-
Mon podcast IMO.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de mon podcast IMO, votre rendez-vous avec l'immobilier. Je suis Ariane Artinian, fondatrice de MySweetImmo et aujourd'hui je vous propose de faire un point sur l'état du marché. du luxe, du haut de gamme. Et pour en parler, je suis avec Richard Tzipine. Bonjour.
- Richard Tzipine (Barnes)
Bonjour Ariane.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Richard, vous ĂȘtes directeur gĂ©nĂ©ral de Barnes. Comment se porte ce marchĂ© du luxe Ă Paris ? On dit qu'il repart fort depuis quelques semaines.
- Richard Tzipine (Barnes)
Absolument. Nous constatons un redĂ©marrage du marchĂ© immobilier. On peut dire que nous avons vĂ©cu la plus longue crise immobiliĂšre depuis 30 ans. Nous avons vĂ©cu en 2007 la crise des subprimes qui a durĂ© 4 mois Ă peu prĂšs, ça a Ă©tĂ© vite. En 2011, la crise financiĂšre, ça a durĂ© quelques mois aussi, mais on revenait assez vite dans le jeu. LĂ , ça fait deux ans. AprĂšs la pĂ©riode du Covid qui a Ă©tĂ© finalement une espĂšce de tsunami, et comme tout tsunami, la mer s'est retirĂ©e trĂšs loin avec le Covid, mais elle est revenue trĂšs trĂšs trĂšs trĂšs fort et le marchĂ© est reparti Ă fond. En 2022, on a fait... Je pense que tout le monde a fait l'annĂ©e record de tous les temps. Et ensuite, vous avez cette explosion des taux d'intĂ©rĂȘt. En quelques mois, ils sont passĂ©s de moins de 1% Ă plus de 4%. Et lĂ , effectivement, ça a gelĂ© le marchĂ©. Ăa a gelĂ© les ventes. Les acheteurs n'avaient plus les mĂȘmes moyens. Le pouvoir d'achat liĂ© Ă la baisse de la capacitĂ© d'emprunt fait que tous les projets se sont arrĂȘtĂ©s ou ont Ă©tĂ© revus Ă la baisse. Et donc, l'annĂ©e 2023... a baissĂ© chez nous de l'ordre de 20% en activitĂ©. Je sais que 2024, les notaires ont annoncĂ© une baisse de l'activitĂ© globale Ă Paris, par exemple, de l'ordre de 50%. Nous, on a rĂ©ussi Ă terminer l'annĂ©e 2024 en stabilisation, parce que le dernier trimestre a Ă©tĂ© vraiment un excellent trimestre. Ce qui s'est passĂ© en 2024, vous avez, je dirais, sur le premier semestre, nous baissions de l'ordre de Ă peu prĂšs 8%. C'Ă©tait dans le prolongement de l'annĂ©e 2023. On a eu un troisiĂšme trimestre avec un double coup de frein. D'une part, les Jeux Olympiques qui ont tout arrĂȘtĂ© Ă Paris d'un mesure oĂč tout est dĂ©bloquĂ©, mais qui a Ă©tĂ© par ailleurs Ă©videmment un magnifique coup de projecteur sur Paris pour le monde entier. Mais concrĂštement, pendant un mois, ça a Ă©tĂ© un coup de frein, mĂȘme un peu plus puisque l'organisation a dĂ©marrĂ© avant. Et puis vous avez l'autre coup de frein qui est la crise politique. Donc lĂ , notre activitĂ© est passĂ©e de moins 8 au moins 14 sur le troisiĂšme trimestre. Et enfin, le quatriĂšme trimestre, qui a repris des couleurs de façon trĂšs nette, une fois que ces deux coups de frein sont passĂ©s, finalement, on a vĂ©cu une relance depuis le mois d'octobre. Octobre, pour donner des chiffres trĂšs prĂ©cis, nous avons fait plus de 14%, novembre plus 18%, dĂ©cembre plus 55%, et je dirais que les mois qui viennent, on sent qu'il y a une tendance Ă plus 50, plus 60% d'activitĂ©, qui est Ă©videmment liĂ©e d'une part Ă la baisse des taux qui sont aujourd'hui autour de 3%, et Ă©videmment l'autre phĂ©nomĂšne qui fait que l'activitĂ© reprend, c'est la baisse des prix que nous avons vĂ©cu, une baisse en moyenne de... Ă peu prĂšs 10% en un an et demi. Ăvidemment, lĂ aussi, ça redonne du pouvoir d'achat. Cette baisse moyenne dont je parle, qui est de 10%, en rĂ©alitĂ©, elle cache un relief, moi j'appelle ça le relief des prix logique. C'est-Ă -dire que quand vous avez un taux d'intĂ©rĂȘt qui est infĂ©rieur Ă 1%, eh bien, comme il y a toujours une demande beaucoup plus forte que l'offre Ă Paris, eh bien, tout se vend trĂšs cher. Et donc, nous avons vu tous les biens qu'ils soient Ă dĂ©faut, qu'ils soient au rez-de-chaussĂ©e. MontĂ© Ă des prix pas trĂšs Ă©loignĂ©s des beaux appartements de dernier Ă©tage sans dĂ©faut. Nous avons vu des prix d'arrondissements entre guillemets populaires Ă©videmment qui plaisent Ă une certaine catĂ©gorie de parisiens qui aiment un certain charme et qui sont des arrondissements qu'on trouve dans l'est de Paris ou dans le nord de Paris. Vous avez le 10e, le 19e, le 11e, tous ces arrondissements lĂ qui sont montĂ©s Ă des prix. quasiment Ă©quivalent Ă ceux du 16e ou de Neuilly, qui sont les prix trĂšs Ă©levĂ©s. Donc on a eu une espĂšce de lissage des prix Ă la hausse, grĂące d'une part Ă cette demande trĂšs forte, et d'autre part Ă des taux d'intĂ©rĂȘt quasi inexistants. Lorsque vous avez des taux d'intĂ©rĂȘt qui remontent Ă un niveau normal, et qui... finalement font que les pouvoirs d'achat ne sont pas les mĂȘmes. Vous avez un relief de prix, comme je dis, c'est-Ă -dire que vous avez le rez-de-chaussĂ©e qui vaut peut-ĂȘtre 25% de moins que le dernier Ă©tage, vous avez les arrondissements populaires qui reviennent parce que leur architecture, finalement, ou l'environnement est un petit peu moins haut de gamme ou valorisant que le 7e ou le 16e, et lĂ vous avez des prix Ă nouveau qui doivent baisser et qui recrĂ©ent une vraie diffĂ©rence, donc un relief. entre les diffĂ©rents arrondissements ou entre les diffĂ©rents biens.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Donc les choses sont en train de se mettre à niveau. ConcrÚtement, du coup, comment ça se passe sur le terrain ?
- Richard Tzipine (Barnes)
Alors, les propriĂ©taires doivent accepter de baisser les prix. Ăa prend du temps, et là ça fait deux ans que nous sommes en crise, donc ça fait deux ans que nous attendons d'abord que les taux aient baissĂ©, c'est fait, et que les propriĂ©taires acceptent cette baisse de prix, et c'est ce qu'ils sont en train de faire. Les vendeurs acceptent de baisser les prix. Parce qu'ils ont compris que s'ils restent Ă des prix trop Ă©levĂ©s, ils ne vendront pas. Et les acheteurs acceptent progressivement d'arrĂȘter de faire des offres Ă la casse. Et ils se positionnent de façon plus raisonnable aussi. Donc l'acheteur et le vendeur deviennent plus raisonnables. Et ça provoque une baisse des prix, d'ailleurs on l'a vu, de 10% en moyenne, mais plus importante dans certains arrondissements, dans certains secteurs. Et d'ailleurs, il n'y a pas que les arrondissements parisiens de l'Est ou du Nord, par exemple. Mais vous avez aussi la rĂ©gion parisienne. Vous avez tout ce secteur des Hauts-de-Seine, Ouest, Saint-Cloud, Garches, Vaucresson et puis Versailles et toutes les villes qui vont avec, qui sont montĂ©es trĂšs haut grĂące entre guillemets ou Ă cause du post-Covid parce que vous avez tous ces citadins qui voulaient quitter Paris pour aller chercher de l'espace, de l'espace vert, la possibilitĂ© de respirer un peu mieux que Paris Ă cause du Covid. Donc les prix sont montĂ©s relativement haut. Ils sont montĂ©s quasiment Ă des prix parisiens dans ces endroits-lĂ . Mais aujourd'hui, oĂč on revient sur des normes logiques, on va dire, il faut que les prix baissent. Ces propriĂ©taires qui ont achetĂ© il y a 2-3 ans dans l'Ouest parisien, donc dans toutes ces villes, trĂšs belles villes rĂ©sidentielles, Garches, Saint-Cloud, Vaucresson, Ville d'Avray, Versailles, toutes les villes limitrophes, qui ont achetĂ© des maisons Ă 2,5 millions ou 3 millions, doivent accepter, s'ils veulent vendre aujourd'hui, doivent accepter de baisser peut-ĂȘtre de 10% le prix de leur maison. Mais en mĂȘme temps... S'ils le rachĂštent, ils le rachĂšteront Ă des prix infĂ©rieurs. Il y a encore sans doute des endroits aussi Ă Paris, des appartements qui sont Ă des Ă©tages bas, qui sont avec beaucoup de travaux, qui sont sombres, qui doivent baisser encore. Mais je dirais que globalement, on a quand mĂȘme fait 80% de la baisse.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Les arrondissements qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu ?
- Richard Tzipine (Barnes)
Alors vous avez trois endroits, je dirais, qui sont trĂšs bien sortis. et qui n'ont quasiment pas connu la crise. Ătonnamment, et pour sans doute des raisons diffĂ©rentes. Vous avez Saint-Germain-en-Laye, qui est une ville en rĂ©gion parisienne, qui est une espĂšce d'Ăźlot Ă part, qui cumule beaucoup de qualitĂ©s, beaucoup d'avantages, qui sont la propretĂ©, la sĂ©curitĂ©, les Ă©coles, les espaces verts et l'autonomie. C'est-Ă -dire que quand vous vivez Ă Saint-Germain-en-Laye, Vous ne dĂ©pendez pas de Paris, vous avez tout sur place. Et cette ville, alors qu'on y est depuis des annĂ©es, que nous sommes mĂȘme leaders, nous avons encore quasiment doublĂ© l'activitĂ© de Saint-Germain-en-Laye et des villes limitrophes Ă©videmment, toutes les villes qui vont autour, le VĂ©sinĂ©, etc. Nous avons quasiment doublĂ© cette activitĂ© en 2024. Donc elle est complĂštement Ă part du reste des villes de la rĂ©gion parisienne. Une deuxiĂšme ville qui n'a pas connu la crise, Pour des raisons relativement comparables, c'est-Ă -dire alors pour le coup trĂšs proche de Paris, espace vert, grandes artĂšres, trĂšs propre, sĂ©curitĂ©, Ă©cole de trĂšs bon niveau, c'est Neuilly-sur-Seine. Neuilly-sur-Seine qui cartonne, marche trĂšs trĂšs bien et les prix n'ont pas baissĂ©. Et le troisiĂšme endroit c'est dans Paris, qui est le centre de Paris. Alors je dirais Ă la fois la rive gauche, Ă©videmment, en numĂ©ro 1, 6e, 7e. et le Marais. Ces endroits qui sont au cĆur de Paris, qui sont, je dirais, le charme absolu de ce qu'on recherche quand on achĂšte Ă Paris, qui attirent Ă©normĂ©ment d'Ă©trangers, et je dirais mĂȘme maintenant tout type d'Ă©trangers. Alors qu'il y a quelques annĂ©es, vous aviez le 8e qui attirait les Moyens-Orientaux, par exemple, ou les Asiatiques, cette clientĂšle maintenant s'intĂ©resse aussi Ă la Rive-Auge. Donc vous avez vraiment un cumul de toutes les recherches françaises et Ă©trangĂšres qui se retrouvent au cĆur de Paris. Et donc cet endroit-lĂ n'a pas vraiment souffert et continue Ă trĂšs trĂšs bien marcher.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Comment vous voyez la suite ?
