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On n'a qu'une voix

Des voix à leur place

Des voix à leur place

27min |14/01/2025
Play
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Des voix à leur place

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27min |14/01/2025
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Description

Bienvenue sur On n’a qu’une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix !

Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix.
10, très exactement.
Et chacune est à sa place.


Ces voix, je les ai rencontrées à l’occasion de 2 festivals : 

- Lo Becut, festival de contes dont j’ai déjà parlé dans le podcast, sur une invitation de David Bordes ;

- Lourdes aux couleurs du monde auquel la chanteuse et cheffe de chœur, Annoïe, m’a conviée.


10 personnes ont accepté de répondre aux 2 questions suivantes : 
1/ Quelle place a la voix dans votre vie ? 

2/ Pouvez-vous nous partager un souvenir au cours duquel vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? 

Et à partir de ces questions qui n’ont l’air de rien, chacun·e a levé le voile sur des éléments forts et souvent intimes :

- le lien avec son enfance, son passé, ses origines ;

- ses difficultés à aimer sa voix, à lui donner sa juste place ;

- la nécessité de conter, de chanter ou de dire les mots ; 

- la puissance de la voix des autres.


Je remercie Emeline, Ron, Ania, Fabienne, rencontrés lors du festival de contes aux Eaux-Bonnes. Je remercie aussi Florence, Manuella, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, rencontrées à Lourdes.
La spontanéité et la sincérité de leurs réponses, vous allez le découvrir, sont extrêmement touchantes.


Merci aussi à Thomas Baudoin qui a accepté que je diffuse un extrait de son conte en occitan : Arrepic.

Merci aux chanteuses du stage et du chœur L’Autre chahut, initiés par Annoïe, que l’on entend interpréter un chant en occitan pendant l'épisode.
Et enfin, un grand merci à David Bordes et à Annoïe qui ont rendu ces belles rencontres possibles. 


Pour prolonger l’expérience, je vous invite à écouter les épisodes suivants :
- l’épisode 1 avec David Bordes, Une voix en altitude ;

- l’épisode 2 avec Annoïe, Une voix dans le monde

- l’épisode 3 avec Fabienne, Une voix qui se déplace.


Bonne écoute !


Suivez l'actualité du podcast sur le compte Entre voix et mots : Instagram ou LinkedIn.


Vous souhaitez soutenir On n'a qu'une voix ?
Je vous invite à vous abonner à sur votre application d'écoute préférée.
Vous pouvez aussi le noter sur Apple podcast ou Spotify avec un maximum d'étoiles : ⭐⭐⭐⭐⭐ !
Merci par avance pour cette aide précieuse !


Vous avez envie de partager l’histoire de votre voix ?

📩 Contactez-moi à l’adresse suivante : christine.irabola.redac@gmail.com.


Crédits :

