Speaker #1Le requin, animal le plus dangereux au monde. Faux. Dotés d'une mauvaise réputation, ils seraient des mangeurs d'hommes. Seules 10 espèces de requins ont été confirmées comme responsables de décès humain consécutif à des morsures. Peu d'espèces potentiellement dangereuses. Le grand requin blanc, Carcharodon carcharias, le requin tigre, Galeocerdo cuvier, et le requin bouledogue, Carcharhinus leucas, forment le trio à l'origine du plus grand nombre d'accidents mortels dans le monde, représentant à eux trois 85% de la mortalité liée aux morsures de requins. Cependant, des morsures fatales ont été rapportées pour le requin peau bleu, Prionace glauca, le requin longimane, Carcharinus longimanus, le requin cuivre, Carcharhinus brachyurus, le requin gris de récif, Carcharhinus amblyrhyncos, le mako ou requin taupe bleu, Isurus oxyrhinchus, le requin des Galapagos, Carcharinus galapagensis, et le requin sombre, Carcharhinus obscurus. Le grand requin blanc, le requin tigre et le requin bouledogue sont des espèces que l'on trouve communément dans des zones à forte activité aquatique humaine. Leur grande taille et leurs dents et mâchoires acérées sont capables d'infliger de graves blessures. De manière générale, presque tous les requins atteignant au moins 2 mètres de long constituent une menace potentielle pour l'homme, à l'exception des requins planctonivores tels que le requin baleine, le requin pèlerin ou le requin grande-gueule, Megachasma pelagios. Même si une morsure ne constitue pas forcément une tentative d'alimentation dirigée contre un humain, la puissance de la mâchoire et la morphologie des dents peuvent entraîner de sévères lésions. Loin d'être les plus meurtriers. Selon le fichier international des attaques de requins, ISAF, le nombre moyen total de cas de morsures confirmées et non provoqués par l'homme, c'est-à-dire sans compter les incidents, lors de chasses sous-marines durant lesquelles les requins attaquent la prise et mordent malencontreusement le chasseur, ou lors d'activités de nourrissage artificiel à la main en plongée, dans le monde, est de 78 par an ces dix dernières années, 2010-2019. En moyenne, moins de 6 décès par an dans le monde sont attribués aux requins. Ainsi, les risques d'être attaqués et tués par un requin sont de 1 sur 3,75 millions, toutes causes confondues. Des films comme Les Dents de la Mer ont donné aux requins une réputation de mangeurs d'hommes. Mais nul n'arrive à la cheville du moustique quand il s'agit de décompter le nombre de décès chaque année. Il est en effet responsable de près de 800 000 morts par an. Très loin devant les 6 décès attribués aux requins. Les serpents tuent 10 000 fois plus de personnes par an que les requins. Plus surprenant encore, les hippopotames et les éléphants tuent 100 à 500 personnes par an. La foudre, quant à elle, tue 46 personnes par an dans le monde, soit 7 fois plus que les requins. Enfin, une étude menée entre 2011 et 2017 a montré que les selfies tuent 5 fois plus que les attaques de requins. Avec au moins 259 personnes mortes dans des accidents causés par leur inattention en prenant des selfies. Contre à peine 50 tués par des requins sur cette période. Différents moyens mis en œuvre pour se protéger des requins. En dehors des campagnes de prélèvement (pêche) pour éliminer les requins, différentes solutions ont été testées et mises en œuvre pour réduire les risques d'incidents sur le littoral. La pose de filets anti-requins est la plus répandue et la plus ancienne. Cependant, comme il est nécessaire de déployer une grande longueur de filet et de l'entretenir régulièrement pour protéger efficacement une plage, cette méthode revient très chère. De plus, le filet capture de nombreuses espèces non ciblées telles que des tortues, des baleines ou des dauphins. Une technique alternative consiste à poser des drumlines, palangres de surface correspondant à une ligne de pêche spécifiquement destinée aux requins. On les utilise notamment à la Réunion pour capturer le requin bouledogue et le requin tigre. Mais, comme les filets, de nombreuses espèces non désirées sont attrapées. Afin de limiter les coûts et de réduire les prises accessoires, d'autres méthodes ont été expérimentées. Par exemple, des drumlines connectées, permettant de prévenir les autorités dès qu'un animal est pris et de réagir rapidement pour le relâcher vivant s'il n'était pas ciblé. Des réseaux de surveillance sont organisés. En Afrique du Sud, des shark spotters, employés d'une organisation de sécurité, mais aussi de recherche sur les requins, inspectent les zones d'activité balnéaire à partir de guets et alertent dès qu'un requin est repéré autour des baigneurs ou des surfers. A la Réunion, des vigies requins constituées d'apnéistes scrutent les zones autour des surfers. L'utilisation de drones pour observer les plages ou les spots de surfers permet de couvrir rapidement de grandes surfaces. Mais les conditions environnementales, vent, turbidité, profondeur, peuvent fortement réduire l'efficacité de cette méthode. D'autres technologies ont été expérimentées pour réduire ou éviter les risques de morsure. Par exemple, des shark shields, boucliers anti-requins, émettent des ondes électriques repoussant les requins autour de l'usager qui en porte. Ou encore, des combinaisons doublées d'une fine couche de Kevlar, qui permettent de réduire considérablement la gravité des morsures. Enfin, des méthodes plus farfelues ont été testées, comme des combinaisons zébrées censées repousser visuellement des requins. Mais elles sont loin d'avoir convaincu.