- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur, cette semaine consacrée à la santé des soignants. Dans le premier épisode, vous avez pu découvrir mon invité, Maxime Ausha, médecin rééducateur et spécialiste de la santé des soignants, qui nous a abordé les chiffres assez catastrophiques, il faut bien le dire, de la santé de nos consoeurs et nos confrères. Dans ce deuxième épisode, je vous propose d'aborder avec lui de la prévention, et surtout, on va voir vers qui se tourner et quoi faire en pratique quand on est soignant, anxieux, déprimé, en burn-out. Maxime va nous montrer des stratégies très efficaces pour faire baisser le stress de façon... extrêmement rapides entre deux patients par exemple. Je vous recommande, mes chers auditeurs et auditrices, de vous abonner à la newsletter de ce podcast, le lien est en première ligne dans les notes de cet épisode, pour recevoir le super récap, c'est une fiche récapitulative envoyée par mail, vous pouvez vous inscrire gratuitement, qui récapitule les grands points des épisodes de la semaine. Je vous souhaite une excellente écoute. Est-ce qu'il y a des stratégies préventives que les soignants, que nos consoeurs, que nos confrères peuvent adopter pour préserver cette santé mentale ? Donc on comprend bien Et puis, ça varie selon l'année, selon l'individu, etc. Dans un même soignant, on peut avoir des périodes plus stressantes que d'autres, etc. Ça, j'entends bien. Ce n'est pas gravé dans le marbre. Mais avant vraiment d'être malade, de tomber malade, c'est quoi les stratégies préventives pour éviter ça ? Donc, on a compris les signes d'alerte, les drapeaux oranges, on va dire.
- Speaker #1
Pour la douleur.
- Speaker #0
OK. Et donc, quand on est en drapeau vert et drapeau orange, c'est quoi les stratégies pour... faire marche arrière et se dire, il faut que je fasse des choses, tu vas nous dire quoi, pour éviter de tomber malade ?
- Speaker #1
Déjà, je pense qu'il faut s'évaluer. Le plus simple, il y a l'échelle HAD, franchement ça ne coûte rien, ça prend 5 minutes, vous la connaissez tous, on l'utilise pour les patients, pourquoi pas se la piquer à soi-même ?
- Speaker #0
Rappelle-nous, c'est quoi l'échelle HAD ?
- Speaker #1
C'est une question qui... Donc, ça donne notre niveau d'anxiété et de dépression. Et pour être encore plus précis, il y a le test de propagation du site Souffrance et Travail. Et ce test, il est beaucoup plus précis sur est-ce que je suis en surchauffe ? Est-ce que je suis en début d'épuisement professionnel ?
- Speaker #0
Je vais mettre ça dans les notes de l'épisode.
- Speaker #1
Oui, très important. N'hésitez pas à faire le test. Avant, est-ce que je suis drapeau orange ? En fait, allez, je m'évalue. Et je m'évalue régulièrement. Ce n'est pas parce qu'au début de l'hiver, ça va, je suis plutôt à un niveau normal, que deux mois après, après une grippe, après un événement difficile. Donc, ne pas hésiter à même limite tenir un journal, un journal de notre humeur, un journal même d'un autre côté, des côtés positifs, des anecdotes de patients, de gratitude. Tenir, voilà. un journal et s'évaluer régulièrement avec des tests fiables, comme l'HAD ou le test de propagation de souffrance et travail. Ça, c'est le premier point, évaluation. Et le deuxième point, c'est comme je le disais tout à l'heure, le stress, quand il devient chronique, le stress devient problématique quand il ne redescend pas, il ne retombe pas. Et donc, les outils, en tout cas à mes yeux, qui sont les plus importants, c'est tout ce qui va permettre de faire une soupape, de faire un sas de décompression. Donc, ça dépend des gens. Personnellement, moi, j'utilise la cohérence cardiaque ou l'auto-hypnose. Mais des personnes, ça va être le cardio-boxing, le sport, le chant, le karaoké. En tout cas, il faut ritualiser. des moments de pause. Et clairement, le midi, c'est fait pour prendre une vraie pause déjeuner. Entre deux patients, même si c'est pratique de les enchaîner, parfois, 3-4 respirations, surtout si la consulte a été dense, chargée émotionnellement, ça ne mange pas de pain. C'est des petits outils qui font passer le stress qui est par exemple à 8 sur 10, à 4 sur 10. Clairement... votre corps et je vous remercie.