  • Réalisation, montage, mixage : Christine Irabola

  • Musiques et chants : Émilie Décla

  • Hébergement : Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • On n'a qu'une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix. Chaque mois, venez à la rencontre de mes invités qui lèvent le voile sur l'histoire singulière de leur voix. Au programme, des voix parlées, des voix chantées, des voix jouées et des voix parfois malmenées. L'intention ? Vous procurer des émotions, vous faire voyager, vous apporter des conseils et vous proposer un pas de côté pour vous inviter à aimer votre voix. Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix, dix très précisément. Ce sont les voix de personnes que j'ai rencontrées à l'occasion de deux festivals dont j'ai déjà parlé dans le podcast. Le premier s'est tenu fin août 2024, aux Aubonnes, dans les Pyrénées-Atlantiques, en Vallée d'Osso. Il s'agissait d'un festival de contes. Quant au second, il a eu lieu fin septembre 2024, à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. Et là, il s'agissait du festival Lourdes aux couleurs du monde. Dans les deux cas, j'ai tendu mon micro aux personnes qui ont bien voulu répondre aux deux questions suivantes. La première, quelle place a la voix dans votre vie ? Et la seconde, pouvez-vous raconter un moment où vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? Et vous allez l'entendre, à partir de ces deux questions simples en apparence, c'est tout un monde qui va s'ouvrir à nous. Bonne écoute ! Je m'appelle Emeline, je viens de Dordogne, et la voix a une place assez importante dans ma vie, puisque j'ai un métier dans lequel je l'utilise au quotidien. Je suis médiatrice culturelle, ça veut dire que je vais accueillir le public et essayer de transmettre des informations à travers ma voix. Donc ma voix est très importante, même si des fois elle a un outil un peu capricieux. Puisque dans le cadre de mon métier, je suis amenée à parler à beaucoup de monde et souvent sans micro. Donc j'ai une voix qui me semble assez fluette et qui n'est pas toujours évidente. est suffisante dans le cadre de mon métier. Donc c'est quelque chose que j'aimerais travailler. Par contre, je trouve qu'à travers la voix, et c'est ça qui me plaît, c'est qu'on transmet beaucoup de choses. Même si les gens ferment les yeux, à travers la voix de la personne en face, ils vont entendre beaucoup de choses. Non seulement les mots, mais aussi l'émotion qui ressort à travers la voix, l'enthousiasme, l'énergie et le goût pour les choses qui sont transmises. Et du coup, je trouve que cet outil est très intéressant. C'est quelque chose qui représente la personne et à travers laquelle on peut transmettre beaucoup de choses. Donc oui, je trouve que c'est un outil, mais pas seulement. C'est aussi une identité de la personne. Donc j'avoue que pour moi, la voix a une place importante au quotidien. Alors moi, j'ai envie de parler de la voix de mon papa. La voix de mon papa que j'entendais. que j'entendais au quotidien et que j'entendais tout particulièrement dans les moments où j'étais un peu fatiguée, où je me mettais sur sa poitrine et où j'entendais l'écho de sa voix à travers sa poitrine, la résonance qu'elle avait à travers son torse. Et c'est quelque chose de magique et quelque chose que je garde dans mon cœur et qui était très apaisant à l'époque. Je ne l'ai pas refait en tant qu'adulte, mais j'avoue que c'est quelque chose de magique et quelque chose de... qui est très chargée en émotions pour moi en tant que petite fille et en tant qu'adulte aujourd'hui. Je m'appelle Ron, je suis comédien et je viens de Sarla, en Périgord noir. La place de la voix est centrale pour moi. J'ai une très bonne mémoire orale, une terrible mémoire écrite et une mémoire visuelle qui s'attache beaucoup à l'oral. Pour apprendre mes textes de théâtre, je suis obligé de me les chanter ou de me les enregistrer, de me les réécouter, parce que c'est le son et le phrasé qui va donner du sens aux mots et qui va les imprimer dans mon cerveau. Je me suis rendu compte de ça très tôt, c'est-à-dire que si je n'écoutais pas en cours, je devais travailler trois fois plus à la maison pour apprendre mes leçons. Et j'ai imprimé... La voix, très vite, parce que j'ai grandi sans la télévision. Mes parents avaient une télévision pour regarder les films, mais je n'avais pas la télévision. Le mimétisme des gestes, c'est commun, le mimétisme de la voix aussi. Et moi, naturellement, j'ai tendance à absorber les accents, dont je suis très friand, et les chansons qui vont avec. J'ai dit que j'étais comédien au début, je suis aussi musicien et chanteur. Et voilà. Donc la place de la voix, elle est complètement centrale, y compris dans mes expériences audiovisuelles, très importantes aussi dans le cinéma, dans mon rapport au cinéma. Depuis longtemps maintenant, je regarde les films en version originale. Et maintenant, la version française n'est plus accessible pour moi. J'ai eu des expériences de doublage très modestes, mais je me souviens que j'étais très surpris de voir comment mes camarades de jeu surjouaient. Comme si, pour remplacer la voix originale, il fallait créer une voix plus forte qui allait se caler par-dessus. Si jamais on essaye de faire quelque chose d'intimiste et de léger, et de... de subtil qui va vraiment coller. Je pense que certains doubleurs y arrivent, mais c'est vraiment très rare. Et en fait, ça ne marche pas, ça fait creux. Le jeu du comédien absorbe la voix qu'on essaye de lui plaquer dessus. Je crois que les premières émotions de voix, c'est sentir la violence masculine, souvent par l'intermédiaire du père. Et ça, ça s'entend dans la voix. Mon père ne m'a jamais... Il ne m'a jamais frappé, même une petite claque, il ne l'a jamais fait. Mais parce que dans sa voix, je pouvais détecter et sentir le degré de colère qu'il avait. Et je savais le moment où je devais absolument arrêter parce que je sentais la violence qui pouvait monter à travers sa voix. Ça, je crois que c'est la première émotion que j'ai ressentie avec la voix vraiment de quelqu'un. Après, il y a beaucoup de voix qui m'ont marqué, comme celle de mon grand-père qui était... très caverneuse et très tonitruante et qui était un conteur avec des mauvaises histoires, mais il posait tellement sa voix avec un tel coffre qu'en fait, il pouvait capter une assistance d'ivrogne qui allait s'abandonner l'espace d'un instant le Ricard qu'ils avaient en main pour écouter son histoire qui, souvent, était très très mauvaise. Il n'y avait pas de fond, mais la forme était tellement gigantesque que tout le monde l'écoutait et prenait plaisir à l'écouter, même si ce n'était pas intéressant. Et enfin... La troisième chose qui m'est venue, c'est la voix de Serge Reggiani dans Le Temps qu'il reste, qui a été pour moi, alors là en plus le fond et la forme sont parfaitement accordés, qui ont été pour moi, là justement, c'est les mots qui me manquent. C'était bouleversant. Je trouve que dans sa voix, il y avait tout le rapport de l'humanité. à son existence et à sa disparition. Il y avait quelque chose de... Pour moi, la boucle était bouclée. C'est-à-dire qu'on sentait qu'il avait déjà un pied de l'autre côté, qu'il savait qu'il était... C'est presque comme s'il parlait de l'autre côté avec sa voix. Je ne sais pas si c'est vrai, il me semble qu'on m'avait dit qu'il avait un cancer de la bouche ou en tout cas qu'il n'avait presque plus de dents. Et donc Serge Rézigny était quelqu'un qui articulait très bien Le temps qu'il reste, on sent qu'il n'a presque plus de dents. Mais il y a une émotion, une intensité dans son envie de vivre qui m'a bouleversé et qui continue de me bouleverser. Je m'appelle Ania et j'ai vécu 25 ans en Pologne et plus de 20 ans en France. Donc je suis... polonaise toujours voilà et la place qu'est à ma voix dans ma vie elle suscite beaucoup de curiosité en fait dès que j'ouvre la bouche je pratiquement tout de suite je sais que la question qui va suivre c'est d'où je viens bon je me suis habitué je n'ai pas de problème avec ça Mais en fait je sais que ma voix va provoquer certaines réactions pratiquement de suite et même si je parle plutôt bien français, par exemple quand je travaillais avec les enfants de la maternelle, ils me posaient la question pourquoi je parle pas français alors qu'ils me comprenaient très bien. Donc après je suis plutôt dans l'acceptation de ça, ça me dérange pas du tout. Parfois je me pose la question Qu'est-ce que ça provoque dans la tête des gens de savoir que je suis polonaise ? Est-ce que du coup ils vont se dire ah c'est bien, c'est pas bien ou etc. Mais bon, en fait, je n'y porte pas beaucoup d'attention maintenant. Alors le moment qui m'est... Ce qui me touche le plus, je pense, en lien avec la voix, c'est des moments où j'entends mes enfants me dire Maman, je t'aime jusqu'au ciel, plus loin que la lune, que Mars, que Uranus et Pluton Ils peuvent continuer comme ça pendant des longues minutes. Je pense que oui, si je dois penser à un moment le plus émouvant, ce serait celui-là. Je m'appelle Fabienne et j'ai été levée à la campagne par ma grand-mère. Et pendant longtemps, je n'ai pas parlé. Et quand on me demandait pourquoi, je disais parce que je n'ai rien d'intéressant à dire. Et puis, je parlais beaucoup aux poules. Ma grand-mère avait des poules et c'était un public fascinant. J'adore les poules, je parle très bien le langage poule. Et pendant longtemps, j'ai parlé aux poules. Et elles me répondaient. Et je continue parce que j'ai encore des poules qui me répondent. Et j'ai toujours été facile dans ma voix avec les enfants et les personnes âgées. Parce que... On allait voir ses copines à ma grand-mère qui étaient âgées et j'adorais les inflexions de voix des gens âgés. J'adore la voix de gens âgés, cassées, rocailleuses, un peu roulantes comme ça, j'adore ça. Et les enfants, parce que les enfants, ils ne jugent pas la voix des gens. Ils ont des voix délicates qu'il faut poser, donc pour eux tout est normal. Après moi, mon rapport avec les autres, il a été difficile dans ma voix parce que je me surveillais. J'ai des types de voix suivant les gens à qui je parle. Et longtemps, je n'ai pas aimé ma voix quand je me suis écoutée. Et quand j'ai commencé à compter, j'ai essayé de compter avec cérémonie, en mettant des grands mots, en posant une voix de dame, un peu de tête, parce que moi j'avais toujours cru qu'il fallait chanter ou parler de tête. Et moi du coup, les chorales, ce n'était pas pour moi. J'avais une grosse voix, pour moi c'était de camionneur. Et là, je découvre avec le conte qu'on peut parler de poitrine et que c'est très bien. Et je me régale. Et j'en pleurerai tellement, je suis contente d'avoir la voix que j'ai maintenant. Ça m'a réconciliée avec cette voix. Un moment dont je me souviens très fort, c'est un moment justement avec un papy. Un papy qui ne parlait pas beaucoup et qui n'avait pas parlé depuis longtemps. Et un jour, en restant à côté de lui, parce qu'on allait à la maison de retraite avec ma grand-mère, je m'asseyais à côté de ce papy. Et un jour, ce papy, il a dit un mot. Il a ouvert la bouche. Et il a dit boire Et moi, j'ai entendu cette voix comme si c'était son premier mot qu'il n'avait jamais prononcé dans sa vie. Et ça m'a fait quelque chose d'incroyable. C'est-à-dire, ça a résonné. Personne ne l'avait entendu. Je regardais, j'avais l'impression que le monde entier avait entendu ce mot. Et il a dit le mot d'un coup, sans achoper sur le mot, alors qu'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Ça a été incroyable. Puis en plus, boire Boire quoi ? Je me disais, la terre entière, quoi. Et moi, petite, à côté, je n'ai pas osé bouger, je regardais du coin de l'œil, j'entendais ce mot. Ça a résonné pendant des années et des années. Je m'appelle Florence et je viens de Normandie. La place de la voix dans ma vie, c'est un peu un thermostat de mon état psychologique. J'ai commencé à chanter très tard, même si j'ai chanté toute ma vie, parce que ma mère chantait partout, elle me faisait honte tellement elle chantait partout, dans l'ascenseur, etc. et quand j'ai commencé à chanter il y a plein de choses qui se sont débloquées Je suis devenue timide, plus sûre de moi du tout. Puis j'ai perdu ma voix. Et il y a une orthophoniste qui m'a dit Ok, je veux bien te soigner ta voix, mais je veux que tu fasses… tu vois quelqu'un. C'est un truc pudique pour aller chez un psy. Je lui ai dit J'ai aucun problème, mais je veux bien y voir quelqu'un, si c'est vraiment la condition. Et là, en fait, ça m'a entraînée très très loin. Et en fait, ma voix, quand j'ai une émotion, c'est un peu le complexe d'abandon. Si on m'abandonne, je perds ma voix, je ne sais plus où la situer. Donc j'ai soigné plein de choses. Et là, dernièrement, j'ai ma fille qui est partie de la maison. Et donc, j'en avais déjà une qui était partie, donc je savais ce que c'était. Et en fait, non. Du moment où je me suis rendue compte que c'était quelque chose qui bloquait, je ne pouvais plus. dire certains mots, je pouvais pas dire que ma fille allait partir. Ma voix se fermait, je m'étouffais, vraiment c'était quelque chose d'assez fort. Donc j'ai dû resoigner ça et ma voix elle revient comme ça. Donc ma voix c'est vraiment... Et c'est là que j'ai toujours des énergies, soit très belles, soit très dures. C'est un peu un organe sensoriel au-delà de la voix, la gorge, l'émotion, etc. Et du coup, le fait de chanter, ça me soigne, ça me met en vibration. Et même quand je suis tendue, ça m'est arrivé d'aller au cours de chant et de ne pas pouvoir chanter certaines chansons. Et puis quand ça repart, ça y est, ça nettoie. Donc c'est un truc hyper important et là je suis dans un cœur de femme, c'est énorme comme ça me porte et je suis un peu dépendante de ça. Parce que ça me soigne et voilà, je trouve ça chouette. Une émotion c'est un Ave Maria. C'est les Ave Maria, enfin il y en a une qu'on a chantée à l'intervent de ma grand-mère, il y en a un autre qu'on a chanté à mon mariage et c'était des trucs... où il y avait tellement de vibrations, et quand c'est dans une église aussi, il y avait plein de gens qui étaient soit croyants, soit pas croyants à notre mariage, mais qui ont juste tous vibré parce que c'était une amie qui était cantatrice. Et ce truc-là, ça touche, alors que je n'ai pas du tout une vie pieuse là maintenant dans ma vie, mais ce truc-là, c'est un truc qui me retourne et qui est très très beau. Je suis Manuela, je suis du monde et plus spécialement du Maghreb. La voix pour moi c'est super important puisque justement j'étais étrangère dans un pays étranger, donc j'entendais plein de voix. Et donc j'aime beaucoup les langues, la voix, je suis très attentive aux sons, aux intonations. Et j'y lis beaucoup de choses et donc ça a toujours été quelque chose d'important, si bien que petite. Ensuite, ayant eu une vie difficile, j'ai fait de la chorale et c'est ça qui m'a beaucoup aidée et accompagnée dans ma vie. J'en ai fait de l'âge de 12 ans jusqu'à 26 ans, 27 ans, puis j'ai repris doucement à d'autres moments. Et voilà, je trouve que c'est une richesse la voix. Alors, un moment émotionnel avec la voix, ce qui me vient c'est quand je marche dans la rue et que j'entends une certaine voix que je reconnais que c'est... Du berbère. Je ne peux pas m'empêcher d'aller demander aux personnes s'ils sont berbères, cabiles, et puis de parler quelques mots avec les personnes. C'est lié à mon enfance où j'ai reçu beaucoup d'amour par des gens justement qui étaient étrangers. Et ça me met dans un état d'ouverture, de plénitude, de joie. Je me sens chez moi, à la maison. Voilà. Marjolaine, et je viens d'entre la Picardie et l'Aveyron, donc un mélange qui n'a plus d'accent, je crois. Et la place de la voix pour moi, il y a quelque chose de l'ordre de chercher sa place à soi, de chercher peut-être sa voix, effectivement. En tout cas, avec de l'apaisement quand on est à sa place, avec une voix qui est bien posée. Et ensuite, la voix c'est le chant, le chant c'est la vie, c'est le partage, c'est la joie, et puis vraiment cette nécessité de chanter dans la vie. Vraiment ça. Alors j'adore la voix d'un homme qui a une voix très grave. Ça me touche profondément, là je tombe amoureuse directement. Je m'appelle Taïel, je suis née à Barcelone et la voix pour moi c'était un chemin, un chemin de vie. Quand j'étais petite, la voix c'était quelque chose que pour moi. J'ai parlé beaucoup mais avec moi-même. J'avais peur d'être rejetée ou jugée ou critiquée ou... en fait j'avais peur. peur d'exprimer mes pensées, de dire ce que j'avais vraiment envie. Et du coup, la voix, j'ai parlé pas fort. C'était pas un instrument pour moi, c'était... non. Mais après, la vie m'a amenée dans plusieurs pays, en France, mais aussi en Angleterre, au Canada. Et après, je suis partie en voyage nomade par... plusieurs pays, dans l'Europe, l'Asie, partout. Et aujourd'hui, en fait, j'ai découvert que la voix, c'est notre super pouvoir, en fait. Parce que la voix, c'est comme un fil conducteur qui amène l'énergie aux autres. Et la plupart du temps, on a peur de laisser voir cette lumière qui nous sommes. Nous sommes lumière, nous sommes amour, mais on a peur. Et après, quand la vie m'a amenée à... Il faut que tu t'entraînes, il faut que tu parles aux autres, parce que c'est dans les autres que tu vas trouver ton propre bonheur. Aujourd'hui, je travaille avec cette voix. Pas nécessairement dans le chant ou dans un truc musical, mais je parle avec les gens. Et c'est très ironique, parce qu'aujourd'hui, j'aide les gens à trouver sa propre voix, à l'exprimer et à être eux-mêmes. Du coup, pour moi, la voix, c'est une question d'identité. Moi je suis Ananda et je viens des pieds du Périnée. Et la voix dans ma vie, je crois que ça a en ce moment la place de la joie. C'est depuis un an que j'ai découvert le chant en groupe. Ça m'amène de la joie, beaucoup de joie et c'est la première réponse qui m'est venue. Voilà, la place de la joie. Et je crois qu'il y a un lien affectif aussi parce que j'ai deux enfants et je leur chante des chansons le soir et j'aime beaucoup ça, elles aiment beaucoup ça aussi. Et voilà, il y a quelque chose d'un peu intime aussi dans la voix qui peut accompagner le sommeil, qui peut accompagner... Voilà, il y a quelque chose d'affectif à ça. Alors, il y a deux choses qui me viennent tout de suite en tête. Juste après le concert, j'ai un grand sourire et ça me porte. Ça me porte. C'est la voie de faire partie d'un groupe. Dans la voie, ça me remplit, ça me porte. Et ça me fait de la joie, je disais tout à l'heure, mais c'est vraiment ça. Et il y a autre chose aussi, une autre émotion forte qui m'est venue pendant un chant qu'on n'a pas fait aujourd'hui, mais qui s'appelle Gallo Rojo, qui est un chant révolutionnaire espagnol. Et cette chanson, je la trouve très forte et elle m'a fait pleurer. Quand je l'ai entendue la première fois, je me suis dit celle-là, je ne veux pas la prendre parce qu'elle est trop triste. Et bien sûr, je l'ai apprise. Et quand je la chante vraiment, en me mettant à fond, j'ai toujours une larme dans les yeux. Voilà, c'est tout ! Je m'appelle Maryse, j'habite un petit village dans les Hautes-Pyrénées. Donc la place qu'elle a à voir dans ma vie, elle est assez importante en fait. Parce que j'ai toujours, enfin, je chante depuis longtemps. J'ai chanté dans une chorale de gospel pendant quasiment 20 années. et le chant me manquait et du coup voilà j'ai repris après le confinement parce que ça a été une période assez difficile puisqu'il y avait plus aucune activité qui était permise en groupe et j'aime bien chanter en chœur j'aime pas trop chanter toute seule je suis assez timide voilà en fait j'ai tellement de fois en fait où j'ai été touché par des voix mais la première fois où j'ai vraiment été touché mais vraiment plexus c'était la voix de Nina Simone en fait comment on pouvait avoir une voix aussi puissante et qui était capable de tirer des larmes voilà moi c'est le souvenir le plus puissant après j'aime beaucoup les voix de chanteuses blues soul gospel. Voilà, les voix profondes qui ont une histoire en fait, parce que forcément il y a un vécu derrière ces voix. Il y a une émotion que je ne retrouve pas forcément ailleurs. Merci à Emeline, Ron, Ania et Fabienne, rencontrées au Festival de Contes des Aux Bonnes. Merci aussi à Thomas Baudouin de m'avoir autorisé à diffuser l'extrait du conse qu'il a partagé pendant ce festival. Merci également à Florence, Manuela, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, toutes chanteuses occasionnelles ou régulières. Et enfin, merci à David Borde et Hanoï qui ont rendu ces rencontres possibles. Pour prolonger l'expérience, je vous invite à découvrir les voix de David, Hanoï et Fabienne dans les épisodes 1, 3 et 4 du podcast. Merci à vous d'avoir écouté cet épisode d'On n'a qu'une voix jusqu'au bout. S'il vous a plu, abonnez-vous dès maintenant pour ne pas manquer la voix de mes prochains invités. Et pour soutenir mon podcast, je vous propose de le noter et de le commenter sur votre application d'écoute préférée. Enfin... Un merci tout particulier à Émilie Décla, qui a créé et interprété toutes les musiques d'On n'a qu'une voix. Retrouvez l'actualité du podcast sur le compte Instagram ou LinkedIn, entre voix et mots. À bientôt !

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Bienvenue sur On n’a qu’une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix !

Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix.
10, très exactement.
Et chacune est à sa place.


Ces voix, je les ai rencontrées à l’occasion de 2 festivals : 

- Lo Becut, festival de contes dont j’ai déjà parlé dans le podcast, sur une invitation de David Bordes ;

- Lourdes aux couleurs du monde auquel la chanteuse et cheffe de chœur, Annoïe, m’a conviée.


10 personnes ont accepté de répondre aux 2 questions suivantes : 
1/ Quelle place a la voix dans votre vie ? 

2/ Pouvez-vous nous partager un souvenir au cours duquel vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? 

Et à partir de ces questions qui n’ont l’air de rien, chacun·e a levé le voile sur des éléments forts et souvent intimes :

- le lien avec son enfance, son passé, ses origines ;

- ses difficultés à aimer sa voix, à lui donner sa juste place ;

- la nécessité de conter, de chanter ou de dire les mots ; 

- la puissance de la voix des autres.


Je remercie Emeline, Ron, Ania, Fabienne, rencontrés lors du festival de contes aux Eaux-Bonnes. Je remercie aussi Florence, Manuella, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, rencontrées à Lourdes.
La spontanéité et la sincérité de leurs réponses, vous allez le découvrir, sont extrêmement touchantes.


Merci aussi à Thomas Baudoin qui a accepté que je diffuse un extrait de son conte en occitan : Arrepic.

Merci aux chanteuses du stage et du chœur L’Autre chahut, initiés par Annoïe, que l’on entend interpréter un chant en occitan pendant l'épisode.
Et enfin, un grand merci à David Bordes et à Annoïe qui ont rendu ces belles rencontres possibles. 


Pour prolonger l’expérience, je vous invite à écouter les épisodes suivants :
- l’épisode 1 avec David Bordes, Une voix en altitude ;

- l’épisode 2 avec Annoïe, Une voix dans le monde

- l’épisode 3 avec Fabienne, Une voix qui se déplace.


Bonne écoute !


Suivez l'actualité du podcast sur le compte Entre voix et mots : Instagram ou LinkedIn.


Vous souhaitez soutenir On n'a qu'une voix ?
Je vous invite à vous abonner à sur votre application d'écoute préférée.
Vous pouvez aussi le noter sur Apple podcast ou Spotify avec un maximum d'étoiles : ⭐⭐⭐⭐⭐ !
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  • Réalisation, montage, mixage : Christine Irabola

