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79. Crèches en crise : la réforme qui divise, Jimmy Dacquin cover
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Référence Petite Enfance: les clés du travail en micro-crèche

79. Crèches en crise : la réforme qui divise, Jimmy Dacquin

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49min |03/02/2025
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Référence Petite Enfance: les clés du travail en micro-crèche

79. Crèches en crise : la réforme qui divise, Jimmy Dacquin

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49min |03/02/2025
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Description

La tension dans le secteur des crèches ne fait que s’aggraver. Lundi 3 février 2025, les micro-crèches mènent une opération "crèche morte" et portent 2 pétitions contre le projet de réforme de décembre 2024.

Sur les réseaux sociaux, c’est l’affrontement idéologique, public contre privé, le dialogue semble impossible.


Pour parler de l’actualité, j’ai invité Jimmy Dacquin, parce qu’il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. C'est un patron qui s’engage, il défend son secteur.


Et il a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail.

Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèches et les porteurs de projets qui rêvent d’en faire partie. Alors:

  • Quels sont les points de la réforme qui génère tout ce remue ménage?

  • Est-ce réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèches privées?

  • Quel avenir se profile pour les micro-crèches?

Voilà quelques unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode.


Bonne écoute !


                ...              ...              ...              ...    

  

Les ressources de l'épisode:

Je signe la pétition "je soutiens ma crèche!"

Je signe aussi la pétition "sauve ma micro-crèche"

Pour contacter Jimmy Dacquin


                ...              ...              ...              ...    


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MERCI ❤️


Écriture & Voix : Amale Cosma

Montage : Aurélie Clément

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. La tension dans le secteur des crèches ne fait que s'aggraver ces derniers temps. Les micro-crèches privées mènent une action ce lundi 3 février 2025, avec aussi deux pétitions contre le projet de réforme qui fait l'actu depuis le mois de décembre 2024. Sur les réseaux sociaux, c'est l'affrontement idéologique, public contre privé, patron contre salarié, non lucratif contre lucratif, etc. Les commentaires sont acerbes et fermés. Le dialogue semble impossible. Ce podcast, lui, s'adresse à tous les professionnels de la petite enfance, quel que soit le type de structure dans lequel tu bosses, que ce soit privé, public, associatif ou entreprise, crèche, micro-crèche, crèche familiale, mâme, etc. et aux pros de terrain comme aux gestionnaires. Mais quand même, j'assume, je suis un ancien patron de crèche. J'ai géré des crèches pendant 16 ans. C'était des crèches privées, qu'elles soient associatives ou des crèches d'entreprise. Mais je pense que mon point de vue est quand même assez mesuré et équilibré. Ni pro ni anti, tout le monde a sa place d'après moi. Pour parler de l'actualité, j'ai décidé d'inviter Jimmy Dakin. Jimmy et moi, on se connaît pas très bien. On se croise, on se salue. Mais on n'a jamais pris le temps d'échanger en profondeur. C'est un autre patron de crèche. Et j'ai choisi Jimmy parce qu'il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. Je pense donc que son avis est représentatif. Et puis... il s'engage, il s'exprime dans les médias, il défend son secteur. C'est un personnage affable, bienveillant, spontané et qui a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail. Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèche et les porteurs de projets qui rêvent de faire partie de ce secteur, d'avoir leur propre crèche. Il a une vision sur leur motivation. Alors, est-ce que c'est réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèche privés ? Quels sont les points de la réforme qui génèrent tout ce remue-ménage ? Quel avenir ce profil pour les micro-crèches ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode. Bonne écoute ! J'accueille Jimmy Daquin sur le podcast. Jimmy, il est assez connu dans notre petit secteur des crèches. Bonjour Jimmy.

  • Speaker #1

    Bonjour Amal.

  • Speaker #0

    Ça fait plaisir de t'avoir sur le podcast. En ce moment, tu fais un petit peu l'actu parce que tu t'es lancé dans une pétition. Donc déjà, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut dire que tu es un patron, un gestionnaire de crèche. C'est ça. un petit réseau de je crois une cinquantaine de micro-crèches et aussi des franchisés. Donc pas mal en fait de porteurs de projets qui te connaissent ou de gestionnaires de crèches. Et donc tu connais très bien le secteur, on a un petit peu les mêmes contacts toi et moi puisque une expérience à la fois de gestionnaire et de conseil pour des gens qui ont des crèches ou qui veulent en ouvrir.

  • Speaker #1

    Timum, c'est un réseau de micro-crèches. Moi j'ai commencé comme toi il y a à peu près... Ça remonte maintenant, ça fait il y a 12 ans. On a ouvert notre première micro-crèche, j'ai mis mon fils dedans en fait, ça vient d'une expérience personnelle tout simplement.

  • Speaker #0

    Mais tu faisais quoi avant ?

  • Speaker #1

    J'étais dans l'industrie, donc rien à voir. Mais la petite enfance a toujours fait partie de ma vie, puisque ma mère était assistante maternelle, ma sœur l'a été pendant 17 ans. On est des grandes familles du Nord, avec plein d'enfants, plein de cousins, cousines, donc ça a toujours fait partie de nos vies. Et chez nous, les enfants c'est sacré. Donc voilà, je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour arriver dans ce milieu, parce que c'est quelque chose qui faisait partie de ma vie en tant qu'enfant et adolescent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir une maman assistante maternelle, ça te rend peut-être plus proche des équipes de terrain ? Tu comprends mieux leurs problématiques, leurs enjeux ?

  • Speaker #1

    Sans doute, oui. Et puis, je le vois avec mes collaboratrices. On a quand même aujourd'hui, nous, 350 collaborateurs et collaboratrices en crèche. Toutes me connaissent en tout mon numéro de portable si elles le souhaitent m'appeler. Donc j'ai une proximité avec elles. Je m'appelle Jimmy, je comprends leur quotidien parce que j'ai aussi passé du temps avec elles dans les crèches. J'en passe encore aujourd'hui. Il ne se passe pas une semaine sans que j'aille passer quelques heures dans des crèches pour voir comment ça se passe, confronter aux parents. Et puis j'adore être au milieu des enfants, je ne vais pas te mentir, c'est un bonheur.

  • Speaker #0

    Ça je comprends très bien. On partage ça. Ça c'est ton histoire.

  • Speaker #1

    C'est mon histoire et c'est ce que je fais au quotidien en fait. Et moi, je ne travaille pas, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Alors, pour accélérer un petit peu la présentation, je voulais aussi préciser que depuis quelques temps, depuis pas si longtemps que ça en fait, parce que moi, quand j'y étais, tu n'y étais pas, tu es à la Fédération française des entreprises de crèche. C'est ça. Et donc, tu as aussi un engagement pour défendre le secteur.

  • Speaker #1

    Effectivement, quand on fait des choses, il faut s'engager. Et moi, je suis quelqu'un qui adore l'engagement. On peut se tromper, mais il faut s'engager. Et moi, depuis 4-5 ans, j'étais d'abord adhérent. Et ensuite, je me suis positionné comme administrateur. En fait, en même temps que notre croissance, aujourd'hui, notre réseau, c'est 250 micro-crèches. Donc, je représente quand même beaucoup de gestionnaires.

  • Speaker #0

    Tu te sens plus légitime maintenant, en fait, à défendre les intérêts du secteur.

  • Speaker #1

    Oui, parce que... Les gestionnaires, c'est des chefs d'entreprise. C'est notre fierté. On a créé 250 chefs d'entreprise en France. Ce n'est pas rien. Nous, ça fait plus de 12 ans qu'on gère des micro-crèches. On a mis en place un organisme de formation. On fait grandir nos professionnels. Donc, on maîtrise notre sujet, j'ai envie de dire, de A à Z. Et donc, on connaît parfaitement bien les rouages d'une micro-crèche, tout comme toi, Amal. Aujourd'hui, ce que tu partages, c'est la même chose, en fait. Donc, oui, on sait de quoi on parle. Et nos professionnels aussi le savent.

  • Speaker #0

    On sait très bien de quoi on parle. Alors aujourd'hui, tu t'es lancé dans une sorte de croisade, enfin c'est peut-être pas le bon mot, mais voilà, tu as décidé de prendre la parole. Est-ce que tu peux replacer le contexte en quelques phrases simples et compréhensibles pour que les pros de la petite enfance qui nous écoutent arrivent à tituer ton combat dans le secteur en ce moment ?

  • Speaker #1

    Alors, on a eu un projet de décret qui est apparu au mois de décembre de l'administration Vautrin. Leur boussole, c'est la qualité d'accueil. Ils ont pris deux phrases du rapport IGAS pour dire on va mettre plus de quotas dans les micro-crèches de professionnels qualifiés, catégorie 1 Aujourd'hui, catégorie 1, c'est des éducatrices de jeunes enfants, des auxiliaires de puerres et des infirmières puerres. Les CAP Petite Enfance ne font pas partie de ces catégories 1. Alors nous, aujourd'hui, micro-crèches, on n'est pas inclus dans ce quota. C'est à partir des petites crèches, crèches et multi-accueil en fait, qui, eux, ont du mal à respecter déjà ce quota. Aujourd'hui, il y a un état de fait, il manque, selon la CAF, 10 000 professionnels de petite enfance. Et des professionnels qualifiés comme les auxiliaires, elles sont formées au niveau des départements sur les budgets des départements. Et aujourd'hui, on sait très bien que l'État et le département n'ont pas les fonds pour financer ce genre de classe. Donc, on a de moins en moins d'auxiliaires et d'éducatrices de jeunes enfants, si j'ai envie de dire, pardonnez-moi cette expression, sur le marché.

  • Speaker #0

    Sur le marché du travail.

  • Speaker #1

    Sur le marché du travail, tout à fait. Et donc, effectivement, c'est compliqué à trouver. On en a, mais pas suffisamment. Et en plus, les auxiliaires, la plupart du temps, quand elles sortent de l'école, vont dans les hôpitaux, les maternités. Donc, leur but premier, ce n'est pas d'aller forcément travailler en crèche en plus.

  • Speaker #0

    Oui, puis on sait aussi qu'il y a beaucoup de crèches municipales qui ont dû fermer des sections.

  • Speaker #1

    Il y en a plein.

  • Speaker #0

    Fermer des places, etc.

  • Speaker #1

    Des places fantômes partout.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est connu du public, on sait très bien qu'il y a une grosse pénurie de professionnels en ce moment.

  • Speaker #1

    Ils en ont conscience parce que là, j'ai vu passer cette semaine pour les pouponnières. Donc, c'est des bébés qui sont quand même en situation fragile. Et voilà, il y a quand même, en plus des soins, enfin, c'est des pouponnières, c'est quand même difficile comme endroit.

  • Speaker #0

    J'ai une interview qui sort là-dessus dans pas très longtemps.

  • Speaker #1

    Justement, ils ont fait un projet de décret pour l'encadrement des pouponnières. Écoute-moi, c'est une personne pour six bébés la journée et une personne... pour 30 bébés la nuit. Et ils ont une dérogation pour des non-diplômés parce qu'ils ont conscience qu'il n'y a pas assez de diplômés. Donc, pour les pouponnières, il y a là le projet de loi de cette même administration. Pour nous, micro-crèches, on va nous mettre des quotas avec des gens qui n'existent pas. Donc, le côté ubuesque de la situation, tu imagines, c'est quand même particulier.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur cette question. Est-ce que, toi, tu mets aussi en rapport ça avec le niveau de diplôme et d'encadrement ? et de taux d'encadrement des assistantes maternelles et des mâmes ? Ou est-ce que tu évites de faire la comparaison ? Parce que c'est un peu le même sujet.

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de la comparaison. La comparaison, en fait, aujourd'hui, une maison d'assistante maternelle, c'est un dispositif expérimental qui existe depuis plus de 40 ans. Ça a été fait à une époque. Aujourd'hui, ce n'est toujours pas légiféré. Une mâme, c'est quatre professionnels d'assistantes maternelles qui ont 80 heures de formation théorique et 40 heures en continu. Ce sont très peu. C'est un quart du CAP Petite Enfance. Et elles sont en quatre, sans référence santé, avec une inclusion, sans direction, sans analyse de pratiques professionnelles, des choses que nous avons nous. Et on leur donne 16 enfants. Et il n'y a pas de réforme bâtimentaire, on n'a pas des antipinces de haute porte. Je prends un exemple, c'est nul, mon exemple, je suis d'accord, mais quand même en fait.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas nul. On sait que tu as beaucoup de respect pour la profession, ta maman est assistante maternelle.

  • Speaker #1

    Je n'ai rien contre les assistantes maternelles, je n'ai rien contre les mâmes. Je veux juste illustrer la justice et la discrimination dont on fait part aujourd'hui. Et on a l'obstination récurrente de toujours être contre le privé.

  • Speaker #0

    Enfin toujours, c'est très récent quand même moi je trouve.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi quand même que ça dure. C'est pour nous, pour les gestionnaires, c'est dur quand même à un moment donné.

  • Speaker #0

    C'est long, alors moi ça fait 17 ans que je suis dans le métier. Donc ce que je voulais dire c'est qu'il y a vraiment une... Une énorme aggravation de ce point de vue politique ces deux dernières années. Je pense que, moi, mon point de vue, c'est qu'il y a eu une crise depuis très longtemps, mais que cette crise a été accélérée et a émergé dans le panorama du grand public quand il y a eu le décès de la petite fille à Lyon en 2022. Et que depuis ce moment-là, c'est devenu une sorte de combat un peu fanatique d'une partie des politiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est dramatique, c'est qu'on prend un fait divers. C'est un meurtre, c'est horrible. Et on a, c'est à Longueuil je crois, le multi-accueil de Longueuil, l'année dernière il y a une professionnelle d'un établissement public qui s'est donnée la mort, qui s'est suicidée et qui a laissé une lettre pour dénoncer ses conditions de travail. Elle était cégetiste, elle travaillait dans le public. On n'en parle pas de cette dame. Des drames, il y en a partout. Il y a une commission d'enquête parlementaire qui a eu lieu l'année dernière. Elle a révélé que ce n'était pas le statut qui faisait la vertu. Je rencontre beaucoup de mères qui aujourd'hui n'ont plus les moyens. avec la PSU de tenir un multi-accueil, qui nous posent les clés de leurs locaux sur la table pour qu'on leur reprenne et qu'on fasse une micro-crèche. Je te dis ça, c'est beaucoup des crèches en zone rurale. Nous, on a cette particularité dans notre réseau, on est très implanté en zone rurale. Imagine, j'ai une zone rurale où je n'ai pas de diplômé auxiliaire ni EJE, j'ai une CAP Petite Enfance qui a 15 ans d'expérience professionnelle, qui est référente technique et qui me tient à la crèche de façon formidable. Ils sont pleins d'idées, ils sont dynamiques, ils connaissent les gens des villes et des villages autour. C'est vraiment une inclusion totale sur le territoire. Si je devais appliquer ce décret à la lettre, je ferme cette crèche. Parce que je n'aurai jamais d'auxiliaire ou de JE dans ce territoire.

  • Speaker #0

    Je te comprends complètement parce que moi, la girafe étoilée dans mes 10 micro-crèches, j'avais dans chaque micro-crèche une personne diplômée catégorie 1, mais pas deux. Et en général, j'avais une infirmière. Et quand je n'avais pas d'infirmière dans cette micro-crèche parce que je n'avais pas les candidatures ou ni de JE, j'avais un relais de direction sur cette micro-crèche. Mais déjà, j'avais du mal à en avoir 10, donc je n'en avais pas 10 des catégories 1 sur mes 10 micros. Donc aujourd'hui, si on me demandait d'en avoir 20, je pense que ce serait impossible.

  • Speaker #1

    Voilà, et le problème, c'est que j'entends le cabinet Vautrin nous expliquer que ce décret ne dit pas qu'il faut licencier les gens, etc. Je veux bien, mais si j'ai quatre professionnels, imagine que je trouve les catégories 1, il faudrait que j'en embauche trois, ça me fait sept personnes. Pour 12 enfants, là j'ai un taux d'encadrement qui est exceptionnel.

  • Speaker #0

    Alors attends, réexplique.

  • Speaker #1

    Tu vois, 4 professionnels, ça pique petite enfance. J'entends les contradictions depuis qu'on a lancé la pétition de l'administration qui nous dit mais on ne vous a jamais dit de licencier. Ok, je ne licencie pas mes 4 CAP petite enfance. Donc pour avoir le 40%, je suis obligé d'embaucher 3 catégories 1. Imaginons que je les ai, qu'ils existent, mais ils n'existent pas, je précise. Mais imaginons, faisons un petit peu de science-fiction. Je les ai. Je dois embaucher trois personnes sans licencier mes quatre CAP, ce qui me fait sept personnes.

  • Speaker #0

    Oui, mais alors là, pour le coup, c'est vraiment de la science-fiction, c'est impossible.

  • Speaker #1

    C'est impossible, même financièrement, c'est pas tenable. Puis, en fait, financièrement, tu connais le CMG Page à 10 euros de l'heure, que tu as connu quand tu as démarré, ça fait il y a 17 ans.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu soulèves plein de questions là. Donc, c'est vrai que tu es allé assez vite. Je pense que les auditeurs, là, ils se posent plein de questions. Alors, effectivement, il y a déjà des réactions assez virulentes sur les réseaux sociaux. Tu as parlé là des détracteurs.

  • Speaker #1

    Ils se sont accrochés à une idéologie qui est respectable. C'est un modèle économique. On va dire que l'État fait tout. Le service public de la petite enfance, il n'y a que le public, il n'y a pas de privé, etc. OK, mais s'ils étaient capables de le faire, l'État, il l'aurait fait depuis longtemps, je pense. Et aujourd'hui, je pense qu'il y a aussi une maladresse. On a le service public de la petite enfance. C'est le mal nommé. Moi, je pense que... J'encourage en signe d'apaisement de renommer le service public de la petite enfance en service universel de la petite enfance, qui inclut tous les établissements, quel que soit leur statut. C'est le but du service public de la petite enfance. Quoi, avoir mis public dedans, alors ?

  • Speaker #0

    C'est idéologique.

  • Speaker #1

    C'est idéologique, ça cloisonne, ça ravive des guerres de clochers. Moi, ce que je souhaite, on a un véritable défi à faire ensemble, c'est que chaque parent, quel qu'il soit, quel que soit son mode d'accueil, puisse avoir le choix en toute... transparence et sécurité. Parler des mâmes, on parle des crèches, des multi-accueils, il faut qu'on est tous entre guillemets en fonction de ses particularités. Quand on accueille 12 enfants, c'est sûr que c'est plus de petites collectivités, c'est plus familial, tu sais ce que c'est. Donc on a des CAP qui sont formidables et aujourd'hui il manque de pros. Moi je suis d'accord avec le décret sur le fond, j'ai pas de sujet.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question.

  • Speaker #1

    C'est juste le momentum qui n'est pas bon. Bien évidemment, on veut tous faire de la qualité. Et bien évidemment, tous mes pros aussi, elles augmentent leur diplôme, elles vont augmenter leur salaire, et vont y gagner. Et la prestation de service sera meilleure. On est d'accord sur le fond. Mais aujourd'hui, elles n'existent pas.

  • Speaker #0

    Si on rentre un peu plus justement dans les propositions du décret, il y a cette réaction un peu virulente, moi qui m'a un petit peu dérangée, de oui, ils sont contre la qualité Non, c'est faux. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? C'est quoi pour toi ? Parce que tu as cité l'augmentation des quotas de diplômés de catégorie 1. Est-ce que tu peux dire s'il y a d'autres choses que tu retiens sur les réformes en cours qui te semblent pertinentes ou pas, dangereuses ou pas ?

  • Speaker #1

    La qualité n'a pas de prix. mais un coup à mal. Aujourd'hui, je vais parler en mon nom, mais je les connais quasi tous dans le secteur, aucun dirigeant de crèche ou de micro-crèche n'a la volonté de faire les choses mal à l'intérieur de ses crèches. Il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, il faut enlever ça de la tête des gens.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on fait avec les moyens du bord. C'est-à-dire qu'on a une PSU qui va augmenter de 0,04% cette année, alors que l'inflation, on en saura tout juste, mais c'est énorme. On a pris 6% sur l'électricité, on a pris 6% sur les couches et les repas, nos loyers ont pris 6 ou 7%, le SMIC, la masse salariale, a pris 20% en 3 ans. Je veux bien qu'on dise la qualité, la qualité, les quotas, etc., mais on n'a pas les moyens. À un moment donné, il y a une problématique. Et quand je parlais du CMG, les 10 euros ou l'augmentation de la PSU qui est très faible, pourquoi on ne met pas le coût de l'heure qui soit indexé sur le coût de la vie ? Ça, c'est un premier sujet. Le deuxième sujet, c'est l'intérieur de la réglementation. On est tous d'accord. Sur le fond, on est tous d'accord. Si on peut le faire, si on a les pros en face, etc., je n'ai aucun sujet avec ça. Aujourd'hui, le problème, c'est que je n'ai pas les pros en face. Le décret est sorti. Nous, on a eu une vague. J'ai vu ça avec la DRH. On a... une vague de demandes de VAE. On va les faire. On va accompagner nos pros. On n'a jamais dit non. Le problème, c'est le tempo. Pour être éducatrice de jeunes enfants, il faut trois ans. Pour être auxiliaire, c'est deux ans. Là, on nous demande d'être dans les clous au 1er janvier 2026. Dans dix mois, onze mois maintenant, ce n'est pas possible. On n'aura pas le temps de les former.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si on étalait la réforme sur trois ans, déjà, tu serais plus positif.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut aller au-delà des trois ans. On a une prochaine coche qui va venir. On doit une réforme sur le mode de financement à mettre en place et avoir un mode de financement qui soit unique pour toutes les structures, compréhensible par tous les parents. Tu sais ce que c'est en CMG Page, on fait de la pédagogie sur la tarification avec nos parents, on leur explique qu'ils vont recevoir le CMG Page, le reste à charge, le crédit d'impôt, pour leur expliquer, parce que quand ils voient la facture arriver de 1000 ou 1200 euros, waouh, ça fait énorme, c'est un SMIC. Donc à un moment donné, on a une pédagogie, on explique aux parents comment la tarification est faite au CMG Page. Et quand ils l'ont compris, tout va bien. Donc, on a une vraie pédagogie à faire. Et quand ils sont à la PSU, ils payent un prix qui est ridicule. Et je pense que, en fait, pour eux, la crèche, c'est une garderie. Parce que quand ils payent 1 euro ou 2 euros de l'heure, comment voulez-vous qu'ils respectent les professionnels qui sont en face d'eux ? Donc, il y a toute une réflexion à avoir sur ça, qui soit menée dans le temps.

  • Speaker #1

    Sur ce problème de tarification, je rebondis aussi. Parce que moi, j'ai constaté vraiment la différence quand je suis passée de la PSU à la PAGE. Donc, j'ai changé de système. J'ai géré une crèche collective pendant à peu près huit ans. Pour ça, c'était en associatif. Et ensuite, j'ai géré des micros en page. Donc, je connais bien la différence. Et je trouve que c'est très intéressant de voir la différence quand le parent sait combien ça coûte. C'est-à-dire qu'il y a un vrai problème, je pense, de notion de conscience des coûts en France. Parce que c'est comme quand tu vas à la pharmacie et que tu ne payes pas tes médicaments. Tu ne sais pas, en fait, combien ça coûte vraiment de te soigner, etc. C'est pas toujours le...

  • Speaker #0

    le truc de la prime de rentrée scolaire qu'on donne aux parents. Donc, ils ont une prime en fonction de leur revenu. Et avec ça, libre à eux d'aller acheter un crayon BIC, un crayon de marque de distributeur à leur enfant. Ils ont un budget, ils savent comment le consommer. On a des aides pour les... Et heureusement, d'ailleurs, on a un pays qui est quand même socialement bien fait. On a des aides pour les gens, libre à eux d'aller acheter un paquet de pâtes d'une marque de distributeur ou un paquet de pâtes Barilla, en fait. Donc, tu vois ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vois. Ce que tu veux dire, c'est qu'on pourrait, avec les aides de la CAF, choisir son type de mode d'accueil.

  • Speaker #0

    Ça existe en Europe. Tu prends l'Angleterre, l'Allemagne, c'est comme ça que ça se passe, en fait.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, dans la réforme, que moi j'ai lue aussi en détail, ça m'a l'air d'être plutôt parti sur quelque chose de très complexe. Quand je lis qu'ils parlent de linéarisation du système du CMG, alors déjà, il faut comprendre ce que ça veut dire. Il y a plusieurs scénarios qui sont évoqués qui, moi, me semblent complexes. Et puis surtout, j'ai l'impression que déjà qu'en ce moment, les temps sont durs pour les micro-crèches financièrement, mais avec ce système-là, on va se rapprocher plutôt de la PSU, d'un système à l'heure, etc. Alors qu'en fait, on voit bien depuis assez longtemps déjà qu'avec le système à l'heure de la PSU, on est amené à faire du remplissage, à être vraiment très axé sur les données financières, les ratios, à se dire attention, il faut remplir telle heure, telle heure, telle heure. Et donc le CMG, je trouvais que c'était un confort pour tout le monde parce qu'on... On est au forfait, on n'est pas là en train de se dire attention, il faut que je remplisse des heures absolument, etc.

  • Speaker #0

    C'est un confort pour tes parents. Ils savent, ils n'ont pas de surprise. Le prix est défini à l'année, ils n'ont pas de surprise. Ils savent exactement, ils sont sereins. Et tu n'as pas tous les mois, oui, mais j'ai dû attendre un quart d'heure parce que la maman était devant moi, elle parlait longtemps dans la transmission et vous m'avez compté un quart d'heure de trop. C'est serein. Donc les parents sont sécurisés et il n'y a pas de sujet avec ça. Les pros, ils sont sécurisés. Ils n'ont pas à faire des transmissions plus rapides ou moins rapides parce qu'il y a des gens qui attendent derrière. Et puis, on ne parle pas d'argent à la crèche, en fait. C'est ça qui est bien. C'est sécurisé pour le gestionnaire parce que tu n'as pas la course en remplissage. T'as pas la course au surbooking, t'as pas à boucher des cases. Le mercredi, un mois d'enfant, c'est une journée un peu plus respirante pour les pros. Ça leur permet de travailler ensemble sur des projets. Ça permet de travailler spécifiquement avec certains grands. En fait, tout le monde y trouve son compte dans ce système. Pour ça, il faudrait que l'administration vienne nous voir, et vienne dans nos crèches, et nous concerte ce qui n'a pas été fait là.

  • Speaker #1

    C'est le système qui avait cours avant la mise en place de la PSU. On facturait de toute façon forfaitairement. Donc, ce n'est pas les microcrèches qui sont les premiers à facturer forfaitairement.

  • Speaker #0

    Ça existait et ça marchait bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, moi, j'avais plutôt l'impression qu'on se dirigeait vers une généralisation d'un système forfaitaire comme la page. Et en fait, là, en relisant les nouveaux textes, ça me semble partir en arrière vers quelque chose de compliqué qui ressemblerait à la PSU. Est-ce que toi, tu as la même lecture que moi ?

  • Speaker #0

    Pareil. Pareil, pareil. Et puis je pense qu'on se trompe parce qu'on va encore faire une usine à gaz, un truc qui pourrait être très simple.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'idée ? Moi, mon ressenti, c'est qu'il y a des gens dans l'administration, alors est-ce que c'est des hauts fonctionnaires ou des élus, je ne sais pas, mais sans citer personne, j'ai l'impression qu'il y en a qui s'imaginent qu'on a un coffre-fort avec plein de billets cachés au fond de la crèche, qu'on s'en met plein les poches.

  • Speaker #0

    Je pense avoir une explication à ça. En fait, une micro-crèche... Effectivement, c'est une entreprise. Donc tu as un gestionnaire qui a mis son épargne sur la table, qui a pris des risques et qui a emprunté pour construire sa crèche. Donc ça, on l'oublie de le dire. Souvent, ils sont conscients personnels de leur emprunt. Donc c'est un entrepreneur, c'est un chef d'entreprise. Et puis, sa micro crèche, il va la remplir, il est proche de ses équipes, ses parents l'adorent. Et on le voit sur la pétition, nos parents nous soutiennent à fond. Et je suis très content de ça. Et il va finir par avoir des bénéfices en fin d'année parce qu'il ne sera pas payé. la première année de fonctionnement. Puis en fin d'année, il va prendre des bénéfices. Après impôt, il va avoir entre 15 et 20 000 euros. Donc on se dit, ah, il fait des bénéfices, c'est génial. Sauf qu'il n'a pas pris de rémunération. Est-ce qu'un cadre dans une entreprise, 20 000 euros, c'est un gros revenu ? Est-ce que ces gens dans l'administration, combien ils gagnent ? C'est quoi leur salaire ? Est-ce que quelqu'un qui se lève le matin, qui travaille toute la journée, que le week-end, il va refaire des petits trucs à la crèche parce que c'est chef d'entreprise, c'est du lundi au lundi en fait. Ça est tout le temps. Tu sais ce que c'est ? Le petit SMS à 7h du matin ?

  • Speaker #1

    Tu peux t'organiser quand même, il faut s'organiser. Je m'adresse au gestionnaire là, ne faites pas ça, ne travaillez pas H24 cette journée.

  • Speaker #0

    C'est bête ce que je dis, mais si ils le font, parce que c'est comme ça l'entrepreneuriat, est-ce que c'est indécent d'avoir une rémunération, de dire je me paye sur mes bénéfices ? Alors on va regarder l'ensemble des liasses fiscales des micro-crèches, ils gagnent tous de l'argent. Oui, mais c'est leur rémunération.

  • Speaker #1

    Alors, pas tous. Pas tous.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    On sait quand même pas mal d'entreprises.

  • Speaker #0

    Tu regardes 2021, 2022, ils se disent Ah, ça marche bien, les micro-crèches. Oui, OK, d'accord. Mais en fait, non. Pas tout le monde, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as constaté, comme moi, qu'il y avait quand même des faillites, des redressements judiciaires ? Enfin, voilà, que c'est difficile quand même.

  • Speaker #0

    On a en France, aujourd'hui, à peu près 350 micro-crèches à vendre. Il y a de tout. Il y a des crèches qui vont très mal. qui sont au bord de la faillite. Il y a des gestionnaires qui en ont ras-le-bol et qui veulent tout lâcher parce qu'ils en ont marre de se faire matraquer par la presse, par des émissions qui envoient la télé anti-privé, les bouquins, parce que ce n'est pas comme ça chez eux, en fait. Il y a un amalgame qui est fait. Et ce n'est pas parce qu'on voit et qu'on met en lumière la loupe sur deux, trois dysfonctionnements qui existent, sans doute. Mais ce n'est pas ça la réalité des crèches, ce n'est pas ça notre quotidien. Mais venez nous voir, venez dans nos crèches, venez parler à nos pros.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est important de... les bouquins, les scandales, etc. Je pense qu'ils ont aussi un intérêt de faire bouger les choses, mais sans, effectivement, comme tu dis, sans faire d'amalgame. Ce serait ça qui serait vraiment génial. Ce serait de ne pas tout mélanger. Et ce n'est pas parce qu'il y a une personne qui fait quelque chose de mal qu'il faut punir toute la classe.

  • Speaker #0

    Ces bouquins ont une vertu. Ils ont fait prendre conscience à tout le monde, quel que soit le statut public, professionnel, de la petite enfance, associatif, privé. Aujourd'hui, il y a une mise en lumière dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc c'est très bien. Il y a un côté pervers, c'est qu'on stigmatise les privés. Il y a un autre côté pervers, avec ces émissions et ces bouquins, on a aussi des parents. Je me suis retrouvé à la gendarmerie parce qu'un enfant s'était fait mordre à la crèche. On en est là. J'ai un gendarme devant moi qui était dépité, qui doit faire son job, qui interview nos pros, qui, elles, sont traumatisées de se retrouver à la gendarmerie parce que ce n'est pas leur quotidien. Mais on en est là aussi aujourd'hui, de plus en plus. Alors qu'un enfant qui meurt à la crèche, on l'a tous dans nos crèches tous les ans. c'est quelque chose qui est ainsi fait.

  • Speaker #1

    Ce que tu veux dire, c'est que les rapports se sont tendus, crispés, et qu'on est vraiment dans un...

  • Speaker #0

    Heureusement, pas tous, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais ce n'est pas la première personne à me le dire. C'est vrai que...

  • Speaker #0

    Avant, on n'avait pas ça.

  • Speaker #1

    Ça a mis tout le monde sur les dents, quoi.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça stigmatise, ça mêlait les parents sur certains parents en défiance.

  • Speaker #1

    Je peux les comprendre, c'est inquiétant. Tu confies ce qu'il y a de plus important et de fragile pour toi à un tiers. Et donc maintenant, il faut réinstaller ce lien de confiance.

  • Speaker #0

    On parle du secteur de la petite enfance qui est en péril, qui va mal, la maison elle brûle. Qui a envie de rentrer dans une maison qui brûle à mal ? Personne. Donc arrêtons de dire que la petite enfance va mal. Moi, je peux vous dire que la petite enfance va très bien. Il nous manque des pros, c'est une certitude. Ben, retroussons-nous les manches tous ensemble, faisons un vrai plan de formation pour avoir plus de pros, venez voir nos crèches, ce qui marche et ce qui ne marche pas, on fait le bilan ensemble, qu'est-ce qui est bon pour les enfants, c'est ça le plus important, qu'est-ce qui est bon pour sécuriser nos parents, et travaillons ensemble. Nous, on a donné à la Fédération Française des Entreprises de Crèches nos audits. On a plus de 500 points de contrôle quand on fait nos franchisés ou chez nous, parce qu'on est à cheval sur la qualité, et c'est comme ça qu'on obtient et qu'on arrive à garder un niveau de service de qualité. On l'a donné, prenez-le, faites-e ce que vous voulez, donnez-nous nos remarques, améliorez-le si vous voulez, on est ok. Arrêtons de se faire des guéguerres entre privés, publics et associatifs. Il faut qu'on travaille ensemble sur un mode de financement unique pour tout le monde, compréhensif par les familles et simple. Et puis travaillons ensemble sur la qualité avec les moyens qu'on a aujourd'hui, les moyens du bord. Aujourd'hui, les moyens du bord, on ne les a pas les pros, donc ça ne sert à rien de faire des quotas. On ne les a pas. Par contre, travaillons ensemble sur un vrai plan. Donnez-nous des moyens. Aujourd'hui, les opcos, ils n'ont pas une thune. Comment on fait ?

  • Speaker #1

    Je te sens complètement exclue de la réflexion, si je comprends bien. J'ai l'impression qu'on est parti un petit peu tout feu tout flamme sur des choses un peu simplistes. Voilà, il faut plus de diplômés, etc. Bon d'accord, mais sur le terrain, ça va donner quoi ? Est-ce que le fait d'avoir une auxiliaire de périculture, en plus, va changer obligatoirement la qualité ? Moi, j'ai eu de la grande qualité dans mes micro-crèches et je n'avais pas plus d'auxiliaires. Attention, je ne dis pas que ce n'est pas bien de former les gens. Je dis juste que je trouve ça un peu réducteur de penser qu'il suffit d'avoir une formation de niveau plus élevé initial pour que la qualité soit au rendez-vous. Moi, j'ai l'impression que ce qui joue énormément, c'est la formation aussi continue sur le terrain avec un bon manager. Et ça, ça tient.

  • Speaker #0

    L'expérience. L'expérience vaut toutes les formations. Je leur propose une dérogation à leur texte. Les CAP Petite Enfance, avec plus de deux ans d'expérience professionnelle, on les met en catégorie 1. On a eu des gestionnaires qui ont porté des projets. Sur des CAP bonifiés, on a des CAP qui sont excellentes, qui n'ont pas forcément envie de reprendre un diplôme, et qui ont beaucoup d'expérience, 2, 3, 5 ans, 10 ans.

  • Speaker #1

    Et à l'inverse, Jimmy, on a aussi des éducatrices ou des auxiliaires qui ne sont pas bonnes. Il n'y a pas de règle absolue, en fait.

  • Speaker #0

    On est dans l'humain. On fait de l'humain, on est dans l'humain. Par rapport à la pénurie de pros, de catégoriens, surtout, pourquoi pas bonifier des CAP petite enfance ? Et les passer en catégorien, c'est largement possible. Et ça permettrait, pas que nous... les multi-accueils où il y a les places qui sont fermées, parce que faute de professionnels catégoriens, de pouvoir les ouvrir. Parce qu'il y a quand même un constat aussi, c'est qu'on manque de places de crèche en France, il ne faut pas l'oublier. Les assistantes maternelles, ce n'est pas un métier en devenir. Ça s'égraine chaque année, on a de moins en moins d'assistantes maternelles. Les jeunes générations, ce n'est pas un métier qui attire. Donc il faut repenser aussi à ça. Ils ont fait des plans et des plans successifs pour essayer... d'attirer de nouvelles personnes dans le métier d'assistante maternelle, ça ne marche pas. Donc il faut à un moment donné en tirer des conclusions. Les nouvelles générations ne sont pas attirées par ce métier à travailler toutes seules chez elles. Et donc il y a toutes ces places-là, il va falloir bien trouver des solutions.

  • Speaker #1

    Oui, pour reparler de ce contexte national, on a à peu près 2 millions d'enfants de moins de 3 ans en France et à peu près 1,3 million de places pour accueillir ces enfants. Mais dans ces 1,3 million de places, il y a beaucoup d'assistantes maternelles. Et en fait, elles sont quand même massivement en train de partir à la retraite. Donc sans compter les annonces de création de 200 000 places en crèche d'ici 2030, qui font que la volonté qui est annoncée de créer de plus en plus de places, on a un petit peu de mal à comprendre comment elle est compatible avec ce type de loi.

  • Speaker #0

    C'est l'actualité, c'est politique ce que je vais dire. On a un État très endetté. et qui n'a plus les moyens de créer des places de crèche. On a un pays comme le Maroc, où le taux de mobilité des femmes augmente, et pour créer des crèches, on fait appel au privé.

  • Speaker #1

    C'est ce qui s'est passé en France.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on a un État qui n'a plus d'argent, il faut créer des places de crèche, et on stigmatise le privé, et on marche sur la tête.

  • Speaker #1

    Oui, mais Jimmy, dans les années 2000, s'ils ont ouvert le secteur au privé, moi je m'en souviens, c'était parce que les mairies n'ouvraient plus de places, parce que c'était devenu très difficile pour les mairies. Et ensuite, tous les incentives, tu vois, le CIFAM, le crédit d'impôt aux familles, tout ce qui a été fait, ça a été fait pour favoriser la création de places. Donc c'est vrai que c'est curieux qu'aujourd'hui... Ça se retourne contre les gens qui se sont investis là-dedans.

  • Speaker #0

    Exactement. Ça a marché il y a 20 ans. Aujourd'hui, le constat pour l'État est pire. Ils ont encore moins de moyens et ils veulent enlever ce qu'ils ont créé.

  • Speaker #1

    Pour revenir sur plusieurs choses que tu as dites, par exemple, tout à l'heure, tu as dit qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle en France. Ce n'est pas vrai, etc. J'ai envie de peut-être mesurer un petit peu ce que tu as dit. Je pense qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle volontaire. Mais en revanche, il y a des gens qui souffrent sur le terrain. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas assez de pros. Donc, on se retrouve dans des situations qui sont difficiles. Aussi, je pense qu'il y a des façons de gérer qui peuvent améliorer les choses. On peut vraiment travailler sur la technique de travail. Et aujourd'hui, je pense qu'on manque un petit peu de technique de travail dans le secteur. Et donc, c'est là que je suis d'accord avec l'idée de faire plus de formation, etc.

  • Speaker #0

    Tu manques de pros, tu manques de formateurs.

  • Speaker #1

    Tu manques de tout, voilà, et de temps. Et en fait, le vrai problème, parce que là, on a parlé beaucoup des quotas, mais le vrai problème, il est financier. C'est qu'aujourd'hui, on n'a pas les moyens dans les crèches d'embaucher plus de monde et de prendre plus de temps pour penser l'accueil, pour ne pas demander à nos pros de faire des trucs qui ne sont pas de leur ressort. Comme moi, j'ai entendu des pros qui mettent des flyers pour faire de la pub, pour remplir la crèche. Des pros qui font le ménage, des pros qui... Enfin bon, que des trucs qui, à la base, ne sont pas censés être faits par... elle.

  • Speaker #0

    Juste poste ça.

  • Speaker #1

    Voilà, et en fait l'idée c'est de spécialiser les pros de dire, un pro de la petite enfance, il est par exemple spécialisé dans l'accueil des bébés, montrer que c'est un métier technique et que le pro peut se concentrer sur son métier et qu'on ne va pas devoir, parce qu'on n'a pas d'argent, lui demander d'aller mettre des flyers pour remplir la crèche. Et c'est là que ça pose problème. C'est qu'aujourd'hui on n'a plus d'argent dans les caisses. Comment on peut travailler dans ces conditions ? ... C'est pour ça que je dis qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, à mon avis, volontaire. Moi, je ne rencontre que des gestionnaires qui ont décidé de faire ce métier par passion, parce qu'ils rêvaient d'un job passionnant, avec des enfants qui rigolent toute la journée, des professionnels qui sont ultra motivés, dynamiques. Donc, c'est un rêve, en fait. Personne ne fait ça en se disant je vais maltraiter les gens et puis je vais m'en mettre plein les poches Aujourd'hui, il y a quand même des gens qui souffrent, finalement, depuis. Tout à l'heure, on n'a parlé que du quota dans cette réforme. Est-ce que c'est en fait le seul point qui, pour toi, pose problème ? Est-ce que tu peux peut-être éclaircir un petit peu, pour les auditeurs qui n'ont pas forcément lu tous les textes, il y a un décret, il y a une loi, c'est quoi le rapport entre les deux ? Et c'est quoi les points qui, pour toi, sont bloquants ?

  • Speaker #0

    Le décret a plusieurs points. Le premier, sur lequel on est tous devant debout, et effectivement, c'est sur ces quotas de 40% de catégorie 1. On a un deuxième point qui est sur... La référente technique devient directrice. Aujourd'hui, une référente technique doit être dans la crèche et elle a 7 heures par semaine dégagées de l'encadrement des enfants pour s'occuper soit de tâches administratives, soit de tâches pédagogiques d'organisation. Chez nous, nos référentes techniques n'ont pas de tâches administratives. Elles sont vraiment dans la pédagogie, dans l'observation des enfants ou dans l'observation des pratiques professionnelles des autres pros dans le management. Aujourd'hui, ce décret voudrait qu'elle soit à mi-temps hors d'encadrement des enfants, ce qui veut dire qu'il faudrait la remplacer dans l'encadrement des enfants également. Ça nous fait des charges supplémentaires. Et puis, à mi-temps hors encadrement des enfants, quelqu'un qui va observer les pratiques professionnelles et les enfants la moitié de son temps toutes les semaines, même pour elle, elle va s'ennuyer.

  • Speaker #1

    Alors là, tu extrapoles parce que ce n'est pas ça qui est écrit dans le projet. Il n'est pas écrit qu'elles doivent observer, il est écrit qu'elles doivent avoir... la moitié de leur temps.

  • Speaker #0

    Qui leur donnera les fonctions qu'elles veulent. Mais c'est une demi-semaine hors encadrement des enfants.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, j'avais plutôt l'impression qu'elles allaient se retrouver à faire des factures, des reportings, des choses qui ne sont pas liées à leur plus-value technique, expert en petite enfance.

  • Speaker #0

    On a des référentes techniques, nous, qui sont auxiliaires de puer, éducatrices de jeunes enfants, infirmières de puer. Est-ce qu'elles ont fait des études administratives et comptables ? Non. Donc moi, chez moi, elles ne font pas ça.

  • Speaker #1

    Je suis complètement d'accord à 100% là-dessus.

  • Speaker #0

    J'ai fait un recrutement la semaine dernière. J'ai une infirmière puaire qui était face à moi et qui pleurait. Elle vient d'une crèche qui n'est pas privée. Et elle passait son temps derrière un ordinateur toute la journée à faire du remplissage. Parce qu'elle avait une hiérarchie qui lui mettait la pression. Et elle veut juste retrouver le contact avec les enfants.

  • Speaker #1

    Ce qu'on a vraiment dans les micro-crèches, ce que je préconise, que ce soit dans mes crèches ou dans les crèches des gens avec qui je travaille, que j'accompagne, c'est exactement ça, c'est que la référente technique... elle n'est pas là pour passer son temps à faire de l'administratif. Donc elle a bien sûr dans son management quelques tâches administratives parce que c'est elle qui sait ce qu'il faut transmettre comme éléments de paye ou ce genre de choses. C'est elle qui gère son équipe. Mais ça doit être quand même que des tâches qui sont vraiment liées à ses fonctions de manager. Et ça ne doit pas devenir une usine à gaz. Elle ne doit pas faire du recouvrement de factures, du commercial ou je ne sais pas quoi. C'est pour ça aussi qu'on a besoin d'avoir ce financement de l'activité, pour pouvoir avoir du personnel de soutien à l'équipe, de fonction de support. On n'a pas besoin de 50 personnes évidemment, mais quelqu'un qui s'occupe de ça.

  • Speaker #0

    La référence technique qui est au contact des pros et des enfants et des parents, puisque c'est dans nos missions aussi, l'accompagnement à la parentalité. Comment voulez-vous faire un accompagnement à la parentalité si, bon, je n'ai pas eu votre chèque, vous pouvez payer ? Non, la relation est biaisée. qu'on est dans une relation commerciale. Et comment voulez-vous que la maman ou le papa viennent parler d'une problématique de parentalité avec cette professionnelle ? C'est impossible. Donc là, on ne fait pas du bon travail. Aujourd'hui, nos gestionnaires jouent ce rôle administratif et financier. Nos référents techniques jouent ce rôle de parentalité des enfants, de la pédagogie. Et chacun est à sa place dans son métier.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du temps de direction. Dans ce projet de décret, il y a le quota de pro-catégorien. il y a le temps d'aider à la direction. Est-ce que tu as d'autres points qui te chiffonnent ?

  • Speaker #0

    Après, on a la députée Hervieux qui nous a fait son projet, qui a été adopté. Il n'y avait pas grand monde dans l'hémicycle, et c'était à 23h58. Je n'appelle pas ça une victoire.

  • Speaker #1

    Mais alors, c'est quoi les points du projet de loi ?

  • Speaker #0

    C'est déjà un titre racoleur. Luttons contre les privés pour la qualité, etc. Donc, il y a des points sur l'interdiction des fonds d'investissement dans les groupes de crèche. Bon, je joue. ou pas d'avis là-dessus. Moi, je suis un entrepreneur. Quand je vais voir ma banque pour dire que j'ai un projet de crèche, je suis content qu'elle me finance.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai ouvert mes crèches, j'avais beaucoup de financement de la CAF à l'époque, que ce soit en associatif ou en entreprise. J'ai été financée par la CAF pour ouvrir mes crèches parce que ça coûte cher. Aujourd'hui, quand je travaille avec des gestionnaires qui doivent faire tous les travaux pour ouvrir une crèche et qui doivent s'endetter de 200 000 euros, ce n'est quand même pas donné à tout le monde. Et puis ensuite, il faut les rembourser ces 200 000 euros. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que je vais devoir générer aussi du cash grâce à l'activité d'accueil pour pouvoir payer la banque. Donc, si on reprend cette histoire de fonds d'investissement et de banque, je pense qu'il y a aussi ce problème, c'est qu'aujourd'hui, les micro-crèches sont exclus du financement de la CAF. Donc, où est-ce qu'on va chercher les fonds ?

  • Speaker #0

    J'entendais ce matin le grand patron des patrons au MEDEF, plus des grands patrons en France, qui se disent en fait, on ne veut plus d'investissement en France, on ne veut plus d'entreprise en France. Et ça va devenir compliqué parce que je rappelle que le modèle social, la branche famille dont on dépend nous de la CNAF, c'est quand même les cotisations patronales. Souvent on nous parle de l'argent public, ok, mais cet argent il vient d'où ? Il vient quand même des entreprises. C'est quand même nous qui les payons ces cotisations, ces cotisations patronales. Donc s'il n'y a plus de patron, s'il n'y a plus d'emploi, comment on fait ? Le modèle social, il va partir en sucette.

  • Speaker #1

    Ce serait chouette si on n'était pas dans cette opposition idéologique entre le privé, le public, les salariés, les patrons. Alors reprenons sur la loi Hervieux. Donc il y a effectivement cette histoire de fonds. Donc ça, tu dis toi-même, ce n'est pas forcément ton combat. Si,

  • Speaker #0

    ça fait partie du combat. Je ne me positionne pas comme un acteur de la petite enfance sur ce point-là, mais comme un patron. Moi, je suis un petit chef d'entreprise. J'ai créé ma boîte tout seul. Peut-être demain, je vais peut-être dire, tiens, j'ai encore envie de me développer. Et puis il y a un fonds qui va rentrer chez nous. Et ça fait partie... du développement et d'une croissance normale d'une entreprise.

  • Speaker #1

    Trouver des financements, pour traduire aux auditeurs, c'est trouver des financements.

  • Speaker #0

    Mais oui, c'est trouver des financements. Donc ça fait partie du jeu. Qui voudra encore se lancer dans la petite enfance demain, si on n'a plus les moyens, ou si on interdit, ou si on limite ? Avec cette loi, on ne résout pas le problème de la création de places, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a d'autres points, ou est-ce que tu as fait le tour des points ?

  • Speaker #0

    Dans l'ensemble, que ce soit le projet de décret de décembre ou la loi Hervieux, nous, ce qu'on veut, c'est être concerté. On veut pouvoir être écouté. Le partage d'expériences fera avancer notre cause. Donc mettons-nous autour de la table tous ensemble, de tous milieux, discutons, échangeons et arrêtons avec ces idéologies, ces dogmes.

  • Speaker #1

    Tu penses qu'on peut trouver des solutions ?

  • Speaker #0

    On peut trouver des solutions, il faut juste en avoir envie en fait.

  • Speaker #1

    Peut-être étaler dans le temps aussi les réformes pour qu'elles soient soutenables.

  • Speaker #0

    Étaler dans le temps les réformes, y aller par étapes.

  • Speaker #1

    Mettre en place les financements derrière.

  • Speaker #0

    Ou si on ne les a pas, on ne met pas les financements. On met des plans de formation en place, il faut les créer ces pros. Travaillons sur ça d'abord. Une fois qu'on les a, mettons-nous des quotas pour améliorer la qualité. On est tous d'accord pour le faire, mais allons étape par étape et mettons pas la charrue avant les bœufs.

  • Speaker #1

    Alors Jimmy, on arrive quand même à la fin de notre interview. Donc j'ai quelques questions de fin d'interview à te poser. Je vais voir si tu vas réussir à répondre de façon synthétique. Ma première question, il y a depuis à peu près deux ans. Une façon d'appeler les micro-crèches que je trouve assez particulière. On n'entend plus jamais parler des micro-crèches sans qu'il y ait derrière le terme privé lucratif. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? Est-ce que tu as quelque chose à dire ?

  • Speaker #0

    Ça me fait sourire, je rigole. C'est dogmatique, c'est idéologique. C'est puéril.

  • Speaker #1

    Je n'aurais pas forcément dit puéril. Moi, je trouve ça hyper discriminant et je trouve ça hyper vexatoire. Et que ce n'est pas ce qu'on utilise comme vocabulaire pour tous les autres secteurs d'activité. Donc, je ne comprends pas pourquoi dans les crèches, sous-entendu, privé lucratif au lieu de dire juste privé, ça veut dire qu'ils veulent se faire de la thune.

  • Speaker #0

    Privé endetté aussi, ça marche. C'est avec nous, Souk, qu'on a fait le truc.

  • Speaker #1

    Bon, alors, question suivante. Toi, tu rencontres... beaucoup de porteurs de projets, mais aussi beaucoup de gestionnaires. Aujourd'hui, qu'est-ce que tu dirais sur la motivation des gestionnaires ? Où on en est ? Qu'est-ce qui les motive ? Est-ce qu'ils sont toujours motivés ?

  • Speaker #0

    Il y a un ras-le-bol. Ils en ont marre et ils sont très en colère. Je temporise, je suis chef de file, on fait attention, mais ils sont révoltés. Comme tu le dis, ils se sentent discriminés, ils trouvent ça injuste. Ils en ont marre de ne pas être entendus, de ne pas être écoutés. Quand je te dis qu'il y a 350 micro-crèches à vendre, tu t'imagines le ras-le-bol des gens ? Ça suffit. Là, on va sonner le glas de la fin, ça suffit. L'opération crèche-morte, t'imagines, c'est des patrons qui font grève. On n'a jamais vu ça.

  • Speaker #1

    On n'en a pas parlé. Est-ce que tu peux dire quelques mots sur l'opération crèche-morte, puisque notre épisode va sortir lundi ?

  • Speaker #0

    Donc, on fait une journée le matin, c'est un petit café avec les parents. On les sensibilise sur la réglementation et sur notre pétition pour qu'ils le signent avec nous. Alors même, il y en a déjà qui l'ont fait beaucoup. On va les sensibiliser, ils nous soutiennent. On a laissé la main à nos équipes et aux crèches et aux gestionnaires de la façon de cette mobilisation. Donc on a des pros qui auront des t-shirts Je suis de Chamacrèche Il y aura des pros habillés en noir toute la journée. Il y aura des pros avec des stickers, des brassards pour montrer qu'ils en auront le bol. Et certaines fermeront un peu plus tôt, à 17h. Elles iront avec les parents et puis avec l'ensemble de l'équipe, remettre un courrier au maire pour leur montrer leur inquiétude sur ce décret. Donc il y a deux façons de faire. Le but n'est vraiment pas d'embêter nos parents parce qu'ils bossent. Ils ont besoin de nous, on les connaît, ils nous connaissent, ils savent comment on travaille, ils ont confiance en nous. Et donc c'est l'opération crèche-morte, ça va être une journée de sensibilisation.

  • Speaker #1

    Et la date pour les auditeurs ?

  • Speaker #0

    C'est lundi 3 février, toute la journée.

  • Speaker #1

    Et s'ils veulent signer la pétition, je mettrai le lien de la pétition dans les notes de l'épisode. Est-ce qu'elle a une date limite de fin ? Non,

  • Speaker #0

    on n'a pas de date limite, on va passer bientôt les 20 000 signataires avant la journée de mobilisation, donc on est très contents. Cumulé avec nos copains du Rémi et de la FSEP, on va bientôt avoir les 30 000 signataires. Il est peut-être temps qu'on nous reçoive maintenant. Je lance appel à ce micro, à Madame Vautrin et à son cabinet.

  • Speaker #1

    Je te souhaite d'être entendue et de pouvoir participer au débat.

  • Speaker #0

    Il va bien venir vous faire la bise.

  • Speaker #1

    Madame Vautrin, tu veux lui faire la bise ?

  • Speaker #0

    Moi je suis cool, moi je suis...

  • Speaker #1

    La bise à toi.

  • Speaker #0

    La bise à tout le monde.

  • Speaker #1

    Bon en tout cas, tu aimerais sérieusement parler...

  • Speaker #0

    Juste qu'on puisse être consultés, concertés et travailler ensemble sur l'avenir de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Ma question suivante c'était, si tu avais été concerté dans ce projet, est-ce qu'il y a des points que tu aurais retenus, que tu trouves positifs ? et sur lesquelles tu aurais pu avoir peut-être ou alors un impact ? Qu'est-ce que tu dirais sur ta concertation ?

  • Speaker #0

    Je vais être honnête, je n'ai pas beaucoup de points sur lesquels je suis d'accord. Peut-être aussi à cause de ça qu'on fait crèche morte et qu'on en a fait une pétition, c'est qu'on n'est pas d'accord sur beaucoup de choses en fait. Je lisais dans les pros de la petite enfance, Madame Domingo, qui me disait que le décret, la boussole, c'était la qualité. Super, on a la même.

  • Speaker #1

    On a la même boussole.

  • Speaker #0

    Oui, on veut faire la même chose. Maintenant, il y a un contexte. On manque de pros, on manque de formation. On manque de moyens. Donc on va partir de ce constat, de se dire, qu'est-ce qu'on a sur la table ? Voilà ce qu'on a aujourd'hui. Et comment on peut améliorer la qualité et comment on peut travailler là-dessus ? Sans discrimination, sans idéologie. Il y a des choses à faire dans tous les domaines. On parlait des mâmes, on parlait des pouponnières, des crèches privées, des multi-accueils. Je pense que chacun peut apporter son expérience. Il faut prendre les particularités de chaque mode d'accueil et avoir un référentiel, j'ai envie de dire, par mode d'accueil finalement. En ce moment, autour de la table, on met les moyens qui vont en face.

  • Speaker #1

    J'ai encore une question. Aujourd'hui, qu'est-ce qui te donne de l'espoir encore dans la petite enfance ? Est-ce que tu as encore de l'espoir ? Et qu'est-ce que tu dis à ceux qui rêvent d'embrasser ce métier, que ce soit en tant que professionnel sur le terrain ou en tant que gestionnaire, comme moi j'ai pu l'être ?

  • Speaker #0

    Ça ne s'appelle pas optimum pour rien, il y a de l'optimisme dedans. Moi, je suis un éternel optimiste. En fait, on a encore plein de bébés à naître. On a un pays qui est dynamique en termes de naissance, même s'il y a un petit recul, on reste quand même les... Ils sont européens, donc il ne faut pas se tromper. Pour eux, en fait, et pour nos pros qui font un métier formidable, moi, je me bats pour mes pros aujourd'hui. Et j'ai un homme dans mes crèches. Donc d'ailleurs, si des hommes veulent venir en crèche, ça peut aussi aider à résoudre la pénurie. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Et moi, je suis plein de dynamistes et je suis plein d'idées. Et je ne suis pas tout seul. On est une tripotée de gestionnaires, de chefs d'entreprise qui ont des idées, etc. Mais ce qu'on veut, c'est être entendu et être écouté. C'est tout ce qu'on souhaite, en fait.

  • Speaker #1

    Et pour ceux qui sont en train de créer leur crèche, qui ont le chantier en cours ? C'est celui qui est en train de se dire, oh là là, mais moi, en fait, j'ai mis toutes mes économies, j'ai mon ouverture en septembre. Et là, je suis en train de me rendre compte que mes chiffres sont en train de s'effondrer avec cette réforme.

  • Speaker #0

    Non, mais un jour à la fois, il faut croire en demain, toujours. Et elle n'est pas passée encore cette réforme. On se bat pour ça. On a le 3 février une action. J'espère que Madame Vautrin me recevra avec nos copains et qu'on puisse parler tous ensemble.

  • Speaker #1

    C'est la volonté d'être concertée, la volonté d'échanger. Tu n'es pas dans une posture bloquée. Tu veux juste pouvoir avoir cet échange constructif. Donc, je te souhaite que ça arrive. En tout cas, avec Aurélie, on va mettre le paquet. parce qu'on est déjà le 31 janvier. Donc, on va se démener pour monter cet épisode pour qu'il soit prêt à la diffusion lundi.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste ajouter un truc. Il nous faudrait une quantité de Hamal pour continuer à porter, à prêcher la bonne parole parce que ce que tu fais par tes podcasts sur les différents sujets, etc. fait un bien fou aux pros de la petite enfance. Moi, je t'écoute. Je suis en voiture, je te mets le podcast, tu t'écoutes. Ce que tu fais est formidable, donc je tenais à le dire aussi parce qu'il nous en faut plein des gens comme toi.

  • Speaker #1

    Écoute, là, ça me... J'ai pleuré, tu vois.

  • Speaker #0

    Continue à faire ce que tu fais, c'est génial.

  • Speaker #1

    C'est trop, trop mignon. Tu sais qu'Aurélie et moi, on est un petit peu seuls, souvent derrière notre micro, derrière notre ordinateur, à faire le montage, à tout préparer. Ça prend vraiment beaucoup de temps. On y passe des heures et quand il y a de l'actu comme ça et qu'on se dit, allez, on va faire un truc au pied levé, on se met un peu en... En rush, on sait qu'on va bosser le week-end pour que ce soit prêt pour lundi. Ça fait hyper plaisir d'avoir des retours. C'est vrai que quand tu es podcaster, ce n'est pas comme un réseau social. Tu ne mets pas un poste et tu n'as pas des gens qui viennent te faire un commentaire. Tu lances ton épisode, la personne l'écoute, mais tu ne sais jamais si elle a aimé, si elle a arrêté au milieu de l'épisode, si elle a trouvé ça intéressant. C'est hyper important pour nous. J'en profite pour demander aux auditeurs de venir nous mettre des notes. venir nous mettre des avis sur les plateformes. Toi aussi, Jimmy, mets-nous une note 5 étoiles. Parce que c'est vrai que ça motive. Ce qui est difficile quand tu as envie de faire un média pour soutenir justement un secteur, c'est qu'un média, ce n'est pas rémunéré. On a de la chance, on a quelques partenaires qui nous soutiennent. Ça nous permet aussi de continuer à faire ce travail qui est assez titanesque, mais qu'on fait par passion. On adore la petite enfance, on adore ce métier. Moi, c'est un métier que j'ai connu, tu vois, comme toi, en reconversion, quand j'avais à peu près 30 ans. Et c'est le métier de ma vie, quoi. Je pense que c'est l'aventure de ma vie, la petite enfance.

  • Speaker #0

    Bienvenue au club !

  • Speaker #1

    Bah écoute, Jimmy, merci beaucoup d'avoir relevé le défi, là, de parler de ce sujet qui est quand même épineux. J'espère que personne n'en ressortira vexé ou blessé, que les gens comprendront qu'il y a un message de sincérité, que le but, c'est d'échanger. Reste ton esprit ouvert.

  • Speaker #0

    Merci Amal.

  • Speaker #1

    Merci Jimmy. Et puis à lundi.

  • Speaker #0

    À lundi. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode. Parles-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. À la semaine prochaine.

Description

La tension dans le secteur des crèches ne fait que s’aggraver. Lundi 3 février 2025, les micro-crèches mènent une opération "crèche morte" et portent 2 pétitions contre le projet de réforme de décembre 2024.

Sur les réseaux sociaux, c’est l’affrontement idéologique, public contre privé, le dialogue semble impossible.


Pour parler de l’actualité, j’ai invité Jimmy Dacquin, parce qu’il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. C'est un patron qui s’engage, il défend son secteur.


Et il a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail.

Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèches et les porteurs de projets qui rêvent d’en faire partie. Alors:

  • Quels sont les points de la réforme qui génère tout ce remue ménage?

  • Est-ce réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèches privées?

  • Quel avenir se profile pour les micro-crèches?

Voilà quelques unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode.


Bonne écoute !


                ...              ...              ...              ...    

  

Les ressources de l'épisode:

Je signe la pétition "je soutiens ma crèche!"

Je signe aussi la pétition "sauve ma micro-crèche"

Pour contacter Jimmy Dacquin


                ...              ...              ...              ...    


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MERCI ❤️


Écriture & Voix : Amale Cosma

Montage : Aurélie Clément

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. La tension dans le secteur des crèches ne fait que s'aggraver ces derniers temps. Les micro-crèches privées mènent une action ce lundi 3 février 2025, avec aussi deux pétitions contre le projet de réforme qui fait l'actu depuis le mois de décembre 2024. Sur les réseaux sociaux, c'est l'affrontement idéologique, public contre privé, patron contre salarié, non lucratif contre lucratif, etc. Les commentaires sont acerbes et fermés. Le dialogue semble impossible. Ce podcast, lui, s'adresse à tous les professionnels de la petite enfance, quel que soit le type de structure dans lequel tu bosses, que ce soit privé, public, associatif ou entreprise, crèche, micro-crèche, crèche familiale, mâme, etc. et aux pros de terrain comme aux gestionnaires. Mais quand même, j'assume, je suis un ancien patron de crèche. J'ai géré des crèches pendant 16 ans. C'était des crèches privées, qu'elles soient associatives ou des crèches d'entreprise. Mais je pense que mon point de vue est quand même assez mesuré et équilibré. Ni pro ni anti, tout le monde a sa place d'après moi. Pour parler de l'actualité, j'ai décidé d'inviter Jimmy Dakin. Jimmy et moi, on se connaît pas très bien. On se croise, on se salue. Mais on n'a jamais pris le temps d'échanger en profondeur. C'est un autre patron de crèche. Et j'ai choisi Jimmy parce qu'il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. Je pense donc que son avis est représentatif. Et puis... il s'engage, il s'exprime dans les médias, il défend son secteur. C'est un personnage affable, bienveillant, spontané et qui a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail. Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèche et les porteurs de projets qui rêvent de faire partie de ce secteur, d'avoir leur propre crèche. Il a une vision sur leur motivation. Alors, est-ce que c'est réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèche privés ? Quels sont les points de la réforme qui génèrent tout ce remue-ménage ? Quel avenir ce profil pour les micro-crèches ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode. Bonne écoute ! J'accueille Jimmy Daquin sur le podcast. Jimmy, il est assez connu dans notre petit secteur des crèches. Bonjour Jimmy.

  • Speaker #1

    Bonjour Amal.

  • Speaker #0

    Ça fait plaisir de t'avoir sur le podcast. En ce moment, tu fais un petit peu l'actu parce que tu t'es lancé dans une pétition. Donc déjà, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut dire que tu es un patron, un gestionnaire de crèche. C'est ça. un petit réseau de je crois une cinquantaine de micro-crèches et aussi des franchisés. Donc pas mal en fait de porteurs de projets qui te connaissent ou de gestionnaires de crèches. Et donc tu connais très bien le secteur, on a un petit peu les mêmes contacts toi et moi puisque une expérience à la fois de gestionnaire et de conseil pour des gens qui ont des crèches ou qui veulent en ouvrir.

  • Speaker #1

    Timum, c'est un réseau de micro-crèches. Moi j'ai commencé comme toi il y a à peu près... Ça remonte maintenant, ça fait il y a 12 ans. On a ouvert notre première micro-crèche, j'ai mis mon fils dedans en fait, ça vient d'une expérience personnelle tout simplement.

  • Speaker #0

    Mais tu faisais quoi avant ?

  • Speaker #1

    J'étais dans l'industrie, donc rien à voir. Mais la petite enfance a toujours fait partie de ma vie, puisque ma mère était assistante maternelle, ma sœur l'a été pendant 17 ans. On est des grandes familles du Nord, avec plein d'enfants, plein de cousins, cousines, donc ça a toujours fait partie de nos vies. Et chez nous, les enfants c'est sacré. Donc voilà, je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour arriver dans ce milieu, parce que c'est quelque chose qui faisait partie de ma vie en tant qu'enfant et adolescent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir une maman assistante maternelle, ça te rend peut-être plus proche des équipes de terrain ? Tu comprends mieux leurs problématiques, leurs enjeux ?

  • Speaker #1

    Sans doute, oui. Et puis, je le vois avec mes collaboratrices. On a quand même aujourd'hui, nous, 350 collaborateurs et collaboratrices en crèche. Toutes me connaissent en tout mon numéro de portable si elles le souhaitent m'appeler. Donc j'ai une proximité avec elles. Je m'appelle Jimmy, je comprends leur quotidien parce que j'ai aussi passé du temps avec elles dans les crèches. J'en passe encore aujourd'hui. Il ne se passe pas une semaine sans que j'aille passer quelques heures dans des crèches pour voir comment ça se passe, confronter aux parents. Et puis j'adore être au milieu des enfants, je ne vais pas te mentir, c'est un bonheur.

  • Speaker #0

    Ça je comprends très bien. On partage ça. Ça c'est ton histoire.

  • Speaker #1

    C'est mon histoire et c'est ce que je fais au quotidien en fait. Et moi, je ne travaille pas, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Alors, pour accélérer un petit peu la présentation, je voulais aussi préciser que depuis quelques temps, depuis pas si longtemps que ça en fait, parce que moi, quand j'y étais, tu n'y étais pas, tu es à la Fédération française des entreprises de crèche. C'est ça. Et donc, tu as aussi un engagement pour défendre le secteur.

  • Speaker #1

    Effectivement, quand on fait des choses, il faut s'engager. Et moi, je suis quelqu'un qui adore l'engagement. On peut se tromper, mais il faut s'engager. Et moi, depuis 4-5 ans, j'étais d'abord adhérent. Et ensuite, je me suis positionné comme administrateur. En fait, en même temps que notre croissance, aujourd'hui, notre réseau, c'est 250 micro-crèches. Donc, je représente quand même beaucoup de gestionnaires.

  • Speaker #0

    Tu te sens plus légitime maintenant, en fait, à défendre les intérêts du secteur.

  • Speaker #1

    Oui, parce que... Les gestionnaires, c'est des chefs d'entreprise. C'est notre fierté. On a créé 250 chefs d'entreprise en France. Ce n'est pas rien. Nous, ça fait plus de 12 ans qu'on gère des micro-crèches. On a mis en place un organisme de formation. On fait grandir nos professionnels. Donc, on maîtrise notre sujet, j'ai envie de dire, de A à Z. Et donc, on connaît parfaitement bien les rouages d'une micro-crèche, tout comme toi, Amal. Aujourd'hui, ce que tu partages, c'est la même chose, en fait. Donc, oui, on sait de quoi on parle. Et nos professionnels aussi le savent.

  • Speaker #0

    On sait très bien de quoi on parle. Alors aujourd'hui, tu t'es lancé dans une sorte de croisade, enfin c'est peut-être pas le bon mot, mais voilà, tu as décidé de prendre la parole. Est-ce que tu peux replacer le contexte en quelques phrases simples et compréhensibles pour que les pros de la petite enfance qui nous écoutent arrivent à tituer ton combat dans le secteur en ce moment ?

  • Speaker #1

    Alors, on a eu un projet de décret qui est apparu au mois de décembre de l'administration Vautrin. Leur boussole, c'est la qualité d'accueil. Ils ont pris deux phrases du rapport IGAS pour dire on va mettre plus de quotas dans les micro-crèches de professionnels qualifiés, catégorie 1 Aujourd'hui, catégorie 1, c'est des éducatrices de jeunes enfants, des auxiliaires de puerres et des infirmières puerres. Les CAP Petite Enfance ne font pas partie de ces catégories 1. Alors nous, aujourd'hui, micro-crèches, on n'est pas inclus dans ce quota. C'est à partir des petites crèches, crèches et multi-accueil en fait, qui, eux, ont du mal à respecter déjà ce quota. Aujourd'hui, il y a un état de fait, il manque, selon la CAF, 10 000 professionnels de petite enfance. Et des professionnels qualifiés comme les auxiliaires, elles sont formées au niveau des départements sur les budgets des départements. Et aujourd'hui, on sait très bien que l'État et le département n'ont pas les fonds pour financer ce genre de classe. Donc, on a de moins en moins d'auxiliaires et d'éducatrices de jeunes enfants, si j'ai envie de dire, pardonnez-moi cette expression, sur le marché.

  • Speaker #0

    Sur le marché du travail.

  • Speaker #1

    Sur le marché du travail, tout à fait. Et donc, effectivement, c'est compliqué à trouver. On en a, mais pas suffisamment. Et en plus, les auxiliaires, la plupart du temps, quand elles sortent de l'école, vont dans les hôpitaux, les maternités. Donc, leur but premier, ce n'est pas d'aller forcément travailler en crèche en plus.

  • Speaker #0

    Oui, puis on sait aussi qu'il y a beaucoup de crèches municipales qui ont dû fermer des sections.

  • Speaker #1

    Il y en a plein.

  • Speaker #0

    Fermer des places, etc.

  • Speaker #1

    Des places fantômes partout.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est connu du public, on sait très bien qu'il y a une grosse pénurie de professionnels en ce moment.

  • Speaker #1

    Ils en ont conscience parce que là, j'ai vu passer cette semaine pour les pouponnières. Donc, c'est des bébés qui sont quand même en situation fragile. Et voilà, il y a quand même, en plus des soins, enfin, c'est des pouponnières, c'est quand même difficile comme endroit.

  • Speaker #0

    J'ai une interview qui sort là-dessus dans pas très longtemps.

  • Speaker #1

    Justement, ils ont fait un projet de décret pour l'encadrement des pouponnières. Écoute-moi, c'est une personne pour six bébés la journée et une personne... pour 30 bébés la nuit. Et ils ont une dérogation pour des non-diplômés parce qu'ils ont conscience qu'il n'y a pas assez de diplômés. Donc, pour les pouponnières, il y a là le projet de loi de cette même administration. Pour nous, micro-crèches, on va nous mettre des quotas avec des gens qui n'existent pas. Donc, le côté ubuesque de la situation, tu imagines, c'est quand même particulier.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur cette question. Est-ce que, toi, tu mets aussi en rapport ça avec le niveau de diplôme et d'encadrement ? et de taux d'encadrement des assistantes maternelles et des mâmes ? Ou est-ce que tu évites de faire la comparaison ? Parce que c'est un peu le même sujet.

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de la comparaison. La comparaison, en fait, aujourd'hui, une maison d'assistante maternelle, c'est un dispositif expérimental qui existe depuis plus de 40 ans. Ça a été fait à une époque. Aujourd'hui, ce n'est toujours pas légiféré. Une mâme, c'est quatre professionnels d'assistantes maternelles qui ont 80 heures de formation théorique et 40 heures en continu. Ce sont très peu. C'est un quart du CAP Petite Enfance. Et elles sont en quatre, sans référence santé, avec une inclusion, sans direction, sans analyse de pratiques professionnelles, des choses que nous avons nous. Et on leur donne 16 enfants. Et il n'y a pas de réforme bâtimentaire, on n'a pas des antipinces de haute porte. Je prends un exemple, c'est nul, mon exemple, je suis d'accord, mais quand même en fait.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas nul. On sait que tu as beaucoup de respect pour la profession, ta maman est assistante maternelle.

  • Speaker #1

    Je n'ai rien contre les assistantes maternelles, je n'ai rien contre les mâmes. Je veux juste illustrer la justice et la discrimination dont on fait part aujourd'hui. Et on a l'obstination récurrente de toujours être contre le privé.

  • Speaker #0

    Enfin toujours, c'est très récent quand même moi je trouve.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi quand même que ça dure. C'est pour nous, pour les gestionnaires, c'est dur quand même à un moment donné.

  • Speaker #0

    C'est long, alors moi ça fait 17 ans que je suis dans le métier. Donc ce que je voulais dire c'est qu'il y a vraiment une... Une énorme aggravation de ce point de vue politique ces deux dernières années. Je pense que, moi, mon point de vue, c'est qu'il y a eu une crise depuis très longtemps, mais que cette crise a été accélérée et a émergé dans le panorama du grand public quand il y a eu le décès de la petite fille à Lyon en 2022. Et que depuis ce moment-là, c'est devenu une sorte de combat un peu fanatique d'une partie des politiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est dramatique, c'est qu'on prend un fait divers. C'est un meurtre, c'est horrible. Et on a, c'est à Longueuil je crois, le multi-accueil de Longueuil, l'année dernière il y a une professionnelle d'un établissement public qui s'est donnée la mort, qui s'est suicidée et qui a laissé une lettre pour dénoncer ses conditions de travail. Elle était cégetiste, elle travaillait dans le public. On n'en parle pas de cette dame. Des drames, il y en a partout. Il y a une commission d'enquête parlementaire qui a eu lieu l'année dernière. Elle a révélé que ce n'était pas le statut qui faisait la vertu. Je rencontre beaucoup de mères qui aujourd'hui n'ont plus les moyens. avec la PSU de tenir un multi-accueil, qui nous posent les clés de leurs locaux sur la table pour qu'on leur reprenne et qu'on fasse une micro-crèche. Je te dis ça, c'est beaucoup des crèches en zone rurale. Nous, on a cette particularité dans notre réseau, on est très implanté en zone rurale. Imagine, j'ai une zone rurale où je n'ai pas de diplômé auxiliaire ni EJE, j'ai une CAP Petite Enfance qui a 15 ans d'expérience professionnelle, qui est référente technique et qui me tient à la crèche de façon formidable. Ils sont pleins d'idées, ils sont dynamiques, ils connaissent les gens des villes et des villages autour. C'est vraiment une inclusion totale sur le territoire. Si je devais appliquer ce décret à la lettre, je ferme cette crèche. Parce que je n'aurai jamais d'auxiliaire ou de JE dans ce territoire.

  • Speaker #0

    Je te comprends complètement parce que moi, la girafe étoilée dans mes 10 micro-crèches, j'avais dans chaque micro-crèche une personne diplômée catégorie 1, mais pas deux. Et en général, j'avais une infirmière. Et quand je n'avais pas d'infirmière dans cette micro-crèche parce que je n'avais pas les candidatures ou ni de JE, j'avais un relais de direction sur cette micro-crèche. Mais déjà, j'avais du mal à en avoir 10, donc je n'en avais pas 10 des catégories 1 sur mes 10 micros. Donc aujourd'hui, si on me demandait d'en avoir 20, je pense que ce serait impossible.

  • Speaker #1

    Voilà, et le problème, c'est que j'entends le cabinet Vautrin nous expliquer que ce décret ne dit pas qu'il faut licencier les gens, etc. Je veux bien, mais si j'ai quatre professionnels, imagine que je trouve les catégories 1, il faudrait que j'en embauche trois, ça me fait sept personnes. Pour 12 enfants, là j'ai un taux d'encadrement qui est exceptionnel.

  • Speaker #0

    Alors attends, réexplique.

  • Speaker #1

    Tu vois, 4 professionnels, ça pique petite enfance. J'entends les contradictions depuis qu'on a lancé la pétition de l'administration qui nous dit mais on ne vous a jamais dit de licencier. Ok, je ne licencie pas mes 4 CAP petite enfance. Donc pour avoir le 40%, je suis obligé d'embaucher 3 catégories 1. Imaginons que je les ai, qu'ils existent, mais ils n'existent pas, je précise. Mais imaginons, faisons un petit peu de science-fiction. Je les ai. Je dois embaucher trois personnes sans licencier mes quatre CAP, ce qui me fait sept personnes.

  • Speaker #0

    Oui, mais alors là, pour le coup, c'est vraiment de la science-fiction, c'est impossible.

  • Speaker #1

    C'est impossible, même financièrement, c'est pas tenable. Puis, en fait, financièrement, tu connais le CMG Page à 10 euros de l'heure, que tu as connu quand tu as démarré, ça fait il y a 17 ans.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu soulèves plein de questions là. Donc, c'est vrai que tu es allé assez vite. Je pense que les auditeurs, là, ils se posent plein de questions. Alors, effectivement, il y a déjà des réactions assez virulentes sur les réseaux sociaux. Tu as parlé là des détracteurs.

  • Speaker #1

    Ils se sont accrochés à une idéologie qui est respectable. C'est un modèle économique. On va dire que l'État fait tout. Le service public de la petite enfance, il n'y a que le public, il n'y a pas de privé, etc. OK, mais s'ils étaient capables de le faire, l'État, il l'aurait fait depuis longtemps, je pense. Et aujourd'hui, je pense qu'il y a aussi une maladresse. On a le service public de la petite enfance. C'est le mal nommé. Moi, je pense que... J'encourage en signe d'apaisement de renommer le service public de la petite enfance en service universel de la petite enfance, qui inclut tous les établissements, quel que soit leur statut. C'est le but du service public de la petite enfance. Quoi, avoir mis public dedans, alors ?

  • Speaker #0

    C'est idéologique.

  • Speaker #1

    C'est idéologique, ça cloisonne, ça ravive des guerres de clochers. Moi, ce que je souhaite, on a un véritable défi à faire ensemble, c'est que chaque parent, quel qu'il soit, quel que soit son mode d'accueil, puisse avoir le choix en toute... transparence et sécurité. Parler des mâmes, on parle des crèches, des multi-accueils, il faut qu'on est tous entre guillemets en fonction de ses particularités. Quand on accueille 12 enfants, c'est sûr que c'est plus de petites collectivités, c'est plus familial, tu sais ce que c'est. Donc on a des CAP qui sont formidables et aujourd'hui il manque de pros. Moi je suis d'accord avec le décret sur le fond, j'ai pas de sujet.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question.

  • Speaker #1

    C'est juste le momentum qui n'est pas bon. Bien évidemment, on veut tous faire de la qualité. Et bien évidemment, tous mes pros aussi, elles augmentent leur diplôme, elles vont augmenter leur salaire, et vont y gagner. Et la prestation de service sera meilleure. On est d'accord sur le fond. Mais aujourd'hui, elles n'existent pas.

  • Speaker #0

    Si on rentre un peu plus justement dans les propositions du décret, il y a cette réaction un peu virulente, moi qui m'a un petit peu dérangée, de oui, ils sont contre la qualité Non, c'est faux. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? C'est quoi pour toi ? Parce que tu as cité l'augmentation des quotas de diplômés de catégorie 1. Est-ce que tu peux dire s'il y a d'autres choses que tu retiens sur les réformes en cours qui te semblent pertinentes ou pas, dangereuses ou pas ?

  • Speaker #1

    La qualité n'a pas de prix. mais un coup à mal. Aujourd'hui, je vais parler en mon nom, mais je les connais quasi tous dans le secteur, aucun dirigeant de crèche ou de micro-crèche n'a la volonté de faire les choses mal à l'intérieur de ses crèches. Il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, il faut enlever ça de la tête des gens.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on fait avec les moyens du bord. C'est-à-dire qu'on a une PSU qui va augmenter de 0,04% cette année, alors que l'inflation, on en saura tout juste, mais c'est énorme. On a pris 6% sur l'électricité, on a pris 6% sur les couches et les repas, nos loyers ont pris 6 ou 7%, le SMIC, la masse salariale, a pris 20% en 3 ans. Je veux bien qu'on dise la qualité, la qualité, les quotas, etc., mais on n'a pas les moyens. À un moment donné, il y a une problématique. Et quand je parlais du CMG, les 10 euros ou l'augmentation de la PSU qui est très faible, pourquoi on ne met pas le coût de l'heure qui soit indexé sur le coût de la vie ? Ça, c'est un premier sujet. Le deuxième sujet, c'est l'intérieur de la réglementation. On est tous d'accord. Sur le fond, on est tous d'accord. Si on peut le faire, si on a les pros en face, etc., je n'ai aucun sujet avec ça. Aujourd'hui, le problème, c'est que je n'ai pas les pros en face. Le décret est sorti. Nous, on a eu une vague. J'ai vu ça avec la DRH. On a... une vague de demandes de VAE. On va les faire. On va accompagner nos pros. On n'a jamais dit non. Le problème, c'est le tempo. Pour être éducatrice de jeunes enfants, il faut trois ans. Pour être auxiliaire, c'est deux ans. Là, on nous demande d'être dans les clous au 1er janvier 2026. Dans dix mois, onze mois maintenant, ce n'est pas possible. On n'aura pas le temps de les former.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si on étalait la réforme sur trois ans, déjà, tu serais plus positif.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut aller au-delà des trois ans. On a une prochaine coche qui va venir. On doit une réforme sur le mode de financement à mettre en place et avoir un mode de financement qui soit unique pour toutes les structures, compréhensible par tous les parents. Tu sais ce que c'est en CMG Page, on fait de la pédagogie sur la tarification avec nos parents, on leur explique qu'ils vont recevoir le CMG Page, le reste à charge, le crédit d'impôt, pour leur expliquer, parce que quand ils voient la facture arriver de 1000 ou 1200 euros, waouh, ça fait énorme, c'est un SMIC. Donc à un moment donné, on a une pédagogie, on explique aux parents comment la tarification est faite au CMG Page. Et quand ils l'ont compris, tout va bien. Donc, on a une vraie pédagogie à faire. Et quand ils sont à la PSU, ils payent un prix qui est ridicule. Et je pense que, en fait, pour eux, la crèche, c'est une garderie. Parce que quand ils payent 1 euro ou 2 euros de l'heure, comment voulez-vous qu'ils respectent les professionnels qui sont en face d'eux ? Donc, il y a toute une réflexion à avoir sur ça, qui soit menée dans le temps.

  • Speaker #1

    Sur ce problème de tarification, je rebondis aussi. Parce que moi, j'ai constaté vraiment la différence quand je suis passée de la PSU à la PAGE. Donc, j'ai changé de système. J'ai géré une crèche collective pendant à peu près huit ans. Pour ça, c'était en associatif. Et ensuite, j'ai géré des micros en page. Donc, je connais bien la différence. Et je trouve que c'est très intéressant de voir la différence quand le parent sait combien ça coûte. C'est-à-dire qu'il y a un vrai problème, je pense, de notion de conscience des coûts en France. Parce que c'est comme quand tu vas à la pharmacie et que tu ne payes pas tes médicaments. Tu ne sais pas, en fait, combien ça coûte vraiment de te soigner, etc. C'est pas toujours le...

  • Speaker #0

    le truc de la prime de rentrée scolaire qu'on donne aux parents. Donc, ils ont une prime en fonction de leur revenu. Et avec ça, libre à eux d'aller acheter un crayon BIC, un crayon de marque de distributeur à leur enfant. Ils ont un budget, ils savent comment le consommer. On a des aides pour les... Et heureusement, d'ailleurs, on a un pays qui est quand même socialement bien fait. On a des aides pour les gens, libre à eux d'aller acheter un paquet de pâtes d'une marque de distributeur ou un paquet de pâtes Barilla, en fait. Donc, tu vois ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vois. Ce que tu veux dire, c'est qu'on pourrait, avec les aides de la CAF, choisir son type de mode d'accueil.

  • Speaker #0

    Ça existe en Europe. Tu prends l'Angleterre, l'Allemagne, c'est comme ça que ça se passe, en fait.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, dans la réforme, que moi j'ai lue aussi en détail, ça m'a l'air d'être plutôt parti sur quelque chose de très complexe. Quand je lis qu'ils parlent de linéarisation du système du CMG, alors déjà, il faut comprendre ce que ça veut dire. Il y a plusieurs scénarios qui sont évoqués qui, moi, me semblent complexes. Et puis surtout, j'ai l'impression que déjà qu'en ce moment, les temps sont durs pour les micro-crèches financièrement, mais avec ce système-là, on va se rapprocher plutôt de la PSU, d'un système à l'heure, etc. Alors qu'en fait, on voit bien depuis assez longtemps déjà qu'avec le système à l'heure de la PSU, on est amené à faire du remplissage, à être vraiment très axé sur les données financières, les ratios, à se dire attention, il faut remplir telle heure, telle heure, telle heure. Et donc le CMG, je trouvais que c'était un confort pour tout le monde parce qu'on... On est au forfait, on n'est pas là en train de se dire attention, il faut que je remplisse des heures absolument, etc.

  • Speaker #0

    C'est un confort pour tes parents. Ils savent, ils n'ont pas de surprise. Le prix est défini à l'année, ils n'ont pas de surprise. Ils savent exactement, ils sont sereins. Et tu n'as pas tous les mois, oui, mais j'ai dû attendre un quart d'heure parce que la maman était devant moi, elle parlait longtemps dans la transmission et vous m'avez compté un quart d'heure de trop. C'est serein. Donc les parents sont sécurisés et il n'y a pas de sujet avec ça. Les pros, ils sont sécurisés. Ils n'ont pas à faire des transmissions plus rapides ou moins rapides parce qu'il y a des gens qui attendent derrière. Et puis, on ne parle pas d'argent à la crèche, en fait. C'est ça qui est bien. C'est sécurisé pour le gestionnaire parce que tu n'as pas la course en remplissage. T'as pas la course au surbooking, t'as pas à boucher des cases. Le mercredi, un mois d'enfant, c'est une journée un peu plus respirante pour les pros. Ça leur permet de travailler ensemble sur des projets. Ça permet de travailler spécifiquement avec certains grands. En fait, tout le monde y trouve son compte dans ce système. Pour ça, il faudrait que l'administration vienne nous voir, et vienne dans nos crèches, et nous concerte ce qui n'a pas été fait là.

  • Speaker #1

    C'est le système qui avait cours avant la mise en place de la PSU. On facturait de toute façon forfaitairement. Donc, ce n'est pas les microcrèches qui sont les premiers à facturer forfaitairement.

  • Speaker #0

    Ça existait et ça marchait bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, moi, j'avais plutôt l'impression qu'on se dirigeait vers une généralisation d'un système forfaitaire comme la page. Et en fait, là, en relisant les nouveaux textes, ça me semble partir en arrière vers quelque chose de compliqué qui ressemblerait à la PSU. Est-ce que toi, tu as la même lecture que moi ?

  • Speaker #0

    Pareil. Pareil, pareil. Et puis je pense qu'on se trompe parce qu'on va encore faire une usine à gaz, un truc qui pourrait être très simple.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'idée ? Moi, mon ressenti, c'est qu'il y a des gens dans l'administration, alors est-ce que c'est des hauts fonctionnaires ou des élus, je ne sais pas, mais sans citer personne, j'ai l'impression qu'il y en a qui s'imaginent qu'on a un coffre-fort avec plein de billets cachés au fond de la crèche, qu'on s'en met plein les poches.

  • Speaker #0

    Je pense avoir une explication à ça. En fait, une micro-crèche... Effectivement, c'est une entreprise. Donc tu as un gestionnaire qui a mis son épargne sur la table, qui a pris des risques et qui a emprunté pour construire sa crèche. Donc ça, on l'oublie de le dire. Souvent, ils sont conscients personnels de leur emprunt. Donc c'est un entrepreneur, c'est un chef d'entreprise. Et puis, sa micro crèche, il va la remplir, il est proche de ses équipes, ses parents l'adorent. Et on le voit sur la pétition, nos parents nous soutiennent à fond. Et je suis très content de ça. Et il va finir par avoir des bénéfices en fin d'année parce qu'il ne sera pas payé. la première année de fonctionnement. Puis en fin d'année, il va prendre des bénéfices. Après impôt, il va avoir entre 15 et 20 000 euros. Donc on se dit, ah, il fait des bénéfices, c'est génial. Sauf qu'il n'a pas pris de rémunération. Est-ce qu'un cadre dans une entreprise, 20 000 euros, c'est un gros revenu ? Est-ce que ces gens dans l'administration, combien ils gagnent ? C'est quoi leur salaire ? Est-ce que quelqu'un qui se lève le matin, qui travaille toute la journée, que le week-end, il va refaire des petits trucs à la crèche parce que c'est chef d'entreprise, c'est du lundi au lundi en fait. Ça est tout le temps. Tu sais ce que c'est ? Le petit SMS à 7h du matin ?

  • Speaker #1

    Tu peux t'organiser quand même, il faut s'organiser. Je m'adresse au gestionnaire là, ne faites pas ça, ne travaillez pas H24 cette journée.

  • Speaker #0

    C'est bête ce que je dis, mais si ils le font, parce que c'est comme ça l'entrepreneuriat, est-ce que c'est indécent d'avoir une rémunération, de dire je me paye sur mes bénéfices ? Alors on va regarder l'ensemble des liasses fiscales des micro-crèches, ils gagnent tous de l'argent. Oui, mais c'est leur rémunération.

  • Speaker #1

    Alors, pas tous. Pas tous.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    On sait quand même pas mal d'entreprises.

  • Speaker #0

    Tu regardes 2021, 2022, ils se disent Ah, ça marche bien, les micro-crèches. Oui, OK, d'accord. Mais en fait, non. Pas tout le monde, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as constaté, comme moi, qu'il y avait quand même des faillites, des redressements judiciaires ? Enfin, voilà, que c'est difficile quand même.

  • Speaker #0

    On a en France, aujourd'hui, à peu près 350 micro-crèches à vendre. Il y a de tout. Il y a des crèches qui vont très mal. qui sont au bord de la faillite. Il y a des gestionnaires qui en ont ras-le-bol et qui veulent tout lâcher parce qu'ils en ont marre de se faire matraquer par la presse, par des émissions qui envoient la télé anti-privé, les bouquins, parce que ce n'est pas comme ça chez eux, en fait. Il y a un amalgame qui est fait. Et ce n'est pas parce qu'on voit et qu'on met en lumière la loupe sur deux, trois dysfonctionnements qui existent, sans doute. Mais ce n'est pas ça la réalité des crèches, ce n'est pas ça notre quotidien. Mais venez nous voir, venez dans nos crèches, venez parler à nos pros.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est important de... les bouquins, les scandales, etc. Je pense qu'ils ont aussi un intérêt de faire bouger les choses, mais sans, effectivement, comme tu dis, sans faire d'amalgame. Ce serait ça qui serait vraiment génial. Ce serait de ne pas tout mélanger. Et ce n'est pas parce qu'il y a une personne qui fait quelque chose de mal qu'il faut punir toute la classe.

  • Speaker #0

    Ces bouquins ont une vertu. Ils ont fait prendre conscience à tout le monde, quel que soit le statut public, professionnel, de la petite enfance, associatif, privé. Aujourd'hui, il y a une mise en lumière dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc c'est très bien. Il y a un côté pervers, c'est qu'on stigmatise les privés. Il y a un autre côté pervers, avec ces émissions et ces bouquins, on a aussi des parents. Je me suis retrouvé à la gendarmerie parce qu'un enfant s'était fait mordre à la crèche. On en est là. J'ai un gendarme devant moi qui était dépité, qui doit faire son job, qui interview nos pros, qui, elles, sont traumatisées de se retrouver à la gendarmerie parce que ce n'est pas leur quotidien. Mais on en est là aussi aujourd'hui, de plus en plus. Alors qu'un enfant qui meurt à la crèche, on l'a tous dans nos crèches tous les ans. c'est quelque chose qui est ainsi fait.

  • Speaker #1

    Ce que tu veux dire, c'est que les rapports se sont tendus, crispés, et qu'on est vraiment dans un...

  • Speaker #0

    Heureusement, pas tous, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais ce n'est pas la première personne à me le dire. C'est vrai que...

  • Speaker #0

    Avant, on n'avait pas ça.

  • Speaker #1

    Ça a mis tout le monde sur les dents, quoi.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça stigmatise, ça mêlait les parents sur certains parents en défiance.

  • Speaker #1

    Je peux les comprendre, c'est inquiétant. Tu confies ce qu'il y a de plus important et de fragile pour toi à un tiers. Et donc maintenant, il faut réinstaller ce lien de confiance.

  • Speaker #0

    On parle du secteur de la petite enfance qui est en péril, qui va mal, la maison elle brûle. Qui a envie de rentrer dans une maison qui brûle à mal ? Personne. Donc arrêtons de dire que la petite enfance va mal. Moi, je peux vous dire que la petite enfance va très bien. Il nous manque des pros, c'est une certitude. Ben, retroussons-nous les manches tous ensemble, faisons un vrai plan de formation pour avoir plus de pros, venez voir nos crèches, ce qui marche et ce qui ne marche pas, on fait le bilan ensemble, qu'est-ce qui est bon pour les enfants, c'est ça le plus important, qu'est-ce qui est bon pour sécuriser nos parents, et travaillons ensemble. Nous, on a donné à la Fédération Française des Entreprises de Crèches nos audits. On a plus de 500 points de contrôle quand on fait nos franchisés ou chez nous, parce qu'on est à cheval sur la qualité, et c'est comme ça qu'on obtient et qu'on arrive à garder un niveau de service de qualité. On l'a donné, prenez-le, faites-e ce que vous voulez, donnez-nous nos remarques, améliorez-le si vous voulez, on est ok. Arrêtons de se faire des guéguerres entre privés, publics et associatifs. Il faut qu'on travaille ensemble sur un mode de financement unique pour tout le monde, compréhensif par les familles et simple. Et puis travaillons ensemble sur la qualité avec les moyens qu'on a aujourd'hui, les moyens du bord. Aujourd'hui, les moyens du bord, on ne les a pas les pros, donc ça ne sert à rien de faire des quotas. On ne les a pas. Par contre, travaillons ensemble sur un vrai plan. Donnez-nous des moyens. Aujourd'hui, les opcos, ils n'ont pas une thune. Comment on fait ?

  • Speaker #1

    Je te sens complètement exclue de la réflexion, si je comprends bien. J'ai l'impression qu'on est parti un petit peu tout feu tout flamme sur des choses un peu simplistes. Voilà, il faut plus de diplômés, etc. Bon d'accord, mais sur le terrain, ça va donner quoi ? Est-ce que le fait d'avoir une auxiliaire de périculture, en plus, va changer obligatoirement la qualité ? Moi, j'ai eu de la grande qualité dans mes micro-crèches et je n'avais pas plus d'auxiliaires. Attention, je ne dis pas que ce n'est pas bien de former les gens. Je dis juste que je trouve ça un peu réducteur de penser qu'il suffit d'avoir une formation de niveau plus élevé initial pour que la qualité soit au rendez-vous. Moi, j'ai l'impression que ce qui joue énormément, c'est la formation aussi continue sur le terrain avec un bon manager. Et ça, ça tient.

  • Speaker #0

    L'expérience. L'expérience vaut toutes les formations. Je leur propose une dérogation à leur texte. Les CAP Petite Enfance, avec plus de deux ans d'expérience professionnelle, on les met en catégorie 1. On a eu des gestionnaires qui ont porté des projets. Sur des CAP bonifiés, on a des CAP qui sont excellentes, qui n'ont pas forcément envie de reprendre un diplôme, et qui ont beaucoup d'expérience, 2, 3, 5 ans, 10 ans.

  • Speaker #1

    Et à l'inverse, Jimmy, on a aussi des éducatrices ou des auxiliaires qui ne sont pas bonnes. Il n'y a pas de règle absolue, en fait.

  • Speaker #0

    On est dans l'humain. On fait de l'humain, on est dans l'humain. Par rapport à la pénurie de pros, de catégoriens, surtout, pourquoi pas bonifier des CAP petite enfance ? Et les passer en catégorien, c'est largement possible. Et ça permettrait, pas que nous... les multi-accueils où il y a les places qui sont fermées, parce que faute de professionnels catégoriens, de pouvoir les ouvrir. Parce qu'il y a quand même un constat aussi, c'est qu'on manque de places de crèche en France, il ne faut pas l'oublier. Les assistantes maternelles, ce n'est pas un métier en devenir. Ça s'égraine chaque année, on a de moins en moins d'assistantes maternelles. Les jeunes générations, ce n'est pas un métier qui attire. Donc il faut repenser aussi à ça. Ils ont fait des plans et des plans successifs pour essayer... d'attirer de nouvelles personnes dans le métier d'assistante maternelle, ça ne marche pas. Donc il faut à un moment donné en tirer des conclusions. Les nouvelles générations ne sont pas attirées par ce métier à travailler toutes seules chez elles. Et donc il y a toutes ces places-là, il va falloir bien trouver des solutions.

  • Speaker #1

    Oui, pour reparler de ce contexte national, on a à peu près 2 millions d'enfants de moins de 3 ans en France et à peu près 1,3 million de places pour accueillir ces enfants. Mais dans ces 1,3 million de places, il y a beaucoup d'assistantes maternelles. Et en fait, elles sont quand même massivement en train de partir à la retraite. Donc sans compter les annonces de création de 200 000 places en crèche d'ici 2030, qui font que la volonté qui est annoncée de créer de plus en plus de places, on a un petit peu de mal à comprendre comment elle est compatible avec ce type de loi.

  • Speaker #0

    C'est l'actualité, c'est politique ce que je vais dire. On a un État très endetté. et qui n'a plus les moyens de créer des places de crèche. On a un pays comme le Maroc, où le taux de mobilité des femmes augmente, et pour créer des crèches, on fait appel au privé.

  • Speaker #1

    C'est ce qui s'est passé en France.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on a un État qui n'a plus d'argent, il faut créer des places de crèche, et on stigmatise le privé, et on marche sur la tête.

  • Speaker #1

    Oui, mais Jimmy, dans les années 2000, s'ils ont ouvert le secteur au privé, moi je m'en souviens, c'était parce que les mairies n'ouvraient plus de places, parce que c'était devenu très difficile pour les mairies. Et ensuite, tous les incentives, tu vois, le CIFAM, le crédit d'impôt aux familles, tout ce qui a été fait, ça a été fait pour favoriser la création de places. Donc c'est vrai que c'est curieux qu'aujourd'hui... Ça se retourne contre les gens qui se sont investis là-dedans.

  • Speaker #0

    Exactement. Ça a marché il y a 20 ans. Aujourd'hui, le constat pour l'État est pire. Ils ont encore moins de moyens et ils veulent enlever ce qu'ils ont créé.

  • Speaker #1

    Pour revenir sur plusieurs choses que tu as dites, par exemple, tout à l'heure, tu as dit qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle en France. Ce n'est pas vrai, etc. J'ai envie de peut-être mesurer un petit peu ce que tu as dit. Je pense qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle volontaire. Mais en revanche, il y a des gens qui souffrent sur le terrain. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas assez de pros. Donc, on se retrouve dans des situations qui sont difficiles. Aussi, je pense qu'il y a des façons de gérer qui peuvent améliorer les choses. On peut vraiment travailler sur la technique de travail. Et aujourd'hui, je pense qu'on manque un petit peu de technique de travail dans le secteur. Et donc, c'est là que je suis d'accord avec l'idée de faire plus de formation, etc.

  • Speaker #0

    Tu manques de pros, tu manques de formateurs.

  • Speaker #1

    Tu manques de tout, voilà, et de temps. Et en fait, le vrai problème, parce que là, on a parlé beaucoup des quotas, mais le vrai problème, il est financier. C'est qu'aujourd'hui, on n'a pas les moyens dans les crèches d'embaucher plus de monde et de prendre plus de temps pour penser l'accueil, pour ne pas demander à nos pros de faire des trucs qui ne sont pas de leur ressort. Comme moi, j'ai entendu des pros qui mettent des flyers pour faire de la pub, pour remplir la crèche. Des pros qui font le ménage, des pros qui... Enfin bon, que des trucs qui, à la base, ne sont pas censés être faits par... elle.

  • Speaker #0

    Juste poste ça.

  • Speaker #1

    Voilà, et en fait l'idée c'est de spécialiser les pros de dire, un pro de la petite enfance, il est par exemple spécialisé dans l'accueil des bébés, montrer que c'est un métier technique et que le pro peut se concentrer sur son métier et qu'on ne va pas devoir, parce qu'on n'a pas d'argent, lui demander d'aller mettre des flyers pour remplir la crèche. Et c'est là que ça pose problème. C'est qu'aujourd'hui on n'a plus d'argent dans les caisses. Comment on peut travailler dans ces conditions ? ... C'est pour ça que je dis qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, à mon avis, volontaire. Moi, je ne rencontre que des gestionnaires qui ont décidé de faire ce métier par passion, parce qu'ils rêvaient d'un job passionnant, avec des enfants qui rigolent toute la journée, des professionnels qui sont ultra motivés, dynamiques. Donc, c'est un rêve, en fait. Personne ne fait ça en se disant je vais maltraiter les gens et puis je vais m'en mettre plein les poches Aujourd'hui, il y a quand même des gens qui souffrent, finalement, depuis. Tout à l'heure, on n'a parlé que du quota dans cette réforme. Est-ce que c'est en fait le seul point qui, pour toi, pose problème ? Est-ce que tu peux peut-être éclaircir un petit peu, pour les auditeurs qui n'ont pas forcément lu tous les textes, il y a un décret, il y a une loi, c'est quoi le rapport entre les deux ? Et c'est quoi les points qui, pour toi, sont bloquants ?

  • Speaker #0

    Le décret a plusieurs points. Le premier, sur lequel on est tous devant debout, et effectivement, c'est sur ces quotas de 40% de catégorie 1. On a un deuxième point qui est sur... La référente technique devient directrice. Aujourd'hui, une référente technique doit être dans la crèche et elle a 7 heures par semaine dégagées de l'encadrement des enfants pour s'occuper soit de tâches administratives, soit de tâches pédagogiques d'organisation. Chez nous, nos référentes techniques n'ont pas de tâches administratives. Elles sont vraiment dans la pédagogie, dans l'observation des enfants ou dans l'observation des pratiques professionnelles des autres pros dans le management. Aujourd'hui, ce décret voudrait qu'elle soit à mi-temps hors d'encadrement des enfants, ce qui veut dire qu'il faudrait la remplacer dans l'encadrement des enfants également. Ça nous fait des charges supplémentaires. Et puis, à mi-temps hors encadrement des enfants, quelqu'un qui va observer les pratiques professionnelles et les enfants la moitié de son temps toutes les semaines, même pour elle, elle va s'ennuyer.

  • Speaker #1

    Alors là, tu extrapoles parce que ce n'est pas ça qui est écrit dans le projet. Il n'est pas écrit qu'elles doivent observer, il est écrit qu'elles doivent avoir... la moitié de leur temps.

  • Speaker #0

    Qui leur donnera les fonctions qu'elles veulent. Mais c'est une demi-semaine hors encadrement des enfants.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, j'avais plutôt l'impression qu'elles allaient se retrouver à faire des factures, des reportings, des choses qui ne sont pas liées à leur plus-value technique, expert en petite enfance.

  • Speaker #0

    On a des référentes techniques, nous, qui sont auxiliaires de puer, éducatrices de jeunes enfants, infirmières de puer. Est-ce qu'elles ont fait des études administratives et comptables ? Non. Donc moi, chez moi, elles ne font pas ça.

  • Speaker #1

    Je suis complètement d'accord à 100% là-dessus.

  • Speaker #0

    J'ai fait un recrutement la semaine dernière. J'ai une infirmière puaire qui était face à moi et qui pleurait. Elle vient d'une crèche qui n'est pas privée. Et elle passait son temps derrière un ordinateur toute la journée à faire du remplissage. Parce qu'elle avait une hiérarchie qui lui mettait la pression. Et elle veut juste retrouver le contact avec les enfants.

  • Speaker #1

    Ce qu'on a vraiment dans les micro-crèches, ce que je préconise, que ce soit dans mes crèches ou dans les crèches des gens avec qui je travaille, que j'accompagne, c'est exactement ça, c'est que la référente technique... elle n'est pas là pour passer son temps à faire de l'administratif. Donc elle a bien sûr dans son management quelques tâches administratives parce que c'est elle qui sait ce qu'il faut transmettre comme éléments de paye ou ce genre de choses. C'est elle qui gère son équipe. Mais ça doit être quand même que des tâches qui sont vraiment liées à ses fonctions de manager. Et ça ne doit pas devenir une usine à gaz. Elle ne doit pas faire du recouvrement de factures, du commercial ou je ne sais pas quoi. C'est pour ça aussi qu'on a besoin d'avoir ce financement de l'activité, pour pouvoir avoir du personnel de soutien à l'équipe, de fonction de support. On n'a pas besoin de 50 personnes évidemment, mais quelqu'un qui s'occupe de ça.

  • Speaker #0

    La référence technique qui est au contact des pros et des enfants et des parents, puisque c'est dans nos missions aussi, l'accompagnement à la parentalité. Comment voulez-vous faire un accompagnement à la parentalité si, bon, je n'ai pas eu votre chèque, vous pouvez payer ? Non, la relation est biaisée. qu'on est dans une relation commerciale. Et comment voulez-vous que la maman ou le papa viennent parler d'une problématique de parentalité avec cette professionnelle ? C'est impossible. Donc là, on ne fait pas du bon travail. Aujourd'hui, nos gestionnaires jouent ce rôle administratif et financier. Nos référents techniques jouent ce rôle de parentalité des enfants, de la pédagogie. Et chacun est à sa place dans son métier.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du temps de direction. Dans ce projet de décret, il y a le quota de pro-catégorien. il y a le temps d'aider à la direction. Est-ce que tu as d'autres points qui te chiffonnent ?

  • Speaker #0

    Après, on a la députée Hervieux qui nous a fait son projet, qui a été adopté. Il n'y avait pas grand monde dans l'hémicycle, et c'était à 23h58. Je n'appelle pas ça une victoire.

  • Speaker #1

    Mais alors, c'est quoi les points du projet de loi ?

  • Speaker #0

    C'est déjà un titre racoleur. Luttons contre les privés pour la qualité, etc. Donc, il y a des points sur l'interdiction des fonds d'investissement dans les groupes de crèche. Bon, je joue. ou pas d'avis là-dessus. Moi, je suis un entrepreneur. Quand je vais voir ma banque pour dire que j'ai un projet de crèche, je suis content qu'elle me finance.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai ouvert mes crèches, j'avais beaucoup de financement de la CAF à l'époque, que ce soit en associatif ou en entreprise. J'ai été financée par la CAF pour ouvrir mes crèches parce que ça coûte cher. Aujourd'hui, quand je travaille avec des gestionnaires qui doivent faire tous les travaux pour ouvrir une crèche et qui doivent s'endetter de 200 000 euros, ce n'est quand même pas donné à tout le monde. Et puis ensuite, il faut les rembourser ces 200 000 euros. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que je vais devoir générer aussi du cash grâce à l'activité d'accueil pour pouvoir payer la banque. Donc, si on reprend cette histoire de fonds d'investissement et de banque, je pense qu'il y a aussi ce problème, c'est qu'aujourd'hui, les micro-crèches sont exclus du financement de la CAF. Donc, où est-ce qu'on va chercher les fonds ?

  • Speaker #0

    J'entendais ce matin le grand patron des patrons au MEDEF, plus des grands patrons en France, qui se disent en fait, on ne veut plus d'investissement en France, on ne veut plus d'entreprise en France. Et ça va devenir compliqué parce que je rappelle que le modèle social, la branche famille dont on dépend nous de la CNAF, c'est quand même les cotisations patronales. Souvent on nous parle de l'argent public, ok, mais cet argent il vient d'où ? Il vient quand même des entreprises. C'est quand même nous qui les payons ces cotisations, ces cotisations patronales. Donc s'il n'y a plus de patron, s'il n'y a plus d'emploi, comment on fait ? Le modèle social, il va partir en sucette.

  • Speaker #1

    Ce serait chouette si on n'était pas dans cette opposition idéologique entre le privé, le public, les salariés, les patrons. Alors reprenons sur la loi Hervieux. Donc il y a effectivement cette histoire de fonds. Donc ça, tu dis toi-même, ce n'est pas forcément ton combat. Si,

  • Speaker #0

    ça fait partie du combat. Je ne me positionne pas comme un acteur de la petite enfance sur ce point-là, mais comme un patron. Moi, je suis un petit chef d'entreprise. J'ai créé ma boîte tout seul. Peut-être demain, je vais peut-être dire, tiens, j'ai encore envie de me développer. Et puis il y a un fonds qui va rentrer chez nous. Et ça fait partie... du développement et d'une croissance normale d'une entreprise.

  • Speaker #1

    Trouver des financements, pour traduire aux auditeurs, c'est trouver des financements.

  • Speaker #0

    Mais oui, c'est trouver des financements. Donc ça fait partie du jeu. Qui voudra encore se lancer dans la petite enfance demain, si on n'a plus les moyens, ou si on interdit, ou si on limite ? Avec cette loi, on ne résout pas le problème de la création de places, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a d'autres points, ou est-ce que tu as fait le tour des points ?

  • Speaker #0

    Dans l'ensemble, que ce soit le projet de décret de décembre ou la loi Hervieux, nous, ce qu'on veut, c'est être concerté. On veut pouvoir être écouté. Le partage d'expériences fera avancer notre cause. Donc mettons-nous autour de la table tous ensemble, de tous milieux, discutons, échangeons et arrêtons avec ces idéologies, ces dogmes.

  • Speaker #1

    Tu penses qu'on peut trouver des solutions ?

  • Speaker #0

    On peut trouver des solutions, il faut juste en avoir envie en fait.

  • Speaker #1

    Peut-être étaler dans le temps aussi les réformes pour qu'elles soient soutenables.

  • Speaker #0

    Étaler dans le temps les réformes, y aller par étapes.

  • Speaker #1

    Mettre en place les financements derrière.

  • Speaker #0

    Ou si on ne les a pas, on ne met pas les financements. On met des plans de formation en place, il faut les créer ces pros. Travaillons sur ça d'abord. Une fois qu'on les a, mettons-nous des quotas pour améliorer la qualité. On est tous d'accord pour le faire, mais allons étape par étape et mettons pas la charrue avant les bœufs.

  • Speaker #1

    Alors Jimmy, on arrive quand même à la fin de notre interview. Donc j'ai quelques questions de fin d'interview à te poser. Je vais voir si tu vas réussir à répondre de façon synthétique. Ma première question, il y a depuis à peu près deux ans. Une façon d'appeler les micro-crèches que je trouve assez particulière. On n'entend plus jamais parler des micro-crèches sans qu'il y ait derrière le terme privé lucratif. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? Est-ce que tu as quelque chose à dire ?

  • Speaker #0

    Ça me fait sourire, je rigole. C'est dogmatique, c'est idéologique. C'est puéril.

  • Speaker #1

    Je n'aurais pas forcément dit puéril. Moi, je trouve ça hyper discriminant et je trouve ça hyper vexatoire. Et que ce n'est pas ce qu'on utilise comme vocabulaire pour tous les autres secteurs d'activité. Donc, je ne comprends pas pourquoi dans les crèches, sous-entendu, privé lucratif au lieu de dire juste privé, ça veut dire qu'ils veulent se faire de la thune.

  • Speaker #0

    Privé endetté aussi, ça marche. C'est avec nous, Souk, qu'on a fait le truc.

  • Speaker #1

    Bon, alors, question suivante. Toi, tu rencontres... beaucoup de porteurs de projets, mais aussi beaucoup de gestionnaires. Aujourd'hui, qu'est-ce que tu dirais sur la motivation des gestionnaires ? Où on en est ? Qu'est-ce qui les motive ? Est-ce qu'ils sont toujours motivés ?

  • Speaker #0

    Il y a un ras-le-bol. Ils en ont marre et ils sont très en colère. Je temporise, je suis chef de file, on fait attention, mais ils sont révoltés. Comme tu le dis, ils se sentent discriminés, ils trouvent ça injuste. Ils en ont marre de ne pas être entendus, de ne pas être écoutés. Quand je te dis qu'il y a 350 micro-crèches à vendre, tu t'imagines le ras-le-bol des gens ? Ça suffit. Là, on va sonner le glas de la fin, ça suffit. L'opération crèche-morte, t'imagines, c'est des patrons qui font grève. On n'a jamais vu ça.

  • Speaker #1

    On n'en a pas parlé. Est-ce que tu peux dire quelques mots sur l'opération crèche-morte, puisque notre épisode va sortir lundi ?

  • Speaker #0

    Donc, on fait une journée le matin, c'est un petit café avec les parents. On les sensibilise sur la réglementation et sur notre pétition pour qu'ils le signent avec nous. Alors même, il y en a déjà qui l'ont fait beaucoup. On va les sensibiliser, ils nous soutiennent. On a laissé la main à nos équipes et aux crèches et aux gestionnaires de la façon de cette mobilisation. Donc on a des pros qui auront des t-shirts Je suis de Chamacrèche Il y aura des pros habillés en noir toute la journée. Il y aura des pros avec des stickers, des brassards pour montrer qu'ils en auront le bol. Et certaines fermeront un peu plus tôt, à 17h. Elles iront avec les parents et puis avec l'ensemble de l'équipe, remettre un courrier au maire pour leur montrer leur inquiétude sur ce décret. Donc il y a deux façons de faire. Le but n'est vraiment pas d'embêter nos parents parce qu'ils bossent. Ils ont besoin de nous, on les connaît, ils nous connaissent, ils savent comment on travaille, ils ont confiance en nous. Et donc c'est l'opération crèche-morte, ça va être une journée de sensibilisation.

  • Speaker #1

    Et la date pour les auditeurs ?

  • Speaker #0

    C'est lundi 3 février, toute la journée.

  • Speaker #1

    Et s'ils veulent signer la pétition, je mettrai le lien de la pétition dans les notes de l'épisode. Est-ce qu'elle a une date limite de fin ? Non,

  • Speaker #0

    on n'a pas de date limite, on va passer bientôt les 20 000 signataires avant la journée de mobilisation, donc on est très contents. Cumulé avec nos copains du Rémi et de la FSEP, on va bientôt avoir les 30 000 signataires. Il est peut-être temps qu'on nous reçoive maintenant. Je lance appel à ce micro, à Madame Vautrin et à son cabinet.

  • Speaker #1

    Je te souhaite d'être entendue et de pouvoir participer au débat.

  • Speaker #0

    Il va bien venir vous faire la bise.

  • Speaker #1

    Madame Vautrin, tu veux lui faire la bise ?

  • Speaker #0

    Moi je suis cool, moi je suis...

  • Speaker #1

    La bise à toi.

  • Speaker #0

    La bise à tout le monde.

  • Speaker #1

    Bon en tout cas, tu aimerais sérieusement parler...

  • Speaker #0

    Juste qu'on puisse être consultés, concertés et travailler ensemble sur l'avenir de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Ma question suivante c'était, si tu avais été concerté dans ce projet, est-ce qu'il y a des points que tu aurais retenus, que tu trouves positifs ? et sur lesquelles tu aurais pu avoir peut-être ou alors un impact ? Qu'est-ce que tu dirais sur ta concertation ?

  • Speaker #0

    Je vais être honnête, je n'ai pas beaucoup de points sur lesquels je suis d'accord. Peut-être aussi à cause de ça qu'on fait crèche morte et qu'on en a fait une pétition, c'est qu'on n'est pas d'accord sur beaucoup de choses en fait. Je lisais dans les pros de la petite enfance, Madame Domingo, qui me disait que le décret, la boussole, c'était la qualité. Super, on a la même.

  • Speaker #1

    On a la même boussole.

  • Speaker #0

    Oui, on veut faire la même chose. Maintenant, il y a un contexte. On manque de pros, on manque de formation. On manque de moyens. Donc on va partir de ce constat, de se dire, qu'est-ce qu'on a sur la table ? Voilà ce qu'on a aujourd'hui. Et comment on peut améliorer la qualité et comment on peut travailler là-dessus ? Sans discrimination, sans idéologie. Il y a des choses à faire dans tous les domaines. On parlait des mâmes, on parlait des pouponnières, des crèches privées, des multi-accueils. Je pense que chacun peut apporter son expérience. Il faut prendre les particularités de chaque mode d'accueil et avoir un référentiel, j'ai envie de dire, par mode d'accueil finalement. En ce moment, autour de la table, on met les moyens qui vont en face.

  • Speaker #1

    J'ai encore une question. Aujourd'hui, qu'est-ce qui te donne de l'espoir encore dans la petite enfance ? Est-ce que tu as encore de l'espoir ? Et qu'est-ce que tu dis à ceux qui rêvent d'embrasser ce métier, que ce soit en tant que professionnel sur le terrain ou en tant que gestionnaire, comme moi j'ai pu l'être ?

  • Speaker #0

    Ça ne s'appelle pas optimum pour rien, il y a de l'optimisme dedans. Moi, je suis un éternel optimiste. En fait, on a encore plein de bébés à naître. On a un pays qui est dynamique en termes de naissance, même s'il y a un petit recul, on reste quand même les... Ils sont européens, donc il ne faut pas se tromper. Pour eux, en fait, et pour nos pros qui font un métier formidable, moi, je me bats pour mes pros aujourd'hui. Et j'ai un homme dans mes crèches. Donc d'ailleurs, si des hommes veulent venir en crèche, ça peut aussi aider à résoudre la pénurie. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Et moi, je suis plein de dynamistes et je suis plein d'idées. Et je ne suis pas tout seul. On est une tripotée de gestionnaires, de chefs d'entreprise qui ont des idées, etc. Mais ce qu'on veut, c'est être entendu et être écouté. C'est tout ce qu'on souhaite, en fait.

  • Speaker #1

    Et pour ceux qui sont en train de créer leur crèche, qui ont le chantier en cours ? C'est celui qui est en train de se dire, oh là là, mais moi, en fait, j'ai mis toutes mes économies, j'ai mon ouverture en septembre. Et là, je suis en train de me rendre compte que mes chiffres sont en train de s'effondrer avec cette réforme.

  • Speaker #0

    Non, mais un jour à la fois, il faut croire en demain, toujours. Et elle n'est pas passée encore cette réforme. On se bat pour ça. On a le 3 février une action. J'espère que Madame Vautrin me recevra avec nos copains et qu'on puisse parler tous ensemble.

  • Speaker #1

    C'est la volonté d'être concertée, la volonté d'échanger. Tu n'es pas dans une posture bloquée. Tu veux juste pouvoir avoir cet échange constructif. Donc, je te souhaite que ça arrive. En tout cas, avec Aurélie, on va mettre le paquet. parce qu'on est déjà le 31 janvier. Donc, on va se démener pour monter cet épisode pour qu'il soit prêt à la diffusion lundi.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste ajouter un truc. Il nous faudrait une quantité de Hamal pour continuer à porter, à prêcher la bonne parole parce que ce que tu fais par tes podcasts sur les différents sujets, etc. fait un bien fou aux pros de la petite enfance. Moi, je t'écoute. Je suis en voiture, je te mets le podcast, tu t'écoutes. Ce que tu fais est formidable, donc je tenais à le dire aussi parce qu'il nous en faut plein des gens comme toi.

  • Speaker #1

    Écoute, là, ça me... J'ai pleuré, tu vois.

  • Speaker #0

    Continue à faire ce que tu fais, c'est génial.

  • Speaker #1

    C'est trop, trop mignon. Tu sais qu'Aurélie et moi, on est un petit peu seuls, souvent derrière notre micro, derrière notre ordinateur, à faire le montage, à tout préparer. Ça prend vraiment beaucoup de temps. On y passe des heures et quand il y a de l'actu comme ça et qu'on se dit, allez, on va faire un truc au pied levé, on se met un peu en... En rush, on sait qu'on va bosser le week-end pour que ce soit prêt pour lundi. Ça fait hyper plaisir d'avoir des retours. C'est vrai que quand tu es podcaster, ce n'est pas comme un réseau social. Tu ne mets pas un poste et tu n'as pas des gens qui viennent te faire un commentaire. Tu lances ton épisode, la personne l'écoute, mais tu ne sais jamais si elle a aimé, si elle a arrêté au milieu de l'épisode, si elle a trouvé ça intéressant. C'est hyper important pour nous. J'en profite pour demander aux auditeurs de venir nous mettre des notes. venir nous mettre des avis sur les plateformes. Toi aussi, Jimmy, mets-nous une note 5 étoiles. Parce que c'est vrai que ça motive. Ce qui est difficile quand tu as envie de faire un média pour soutenir justement un secteur, c'est qu'un média, ce n'est pas rémunéré. On a de la chance, on a quelques partenaires qui nous soutiennent. Ça nous permet aussi de continuer à faire ce travail qui est assez titanesque, mais qu'on fait par passion. On adore la petite enfance, on adore ce métier. Moi, c'est un métier que j'ai connu, tu vois, comme toi, en reconversion, quand j'avais à peu près 30 ans. Et c'est le métier de ma vie, quoi. Je pense que c'est l'aventure de ma vie, la petite enfance.

  • Speaker #0

    Bienvenue au club !

  • Speaker #1

    Bah écoute, Jimmy, merci beaucoup d'avoir relevé le défi, là, de parler de ce sujet qui est quand même épineux. J'espère que personne n'en ressortira vexé ou blessé, que les gens comprendront qu'il y a un message de sincérité, que le but, c'est d'échanger. Reste ton esprit ouvert.

  • Speaker #0

    Merci Amal.

  • Speaker #1

    Merci Jimmy. Et puis à lundi.

  • Speaker #0

    À lundi. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode. Parles-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. À la semaine prochaine.

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Description

La tension dans le secteur des crèches ne fait que s’aggraver. Lundi 3 février 2025, les micro-crèches mènent une opération "crèche morte" et portent 2 pétitions contre le projet de réforme de décembre 2024.

Sur les réseaux sociaux, c’est l’affrontement idéologique, public contre privé, le dialogue semble impossible.


Pour parler de l’actualité, j’ai invité Jimmy Dacquin, parce qu’il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. C'est un patron qui s’engage, il défend son secteur.


Et il a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail.

Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèches et les porteurs de projets qui rêvent d’en faire partie. Alors:

  • Quels sont les points de la réforme qui génère tout ce remue ménage?

  • Est-ce réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèches privées?

  • Quel avenir se profile pour les micro-crèches?

Voilà quelques unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode.


Bonne écoute !


                ...              ...              ...              ...    

  

Les ressources de l'épisode:

Je signe la pétition "je soutiens ma crèche!"

Je signe aussi la pétition "sauve ma micro-crèche"

Pour contacter Jimmy Dacquin


                ...              ...              ...              ...    


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Écriture & Voix : Amale Cosma

Montage : Aurélie Clément

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. La tension dans le secteur des crèches ne fait que s'aggraver ces derniers temps. Les micro-crèches privées mènent une action ce lundi 3 février 2025, avec aussi deux pétitions contre le projet de réforme qui fait l'actu depuis le mois de décembre 2024. Sur les réseaux sociaux, c'est l'affrontement idéologique, public contre privé, patron contre salarié, non lucratif contre lucratif, etc. Les commentaires sont acerbes et fermés. Le dialogue semble impossible. Ce podcast, lui, s'adresse à tous les professionnels de la petite enfance, quel que soit le type de structure dans lequel tu bosses, que ce soit privé, public, associatif ou entreprise, crèche, micro-crèche, crèche familiale, mâme, etc. et aux pros de terrain comme aux gestionnaires. Mais quand même, j'assume, je suis un ancien patron de crèche. J'ai géré des crèches pendant 16 ans. C'était des crèches privées, qu'elles soient associatives ou des crèches d'entreprise. Mais je pense que mon point de vue est quand même assez mesuré et équilibré. Ni pro ni anti, tout le monde a sa place d'après moi. Pour parler de l'actualité, j'ai décidé d'inviter Jimmy Dakin. Jimmy et moi, on se connaît pas très bien. On se croise, on se salue. Mais on n'a jamais pris le temps d'échanger en profondeur. C'est un autre patron de crèche. Et j'ai choisi Jimmy parce qu'il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. Je pense donc que son avis est représentatif. Et puis... il s'engage, il s'exprime dans les médias, il défend son secteur. C'est un personnage affable, bienveillant, spontané et qui a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail. Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèche et les porteurs de projets qui rêvent de faire partie de ce secteur, d'avoir leur propre crèche. Il a une vision sur leur motivation. Alors, est-ce que c'est réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèche privés ? Quels sont les points de la réforme qui génèrent tout ce remue-ménage ? Quel avenir ce profil pour les micro-crèches ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode. Bonne écoute ! J'accueille Jimmy Daquin sur le podcast. Jimmy, il est assez connu dans notre petit secteur des crèches. Bonjour Jimmy.

  • Speaker #1

    Bonjour Amal.

  • Speaker #0

    Ça fait plaisir de t'avoir sur le podcast. En ce moment, tu fais un petit peu l'actu parce que tu t'es lancé dans une pétition. Donc déjà, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut dire que tu es un patron, un gestionnaire de crèche. C'est ça. un petit réseau de je crois une cinquantaine de micro-crèches et aussi des franchisés. Donc pas mal en fait de porteurs de projets qui te connaissent ou de gestionnaires de crèches. Et donc tu connais très bien le secteur, on a un petit peu les mêmes contacts toi et moi puisque une expérience à la fois de gestionnaire et de conseil pour des gens qui ont des crèches ou qui veulent en ouvrir.

  • Speaker #1

    Timum, c'est un réseau de micro-crèches. Moi j'ai commencé comme toi il y a à peu près... Ça remonte maintenant, ça fait il y a 12 ans. On a ouvert notre première micro-crèche, j'ai mis mon fils dedans en fait, ça vient d'une expérience personnelle tout simplement.

  • Speaker #0

    Mais tu faisais quoi avant ?

  • Speaker #1

    J'étais dans l'industrie, donc rien à voir. Mais la petite enfance a toujours fait partie de ma vie, puisque ma mère était assistante maternelle, ma sœur l'a été pendant 17 ans. On est des grandes familles du Nord, avec plein d'enfants, plein de cousins, cousines, donc ça a toujours fait partie de nos vies. Et chez nous, les enfants c'est sacré. Donc voilà, je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour arriver dans ce milieu, parce que c'est quelque chose qui faisait partie de ma vie en tant qu'enfant et adolescent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir une maman assistante maternelle, ça te rend peut-être plus proche des équipes de terrain ? Tu comprends mieux leurs problématiques, leurs enjeux ?

  • Speaker #1

    Sans doute, oui. Et puis, je le vois avec mes collaboratrices. On a quand même aujourd'hui, nous, 350 collaborateurs et collaboratrices en crèche. Toutes me connaissent en tout mon numéro de portable si elles le souhaitent m'appeler. Donc j'ai une proximité avec elles. Je m'appelle Jimmy, je comprends leur quotidien parce que j'ai aussi passé du temps avec elles dans les crèches. J'en passe encore aujourd'hui. Il ne se passe pas une semaine sans que j'aille passer quelques heures dans des crèches pour voir comment ça se passe, confronter aux parents. Et puis j'adore être au milieu des enfants, je ne vais pas te mentir, c'est un bonheur.

  • Speaker #0

    Ça je comprends très bien. On partage ça. Ça c'est ton histoire.

  • Speaker #1

    C'est mon histoire et c'est ce que je fais au quotidien en fait. Et moi, je ne travaille pas, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Alors, pour accélérer un petit peu la présentation, je voulais aussi préciser que depuis quelques temps, depuis pas si longtemps que ça en fait, parce que moi, quand j'y étais, tu n'y étais pas, tu es à la Fédération française des entreprises de crèche. C'est ça. Et donc, tu as aussi un engagement pour défendre le secteur.

  • Speaker #1

    Effectivement, quand on fait des choses, il faut s'engager. Et moi, je suis quelqu'un qui adore l'engagement. On peut se tromper, mais il faut s'engager. Et moi, depuis 4-5 ans, j'étais d'abord adhérent. Et ensuite, je me suis positionné comme administrateur. En fait, en même temps que notre croissance, aujourd'hui, notre réseau, c'est 250 micro-crèches. Donc, je représente quand même beaucoup de gestionnaires.

  • Speaker #0

    Tu te sens plus légitime maintenant, en fait, à défendre les intérêts du secteur.

  • Speaker #1

    Oui, parce que... Les gestionnaires, c'est des chefs d'entreprise. C'est notre fierté. On a créé 250 chefs d'entreprise en France. Ce n'est pas rien. Nous, ça fait plus de 12 ans qu'on gère des micro-crèches. On a mis en place un organisme de formation. On fait grandir nos professionnels. Donc, on maîtrise notre sujet, j'ai envie de dire, de A à Z. Et donc, on connaît parfaitement bien les rouages d'une micro-crèche, tout comme toi, Amal. Aujourd'hui, ce que tu partages, c'est la même chose, en fait. Donc, oui, on sait de quoi on parle. Et nos professionnels aussi le savent.

  • Speaker #0

    On sait très bien de quoi on parle. Alors aujourd'hui, tu t'es lancé dans une sorte de croisade, enfin c'est peut-être pas le bon mot, mais voilà, tu as décidé de prendre la parole. Est-ce que tu peux replacer le contexte en quelques phrases simples et compréhensibles pour que les pros de la petite enfance qui nous écoutent arrivent à tituer ton combat dans le secteur en ce moment ?

  • Speaker #1

    Alors, on a eu un projet de décret qui est apparu au mois de décembre de l'administration Vautrin. Leur boussole, c'est la qualité d'accueil. Ils ont pris deux phrases du rapport IGAS pour dire on va mettre plus de quotas dans les micro-crèches de professionnels qualifiés, catégorie 1 Aujourd'hui, catégorie 1, c'est des éducatrices de jeunes enfants, des auxiliaires de puerres et des infirmières puerres. Les CAP Petite Enfance ne font pas partie de ces catégories 1. Alors nous, aujourd'hui, micro-crèches, on n'est pas inclus dans ce quota. C'est à partir des petites crèches, crèches et multi-accueil en fait, qui, eux, ont du mal à respecter déjà ce quota. Aujourd'hui, il y a un état de fait, il manque, selon la CAF, 10 000 professionnels de petite enfance. Et des professionnels qualifiés comme les auxiliaires, elles sont formées au niveau des départements sur les budgets des départements. Et aujourd'hui, on sait très bien que l'État et le département n'ont pas les fonds pour financer ce genre de classe. Donc, on a de moins en moins d'auxiliaires et d'éducatrices de jeunes enfants, si j'ai envie de dire, pardonnez-moi cette expression, sur le marché.

  • Speaker #0

    Sur le marché du travail.

  • Speaker #1

    Sur le marché du travail, tout à fait. Et donc, effectivement, c'est compliqué à trouver. On en a, mais pas suffisamment. Et en plus, les auxiliaires, la plupart du temps, quand elles sortent de l'école, vont dans les hôpitaux, les maternités. Donc, leur but premier, ce n'est pas d'aller forcément travailler en crèche en plus.

  • Speaker #0

    Oui, puis on sait aussi qu'il y a beaucoup de crèches municipales qui ont dû fermer des sections.

  • Speaker #1

    Il y en a plein.

  • Speaker #0

    Fermer des places, etc.

  • Speaker #1

    Des places fantômes partout.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est connu du public, on sait très bien qu'il y a une grosse pénurie de professionnels en ce moment.

  • Speaker #1

    Ils en ont conscience parce que là, j'ai vu passer cette semaine pour les pouponnières. Donc, c'est des bébés qui sont quand même en situation fragile. Et voilà, il y a quand même, en plus des soins, enfin, c'est des pouponnières, c'est quand même difficile comme endroit.

  • Speaker #0

    J'ai une interview qui sort là-dessus dans pas très longtemps.

  • Speaker #1

    Justement, ils ont fait un projet de décret pour l'encadrement des pouponnières. Écoute-moi, c'est une personne pour six bébés la journée et une personne... pour 30 bébés la nuit. Et ils ont une dérogation pour des non-diplômés parce qu'ils ont conscience qu'il n'y a pas assez de diplômés. Donc, pour les pouponnières, il y a là le projet de loi de cette même administration. Pour nous, micro-crèches, on va nous mettre des quotas avec des gens qui n'existent pas. Donc, le côté ubuesque de la situation, tu imagines, c'est quand même particulier.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur cette question. Est-ce que, toi, tu mets aussi en rapport ça avec le niveau de diplôme et d'encadrement ? et de taux d'encadrement des assistantes maternelles et des mâmes ? Ou est-ce que tu évites de faire la comparaison ? Parce que c'est un peu le même sujet.

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de la comparaison. La comparaison, en fait, aujourd'hui, une maison d'assistante maternelle, c'est un dispositif expérimental qui existe depuis plus de 40 ans. Ça a été fait à une époque. Aujourd'hui, ce n'est toujours pas légiféré. Une mâme, c'est quatre professionnels d'assistantes maternelles qui ont 80 heures de formation théorique et 40 heures en continu. Ce sont très peu. C'est un quart du CAP Petite Enfance. Et elles sont en quatre, sans référence santé, avec une inclusion, sans direction, sans analyse de pratiques professionnelles, des choses que nous avons nous. Et on leur donne 16 enfants. Et il n'y a pas de réforme bâtimentaire, on n'a pas des antipinces de haute porte. Je prends un exemple, c'est nul, mon exemple, je suis d'accord, mais quand même en fait.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas nul. On sait que tu as beaucoup de respect pour la profession, ta maman est assistante maternelle.

  • Speaker #1

    Je n'ai rien contre les assistantes maternelles, je n'ai rien contre les mâmes. Je veux juste illustrer la justice et la discrimination dont on fait part aujourd'hui. Et on a l'obstination récurrente de toujours être contre le privé.

  • Speaker #0

    Enfin toujours, c'est très récent quand même moi je trouve.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi quand même que ça dure. C'est pour nous, pour les gestionnaires, c'est dur quand même à un moment donné.

  • Speaker #0

    C'est long, alors moi ça fait 17 ans que je suis dans le métier. Donc ce que je voulais dire c'est qu'il y a vraiment une... Une énorme aggravation de ce point de vue politique ces deux dernières années. Je pense que, moi, mon point de vue, c'est qu'il y a eu une crise depuis très longtemps, mais que cette crise a été accélérée et a émergé dans le panorama du grand public quand il y a eu le décès de la petite fille à Lyon en 2022. Et que depuis ce moment-là, c'est devenu une sorte de combat un peu fanatique d'une partie des politiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est dramatique, c'est qu'on prend un fait divers. C'est un meurtre, c'est horrible. Et on a, c'est à Longueuil je crois, le multi-accueil de Longueuil, l'année dernière il y a une professionnelle d'un établissement public qui s'est donnée la mort, qui s'est suicidée et qui a laissé une lettre pour dénoncer ses conditions de travail. Elle était cégetiste, elle travaillait dans le public. On n'en parle pas de cette dame. Des drames, il y en a partout. Il y a une commission d'enquête parlementaire qui a eu lieu l'année dernière. Elle a révélé que ce n'était pas le statut qui faisait la vertu. Je rencontre beaucoup de mères qui aujourd'hui n'ont plus les moyens. avec la PSU de tenir un multi-accueil, qui nous posent les clés de leurs locaux sur la table pour qu'on leur reprenne et qu'on fasse une micro-crèche. Je te dis ça, c'est beaucoup des crèches en zone rurale. Nous, on a cette particularité dans notre réseau, on est très implanté en zone rurale. Imagine, j'ai une zone rurale où je n'ai pas de diplômé auxiliaire ni EJE, j'ai une CAP Petite Enfance qui a 15 ans d'expérience professionnelle, qui est référente technique et qui me tient à la crèche de façon formidable. Ils sont pleins d'idées, ils sont dynamiques, ils connaissent les gens des villes et des villages autour. C'est vraiment une inclusion totale sur le territoire. Si je devais appliquer ce décret à la lettre, je ferme cette crèche. Parce que je n'aurai jamais d'auxiliaire ou de JE dans ce territoire.

  • Speaker #0

    Je te comprends complètement parce que moi, la girafe étoilée dans mes 10 micro-crèches, j'avais dans chaque micro-crèche une personne diplômée catégorie 1, mais pas deux. Et en général, j'avais une infirmière. Et quand je n'avais pas d'infirmière dans cette micro-crèche parce que je n'avais pas les candidatures ou ni de JE, j'avais un relais de direction sur cette micro-crèche. Mais déjà, j'avais du mal à en avoir 10, donc je n'en avais pas 10 des catégories 1 sur mes 10 micros. Donc aujourd'hui, si on me demandait d'en avoir 20, je pense que ce serait impossible.

  • Speaker #1

    Voilà, et le problème, c'est que j'entends le cabinet Vautrin nous expliquer que ce décret ne dit pas qu'il faut licencier les gens, etc. Je veux bien, mais si j'ai quatre professionnels, imagine que je trouve les catégories 1, il faudrait que j'en embauche trois, ça me fait sept personnes. Pour 12 enfants, là j'ai un taux d'encadrement qui est exceptionnel.

  • Speaker #0

    Alors attends, réexplique.

  • Speaker #1

    Tu vois, 4 professionnels, ça pique petite enfance. J'entends les contradictions depuis qu'on a lancé la pétition de l'administration qui nous dit mais on ne vous a jamais dit de licencier. Ok, je ne licencie pas mes 4 CAP petite enfance. Donc pour avoir le 40%, je suis obligé d'embaucher 3 catégories 1. Imaginons que je les ai, qu'ils existent, mais ils n'existent pas, je précise. Mais imaginons, faisons un petit peu de science-fiction. Je les ai. Je dois embaucher trois personnes sans licencier mes quatre CAP, ce qui me fait sept personnes.

  • Speaker #0

    Oui, mais alors là, pour le coup, c'est vraiment de la science-fiction, c'est impossible.

  • Speaker #1

    C'est impossible, même financièrement, c'est pas tenable. Puis, en fait, financièrement, tu connais le CMG Page à 10 euros de l'heure, que tu as connu quand tu as démarré, ça fait il y a 17 ans.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu soulèves plein de questions là. Donc, c'est vrai que tu es allé assez vite. Je pense que les auditeurs, là, ils se posent plein de questions. Alors, effectivement, il y a déjà des réactions assez virulentes sur les réseaux sociaux. Tu as parlé là des détracteurs.

  • Speaker #1

    Ils se sont accrochés à une idéologie qui est respectable. C'est un modèle économique. On va dire que l'État fait tout. Le service public de la petite enfance, il n'y a que le public, il n'y a pas de privé, etc. OK, mais s'ils étaient capables de le faire, l'État, il l'aurait fait depuis longtemps, je pense. Et aujourd'hui, je pense qu'il y a aussi une maladresse. On a le service public de la petite enfance. C'est le mal nommé. Moi, je pense que... J'encourage en signe d'apaisement de renommer le service public de la petite enfance en service universel de la petite enfance, qui inclut tous les établissements, quel que soit leur statut. C'est le but du service public de la petite enfance. Quoi, avoir mis public dedans, alors ?

  • Speaker #0

    C'est idéologique.

  • Speaker #1

    C'est idéologique, ça cloisonne, ça ravive des guerres de clochers. Moi, ce que je souhaite, on a un véritable défi à faire ensemble, c'est que chaque parent, quel qu'il soit, quel que soit son mode d'accueil, puisse avoir le choix en toute... transparence et sécurité. Parler des mâmes, on parle des crèches, des multi-accueils, il faut qu'on est tous entre guillemets en fonction de ses particularités. Quand on accueille 12 enfants, c'est sûr que c'est plus de petites collectivités, c'est plus familial, tu sais ce que c'est. Donc on a des CAP qui sont formidables et aujourd'hui il manque de pros. Moi je suis d'accord avec le décret sur le fond, j'ai pas de sujet.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question.

  • Speaker #1

    C'est juste le momentum qui n'est pas bon. Bien évidemment, on veut tous faire de la qualité. Et bien évidemment, tous mes pros aussi, elles augmentent leur diplôme, elles vont augmenter leur salaire, et vont y gagner. Et la prestation de service sera meilleure. On est d'accord sur le fond. Mais aujourd'hui, elles n'existent pas.

  • Speaker #0

    Si on rentre un peu plus justement dans les propositions du décret, il y a cette réaction un peu virulente, moi qui m'a un petit peu dérangée, de oui, ils sont contre la qualité Non, c'est faux. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? C'est quoi pour toi ? Parce que tu as cité l'augmentation des quotas de diplômés de catégorie 1. Est-ce que tu peux dire s'il y a d'autres choses que tu retiens sur les réformes en cours qui te semblent pertinentes ou pas, dangereuses ou pas ?

  • Speaker #1

    La qualité n'a pas de prix. mais un coup à mal. Aujourd'hui, je vais parler en mon nom, mais je les connais quasi tous dans le secteur, aucun dirigeant de crèche ou de micro-crèche n'a la volonté de faire les choses mal à l'intérieur de ses crèches. Il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, il faut enlever ça de la tête des gens.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on fait avec les moyens du bord. C'est-à-dire qu'on a une PSU qui va augmenter de 0,04% cette année, alors que l'inflation, on en saura tout juste, mais c'est énorme. On a pris 6% sur l'électricité, on a pris 6% sur les couches et les repas, nos loyers ont pris 6 ou 7%, le SMIC, la masse salariale, a pris 20% en 3 ans. Je veux bien qu'on dise la qualité, la qualité, les quotas, etc., mais on n'a pas les moyens. À un moment donné, il y a une problématique. Et quand je parlais du CMG, les 10 euros ou l'augmentation de la PSU qui est très faible, pourquoi on ne met pas le coût de l'heure qui soit indexé sur le coût de la vie ? Ça, c'est un premier sujet. Le deuxième sujet, c'est l'intérieur de la réglementation. On est tous d'accord. Sur le fond, on est tous d'accord. Si on peut le faire, si on a les pros en face, etc., je n'ai aucun sujet avec ça. Aujourd'hui, le problème, c'est que je n'ai pas les pros en face. Le décret est sorti. Nous, on a eu une vague. J'ai vu ça avec la DRH. On a... une vague de demandes de VAE. On va les faire. On va accompagner nos pros. On n'a jamais dit non. Le problème, c'est le tempo. Pour être éducatrice de jeunes enfants, il faut trois ans. Pour être auxiliaire, c'est deux ans. Là, on nous demande d'être dans les clous au 1er janvier 2026. Dans dix mois, onze mois maintenant, ce n'est pas possible. On n'aura pas le temps de les former.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si on étalait la réforme sur trois ans, déjà, tu serais plus positif.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut aller au-delà des trois ans. On a une prochaine coche qui va venir. On doit une réforme sur le mode de financement à mettre en place et avoir un mode de financement qui soit unique pour toutes les structures, compréhensible par tous les parents. Tu sais ce que c'est en CMG Page, on fait de la pédagogie sur la tarification avec nos parents, on leur explique qu'ils vont recevoir le CMG Page, le reste à charge, le crédit d'impôt, pour leur expliquer, parce que quand ils voient la facture arriver de 1000 ou 1200 euros, waouh, ça fait énorme, c'est un SMIC. Donc à un moment donné, on a une pédagogie, on explique aux parents comment la tarification est faite au CMG Page. Et quand ils l'ont compris, tout va bien. Donc, on a une vraie pédagogie à faire. Et quand ils sont à la PSU, ils payent un prix qui est ridicule. Et je pense que, en fait, pour eux, la crèche, c'est une garderie. Parce que quand ils payent 1 euro ou 2 euros de l'heure, comment voulez-vous qu'ils respectent les professionnels qui sont en face d'eux ? Donc, il y a toute une réflexion à avoir sur ça, qui soit menée dans le temps.

  • Speaker #1

    Sur ce problème de tarification, je rebondis aussi. Parce que moi, j'ai constaté vraiment la différence quand je suis passée de la PSU à la PAGE. Donc, j'ai changé de système. J'ai géré une crèche collective pendant à peu près huit ans. Pour ça, c'était en associatif. Et ensuite, j'ai géré des micros en page. Donc, je connais bien la différence. Et je trouve que c'est très intéressant de voir la différence quand le parent sait combien ça coûte. C'est-à-dire qu'il y a un vrai problème, je pense, de notion de conscience des coûts en France. Parce que c'est comme quand tu vas à la pharmacie et que tu ne payes pas tes médicaments. Tu ne sais pas, en fait, combien ça coûte vraiment de te soigner, etc. C'est pas toujours le...

  • Speaker #0

    le truc de la prime de rentrée scolaire qu'on donne aux parents. Donc, ils ont une prime en fonction de leur revenu. Et avec ça, libre à eux d'aller acheter un crayon BIC, un crayon de marque de distributeur à leur enfant. Ils ont un budget, ils savent comment le consommer. On a des aides pour les... Et heureusement, d'ailleurs, on a un pays qui est quand même socialement bien fait. On a des aides pour les gens, libre à eux d'aller acheter un paquet de pâtes d'une marque de distributeur ou un paquet de pâtes Barilla, en fait. Donc, tu vois ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vois. Ce que tu veux dire, c'est qu'on pourrait, avec les aides de la CAF, choisir son type de mode d'accueil.

  • Speaker #0

    Ça existe en Europe. Tu prends l'Angleterre, l'Allemagne, c'est comme ça que ça se passe, en fait.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, dans la réforme, que moi j'ai lue aussi en détail, ça m'a l'air d'être plutôt parti sur quelque chose de très complexe. Quand je lis qu'ils parlent de linéarisation du système du CMG, alors déjà, il faut comprendre ce que ça veut dire. Il y a plusieurs scénarios qui sont évoqués qui, moi, me semblent complexes. Et puis surtout, j'ai l'impression que déjà qu'en ce moment, les temps sont durs pour les micro-crèches financièrement, mais avec ce système-là, on va se rapprocher plutôt de la PSU, d'un système à l'heure, etc. Alors qu'en fait, on voit bien depuis assez longtemps déjà qu'avec le système à l'heure de la PSU, on est amené à faire du remplissage, à être vraiment très axé sur les données financières, les ratios, à se dire attention, il faut remplir telle heure, telle heure, telle heure. Et donc le CMG, je trouvais que c'était un confort pour tout le monde parce qu'on... On est au forfait, on n'est pas là en train de se dire attention, il faut que je remplisse des heures absolument, etc.

  • Speaker #0

    C'est un confort pour tes parents. Ils savent, ils n'ont pas de surprise. Le prix est défini à l'année, ils n'ont pas de surprise. Ils savent exactement, ils sont sereins. Et tu n'as pas tous les mois, oui, mais j'ai dû attendre un quart d'heure parce que la maman était devant moi, elle parlait longtemps dans la transmission et vous m'avez compté un quart d'heure de trop. C'est serein. Donc les parents sont sécurisés et il n'y a pas de sujet avec ça. Les pros, ils sont sécurisés. Ils n'ont pas à faire des transmissions plus rapides ou moins rapides parce qu'il y a des gens qui attendent derrière. Et puis, on ne parle pas d'argent à la crèche, en fait. C'est ça qui est bien. C'est sécurisé pour le gestionnaire parce que tu n'as pas la course en remplissage. T'as pas la course au surbooking, t'as pas à boucher des cases. Le mercredi, un mois d'enfant, c'est une journée un peu plus respirante pour les pros. Ça leur permet de travailler ensemble sur des projets. Ça permet de travailler spécifiquement avec certains grands. En fait, tout le monde y trouve son compte dans ce système. Pour ça, il faudrait que l'administration vienne nous voir, et vienne dans nos crèches, et nous concerte ce qui n'a pas été fait là.

  • Speaker #1

    C'est le système qui avait cours avant la mise en place de la PSU. On facturait de toute façon forfaitairement. Donc, ce n'est pas les microcrèches qui sont les premiers à facturer forfaitairement.

  • Speaker #0

    Ça existait et ça marchait bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, moi, j'avais plutôt l'impression qu'on se dirigeait vers une généralisation d'un système forfaitaire comme la page. Et en fait, là, en relisant les nouveaux textes, ça me semble partir en arrière vers quelque chose de compliqué qui ressemblerait à la PSU. Est-ce que toi, tu as la même lecture que moi ?

  • Speaker #0

    Pareil. Pareil, pareil. Et puis je pense qu'on se trompe parce qu'on va encore faire une usine à gaz, un truc qui pourrait être très simple.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'idée ? Moi, mon ressenti, c'est qu'il y a des gens dans l'administration, alors est-ce que c'est des hauts fonctionnaires ou des élus, je ne sais pas, mais sans citer personne, j'ai l'impression qu'il y en a qui s'imaginent qu'on a un coffre-fort avec plein de billets cachés au fond de la crèche, qu'on s'en met plein les poches.

  • Speaker #0

    Je pense avoir une explication à ça. En fait, une micro-crèche... Effectivement, c'est une entreprise. Donc tu as un gestionnaire qui a mis son épargne sur la table, qui a pris des risques et qui a emprunté pour construire sa crèche. Donc ça, on l'oublie de le dire. Souvent, ils sont conscients personnels de leur emprunt. Donc c'est un entrepreneur, c'est un chef d'entreprise. Et puis, sa micro crèche, il va la remplir, il est proche de ses équipes, ses parents l'adorent. Et on le voit sur la pétition, nos parents nous soutiennent à fond. Et je suis très content de ça. Et il va finir par avoir des bénéfices en fin d'année parce qu'il ne sera pas payé. la première année de fonctionnement. Puis en fin d'année, il va prendre des bénéfices. Après impôt, il va avoir entre 15 et 20 000 euros. Donc on se dit, ah, il fait des bénéfices, c'est génial. Sauf qu'il n'a pas pris de rémunération. Est-ce qu'un cadre dans une entreprise, 20 000 euros, c'est un gros revenu ? Est-ce que ces gens dans l'administration, combien ils gagnent ? C'est quoi leur salaire ? Est-ce que quelqu'un qui se lève le matin, qui travaille toute la journée, que le week-end, il va refaire des petits trucs à la crèche parce que c'est chef d'entreprise, c'est du lundi au lundi en fait. Ça est tout le temps. Tu sais ce que c'est ? Le petit SMS à 7h du matin ?

  • Speaker #1

    Tu peux t'organiser quand même, il faut s'organiser. Je m'adresse au gestionnaire là, ne faites pas ça, ne travaillez pas H24 cette journée.

  • Speaker #0

    C'est bête ce que je dis, mais si ils le font, parce que c'est comme ça l'entrepreneuriat, est-ce que c'est indécent d'avoir une rémunération, de dire je me paye sur mes bénéfices ? Alors on va regarder l'ensemble des liasses fiscales des micro-crèches, ils gagnent tous de l'argent. Oui, mais c'est leur rémunération.

  • Speaker #1

    Alors, pas tous. Pas tous.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    On sait quand même pas mal d'entreprises.

  • Speaker #0

    Tu regardes 2021, 2022, ils se disent Ah, ça marche bien, les micro-crèches. Oui, OK, d'accord. Mais en fait, non. Pas tout le monde, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as constaté, comme moi, qu'il y avait quand même des faillites, des redressements judiciaires ? Enfin, voilà, que c'est difficile quand même.

  • Speaker #0

    On a en France, aujourd'hui, à peu près 350 micro-crèches à vendre. Il y a de tout. Il y a des crèches qui vont très mal. qui sont au bord de la faillite. Il y a des gestionnaires qui en ont ras-le-bol et qui veulent tout lâcher parce qu'ils en ont marre de se faire matraquer par la presse, par des émissions qui envoient la télé anti-privé, les bouquins, parce que ce n'est pas comme ça chez eux, en fait. Il y a un amalgame qui est fait. Et ce n'est pas parce qu'on voit et qu'on met en lumière la loupe sur deux, trois dysfonctionnements qui existent, sans doute. Mais ce n'est pas ça la réalité des crèches, ce n'est pas ça notre quotidien. Mais venez nous voir, venez dans nos crèches, venez parler à nos pros.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est important de... les bouquins, les scandales, etc. Je pense qu'ils ont aussi un intérêt de faire bouger les choses, mais sans, effectivement, comme tu dis, sans faire d'amalgame. Ce serait ça qui serait vraiment génial. Ce serait de ne pas tout mélanger. Et ce n'est pas parce qu'il y a une personne qui fait quelque chose de mal qu'il faut punir toute la classe.

  • Speaker #0

    Ces bouquins ont une vertu. Ils ont fait prendre conscience à tout le monde, quel que soit le statut public, professionnel, de la petite enfance, associatif, privé. Aujourd'hui, il y a une mise en lumière dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc c'est très bien. Il y a un côté pervers, c'est qu'on stigmatise les privés. Il y a un autre côté pervers, avec ces émissions et ces bouquins, on a aussi des parents. Je me suis retrouvé à la gendarmerie parce qu'un enfant s'était fait mordre à la crèche. On en est là. J'ai un gendarme devant moi qui était dépité, qui doit faire son job, qui interview nos pros, qui, elles, sont traumatisées de se retrouver à la gendarmerie parce que ce n'est pas leur quotidien. Mais on en est là aussi aujourd'hui, de plus en plus. Alors qu'un enfant qui meurt à la crèche, on l'a tous dans nos crèches tous les ans. c'est quelque chose qui est ainsi fait.

  • Speaker #1

    Ce que tu veux dire, c'est que les rapports se sont tendus, crispés, et qu'on est vraiment dans un...

  • Speaker #0

    Heureusement, pas tous, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais ce n'est pas la première personne à me le dire. C'est vrai que...

  • Speaker #0

    Avant, on n'avait pas ça.

  • Speaker #1

    Ça a mis tout le monde sur les dents, quoi.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça stigmatise, ça mêlait les parents sur certains parents en défiance.

  • Speaker #1

    Je peux les comprendre, c'est inquiétant. Tu confies ce qu'il y a de plus important et de fragile pour toi à un tiers. Et donc maintenant, il faut réinstaller ce lien de confiance.

  • Speaker #0

    On parle du secteur de la petite enfance qui est en péril, qui va mal, la maison elle brûle. Qui a envie de rentrer dans une maison qui brûle à mal ? Personne. Donc arrêtons de dire que la petite enfance va mal. Moi, je peux vous dire que la petite enfance va très bien. Il nous manque des pros, c'est une certitude. Ben, retroussons-nous les manches tous ensemble, faisons un vrai plan de formation pour avoir plus de pros, venez voir nos crèches, ce qui marche et ce qui ne marche pas, on fait le bilan ensemble, qu'est-ce qui est bon pour les enfants, c'est ça le plus important, qu'est-ce qui est bon pour sécuriser nos parents, et travaillons ensemble. Nous, on a donné à la Fédération Française des Entreprises de Crèches nos audits. On a plus de 500 points de contrôle quand on fait nos franchisés ou chez nous, parce qu'on est à cheval sur la qualité, et c'est comme ça qu'on obtient et qu'on arrive à garder un niveau de service de qualité. On l'a donné, prenez-le, faites-e ce que vous voulez, donnez-nous nos remarques, améliorez-le si vous voulez, on est ok. Arrêtons de se faire des guéguerres entre privés, publics et associatifs. Il faut qu'on travaille ensemble sur un mode de financement unique pour tout le monde, compréhensif par les familles et simple. Et puis travaillons ensemble sur la qualité avec les moyens qu'on a aujourd'hui, les moyens du bord. Aujourd'hui, les moyens du bord, on ne les a pas les pros, donc ça ne sert à rien de faire des quotas. On ne les a pas. Par contre, travaillons ensemble sur un vrai plan. Donnez-nous des moyens. Aujourd'hui, les opcos, ils n'ont pas une thune. Comment on fait ?

  • Speaker #1

    Je te sens complètement exclue de la réflexion, si je comprends bien. J'ai l'impression qu'on est parti un petit peu tout feu tout flamme sur des choses un peu simplistes. Voilà, il faut plus de diplômés, etc. Bon d'accord, mais sur le terrain, ça va donner quoi ? Est-ce que le fait d'avoir une auxiliaire de périculture, en plus, va changer obligatoirement la qualité ? Moi, j'ai eu de la grande qualité dans mes micro-crèches et je n'avais pas plus d'auxiliaires. Attention, je ne dis pas que ce n'est pas bien de former les gens. Je dis juste que je trouve ça un peu réducteur de penser qu'il suffit d'avoir une formation de niveau plus élevé initial pour que la qualité soit au rendez-vous. Moi, j'ai l'impression que ce qui joue énormément, c'est la formation aussi continue sur le terrain avec un bon manager. Et ça, ça tient.

  • Speaker #0

    L'expérience. L'expérience vaut toutes les formations. Je leur propose une dérogation à leur texte. Les CAP Petite Enfance, avec plus de deux ans d'expérience professionnelle, on les met en catégorie 1. On a eu des gestionnaires qui ont porté des projets. Sur des CAP bonifiés, on a des CAP qui sont excellentes, qui n'ont pas forcément envie de reprendre un diplôme, et qui ont beaucoup d'expérience, 2, 3, 5 ans, 10 ans.

  • Speaker #1

    Et à l'inverse, Jimmy, on a aussi des éducatrices ou des auxiliaires qui ne sont pas bonnes. Il n'y a pas de règle absolue, en fait.

  • Speaker #0

    On est dans l'humain. On fait de l'humain, on est dans l'humain. Par rapport à la pénurie de pros, de catégoriens, surtout, pourquoi pas bonifier des CAP petite enfance ? Et les passer en catégorien, c'est largement possible. Et ça permettrait, pas que nous... les multi-accueils où il y a les places qui sont fermées, parce que faute de professionnels catégoriens, de pouvoir les ouvrir. Parce qu'il y a quand même un constat aussi, c'est qu'on manque de places de crèche en France, il ne faut pas l'oublier. Les assistantes maternelles, ce n'est pas un métier en devenir. Ça s'égraine chaque année, on a de moins en moins d'assistantes maternelles. Les jeunes générations, ce n'est pas un métier qui attire. Donc il faut repenser aussi à ça. Ils ont fait des plans et des plans successifs pour essayer... d'attirer de nouvelles personnes dans le métier d'assistante maternelle, ça ne marche pas. Donc il faut à un moment donné en tirer des conclusions. Les nouvelles générations ne sont pas attirées par ce métier à travailler toutes seules chez elles. Et donc il y a toutes ces places-là, il va falloir bien trouver des solutions.

  • Speaker #1

    Oui, pour reparler de ce contexte national, on a à peu près 2 millions d'enfants de moins de 3 ans en France et à peu près 1,3 million de places pour accueillir ces enfants. Mais dans ces 1,3 million de places, il y a beaucoup d'assistantes maternelles. Et en fait, elles sont quand même massivement en train de partir à la retraite. Donc sans compter les annonces de création de 200 000 places en crèche d'ici 2030, qui font que la volonté qui est annoncée de créer de plus en plus de places, on a un petit peu de mal à comprendre comment elle est compatible avec ce type de loi.

  • Speaker #0

    C'est l'actualité, c'est politique ce que je vais dire. On a un État très endetté. et qui n'a plus les moyens de créer des places de crèche. On a un pays comme le Maroc, où le taux de mobilité des femmes augmente, et pour créer des crèches, on fait appel au privé.

  • Speaker #1

    C'est ce qui s'est passé en France.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on a un État qui n'a plus d'argent, il faut créer des places de crèche, et on stigmatise le privé, et on marche sur la tête.

  • Speaker #1

    Oui, mais Jimmy, dans les années 2000, s'ils ont ouvert le secteur au privé, moi je m'en souviens, c'était parce que les mairies n'ouvraient plus de places, parce que c'était devenu très difficile pour les mairies. Et ensuite, tous les incentives, tu vois, le CIFAM, le crédit d'impôt aux familles, tout ce qui a été fait, ça a été fait pour favoriser la création de places. Donc c'est vrai que c'est curieux qu'aujourd'hui... Ça se retourne contre les gens qui se sont investis là-dedans.

  • Speaker #0

    Exactement. Ça a marché il y a 20 ans. Aujourd'hui, le constat pour l'État est pire. Ils ont encore moins de moyens et ils veulent enlever ce qu'ils ont créé.

  • Speaker #1

    Pour revenir sur plusieurs choses que tu as dites, par exemple, tout à l'heure, tu as dit qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle en France. Ce n'est pas vrai, etc. J'ai envie de peut-être mesurer un petit peu ce que tu as dit. Je pense qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle volontaire. Mais en revanche, il y a des gens qui souffrent sur le terrain. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas assez de pros. Donc, on se retrouve dans des situations qui sont difficiles. Aussi, je pense qu'il y a des façons de gérer qui peuvent améliorer les choses. On peut vraiment travailler sur la technique de travail. Et aujourd'hui, je pense qu'on manque un petit peu de technique de travail dans le secteur. Et donc, c'est là que je suis d'accord avec l'idée de faire plus de formation, etc.

  • Speaker #0

    Tu manques de pros, tu manques de formateurs.

  • Speaker #1

    Tu manques de tout, voilà, et de temps. Et en fait, le vrai problème, parce que là, on a parlé beaucoup des quotas, mais le vrai problème, il est financier. C'est qu'aujourd'hui, on n'a pas les moyens dans les crèches d'embaucher plus de monde et de prendre plus de temps pour penser l'accueil, pour ne pas demander à nos pros de faire des trucs qui ne sont pas de leur ressort. Comme moi, j'ai entendu des pros qui mettent des flyers pour faire de la pub, pour remplir la crèche. Des pros qui font le ménage, des pros qui... Enfin bon, que des trucs qui, à la base, ne sont pas censés être faits par... elle.

  • Speaker #0

    Juste poste ça.

  • Speaker #1

    Voilà, et en fait l'idée c'est de spécialiser les pros de dire, un pro de la petite enfance, il est par exemple spécialisé dans l'accueil des bébés, montrer que c'est un métier technique et que le pro peut se concentrer sur son métier et qu'on ne va pas devoir, parce qu'on n'a pas d'argent, lui demander d'aller mettre des flyers pour remplir la crèche. Et c'est là que ça pose problème. C'est qu'aujourd'hui on n'a plus d'argent dans les caisses. Comment on peut travailler dans ces conditions ? ... C'est pour ça que je dis qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, à mon avis, volontaire. Moi, je ne rencontre que des gestionnaires qui ont décidé de faire ce métier par passion, parce qu'ils rêvaient d'un job passionnant, avec des enfants qui rigolent toute la journée, des professionnels qui sont ultra motivés, dynamiques. Donc, c'est un rêve, en fait. Personne ne fait ça en se disant je vais maltraiter les gens et puis je vais m'en mettre plein les poches Aujourd'hui, il y a quand même des gens qui souffrent, finalement, depuis. Tout à l'heure, on n'a parlé que du quota dans cette réforme. Est-ce que c'est en fait le seul point qui, pour toi, pose problème ? Est-ce que tu peux peut-être éclaircir un petit peu, pour les auditeurs qui n'ont pas forcément lu tous les textes, il y a un décret, il y a une loi, c'est quoi le rapport entre les deux ? Et c'est quoi les points qui, pour toi, sont bloquants ?

  • Speaker #0

    Le décret a plusieurs points. Le premier, sur lequel on est tous devant debout, et effectivement, c'est sur ces quotas de 40% de catégorie 1. On a un deuxième point qui est sur... La référente technique devient directrice. Aujourd'hui, une référente technique doit être dans la crèche et elle a 7 heures par semaine dégagées de l'encadrement des enfants pour s'occuper soit de tâches administratives, soit de tâches pédagogiques d'organisation. Chez nous, nos référentes techniques n'ont pas de tâches administratives. Elles sont vraiment dans la pédagogie, dans l'observation des enfants ou dans l'observation des pratiques professionnelles des autres pros dans le management. Aujourd'hui, ce décret voudrait qu'elle soit à mi-temps hors d'encadrement des enfants, ce qui veut dire qu'il faudrait la remplacer dans l'encadrement des enfants également. Ça nous fait des charges supplémentaires. Et puis, à mi-temps hors encadrement des enfants, quelqu'un qui va observer les pratiques professionnelles et les enfants la moitié de son temps toutes les semaines, même pour elle, elle va s'ennuyer.

  • Speaker #1

    Alors là, tu extrapoles parce que ce n'est pas ça qui est écrit dans le projet. Il n'est pas écrit qu'elles doivent observer, il est écrit qu'elles doivent avoir... la moitié de leur temps.

  • Speaker #0

    Qui leur donnera les fonctions qu'elles veulent. Mais c'est une demi-semaine hors encadrement des enfants.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, j'avais plutôt l'impression qu'elles allaient se retrouver à faire des factures, des reportings, des choses qui ne sont pas liées à leur plus-value technique, expert en petite enfance.

  • Speaker #0

    On a des référentes techniques, nous, qui sont auxiliaires de puer, éducatrices de jeunes enfants, infirmières de puer. Est-ce qu'elles ont fait des études administratives et comptables ? Non. Donc moi, chez moi, elles ne font pas ça.

  • Speaker #1

    Je suis complètement d'accord à 100% là-dessus.

  • Speaker #0

    J'ai fait un recrutement la semaine dernière. J'ai une infirmière puaire qui était face à moi et qui pleurait. Elle vient d'une crèche qui n'est pas privée. Et elle passait son temps derrière un ordinateur toute la journée à faire du remplissage. Parce qu'elle avait une hiérarchie qui lui mettait la pression. Et elle veut juste retrouver le contact avec les enfants.

  • Speaker #1

    Ce qu'on a vraiment dans les micro-crèches, ce que je préconise, que ce soit dans mes crèches ou dans les crèches des gens avec qui je travaille, que j'accompagne, c'est exactement ça, c'est que la référente technique... elle n'est pas là pour passer son temps à faire de l'administratif. Donc elle a bien sûr dans son management quelques tâches administratives parce que c'est elle qui sait ce qu'il faut transmettre comme éléments de paye ou ce genre de choses. C'est elle qui gère son équipe. Mais ça doit être quand même que des tâches qui sont vraiment liées à ses fonctions de manager. Et ça ne doit pas devenir une usine à gaz. Elle ne doit pas faire du recouvrement de factures, du commercial ou je ne sais pas quoi. C'est pour ça aussi qu'on a besoin d'avoir ce financement de l'activité, pour pouvoir avoir du personnel de soutien à l'équipe, de fonction de support. On n'a pas besoin de 50 personnes évidemment, mais quelqu'un qui s'occupe de ça.

  • Speaker #0

    La référence technique qui est au contact des pros et des enfants et des parents, puisque c'est dans nos missions aussi, l'accompagnement à la parentalité. Comment voulez-vous faire un accompagnement à la parentalité si, bon, je n'ai pas eu votre chèque, vous pouvez payer ? Non, la relation est biaisée. qu'on est dans une relation commerciale. Et comment voulez-vous que la maman ou le papa viennent parler d'une problématique de parentalité avec cette professionnelle ? C'est impossible. Donc là, on ne fait pas du bon travail. Aujourd'hui, nos gestionnaires jouent ce rôle administratif et financier. Nos référents techniques jouent ce rôle de parentalité des enfants, de la pédagogie. Et chacun est à sa place dans son métier.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du temps de direction. Dans ce projet de décret, il y a le quota de pro-catégorien. il y a le temps d'aider à la direction. Est-ce que tu as d'autres points qui te chiffonnent ?

  • Speaker #0

    Après, on a la députée Hervieux qui nous a fait son projet, qui a été adopté. Il n'y avait pas grand monde dans l'hémicycle, et c'était à 23h58. Je n'appelle pas ça une victoire.

  • Speaker #1

    Mais alors, c'est quoi les points du projet de loi ?

  • Speaker #0

    C'est déjà un titre racoleur. Luttons contre les privés pour la qualité, etc. Donc, il y a des points sur l'interdiction des fonds d'investissement dans les groupes de crèche. Bon, je joue. ou pas d'avis là-dessus. Moi, je suis un entrepreneur. Quand je vais voir ma banque pour dire que j'ai un projet de crèche, je suis content qu'elle me finance.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai ouvert mes crèches, j'avais beaucoup de financement de la CAF à l'époque, que ce soit en associatif ou en entreprise. J'ai été financée par la CAF pour ouvrir mes crèches parce que ça coûte cher. Aujourd'hui, quand je travaille avec des gestionnaires qui doivent faire tous les travaux pour ouvrir une crèche et qui doivent s'endetter de 200 000 euros, ce n'est quand même pas donné à tout le monde. Et puis ensuite, il faut les rembourser ces 200 000 euros. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que je vais devoir générer aussi du cash grâce à l'activité d'accueil pour pouvoir payer la banque. Donc, si on reprend cette histoire de fonds d'investissement et de banque, je pense qu'il y a aussi ce problème, c'est qu'aujourd'hui, les micro-crèches sont exclus du financement de la CAF. Donc, où est-ce qu'on va chercher les fonds ?

  • Speaker #0

    J'entendais ce matin le grand patron des patrons au MEDEF, plus des grands patrons en France, qui se disent en fait, on ne veut plus d'investissement en France, on ne veut plus d'entreprise en France. Et ça va devenir compliqué parce que je rappelle que le modèle social, la branche famille dont on dépend nous de la CNAF, c'est quand même les cotisations patronales. Souvent on nous parle de l'argent public, ok, mais cet argent il vient d'où ? Il vient quand même des entreprises. C'est quand même nous qui les payons ces cotisations, ces cotisations patronales. Donc s'il n'y a plus de patron, s'il n'y a plus d'emploi, comment on fait ? Le modèle social, il va partir en sucette.

  • Speaker #1

    Ce serait chouette si on n'était pas dans cette opposition idéologique entre le privé, le public, les salariés, les patrons. Alors reprenons sur la loi Hervieux. Donc il y a effectivement cette histoire de fonds. Donc ça, tu dis toi-même, ce n'est pas forcément ton combat. Si,

  • Speaker #0

    ça fait partie du combat. Je ne me positionne pas comme un acteur de la petite enfance sur ce point-là, mais comme un patron. Moi, je suis un petit chef d'entreprise. J'ai créé ma boîte tout seul. Peut-être demain, je vais peut-être dire, tiens, j'ai encore envie de me développer. Et puis il y a un fonds qui va rentrer chez nous. Et ça fait partie... du développement et d'une croissance normale d'une entreprise.

  • Speaker #1

    Trouver des financements, pour traduire aux auditeurs, c'est trouver des financements.

  • Speaker #0

    Mais oui, c'est trouver des financements. Donc ça fait partie du jeu. Qui voudra encore se lancer dans la petite enfance demain, si on n'a plus les moyens, ou si on interdit, ou si on limite ? Avec cette loi, on ne résout pas le problème de la création de places, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a d'autres points, ou est-ce que tu as fait le tour des points ?

  • Speaker #0

    Dans l'ensemble, que ce soit le projet de décret de décembre ou la loi Hervieux, nous, ce qu'on veut, c'est être concerté. On veut pouvoir être écouté. Le partage d'expériences fera avancer notre cause. Donc mettons-nous autour de la table tous ensemble, de tous milieux, discutons, échangeons et arrêtons avec ces idéologies, ces dogmes.

  • Speaker #1

    Tu penses qu'on peut trouver des solutions ?

  • Speaker #0

    On peut trouver des solutions, il faut juste en avoir envie en fait.

  • Speaker #1

    Peut-être étaler dans le temps aussi les réformes pour qu'elles soient soutenables.

  • Speaker #0

    Étaler dans le temps les réformes, y aller par étapes.

  • Speaker #1

    Mettre en place les financements derrière.

  • Speaker #0

    Ou si on ne les a pas, on ne met pas les financements. On met des plans de formation en place, il faut les créer ces pros. Travaillons sur ça d'abord. Une fois qu'on les a, mettons-nous des quotas pour améliorer la qualité. On est tous d'accord pour le faire, mais allons étape par étape et mettons pas la charrue avant les bœufs.

  • Speaker #1

    Alors Jimmy, on arrive quand même à la fin de notre interview. Donc j'ai quelques questions de fin d'interview à te poser. Je vais voir si tu vas réussir à répondre de façon synthétique. Ma première question, il y a depuis à peu près deux ans. Une façon d'appeler les micro-crèches que je trouve assez particulière. On n'entend plus jamais parler des micro-crèches sans qu'il y ait derrière le terme privé lucratif. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? Est-ce que tu as quelque chose à dire ?

  • Speaker #0

    Ça me fait sourire, je rigole. C'est dogmatique, c'est idéologique. C'est puéril.

  • Speaker #1

    Je n'aurais pas forcément dit puéril. Moi, je trouve ça hyper discriminant et je trouve ça hyper vexatoire. Et que ce n'est pas ce qu'on utilise comme vocabulaire pour tous les autres secteurs d'activité. Donc, je ne comprends pas pourquoi dans les crèches, sous-entendu, privé lucratif au lieu de dire juste privé, ça veut dire qu'ils veulent se faire de la thune.

  • Speaker #0

    Privé endetté aussi, ça marche. C'est avec nous, Souk, qu'on a fait le truc.

  • Speaker #1

    Bon, alors, question suivante. Toi, tu rencontres... beaucoup de porteurs de projets, mais aussi beaucoup de gestionnaires. Aujourd'hui, qu'est-ce que tu dirais sur la motivation des gestionnaires ? Où on en est ? Qu'est-ce qui les motive ? Est-ce qu'ils sont toujours motivés ?

  • Speaker #0

    Il y a un ras-le-bol. Ils en ont marre et ils sont très en colère. Je temporise, je suis chef de file, on fait attention, mais ils sont révoltés. Comme tu le dis, ils se sentent discriminés, ils trouvent ça injuste. Ils en ont marre de ne pas être entendus, de ne pas être écoutés. Quand je te dis qu'il y a 350 micro-crèches à vendre, tu t'imagines le ras-le-bol des gens ? Ça suffit. Là, on va sonner le glas de la fin, ça suffit. L'opération crèche-morte, t'imagines, c'est des patrons qui font grève. On n'a jamais vu ça.

  • Speaker #1

    On n'en a pas parlé. Est-ce que tu peux dire quelques mots sur l'opération crèche-morte, puisque notre épisode va sortir lundi ?

  • Speaker #0

    Donc, on fait une journée le matin, c'est un petit café avec les parents. On les sensibilise sur la réglementation et sur notre pétition pour qu'ils le signent avec nous. Alors même, il y en a déjà qui l'ont fait beaucoup. On va les sensibiliser, ils nous soutiennent. On a laissé la main à nos équipes et aux crèches et aux gestionnaires de la façon de cette mobilisation. Donc on a des pros qui auront des t-shirts Je suis de Chamacrèche Il y aura des pros habillés en noir toute la journée. Il y aura des pros avec des stickers, des brassards pour montrer qu'ils en auront le bol. Et certaines fermeront un peu plus tôt, à 17h. Elles iront avec les parents et puis avec l'ensemble de l'équipe, remettre un courrier au maire pour leur montrer leur inquiétude sur ce décret. Donc il y a deux façons de faire. Le but n'est vraiment pas d'embêter nos parents parce qu'ils bossent. Ils ont besoin de nous, on les connaît, ils nous connaissent, ils savent comment on travaille, ils ont confiance en nous. Et donc c'est l'opération crèche-morte, ça va être une journée de sensibilisation.

  • Speaker #1

    Et la date pour les auditeurs ?

  • Speaker #0

    C'est lundi 3 février, toute la journée.

  • Speaker #1

    Et s'ils veulent signer la pétition, je mettrai le lien de la pétition dans les notes de l'épisode. Est-ce qu'elle a une date limite de fin ? Non,

  • Speaker #0

    on n'a pas de date limite, on va passer bientôt les 20 000 signataires avant la journée de mobilisation, donc on est très contents. Cumulé avec nos copains du Rémi et de la FSEP, on va bientôt avoir les 30 000 signataires. Il est peut-être temps qu'on nous reçoive maintenant. Je lance appel à ce micro, à Madame Vautrin et à son cabinet.

  • Speaker #1

    Je te souhaite d'être entendue et de pouvoir participer au débat.

  • Speaker #0

    Il va bien venir vous faire la bise.

  • Speaker #1

    Madame Vautrin, tu veux lui faire la bise ?

  • Speaker #0

    Moi je suis cool, moi je suis...

  • Speaker #1

    La bise à toi.

  • Speaker #0

    La bise à tout le monde.

  • Speaker #1

    Bon en tout cas, tu aimerais sérieusement parler...

  • Speaker #0

    Juste qu'on puisse être consultés, concertés et travailler ensemble sur l'avenir de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Ma question suivante c'était, si tu avais été concerté dans ce projet, est-ce qu'il y a des points que tu aurais retenus, que tu trouves positifs ? et sur lesquelles tu aurais pu avoir peut-être ou alors un impact ? Qu'est-ce que tu dirais sur ta concertation ?

  • Speaker #0

    Je vais être honnête, je n'ai pas beaucoup de points sur lesquels je suis d'accord. Peut-être aussi à cause de ça qu'on fait crèche morte et qu'on en a fait une pétition, c'est qu'on n'est pas d'accord sur beaucoup de choses en fait. Je lisais dans les pros de la petite enfance, Madame Domingo, qui me disait que le décret, la boussole, c'était la qualité. Super, on a la même.

  • Speaker #1

    On a la même boussole.

  • Speaker #0

    Oui, on veut faire la même chose. Maintenant, il y a un contexte. On manque de pros, on manque de formation. On manque de moyens. Donc on va partir de ce constat, de se dire, qu'est-ce qu'on a sur la table ? Voilà ce qu'on a aujourd'hui. Et comment on peut améliorer la qualité et comment on peut travailler là-dessus ? Sans discrimination, sans idéologie. Il y a des choses à faire dans tous les domaines. On parlait des mâmes, on parlait des pouponnières, des crèches privées, des multi-accueils. Je pense que chacun peut apporter son expérience. Il faut prendre les particularités de chaque mode d'accueil et avoir un référentiel, j'ai envie de dire, par mode d'accueil finalement. En ce moment, autour de la table, on met les moyens qui vont en face.

  • Speaker #1

    J'ai encore une question. Aujourd'hui, qu'est-ce qui te donne de l'espoir encore dans la petite enfance ? Est-ce que tu as encore de l'espoir ? Et qu'est-ce que tu dis à ceux qui rêvent d'embrasser ce métier, que ce soit en tant que professionnel sur le terrain ou en tant que gestionnaire, comme moi j'ai pu l'être ?

  • Speaker #0

    Ça ne s'appelle pas optimum pour rien, il y a de l'optimisme dedans. Moi, je suis un éternel optimiste. En fait, on a encore plein de bébés à naître. On a un pays qui est dynamique en termes de naissance, même s'il y a un petit recul, on reste quand même les... Ils sont européens, donc il ne faut pas se tromper. Pour eux, en fait, et pour nos pros qui font un métier formidable, moi, je me bats pour mes pros aujourd'hui. Et j'ai un homme dans mes crèches. Donc d'ailleurs, si des hommes veulent venir en crèche, ça peut aussi aider à résoudre la pénurie. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Et moi, je suis plein de dynamistes et je suis plein d'idées. Et je ne suis pas tout seul. On est une tripotée de gestionnaires, de chefs d'entreprise qui ont des idées, etc. Mais ce qu'on veut, c'est être entendu et être écouté. C'est tout ce qu'on souhaite, en fait.

  • Speaker #1

    Et pour ceux qui sont en train de créer leur crèche, qui ont le chantier en cours ? C'est celui qui est en train de se dire, oh là là, mais moi, en fait, j'ai mis toutes mes économies, j'ai mon ouverture en septembre. Et là, je suis en train de me rendre compte que mes chiffres sont en train de s'effondrer avec cette réforme.

  • Speaker #0

    Non, mais un jour à la fois, il faut croire en demain, toujours. Et elle n'est pas passée encore cette réforme. On se bat pour ça. On a le 3 février une action. J'espère que Madame Vautrin me recevra avec nos copains et qu'on puisse parler tous ensemble.

  • Speaker #1

    C'est la volonté d'être concertée, la volonté d'échanger. Tu n'es pas dans une posture bloquée. Tu veux juste pouvoir avoir cet échange constructif. Donc, je te souhaite que ça arrive. En tout cas, avec Aurélie, on va mettre le paquet. parce qu'on est déjà le 31 janvier. Donc, on va se démener pour monter cet épisode pour qu'il soit prêt à la diffusion lundi.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste ajouter un truc. Il nous faudrait une quantité de Hamal pour continuer à porter, à prêcher la bonne parole parce que ce que tu fais par tes podcasts sur les différents sujets, etc. fait un bien fou aux pros de la petite enfance. Moi, je t'écoute. Je suis en voiture, je te mets le podcast, tu t'écoutes. Ce que tu fais est formidable, donc je tenais à le dire aussi parce qu'il nous en faut plein des gens comme toi.

  • Speaker #1

    Écoute, là, ça me... J'ai pleuré, tu vois.

  • Speaker #0

    Continue à faire ce que tu fais, c'est génial.

  • Speaker #1

    C'est trop, trop mignon. Tu sais qu'Aurélie et moi, on est un petit peu seuls, souvent derrière notre micro, derrière notre ordinateur, à faire le montage, à tout préparer. Ça prend vraiment beaucoup de temps. On y passe des heures et quand il y a de l'actu comme ça et qu'on se dit, allez, on va faire un truc au pied levé, on se met un peu en... En rush, on sait qu'on va bosser le week-end pour que ce soit prêt pour lundi. Ça fait hyper plaisir d'avoir des retours. C'est vrai que quand tu es podcaster, ce n'est pas comme un réseau social. Tu ne mets pas un poste et tu n'as pas des gens qui viennent te faire un commentaire. Tu lances ton épisode, la personne l'écoute, mais tu ne sais jamais si elle a aimé, si elle a arrêté au milieu de l'épisode, si elle a trouvé ça intéressant. C'est hyper important pour nous. J'en profite pour demander aux auditeurs de venir nous mettre des notes. venir nous mettre des avis sur les plateformes. Toi aussi, Jimmy, mets-nous une note 5 étoiles. Parce que c'est vrai que ça motive. Ce qui est difficile quand tu as envie de faire un média pour soutenir justement un secteur, c'est qu'un média, ce n'est pas rémunéré. On a de la chance, on a quelques partenaires qui nous soutiennent. Ça nous permet aussi de continuer à faire ce travail qui est assez titanesque, mais qu'on fait par passion. On adore la petite enfance, on adore ce métier. Moi, c'est un métier que j'ai connu, tu vois, comme toi, en reconversion, quand j'avais à peu près 30 ans. Et c'est le métier de ma vie, quoi. Je pense que c'est l'aventure de ma vie, la petite enfance.

  • Speaker #0

    Bienvenue au club !

  • Speaker #1

    Bah écoute, Jimmy, merci beaucoup d'avoir relevé le défi, là, de parler de ce sujet qui est quand même épineux. J'espère que personne n'en ressortira vexé ou blessé, que les gens comprendront qu'il y a un message de sincérité, que le but, c'est d'échanger. Reste ton esprit ouvert.

  • Speaker #0

    Merci Amal.

  • Speaker #1

    Merci Jimmy. Et puis à lundi.

  • Speaker #0

    À lundi. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode. Parles-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. À la semaine prochaine.

Description

La tension dans le secteur des crèches ne fait que s’aggraver. Lundi 3 février 2025, les micro-crèches mènent une opération "crèche morte" et portent 2 pétitions contre le projet de réforme de décembre 2024.

Sur les réseaux sociaux, c’est l’affrontement idéologique, public contre privé, le dialogue semble impossible.


Pour parler de l’actualité, j’ai invité Jimmy Dacquin, parce qu’il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. C'est un patron qui s’engage, il défend son secteur.


Et il a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail.

Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèches et les porteurs de projets qui rêvent d’en faire partie. Alors:

  • Quels sont les points de la réforme qui génère tout ce remue ménage?

  • Est-ce réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèches privées?

  • Quel avenir se profile pour les micro-crèches?

Voilà quelques unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode.


Bonne écoute !


                ...              ...              ...              ...    

  

Les ressources de l'épisode:

Je signe la pétition "je soutiens ma crèche!"

Je signe aussi la pétition "sauve ma micro-crèche"

Pour contacter Jimmy Dacquin


                ...              ...              ...              ...    


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MERCI ❤️


Écriture & Voix : Amale Cosma

Montage : Aurélie Clément

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. La tension dans le secteur des crèches ne fait que s'aggraver ces derniers temps. Les micro-crèches privées mènent une action ce lundi 3 février 2025, avec aussi deux pétitions contre le projet de réforme qui fait l'actu depuis le mois de décembre 2024. Sur les réseaux sociaux, c'est l'affrontement idéologique, public contre privé, patron contre salarié, non lucratif contre lucratif, etc. Les commentaires sont acerbes et fermés. Le dialogue semble impossible. Ce podcast, lui, s'adresse à tous les professionnels de la petite enfance, quel que soit le type de structure dans lequel tu bosses, que ce soit privé, public, associatif ou entreprise, crèche, micro-crèche, crèche familiale, mâme, etc. et aux pros de terrain comme aux gestionnaires. Mais quand même, j'assume, je suis un ancien patron de crèche. J'ai géré des crèches pendant 16 ans. C'était des crèches privées, qu'elles soient associatives ou des crèches d'entreprise. Mais je pense que mon point de vue est quand même assez mesuré et équilibré. Ni pro ni anti, tout le monde a sa place d'après moi. Pour parler de l'actualité, j'ai décidé d'inviter Jimmy Dakin. Jimmy et moi, on se connaît pas très bien. On se croise, on se salue. Mais on n'a jamais pris le temps d'échanger en profondeur. C'est un autre patron de crèche. Et j'ai choisi Jimmy parce qu'il représente pour moi à la fois les petits gestionnaires et les plus grands. Je pense donc que son avis est représentatif. Et puis... il s'engage, il s'exprime dans les médias, il défend son secteur. C'est un personnage affable, bienveillant, spontané et qui a toujours mis en avant son souci de qualité dans son travail. Comme moi, Jimmy côtoie les gestionnaires de crèche et les porteurs de projets qui rêvent de faire partie de ce secteur, d'avoir leur propre crèche. Il a une vision sur leur motivation. Alors, est-ce que c'est réellement le profit et les petites économies qui intéressent les gestionnaires de crèche privés ? Quels sont les points de la réforme qui génèrent tout ce remue-ménage ? Quel avenir ce profil pour les micro-crèches ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles on va tenter de répondre dans cet épisode. Bonne écoute ! J'accueille Jimmy Daquin sur le podcast. Jimmy, il est assez connu dans notre petit secteur des crèches. Bonjour Jimmy.

  • Speaker #1

    Bonjour Amal.

  • Speaker #0

    Ça fait plaisir de t'avoir sur le podcast. En ce moment, tu fais un petit peu l'actu parce que tu t'es lancé dans une pétition. Donc déjà, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut dire que tu es un patron, un gestionnaire de crèche. C'est ça. un petit réseau de je crois une cinquantaine de micro-crèches et aussi des franchisés. Donc pas mal en fait de porteurs de projets qui te connaissent ou de gestionnaires de crèches. Et donc tu connais très bien le secteur, on a un petit peu les mêmes contacts toi et moi puisque une expérience à la fois de gestionnaire et de conseil pour des gens qui ont des crèches ou qui veulent en ouvrir.

  • Speaker #1

    Timum, c'est un réseau de micro-crèches. Moi j'ai commencé comme toi il y a à peu près... Ça remonte maintenant, ça fait il y a 12 ans. On a ouvert notre première micro-crèche, j'ai mis mon fils dedans en fait, ça vient d'une expérience personnelle tout simplement.

  • Speaker #0

    Mais tu faisais quoi avant ?

  • Speaker #1

    J'étais dans l'industrie, donc rien à voir. Mais la petite enfance a toujours fait partie de ma vie, puisque ma mère était assistante maternelle, ma sœur l'a été pendant 17 ans. On est des grandes familles du Nord, avec plein d'enfants, plein de cousins, cousines, donc ça a toujours fait partie de nos vies. Et chez nous, les enfants c'est sacré. Donc voilà, je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour arriver dans ce milieu, parce que c'est quelque chose qui faisait partie de ma vie en tant qu'enfant et adolescent.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir une maman assistante maternelle, ça te rend peut-être plus proche des équipes de terrain ? Tu comprends mieux leurs problématiques, leurs enjeux ?

  • Speaker #1

    Sans doute, oui. Et puis, je le vois avec mes collaboratrices. On a quand même aujourd'hui, nous, 350 collaborateurs et collaboratrices en crèche. Toutes me connaissent en tout mon numéro de portable si elles le souhaitent m'appeler. Donc j'ai une proximité avec elles. Je m'appelle Jimmy, je comprends leur quotidien parce que j'ai aussi passé du temps avec elles dans les crèches. J'en passe encore aujourd'hui. Il ne se passe pas une semaine sans que j'aille passer quelques heures dans des crèches pour voir comment ça se passe, confronter aux parents. Et puis j'adore être au milieu des enfants, je ne vais pas te mentir, c'est un bonheur.

  • Speaker #0

    Ça je comprends très bien. On partage ça. Ça c'est ton histoire.

  • Speaker #1

    C'est mon histoire et c'est ce que je fais au quotidien en fait. Et moi, je ne travaille pas, je m'amuse.

  • Speaker #0

    Alors, pour accélérer un petit peu la présentation, je voulais aussi préciser que depuis quelques temps, depuis pas si longtemps que ça en fait, parce que moi, quand j'y étais, tu n'y étais pas, tu es à la Fédération française des entreprises de crèche. C'est ça. Et donc, tu as aussi un engagement pour défendre le secteur.

  • Speaker #1

    Effectivement, quand on fait des choses, il faut s'engager. Et moi, je suis quelqu'un qui adore l'engagement. On peut se tromper, mais il faut s'engager. Et moi, depuis 4-5 ans, j'étais d'abord adhérent. Et ensuite, je me suis positionné comme administrateur. En fait, en même temps que notre croissance, aujourd'hui, notre réseau, c'est 250 micro-crèches. Donc, je représente quand même beaucoup de gestionnaires.

  • Speaker #0

    Tu te sens plus légitime maintenant, en fait, à défendre les intérêts du secteur.

  • Speaker #1

    Oui, parce que... Les gestionnaires, c'est des chefs d'entreprise. C'est notre fierté. On a créé 250 chefs d'entreprise en France. Ce n'est pas rien. Nous, ça fait plus de 12 ans qu'on gère des micro-crèches. On a mis en place un organisme de formation. On fait grandir nos professionnels. Donc, on maîtrise notre sujet, j'ai envie de dire, de A à Z. Et donc, on connaît parfaitement bien les rouages d'une micro-crèche, tout comme toi, Amal. Aujourd'hui, ce que tu partages, c'est la même chose, en fait. Donc, oui, on sait de quoi on parle. Et nos professionnels aussi le savent.

  • Speaker #0

    On sait très bien de quoi on parle. Alors aujourd'hui, tu t'es lancé dans une sorte de croisade, enfin c'est peut-être pas le bon mot, mais voilà, tu as décidé de prendre la parole. Est-ce que tu peux replacer le contexte en quelques phrases simples et compréhensibles pour que les pros de la petite enfance qui nous écoutent arrivent à tituer ton combat dans le secteur en ce moment ?

  • Speaker #1

    Alors, on a eu un projet de décret qui est apparu au mois de décembre de l'administration Vautrin. Leur boussole, c'est la qualité d'accueil. Ils ont pris deux phrases du rapport IGAS pour dire on va mettre plus de quotas dans les micro-crèches de professionnels qualifiés, catégorie 1 Aujourd'hui, catégorie 1, c'est des éducatrices de jeunes enfants, des auxiliaires de puerres et des infirmières puerres. Les CAP Petite Enfance ne font pas partie de ces catégories 1. Alors nous, aujourd'hui, micro-crèches, on n'est pas inclus dans ce quota. C'est à partir des petites crèches, crèches et multi-accueil en fait, qui, eux, ont du mal à respecter déjà ce quota. Aujourd'hui, il y a un état de fait, il manque, selon la CAF, 10 000 professionnels de petite enfance. Et des professionnels qualifiés comme les auxiliaires, elles sont formées au niveau des départements sur les budgets des départements. Et aujourd'hui, on sait très bien que l'État et le département n'ont pas les fonds pour financer ce genre de classe. Donc, on a de moins en moins d'auxiliaires et d'éducatrices de jeunes enfants, si j'ai envie de dire, pardonnez-moi cette expression, sur le marché.

  • Speaker #0

    Sur le marché du travail.

  • Speaker #1

    Sur le marché du travail, tout à fait. Et donc, effectivement, c'est compliqué à trouver. On en a, mais pas suffisamment. Et en plus, les auxiliaires, la plupart du temps, quand elles sortent de l'école, vont dans les hôpitaux, les maternités. Donc, leur but premier, ce n'est pas d'aller forcément travailler en crèche en plus.

  • Speaker #0

    Oui, puis on sait aussi qu'il y a beaucoup de crèches municipales qui ont dû fermer des sections.

  • Speaker #1

    Il y en a plein.

  • Speaker #0

    Fermer des places, etc.

  • Speaker #1

    Des places fantômes partout.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est connu du public, on sait très bien qu'il y a une grosse pénurie de professionnels en ce moment.

  • Speaker #1

    Ils en ont conscience parce que là, j'ai vu passer cette semaine pour les pouponnières. Donc, c'est des bébés qui sont quand même en situation fragile. Et voilà, il y a quand même, en plus des soins, enfin, c'est des pouponnières, c'est quand même difficile comme endroit.

  • Speaker #0

    J'ai une interview qui sort là-dessus dans pas très longtemps.

  • Speaker #1

    Justement, ils ont fait un projet de décret pour l'encadrement des pouponnières. Écoute-moi, c'est une personne pour six bébés la journée et une personne... pour 30 bébés la nuit. Et ils ont une dérogation pour des non-diplômés parce qu'ils ont conscience qu'il n'y a pas assez de diplômés. Donc, pour les pouponnières, il y a là le projet de loi de cette même administration. Pour nous, micro-crèches, on va nous mettre des quotas avec des gens qui n'existent pas. Donc, le côté ubuesque de la situation, tu imagines, c'est quand même particulier.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur cette question. Est-ce que, toi, tu mets aussi en rapport ça avec le niveau de diplôme et d'encadrement ? et de taux d'encadrement des assistantes maternelles et des mâmes ? Ou est-ce que tu évites de faire la comparaison ? Parce que c'est un peu le même sujet.

  • Speaker #1

    Alors, on va parler de la comparaison. La comparaison, en fait, aujourd'hui, une maison d'assistante maternelle, c'est un dispositif expérimental qui existe depuis plus de 40 ans. Ça a été fait à une époque. Aujourd'hui, ce n'est toujours pas légiféré. Une mâme, c'est quatre professionnels d'assistantes maternelles qui ont 80 heures de formation théorique et 40 heures en continu. Ce sont très peu. C'est un quart du CAP Petite Enfance. Et elles sont en quatre, sans référence santé, avec une inclusion, sans direction, sans analyse de pratiques professionnelles, des choses que nous avons nous. Et on leur donne 16 enfants. Et il n'y a pas de réforme bâtimentaire, on n'a pas des antipinces de haute porte. Je prends un exemple, c'est nul, mon exemple, je suis d'accord, mais quand même en fait.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas nul. On sait que tu as beaucoup de respect pour la profession, ta maman est assistante maternelle.

  • Speaker #1

    Je n'ai rien contre les assistantes maternelles, je n'ai rien contre les mâmes. Je veux juste illustrer la justice et la discrimination dont on fait part aujourd'hui. Et on a l'obstination récurrente de toujours être contre le privé.

  • Speaker #0

    Enfin toujours, c'est très récent quand même moi je trouve.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi quand même que ça dure. C'est pour nous, pour les gestionnaires, c'est dur quand même à un moment donné.

  • Speaker #0

    C'est long, alors moi ça fait 17 ans que je suis dans le métier. Donc ce que je voulais dire c'est qu'il y a vraiment une... Une énorme aggravation de ce point de vue politique ces deux dernières années. Je pense que, moi, mon point de vue, c'est qu'il y a eu une crise depuis très longtemps, mais que cette crise a été accélérée et a émergé dans le panorama du grand public quand il y a eu le décès de la petite fille à Lyon en 2022. Et que depuis ce moment-là, c'est devenu une sorte de combat un peu fanatique d'une partie des politiques.

  • Speaker #1

    Ce qui est dramatique, c'est qu'on prend un fait divers. C'est un meurtre, c'est horrible. Et on a, c'est à Longueuil je crois, le multi-accueil de Longueuil, l'année dernière il y a une professionnelle d'un établissement public qui s'est donnée la mort, qui s'est suicidée et qui a laissé une lettre pour dénoncer ses conditions de travail. Elle était cégetiste, elle travaillait dans le public. On n'en parle pas de cette dame. Des drames, il y en a partout. Il y a une commission d'enquête parlementaire qui a eu lieu l'année dernière. Elle a révélé que ce n'était pas le statut qui faisait la vertu. Je rencontre beaucoup de mères qui aujourd'hui n'ont plus les moyens. avec la PSU de tenir un multi-accueil, qui nous posent les clés de leurs locaux sur la table pour qu'on leur reprenne et qu'on fasse une micro-crèche. Je te dis ça, c'est beaucoup des crèches en zone rurale. Nous, on a cette particularité dans notre réseau, on est très implanté en zone rurale. Imagine, j'ai une zone rurale où je n'ai pas de diplômé auxiliaire ni EJE, j'ai une CAP Petite Enfance qui a 15 ans d'expérience professionnelle, qui est référente technique et qui me tient à la crèche de façon formidable. Ils sont pleins d'idées, ils sont dynamiques, ils connaissent les gens des villes et des villages autour. C'est vraiment une inclusion totale sur le territoire. Si je devais appliquer ce décret à la lettre, je ferme cette crèche. Parce que je n'aurai jamais d'auxiliaire ou de JE dans ce territoire.

  • Speaker #0

    Je te comprends complètement parce que moi, la girafe étoilée dans mes 10 micro-crèches, j'avais dans chaque micro-crèche une personne diplômée catégorie 1, mais pas deux. Et en général, j'avais une infirmière. Et quand je n'avais pas d'infirmière dans cette micro-crèche parce que je n'avais pas les candidatures ou ni de JE, j'avais un relais de direction sur cette micro-crèche. Mais déjà, j'avais du mal à en avoir 10, donc je n'en avais pas 10 des catégories 1 sur mes 10 micros. Donc aujourd'hui, si on me demandait d'en avoir 20, je pense que ce serait impossible.

  • Speaker #1

    Voilà, et le problème, c'est que j'entends le cabinet Vautrin nous expliquer que ce décret ne dit pas qu'il faut licencier les gens, etc. Je veux bien, mais si j'ai quatre professionnels, imagine que je trouve les catégories 1, il faudrait que j'en embauche trois, ça me fait sept personnes. Pour 12 enfants, là j'ai un taux d'encadrement qui est exceptionnel.

  • Speaker #0

    Alors attends, réexplique.

  • Speaker #1

    Tu vois, 4 professionnels, ça pique petite enfance. J'entends les contradictions depuis qu'on a lancé la pétition de l'administration qui nous dit mais on ne vous a jamais dit de licencier. Ok, je ne licencie pas mes 4 CAP petite enfance. Donc pour avoir le 40%, je suis obligé d'embaucher 3 catégories 1. Imaginons que je les ai, qu'ils existent, mais ils n'existent pas, je précise. Mais imaginons, faisons un petit peu de science-fiction. Je les ai. Je dois embaucher trois personnes sans licencier mes quatre CAP, ce qui me fait sept personnes.

  • Speaker #0

    Oui, mais alors là, pour le coup, c'est vraiment de la science-fiction, c'est impossible.

  • Speaker #1

    C'est impossible, même financièrement, c'est pas tenable. Puis, en fait, financièrement, tu connais le CMG Page à 10 euros de l'heure, que tu as connu quand tu as démarré, ça fait il y a 17 ans.

  • Speaker #0

    Oui, alors tu soulèves plein de questions là. Donc, c'est vrai que tu es allé assez vite. Je pense que les auditeurs, là, ils se posent plein de questions. Alors, effectivement, il y a déjà des réactions assez virulentes sur les réseaux sociaux. Tu as parlé là des détracteurs.

  • Speaker #1

    Ils se sont accrochés à une idéologie qui est respectable. C'est un modèle économique. On va dire que l'État fait tout. Le service public de la petite enfance, il n'y a que le public, il n'y a pas de privé, etc. OK, mais s'ils étaient capables de le faire, l'État, il l'aurait fait depuis longtemps, je pense. Et aujourd'hui, je pense qu'il y a aussi une maladresse. On a le service public de la petite enfance. C'est le mal nommé. Moi, je pense que... J'encourage en signe d'apaisement de renommer le service public de la petite enfance en service universel de la petite enfance, qui inclut tous les établissements, quel que soit leur statut. C'est le but du service public de la petite enfance. Quoi, avoir mis public dedans, alors ?

  • Speaker #0

    C'est idéologique.

  • Speaker #1

    C'est idéologique, ça cloisonne, ça ravive des guerres de clochers. Moi, ce que je souhaite, on a un véritable défi à faire ensemble, c'est que chaque parent, quel qu'il soit, quel que soit son mode d'accueil, puisse avoir le choix en toute... transparence et sécurité. Parler des mâmes, on parle des crèches, des multi-accueils, il faut qu'on est tous entre guillemets en fonction de ses particularités. Quand on accueille 12 enfants, c'est sûr que c'est plus de petites collectivités, c'est plus familial, tu sais ce que c'est. Donc on a des CAP qui sont formidables et aujourd'hui il manque de pros. Moi je suis d'accord avec le décret sur le fond, j'ai pas de sujet.

  • Speaker #0

    C'était ma prochaine question.

  • Speaker #1

    C'est juste le momentum qui n'est pas bon. Bien évidemment, on veut tous faire de la qualité. Et bien évidemment, tous mes pros aussi, elles augmentent leur diplôme, elles vont augmenter leur salaire, et vont y gagner. Et la prestation de service sera meilleure. On est d'accord sur le fond. Mais aujourd'hui, elles n'existent pas.

  • Speaker #0

    Si on rentre un peu plus justement dans les propositions du décret, il y a cette réaction un peu virulente, moi qui m'a un petit peu dérangée, de oui, ils sont contre la qualité Non, c'est faux. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? C'est quoi pour toi ? Parce que tu as cité l'augmentation des quotas de diplômés de catégorie 1. Est-ce que tu peux dire s'il y a d'autres choses que tu retiens sur les réformes en cours qui te semblent pertinentes ou pas, dangereuses ou pas ?

  • Speaker #1

    La qualité n'a pas de prix. mais un coup à mal. Aujourd'hui, je vais parler en mon nom, mais je les connais quasi tous dans le secteur, aucun dirigeant de crèche ou de micro-crèche n'a la volonté de faire les choses mal à l'intérieur de ses crèches. Il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, il faut enlever ça de la tête des gens.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on fait avec les moyens du bord. C'est-à-dire qu'on a une PSU qui va augmenter de 0,04% cette année, alors que l'inflation, on en saura tout juste, mais c'est énorme. On a pris 6% sur l'électricité, on a pris 6% sur les couches et les repas, nos loyers ont pris 6 ou 7%, le SMIC, la masse salariale, a pris 20% en 3 ans. Je veux bien qu'on dise la qualité, la qualité, les quotas, etc., mais on n'a pas les moyens. À un moment donné, il y a une problématique. Et quand je parlais du CMG, les 10 euros ou l'augmentation de la PSU qui est très faible, pourquoi on ne met pas le coût de l'heure qui soit indexé sur le coût de la vie ? Ça, c'est un premier sujet. Le deuxième sujet, c'est l'intérieur de la réglementation. On est tous d'accord. Sur le fond, on est tous d'accord. Si on peut le faire, si on a les pros en face, etc., je n'ai aucun sujet avec ça. Aujourd'hui, le problème, c'est que je n'ai pas les pros en face. Le décret est sorti. Nous, on a eu une vague. J'ai vu ça avec la DRH. On a... une vague de demandes de VAE. On va les faire. On va accompagner nos pros. On n'a jamais dit non. Le problème, c'est le tempo. Pour être éducatrice de jeunes enfants, il faut trois ans. Pour être auxiliaire, c'est deux ans. Là, on nous demande d'être dans les clous au 1er janvier 2026. Dans dix mois, onze mois maintenant, ce n'est pas possible. On n'aura pas le temps de les former.

  • Speaker #1

    Donc, ça veut dire que si on étalait la réforme sur trois ans, déjà, tu serais plus positif.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut aller au-delà des trois ans. On a une prochaine coche qui va venir. On doit une réforme sur le mode de financement à mettre en place et avoir un mode de financement qui soit unique pour toutes les structures, compréhensible par tous les parents. Tu sais ce que c'est en CMG Page, on fait de la pédagogie sur la tarification avec nos parents, on leur explique qu'ils vont recevoir le CMG Page, le reste à charge, le crédit d'impôt, pour leur expliquer, parce que quand ils voient la facture arriver de 1000 ou 1200 euros, waouh, ça fait énorme, c'est un SMIC. Donc à un moment donné, on a une pédagogie, on explique aux parents comment la tarification est faite au CMG Page. Et quand ils l'ont compris, tout va bien. Donc, on a une vraie pédagogie à faire. Et quand ils sont à la PSU, ils payent un prix qui est ridicule. Et je pense que, en fait, pour eux, la crèche, c'est une garderie. Parce que quand ils payent 1 euro ou 2 euros de l'heure, comment voulez-vous qu'ils respectent les professionnels qui sont en face d'eux ? Donc, il y a toute une réflexion à avoir sur ça, qui soit menée dans le temps.

  • Speaker #1

    Sur ce problème de tarification, je rebondis aussi. Parce que moi, j'ai constaté vraiment la différence quand je suis passée de la PSU à la PAGE. Donc, j'ai changé de système. J'ai géré une crèche collective pendant à peu près huit ans. Pour ça, c'était en associatif. Et ensuite, j'ai géré des micros en page. Donc, je connais bien la différence. Et je trouve que c'est très intéressant de voir la différence quand le parent sait combien ça coûte. C'est-à-dire qu'il y a un vrai problème, je pense, de notion de conscience des coûts en France. Parce que c'est comme quand tu vas à la pharmacie et que tu ne payes pas tes médicaments. Tu ne sais pas, en fait, combien ça coûte vraiment de te soigner, etc. C'est pas toujours le...

  • Speaker #0

    le truc de la prime de rentrée scolaire qu'on donne aux parents. Donc, ils ont une prime en fonction de leur revenu. Et avec ça, libre à eux d'aller acheter un crayon BIC, un crayon de marque de distributeur à leur enfant. Ils ont un budget, ils savent comment le consommer. On a des aides pour les... Et heureusement, d'ailleurs, on a un pays qui est quand même socialement bien fait. On a des aides pour les gens, libre à eux d'aller acheter un paquet de pâtes d'une marque de distributeur ou un paquet de pâtes Barilla, en fait. Donc, tu vois ce que je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui, je vois. Ce que tu veux dire, c'est qu'on pourrait, avec les aides de la CAF, choisir son type de mode d'accueil.

  • Speaker #0

    Ça existe en Europe. Tu prends l'Angleterre, l'Allemagne, c'est comme ça que ça se passe, en fait.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, dans la réforme, que moi j'ai lue aussi en détail, ça m'a l'air d'être plutôt parti sur quelque chose de très complexe. Quand je lis qu'ils parlent de linéarisation du système du CMG, alors déjà, il faut comprendre ce que ça veut dire. Il y a plusieurs scénarios qui sont évoqués qui, moi, me semblent complexes. Et puis surtout, j'ai l'impression que déjà qu'en ce moment, les temps sont durs pour les micro-crèches financièrement, mais avec ce système-là, on va se rapprocher plutôt de la PSU, d'un système à l'heure, etc. Alors qu'en fait, on voit bien depuis assez longtemps déjà qu'avec le système à l'heure de la PSU, on est amené à faire du remplissage, à être vraiment très axé sur les données financières, les ratios, à se dire attention, il faut remplir telle heure, telle heure, telle heure. Et donc le CMG, je trouvais que c'était un confort pour tout le monde parce qu'on... On est au forfait, on n'est pas là en train de se dire attention, il faut que je remplisse des heures absolument, etc.

  • Speaker #0

    C'est un confort pour tes parents. Ils savent, ils n'ont pas de surprise. Le prix est défini à l'année, ils n'ont pas de surprise. Ils savent exactement, ils sont sereins. Et tu n'as pas tous les mois, oui, mais j'ai dû attendre un quart d'heure parce que la maman était devant moi, elle parlait longtemps dans la transmission et vous m'avez compté un quart d'heure de trop. C'est serein. Donc les parents sont sécurisés et il n'y a pas de sujet avec ça. Les pros, ils sont sécurisés. Ils n'ont pas à faire des transmissions plus rapides ou moins rapides parce qu'il y a des gens qui attendent derrière. Et puis, on ne parle pas d'argent à la crèche, en fait. C'est ça qui est bien. C'est sécurisé pour le gestionnaire parce que tu n'as pas la course en remplissage. T'as pas la course au surbooking, t'as pas à boucher des cases. Le mercredi, un mois d'enfant, c'est une journée un peu plus respirante pour les pros. Ça leur permet de travailler ensemble sur des projets. Ça permet de travailler spécifiquement avec certains grands. En fait, tout le monde y trouve son compte dans ce système. Pour ça, il faudrait que l'administration vienne nous voir, et vienne dans nos crèches, et nous concerte ce qui n'a pas été fait là.

  • Speaker #1

    C'est le système qui avait cours avant la mise en place de la PSU. On facturait de toute façon forfaitairement. Donc, ce n'est pas les microcrèches qui sont les premiers à facturer forfaitairement.

  • Speaker #0

    Ça existait et ça marchait bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, moi, j'avais plutôt l'impression qu'on se dirigeait vers une généralisation d'un système forfaitaire comme la page. Et en fait, là, en relisant les nouveaux textes, ça me semble partir en arrière vers quelque chose de compliqué qui ressemblerait à la PSU. Est-ce que toi, tu as la même lecture que moi ?

  • Speaker #0

    Pareil. Pareil, pareil. Et puis je pense qu'on se trompe parce qu'on va encore faire une usine à gaz, un truc qui pourrait être très simple.

  • Speaker #1

    C'est quoi l'idée ? Moi, mon ressenti, c'est qu'il y a des gens dans l'administration, alors est-ce que c'est des hauts fonctionnaires ou des élus, je ne sais pas, mais sans citer personne, j'ai l'impression qu'il y en a qui s'imaginent qu'on a un coffre-fort avec plein de billets cachés au fond de la crèche, qu'on s'en met plein les poches.

  • Speaker #0

    Je pense avoir une explication à ça. En fait, une micro-crèche... Effectivement, c'est une entreprise. Donc tu as un gestionnaire qui a mis son épargne sur la table, qui a pris des risques et qui a emprunté pour construire sa crèche. Donc ça, on l'oublie de le dire. Souvent, ils sont conscients personnels de leur emprunt. Donc c'est un entrepreneur, c'est un chef d'entreprise. Et puis, sa micro crèche, il va la remplir, il est proche de ses équipes, ses parents l'adorent. Et on le voit sur la pétition, nos parents nous soutiennent à fond. Et je suis très content de ça. Et il va finir par avoir des bénéfices en fin d'année parce qu'il ne sera pas payé. la première année de fonctionnement. Puis en fin d'année, il va prendre des bénéfices. Après impôt, il va avoir entre 15 et 20 000 euros. Donc on se dit, ah, il fait des bénéfices, c'est génial. Sauf qu'il n'a pas pris de rémunération. Est-ce qu'un cadre dans une entreprise, 20 000 euros, c'est un gros revenu ? Est-ce que ces gens dans l'administration, combien ils gagnent ? C'est quoi leur salaire ? Est-ce que quelqu'un qui se lève le matin, qui travaille toute la journée, que le week-end, il va refaire des petits trucs à la crèche parce que c'est chef d'entreprise, c'est du lundi au lundi en fait. Ça est tout le temps. Tu sais ce que c'est ? Le petit SMS à 7h du matin ?

  • Speaker #1

    Tu peux t'organiser quand même, il faut s'organiser. Je m'adresse au gestionnaire là, ne faites pas ça, ne travaillez pas H24 cette journée.

  • Speaker #0

    C'est bête ce que je dis, mais si ils le font, parce que c'est comme ça l'entrepreneuriat, est-ce que c'est indécent d'avoir une rémunération, de dire je me paye sur mes bénéfices ? Alors on va regarder l'ensemble des liasses fiscales des micro-crèches, ils gagnent tous de l'argent. Oui, mais c'est leur rémunération.

  • Speaker #1

    Alors, pas tous. Pas tous.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, c'est compliqué.

  • Speaker #1

    On sait quand même pas mal d'entreprises.

  • Speaker #0

    Tu regardes 2021, 2022, ils se disent Ah, ça marche bien, les micro-crèches. Oui, OK, d'accord. Mais en fait, non. Pas tout le monde, en fait.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as constaté, comme moi, qu'il y avait quand même des faillites, des redressements judiciaires ? Enfin, voilà, que c'est difficile quand même.

  • Speaker #0

    On a en France, aujourd'hui, à peu près 350 micro-crèches à vendre. Il y a de tout. Il y a des crèches qui vont très mal. qui sont au bord de la faillite. Il y a des gestionnaires qui en ont ras-le-bol et qui veulent tout lâcher parce qu'ils en ont marre de se faire matraquer par la presse, par des émissions qui envoient la télé anti-privé, les bouquins, parce que ce n'est pas comme ça chez eux, en fait. Il y a un amalgame qui est fait. Et ce n'est pas parce qu'on voit et qu'on met en lumière la loupe sur deux, trois dysfonctionnements qui existent, sans doute. Mais ce n'est pas ça la réalité des crèches, ce n'est pas ça notre quotidien. Mais venez nous voir, venez dans nos crèches, venez parler à nos pros.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est important de... les bouquins, les scandales, etc. Je pense qu'ils ont aussi un intérêt de faire bouger les choses, mais sans, effectivement, comme tu dis, sans faire d'amalgame. Ce serait ça qui serait vraiment génial. Ce serait de ne pas tout mélanger. Et ce n'est pas parce qu'il y a une personne qui fait quelque chose de mal qu'il faut punir toute la classe.

  • Speaker #0

    Ces bouquins ont une vertu. Ils ont fait prendre conscience à tout le monde, quel que soit le statut public, professionnel, de la petite enfance, associatif, privé. Aujourd'hui, il y a une mise en lumière dès qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc c'est très bien. Il y a un côté pervers, c'est qu'on stigmatise les privés. Il y a un autre côté pervers, avec ces émissions et ces bouquins, on a aussi des parents. Je me suis retrouvé à la gendarmerie parce qu'un enfant s'était fait mordre à la crèche. On en est là. J'ai un gendarme devant moi qui était dépité, qui doit faire son job, qui interview nos pros, qui, elles, sont traumatisées de se retrouver à la gendarmerie parce que ce n'est pas leur quotidien. Mais on en est là aussi aujourd'hui, de plus en plus. Alors qu'un enfant qui meurt à la crèche, on l'a tous dans nos crèches tous les ans. c'est quelque chose qui est ainsi fait.

  • Speaker #1

    Ce que tu veux dire, c'est que les rapports se sont tendus, crispés, et qu'on est vraiment dans un...

  • Speaker #0

    Heureusement, pas tous, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais ce n'est pas la première personne à me le dire. C'est vrai que...

  • Speaker #0

    Avant, on n'avait pas ça.

  • Speaker #1

    Ça a mis tout le monde sur les dents, quoi.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça stigmatise, ça mêlait les parents sur certains parents en défiance.

  • Speaker #1

    Je peux les comprendre, c'est inquiétant. Tu confies ce qu'il y a de plus important et de fragile pour toi à un tiers. Et donc maintenant, il faut réinstaller ce lien de confiance.

  • Speaker #0

    On parle du secteur de la petite enfance qui est en péril, qui va mal, la maison elle brûle. Qui a envie de rentrer dans une maison qui brûle à mal ? Personne. Donc arrêtons de dire que la petite enfance va mal. Moi, je peux vous dire que la petite enfance va très bien. Il nous manque des pros, c'est une certitude. Ben, retroussons-nous les manches tous ensemble, faisons un vrai plan de formation pour avoir plus de pros, venez voir nos crèches, ce qui marche et ce qui ne marche pas, on fait le bilan ensemble, qu'est-ce qui est bon pour les enfants, c'est ça le plus important, qu'est-ce qui est bon pour sécuriser nos parents, et travaillons ensemble. Nous, on a donné à la Fédération Française des Entreprises de Crèches nos audits. On a plus de 500 points de contrôle quand on fait nos franchisés ou chez nous, parce qu'on est à cheval sur la qualité, et c'est comme ça qu'on obtient et qu'on arrive à garder un niveau de service de qualité. On l'a donné, prenez-le, faites-e ce que vous voulez, donnez-nous nos remarques, améliorez-le si vous voulez, on est ok. Arrêtons de se faire des guéguerres entre privés, publics et associatifs. Il faut qu'on travaille ensemble sur un mode de financement unique pour tout le monde, compréhensif par les familles et simple. Et puis travaillons ensemble sur la qualité avec les moyens qu'on a aujourd'hui, les moyens du bord. Aujourd'hui, les moyens du bord, on ne les a pas les pros, donc ça ne sert à rien de faire des quotas. On ne les a pas. Par contre, travaillons ensemble sur un vrai plan. Donnez-nous des moyens. Aujourd'hui, les opcos, ils n'ont pas une thune. Comment on fait ?

  • Speaker #1

    Je te sens complètement exclue de la réflexion, si je comprends bien. J'ai l'impression qu'on est parti un petit peu tout feu tout flamme sur des choses un peu simplistes. Voilà, il faut plus de diplômés, etc. Bon d'accord, mais sur le terrain, ça va donner quoi ? Est-ce que le fait d'avoir une auxiliaire de périculture, en plus, va changer obligatoirement la qualité ? Moi, j'ai eu de la grande qualité dans mes micro-crèches et je n'avais pas plus d'auxiliaires. Attention, je ne dis pas que ce n'est pas bien de former les gens. Je dis juste que je trouve ça un peu réducteur de penser qu'il suffit d'avoir une formation de niveau plus élevé initial pour que la qualité soit au rendez-vous. Moi, j'ai l'impression que ce qui joue énormément, c'est la formation aussi continue sur le terrain avec un bon manager. Et ça, ça tient.

  • Speaker #0

    L'expérience. L'expérience vaut toutes les formations. Je leur propose une dérogation à leur texte. Les CAP Petite Enfance, avec plus de deux ans d'expérience professionnelle, on les met en catégorie 1. On a eu des gestionnaires qui ont porté des projets. Sur des CAP bonifiés, on a des CAP qui sont excellentes, qui n'ont pas forcément envie de reprendre un diplôme, et qui ont beaucoup d'expérience, 2, 3, 5 ans, 10 ans.

  • Speaker #1

    Et à l'inverse, Jimmy, on a aussi des éducatrices ou des auxiliaires qui ne sont pas bonnes. Il n'y a pas de règle absolue, en fait.

  • Speaker #0

    On est dans l'humain. On fait de l'humain, on est dans l'humain. Par rapport à la pénurie de pros, de catégoriens, surtout, pourquoi pas bonifier des CAP petite enfance ? Et les passer en catégorien, c'est largement possible. Et ça permettrait, pas que nous... les multi-accueils où il y a les places qui sont fermées, parce que faute de professionnels catégoriens, de pouvoir les ouvrir. Parce qu'il y a quand même un constat aussi, c'est qu'on manque de places de crèche en France, il ne faut pas l'oublier. Les assistantes maternelles, ce n'est pas un métier en devenir. Ça s'égraine chaque année, on a de moins en moins d'assistantes maternelles. Les jeunes générations, ce n'est pas un métier qui attire. Donc il faut repenser aussi à ça. Ils ont fait des plans et des plans successifs pour essayer... d'attirer de nouvelles personnes dans le métier d'assistante maternelle, ça ne marche pas. Donc il faut à un moment donné en tirer des conclusions. Les nouvelles générations ne sont pas attirées par ce métier à travailler toutes seules chez elles. Et donc il y a toutes ces places-là, il va falloir bien trouver des solutions.

  • Speaker #1

    Oui, pour reparler de ce contexte national, on a à peu près 2 millions d'enfants de moins de 3 ans en France et à peu près 1,3 million de places pour accueillir ces enfants. Mais dans ces 1,3 million de places, il y a beaucoup d'assistantes maternelles. Et en fait, elles sont quand même massivement en train de partir à la retraite. Donc sans compter les annonces de création de 200 000 places en crèche d'ici 2030, qui font que la volonté qui est annoncée de créer de plus en plus de places, on a un petit peu de mal à comprendre comment elle est compatible avec ce type de loi.

  • Speaker #0

    C'est l'actualité, c'est politique ce que je vais dire. On a un État très endetté. et qui n'a plus les moyens de créer des places de crèche. On a un pays comme le Maroc, où le taux de mobilité des femmes augmente, et pour créer des crèches, on fait appel au privé.

  • Speaker #1

    C'est ce qui s'est passé en France.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on a un État qui n'a plus d'argent, il faut créer des places de crèche, et on stigmatise le privé, et on marche sur la tête.

  • Speaker #1

    Oui, mais Jimmy, dans les années 2000, s'ils ont ouvert le secteur au privé, moi je m'en souviens, c'était parce que les mairies n'ouvraient plus de places, parce que c'était devenu très difficile pour les mairies. Et ensuite, tous les incentives, tu vois, le CIFAM, le crédit d'impôt aux familles, tout ce qui a été fait, ça a été fait pour favoriser la création de places. Donc c'est vrai que c'est curieux qu'aujourd'hui... Ça se retourne contre les gens qui se sont investis là-dedans.

  • Speaker #0

    Exactement. Ça a marché il y a 20 ans. Aujourd'hui, le constat pour l'État est pire. Ils ont encore moins de moyens et ils veulent enlever ce qu'ils ont créé.

  • Speaker #1

    Pour revenir sur plusieurs choses que tu as dites, par exemple, tout à l'heure, tu as dit qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle en France. Ce n'est pas vrai, etc. J'ai envie de peut-être mesurer un petit peu ce que tu as dit. Je pense qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle volontaire. Mais en revanche, il y a des gens qui souffrent sur le terrain. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas assez de pros. Donc, on se retrouve dans des situations qui sont difficiles. Aussi, je pense qu'il y a des façons de gérer qui peuvent améliorer les choses. On peut vraiment travailler sur la technique de travail. Et aujourd'hui, je pense qu'on manque un petit peu de technique de travail dans le secteur. Et donc, c'est là que je suis d'accord avec l'idée de faire plus de formation, etc.

  • Speaker #0

    Tu manques de pros, tu manques de formateurs.

  • Speaker #1

    Tu manques de tout, voilà, et de temps. Et en fait, le vrai problème, parce que là, on a parlé beaucoup des quotas, mais le vrai problème, il est financier. C'est qu'aujourd'hui, on n'a pas les moyens dans les crèches d'embaucher plus de monde et de prendre plus de temps pour penser l'accueil, pour ne pas demander à nos pros de faire des trucs qui ne sont pas de leur ressort. Comme moi, j'ai entendu des pros qui mettent des flyers pour faire de la pub, pour remplir la crèche. Des pros qui font le ménage, des pros qui... Enfin bon, que des trucs qui, à la base, ne sont pas censés être faits par... elle.

  • Speaker #0

    Juste poste ça.

  • Speaker #1

    Voilà, et en fait l'idée c'est de spécialiser les pros de dire, un pro de la petite enfance, il est par exemple spécialisé dans l'accueil des bébés, montrer que c'est un métier technique et que le pro peut se concentrer sur son métier et qu'on ne va pas devoir, parce qu'on n'a pas d'argent, lui demander d'aller mettre des flyers pour remplir la crèche. Et c'est là que ça pose problème. C'est qu'aujourd'hui on n'a plus d'argent dans les caisses. Comment on peut travailler dans ces conditions ? ... C'est pour ça que je dis qu'il n'y a pas de maltraitance institutionnelle, à mon avis, volontaire. Moi, je ne rencontre que des gestionnaires qui ont décidé de faire ce métier par passion, parce qu'ils rêvaient d'un job passionnant, avec des enfants qui rigolent toute la journée, des professionnels qui sont ultra motivés, dynamiques. Donc, c'est un rêve, en fait. Personne ne fait ça en se disant je vais maltraiter les gens et puis je vais m'en mettre plein les poches Aujourd'hui, il y a quand même des gens qui souffrent, finalement, depuis. Tout à l'heure, on n'a parlé que du quota dans cette réforme. Est-ce que c'est en fait le seul point qui, pour toi, pose problème ? Est-ce que tu peux peut-être éclaircir un petit peu, pour les auditeurs qui n'ont pas forcément lu tous les textes, il y a un décret, il y a une loi, c'est quoi le rapport entre les deux ? Et c'est quoi les points qui, pour toi, sont bloquants ?

  • Speaker #0

    Le décret a plusieurs points. Le premier, sur lequel on est tous devant debout, et effectivement, c'est sur ces quotas de 40% de catégorie 1. On a un deuxième point qui est sur... La référente technique devient directrice. Aujourd'hui, une référente technique doit être dans la crèche et elle a 7 heures par semaine dégagées de l'encadrement des enfants pour s'occuper soit de tâches administratives, soit de tâches pédagogiques d'organisation. Chez nous, nos référentes techniques n'ont pas de tâches administratives. Elles sont vraiment dans la pédagogie, dans l'observation des enfants ou dans l'observation des pratiques professionnelles des autres pros dans le management. Aujourd'hui, ce décret voudrait qu'elle soit à mi-temps hors d'encadrement des enfants, ce qui veut dire qu'il faudrait la remplacer dans l'encadrement des enfants également. Ça nous fait des charges supplémentaires. Et puis, à mi-temps hors encadrement des enfants, quelqu'un qui va observer les pratiques professionnelles et les enfants la moitié de son temps toutes les semaines, même pour elle, elle va s'ennuyer.

  • Speaker #1

    Alors là, tu extrapoles parce que ce n'est pas ça qui est écrit dans le projet. Il n'est pas écrit qu'elles doivent observer, il est écrit qu'elles doivent avoir... la moitié de leur temps.

  • Speaker #0

    Qui leur donnera les fonctions qu'elles veulent. Mais c'est une demi-semaine hors encadrement des enfants.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, j'avais plutôt l'impression qu'elles allaient se retrouver à faire des factures, des reportings, des choses qui ne sont pas liées à leur plus-value technique, expert en petite enfance.

  • Speaker #0

    On a des référentes techniques, nous, qui sont auxiliaires de puer, éducatrices de jeunes enfants, infirmières de puer. Est-ce qu'elles ont fait des études administratives et comptables ? Non. Donc moi, chez moi, elles ne font pas ça.

  • Speaker #1

    Je suis complètement d'accord à 100% là-dessus.

  • Speaker #0

    J'ai fait un recrutement la semaine dernière. J'ai une infirmière puaire qui était face à moi et qui pleurait. Elle vient d'une crèche qui n'est pas privée. Et elle passait son temps derrière un ordinateur toute la journée à faire du remplissage. Parce qu'elle avait une hiérarchie qui lui mettait la pression. Et elle veut juste retrouver le contact avec les enfants.

  • Speaker #1

    Ce qu'on a vraiment dans les micro-crèches, ce que je préconise, que ce soit dans mes crèches ou dans les crèches des gens avec qui je travaille, que j'accompagne, c'est exactement ça, c'est que la référente technique... elle n'est pas là pour passer son temps à faire de l'administratif. Donc elle a bien sûr dans son management quelques tâches administratives parce que c'est elle qui sait ce qu'il faut transmettre comme éléments de paye ou ce genre de choses. C'est elle qui gère son équipe. Mais ça doit être quand même que des tâches qui sont vraiment liées à ses fonctions de manager. Et ça ne doit pas devenir une usine à gaz. Elle ne doit pas faire du recouvrement de factures, du commercial ou je ne sais pas quoi. C'est pour ça aussi qu'on a besoin d'avoir ce financement de l'activité, pour pouvoir avoir du personnel de soutien à l'équipe, de fonction de support. On n'a pas besoin de 50 personnes évidemment, mais quelqu'un qui s'occupe de ça.

  • Speaker #0

    La référence technique qui est au contact des pros et des enfants et des parents, puisque c'est dans nos missions aussi, l'accompagnement à la parentalité. Comment voulez-vous faire un accompagnement à la parentalité si, bon, je n'ai pas eu votre chèque, vous pouvez payer ? Non, la relation est biaisée. qu'on est dans une relation commerciale. Et comment voulez-vous que la maman ou le papa viennent parler d'une problématique de parentalité avec cette professionnelle ? C'est impossible. Donc là, on ne fait pas du bon travail. Aujourd'hui, nos gestionnaires jouent ce rôle administratif et financier. Nos référents techniques jouent ce rôle de parentalité des enfants, de la pédagogie. Et chacun est à sa place dans son métier.

  • Speaker #1

    Alors là, on a parlé du temps de direction. Dans ce projet de décret, il y a le quota de pro-catégorien. il y a le temps d'aider à la direction. Est-ce que tu as d'autres points qui te chiffonnent ?

  • Speaker #0

    Après, on a la députée Hervieux qui nous a fait son projet, qui a été adopté. Il n'y avait pas grand monde dans l'hémicycle, et c'était à 23h58. Je n'appelle pas ça une victoire.

  • Speaker #1

    Mais alors, c'est quoi les points du projet de loi ?

  • Speaker #0

    C'est déjà un titre racoleur. Luttons contre les privés pour la qualité, etc. Donc, il y a des points sur l'interdiction des fonds d'investissement dans les groupes de crèche. Bon, je joue. ou pas d'avis là-dessus. Moi, je suis un entrepreneur. Quand je vais voir ma banque pour dire que j'ai un projet de crèche, je suis content qu'elle me finance.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai ouvert mes crèches, j'avais beaucoup de financement de la CAF à l'époque, que ce soit en associatif ou en entreprise. J'ai été financée par la CAF pour ouvrir mes crèches parce que ça coûte cher. Aujourd'hui, quand je travaille avec des gestionnaires qui doivent faire tous les travaux pour ouvrir une crèche et qui doivent s'endetter de 200 000 euros, ce n'est quand même pas donné à tout le monde. Et puis ensuite, il faut les rembourser ces 200 000 euros. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que je vais devoir générer aussi du cash grâce à l'activité d'accueil pour pouvoir payer la banque. Donc, si on reprend cette histoire de fonds d'investissement et de banque, je pense qu'il y a aussi ce problème, c'est qu'aujourd'hui, les micro-crèches sont exclus du financement de la CAF. Donc, où est-ce qu'on va chercher les fonds ?

  • Speaker #0

    J'entendais ce matin le grand patron des patrons au MEDEF, plus des grands patrons en France, qui se disent en fait, on ne veut plus d'investissement en France, on ne veut plus d'entreprise en France. Et ça va devenir compliqué parce que je rappelle que le modèle social, la branche famille dont on dépend nous de la CNAF, c'est quand même les cotisations patronales. Souvent on nous parle de l'argent public, ok, mais cet argent il vient d'où ? Il vient quand même des entreprises. C'est quand même nous qui les payons ces cotisations, ces cotisations patronales. Donc s'il n'y a plus de patron, s'il n'y a plus d'emploi, comment on fait ? Le modèle social, il va partir en sucette.

  • Speaker #1

    Ce serait chouette si on n'était pas dans cette opposition idéologique entre le privé, le public, les salariés, les patrons. Alors reprenons sur la loi Hervieux. Donc il y a effectivement cette histoire de fonds. Donc ça, tu dis toi-même, ce n'est pas forcément ton combat. Si,

  • Speaker #0

    ça fait partie du combat. Je ne me positionne pas comme un acteur de la petite enfance sur ce point-là, mais comme un patron. Moi, je suis un petit chef d'entreprise. J'ai créé ma boîte tout seul. Peut-être demain, je vais peut-être dire, tiens, j'ai encore envie de me développer. Et puis il y a un fonds qui va rentrer chez nous. Et ça fait partie... du développement et d'une croissance normale d'une entreprise.

  • Speaker #1

    Trouver des financements, pour traduire aux auditeurs, c'est trouver des financements.

  • Speaker #0

    Mais oui, c'est trouver des financements. Donc ça fait partie du jeu. Qui voudra encore se lancer dans la petite enfance demain, si on n'a plus les moyens, ou si on interdit, ou si on limite ? Avec cette loi, on ne résout pas le problème de la création de places, en tout cas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a d'autres points, ou est-ce que tu as fait le tour des points ?

  • Speaker #0

    Dans l'ensemble, que ce soit le projet de décret de décembre ou la loi Hervieux, nous, ce qu'on veut, c'est être concerté. On veut pouvoir être écouté. Le partage d'expériences fera avancer notre cause. Donc mettons-nous autour de la table tous ensemble, de tous milieux, discutons, échangeons et arrêtons avec ces idéologies, ces dogmes.

  • Speaker #1

    Tu penses qu'on peut trouver des solutions ?

  • Speaker #0

    On peut trouver des solutions, il faut juste en avoir envie en fait.

  • Speaker #1

    Peut-être étaler dans le temps aussi les réformes pour qu'elles soient soutenables.

  • Speaker #0

    Étaler dans le temps les réformes, y aller par étapes.

  • Speaker #1

    Mettre en place les financements derrière.

  • Speaker #0

    Ou si on ne les a pas, on ne met pas les financements. On met des plans de formation en place, il faut les créer ces pros. Travaillons sur ça d'abord. Une fois qu'on les a, mettons-nous des quotas pour améliorer la qualité. On est tous d'accord pour le faire, mais allons étape par étape et mettons pas la charrue avant les bœufs.

  • Speaker #1

    Alors Jimmy, on arrive quand même à la fin de notre interview. Donc j'ai quelques questions de fin d'interview à te poser. Je vais voir si tu vas réussir à répondre de façon synthétique. Ma première question, il y a depuis à peu près deux ans. Une façon d'appeler les micro-crèches que je trouve assez particulière. On n'entend plus jamais parler des micro-crèches sans qu'il y ait derrière le terme privé lucratif. Qu'est-ce que tu réponds à ça ? Est-ce que tu as quelque chose à dire ?

  • Speaker #0

    Ça me fait sourire, je rigole. C'est dogmatique, c'est idéologique. C'est puéril.

  • Speaker #1

    Je n'aurais pas forcément dit puéril. Moi, je trouve ça hyper discriminant et je trouve ça hyper vexatoire. Et que ce n'est pas ce qu'on utilise comme vocabulaire pour tous les autres secteurs d'activité. Donc, je ne comprends pas pourquoi dans les crèches, sous-entendu, privé lucratif au lieu de dire juste privé, ça veut dire qu'ils veulent se faire de la thune.

  • Speaker #0

    Privé endetté aussi, ça marche. C'est avec nous, Souk, qu'on a fait le truc.

  • Speaker #1

    Bon, alors, question suivante. Toi, tu rencontres... beaucoup de porteurs de projets, mais aussi beaucoup de gestionnaires. Aujourd'hui, qu'est-ce que tu dirais sur la motivation des gestionnaires ? Où on en est ? Qu'est-ce qui les motive ? Est-ce qu'ils sont toujours motivés ?

  • Speaker #0

    Il y a un ras-le-bol. Ils en ont marre et ils sont très en colère. Je temporise, je suis chef de file, on fait attention, mais ils sont révoltés. Comme tu le dis, ils se sentent discriminés, ils trouvent ça injuste. Ils en ont marre de ne pas être entendus, de ne pas être écoutés. Quand je te dis qu'il y a 350 micro-crèches à vendre, tu t'imagines le ras-le-bol des gens ? Ça suffit. Là, on va sonner le glas de la fin, ça suffit. L'opération crèche-morte, t'imagines, c'est des patrons qui font grève. On n'a jamais vu ça.

  • Speaker #1

    On n'en a pas parlé. Est-ce que tu peux dire quelques mots sur l'opération crèche-morte, puisque notre épisode va sortir lundi ?

  • Speaker #0

    Donc, on fait une journée le matin, c'est un petit café avec les parents. On les sensibilise sur la réglementation et sur notre pétition pour qu'ils le signent avec nous. Alors même, il y en a déjà qui l'ont fait beaucoup. On va les sensibiliser, ils nous soutiennent. On a laissé la main à nos équipes et aux crèches et aux gestionnaires de la façon de cette mobilisation. Donc on a des pros qui auront des t-shirts Je suis de Chamacrèche Il y aura des pros habillés en noir toute la journée. Il y aura des pros avec des stickers, des brassards pour montrer qu'ils en auront le bol. Et certaines fermeront un peu plus tôt, à 17h. Elles iront avec les parents et puis avec l'ensemble de l'équipe, remettre un courrier au maire pour leur montrer leur inquiétude sur ce décret. Donc il y a deux façons de faire. Le but n'est vraiment pas d'embêter nos parents parce qu'ils bossent. Ils ont besoin de nous, on les connaît, ils nous connaissent, ils savent comment on travaille, ils ont confiance en nous. Et donc c'est l'opération crèche-morte, ça va être une journée de sensibilisation.

  • Speaker #1

    Et la date pour les auditeurs ?

  • Speaker #0

    C'est lundi 3 février, toute la journée.

  • Speaker #1

    Et s'ils veulent signer la pétition, je mettrai le lien de la pétition dans les notes de l'épisode. Est-ce qu'elle a une date limite de fin ? Non,

  • Speaker #0

    on n'a pas de date limite, on va passer bientôt les 20 000 signataires avant la journée de mobilisation, donc on est très contents. Cumulé avec nos copains du Rémi et de la FSEP, on va bientôt avoir les 30 000 signataires. Il est peut-être temps qu'on nous reçoive maintenant. Je lance appel à ce micro, à Madame Vautrin et à son cabinet.

  • Speaker #1

    Je te souhaite d'être entendue et de pouvoir participer au débat.

  • Speaker #0

    Il va bien venir vous faire la bise.

  • Speaker #1

    Madame Vautrin, tu veux lui faire la bise ?

  • Speaker #0

    Moi je suis cool, moi je suis...

  • Speaker #1

    La bise à toi.

  • Speaker #0

    La bise à tout le monde.

  • Speaker #1

    Bon en tout cas, tu aimerais sérieusement parler...

  • Speaker #0

    Juste qu'on puisse être consultés, concertés et travailler ensemble sur l'avenir de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Ma question suivante c'était, si tu avais été concerté dans ce projet, est-ce qu'il y a des points que tu aurais retenus, que tu trouves positifs ? et sur lesquelles tu aurais pu avoir peut-être ou alors un impact ? Qu'est-ce que tu dirais sur ta concertation ?

  • Speaker #0

    Je vais être honnête, je n'ai pas beaucoup de points sur lesquels je suis d'accord. Peut-être aussi à cause de ça qu'on fait crèche morte et qu'on en a fait une pétition, c'est qu'on n'est pas d'accord sur beaucoup de choses en fait. Je lisais dans les pros de la petite enfance, Madame Domingo, qui me disait que le décret, la boussole, c'était la qualité. Super, on a la même.

  • Speaker #1

    On a la même boussole.

  • Speaker #0

    Oui, on veut faire la même chose. Maintenant, il y a un contexte. On manque de pros, on manque de formation. On manque de moyens. Donc on va partir de ce constat, de se dire, qu'est-ce qu'on a sur la table ? Voilà ce qu'on a aujourd'hui. Et comment on peut améliorer la qualité et comment on peut travailler là-dessus ? Sans discrimination, sans idéologie. Il y a des choses à faire dans tous les domaines. On parlait des mâmes, on parlait des pouponnières, des crèches privées, des multi-accueils. Je pense que chacun peut apporter son expérience. Il faut prendre les particularités de chaque mode d'accueil et avoir un référentiel, j'ai envie de dire, par mode d'accueil finalement. En ce moment, autour de la table, on met les moyens qui vont en face.

  • Speaker #1

    J'ai encore une question. Aujourd'hui, qu'est-ce qui te donne de l'espoir encore dans la petite enfance ? Est-ce que tu as encore de l'espoir ? Et qu'est-ce que tu dis à ceux qui rêvent d'embrasser ce métier, que ce soit en tant que professionnel sur le terrain ou en tant que gestionnaire, comme moi j'ai pu l'être ?

  • Speaker #0

    Ça ne s'appelle pas optimum pour rien, il y a de l'optimisme dedans. Moi, je suis un éternel optimiste. En fait, on a encore plein de bébés à naître. On a un pays qui est dynamique en termes de naissance, même s'il y a un petit recul, on reste quand même les... Ils sont européens, donc il ne faut pas se tromper. Pour eux, en fait, et pour nos pros qui font un métier formidable, moi, je me bats pour mes pros aujourd'hui. Et j'ai un homme dans mes crèches. Donc d'ailleurs, si des hommes veulent venir en crèche, ça peut aussi aider à résoudre la pénurie. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Et moi, je suis plein de dynamistes et je suis plein d'idées. Et je ne suis pas tout seul. On est une tripotée de gestionnaires, de chefs d'entreprise qui ont des idées, etc. Mais ce qu'on veut, c'est être entendu et être écouté. C'est tout ce qu'on souhaite, en fait.

  • Speaker #1

    Et pour ceux qui sont en train de créer leur crèche, qui ont le chantier en cours ? C'est celui qui est en train de se dire, oh là là, mais moi, en fait, j'ai mis toutes mes économies, j'ai mon ouverture en septembre. Et là, je suis en train de me rendre compte que mes chiffres sont en train de s'effondrer avec cette réforme.

  • Speaker #0

    Non, mais un jour à la fois, il faut croire en demain, toujours. Et elle n'est pas passée encore cette réforme. On se bat pour ça. On a le 3 février une action. J'espère que Madame Vautrin me recevra avec nos copains et qu'on puisse parler tous ensemble.

  • Speaker #1

    C'est la volonté d'être concertée, la volonté d'échanger. Tu n'es pas dans une posture bloquée. Tu veux juste pouvoir avoir cet échange constructif. Donc, je te souhaite que ça arrive. En tout cas, avec Aurélie, on va mettre le paquet. parce qu'on est déjà le 31 janvier. Donc, on va se démener pour monter cet épisode pour qu'il soit prêt à la diffusion lundi.

  • Speaker #0

    Je voudrais juste ajouter un truc. Il nous faudrait une quantité de Hamal pour continuer à porter, à prêcher la bonne parole parce que ce que tu fais par tes podcasts sur les différents sujets, etc. fait un bien fou aux pros de la petite enfance. Moi, je t'écoute. Je suis en voiture, je te mets le podcast, tu t'écoutes. Ce que tu fais est formidable, donc je tenais à le dire aussi parce qu'il nous en faut plein des gens comme toi.

  • Speaker #1

    Écoute, là, ça me... J'ai pleuré, tu vois.

  • Speaker #0

    Continue à faire ce que tu fais, c'est génial.

  • Speaker #1

    C'est trop, trop mignon. Tu sais qu'Aurélie et moi, on est un petit peu seuls, souvent derrière notre micro, derrière notre ordinateur, à faire le montage, à tout préparer. Ça prend vraiment beaucoup de temps. On y passe des heures et quand il y a de l'actu comme ça et qu'on se dit, allez, on va faire un truc au pied levé, on se met un peu en... En rush, on sait qu'on va bosser le week-end pour que ce soit prêt pour lundi. Ça fait hyper plaisir d'avoir des retours. C'est vrai que quand tu es podcaster, ce n'est pas comme un réseau social. Tu ne mets pas un poste et tu n'as pas des gens qui viennent te faire un commentaire. Tu lances ton épisode, la personne l'écoute, mais tu ne sais jamais si elle a aimé, si elle a arrêté au milieu de l'épisode, si elle a trouvé ça intéressant. C'est hyper important pour nous. J'en profite pour demander aux auditeurs de venir nous mettre des notes. venir nous mettre des avis sur les plateformes. Toi aussi, Jimmy, mets-nous une note 5 étoiles. Parce que c'est vrai que ça motive. Ce qui est difficile quand tu as envie de faire un média pour soutenir justement un secteur, c'est qu'un média, ce n'est pas rémunéré. On a de la chance, on a quelques partenaires qui nous soutiennent. Ça nous permet aussi de continuer à faire ce travail qui est assez titanesque, mais qu'on fait par passion. On adore la petite enfance, on adore ce métier. Moi, c'est un métier que j'ai connu, tu vois, comme toi, en reconversion, quand j'avais à peu près 30 ans. Et c'est le métier de ma vie, quoi. Je pense que c'est l'aventure de ma vie, la petite enfance.

  • Speaker #0

    Bienvenue au club !

  • Speaker #1

    Bah écoute, Jimmy, merci beaucoup d'avoir relevé le défi, là, de parler de ce sujet qui est quand même épineux. J'espère que personne n'en ressortira vexé ou blessé, que les gens comprendront qu'il y a un message de sincérité, que le but, c'est d'échanger. Reste ton esprit ouvert.

  • Speaker #0

    Merci Amal.

  • Speaker #1

    Merci Jimmy. Et puis à lundi.

  • Speaker #0

    À lundi. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode. Parles-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. À la semaine prochaine.

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