mieux formulée. Plus tu pourras y répondre mieux et plus tu feras l'effort de mieux y répondre. Je n'ose pas imaginer le nombre de fois où tu as des courriers, bilan cardio, point. Je me suis toujours dit aux urgences, quand on reçoit des choses comme ça, je n'ai jamais dit que je ne ferais ça et donc je m'efforce toujours. Surtout que c'est l'avantage maintenant de l'informatique, c'est qu'on peut quand même avoir... Beaucoup d'informations à vous transmettre assez facilement. Ensuite, sur le retour, ça dépend. Les patients qui disent, bah oui, il m'a dit que ça allait bien, qu'il me faisait une échographie, ou alors, il me revoit dans un an, très bien, parfait. Tu vas avoir les patients qui vont dire, oh, bah, je sais pas trop, qui vont être un peu évasifs. Et tu vas avoir ceux qui vont dire, bah, il m'a pas parlé, mais il a parlé dans son truc, il va vous envoyer un compte rendu. Bon, dans ce cas-là, on attend le compte-rendu et on voit. Après, c'est vrai que c'est très agréable quand les patients y sortent et qu'ils ont compris. Voilà. Mais avec n'importe quel spécialiste, de toute façon, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Ça, oui, je le note. Ce qui n'est pas toujours facile, et je le vois, parce qu'au secrétariat, des fois, les gens sortent du rendez-vous et puis on leur explique pourquoi on fait des examens complémentaires. Et ça arrive que des fois, ils posent la question à nos secrétaires de dire Mais pourquoi il me fait cet examen-là ? En fait, les gens ont peur. Et l'émotion fait que ça brûle complètement le... Les schémas cognitifs qui les amènent à réaliser que peut-être il y a des examens, c'est grave, on a besoin d'éclaircir une situation. Et je voulais savoir comment toi, tes patients rejeudaient de ce rendez-vous-là. Donc oui, c'est évidemment dépendant du patient lui-même, du médecin.

  • Speaker #1

    Et puis on a parfois les patients qui disent, je lui ai dit que j'allais vous demander, il m'a dit qu'il fallait faire une échographie du cœur, mais qu'est-ce que vous en pensez ? Je dis, c'est une cardiologue dont c'est le métier de tous les jours et dit qu'il faut le faire. Je ne peux pas dire mieux que lui, vous savez, c'est très flatteur, c'est très gentil, mais...

  • Speaker #0

    Chacun son peu bête.

  • Speaker #1

    Oui, si on lui demande.

  • Speaker #0

    Je vois de plus en plus quand même un peu de défiance des patients envers la médecine. Alors, ça peut être sur les médicaments. C'est vrai qu'on a connu beaucoup de scandales sanitaires. Il y a eu le Mediator, les statines, on a beaucoup parlé de ça. Et je pense que ça fait beaucoup de tapage, malheureusement, puisque ça reste des super médicaments et je reviendrai dans d'autres émissions. Mais en tout cas, je note quand même que l'accès à l'information, les réseaux sociaux... Ça crée beaucoup de bruit, ça amplifie en fait ces phénomènes de peur. Je pense que ce n'est vraiment pas forcément de la défiance à mauvais escient de la part des gens, mais en tout cas, on remet beaucoup plus en question l'information. C'est vrai qu'on a tous le droit à cette information maintenant, l'Internet le permet, mais il y a quand même cette impression un peu se leurre de croire, parce qu'on a accès à l'information, en tout cas on a les moyens de maîtriser ce qu'on lit, est-ce que c'est quelque chose que toi tu notes dans ta pratique ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, dans nos pratiques déjà personnelles, l'accès à l'information, heureusement qu'il est là et c'est super. Plusieurs fois par jour, on va vérifier des choses, que ce soit sur les bases de données de médicaments, que ce soit sur des sites d'aide au diagnostic, ou à la décision médicale plutôt, les antibiotiques, on peut citer AntibioClic, qui est absolument génial et qui est une aide au quotidien pour avoir les bons traitements, les bonnes durées, les bonnes posologies. Donc ça, c'est extrêmement utile pour se mettre à jour sur certaines choses, sur certaines évolutions de calendriers vaccinaux, de choses comme ça. Récemment, il y a beaucoup de cas de rouge-jaune, donc on va revérifier, peut-être revacciner les adultes, ce qu'on ne faisait pas jusque-là. Donc toutes ces choses-là, elles sont essentielles pour aller plus vite. Ensuite, effectivement, elles peuvent être délétères. La qualité des informations, la source des informations, c'est le problème. Et puis, on veut un peu croire ce qu'on veut. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un biais de sélection.

  • Speaker #1

    C'est ça, on peut faire dire ce qu'on veut à n'importe quoi. On l'a beaucoup vu et beaucoup subi avec le Covid notamment, parfois pas aidé par d'anciens éminents docteurs qui sont un petit peu passés du côté médecin au côté du patient et qui ont fait beaucoup de mal dans la tête des gens, mais aussi parfois des émissions. Il y avait eu une émission sur les statines, t'en parlais, je crois que c'était Arte. Je t'avouerai que je l'ai... Je ne l'ai même pas revu. Mais j'ai eu plusieurs passions. Ah bah, je l'ai arrêté parce que j'ai vu que... Ou alors, ah bah, dis-le donc, j'ai vu ça. Qu'est-ce que vous en pensez ? Donc là, c'est déjà beaucoup plus constructif. Et il y a des gens qui sont absolument persuadés des choses et c'est impossible. Donc, nous, on les voit régulièrement. Donc, on leur dit régulièrement. Mais à un moment, je ne peux pas décider pour eux. Je ne peux pas les forcer. Donc, je leur dis, écoutez, je note. Et puis, si vous changez d'avis, on en reparle. vous pouvez changer d'avis quand vous voulez. Donc, oui, la source d'information, elle peut être bénéfique, comme elle peut être délétère, mais comme dans tous les domaines de toute façon.

  • Speaker #0

    Tout comme il n'y a pas plus sûr que celui qui ne veut pas entendre. On accompagne les gens, on est là pour les aider, les orienter, mais en tout cas, on est moins dans une transmission verticale de l'information où on faisait force de... C'était même plus de persuasion, mais d'autorité. Je pense que notre rôle, maintenant, il est beaucoup plus sur le... Justement, l'accompagnement et l'éducation des gens, après ils prennent leurs décisions, à bonnes ou à mauvaises échéances, mais il ne faut évidemment pas que ça soit délétère pour eux. Ce n'est pas évidemment toujours facile pour nous, puisque les statines, évidemment, c'est un médicament un peu un pilier en cardiologie, et je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, pourquoi on a tiré à boulet rouge sur ce médicament. Il a des effets indésirables. mais il aide aussi beaucoup de personnes. Et il n'y a pas de débat, comme je peux le voir pour certains, quand les gens ont eu un infarctus ou un AVC sur une cause athéromateuse, que ce soit une plaque qui se met au niveau des artères et qui bouche une artère, là, il n'y a pas de débat. Mais encore, assez régulièrement dans mon quotidien, je vois des gens qui remettent en cause ça. Et je pense que c'est donc... L'information, elle est toujours utile, mais quand elle est accompagnée, orientée. Donc voilà, tu partages un peu cette avis-là.

  • Speaker #1

    Je donne l'aide.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me... On va parler de l'observance. L'observance, c'est la propension des gens à suivre leur traitement. C'est une donnée de santé qui est en cardiologie catastrophique. Quand je dis catastrophique, c'est quand on regarde les gens qui ont de l'hypertension artérielle, le pourcentage de personnes qui suivent bien leurs médicaments et les règles indigènes de vie, il n'y a pas que le médicament dans l'hypertension artérielle, on se rend compte que les gens sont... sont assez peu à suivre ces mesures-là. Alors on sait qu'en cardio, on prescrit quand même très vite beaucoup de médicaments. C'est souvent mis dans l'urgence. Par exemple, dans la suite d'un infarctus, quand il est pris à temps, on peut espérer en tout cas à terme avoir que deux médicaments. Ça sera de l'aspirine pour la plupart du temps et une statine qui fait baisser le cholestérol et qui agit sur les plaques dont j'ai parlé au niveau des artères, notamment du cœur. Mais en tout cas, quand les choses vont moins bien, c'est tout de suite une rafale. Deux médicaments, huit, voire dix médicaments qui sont tous indépendants, qui ne se substituent pas, et c'est très dur à vivre pour les gens. Alors, quand toi tu les revois en post-infarctus, ou de l'insuffisance cardiaque par exemple, les gens ont été essoufflés et puis ils vont voir le cardiologue, et on leur dit votre cœur fonctionne mal, la pompe est défectueuse, et donc il va falloir l'aider à mieux fonctionner Et donc ça c'est au prix assez régulièrement de médicaments. Comment les gens vivent ça, toi, quand tu les revois en consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre un peu du contexte, effectivement. Le patient qui a eu une pathologie avec des symptômes, symptomatique, qui va avoir eu une coronarographie, un stent dans l'artère, qui va avoir une douleur dans la poitrine, partie en SAMU et tout ça, ce patient-là, ça l'embête, mais en général, sur le moment, il se rend bien compte qu'il est plutôt content d'avoir tout ça. Ça va être plutôt sur la durée, ou parfois ça va être un petit peu plus compliqué, et puis il y a effectivement passé de... il y a des gens, ils sont en pleine forme, ils font 20 km deux fois la semaine de course à pied, et puis boum, ils font un infar, ils ressortent avec des médicaments, et ils passent dans un monde qu'ils ne connaissent pas, et qui est sûrement extrêmement angoissant quand ça arrive. La plupart des gens, je pense, sont quand même observants, en tout cas moi j'ai l'impression, après peut-être aussi que les non-observants on les voit pas. Après, parfois, tu as toujours des patients qui viennent renouveler une ordonnance faite il y a six mois, qui était de trois mois, et qui te disent qu'ils prennent tous leurs médicaments. Donc, il y a un côté mathématique.

  • Speaker #0

    Je le fais régulièrement, ce constat-là.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un côté mathématique. Ensuite, moi, sur l'observance, ce que je dis à mes internes et ce que je fais, par exemple, sur un patient qui sort de la clinique où il y a eu beaucoup d'informations, beaucoup de choses, souvent, je reprends ligne par ligne, en fait, les médicaments, et je dis, est-ce que vous savez à quoi ça sert ? Et je leur dis à quoi ça sert. Et en fait quand tu leur dis ce médicament là il faut le prendre parce que ça évite de reboucher ou de décoller une plaque, de faire un AVC, une embolie ou un infarctus, et bah ça change tout de suite un petit peu la donne et ça motive un petit peu. Et ensuite il y a un truc qui quand même aide beaucoup, c'est toutes les formes combinées de médicaments où parfois on a deux molécules dans un seul comprimé. Donc le fait de limiter le nombre de comprimés, ça ça peut aider aussi mais parfois on n'a pas le choix, il y a beaucoup de médicaments effectivement mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Et oui, malheureusement, on fait du mieux qu'on peut. On est conscient qu'on ne met pas un médicament par plaisir aux gens. On est toujours à essayer d'alléger au plus. Et on sait que la polymédication, c'est-à-dire le fait de prendre beaucoup de traitements, peut être délétère. On parle même de iatrogénie, c'est-à-dire de maladie, si on pourrait dire ça comme ça, induite par les médicaments. Alors, ce n'est pas facile parce que les médicaments ont aussi des effets indésirables, mais ils ne doivent pas nuire. Et c'est toute cette fameuse médecine sur mesure qu'on essaye de mettre en place pour que les gens... En fait, le minimum de médicaments efficaces, c'est parfois du fait du terrain du patient, une insuffisance rénale, un patient qui va chuter, on pense qu'il est peut-être plus raisonnable de l'arrêter, même si l'arrêt de ce médicament peut être délétère dans la situation médicale du patient. Alors voilà, on est un peu au jour le jour, on fait qu'adapter. Et je voudrais rappeler l'intérêt comme ça, en tout cas pour les patients auditeurs qui m'écoutent, c'est que le renouvellement de traitement, ce n'est pas recopier une ordonnance de médicaments, c'est faire un point sur la situation globale du patient et se mettre dans... Aujourd'hui, vous avez ces médicaments-là. Est-ce qu'on le prolonge ? Est-ce qu'on le réévalue ? Est-ce qu'il est toujours utile ? Est-ce qu'il n'est pas à risque dans votre état ? Pour vous éviter des problèmes, en fait, parce que les médicaments en cardiologie sont très puissants. Et tous les jours, je me retrouve à arrêter des médicaments parce que... La personne, je pense que ça peut lui être très délétère. Je parle notamment de l'hypotension orthostatique, ce sont des baisses de tension quand les gens vont souvent se lever assez vite et qui sont potentialisées par les médicaments contre la tension. Alors évidemment, ce que je ne dis pas, c'est que les traitements sont nécessaires, mais parfois, quand les gens ont des symptômes, on sait qu'ils ont plus de risques, si on devait dire ça comme ça, de décéder d'une chute. que d'avoir une tension artérielle bien équilibrée. Et c'est très difficile pour nous en pratique. C'est très vrai en gériatrie, donc pour les personnes qui ont un certain âge. Donc écoute, merci pour ton regard sur l'observance. Je vois qu'on a les mêmes difficultés et en reprenant un par un les traitements, c'est vrai que ça les aide. Est-ce que tu peux me parler un peu de la réadaptation cardiaque ? C'est vrai que moi en tant que cardiologue, je prêche pour ça puisque je fais beaucoup d'activités non-invasives. Je suis toujours un peu surpris de voir qu'on est beaucoup dans le curatif. Et c'est vrai qu'il y a parfois ce réflexe presque simple de dire un diabète, un traitement, du cholestérol, un traitement, etc. A chaque problématique, son médicament, si on peut dire ça comme ça. Mais il y a une chose sur laquelle je suis persuadé et je le dis très ouvertement, sur laquelle on ne mise pas assez, c'est la... La réadaptation, puisqu'il y a une approche globale du patient sur son traitement, évidemment sa maladie, mais aussi le fameux réentraînement à l'effort qui est un peu décrié, les gens ont du mal à s'y mettre. De plus en plus, on parle de sport santé, de prescription d'activités physiques adaptées. Je presse jour et nuit pour ça, je pense qu'on n'a pas assez de moyens pour ça, alors que ça ferait vraiment, en termes de prévention et de politique de santé, ça serait génial. On manque de moyens, pas juste financiers, mais aussi techniques et humains. Est-ce que toi, c'est quelque chose que tu mets en place ? Comment c'est vu par tes patients ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    La réadaptation cardiaque, elle est clairement post-événement cardiovasculaire, donc elle est post-infarctus, elle est post-passage clinique, hôpital et tout ça, et donc elle est mise en place par les cardiologues qui vont avoir pris en charge le patient. Donc moi, je ne suis pas vraiment directement concerné, en tout cas, je ne vais pas l'instaurer. C'est effectivement quelque chose qu'on connaît, je pense, mal, nous aussi. Par contre, effectivement, le patient qui me dit Ah, le cardiologue, ils m'ont dit que ce serait bien de faire je leur dis Bah oui, bien évidemment. Faites, ça permet de renforcer, c'est un muscle, il faut le faire travailler. Pour éviter d'en être plus malade ou en tout cas d'en avoir plus de symptômes, je ne peux qu'encourager les patients qui me posent la question. Mais on n'est pas dans la chaîne décisionnaire, j'ai envie de dire. On arrive après.

  • Speaker #0

    Justement, c'est ça qui est assez troublant et c'est intéressant ce que tu me dis, parce qu'en fait, je constate quand même qu'au sein même des cardiologues, la prescription de réadaptation cardiaque n'est pas assez mise en avant. Les gens en suivent peu, mais je pense que tu vois, si les collègues généralistes étaient aussi plus sensibilisés à ça, vous pourriez tout autant le prescrire en fait. Pas forcément en prévention secondaire, aussi en prévention primaire, parce qu'une personne qui est en affection longue durée, c'est-à-dire que la sécurité sociale... L'État reconnaît une maladie chronique pour un patient et qui lui permet d'avoir une exonération de ses soins, en tout cas sur un tarif classique, opposable, et bien ils peuvent bénéficier de ces réadaptations cardiaques. Donc le patient diabétique, le patient qui a de l'insuffisance cardiaque, alors évidemment sur la prévention secondaire, si on peut dire ça comme ça, mais la maladie est un peu insidieuse, et on a toujours tendance à penser que la réadaptation concerne le post-infarctus. ou le post chirurgie cardiaque de pontage notamment au Deval. Et en fait, ce n'est pas assez prescrit. Alors voilà, on y pense beaucoup. On essaye de voir comment on peut aussi nous, à notre échelle, le mettre en place. Mais c'est très difficile et pourtant, je pense que c'est essentiel. Et voire même, je peux te dire, dans la revascularisation coronaire, on est beaucoup moins invasif pour la pose des stents. Et parfois même, c'est un. Le traitement, le seul traitement proposé chez des patients qui ne sont pas forcément revascularisables, où on n'a pas forcément envie d'aller mettre des stents, on leur dit vous avez le médicament d'un côté, mais on va vous faire faire de la réadaptation cardiaque, du réentraînement à l'effort, et vous verrez, c'est un traitement Ce n'est pas facile parce que ce n'est pas perçu comme une thérapeutique à part entière. On a l'impression que c'est comme les gens sortent de l'hôpital, ils vont faire leur convalescence. Et je pense qu'il faut débunker beaucoup de messages autour de ça. Peut-être, du coup, toi aussi, dans ton quotidien, le proposer aux gens, alors même que le cardiologue, peut-être, ne l'a pas proposé. Ce n'est pas une volonté ou un oubli, mais des fois, c'est vrai qu'on est pris dans le flot. Et moi, ça m'est déjà arrivé de me dire, tiens, c'est vrai, ce patient-là, il aurait pu en bénéficier, je ne lui ai même pas proposé. Je le reconnais humblement, mais c'est vrai que cette case réadaptation, elle n'est pas assez mise en avant, alors que les résultats sont incroyables. Et ça, je reviendrai dans d'autres émissions, parce que la réadaptation, c'est pour moi un peu le parent pauvre de la cardio, alors que c'est essentiel. Petite question, si on te donnait une baguette magique, alors on n'est pas sur des contes de fées, mais est-ce que tu changerais quelque chose dans le système de santé vis-à-vis de la prise en charge cardiologique ? Je ne vais pas te faire une approche globale de la santé en France, mais sur la cardio, est-ce qu'il y a quelque chose ? Si tu es une petite fée avec une baguette, est-ce que tu ferais quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors là, Grégoire voit mes grands yeux écarquillés. C'est compliqué, je veux dire, tout le monde s'y casse les dents. Il y a toujours des problèmes de toute façon. de moyens, de budgets, de choses comme ça, qui sont des... Des données bien compliquées, bien compliquées. Ensuite, je pense que globalement, que ce soit la cardiologie ou la médecine, globalement, c'est toujours ce problème d'attractivité. C'est l'administratif, c'est les charges, c'est toutes ces choses-là pour favoriser tout simplement les jeunes à s'installer, à travailler en ville, à faire du libéral et tout ça, qui est un domaine qui peut faire peur. Et donc, ça, ça peut. Et puis ensuite, après... C'est aussi qu'est-ce qu'on veut faire de notre système de santé. Il y a des choses sur lesquelles je suis beaucoup plus limitatif. On parle des infirmières en pratique avancée qui vont jouer au docteur, je vais avoir des hurlements. Je pense que les IPA ça peut être extrêmement bien et on le sait à l'hôpital peut-être ou en clinique et des choses comme ça. Mais la volonté de créer des choses comme ça en ville pour pallier un manque de médecins c'est... ...dans mon point de vue, quelque chose qui ne va pas être bénéfique aux patients. Ce n'est pas le même métier, ce n'est pas les mêmes choses, c'est de la rustine. Je suis persuadé qu'elles ont envie de bien faire, les dames qui font ça et les messieurs qui font hyper. Néanmoins, c'est un peu la cabine de téléconsultation humaine. Mais voilà, après je ne peux pas non plus... Jeter la pierre au fait que les pouvoirs publics essaient de trouver des solutions, même si ce n'est pas celle que j'aimerais entendre, mais ce n'est pas moi qui décide de toute façon.

