Speaker #0Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans le podcast Superdocteur, et cette semaine je suis en solo, comme occasionnellement, pour vous parler de slow medicine. La slow medicine, qu'est-ce que c'est C'est une philosophie du soin. Ça a été popularisé par le livre de Victoria Sweet, dont je vais vous donner les références un petit peu plus tard. Et c'est une façon de prendre le temps pour nos patients, de prendre soin d'eux, de se recentrer sur la clinique, de se recentrer sur des choses essentielles, de se recentrer sur le temps long, pour une médecine économe, efficace. efficientes. Alors j'ai déjà eu l'occasion d'aborder beaucoup de points de la slow médecine dans un précédent podcast de Superdocteur, je vous invite dès à présent à l'écouter, si ce n'est pas déjà le cas, vous pouvez le retrouver dans l'historique du podcast. Et il y a quelques semaines, j'ai été invité par mon amie Chloé Bramy, qui a une fabuleuse école de médecine intégrative, à présenter un topo sur la slow médecine. Donc j'ai eu l'occasion de parler de Carlo Petrini, l'inventeur de la slow food, qui a donné l'essor de tout le mouvement slow à travers le monde. J'ai parlé d'Ile-de-Garde, de Bingen, cette mystique allemande du XIIe siècle qui a succédé à Hippocrate, à la médecine antique, et puis a découvert qu'en observant nos patients, en se donnant le temps, en considérant toutes leurs facettes, en considérant leur psychologie, et en considérant qu'on est un peu comme des jardiniers, qu'il faut d'abord éviter ce qui nuit à nos patients pour favoriser leur croissance spontanée, saine. on arrive à faire une médecine de grande qualité. J'ai pu aussi parler de Victoria Sweet, dont je vous parle souvent, qui a écrit deux livres, dont l'un intitulé Slow Medicine, qui a popularisé ce terme. Donc la Slow Medicine, c'est une philosophie du soin. Elle peut se résumer en deux minutes ou on peut y passer une vie. Mais j'ai choisi, dans ce podcast, de vous aborder des points très pratiques. Je me mets dans la peau d'un médecin généraliste ou autre au cabinet qui a envie de recettes... actionnables de points à se souvenir, vous pouvez les noter, pour appliquer dès demain la philosophie slow au cabinet. Donc évidemment, c'est succinct, il y a un peu plus d'une quinzaine, entre 15 et 20 points, et puis vous pouvez vraiment approfondir beaucoup plus intellectuellement et philosophiquement tout ce dont je vous parle, avec les ressources, les livres, les podcasts que je vais vous mettre dans les notes de cet épisode et dans la newsletter du podcast. Je vous invite d'ailleurs à vous y abonner, c'est gratuit, les notes sont dans cet épisode. Je vais donc diviser mon podcast en quatre grandes parties. 1. S'organiser. 2. Ralentir et se recentrer. 3. Communiquer. Communiquer slow. Et 4. Pratiquer la slow medicine. Alors c'est parti. Grand 1. S'organiser. C'est une partie qui est extrêmement importante parce que je pense que pour mener à bien un projet, ce qui est extrêmement important, c'est la préparation. Il y a une phrase célèbre d'Abraham Lincoln qui raconte qu'il dit Si vous me donnez 6 heures pour abattre un arbre, je vais passer 5 heures à affûter ma hache. Ça veut dire que tout est dans la préparation. Et moi, je crois vraiment à ça, à l'infrastructure. Vous avez exactement le même exemple pour la pratique du vélo dans les métropoles. Si vous voulez inciter les gens à se mettre au vélo, à se déplacer en vélo, il faut faire d'abord de belles pistes cyclables, avoir une économie de location, de réparation, une activité sur le vélo. Et ça incite les gens spontanément. à se mettre au vélo une fois que l'infrastructure est en place et c'est exactement ce que je vous propose. Donc s'organiser d'abord, c'est préparer son espace et son emploi du temps. Si vous voulez pratiquer de la médecine slow, c'est-à-dire prendre le temps pour vos patients, parce qu'on sait que prendre le temps, c'est une meilleure écoute, un meilleur examen clinique, un meilleur interrogatoire, de meilleurs diagnostics, de moins mauvais examens complémentaires prescrits, voire pas du tout, et de meilleurs traitements, et bien... Pour ça, il faut du temps. Alors moi, je vous invite dès à présent à regarder votre agenda et puis à essayer de l'organiser. Si vous voulez pratiquer la slow-medicine, vous aurez forcément des consultations longues. Vous les connaissez, vos patients qui sont longs, qui sont chronophages, qui sont polypathologiques. Il faut leur réserver peut-être de temps en temps une consultation un peu plus longue que les autres. Essayez de les tracer. Essayez peut-être de booker des plages pour l'administratif, de ne pas faire ça entre deux patients, mais faire ça... dans une plage dédiée que vous notez dans votre agenda, pour vous réserver uniquement à des tâches qui ne sont pas médicales, qui sont importantes et dont vous ne pouvez pas faire l'économie. Essayez peut-être aussi de glisser des plages horaires lorsque vous avez des gestes importants à faire, pour ne pas se précipiter. Essayez aussi de préparer votre matériel. Pourquoi pas essayez de mettre une consultation vide au moins quelques minutes après 3-4 patients pour vous permettre de souffler, de respirer. J'en ai parlé avec Maxime Ausha que vous avez retrouvé dans mon podcast, très bon podcast que je vous invite à découvrir. C'est hyper important de souffler, c'est-à-dire que vous pouvez mettre une consultation au moins quelques minutes d'aération, de soupape après 3-4 patients par exemple. Je vous invite évidemment à vous prévoir du temps libre dans votre semaine. Prenez votre agenda, votre agenda sur l'iPhone, sur Google Agenda, que sais-je, et regardez quelle heure vous pouvez prendre cette semaine pour aller marcher, pour aller respirer, pour aller écouter un podcast, pour faire quelque chose que vous aimez, ça peut être n'importe quoi, du sport évidemment. Je vous assure que c'est extrêmement important et ça ne fait que renforcer votre motivation et votre forme globale et générale. Aménagez-vous du temps pour les projets personnels, pour la famille. en dehors de votre temps médical, c'est capital. Donc, petit 1, préparez son espace et son emploi du temps. Petit 2, on arrive un petit peu en avance et on organise sa journée. Pour pratiquer une médecine slow de qualité, il ne faut pas se plonger directement. Quand vous commencez à 8h, vous n'arrivez pas à 8h au cabinet. Il faut le temps de s'installer. Pourquoi pas méditer un petit peu, respirer, regarder son planning, dire bonjour aux gens, au personnel si vous en avez, à vos collègues si vous en avez, que sais-je. Jeter un coup d'œil sur votre planning, se préparer mentalement au déroulé de la journée en regardant un petit peu les motifs de consultation, les patients qui vont arriver. Et un petit peu comme les militaires et les pilotes de chasse qui ferment les yeux et qui anticipent leur manœuvre, les yeux fermés, avant chaque sortie. On peut faire exactement pareil. On ferme les yeux, en l'occurrence on regarde son planning et puis on s'imagine comme ça le déroulé de la journée. Et ce temps est un temps de préparation qui est hyper important. Et ça permet d'être beaucoup plus serein pour commencer sa journée. Je vous recommande également dans l'organisation de masquer l'affichage de vos patients si vous avez un logiciel et le temps d'attente. Ça, c'est le truc le plus anxiogène du monde. Moi, j'ai un logiciel où quand les patients n'attendent pas, c'est vert. Ils attendent 10 minutes, c'est jaune. Et je crois plus de 15 minutes, c'est rouge. Donc, c'est vraiment abominable. Moi, j'ai enlevé ça, évidemment. Ça ne sert à rien. Si vous êtes en retard, vous vous excusez. sans trouver d'excuses. Vous dites simplement, je vous demande de m'excuser parce que je suis en retard. Ça suffit, ça calme directement l'ambiance. Et puis surtout, si après vous prenez le temps de qualité avec votre patient, il comprendra évidemment que vous prendrez le temps pour le suivant et que vous serez peut-être en retard et personne ne vous en tiendra rigueur, je vous assure. Donc, essayez de vous débrouiller pour organiser ça, pour éviter le plus de stress dans votre logiciel. Évidemment, essayez de créer une atmosphère calme dans votre journée. C'est-à-dire que vous savez comme moi qu'il n'y a rien de plus abominable que quelqu'un qui s'immisce dans le cabinet, parfois même sans frapper, pour dire qu'un tel a appelé, qu'il faut recevoir un tel en urgence, qu'il faut rappeler tel ou tel médecin, etc. Ça, c'est interdit. C'est-à-dire qu'il faut que votre cabinet soit un temple. C'est le temps de votre patient. Si vous le voyez 20 minutes, c'est 20 minutes pour lui et 100% pour lui. Il verra à quel point vous êtes investi dans ces courts temps, mais... 100% avec lui, sans interruption. Donc, tout le monde sait quand je travaille qu'il ne faut pas me déranger. Je dis ça très gentiment, très poliment, et je crois que c'est assez respecté. Évidemment, si vous avez un type qui fait une syncope dans la salle d'attente, il ne faut pas être complètement idiot. Mais il faut vraiment mettre des barrières. C'est la meilleure chose que vous pouvez faire pour anticiper votre journée. Ce que je fais également, c'est que j'enferme mon téléphone dans un placard, en mode silencieux, parce que moi je suis trop attiré par les notifications, les réseaux, etc. C'est humain. J'arrive le matin, je les consulte et toute la matinée, j'essaie d'enfermer mon portable. Et ça, c'est vraiment une préparation d'une atmosphère calme et de limiter les interruptions. Un point important dans l'organisation du cabinet, c'est pour chaque patient de s'installer correctement, soi-même et son patient. Qu'est-ce que ça veut dire Victoria Sweet le décrit très bien dans son livre. Quand vous avez par exemple un petit geste à faire, il faut se mettre confortable parce qu'on ne sait jamais combien de temps ça va prendre. Et puis surtout, quand on est mal installé, on n'a pas envie que ça dure. Même pour une consultation, même pour un interrogatoire, et surtout pour un examen physique. Il faut être confortable. Il faut que les chaises soient confortables, que vous soyez à la hauteur de votre patient. Quand vous l'examinez, il faut monter la chaise pour ne pas vous casser le dos, vous faites tourner et mobiliser votre patient. Si vous faites une échographie, si vous faites un geste technique, vous vous calez le dos, les épaules comme il faut, vous respirez, vous vous détendez, parce que c'est le meilleur moyen de... correctement le réaliser et de prendre le temps de bien faire les choses. Vous savez comme moi que quand on essaie quelque chose, un coup d'échographie, un geste rapidos, le dos cassé, penché sur le patient, on se fait mal au dos et en fait on n'a qu'une seule envie, c'est que ça s'arrête. Et c'est pas un travail de qualité. Donc on s'installe confortablement. On ajuste ses fringues, sa blouse, on prend le temps d'installer ses patients, et puis on prend le temps de bien faire les choses. Vous pouvez éventuellement diffuser une musique douce, pourquoi pas, cela peut arriver. Quand je fais des gestes techniques, des biopsies, des infiltrations, que sais-je, je demande aux patients, et puis si ça leur fait plaisir, j'ai toujours Spotify à côté, et puis je peux leur mettre la musique qu'ils aiment. Et ça, je vous jure que c'est hyper puissant, parce que les gens sont hyper touchés de ça, ils sont dans un environnement déjà stressant, où... Vous leur proposez une musique qu'ils aiment bien, et puis ça détend l'atmosphère. L'autre jour, j'ai eu un patient pour faire une injection de PRP, je crois. Il m'a demandé de diffuser du ABBA. Je déteste ABBA. Je lui ai fait pour le faire plaisir, et c'était super cool. Ça l'a fait rire, il était beaucoup plus détente, on a rigolé, et le geste est super bien passé. Donc ça, ça coûte rien. Si vous avez une petite appli de streaming, ou même sur YouTube, c'est gratos. Et c'est hyper efficace. C'était la partie 1. S'organiser, je vous propose d'aborder la partie 2, ralentir et se recentrer. Alors là, on est dans le cœur de la slow medicine. La slow medicine, littéralement, c'est la médecine lente. C'est prendre