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  • Hébergement : Ausha


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  • On n'a qu'une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix. Chaque mois, venez à la rencontre de mes invités qui lèvent le voile sur l'histoire singulière de leur voix. Au programme, des voix parlées, des voix chantées, des voix jouées et des voix parfois malmenées. L'intention ? Vous procurer des émotions, vous faire voyager, vous apporter des conseils et vous proposer un pas de côté pour vous inviter à aimer votre voix. Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix, dix très précisément. Ce sont les voix de personnes que j'ai rencontrées à l'occasion de deux festivals dont j'ai déjà parlé dans le podcast. Le premier s'est tenu fin août 2024, aux Aubonnes, dans les Pyrénées-Atlantiques, en Vallée d'Osso. Il s'agissait d'un festival de contes. Quant au second, il a eu lieu fin septembre 2024, à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. Et là, il s'agissait du festival Lourdes aux couleurs du monde. Dans les deux cas, j'ai tendu mon micro aux personnes qui ont bien voulu répondre aux deux questions suivantes. La première, quelle place a la voix dans votre vie ? Et la seconde, pouvez-vous raconter un moment où vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? Et vous allez l'entendre, à partir de ces deux questions simples en apparence, c'est tout un monde qui va s'ouvrir à nous. Bonne écoute ! Je m'appelle Emeline, je viens de Dordogne, et la voix a une place assez importante dans ma vie, puisque j'ai un métier dans lequel je l'utilise au quotidien. Je suis médiatrice culturelle, ça veut dire que je vais accueillir le public et essayer de transmettre des informations à travers ma voix. Donc ma voix est très importante, même si des fois elle a un outil un peu capricieux. Puisque dans le cadre de mon métier, je suis amenée à parler à beaucoup de monde et souvent sans micro. Donc j'ai une voix qui me semble assez fluette et qui n'est pas toujours évidente. est suffisante dans le cadre de mon métier. Donc c'est quelque chose que j'aimerais travailler. Par contre, je trouve qu'à travers la voix, et c'est ça qui me plaît, c'est qu'on transmet beaucoup de choses. Même si les gens ferment les yeux, à travers la voix de la personne en face, ils vont entendre beaucoup de choses. Non seulement les mots, mais aussi l'émotion qui ressort à travers la voix, l'enthousiasme, l'énergie et le goût pour les choses qui sont transmises. Et du coup, je trouve que cet outil est très intéressant. C'est quelque chose qui représente la personne et à travers laquelle on peut transmettre beaucoup de choses. Donc oui, je trouve que c'est un outil, mais pas seulement. C'est aussi une identité de la personne. Donc j'avoue que pour moi, la voix a une place importante au quotidien. Alors moi, j'ai envie de parler de la voix de mon papa. La voix de mon papa que j'entendais. que j'entendais au quotidien et que j'entendais tout particulièrement dans les moments où j'étais un peu fatiguée, où je me mettais sur sa poitrine et où j'entendais l'écho de sa voix à travers sa poitrine, la résonance qu'elle avait à travers son torse. Et c'est quelque chose de magique et quelque chose que je garde dans mon cœur et qui était très apaisant à l'époque. Je ne l'ai pas refait en tant qu'adulte, mais j'avoue que c'est quelque chose de magique et quelque chose de... qui est très chargée en émotions pour moi en tant que petite fille et en tant qu'adulte aujourd'hui. Je m'appelle Ron, je suis comédien et je viens de Sarla, en Périgord noir. La place de la voix est centrale pour moi. J'ai une très bonne mémoire orale, une terrible mémoire écrite et une mémoire visuelle qui s'attache beaucoup à l'oral. Pour apprendre mes textes de théâtre, je suis obligé de me les chanter ou de me les enregistrer, de me les réécouter, parce que c'est le son et le phrasé qui va donner du sens aux mots et qui va les imprimer dans mon cerveau. Je me suis rendu compte de ça très tôt, c'est-à-dire que si je n'écoutais pas en cours, je devais travailler trois fois plus à la maison pour apprendre mes leçons. Et j'ai imprimé... La voix, très vite, parce que j'ai grandi sans la télévision. Mes parents avaient une télévision pour regarder les films, mais je n'avais pas la télévision. Le mimétisme des gestes, c'est commun, le mimétisme de la voix aussi. Et moi, naturellement, j'ai tendance à absorber les accents, dont je suis très friand, et les chansons qui vont avec. J'ai dit que j'étais comédien au début, je suis aussi musicien et chanteur. Et voilà. Donc la place de la voix, elle est complètement centrale, y compris dans mes expériences audiovisuelles, très importantes aussi dans le cinéma, dans mon rapport au cinéma. Depuis longtemps maintenant, je regarde les films en version originale. Et maintenant, la version française n'est plus accessible pour moi. J'ai eu des expériences de doublage très modestes, mais je me souviens que j'étais très surpris de voir comment mes camarades de jeu surjouaient. Comme si, pour remplacer la voix originale, il fallait créer une voix plus forte qui allait se caler par-dessus. Si jamais on essaye de faire quelque chose d'intimiste et de léger, et de... de subtil qui va vraiment coller. Je pense que certains doubleurs y arrivent, mais c'est vraiment très rare. Et en fait, ça ne marche pas, ça fait creux. Le jeu du comédien absorbe la voix qu'on essaye de lui plaquer dessus. Je crois que les premières émotions de voix, c'est sentir la violence masculine, souvent par l'intermédiaire du père. Et ça, ça s'entend dans la voix. Mon père ne m'a jamais... Il ne m'a jamais frappé, même une petite claque, il ne l'a jamais fait. Mais parce que dans sa voix, je pouvais détecter et sentir le degré de colère qu'il avait. Et je savais le moment où je devais absolument arrêter parce que je sentais la violence qui pouvait monter à travers sa voix. Ça, je crois que c'est la première émotion que j'ai ressentie avec la voix vraiment de quelqu'un. Après, il y a beaucoup de voix qui m'ont marqué, comme celle de mon grand-père qui était... très caverneuse et très tonitruante et qui était un conteur avec des mauvaises histoires, mais il posait tellement sa voix avec un tel coffre qu'en fait, il pouvait capter une assistance d'ivrogne qui allait s'abandonner l'espace d'un instant le Ricard qu'ils avaient en main pour écouter son histoire qui, souvent, était très très mauvaise. Il n'y avait pas de fond, mais la forme était tellement gigantesque que tout le monde l'écoutait et prenait plaisir à l'écouter, même si ce n'était pas intéressant. Et enfin... La troisième chose qui m'est venue, c'est la voix de Serge Reggiani dans Le Temps qu'il reste, qui a été pour moi, alors là en plus le fond et la forme sont parfaitement accordés, qui ont été pour moi, là justement, c'est les mots qui me manquent. C'était bouleversant. Je trouve que dans sa voix, il y avait tout le rapport de l'humanité. à son existence et à sa disparition. Il y avait quelque chose de... Pour moi, la boucle était bouclée. C'est-à-dire qu'on sentait qu'il avait déjà un pied de l'autre côté, qu'il savait qu'il était... C'est presque comme s'il parlait de l'autre côté avec sa voix. Je ne sais pas si c'est vrai, il me semble qu'on m'avait dit qu'il avait un cancer de la bouche ou en tout cas qu'il n'avait presque plus de dents. Et donc Serge Rézigny était quelqu'un qui articulait très bien Le temps qu'il reste, on sent qu'il n'a presque plus de dents. Mais il y a une émotion, une intensité dans son envie de vivre qui m'a bouleversé et qui continue de me bouleverser. Je m'appelle Ania et j'ai vécu 25 ans en Pologne et plus de 20 ans en France. Donc je suis... polonaise toujours voilà et la place qu'est à ma voix dans ma vie elle suscite beaucoup de curiosité en fait dès que j'ouvre la bouche je pratiquement tout de suite je sais que la question qui va suivre c'est d'où je viens bon je me suis habitué je n'ai pas de problème avec ça Mais en fait je sais que ma voix va provoquer certaines réactions pratiquement de suite et même si je parle plutôt bien français, par exemple quand je travaillais avec les enfants de la maternelle, ils me posaient la question pourquoi je parle pas français alors qu'ils me comprenaient très bien. Donc après je suis plutôt dans l'acceptation de ça, ça me dérange pas du tout. Parfois je me pose la question Qu'est-ce que ça provoque dans la tête des gens de savoir que je suis polonaise ? Est-ce que du coup ils vont se dire ah c'est bien, c'est pas bien ou etc. Mais bon, en fait, je n'y porte pas beaucoup d'attention maintenant. Alors le moment qui m'est... Ce qui me touche le plus, je pense, en lien avec la voix, c'est des moments où j'entends mes enfants me dire Maman, je t'aime jusqu'au ciel, plus loin que la lune, que Mars, que Uranus et Pluton Ils peuvent continuer comme ça pendant des longues minutes. Je pense que oui, si je dois penser à un moment le plus émouvant, ce serait celui-là. Je m'appelle Fabienne et j'ai été levée à la campagne par ma grand-mère. Et pendant longtemps, je n'ai pas parlé. Et quand on me demandait pourquoi, je disais parce que je n'ai rien d'intéressant à dire. Et puis, je parlais beaucoup aux poules. Ma grand-mère avait des poules et c'était un public fascinant. J'adore les poules, je parle très bien le langage poule. Et pendant longtemps, j'ai parlé aux poules. Et elles me répondaient. Et je continue parce que j'ai encore des poules qui me répondent. Et j'ai toujours été facile dans ma voix avec les enfants et les personnes âgées. Parce que... On allait voir ses copines à ma grand-mère qui étaient âgées et j'adorais les inflexions de voix des gens âgés. J'adore la voix de gens âgés, cassées, rocailleuses, un peu roulantes comme ça, j'adore ça. Et les enfants, parce que les enfants, ils ne jugent pas la voix des gens. Ils ont des voix délicates qu'il faut poser, donc pour eux tout est normal. Après moi, mon rapport avec les autres, il a été difficile dans ma voix parce que je me surveillais. J'ai des types de voix suivant les gens à qui je parle. Et longtemps, je n'ai pas aimé ma voix quand je me suis écoutée. Et quand j'ai commencé à compter, j'ai essayé de compter avec cérémonie, en mettant des grands mots, en posant une voix de dame, un peu de tête, parce que moi j'avais toujours cru qu'il fallait chanter ou parler de tête. Et moi du coup, les chorales, ce n'était pas pour moi. J'avais une grosse voix, pour moi c'était de camionneur. Et là, je découvre avec le conte qu'on peut parler de poitrine et que c'est très bien. Et je me régale. Et j'en pleurerai tellement, je suis contente d'avoir la voix que j'ai maintenant. Ça m'a réconciliée avec cette voix. Un moment dont je me souviens très fort, c'est un moment justement avec un papy. Un papy qui ne parlait pas beaucoup et qui n'avait pas parlé depuis longtemps. Et un jour, en restant à côté de lui, parce qu'on allait à la maison de retraite avec ma grand-mère, je m'asseyais à côté de ce papy. Et un jour, ce papy, il a dit un mot. Il a ouvert la bouche. Et il a dit boire Et moi, j'ai entendu cette voix comme si c'était son premier mot qu'il n'avait jamais prononcé dans sa vie. Et ça m'a fait quelque chose d'incroyable. C'est-à-dire, ça a résonné. Personne ne l'avait entendu. Je regardais, j'avais l'impression que le monde entier avait entendu ce mot. Et il a dit le mot d'un coup, sans achoper sur le mot, alors qu'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Ça a été incroyable. Puis en plus, boire Boire quoi ? Je me disais, la terre entière, quoi. Et moi, petite, à côté, je n'ai pas osé bouger, je regardais du coin de l'œil, j'entendais ce mot. Ça a résonné pendant des années et des années. Je m'appelle Florence et je viens de Normandie. La place de la voix dans ma vie, c'est un peu un thermostat de mon état psychologique. J'ai commencé à chanter très tard, même si j'ai chanté toute ma vie, parce que ma mère chantait partout, elle me faisait honte tellement elle chantait partout, dans l'ascenseur, etc. et quand j'ai commencé à chanter il y a plein de choses qui se sont débloquées Je suis devenue timide, plus sûre de moi du tout. Puis j'ai perdu ma voix. Et il y a une orthophoniste qui m'a dit Ok, je veux bien te soigner ta voix, mais je veux que tu fasses… tu vois quelqu'un. C'est un truc pudique pour aller chez un psy. Je lui ai dit J'ai aucun problème, mais je veux bien y voir quelqu'un, si c'est vraiment la condition. Et là, en fait, ça m'a entraînée très très loin. Et en fait, ma voix, quand j'ai une émotion, c'est un peu le complexe d'abandon. Si on m'abandonne, je perds ma voix, je ne sais plus où la situer. Donc j'ai soigné plein de choses. Et là, dernièrement, j'ai ma fille qui est partie de la maison. Et donc, j'en avais déjà une qui était partie, donc je savais ce que c'était. Et en fait, non. Du moment où je me suis rendue compte que c'était quelque chose qui bloquait, je ne pouvais plus. dire certains mots, je pouvais pas dire que ma fille allait partir. Ma voix se fermait, je m'étouffais, vraiment c'était quelque chose d'assez fort. Donc j'ai dû resoigner ça et ma voix elle revient comme ça. Donc ma voix c'est vraiment... Et c'est là que j'ai toujours des énergies, soit très belles, soit très dures. C'est un peu un organe sensoriel au-delà de la voix, la gorge, l'émotion, etc. Et du coup, le fait de chanter, ça me soigne, ça me met en vibration. Et même quand je suis tendue, ça m'est arrivé d'aller au cours de chant et de ne pas pouvoir chanter certaines chansons. Et puis quand ça repart, ça y est, ça nettoie. Donc c'est un truc hyper important et là je suis dans un cœur de femme, c'est énorme comme ça me porte et je suis un peu dépendante de ça. Parce que ça me soigne et voilà, je trouve ça chouette. Une émotion c'est un Ave Maria. C'est les Ave Maria, enfin il y en a une qu'on a chantée à l'intervent de ma grand-mère, il y en a un autre qu'on a chanté à mon mariage et c'était des trucs... où il y avait tellement de vibrations, et quand c'est dans une église aussi, il y avait plein de gens qui étaient soit croyants, soit pas croyants à notre mariage, mais qui ont juste tous vibré parce que c'était une amie qui était cantatrice. Et ce truc-là, ça touche, alors que je n'ai pas du tout une vie pieuse là maintenant dans ma vie, mais ce truc-là, c'est un truc qui me retourne et qui est très très beau. Je suis Manuela, je suis du monde et plus spécialement du Maghreb. La voix pour moi c'est super important puisque justement j'étais étrangère dans un pays étranger, donc j'entendais plein de voix. Et donc j'aime beaucoup les langues, la voix, je suis très attentive aux sons, aux intonations. Et j'y lis beaucoup de choses et donc ça a toujours été quelque chose d'important, si bien que petite. Ensuite, ayant eu une vie difficile, j'ai fait de la chorale et c'est ça qui m'a beaucoup aidée et accompagnée dans ma vie. J'en ai fait de l'âge de 12 ans jusqu'à 26 ans, 27 ans, puis j'ai repris doucement à d'autres moments. Et voilà, je trouve que c'est une richesse la voix. Alors, un moment émotionnel avec la voix, ce qui me vient c'est quand je marche dans la rue et que j'entends une certaine voix que je reconnais que c'est... Du berbère. Je ne peux pas m'empêcher d'aller demander aux personnes s'ils sont berbères, cabiles, et puis de parler quelques mots avec les personnes. C'est lié à mon enfance où j'ai reçu beaucoup d'amour par des gens justement qui étaient étrangers. Et ça me met dans un état d'ouverture, de plénitude, de joie. Je me sens chez moi, à la maison. Voilà. Marjolaine, et je viens d'entre la Picardie et l'Aveyron, donc un mélange qui n'a plus d'accent, je crois. Et la place de la voix pour moi, il y a quelque chose de l'ordre de chercher sa place à soi, de chercher peut-être sa voix, effectivement. En tout cas, avec de l'apaisement quand on est à sa place, avec une voix qui est bien posée. Et ensuite, la voix c'est le chant, le chant c'est la vie, c'est le partage, c'est la joie, et puis vraiment cette nécessité de chanter dans la vie. Vraiment ça. Alors j'adore la voix d'un homme qui a une voix très grave. Ça me touche profondément, là je tombe amoureuse directement. Je m'appelle Taïel, je suis née à Barcelone et la voix pour moi c'était un chemin, un chemin de vie. Quand j'étais petite, la voix c'était quelque chose que pour moi. J'ai parlé beaucoup mais avec moi-même. J'avais peur d'être rejetée ou jugée ou critiquée ou... en fait j'avais peur. peur d'exprimer mes pensées, de dire ce que j'avais vraiment envie. Et du coup, la voix, j'ai parlé pas fort. C'était pas un instrument pour moi, c'était... non. Mais après, la vie m'a amenée dans plusieurs pays, en France, mais aussi en Angleterre, au Canada. Et après, je suis partie en voyage nomade par... plusieurs pays, dans l'Europe, l'Asie, partout. Et aujourd'hui, en fait, j'ai découvert que la voix, c'est notre super pouvoir, en fait. Parce que la voix, c'est comme un fil conducteur qui amène l'énergie aux autres. Et la plupart du temps, on a peur de laisser voir cette lumière qui nous sommes. Nous sommes lumière, nous sommes amour, mais on a peur. Et après, quand la vie m'a amenée à... Il faut que tu t'entraînes, il faut que tu parles aux autres, parce que c'est dans les autres que tu vas trouver ton propre bonheur. Aujourd'hui, je travaille avec cette voix. Pas nécessairement dans le chant ou dans un truc musical, mais je parle avec les gens. Et c'est très ironique, parce qu'aujourd'hui, j'aide les gens à trouver sa propre voix, à l'exprimer et à être eux-mêmes. Du coup, pour moi, la voix, c'est une question d'identité. Moi je suis Ananda et je viens des pieds du Périnée. Et la voix dans ma vie, je crois que ça a en ce moment la place de la joie. C'est depuis un an que j'ai découvert le chant en groupe. Ça m'amène de la joie, beaucoup de joie et c'est la première réponse qui m'est venue. Voilà, la place de la joie. Et je crois qu'il y a un lien affectif aussi parce que j'ai deux enfants et je leur chante des chansons le soir et j'aime beaucoup ça, elles aiment beaucoup ça aussi. Et voilà, il y a quelque chose d'un peu intime aussi dans la voix qui peut accompagner le sommeil, qui peut accompagner... Voilà, il y a quelque chose d'affectif à ça. Alors, il y a deux choses qui me viennent tout de suite en tête. Juste après le concert, j'ai un grand sourire et ça me porte. Ça me porte. C'est la voie de faire partie d'un groupe. Dans la voie, ça me remplit, ça me porte. Et ça me fait de la joie, je disais tout à l'heure, mais c'est vraiment ça. Et il y a autre chose aussi, une autre émotion forte qui m'est venue pendant un chant qu'on n'a pas fait aujourd'hui, mais qui s'appelle Gallo Rojo, qui est un chant révolutionnaire espagnol. Et cette chanson, je la trouve très forte et elle m'a fait pleurer. Quand je l'ai entendue la première fois, je me suis dit celle-là, je ne veux pas la prendre parce qu'elle est trop triste. Et bien sûr, je l'ai apprise. Et quand je la chante vraiment, en me mettant à fond, j'ai toujours une larme dans les yeux. Voilà, c'est tout ! Je m'appelle Maryse, j'habite un petit village dans les Hautes-Pyrénées. Donc la place qu'elle a à voir dans ma vie, elle est assez importante en fait. Parce que j'ai toujours, enfin, je chante depuis longtemps. J'ai chanté dans une chorale de gospel pendant quasiment 20 années. et le chant me manquait et du coup voilà j'ai repris après le confinement parce que ça a été une période assez difficile puisqu'il y avait plus aucune activité qui était permise en groupe et j'aime bien chanter en chœur j'aime pas trop chanter toute seule je suis assez timide voilà en fait j'ai tellement de fois en fait où j'ai été touché par des voix mais la première fois où j'ai vraiment été touché mais vraiment plexus c'était la voix de Nina Simone en fait comment on pouvait avoir une voix aussi puissante et qui était capable de tirer des larmes voilà moi c'est le souvenir le plus puissant après j'aime beaucoup les voix de chanteuses blues soul gospel. Voilà, les voix profondes qui ont une histoire en fait, parce que forcément il y a un vécu derrière ces voix. Il y a une émotion que je ne retrouve pas forcément ailleurs. Merci à Emeline, Ron, Ania et Fabienne, rencontrées au Festival de Contes des Aux Bonnes. Merci aussi à Thomas Baudouin de m'avoir autorisé à diffuser l'extrait du conse qu'il a partagé pendant ce festival. Merci également à Florence, Manuela, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, toutes chanteuses occasionnelles ou régulières. Et enfin, merci à David Borde et Hanoï qui ont rendu ces rencontres possibles. Pour prolonger l'expérience, je vous invite à découvrir les voix de David, Hanoï et Fabienne dans les épisodes 1, 3 et 4 du podcast. Merci à vous d'avoir écouté cet épisode d'On n'a qu'une voix jusqu'au bout. S'il vous a plu, abonnez-vous dès maintenant pour ne pas manquer la voix de mes prochains invités. Et pour soutenir mon podcast, je vous propose de le noter et de le commenter sur votre application d'écoute préférée. Enfin... Un merci tout particulier à Émilie Décla, qui a créé et interprété toutes les musiques d'On n'a qu'une voix. Retrouvez l'actualité du podcast sur le compte Instagram ou LinkedIn, entre voix et mots. À bientôt !

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Description

Bienvenue sur On n’a qu’une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix !

Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix.
10, très exactement.
Et chacune est à sa place.


Ces voix, je les ai rencontrées à l’occasion de 2 festivals : 

- Lo Becut, festival de contes dont j’ai déjà parlé dans le podcast, sur une invitation de David Bordes ;

- Lourdes aux couleurs du monde auquel la chanteuse et cheffe de chœur, Annoïe, m’a conviée.


10 personnes ont accepté de répondre aux 2 questions suivantes : 
1/ Quelle place a la voix dans votre vie ? 

2/ Pouvez-vous nous partager un souvenir au cours duquel vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? 

Et à partir de ces questions qui n’ont l’air de rien, chacun·e a levé le voile sur des éléments forts et souvent intimes :

- le lien avec son enfance, son passé, ses origines ;

- ses difficultés à aimer sa voix, à lui donner sa juste place ;

- la nécessité de conter, de chanter ou de dire les mots ; 

- la puissance de la voix des autres.


Je remercie Emeline, Ron, Ania, Fabienne, rencontrés lors du festival de contes aux Eaux-Bonnes. Je remercie aussi Florence, Manuella, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, rencontrées à Lourdes.
La spontanéité et la sincérité de leurs réponses, vous allez le découvrir, sont extrêmement touchantes.


Merci aussi à Thomas Baudoin qui a accepté que je diffuse un extrait de son conte en occitan : Arrepic.

Merci aux chanteuses du stage et du chœur L’Autre chahut, initiés par Annoïe, que l’on entend interpréter un chant en occitan pendant l'épisode.
Et enfin, un grand merci à David Bordes et à Annoïe qui ont rendu ces belles rencontres possibles. 


Pour prolonger l’expérience, je vous invite à écouter les épisodes suivants :
- l’épisode 1 avec David Bordes, Une voix en altitude ;

- l’épisode 2 avec Annoïe, Une voix dans le monde

- l’épisode 3 avec Fabienne, Une voix qui se déplace.


Bonne écoute !


Suivez l'actualité du podcast sur le compte Entre voix et mots : Instagram ou LinkedIn.


Vous souhaitez soutenir On n'a qu'une voix ?
Je vous invite à vous abonner à sur votre application d'écoute préférée.
Vous pouvez aussi le noter sur Apple podcast ou Spotify avec un maximum d'étoiles : ⭐⭐⭐⭐⭐ !
Merci par avance pour cette aide précieuse !


Vous avez envie de partager l’histoire de votre voix ?

📩 Contactez-moi à l’adresse suivante : christine.irabola.redac@gmail.com.


Crédits :

  • Réalisation, montage, mixage : Christine Irabola

  • Musiques et chants : Émilie Décla

  • Hébergement : Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • On n'a qu'une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix. Chaque mois, venez à la rencontre de mes invités qui lèvent le voile sur l'histoire singulière de leur voix. Au programme, des voix parlées, des voix chantées, des voix jouées et des voix parfois malmenées. L'intention ? Vous procurer des émotions, vous faire voyager, vous apporter des conseils et vous proposer un pas de côté pour vous inviter à aimer votre voix. Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix, dix très précisément. Ce sont les voix de personnes que j'ai rencontrées à l'occasion de deux festivals dont j'ai déjà parlé dans le podcast. Le premier s'est tenu fin août 2024, aux Aubonnes, dans les Pyrénées-Atlantiques, en Vallée d'Osso. Il s'agissait d'un festival de contes. Quant au second, il a eu lieu fin septembre 2024, à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. Et là, il s'agissait du festival Lourdes aux couleurs du monde. Dans les deux cas, j'ai tendu mon micro aux personnes qui ont bien voulu répondre aux deux questions suivantes. La première, quelle place a la voix dans votre vie ? Et la seconde, pouvez-vous raconter un moment où vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? Et vous allez l'entendre, à partir de ces deux questions simples en apparence, c'est tout un monde qui va s'ouvrir à nous. Bonne écoute ! Je m'appelle Emeline, je viens de Dordogne, et la voix a une place assez importante dans ma vie, puisque j'ai un métier dans lequel je l'utilise au quotidien. Je suis médiatrice culturelle, ça veut dire que je vais accueillir le public et essayer de transmettre des informations à travers ma voix. Donc ma voix est très importante, même si des fois elle a un outil un peu capricieux. Puisque dans le cadre de mon métier, je suis amenée à parler à beaucoup de monde et souvent sans micro. Donc j'ai une voix qui me semble assez fluette et qui n'est pas toujours évidente. est suffisante dans le cadre de mon métier. Donc c'est quelque chose que j'aimerais travailler. Par contre, je trouve qu'à travers la voix, et c'est ça qui me plaît, c'est qu'on transmet beaucoup de choses. Même si les gens ferment les yeux, à travers la voix de la personne en face, ils vont entendre beaucoup de choses. Non seulement les mots, mais aussi l'émotion qui ressort à travers la voix, l'enthousiasme, l'énergie et le goût pour les choses qui sont transmises. Et du coup, je trouve que cet outil est très intéressant. C'est quelque chose qui représente la personne et à travers laquelle on peut transmettre beaucoup de choses. Donc oui, je trouve que c'est un outil, mais pas seulement. C'est aussi une identité de la personne. Donc j'avoue que pour moi, la voix a une place importante au quotidien. Alors moi, j'ai envie de parler de la voix de mon papa. La voix de mon papa que j'entendais. que j'entendais au quotidien et que j'entendais tout particulièrement dans les moments où j'étais un peu fatiguée, où je me mettais sur sa poitrine et où j'entendais l'écho de sa voix à travers sa poitrine, la résonance qu'elle avait à travers son torse. Et c'est quelque chose de magique et quelque chose que je garde dans mon cœur et qui était très apaisant à l'époque. Je ne l'ai pas refait en tant qu'adulte, mais j'avoue que c'est quelque chose de magique et quelque chose de... qui est très chargée en émotions pour moi en tant que petite fille et en tant qu'adulte aujourd'hui. Je m'appelle Ron, je suis comédien et je viens de Sarla, en Périgord noir. La place de la voix est centrale pour moi. J'ai une très bonne mémoire orale, une terrible mémoire écrite et une mémoire visuelle qui s'attache beaucoup à l'oral. Pour apprendre mes textes de théâtre, je suis obligé de me les chanter ou de me les enregistrer, de me les réécouter, parce que c'est le son et le phrasé qui va donner du sens aux mots et qui va les imprimer dans mon cerveau. Je me suis rendu compte de ça très tôt, c'est-à-dire que si je n'écoutais pas en cours, je devais travailler trois fois plus à la maison pour apprendre mes leçons. Et j'ai imprimé... La voix, très vite, parce que j'ai grandi sans la télévision. Mes parents avaient une télévision pour regarder les films, mais je n'avais pas la télévision. Le mimétisme des gestes, c'est commun, le mimétisme de la voix aussi. Et moi, naturellement, j'ai tendance à absorber les accents, dont je suis très friand, et les chansons qui vont avec. J'ai dit que j'étais comédien au début, je suis aussi musicien et chanteur. Et voilà. Donc la place de la voix, elle est complètement centrale, y compris dans mes expériences audiovisuelles, très importantes aussi dans le cinéma, dans mon rapport au cinéma. Depuis longtemps maintenant, je regarde les films en version originale. Et maintenant, la version française n'est plus accessible pour moi. J'ai eu des expériences de doublage très modestes, mais je me souviens que j'étais très surpris de voir comment mes camarades de jeu surjouaient. Comme si, pour remplacer la voix originale, il fallait créer une voix plus forte qui allait se caler par-dessus. Si jamais on essaye de faire quelque chose d'intimiste et de léger, et de... de subtil qui va vraiment coller. Je pense que certains doubleurs y arrivent, mais c'est vraiment très rare. Et en fait, ça ne marche pas, ça fait creux. Le jeu du comédien absorbe la voix qu'on essaye de lui plaquer dessus. Je crois que les premières émotions de voix, c'est sentir la violence masculine, souvent par l'intermédiaire du père. Et ça, ça s'entend dans la voix. Mon père ne m'a jamais... Il ne m'a jamais frappé, même une petite claque, il ne l'a jamais fait. Mais parce que dans sa voix, je pouvais détecter et sentir le degré de colère qu'il avait. Et je savais le moment où je devais absolument arrêter parce que je sentais la violence qui pouvait monter à travers sa voix. Ça, je crois que c'est la première émotion que j'ai ressentie avec la voix vraiment de quelqu'un. Après, il y a beaucoup de voix qui m'ont marqué, comme celle de mon grand-père qui était... très caverneuse et très tonitruante et qui était un conteur avec des mauvaises histoires, mais il posait tellement sa voix avec un tel coffre qu'en fait, il pouvait capter une assistance d'ivrogne qui allait s'abandonner l'espace d'un instant le Ricard qu'ils avaient en main pour écouter son histoire qui, souvent, était très très mauvaise. Il n'y avait pas de fond, mais la forme était tellement gigantesque que tout le monde l'écoutait et prenait plaisir à l'écouter, même si ce n'était pas intéressant. Et enfin... La troisième chose qui m'est venue, c'est la voix de Serge Reggiani dans Le Temps qu'il reste, qui a été pour moi, alors là en plus le fond et la forme sont parfaitement accordés, qui ont été pour moi, là justement, c'est les mots qui me manquent. C'était bouleversant. Je trouve que dans sa voix, il y avait tout le rapport de l'humanité. à son existence et à sa disparition. Il y avait quelque chose de... Pour moi, la boucle était bouclée. C'est-à-dire qu'on sentait qu'il avait déjà un pied de l'autre côté, qu'il savait qu'il était... C'est presque comme s'il parlait de l'autre côté avec sa voix. Je ne sais pas si c'est vrai, il me semble qu'on m'avait dit qu'il avait un cancer de la bouche ou en tout cas qu'il n'avait presque plus de dents. Et donc Serge Rézigny était quelqu'un qui articulait très bien Le temps qu'il reste, on sent qu'il n'a presque plus de dents. Mais il y a une émotion, une intensité dans son envie de vivre qui m'a bouleversé et qui continue de me bouleverser. Je m'appelle Ania et j'ai vécu 25 ans en Pologne et plus de 20 ans en France. Donc je suis... polonaise toujours voilà et la place qu'est à ma voix dans ma vie elle suscite beaucoup de curiosité en fait dès que j'ouvre la bouche je pratiquement tout de suite je sais que la question qui va suivre c'est d'où je viens bon je me suis habitué je n'ai pas de problème avec ça Mais en fait je sais que ma voix va provoquer certaines réactions pratiquement de suite et même si je parle plutôt bien français, par exemple quand je travaillais avec les enfants de la maternelle, ils me posaient la question pourquoi je parle pas français alors qu'ils me comprenaient très bien. Donc après je suis plutôt dans l'acceptation de ça, ça me dérange pas du tout. Parfois je me pose la question Qu'est-ce que ça provoque dans la tête des gens de savoir que je suis polonaise ? Est-ce que du coup ils vont se dire ah c'est bien, c'est pas bien ou etc. Mais bon, en fait, je n'y porte pas beaucoup d'attention maintenant. Alors le moment qui m'est... Ce qui me touche le plus, je pense, en lien avec la voix, c'est des moments où j'entends mes enfants me dire Maman, je t'aime jusqu'au ciel, plus loin que la lune, que Mars, que Uranus et Pluton Ils peuvent continuer comme ça pendant des longues minutes. Je pense que oui, si je dois penser à un moment le plus émouvant, ce serait celui-là. Je m'appelle Fabienne et j'ai été levée à la campagne par ma grand-mère. Et pendant longtemps, je n'ai pas parlé. Et quand on me demandait pourquoi, je disais parce que je n'ai rien d'intéressant à dire. Et puis, je parlais beaucoup aux poules. Ma grand-mère avait des poules et c'était un public fascinant. J'adore les poules, je parle très bien le langage poule. Et pendant longtemps, j'ai parlé aux poules. Et elles me répondaient. Et je continue parce que j'ai encore des poules qui me répondent. Et j'ai toujours été facile dans ma voix avec les enfants et les personnes âgées. Parce que... On allait voir ses copines à ma grand-mère qui étaient âgées et j'adorais les inflexions de voix des gens âgés. J'adore la voix de gens âgés, cassées, rocailleuses, un peu roulantes comme ça, j'adore ça. Et les enfants, parce que les enfants, ils ne jugent pas la voix des gens. Ils ont des voix délicates qu'il faut poser, donc pour eux tout est normal. Après moi, mon rapport avec les autres, il a été difficile dans ma voix parce que je me surveillais. J'ai des types de voix suivant les gens à qui je parle. Et longtemps, je n'ai pas aimé ma voix quand je me suis écoutée. Et quand j'ai commencé à compter, j'ai essayé de compter avec cérémonie, en mettant des grands mots, en posant une voix de dame, un peu de tête, parce que moi j'avais toujours cru qu'il fallait chanter ou parler de tête. Et moi du coup, les chorales, ce n'était pas pour moi. J'avais une grosse voix, pour moi c'était de camionneur. Et là, je découvre avec le conte qu'on peut parler de poitrine et que c'est très bien. Et je me régale. Et j'en pleurerai tellement, je suis contente d'avoir la voix que j'ai maintenant. Ça m'a réconciliée avec cette voix. Un moment dont je me souviens très fort, c'est un moment justement avec un papy. Un papy qui ne parlait pas beaucoup et qui n'avait pas parlé depuis longtemps. Et un jour, en restant à côté de lui, parce qu'on allait à la maison de retraite avec ma grand-mère, je m'asseyais à côté de ce papy. Et un jour, ce papy, il a dit un mot. Il a ouvert la bouche. Et il a dit boire Et moi, j'ai entendu cette voix comme si c'était son premier mot qu'il n'avait jamais prononcé dans sa vie. Et ça m'a fait quelque chose d'incroyable. C'est-à-dire, ça a résonné. Personne ne l'avait entendu. Je regardais, j'avais l'impression que le monde entier avait entendu ce mot. Et il a dit le mot d'un coup, sans achoper sur le mot, alors qu'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Ça a été incroyable. Puis en plus, boire Boire quoi ? Je me disais, la terre entière, quoi. Et moi, petite, à côté, je n'ai pas osé bouger, je regardais du coin de l'œil, j'entendais ce mot. Ça a résonné pendant des années et des années. Je m'appelle Florence et je viens de Normandie. La place de la voix dans ma vie, c'est un peu un thermostat de mon état psychologique. J'ai commencé à chanter très tard, même si j'ai chanté toute ma vie, parce que ma mère chantait partout, elle me faisait honte tellement elle chantait partout, dans l'ascenseur, etc. et quand j'ai commencé à chanter il y a plein de choses qui se sont débloquées Je suis devenue timide, plus sûre de moi du tout. Puis j'ai perdu ma voix. Et il y a une orthophoniste qui m'a dit Ok, je veux bien te soigner ta voix, mais je veux que tu fasses… tu vois quelqu'un. C'est un truc pudique pour aller chez un psy. Je lui ai dit J'ai aucun problème, mais je veux bien y voir quelqu'un, si c'est vraiment la condition. Et là, en fait, ça m'a entraînée très très loin. Et en fait, ma voix, quand j'ai une émotion, c'est un peu le complexe d'abandon. Si on m'abandonne, je perds ma voix, je ne sais plus où la situer. Donc j'ai soigné plein de choses. Et là, dernièrement, j'ai ma fille qui est partie de la maison. Et donc, j'en avais déjà une qui était partie, donc je savais ce que c'était. Et en fait, non. Du moment où je me suis rendue compte que c'était quelque chose qui bloquait, je ne pouvais plus. dire certains mots, je pouvais pas dire que ma fille allait partir. Ma voix se fermait, je m'étouffais, vraiment c'était quelque chose d'assez fort. Donc j'ai dû resoigner ça et ma voix elle revient comme ça. Donc ma voix c'est vraiment... Et c'est là que j'ai toujours des énergies, soit très belles, soit très dures. C'est un peu un organe sensoriel au-delà de la voix, la gorge, l'émotion, etc. Et du coup, le fait de chanter, ça me soigne, ça me met en vibration. Et même quand je suis tendue, ça m'est arrivé d'aller au cours de chant et de ne pas pouvoir chanter certaines chansons. Et puis quand ça repart, ça y est, ça nettoie. Donc c'est un truc hyper important et là je suis dans un cœur de femme, c'est énorme comme ça me porte et je suis un peu dépendante de ça. Parce que ça me soigne et voilà, je trouve ça chouette. Une émotion c'est un Ave Maria. C'est les Ave Maria, enfin il y en a une qu'on a chantée à l'intervent de ma grand-mère, il y en a un autre qu'on a chanté à mon mariage et c'était des trucs... où il y avait tellement de vibrations, et quand c'est dans une église aussi, il y avait plein de gens qui étaient soit croyants, soit pas croyants à notre mariage, mais qui ont juste tous vibré parce que c'était une amie qui était cantatrice. Et ce truc-là, ça touche, alors que je n'ai pas du tout une vie pieuse là maintenant dans ma vie, mais ce truc-là, c'est un truc qui me retourne et qui est très très beau. Je suis Manuela, je suis du monde et plus spécialement du Maghreb. La voix pour moi c'est super important puisque justement j'étais étrangère dans un pays étranger, donc j'entendais plein de voix. Et donc j'aime beaucoup les langues, la voix, je suis très attentive aux sons, aux intonations. Et j'y lis beaucoup de choses et donc ça a toujours été quelque chose d'important, si bien que petite. Ensuite, ayant eu une vie difficile, j'ai fait de la chorale et c'est ça qui m'a beaucoup aidée et accompagnée dans ma vie. J'en ai fait de l'âge de 12 ans jusqu'à 26 ans, 27 ans, puis j'ai repris doucement à d'autres moments. Et voilà, je trouve que c'est une richesse la voix. Alors, un moment émotionnel avec la voix, ce qui me vient c'est quand je marche dans la rue et que j'entends une certaine voix que je reconnais que c'est... Du berbère. Je ne peux pas m'empêcher d'aller demander aux personnes s'ils sont berbères, cabiles, et puis de parler quelques mots avec les personnes. C'est lié à mon enfance où j'ai reçu beaucoup d'amour par des gens justement qui étaient étrangers. Et ça me met dans un état d'ouverture, de plénitude, de joie. Je me sens chez moi, à la maison. Voilà. Marjolaine, et je viens d'entre la Picardie et l'Aveyron, donc un mélange qui n'a plus d'accent, je crois. Et la place de la voix pour moi, il y a quelque chose de l'ordre de chercher sa place à soi, de chercher peut-être sa voix, effectivement. En tout cas, avec de l'apaisement quand on est à sa place, avec une voix qui est bien posée. Et ensuite, la voix c'est le chant, le chant c'est la vie, c'est le partage, c'est la joie, et puis vraiment cette nécessité de chanter dans la vie. Vraiment ça. Alors j'adore la voix d'un homme qui a une voix très grave. Ça me touche profondément, là je tombe amoureuse directement. Je m'appelle Taïel, je suis née à Barcelone et la voix pour moi c'était un chemin, un chemin de vie. Quand j'étais petite, la voix c'était quelque chose que pour moi. J'ai parlé beaucoup mais avec moi-même. J'avais peur d'être rejetée ou jugée ou critiquée ou... en fait j'avais peur. peur d'exprimer mes pensées, de dire ce que j'avais vraiment envie. Et du coup, la voix, j'ai parlé pas fort. C'était pas un instrument pour moi, c'était... non. Mais après, la vie m'a amenée dans plusieurs pays, en France, mais aussi en Angleterre, au Canada. Et après, je suis partie en voyage nomade par... plusieurs pays, dans l'Europe, l'Asie, partout. Et aujourd'hui, en fait, j'ai découvert que la voix, c'est notre super pouvoir, en fait. Parce que la voix, c'est comme un fil conducteur qui amène l'énergie aux autres. Et la plupart du temps, on a peur de laisser voir cette lumière qui nous sommes. Nous sommes lumière, nous sommes amour, mais on a peur. Et après, quand la vie m'a amenée à... Il faut que tu t'entraînes, il faut que tu parles aux autres, parce que c'est dans les autres que tu vas trouver ton propre bonheur. Aujourd'hui, je travaille avec cette voix. Pas nécessairement dans le chant ou dans un truc musical, mais je parle avec les gens. Et c'est très ironique, parce qu'aujourd'hui, j'aide les gens à trouver sa propre voix, à l'exprimer et à être eux-mêmes. Du coup, pour moi, la voix, c'est une question d'identité. Moi je suis Ananda et je viens des pieds du Périnée. Et la voix dans ma vie, je crois que ça a en ce moment la place de la joie. C'est depuis un an que j'ai découvert le chant en groupe. Ça m'amène de la joie, beaucoup de joie et c'est la première réponse qui m'est venue. Voilà, la place de la joie. Et je crois qu'il y a un lien affectif aussi parce que j'ai deux enfants et je leur chante des chansons le soir et j'aime beaucoup ça, elles aiment beaucoup ça aussi. Et voilà, il y a quelque chose d'un peu intime aussi dans la voix qui peut accompagner le sommeil, qui peut accompagner... Voilà, il y a quelque chose d'affectif à ça. Alors, il y a deux choses qui me viennent tout de suite en tête. Juste après le concert, j'ai un grand sourire et ça me porte. Ça me porte. C'est la voie de faire partie d'un groupe. Dans la voie, ça me remplit, ça me porte. Et ça me fait de la joie, je disais tout à l'heure, mais c'est vraiment ça. Et il y a autre chose aussi, une autre émotion forte qui m'est venue pendant un chant qu'on n'a pas fait aujourd'hui, mais qui s'appelle Gallo Rojo, qui est un chant révolutionnaire espagnol. Et cette chanson, je la trouve très forte et elle m'a fait pleurer. Quand je l'ai entendue la première fois, je me suis dit celle-là, je ne veux pas la prendre parce qu'elle est trop triste. Et bien sûr, je l'ai apprise. Et quand je la chante vraiment, en me mettant à fond, j'ai toujours une larme dans les yeux. Voilà, c'est tout ! Je m'appelle Maryse, j'habite un petit village dans les Hautes-Pyrénées. Donc la place qu'elle a à voir dans ma vie, elle est assez importante en fait. Parce que j'ai toujours, enfin, je chante depuis longtemps. J'ai chanté dans une chorale de gospel pendant quasiment 20 années. et le chant me manquait et du coup voilà j'ai repris après le confinement parce que ça a été une période assez difficile puisqu'il y avait plus aucune activité qui était permise en groupe et j'aime bien chanter en chœur j'aime pas trop chanter toute seule je suis assez timide voilà en fait j'ai tellement de fois en fait où j'ai été touché par des voix mais la première fois où j'ai vraiment été touché mais vraiment plexus c'était la voix de Nina Simone en fait comment on pouvait avoir une voix aussi puissante et qui était capable de tirer des larmes voilà moi c'est le souvenir le plus puissant après j'aime beaucoup les voix de chanteuses blues soul gospel. Voilà, les voix profondes qui ont une histoire en fait, parce que forcément il y a un vécu derrière ces voix. Il y a une émotion que je ne retrouve pas forcément ailleurs. Merci à Emeline, Ron, Ania et Fabienne, rencontrées au Festival de Contes des Aux Bonnes. Merci aussi à Thomas Baudouin de m'avoir autorisé à diffuser l'extrait du conse qu'il a partagé pendant ce festival. Merci également à Florence, Manuela, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, toutes chanteuses occasionnelles ou régulières. Et enfin, merci à David Borde et Hanoï qui ont rendu ces rencontres possibles. Pour prolonger l'expérience, je vous invite à découvrir les voix de David, Hanoï et Fabienne dans les épisodes 1, 3 et 4 du podcast. Merci à vous d'avoir écouté cet épisode d'On n'a qu'une voix jusqu'au bout. S'il vous a plu, abonnez-vous dès maintenant pour ne pas manquer la voix de mes prochains invités. Et pour soutenir mon podcast, je vous propose de le noter et de le commenter sur votre application d'écoute préférée. Enfin... Un merci tout particulier à Émilie Décla, qui a créé et interprété toutes les musiques d'On n'a qu'une voix. Retrouvez l'actualité du podcast sur le compte Instagram ou LinkedIn, entre voix et mots. À bientôt !

