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Mon podcast IMO.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de mon podcast IMO, votre rendez-vous avec l'immobilier. Je suis Ariane Artinian, fondatrice de MySweetImmo et aujourd'hui je vous propose de faire un point conjoncture avec Loïc Quentin, président de la FNAIM. Bonjour.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Bonjour Ariane.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Loïc, vous venez de publier un bilan de l'année 2024. Elle s'est bien terminée cette année.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Oui, les deux derniers mois sont prometteurs d'une reprise et d'une embellie qui a Ă©tĂ© confortĂ©e et permise grĂące aux quatre baisses de taux successives de la BCE que nous avons connues depuis fin mai 2024. Donc elles ont Ă©tĂ© rĂ©paratrices d'un pouvoir d'achat qui avait disparu chez de nombreux Français qui ne pouvaient plus accĂ©der, contraints par des taux d'intĂ©rĂȘt trop Ă©levĂ©s. Mais aussi, je dirais que cette... Cette embellie prometteuse qui nous permet d'atteindre un palier en vue d'un redĂ©marrage a Ă©tĂ© permise aussi par la baisse des prix. Je crois que les professionnels, les organisations et tous ceux qui publient et commentent le marchĂ© de l'immobilier ont conduit Ă cette prise de conscience chez les vendeurs de baisser le prix, qui Ă©tait totalement incompatible et inadaptĂ© en inadĂ©quation avec les prix et la capacitĂ© d'emprunt des mĂ©nages français. Donc, conjugaison de ces deux facteurs, baisse des taux d'intĂ©rĂȘt salutaire. et baisse Ă©galement des prix, et qui va se poursuivre encore, nous le pensons, au premier semestre 2025, afin de restaurer parfaitement, je dirais, et plus idĂ©alement, le pouvoir d'achat des Français. Et concomitamment, nous allons avoir une reprise lĂ©gĂšre des transactions, sans grande euphorie.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Alors on en est oĂč au niveau des transactions en chiffres par rapport au plus haut qui Ă©tait 1,2 millions ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
1,2 millions, on va terminer l'annĂ©e Ă 780 000 transactions, nous connaĂźtrons vĂ©ritablement le chiffre. Ă la fin dĂ©cembre 2024, d'ici un mois. Ă fin novembre, elles sont stabilisĂ©es Ă 778 000 transactions. On a perdu prĂ©cisĂ©ment plus de 400 000 transactions. C'est plus de 35% du marchĂ© qui a Ă©tĂ© corrigĂ©. Donc c'est une correction extrĂȘmement forte et importante. D'ailleurs, inĂ©galĂ©e depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous n'avons jamais connu une telle correction, et surtout sur trois exercices simultanĂ©s. Trois exercices. Nous avons connu la crise de 2009, la Cadence Prime, qui a Ă©tĂ© plus de courte durĂ©e, de forte amplitude immĂ©diate, mais qui a permis de redĂ©marrer plus vite. Or aujourd'hui, le redĂ©marrage sera lent, progressif, mais parce qu'il va ĂȘtre freinĂ© aussi. Si nous venons de passer la crise de l'immobilier, la crise du logement est devant nous, et il faut en ĂȘtre conscient.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Alors avant de parler de la crise du logement, je voudrais faire un bilan aussi sur les prix. Vous dites les prix ont baissé en 2024 de combien et par rapport au plus haut ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