- Speaker #0
Magnifique, et tu as tout à fait raison de préciser qu'en fait, il n'y a pas de méthode universelle. Là, je crois que tu vas nous partager une méthode en cas vraiment de stress aigu, puis je vais en partager une aussi que j'applique moi-même, par exemple entre deux patients où vraiment on sent que ça bat très fort et qu'il faut que ça redescende pour canaliser un peu cette énergie. Mais tu as raison de préciser qu'il n'y a pas de méthode universelle. Par exemple, la cohérence cardiaque, c'est très bien, mais il y a des gens qui n'aiment pas ça, qui savent stress. Donc en fait, il faut se tester Il faut tester différentes choses, prendre ce qui fait du bien, mais il n'y a pas de méthode universelle. Néanmoins, cet épisode, il se veut quand même pratique, comme ce que je fais habituellement sur ce podcast. Est-ce que tu peux me partager une méthode à employer quand vraiment ça chauffe, quand vraiment le stress, il y a les surrénales qui se compriment comme des éponges, il y a le cortisol au plafond, on est dans un état second, on est comme un lion en cage. Est-ce que tu aurais une méthode ? assez fiable qui peut marcher sur un grand nombre de nos consoeurs et de nos confrères pour faire redescendre la tension et comment tu fais toi ?
- Speaker #1
Ma méthode elle est simple, c'est 4 respirations pendant, et chaque respiration, l'inspiration dure 4 secondes et l'expiration 4 secondes. Et si tu veux on peut le faire là.
- Speaker #0
Avec grand plaisir. Tu m'expliques, là je suis ton patient et tu m'expliques comment on fait.
- Speaker #1
Voilà, tu es entre deux consultations, ça a été compliqué, tu as 20 minutes de retard, les patients râlent dans la salle d'attente. Mais là, tu fermes la porte, tu fermes les yeux, tu t'installes et tu commences. Alors, inspiration, expiration.
- Speaker #0
Par la bouche ou par le nez ?
- Speaker #1
Par la bouche. Ok. Inspiration. Expiration, inspiration, expiration, inspiration, expiration, inspiration, expiration. Voilà.
- Speaker #0
Excellent. Et là, les patients, du coup, ils crient plus en salle d'attente ?
- Speaker #1
Si, si, ils crient plus. Mais on te passe au-dessus un peu plus.
- Speaker #0
Moi, je vais t'en partager une. C'est Andrew Uberman qui l'a décrit. Tu sais, c'est un des plus gros podcasts du monde. C'est un chercheur de Stanford qui fait un podcast qui est en anglais long, qui est ultra documenté. Et en fait, c'est son équipe qui a... popularisé, il appelle ça le soupir physiologique. Et c'est selon lui, donc c'est vraiment un mec sérieux, la méthode la plus rapide pour faire baisser les pulsations cardiaques en quelques secondes. Et j'avoue que c'est quand même pas mal. Je vais faire l'exercice avec toi si tu veux bien. Avec plaisir. C'est très simple, on va en faire deux cycles. Tu prends une grande inspiration maximale par le nez, et quand t'arrives au maximum, tu fais une mini-pose et tu refais une mini-inspiration par-dessus. par le nez une deuxième fois, avant de dé-expirer longuement vers la bouche.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Alors regarde, on fait ça tous les deux si tu veux. Inspire, tu bloques, t'inspires encore, et tu souffles par la bouche le plus longtemps possible. Alors, t'agites pas trop, je vois que ton corps se mobilise beaucoup. Fais ça immobile, simplement en essayant du maximum possible, mais sans essayer de tirer non plus ta paroi. On refait, t'inspires à fond par le nez, ça bloque, à fond encore par le nez une deuxième fois, et tu souffles à fond par la bouche, lentement. Voilà, ça, c'était le soupir physiologique. Et moi, personnellement, ça marche pas mal. Maxime, est-ce que tu peux me parler des bienfaits de se rapprocher d'aide, de communauté dans ce cas ? Tu m'as déjà abordé ta superbe association SPS. Rappelle-moi ce que ça veut dire, SPS ?
- Speaker #1
Soins aux professionnels de la santé. OK.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a d'autres choses, d'autres groupes, d'autres intervenants ? auprès desquelles on peut se rapprocher quand on est en souffrance et qu'on a besoin d'aide ?
- Speaker #1
Alors oui, déjà, pour parler des bienfaits, en fait, les médecins, on est une population qui est terriblement seule. En fait, même si on travaille en équipe, au cabinet ou même à l'hôpital, quand on fait une erreur... quand il y a des soucis. En fait, on est tout seul avec notre merde, enfin, nos problèmes. Et rejoindre une communauté, je pense que ça permet de briser cet isolement, de pouvoir juste parler de ses émotions. Il y a une époque, il y avait des... On appelait ça des groupes... Il y avait des groupes ballint. En fait, des groupes d'entraide entre pairs, avec un tiers, qui permettait de voir quels enjeux émotionnels pouvaient se jouer. dans une relation conflictuelle avec un patient, dans une difficulté tierce. Et ces groupes ont été petit à petit abandonnés, probablement parce que la culture médicale sacrificielle et l'évolution qui fait que les médecins n'ont plus du tout le temps, même plus une seconde pour prendre soin d'eux, fait que ça s'est passé à la poubelle, alors que pour moi, c'est essentiel. Les psychologues, ils ont obligation. d'être supervisés. Nous, je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas obligation presque d'avoir un tiers à qui confier nos difficultés, notre santé physique, mais aussi émotionnelle. C'est clair. Donc, je pense que rejoindre, en tout cas, rejoindre une association, voire même rejoindre un groupe d'entraide. Donc, il y a d'autres associations. Il y a Mo, M-O-T-S. qui s'occupe des soignants. Il y a Guérir en mer qui est à Marseille.
- Speaker #0
Guérir en mer.
- Speaker #1
Je fais un petit peu la liste. Ouais. Guérir en mer, c'est fait par Marine Crest, qui est médecin généraliste, qui est une association d'entraide pour les soignants qui leur permet d'aller décompresser en mer. C'est génial. Il y a MedEd. Donc ça, c'est l'URPS des médecins libéraux. Ouais. qui a mis en place des guetteurs-veilleurs, donc des médecins, des pères, qui sont vigilants à la santé de leurs confrères et qui s'occupent vraiment de façon large. Ça va être jusqu'aux problèmes financiers, voire même divorce personnel. En tout cas, c'est un gros accompagnement.
- Speaker #0
Une entraide.
- Speaker #1
Il y a plein de choses. Et moi, personnellement, j'aimerais créer un groupe d'entraide entre médecins. sur Facebook ou sur LinkedIn. En fait, je me suis aperçu lors de la thèse sur la qualité de vie des médecins qu'il y avait beaucoup de médecins qui n'avaient pas de médecin ou qui allaient voir le médecin en allant voir un pote, un ami, etc. Et en essayant de comprendre pourquoi, en fait, c'est souvent, on met notre santé vraiment en dernier, c'est un peu tabou, etc. Et je me dis, c'est dommage, on a les ressources collectivement pour prendre soin. d'un autre médecin ou de prendre soin de nous collectivement. C'est dommage de ne pas le faire, de chacun se sentir seul. Si des personnes sont intéressées pour s'engager avec moi ou me rejoindre, vous pouvez me contacter sur LinkedIn Maxime Ausha ou sur Facebook. Mon nom, c'est Maxime Go. J'ai changé mon nom parce que je ne voulais pas que mes patients me contactent. Mais c'est trop tard maintenant. plaisante. Et en fait, moi, ce que je me suis aperçu en m'engageant également, c'est un bénéfice secondaire. Ça me permet de... Vraiment, c'est hyper important, c'est que ça transforme cette énergie négative en espoir et en... Vraiment, plus je m'engage pour les soignants, plus je vois de l'espoir, plus je vois des modifications, des prises de conscience dans cette... culture médicale sacrificielle, je vois qu'il y a de plus en plus de médecins qui disent non, plus en plus de médecins qui osent dire stop à se sortir de ce cercle vicieux. Et donc ça me donne beaucoup d'espoir.
- Speaker #0
En tout cas, un grand bravo. J'adore ton travail, j'adore ton état d'esprit. C'est ultra utile. Je vais essayer de diffuser cet épisode parce qu'on va avoir des ressources incroyables. pour nos confrères ou nos consœurs donc je vous recommande vraiment d'aller suivre Maxime sur LinkedIn je vais mettre toutes les notes dans l'épisode merci infiniment ça valait la peine d'attendre plusieurs mois avant de faire cet épisode ensemble Maxime je te dis à très bientôt je te laisse si tu le souhaites un dernier mot de la fin tu n'es pas obligé si tu souhaites rajouter quelque chose dont tu aimerais préciser l'état avant qu'on se quitte et je te remercie
- Speaker #1
Juste de dire que la santé des médecins, la santé des soignants, ce n'est pas un luxe. C'est vraiment la pierre angulaire de notre système. Pour un système de qualité, pour bien prendre soin de nos patients, il faut prendre soin de nous. Voilà, merci.
- Speaker #0
À bientôt, Réphime.
- Speaker #1
À bientôt, bye bye.
- Speaker #0
Félicitations, vous êtes bien arrivés à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à... haute valeur ajoutée pour la médecine générale, vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !