- Speaker #0
Superdocteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Superdocteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur. Dans le premier épisode de cette série consacrée à l'approche fonctionnelle en médecine, vous avez pu découvrir mon invité, notre confrère, le docteur Zina Gombert, qui nous a défini ce qu'était l'approche fonctionnelle en médecine et nous a parlé des outils de cette discipline. Je vous propose dans ce deuxième épisode de voir avec elle quels sont les domaines d'action de la médecine et de l'approche fonctionnelle, et surtout de voir avec elle comment se déroule une de ces consultations en pratique. Je vous souhaite une excellente écoute. Comme toujours, si vous voulez m'aider, abonnez-vous à ce podcast et laissez-moi une note de 5 étoiles, ce qui m'aide énormément pour référencer mon travail. Bonne écoute ! Est-ce qu'il y a des pathologies spécifiques que la médecine fonctionnelle prend en charge ?
- Speaker #1
Oui, toutes les pathologies chroniques. On ne va pas avoir une approche fonctionnelle pour un problème aigu. Ça n'a pas de sens et ça pourrait même être déraisonnable. Je veux dire, si quelqu'un fait un infarctus, ce n'est pas le moment de lui demander quelles sont ses habitudes du sommeil. Donc, j'exagère peut-être un petit peu, mais tout ce qui est aigu... ce n'est pas le domaine de l'approche fonctionnelle. Tout ce qui est aigu, c'est là pour moi aussi où la médecine conventionnelle brille. La médecine occidentale et moderne, elle brille dans tout ce qui est aigu et grave. Et à mon avis, il n'y a rien qui peut lui concurrencer à ce niveau-là. Donc, typiquement, le patient qui va chercher une approche fonctionnelle, C'est un patient avec une pathologie chronique ou avec des symptômes chroniques qui n'ont pas pu être diagnostiqués, c'est-à-dire qu'on a un éventail des plaintes mais qui n'entrent pas dans une symbiologie particulière, qui a déjà fait un bilan conventionnel et ce bilan a abouti à une prise en charge mais qui n'était soit... pas suffisantes pour le patient, pour apaiser ses plantes. Soit elles ne lui convenaient pas parce qu'il y avait des soucis de tolérance de la prise en charge, des soucis peut-être des effets secondaires ou quoi que ce soit. Donc, typiquement, c'est vraiment en deuxième lieu que l'approche fonctionnelle va avoir sa brillance à elle et c'est uniquement pour ce qui est chronique et aussi en prévention. Comme en approche fonctionnelle, on travaille sur l'optimisation des processus naturels, en partant de cette idée qu'un processus naturel et physiologique va bien. eh bien, l'organe ou le système biologique va aller bien. Et à ce moment-là, il y a tout simplement les symptômes qui vont diminuer, voire disparaître. Donc, à ce moment-là, dans la prévention, dans l'optimisation de santé, on a aussi une belle place qui est, à mon avis, aussi assez brillante. Et d'ailleurs, les choses qu'on va proposer dans leur fond vont être assez similaires que ce qu'on va proposer à une personne avec beaucoup de plaintes chroniques.
- Speaker #0
Très bien. Donc, les maladies chroniques et la prévention. C'est un peu le but et l'objectif de la médecine fonctionnelle. Tu vas me dire si je me trompe, j'ai l'impression que dans la médecine classique, on raisonne par sites anatomiques, par organes et par mécanismes d'action infectieux, traumatiques, toxiques, etc. Et en fait, la médecine fonctionnelle, tu vas me dire si j'ai bien compris, c'est une gymnastique de l'esprit où on ne va pas réfléchir par des sites d'organes particuliers, mais on va réfléchir par des modes d'action particuliers comme des grandes fonctions physiologiques comme la production d'énergie, le transport d'énergie, la clairance des toxiques. Est-ce que c'est ça ? Est-ce que c'est en fait une autre façon de penser, la même chose, mais avec des outils et une réflexion différente ?