- Richard Tzipine (Barnes)
Alors si la politique nous fout la paix, si la stabilisation acquise Ă l'arrache se maintient dans les mois qui viennent, je reste trĂšs positif. Parce que la tendance que nous sommes en train de vivre, la relance que nous sommes en train de constater, qui est de l'ordre de minimum 50 Ă 60% pour l'instant sur l'activitĂ© dĂ©cembre, janvier, fĂ©vrier, par rapport Ă l'annĂ©e prochaine, Ă la mĂȘme pĂ©riode un an plus tĂŽt. Cette relance est tout Ă fait claire, elle est sensible. Si le taux d'intĂ©rĂȘt reste Ă peu prĂšs Ă ce niveau-lĂ , je pense qu'on peut ĂȘtre trĂšs positif pour les mois qui viennent. Je rajouterai aussi que l'immobilier trĂšs haut de gamme, le prestige, qui se situe au-dessus de 4, 5, 6, 10 millions d'euros, ne s'est jamais aussi bien portĂ© et c'est sans doute... L'illustration que l'immobilier est une valeur refuge pour tous et en particulier pour cette clientĂšle, ce qu'on appelle les ultra high net worth individuals qui ont beaucoup d'argent et qui investissent de plus en plus dans l'immobilier.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Vous avez des affaires Ă nous signaler, Ă nous partager ?
- Richard Tzipine (Barnes)
Alors nous, en particulier chez Barnes, on est trÚs trÚs mystérieux sur ces ventes-là parce qu'on doit garder une vraie confidentialité. Néanmoins, on n'a jamais vendu autant de biens au-dessus de 10 millions. On en a au-dessus de 10, au-dessus de 30, au-dessus de 50 qui sont en cours de commercialisation. Et je dirais que c'est quasiment du jamais vu.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Qu'est-ce qu'on a au-dessus de 50 millions aujourd'hui Ă Paris ?
- Richard Tzipine (Barnes)
On a des hĂŽtels particuliers dans le 7e arrondissement qui font plus de 1 000 ou 1 500 m2, qui ont des grands jardins et qui sont absolument uniques.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et qui intéressent les Américains ?
- Richard Tzipine (Barnes)
Ils intĂ©ressent peut-ĂȘtre des AmĂ©ricains, mais en tout cas, ce dont on est sĂ»r, c'est qu'ils intĂ©ressent aussi des Français, des pays de l'Est, des Asiatiques. Ils intĂ©ressent beaucoup le monde.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Bon, ce que je comprends, c'est que vous ne nous en direz pas beaucoup plus.
- Richard Tzipine (Barnes)
J'ai déjà dit trop, là .
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Alors, juste pour conclure, le conseil que vous donnez à ceux qui nous écoutent, propriétaires, c'est ne dérapez pas trop dans vos exigences sous prétexte qu'il y a un rebond.
- Richard Tzipine (Barnes)
Oui, le conseil que je donne depuis toujours, c'est ne pensez pas... qu'Ă la plus-value que vous voulez faire, pensez Ă votre bien-ĂȘtre, allez chercher des endroits qui vous plaisent, dans lesquels vous ĂȘtes bien pour vivre, parce que quel que soit le cycle de l'immobilier dans lequel vous vous situez, si les prix ont baissĂ©, si vous vendez moins cher, vous achĂšterez moins cher, si les prix ont montĂ©, si vous vendez plus cher, vous achĂšterez plus cher, ce qui compte surtout, c'est de vous sentir bien chez vous.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Merci beaucoup Richard Tzipine.
- Richard Tzipine (Barnes)
Merci Ă vous. Mon podcast Immo.