  • Speaker #0

    Donc si j'essaie un peu de te comprendre, la baguette magique, ce serait plus de médecins en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement c'est ça. Ensuite, il y a l'évolution aussi de la société et tout ça, la féminisation de la médecine, le fait que globalement on travaille sûrement moins en... en nombre de jours et tout ça que la génération précédente. Et je veux dire, c'est pas un gros mot.

  • Speaker #0

    Et je pense que les générations A qui arrivent, la génération Z, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est pas un gros mot. Moi, je travaille beaucoup moins que travaillait mon papa. Il y a une féminisation de la médecine qui a aussi une volonté, les femmes médecins, de s'occuper peut-être plus des enfants que ne faisait le monsieur, il y a 40 ans, qui était le docteur. Et ainsi de suite, donc j'ai moi le premier, je prends du temps, j'aime aller une fois par semaine chercher mes enfants à l'école, pour être disponible s'il y a une activité à l'école ou des choses comme ça, pour accompagner, donc voilà, je m'inclus dans tout ça. Et puis il y a la surspécialisation, la modernisation de la médecine, avant t'avais un cardiologue qui faisait toute la cardiologie, maintenant t'as un cardio qui fait la cardio de ville, t'en as un qui fait de l'arithmo, t'en as un qui va faire... de l'interventionnel, tu en as un qui va te faire du rythme, de la conduction, j'ai vu qu'on pouvait distinguer les deux choses, comme tu l'as dit tout à l'heure, et ainsi de suite. Donc, il faut plus de médecins aussi pour faire la même chose qu'avant. Donc, mis bout à bout, c'est sûr que c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Ça, c'est vrai que c'est ce que tu... Je rebondis un peu, mais la sur-spécialisation en cardiologie, j'ai un patient, par exemple, qui est venu une fois, il avait des palpitations. Donc je lui fais un électrocardiogramme, on lui découvre de l'arythmie. Je l'envoie voir un rythmologue. Il se trouve que du fait de sa situation, son cœur fonctionnait mal, on lui fait une coronarographie. Il va voir un autre cardiologue qui s'occupe des artères. On lui pose un stent. Je le revois, je lui propose de la réadaptation cardiaque. Il voit un autre cardiologue. Et à la fin, il me dit, écoutez, je ne comprends pas, vous êtes cardiologue, mais j'en ai vu quatre. Tu ne dis pas oui ? En fait, on est sur-spécialisés et on est tous cardiologues, mais on a une activité des valences, on va dire, beaucoup plus particulière et ce n'est pas facile à suivre pour les gens. Je le reconnais. Il n'y a pas de compérage là-dedans. C'est une attitude tout à fait saine dans la relation de soins. Mais comme tu dis, je pense qu'en effet, on aspire de plus en plus à avoir aussi une vie personnelle. En fait, je fais une petite digression, mais on voit quand même, et si on prend les tendances actuelles, on considère que les jeunes installés, enfin les jeunes actifs plutôt, dans la vie du travail, la vie de tous les jours, vont changer plusieurs fois de métier. Et quand on est médecin, on peut changer de métier. On peut devenir médecin dans une structure administrative, dans une assurance, on peut être journaliste, on peut bosser pour un labo. Mais au final, on reste quand même médecin et on ne peut pas substituer nos études, comme tu le disais, pour les IPA. Je pense que c'est plutôt un travail en binôme. de partenariat, mais en tout cas, en effet, on ne remplacera jamais 10 années d'études. C'est comme ça. Mais en tout cas, on aspire aussi à avoir une vie épanouissante personnellement. Et on n'est plus... J'ai eu des patients qui m'ont dit, c'est pas comme avant. On pouvait prendre rendez-vous à 22h et le samedi. Eh ben non, ça n'existe plus en fait. Malheureusement, ça n'existe plus. Les plus jeunes médecins, et pas si jeunes que ça d'ailleurs, des fois les biomédecins m'ont dit Mais vous avez raison, je regrette d'avoir autant travaillé. Je suis passé aussi à côté de beaucoup de choses dans ma vie. On est dans un climat aussi beaucoup d'incertitudes économiques. géopolitique et la vie est courte finalement. Donc voilà, c'est une petite parenthèse pour resituer le rôle du médecin et sa vie personnelle.

  • Speaker #1

    T'as dit c'est comme ça, malheureusement. Donc je vois que tu veux rouvrir jusqu'à 22h le soir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je le dis parce qu'on manque de créneaux de consultation. Et je rebondis sur les lapins parce qu'en fait, aujourd'hui, beaucoup, beaucoup de consultations ne sont pas honorées. Alors, il y a eu un débat sur la fameuse taxe lapin. Certains m'ont dit vous faites ça pour l'argent. Je pense que c'est un non-débat. A mon sens, je pense que cette taxe-là, si on devait juste la considérer, elle devrait aller dans une enveloppe commune. Moi, je ne cherche pas à m'enrichir sur des patients qui ne viennent pas en récupérant une somme de 1, 2, 3, 4, 5 euros. J'ai déjà, au final, perdu suffisamment d'argent, puisqu'on est payé à l'acte. Donc, un patient qui ne vient pas, ça ne représente pas qu'une consultation qui n'est pas honorée. C'est aussi, finalement... Une partie de l'activité financière du médecin qui n'est pas honorée et en fait comme toute personne honorable travaille aussi pour un solde donc il faut pas non plus rougir et c'est pas tabou l'argent est un peu tabou en France mais je pense que cette fameuse taxe lapin elle a du sens et malheureusement il n'y a que à mon sens en touchant au portefeuille mais pas pour sanctionner mais pour responsabiliser les gens que les rendez-vous soient honorés alors on verra ce que ça donne mais voilà si on peut améliorer les choses de ce côté là C'est peut-être une bonne chose. Mais en tout cas, les médecins ont fait des carrières qui sont longues. Si on projette comme ça, on en a au moins pour 67 ans, donc plus de 35 ans d'activité de médecin, qui est une activité passionnante, très riche humainement, qui a son lot de routines, mais comme tout métier, mais il faut garder encore une envie. Et malheureusement, je vois beaucoup de mes collègues qui déboulonnent leur plaque et qui arrêtent la médecine générale à regret parce que... Il ne s'y retrouve plus dans les valeurs, dans le côté financier, on n'en parle pas assez, mais c'est une activité qui a moins d'actes techniques et donc moins rémunératrice. Mais voilà, je sais que les choses évoluent. On passe pour des nantis pour beaucoup de personnes, mais on a beaucoup de responsabilités et on a une expertise très particulière qui doit aussi être valorisée. Merci en tout cas de partager cet avis là-dessus, sur la vie personnelle aussi des médecins. Nous ne sommes pas des machines et on fait toujours du mieux qu'on peut. On est très dévoués pour nos patients. Je voudrais justement rappeler un peu le rôle central du généraliste, du médecin généraliste dans la prise en charge des patients pour le suivi en cardio. C'est vrai qu'on aime beaucoup parler de coordination. Mais parlons vrai, en tant que cardio, j'interviens, c'est pas ponctuellement, d'ailleurs on parle d'avis ponctuels de consultants, c'est une terme technique et aussi financée qu'on nous donne pour une consultation la plupart du temps. Donc voilà, dans la prise en charge, on pose un diagnostic, on oriente la prise en charge, ça va être un stent, un pacemaker, etc. Mais voilà, je trouve qu'on parle pas assez du rôle du médecin généraliste dans le suivi des maladies cardiaques, et je le dis d'autant plus avec certitude que j'ai des patients qui me disent non mais attendez, je comprends pas, j'ai pas l'intérêt d'aller voir un généraliste, ils vont me voyer une fois par an Qu'est-ce que tu me dis ? Qu'est-ce que ça fait écho à... ...Panthro ?

  • Speaker #1

    C'est très complémentaire de toute façon, et puis surtout le temps de consultation, d'un renouvellement du patient que nous on va avoir tous les trois mois et soit une fois l'année, ça va être surtout l'occasion de parler d'autres choses, de faire le point sur d'autres choses aussi. Alors on n'aime pas quand il y a une liste de questions de 25 choses différentes, mais profiter d'une consultation de renouvellement quand la personne va bien, pour faire une osculation cardiopulmonaire, voir qu'il n'y a pas un trouble du rythme. pour rappeler l'attention, insister pour parfois des auto-mesures à la maison, ça c'est extrêmement bénéfique, le fait que les appareils d'attention soient abordables désormais. Et donc ça va être un temps d'échange sur une santé plus globale, on parlait de vaccination, ça peut permettre de... de regarder le cutané, de pouvoir répondre à des questions et de prévoir les choses aussi. Tiens, vous renvoyez le cardiologue là, la dernière prise de sens et quand ? Tiens, on fait un bilan, est-ce qu'il nous en a prévu un ? Non ? Bah tenez, on va faire un bilan sanguin avant. Et voilà, si on a une question, on pourra reformuler une question avec un courrier en plus si jamais c'est nécessaire. Et voilà, je dirais que c'est simplement complémentaire.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je ne sais pas bien de quoi tu parles. Je rebondis là-dessus, sur l'éducation thérapeutique. Alors c'est un mot qui est un peu pompeux, c'est plutôt de l'information pour les patients, pour qu'ils comprennent les enjeux de leur maladie, des médicaments. Personnellement, je n'arrive pas à dégager assez de temps pour ça, et j'ai du coup l'aide, on parlait tout à l'heure des IPA, c'est vrai que c'est peut-être une activité qui peut être proposée, mise en avant pour accompagner les gens, coordonner, orienter, etc. J'ai la chance moi au cabinet d'avoir un infirmier très compétent en cardiologie, que je salue, qui s'appelle Florian. et qui est infirmier de cardiologie, il n'a pas la spécialité cardiologie, mais en tout cas, il a travaillé longtemps en cardiologie, qui est assistant médical. C'est un titre qui est maintenant reconnu auprès de l'assurance maladie et qui nous permet d'avoir un financement ancien. pour dégager en tout cas du temps pour les médecins. Et voilà, ça m'accompagne, ça m'aide au quotidien pour proposer un peu plus de temps médical pour les gens. Est-ce que toi, tu as justement quelqu'un qui t'aide à faire ça, cette éducation thérapeutique, cet accompagnement ? Non,

  • Speaker #1

    non, on n'en a pas. On profite de la consultation, en tout cas pour ma part, pour parler tabac, pour parler activité, pour parler tout ça. Donc, c'est plus des choses qui sont courtes et répétées. En fait, c'est des choses qu'on aborde régulièrement. Donc voilà, on n'a pas d'activité spécifique au cabinet, c'est des structures qui s'organisent pour avoir ça, sauf que la difficulté c'est que c'est des... Ce sont des structures qui sont validées par nos amis de l'Agence Régionale de Santé avec toute la complexité que ça a. Et clairement, je n'en ai absolument aucune envie. Ensuite, les assistants médicaux, avec les financements dont tu parles. Le problème, c'est que les règles du jeu, elles changent quand la Sécu, elle veut, comme elle veut. Et donc, du coup, oui, tu as une aide au financement, mais quand tu n'as plus de financement, et puis s'il y a un souci, puis machin, ça reste toi l'employeur. Et puis ensuite, la troisième raison, c'est qu'on n'a pas... Autant d'actes techniques que toi, on n'a pas autant de matériel que toi à manipuler. Et en fait, nous, le temps de consultation, moi c'est un quart d'heure la consultation, ça passe vite et je veux dire, si je rajoute un assistant médical qui va remplir le dossier, qui va prendre les informations, qui va me mettre le motif, voilà, et qu'en fait je viens juste pour mettre un coup de stéto, dire on fait ça, on fait ça, je m'en vais, c'est pas la vision de la médecine générale que j'ai et ce n'est pas celle que je veux donner.

  • Speaker #0

    Que beaucoup partagent, je l'entends.

  • Speaker #1

    C'est pas ça.

  • Speaker #0

    C'est généraliste. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui se fait dans certains pays, mais... on ne sait pas quel médecin on voit, on ne sait pas qui on voit et on n'explique pas bien ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord que sur des actes techniques, moi je m'y retrouve dans cette activité-là, parce que justement, quand il s'agit de faire un électrocardiogramme, une prise de tension, de poids, d'adapter parfois une tension, il y a des partages d'activités, des collaborations, on s'appelle la délégation de tâches, c'est vrai aussi pour l'échographie de plus en plus, on appelle ça des sonographeurs. Donc je suis d'accord qu'en médecine générale c'est peut-être aussi différent et on vous pousse à ça, alors qu'à mon sens je suis d'accord que ça ne s'y prête peut-être pas.

  • Speaker #1

    C'est une réponse politique à des questions des lecteurs.

  • Speaker #0

    Ça brille. Ça brille. C'est beau. J'entends très bien. Justement, je fais écho à ça avec le télésuivi. Tu en as peut-être entendu parler, le télésuivi de l'insuffisance cardiaque. Je fais une émission dédiée parce qu'en fait, on se rend compte que les gens qui ont de l'insuffisance cardiaque sont des patients à très haut risque d'hospitalisation et de décès. Pareil, je dirais dans d'autres émissions que ce à quoi correspond l'insuffisance cardiaque, mais il y a différentes plateformes qui sont mises en place. Personnellement, je travaille avec Satélia. J'espère les recevoir un jour pour essayer d'aborder ces problématiques-là. Comment tu vois ça de ton côté, le télésuivi de l'insurance cardiaque ? J'explique un petit peu. Il s'agit d'inclure des gens dans un réseau de soins par un prestataire de santé qui va mettre à disposition des patients un ou une infirmière et assurer une permanence des soins un petit peu dématérialisée pour voir un peu l'évolution de l'état de santé d'un patient et adapter des médicaments. Nous, en tant que cardiologues, on reçoit une alerte. Pour dire que ce patient-là manifestement ne va pas bien, il faudrait peut-être le revoir ou l'adapter, lui prescrire une prise de sang. J'ai eu un peu des retours négatifs de mes collègues généralistes parce qu'en fait c'est vu comme une substitution du suivi parfois. Comment toi tu le perçois ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas été beaucoup confronté, je réfléchis, mais dans ma pratique sur... Un télésuivi comme ça, moi spontanément je pense plutôt aux boîtiers de surveillance, aux choses comme ça.

  • Speaker #0

    Les pay-snickers, les subrisateurs qui font des alertes en effet.

  • Speaker #1

    Ou parfois, il y a quelque chose, je ne sais pas s'il marche, je ne sais pas s'il est branché, c'est ça. J'ai appuyé sur les boutons du bas, appelé le numéro qui est dessus, puis oui. Après, on sait qu'il y a les sorties accompagnées par les infirmiers, infirmières à domicile, post-insurance cardiaque, tout ça. J'ai parfois plus l'impression qu'il y a une lourdeur d'administration, de poids, de papier, de réponse, de machin, de truc, que d'efficient. Après, c'est ce que je te dis, je n'ai pas d'expérience particulière et donc je ne vais pas faire des cas particuliers.

  • Speaker #0

    Pas un avis de cause, c'est bien ou pas. Je n'ai pas d'avis. Tu as besoin aussi de l'expérimenter. C'est vrai que tu es dans ce table de plus en plus. Alors, il y a une participation, évidemment, de la sécurité sociale sur ces choses-là. Mais un petit mot, puisque ça m'intéresse forcément de près, puisque je suis confronté, c'est un des traitements maintenant du suivi d'un science cardiaque. Il y a même beaucoup de papiers qui ressortent sur une diminution de la mortalité et des hospitalisations. Entre guillemets, on pourrait dire que ne pas proposer cette solution aux patients, c'est une perte d'objet. Mais c'est vrai que ça rentre peut-être un peu dans les pratiques. Mais bon, encore une fois, j'y reviendrai. Justement, dans le prolongement de ça, un dernier sujet que j'aimerais aborder avec toi, sort peut-être un peu du cadre, c'est des projections sur l'avenir. On parle beaucoup de l'arrivée de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé. Est-ce que c'est quelque chose que tu attends ?