On dĂ©coupe la sĂ©quence des prix de deux façons. Le premier semestre, Ă fin juin, on avait une baisse des prix de 3,9 Ă 400 francs entiers. Avant, baisse des taux. Et fin de l'annĂ©e, on termine, moyenne France, vous l'entendez bien, Ă 0,8. pour 100% moyenne France. Quand on parle de la moyenne France, il y a des marchĂ©s qui sont beaucoup moins corrigĂ©s que d'autres. Les zones rurales sont peu impactĂ©es, ont Ă©tĂ© peu impactĂ©es par la hausse des prix, et peu impactĂ©es, et de moins en moins impactĂ©es, par notamment la baisse des prix. Et tous les territoires ne sont pas comparables. Il y a des villes aussi qui ont connu une correction trĂšs forte. La ville de Nantes, 5,7% Ă fin dĂ©cembre 2024, c'est une correction forte. Alors que la moyenne nationale Ă©tait 0,8. mais elle Ă©tait Ă 8,3% Ă fin juin. Vous voyez, donc la diffĂ©renciation, ce qu'on peut dire, c'est que lĂ oĂč les prix avaient le plus augmentĂ©, c'est lĂ qu'ils ont Ă©tĂ© le plus corrigĂ©s. Et lĂ oĂč vous avez le moins augmentĂ©, c'est lĂ qu'ils sont le moins corrigĂ©s. Donc cette correction va se poursuivre, elle est salutaire, peut-ĂȘtre sur certaines parts de marchĂ© toute l'annĂ©e 2025, mais la tendance moyenne, et notamment, est vers une stabilisation atteinte d'un palier en termes de prix, pour pouvoir ensuite retrouver... un cours normal.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Si vous deviez faire une prévision d'évolution donc du coup de baisse des prix sur 2025, qu'est-ce que vous diriez ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
2025, on va avoir encore une correction trĂšs certaine qui va ĂȘtre dans la poursuite du deuxiĂšme semestre 2024 au premier semestre 2025. On va Ă peu prĂšs sur les mĂȘmes stratĂ©gies de façon un peu moindre. La baisse s'attĂ©nue, les volumes vont stabiliser pour pouvoir repartir. Bien Ă©videmment que cette baisse de prix et cette reprise des volumes vont ĂȘtre confortĂ©s par les taux de la BCE dont on annonce et qui nous permettent de prĂ©sager et d'envisager certainement Ă la fin de l'annĂ©e si tout se passe bien. Si tout se bat bien, si tous les paramĂštres de notre conjoncture Ă©conomique sont au rendez-vous, nous devrions encore assister Ă une ou deux baisses de la BCE, ce qui permettrait d'avoir un atterrissage Ă 3% moyenne fin de l'annĂ©e 2025. Mais rien n'est Ă©crit encore.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Votre optimisme, il reste trÚs mesuré pour 2025.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Un optimisme prudent parce que nous sommes confrontĂ©s quand mĂȘme Ă un environnement qui est exceptionnel et historique. Cette crise n'est rien de comparable aux crises prĂ©cĂ©dentes. J'ai connu beaucoup de crises dans mon activitĂ© professionnelle, mais je n'Ă©tais pas confrontĂ©. Ă un climat gĂ©opolitique aussi instable, Ă une instabilitĂ© politique inĂ©galĂ©e dans toute l'histoire de la Ve RĂ©publique, quatre premiers ministres en l'espace d'une annĂ©e en 2024, quatre ministres de logement, on a mĂȘme failli avoir une cinquiĂšme si ValĂ©rie Leterre n'avait pas Ă©tĂ© reconduite. Donc une instabilitĂ©, une absence d'exĂ©cutifs aptes Ă embarquer la France et aptes Ă avoir une vision pour le logement. Et tout cela vient contrarier. Et nous ne sommes pas sĂ»rs, je dirais, de cet environnement. Et l'instabilitĂ© politique n'est pas bonne pour les Français et n'est pas bonne pour les dĂ©cisions. Nous allons avoir Ă adopter un budget. Nous n'avons d'ailleurs mĂȘme pas, si l'on repart sur le budget primitif qui avait Ă©tĂ© ajournĂ© par la motion de censure, mais rappelons-nous, dans ce budget figurait l'augmentation des DMTO. Ce serait de nature Ă contraindre et notamment Ă freiner la dynamique du marchĂ©. Mauvais signal, envoyĂ© aux acquĂ©reurs.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Qu'est-ce que vous avez pensé du discours de politique générale de François Béreau ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Un discours de politique générale, comme j'en ai entendu beaucoup. Oui, il a parlé du logement. Je fais confiance au Premier ministre. Nous attendons maintenant, aprÚs la déclaration de bonne intention, des actes et du concret.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Autre sujet, les dĂ©faillances d'agences immobiliĂšres. Vous disiez que la crise ferait 1400 victimes chez les agents. immobilier. La BPCE vient d'annoncer un chiffre de 1230 agences immobiliĂšres dĂ©faillantes l'annĂ©e derniĂšre. Vous en ĂȘtes oĂč ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Alors aujourd'hui sur les dĂ©faillances, il y a les redressements. Moi je ne parlais que des liquidations judiciaires quand j'ai parlĂ© de ces chiffres il y a 18 mois. Lors d'une confĂ©rence de presse, j'avais dit que la crise que nous traversons ne nous Ă©panouira pas un nombre important de liquidations judiciaires, c'est-Ă -dire fermetures dĂ©finitives dont le chiffre ne pourra ĂȘtre en deçà de ce que nous avions en... 2009 au moment de la crise des subprimes. Et en 2009, nous Ă©tions prĂ©cisĂ©ment Ă 1389 dĂ©faillances d'entreprise. Nous sommes Ă , aujourd'hui, Ă environ Ă peine 100 dĂ©faillances d'entreprise pour dĂ©passer ce chiffre. Et nous allons l'atteindre en 2025. Vous savez, l'effet de rĂ©gulation et d'entraĂźnement d'un processus de liquidation est un processus lent. L'entreprise rĂ©siste, il y a un moment elle faillit, c'est un peu malheureusement le sort de l'histoire. Dans toutes ces analyses, il faut reconnaĂźtre qu'aujourd'hui quand mĂȘme que des entreprises, des rĂ©seaux, des professionnels performent. Performent parce qu'ils ont rĂ©ussi Ă s'adapter, adapter leur mĂ©thode de vente, adapter, je dirais, leur modĂšle aux circonstances d'une crise que n'ont pas connue beaucoup de professionnels. Et le seul rempart, notamment Ă la survie professionnelle, c'est la formation professionnelle. C'est celle-ci qui est dĂ©terminante. Le combat que mĂšne l'FNIM, nous allons avoir. En 2025, la publication du dĂ©cret sur la formation. Vous m'avez entendu, je suis contre l'amateurisme dans l'immobilier. Et je lutterai, tant que je serai prĂ©sident de cette fĂ©dĂ©ration, contre cet amateurisme, contre les gens, je dirais, qui se reclassent ou qui s'inventent professionnels de l'immobilier et qui n'assument pas la fonction qu'elle a. Oui, aujourd'hui, il faut avoir des professionnels exigeants et compĂ©tents pour accompagner les Français dans leur parcours rĂ©sidentiel.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Les professionnels qui s'en sortent le mieux en dépit de la conjoncture ne sont pas mono-activités.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Non, c'est une complĂ©mentaritĂ© de tout temps. Notre modĂšle Ă©conomique qui est principalement prĂ©dominant Ă la FĂ©dĂ©ration, c'est un modĂšle qui recouvre les trois mĂ©tiers. Transaction immobiliĂšre, administration de biens et gestion de nos copropriĂ©tĂ©s, de nos ensembles de copropriĂ©tĂ©s. C'est quelque chose qui est complet et pour un service total auprĂšs de nos clients. Et c'est quelque chose qui Ă©vite, c'est vrai que 55% des liquidations... proviennent notamment d'entreprises monoactivitĂ©. Elles sont plus fragilisĂ©es et aussi des entreprises de crĂ©ation rĂ©cente. Créé dans le moment oĂč la vague est laissĂ©e entrevoir, un eldorado nouveau retrouvĂ© pour permettre un nouvel dynamisme professionnel. La rĂ©alitĂ©, la crise a finalement rabattu les cartes et redonnĂ© une nouvelle trajectoire, mais permet Ă d'autres entreprises de relever la tĂȘte.