- Speaker #1
Tu as 100% raison et d'ailleurs j'ai oublié de le préciser dans la définition de la fonction de médecine au début, dans leur petite charte de définition, ils avaient effectivement cette idée de ne pas voir la santé ou le corps par organe mais par système biologique. qui sont entreconnectés. C'est-à-dire qu'on a parlé de la thyroïde, donc plutôt qu'on approche fonctionnel, on ne va pas prendre en charge la thyroïde, on va prendre en charge le système endocrinien, le système hormonal. Si on a une maladie auto-immune, on ne va pas prendre en charge l'endroit où cette maladie auto-immune se montre, mais le système immunitaire. Alors, encore une fois, c'est en plus de la prise en charge conventionnelle, donc ce n'est pas à la place. OK. Et effectivement, on a ce côté du système biologique qui va inclure typiquement plusieurs organes. Et chaque système biologique est influencé par les autres et chaque système biologique influence les autres. C'est-à-dire que quelqu'un qui, par exemple, a le diagnostic d'une dépression, on ne va pas s'occuper uniquement du cerveau, mais on va s'occuper de tout le système nerveux, de tous les neurotransmetteurs et de tous les organes qui influencent le cerveau, par exemple, notamment l'intestin, mais aussi le cœur et la lymphe, parce que c'est la lymphe qui va nettoyer le cerveau, et le système vasculaire, parce que c'est le système vasculaire qui va l'irriguer. Donc, on a effectivement cette idée d'inclure l'organe problématique ou l'organe qui pose la plainte ou la maladie, de l'inclure dans son système de fonctionnement et d'inclure ce système avec les autres systèmes qui s'auto-influencent.
- Speaker #0
Très bien. Est-ce que tu peux du coup m'expliquer comment se déroule une de tes consultations et notamment ce que tu transmets aux patients avant de venir te voir ? Donc tu parlais de ton guide en début de consultation, je dis que tes patients doivent remplir tout un tas d'informations avant de venir te voir. Est-ce que tu peux me détailler ce qu'il faut ?
- Speaker #1
Justement, c'est aussi personnel comme je fais. Il y a d'autres médecins, notamment aux Etats-Unis, qui ne travaillent pas comme ça. et il y a aussi des médecins en France qui travaillent différemment. Donc la façon de laquelle moi je propose ça, c'est que le patient il reçoit effectivement, il reçoit tout un tas de questionnaires, il reçoit un guide de préparation et typiquement on va lui proposer de se prendre facilement plusieurs semaines pour préparer le rendez-vous. tout simplement parce que c'est rare que quelqu'un puisse se poser pendant 2-3 heures et tout remplir en mode robot il y a certains patients qui le font notamment quand on n'a pas le temps de le faire avant mais ça nécessite en tout cas plusieurs heures de préparation alors qu'est-ce qu'ils remplissent ? Alors, ils remplissent tout d'abord plusieurs questionnaires dont je me suis inspirée par les outils qui sont fournis par l'IFM. Ce sont des questionnaires qui font un état des lieux de différents symptômes. Déjà dans le but de… parce que typiquement le patient va venir avec une grosse plainte et plein plein plein d'autres petites plaintes vont être un peu oubliées parce que c'est un peu devenu la normalité. alors que si on sait qu'il y a peut-être un symptôme supplémentaire, ça peut aussi nous guider à réfléchir sur un facteur supplémentaire, c'est-à-dire... un exemple peut-être tout bête, mais la personne qui s'est tellement habituée de se lever plusieurs fois la nuit, elle ne va pas forcément le mentionner si on ne la demande pas précisément. Et par la suite, sa fatigue chronique, qui se présente avec un syndrome d'apnée de sommeil qui n'est pas forcément très typique, avec ce côté de micro-sieste dans la journée, la prise du poids et l'hypertension, on peut passer à côté. Donc l'idée, c'est de regrouper le maximum de symptômes ou de diagnostics qui sont parfois des symptômes. Par exemple, migraine, c'est un diagnostic, mais c'est aussi un symptôme. Ils ont des questionnaires là-dessus. Ils ont des questionnaires qui visent surtout d'étudier un petit peu l'état de la flore intestinale, qui demandent notamment sur certains antécédents qui ont été démontrés d'impacter la flore intestinale ou d'augmenter le risque de... certains déséquilibres, donc prise de certains médicaments, le nombre de grossesses, la prise de pilules, et ensuite les symptômes qui sont un peu plus flous, mais une fois regroupés, ça peut nous guider un peu mieux sur la compréhension de leur flore intestinale, parce que pour certains patients, on peut avoir des déséquilibres de la flore sans forcément de troubles digestifs. donc ils ont des différents questionnaires je sais plus combien ils ont, ils ont un questionnaire qui regroupe un peu leur exposition toxique le microbiote. Ils ont un questionnaire autour de l'hygiène de vie. Donc, je les demande de me dire un petit peu ce qu'ils mangent sur une journée type, comment, quand, et puis les autres aspects de l'hygiène de vie. Est-ce que j'oublie quelque chose ? Donc, ils ont un guide de préparation. Moi, alors ça, c'est mon côté hypnothérapeute. J'aime bien fixer des objectifs. claires et nettes et qui sont donc objectifs. C'est-à-dire que quelqu'un vient me voir en disant j'ai tel et tel problème de santé, je vais me sentir mieux, ça ne va pas me suffire parce que c'est trop vague et mentalement la personne, elle est perdue, elle ne sait pas où elle va. Moi, ce que je les guide à faire, c'est qu'ils ont un objectif qui est vraiment visualisable. Là, on est dans le côté, on va dire, un peu plus lien mental avec lien corporel. Donc, je veux un objectif qui sera visualisable, qu'ils peuvent me le décrire en forme de photo ou de vidéo. comment leur état de santé va être influencé une fois qu'ils vont bien. Donc, on va éviter tout ce qui est négatif. Je ne veux plus avoir mal ou je ne veux pas avoir des douleurs de règles ou je ne veux pas être en surpoids. Ça, ce n'est pas possible parce que c'est l'effet nocebo garanti tout de suite. Donc, je leur explique bien. C'est comme si je leur dis, moi, là, tout de suite, je ne veux pas penser à un petit chiot. À votre avis, à quoi je pense ? Donc, on va préciser un objectif qui va être, donc, objectif que quelqu'un qui n'est pas la personne va pouvoir confirmer et qui va représenter le fait qu'ils vont mieux. Donc, ils ont un, deux, parfois trois objectifs comme ça à préparer. Et puis, leur parcours avec plein, plein, plein de choses que je note à ne pas oublier, à intégrer dedans. Et le parcours commence par... avant la conception. Ça aussi, ça m'a beaucoup plu parce que j'étais déjà hypnothérapeute quand je me suis formée à l'IFM. Ça m'a énormément plu dans l'approche de l'IFM. Ils considèrent les expositions et le vécu des parents. S'il y a eu une fausse couche juste avant... que notre mère soit enceinte de nous, eh bien, c'est à considérer comme un facteur qui peut nous impacter. Et effectivement, ça a été montré que oui, le traumatisme des parents et notamment de la mère peut impacter certaines pathologies chez l'enfant.
- Speaker #0
Très bien, c'est super intéressant Du coup Zina, comment ça se passe en France ? Donc tu nous as dit qu'on ne pouvait pas s'installer comme médecin fonctionnel mais qu'on pouvait se définir comme ayant une approche fonctionnelle je crois, tu vas me dire ça Est-ce que tu peux nous dire comment toi tu es installée, sous quel statut et comment tu pratiques la médecine fonctionnelle quel temps tu prends, quel tarif tu appliques et qu'est-ce qui a marqué sur ta plaque et tes ordonnances par exemple ?
- Speaker #1
Alors, comme je suis installée en France, et d'ailleurs si j'étais installée ailleurs, ça serait la même spécialité. Ma spécialité, c'est médecin généraliste, et donc c'est ce qui est marqué sur ma plaque. Depuis janvier cette année, je suis déconventionnée, donc maintenant c'est marqué non-conventionnée. Et la façon de laquelle je pratique, c'est que j'aime bien aussi la médecine générale. même si aujourd'hui forcément mes consultations sont un petit peu infusées de mes connaissances de cette approche, mais typiquement j'ai une demi-journée où je vais avoir des rendez-vous de médecine générale. où ça peut être quelque chose de chronique, où on va forcément avoir ce côté fonctionnel qui va s'infuser, mais ça peut être aussi une pneumonie, notamment cet hiver, rien n'a eu. Ça peut être le suivi d'un bébé, ça peut être, bon, je crois que je dois avoir cinq patients qui viennent me voir uniquement pour le renouvellement de leur ordonnance.
- Speaker #0
Arsène Madrid.
- Speaker #1
Ah non, en tout.
- Speaker #0
Ah oui, d'accord.
- Speaker #1
Non, parce qu'effectivement, avec les autres, je pense qu'on se crée sa patientèle par rapport à notre pratique. Et comme moi, le côté renouvellement d'ordonnance, ça ne m'a jamais plu. parce que ça ne m'intéressait pas de m'arrêter juste là. Les personnes pour qui mon approche n'allait pas ou à qui ça ne parlait pas ou qui n'avaient pas forcément envie d'aller pour moi, ils se sont tranquillement dispersés, ils sont allés vers notre médecin. Donc, je crois que j'ai un couple âgé qui vient pour ce renouvellement et peut-être, je ne suis même pas sûre que j'ai cinq. Je pense qu'il me faut moins d'une main.
- Speaker #0
Et donc, tout le reste de tes patients, ce sont des patients qui viennent consulter pour de la médecine fonctionnelle ?
- Speaker #1
Voilà. Et ensuite, j'ai une demi-journée qui va être consacrée à l'approche fonctionnelle, où j'ai des patients de la France entière et parfois de l'étranger.
- Speaker #0
D'accord, pardon, une demi-journée pour ça ?
- Speaker #1
Oui, en fait, j'ai une demi-journée médecine générale, une demi-journée médecine fonctionnelle.
- Speaker #0
Par jour ?
- Speaker #1
Oui, par jour de travail, oui.
- Speaker #0
D'accord. Ah, d'accord. Donc, tu as vraiment divisé ton planning en deux.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Un côté 50% en médecine générale assez classique et de l'autre, c'est médecine fonctionnelle.
- Speaker #1
C'est ça. C'est-à-dire que j'ai des journées où le matin, je fais la médecine générale et l'après-midi, on a les ressources d'approche fonctionnelle et les journées où c'est l'inverse.
- Speaker #0
D'accord. Et les patients de médecine générale, tu les reçois combien de temps en rendez-vous ?
- Speaker #1
Alors, encore une fois, c'est personnel. Il n'y a pas de bons ou mauvais moyens de faire. Moi, j'ai toujours eu des soucis de faire des rendez-vous très courts. Je pense par rapport à ma façon d'organiser ou plutôt le manque peut-être d'organisation. Donc, le temps que je réserve pour une consultation de médecine générale, c'est 25 minutes. D'accord. Sachant que... j'ai toujours du retard. Ou très régulièrement, j'ai du retard. Donc parfois, ça peut être une demi-heure, 40 minutes.
- Speaker #0
Et pour la médecine fonctionnelle de l'après-midi, c'est combien de temps ?
- Speaker #1
Alors l'approche fonctionnelle, pour le premier rendez-vous, je réserve une heure avec le patient, sachant que par la suite, j'ai trois quarts d'heure pendant lesquelles je vais préparer son compte rendu et son protocole. Et avant le rendez-vous, j'ai un quart d'heure pour me préparer au rendez-vous. Et pour les suivis, c'est plus ou moins la même chose. J'ai le même trois quarts d'heure de temps post-rendez-vous où je vais préparer son compte rendu et un quart d'heure avant le rendez-vous de me remettre dans le dossier qui sont typiquement assez complexes. Et donc de me préparer un petit peu qu'est-ce qu'on a fait, qu'est-ce qu'on fait, quels seront les prochains pas. Bien sûr que pendant la consultation, ça peut changer parce que... je sais pas comment les choses ont évolué mais j'ai toujours ce quart d'heure de préparation et trois quarts d'heure après et le suivi c'est 45 minutes ok donc en fait pour préparer un premier rendez-vous il te faut deux heures de temps perso et tu reçois les gens physiquement une heure
- Speaker #0
Pour l'étudier, il te faut en gros une heure de préparation ?
- Speaker #1
Une heure et demie de temps et je reste à les gens 45 minutes.
- Speaker #0
De consultation. Est-ce que je peux te demander quel tarif tu appliques pour ça ?
- Speaker #1
Bien sûr, ce n'est pas un secret, c'est marqué sur Doctolib. Donc, pour la médecine générale, quand je me suis déconventionnée, j'ai 45 euros pour un rendez-vous avec un motif et 60 euros pour un rendez-vous pour deux motifs. je vais voir si financièrement je m'en sors parce que quand on est déconventionné c'est à voir à la fin de l'année en fait avec les charges qu'on aura même trois ans plus tard avec l'URSSAF tu sais qui va te rappeler exactement, je demandais d'augmenter un petit peu mon URSAF en prévision mais voilà ça c'est quelque chose qui est susceptible d'évoluer mais mon but c'était pas de m'enrichir, mon but c'était juste de pouvoir payer mes charges de cabinet parce que en ayant une demi-heure de consultation par patient, clairement, avec 26,50 euros, je ne m'en sortais pas.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Et pour l'approche fonctionnelle, alors actuellement, les tarifs sont de 325 euros pour le premier rendez-vous et 225 euros pour les suivis. Et ça aussi, c'est susceptible d'évoluer. Parce qu'encore une fois, moi, j'ai commencé largement en dessous. Quand j'ai commencé en 2019, c'était à 80 euros, la consultation. et tout simplement parce que ça devient toujours de plus en plus complet et ça me demande aussi du temps et ça me demande la continuité de formation, les tarifs évoluent. Donc c'est susceptible d'évoluer peut-être dans un an à voir.
- Speaker #0
J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets plein de contenus pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !