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Un café au comptoir - masterclass art, littérature et création

Dalya Daoud au Train bleu

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36min |21/08/2024
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Description

J'ai eu la chance d'interviewer la journaliste et écrivaine Dalya Daoud au Train Bleu à Paris dans la Gare de Lyon (12e)


Mon invitée du jour vient de Lyon. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris et… il y a ailleurs, le reste, la province. Si j’ai la chance de parvenir   à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast c’est parce que j’habite Paris. Si j’étais un vénissian de Venissieux, septième ville d'Auvergne-Rhône-Alpes par le nombre d'habitants- à ne pas confondre avec le  vénitien de Venise - si j’étais vénissian donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c’est fort injuste me direz-vous ! On n’est pas moins talentueux à Vénissieux que dans la capitale ! D’ailleurs j’en veux pour preuve mon  invitée , rhodanienne , dont  le travail d’écriture dit  comment origine  et territoire jouent un rôle dans  nos vies et nos destins.

 

Si je la reçois aujourd’hui pour la sortie de son premier roman, je n’oublie pas que c’est avant tout  une journaliste de terrain que j’ai en  face de moi. Ainsi en 2012, elle a co fondé le site d’information en ligne Rue 89 Lyon, né de la volonté de traiter l’actualité de la région lyonnaise à hauteur d’homme… ou de femme donc.. Elle y a occupé la  fonction de rédactrice en chef pendant plus de 10 ans, le temps  de voir grandir  ce média indépendant plutôt  engagé sur des questions de société. Son associé,  a  d’ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d’articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon.

 

Pour autant, cette autrice, bien que très à l’aise avec les sujets d’actualité, a choisi d’explorer , le souvenir et les racines, dans un premier roman intitulé  Challah la danse. Le lecteur y découvre qu’il ne faut pas juger un livre à sa première de couverture car point  question de danse ici, mais plutôt évocation de  vies passées , celles d'un passé encore assez proche : ce passé qui nous aide à comprendre aujourd’hui , le quotidien. Cette mémoration passe   par la langue dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parlé vivant de  personnages aux mots importés depuis  d’autres territoires  comme Hamdoulah, chaâba , yelli on y trouve même du javanais !

 

Et puis il y a cette histoire de France, celle qui ne se déroule pas à Paris, celle souvent montrée sous un jour misérabiliste, celle des populations immigrées d’afrique du nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans  ce livre, les quartiers sont débarrassés  de leurs représentations caricaturales habituelles, y est dépeint  un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie 

 

Et c’est pour discuter avec l’autrice de ce roman  évoquant tout   aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l’ai retrouvée Gare de Lyon, cela de s’invente pas, au train Bleu pour prendre avec elle Un café au comptoir


Découvrez Dalya Daoud !

Emission présentée par Alexis Himeros

https://www.instagram.com/alexishimeros


instagram Dalya Daoud :

https://www.instagram.com/dalya.daoud/


Son livre Challah la Danse ;

https://www.seuil.com/ouvrage/challah-la-danse-dalya-daoud/9782493213846



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans un café, tout le monde y passe et chacun s'y retrouve. Je suis Alexis Himéros et j'adore découvrir ces bars, ces cafés, où il fait bon prendre la boisson de son choix pour admirer le temps qui passe. J'ai demandé à des personnalités de m'inviter à partager leurs zincs préférés pour prendre avec elles un café au contour. Café au contour.

  • Speaker #1

    Un café au contour.

  • Speaker #0

    Mon invité du jour vient de Lyon. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris. Et il y a ailleurs. Le reste, la province. Si j'ai la chance de parvenir à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast, c'est parce que j'habite Paris. Si j'étais un Vénitien, un Vénitien de Vénitieux, 7ème ville d'Auvergne-Rhône-Alpes, par le nombre d'habitants, à ne pas confondre avec le Vénitien de Venise. Si j'étais Vénitien, donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c'est fort injuste, me diriez-vous. On n'est pas moins talentueux à Vénitieux que dans la capitale. D'ailleurs, j'en veux pour preuve mon invité Rodadienne, dont le travail d'écriture dit comment origines et territoires jouent un rôle dans nos vies et nos destins. Si je la reçois aujourd'hui pour la sortie de son premier roman, je n'oublie pas que c'est avant tout une journaliste de terrain que j'ai en face de moi. Ainsi, en 2012, elle a cofondé le site d'information en ligne Rue89 Lyon, né de la volonté de trait de l'actualité de la région lyonnaise à hauteur d'hommes, ou de femmes donc. Et elle y a occupé la fonction de rédactrice en chef pendant plus de dix ans, le temps de voir grandir ce média indépendant plutôt engagé sur les questions de société. Son associé a d'ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d'articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon. Pour autant, cette autrice, bien que très à l'aise avec les sujets d'actualité, a choisi d'explorer le souvenir et les racines dans un premier roman intitulé Tchala la danse Le lecteur y découvre qu'il ne faut pas juger un livre à sa première découverture, car point question de danse ici, mais plutôt évocation de vie passée, celle d'un passé encore assez proche, ce passé, qui nous aide à comprendre aujourd'hui le quotidien. Cette mémoration passe par la langue, dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parler vivant de personnages aux mots importés depuis d'autres territoires, comme Hamdoulah, Tchaaba, Yeli, et on y trouve même du javanais. Et puis, il y a cette histoire de France. Celles qui ne se déroulent pas à Paris, justement. Celles souvent montrées sous un jour misérabiliste, celles des populations immigrées d'Afrique du Nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans ce livre, les quartiers sont débarrassés de leur représentation caricaturelle habituelle. On y dépeint un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie. Alors c'est pour discuter avec l'autrice de ce roman, évoquant tout aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l'ai retrouvé, Garde-Lyon, Cela ne s'invente pas, au train bleu, pour prendre avec elle un café au comptoir. Bonjour Dalia Daoud.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, quelle merveilleuse présentation. Très riche avec...

  • Speaker #0

    J'espère que je ne me suis pas trompée.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Alors je ne suis pas vénitienne, ni vénitienne, mais j'ai des origines un peu plus plouc encore, qui sont celles des monts du Lyonnais, un tout petit village à côté de Lyon. Et moi-même, effectivement, je vis à Lyon.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça fait d'écrire quand on n'est pas à Paris ? Est-ce que c'est différent ? Est-ce qu'il y a un écrivain de Paris et un écrivain de la province ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est une vraie question de Parisien. Bien entendu qu'on peut écrire depuis là où on est, que ce soit un café à Paris, un appartement à Venise, pour reprendre la ville que tu citais. Et on n'a pas besoin d'être Parisien, bien heureusement, ni au Café de Flore pour écrire son premier roman, heureusement.

  • Speaker #0

    Souvent, on peut imaginer que finalement... tout le monde de l'édition est ici à Paris. Il y a des missions d'édition, j'en connais à côté de Nîmes, je pense au Diable Vauvert, j'en connais à Arles, j'en connais en Bretagne. Mais est-ce qu'il y a toujours cette petite présomption que finalement tout se passerait à Paris ? Et même pour des écrivains qui viendraient de Lyon, par exemple, eh bien, qu'à Lyon, c'est moins simple de faire vivre la culture.

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas une vue de l'esprit, effectivement, les choses se passent à Paris. concernant les maisons d'édition. Lyon n'est pas très loin, donc prendre le train pour rejoindre les éditeurs éventuellement intéressés par un texte, ça n'est pas très compliqué. Mais je suis quand même d'accord, c'est extrêmement parisiano-centré. C'est un univers qui relève du microcosme très clairement.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, vous avez signé à Paris ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. J'ai signé avec le nouvel Attila, qui est devenu une... une forme de collection des éditions du Seuil à Paris, avec Benoît Vierot, un éditeur tout à fait génial.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on écrit différemment quand... On a ce passé de journaliste au fond de soi. Est-ce qu'il va y avoir une écriture plus clinique, plus distanciée ? Comment ça se passe finalement ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai essayé de me débarrasser au maximum de mes habitudes journalistiques. Par exemple, pour la reconstitution d'une époque, parce qu'il s'agit d'une forme de fresque qui s'étend de la fin des années 60 à la fin des années 90. J'ai bien entendu besoin d'utiliser mes compétences journalistiques pour vérifier certaines choses. Pour autant, vraiment, j'ai essayé de me débarrasser de ces habitudes-là. Par exemple, j'ai commis une première erreur en commençant ce roman. J'ai essayé de rencontrer la secrétaire historique de l'usine de tissage dont je parle dans le roman. C'est une usine de tissage qui se monte dans le petit village dans les monts du Lyonnais. Et cette secrétaire habite toujours ce village, je la connais de loin en loin et j'ai voulu la rencontrer parce que je sais qu'elle regorge d'anecdotes, d'informations concernant l'usine. Et l'usine est un lieu important du roman. Il s'avère qu'on n'a pas réussi à se voir, pour plein de raisons. Au téléphone, elle me dit Écoute, j'ai été souvent sollicité pour parler de l'usine, j'ai toujours refusé, mais... Je vais le faire, je connais bien ton père, je vais le faire pour lui. Et il s'avère que nous n'arrivons pas à nous voir. Les rendez-vous sont repoussés pour plein de raisons personnelles et moi je commence l'écriture de ce roman. Simplement, elle m'a aussi dit au téléphone j'ai beaucoup de mal à parler de cette usine parce qu'on l'a abandonnée. C'est une histoire douloureuse pour moi. Voilà, donc ça va être difficile pour moi de te la livrer. Il ne m'a pas... Je n'ai pas eu besoin de plus que ça, en réalité. Je savais que j'avais là mon histoire, uniquement avec ce qu'elle exprimait de nostalgie et puis vraiment de douleur peut-être aussi par rapport à cette histoire industrielle qui s'effondrait dans ce village-là, mais bien entendu dans toute la région. Et dans toute la France, par ailleurs, on connaît un petit peu quand même l'histoire de l'industrie textile en France. Mais voilà, par exemple, ça, ça a été une des erreurs, entre guillemets, que j'ai commises au début du projet d'écriture. C'est de vouloir vraiment me nourrir d'interviews, peut-être même de personnalités réelles.

  • Speaker #0

    Vous étiez une journaliste engagée ?

  • Speaker #1

    Journaliste d'enquête, engagée. Peut-être, oui, d'une certaine manière. Beaucoup de sujets me tiennent à cœur. Pour autant, c'est vraiment la rigueur journalistique qui a conduit le choix de nos sujets, la façon dont on les menait, le rythme de publication. On a fait des choix qui n'étaient pas évidents. Rue 89 Lyon est un tout petit média qui continue d'exister sans moi, bien heureusement avec des super journalistes. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Un média indépendant, c'est... On le tient à bout de bras et on le fait effectivement par conviction plus que pour n'importe quoi d'autre.

  • Speaker #0

    Parce que là, vous êtes devenue une écrivaine engagée.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, je ne saurais pas encore me définir. Je pense qu'il faut que j'attende d'en écrire un deuxième pour me moto-baptiser écrivaine.

  • Speaker #0

    Dans ce cas-là, vous êtes une autrice qui a pris un engagement à travers ce livre. Je pense engagement parce que la prise de parole, elle n'est pas neutre. Elle défend la vision, comme je le disais dans le portrait, non misérabiliste d'un quartier. Et souvent, on va avoir plein de clichés sur les quartiers. Et même quand on veut mettre à l'honneur les quartiers, on va toujours mettre à peu près les mêmes images qu'on peut voir un peu partout. Alors, un peu de violence, un peu de fumette, du sport, ça va souvent être le basket, du rap et tout ça. Il y a un peu de ces éléments dans le livre, mais il n'y a pas que ça. C'est pour ça que je parle du côté engagé. Vous l'avez vécu comme cela ? Que ce soit de vouloir défendre quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors, toute prise de parole est politique, mais vraiment sincèrement, mon intention ne l'est pas, en réalité Moi, très honnêtement, mon ambition elle était très modeste au démarrage, c'était de presque simplement de raconter des histoires d'amitié adolescente des bromances qui se terminent mal, voilà et en réalité... À partir de ces adolescents, j'ai bossé par cercle concentrique. Il a fallu aussi parler de leurs parents. Il a fallu aussi parler du lieu dans lequel... tout ce petit monde-là vivait. Donc voilà, mon ambition, elle est très modeste. Ça n'est pas un bouquin sociologique, ça n'est pas un brûlot. Moi, je me contente d'essayer d'analyser au mieux les relations qui ont existé dans ce village, entre ce petit lotissement qui, effectivement, se trouve tout en bas, à côté d'une ferme dans laquelle on trouve aussi un lama, qui est un personnage aussi important du roman. Et ces paysans, agriculteurs, commerçants du haut du village qui sont, elles aussi, des personnalités, je crois, victimes d'une forme d'abandon des politiques publiques.

  • Speaker #0

    On y revient, à la politique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Non, c'est vrai, il faut quand même le dire. Ça vous tient à cœur ? Bien sûr, c'est ce qui sous-tend peut-être chacun de mes actes d'écriture. Mais j'avais envie que les choses soient subtiles et effectivement, comme vous le disiez au début de notre entretien, très écrites.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est possible qu'à une certaine époque de sa vie, où on a acquis un peu d'expérience, on a envie de revenir un peu sur ses origines ?

  • Speaker #1

    C'est une question à laquelle je ne sais pas répondre. J'avais une histoire en tête et je voulais lui donner la meilleure forme. J'avais une ambition d'écriture romanesque, mais je l'ai aussi vue, cette écriture romanesque, comme un moyen de raconter cette histoire. Je n'avais pas du tout envie que cette histoire parle de moi, qu'elle parte de moi, oui, mais je craignais énormément les aspects autobiographiques. du récit. J'adore ça, je lis beaucoup d'autofictions, etc. Je n'ai pas de problème avec ça, ça ne me répugne pas du tout. Mais moi, je ne me sentais pas du tout à l'aise avec ça. Alors, est-ce qu'il s'agit de mes origines à moi ? On ne va pas se le cacher, oui. Mais je ne l'ai pas ressenti comme un besoin. C'était une histoire parmi d'autres que j'ai également envie de raconter, sur lesquelles je travaille en ce moment. et qui sont peut-être aussi traversées par ma propre expérience, mais qui ne résument pas, je l'espère, ce que je suis, et qui ne s'attardent pas surtout sur ce que je suis, parce que ce n'est pas si intéressant que ça.

  • Speaker #0

    En même temps, ça met directement le spot sur une population immigrée, sous un jour presque pagnolesque, en tout cas favorable. On s'attache à ces personnages ?

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que cette communauté-là qui vit dans ce petit lotissement ouvrier n'est pas solidaire au prétexte qu'elle est composée d'Arabes. Voilà, tout comme les paysans du village ne font pas bloc face à ce lotissement. Il y a des haines ancestrales qui font l'objet de chapitres dans le roman. Dans le lotissement, il y a deux familles, cousines et voisines qui se disent. de manière tout à fait spectaculaire au milieu du lotissement. Alors oui, non, il n'y a pas de communauté qui serait victime d'une autre. Il y a du racisme, mais c'est par exemple, ça n'est qu'une composante en réalité des relations qui se nouent entre ces personnes et qui échouent, quoi qu'il en soit, je crois, à être absolument heureux.

  • Speaker #0

    Je vous disais tout à l'heure que... Moi, j'ai été, je vous l'ai dit avant qu'on enregistre ce podcast, j'ai été très touché par la langue. C'est une langue qui est très soutenue. On va utiliser le passé simple, on va donner un côté littéraire qui est assez poussé. On tue évidemment de petits mots, même d'interjections qui vont ramener, qui vont faire vivre ces personnages-là. Est-ce que ça aide également à créer une certaine distance ? J'ai l'impression que vous avez envie de créer une distance. Même avec vous-même, pour dire, j'y mets pas trop d'affect, mais enfin, quand même, il est là.

  • Speaker #1

    Alors, j'avais envie, ça c'était une véritable intention, de mettre beaucoup d'oralité dans des phrases qui, effectivement, sont parfois très longues, avec des mots qui me font plaisir à moi, des mots que j'aime, comme des doudous avec lesquels je peux m'endormir, auxquels je réfléchis. Je travaille beaucoup avec le dictionnaire. Oui, j'avais vraiment envie de me faire plaisir en écrivant. Mais oui, l'écriture romanesque pour moi est passée par là et a permis de me dissimuler davantage, de protéger peut-être aussi. des gens qui sont d'une certaine façon, même si ce ne sont pas eux entièrement, qui sont présents malgré tout dans le roman.

  • Speaker #0

    Alors je m'appelle Alexis Méros, mais en réalité ce n'est même pas mon vrai nom. Si je vous disais mon vrai nom, il est totalement imprononçable. Il vient de très loin en Pologne, personne ne peut le dire. Et en même temps, quand je vais écrire, je vais m'attarder vraiment à faire quelque chose sur la langue française en me disant, je vais un peu venger mes origines de terreux de très loin dans l'Est. Est-ce qu'il n'y a pas également un peu ça ?