  • Speaker #1

    Alors, que j'attends ? Est-ce que je l'attends ? Je ne suis pas sûr que je l'attende parce que je pense que j'arrive à faire, j'espère correctement, mon travail sans. Après, elle va arriver et je pense qu'il faut qu'on l'attrape en vol. Il faut qu'on s'en serve parce qu'il faut qu'elle soit bénéfique. Après, de quelle façon ? Il va y avoir plein de choses différentes. Je pense que oui, c'est important et qu'il faut que ça nous aide. C'est un objet. On ne peut pas faire sans, enfin je veux dire, ce n'est pas possible. On parlait de photos, moi j'aime bien la photo. Dernière mise à jour du logiciel Lightroom, ils ont induit un petit peu d'IA pour retoucher certaines images, pour enlever des décors et tout ça, c'est bluffant. Pour enlever un poteau, un verre sur une table et tout ça, ça te reconstitue l'arrière-plan, c'est absolument bluffant. C'est mille fois plus facile que ce qu'il y avait avant. pour quelqu'un qui ne sait pas du tout me servir de logiciel, comme moi, par rapport à certains qui maîtrisent ça très bien. Mais donc oui, c'est bluffant. Ensuite, c'est comme tout, c'est bien, c'est pas bien, il y aura du bien, il y aura du pas bien. il y a des choses comme ça qui sont développées en IA, en médecine, où l'ordinateur écoute toute la consultation, retranscrit un compte-rendu.

  • Speaker #0

    Je pense à Nabla, désolé.

  • Speaker #1

    Je pense à Taina aussi, il y a ça.

  • Speaker #0

    Il y en a pas mal,

  • Speaker #1

    mais voilà. Ou effectivement, pourquoi pas. Après, moi, dans ma pratique, ce genre de choses, je pense que c'est moins utile. Parce que je tape vite, j'écris vite, et que j'ai mes petits raccourcis, et que globalement, je ne pense pas que ça puisse... Moi dans ma pratique, changer tout. Après, c'est sûr que ça doit pouvoir aider sur des consultations plus longues, des consultations d'annonces, des consultations où c'est bien, ou des médecins tout simplement qui ne sont pas à l'aise aussi avec leur clavier. Après, est-ce qu'ils seront à l'aise avec le logiciel d'intelligence artificielle, c'est un autre problème.

  • Speaker #0

    C'est vrai, une question de génération.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ensuite, je n'ai pas de cas concrets à l'IA. Ensuite, c'est toujours un problème de responsabilité derrière. C'est comme les trucs d'analyse de CG, des choses comme ça. Il faut voir, mais en tout cas, oui, je pense qu'il va falloir qu'on s'appuie dessus.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que de plus en plus, moi, je le vois comme un outil. En fait, je pense que ça peut nous aider. J'ai une grosse inquiétude là-dessus et peut-être j'essaierai de recevoir des personnes qui sont dans ce domaine-là de la santé. C'est la data. C'est moi ce qui me fait le plus peur. Comment gérer nos données ? À qui elles appartiennent ? On parle de serveurs, de cloud, etc. Elles appartiennent aux mains de gros groupes. On peut financiariser aussi ces données-là, on peut les trafiquer, on peut en faire un peu ce qu'on veut. Faute de support matériel, la donnée numérique va devenir la norme. Peut-être que ce sont des projections, c'est un peu plus philosophique. On n'aura plus les moyens de critiquer. J'en parlais avec des amis hier soir, de remettre en cause ce qui est vrai de ce qui est faux. Et peut-être quand tu regardes dans l'histoire, quand on voulait faire disparaître une information, on brûlait des livres, c'était les autodafés. Maintenant, les données peuvent être aussi falsifiées et elles sont réputées vraies. Donc dans la santé, ça peut être aussi très dangereux et c'est ma seule inquiétude de savoir comment on gérera ce virage. À mon sens, il faut le voir comme un outil, un peu comme l'agriculteur va utiliser sa... Ça n'a plus rien à voir, le métier d'agriculteur, où il binait son terrain, il plantait lui-même ses graines. Maintenant, c'est des monstres de ferraille qui vont travailler la terre, et pourtant, on en est assez content. Donc c'est vrai que l'IA doit être vue comme ça, mais elle ne doit pas substituer l'humain et nous isoler. J'ai peur de ça, des données de santé. Mais en tout cas, sur un plan purement de... En tout cas de la... De la cardiologie, je vois que l'interprétation de l'électrocardiogramme, c'est incroyable ce que c'est capable de faire. Dans l'imagerie aussi, le scanner coronaire, l'IRM cardiaque, l'échographie aussi, les analyses automatiques qui sont presque à l'époque, moi je voyais ça avec un sourire, avec un regard un peu de vieux maintenant, où c'était des... C'était du maquillage, c'était un peu du gadget. Là, ça apporte une vraie plus-value dans l'analyse des données. Donc, je suis curieux de voir, tout aussi curieux qu'inquié. Et à ton domaine, je pense qu'en effet, il faut le choper en plein vol. Sinon, pas pour être chauvin et corporatiste, mais n'oublions pas que les médecins sont quand même les gens qui veulent le bien de leurs patients. Et peut-être, voilà le conseil de l'ordre. J'espère que ça fera... tout ce qu'il peut pour être présent sur ce chantier-là. Écoute-vous là, on arrive à la fin de notre émission. En tout cas, je tiens du fond du cœur à te remercier pour le temps que tu m'as accordé et tes avis extrêmement intéressants et pointus sur le domaine de la carte du monde. Oui, oui, il faut le dire, c'est intéressant. Évidemment, je pense que cet échange-là, il ne prétend pas montrer une vérité, mais en tout cas une réalité de ce qui existe. Alors, je pense qu'il y aura des collègues qui auront une pratique très différente de ce qu'on a pu... évoqué, mais en fait, voilà, dans ces podcasts-là, je voulais aussi, c'est pas juste rendre hommage, mais c'est aussi montrer la réalité de ce qui se passe aujourd'hui en France en 2024, même en juin 2024, c'est le moment On enregistre cet épisode-là.

  • Speaker #1

    Les fesses levées tôt en dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, pourtant, c'est dur s'il est grâce à vous. C'est précieux et rare, mais voilà. Non, non, je suis très content de mettre levé tôt. La journée m'appartient maintenant, même s'il commence à être un peu tard. Mais voilà, je suis en tout cas super heureux de parler de la médecine générale pour ce premier interview parce qu'en fait, je parle le nom des cardiologues parce qu'on ne fera rien sans vous. On travaille en binôme, si on peut dire ça comme ça, main dans la main. et voilà la collaboration elle est pas que technique elle est aussi surtout humaine et c'est très riche donc voilà un grand merci Gauthier j'ai tant aimé passer ce moment avec toi pour finir la parole pour finir l'épisode je te donne la parole est-ce qu'il y a un sujet que t'aimerais que j'aborde pour un prochain épisode ? et bien celui que tu veux celui que tu veux ok et bien ça tombe bien parce que je je m'attendais pas à cette réponse mais tu vois je savais pas gérer la question non plus Je vais réfléchir, pour les interviews en tout cas.

  • Speaker #1

    On en parlait de connaissances en commun, on parlait de la cardiologie vétérinaire, ça peut être très rigolo effectivement.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai un copain qui est cardiologue vétérinaire, et je pense qu'il y a beaucoup de similitudes sur la santé animale, et des prises en charge pour voir un petit peu comment il fonctionne, des échographies, alors j'ai vu qu'il y a peu de temps il s'était occupé d'une poule. Donc voilà, c'est pas commun, mais je pense qu'on apprend beaucoup aussi des animaux. Donc voilà, la cardiologie est un pilier de la santé qui est évidemment central et très très important pour nous tous. Voilà, avec plaisir, en effet, je leur parlerai pour le recevoir et voir comment on peut échanger entre l'humain et l'animal.

  • Speaker #1

    Tu vas venir à la poule ?

  • Speaker #0

    Je ferai bien la poule. Écoute, j'ai une dernière petite chose à te demander. C'est quelque chose que j'aimerais instituer. Mettre un peu de poésie, un peu de littérature dans la fin de ces échanges, parce que j'aime beaucoup ça. Est-ce que tu accepterais de me donner une citation, une maxime sur le cœur, évidemment, qui permettrait à nos auditeurs de s'évader un peu le temps d'un instant ?

  • Speaker #1

    Alors, heureusement que celle-là, tu me l'avais donnée. J'ai pu réfléchir. Je suis sûrement beaucoup moins littéraire que toi. Non, mais t'aimes bien ça. Et du coup, tu vois, je réfléchis. Je dis, oh là là, qu'est-ce que je vais lui trouver à Grégoire ? Et en fait, j'ai eu un flash. Cette phrase, cette citation que tout le monde connaît. Donc, comme ça, je vais la piquer. Donc, tous ceux d'après, tu leur diras, ils ne peuvent pas. C'est celle de Pascal qu'on connaît tous. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Je vais m'éloigner du côté romantique et je vais la lire dans un autre sens. Ce qui est important, je pense, c'est d'accepter une part d'incertitude. On n'a pas toujours la raison, on ne comprend pas toujours, on ne sait pas toujours. Et ça, c'est un truc que je dis toujours à mes internes. Il faut savoir dire qu'on ne sait pas quand on ne sait pas. On ne peut pas tout savoir. Et moi, le nombre de fois dans une journée où je dis aux gens, écoutez, je ne sais pas, je me renseigne, je vais voir.

  • Speaker #0

    Et bien voilà,

  • Speaker #1

    la raison ne connaît pas.

  • Speaker #0

    exactement j'apprécie beaucoup bien cette citation je te remercie, elle est très riche de sens et voilà je vous laisse méditer, réfléchir à cette phrase et c'est vrai que l'émotion la raison c'est ce qui nous définit humain et nous n'oublions pas donc merci beaucoup Gauthier pour cette dernière phrase et aussi pour cet échange je me suis déflatté l'émission se termine merci à tous d'avoir écouté en plein coeur et j'aurais plaisir de vous retrouver sur d'autres émissions à la fois pour aborder des sujets peut-être plus techniques mais aussi des partages d'expérience et des interviews de personnes de la vie quotidienne qui nous unit tous merci, merci encore Gauthier Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, j'aurai le plaisir de vous parler de nos amis les animaux. Ce sont des confidents pour certains. de véritables membres de la famille pour d'autres. Ils savent nous faire rire comme des baleines, aussi bien que nous rendre chèvres. Mais au fond, les animaux sont de véritables alliés pour notre santé et j'aurai le plaisir de vous expliquer pourquoi et comment ils prennent aussi bien soin de votre cœur. Alors, je vous donne rendez-vous dans 15 jours et encore une fois, je vous remercie chaleureusement pour votre écoute. Je vous dis donc à très bientôt pour ce nouvel épisode. Thank

Description

❤️ Bonjour,


Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir un collègue et ami de longue date, le Dr Gautier BAÏSSAS, Médecin généraliste près de Rouen 👨‍⚕️


Lors de cet entretien, nous parlerons de vous : de votre santé évidemment mais aussi de la place que vous avez dans le parcours de soin cardiologique 💊


Car, parlons vrai, si nous avons tous un médecin de famille, il est fort probable que vous rencontriez un jour un cardiologue : cet entretien est donc un temps dédié aux questions que vous pourriez vous poser en vous rendant chez votre médecin généraliste quand il s’agit d’aborder des problématiques cardiovasculaires. Dépistage, suivi et gestion des maladies cardiovasculaires : vos médecins sont sur tous les fronts ❤️


Notre conversation couvrira également les défis et les opportunités que cette collaboration interdisciplinaire peut offrir 🤝


Enfin, cet échange est l’occasion de nous livrer plus personnellement car derrière la blouse, il y a des êtres humains passionnés qui ont tout simplement, un coeur, comme vous 🤲


Cet épisode est fait grâce à vous et pour vous ! 😇


Aussi, si vous aimez l'émission, partagez moi votre plus beau commentaire et abonnez-vous, cela vous permettra de ne pas manquer les prochains épisodes ! 🌟


Bonne écoute et prenez soin de votre coeur ❤️


---------------------------------------------------


🎶 MUSIQUES


Titre:  What You Want

Auteur: LiQWYD and Luke Bergs

Source: https://soundcloud.com/liqwyd

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Shine

Auteur: Onycs

Source: https://soundcloud.com/onycsmusic

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Sleep

Auteur: Scott Buckley

Source: https://www.scottbuckley.com.au

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Daybreak feat Henk

Auteur: Jens East

Source: https://soundcloud.com/jenseast

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Relaxing In The Hammock

Auteur: Glaciære

Source: https://steviasphere.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Flourish

Auteur: Purrple Cat

Source: https://soundcloud.com/purrplecat

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Nostalgia

Auteur: Johny Grimes

Source: https://soundcloud.com/johny-grimes

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


---------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Grégoire Cauchois et je suis cardiologue. Je vous propose à travers ces podcasts de vous partager mon univers professionnel et de vous faire découvrir une étonnante machine, votre cœur. À travers des conseils pratiques, des interviews de soignants ou des récits, des témoignages poignants de héros du quotidien, ce podcast a pour but de vous toucher en plein cœur. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir le docteur Gautier Baïssas, qui est médecin généraliste près de Rouen. Gautier, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Je t'en prie.

  • Speaker #0

    Gautier, tu es mon premier invité sur cette émission et c'est avec beaucoup de plaisir une certaine émission que je te reçois. Comme j'ai pu le dire avec beaucoup de fierté dans ce qu'on pourrait appeler une bande-annonce, j'avais envie de rendre ce podcast vivant en faisant intervenir, comme je les appelais, les roues du quotidien. Je cherche un peu à moduler les formats, c'est pas forcément commun dans l'univers du podcast, mais après tout, c'est un peu la liberté que je voulais m'autoriser et on verra comment les auditeurs prennent ça. J'ai une première question à te poser, est-ce que tu écoutes des podcasts ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, bonjour Grégoire, merci effectivement de me donner cette lourde responsabilité, c'est bien parce que c'est toi que j'ai accepté, parce que c'est un exercice qui n'est pas évident, dans lequel je suis tout à fait novice. Écoute, oui, les podcasts, j'en écoute de deux types, plutôt des trucs divertissement, émissions de discussion, plutôt détente, quand je fais des choses, je range tout ça. Et après, j'aime bien aussi tout ce qui est... Actualité, bourse, placement, les choses comme ça, pour suivre un petit peu et savoir gérer un peu les choses. Voilà, plutôt dans les trajets de voiture ou quand je range, quand je fais des choses. Donc pas toujours extrêmement attentif, mais voilà, ça m'est arrivé aussi un petit peu des... d'essayer de suivre des lectures, des choses comme ça, mais en fait, je ne suis jamais assez concentré.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que, tu vois, je regardais dans les statistiques de mes podcasts et j'étais assez surpris de voir que, globalement, la tranche d'âge des auditeurs, je m'attendais plutôt à ce qu'on appelle un peu la personne à auditeur, c'était... La personne, la trentaine, plutôt dans les grandes villes, c'est globalement ce qu'on dit des gens qui écoutent les podcasts. Mais en fait, je constate qu'il y a beaucoup de personnes assez jeunes, tu vois, 18-30 ans et au-delà, à peu près 60 ans. Mais j'ai aussi un peu cette impression qu'il y a des gens plus âgés. Et c'est vrai que la cardiologie, ça concerne quand même beaucoup à partir de 60-70 ans. Donc, c'est vrai que ton profil est assez cohérent sur le fait d'écouter des podcasts. Et puis, j'espère que ça rassemblera. Sur le domaine de la santé, plus d'auditeurs. Si on revient à la santé, alors on a vu que pendant la période Covid, les soignants ont été mis en lumière et c'est vrai que c'était un moment un peu particulier pour nous parce qu'on est passé justement pour des héros. Ce n'était pas facile pour nous tous parce qu'évidemment, dans les structures hospitalières, les gens ont été très sollicités. En ville, c'était un peu plus particulier, il y avait une sorte de permanence des soins. Mais j'ai un peu quand même cette impression que les choses ont changé depuis. Les relations se sont un peu tendues, je trouve, dans une ambiance où on manque de médecins, les recours aux soignants sont un peu plus compliqués. Est-ce que toi, c'est quelque chose aussi que tu as ressenti dans ton quotidien depuis qu'on est sorti de cette période difficile ?

  • Speaker #1

    Je pense que la période Covid était une période très particulière, effectivement, qui était inédite pour tout le monde. D'ailleurs, on a appris à nos dépens qu'on connaissait parfois bien peu de choses sur les petits virus et tout ça. Et du coup, cette période effectivement de grande reconnaissance, alors c'est vrai que nous en ville on a été beaucoup moins impactés, c'était beaucoup moins tendu que nos collègues hospitaliers, c'était particulier surtout. Je pense en fait surtout que cette période de reconnaissance, elle a été oubliée. Les gens sont passés à autre chose, sont revenus sur une période plus pratique, plus quotidienne. Je dirais que les gens sont reconnaissants des médecins et tout ça. Mais après, reste concret, quand ils ont du mal à trouver un rendez-vous, un truc et tout ça, ils ont beau être reconnaissants, ils ne sont pas contents et ils l'expriment à leur façon. Donc je pense que c'est un petit peu les deux choses comme ça. Après, la plupart des gens, ça se passe très très bien et voilà, mais le problème, c'est qu'on ne retient que les personnes avec qui il peut y avoir des difficultés.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça fait un biais.

  • Speaker #0

    Des trains qui arrivent en retard. C'est vrai. Je pense qu'on traverse en effet une crise qui est certainement amenée à se prolonger. Voilà, on essaye de faire au mieux. Je voulais avoir un peu ton avis là-dessus, parce qu'on est passé de héros du quotidien à peut-être une relation de service, parfois, que certains de mes collègues décrivent, qui n'est pas toujours facile à gérer. Mais justement, pour revenir sur le personnage du médecin et revenir à des choses un peu plus personnelles... C'est vrai que dans l'inconscient collectif, c'est vrai que le médecin, ça représente plus qu'un personnage. Et je ne sais pas toi, mais quand mes amis ou ma famille me demandent des conseils sur leur santé, j'ai souvent l'impression qu'ils voient le Grégoire avant le médecin. Et c'est vrai qu'on est assez loin du docteur Knoch, de Jules Romain, on nous demande si ça nous chatouille ou si ça nous gratouille. Est-ce que justement, toi, tu considères que dans notre métier de médecin, on jouit un peu de cette aura et de, certains diraient, de ce statut social ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors c'est toujours compliqué, je vais faire une réponse de normand, je vais dire oui et non, je vais dire on n'a clairement plus ce statut de notable dans la société, où c'était le médecin du coin, c'était le notable, c'était tout ça. Après les gens je pense restent très reconnaissants du travail, savent que ce sont des études difficiles, savent que c'est beaucoup de boulot et sont reconnaissants à ce niveau-là. Et puis après ça dépend aussi un petit peu de l'orientation de l'activité qu'on a aussi, c'est vrai que nous en médecine générale, Moi notamment, j'ai quand même un côté médecine de famille, où j'ai parfois trois, quatre générations de patients de la même famille, et donc ce côté-là est très agréable, et les gens le reconnaissent et sont contents, et c'est très agréable au quotidien. Et puis il y a quand même encore des gens, ça me fait toujours sourire, mais quand ils vont dire Monsieur ils vont se reprendre Oh non, docteur, pardon ! Et donc c'est rigolo, on leur dit Mais non, c'est pas grave, c'est pareil. Et puis après, c'est une question aussi de... de culture. En France, on n'a pas la culture du titre, appeler quelqu'un docteur, ça peut être mal perçu et tout ça, ce qui n'est pas du tout le cas dans d'autres pays, où si on est docteur en mathématiques, on est appelé docteur et c'est très très mal perçu si on ne le dit pas. Ça, c'est une question après de culture et de pays aussi.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose qui peut-être aide aussi les gens, c'est pour ça que je parlais de cette dichotomie entre le médecin et le... L'être humain qu'il y a dessous, je pense que ça nous bénéficie et à mon sens, peut-être que c'est des choses qui peuvent amener certains de nos collègues à un manque de reconnaissance parfois dans leur travail. Il peut y avoir une certaine défiance du statut, mais tu as raison, c'est vrai, dans notre culture, on est moins attaché au titre. Mais les gens sont quand même très respectueux de notre travail. Et dans ce climat un peu tendu, il ne faut pas se tromper de cible, en tout cas, sur le fait qu'on est là pour aider les gens.

  • Speaker #1

    On est dans le même bateau.

  • Speaker #0

    Exactement. Voilà, sous ce masque, en tout cas, il y a des vrais êtres humains, comme nos auditeurs peuvent s'en rendre compte. Et voilà, je voulais aussi rendre un peu hommage à ces gens qui interviennent dans la santé en général. Mais parle-moi un peu de toi, Gauthier. Quelles sont tes passions ? Est-ce que tu as des hobbies ? Je sais que tu aimes la photographie. Et je sais d'ailleurs que tu es reconnu pour ça, parce que j'ai eu l'occasion de voir dans tes revues, certes médicales, que tu avais publié et fait une petite chronique sur une revue. Est-ce qu'il y a des choses qui, en dehors de la médecine, t'animent ?

  • Speaker #1

    T'as l'œil partout. Écoute, du coup, moi j'ai 38 ans, j'ai fait mes études à Rouen, je suis installé à Rouen, je vis à Rouen, j'ai pas été très très globetrotter. Écoute, en passion, je suis pas un homme passionné, comme certains peuvent l'être, qui vont aller lire des trucs, faire des choses à droite, à gauche, et voilà. Mais effectivement, la photo, ça, j'aime bien. J'en fais depuis longtemps, au final. J'aime bien passer du temps, surtout dans les moments du quotidien, avec des amis en voyage, des événements de famille, des choses comme ça. Je ne vais effectivement pas aller attendre trois heures le lever du soleil. Je n'ai pas cette passion. La con est passionnée, justement, au sens romantique du terme. Après, moi, je suis assez casanier aussi. J'ai deux filles. J'aime bien être à la maison avec eux. Avec ma famille, avoir des amis et tout ça, c'est des trucs sympathiques. Et puis après, j'aime bien tout ce qui est automobile, tout ce qui est moto, tout ce qui est sport mécanique, la Formule 1, tout ça, ça j'aime bien. Et donc, si on devait résumer les grandes lignes, je dirais ça.

  • Speaker #0

    Écoute, merci, c'est sympa de voir ton environnement, en tout cas personnel. En tout cas, c'était un choix tout particulier pour moi de te recevoir, parce qu'on se connaît depuis un sacré paquet d'années. On a fréquenté le même lycée sur Rouen, on a fait nos études ensemble à la faculté de médecine de Rouen, comme tu le disais, on est en fait des purs produits, des purs enfants de la belle Normandie. Et puis, il y a les études, ces longues années passées à l'hôpital, entre les gardes et les cours. Quand je te dis tout ça, qu'est-ce que ça t'évoque ?

  • Speaker #1

    Ben oui c'est rigolo, comme tu le disais, j'ai calculé avant de venir en me disant mais au final ça fait combien de temps qu'on se connaît parce qu'on a l'impression que la fac c'était hier et quand on calcule ça fait un peu de temps. Du coup, oui oui, lycée on se connaissait relativement assez peu mais on savait qui on était l'un et l'autre. Et puis c'est marrant parce qu'on n'a jamais été complètement dans des groupes d'amis les plus proches et tout ça, à traîner 24-24 ensemble et tout ça. Mais au final, on a toujours donné des nouvelles, on s'est vus de temps en temps et tout ça, et donc c'est ça qui est très agréable. Et comme je dis toujours, c'est là qu'on voit les amitiés sympas, c'est que quand on se voit, on a l'impression que c'était hier, et effectivement, quand on se recroise autre, on dit suite comme si c'était hier, et c'est tout à fait sympathique.

  • Speaker #0

    C'est vrai, je reconnais. Ça ne rajeunit pas, puisque je vais avoir bientôt 37 aussi, et ça fait un peu plus de 10 ans, presque, finalement, qu'on se reçoit. Alors... C'est vrai qu'on travaille aussi en relation soi, il y a un rapport professionnel aussi entre nous, mais c'est vrai que finalement, on sent que la confraternité est peut-être un lien qui nous unit pour beaucoup, mais c'est toujours sympa de voir qu'on a aussi des liens privilégiés, sinon des affinités. C'est toujours un petit peu nostalgie, émotion, et c'est sympa de voir qu'il y a des copains qui... qui reste sur la région, parce que la Normandie n'est peut-être pas la région la plus attractive, et c'est dommage en tout cas, parce que on a une belle région, on mange bien, et il y a beaucoup de belles choses. Voilà, j'avais envie de faire cette parenthèse sur nous. C'est peut-être une bonne chose aussi pour que les auditeurs connectent avec les personnes qui suivent. Je trouvais ça assez sympa. Parle-moi un peu plus de toi sur les études, justement. Est-ce que tu peux me dire un peu ce qui t'a amené à choisir la médecine générale quand on a passé le concours de l'internat ? Alors bon, ça ne s'appelait pas vraiment le concours de l'internat à l'époque, c'était nous l'examen national classant. Ça nous donnait accès à une ville. et à une spécialité. Maintenant, les choses ont un peu changé, c'est sous forme numérisée, ça change toujours un petit peu tout le temps, mais il y a quand même cette tendance à faire de nous des médecins spécialisés. La médecine générale en fait partie. Ça date quand même de 2011, donc c'est hier, je crois. Qu'est-ce qui t'a poussé à choisir la BG ?

  • Speaker #1

    Globalement, la médecine m'a toujours tenté. Il y avait un biais, mon papa était médecin généraliste, on avait quand même quelques prudels de santé dans la famille, donc je pense qu'il y a toujours un biais comme ça. Mais du coup, ça m'a toujours donné envie. Et quand en terminale, on doit faire les dossiers, les machins, en fait, avec la fac, c'était très pratique, il n'y avait pas de dossier à faire. Et donc du coup, je suis parti en médecine sans trop d'hésitation. Et puis au moment du concours national de classement, j'avais toujours dit que la médecine générale me tentait, j'avais toujours été inspiré par ça, c'était un mode d'exercice qui m'allait bien, avec une polyvalence qui m'allait bien. Je me suis toujours dit, ça m'embête de faire 10 ans d'études et de ne pas pouvoir m'occuper de la rhinopharyngite de mes enfants. Et du coup, cet éventail large m'a toujours tenté. Donc voilà, j'avais bossé mon internat du mieux possible en disant si au dernier moment je veux être cardiologue. à Paris ou à Nice, je l'ai ou je ne l'ai pas, mais voilà. Bon, je n'aurais pas fait Cardio à Nice de toute façon, je n'aurais pas pu. Il y a des gens bien plus brillants que moi. Mais du coup, en fait, le choix a été facile. J'ai pris médecine générale à Rouen, mais l'avantage, c'est que ça m'a permis d'être bien classé dans la promo, ce qui nous permet ensuite de choisir les stages en fonction des classements et donc d'avoir un panel de choix qui était plus confortable après. Mais en fait, je suis resté du coup fidèle à mon idée première.

  • Speaker #0

    C'est super parce que justement, il faut être passionné pour faire la médecine générale. C'est un métier qui est, pour un regard en tout cas, qui n'est pas novice. Je vois très bien comment vous travaillez et je vous tire mon chapeau parce que c'est pour moi certainement la spécialité la plus difficile. Il y a une dimension humaine qui est très importante, sociale aussi, parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont en difficulté et qu'il faut accompagner. C'est peut-être ce que certains, j'ai l'impression que mes collègues disent, ça crée une lourdeur administrative qui n'est pas toujours facile à gérer.

  • Speaker #1

    Et puis, le social n'est pas le cœur de notre métier qu'on apprend et tout ça. Donc, on est aussi un peu en défaut là-dessus. Oui,

  • Speaker #0

    et c'est vrai qu'on a besoin d'être aussi aiguillé, accompagné. Alors, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'intervenants. La Sécurité sociale nous met à disposition beaucoup d'outils. Les assistantes sociales, sur cette dimension-là.

  • Speaker #1

    Les assistantes sociales.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Ça c'est heureusement.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment difficile parce qu'en tant que spécialiste en cardio, on le voit assez peu. Alors on remplit des demandes, par exemple, pour des situations de handicap, pour appuyer des dossiers, etc. Mais ce n'est quand même pas le cœur de notre métier. Et voilà, je vous tire mon chapeau là-dessus parce qu'il y a une dimension très globale qui demande des compétences pas juste techniques, mais très... humaine très forte et justement quand on s'aventure dans cette spécialité là on s'en rend peut-être pas toujours compte tout de suite mais maintenant voilà on voit qu'il y a des jeunes qui font des stages en médecine générale t'es maître de stage justement ?

  • Speaker #1

    oui je suis maître de stage depuis actuellement ça doit être ma 8ème 10ème interne ça fait quelques années maintenant en fait moi j'étais passé lors de mon internat en médecine générale En stage en médecine générale, c'est un stage que j'avais apprécié, où vraiment c'était concret, ça permettait de se rendre compte si on aimait ou on n'aimait pas, parce que nous on ne passait pas avant étudiants en médecine générale, avant l'internat. Et donc je m'étais dit, le jour où je pourrais, je le ferais. Et puis c'est agréable parce que ça permet aussi de se mettre à jour avec des étudiants qui sortent de l'internat, qui sortent de l'hôpital. L'interne que j'avais avec moi, elle vient de faire 6 mois aux urgences du CHU. Il y a des choses qui évoluent, donc ça permet de se mettre à jour sans avoir le nez dans le bouquin, ce qui est plutôt agréable aussi. Après, maintenant, ils passent quand ils sont externes, donc étudiants en médecine entre la deuxième et la sixième année, ils passent pour la plupart en tout cas à Rouen en stage en médecine générale. Alors moi, je n'accueille pas d'externes, mais ils en font comme ça. Ça permet de se rendre compte parce que dans notre promo, je ne sais pas si tu te souviens, il y a une de nos collègues de promo qui fait son stage en médecine générale et elle a dit mais en fait, ça ne me plaît pas du tout. C'est ça. Et du coup, elle a pu faire son droit au mort, elle était très bien classée et donc on salue Mathilde, notre interniste préférée.

  • Speaker #0

    Exactement !

  • Speaker #1

    J'avais la référence.

  • Speaker #0

    C'est vrai que certains se lancent dans cette aventure et c'est toujours mieux d'avoir une expérience concrète. Je regrette en tout cas, tu vois, en médecine cardiologie de ville, parce que certains nous disent que des fois on est les généralistes du cœur, parce qu'on a une approche assez globale. Donc je m'identifie un peu parce que voilà dans mon activité je gère beaucoup de consultations, d'activités non-invasives, on a accès à un plateau technique mais en tout cas moi je ne gère pas directement. C'est vrai que j'aimerais avoir certainement plus souvent des étudiants. On a quelques internes qui demandent à passer, puisqu'en fait, on est quand même beaucoup en binôme, finalement, entre le médecin généraliste et le cardio de ville. Voilà, je trouve ça chouette qu'il y ait cette possibilité pour les jeunes de se rendre compte de ce qu'est la médecine générale. C'est aussi une façon de lui rendre hommage. Revenons un peu à la cardio. J'ai du coup le plaisir de suivre tes patients pour certains. Je note toujours la qualité de ton travail et ce n'est pas juste pour te mater, parce que c'est agréable de voir l'implication que tu y portes. Est-ce que tu peux m'expliquer un peu les profils de tes patients que tu adresses justement aux cardiologues ? Je vais dire plutôt aux cardiologues de vie, parce qu'en fait dans les structures hospitalières... Ils ont souvent une activité plus invasive, plus technique, mais sur le suivi en tant que tel, c'est vrai que souvent, on est quand même le premier recours. Voilà, quels sont les passions que généralement tu adresses et avec quelle structure tu as l'habitude de travailler ?

  • Speaker #1

    Les profils de patients, ça va être assez varié, mais on peut donner quelques lignes. On va avoir le patient pour lequel on va nous identifier un besoin de voir le cardiologue. Ça peut être une hypertension ancienne ou qu'on a du mal à équilibrer. Ça peut être un patient diabétique qui n'a jamais eu le cardiologue. Ça peut être un patient qui a eu une activité physique soutenue, qui n'a jamais eu de bilan cardiologique. Ça peut arriver. Il y a quelques années, un monsieur a randonné. 2-3 fois par semaine, 20 km, 70 ans, super forme et tout, je lui dis on n'a jamais fait. peut peut-être voir le coup et effectivement il a fini avec un petit ressort dans l'artère par nos amis cardiologues parce que on s'est rendu compte lors du bilan d'effort que à l'inverse c'est difficile parce que tout le monde ne peut pas nécessiter ne doit pas nécessiter des bilans et voilà et donc arriver à faire un peu de tri pour limiter aussi les délais et les demandes c'est pas toujours évident et puis après ça peut être aussi dans des dans des contextes familiaux ça peut être dans des dans des dans des contextes parfois plus fonctionnel on a besoin de rassurer aussi le patient et le docteur nous Les palpitations, le grand classique, je crois que je t'embêtais il n'y a pas longtemps pour ça d'ailleurs. Voilà, où globalement sans ton évaluation, nous même si on n'a pas de critères de gravité qui nous inquiètent, on ne peut pas se passer de ton avis et de ton avis. Et que même avec ton oeil et ton regard c'est compliqué. La médecine est pleine de surprises, de bonnes ou de mauvaises. On a toutes ces images de sportifs, de footballeurs qui passent des examens compliqués et qui font quand même un arrêt cardio-respiratoire sur le terrain.

  • Speaker #0

    On en voit. C'est vrai que, si je devais ressentir un peu ce que tu me disais, c'est qu'il y a beaucoup finalement quand même de prévention. Je vais me situer un peu à les termes techniques, mais on parle de prévention primaire et secondaire. Alors, prévention primaire, on est vraiment sur des gens qui sont en amont d'une maladie, qui n'ont pas de symptômes, et donc on va essayer de dépister une éventuelle anomalie. C'est pas toujours bien vécu par les gens parce qu'en fait beaucoup se disent se connaître. J'ai eu l'occasion de le dire dans une émission justement sur je sais comment je fonctionne, je vais très bien, pourquoi vous allez m'embêter alors que finalement en apparence voilà je suis sportif. Il y a parfois aussi un peu le culte de l'ego et notamment c'est mes patients qui me posent souvent le plus de difficultés, c'est le patient sportif parce qu'en fait... Tout va bien dans sa vie, il a une hygiène de vie, pas de traitement, tout va bien. Et puis du jour au lendemain, on arrive comme ça sur tous ces fondres. En fait, comme tu le disais, ton patient qui fait de la rondeau et qui n'a pas une bonne santé cardiovasculaire, il faut les accompagner. Et puis donc il y a la prévention secondaire, ça c'est justement ces patients qui ont déjà eu une maladie, donc qui sont en aval de la maladie, en tout cas établie, diagnostiquée, éventuellement avec des symptômes. Et puis j'imagine que ces patients-là, ça paraît... Peut-être plus évident qu'ils aient un suivi. De ton côté, ça représente, si on devait dire, un ratio entre prévention primaire et secondaire. Tu as l'impression qu'une grosse partie de tes patients peuvent bénéficier de ces bilans de dépistage, qu'on pourrait les appeler.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que les patients pour lesquels on a un vrai besoin, une vraie nécessité, les patients diabétiques, les choses comme ça,

  • Speaker #0

    oui,

  • Speaker #1

    il faut anticiper parce qu'il y a des délais, mais dans ces cas-là, on leur dit, je vous fais un mot, prenez rendez-vous avec le cardiologue, il n'y a pas d'urgence. Si c'est dans neuf mois, prenez rendez-vous tranquillement, mais prenez-le maintenant. Parce qu'on a très souvent le patient qui dit, ah, j'ai rendez-vous avec le cardiologue que dans... Dans X mois, je lui dis Mais vous avez pris rendez-vous quand ? Je l'ai appelé la semaine dernière, ce chien que vous alliez me demander. Ben oui, mais je vous ai fait le courrier il y a un an. Ah ben oui ! Et donc du coup, on perd un an en fait. On le voit se Et parfois, le même patient après ne va pas être content parce que Ah ben c'est long, on peut mourir.

  • Speaker #0

    Oui. Si on ne boit pas déjà le courrier, tâchez de café et mangez par le chien comme ça arrive, pas si rarement. Donc je vois très bien de quoi tu parles. Et les gens sont quand même assez réceptifs, ils arrivent à comprendre les enjeux ou ils ont l'impression qu'en fait on les embête et laissez-fouter moi la paix ?

  • Speaker #1

    Ça dépend, tu auras toujours des patients qui ne veulent pas savoir parce qu'il y a une certaine peur des choses et que mettre de la poussière sous le tapis c'est bien. Il y a des patients par excès. qui vont vouloir aussi des bilans, des choses comme ça et voilà. Ou par inquiétude, ma voisine de palier, elle a les mêmes choses que moi, puis elle, elle a fait un infarctus, alors peut-être qu'il faudrait que je... Donc voilà, c'est toute la difficulté d'arriver à un petit peu avoir un regard médical et orienter les bonnes personnes au bon moment vers les bonnes choses.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tardard. Est-ce que tu pourrais me dire un peu justement les structures, comment tu fonctionnes en fait au quotidien ? Oui,

  • Speaker #1

    alors ça dépend déjà aussi des souhaits du patient. Alors c'est vrai qu'on a de la chance quand même, globalement où on est, on a quand même une offre de soins, même s'il y a beaucoup de délais, on a quand même pas mal de frottels de santé. On a quand même plusieurs structures de cliniques, on a l'hôpital, on a Elbeuf qui est pas loin aussi. Donc c'est vrai qu'on a un maillage qui est quand même pas inintéressant. Spontanément, pour de la cardiologie, pour en revenir là, effectivement, je vais plutôt m'adresser sur les cliniques qui sont à proximité de mon lieu d'exercice. Donc toi, par exemple, tes collègues qui sont un petit peu dans le même secteur. L'hôpital, parfois aussi, ça peut valoir le coup, notamment la dispense d'avance de frais, qui peut être intéressante pour certains patients, ou qui, parfois, ont déjà un suivi à l'hôpital pour une pathologie. Et donc, recentrer sur les mêmes structures, je trouve que c'est toujours intéressant. Aussi, après, c'est vrai que les cardiologues en libéral pure hors clinique, il y en a de moins en moins parce que votre spécialité, comme toute, se technifie. Donc, on a besoin d'être groupé. Donc, voilà. Donc, globalement, plutôt les cliniques. En plus, on a l'avantage aussi d'adresser à un praticien. Parfois, on flèche un peu les choses et donc c'est plus simple. Bah, toi, je te connais. Si j'ai un souci, une difficulté sur un patient, un traitement, de t'envoyer un message, de te contacter en disant dis donc, qu'est-ce que tu ferais pour monsieur un tel ? Donc c'est une facilité pour nous, c'est une facilité pour le patient, parce que comme ça on peut aider, et puis tu connais des interlocuteurs aussi, donc c'est plus simple aussi pour toi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, ça on voit assez souvent, c'est des choses qui ne sont pas forcément visibles des patients, et beaucoup s'imaginent que notre activité se cantonne à les consultations, mais il y a quand même beaucoup le... On travaille en amont et en aval, qui n'est pas visible, et qui concerne justement les contacts entre collègues, les courriers d'adressage, les situations qui nous posent problème et pour lesquelles on voudrait avoir un avis. Et c'est la même chose pour moi. C'est vrai que je travaille beaucoup avec mes collègues cardiologues en structure hospitalière, public, privé, pour essayer de les réfléchir, de coordonner. les soins, et ça prend du temps. Justement, en parlant de situation et de réseau, est-ce qu'il y a des situations que toi, justement, tu arrives à gérer seul, ou à l'inverse, le recours au cardiologue est dans certaines situations indispensable ?

  • Speaker #1

    Alors évidemment dans certaines situations il est indispensable sinon tu n'existerais pas. Oui il y a des choses qu'on va pouvoir faire seul ou en tout cas il y a des choses qu'il va falloir qu'on fasse avant qu'on sollicite tout simplement une hypertension. Si on n'essaie pas de l'équilibrer un minimum avant de te l'envoyer ça n'a absolument aucun intérêt pour que tu fasses la même chose que ce qu'on peut faire et sait faire. Ensuite, ça dépend aussi des médecins et il faut faire ce avec quoi on est à l'aise et ce qu'on sait faire. Moi, tu vois, les ECG, j'en fais plus depuis que je suis aux urgences. Je ne suis absolument pas à l'aise avec un ECG. Je n'ai pas d'appareil ECG chez moi parce que je vais mal faire et que je ne suis pas à l'aise. Et voilà, alors je pourrais effectivement me dire, allez, il faut que je me forme et tout ça. Mais c'est vrai qu'une douleur thoracique, il faut un ECG en urgence. Il faut un bilan. Donc, dans ces cas-là, je passe la main. Par contre, effectivement... un problème de cholestérol, on va essayer d'équilibrer, on va voir le traitement, la tolérance du traitement, et puis... À la fin de tout ça, ton évaluation du risque cardiovasculaire global avec un objectif de traitement peut être utile. Ensuite, il y a un autre intérêt aussi, c'est que tu es un grand docteur, et donc quand tu dis les choses, les patients parfois l'entendent mieux sur certaines observances de traitement et de choses comme ça. Je vois de quoi tu parles. Mais tant mieux si ça peut aider les gens à comprendre et à se motiver. Mais c'est vrai que parfois, on dit dix fois les choses, et le docteur de l'hôpital m'a dit qu'il fallait, alors je vais le faire. Mais bon... Ça fait plus sourire. Ça agace un peu, mais ça fait sourire. Et au final, bon.

  • Speaker #0

    Mais parce que justement, il y a peut-être plus d'affect, plus d'émotion, en fait. Et c'est pour ça que je faisais cette allusion au Dr. Knock, sur un médecin. Alors bon, le Dr. Knock, c'est différent pour le coup, parce que lui, c'est un escroc. Mais c'est juste de montrer un peu la dimension émotionnelle. Je pense qu'elle est beaucoup plus présente pour vous parce que les gens sont encadrés, entourés, suivis et sans être dans une relation patriarcale parce que je pense qu'elle n'est pas bénéfique en tout cas pour les patients, en tout cas pas tout à fait. On se positionne pour ma part en tant qu'adéloge en tant qu'expert d'un domaine et donc quand on donne une parole entre guillemets elle est... réputé en tout cas irréfutable. Et ce n'est pas forcément facile. Et je comprends la frustration que tu peux avoir des fois en disant Je vous l'avais dit, mais peut-être qu'il y a cette dimension émotion, raison qui revient et qui n'est pas toujours perçue. Ils avaient peut-être besoin de ce temps-là pour avancer dans les soins.

  • Speaker #1

    Et puis, il y a toujours une part d'incertitude dans toute décision. Et c'est vrai que l'évolution de la société fait aussi qu'on explique beaucoup plus aux gens cette part d'incertitude et qui, du coup, parfois, leur fait porter un poids du choix qui est compliqué aussi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parfois, c'est vous pouvez faire ça, on risque ça, mais si on fait ça, ça, qu'est-ce que vous voulez faire ?

  • Speaker #0

    Oui, on l'obtient beaucoup les gens.

  • Speaker #1

    Et parfois, il faut quand même qu'on se mouille parce que c'est la question qu'on pose. Est-ce qu'il faut opérer ? Oui ou non ? C'est le chirurgien qui dit peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Il faut quand même qu'il oriente un petit peu, certaines fois, et comme sur le traitement, on pourrait faire ça, on pourrait faire ça.

  • Speaker #0

    On a besoin d'être sûr de nous et d'avoir, en effet, de jouer en tout cas peut-être de cette image de médecin expert pour avancer. Parce qu'en effet, je le vois au quotidien, de plus en plus, on intègre les patients dans la décision. Alors, on parle même de tailored medicine, c'est-à-dire médecine sur mesure, parce que, pour donner un exemple concret, par exemple, sur la fibrillation atriale, sur le choix d'un traitement anticoagulant, on utilise un score qui s'appelle le score Charles Vasse, qui permet de dire si un patient doit bénéficier d'un traitement anticoagulant à vie ou pas. Donc les conséquences, c'est assez lourd à supporter. Mais quand le score est à 1, par exemple, pour un homme, on considère qu'il a faible risque et on implique le patient dans la décision. Il est à balancer avec le risque hémorragique, mais c'est pour dire que ce n'est pas toujours aussi tranché. Il y a beaucoup de zones grises en médecine, donc le recours au... Au médecin expert est nécessaire. Je rebondis sur ce que tu disais sur l'électrocardiogramme. De plus en plus, je vois des collègues qui personnellement me sollicitent sur une plateforme de téléexpertise. C'est vraiment dans l'air du temps de faire une sorte de maillage, en tout cas de réseau de soins. Un peu comme un cloud, si on peut dire ça comme ça, un maillage numérique de réseaux de soins. Alors la plateforme s'appelle Omnidoc, mais il y en a d'autres. Et voilà, me sollicite pour des électrocardiogrammes, pour savoir un peu comment on peut orienter la prise en charge. Est-ce que c'est quelque chose que toi tu utilises et qui peut t'aider dans le quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors effectivement, Omnidoc, c'est absolument génial. Il faut reconnaître le boulot qu'ils ont fait. C'est une plateforme de télé-expertise, comme tu disais. C'est-à-dire que nous, on va pouvoir solliciter l'avis d'un confrère du secteur avec un courrier, des photos, des résultats d'examen, pour lui adresser cette demande-là à laquelle il va nous répondre. Ça permet parfois de savoir si... il faut orienter, pas orienter, adapter un traitement sur une prise en charge. Et en fait, ça va permettre d'avoir des réponses qui, nous, vont nous aider énormément et vont permettre parfois de ne pas avoir besoin d'une consultation au décroût. Ce qui libère du temps derrière, des créneaux de consultation et tout ça, sur des choses dont la consultation n'aurait pas forcément été utile. Donc oui, c'est très pratique pour le CG, effectivement, ça peut être une possibilité. Il y a des... Il y a des enregistrements avec des analyses à distance, des choses comme ça aussi, qui peuvent être possibles. Alors moi, j'ai uniquement acheté un petit appareil qui, par électrode, fait un D2 long pour juste les troubles du rythme, ce qui permet quand même de voir ça, mais qui n'est pas validé pour une douleur thoracique ou des choses comme ça. Donc voilà, petit à petit, ça évolue. Mais oui, les téléexpertises les demandent comme ça, c'est absolument génial. et c'est un mot je m'en sers quasiment tous les jours parfois pour me demander un avis ou pour voir un patient avec qui je suis embêté ou je ne me rends pas compte, est-ce que le délai effectivement il faut être vu dans la semaine dans 15 jours, ça vous permet aussi de trier les délais, les choses comme ça une question concrète, l'autre jour j'avais un patient qui avait été opéré d'un cancer de l'estomac il y a longtemps qui avait un médicament contre le reflux de l'estomac, et bien je ne savais pas s'il y avait une indication à le garder parce qu'il avait été opéré ou s'il l'a eu toute sa vie et qu'on aurait dû lui virer, et voilà, ou pas. Et donc, ben voilà, télé-expertise, question à un gastro-entérologue. pour savoir est-ce qu'il faut le garder ou pas. Ça ne nécessitait clairement pas une consultation, mais je n'avais pas cette réponse-là, et comme ça, j'ai eu une réponse de quelqu'un que je connais, en qui j'ai confiance, qui m'aura pris le temps de lire et de répondre. Et puis, je préfère mille fois ça à vous téléphoner. Vous êtes en consultation, vous êtes occupé, on n'a pas la tête à ça. Moi, je préfère beaucoup plus les demandes écrites quand j'ai des questions à poser à mes confrères. C'est plus clair, c'est plus propre, vous pouvez lire. je ne suis pas un adepte du coup de téléphone. Ou alors, c'est quand vraiment je suis dans la panade.

  • Speaker #0

    Voilà, dans des situations très particulières, où tu as besoin d'une réponse rapide. Mais c'est vrai qu'on peut se réjouir que là, on est dans une période où on parle de nouvelles conventions médicales, de valorisation de travail pour justement beaucoup la médecine générale. Et c'est important parce qu'elle a besoin d'être revalorisée, elle a besoin d'être attractive. Il y a de moins en moins de généralistes qui s'installent. Donc ça, je trouve ça aussi super d'avoir des outils, dire voilà, on n'est pas seul derrière son... son bureau avec le patient en face de nous qui nous regarde avec des grands yeux et on ne sait pas quoi faire. C'est vrai que j'apprécie beaucoup aussi travailler comme ça et c'est vrai que je tire aussi mon chapeau sur Vindox. C'est assez amusant des fois parce que on me sollicite pour un électrocardiogramme et il se trouve que je suis devant mon PC donc je réponds à la demande et des fois le patient est encore devant le médecin généraliste à dire mais attendez je ne comprends pas, vous avez sollicité un cardiologue et vous avez déjà un avis sur l'électrocardiogramme. Évidemment ça ne se substituera jamais à... Je pense que c'est important de le rappeler aussi, parce que pour les personnes qui nous écoutent, la télé-expertise est vraiment, comme son nom l'indique, une expertise sur un domaine particulier, pas dans la situation d'urgence, parce que en ce qui concerne les douleurs thoraciques et l'électrocardiogramme, en tout cas, il y a des réelles urgences vitales. Mais je le note dans mon activité quotidienne, c'est de plus en plus présent et comme tu le dis, ça évite des fois des consultations de cardiologie qui, pour par exemple le patient diabétique qui va bien, on recommande un électrocardiogramme annuel. c'est pas éviter la consultative cardiologie, mais c'est peut-être fluidifier les soins, et en tout cas c'est important de s'exprimer valorisé.

  • Speaker #1

    Et à ne pas confondre avec les cabines de téléconsultation, qui ça c'est un danger absolu, c'est quelque chose que je ne vais absolument pas recommander, où là il n'y a pas l'œil du médecin, son médecin en face c'est quand même extrêmement important, c'est une solution où dans des endroits où il n'y a plus de médecin, je comprends qu'elle se développe, mais je ne suis pas sûr qu'il faille l'encourager et la développer autant que ça peut être le cas. On parle des compérages, où on n'a pas le droit de faire certaines choses, et on voit des cabines de téléconsultation dans des lieux de soins, dans des pharmacies, ou même maintenant dans les supermarchés, dans les aéroports, dans les hauts SNCF. Bon, ça c'est un autre débat, mais à ne pas confondre en tout cas la téléexpertise et les cabines de téléconsultation.

  • Speaker #0

    Je vais en effet resituer exactement ce à quoi correspond la téléexpertise. En fait, c'est votre médecin généraliste ou spécialiste d'organe qui va en fait demander à un autre... Le médecin, via un réseau de soins numériques, une demande pour orienter une prise en charge. Donc en fait, il rédige un message. Il peut associer sur une des pièces jointes des éléments médicaux. Ça peut être en effet un électrocardiogramme, une photographie, par exemple, un tympan, un grain de beauté. Et puis l'envoyer sur cette plateforme pour solliciter un médecin qui va répondre et rendre un avis qui engage aussi la responsabilité. Donc voilà, c'est pas en effet, comme tu disais, un coup de fil et qui se glisse entre deux. dans le dossier du patient. Donc l'avis est rendu et il permet de raccourcir les délais. Et voilà, moi je ne peux que me réjouir de cette solution qui est mise en avant, c'est vrai qu'on en parle longuement. mais il n'était pas évident qu'elle soit dans le droit commun pérenne, et il y a peut-être une tendance à ce que ça soit quand même bien avant.

  • Speaker #1

    Mais ça se développe, maintenant tu as les podologues qui peuvent solliciter les dermatos, sur des brisions de pieds, des choses comme ça. Tu vas avoir les infirmières qui peuvent nous demander aussi, ça se développe pas mal.

  • Speaker #0

    Je trouve ça vraiment super. Merci pour cette petite parenthèse, en tout cas, sur la façon dont vous travaillez. C'est vrai qu'il y a l'activité de consultation, les patients sont face à face, ça y a un lien. privilégié et un contact en tout cas physique, puisqu'il y a l'examen clinique qu'on ne pourra jamais substituer justement dans une cabine, malheureusement manque de médecins, mais pour pallier en tout cas à cette situation particulière, on a la chance d'avoir ces outils-là pour aider les gens en fait, tout simplement. Je vais te parler un peu d'une situation que j'ai vécue, je me souviens un jour d'une petite digression, mais une anecdote que j'ai vécue avec une patiente pour resituer un peu plus personnellement la relation que je peux avoir avec les gens. J'ai une fois une dame de cinquantaine d'années qui s'est installée dans mon bureau et puis je la sens pas forcément très à l'aise. Alors je lui demande est-ce que tout va bien et là elle me dit écoutez oui ça va mais c'est juste que je m'attendais pas à avoir quelqu'un comme vous. Alors sur le coup je me dis je vais essayer de le prendre du bon côté de la chose parce que c'est un peu flou comme réponse. Et puis elle me dit en fait c'est juste que vous faites quand même très jeune. À l'époque, j'avais 30 ans, je venais de m'installer à la clinique Mathilde à Rouen, mais c'est vrai qu'on est quand même assez loin du père Fouras avec sa barbe grisonnante du vieux savant fou, en tout cas pleine de sagesse. Mais voilà, je pense quand même que, je dis ça parce qu'il y a beaucoup de mes collègues, et plus pour le coup les femmes malheureusement, c'est ancré. Je voyais dans les visites, quand il y avait le médecin femme et les étudiants hommes, les patients avaient plus tendance souvent à s'adresser. à l'étudiant homme qu'au médecin femme. Et voilà, c'est toujours surprenant, mais c'est encore un peu ancré quand même. Mais voilà, à cette époque-là, donc j'avais 30 ans, je pense qu'on est quand même assez légitime à soigner parce que j'étais quasiment un peu plus de bac plus 10 puisque j'ai fait mes études d'une traite. À l'époque, j'avais même deux ans de plus, puisque j'avais fait un poste internat de deux ans entre le CHU de Rouen et l'hôpital des Feux-Grais à Elbeuk. Donc voilà, je n'avais plus grand-chose à prouver. Mais toi aussi, tu fais quand même assez jeune. Et est-ce que c'est des choses qui t'avaient posé problème à l'époque, quand tu t'es installé ? Est-ce que ça t'a mis en difficulté ? Est-ce que ça t'a un peu éveillé, comme moi j'ai pu le ressentir même encore jusqu'à assez longtemps, un peu ce syndrome de l'imposteur ?

  • Speaker #1

    Alors je vois que tu veux me flatter, j'ai jamais fait trop trop jeune globalement, j'ai grisonné assez vite et tout ça, donc globalement j'ai pas de barres et ça. Non et ça, je suis à un rebours de la mode. Et j'ai jamais eu trop le problème de faire trop jeune, ça non, j'ai été rattrapé par mon âge maintenant, où je fais plus mon âge, j'ai jamais eu ce souci là. Ensuite, oui bien sûr, le fait d'être un homme, ça aide. Alors, moi je ne suis pas étonné, contrairement à toi, c'est normal. C'est qu'à l'époque, les docteurs, c'était majoritairement des hommes. Donc pour les gens qu'on a majoritairement en consultation, qui sont des personnes d'une génération ou deux précédentes, le docteur c'était un homme. Donc quand il y avait un mec, c'est le docteur et la fille c'est l'infirmière. Ça rend des folles masseurs et voilà, quand elle passait X temps à expliquer à un patient avant de l'opérer ce qu'elle allait faire et tout ça, et qu'à la fin il disait je vois quand le docteur Voilà, mais ça va changer. Actuellement, il y a une majorité de femmes en deuxième année, il y a une majorité de femmes dans les études, et donc on va avoir une majorité de femmes médecins. Et donc, quand nous, on sera des petits vieux, nous, on s'attendra à ce que le docteur, ce soit la femme, et que le garçon à côté, ce sera peut-être un infirmier, que ce sera peut-être quelqu'un d'autre, et voilà. Et je pense qu'en fait, c'est juste que ça évolue, et que c'est une histoire d'habitude, tout simplement. Voilà, moi ça ne m'étonne pas, ça me fait plus sourire. Oui, je suis d'accord. Donc voilà, après la jeunesse, alors moi j'ai remplacé là où je me suis installé, un médecin qui était de la génération de mon papa. Ce qui est plus difficile au-delà de l'âge, c'est les habitudes. Chaque médecin a des habitudes un peu différentes, des pratiques parfois un petit peu différentes, des façons d'expliquer un petit peu différentes. Et donc, c'est ça qui peut un peu perturber les habitudes d'un patient. On peut être moins souple sur certaines choses, peut-être plus sur d'autres. Et puis là aussi, les générations, elles évoluent. Et donc, du coup, l'activité n'est pas pareille, la gestion n'est pas pareille, l'organisation de la consultation n'est peut-être pas la même. Et donc, c'est peut-être plus ça où il faut arriver à... Mets-ça patte. à la faire accepter dans cette façon d'exercer. Quand les gens viennent pour un problème de peau, on ne prenne pas leur tension. Ce n'est pas une mauvaise prise en charge. Il y a une génération aussi où c'est comme ça. Donc, je dirais plus gagner ses galons et puis arriver à faire comme on souhaite le faire. Oui, dans des habitudes qui ont été prises avant.

  • Speaker #0

    Je vais te raconter une anecdote, parce que justement, ça m'a fait sourire quand tu dis ça. J'étais interne de cursus, donc j'avais 27 ans. Je vois une dame de 85 ans par là qui me dit, j'ai fait des malaises, on lui fait un électrocardiogramme. Il se trouve qu'elle avait des anomalies sur son électrocardiogramme qui justifiaient la pose d'un pacemaker. Donc je lui dis, voilà, écoutez madame, vous avez fait un malaise, votre électrocardiogramme n'est pas normal, il va falloir vous poser un pacemaker. Et puis, avec une certaine bonhomie, elle me dit, vous savez, écoutez, j'arrive à 85 ans. Il faut bien mourir de quelque chose. Voilà, j'ai fait ma vie. Je me dis, écoutez, c'est peut-être un peu dommage, parce que j'estime quand même que vous avez un bon état général, et c'est quelque chose d'assez peu invasif, un pacemaker. Et voilà, c'est une procédure qui prend peu de temps, finalement, qui est très bien rodée, et ça se passe bien. Elle me dit, écoutez, laissez-moi tranquille, je n'y pense pas. Ça m'embête, vous n'allez pas quand même décéder du fait d'un problème de conduction. Et je me dis, écoutez, est-ce que vous avez de la famille qui est là ? Donc elle me dit, oui, il y a mon fils, on était aux urgences. Elle me dit, oui, oui, il y a mon fils. Je dis, bon, écoutez, vous m'autorisez à lui parler. Donc je le reçois dans le box où elle était, avec son fils. Et puis, je m'étais évidemment présenté en tant qu'inter de cardiologie. Médecin, on va dire, mais pas titulaire thésé de cardiologie. Mais c'était quand même moi qui m'occupais d'elle. Et puis, le fils me dit, regarde sa mère, il dit, écoute maman. Tu vois là le monsieur, il est en train de t'expliquer que demain tu vas voir un vrai cardiologue qui te dit qu'il va poser un pacemaker. Et bon, là on serre un peu les dents, je dis que tu ne peux pas intervenir dans le spectacle là en train de faire semblant. Donc voilà, c'est des petites anecdotes mais qui font sourire. Et dans le flot, c'est vrai que j'avais souri. Voilà, c'est des petites choses qui agrémentent notre quotidien.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qu'on a tous vécu.

  • Speaker #0

    Oui, c'est assez amusant. Mais c'est vrai que quand on se positionne, je le vois avec les jeunes internes quand ils arrivent à faire des gardes, Ils sont des fois confrontés à des urgentistes, médecins urgentistes, qui ont 50 ans, 60 ans pour certains, et qui nous sollicitent alors qu'on a 25 ans. Et ce n'est pas facile pour nous toujours, parce qu'on est vraiment dans la posture de le cardiologue. Ça représente quand même quelque chose pour beaucoup des patients. Donc voilà, c'est des petites choses qui nous renforcent au quotidien. Mais c'est quand même toujours avec beaucoup de sympathie, je trouve. Il n'y a pas toujours de... ...de défiance.

  • Speaker #1

    C'est pas méchant, c'est une méconnaissance. Et à leur place, si on était... On aurait peut-être fait la même chose.

  • Speaker #0

    Ça fait d'accord. Pour revenir à tes passions, quand ils reviennent justement de leur rendez-vous de chez le Quintuple, est-ce que tu notes des choses qui reviennent assez souvent ? Ça m'intéresse parce que finalement, moi, je ne vois pas l'amour et l'aval des consultations. Est-ce que, par exemple, des fois, des choses que je peux noter, c'est genre, j'ai rien compris ou il ne m'a rien dit, il ne m'a rien expliqué. Est-ce que c'est dit ? parce qu'ils veulent avoir plus d'informations parce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils n'ont vraiment rien compris ? On passe du temps quand même à expliquer et ce n'est pas toujours facile.

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre, ça va dépendre des médecins et ça va dépendre des patients aussi. Après, c'est vrai qu'il y a deux choses. Alors, tu as les patients qui vont être plus facilement... accessibles à des explications par le praticien, qui vont mieux retenir. Les patients qui ont un petit peu de troubles cognitifs, de choses comme ça, un peu sourds, ça va être plus compliqué. Ils ne vont pas oser vous faire répéter, ils ne vont pas oser demander. Moi, quand je fais un courrier, déjà, j'essaie de faire l'effort d'avoir beaucoup de contexte, beaucoup de détails et d'avoir une question. Parfois, j'ai une question qui m'importe et donc j'essaie de la poser. Plus la question est mieux formulée. Plus tu pourras y répondre mieux et plus tu feras l'effort de mieux y répondre. Je n'ose pas imaginer le nombre de fois où tu as des courriers, bilan cardio, point. Je me suis toujours dit aux urgences, quand on reçoit des choses comme ça, je n'ai jamais dit que je ne ferais ça et donc je m'efforce toujours. Surtout que c'est l'avantage maintenant de l'informatique, c'est qu'on peut quand même avoir... Beaucoup d'informations à vous transmettre assez facilement. Ensuite, sur le retour, ça dépend. Les patients qui disent, bah oui, il m'a dit que ça allait bien, qu'il me faisait une échographie, ou alors, il me revoit dans un an, très bien, parfait. Tu vas avoir les patients qui vont dire, oh, bah, je sais pas trop, qui vont être un peu évasifs. Et tu vas avoir ceux qui vont dire, bah, il m'a pas parlé, mais il a parlé dans son truc, il va vous envoyer un compte rendu. Bon, dans ce cas-là, on attend le compte-rendu et on voit. Après, c'est vrai que c'est très agréable quand les patients y sortent et qu'ils ont compris. Voilà. Mais avec n'importe quel spécialiste, de toute façon, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    Ça, oui, je le note. Ce qui n'est pas toujours facile, et je le vois, parce qu'au secrétariat, des fois, les gens sortent du rendez-vous et puis on leur explique pourquoi on fait des examens complémentaires. Et ça arrive que des fois, ils posent la question à nos secrétaires de dire Mais pourquoi il me fait cet examen-là ? En fait, les gens ont peur. Et l'émotion fait que ça brûle complètement le... Les schémas cognitifs qui les amènent à réaliser que peut-être il y a des examens, c'est grave, on a besoin d'éclaircir une situation. Et je voulais savoir comment toi, tes patients rejeudaient de ce rendez-vous-là. Donc oui, c'est évidemment dépendant du patient lui-même, du médecin.

  • Speaker #1

    Et puis on a parfois les patients qui disent, je lui ai dit que j'allais vous demander, il m'a dit qu'il fallait faire une échographie du cœur, mais qu'est-ce que vous en pensez ? Je dis, c'est une cardiologue dont c'est le métier de tous les jours et dit qu'il faut le faire. Je ne peux pas dire mieux que lui, vous savez, c'est très flatteur, c'est très gentil, mais...

  • Speaker #0

    Chacun son peu bête.

  • Speaker #1

    Oui, si on lui demande.

  • Speaker #0

    Je vois de plus en plus quand même un peu de défiance des patients envers la médecine. Alors, ça peut être sur les médicaments. C'est vrai qu'on a connu beaucoup de scandales sanitaires. Il y a eu le Mediator, les statines, on a beaucoup parlé de ça. Et je pense que ça fait beaucoup de tapage, malheureusement, puisque ça reste des super médicaments et je reviendrai dans d'autres émissions. Mais en tout cas, je note quand même que l'accès à l'information, les réseaux sociaux... Ça crée beaucoup de bruit, ça amplifie en fait ces phénomènes de peur. Je pense que ce n'est vraiment pas forcément de la défiance à mauvais escient de la part des gens, mais en tout cas, on remet beaucoup plus en question l'information. C'est vrai qu'on a tous le droit à cette information maintenant, l'Internet le permet, mais il y a quand même cette impression un peu se leurre de croire, parce qu'on a accès à l'information, en tout cas on a les moyens de maîtriser ce qu'on lit, est-ce que c'est quelque chose que toi tu notes dans ta pratique ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, dans nos pratiques déjà personnelles, l'accès à l'information, heureusement qu'il est là et c'est super. Plusieurs fois par jour, on va vérifier des choses, que ce soit sur les bases de données de médicaments, que ce soit sur des sites d'aide au diagnostic, ou à la décision médicale plutôt, les antibiotiques, on peut citer AntibioClic, qui est absolument génial et qui est une aide au quotidien pour avoir les bons traitements, les bonnes durées, les bonnes posologies. Donc ça, c'est extrêmement utile pour se mettre à jour sur certaines choses, sur certaines évolutions de calendriers vaccinaux, de choses comme ça. Récemment, il y a beaucoup de cas de rouge-jaune, donc on va revérifier, peut-être revacciner les adultes, ce qu'on ne faisait pas jusque-là. Donc toutes ces choses-là, elles sont essentielles pour aller plus vite. Ensuite, effectivement, elles peuvent être délétères. La qualité des informations, la source des informations, c'est le problème. Et puis, on veut un peu croire ce qu'on veut. Oui,

  • Speaker #0

    il y a un biais de sélection.

  • Speaker #1

    C'est ça, on peut faire dire ce qu'on veut à n'importe quoi. On l'a beaucoup vu et beaucoup subi avec le Covid notamment, parfois pas aidé par d'anciens éminents docteurs qui sont un petit peu passés du côté médecin au côté du patient et qui ont fait beaucoup de mal dans la tête des gens, mais aussi parfois des émissions. Il y avait eu une émission sur les statines, t'en parlais, je crois que c'était Arte. Je t'avouerai que je l'ai... Je ne l'ai même pas revu. Mais j'ai eu plusieurs passions. Ah bah, je l'ai arrêté parce que j'ai vu que... Ou alors, ah bah, dis-le donc, j'ai vu ça. Qu'est-ce que vous en pensez ? Donc là, c'est déjà beaucoup plus constructif. Et il y a des gens qui sont absolument persuadés des choses et c'est impossible. Donc, nous, on les voit régulièrement. Donc, on leur dit régulièrement. Mais à un moment, je ne peux pas décider pour eux. Je ne peux pas les forcer. Donc, je leur dis, écoutez, je note. Et puis, si vous changez d'avis, on en reparle. vous pouvez changer d'avis quand vous voulez. Donc, oui, la source d'information, elle peut être bénéfique, comme elle peut être délétère, mais comme dans tous les domaines de toute façon.

  • Speaker #0

    Tout comme il n'y a pas plus sûr que celui qui ne veut pas entendre. On accompagne les gens, on est là pour les aider, les orienter, mais en tout cas, on est moins dans une transmission verticale de l'information où on faisait force de... C'était même plus de persuasion, mais d'autorité. Je pense que notre rôle, maintenant, il est beaucoup plus sur le... Justement, l'accompagnement et l'éducation des gens, après ils prennent leurs décisions, à bonnes ou à mauvaises échéances, mais il ne faut évidemment pas que ça soit délétère pour eux. Ce n'est pas évidemment toujours facile pour nous, puisque les statines, évidemment, c'est un médicament un peu un pilier en cardiologie, et je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, pourquoi on a tiré à boulet rouge sur ce médicament. Il a des effets indésirables. mais il aide aussi beaucoup de personnes. Et il n'y a pas de débat, comme je peux le voir pour certains, quand les gens ont eu un infarctus ou un AVC sur une cause athéromateuse, que ce soit une plaque qui se met au niveau des artères et qui bouche une artère, là, il n'y a pas de débat. Mais encore, assez régulièrement dans mon quotidien, je vois des gens qui remettent en cause ça. Et je pense que c'est donc... L'information, elle est toujours utile, mais quand elle est accompagnée, orientée. Donc voilà, tu partages un peu cette avis-là.

  • Speaker #1

    Je donne l'aide.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me... On va parler de l'observance. L'observance, c'est la propension des gens à suivre leur traitement. C'est une donnée de santé qui est en cardiologie catastrophique. Quand je dis catastrophique, c'est quand on regarde les gens qui ont de l'hypertension artérielle, le pourcentage de personnes qui suivent bien leurs médicaments et les règles indigènes de vie, il n'y a pas que le médicament dans l'hypertension artérielle, on se rend compte que les gens sont... sont assez peu à suivre ces mesures-là. Alors on sait qu'en cardio, on prescrit quand même très vite beaucoup de médicaments. C'est souvent mis dans l'urgence. Par exemple, dans la suite d'un infarctus, quand il est pris à temps, on peut espérer en tout cas à terme avoir que deux médicaments. Ça sera de l'aspirine pour la plupart du temps et une statine qui fait baisser le cholestérol et qui agit sur les plaques dont j'ai parlé au niveau des artères, notamment du cœur. Mais en tout cas, quand les choses vont moins bien, c'est tout de suite une rafale. Deux médicaments, huit, voire dix médicaments qui sont tous indépendants, qui ne se substituent pas, et c'est très dur à vivre pour les gens. Alors, quand toi tu les revois en post-infarctus, ou de l'insuffisance cardiaque par exemple, les gens ont été essoufflés et puis ils vont voir le cardiologue, et on leur dit votre cœur fonctionne mal, la pompe est défectueuse, et donc il va falloir l'aider à mieux fonctionner Et donc ça c'est au prix assez régulièrement de médicaments. Comment les gens vivent ça, toi, quand tu les revois en consultation ?

  • Speaker #1

    Alors, ça va dépendre un peu du contexte, effectivement. Le patient qui a eu une pathologie avec des symptômes, symptomatique, qui va avoir eu une coronarographie, un stent dans l'artère, qui va avoir une douleur dans la poitrine, partie en SAMU et tout ça, ce patient-là, ça l'embête, mais en général, sur le moment, il se rend bien compte qu'il est plutôt content d'avoir tout ça. Ça va être plutôt sur la durée, ou parfois ça va être un petit peu plus compliqué, et puis il y a effectivement passé de... il y a des gens, ils sont en pleine forme, ils font 20 km deux fois la semaine de course à pied, et puis boum, ils font un infar, ils ressortent avec des médicaments, et ils passent dans un monde qu'ils ne connaissent pas, et qui est sûrement extrêmement angoissant quand ça arrive. La plupart des gens, je pense, sont quand même observants, en tout cas moi j'ai l'impression, après peut-être aussi que les non-observants on les voit pas. Après, parfois, tu as toujours des patients qui viennent renouveler une ordonnance faite il y a six mois, qui était de trois mois, et qui te disent qu'ils prennent tous leurs médicaments. Donc, il y a un côté mathématique.

  • Speaker #0

    Je le fais régulièrement, ce constat-là.

  • Speaker #1

    Donc, il y a un côté mathématique. Ensuite, moi, sur l'observance, ce que je dis à mes internes et ce que je fais, par exemple, sur un patient qui sort de la clinique où il y a eu beaucoup d'informations, beaucoup de choses, souvent, je reprends ligne par ligne, en fait, les médicaments, et je dis, est-ce que vous savez à quoi ça sert ? Et je leur dis à quoi ça sert. Et en fait quand tu leur dis ce médicament là il faut le prendre parce que ça évite de reboucher ou de décoller une plaque, de faire un AVC, une embolie ou un infarctus, et bah ça change tout de suite un petit peu la donne et ça motive un petit peu. Et ensuite il y a un truc qui quand même aide beaucoup, c'est toutes les formes combinées de médicaments où parfois on a deux molécules dans un seul comprimé. Donc le fait de limiter le nombre de comprimés, ça ça peut aider aussi mais parfois on n'a pas le choix, il y a beaucoup de médicaments effectivement mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Et oui, malheureusement, on fait du mieux qu'on peut. On est conscient qu'on ne met pas un médicament par plaisir aux gens. On est toujours à essayer d'alléger au plus. Et on sait que la polymédication, c'est-à-dire le fait de prendre beaucoup de traitements, peut être délétère. On parle même de iatrogénie, c'est-à-dire de maladie, si on pourrait dire ça comme ça, induite par les médicaments. Alors, ce n'est pas facile parce que les médicaments ont aussi des effets indésirables, mais ils ne doivent pas nuire. Et c'est toute cette fameuse médecine sur mesure qu'on essaye de mettre en place pour que les gens... En fait, le minimum de médicaments efficaces, c'est parfois du fait du terrain du patient, une insuffisance rénale, un patient qui va chuter, on pense qu'il est peut-être plus raisonnable de l'arrêter, même si l'arrêt de ce médicament peut être délétère dans la situation médicale du patient. Alors voilà, on est un peu au jour le jour, on fait qu'adapter. Et je voudrais rappeler l'intérêt comme ça, en tout cas pour les patients auditeurs qui m'écoutent, c'est que le renouvellement de traitement, ce n'est pas recopier une ordonnance de médicaments, c'est faire un point sur la situation globale du patient et se mettre dans... Aujourd'hui, vous avez ces médicaments-là. Est-ce qu'on le prolonge ? Est-ce qu'on le réévalue ? Est-ce qu'il est toujours utile ? Est-ce qu'il n'est pas à risque dans votre état ? Pour vous éviter des problèmes, en fait, parce que les médicaments en cardiologie sont très puissants. Et tous les jours, je me retrouve à arrêter des médicaments parce que... La personne, je pense que ça peut lui être très délétère. Je parle notamment de l'hypotension orthostatique, ce sont des baisses de tension quand les gens vont souvent se lever assez vite et qui sont potentialisées par les médicaments contre la tension. Alors évidemment, ce que je ne dis pas, c'est que les traitements sont nécessaires, mais parfois, quand les gens ont des symptômes, on sait qu'ils ont plus de risques, si on devait dire ça comme ça, de décéder d'une chute. que d'avoir une tension artérielle bien équilibrée. Et c'est très difficile pour nous en pratique. C'est très vrai en gériatrie, donc pour les personnes qui ont un certain âge. Donc écoute, merci pour ton regard sur l'observance. Je vois qu'on a les mêmes difficultés et en reprenant un par un les traitements, c'est vrai que ça les aide. Est-ce que tu peux me parler un peu de la réadaptation cardiaque ? C'est vrai que moi en tant que cardiologue, je prêche pour ça puisque je fais beaucoup d'activités non-invasives. Je suis toujours un peu surpris de voir qu'on est beaucoup dans le curatif. Et c'est vrai qu'il y a parfois ce réflexe presque simple de dire un diabète, un traitement, du cholestérol, un traitement, etc. A chaque problématique, son médicament, si on peut dire ça comme ça. Mais il y a une chose sur laquelle je suis persuadé et je le dis très ouvertement, sur laquelle on ne mise pas assez, c'est la... La réadaptation, puisqu'il y a une approche globale du patient sur son traitement, évidemment sa maladie, mais aussi le fameux réentraînement à l'effort qui est un peu décrié, les gens ont du mal à s'y mettre. De plus en plus, on parle de sport santé, de prescription d'activités physiques adaptées. Je presse jour et nuit pour ça, je pense qu'on n'a pas assez de moyens pour ça, alors que ça ferait vraiment, en termes de prévention et de politique de santé, ça serait génial. On manque de moyens, pas juste financiers, mais aussi techniques et humains. Est-ce que toi, c'est quelque chose que tu mets en place ? Comment c'est vu par tes patients ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    La réadaptation cardiaque, elle est clairement post-événement cardiovasculaire, donc elle est post-infarctus, elle est post-passage clinique, hôpital et tout ça, et donc elle est mise en place par les cardiologues qui vont avoir pris en charge le patient. Donc moi, je ne suis pas vraiment directement concerné, en tout cas, je ne vais pas l'instaurer. C'est effectivement quelque chose qu'on connaît, je pense, mal, nous aussi. Par contre, effectivement, le patient qui me dit Ah, le cardiologue, ils m'ont dit que ce serait bien de faire je leur dis Bah oui, bien évidemment. Faites, ça permet de renforcer, c'est un muscle, il faut le faire travailler. Pour éviter d'en être plus malade ou en tout cas d'en avoir plus de symptômes, je ne peux qu'encourager les patients qui me posent la question. Mais on n'est pas dans la chaîne décisionnaire, j'ai envie de dire. On arrive après.

  • Speaker #0

    Justement, c'est ça qui est assez troublant et c'est intéressant ce que tu me dis, parce qu'en fait, je constate quand même qu'au sein même des cardiologues, la prescription de réadaptation cardiaque n'est pas assez mise en avant. Les gens en suivent peu, mais je pense que tu vois, si les collègues généralistes étaient aussi plus sensibilisés à ça, vous pourriez tout autant le prescrire en fait. Pas forcément en prévention secondaire, aussi en prévention primaire, parce qu'une personne qui est en affection longue durée, c'est-à-dire que la sécurité sociale... L'État reconnaît une maladie chronique pour un patient et qui lui permet d'avoir une exonération de ses soins, en tout cas sur un tarif classique, opposable, et bien ils peuvent bénéficier de ces réadaptations cardiaques. Donc le patient diabétique, le patient qui a de l'insuffisance cardiaque, alors évidemment sur la prévention secondaire, si on peut dire ça comme ça, mais la maladie est un peu insidieuse, et on a toujours tendance à penser que la réadaptation concerne le post-infarctus. ou le post chirurgie cardiaque de pontage notamment au Deval. Et en fait, ce n'est pas assez prescrit. Alors voilà, on y pense beaucoup. On essaye de voir comment on peut aussi nous, à notre échelle, le mettre en place. Mais c'est très difficile et pourtant, je pense que c'est essentiel. Et voire même, je peux te dire, dans la revascularisation coronaire, on est beaucoup moins invasif pour la pose des stents. Et parfois même, c'est un. Le traitement, le seul traitement proposé chez des patients qui ne sont pas forcément revascularisables, où on n'a pas forcément envie d'aller mettre des stents, on leur dit vous avez le médicament d'un côté, mais on va vous faire faire de la réadaptation cardiaque, du réentraînement à l'effort, et vous verrez, c'est un traitement Ce n'est pas facile parce que ce n'est pas perçu comme une thérapeutique à part entière. On a l'impression que c'est comme les gens sortent de l'hôpital, ils vont faire leur convalescence. Et je pense qu'il faut débunker beaucoup de messages autour de ça. Peut-être, du coup, toi aussi, dans ton quotidien, le proposer aux gens, alors même que le cardiologue, peut-être, ne l'a pas proposé. Ce n'est pas une volonté ou un oubli, mais des fois, c'est vrai qu'on est pris dans le flot. Et moi, ça m'est déjà arrivé de me dire, tiens, c'est vrai, ce patient-là, il aurait pu en bénéficier, je ne lui ai même pas proposé. Je le reconnais humblement, mais c'est vrai que cette case réadaptation, elle n'est pas assez mise en avant, alors que les résultats sont incroyables. Et ça, je reviendrai dans d'autres émissions, parce que la réadaptation, c'est pour moi un peu le parent pauvre de la cardio, alors que c'est essentiel. Petite question, si on te donnait une baguette magique, alors on n'est pas sur des contes de fées, mais est-ce que tu changerais quelque chose dans le système de santé vis-à-vis de la prise en charge cardiologique ? Je ne vais pas te faire une approche globale de la santé en France, mais sur la cardio, est-ce qu'il y a quelque chose ? Si tu es une petite fée avec une baguette, est-ce que tu ferais quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors là, Grégoire voit mes grands yeux écarquillés. C'est compliqué, je veux dire, tout le monde s'y casse les dents. Il y a toujours des problèmes de toute façon. de moyens, de budgets, de choses comme ça, qui sont des... Des données bien compliquées, bien compliquées. Ensuite, je pense que globalement, que ce soit la cardiologie ou la médecine, globalement, c'est toujours ce problème d'attractivité. C'est l'administratif, c'est les charges, c'est toutes ces choses-là pour favoriser tout simplement les jeunes à s'installer, à travailler en ville, à faire du libéral et tout ça, qui est un domaine qui peut faire peur. Et donc, ça, ça peut. Et puis ensuite, après... C'est aussi qu'est-ce qu'on veut faire de notre système de santé. Il y a des choses sur lesquelles je suis beaucoup plus limitatif. On parle des infirmières en pratique avancée qui vont jouer au docteur, je vais avoir des hurlements. Je pense que les IPA ça peut être extrêmement bien et on le sait à l'hôpital peut-être ou en clinique et des choses comme ça. Mais la volonté de créer des choses comme ça en ville pour pallier un manque de médecins c'est... ...dans mon point de vue, quelque chose qui ne va pas être bénéfique aux patients. Ce n'est pas le même métier, ce n'est pas les mêmes choses, c'est de la rustine. Je suis persuadé qu'elles ont envie de bien faire, les dames qui font ça et les messieurs qui font hyper. Néanmoins, c'est un peu la cabine de téléconsultation humaine. Mais voilà, après je ne peux pas non plus... Jeter la pierre au fait que les pouvoirs publics essaient de trouver des solutions, même si ce n'est pas celle que j'aimerais entendre, mais ce n'est pas moi qui décide de toute façon.

  • Speaker #0

    Donc si j'essaie un peu de te comprendre, la baguette magique, ce serait plus de médecins en fait ?

  • Speaker #1

    Oui, globalement c'est ça. Ensuite, il y a l'évolution aussi de la société et tout ça, la féminisation de la médecine, le fait que globalement on travaille sûrement moins en... en nombre de jours et tout ça que la génération précédente. Et je veux dire, c'est pas un gros mot.

  • Speaker #0

    Et je pense que les générations A qui arrivent, la génération Z, je le vois.

  • Speaker #1

    C'est pas un gros mot. Moi, je travaille beaucoup moins que travaillait mon papa. Il y a une féminisation de la médecine qui a aussi une volonté, les femmes médecins, de s'occuper peut-être plus des enfants que ne faisait le monsieur, il y a 40 ans, qui était le docteur. Et ainsi de suite, donc j'ai moi le premier, je prends du temps, j'aime aller une fois par semaine chercher mes enfants à l'école, pour être disponible s'il y a une activité à l'école ou des choses comme ça, pour accompagner, donc voilà, je m'inclus dans tout ça. Et puis il y a la surspécialisation, la modernisation de la médecine, avant t'avais un cardiologue qui faisait toute la cardiologie, maintenant t'as un cardio qui fait la cardio de ville, t'en as un qui fait de l'arithmo, t'en as un qui va faire... de l'interventionnel, tu en as un qui va te faire du rythme, de la conduction, j'ai vu qu'on pouvait distinguer les deux choses, comme tu l'as dit tout à l'heure, et ainsi de suite. Donc, il faut plus de médecins aussi pour faire la même chose qu'avant. Donc, mis bout à bout, c'est sûr que c'est compliqué.

  • Speaker #0

    Ça, c'est vrai que c'est ce que tu... Je rebondis un peu, mais la sur-spécialisation en cardiologie, j'ai un patient, par exemple, qui est venu une fois, il avait des palpitations. Donc je lui fais un électrocardiogramme, on lui découvre de l'arythmie. Je l'envoie voir un rythmologue. Il se trouve que du fait de sa situation, son cœur fonctionnait mal, on lui fait une coronarographie. Il va voir un autre cardiologue qui s'occupe des artères. On lui pose un stent. Je le revois, je lui propose de la réadaptation cardiaque. Il voit un autre cardiologue. Et à la fin, il me dit, écoutez, je ne comprends pas, vous êtes cardiologue, mais j'en ai vu quatre. Tu ne dis pas oui ? En fait, on est sur-spécialisés et on est tous cardiologues, mais on a une activité des valences, on va dire, beaucoup plus particulière et ce n'est pas facile à suivre pour les gens. Je le reconnais. Il n'y a pas de compérage là-dedans. C'est une attitude tout à fait saine dans la relation de soins. Mais comme tu dis, je pense qu'en effet, on aspire de plus en plus à avoir aussi une vie personnelle. En fait, je fais une petite digression, mais on voit quand même, et si on prend les tendances actuelles, on considère que les jeunes installés, enfin les jeunes actifs plutôt, dans la vie du travail, la vie de tous les jours, vont changer plusieurs fois de métier. Et quand on est médecin, on peut changer de métier. On peut devenir médecin dans une structure administrative, dans une assurance, on peut être journaliste, on peut bosser pour un labo. Mais au final, on reste quand même médecin et on ne peut pas substituer nos études, comme tu le disais, pour les IPA. Je pense que c'est plutôt un travail en binôme. de partenariat, mais en tout cas, en effet, on ne remplacera jamais 10 années d'études. C'est comme ça. Mais en tout cas, on aspire aussi à avoir une vie épanouissante personnellement. Et on n'est plus... J'ai eu des patients qui m'ont dit, c'est pas comme avant. On pouvait prendre rendez-vous à 22h et le samedi. Eh ben non, ça n'existe plus en fait. Malheureusement, ça n'existe plus. Les plus jeunes médecins, et pas si jeunes que ça d'ailleurs, des fois les biomédecins m'ont dit Mais vous avez raison, je regrette d'avoir autant travaillé. Je suis passé aussi à côté de beaucoup de choses dans ma vie. On est dans un climat aussi beaucoup d'incertitudes économiques. géopolitique et la vie est courte finalement. Donc voilà, c'est une petite parenthèse pour resituer le rôle du médecin et sa vie personnelle.

  • Speaker #1

    T'as dit c'est comme ça, malheureusement. Donc je vois que tu veux rouvrir jusqu'à 22h le soir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Je le dis parce qu'on manque de créneaux de consultation. Et je rebondis sur les lapins parce qu'en fait, aujourd'hui, beaucoup, beaucoup de consultations ne sont pas honorées. Alors, il y a eu un débat sur la fameuse taxe lapin. Certains m'ont dit vous faites ça pour l'argent. Je pense que c'est un non-débat. A mon sens, je pense que cette taxe-là, si on devait juste la considérer, elle devrait aller dans une enveloppe commune. Moi, je ne cherche pas à m'enrichir sur des patients qui ne viennent pas en récupérant une somme de 1, 2, 3, 4, 5 euros. J'ai déjà, au final, perdu suffisamment d'argent, puisqu'on est payé à l'acte. Donc, un patient qui ne vient pas, ça ne représente pas qu'une consultation qui n'est pas honorée. C'est aussi, finalement... Une partie de l'activité financière du médecin qui n'est pas honorée et en fait comme toute personne honorable travaille aussi pour un solde donc il faut pas non plus rougir et c'est pas tabou l'argent est un peu tabou en France mais je pense que cette fameuse taxe lapin elle a du sens et malheureusement il n'y a que à mon sens en touchant au portefeuille mais pas pour sanctionner mais pour responsabiliser les gens que les rendez-vous soient honorés alors on verra ce que ça donne mais voilà si on peut améliorer les choses de ce côté là C'est peut-être une bonne chose. Mais en tout cas, les médecins ont fait des carrières qui sont longues. Si on projette comme ça, on en a au moins pour 67 ans, donc plus de 35 ans d'activité de médecin, qui est une activité passionnante, très riche humainement, qui a son lot de routines, mais comme tout métier, mais il faut garder encore une envie. Et malheureusement, je vois beaucoup de mes collègues qui déboulonnent leur plaque et qui arrêtent la médecine générale à regret parce que... Il ne s'y retrouve plus dans les valeurs, dans le côté financier, on n'en parle pas assez, mais c'est une activité qui a moins d'actes techniques et donc moins rémunératrice. Mais voilà, je sais que les choses évoluent. On passe pour des nantis pour beaucoup de personnes, mais on a beaucoup de responsabilités et on a une expertise très particulière qui doit aussi être valorisée. Merci en tout cas de partager cet avis là-dessus, sur la vie personnelle aussi des médecins. Nous ne sommes pas des machines et on fait toujours du mieux qu'on peut. On est très dévoués pour nos patients. Je voudrais justement rappeler un peu le rôle central du généraliste, du médecin généraliste dans la prise en charge des patients pour le suivi en cardio. C'est vrai qu'on aime beaucoup parler de coordination. Mais parlons vrai, en tant que cardio, j'interviens, c'est pas ponctuellement, d'ailleurs on parle d'avis ponctuels de consultants, c'est une terme technique et aussi financée qu'on nous donne pour une consultation la plupart du temps. Donc voilà, dans la prise en charge, on pose un diagnostic, on oriente la prise en charge, ça va être un stent, un pacemaker, etc. Mais voilà, je trouve qu'on parle pas assez du rôle du médecin généraliste dans le suivi des maladies cardiaques, et je le dis d'autant plus avec certitude que j'ai des patients qui me disent non mais attendez, je comprends pas, j'ai pas l'intérêt d'aller voir un généraliste, ils vont me voyer une fois par an Qu'est-ce que tu me dis ? Qu'est-ce que ça fait écho à... ...Panthro ?

  • Speaker #1

    C'est très complémentaire de toute façon, et puis surtout le temps de consultation, d'un renouvellement du patient que nous on va avoir tous les trois mois et soit une fois l'année, ça va être surtout l'occasion de parler d'autres choses, de faire le point sur d'autres choses aussi. Alors on n'aime pas quand il y a une liste de questions de 25 choses différentes, mais profiter d'une consultation de renouvellement quand la personne va bien, pour faire une osculation cardiopulmonaire, voir qu'il n'y a pas un trouble du rythme. pour rappeler l'attention, insister pour parfois des auto-mesures à la maison, ça c'est extrêmement bénéfique, le fait que les appareils d'attention soient abordables désormais. Et donc ça va être un temps d'échange sur une santé plus globale, on parlait de vaccination, ça peut permettre de... de regarder le cutané, de pouvoir répondre à des questions et de prévoir les choses aussi. Tiens, vous renvoyez le cardiologue là, la dernière prise de sens et quand ? Tiens, on fait un bilan, est-ce qu'il nous en a prévu un ? Non ? Bah tenez, on va faire un bilan sanguin avant. Et voilà, si on a une question, on pourra reformuler une question avec un courrier en plus si jamais c'est nécessaire. Et voilà, je dirais que c'est simplement complémentaire.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je ne sais pas bien de quoi tu parles. Je rebondis là-dessus, sur l'éducation thérapeutique. Alors c'est un mot qui est un peu pompeux, c'est plutôt de l'information pour les patients, pour qu'ils comprennent les enjeux de leur maladie, des médicaments. Personnellement, je n'arrive pas à dégager assez de temps pour ça, et j'ai du coup l'aide, on parlait tout à l'heure des IPA, c'est vrai que c'est peut-être une activité qui peut être proposée, mise en avant pour accompagner les gens, coordonner, orienter, etc. J'ai la chance moi au cabinet d'avoir un infirmier très compétent en cardiologie, que je salue, qui s'appelle Florian. et qui est infirmier de cardiologie, il n'a pas la spécialité cardiologie, mais en tout cas, il a travaillé longtemps en cardiologie, qui est assistant médical. C'est un titre qui est maintenant reconnu auprès de l'assurance maladie et qui nous permet d'avoir un financement ancien. pour dégager en tout cas du temps pour les médecins. Et voilà, ça m'accompagne, ça m'aide au quotidien pour proposer un peu plus de temps médical pour les gens. Est-ce que toi, tu as justement quelqu'un qui t'aide à faire ça, cette éducation thérapeutique, cet accompagnement ? Non,

  • Speaker #1

    non, on n'en a pas. On profite de la consultation, en tout cas pour ma part, pour parler tabac, pour parler activité, pour parler tout ça. Donc, c'est plus des choses qui sont courtes et répétées. En fait, c'est des choses qu'on aborde régulièrement. Donc voilà, on n'a pas d'activité spécifique au cabinet, c'est des structures qui s'organisent pour avoir ça, sauf que la difficulté c'est que c'est des... Ce sont des structures qui sont validées par nos amis de l'Agence Régionale de Santé avec toute la complexité que ça a. Et clairement, je n'en ai absolument aucune envie. Ensuite, les assistants médicaux, avec les financements dont tu parles. Le problème, c'est que les règles du jeu, elles changent quand la Sécu, elle veut, comme elle veut. Et donc, du coup, oui, tu as une aide au financement, mais quand tu n'as plus de financement, et puis s'il y a un souci, puis machin, ça reste toi l'employeur. Et puis ensuite, la troisième raison, c'est qu'on n'a pas... Autant d'actes techniques que toi, on n'a pas autant de matériel que toi à manipuler. Et en fait, nous, le temps de consultation, moi c'est un quart d'heure la consultation, ça passe vite et je veux dire, si je rajoute un assistant médical qui va remplir le dossier, qui va prendre les informations, qui va me mettre le motif, voilà, et qu'en fait je viens juste pour mettre un coup de stéto, dire on fait ça, on fait ça, je m'en vais, c'est pas la vision de la médecine générale que j'ai et ce n'est pas celle que je veux donner.

  • Speaker #0

    Que beaucoup partagent, je l'entends.

  • Speaker #1

    C'est pas ça.

  • Speaker #0

    C'est généraliste. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ce qui se fait dans certains pays, mais... on ne sait pas quel médecin on voit, on ne sait pas qui on voit et on n'explique pas bien ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord que sur des actes techniques, moi je m'y retrouve dans cette activité-là, parce que justement, quand il s'agit de faire un électrocardiogramme, une prise de tension, de poids, d'adapter parfois une tension, il y a des partages d'activités, des collaborations, on s'appelle la délégation de tâches, c'est vrai aussi pour l'échographie de plus en plus, on appelle ça des sonographeurs. Donc je suis d'accord qu'en médecine générale c'est peut-être aussi différent et on vous pousse à ça, alors qu'à mon sens je suis d'accord que ça ne s'y prête peut-être pas.

  • Speaker #1

    C'est une réponse politique à des questions des lecteurs.

  • Speaker #0

    Ça brille. Ça brille. C'est beau. J'entends très bien. Justement, je fais écho à ça avec le télésuivi. Tu en as peut-être entendu parler, le télésuivi de l'insuffisance cardiaque. Je fais une émission dédiée parce qu'en fait, on se rend compte que les gens qui ont de l'insuffisance cardiaque sont des patients à très haut risque d'hospitalisation et de décès. Pareil, je dirais dans d'autres émissions que ce à quoi correspond l'insuffisance cardiaque, mais il y a différentes plateformes qui sont mises en place. Personnellement, je travaille avec Satélia. J'espère les recevoir un jour pour essayer d'aborder ces problématiques-là. Comment tu vois ça de ton côté, le télésuivi de l'insurance cardiaque ? J'explique un petit peu. Il s'agit d'inclure des gens dans un réseau de soins par un prestataire de santé qui va mettre à disposition des patients un ou une infirmière et assurer une permanence des soins un petit peu dématérialisée pour voir un peu l'évolution de l'état de santé d'un patient et adapter des médicaments. Nous, en tant que cardiologues, on reçoit une alerte. Pour dire que ce patient-là manifestement ne va pas bien, il faudrait peut-être le revoir ou l'adapter, lui prescrire une prise de sang. J'ai eu un peu des retours négatifs de mes collègues généralistes parce qu'en fait c'est vu comme une substitution du suivi parfois. Comment toi tu le perçois ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas été beaucoup confronté, je réfléchis, mais dans ma pratique sur... Un télésuivi comme ça, moi spontanément je pense plutôt aux boîtiers de surveillance, aux choses comme ça.

  • Speaker #0

    Les pay-snickers, les subrisateurs qui font des alertes en effet.

  • Speaker #1

    Ou parfois, il y a quelque chose, je ne sais pas s'il marche, je ne sais pas s'il est branché, c'est ça. J'ai appuyé sur les boutons du bas, appelé le numéro qui est dessus, puis oui. Après, on sait qu'il y a les sorties accompagnées par les infirmiers, infirmières à domicile, post-insurance cardiaque, tout ça. J'ai parfois plus l'impression qu'il y a une lourdeur d'administration, de poids, de papier, de réponse, de machin, de truc, que d'efficient. Après, c'est ce que je te dis, je n'ai pas d'expérience particulière et donc je ne vais pas faire des cas particuliers.

  • Speaker #0

    Pas un avis de cause, c'est bien ou pas. Je n'ai pas d'avis. Tu as besoin aussi de l'expérimenter. C'est vrai que tu es dans ce table de plus en plus. Alors, il y a une participation, évidemment, de la sécurité sociale sur ces choses-là. Mais un petit mot, puisque ça m'intéresse forcément de près, puisque je suis confronté, c'est un des traitements maintenant du suivi d'un science cardiaque. Il y a même beaucoup de papiers qui ressortent sur une diminution de la mortalité et des hospitalisations. Entre guillemets, on pourrait dire que ne pas proposer cette solution aux patients, c'est une perte d'objet. Mais c'est vrai que ça rentre peut-être un peu dans les pratiques. Mais bon, encore une fois, j'y reviendrai. Justement, dans le prolongement de ça, un dernier sujet que j'aimerais aborder avec toi, sort peut-être un peu du cadre, c'est des projections sur l'avenir. On parle beaucoup de l'arrivée de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé. Est-ce que c'est quelque chose que tu attends ?

  • Speaker #1

    Alors, que j'attends ? Est-ce que je l'attends ? Je ne suis pas sûr que je l'attende parce que je pense que j'arrive à faire, j'espère correctement, mon travail sans. Après, elle va arriver et je pense qu'il faut qu'on l'attrape en vol. Il faut qu'on s'en serve parce qu'il faut qu'elle soit bénéfique. Après, de quelle façon ? Il va y avoir plein de choses différentes. Je pense que oui, c'est important et qu'il faut que ça nous aide. C'est un objet. On ne peut pas faire sans, enfin je veux dire, ce n'est pas possible. On parlait de photos, moi j'aime bien la photo. Dernière mise à jour du logiciel Lightroom, ils ont induit un petit peu d'IA pour retoucher certaines images, pour enlever des décors et tout ça, c'est bluffant. Pour enlever un poteau, un verre sur une table et tout ça, ça te reconstitue l'arrière-plan, c'est absolument bluffant. C'est mille fois plus facile que ce qu'il y avait avant. pour quelqu'un qui ne sait pas du tout me servir de logiciel, comme moi, par rapport à certains qui maîtrisent ça très bien. Mais donc oui, c'est bluffant. Ensuite, c'est comme tout, c'est bien, c'est pas bien, il y aura du bien, il y aura du pas bien. il y a des choses comme ça qui sont développées en IA, en médecine, où l'ordinateur écoute toute la consultation, retranscrit un compte-rendu.

  • Speaker #0

    Je pense à Nabla, désolé.

  • Speaker #1

    Je pense à Taina aussi, il y a ça.

  • Speaker #0

    Il y en a pas mal,

  • Speaker #1

    mais voilà. Ou effectivement, pourquoi pas. Après, moi, dans ma pratique, ce genre de choses, je pense que c'est moins utile. Parce que je tape vite, j'écris vite, et que j'ai mes petits raccourcis, et que globalement, je ne pense pas que ça puisse... Moi dans ma pratique, changer tout. Après, c'est sûr que ça doit pouvoir aider sur des consultations plus longues, des consultations d'annonces, des consultations où c'est bien, ou des médecins tout simplement qui ne sont pas à l'aise aussi avec leur clavier. Après, est-ce qu'ils seront à l'aise avec le logiciel d'intelligence artificielle, c'est un autre problème.

  • Speaker #0

    C'est vrai, une question de génération.

  • Speaker #1

    Voilà, donc ensuite, je n'ai pas de cas concrets à l'IA. Ensuite, c'est toujours un problème de responsabilité derrière. C'est comme les trucs d'analyse de CG, des choses comme ça. Il faut voir, mais en tout cas, oui, je pense qu'il va falloir qu'on s'appuie dessus.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que de plus en plus, moi, je le vois comme un outil. En fait, je pense que ça peut nous aider. J'ai une grosse inquiétude là-dessus et peut-être j'essaierai de recevoir des personnes qui sont dans ce domaine-là de la santé. C'est la data. C'est moi ce qui me fait le plus peur. Comment gérer nos données ? À qui elles appartiennent ? On parle de serveurs, de cloud, etc. Elles appartiennent aux mains de gros groupes. On peut financiariser aussi ces données-là, on peut les trafiquer, on peut en faire un peu ce qu'on veut. Faute de support matériel, la donnée numérique va devenir la norme. Peut-être que ce sont des projections, c'est un peu plus philosophique. On n'aura plus les moyens de critiquer. J'en parlais avec des amis hier soir, de remettre en cause ce qui est vrai de ce qui est faux. Et peut-être quand tu regardes dans l'histoire, quand on voulait faire disparaître une information, on brûlait des livres, c'était les autodafés. Maintenant, les données peuvent être aussi falsifiées et elles sont réputées vraies. Donc dans la santé, ça peut être aussi très dangereux et c'est ma seule inquiétude de savoir comment on gérera ce virage. À mon sens, il faut le voir comme un outil, un peu comme l'agriculteur va utiliser sa... Ça n'a plus rien à voir, le métier d'agriculteur, où il binait son terrain, il plantait lui-même ses graines. Maintenant, c'est des monstres de ferraille qui vont travailler la terre, et pourtant, on en est assez content. Donc c'est vrai que l'IA doit être vue comme ça, mais elle ne doit pas substituer l'humain et nous isoler. J'ai peur de ça, des données de santé. Mais en tout cas, sur un plan purement de... En tout cas de la... De la cardiologie, je vois que l'interprétation de l'électrocardiogramme, c'est incroyable ce que c'est capable de faire. Dans l'imagerie aussi, le scanner coronaire, l'IRM cardiaque, l'échographie aussi, les analyses automatiques qui sont presque à l'époque, moi je voyais ça avec un sourire, avec un regard un peu de vieux maintenant, où c'était des... C'était du maquillage, c'était un peu du gadget. Là, ça apporte une vraie plus-value dans l'analyse des données. Donc, je suis curieux de voir, tout aussi curieux qu'inquié. Et à ton domaine, je pense qu'en effet, il faut le choper en plein vol. Sinon, pas pour être chauvin et corporatiste, mais n'oublions pas que les médecins sont quand même les gens qui veulent le bien de leurs patients. Et peut-être, voilà le conseil de l'ordre. J'espère que ça fera... tout ce qu'il peut pour être présent sur ce chantier-là. Écoute-vous là, on arrive à la fin de notre émission. En tout cas, je tiens du fond du cœur à te remercier pour le temps que tu m'as accordé et tes avis extrêmement intéressants et pointus sur le domaine de la carte du monde. Oui, oui, il faut le dire, c'est intéressant. Évidemment, je pense que cet échange-là, il ne prétend pas montrer une vérité, mais en tout cas une réalité de ce qui existe. Alors, je pense qu'il y aura des collègues qui auront une pratique très différente de ce qu'on a pu... évoqué, mais en fait, voilà, dans ces podcasts-là, je voulais aussi, c'est pas juste rendre hommage, mais c'est aussi montrer la réalité de ce qui se passe aujourd'hui en France en 2024, même en juin 2024, c'est le moment On enregistre cet épisode-là.

  • Speaker #1

    Les fesses levées tôt en dimanche.

  • Speaker #0

    Oui, pourtant, c'est dur s'il est grâce à vous. C'est précieux et rare, mais voilà. Non, non, je suis très content de mettre levé tôt. La journée m'appartient maintenant, même s'il commence à être un peu tard. Mais voilà, je suis en tout cas super heureux de parler de la médecine générale pour ce premier interview parce qu'en fait, je parle le nom des cardiologues parce qu'on ne fera rien sans vous. On travaille en binôme, si on peut dire ça comme ça, main dans la main. et voilà la collaboration elle est pas que technique elle est aussi surtout humaine et c'est très riche donc voilà un grand merci Gauthier j'ai tant aimé passer ce moment avec toi pour finir la parole pour finir l'épisode je te donne la parole est-ce qu'il y a un sujet que t'aimerais que j'aborde pour un prochain épisode ? et bien celui que tu veux celui que tu veux ok et bien ça tombe bien parce que je je m'attendais pas à cette réponse mais tu vois je savais pas gérer la question non plus Je vais réfléchir, pour les interviews en tout cas.

  • Speaker #1

    On en parlait de connaissances en commun, on parlait de la cardiologie vétérinaire, ça peut être très rigolo effectivement.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai un copain qui est cardiologue vétérinaire, et je pense qu'il y a beaucoup de similitudes sur la santé animale, et des prises en charge pour voir un petit peu comment il fonctionne, des échographies, alors j'ai vu qu'il y a peu de temps il s'était occupé d'une poule. Donc voilà, c'est pas commun, mais je pense qu'on apprend beaucoup aussi des animaux. Donc voilà, la cardiologie est un pilier de la santé qui est évidemment central et très très important pour nous tous. Voilà, avec plaisir, en effet, je leur parlerai pour le recevoir et voir comment on peut échanger entre l'humain et l'animal.

  • Speaker #1

    Tu vas venir à la poule ?

  • Speaker #0

    Je ferai bien la poule. Écoute, j'ai une dernière petite chose à te demander. C'est quelque chose que j'aimerais instituer. Mettre un peu de poésie, un peu de littérature dans la fin de ces échanges, parce que j'aime beaucoup ça. Est-ce que tu accepterais de me donner une citation, une maxime sur le cœur, évidemment, qui permettrait à nos auditeurs de s'évader un peu le temps d'un instant ?

  • Speaker #1

    Alors, heureusement que celle-là, tu me l'avais donnée. J'ai pu réfléchir. Je suis sûrement beaucoup moins littéraire que toi. Non, mais t'aimes bien ça. Et du coup, tu vois, je réfléchis. Je dis, oh là là, qu'est-ce que je vais lui trouver à Grégoire ? Et en fait, j'ai eu un flash. Cette phrase, cette citation que tout le monde connaît. Donc, comme ça, je vais la piquer. Donc, tous ceux d'après, tu leur diras, ils ne peuvent pas. C'est celle de Pascal qu'on connaît tous. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Je vais m'éloigner du côté romantique et je vais la lire dans un autre sens. Ce qui est important, je pense, c'est d'accepter une part d'incertitude. On n'a pas toujours la raison, on ne comprend pas toujours, on ne sait pas toujours. Et ça, c'est un truc que je dis toujours à mes internes. Il faut savoir dire qu'on ne sait pas quand on ne sait pas. On ne peut pas tout savoir. Et moi, le nombre de fois dans une journée où je dis aux gens, écoutez, je ne sais pas, je me renseigne, je vais voir.

  • Speaker #0

    Et bien voilà,

  • Speaker #1

    la raison ne connaît pas.

  • Speaker #0

    exactement j'apprécie beaucoup bien cette citation je te remercie, elle est très riche de sens et voilà je vous laisse méditer, réfléchir à cette phrase et c'est vrai que l'émotion la raison c'est ce qui nous définit humain et nous n'oublions pas donc merci beaucoup Gauthier pour cette dernière phrase et aussi pour cet échange je me suis déflatté l'émission se termine merci à tous d'avoir écouté en plein coeur et j'aurais plaisir de vous retrouver sur d'autres émissions à la fois pour aborder des sujets peut-être plus techniques mais aussi des partages d'expérience et des interviews de personnes de la vie quotidienne qui nous unit tous merci, merci encore Gauthier Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode. Merci à toutes et à tous d'avoir écouté en plein cœur. Retrouvez-moi sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, YouTube. Et si vous avez aimé l'émission, likez, partagez cet épisode autour de vous. Laissez-moi aussi un commentaire pour me faire part des sujets que vous souhaiteriez que j'aborde, car c'est vous qui faites battre le cœur de ce podcast. Dans 15 jours, j'aurai le plaisir de vous parler de nos amis les animaux. Ce sont des confidents pour certains. de véritables membres de la famille pour d'autres. Ils savent nous faire rire comme des baleines, aussi bien que nous rendre chèvres. Mais au fond, les animaux sont de véritables alliés pour notre santé et j'aurai le plaisir de vous expliquer pourquoi et comment ils prennent aussi bien soin de votre cœur. Alors, je vous donne rendez-vous dans 15 jours et encore une fois, je vous remercie chaleureusement pour votre écoute. Je vous dis donc à très bientôt pour ce nouvel épisode. Thank

Share

Embed

You may also like