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et dans votre fédération, comment ça s'est passé ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Ăa s'est passĂ© comme partout ailleurs. On ne va pas se dire qu'on n'a pas eu de fermeture. On a toujours, dans tous les cas, comme une fĂ©dĂ©ration comme la nĂŽtre, il y a des gens qui la quittent et des gens qui la rejoignent. On a perdu 800, on a retrouvĂ© 400. Bon voilĂ , on a un solde de perte d'adhĂ©rents de 400 adhĂ©rents. Ce n'est pas une catastrophe par rapport, je dirais, au nombre que nous sommes, c'est 4%. Et ça reflĂšte Ă peu prĂšs l'Ă©tat gĂ©nĂ©ral. Nous n'allons pas dire que nous performons par rapport Ă d'autres. Nous sommes traitĂ©s, nous avons le mĂȘme traitement et nos entreprises sont de toute taille, de la petite, mĂȘme de l'entreprise individuelle, Ă l'entreprise moyenne et Ă la grosse entreprise parmi les plus importantes.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Aujourd'hui, il y a combien d'agents immobiliers en France ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
25 000 cartes professionnelles.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
On a été à combien ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
On est montĂ© Ă 28 000. Donc il y a un dĂ©graissage, mais ce n'est pas en soi ce qui est important. Le nombre de cartes professionnelles est un nombre d'Ă©quilibre. De toute façon, dans tous les cas, aujourd'hui, il y a aussi une carte professionnelle, on peut trĂšs bien la mettre en Ćuvre et ne pas l'appliquer, et ne pas exercer. Donc il faut considĂ©rer et recenser les agences vĂ©ritablement actives.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Alors dernier point, vous avez dit tout Ă l'heure... On passe d'une crise de l'immobilier Ă une crise du logement. Ăa veut dire quoi ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Alors, si la crise de l'immobilier, elle est nĂ©e de l'augmentation rapide des taux d'intĂ©rĂȘt qui ont plongĂ© les marchĂ©s dans une difficultĂ©, et les mĂ©nages face Ă un mur d'impossibilitĂ© de financer par rapport au niveau qui Ă©tait Ă©tabli sur les prix. Crise de l'immobilier, chute des volumes, chute des prix, la situation, nous en avons parlĂ©. Mais ce qui sous-tend, je dirais, notre marchĂ© du logement est malade structurellement. dans sa structure. Structure parce que nous n'arrivons pas Ă satisfaire les besoins, que ce soit le locatif privĂ©, le locatif social, l'accession Ă la propriĂ©tĂ© et l'investissement locatif. Le locatif est en danger, l'accession Ă la propriĂ©tĂ© est en difficultĂ© et le neuf est en grande dĂ©shĂ©rence. VoilĂ , nous allons atteindre une crise du logement qui sera le reflet de l'absence d'adaptation de nos structures depuis 30 ans, Ă se former et Ă se prĂ©parer Ă des Ă©ventuelles crises et rebondir et avoir une vĂ©ritable capacitĂ© Ă rĂ©pondre aux besoins en termes d'offres de logement. Nous allons rentrer dans une pĂ©riode de sous-offres. Et voilĂ la difficultĂ©. Et cette pĂ©riode de sous-offres, confrontĂ©e Ă une demande qui est toujours en augmentation, risque d'attraper Ă la fois un dĂ©sĂ©quilibre sur le prix et de vĂ©hiculer un marchĂ© d'exception, et je le dis toujours, un marchĂ© d'exception n'est qu'un marchĂ© d'exclusion. Gouverner, c'est prĂ©voir, et notamment, avant tout, c'est... Il est de l'importance, il est de la responsabilitĂ© d'un Ătat d'accompagner les Français et de leur fournir un logement.