le temps pour les patients. Et je le répète, on a l'impression que prendre le temps d'écoute et de l'examen, ça va nous faire perdre du temps, parce qu'on va passer trop de minutes avec ce patient et donc on va être en retard, etc. Mais croyez-moi, faites l'essai au moins occasionnellement. Prendre le temps d'un bon interrogatoire et d'un bon examen physique, c'est prendre le temps de mieux comprendre nos patients. Ils sont plus satisfaits, ils sont mieux soignés, on fait de meilleurs diagnostics parce qu'on ne bosse pas en toute vitesse, on prescrit moins, on prescrit mieux. Tout le monde est plus heureux, je vous le garantis. Donc déjà, travailler lentement, prendre conscience de son rythme, moins de précipitations, plus de qualité. Il y a quelque chose que je fais. Quand je vois que je suis agité intérieurement, voire même physiquement, quand je vois que je suis pressé, que je suis anxieux par l'horloge qui tourne et les patients qui attendent, un truc qui marche bien chez moi, c'est que je m'efforce d'imprégner dans mon corps et dans ma voix une certaine lenteur. Volontairement, je vais ralentir le son de ma voix. Je vais essayer de ralentir mes gestes. On remarque que la pensée se calme. On se focalise sur une seule chose à la fois. Et en fait, en cultivant cette lenteur, on bosse beaucoup mieux. Et je vous assure qu'on fait du bien meilleur travail. Donc pour ça, il faut être quand même assez vigilant sur sa conscience, être en pleine conscience. Il faut savoir se connaître, reconnaître ses états émotionnels. On a le droit d'être en colère, on a le droit d'être anxieux, on a le droit d'être stressé. C'est simplement le reconnaître. l'accepter, et puis on va essayer simplement un petit axe et on va volontairement ralentir un petit peu son métabolisme. Alors évidemment, je ne vous dis pas qu'il faut être complètement stone, mais c'est jouer sur le rythme. Adopter un rythme un tout petit peu plus lent. Ça permet aussi de ne faire qu'une seule chose à la fois. Ce qui pourrit la vie de bon nombre d'entre nous, c'est le multitasking, d'essayer de faire 30 choses en même temps, d'écouter un patient. en consultant l'ordinateur, en regardant sa biologie, en anticipant le reste. Ça, c'est le meilleur moyen de se mélanger les pinceaux et de faire un travail de sagua. Donc, par pitié, une seule chose à la fois. Quand on interroge, on interroge. Quand on écoute, on écoute. Ensuite, on passe à l'examen, on examine. Ensuite, on prescrit, et là, on demande le silence. Ensuite, on demande s'il n'y a pas d'autres questions, et puis après, on peut clore la consultation. Respirer et méditer, évidemment. Tous les matins... Moi, je vous le conseille vivement. Si vous ne savez pas méditer, vous avez des méthodes hyper simples. Vous avez plein de bouquins, notamment ceux de Christophe André, qui sont de très bonne qualité, John Kabat-Zinn. Je vous recommande aussi celui de Swazik Michlo. Je vais vous le mettre dans les notes de l'épisode. Et donc, tous les matins, comme ça, vous préparez la journée. Et entre les patients, et même pendant l'écoute d'un patient, vous pouvez respirer, prendre conscience de votre souffle et se recentrer. C'est extrêmement puissant dès que vous vous dispersez un petit peu. Vous pouvez pratiquer quelques respirations profondes. Entre deux patients, vous pouvez méditer le matin pour commencer la journée plus sereinement. Voilà, j'espère que cette première partie vous a plu. Je vais aborder la suite de ce podcast dans un autre épisode. Donc je vous recommande de vous abonner à ce podcast pour ne rater aucun épisode. L'autre, la suite de cet épisode va suivre immédiatement. N'hésitez pas à me mettre une belle note de 5 étoiles sur vos applis. Je vous jure que ça m'aide énormément, ça ne vous coûte rien. Et en fait, ça référence le podcast. Et ça permet... Plus de monde écoute ce podcast, qu'on puisse partager plein de pratiques intéressantes, notamment sur la médecine intégrative, les INM que j'affectionne particulièrement. Et donc je vous dis à très vite pour le deuxième épisode.