Description

Bienvenue sur On n’a qu’une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix !

Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix.
10, très exactement.
Et chacune est à sa place.


Ces voix, je les ai rencontrées à l’occasion de 2 festivals : 

- Lo Becut, festival de contes dont j’ai déjà parlé dans le podcast, sur une invitation de David Bordes ;

- Lourdes aux couleurs du monde auquel la chanteuse et cheffe de chœur, Annoïe, m’a conviée.


10 personnes ont accepté de répondre aux 2 questions suivantes : 
1/ Quelle place a la voix dans votre vie ? 

2/ Pouvez-vous nous partager un souvenir au cours duquel vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? 

Et à partir de ces questions qui n’ont l’air de rien, chacun·e a levé le voile sur des éléments forts et souvent intimes :

- le lien avec son enfance, son passé, ses origines ;

- ses difficultés à aimer sa voix, à lui donner sa juste place ;

- la nécessité de conter, de chanter ou de dire les mots ; 

- la puissance de la voix des autres.


Je remercie Emeline, Ron, Ania, Fabienne, rencontrés lors du festival de contes aux Eaux-Bonnes. Je remercie aussi Florence, Manuella, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, rencontrées à Lourdes.
La spontanéité et la sincérité de leurs réponses, vous allez le découvrir, sont extrêmement touchantes.


Merci aussi à Thomas Baudoin qui a accepté que je diffuse un extrait de son conte en occitan : Arrepic.

Merci aux chanteuses du stage et du chœur L’Autre chahut, initiés par Annoïe, que l’on entend interpréter un chant en occitan pendant l'épisode.
Et enfin, un grand merci à David Bordes et à Annoïe qui ont rendu ces belles rencontres possibles. 


Pour prolonger l’expérience, je vous invite à écouter les épisodes suivants :
- l’épisode 1 avec David Bordes, Une voix en altitude ;

- l’épisode 2 avec Annoïe, Une voix dans le monde

- l’épisode 3 avec Fabienne, Une voix qui se déplace.


Bonne écoute !


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📩 Contactez-moi à l’adresse suivante : christine.irabola.redac@gmail.com.


Crédits :

  • Réalisation, montage, mixage : Christine Irabola

  • Musiques et chants : Émilie Décla

  • Hébergement : Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • On n'a qu'une voix, un podcast pour découvrir ce que cache notre voix. Chaque mois, venez à la rencontre de mes invités qui lèvent le voile sur l'histoire singulière de leur voix. Au programme, des voix parlées, des voix chantées, des voix jouées et des voix parfois malmenées. L'intention ? Vous procurer des émotions, vous faire voyager, vous apporter des conseils et vous proposer un pas de côté pour vous inviter à aimer votre voix. Dans cet épisode, vous allez entendre plusieurs voix, dix très précisément. Ce sont les voix de personnes que j'ai rencontrées à l'occasion de deux festivals dont j'ai déjà parlé dans le podcast. Le premier s'est tenu fin août 2024, aux Aubonnes, dans les Pyrénées-Atlantiques, en Vallée d'Osso. Il s'agissait d'un festival de contes. Quant au second, il a eu lieu fin septembre 2024, à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. Et là, il s'agissait du festival Lourdes aux couleurs du monde. Dans les deux cas, j'ai tendu mon micro aux personnes qui ont bien voulu répondre aux deux questions suivantes. La première, quelle place a la voix dans votre vie ? Et la seconde, pouvez-vous raconter un moment où vous avez ressenti une émotion en lien avec la voix ? Et vous allez l'entendre, à partir de ces deux questions simples en apparence, c'est tout un monde qui va s'ouvrir à nous. Bonne écoute ! Je m'appelle Emeline, je viens de Dordogne, et la voix a une place assez importante dans ma vie, puisque j'ai un métier dans lequel je l'utilise au quotidien. Je suis médiatrice culturelle, ça veut dire que je vais accueillir le public et essayer de transmettre des informations à travers ma voix. Donc ma voix est très importante, même si des fois elle a un outil un peu capricieux. Puisque dans le cadre de mon métier, je suis amenée à parler à beaucoup de monde et souvent sans micro. Donc j'ai une voix qui me semble assez fluette et qui n'est pas toujours évidente. est suffisante dans le cadre de mon métier. Donc c'est quelque chose que j'aimerais travailler. Par contre, je trouve qu'à travers la voix, et c'est ça qui me plaît, c'est qu'on transmet beaucoup de choses. Même si les gens ferment les yeux, à travers la voix de la personne en face, ils vont entendre beaucoup de choses. Non seulement les mots, mais aussi l'émotion qui ressort à travers la voix, l'enthousiasme, l'énergie et le goût pour les choses qui sont transmises. Et du coup, je trouve que cet outil est très intéressant. C'est quelque chose qui représente la personne et à travers laquelle on peut transmettre beaucoup de choses. Donc oui, je trouve que c'est un outil, mais pas seulement. C'est aussi une identité de la personne. Donc j'avoue que pour moi, la voix a une place importante au quotidien. Alors moi, j'ai envie de parler de la voix de mon papa. La voix de mon papa que j'entendais. que j'entendais au quotidien et que j'entendais tout particulièrement dans les moments où j'étais un peu fatiguée, où je me mettais sur sa poitrine et où j'entendais l'écho de sa voix à travers sa poitrine, la résonance qu'elle avait à travers son torse. Et c'est quelque chose de magique et quelque chose que je garde dans mon cœur et qui était très apaisant à l'époque. Je ne l'ai pas refait en tant qu'adulte, mais j'avoue que c'est quelque chose de magique et quelque chose de... qui est très chargée en émotions pour moi en tant que petite fille et en tant qu'adulte aujourd'hui. Je m'appelle Ron, je suis comédien et je viens de Sarla, en Périgord noir. La place de la voix est centrale pour moi. J'ai une très bonne mémoire orale, une terrible mémoire écrite et une mémoire visuelle qui s'attache beaucoup à l'oral. Pour apprendre mes textes de théâtre, je suis obligé de me les chanter ou de me les enregistrer, de me les réécouter, parce que c'est le son et le phrasé qui va donner du sens aux mots et qui va les imprimer dans mon cerveau. Je me suis rendu compte de ça très tôt, c'est-à-dire que si je n'écoutais pas en cours, je devais travailler trois fois plus à la maison pour apprendre mes leçons. Et j'ai imprimé... La voix, très vite, parce que j'ai grandi sans la télévision. Mes parents avaient une télévision pour regarder les films, mais je n'avais pas la télévision. Le mimétisme des gestes, c'est commun, le mimétisme de la voix aussi. Et moi, naturellement, j'ai tendance à absorber les accents, dont je suis très friand, et les chansons qui vont avec. J'ai dit que j'étais comédien au début, je suis aussi musicien et chanteur. Et voilà. Donc la place de la voix, elle est complètement centrale, y compris dans mes expériences audiovisuelles, très importantes aussi dans le cinéma, dans mon rapport au cinéma. Depuis longtemps maintenant, je regarde les films en version originale. Et maintenant, la version française n'est plus accessible pour moi. J'ai eu des expériences de doublage très modestes, mais je me souviens que j'étais très surpris de voir comment mes camarades de jeu surjouaient. Comme si, pour remplacer la voix originale, il fallait créer une voix plus forte qui allait se caler par-dessus. Si jamais on essaye de faire quelque chose d'intimiste et de léger, et de... de subtil qui va vraiment coller. Je pense que certains doubleurs y arrivent, mais c'est vraiment très rare. Et en fait, ça ne marche pas, ça fait creux. Le jeu du comédien absorbe la voix qu'on essaye de lui plaquer dessus. Je crois que les premières émotions de voix, c'est sentir la violence masculine, souvent par l'intermédiaire du père. Et ça, ça s'entend dans la voix. Mon père ne m'a jamais... Il ne m'a jamais frappé, même une petite claque, il ne l'a jamais fait. Mais parce que dans sa voix, je pouvais détecter et sentir le degré de colère qu'il avait. Et je savais le moment où je devais absolument arrêter parce que je sentais la violence qui pouvait monter à travers sa voix. Ça, je crois que c'est la première émotion que j'ai ressentie avec la voix vraiment de quelqu'un. Après, il y a beaucoup de voix qui m'ont marqué, comme celle de mon grand-père qui était... très caverneuse et très tonitruante et qui était un conteur avec des mauvaises histoires, mais il posait tellement sa voix avec un tel coffre qu'en fait, il pouvait capter une assistance d'ivrogne qui allait s'abandonner l'espace d'un instant le Ricard qu'ils avaient en main pour écouter son histoire qui, souvent, était très très mauvaise. Il n'y avait pas de fond, mais la forme était tellement gigantesque que tout le monde l'écoutait et prenait plaisir à l'écouter, même si ce n'était pas intéressant. Et enfin... La troisième chose qui m'est venue, c'est la voix de Serge Reggiani dans Le Temps qu'il reste, qui a été pour moi, alors là en plus le fond et la forme sont parfaitement accordés, qui ont été pour moi, là justement, c'est les mots qui me manquent. C'était bouleversant. Je trouve que dans sa voix, il y avait tout le rapport de l'humanité. à son existence et à sa disparition. Il y avait quelque chose de... Pour moi, la boucle était bouclée. C'est-à-dire qu'on sentait qu'il avait déjà un pied de l'autre côté, qu'il savait qu'il était... C'est presque comme s'il parlait de l'autre côté avec sa voix. Je ne sais pas si c'est vrai, il me semble qu'on m'avait dit qu'il avait un cancer de la bouche ou en tout cas qu'il n'avait presque plus de dents. Et donc Serge Rézigny était quelqu'un qui articulait très bien Le temps qu'il reste, on sent qu'il n'a presque plus de dents. Mais il y a une émotion, une intensité dans son envie de vivre qui m'a bouleversé et qui continue de me bouleverser. Je m'appelle Ania et j'ai vécu 25 ans en Pologne et plus de 20 ans en France. Donc je suis... polonaise toujours voilà et la place qu'est à ma voix dans ma vie elle suscite beaucoup de curiosité en fait dès que j'ouvre la bouche je pratiquement tout de suite je sais que la question qui va suivre c'est d'où je viens bon je me suis habitué je n'ai pas de problème avec ça Mais en fait je sais que ma voix va provoquer certaines réactions pratiquement de suite et même si je parle plutôt bien français, par exemple quand je travaillais avec les enfants de la maternelle, ils me posaient la question pourquoi je parle pas français alors qu'ils me comprenaient très bien. Donc après je suis plutôt dans l'acceptation de ça, ça me dérange pas du tout. Parfois je me pose la question Qu'est-ce que ça provoque dans la tête des gens de savoir que je suis polonaise ? Est-ce que du coup ils vont se dire ah c'est bien, c'est pas bien ou etc. Mais bon, en fait, je n'y porte pas beaucoup d'attention maintenant. Alors le moment qui m'est... Ce qui me touche le plus, je pense, en lien avec la voix, c'est des moments où j'entends mes enfants me dire Maman, je t'aime jusqu'au ciel, plus loin que la lune, que Mars, que Uranus et Pluton Ils peuvent continuer comme ça pendant des longues minutes. Je pense que oui, si je dois penser à un moment le plus émouvant, ce serait celui-là. Je m'appelle Fabienne et j'ai été levée à la campagne par ma grand-mère. Et pendant longtemps, je n'ai pas parlé. Et quand on me demandait pourquoi, je disais parce que je n'ai rien d'intéressant à dire. Et puis, je parlais beaucoup aux poules. Ma grand-mère avait des poules et c'était un public fascinant. J'adore les poules, je parle très bien le langage poule. Et pendant longtemps, j'ai parlé aux poules. Et elles me répondaient. Et je continue parce que j'ai encore des poules qui me répondent. Et j'ai toujours été facile dans ma voix avec les enfants et les personnes âgées. Parce que... On allait voir ses copines à ma grand-mère qui étaient âgées et j'adorais les inflexions de voix des gens âgés. J'adore la voix de gens âgés, cassées, rocailleuses, un peu roulantes comme ça, j'adore ça. Et les enfants, parce que les enfants, ils ne jugent pas la voix des gens. Ils ont des voix délicates qu'il faut poser, donc pour eux tout est normal. Après moi, mon rapport avec les autres, il a été difficile dans ma voix parce que je me surveillais. J'ai des types de voix suivant les gens à qui je parle. Et longtemps, je n'ai pas aimé ma voix quand je me suis écoutée. Et quand j'ai commencé à compter, j'ai essayé de compter avec cérémonie, en mettant des grands mots, en posant une voix de dame, un peu de tête, parce que moi j'avais toujours cru qu'il fallait chanter ou parler de tête. Et moi du coup, les chorales, ce n'était pas pour moi. J'avais une grosse voix, pour moi c'était de camionneur. Et là, je découvre avec le conte qu'on peut parler de poitrine et que c'est très bien. Et je me régale. Et j'en pleurerai tellement, je suis contente d'avoir la voix que j'ai maintenant. Ça m'a réconciliée avec cette voix. Un moment dont je me souviens très fort, c'est un moment justement avec un papy. Un papy qui ne parlait pas beaucoup et qui n'avait pas parlé depuis longtemps. Et un jour, en restant à côté de lui, parce qu'on allait à la maison de retraite avec ma grand-mère, je m'asseyais à côté de ce papy. Et un jour, ce papy, il a dit un mot. Il a ouvert la bouche. Et il a dit boire Et moi, j'ai entendu cette voix comme si c'était son premier mot qu'il n'avait jamais prononcé dans sa vie. Et ça m'a fait quelque chose d'incroyable. C'est-à-dire, ça a résonné. Personne ne l'avait entendu. Je regardais, j'avais l'impression que le monde entier avait entendu ce mot. Et il a dit le mot d'un coup, sans achoper sur le mot, alors qu'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Ça a été incroyable. Puis en plus, boire Boire quoi ? Je me disais, la terre entière, quoi. Et moi, petite, à côté, je n'ai pas osé bouger, je regardais du coin de l'œil, j'entendais ce mot. Ça a résonné pendant des années et des années. Je m'appelle Florence et je viens de Normandie. La place de la voix dans ma vie, c'est un peu un thermostat de mon état psychologique. J'ai commencé à chanter très tard, même si j'ai chanté toute ma vie, parce que ma mère chantait partout, elle me faisait honte tellement elle chantait partout, dans l'ascenseur, etc. et quand j'ai commencé à chanter il y a plein de choses qui se sont débloquées Je suis devenue timide, plus sûre de moi du tout. Puis j'ai perdu ma voix. Et il y a une orthophoniste qui m'a dit Ok, je veux bien te soigner ta voix, mais je veux que tu fasses… tu vois quelqu'un. C'est un truc pudique pour aller chez un psy. Je lui ai dit J'ai aucun problème, mais je veux bien y voir quelqu'un, si c'est vraiment la condition. Et là, en fait, ça m'a entraînée très très loin. Et en fait, ma voix, quand j'ai une émotion, c'est un peu le complexe d'abandon. Si on m'abandonne, je perds ma voix, je ne sais plus où la situer. Donc j'ai soigné plein de choses. Et là, dernièrement, j'ai ma fille qui est partie de la maison. Et donc, j'en avais déjà une qui était partie, donc je savais ce que c'était. Et en fait, non. Du moment où je me suis rendue compte que c'était quelque chose qui bloquait, je ne pouvais plus. dire certains mots, je pouvais pas dire que ma fille allait partir. Ma voix se fermait, je m'étouffais, vraiment c'était quelque chose d'assez fort. Donc j'ai dû resoigner ça et ma voix elle revient comme ça. Donc ma voix c'est vraiment... Et c'est là que j'ai toujours des énergies, soit très belles, soit très dures. C'est un peu un organe sensoriel au-delà de la voix, la gorge, l'émotion, etc. Et du coup, le fait de chanter, ça me soigne, ça me met en vibration. Et même quand je suis tendue, ça m'est arrivé d'aller au cours de chant et de ne pas pouvoir chanter certaines chansons. Et puis quand ça repart, ça y est, ça nettoie. Donc c'est un truc hyper important et là je suis dans un cœur de femme, c'est énorme comme ça me porte et je suis un peu dépendante de ça. Parce que ça me soigne et voilà, je trouve ça chouette. Une émotion c'est un Ave Maria. C'est les Ave Maria, enfin il y en a une qu'on a chantée à l'intervent de ma grand-mère, il y en a un autre qu'on a chanté à mon mariage et c'était des trucs... où il y avait tellement de vibrations, et quand c'est dans une église aussi, il y avait plein de gens qui étaient soit croyants, soit pas croyants à notre mariage, mais qui ont juste tous vibré parce que c'était une amie qui était cantatrice. Et ce truc-là, ça touche, alors que je n'ai pas du tout une vie pieuse là maintenant dans ma vie, mais ce truc-là, c'est un truc qui me retourne et qui est très très beau. Je suis Manuela, je suis du monde et plus spécialement du Maghreb. La voix pour moi c'est super important puisque justement j'étais étrangère dans un pays étranger, donc j'entendais plein de voix. Et donc j'aime beaucoup les langues, la voix, je suis très attentive aux sons, aux intonations. Et j'y lis beaucoup de choses et donc ça a toujours été quelque chose d'important, si bien que petite. Ensuite, ayant eu une vie difficile, j'ai fait de la chorale et c'est ça qui m'a beaucoup aidée et accompagnée dans ma vie. J'en ai fait de l'âge de 12 ans jusqu'à 26 ans, 27 ans, puis j'ai repris doucement à d'autres moments. Et voilà, je trouve que c'est une richesse la voix. Alors, un moment émotionnel avec la voix, ce qui me vient c'est quand je marche dans la rue et que j'entends une certaine voix que je reconnais que c'est... Du berbère. Je ne peux pas m'empêcher d'aller demander aux personnes s'ils sont berbères, cabiles, et puis de parler quelques mots avec les personnes. C'est lié à mon enfance où j'ai reçu beaucoup d'amour par des gens justement qui étaient étrangers. Et ça me met dans un état d'ouverture, de plénitude, de joie. Je me sens chez moi, à la maison. Voilà. Marjolaine, et je viens d'entre la Picardie et l'Aveyron, donc un mélange qui n'a plus d'accent, je crois. Et la place de la voix pour moi, il y a quelque chose de l'ordre de chercher sa place à soi, de chercher peut-être sa voix, effectivement. En tout cas, avec de l'apaisement quand on est à sa place, avec une voix qui est bien posée. Et ensuite, la voix c'est le chant, le chant c'est la vie, c'est le partage, c'est la joie, et puis vraiment cette nécessité de chanter dans la vie. Vraiment ça. Alors j'adore la voix d'un homme qui a une voix très grave. Ça me touche profondément, là je tombe amoureuse directement. Je m'appelle Taïel, je suis née à Barcelone et la voix pour moi c'était un chemin, un chemin de vie. Quand j'étais petite, la voix c'était quelque chose que pour moi. J'ai parlé beaucoup mais avec moi-même. J'avais peur d'être rejetée ou jugée ou critiquée ou... en fait j'avais peur. peur d'exprimer mes pensées, de dire ce que j'avais vraiment envie. Et du coup, la voix, j'ai parlé pas fort. C'était pas un instrument pour moi, c'était... non. Mais après, la vie m'a amenée dans plusieurs pays, en France, mais aussi en Angleterre, au Canada. Et après, je suis partie en voyage nomade par... plusieurs pays, dans l'Europe, l'Asie, partout. Et aujourd'hui, en fait, j'ai découvert que la voix, c'est notre super pouvoir, en fait. Parce que la voix, c'est comme un fil conducteur qui amène l'énergie aux autres. Et la plupart du temps, on a peur de laisser voir cette lumière qui nous sommes. Nous sommes lumière, nous sommes amour, mais on a peur. Et après, quand la vie m'a amenée à... Il faut que tu t'entraînes, il faut que tu parles aux autres, parce que c'est dans les autres que tu vas trouver ton propre bonheur. Aujourd'hui, je travaille avec cette voix. Pas nécessairement dans le chant ou dans un truc musical, mais je parle avec les gens. Et c'est très ironique, parce qu'aujourd'hui, j'aide les gens à trouver sa propre voix, à l'exprimer et à être eux-mêmes. Du coup, pour moi, la voix, c'est une question d'identité. Moi je suis Ananda et je viens des pieds du Périnée. Et la voix dans ma vie, je crois que ça a en ce moment la place de la joie. C'est depuis un an que j'ai découvert le chant en groupe. Ça m'amène de la joie, beaucoup de joie et c'est la première réponse qui m'est venue. Voilà, la place de la joie. Et je crois qu'il y a un lien affectif aussi parce que j'ai deux enfants et je leur chante des chansons le soir et j'aime beaucoup ça, elles aiment beaucoup ça aussi. Et voilà, il y a quelque chose d'un peu intime aussi dans la voix qui peut accompagner le sommeil, qui peut accompagner... Voilà, il y a quelque chose d'affectif à ça. Alors, il y a deux choses qui me viennent tout de suite en tête. Juste après le concert, j'ai un grand sourire et ça me porte. Ça me porte. C'est la voie de faire partie d'un groupe. Dans la voie, ça me remplit, ça me porte. Et ça me fait de la joie, je disais tout à l'heure, mais c'est vraiment ça. Et il y a autre chose aussi, une autre émotion forte qui m'est venue pendant un chant qu'on n'a pas fait aujourd'hui, mais qui s'appelle Gallo Rojo, qui est un chant révolutionnaire espagnol. Et cette chanson, je la trouve très forte et elle m'a fait pleurer. Quand je l'ai entendue la première fois, je me suis dit celle-là, je ne veux pas la prendre parce qu'elle est trop triste. Et bien sûr, je l'ai apprise. Et quand je la chante vraiment, en me mettant à fond, j'ai toujours une larme dans les yeux. Voilà, c'est tout ! Je m'appelle Maryse, j'habite un petit village dans les Hautes-Pyrénées. Donc la place qu'elle a à voir dans ma vie, elle est assez importante en fait. Parce que j'ai toujours, enfin, je chante depuis longtemps. J'ai chanté dans une chorale de gospel pendant quasiment 20 années. et le chant me manquait et du coup voilà j'ai repris après le confinement parce que ça a été une période assez difficile puisqu'il y avait plus aucune activité qui était permise en groupe et j'aime bien chanter en chœur j'aime pas trop chanter toute seule je suis assez timide voilà en fait j'ai tellement de fois en fait où j'ai été touché par des voix mais la première fois où j'ai vraiment été touché mais vraiment plexus c'était la voix de Nina Simone en fait comment on pouvait avoir une voix aussi puissante et qui était capable de tirer des larmes voilà moi c'est le souvenir le plus puissant après j'aime beaucoup les voix de chanteuses blues soul gospel. Voilà, les voix profondes qui ont une histoire en fait, parce que forcément il y a un vécu derrière ces voix. Il y a une émotion que je ne retrouve pas forcément ailleurs. Merci à Emeline, Ron, Ania et Fabienne, rencontrées au Festival de Contes des Aux Bonnes. Merci aussi à Thomas Baudouin de m'avoir autorisé à diffuser l'extrait du conse qu'il a partagé pendant ce festival. Merci également à Florence, Manuela, Marjolaine, Taïel, Ananda et Maryse, toutes chanteuses occasionnelles ou régulières. Et enfin, merci à David Borde et Hanoï qui ont rendu ces rencontres possibles. Pour prolonger l'expérience, je vous invite à découvrir les voix de David, Hanoï et Fabienne dans les épisodes 1, 3 et 4 du podcast. Merci à vous d'avoir écouté cet épisode d'On n'a qu'une voix jusqu'au bout. S'il vous a plu, abonnez-vous dès maintenant pour ne pas manquer la voix de mes prochains invités. Et pour soutenir mon podcast, je vous propose de le noter et de le commenter sur votre application d'écoute préférée. Enfin... Un merci tout particulier à Émilie Décla, qui a créé et interprété toutes les musiques d'On n'a qu'une voix. Retrouvez l'actualité du podcast sur le compte Instagram ou LinkedIn, entre voix et mots. À bientôt !

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