  • Speaker #1

    Alors c'est Annie Ernaux qui dit J'écris pour venger ma race Je trouve cette phrase sublime, mais je ne pourrais pas me l'attribuer parce qu'on verrait une arabe avec un couteau entre les dents et je pense que ce serait extrêmement violent si je devais me l'approprier, quoique je peux aussi le faire. Je crois que je ne rends pas hommage... à des gens qui pourtant mériteraient qu'on leur rende hommage. Il y a beaucoup d'ironie vis-à-vis des personnages que j'ai créés. Et heureusement, il y a eu depuis quelques semaines les premières lectures de ce roman, dont la vôtre. Et on me parle beaucoup de tendresse et de joie. Et je suis rassurée par ce que j'entends, parce que je me suis trouvée extrêmement cruelle dans... dans la rédaction, pendant ce travail d'écriture. Je ne suis pas encore au clair avec ce que je siphonne des gens que je connais quand j'écris un roman. C'est quelque chose qui me préoccupe beaucoup, mais que bien entendu je mets de côté pour ne jamais me censurer et ne jamais censurer les idées qui viennent à moi et qui président. à toutes mes journées d'écriture. Le récit commande la plume. Je bosse beaucoup, c'est un travail artisanal monstrueux. Mais les personnages conduisent les choses. Moi, j'imaginais avant de... Pourtant, j'ai une pratique d'écriture longue, mais j'imaginais au début de l'écriture de ce roman qu'une super idée... effectivement présiderait à chaque chapitre. Là, je vais plutôt toucher à tel thème et puis là, à tel thème. Et ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé. J'avais une image qui m'obsédait depuis très longtemps, qui est celle d'une voiture qui se retrouve taguée au milieu du lotissement. Elle est recouverte d'injures racistes et de croix gammées, très mal faites puisqu'il y a des branches en trop. Et c'est totalement à la fois terrifiant et grotesque. Et cette image-là est importante pour moi, parce que c'est un délit qui est commis. Et il y a un auteur de ce forfait-là, qui est assez clair pour moi. Et d'ailleurs, j'ai vu autour de moi des gens qui ne savent pas de qui il s'agit, alors que pour moi, c'est très fléché. Comme quoi on... On lit bien ce qu'on veut croire. Et je partais de cette image-là, donc, pour revenir à une autre image qui est importante dans le roman, c'est celle de Lala, qui est une femme kabyle qu'on voit se marier aux alentours de ses 16 ans, jusqu'à ses 40-50 ans environ, et qui danse comme une furie dans son salon. Alors, je parle de ces deux images-là, je ne me souviens plus de la question de départ, mais je déroule le fil. Et Lala qui danse dans sa maison, c'est quelque chose de fabuleux pour ses enfants. À la fois, ils adorent quand ce moment arrive, parce que c'est un moment libérateur de joie dans une vie qui n'est pas toujours simple pour leur mère. Elle n'hésite pas à leur mettre des coups de tatane sur les fesses quand ils sont insupportables. Et à la fois, c'est vraiment la chose qu'ils détesteraient que le monde voit, parce que c'est un moment intime dont ils ont un peu honte aussi. Je parle de ça.

  • Speaker #0

    Dans ce chapitre, est-ce que, alors je ne veux pas du tout divulgacher la fin, mais c'est une fin qui m'a beaucoup marqué. Est-ce que finalement, elle ne veut pas dire que, hélas, on n'échappe jamais réellement à son milieu ?

  • Speaker #1

    Oui, être assigné à une identité, c'est quelque chose dont on s'extrait très difficilement. Moi, je ne peux pas tirer une morale de cette histoire. J'ai trouvé une fin à ce roman avec quelqu'un qui s'échappe. Je ne sais pas où est-ce qu'il va très précisément, mais en tout cas, il s'en va. Et c'est un adolescent qui est une sorte de double maléfique d'un autre adolescent. Tous les deux vivent dans le lotissement, Basse-Sous et Toufique. Et il n'échappe effectivement peut-être pas à un destin qui est écrit. Mais j'ai quand même de l'espoir pour eux, malgré tout. Le roman s'arrête à... avec une page qui se termine, qu'on ferme. Mais je ne sais pas, j'ai malgré tout bon espoir qu'ils prennent en main leur vie ou qu'il se passe des choses pour eux qu'on n'attend pas.

  • Speaker #0

    De façon plus générale, hors du roman, vous pensez qu'on peut échapper à son environnement ou est-ce qu'on est tous finalement conditionnés par ce qui nous entoure ? Socialement, j'entends.

  • Speaker #1

    C'est très difficile de sortir de la place qu'on nous a donnée. C'est extrêmement compliqué. On parle beaucoup de transfuge en ce moment. Peut-être que je suis un de ces cas qu'on étudie à la loupe. Et là aussi, c'est encore une identité à laquelle on est assigné. C'est très compliqué de sortir des... Des aléas de l'histoire et de ce qu'on nous impose.

  • Speaker #0

    Dalia Daoud, on va faire un petit vrai ou faux.

  • Speaker #1

    Un café ou consomme.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, en 2019, on a retrouvé dans le frigo de votre rédaction du houmous, avec une date limite de consommation de 2012.

  • Speaker #1

    C'est vrai et je ne suis pas responsable de cette abomination. Je ne donnerai pas les noms. Mais vraiment, moi, je suis une grande consommatrice de houmous et celui-là m'appartenait sans doute. Mais non, c'est pas moi. Je le promets, c'est pas moi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, pendant vos études, vous avez été ouvrière dans une usine de cataphores. J'ai dû faire des recherches pour savoir ce que c'était. Puis dans une autre de production de dialyseurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Alors, je ne veux pas usurper le nom d'ouvrière parce que je ne l'ai été que... que le temps de job étudiant. Mais oui, cataphores, donc projection de peinture poudre sur différents objets. Là, il y avait des carrosseries de voitures et des coques de téléphones portables. À l'époque, c'était des tout petits Nokia, les vieux Nokia. Et moi, j'étais contrôleuse qualité. Je regardais les façades du portable pour voir s'il n'y avait pas des petites tâches qui avaient... fait des petites boulettes de peinture.

  • Speaker #0

    On apprend des gens dans ça ?

  • Speaker #1

    Énormément, énormément. Alors, ça n'a pas duré très longtemps, mais j'ai noué à l'époque quelques amitiés avec deux femmes qui travaillaient dans cette usine de cataphores, qui sont des gens que j'aime beaucoup, qui étaient plus âgées que moi et qui m'ont appris beaucoup aussi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez quitté rue 89 Lyon pour faire de la politique ?

  • Speaker #1

    Faux ! C'est totalement faux je ne ferais alors je fais de la politique différemment c'est ce qu'on se disait tout à l'heure mais non non je ne m'engagerai jamais dans aucun parti pour les avoir beaucoup côtoyés pour avoir interviewé énormément d'élus ou de prétendants au mandat autant vous dire que je n'ai pas du tout envie de frayer avec les partis pas du tout ça a l'air compliqué de toute façon en ce moment

  • Speaker #0

    La clé du succès dans le journalisme C'est les séminaires piscine, vrai ou faux ?

  • Speaker #1

    C'est très très vrai. Chaque année, ceux terminaient à rue 89 Lyon par une journée dans une piscine municipale de Lyon ou de la banlieue lyonnaise où l'on pouvait un petit peu se détendre et puis débriefer les sujets qu'on avait traités et ceux qu'on avait envie de couvrir pour l'année à venir.

  • Speaker #0

    En faisant plouf quoi.

  • Speaker #1

    En faisant plouf. Donc il s'avère qu'il existe beaucoup plus de photos en maillot de bain de moi que de photos en train de travailler derrière un ordinateur concernant l'histoire de rue 89 Lyon. C'est un petit peu désespérant.

  • Speaker #0

    Parce que pour bien écrire, il faut savoir se mouiller.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Et vrai ou faux, vous aviez envie de faire rire avec ce roman ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était une obsession. C'était un bouchido. J'avais vraiment envie de joie et de provoquer parce que je trouve ça difficile. de provoquer le rire. Moi j'aime lire quelque chose qui va aller dans plein d'endroits chez moi. Et pendant ce temps d'écriture, quand une scène me faisait rire, je me disais Ah je crois que là c'est bon, je tiens quelque chose de valable.

  • Speaker #0

    Vous l'avez testé auprès de vos proches, ce livre ?

  • Speaker #1

    Il a été relu avant l'envoi à l'éditeur par trois personnes. La personne avec laquelle je vis, qui m'a beaucoup soutenue en réalité, parce qu'évidemment, vous le savez, on est traversé par des doutes immenses pendant l'écriture d'un texte. et notamment un premier texte dont on ne sait pas du tout comment il peut être reçu. Mais oui, il a été testé et ça m'a malgré tout aidé, mais c'est surtout les gens qui l'ont lu autour de moi m'ont surtout encouragé à poursuivre, aller au bout.

  • Speaker #0

    Peut-être que je n'étais pas allé tout au bout de ma question. En tout cas, dans ma tête, elle était un peu mieux formulée que ce que j'ai dit. C'est-à-dire, est-ce que ça a été lu par des personnes qui ont vécu ? à peu près la même chose que vous avez pu vivre.

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas eu de sensitivity reader. Je n'ai pas eu ça. Je n'en ai pas eu besoin. Je les fais lire à des lecteurs qui me semblent pouvoir être comparables à des lecteurs futurs. Mais pas de gens concernés éventuellement par l'histoire.

  • Speaker #0

    Il n'y aura pas de lecteurs dans le village ni donné à... à la secrétaire de l'usine ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que je lui offrirai un exemplaire. Alors, il y a une idée qui tourne dans ma tête, qui est peut-être de faire une lecture dans le cimetière des animaux de ce village, qui est aussi un lieu important du roman, parce que je connais une personne qui a publié une espèce de... Alors, ce n'est pas une thèse, mais c'est un travail universitaire sur le deuil que provoque la mort d'un animal. et qui connaît donc ce cimetière dans ce village. Et on a vachement rigolé et on s'est dit que ce serait intéressant d'y aller ensemble, d'y amener peut-être des lecteurs pour visiter les lieux.

  • Speaker #0

    Je précise qu'on parle de ce cimetière dans le livre.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un cimetière qui existe dans le livre, dans lequel un jeune garçon du lotissement va travailler un été.

  • Speaker #0

    Une fois qu'on a fini ce roman, qu'on a écrit fin, j'imagine qu'il y a toute une phase de relecture. Comment on se dit, ok, là, c'est vraiment terminé ? Est-ce qu'on le vit ou est-ce que vous êtes encore en train de le vivre, ce moment ? Ok, là, c'est terminé.

  • Speaker #1

    Alors là, j'entre dans la phase, me semble-t-il, dans laquelle on expérimente le fait que le livre ne nous appartient plus du tout. C'est-à-dire qu'on me parle de tel et tel personnage, on m'explique la voiture violentée, agressée. a été justement vandalisé par tel personnage alors que pour moi ça n'est pas du tout lui. Ce que je suis en train d'expérimenter là, c'est que ce texte ne m'appartient plus, qu'il vit ailleurs. Pour ma part, je n'ai pas eu de difficulté à lui mettre un point final, puisque j'avais dès le début de l'écriture la scène de fin et la scène de début. C'était vraiment ensuite... Ensuite, c'était vraiment un tissage. Je suis la tisseuse d'après l'usine de tissage, mais c'était une trame qui se faisait de manière très logique, très évidente entre ces deux points.

  • Speaker #0

    Donc, vous étiez déjà séparée finalement du récit. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    D'où le mode hétéro-digétique. Vous êtes narrateur, narratrice. D'ailleurs, on ne sait même pas quel est le genre de la personne qui raconte l'histoire. Vous ne dites pas je A aucun moment ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas la narratrice. Le texte est écrit à la troisième personne, au passé. Moi, je me mêle le moins possible de ce texte. Ce sont les personnages, en revanche, qui s'en mêlent. Il y a beaucoup de discours indirects libres. Ça aussi, c'est une vraie intention d'écriture. J'avais vraiment envie que... La façon de parler des personnages, leur manière de s'exprimer, tous ces petits mots issus de l'arabe ou de l'argot, Stéphano, Lyonnais, pénètrent comme ça les jolies phrases, pervertissent un petit peu les jolies phrases que moi, je pouvais mettre des heures et des heures à écrire. J'avais envie que ce soient eux les patrons, que ce soient les personnages les patrons de l'histoire. J'ai oublié la question au départ, c'était...

  • Speaker #0

    Je pense que le côté que la narration est très séparée finalement des faits, même si elle les raconte, mais c'est vous-même, c'est comme si vous aviez tenu à être séparé de l'histoire.

  • Speaker #1

    Oui, le plus possible. vraiment je veux pas m'en mêler de cette histoire, en plus de ça elle existe ce n'est pas moi c'est vrai qu'il y a un petit peu cette obsession c'est vrai qu'il y a cette obsession chez moi de dire ça n'est pas moi et en même temps c'est un petit peu moi et parce que je ne veux pas être malhonnête non plus et puis c'est assez évident quand j'en parle mais j'essaye de le tenir à distance le plus possible ce texte. Peut-être parce qu'il y a effectivement trop d'intime et que ce n'est pas évident d'aller là-dessus, de moi-même produire une forme d'exégèse de ce que j'ai pu écrire. Donc je le tiens à distance.

  • Speaker #0

    Je pense que ma psy aurait dit on va réfléchir là-dessus Mais moi je dirais... Et le prochain, est-ce que ce serait possible ? qu'un jour vous écriviez avec la première personne le jeu ?

  • Speaker #1

    Je ne me l'interdis pas du tout, mais alors je serais peut-être un mec, soit très jeune, soit beaucoup plus âgé, qui a une autre vie que la mienne. Voilà, un jeu qui concerne... Ma propre personne avec mon prénom et mon nom ou approchant, je ne crois pas. Je ne crois pas que j'irai là-dessus.

  • Speaker #0

    On va faire un peu de fiction, on va imaginer que vous ayez un tout autre travail, une toute autre occupation que celle que vous aviez eue, celle que vous avez actuellement. Non, pas journaliste, non, pas autrice. Alors ce serait quoi, Dalia Daoud, si vous aviez dû avoir une autre vie ? Quel métier ?

  • Speaker #1

    La vérité, c'est que... J'écrivais quand les instituteurs me demandaient, demandaient aux élèves qu'est-ce que vous espérez faire quand vous serez plus grand. J'écrivais romancier ou écrivain. J'ai eu 44 ans là cet été et je crois que je commence un tout petit peu à toucher du doigt quelque chose que j'avais en moi, enfoui, que je ne m'autorisais pas du tout. c'est-à-dire l'écriture romanesque et l'écriture de fiction. Et je suis exactement à la place que j'ai envie d'avoir.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je vais vous poser, étant donné qu'on est dans ce merveilleux cadre du train bleu, au-dessus de la gare de Lyon, je vais vous poser trois questions sur l'univers du café, l'univers de la boisson. C'est pour ça que ce podcast s'appelle Un Café au Comptoir. Quel est le plus vieux café de Lyon ?

  • Speaker #1

    Quel col ! Je pense... Je pense à la brasserie George qui date quand même de... Je ne sais pas. C'est une brasserie qui date du 19e peut-être. Mais faux ? Vrai ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'est le vieux Chenavar, également connu sous le nom de Café Belcourt.

  • Speaker #1

    Mais oui, que je connais.

  • Speaker #0

    C'est un café Belcourt fondé en 1861.

  • Speaker #1

    Merci pour l'info.

  • Speaker #0

    C'est un rude travail de chat de GPT. Qu'est-ce que la bière noire de Lyon ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis à l'origine d'un festival qui s'appelle le Lyon Bière Festival, que j'ai monté avec des partenaires qui sont Vierroterie et Le Petit Bulletin, et qu'eux continuent à organiser chaque année. Et je suis incapable de répondre à cette question. Honte sur moi.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra la goûter. C'est une bière plus riche en malte, en houblon, et dont l'utilisation de levure était plus importante pendant la fermentation. Elle a été gardée en tonneau pendant 4 à 5 mois. Je pense que ça doit ressembler un peu à la Guinness, un truc dans le genre.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    d'accord. Avec la Première Guerre mondiale, ça s'est bien arrêté. Cependant, j'ai trouvé certaines petites brasseries qui fondent la bière noire de Lyon encore aujourd'hui. Vous goûterez, vous m'enverrez un mail, vous me direz, c'est bien ou c'est dégueulasse, vous avez le droit de le dire aussi.

  • Speaker #1

    Très bien, chin chin. Je n'aime pas du tout la bière, j'aime le vin.

  • Speaker #0

    Mais vous avez fait un festival de bière, tout va bien.

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que je voulais faire plaisir aux gens.

  • Speaker #0

    J'ai une dernière question en fait. La première chose à faire quand on prépare un thé à la menthe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Aucune idée, je ne prépare pas du tout de thé à la menthe.

  • Speaker #0

    Moi j'en ai fait un, et alors il faut ébouillanter la théière.

  • Speaker #1

    D'accord. Tout simplement. Mais avec des feuilles fraîches ? Ébouillantes,

  • Speaker #0

    avec juste de l'eau, on jette l'eau.

  • Speaker #1

    D'accord, mais quand on parle de thé à la menthe, on parle de menthe fraîche.

  • Speaker #0

    Alors il faut mettre, c'est à la fois avec de la menthe fraîche, mais également avec du thé gunpowder. J'ai fait une grosse recherche sur le thé à la menthe, vous n'imaginez pas. C'est ma boisson préférée.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Dalia Daoud. Je rappelle le titre de votre roman, Tchala, la danse, qui est un super roman. Et je vous souhaite beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de ventes.

  • Speaker #1

    Merci. C'était super, merci. À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot. pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Description

J'ai eu la chance d'interviewer la journaliste et écrivaine Dalya Daoud au Train Bleu à Paris dans la Gare de Lyon (12e)


Mon invitée du jour vient de Lyon. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris et… il y a ailleurs, le reste, la province. Si j’ai la chance de parvenir   à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast c’est parce que j’habite Paris. Si j’étais un vénissian de Venissieux, septième ville d'Auvergne-Rhône-Alpes par le nombre d'habitants- à ne pas confondre avec le  vénitien de Venise - si j’étais vénissian donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c’est fort injuste me direz-vous ! On n’est pas moins talentueux à Vénissieux que dans la capitale ! D’ailleurs j’en veux pour preuve mon  invitée , rhodanienne , dont  le travail d’écriture dit  comment origine  et territoire jouent un rôle dans  nos vies et nos destins.

 

Si je la reçois aujourd’hui pour la sortie de son premier roman, je n’oublie pas que c’est avant tout  une journaliste de terrain que j’ai en  face de moi. Ainsi en 2012, elle a co fondé le site d’information en ligne Rue 89 Lyon, né de la volonté de traiter l’actualité de la région lyonnaise à hauteur d’homme… ou de femme donc.. Elle y a occupé la  fonction de rédactrice en chef pendant plus de 10 ans, le temps  de voir grandir  ce média indépendant plutôt  engagé sur des questions de société. Son associé,  a  d’ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d’articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon.

 

Pour autant, cette autrice, bien que très à l’aise avec les sujets d’actualité, a choisi d’explorer , le souvenir et les racines, dans un premier roman intitulé  Challah la danse. Le lecteur y découvre qu’il ne faut pas juger un livre à sa première de couverture car point  question de danse ici, mais plutôt évocation de  vies passées , celles d'un passé encore assez proche : ce passé qui nous aide à comprendre aujourd’hui , le quotidien. Cette mémoration passe   par la langue dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parlé vivant de  personnages aux mots importés depuis  d’autres territoires  comme Hamdoulah, chaâba , yelli on y trouve même du javanais !

 

Et puis il y a cette histoire de France, celle qui ne se déroule pas à Paris, celle souvent montrée sous un jour misérabiliste, celle des populations immigrées d’afrique du nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans  ce livre, les quartiers sont débarrassés  de leurs représentations caricaturales habituelles, y est dépeint  un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie 

 

Et c’est pour discuter avec l’autrice de ce roman  évoquant tout   aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l’ai retrouvée Gare de Lyon, cela de s’invente pas, au train Bleu pour prendre avec elle Un café au comptoir


Découvrez Dalya Daoud !

Emission présentée par Alexis Himeros

https://www.instagram.com/alexishimeros


instagram Dalya Daoud :

https://www.instagram.com/dalya.daoud/


Son livre Challah la Danse ;

https://www.seuil.com/ouvrage/challah-la-danse-dalya-daoud/9782493213846



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans un café, tout le monde y passe et chacun s'y retrouve. Je suis Alexis Himéros et j'adore découvrir ces bars, ces cafés, où il fait bon prendre la boisson de son choix pour admirer le temps qui passe. J'ai demandé à des personnalités de m'inviter à partager leurs zincs préférés pour prendre avec elles un café au contour. Café au contour.

  • Speaker #1

    Un café au contour.

  • Speaker #0

    Mon invité du jour vient de Lyon. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris. Et il y a ailleurs. Le reste, la province. Si j'ai la chance de parvenir à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast, c'est parce que j'habite Paris. Si j'étais un Vénitien, un Vénitien de Vénitieux, 7ème ville d'Auvergne-Rhône-Alpes, par le nombre d'habitants, à ne pas confondre avec le Vénitien de Venise. Si j'étais Vénitien, donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c'est fort injuste, me diriez-vous. On n'est pas moins talentueux à Vénitieux que dans la capitale. D'ailleurs, j'en veux pour preuve mon invité Rodadienne, dont le travail d'écriture dit comment origines et territoires jouent un rôle dans nos vies et nos destins. Si je la reçois aujourd'hui pour la sortie de son premier roman, je n'oublie pas que c'est avant tout une journaliste de terrain que j'ai en face de moi. Ainsi, en 2012, elle a cofondé le site d'information en ligne Rue89 Lyon, né de la volonté de trait de l'actualité de la région lyonnaise à hauteur d'hommes, ou de femmes donc. Et elle y a occupé la fonction de rédactrice en chef pendant plus de dix ans, le temps de voir grandir ce média indépendant plutôt engagé sur les questions de société. Son associé a d'ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d'articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon. Pour autant, cette autrice, bien que très à l'aise avec les sujets d'actualité, a choisi d'explorer le souvenir et les racines dans un premier roman intitulé Tchala la danse Le lecteur y découvre qu'il ne faut pas juger un livre à sa première découverture, car point question de danse ici, mais plutôt évocation de vie passée, celle d'un passé encore assez proche, ce passé, qui nous aide à comprendre aujourd'hui le quotidien. Cette mémoration passe par la langue, dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parler vivant de personnages aux mots importés depuis d'autres territoires, comme Hamdoulah, Tchaaba, Yeli, et on y trouve même du javanais. Et puis, il y a cette histoire de France. Celles qui ne se déroulent pas à Paris, justement. Celles souvent montrées sous un jour misérabiliste, celles des populations immigrées d'Afrique du Nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans ce livre, les quartiers sont débarrassés de leur représentation caricaturelle habituelle. On y dépeint un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie. Alors c'est pour discuter avec l'autrice de ce roman, évoquant tout aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l'ai retrouvé, Garde-Lyon, Cela ne s'invente pas, au train bleu, pour prendre avec elle un café au comptoir. Bonjour Dalia Daoud.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, quelle merveilleuse présentation. Très riche avec...

  • Speaker #0

    J'espère que je ne me suis pas trompée.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Alors je ne suis pas vénitienne, ni vénitienne, mais j'ai des origines un peu plus plouc encore, qui sont celles des monts du Lyonnais, un tout petit village à côté de Lyon. Et moi-même, effectivement, je vis à Lyon.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça fait d'écrire quand on n'est pas à Paris ? Est-ce que c'est différent ? Est-ce qu'il y a un écrivain de Paris et un écrivain de la province ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est une vraie question de Parisien. Bien entendu qu'on peut écrire depuis là où on est, que ce soit un café à Paris, un appartement à Venise, pour reprendre la ville que tu citais. Et on n'a pas besoin d'être Parisien, bien heureusement, ni au Café de Flore pour écrire son premier roman, heureusement.

  • Speaker #0

    Souvent, on peut imaginer que finalement... tout le monde de l'édition est ici à Paris. Il y a des missions d'édition, j'en connais à côté de Nîmes, je pense au Diable Vauvert, j'en connais à Arles, j'en connais en Bretagne. Mais est-ce qu'il y a toujours cette petite présomption que finalement tout se passerait à Paris ? Et même pour des écrivains qui viendraient de Lyon, par exemple, eh bien, qu'à Lyon, c'est moins simple de faire vivre la culture.

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas une vue de l'esprit, effectivement, les choses se passent à Paris. concernant les maisons d'édition. Lyon n'est pas très loin, donc prendre le train pour rejoindre les éditeurs éventuellement intéressés par un texte, ça n'est pas très compliqué. Mais je suis quand même d'accord, c'est extrêmement parisiano-centré. C'est un univers qui relève du microcosme très clairement.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, vous avez signé à Paris ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. J'ai signé avec le nouvel Attila, qui est devenu une... une forme de collection des éditions du Seuil à Paris, avec Benoît Vierot, un éditeur tout à fait génial.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on écrit différemment quand... On a ce passé de journaliste au fond de soi. Est-ce qu'il va y avoir une écriture plus clinique, plus distanciée ? Comment ça se passe finalement ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai essayé de me débarrasser au maximum de mes habitudes journalistiques. Par exemple, pour la reconstitution d'une époque, parce qu'il s'agit d'une forme de fresque qui s'étend de la fin des années 60 à la fin des années 90. J'ai bien entendu besoin d'utiliser mes compétences journalistiques pour vérifier certaines choses. Pour autant, vraiment, j'ai essayé de me débarrasser de ces habitudes-là. Par exemple, j'ai commis une première erreur en commençant ce roman. J'ai essayé de rencontrer la secrétaire historique de l'usine de tissage dont je parle dans le roman. C'est une usine de tissage qui se monte dans le petit village dans les monts du Lyonnais. Et cette secrétaire habite toujours ce village, je la connais de loin en loin et j'ai voulu la rencontrer parce que je sais qu'elle regorge d'anecdotes, d'informations concernant l'usine. Et l'usine est un lieu important du roman. Il s'avère qu'on n'a pas réussi à se voir, pour plein de raisons. Au téléphone, elle me dit Écoute, j'ai été souvent sollicité pour parler de l'usine, j'ai toujours refusé, mais... Je vais le faire, je connais bien ton père, je vais le faire pour lui. Et il s'avère que nous n'arrivons pas à nous voir. Les rendez-vous sont repoussés pour plein de raisons personnelles et moi je commence l'écriture de ce roman. Simplement, elle m'a aussi dit au téléphone j'ai beaucoup de mal à parler de cette usine parce qu'on l'a abandonnée. C'est une histoire douloureuse pour moi. Voilà, donc ça va être difficile pour moi de te la livrer. Il ne m'a pas... Je n'ai pas eu besoin de plus que ça, en réalité. Je savais que j'avais là mon histoire, uniquement avec ce qu'elle exprimait de nostalgie et puis vraiment de douleur peut-être aussi par rapport à cette histoire industrielle qui s'effondrait dans ce village-là, mais bien entendu dans toute la région. Et dans toute la France, par ailleurs, on connaît un petit peu quand même l'histoire de l'industrie textile en France. Mais voilà, par exemple, ça, ça a été une des erreurs, entre guillemets, que j'ai commises au début du projet d'écriture. C'est de vouloir vraiment me nourrir d'interviews, peut-être même de personnalités réelles.

  • Speaker #0

    Vous étiez une journaliste engagée ?

  • Speaker #1

    Journaliste d'enquête, engagée. Peut-être, oui, d'une certaine manière. Beaucoup de sujets me tiennent à cœur. Pour autant, c'est vraiment la rigueur journalistique qui a conduit le choix de nos sujets, la façon dont on les menait, le rythme de publication. On a fait des choix qui n'étaient pas évidents. Rue 89 Lyon est un tout petit média qui continue d'exister sans moi, bien heureusement avec des super journalistes. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Un média indépendant, c'est... On le tient à bout de bras et on le fait effectivement par conviction plus que pour n'importe quoi d'autre.

  • Speaker #0

    Parce que là, vous êtes devenue une écrivaine engagée.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, je ne saurais pas encore me définir. Je pense qu'il faut que j'attende d'en écrire un deuxième pour me moto-baptiser écrivaine.

  • Speaker #0

    Dans ce cas-là, vous êtes une autrice qui a pris un engagement à travers ce livre. Je pense engagement parce que la prise de parole, elle n'est pas neutre. Elle défend la vision, comme je le disais dans le portrait, non misérabiliste d'un quartier. Et souvent, on va avoir plein de clichés sur les quartiers. Et même quand on veut mettre à l'honneur les quartiers, on va toujours mettre à peu près les mêmes images qu'on peut voir un peu partout. Alors, un peu de violence, un peu de fumette, du sport, ça va souvent être le basket, du rap et tout ça. Il y a un peu de ces éléments dans le livre, mais il n'y a pas que ça. C'est pour ça que je parle du côté engagé. Vous l'avez vécu comme cela ? Que ce soit de vouloir défendre quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors, toute prise de parole est politique, mais vraiment sincèrement, mon intention ne l'est pas, en réalité Moi, très honnêtement, mon ambition elle était très modeste au démarrage, c'était de presque simplement de raconter des histoires d'amitié adolescente des bromances qui se terminent mal, voilà et en réalité... À partir de ces adolescents, j'ai bossé par cercle concentrique. Il a fallu aussi parler de leurs parents. Il a fallu aussi parler du lieu dans lequel... tout ce petit monde-là vivait. Donc voilà, mon ambition, elle est très modeste. Ça n'est pas un bouquin sociologique, ça n'est pas un brûlot. Moi, je me contente d'essayer d'analyser au mieux les relations qui ont existé dans ce village, entre ce petit lotissement qui, effectivement, se trouve tout en bas, à côté d'une ferme dans laquelle on trouve aussi un lama, qui est un personnage aussi important du roman. Et ces paysans, agriculteurs, commerçants du haut du village qui sont, elles aussi, des personnalités, je crois, victimes d'une forme d'abandon des politiques publiques.

  • Speaker #0

    On y revient, à la politique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Non, c'est vrai, il faut quand même le dire. Ça vous tient à cœur ? Bien sûr, c'est ce qui sous-tend peut-être chacun de mes actes d'écriture. Mais j'avais envie que les choses soient subtiles et effectivement, comme vous le disiez au début de notre entretien, très écrites.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est possible qu'à une certaine époque de sa vie, où on a acquis un peu d'expérience, on a envie de revenir un peu sur ses origines ?

  • Speaker #1

    C'est une question à laquelle je ne sais pas répondre. J'avais une histoire en tête et je voulais lui donner la meilleure forme. J'avais une ambition d'écriture romanesque, mais je l'ai aussi vue, cette écriture romanesque, comme un moyen de raconter cette histoire. Je n'avais pas du tout envie que cette histoire parle de moi, qu'elle parte de moi, oui, mais je craignais énormément les aspects autobiographiques. du récit. J'adore ça, je lis beaucoup d'autofictions, etc. Je n'ai pas de problème avec ça, ça ne me répugne pas du tout. Mais moi, je ne me sentais pas du tout à l'aise avec ça. Alors, est-ce qu'il s'agit de mes origines à moi ? On ne va pas se le cacher, oui. Mais je ne l'ai pas ressenti comme un besoin. C'était une histoire parmi d'autres que j'ai également envie de raconter, sur lesquelles je travaille en ce moment. et qui sont peut-être aussi traversées par ma propre expérience, mais qui ne résument pas, je l'espère, ce que je suis, et qui ne s'attardent pas surtout sur ce que je suis, parce que ce n'est pas si intéressant que ça.

  • Speaker #0

    En même temps, ça met directement le spot sur une population immigrée, sous un jour presque pagnolesque, en tout cas favorable. On s'attache à ces personnages ?

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que cette communauté-là qui vit dans ce petit lotissement ouvrier n'est pas solidaire au prétexte qu'elle est composée d'Arabes. Voilà, tout comme les paysans du village ne font pas bloc face à ce lotissement. Il y a des haines ancestrales qui font l'objet de chapitres dans le roman. Dans le lotissement, il y a deux familles, cousines et voisines qui se disent. de manière tout à fait spectaculaire au milieu du lotissement. Alors oui, non, il n'y a pas de communauté qui serait victime d'une autre. Il y a du racisme, mais c'est par exemple, ça n'est qu'une composante en réalité des relations qui se nouent entre ces personnes et qui échouent, quoi qu'il en soit, je crois, à être absolument heureux.

  • Speaker #0

    Je vous disais tout à l'heure que... Moi, j'ai été, je vous l'ai dit avant qu'on enregistre ce podcast, j'ai été très touché par la langue. C'est une langue qui est très soutenue. On va utiliser le passé simple, on va donner un côté littéraire qui est assez poussé. On tue évidemment de petits mots, même d'interjections qui vont ramener, qui vont faire vivre ces personnages-là. Est-ce que ça aide également à créer une certaine distance ? J'ai l'impression que vous avez envie de créer une distance. Même avec vous-même, pour dire, j'y mets pas trop d'affect, mais enfin, quand même, il est là.

  • Speaker #1

    Alors, j'avais envie, ça c'était une véritable intention, de mettre beaucoup d'oralité dans des phrases qui, effectivement, sont parfois très longues, avec des mots qui me font plaisir à moi, des mots que j'aime, comme des doudous avec lesquels je peux m'endormir, auxquels je réfléchis. Je travaille beaucoup avec le dictionnaire. Oui, j'avais vraiment envie de me faire plaisir en écrivant. Mais oui, l'écriture romanesque pour moi est passée par là et a permis de me dissimuler davantage, de protéger peut-être aussi. des gens qui sont d'une certaine façon, même si ce ne sont pas eux entièrement, qui sont présents malgré tout dans le roman.

  • Speaker #0

    Alors je m'appelle Alexis Méros, mais en réalité ce n'est même pas mon vrai nom. Si je vous disais mon vrai nom, il est totalement imprononçable. Il vient de très loin en Pologne, personne ne peut le dire. Et en même temps, quand je vais écrire, je vais m'attarder vraiment à faire quelque chose sur la langue française en me disant, je vais un peu venger mes origines de terreux de très loin dans l'Est. Est-ce qu'il n'y a pas également un peu ça ?

  • Speaker #1

    Alors c'est Annie Ernaux qui dit J'écris pour venger ma race Je trouve cette phrase sublime, mais je ne pourrais pas me l'attribuer parce qu'on verrait une arabe avec un couteau entre les dents et je pense que ce serait extrêmement violent si je devais me l'approprier, quoique je peux aussi le faire. Je crois que je ne rends pas hommage... à des gens qui pourtant mériteraient qu'on leur rende hommage. Il y a beaucoup d'ironie vis-à-vis des personnages que j'ai créés. Et heureusement, il y a eu depuis quelques semaines les premières lectures de ce roman, dont la vôtre. Et on me parle beaucoup de tendresse et de joie. Et je suis rassurée par ce que j'entends, parce que je me suis trouvée extrêmement cruelle dans... dans la rédaction, pendant ce travail d'écriture. Je ne suis pas encore au clair avec ce que je siphonne des gens que je connais quand j'écris un roman. C'est quelque chose qui me préoccupe beaucoup, mais que bien entendu je mets de côté pour ne jamais me censurer et ne jamais censurer les idées qui viennent à moi et qui président. à toutes mes journées d'écriture. Le récit commande la plume. Je bosse beaucoup, c'est un travail artisanal monstrueux. Mais les personnages conduisent les choses. Moi, j'imaginais avant de... Pourtant, j'ai une pratique d'écriture longue, mais j'imaginais au début de l'écriture de ce roman qu'une super idée... effectivement présiderait à chaque chapitre. Là, je vais plutôt toucher à tel thème et puis là, à tel thème. Et ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé. J'avais une image qui m'obsédait depuis très longtemps, qui est celle d'une voiture qui se retrouve taguée au milieu du lotissement. Elle est recouverte d'injures racistes et de croix gammées, très mal faites puisqu'il y a des branches en trop. Et c'est totalement à la fois terrifiant et grotesque. Et cette image-là est importante pour moi, parce que c'est un délit qui est commis. Et il y a un auteur de ce forfait-là, qui est assez clair pour moi. Et d'ailleurs, j'ai vu autour de moi des gens qui ne savent pas de qui il s'agit, alors que pour moi, c'est très fléché. Comme quoi on... On lit bien ce qu'on veut croire. Et je partais de cette image-là, donc, pour revenir à une autre image qui est importante dans le roman, c'est celle de Lala, qui est une femme kabyle qu'on voit se marier aux alentours de ses 16 ans, jusqu'à ses 40-50 ans environ, et qui danse comme une furie dans son salon. Alors, je parle de ces deux images-là, je ne me souviens plus de la question de départ, mais je déroule le fil. Et Lala qui danse dans sa maison, c'est quelque chose de fabuleux pour ses enfants. À la fois, ils adorent quand ce moment arrive, parce que c'est un moment libérateur de joie dans une vie qui n'est pas toujours simple pour leur mère. Elle n'hésite pas à leur mettre des coups de tatane sur les fesses quand ils sont insupportables. Et à la fois, c'est vraiment la chose qu'ils détesteraient que le monde voit, parce que c'est un moment intime dont ils ont un peu honte aussi. Je parle de ça.

  • Speaker #0

    Dans ce chapitre, est-ce que, alors je ne veux pas du tout divulgacher la fin, mais c'est une fin qui m'a beaucoup marqué. Est-ce que finalement, elle ne veut pas dire que, hélas, on n'échappe jamais réellement à son milieu ?

  • Speaker #1

    Oui, être assigné à une identité, c'est quelque chose dont on s'extrait très difficilement. Moi, je ne peux pas tirer une morale de cette histoire. J'ai trouvé une fin à ce roman avec quelqu'un qui s'échappe. Je ne sais pas où est-ce qu'il va très précisément, mais en tout cas, il s'en va. Et c'est un adolescent qui est une sorte de double maléfique d'un autre adolescent. Tous les deux vivent dans le lotissement, Basse-Sous et Toufique. Et il n'échappe effectivement peut-être pas à un destin qui est écrit. Mais j'ai quand même de l'espoir pour eux, malgré tout. Le roman s'arrête à... avec une page qui se termine, qu'on ferme. Mais je ne sais pas, j'ai malgré tout bon espoir qu'ils prennent en main leur vie ou qu'il se passe des choses pour eux qu'on n'attend pas.

  • Speaker #0

    De façon plus générale, hors du roman, vous pensez qu'on peut échapper à son environnement ou est-ce qu'on est tous finalement conditionnés par ce qui nous entoure ? Socialement, j'entends.

  • Speaker #1

    C'est très difficile de sortir de la place qu'on nous a donnée. C'est extrêmement compliqué. On parle beaucoup de transfuge en ce moment. Peut-être que je suis un de ces cas qu'on étudie à la loupe. Et là aussi, c'est encore une identité à laquelle on est assigné. C'est très compliqué de sortir des... Des aléas de l'histoire et de ce qu'on nous impose.

  • Speaker #0

    Dalia Daoud, on va faire un petit vrai ou faux.

  • Speaker #1

    Un café ou consomme.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, en 2019, on a retrouvé dans le frigo de votre rédaction du houmous, avec une date limite de consommation de 2012.

  • Speaker #1

    C'est vrai et je ne suis pas responsable de cette abomination. Je ne donnerai pas les noms. Mais vraiment, moi, je suis une grande consommatrice de houmous et celui-là m'appartenait sans doute. Mais non, c'est pas moi. Je le promets, c'est pas moi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, pendant vos études, vous avez été ouvrière dans une usine de cataphores. J'ai dû faire des recherches pour savoir ce que c'était. Puis dans une autre de production de dialyseurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Alors, je ne veux pas usurper le nom d'ouvrière parce que je ne l'ai été que... que le temps de job étudiant. Mais oui, cataphores, donc projection de peinture poudre sur différents objets. Là, il y avait des carrosseries de voitures et des coques de téléphones portables. À l'époque, c'était des tout petits Nokia, les vieux Nokia. Et moi, j'étais contrôleuse qualité. Je regardais les façades du portable pour voir s'il n'y avait pas des petites tâches qui avaient... fait des petites boulettes de peinture.

  • Speaker #0

    On apprend des gens dans ça ?

  • Speaker #1

    Énormément, énormément. Alors, ça n'a pas duré très longtemps, mais j'ai noué à l'époque quelques amitiés avec deux femmes qui travaillaient dans cette usine de cataphores, qui sont des gens que j'aime beaucoup, qui étaient plus âgées que moi et qui m'ont appris beaucoup aussi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez quitté rue 89 Lyon pour faire de la politique ?

  • Speaker #1

    Faux ! C'est totalement faux je ne ferais alors je fais de la politique différemment c'est ce qu'on se disait tout à l'heure mais non non je ne m'engagerai jamais dans aucun parti pour les avoir beaucoup côtoyés pour avoir interviewé énormément d'élus ou de prétendants au mandat autant vous dire que je n'ai pas du tout envie de frayer avec les partis pas du tout ça a l'air compliqué de toute façon en ce moment

  • Speaker #0

    La clé du succès dans le journalisme C'est les séminaires piscine, vrai ou faux ?

  • Speaker #1

    C'est très très vrai. Chaque année, ceux terminaient à rue 89 Lyon par une journée dans une piscine municipale de Lyon ou de la banlieue lyonnaise où l'on pouvait un petit peu se détendre et puis débriefer les sujets qu'on avait traités et ceux qu'on avait envie de couvrir pour l'année à venir.

  • Speaker #0

    En faisant plouf quoi.

  • Speaker #1

    En faisant plouf. Donc il s'avère qu'il existe beaucoup plus de photos en maillot de bain de moi que de photos en train de travailler derrière un ordinateur concernant l'histoire de rue 89 Lyon. C'est un petit peu désespérant.

  • Speaker #0

    Parce que pour bien écrire, il faut savoir se mouiller.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Et vrai ou faux, vous aviez envie de faire rire avec ce roman ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était une obsession. C'était un bouchido. J'avais vraiment envie de joie et de provoquer parce que je trouve ça difficile. de provoquer le rire. Moi j'aime lire quelque chose qui va aller dans plein d'endroits chez moi. Et pendant ce temps d'écriture, quand une scène me faisait rire, je me disais Ah je crois que là c'est bon, je tiens quelque chose de valable.

  • Speaker #0

    Vous l'avez testé auprès de vos proches, ce livre ?

  • Speaker #1

    Il a été relu avant l'envoi à l'éditeur par trois personnes. La personne avec laquelle je vis, qui m'a beaucoup soutenue en réalité, parce qu'évidemment, vous le savez, on est traversé par des doutes immenses pendant l'écriture d'un texte. et notamment un premier texte dont on ne sait pas du tout comment il peut être reçu. Mais oui, il a été testé et ça m'a malgré tout aidé, mais c'est surtout les gens qui l'ont lu autour de moi m'ont surtout encouragé à poursuivre, aller au bout.

  • Speaker #0

    Peut-être que je n'étais pas allé tout au bout de ma question. En tout cas, dans ma tête, elle était un peu mieux formulée que ce que j'ai dit. C'est-à-dire, est-ce que ça a été lu par des personnes qui ont vécu ? à peu près la même chose que vous avez pu vivre.

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas eu de sensitivity reader. Je n'ai pas eu ça. Je n'en ai pas eu besoin. Je les fais lire à des lecteurs qui me semblent pouvoir être comparables à des lecteurs futurs. Mais pas de gens concernés éventuellement par l'histoire.

  • Speaker #0

    Il n'y aura pas de lecteurs dans le village ni donné à... à la secrétaire de l'usine ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que je lui offrirai un exemplaire. Alors, il y a une idée qui tourne dans ma tête, qui est peut-être de faire une lecture dans le cimetière des animaux de ce village, qui est aussi un lieu important du roman, parce que je connais une personne qui a publié une espèce de... Alors, ce n'est pas une thèse, mais c'est un travail universitaire sur le deuil que provoque la mort d'un animal. et qui connaît donc ce cimetière dans ce village. Et on a vachement rigolé et on s'est dit que ce serait intéressant d'y aller ensemble, d'y amener peut-être des lecteurs pour visiter les lieux.

  • Speaker #0

    Je précise qu'on parle de ce cimetière dans le livre.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un cimetière qui existe dans le livre, dans lequel un jeune garçon du lotissement va travailler un été.

  • Speaker #0

    Une fois qu'on a fini ce roman, qu'on a écrit fin, j'imagine qu'il y a toute une phase de relecture. Comment on se dit, ok, là, c'est vraiment terminé ? Est-ce qu'on le vit ou est-ce que vous êtes encore en train de le vivre, ce moment ? Ok, là, c'est terminé.

  • Speaker #1

    Alors là, j'entre dans la phase, me semble-t-il, dans laquelle on expérimente le fait que le livre ne nous appartient plus du tout. C'est-à-dire qu'on me parle de tel et tel personnage, on m'explique la voiture violentée, agressée. a été justement vandalisé par tel personnage alors que pour moi ça n'est pas du tout lui. Ce que je suis en train d'expérimenter là, c'est que ce texte ne m'appartient plus, qu'il vit ailleurs. Pour ma part, je n'ai pas eu de difficulté à lui mettre un point final, puisque j'avais dès le début de l'écriture la scène de fin et la scène de début. C'était vraiment ensuite... Ensuite, c'était vraiment un tissage. Je suis la tisseuse d'après l'usine de tissage, mais c'était une trame qui se faisait de manière très logique, très évidente entre ces deux points.

  • Speaker #0

    Donc, vous étiez déjà séparée finalement du récit. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    D'où le mode hétéro-digétique. Vous êtes narrateur, narratrice. D'ailleurs, on ne sait même pas quel est le genre de la personne qui raconte l'histoire. Vous ne dites pas je A aucun moment ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas la narratrice. Le texte est écrit à la troisième personne, au passé. Moi, je me mêle le moins possible de ce texte. Ce sont les personnages, en revanche, qui s'en mêlent. Il y a beaucoup de discours indirects libres. Ça aussi, c'est une vraie intention d'écriture. J'avais vraiment envie que... La façon de parler des personnages, leur manière de s'exprimer, tous ces petits mots issus de l'arabe ou de l'argot, Stéphano, Lyonnais, pénètrent comme ça les jolies phrases, pervertissent un petit peu les jolies phrases que moi, je pouvais mettre des heures et des heures à écrire. J'avais envie que ce soient eux les patrons, que ce soient les personnages les patrons de l'histoire. J'ai oublié la question au départ, c'était...

  • Speaker #0

    Je pense que le côté que la narration est très séparée finalement des faits, même si elle les raconte, mais c'est vous-même, c'est comme si vous aviez tenu à être séparé de l'histoire.

  • Speaker #1

    Oui, le plus possible. vraiment je veux pas m'en mêler de cette histoire, en plus de ça elle existe ce n'est pas moi c'est vrai qu'il y a un petit peu cette obsession c'est vrai qu'il y a cette obsession chez moi de dire ça n'est pas moi et en même temps c'est un petit peu moi et parce que je ne veux pas être malhonnête non plus et puis c'est assez évident quand j'en parle mais j'essaye de le tenir à distance le plus possible ce texte. Peut-être parce qu'il y a effectivement trop d'intime et que ce n'est pas évident d'aller là-dessus, de moi-même produire une forme d'exégèse de ce que j'ai pu écrire. Donc je le tiens à distance.

  • Speaker #0

    Je pense que ma psy aurait dit on va réfléchir là-dessus Mais moi je dirais... Et le prochain, est-ce que ce serait possible ? qu'un jour vous écriviez avec la première personne le jeu ?

  • Speaker #1

    Je ne me l'interdis pas du tout, mais alors je serais peut-être un mec, soit très jeune, soit beaucoup plus âgé, qui a une autre vie que la mienne. Voilà, un jeu qui concerne... Ma propre personne avec mon prénom et mon nom ou approchant, je ne crois pas. Je ne crois pas que j'irai là-dessus.

  • Speaker #0

    On va faire un peu de fiction, on va imaginer que vous ayez un tout autre travail, une toute autre occupation que celle que vous aviez eue, celle que vous avez actuellement. Non, pas journaliste, non, pas autrice. Alors ce serait quoi, Dalia Daoud, si vous aviez dû avoir une autre vie ? Quel métier ?

  • Speaker #1

    La vérité, c'est que... J'écrivais quand les instituteurs me demandaient, demandaient aux élèves qu'est-ce que vous espérez faire quand vous serez plus grand. J'écrivais romancier ou écrivain. J'ai eu 44 ans là cet été et je crois que je commence un tout petit peu à toucher du doigt quelque chose que j'avais en moi, enfoui, que je ne m'autorisais pas du tout. c'est-à-dire l'écriture romanesque et l'écriture de fiction. Et je suis exactement à la place que j'ai envie d'avoir.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je vais vous poser, étant donné qu'on est dans ce merveilleux cadre du train bleu, au-dessus de la gare de Lyon, je vais vous poser trois questions sur l'univers du café, l'univers de la boisson. C'est pour ça que ce podcast s'appelle Un Café au Comptoir. Quel est le plus vieux café de Lyon ?

  • Speaker #1

    Quel col ! Je pense... Je pense à la brasserie George qui date quand même de... Je ne sais pas. C'est une brasserie qui date du 19e peut-être. Mais faux ? Vrai ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'est le vieux Chenavar, également connu sous le nom de Café Belcourt.

  • Speaker #1

    Mais oui, que je connais.

  • Speaker #0

    C'est un café Belcourt fondé en 1861.

  • Speaker #1

    Merci pour l'info.

  • Speaker #0

    C'est un rude travail de chat de GPT. Qu'est-ce que la bière noire de Lyon ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis à l'origine d'un festival qui s'appelle le Lyon Bière Festival, que j'ai monté avec des partenaires qui sont Vierroterie et Le Petit Bulletin, et qu'eux continuent à organiser chaque année. Et je suis incapable de répondre à cette question. Honte sur moi.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra la goûter. C'est une bière plus riche en malte, en houblon, et dont l'utilisation de levure était plus importante pendant la fermentation. Elle a été gardée en tonneau pendant 4 à 5 mois. Je pense que ça doit ressembler un peu à la Guinness, un truc dans le genre.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    d'accord. Avec la Première Guerre mondiale, ça s'est bien arrêté. Cependant, j'ai trouvé certaines petites brasseries qui fondent la bière noire de Lyon encore aujourd'hui. Vous goûterez, vous m'enverrez un mail, vous me direz, c'est bien ou c'est dégueulasse, vous avez le droit de le dire aussi.

  • Speaker #1

    Très bien, chin chin. Je n'aime pas du tout la bière, j'aime le vin.

  • Speaker #0

    Mais vous avez fait un festival de bière, tout va bien.

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que je voulais faire plaisir aux gens.

  • Speaker #0

    J'ai une dernière question en fait. La première chose à faire quand on prépare un thé à la menthe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Aucune idée, je ne prépare pas du tout de thé à la menthe.

  • Speaker #0

    Moi j'en ai fait un, et alors il faut ébouillanter la théière.

  • Speaker #1

    D'accord. Tout simplement. Mais avec des feuilles fraîches ? Ébouillantes,

  • Speaker #0

    avec juste de l'eau, on jette l'eau.

  • Speaker #1

    D'accord, mais quand on parle de thé à la menthe, on parle de menthe fraîche.

  • Speaker #0

    Alors il faut mettre, c'est à la fois avec de la menthe fraîche, mais également avec du thé gunpowder. J'ai fait une grosse recherche sur le thé à la menthe, vous n'imaginez pas. C'est ma boisson préférée.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Dalia Daoud. Je rappelle le titre de votre roman, Tchala, la danse, qui est un super roman. Et je vous souhaite beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de ventes.

  • Speaker #1

    Merci. C'était super, merci. À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot. pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

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Description

J'ai eu la chance d'interviewer la journaliste et écrivaine Dalya Daoud au Train Bleu à Paris dans la Gare de Lyon (12e)


Mon invitée du jour vient de Lyon. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris et… il y a ailleurs, le reste, la province. Si j’ai la chance de parvenir   à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast c’est parce que j’habite Paris. Si j’étais un vénissian de Venissieux, septième ville d'Auvergne-Rhône-Alpes par le nombre d'habitants- à ne pas confondre avec le  vénitien de Venise - si j’étais vénissian donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c’est fort injuste me direz-vous ! On n’est pas moins talentueux à Vénissieux que dans la capitale ! D’ailleurs j’en veux pour preuve mon  invitée , rhodanienne , dont  le travail d’écriture dit  comment origine  et territoire jouent un rôle dans  nos vies et nos destins.

 

Si je la reçois aujourd’hui pour la sortie de son premier roman, je n’oublie pas que c’est avant tout  une journaliste de terrain que j’ai en  face de moi. Ainsi en 2012, elle a co fondé le site d’information en ligne Rue 89 Lyon, né de la volonté de traiter l’actualité de la région lyonnaise à hauteur d’homme… ou de femme donc.. Elle y a occupé la  fonction de rédactrice en chef pendant plus de 10 ans, le temps  de voir grandir  ce média indépendant plutôt  engagé sur des questions de société. Son associé,  a  d’ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d’articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon.

 

Pour autant, cette autrice, bien que très à l’aise avec les sujets d’actualité, a choisi d’explorer , le souvenir et les racines, dans un premier roman intitulé  Challah la danse. Le lecteur y découvre qu’il ne faut pas juger un livre à sa première de couverture car point  question de danse ici, mais plutôt évocation de  vies passées , celles d'un passé encore assez proche : ce passé qui nous aide à comprendre aujourd’hui , le quotidien. Cette mémoration passe   par la langue dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parlé vivant de  personnages aux mots importés depuis  d’autres territoires  comme Hamdoulah, chaâba , yelli on y trouve même du javanais !

 

Et puis il y a cette histoire de France, celle qui ne se déroule pas à Paris, celle souvent montrée sous un jour misérabiliste, celle des populations immigrées d’afrique du nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans  ce livre, les quartiers sont débarrassés  de leurs représentations caricaturales habituelles, y est dépeint  un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie 

 

Et c’est pour discuter avec l’autrice de ce roman  évoquant tout   aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l’ai retrouvée Gare de Lyon, cela de s’invente pas, au train Bleu pour prendre avec elle Un café au comptoir


Découvrez Dalya Daoud !

Emission présentée par Alexis Himeros

https://www.instagram.com/alexishimeros


instagram Dalya Daoud :

https://www.instagram.com/dalya.daoud/


Son livre Challah la Danse ;

https://www.seuil.com/ouvrage/challah-la-danse-dalya-daoud/9782493213846



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans un café, tout le monde y passe et chacun s'y retrouve. Je suis Alexis Himéros et j'adore découvrir ces bars, ces cafés, où il fait bon prendre la boisson de son choix pour admirer le temps qui passe. J'ai demandé à des personnalités de m'inviter à partager leurs zincs préférés pour prendre avec elles un café au contour. Café au contour.

  • Speaker #1

    Un café au contour.

  • Speaker #0

    Mon invité du jour vient de Lyon. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris. Et il y a ailleurs. Le reste, la province. Si j'ai la chance de parvenir à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast, c'est parce que j'habite Paris. Si j'étais un Vénitien, un Vénitien de Vénitieux, 7ème ville d'Auvergne-Rhône-Alpes, par le nombre d'habitants, à ne pas confondre avec le Vénitien de Venise. Si j'étais Vénitien, donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c'est fort injuste, me diriez-vous. On n'est pas moins talentueux à Vénitieux que dans la capitale. D'ailleurs, j'en veux pour preuve mon invité Rodadienne, dont le travail d'écriture dit comment origines et territoires jouent un rôle dans nos vies et nos destins. Si je la reçois aujourd'hui pour la sortie de son premier roman, je n'oublie pas que c'est avant tout une journaliste de terrain que j'ai en face de moi. Ainsi, en 2012, elle a cofondé le site d'information en ligne Rue89 Lyon, né de la volonté de trait de l'actualité de la région lyonnaise à hauteur d'hommes, ou de femmes donc. Et elle y a occupé la fonction de rédactrice en chef pendant plus de dix ans, le temps de voir grandir ce média indépendant plutôt engagé sur les questions de société. Son associé a d'ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d'articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon. Pour autant, cette autrice, bien que très à l'aise avec les sujets d'actualité, a choisi d'explorer le souvenir et les racines dans un premier roman intitulé Tchala la danse Le lecteur y découvre qu'il ne faut pas juger un livre à sa première découverture, car point question de danse ici, mais plutôt évocation de vie passée, celle d'un passé encore assez proche, ce passé, qui nous aide à comprendre aujourd'hui le quotidien. Cette mémoration passe par la langue, dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parler vivant de personnages aux mots importés depuis d'autres territoires, comme Hamdoulah, Tchaaba, Yeli, et on y trouve même du javanais. Et puis, il y a cette histoire de France. Celles qui ne se déroulent pas à Paris, justement. Celles souvent montrées sous un jour misérabiliste, celles des populations immigrées d'Afrique du Nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans ce livre, les quartiers sont débarrassés de leur représentation caricaturelle habituelle. On y dépeint un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie. Alors c'est pour discuter avec l'autrice de ce roman, évoquant tout aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l'ai retrouvé, Garde-Lyon, Cela ne s'invente pas, au train bleu, pour prendre avec elle un café au comptoir. Bonjour Dalia Daoud.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, quelle merveilleuse présentation. Très riche avec...

  • Speaker #0

    J'espère que je ne me suis pas trompée.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Alors je ne suis pas vénitienne, ni vénitienne, mais j'ai des origines un peu plus plouc encore, qui sont celles des monts du Lyonnais, un tout petit village à côté de Lyon. Et moi-même, effectivement, je vis à Lyon.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça fait d'écrire quand on n'est pas à Paris ? Est-ce que c'est différent ? Est-ce qu'il y a un écrivain de Paris et un écrivain de la province ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est une vraie question de Parisien. Bien entendu qu'on peut écrire depuis là où on est, que ce soit un café à Paris, un appartement à Venise, pour reprendre la ville que tu citais. Et on n'a pas besoin d'être Parisien, bien heureusement, ni au Café de Flore pour écrire son premier roman, heureusement.

  • Speaker #0

    Souvent, on peut imaginer que finalement... tout le monde de l'édition est ici à Paris. Il y a des missions d'édition, j'en connais à côté de Nîmes, je pense au Diable Vauvert, j'en connais à Arles, j'en connais en Bretagne. Mais est-ce qu'il y a toujours cette petite présomption que finalement tout se passerait à Paris ? Et même pour des écrivains qui viendraient de Lyon, par exemple, eh bien, qu'à Lyon, c'est moins simple de faire vivre la culture.

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas une vue de l'esprit, effectivement, les choses se passent à Paris. concernant les maisons d'édition. Lyon n'est pas très loin, donc prendre le train pour rejoindre les éditeurs éventuellement intéressés par un texte, ça n'est pas très compliqué. Mais je suis quand même d'accord, c'est extrêmement parisiano-centré. C'est un univers qui relève du microcosme très clairement.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, vous avez signé à Paris ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. J'ai signé avec le nouvel Attila, qui est devenu une... une forme de collection des éditions du Seuil à Paris, avec Benoît Vierot, un éditeur tout à fait génial.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on écrit différemment quand... On a ce passé de journaliste au fond de soi. Est-ce qu'il va y avoir une écriture plus clinique, plus distanciée ? Comment ça se passe finalement ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai essayé de me débarrasser au maximum de mes habitudes journalistiques. Par exemple, pour la reconstitution d'une époque, parce qu'il s'agit d'une forme de fresque qui s'étend de la fin des années 60 à la fin des années 90. J'ai bien entendu besoin d'utiliser mes compétences journalistiques pour vérifier certaines choses. Pour autant, vraiment, j'ai essayé de me débarrasser de ces habitudes-là. Par exemple, j'ai commis une première erreur en commençant ce roman. J'ai essayé de rencontrer la secrétaire historique de l'usine de tissage dont je parle dans le roman. C'est une usine de tissage qui se monte dans le petit village dans les monts du Lyonnais. Et cette secrétaire habite toujours ce village, je la connais de loin en loin et j'ai voulu la rencontrer parce que je sais qu'elle regorge d'anecdotes, d'informations concernant l'usine. Et l'usine est un lieu important du roman. Il s'avère qu'on n'a pas réussi à se voir, pour plein de raisons. Au téléphone, elle me dit Écoute, j'ai été souvent sollicité pour parler de l'usine, j'ai toujours refusé, mais... Je vais le faire, je connais bien ton père, je vais le faire pour lui. Et il s'avère que nous n'arrivons pas à nous voir. Les rendez-vous sont repoussés pour plein de raisons personnelles et moi je commence l'écriture de ce roman. Simplement, elle m'a aussi dit au téléphone j'ai beaucoup de mal à parler de cette usine parce qu'on l'a abandonnée. C'est une histoire douloureuse pour moi. Voilà, donc ça va être difficile pour moi de te la livrer. Il ne m'a pas... Je n'ai pas eu besoin de plus que ça, en réalité. Je savais que j'avais là mon histoire, uniquement avec ce qu'elle exprimait de nostalgie et puis vraiment de douleur peut-être aussi par rapport à cette histoire industrielle qui s'effondrait dans ce village-là, mais bien entendu dans toute la région. Et dans toute la France, par ailleurs, on connaît un petit peu quand même l'histoire de l'industrie textile en France. Mais voilà, par exemple, ça, ça a été une des erreurs, entre guillemets, que j'ai commises au début du projet d'écriture. C'est de vouloir vraiment me nourrir d'interviews, peut-être même de personnalités réelles.

  • Speaker #0

    Vous étiez une journaliste engagée ?

  • Speaker #1

    Journaliste d'enquête, engagée. Peut-être, oui, d'une certaine manière. Beaucoup de sujets me tiennent à cœur. Pour autant, c'est vraiment la rigueur journalistique qui a conduit le choix de nos sujets, la façon dont on les menait, le rythme de publication. On a fait des choix qui n'étaient pas évidents. Rue 89 Lyon est un tout petit média qui continue d'exister sans moi, bien heureusement avec des super journalistes. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Un média indépendant, c'est... On le tient à bout de bras et on le fait effectivement par conviction plus que pour n'importe quoi d'autre.

  • Speaker #0

    Parce que là, vous êtes devenue une écrivaine engagée.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, je ne saurais pas encore me définir. Je pense qu'il faut que j'attende d'en écrire un deuxième pour me moto-baptiser écrivaine.

  • Speaker #0

    Dans ce cas-là, vous êtes une autrice qui a pris un engagement à travers ce livre. Je pense engagement parce que la prise de parole, elle n'est pas neutre. Elle défend la vision, comme je le disais dans le portrait, non misérabiliste d'un quartier. Et souvent, on va avoir plein de clichés sur les quartiers. Et même quand on veut mettre à l'honneur les quartiers, on va toujours mettre à peu près les mêmes images qu'on peut voir un peu partout. Alors, un peu de violence, un peu de fumette, du sport, ça va souvent être le basket, du rap et tout ça. Il y a un peu de ces éléments dans le livre, mais il n'y a pas que ça. C'est pour ça que je parle du côté engagé. Vous l'avez vécu comme cela ? Que ce soit de vouloir défendre quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors, toute prise de parole est politique, mais vraiment sincèrement, mon intention ne l'est pas, en réalité Moi, très honnêtement, mon ambition elle était très modeste au démarrage, c'était de presque simplement de raconter des histoires d'amitié adolescente des bromances qui se terminent mal, voilà et en réalité... À partir de ces adolescents, j'ai bossé par cercle concentrique. Il a fallu aussi parler de leurs parents. Il a fallu aussi parler du lieu dans lequel... tout ce petit monde-là vivait. Donc voilà, mon ambition, elle est très modeste. Ça n'est pas un bouquin sociologique, ça n'est pas un brûlot. Moi, je me contente d'essayer d'analyser au mieux les relations qui ont existé dans ce village, entre ce petit lotissement qui, effectivement, se trouve tout en bas, à côté d'une ferme dans laquelle on trouve aussi un lama, qui est un personnage aussi important du roman. Et ces paysans, agriculteurs, commerçants du haut du village qui sont, elles aussi, des personnalités, je crois, victimes d'une forme d'abandon des politiques publiques.

  • Speaker #0

    On y revient, à la politique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Non, c'est vrai, il faut quand même le dire. Ça vous tient à cœur ? Bien sûr, c'est ce qui sous-tend peut-être chacun de mes actes d'écriture. Mais j'avais envie que les choses soient subtiles et effectivement, comme vous le disiez au début de notre entretien, très écrites.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est possible qu'à une certaine époque de sa vie, où on a acquis un peu d'expérience, on a envie de revenir un peu sur ses origines ?

  • Speaker #1

    C'est une question à laquelle je ne sais pas répondre. J'avais une histoire en tête et je voulais lui donner la meilleure forme. J'avais une ambition d'écriture romanesque, mais je l'ai aussi vue, cette écriture romanesque, comme un moyen de raconter cette histoire. Je n'avais pas du tout envie que cette histoire parle de moi, qu'elle parte de moi, oui, mais je craignais énormément les aspects autobiographiques. du récit. J'adore ça, je lis beaucoup d'autofictions, etc. Je n'ai pas de problème avec ça, ça ne me répugne pas du tout. Mais moi, je ne me sentais pas du tout à l'aise avec ça. Alors, est-ce qu'il s'agit de mes origines à moi ? On ne va pas se le cacher, oui. Mais je ne l'ai pas ressenti comme un besoin. C'était une histoire parmi d'autres que j'ai également envie de raconter, sur lesquelles je travaille en ce moment. et qui sont peut-être aussi traversées par ma propre expérience, mais qui ne résument pas, je l'espère, ce que je suis, et qui ne s'attardent pas surtout sur ce que je suis, parce que ce n'est pas si intéressant que ça.

  • Speaker #0

    En même temps, ça met directement le spot sur une population immigrée, sous un jour presque pagnolesque, en tout cas favorable. On s'attache à ces personnages ?

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que cette communauté-là qui vit dans ce petit lotissement ouvrier n'est pas solidaire au prétexte qu'elle est composée d'Arabes. Voilà, tout comme les paysans du village ne font pas bloc face à ce lotissement. Il y a des haines ancestrales qui font l'objet de chapitres dans le roman. Dans le lotissement, il y a deux familles, cousines et voisines qui se disent. de manière tout à fait spectaculaire au milieu du lotissement. Alors oui, non, il n'y a pas de communauté qui serait victime d'une autre. Il y a du racisme, mais c'est par exemple, ça n'est qu'une composante en réalité des relations qui se nouent entre ces personnes et qui échouent, quoi qu'il en soit, je crois, à être absolument heureux.

  • Speaker #0

    Je vous disais tout à l'heure que... Moi, j'ai été, je vous l'ai dit avant qu'on enregistre ce podcast, j'ai été très touché par la langue. C'est une langue qui est très soutenue. On va utiliser le passé simple, on va donner un côté littéraire qui est assez poussé. On tue évidemment de petits mots, même d'interjections qui vont ramener, qui vont faire vivre ces personnages-là. Est-ce que ça aide également à créer une certaine distance ? J'ai l'impression que vous avez envie de créer une distance. Même avec vous-même, pour dire, j'y mets pas trop d'affect, mais enfin, quand même, il est là.

  • Speaker #1

    Alors, j'avais envie, ça c'était une véritable intention, de mettre beaucoup d'oralité dans des phrases qui, effectivement, sont parfois très longues, avec des mots qui me font plaisir à moi, des mots que j'aime, comme des doudous avec lesquels je peux m'endormir, auxquels je réfléchis. Je travaille beaucoup avec le dictionnaire. Oui, j'avais vraiment envie de me faire plaisir en écrivant. Mais oui, l'écriture romanesque pour moi est passée par là et a permis de me dissimuler davantage, de protéger peut-être aussi. des gens qui sont d'une certaine façon, même si ce ne sont pas eux entièrement, qui sont présents malgré tout dans le roman.

  • Speaker #0

    Alors je m'appelle Alexis Méros, mais en réalité ce n'est même pas mon vrai nom. Si je vous disais mon vrai nom, il est totalement imprononçable. Il vient de très loin en Pologne, personne ne peut le dire. Et en même temps, quand je vais écrire, je vais m'attarder vraiment à faire quelque chose sur la langue française en me disant, je vais un peu venger mes origines de terreux de très loin dans l'Est. Est-ce qu'il n'y a pas également un peu ça ?

  • Speaker #1

    Alors c'est Annie Ernaux qui dit J'écris pour venger ma race Je trouve cette phrase sublime, mais je ne pourrais pas me l'attribuer parce qu'on verrait une arabe avec un couteau entre les dents et je pense que ce serait extrêmement violent si je devais me l'approprier, quoique je peux aussi le faire. Je crois que je ne rends pas hommage... à des gens qui pourtant mériteraient qu'on leur rende hommage. Il y a beaucoup d'ironie vis-à-vis des personnages que j'ai créés. Et heureusement, il y a eu depuis quelques semaines les premières lectures de ce roman, dont la vôtre. Et on me parle beaucoup de tendresse et de joie. Et je suis rassurée par ce que j'entends, parce que je me suis trouvée extrêmement cruelle dans... dans la rédaction, pendant ce travail d'écriture. Je ne suis pas encore au clair avec ce que je siphonne des gens que je connais quand j'écris un roman. C'est quelque chose qui me préoccupe beaucoup, mais que bien entendu je mets de côté pour ne jamais me censurer et ne jamais censurer les idées qui viennent à moi et qui président. à toutes mes journées d'écriture. Le récit commande la plume. Je bosse beaucoup, c'est un travail artisanal monstrueux. Mais les personnages conduisent les choses. Moi, j'imaginais avant de... Pourtant, j'ai une pratique d'écriture longue, mais j'imaginais au début de l'écriture de ce roman qu'une super idée... effectivement présiderait à chaque chapitre. Là, je vais plutôt toucher à tel thème et puis là, à tel thème. Et ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé. J'avais une image qui m'obsédait depuis très longtemps, qui est celle d'une voiture qui se retrouve taguée au milieu du lotissement. Elle est recouverte d'injures racistes et de croix gammées, très mal faites puisqu'il y a des branches en trop. Et c'est totalement à la fois terrifiant et grotesque. Et cette image-là est importante pour moi, parce que c'est un délit qui est commis. Et il y a un auteur de ce forfait-là, qui est assez clair pour moi. Et d'ailleurs, j'ai vu autour de moi des gens qui ne savent pas de qui il s'agit, alors que pour moi, c'est très fléché. Comme quoi on... On lit bien ce qu'on veut croire. Et je partais de cette image-là, donc, pour revenir à une autre image qui est importante dans le roman, c'est celle de Lala, qui est une femme kabyle qu'on voit se marier aux alentours de ses 16 ans, jusqu'à ses 40-50 ans environ, et qui danse comme une furie dans son salon. Alors, je parle de ces deux images-là, je ne me souviens plus de la question de départ, mais je déroule le fil. Et Lala qui danse dans sa maison, c'est quelque chose de fabuleux pour ses enfants. À la fois, ils adorent quand ce moment arrive, parce que c'est un moment libérateur de joie dans une vie qui n'est pas toujours simple pour leur mère. Elle n'hésite pas à leur mettre des coups de tatane sur les fesses quand ils sont insupportables. Et à la fois, c'est vraiment la chose qu'ils détesteraient que le monde voit, parce que c'est un moment intime dont ils ont un peu honte aussi. Je parle de ça.

  • Speaker #0

    Dans ce chapitre, est-ce que, alors je ne veux pas du tout divulgacher la fin, mais c'est une fin qui m'a beaucoup marqué. Est-ce que finalement, elle ne veut pas dire que, hélas, on n'échappe jamais réellement à son milieu ?

  • Speaker #1

    Oui, être assigné à une identité, c'est quelque chose dont on s'extrait très difficilement. Moi, je ne peux pas tirer une morale de cette histoire. J'ai trouvé une fin à ce roman avec quelqu'un qui s'échappe. Je ne sais pas où est-ce qu'il va très précisément, mais en tout cas, il s'en va. Et c'est un adolescent qui est une sorte de double maléfique d'un autre adolescent. Tous les deux vivent dans le lotissement, Basse-Sous et Toufique. Et il n'échappe effectivement peut-être pas à un destin qui est écrit. Mais j'ai quand même de l'espoir pour eux, malgré tout. Le roman s'arrête à... avec une page qui se termine, qu'on ferme. Mais je ne sais pas, j'ai malgré tout bon espoir qu'ils prennent en main leur vie ou qu'il se passe des choses pour eux qu'on n'attend pas.

  • Speaker #0

    De façon plus générale, hors du roman, vous pensez qu'on peut échapper à son environnement ou est-ce qu'on est tous finalement conditionnés par ce qui nous entoure ? Socialement, j'entends.

  • Speaker #1

    C'est très difficile de sortir de la place qu'on nous a donnée. C'est extrêmement compliqué. On parle beaucoup de transfuge en ce moment. Peut-être que je suis un de ces cas qu'on étudie à la loupe. Et là aussi, c'est encore une identité à laquelle on est assigné. C'est très compliqué de sortir des... Des aléas de l'histoire et de ce qu'on nous impose.

  • Speaker #0

    Dalia Daoud, on va faire un petit vrai ou faux.

  • Speaker #1

    Un café ou consomme.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, en 2019, on a retrouvé dans le frigo de votre rédaction du houmous, avec une date limite de consommation de 2012.

  • Speaker #1

    C'est vrai et je ne suis pas responsable de cette abomination. Je ne donnerai pas les noms. Mais vraiment, moi, je suis une grande consommatrice de houmous et celui-là m'appartenait sans doute. Mais non, c'est pas moi. Je le promets, c'est pas moi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, pendant vos études, vous avez été ouvrière dans une usine de cataphores. J'ai dû faire des recherches pour savoir ce que c'était. Puis dans une autre de production de dialyseurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Alors, je ne veux pas usurper le nom d'ouvrière parce que je ne l'ai été que... que le temps de job étudiant. Mais oui, cataphores, donc projection de peinture poudre sur différents objets. Là, il y avait des carrosseries de voitures et des coques de téléphones portables. À l'époque, c'était des tout petits Nokia, les vieux Nokia. Et moi, j'étais contrôleuse qualité. Je regardais les façades du portable pour voir s'il n'y avait pas des petites tâches qui avaient... fait des petites boulettes de peinture.

  • Speaker #0

    On apprend des gens dans ça ?

  • Speaker #1

    Énormément, énormément. Alors, ça n'a pas duré très longtemps, mais j'ai noué à l'époque quelques amitiés avec deux femmes qui travaillaient dans cette usine de cataphores, qui sont des gens que j'aime beaucoup, qui étaient plus âgées que moi et qui m'ont appris beaucoup aussi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez quitté rue 89 Lyon pour faire de la politique ?

  • Speaker #1

    Faux ! C'est totalement faux je ne ferais alors je fais de la politique différemment c'est ce qu'on se disait tout à l'heure mais non non je ne m'engagerai jamais dans aucun parti pour les avoir beaucoup côtoyés pour avoir interviewé énormément d'élus ou de prétendants au mandat autant vous dire que je n'ai pas du tout envie de frayer avec les partis pas du tout ça a l'air compliqué de toute façon en ce moment

  • Speaker #0

    La clé du succès dans le journalisme C'est les séminaires piscine, vrai ou faux ?

  • Speaker #1

    C'est très très vrai. Chaque année, ceux terminaient à rue 89 Lyon par une journée dans une piscine municipale de Lyon ou de la banlieue lyonnaise où l'on pouvait un petit peu se détendre et puis débriefer les sujets qu'on avait traités et ceux qu'on avait envie de couvrir pour l'année à venir.

  • Speaker #0

    En faisant plouf quoi.

  • Speaker #1

    En faisant plouf. Donc il s'avère qu'il existe beaucoup plus de photos en maillot de bain de moi que de photos en train de travailler derrière un ordinateur concernant l'histoire de rue 89 Lyon. C'est un petit peu désespérant.

  • Speaker #0

    Parce que pour bien écrire, il faut savoir se mouiller.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Et vrai ou faux, vous aviez envie de faire rire avec ce roman ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était une obsession. C'était un bouchido. J'avais vraiment envie de joie et de provoquer parce que je trouve ça difficile. de provoquer le rire. Moi j'aime lire quelque chose qui va aller dans plein d'endroits chez moi. Et pendant ce temps d'écriture, quand une scène me faisait rire, je me disais Ah je crois que là c'est bon, je tiens quelque chose de valable.

  • Speaker #0

    Vous l'avez testé auprès de vos proches, ce livre ?

  • Speaker #1

    Il a été relu avant l'envoi à l'éditeur par trois personnes. La personne avec laquelle je vis, qui m'a beaucoup soutenue en réalité, parce qu'évidemment, vous le savez, on est traversé par des doutes immenses pendant l'écriture d'un texte. et notamment un premier texte dont on ne sait pas du tout comment il peut être reçu. Mais oui, il a été testé et ça m'a malgré tout aidé, mais c'est surtout les gens qui l'ont lu autour de moi m'ont surtout encouragé à poursuivre, aller au bout.

  • Speaker #0

    Peut-être que je n'étais pas allé tout au bout de ma question. En tout cas, dans ma tête, elle était un peu mieux formulée que ce que j'ai dit. C'est-à-dire, est-ce que ça a été lu par des personnes qui ont vécu ? à peu près la même chose que vous avez pu vivre.

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas eu de sensitivity reader. Je n'ai pas eu ça. Je n'en ai pas eu besoin. Je les fais lire à des lecteurs qui me semblent pouvoir être comparables à des lecteurs futurs. Mais pas de gens concernés éventuellement par l'histoire.

  • Speaker #0

    Il n'y aura pas de lecteurs dans le village ni donné à... à la secrétaire de l'usine ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que je lui offrirai un exemplaire. Alors, il y a une idée qui tourne dans ma tête, qui est peut-être de faire une lecture dans le cimetière des animaux de ce village, qui est aussi un lieu important du roman, parce que je connais une personne qui a publié une espèce de... Alors, ce n'est pas une thèse, mais c'est un travail universitaire sur le deuil que provoque la mort d'un animal. et qui connaît donc ce cimetière dans ce village. Et on a vachement rigolé et on s'est dit que ce serait intéressant d'y aller ensemble, d'y amener peut-être des lecteurs pour visiter les lieux.

  • Speaker #0

    Je précise qu'on parle de ce cimetière dans le livre.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un cimetière qui existe dans le livre, dans lequel un jeune garçon du lotissement va travailler un été.

  • Speaker #0

    Une fois qu'on a fini ce roman, qu'on a écrit fin, j'imagine qu'il y a toute une phase de relecture. Comment on se dit, ok, là, c'est vraiment terminé ? Est-ce qu'on le vit ou est-ce que vous êtes encore en train de le vivre, ce moment ? Ok, là, c'est terminé.

  • Speaker #1

    Alors là, j'entre dans la phase, me semble-t-il, dans laquelle on expérimente le fait que le livre ne nous appartient plus du tout. C'est-à-dire qu'on me parle de tel et tel personnage, on m'explique la voiture violentée, agressée. a été justement vandalisé par tel personnage alors que pour moi ça n'est pas du tout lui. Ce que je suis en train d'expérimenter là, c'est que ce texte ne m'appartient plus, qu'il vit ailleurs. Pour ma part, je n'ai pas eu de difficulté à lui mettre un point final, puisque j'avais dès le début de l'écriture la scène de fin et la scène de début. C'était vraiment ensuite... Ensuite, c'était vraiment un tissage. Je suis la tisseuse d'après l'usine de tissage, mais c'était une trame qui se faisait de manière très logique, très évidente entre ces deux points.

  • Speaker #0

    Donc, vous étiez déjà séparée finalement du récit. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    D'où le mode hétéro-digétique. Vous êtes narrateur, narratrice. D'ailleurs, on ne sait même pas quel est le genre de la personne qui raconte l'histoire. Vous ne dites pas je A aucun moment ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas la narratrice. Le texte est écrit à la troisième personne, au passé. Moi, je me mêle le moins possible de ce texte. Ce sont les personnages, en revanche, qui s'en mêlent. Il y a beaucoup de discours indirects libres. Ça aussi, c'est une vraie intention d'écriture. J'avais vraiment envie que... La façon de parler des personnages, leur manière de s'exprimer, tous ces petits mots issus de l'arabe ou de l'argot, Stéphano, Lyonnais, pénètrent comme ça les jolies phrases, pervertissent un petit peu les jolies phrases que moi, je pouvais mettre des heures et des heures à écrire. J'avais envie que ce soient eux les patrons, que ce soient les personnages les patrons de l'histoire. J'ai oublié la question au départ, c'était...

  • Speaker #0

    Je pense que le côté que la narration est très séparée finalement des faits, même si elle les raconte, mais c'est vous-même, c'est comme si vous aviez tenu à être séparé de l'histoire.

  • Speaker #1

    Oui, le plus possible. vraiment je veux pas m'en mêler de cette histoire, en plus de ça elle existe ce n'est pas moi c'est vrai qu'il y a un petit peu cette obsession c'est vrai qu'il y a cette obsession chez moi de dire ça n'est pas moi et en même temps c'est un petit peu moi et parce que je ne veux pas être malhonnête non plus et puis c'est assez évident quand j'en parle mais j'essaye de le tenir à distance le plus possible ce texte. Peut-être parce qu'il y a effectivement trop d'intime et que ce n'est pas évident d'aller là-dessus, de moi-même produire une forme d'exégèse de ce que j'ai pu écrire. Donc je le tiens à distance.

  • Speaker #0

    Je pense que ma psy aurait dit on va réfléchir là-dessus Mais moi je dirais... Et le prochain, est-ce que ce serait possible ? qu'un jour vous écriviez avec la première personne le jeu ?

  • Speaker #1

    Je ne me l'interdis pas du tout, mais alors je serais peut-être un mec, soit très jeune, soit beaucoup plus âgé, qui a une autre vie que la mienne. Voilà, un jeu qui concerne... Ma propre personne avec mon prénom et mon nom ou approchant, je ne crois pas. Je ne crois pas que j'irai là-dessus.

  • Speaker #0

    On va faire un peu de fiction, on va imaginer que vous ayez un tout autre travail, une toute autre occupation que celle que vous aviez eue, celle que vous avez actuellement. Non, pas journaliste, non, pas autrice. Alors ce serait quoi, Dalia Daoud, si vous aviez dû avoir une autre vie ? Quel métier ?

  • Speaker #1

    La vérité, c'est que... J'écrivais quand les instituteurs me demandaient, demandaient aux élèves qu'est-ce que vous espérez faire quand vous serez plus grand. J'écrivais romancier ou écrivain. J'ai eu 44 ans là cet été et je crois que je commence un tout petit peu à toucher du doigt quelque chose que j'avais en moi, enfoui, que je ne m'autorisais pas du tout. c'est-à-dire l'écriture romanesque et l'écriture de fiction. Et je suis exactement à la place que j'ai envie d'avoir.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je vais vous poser, étant donné qu'on est dans ce merveilleux cadre du train bleu, au-dessus de la gare de Lyon, je vais vous poser trois questions sur l'univers du café, l'univers de la boisson. C'est pour ça que ce podcast s'appelle Un Café au Comptoir. Quel est le plus vieux café de Lyon ?

  • Speaker #1

    Quel col ! Je pense... Je pense à la brasserie George qui date quand même de... Je ne sais pas. C'est une brasserie qui date du 19e peut-être. Mais faux ? Vrai ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'est le vieux Chenavar, également connu sous le nom de Café Belcourt.

  • Speaker #1

    Mais oui, que je connais.

  • Speaker #0

    C'est un café Belcourt fondé en 1861.

  • Speaker #1

    Merci pour l'info.

  • Speaker #0

    C'est un rude travail de chat de GPT. Qu'est-ce que la bière noire de Lyon ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis à l'origine d'un festival qui s'appelle le Lyon Bière Festival, que j'ai monté avec des partenaires qui sont Vierroterie et Le Petit Bulletin, et qu'eux continuent à organiser chaque année. Et je suis incapable de répondre à cette question. Honte sur moi.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra la goûter. C'est une bière plus riche en malte, en houblon, et dont l'utilisation de levure était plus importante pendant la fermentation. Elle a été gardée en tonneau pendant 4 à 5 mois. Je pense que ça doit ressembler un peu à la Guinness, un truc dans le genre.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    d'accord. Avec la Première Guerre mondiale, ça s'est bien arrêté. Cependant, j'ai trouvé certaines petites brasseries qui fondent la bière noire de Lyon encore aujourd'hui. Vous goûterez, vous m'enverrez un mail, vous me direz, c'est bien ou c'est dégueulasse, vous avez le droit de le dire aussi.

  • Speaker #1

    Très bien, chin chin. Je n'aime pas du tout la bière, j'aime le vin.

  • Speaker #0

    Mais vous avez fait un festival de bière, tout va bien.

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que je voulais faire plaisir aux gens.

  • Speaker #0

    J'ai une dernière question en fait. La première chose à faire quand on prépare un thé à la menthe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Aucune idée, je ne prépare pas du tout de thé à la menthe.

  • Speaker #0

    Moi j'en ai fait un, et alors il faut ébouillanter la théière.

  • Speaker #1

    D'accord. Tout simplement. Mais avec des feuilles fraîches ? Ébouillantes,

  • Speaker #0

    avec juste de l'eau, on jette l'eau.

  • Speaker #1

    D'accord, mais quand on parle de thé à la menthe, on parle de menthe fraîche.

  • Speaker #0

    Alors il faut mettre, c'est à la fois avec de la menthe fraîche, mais également avec du thé gunpowder. J'ai fait une grosse recherche sur le thé à la menthe, vous n'imaginez pas. C'est ma boisson préférée.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Dalia Daoud. Je rappelle le titre de votre roman, Tchala, la danse, qui est un super roman. Et je vous souhaite beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de ventes.

  • Speaker #1

    Merci. C'était super, merci. À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot. pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Description

J'ai eu la chance d'interviewer la journaliste et écrivaine Dalya Daoud au Train Bleu à Paris dans la Gare de Lyon (12e)


Mon invitée du jour vient de Lyon. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris et… il y a ailleurs, le reste, la province. Si j’ai la chance de parvenir   à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast c’est parce que j’habite Paris. Si j’étais un vénissian de Venissieux, septième ville d'Auvergne-Rhône-Alpes par le nombre d'habitants- à ne pas confondre avec le  vénitien de Venise - si j’étais vénissian donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c’est fort injuste me direz-vous ! On n’est pas moins talentueux à Vénissieux que dans la capitale ! D’ailleurs j’en veux pour preuve mon  invitée , rhodanienne , dont  le travail d’écriture dit  comment origine  et territoire jouent un rôle dans  nos vies et nos destins.

 

Si je la reçois aujourd’hui pour la sortie de son premier roman, je n’oublie pas que c’est avant tout  une journaliste de terrain que j’ai en  face de moi. Ainsi en 2012, elle a co fondé le site d’information en ligne Rue 89 Lyon, né de la volonté de traiter l’actualité de la région lyonnaise à hauteur d’homme… ou de femme donc.. Elle y a occupé la  fonction de rédactrice en chef pendant plus de 10 ans, le temps  de voir grandir  ce média indépendant plutôt  engagé sur des questions de société. Son associé,  a  d’ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d’articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon.

 

Pour autant, cette autrice, bien que très à l’aise avec les sujets d’actualité, a choisi d’explorer , le souvenir et les racines, dans un premier roman intitulé  Challah la danse. Le lecteur y découvre qu’il ne faut pas juger un livre à sa première de couverture car point  question de danse ici, mais plutôt évocation de  vies passées , celles d'un passé encore assez proche : ce passé qui nous aide à comprendre aujourd’hui , le quotidien. Cette mémoration passe   par la langue dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parlé vivant de  personnages aux mots importés depuis  d’autres territoires  comme Hamdoulah, chaâba , yelli on y trouve même du javanais !

 

Et puis il y a cette histoire de France, celle qui ne se déroule pas à Paris, celle souvent montrée sous un jour misérabiliste, celle des populations immigrées d’afrique du nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans  ce livre, les quartiers sont débarrassés  de leurs représentations caricaturales habituelles, y est dépeint  un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie 

 

Et c’est pour discuter avec l’autrice de ce roman  évoquant tout   aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l’ai retrouvée Gare de Lyon, cela de s’invente pas, au train Bleu pour prendre avec elle Un café au comptoir


Découvrez Dalya Daoud !

Emission présentée par Alexis Himeros

https://www.instagram.com/alexishimeros


instagram Dalya Daoud :

https://www.instagram.com/dalya.daoud/


Son livre Challah la Danse ;

https://www.seuil.com/ouvrage/challah-la-danse-dalya-daoud/9782493213846



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans un café, tout le monde y passe et chacun s'y retrouve. Je suis Alexis Himéros et j'adore découvrir ces bars, ces cafés, où il fait bon prendre la boisson de son choix pour admirer le temps qui passe. J'ai demandé à des personnalités de m'inviter à partager leurs zincs préférés pour prendre avec elles un café au contour. Café au contour.

  • Speaker #1

    Un café au contour.

  • Speaker #0

    Mon invité du jour vient de Lyon. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup car son origine éclaire la notion de territoire. En France, il y a Paris. Et il y a ailleurs. Le reste, la province. Si j'ai la chance de parvenir à interviewer chaque semaine une personnalité via ce podcast, c'est parce que j'habite Paris. Si j'étais un Vénitien, un Vénitien de Vénitieux, 7ème ville d'Auvergne-Rhône-Alpes, par le nombre d'habitants, à ne pas confondre avec le Vénitien de Venise. Si j'étais Vénitien, donc, je croiserais beaucoup moins facilement les artistes que je questionne au détour des cafés parisiens. Et c'est fort injuste, me diriez-vous. On n'est pas moins talentueux à Vénitieux que dans la capitale. D'ailleurs, j'en veux pour preuve mon invité Rodadienne, dont le travail d'écriture dit comment origines et territoires jouent un rôle dans nos vies et nos destins. Si je la reçois aujourd'hui pour la sortie de son premier roman, je n'oublie pas que c'est avant tout une journaliste de terrain que j'ai en face de moi. Ainsi, en 2012, elle a cofondé le site d'information en ligne Rue89 Lyon, né de la volonté de trait de l'actualité de la région lyonnaise à hauteur d'hommes, ou de femmes donc. Et elle y a occupé la fonction de rédactrice en chef pendant plus de dix ans, le temps de voir grandir ce média indépendant plutôt engagé sur les questions de société. Son associé a d'ailleurs été victime de menaces très sérieuses suite à la parution sur leur site d'articles traitant de groupuscules identitaires nationalistes dans le vieux Lyon. Pour autant, cette autrice, bien que très à l'aise avec les sujets d'actualité, a choisi d'explorer le souvenir et les racines dans un premier roman intitulé Tchala la danse Le lecteur y découvre qu'il ne faut pas juger un livre à sa première découverture, car point question de danse ici, mais plutôt évocation de vie passée, celle d'un passé encore assez proche, ce passé, qui nous aide à comprendre aujourd'hui le quotidien. Cette mémoration passe par la langue, dans laquelle est écrit ce roman qui unit le français le plus soutenu au parler vivant de personnages aux mots importés depuis d'autres territoires, comme Hamdoulah, Tchaaba, Yeli, et on y trouve même du javanais. Et puis, il y a cette histoire de France. Celles qui ne se déroulent pas à Paris, justement. Celles souvent montrées sous un jour misérabiliste, celles des populations immigrées d'Afrique du Nord et leur intégration dans un hexagone peu accueillant, voire hostile. Dans ce livre, les quartiers sont débarrassés de leur représentation caricaturelle habituelle. On y dépeint un petit monde vu par qui y a vécu, un petit monde non exempt de poésie. Alors c'est pour discuter avec l'autrice de ce roman, évoquant tout aussi bien le déclin du textile en France que le mariage de Lady Di, que je l'ai retrouvé, Garde-Lyon, Cela ne s'invente pas, au train bleu, pour prendre avec elle un café au comptoir. Bonjour Dalia Daoud.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis, quelle merveilleuse présentation. Très riche avec...

  • Speaker #0

    J'espère que je ne me suis pas trompée.

  • Speaker #1

    Non, non, non. Alors je ne suis pas vénitienne, ni vénitienne, mais j'ai des origines un peu plus plouc encore, qui sont celles des monts du Lyonnais, un tout petit village à côté de Lyon. Et moi-même, effectivement, je vis à Lyon.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça fait d'écrire quand on n'est pas à Paris ? Est-ce que c'est différent ? Est-ce qu'il y a un écrivain de Paris et un écrivain de la province ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est une vraie question de Parisien. Bien entendu qu'on peut écrire depuis là où on est, que ce soit un café à Paris, un appartement à Venise, pour reprendre la ville que tu citais. Et on n'a pas besoin d'être Parisien, bien heureusement, ni au Café de Flore pour écrire son premier roman, heureusement.

  • Speaker #0

    Souvent, on peut imaginer que finalement... tout le monde de l'édition est ici à Paris. Il y a des missions d'édition, j'en connais à côté de Nîmes, je pense au Diable Vauvert, j'en connais à Arles, j'en connais en Bretagne. Mais est-ce qu'il y a toujours cette petite présomption que finalement tout se passerait à Paris ? Et même pour des écrivains qui viendraient de Lyon, par exemple, eh bien, qu'à Lyon, c'est moins simple de faire vivre la culture.

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas une vue de l'esprit, effectivement, les choses se passent à Paris. concernant les maisons d'édition. Lyon n'est pas très loin, donc prendre le train pour rejoindre les éditeurs éventuellement intéressés par un texte, ça n'est pas très compliqué. Mais je suis quand même d'accord, c'est extrêmement parisiano-centré. C'est un univers qui relève du microcosme très clairement.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, vous avez signé à Paris ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument. J'ai signé avec le nouvel Attila, qui est devenu une... une forme de collection des éditions du Seuil à Paris, avec Benoît Vierot, un éditeur tout à fait génial.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on écrit différemment quand... On a ce passé de journaliste au fond de soi. Est-ce qu'il va y avoir une écriture plus clinique, plus distanciée ? Comment ça se passe finalement ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai essayé de me débarrasser au maximum de mes habitudes journalistiques. Par exemple, pour la reconstitution d'une époque, parce qu'il s'agit d'une forme de fresque qui s'étend de la fin des années 60 à la fin des années 90. J'ai bien entendu besoin d'utiliser mes compétences journalistiques pour vérifier certaines choses. Pour autant, vraiment, j'ai essayé de me débarrasser de ces habitudes-là. Par exemple, j'ai commis une première erreur en commençant ce roman. J'ai essayé de rencontrer la secrétaire historique de l'usine de tissage dont je parle dans le roman. C'est une usine de tissage qui se monte dans le petit village dans les monts du Lyonnais. Et cette secrétaire habite toujours ce village, je la connais de loin en loin et j'ai voulu la rencontrer parce que je sais qu'elle regorge d'anecdotes, d'informations concernant l'usine. Et l'usine est un lieu important du roman. Il s'avère qu'on n'a pas réussi à se voir, pour plein de raisons. Au téléphone, elle me dit Écoute, j'ai été souvent sollicité pour parler de l'usine, j'ai toujours refusé, mais... Je vais le faire, je connais bien ton père, je vais le faire pour lui. Et il s'avère que nous n'arrivons pas à nous voir. Les rendez-vous sont repoussés pour plein de raisons personnelles et moi je commence l'écriture de ce roman. Simplement, elle m'a aussi dit au téléphone j'ai beaucoup de mal à parler de cette usine parce qu'on l'a abandonnée. C'est une histoire douloureuse pour moi. Voilà, donc ça va être difficile pour moi de te la livrer. Il ne m'a pas... Je n'ai pas eu besoin de plus que ça, en réalité. Je savais que j'avais là mon histoire, uniquement avec ce qu'elle exprimait de nostalgie et puis vraiment de douleur peut-être aussi par rapport à cette histoire industrielle qui s'effondrait dans ce village-là, mais bien entendu dans toute la région. Et dans toute la France, par ailleurs, on connaît un petit peu quand même l'histoire de l'industrie textile en France. Mais voilà, par exemple, ça, ça a été une des erreurs, entre guillemets, que j'ai commises au début du projet d'écriture. C'est de vouloir vraiment me nourrir d'interviews, peut-être même de personnalités réelles.

  • Speaker #0

    Vous étiez une journaliste engagée ?

  • Speaker #1

    Journaliste d'enquête, engagée. Peut-être, oui, d'une certaine manière. Beaucoup de sujets me tiennent à cœur. Pour autant, c'est vraiment la rigueur journalistique qui a conduit le choix de nos sujets, la façon dont on les menait, le rythme de publication. On a fait des choix qui n'étaient pas évidents. Rue 89 Lyon est un tout petit média qui continue d'exister sans moi, bien heureusement avec des super journalistes. Mais c'est vrai que c'est très difficile. Un média indépendant, c'est... On le tient à bout de bras et on le fait effectivement par conviction plus que pour n'importe quoi d'autre.

  • Speaker #0

    Parce que là, vous êtes devenue une écrivaine engagée.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, je ne saurais pas encore me définir. Je pense qu'il faut que j'attende d'en écrire un deuxième pour me moto-baptiser écrivaine.

  • Speaker #0

    Dans ce cas-là, vous êtes une autrice qui a pris un engagement à travers ce livre. Je pense engagement parce que la prise de parole, elle n'est pas neutre. Elle défend la vision, comme je le disais dans le portrait, non misérabiliste d'un quartier. Et souvent, on va avoir plein de clichés sur les quartiers. Et même quand on veut mettre à l'honneur les quartiers, on va toujours mettre à peu près les mêmes images qu'on peut voir un peu partout. Alors, un peu de violence, un peu de fumette, du sport, ça va souvent être le basket, du rap et tout ça. Il y a un peu de ces éléments dans le livre, mais il n'y a pas que ça. C'est pour ça que je parle du côté engagé. Vous l'avez vécu comme cela ? Que ce soit de vouloir défendre quelque chose ?

  • Speaker #1

    Alors, toute prise de parole est politique, mais vraiment sincèrement, mon intention ne l'est pas, en réalité Moi, très honnêtement, mon ambition elle était très modeste au démarrage, c'était de presque simplement de raconter des histoires d'amitié adolescente des bromances qui se terminent mal, voilà et en réalité... À partir de ces adolescents, j'ai bossé par cercle concentrique. Il a fallu aussi parler de leurs parents. Il a fallu aussi parler du lieu dans lequel... tout ce petit monde-là vivait. Donc voilà, mon ambition, elle est très modeste. Ça n'est pas un bouquin sociologique, ça n'est pas un brûlot. Moi, je me contente d'essayer d'analyser au mieux les relations qui ont existé dans ce village, entre ce petit lotissement qui, effectivement, se trouve tout en bas, à côté d'une ferme dans laquelle on trouve aussi un lama, qui est un personnage aussi important du roman. Et ces paysans, agriculteurs, commerçants du haut du village qui sont, elles aussi, des personnalités, je crois, victimes d'une forme d'abandon des politiques publiques.

  • Speaker #0

    On y revient, à la politique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Non, c'est vrai, il faut quand même le dire. Ça vous tient à cœur ? Bien sûr, c'est ce qui sous-tend peut-être chacun de mes actes d'écriture. Mais j'avais envie que les choses soient subtiles et effectivement, comme vous le disiez au début de notre entretien, très écrites.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est possible qu'à une certaine époque de sa vie, où on a acquis un peu d'expérience, on a envie de revenir un peu sur ses origines ?

  • Speaker #1

    C'est une question à laquelle je ne sais pas répondre. J'avais une histoire en tête et je voulais lui donner la meilleure forme. J'avais une ambition d'écriture romanesque, mais je l'ai aussi vue, cette écriture romanesque, comme un moyen de raconter cette histoire. Je n'avais pas du tout envie que cette histoire parle de moi, qu'elle parte de moi, oui, mais je craignais énormément les aspects autobiographiques. du récit. J'adore ça, je lis beaucoup d'autofictions, etc. Je n'ai pas de problème avec ça, ça ne me répugne pas du tout. Mais moi, je ne me sentais pas du tout à l'aise avec ça. Alors, est-ce qu'il s'agit de mes origines à moi ? On ne va pas se le cacher, oui. Mais je ne l'ai pas ressenti comme un besoin. C'était une histoire parmi d'autres que j'ai également envie de raconter, sur lesquelles je travaille en ce moment. et qui sont peut-être aussi traversées par ma propre expérience, mais qui ne résument pas, je l'espère, ce que je suis, et qui ne s'attardent pas surtout sur ce que je suis, parce que ce n'est pas si intéressant que ça.

  • Speaker #0

    En même temps, ça met directement le spot sur une population immigrée, sous un jour presque pagnolesque, en tout cas favorable. On s'attache à ces personnages ?

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que cette communauté-là qui vit dans ce petit lotissement ouvrier n'est pas solidaire au prétexte qu'elle est composée d'Arabes. Voilà, tout comme les paysans du village ne font pas bloc face à ce lotissement. Il y a des haines ancestrales qui font l'objet de chapitres dans le roman. Dans le lotissement, il y a deux familles, cousines et voisines qui se disent. de manière tout à fait spectaculaire au milieu du lotissement. Alors oui, non, il n'y a pas de communauté qui serait victime d'une autre. Il y a du racisme, mais c'est par exemple, ça n'est qu'une composante en réalité des relations qui se nouent entre ces personnes et qui échouent, quoi qu'il en soit, je crois, à être absolument heureux.

  • Speaker #0

    Je vous disais tout à l'heure que... Moi, j'ai été, je vous l'ai dit avant qu'on enregistre ce podcast, j'ai été très touché par la langue. C'est une langue qui est très soutenue. On va utiliser le passé simple, on va donner un côté littéraire qui est assez poussé. On tue évidemment de petits mots, même d'interjections qui vont ramener, qui vont faire vivre ces personnages-là. Est-ce que ça aide également à créer une certaine distance ? J'ai l'impression que vous avez envie de créer une distance. Même avec vous-même, pour dire, j'y mets pas trop d'affect, mais enfin, quand même, il est là.

  • Speaker #1

    Alors, j'avais envie, ça c'était une véritable intention, de mettre beaucoup d'oralité dans des phrases qui, effectivement, sont parfois très longues, avec des mots qui me font plaisir à moi, des mots que j'aime, comme des doudous avec lesquels je peux m'endormir, auxquels je réfléchis. Je travaille beaucoup avec le dictionnaire. Oui, j'avais vraiment envie de me faire plaisir en écrivant. Mais oui, l'écriture romanesque pour moi est passée par là et a permis de me dissimuler davantage, de protéger peut-être aussi. des gens qui sont d'une certaine façon, même si ce ne sont pas eux entièrement, qui sont présents malgré tout dans le roman.

  • Speaker #0

    Alors je m'appelle Alexis Méros, mais en réalité ce n'est même pas mon vrai nom. Si je vous disais mon vrai nom, il est totalement imprononçable. Il vient de très loin en Pologne, personne ne peut le dire. Et en même temps, quand je vais écrire, je vais m'attarder vraiment à faire quelque chose sur la langue française en me disant, je vais un peu venger mes origines de terreux de très loin dans l'Est. Est-ce qu'il n'y a pas également un peu ça ?

  • Speaker #1

    Alors c'est Annie Ernaux qui dit J'écris pour venger ma race Je trouve cette phrase sublime, mais je ne pourrais pas me l'attribuer parce qu'on verrait une arabe avec un couteau entre les dents et je pense que ce serait extrêmement violent si je devais me l'approprier, quoique je peux aussi le faire. Je crois que je ne rends pas hommage... à des gens qui pourtant mériteraient qu'on leur rende hommage. Il y a beaucoup d'ironie vis-à-vis des personnages que j'ai créés. Et heureusement, il y a eu depuis quelques semaines les premières lectures de ce roman, dont la vôtre. Et on me parle beaucoup de tendresse et de joie. Et je suis rassurée par ce que j'entends, parce que je me suis trouvée extrêmement cruelle dans... dans la rédaction, pendant ce travail d'écriture. Je ne suis pas encore au clair avec ce que je siphonne des gens que je connais quand j'écris un roman. C'est quelque chose qui me préoccupe beaucoup, mais que bien entendu je mets de côté pour ne jamais me censurer et ne jamais censurer les idées qui viennent à moi et qui président. à toutes mes journées d'écriture. Le récit commande la plume. Je bosse beaucoup, c'est un travail artisanal monstrueux. Mais les personnages conduisent les choses. Moi, j'imaginais avant de... Pourtant, j'ai une pratique d'écriture longue, mais j'imaginais au début de l'écriture de ce roman qu'une super idée... effectivement présiderait à chaque chapitre. Là, je vais plutôt toucher à tel thème et puis là, à tel thème. Et ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé. J'avais une image qui m'obsédait depuis très longtemps, qui est celle d'une voiture qui se retrouve taguée au milieu du lotissement. Elle est recouverte d'injures racistes et de croix gammées, très mal faites puisqu'il y a des branches en trop. Et c'est totalement à la fois terrifiant et grotesque. Et cette image-là est importante pour moi, parce que c'est un délit qui est commis. Et il y a un auteur de ce forfait-là, qui est assez clair pour moi. Et d'ailleurs, j'ai vu autour de moi des gens qui ne savent pas de qui il s'agit, alors que pour moi, c'est très fléché. Comme quoi on... On lit bien ce qu'on veut croire. Et je partais de cette image-là, donc, pour revenir à une autre image qui est importante dans le roman, c'est celle de Lala, qui est une femme kabyle qu'on voit se marier aux alentours de ses 16 ans, jusqu'à ses 40-50 ans environ, et qui danse comme une furie dans son salon. Alors, je parle de ces deux images-là, je ne me souviens plus de la question de départ, mais je déroule le fil. Et Lala qui danse dans sa maison, c'est quelque chose de fabuleux pour ses enfants. À la fois, ils adorent quand ce moment arrive, parce que c'est un moment libérateur de joie dans une vie qui n'est pas toujours simple pour leur mère. Elle n'hésite pas à leur mettre des coups de tatane sur les fesses quand ils sont insupportables. Et à la fois, c'est vraiment la chose qu'ils détesteraient que le monde voit, parce que c'est un moment intime dont ils ont un peu honte aussi. Je parle de ça.

  • Speaker #0

    Dans ce chapitre, est-ce que, alors je ne veux pas du tout divulgacher la fin, mais c'est une fin qui m'a beaucoup marqué. Est-ce que finalement, elle ne veut pas dire que, hélas, on n'échappe jamais réellement à son milieu ?

  • Speaker #1

    Oui, être assigné à une identité, c'est quelque chose dont on s'extrait très difficilement. Moi, je ne peux pas tirer une morale de cette histoire. J'ai trouvé une fin à ce roman avec quelqu'un qui s'échappe. Je ne sais pas où est-ce qu'il va très précisément, mais en tout cas, il s'en va. Et c'est un adolescent qui est une sorte de double maléfique d'un autre adolescent. Tous les deux vivent dans le lotissement, Basse-Sous et Toufique. Et il n'échappe effectivement peut-être pas à un destin qui est écrit. Mais j'ai quand même de l'espoir pour eux, malgré tout. Le roman s'arrête à... avec une page qui se termine, qu'on ferme. Mais je ne sais pas, j'ai malgré tout bon espoir qu'ils prennent en main leur vie ou qu'il se passe des choses pour eux qu'on n'attend pas.

  • Speaker #0

    De façon plus générale, hors du roman, vous pensez qu'on peut échapper à son environnement ou est-ce qu'on est tous finalement conditionnés par ce qui nous entoure ? Socialement, j'entends.

  • Speaker #1

    C'est très difficile de sortir de la place qu'on nous a donnée. C'est extrêmement compliqué. On parle beaucoup de transfuge en ce moment. Peut-être que je suis un de ces cas qu'on étudie à la loupe. Et là aussi, c'est encore une identité à laquelle on est assigné. C'est très compliqué de sortir des... Des aléas de l'histoire et de ce qu'on nous impose.

  • Speaker #0

    Dalia Daoud, on va faire un petit vrai ou faux.

  • Speaker #1

    Un café ou consomme.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, en 2019, on a retrouvé dans le frigo de votre rédaction du houmous, avec une date limite de consommation de 2012.

  • Speaker #1

    C'est vrai et je ne suis pas responsable de cette abomination. Je ne donnerai pas les noms. Mais vraiment, moi, je suis une grande consommatrice de houmous et celui-là m'appartenait sans doute. Mais non, c'est pas moi. Je le promets, c'est pas moi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, pendant vos études, vous avez été ouvrière dans une usine de cataphores. J'ai dû faire des recherches pour savoir ce que c'était. Puis dans une autre de production de dialyseurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Alors, je ne veux pas usurper le nom d'ouvrière parce que je ne l'ai été que... que le temps de job étudiant. Mais oui, cataphores, donc projection de peinture poudre sur différents objets. Là, il y avait des carrosseries de voitures et des coques de téléphones portables. À l'époque, c'était des tout petits Nokia, les vieux Nokia. Et moi, j'étais contrôleuse qualité. Je regardais les façades du portable pour voir s'il n'y avait pas des petites tâches qui avaient... fait des petites boulettes de peinture.

  • Speaker #0

    On apprend des gens dans ça ?

  • Speaker #1

    Énormément, énormément. Alors, ça n'a pas duré très longtemps, mais j'ai noué à l'époque quelques amitiés avec deux femmes qui travaillaient dans cette usine de cataphores, qui sont des gens que j'aime beaucoup, qui étaient plus âgées que moi et qui m'ont appris beaucoup aussi.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez quitté rue 89 Lyon pour faire de la politique ?

  • Speaker #1

    Faux ! C'est totalement faux je ne ferais alors je fais de la politique différemment c'est ce qu'on se disait tout à l'heure mais non non je ne m'engagerai jamais dans aucun parti pour les avoir beaucoup côtoyés pour avoir interviewé énormément d'élus ou de prétendants au mandat autant vous dire que je n'ai pas du tout envie de frayer avec les partis pas du tout ça a l'air compliqué de toute façon en ce moment

  • Speaker #0

    La clé du succès dans le journalisme C'est les séminaires piscine, vrai ou faux ?

  • Speaker #1

    C'est très très vrai. Chaque année, ceux terminaient à rue 89 Lyon par une journée dans une piscine municipale de Lyon ou de la banlieue lyonnaise où l'on pouvait un petit peu se détendre et puis débriefer les sujets qu'on avait traités et ceux qu'on avait envie de couvrir pour l'année à venir.

  • Speaker #0

    En faisant plouf quoi.

  • Speaker #1

    En faisant plouf. Donc il s'avère qu'il existe beaucoup plus de photos en maillot de bain de moi que de photos en train de travailler derrière un ordinateur concernant l'histoire de rue 89 Lyon. C'est un petit peu désespérant.

  • Speaker #0

    Parce que pour bien écrire, il faut savoir se mouiller.

  • Speaker #1

    Bravo.

  • Speaker #0

    Et vrai ou faux, vous aviez envie de faire rire avec ce roman ?

  • Speaker #1

    Oui, c'était une obsession. C'était un bouchido. J'avais vraiment envie de joie et de provoquer parce que je trouve ça difficile. de provoquer le rire. Moi j'aime lire quelque chose qui va aller dans plein d'endroits chez moi. Et pendant ce temps d'écriture, quand une scène me faisait rire, je me disais Ah je crois que là c'est bon, je tiens quelque chose de valable.

  • Speaker #0

    Vous l'avez testé auprès de vos proches, ce livre ?

  • Speaker #1

    Il a été relu avant l'envoi à l'éditeur par trois personnes. La personne avec laquelle je vis, qui m'a beaucoup soutenue en réalité, parce qu'évidemment, vous le savez, on est traversé par des doutes immenses pendant l'écriture d'un texte. et notamment un premier texte dont on ne sait pas du tout comment il peut être reçu. Mais oui, il a été testé et ça m'a malgré tout aidé, mais c'est surtout les gens qui l'ont lu autour de moi m'ont surtout encouragé à poursuivre, aller au bout.

  • Speaker #0

    Peut-être que je n'étais pas allé tout au bout de ma question. En tout cas, dans ma tête, elle était un peu mieux formulée que ce que j'ai dit. C'est-à-dire, est-ce que ça a été lu par des personnes qui ont vécu ? à peu près la même chose que vous avez pu vivre.

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas eu de sensitivity reader. Je n'ai pas eu ça. Je n'en ai pas eu besoin. Je les fais lire à des lecteurs qui me semblent pouvoir être comparables à des lecteurs futurs. Mais pas de gens concernés éventuellement par l'histoire.

  • Speaker #0

    Il n'y aura pas de lecteurs dans le village ni donné à... à la secrétaire de l'usine ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que je lui offrirai un exemplaire. Alors, il y a une idée qui tourne dans ma tête, qui est peut-être de faire une lecture dans le cimetière des animaux de ce village, qui est aussi un lieu important du roman, parce que je connais une personne qui a publié une espèce de... Alors, ce n'est pas une thèse, mais c'est un travail universitaire sur le deuil que provoque la mort d'un animal. et qui connaît donc ce cimetière dans ce village. Et on a vachement rigolé et on s'est dit que ce serait intéressant d'y aller ensemble, d'y amener peut-être des lecteurs pour visiter les lieux.

  • Speaker #0

    Je précise qu'on parle de ce cimetière dans le livre.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est un cimetière qui existe dans le livre, dans lequel un jeune garçon du lotissement va travailler un été.

  • Speaker #0

    Une fois qu'on a fini ce roman, qu'on a écrit fin, j'imagine qu'il y a toute une phase de relecture. Comment on se dit, ok, là, c'est vraiment terminé ? Est-ce qu'on le vit ou est-ce que vous êtes encore en train de le vivre, ce moment ? Ok, là, c'est terminé.

  • Speaker #1

    Alors là, j'entre dans la phase, me semble-t-il, dans laquelle on expérimente le fait que le livre ne nous appartient plus du tout. C'est-à-dire qu'on me parle de tel et tel personnage, on m'explique la voiture violentée, agressée. a été justement vandalisé par tel personnage alors que pour moi ça n'est pas du tout lui. Ce que je suis en train d'expérimenter là, c'est que ce texte ne m'appartient plus, qu'il vit ailleurs. Pour ma part, je n'ai pas eu de difficulté à lui mettre un point final, puisque j'avais dès le début de l'écriture la scène de fin et la scène de début. C'était vraiment ensuite... Ensuite, c'était vraiment un tissage. Je suis la tisseuse d'après l'usine de tissage, mais c'était une trame qui se faisait de manière très logique, très évidente entre ces deux points.

  • Speaker #0

    Donc, vous étiez déjà séparée finalement du récit. C'est un peu ça.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    D'où le mode hétéro-digétique. Vous êtes narrateur, narratrice. D'ailleurs, on ne sait même pas quel est le genre de la personne qui raconte l'histoire. Vous ne dites pas je A aucun moment ?

  • Speaker #1

    Non, je ne suis pas la narratrice. Le texte est écrit à la troisième personne, au passé. Moi, je me mêle le moins possible de ce texte. Ce sont les personnages, en revanche, qui s'en mêlent. Il y a beaucoup de discours indirects libres. Ça aussi, c'est une vraie intention d'écriture. J'avais vraiment envie que... La façon de parler des personnages, leur manière de s'exprimer, tous ces petits mots issus de l'arabe ou de l'argot, Stéphano, Lyonnais, pénètrent comme ça les jolies phrases, pervertissent un petit peu les jolies phrases que moi, je pouvais mettre des heures et des heures à écrire. J'avais envie que ce soient eux les patrons, que ce soient les personnages les patrons de l'histoire. J'ai oublié la question au départ, c'était...

  • Speaker #0

    Je pense que le côté que la narration est très séparée finalement des faits, même si elle les raconte, mais c'est vous-même, c'est comme si vous aviez tenu à être séparé de l'histoire.

  • Speaker #1

    Oui, le plus possible. vraiment je veux pas m'en mêler de cette histoire, en plus de ça elle existe ce n'est pas moi c'est vrai qu'il y a un petit peu cette obsession c'est vrai qu'il y a cette obsession chez moi de dire ça n'est pas moi et en même temps c'est un petit peu moi et parce que je ne veux pas être malhonnête non plus et puis c'est assez évident quand j'en parle mais j'essaye de le tenir à distance le plus possible ce texte. Peut-être parce qu'il y a effectivement trop d'intime et que ce n'est pas évident d'aller là-dessus, de moi-même produire une forme d'exégèse de ce que j'ai pu écrire. Donc je le tiens à distance.

  • Speaker #0

    Je pense que ma psy aurait dit on va réfléchir là-dessus Mais moi je dirais... Et le prochain, est-ce que ce serait possible ? qu'un jour vous écriviez avec la première personne le jeu ?

  • Speaker #1

    Je ne me l'interdis pas du tout, mais alors je serais peut-être un mec, soit très jeune, soit beaucoup plus âgé, qui a une autre vie que la mienne. Voilà, un jeu qui concerne... Ma propre personne avec mon prénom et mon nom ou approchant, je ne crois pas. Je ne crois pas que j'irai là-dessus.

  • Speaker #0

    On va faire un peu de fiction, on va imaginer que vous ayez un tout autre travail, une toute autre occupation que celle que vous aviez eue, celle que vous avez actuellement. Non, pas journaliste, non, pas autrice. Alors ce serait quoi, Dalia Daoud, si vous aviez dû avoir une autre vie ? Quel métier ?

  • Speaker #1

    La vérité, c'est que... J'écrivais quand les instituteurs me demandaient, demandaient aux élèves qu'est-ce que vous espérez faire quand vous serez plus grand. J'écrivais romancier ou écrivain. J'ai eu 44 ans là cet été et je crois que je commence un tout petit peu à toucher du doigt quelque chose que j'avais en moi, enfoui, que je ne m'autorisais pas du tout. c'est-à-dire l'écriture romanesque et l'écriture de fiction. Et je suis exactement à la place que j'ai envie d'avoir.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je vais vous poser, étant donné qu'on est dans ce merveilleux cadre du train bleu, au-dessus de la gare de Lyon, je vais vous poser trois questions sur l'univers du café, l'univers de la boisson. C'est pour ça que ce podcast s'appelle Un Café au Comptoir. Quel est le plus vieux café de Lyon ?

  • Speaker #1

    Quel col ! Je pense... Je pense à la brasserie George qui date quand même de... Je ne sais pas. C'est une brasserie qui date du 19e peut-être. Mais faux ? Vrai ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. C'est le vieux Chenavar, également connu sous le nom de Café Belcourt.

  • Speaker #1

    Mais oui, que je connais.

  • Speaker #0

    C'est un café Belcourt fondé en 1861.

  • Speaker #1

    Merci pour l'info.

  • Speaker #0

    C'est un rude travail de chat de GPT. Qu'est-ce que la bière noire de Lyon ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis à l'origine d'un festival qui s'appelle le Lyon Bière Festival, que j'ai monté avec des partenaires qui sont Vierroterie et Le Petit Bulletin, et qu'eux continuent à organiser chaque année. Et je suis incapable de répondre à cette question. Honte sur moi.

  • Speaker #0

    Oui, il faudra la goûter. C'est une bière plus riche en malte, en houblon, et dont l'utilisation de levure était plus importante pendant la fermentation. Elle a été gardée en tonneau pendant 4 à 5 mois. Je pense que ça doit ressembler un peu à la Guinness, un truc dans le genre.

  • Speaker #1

    Ok,

  • Speaker #0

    d'accord. Avec la Première Guerre mondiale, ça s'est bien arrêté. Cependant, j'ai trouvé certaines petites brasseries qui fondent la bière noire de Lyon encore aujourd'hui. Vous goûterez, vous m'enverrez un mail, vous me direz, c'est bien ou c'est dégueulasse, vous avez le droit de le dire aussi.

  • Speaker #1

    Très bien, chin chin. Je n'aime pas du tout la bière, j'aime le vin.

  • Speaker #0

    Mais vous avez fait un festival de bière, tout va bien.

  • Speaker #1

    Mais oui, parce que je voulais faire plaisir aux gens.

  • Speaker #0

    J'ai une dernière question en fait. La première chose à faire quand on prépare un thé à la menthe, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Aucune idée, je ne prépare pas du tout de thé à la menthe.

  • Speaker #0

    Moi j'en ai fait un, et alors il faut ébouillanter la théière.

  • Speaker #1

    D'accord. Tout simplement. Mais avec des feuilles fraîches ? Ébouillantes,

  • Speaker #0

    avec juste de l'eau, on jette l'eau.

  • Speaker #1

    D'accord, mais quand on parle de thé à la menthe, on parle de menthe fraîche.

  • Speaker #0

    Alors il faut mettre, c'est à la fois avec de la menthe fraîche, mais également avec du thé gunpowder. J'ai fait une grosse recherche sur le thé à la menthe, vous n'imaginez pas. C'est ma boisson préférée.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Dalia Daoud. Je rappelle le titre de votre roman, Tchala, la danse, qui est un super roman. Et je vous souhaite beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de ventes.

  • Speaker #1

    Merci. C'était super, merci. À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot. pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

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