Speaker #0Bonjour et bienvenue dans ce dix-neuvième épisode du Journal d'une agoraphobe. Que vous soyez un auditeur fidèle ou que ce soit votre première écoute, je suis ravie de vous accueillir ici. Dans ce podcast, je partage mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je ne suis ni médecin ni thérapeute, mais si mon humble expérience peut offrir quelques pistes à un certain nombre d'entre vous et contribuer à libérer la parole sur un sujet qui stigmatise encore trop de personnes, et bien mission accomplie. Petit flashback sur l'épisode précédent. On avait parlé de méditation guidée. Un petit quart d'heure rien que pour soi, où on ralentit, on respire, et on se laisse bercer par des affirmations positives. Si vous avez raté cet épisode, aucune inquiétude. Je mets un lien vers ce dernier dans les notes de l'épisode. La méditation guidée donc, un vrai moment de bien-être. presque magique que j'avais découvert grâce aux algorithmes de YouTube, figurez-vous. Et oui, ce sont eux qui m'ont suggéré des séances de méditation guidées après mes exercices de cohérence cardiaque. En effet, comme j'effectuais de la cohérence cardiaque via YouTube, l'algorithme m'a proposé de la méditation guidée, ce qui est plutôt malin d'ailleurs. Je ne sais pas si le terme de malin est approprié pour un algorithme. En tout cas, la méditation guidée, ça, c'était approprié. La méditation guidée est un super outil, je ne le nie pas. Mais pouvons-nous nous interroger deux minutes sur le fait que cet outil m'a été proposé par un algorithme et non par un soignant ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'en tant que patiente, j'étais dans l'obligation de picorer à droite et à gauche des outils dans le but d'aller mieux. Parce qu'au final, j'ai dû, comme beaucoup d'entre vous peut-être, bricoler ma propre boîte à outils, alors que l'anxiété, c'est hyper courant et qu'on en parle partout, parfois à tort et à travers, soit, amalgamant anxiété et stress. Pour être tout à fait honnête, cet amalgame n'est pas l'idée du siècle. Mais bon, ça prouve que nous avons tous une certaine familiarité avec l'anxiété. Et pourtant, d'une part, on en parle de manière superficielle et d'autre part, qu'en est-il des personnes qui vivent avec l'anxiété comme colocataire envahissante ? Ont-ils accès facilement à de l'information sur ce dont ils souffrent ? Si l'anxiété est une émotion connue et reconnue, les personnes qui en souffrent ne sont-elles pas plus souvent stigmatisées que connues et reconnues ? Pourquoi je vous raconte ça ? Je vous raconte ça parce que moi aussi, je me suis sentie paumée. Les attaques de panique sont tellement courantes, il y a tellement de personnes touchées de manière directe ou indirecte, qu'un certain nombre de séries et de films abordent même le sujet, mais sans jamais vraiment l'attaquer de manière frontale. Finalement, qui affronte ce sujet de manière frontale, entre ma psy qui avançait à petits pas, Mon généraliste qui pensait que j'étais un peu fatiguée et mes proches qui ne savaient pas trop quoi dire ou quoi faire, moi, au milieu, essayant de comprendre pourquoi sortir de chez moi était devenu un exploit. Imaginez, vous êtes en bonne santé, votre cadre de vie est plutôt sympa, mais sortir de chez vous est un véritable défi. Il faut le vivre pour le croire. Et même quand on le vit, on a du mal à y croire. Et encore plus de mal à l'accepter. J'avais besoin de quelque chose qui m'aide non plus à subir cette situation, mais à l'accepter. Et un jour, ce miracle arriva. Pas un algorithme cette fois, mais le hasard. Ce jour-là, en zappant à la télé, je tombe sur une émission grand public, Allô docteur, l'invité Alain Braconnier, psychiatre spécialisé dans l'anxiété et l'adolescence. À une heure de grande écoute sur une chaîne publique, il... parlait d'attaques de panique et de crises d'angoisse. J'étais scotchée. C'était totalement inespéré. Un magazine de vulgarisation de la santé, soit, mais tout de même plutôt scientifique, recevait un professionnel connu et reconnu pour parler d'attaques de panique, de crises d'angoisse et de troubles anxieux généralisés. Quand il a décrit une attaque de panique, c'était comme s'il parlait de moi. Quand il parlait de troubles anxieux généralisés, c'était comme s'il parlait de moi. Enfin, quelqu'un qui posait des mots sur ce que je vivais. Des mots qui résonnent, qui expliquent, qui rassurent. Ce moment a été une révélation parce que malgré un langage spécialisé sur le sujet, il était également en train de m'expliquer quelque chose de plus prosaïque mais tout aussi important. Je ne suis pas la seule à vivre cela. Alain Braconnier a également écrit un livre sur l'anxiété, Petit ou Grand Anxieux ? C'est une question et c'est le titre du livre. Pour les curieux, je vous mets les références dans les notes de l'épisode. Ce livre dresse un tableau clinique des différentes formes et manifestations de l'anxiété. Alors oui, je vous le dis... De suite, ce n'est pas une lecture facile, c'est technique, c'est dense. Mais ce livre m'a donné plus de clés en une lecture qu'en un an chez la psy. Il m'a aidé à comprendre les mécanismes de l'anxiété, à mettre des mots sur mes ressentis et surtout à me sentir moins anormale que je ne pensais l'être. Un vrai petit dictionnaire scientifique de l'anxieux, de l'anxiété et des mécanismes sous-jacents. Il y en a... qui diront que ce type de livre est davantage réservé aux professionnels. Effectivement, ce n'est pas du tout facile à lire. Mais ce livre m'a aidé à me sentir moins seule et un peu plus normale. Il m'a permis de mettre des mots sur ce que je vivais et que je ne comprenais pas. Il m'a permis de comprendre qu'il y a bien souvent un anxieux ou une anxieuse cachée en nous qui peut plus ou moins se manifester en fonction du contexte de vie, de l'hérédité, de paramètres multifactoriels. Conclusion, je ne fais pas partie d'un petit nombre de Gaulois irréductibles à vivre ça. Des centaines de milliers de personnes dans le monde vivent ça. Et ça, ça se soigne. Et ça, ça se guérit. Il m'aura fallu un an pour entendre que la guérison était possible. Alors je me répète, oui, ce livre n'est pas la chose la plus facile que j'ai eu à lire. Forcément qu'un spécialiste de la santé mentale a moins de mal à comprendre. Mais en tant que patient ou accompagnant de patient, l'information est à la fois un moyen de défense et d'attaque redoutable lorsque nous devons faire face à un trouble anxieux généralisé. Donc, voilà le message du jour. Il y a dix ans, il m'a fallu, malgré un certain nombre de recherches, un an pour trouver un support qui expliquait les crises d'angoisse et les processus sous-j¢s. Aujourd'hui, le sujet est abordé de manière un peu plus ouverte et ce n'est plus les supports explicatifs qui manquent. Livres, émissions, reportages, je dirais même podcasts, qu'en pensez-vous ? Mais encore faut-il avoir la chance de tomber dessus et de savoir où chercher. Ce sujet, qui touche quasiment une personne sur trois, n'est pas assez démocratisé. Les gens qui souffrent de troubles anxieux généralisés sont-ils trop sensibles pour accéder à l'information ? L'information va-t-elle l'angoisser, provoquer des crises d'angoisse ou générer de l'anxiété. Je ne dis pas qu'en lisant ce livre, j'étais à 100% à l'aise. Mais ce livre m'a procuré un véritable soulagement. Des mots étaient posés sur ce que j'étais en train de vivre. Ces mots m'ont aidé à comprendre à la fois ce que je vivais et cerise sur le gâteau, que j'étais loin d'être la seule à le vivre et donc peut-être pas aussi anormale que je ne pensais l'être. Vous accompagnez une personne qui souffre de troubles anxieux généralisés ? Un bon livre sur le sujet, et je peux vous garantir que ce livre d'Alain Braconnier est un bon livre, peut vous aider à comprendre. L'anxiété ne vient pas de nulle part, c'est souvent les mêmes moteurs qui l'expliquent, hérédité, éducation, quoi qu'il en soit vous ne deviendrez pas psy en lisant ce livre, mais vous aurez en votre possession quelques clés qui vous permettront de comprendre, d'accepter et donc, de ce fait, faciliter le processus de guérison de votre proche. Mesdames, Messieurs les psychologues, qu'en pensez-vous ? Conseillez-vous des lectures à vos patients ou pensez-vous que le domaine de la théorie vous est réservé ? Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Si cet épisode vous a plu, pensez à laisser une note, un commentaire ou à vous abonner. Ça m'aide énormément et ça me motive à continuer. Merci pour votre soutien et à la semaine prochaine pour un nouvel épisode du Journal d'une agoraphobe.